Année académique :
2018-2019
MEMOIRE DE MASTER
Gestion de projets et Logistique humanitaire
Option : Gestion de projets.
L'ONG AIDE ET LA QUESTION DE LA PERENNISATION DES
ACQUIS DES PROJETS HYDRAULIQUES DANS LE DISTRICT D'ABIDJAN
L'ONG AIDE ET LA QUESTION DE LA PERENNISATION DES
ACQUIS DES PROJETS HYDRAULIQUES DANS LE DISTRICT D'ABIDJAN.
Sous la Direction de :
M.OURA Kouadio Raphael
Maitre de Recherches
Sous la Codirection de:
M. FOFANA Memon
Maitre-Assistant
Présentépar:
M. OUATTARA Gnénéfoli
Mamadou
DEDICACE
Nous dédions ce mémoire à notre
défunt père
OUATTARA Zoumana,
À notre mère Maîmouna OUATTARA
et,
À notre épouse BAKAYOKO
Maférima.
REMERCIEMENTS
Pour la réalisation de ce travail de mémoire,
nous voulons adresser nos remerciements :
-Aux responsables de la Chaire UNESCO pour la Culture de la Paix
en général et plus particulièrement au Professeur
Méké MÉÏTE, Titulaire de la Chaire UNESCO ; au
Dr Kouassi MALANHOUA, Directeur administratif de la Chaire UNESCO.
- Au Dr OURA Kouadio Raphael, Maître de Recherches,
Centre de Recherches pour le Développement (CRD), Université
Alassane Ouattara de Bouaké, qui malgré son emploi du temps
chargé a accepté d'être le Directeur de ce travail ;
- Au Dr FOFANA Memon, Maître-Assistant,
Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo, qui
malgré ses nombreuses occupations et ses responsabilités combien
importantes a accepté de codiriger le présent mémoire de
recherche ;
- A M. Kamagaté Vahama, Doctorant en Sciencesdu
Langage et de la Communication (SLC), Université Alassane Ouattara de
Bouaké, pour sa disponibilité ;
vos critiques et commentaires constructifs m'ont
été bénéfiques pour la réalisation de cette
étude ;
- A M. Bessié Baudelaire Baudry, pour avoir
accepté de porter un regard critique sur notre travail.
- Nous remercions également nos frères, Ouattara
Noufou Doudjo, Ouattara Drissa, Yéo Lacina, notre soeur Ouattara
Fatoumata Pétéhê et notre épouse Bakayoko
Maférima ; votre assistance a permis la réalisation de ce
travail de recherche.
Aux nombreuses personnes qui d'une manière ou d'une
autre, ont rendu possible la réalisation de cette oeuvre, qu'elles
trouvent ici, l'expression de ma profonde gratitude.
RÉSUMÉ
La prise en compte des stratégies de
pérennisation dans les planifications et programmations de l'ONG AIDE
reste très marginale. Ceci malgré la volonté politique et
stratégique affichée par les responsables de cette
organisation.Ses stratégies de durabilité des acquis demeurent
implicites. Cette recherche a l' intention d'être un point de
départ pour explorer la façon dont une organisation humanitaire
d'inspiration islamiquepeut intégrer les stratégies de
pérennisation dans ses interventions. Pour ce faire, une revue de
littérature sur la thématique des stratégies de retrait
des bailleurs a été conduite ainsi que l'analyse des documents du
projet L'un des enseignements majeurs de cette recherche est la
nécessité d'avoir un plan explicite de pérennisation
dès le début du projet. Par ailleurs, le niveau de participation
des populations a un impact sur l'appropriation et la motivation de ces
dernières dans la conduite des activités et leurs
durabilités
Mots
clés :Pérennisation, acquis, projet,
hydraulique, ONG
ABSTRACT
The inclusion of sustainability strategies in the planning and
programming of the NGO AIDE remains very marginal. This despite the political
and strategic will displayed by the leaders of this organization. Its
sustainability strategies remain implicit. This research intends to be a
starting point to explore how an Islamic-inspired humanitarian organization can
integrate sustainability strategies into its interventions. To do this, a
literature review on the theme of donor withdrawal strategies was conducted as
well as the analysis of project documents. One of the major lessons of this
research is the need to have an explicit sustainability plan as soon as
possible. The start of the project. Furthermore, the level of participation of
the populations has an impact on the appropriation and motivation of the latter
in the conduct of activities and their
sustainability. Keywords:Sustainability,
achievements, project, hydraulics, NGO
SIGLES, ABREVIATIONS ET
ACRONYMES
AIDE : ASSOCIATION IHSANE POUR L'EDUCATION
ET
BE : BUREAU EXECUTIF
CC : COMMISSAIRE AUX COMPTES
CIFEJ : CENTRE IHSANE POUR LA FORMATION ET
L'EDUCATION DES
COGES : COMITES DE GESTION DES
ETABLISSEMENTS SCOLAIRES
DEVELOPPEMENT
ENA : ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION
FCFA : FRANC DE LA COMMUNAUTE FINANCIERE
AFRICAINE
JEUNES
LLC : LANGUES LITTERATURES ET
CIVILISATIONS
LMD : LICENCE, MASTER, DOCTORAT
OMN : ORGANISATION MONDIALE DE LA
NORMALISATION
ONG : ORGANISATION NON GOUVERNEMENTALE
ONU : ORGANISATION DES NATIONS UNIES
OSC : ORGANISATION DES LA SOCIETE
CIVILE
PMI : PROJECT MANAGEMENT INSTITUTE
PND : PLAN NATIONAL DE DEVELOPEMENT
PNUD : PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE
DEVELOPPEMENT
PTF : PARTENAIRES TECHNIQUES ET
FINANCIERS
SCIENCE ET LA CULTURE
SIDA : SYNDROME D'IMMUNODEFICIENCE
ACQUISE).
