L'ONG AIDE et la question de la pérennisation des projets hydrauliques dans le district d'Abidjanpar Gnenefoli Mamadou OUATTARA Chaire UNESCO - Master gestion de projets 2019 |
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU CADRE THEORIQUECette première partie constituant l'aspect théorique de la présente étude s'ouvre sous les points suivants : la justification du choix du sujet, la définition des concepts du libellé du sujet, la problématique, les objectifs, les hypothèses, et la revue de littérature. 1- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJETCette partie comporte outre le contexte général, les motivations personnelles et collectives, la pertinence sociale et scientifique du choix du sujet. Ancienne colonie française, la Côte d'Ivoire est indépendante depuis le 7 août 1960. Situé en Afrique de l'Ouest, le pays est limité au Nord par le Mali et le Burkina Faso, à l'Est par le Ghana, à l'Ouest par la Guinée et le Libéria. Sa superficie est de 322 462 km²et son économie repose essentiellement sur les produits d'exportation et principalement sur le binôme café-cacao Ainsi, depuis 19784(*), la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de cacao. La phase de son économie nationale couvrant la période de 1960 à 1980, dite phase du «miracle ivoirien», est caractérisée par « la disponibilité financière, le faste des investissements et, de façon générale, [par] l'importance des dépenses publiques » AKINDÈS (2002). A ce miracle économique ivoirien, a succédé dans les années 1981 à 1993 la phase du « mirage économique » ivoirien selon les termes du sociologue AKINDES. Pendant cette période, il y a eu la baisse des cours des matières premières au niveau mondial. La Côte d'Ivoire dont l'économie dépend essentiellement de ses recettes d'exportation a commencé à connaitre ses premières difficultés économiques. La reconfiguration de l'espace politique suite au décès en 1993 du premier Président de la République, le Coup d'Etat de 1999, la rébellion de 2002 qui a consacré la partition du pays en deux, la crise post-électorale de 2010 ont finalement fragilisé l'autorité de l'Etat réduisant ainsi les investissements publics. A titre d'exemple, dans le domaine de l'eau potable « les investissements de l'Etat en la matière ont chuté jusqu'à 0,3% sur la décennie 2000-2011 »5(*). L'incidence des crises successives sur les infrastructures de développement est alors perceptible. En 2011, la crise post-électorale terminée, le Gouvernement projette alors des réformes visant à relancer la croissance économique pour apporter des solutions aux problèmes des populations. Cette ambition a conduit l'Etat de Côte d'Ivoire à élaborer le Plan National de Développement (PND). Adopté en mars 2012, ce plan vise à couvrir les besoins des populations en matière d'accès aux services de base de qualité et capitalise les acquis des politiques socioéconomiques antérieures. Cette nouvelle politique économique et sociale s'appuie sur l'investissement public et privé. L'Etat recourt ainsi à des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) pour combler le déficit d'infrastructures et améliorer les conditions de vie des populations. L'apport des Organisations Non Gouvernementales (ONG) s'inscrit dans cette dynamique. Le terme « ONG » recouvre une très large palette d'organisations de natures différentes, bien qu'il n'existe pas de définition précise et unanimement acceptée de ce que signifie ce terme6(*).En effet, il n'y a pas de définition juridique uniforme dans les différents pays du monde sur ce qu'est une ONG. En Côte d'Ivoire, les organisations se faisant appeler ONG sont en réalité régies par l'unique loi numéro 60-315 du 21 septembre 1960 relative aux associations. Associations ou ONG, ces acteurs sociaux restent vraisemblablement importants dans le développement socioéconomique dans de nombreux pays. En plus du fait qu'elles interviennent dans les cas d'urgence humanitaire ou de catastrophes naturelles, les ONG, tant au niveau national qu'international, s'inscrivent de nos jours dans la dynamique du développement durable et de proximité. C'est dans ce contexte que la Fondation internationale turque dénommée « AzîzMahmûd Hüdâyî7(*) »,conformément à la loi de septembre 1960 sur les associations, crée en 2013 l'ONG dénommée « Association Ihsane pour le Développement et l'Education (AIDE) ». Les activités de l'ONG AIDE s'étendent sur le territoire national ivoirien. Cette organisation assiste entre autres, les veuves et les orphelins. Elle apporte également un soutien à l'éducation et initie des projets à impact direct comme la réalisation de forages. La Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî au nom de laquelle intervient l'ONG AIDE est une fondation créée depuis le XVIIIème siècle, précisément en 1628 dans le but de venir en aide aux nécessiteux8(*). Son principe de fonctionnement est fondé sur les prescriptions de l'Islam en matière de bienfaisance notamment en ce qui concerne la mobilisation et la distribution de la zakat9(*)et du waqf10(*) . En effet dans la tradition musulmane, la zakat est une obligation islamique fondée sur un prélèvement annuel du gain des riches (2,5% de l'épargne annuel). Elle contribue à la redistribution de revenus entre les différentes catégories sociales et joue un rôle parfois déterminant de réinsertion des plus pauvres dans le circuit économique. Le mécanisme de fonctionnement du waqf consiste à faire un don au profit d'une cause jugée noble par l'Islam ; en général le don se fait à une fondation de bienfaisance. Cette fondation est chargée d'assurer la redistribution du don mis à sa disposition. Ainsi elle peut utiliser les ressources mises à sa disposition pour soutenir des actions durables de développement économique. Depuis plus de six ans, l'ONG AIDE intervient auprès des populations ivoiriennes. De par l'action de ses bienfaiteurs, l'ONG AIDE dépense en moyenne quatre cent millions (400.000.000) de francs CFA par an 11(*)pour la réalisation de divers projets sociaux, pour la promotion de l'Islam et de la culture turque ou dans la réalisation d'infrastructures diverses : réhabilitation d'école, réalisation de pompes etc. A ce jour, aucune étude n'a encore été menée pour mesurer le progrès, l'efficacité, l'atteinte des objectifs de cette organisation et surtout en ce qui concerne la viabilité de ses réalisations. Ici, nous évoquerons nos motivations au niveau personnel et au niveau collectif. * 4François RUF, Booms et crises du cacao : les vertiges de l'or brun, Karthala, CIRAD-SAR, Ministère de la Coopération, 1995, p. 11 * 5 Plan National de développement 2016 -2020, p.84 * 6Gérard PERROULAZ, Le rôle des ONG dans la politique de développement : forces et limites, légitimité et contrôle, annuaire suisse de politique de développement(2004) 24 P* 7 http://hudayivakfi.org/aziz-mahmud-hudayi-hazretlerinin-hayati.html consulté le 02 septembre 2018 à 14 heures 30 minutes. * 8 http://hudayivakfi.org/en/life-of-aziz-mahmud-hudayi.html, consulté le 18 mai 2019 à 13h 05 minutes * 9Lazakat est une obligation divine enjoignant aux musulmans possédant une richesse qui atteigne un certain niveau (le nissab ou minimum imposable.) de s'acquitter d'une quantité précise (un quarantième du revenu, soit 2,5%) en faveur de bénéficiaires cités par le Coran dans la sourate 9 versets 60 * 10 Donation ou fondation pieuse, ici il n'y a pas d'obligation ; la somme à donner en sacrifice est laissée à l'appréciation du bienfaiteur * 11 Bilan annuel de l'ONG AIDE de 2013 à 2018, archives de l'ONG AIDE. |
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