1-2-3- Au plan
financier
Sur le plan financier l'ONG AIDE n'est pas autonome. Son
existence et sa survie dépendent en grande partie des donateurs externes
composés en majorité de turcs. La non implication des
bénéficiaires au financement des projets est aussi due à
la confusion qui s'instaure inconsciemment dans les esprits entrel'aide sociale
et l'aide au développement. Pour notre part, l'aide sociale ou
humanitaire intervient pour sauver la vie alors que l'aide au
développement vient changer les conditions de vie. Or ceux qui donnent
leurs biens, pour aider les pauvres, pensent plus à l'aide sociale
qu'à l'aide au développement. Alors comment demander une
contribution de la part de celui dont la vie est menacéedu fait de sa
condition de vie ? Sauver tout de suite la vie, voir les effets de sa
générosité pour se faire une bonne conscience
vis-à-vis d'Allah ou bien lui demander une hypothétique
contribution pour le financement d'un probable développement dont on
n'est pas sûr des résultats. Ce qui est évident c'est que
de 2013 à 2017 les dons pour des actions humanitaires dépassent
largement celles de l'éducation et du développement des projets
communautaires, (voir figure 7.)
DEPENSES EN FCFA
ANNEES
Figure7 : Financement par domaines
d'activités de l'ONG AIDE par la Fondation Aziz Mahmud
Hüdâyî de 2013 à 2017
Source : Nos calculs à partir des
Bilans annuels de l'0NG
Le graphique montre que l'ONG met au premier plan l'action
humanitaire, ensuite l'éducation et enfin la réalisation des
projets. En réalité le fond dominant de l'intervention de l'ONG
AIDE reste et demeure les actions sociales qui dans l'imaginaire populaire se
fait dans un seul sens : du donateur au receveur. Le donateur n'attend du
receveur que des « mercis » et le receveur se doit
d'être reconnaissant vis-à-vis du donateur.Vu sous cet angle, le
donateur et le receveur s'inscrivent dans une dynamique
d'interdépendance morale qui agira comme une sorte de pesanteur
empêchant une collaboration franche et orientée vers un
véritable changement et l'atteinte des objectifs de la
pérennisation.Au fond, dans la pratique, la réalisation des
forages a en réalité une finalité humanitaire alors que
l'activité pour y arriver est de l'ordre de projet. Cela a souvent
conduit l'ONG à agir en un simple `'humanitaire'' au sens restreint du
terme au lieu de `'développeur'' dans le sens de gestion de projets pour
aboutir à un `'extrant humanitaire''.
Cette façon de voir les choses a fait que dans ses
débuts l'ONG livrait les forages sans se soucier de la question de la
durabilité. C'est en réalisant que les investissements devenaient
des gâchis peu de temps après qu'elle a commencé à
reconsidérer son approche. Mais un autre problème demeure :
quelles sont les garanties que ceux avec qui l'ONG a signé des accords
respecteront leur engagement ? Quelles sont les conséquences du
non-respect des engagements ? Notre enquête, ne nous a pas permis
d'avoir de réponses satisfaisantes à ces
préoccupations.
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