SODECI : SOCIETE DE DISTRIBUTION D'EAU DE
COTE D'IVOIRE
TL : LIVRE TURQUE
UE : UNION EUROPEENNE
UFR : UNITE DE FORMATION ET DE
RECHERCHE
UNESCO : ORGANISATION DES NATIONS UNIES
POUR L'EDUCATION, LA
VIH : VIRUS DE L'IMMUNODEFICIENCE
HUMAINE
GLOSSAIRE
1- Allah : mot arabe signifiant
Dieu
2- Ihsane : mot arabe signifiant
bienfaisance
3- Misr El Kheir : expression arabe
signifiant « la bienfaisance en Égypte »
4- Pérennitas : c'est ce
qui est continuel qui peut durer une année ou des années
entières. La pérennisation est une mesure dans laquelle les
méthodes, les techniques, les organisations, les mécanismes qui
ont conduit aux effets positifs d'une activité menée par un
acteur qui peut être gouvernemental ou non, sont appropriés par
les bénéficiaires de manière à assurer la
reproductibilité des résultats après l'arrêt des
intervenants.
5- Projicere : mot latin qui
signifie « jeter quelque chose vers l'avant » ; le
préfixe « pro » signifie « qui
précède dans le temps » et le radical
« «jacere » veut dire « jeter
». Ainsi, le mot « projet » voulait initialement dire «
quelque chose qui vient avant que le reste ne soit fait ». Quand le mot a
été initialement adopté, il se rapportait au plan de
quelque chose, non à l'exécution proprement dite de ce plan.
6- Resalah : mot arabe qui signifie
« le message »
7- Sadaka: mot arabe signifiant sacrifice
8- Sonaa el Hayah : expression
arabe qui signifie « faiseurs de vie »
9- Waqf : Le waqf consiste
à faire un don au profit d'une cause jugée noble par
l'Islam ; en général le don se fait à une fondation
de bienfaisance. Cette fondation est chargée d'assurer la redistribution
du don mis à sa disposition. Ainsi elle peut utiliser les ressources
mises à sa disposition pour soutenir des actions durables de
développement économique.
10- Zakat : la zakat est dans
la tradition musulmane, une obligation islamique fondée sur un
prélèvement annuel du gain des riches (2,5% de l'épargne
annuel). Elle contribue à la redistribution de revenus entre les
différentes catégories sociales et joue un rôle parfois
déterminant de réinsertion des plus pauvres dans le circuit
économique.
TABLE DES ILLUSTRATIONS
1- Figure 1 : schéma organisationnel
de l'ONG AIDE
2- Figure 2 : Photo montrant l'inauguration d'un
forage réalisé par l'ONG AIDE à Port -Bouet
3- Figure 3 : localisation du District d'Abidjan
sur la carte de la Côte d'Ivoire
4- Figure 4 :carte présentant notre
zone d'étude
5- Figure 5 : Tableau de synthèse du
nombre d'enquêtés par commune ayant bénéficié
de la réalisation du projet hydraulique de l'ONG-AIDE de 2013 à
2017
6- Figure 6 : parts de contribution de la
Fondation Hudayyi dans le financement des activités de L'ONG AIDE de
2013 à 2017
7- Figure7 : Financement par domaines
d'activités de l'ONG AIDE par la Fondation Aziz Mahmud
Hüdâyî de 2013 à 2017
8- Figure 8 : Niveau d'implication des acteurs
au processus d'exécution des projets de l'ONG AIDE
9- Figure 9 : expression des degrés de problèmes
des bénéficiaires
10- Figure 10 : photo d'un forage laissé à
l'abandon dans la commune de Port Bouet
11- Figure 11 : proportion des enquêtés sur le
sentiment d'incapacité d'entretiens
AVANT PROPOS
La Chaire UNESCO pour la Culture de la Paix est une
institution qui a son Siège au sein de l'Université Félix
Houphouët Boigny, Abidjan - Cocody. Elle est rattachée à
l'Unité de Formation et de Recherche (UFR) Langues, Littératures
et Civilisations (LLC) eu égard à ses vocations. Elle se propose
en effet, de dynamiser les échanges et le partage des connaissances
entre les divers pays du monde et à favoriser le soutien des pays
développés en faveur des pays en voie du développement
dans la perspective d'un développement durable. Elle cherche à
promouvoir l'éducation à la solidarité internationale et
le dialogue interculturel. Les activités de la Chaire UNESCO pour la
Culture de la Paix se déclinent sous l'angle de la formation, de la
recherche et des actions de terrain pour la promotion de la culture de la paix
et du développement durable. La Chaire UNESCO organise notamment des
formations diplômantes et continues auxquelles, elle adjoint des
séminaires, des colloques et des conférences.
Les spécialités du système Licence
-Master- Doctorat (LMD), que propose la Chaire UNESCO sont : le Droit
international, les Sciences politiques, le Développement durable,
l'Action humanitaire, la Culture de la Paix, Prévention, Gestion et
Résolution de Conflit, la Gestion de projets de Solidarité
Internationale et du Développement durable et la Logistique humanitaire.
La Chaire UNESCO a ouvert ses portes aux professionnels pour acquérir
des connaissances leur permettant de faire des réorientations
professionnelles, d'apprendre un nouveau métier ou d'améliorer
leur compétence pour pouvoir progresser plus vite dans leur
carrière professionnelle. C'est dans ce cadre précis que nous
avons effectué une formation en Master Gestion de Projets après
une expérience professionnelle de plus de trois ans dans le domaine de
la gestion d'un projet éducatif au sein d'une Organisation Non
Gouvernementale (ONG) dénommée Association Ihsane pour le
Développement et l »Education (AIDE) Au sein de cette ONG,
nous avons occupé le poste de Directeur de projet dénommé
`'Centre Ihsane pour la Formation et l'Education des Jeunes `'
(CIFEJ). Ce projet a consisté à diriger un établissement
scolaire avec internat à caractère social accueillant chaque
année une trentaine d'élèves démunis issus des
familles défavorisées et ce, de la classe de seconde
jusqu'à l'obtention de leur Baccalauréat.
SOMMAIRE
DEDICACE
2
REMERCIEMENTS
3
RÉSUMÉ
4
SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES
5
GLOSSAIRE
6
TABLE DES ILLUSTRATIONS
7
AVANT PROPOS
8
SOMMAIRE
9
INTRODUCTION
10
PREMIERE
PARTIE : PRESENTATION DU CADRE THEORIQUE
13
DEUXIEME
PARTIE : PRESENTATION DU CADRE METHODOLOGIQUE
44
TROISIEME
PARTIE : RESULTATS ET
54
CONCLUSION
67
ANNEXES
69
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
73
TABLE DES MATIERES
75
INTRODUCTION
« L'ONG AIDE et la question de la
pérennisation des acquis des projets hydrauliques dans le district
d'Abidjan » est le thème de notre recherche.
L'intérêt de ce sujet réside dans le fait qu'il existe de
nombreuses ONG qui interviennent aux profits des populations
vulnérables. Ces ONG recherchent l'amélioration des conditions de
vie de ces populations. Une fois les conditions améliorées, le
souhait de tous ces acteurs de développement est que les conditions de
vie de ceux qui ont reçu de l'aide s'améliorent davantage ou tout
au moins, que ce qui a été amélioré soit
préservé pendant longtemps. C'est en cela que se pose la question
de la durabilité ou de la pérennisation des acquis.
La pérennisation est en effet, la poursuite des
activités de développement par les membres de la
communauté bénéficiaire après le retrait des
intervenants extérieurs. Ainsi, la pérennisation des acquis est
non seulement profitable aux populations mais aussi encourage l'initiateur de
l'intervention et bien d'autres acteurs au développement, à
continuer à apporter leur appui aux communautés
défavorisées. C'est ce qui confirme les propos d'un auteur :
« La véritable mesure du succès d'un projet humanitaire
n'est pas dans ses réalisations durant la période de mise en
oeuvre du projet, mais ce qui se passe après la fermeture de
celui-ci » Pett (2011). Mais comment réussir cette
opération ?
De nombreux praticiens s'accordent à dire que
l'objectif de pérennisation a de meilleures chances d'être
réalisé si le projet suit une approche participative. L'approche
participative est une méthode d'intervention qui associe l'ensemble des
personnes concernées à la conception, à la
réalisation et à l'évaluation d'un projet de
développement. Elle se fait selon différentes méthodes et
avec différents outils. Elle a pour avantage de développer chez
les bénéficiaires des aptitudes, des compétences et la
confiance en eux dont ils ont besoin pour continuer dans le chemin du
développement et ce, même après le départ des
intervenants extérieurs. Les intervenants extérieurs doivent de
concert avec les bénéficiaires (ceux à qui l'aide est
apportée) mettre en place des mécanismes personnalisés
d'appropriation par les acteurs locaux des changements introduits dans leur
milieu. Or, malgré l'abondance de littérature sur la
thématique, de nombreuses organisations ne pratiquent toujours pas ou
pratiquent mal cette méthode dans le cadre du déroulement de
leurs projets. Certaines ONG se heurtent en effet à leur
incapacité à intégrer les déterminants culturels
à leur action. La question demeure alors une préoccupation pour
les praticiens et chercheurs.
Ayant travaillé au sein d'une ONG pendant plus de trois
ans, nous avons été témoin de certaines difficultés
auxquelles nous n'avons eu de début de compréhension qu'à
la suite de notre formation de Master en Gestion de Projets à la Chaire
UNESCO. C'est pourquoi, lorsqu'est venu le moment de choisir un thème
dans le cadre de la soutenance de notre mémoire de Master, nous
n'avons pas hésité à choisir un thème en lien avec
cette structure. En effet, conformément à la loi n°60 -315
du 21septembre 1960 relative aux associations est née depuis 2013, une
association dénommée Association Ihsane1(*) pour le Développement et
l'Education (AIDE) en vue de servir de relais aux actions caritatives de la
Fondation turque dénommée Fondation Aziz Mahmud
Hüdâyî. De 2013 à 2017, l'ONG AIDE, grâce au
financement de la Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî a investi
près de deux milliards (2.000.000.000) de francs CFA dans diverses
actions sociales et dans des projets de développement
sociocommunautaires2(*). A
titre illustratif, L'ONG AIDE a réalisé entre 2014 et 2017,
quarante et un (41) forages en Côte d'Ivoire et notamment au sein des
établissements scolaires du District d'Abidjan3(*). En 2017, à la suite
d'une évaluation, l'ONG réalise que de nombreux ouvrages remis
aux populations n'ont pas pu fonctionner peu après leur livraison par
faute d'entretien par les bénéficiaires. Pourtant les
responsables de l'ONG AIDE et les bénéficiaires eux-mêmes
s'accordent à reconnaitre que la maintenance des installations
après la livraison incombe aux populations
bénéficiaires.
Ce travail se propose donc de réfléchir sur les
leviers de la pérennisation des acquis des projets hyrauliques de l'ONG
AIDE en Côte d'Ivoire. Afin d'arriver aux résultats, nous avons
planifié cette recherche en trois parties. La première partie
intitulée « Cadre théorique » comprend six
(6) points à savoir : la justification du choix du sujet (1), la
définition des concepts du libellé du sujet (2), la
problématique(3), les objectifs (4), les hypothèses (5) et la
revue de littérature (6).
La deuxième partie intitulée « Cadre
méthodologique », met en relief le cadre de
référence théorique, la méthode d'investigation, la
cible de recherche et la technique d'échantillonnage.
La troisième et dernière partie présente
l'analyse de nos résultats. Nous y présentons l'analyse du
dispositif institutionnel mis en place par l'ONG AIDE pour la
réalisation des projets, la description des moyens de mise en oeuvre des
projets hydrauliques ainsi que les difficultés rencontrées et
enfin, l'analyse de la perception que se font les bénéficiaires
des projets hydrauliques réalisés par l'ONG AIDE à leur
profit. Cette étude nous a ainsi permis de trouver la réponse
à notre objectif de recherche qui était de savoir les facteurs
susceptibles, de favoriser la pérennisation des acquis de l'ONG AIDE en
Côte d'Ivoire.
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION
DU CADRE THEORIQUE
Cette première partie constituant l'aspect
théorique de la présente étude s'ouvre sous les points
suivants : la justification du choix du sujet, la définition des
concepts du libellé du sujet, la problématique, les objectifs,
les hypothèses, et la revue de littérature.
1- JUSTIFICATION DU
CHOIX DU SUJET
Cette partie comporte outre le contexte général,
les motivations personnelles et collectives, la pertinence sociale et
scientifique du choix du sujet.
1-1- CONTEXTE GENERAL
Ancienne colonie française, la Côte d'Ivoire est
indépendante depuis le 7 août 1960. Situé en Afrique de
l'Ouest, le pays est limité au Nord par le Mali et le Burkina Faso,
à l'Est par le Ghana, à l'Ouest par la Guinée et le
Libéria. Sa superficie est de 322 462 km²et son économie
repose essentiellement sur les produits d'exportation et principalement sur le
binôme café-cacao Ainsi, depuis 19784(*), la Côte d'Ivoire est le premier producteur
mondial de cacao. La phase de son économie nationale couvrant la
période de 1960 à 1980, dite phase du «miracle
ivoirien», est caractérisée par « la
disponibilité financière, le faste des investissements et, de
façon générale, [par] l'importance des dépenses
publiques » AKINDÈS (2002). A ce miracle économique
ivoirien, a succédé dans les années 1981 à 1993 la
phase du « mirage économique » ivoirien selon les termes du
sociologue AKINDES. Pendant cette période, il y a eu la baisse des cours
des matières premières au niveau mondial. La Côte d'Ivoire
dont l'économie dépend essentiellement de ses recettes
d'exportation a commencé à connaitre ses premières
difficultés économiques.
La reconfiguration de l'espace politique suite au
décès en 1993 du premier Président de la
République, le Coup d'Etat de 1999, la rébellion de 2002 qui a
consacré la partition du pays en deux, la crise post-électorale
de 2010 ont finalement fragilisé l'autorité de l'Etat
réduisant ainsi les investissements publics. A titre d'exemple, dans le
domaine de l'eau potable « les investissements de l'Etat en la
matière ont chuté jusqu'à 0,3% sur la décennie
2000-2011 »5(*).
L'incidence des crises successives sur les infrastructures de
développement est alors perceptible.
En 2011, la crise post-électorale terminée, le
Gouvernement projette alors des réformes visant à relancer la
croissance économique pour apporter des solutions aux problèmes
des populations. Cette ambition a conduit l'Etat de Côte d'Ivoire
à élaborer le Plan National de Développement (PND).
Adopté en mars 2012, ce plan vise à couvrir les besoins des
populations en matière d'accès aux services de base de
qualité et capitalise les acquis des politiques socioéconomiques
antérieures. Cette nouvelle politique économique et sociale
s'appuie sur l'investissement public et privé. L'Etat recourt ainsi
à des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) pour combler le
déficit d'infrastructures et améliorer les conditions de vie des
populations. L'apport des Organisations Non Gouvernementales (ONG) s'inscrit
dans cette dynamique.
Le terme « ONG » recouvre une très
large palette d'organisations de natures différentes, bien qu'il
n'existe pas de définition précise et unanimement acceptée
de ce que signifie ce terme6(*).En effet, il n'y a pas de définition juridique
uniforme dans les différents pays du monde sur ce qu'est une ONG. En
Côte d'Ivoire, les organisations se faisant appeler ONG sont en
réalité régies par l'unique loi numéro 60-315 du 21
septembre 1960 relative aux associations. Associations ou ONG, ces acteurs
sociaux restent vraisemblablement importants dans le développement
socioéconomique dans de nombreux pays. En plus du fait qu'elles
interviennent dans les cas d'urgence humanitaire ou de catastrophes naturelles,
les ONG, tant au niveau national qu'international, s'inscrivent de nos jours
dans la dynamique du développement durable et de proximité. C'est
dans ce contexte que la Fondation internationale turque dénommée
« AzîzMahmûd Hüdâyî7(*) »,conformément à
la loi de septembre 1960 sur les associations, crée en 2013 l'ONG
dénommée « Association Ihsane pour le
Développement et l'Education (AIDE) ».
Les activités de l'ONG AIDE s'étendent sur le
territoire national ivoirien. Cette organisation assiste entre autres, les
veuves et les orphelins. Elle apporte également un soutien à
l'éducation et initie des projets à impact direct comme la
réalisation de forages.
La Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî au nom de
laquelle intervient l'ONG AIDE est une fondation créée depuis le
XVIIIème siècle, précisément en 1628
dans le but de venir en aide aux nécessiteux8(*). Son principe de fonctionnement
est fondé sur les prescriptions de l'Islam en matière de
bienfaisance notamment en ce qui concerne la mobilisation et la distribution de
la zakat9(*)et
du waqf10(*) . En effet dans la tradition musulmane,
la zakat est une obligation islamique fondée sur un
prélèvement annuel du gain des riches (2,5% de l'épargne
annuel). Elle contribue à la redistribution de revenus entre les
différentes catégories sociales et joue un rôle parfois
déterminant de réinsertion des plus pauvres dans le circuit
économique. Le mécanisme de fonctionnement du waqf
consiste à faire un don au profit d'une cause jugée noble par
l'Islam ; en général le don se fait à une fondation
de bienfaisance. Cette fondation est chargée d'assurer la redistribution
du don mis à sa disposition. Ainsi elle peut utiliser les ressources
mises à sa disposition pour soutenir des actions durables de
développement économique.
Depuis plus de six ans, l'ONG AIDE intervient auprès
des populations ivoiriennes. De par l'action de ses bienfaiteurs, l'ONG AIDE
dépense en moyenne quatre cent millions (400.000.000) de francs CFA par
an 11(*)pour la
réalisation de divers projets sociaux, pour la promotion de l'Islam et
de la culture turque ou dans la réalisation d'infrastructures
diverses : réhabilitation d'école, réalisation de
pompes etc. A ce jour, aucune étude n'a encore été
menée pour mesurer le progrès, l'efficacité, l'atteinte
des objectifs de cette organisation et surtout en ce qui concerne la
viabilité de ses réalisations.
1-2- MOTIVATIONS
Ici, nous évoquerons nos motivations au niveau
personnel et au niveau collectif.
1-2-1-
Au plan personnel
Au niveau personnel, le présent mémoire
s'inscrit dans un premier temps dans le programme d'évaluation en vue de
l'obtention de notre diplôme de Master en Gestion de Projets à la
suite de la formation académique que nous avons reçue à la
Chaire UNESCO pour la Culture de la Paix. Le choix de ce thème s'est
imposé à nous après un temps de recul et une
réflexion sur nos années passées dans la gestion d'un
projet éducatif de l'ONG AIDE. Pendant que nous assurions la gestion de
ce projet, nous avons constaté que la structure engageait d'importants
moyens financiers et expertises nationales et turques pourenfin se retrouver
face à des réalisations qui ne durent pas dans le temps. Ainsi
avons-nous voulu apporter notre contribution à l'amélioration des
conditions de prestation de cette organisation.Ce souci est au coeur de notre
réflexion dans la mesure où, selon nous, la durabilité ou
la pérennisation des acquis doit mobiliser toutes les énergies en
vue de leur réelle et efficace contribution au changement qualitatif
dans notre pays. Mener cette étude s'inscrit finalement dans notre
ambition de devenir un consultant-formateur, spécialiste des questions
humanitaires et participer exceptionnellement au développement des ONG
humanitaires en Côte d'Ivoire.
1-2-2-Au
plan collectif
Les actions humanitaires visent à soulager les
souffrances des populations. Ainsi, la population est lapremière
bénéficiaire des interventions humanitaires. Mais pour qu'elles
soient efficaces, les interventions doivent correspondre aux choix des
populations réceptrices et l'expression de leur choix se fait à
travers leur participation. En effet la participation des populations aux
projets sociaux permet d'abord d'identifier les besoins prioritaires de ceux
qui sont dans le besoin. Ensuite elle permet de satisfaire leur désir
légitime d'appropriation desdits projets. Enfin elle facilite la
mobilisation des ressources disponibles et la répartition des services
ou produits susceptibles de satisfaire ces besoins. Or les
bénéficiaires n'ont pas toujours étéassociés
à la définition des actions prioritaires de nombreuses ONG de
sorte qu'ils se les approprient.Ce fait est diversement expliqué par les
acteurs et partenaires sociaux. Pour certains, la non-participation des
populations aux projets réalisés à leur intention
s'explique par le fait que les bénéficiaires sont pour la plupart
difficiles à mobiliser car préoccupées par les soucis de
satisfaction des besoins primaires. Pour d'autres par contre, cette absence des
bénéficiaires dans la conception et réalisation des
projets est liée au fait que parfois les projets sont suscités
par des bailleurs extérieurs sans un véritable encrage local. Il
se pourrait que la responsabilité incombe à l'une ou l'autre
partie ou que les responsabilités soient partagées. Quoiqu'il en
soit le résultat est qu'il n'est pas rare de constater que des livrables
ont été mis à la disposition des populations qui par la
suite sont tombés en ruine. Ces populations sont ainsi retombées
dans leur situation de départ. Le cas des projets de pompes à
motricité humaine réalisées par l'Etat de Côte
d'Ivoire dans les années 80 et que l'Etat s'est trouvé obliger de
les réhabiliter en 2019, en est la parfaite illustration. Au regard de
ce qui précède et compte tenu de l'importance de l'ONG AIDE sur
l'échiquier associatif en Côte d'Ivoire depuis quelques
années, il nous semble impérieux de mettre en relief ce
modèle d'intervention humanitaire à cheval entre les valeurs
islamiques et celles de la modernité, lequel reste souvent peu connu en
dehors de quelques milieux musulmans.
1-3- PERTINENCES
A ce point nous évoquerons les pertinences sociale et
scientifique de notre étude.
1-3-1-Au
niveau social
Les Etats n'ont pas toujours les moyens pour résoudre
les problèmes socioéconomiques auxquels leurs populations sont
confrontées. Dans ce contexte il importe de recenser et mobiliser toutes
les sources des ressources disponibles pour venir en aide à ces
populations. L'intervention de la Fondation Mahmûd Hudayi s'inscrit dans
le cadre d'une forme d'économie qui a pour fondement la charité.
Elle mobilise les ressources philanthropiques en vue de venir en aide aux
personnes dans le besoin. Les formes de charité fondées sur les
principes de l'Islam comme la zakat (aumône "obligatoire") et le
waqf (fondation pieuse) ont prouvé à travers les
siècles leur importance primordiale dans le développement
économique et humain12(*).
Ce type de charité consiste à utiliser l'argent
collecté pour améliorer la situation économique des
couches socioéconomiques les plus défavorisées. Il existe
plusieurs types d'ONG parmi lesquelles : les associations islamiques de
prêches, les associations à vocation sociale et culturelle et les
associations à vocation de bienfaisance. À titre d'exemples, on
peut citer les associations caritatives en Égypte: « Misr El
Kheir » (la bienfaisance en Égypte), « Resalah
» le message) et « Sonaa el Hayah » (faiseurs de
vie) qui collectent la zakat et les dons octroyés par des
individus ou par des entreprises pour financer des projets à but non
lucratif (bourses d'études, microcrédits aux petites entreprises,
construction d'écoles dans les petits hameaux isolés, fourniture
d'eau saine dans les quartiers pauvres, etc.)13(*). Parfois les activités de ces structures
s'étendent jusqu'à accorder des prêts sans
intérêts aux personnes économiquement
défavorisées afin de les aider à réaliser leurs
projets productifs. Ainsi une institution de ce type augmente la participation
de la catégorie sociale parfois marginalisée, dans la vie
économique et dans le système d'entraide sociale, qui est un
facteur déterminant d'intégration sociale. Or pendant que
l'activité humanitaire islamique vaut un capital de confiance important
et une source de proximité culturelle dans les milieux musulmans, elle
reste souvent peu connue en dehors de ces milieux. L'étude des facteurs
de la pérennisation des acquis des interventions des ONG humanitaires
constitue donc non seulement une source d'information mais aussi une source de
connaissance nécessaire à l'élaboration et à la
mise en oeuvre des futurs projets visant à améliorer les
conditions de vie des personnes dans le besoin.
Les moyens de pérennisation des acquis étant au
coeur des éléments associés au développement et/ou
à la promotion de moyens de lutte contre la pauvreté implique,
pour une structure donnée, des connaissances pratiques sur les
stratégies d'interventions bien planifiées dans la sphère
de l'aide humanitaire. La présente réflexion vise donc à
permettre de situer les responsabilités sociétales des uns et des
autres dans le processus de pérennisation des projets de
développement. Aussi l'importance de cette étude
réside-t-elle dans le fait que c'est la première fois qu'une
Fondation turque « d'inspiration islamique14(*) »déploie ses
activités en Côte d'Ivoire. De ce fait, son succès pourra
amener d'autres structures de même nature à lui emboiter le pas
dans le pays pour le bien-être des populations. En cas d'échec des
communautéspeuvent manifester une certaine méfiance par rapport
à d'autres interventions futures. La preuve visible de son succès
étant la pérennisation de ses acquis, nous voulons nous
appesantir sur cette question surtout en nous intéressant aux dimensions
encore peu explorées par les sciences sociales.
1-3-2-
Au plan scientifique
Notre recherche s'inscrit dans la logique suivante : les
phénomènes sociaux sont des choses et doivent être
traités comme des choses. Pour démontrer cette proposition. , il
suffit de constater qu'ils sont l'unique datum offert au sociologue.
Est chose, en effet, tout ce qui est donné, tout ce qui s'offre ou,
plutôt, s'impose à l'observation. Traiter des
phénomènes comme des choses, c'est les traiter en qualité
de data qui constituent le point de départ de la science, Durkheim
(1967).
La question de la pérennisation des acquis des
interventions des ONG humanitaires représente depuis plusieurs
années un défi scientifique, lié à l'examen des
dimensions encore peu explorées par les sciences sociales. Le choix de
ce sujet s'explique par notre volonté de porter un regard scientifique
à partir du cas de l'ONG AIDE sur les méthodes classiques de
gestion des interventions des ONG humanitaires. Nous voulons ainsi apporter des
éléments de réponses scientifiques aux facteurs
explicatifs du comportement de non durabilité de certains projets
sociaux ; nous pouvons par la suite proposer une nouvelle grille de
lecture en vue d'adapter les stratégies d'intervention aux attentes et
cultures des bénéficiaires. Il nous appartient d'analyser le mode
d'implémentation des projets de l'ONG AIDE en vue de comprendre les
aspects méthodologiques qui entravent ou pourraient entraver la
durabilité de ses interventions. Les conclusions de ce travail peuvent
permettre un nouveau type de management des projets mais également une
meilleure implication des bénéficiaires et par là un plus
grand profit des projets. Cette étude a pour spécificité
de s'intéresser à un type particulier d'organisme humanitaire
avec un fonctionnement différent des organismes classiques et associant
islam, culture turque et modernité. Elle va donc apporter des
informations d'ordre théorique et empirique sur la question de
pérennisation des acquis des ONG de bienfaisance surtout celles
d'inspiration islamique.
2- DEFINITION DES CONCEPTS DU LIBELLE DU
SUJET
Toute investigation scientifique porte sur un groupe
déterminé de phénomènes qui répondent
à une même définition. La première démarche
du chercheur doit [...] être de définir les choses dont il traite,
afin que l'on sache et qu'il sache bien de quoi il est question,Durkheim
(1967).Ainsi, les concepts étant des instruments d'analyse de notre
objet d'étude, il est nécessaire de les définir pour une
meilleure compréhension. Nous présenterons donc les concepts
explicites et les concepts implicites.
2-1- CONCEPTS EXPLICITES
Ce sont les concepts qui apparaissent dans la formulation du
sujet.
v
ONG
Il n'existe aucune définition juridique claire, ni en
droit ivoirien, ni en droit international, de la notion d'Organisation Non
Gouvernementale (ONG). En réalité, ce mot est apparu pour la
première fois dans la charte des Nations Unies en 1945, notamment dans
l'article 71 consacré à l'action du Conseil Economique et
Social15(*). Les acteurs
humanitaires s'accordent toutefois sur le fait qu'une ONG est une association
nationale ou internationale indépendante des gouvernements et qu'elle
s'inscrit dans une démarche participative de
solidarité.Aujourd'hui, il est communément admis, que tout ce qui
n'est pas géré au niveau gouvernemental est par définition
non gouvernemental mais cette définition tend à classer des
entreprises ou des syndicats parmi les ONG ; or le but visé n'est
pas le même. L'aspect le plus important qu'il ne faut pas perdre de vue
dans la définition de l'ONG, est qu'elle est avant tout « une
organisation à but non lucratif créée pour venir en aide
aux structures étatiques ou aux populations à travers la
réalisation de diverses activités de développement ou
d'actions sociales »Ainsi, la perception la plus répandue des
ONG reste celle de « structures non lucratives, issues d'une
mobilisation militante et citoyenne à caractère privé,
agissant pour des causes sociales »16(*) .
Face aux conséquences négatives de la
mondialisation en termes d'accroissement des inégalités, les
organisations de la société civile ont pris la défense
d'un certain nombre de biens communs. C'est pourquoi elles sont
courtisées par les institutions internationales d'aide au
développement pour favoriser la bonne gouvernance en
générale et particulièrement la gouvernance
économique, Merrien (1998). Leur participation à toute politique
de développement social et économique est visible. Les bailleurs
de fonds internationaux se réfèrent à elles, les
politiques publiques les considèrent comme des maillons essentiels dans
la chaine de gouvernance économique, dans des espaces de concertation et
de consultation. Désormais, les organisations de la
société civile ne sont plus considérées comme des
solutions palliatives ou alternatives au développement, mais
plutôt comme des acteurs à part entière du
développement et de la régulation de la société au
même titre que les pouvoirs publics et le secteur privé. Elles ont
de ce fait connu un regain d'activités et leurs fonctions se renforcent.
A leurs principaux domaines de prédilection, à savoir les
activités socio-caritatives, s'ajoutent de nouvelles vocations qui
cherchent non pas à assister et à offrir des services, mais
à mobiliser les citoyens sur des sujets variés et à
occuper de nouvelles fonctions sociales et politiques en tant que partenaires
des pouvoirs publics dans les choix et la conduite de la gouvernance
économique des pays. Tantôt juge (dont on sollicite l'arbitrage),
tantôt instrument des politiques de développement (dans la mesure
où elle tend à se substituer aux administrations publiques
jugées parfois inefficaces), la société civile est devenue
une sorte de panacée de la gouvernance économique ou encore du
développement économique et social.
Dans les pays du sud, l'émergence des ONG est
consécutive aux transformations sociales qui ont affecté la
stratification sociale en milieu urbain et qui ont fait exclure les tranches
inferieures des classes moyennes vers les marges des villes. Ces
transformations ont aussi fait ressortir la faiblesse de l'Etat, laissant des
marges à plusieurs sortes de systèmes d'appartenance sociales
basés notamment sur des réseaux réciproques de confiance
et de norme de capital social. Les ONG sont perçues comme la
formalisation de groupes informels, qui, en relâchant les liens
étroits, peuvent désormais accéder aux ressources
financières, à l'information et aux ressources humaines pour
défendre leurs causes qui se résument en général
à leur mise à l'écart vis-à-vis des institutions
classiques, Sylla (2005). Roca (1996) parle dans le contexte des pays du sud,
d'une recomposition de groupes d'acteurs, par appropriation de formes
occidentales, recomposition dont les conditions ont été mises en
place par les chocs successifs de la colonisation, puis de la
décolonisation et de la modernité, dont l'avatar ultime est la
globalisation.
v
PERENNISATION
Nous nous inscrivons dans la définition de Diallo
(2012) qui affirme que la notion de pérennisation est un emprunt du
Latin « pérennitas » : c'est ce qui
est continuel qui peut durer une année ou des années
entières. La pérennisation est une mesure dans laquelle les
méthodes, les techniques, les organisations, les mécanismes qui
ont conduit aux effets positifs d'une activité menée par un
acteur qui peut être gouvernemental ou non, sont appropriés par
les bénéficiaires de manière à assurer la
reproductibilité des résultats après l'arrêt des
intervenants. Ici, la notion de pérennisation est vu sous l`angle des
perspectives de changements que l'on espère après la mise en
place des projets, en termes d'organisation du travail, de répartition
des tâches, d'organisation des structures et de relations de
travail.Toutefois la définition du concept est non consensuelle.
v
ACQUIS
L'acquis peut se définir comme l'ensemble des savoirs
et savoir-faire dont une personne manifeste la maîtrise dans une
activité professionnelle, sociale ou de formation. Les acquis
exigés pour suivre une formation constituent les prérequis.
L'acquis paraît particulièrement important en ce qui concerne les
structures et modes d'organisation favorisant l'autonomie, l'initiative et la
réactivité. Trois domaines d'action y sont pris en compte :
les actions d'intégration destinées à équilibrer la
décentralisation ; un changement de rôle de
l'encadrement ; la mise en place d'un système de récompense
adapté, Larousse Robert (1993). L'acquis est donc « ce qui est
obtenu sans que cela soit auparavant déjà
possédé ». Ici c'est ce qui est réalisé
et mis à la disposition d'un individu ou d'une population par un
organisme de bienfaisance : C'est ce qui est entré dans le
patrimoine d'un ou plusieurs groupe d'individus ; ce sont les projets
hydrauliques réalisés par l'ONG AIDE aux profits des
écoles et communautés dans le district d'Abidjan.
v
PROJET HYDRAULIQUE
Avant de définir le groupe de mots il convient de les
définir d'abord séparément. Le mot projet provient du mot
latin `' projicere'', qui signifie « jeter quelque
chose vers l'avant » ; le
préfixe « pro » signifie « qui
précède dans le temps » et le radical
« «jacere » veut dire « jeter
»17(*). Ainsi, le mot
« projet » voulait initialement dire « quelque chose qui vient
avant que le reste ne soit fait ». Quand le mot a été
initialement adopté, il se rapportait au plan de quelque chose, non
à l'exécution proprement dite de ce plan. Quelque chose accompli
selon un projet était appelé « objet ». Cette
utilisation du mot « projet » a changé dans les années
1950, quand plusieurs techniques de gestion de projet ont été
élaborées ; avec cette avancée, le mot a
légèrement dévié de sens pour couvrir à la
fois les projets et les objets.
La norme ISO 10006 (version 2003) de l'Organisation Mondiale
de Normalisation (OMN), définit le projet comme « un processus
unique qui consiste en un ensemble d'activités coordonnées et
maîtrisées, comportant des dates de début et de fin,
entrepris dans le but d'atteindre un objectif conforme à des exigences
spécifiques, incluant des contraintes de délais, de coûts
et de ressources. ».D'après le « Project Management
Institut18(*) »
(PMI), un projet est toute activité réalisée une seule
fois, dotée d'un début et d'une fin déterminée et
qui vise à créer un produit ou un savoir unique. Il peut
nécessiter la participation d'une seule ou de milliers de personnes. Sa
durée peut être de quelques jours ou de plusieurs années.
Il peut être entrepris par une seule organisation ou par un groupe
d'organismes intéressés. Il peut s'agir de quelque chose d'aussi
simple que l'organisation d'un événement d'une journée ou
d'aussi complexe que la construction d'un barrage sur une rivière. Pour
l'Union Européenne (UE), « Un projet est un ensemble
d'activités visant à atteindre, dans des délais
fixés et avec un budget donné, des objectifs clairement
définis », UE (2004). Un projet de développement
communautaire peut être défini comme une action
réalisée dans un objectif socio-économique orienté
vers la satisfaction d'un besoin collectif de base (alimentation, santé,
éducation, travail, infrastructures de base, information, connaissances,
etc.) d'une communauté d'hommes et de femmes leur permettant de
s'épanouir dignement. Il tente d'en valoriser les qualités
(ressources, atouts, valeurs), d'en minimiser les handicaps, d'en contourner
les contraintes Daniel, (2003). Il implique des groupes d'intérêts
divers notamment des membres de la communauté, les autorités
locales et des agents externes d'appui technique et financier.
2-2- CONCEPTS IMPLICITES
v Durabilité
Caractère de ce qui est durable ; c'est ce qui est
viable ,qui dure dans le temps.,Dans la présente étude, nous
considérons qu'une intervention est durable lorsque ses effets
perdurent même après le retrait des donateurs grâce à
l'existence d'un mécanisme interne de mise en oeuvre qui atteste que la
réalisation des objectifs du projet de développement n'est pas
compromise et que les progrès vers ses objectifs se poursuivront, Rogers
et Macias (2004). Ainsi il existe un lien étroit entre l'appropriation
et la pérennisation. Nous emploierons comme synonyme de
pérennisation les termes comme durabilité, viabilité.
v Forages
C'est un dispositif mis en place à travers un ensemble
d'opérations coordonnées en vue de permettre la production et la
disponibilité de l'eau aux profits des communautés. Ici ce sont
les pompes électriques et à motricité humaine que l'ONG
AIDE a réalisées en Côte d'Ivoire aux profits de certaines
communautés dans le District d'Abidjan et à l'intérieur du
pays.
v Maintenance
v La maintenance regroupe les actions de
dépannage et de réparation, de réglage, de
révision, de contrôle et de vérification des
équipements matériels (machines, véhicules, objets
manufacturés,
3- PROBLEMATIQUE
Les organisations non étatiques peuvent jouer un
rôle déterminant dans le processus du développement
socio-économique surtout dans les pays en voie de développement.
Pour qu'elles mènent pleinement leur mission, ces organisations doivent
bénéficier d'un environnement social et institutionnel propices
à la viabilité de leurs activités. Cette affirmation est
corroborée par le rapport du Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) en ces termes : « Dans la
majorité des pays développés, le secteur privé joue
un rôle important dans le processus de développement et fournit
les principaux moyens pour assurer une croissance équilibrée des
différents secteurs de l'économie nationale. Ces nations ont
réussi à initier et développer des mécanismes de
suivi/évaluation et des stratégies pour pérenniser les
acquis des ONG locales de développement,PNUD (1999).
Au milieu des années 80, en parallèle à
la remise en question des modèles nationaux de développement, la
Banque Mondiale découvre que les ONG sont des institutions plus proches
des pauvres, moins chères, moins corrompues et plus efficaces que les
canaux gouvernementaux traditionnels. En réalité les ONG
constituent l'expression de rapport entre les gouvernants et les
gouvernés,(Diallo, 2012).
Depuis les indépendances, le développement
socio-économique de la plupart des pays de l'Afrique a été
considéré comme prioritaire, parce que la mise en oeuvre des
programmes centralisés a montré ses limites. En outre, la crise
économique des années 1980 qui a augmenté la
paupérisation des populations a montré qu'en plus des efforts de
l'Etat pour assurer un développement socio-économique
équilibré et durable, d'autres acteurs locaux tels que les
Organisations Non Gouvernementales, peuvent aussi agir dans la
définition et la mise en oeuvre de l'action économique.
D'ailleurs, l'analyse des conditions de vie des populations selon l'approche
par les besoins de base, considère qu'un individu doit pouvoir
satisfaire certains besoins fondamentaux qui sont nécessaires à
l'atteinte d'une certaine qualité de vie. La santé,
l'hygiène, l'assainissement, l'accès à un centre de
santé, constituent un stock essentiel de ces besoins de base. Leur
satisfaction permet aux populations d'avoir un cadre de vie agréable
même si elle ne suffit pas à les sortir de la pauvreté,
notamment monétaire. Ces besoins sont considérés comme des
biens publics dont la mise à disposition au profit des populations
relève du domaine de l'Etat. Ce dernier, par le biais de ses
institutions et agences d'exécution, pourvoit dans la mesure de ses
possibilités à la satisfaction des besoins de base au profit des
populations.Cependant, les Etats Africains n'ont pas toujours été
en mesure de faire face aux nombreuses crises de gouvernance que connait le
continent. Cette situation justifie l'émergence des ONG de
développement dont le but est de favoriser auprès des groupes
sociaux les conditions d'accès à un processus de
développement.
Justement, les ONG sont des institutions totalement
privées et non gouvernementales qui, dans le cadre d'une convention avec
le gouvernement, et /ou avec les institutions internationales, exécutent
des opérations de développement dans une zone définie. Sur
cette base, il existe plusieurs types d'ONG selon les champs d'expression de
chacune d'entre elles. Il existe des ONG de charité, de bienfaisance, de
services, d'appui, de l'éducation, de l'alimentation, etc.
En Côte d'Ivoire, dans le domaine de la mise en place et
de la réhabilitation des infrastructures socioéconomiques de base
telles que les écoles, les ouvrages hydrauliques, les dispensaires,
l'assistance de la population vulnérable, etc., les activités
exécutées par les ONG permettent d'assurer la conservation du
patrimoine et de faciliter l'accès des populations aux services sociaux
de base. Au nombre de ces ONG figure l'ONG-AIDE qui, depuis 2013 apporte son
assistance à la population ivoirienne à travers les projets
d'hydrauliques à caractère communautaire.
En effet, l'ONG AIDE est une association créée
en Côte d'Ivoire aux fins de réaliser les actions humanitaires de
la Fondation turque Aziz Mahmud Hüdâyî. La Turquie est un
exemple typique de pays où le waqf assume des fonctions dans
des domaines très variés. Ainsi en 2013 la Fondation Aziz Mahmud
Hüdâyî alors présente dans de nombreux pays de la
Sous-région Ouest africaine depuis plus d'une dizaine d'années,
décide de s'installer en Côte d'Ivoire dans le cadre du
déploiement de ses activités en Afrique. La Fondation mobilise
des centaines de millions du Livre Turc (TL) mensuellement auprès des
donateurs turques aux profits des populations vulnérables en Côte
d' Ivoire19(*). Par exemple dans son
intervention au niveau éducatif, l'ONG-AIDE a ouvert un
établissement scolaire avec internat. Cet établissement constitue
non seulement une source d'éducation de plusieurs enfants ivoiriens mais
aussi une source d'emploi pour plusieurs diplômés qui
étaient au chômage. Dans le souci de favoriser l'accès
à l'eau potable à une grande partie de la population ivoirienne,
l'ONG a réalisé une quarantaine de forages aussi bien dans le
district d'Abidjan qu'à l'intérieur du pays. Entre 2014 et 2017, l'ONG
AIDE a réalisé quarante et un (41) forages au profit des
communautés en Côte d'Ivoire. Ces réalisations se
répartissent comme suit : trente-cinq (35) pompes dans la ville
d'Abidjan et six ouvrages (06) à l'intérieur du pays. Ainsi la
majorité de ces réalisations hydrauliques au profit des
populations ont été réalisées dans le district
d'Abidjan, champ géographique et social de la présente
étude. En effet, le District d'Abidjan a accueilli trente-cinq(35)
forages sur quarante et un (41). Ces projets visent à répondre
aux besoins d'eau de la population. Ils contribuent à
l'amélioration de la santé et de l'hygiène publique
à travers l'accès à l'eau potable à l'ensemble de
la population en générale et plus particulièrement en
milieu scolaire.
La question qui reste une source de préoccupation
constante demeure celle de la pérennisation des réalisations de
l'ONG AIDE qui est devenue au même titre que les autres ONG, un
élément incontournable du développement local. Diallo
(2010) affirme que « De nombreuses initiatives créatives ont
été mises en oeuvre dans le domaine du développement, mais
ont rarement pu être intégrées avec succès dans des
programmes nationaux visant la continuité ». La plupart de ces
expériences des ONG n'ont pas survécu à l'enthousiasme des
débuts, au tarissement du financement initial qui a été
souvent fourni par l'extérieur ou au départ de leurs initiateurs.
L'absence de politique nationale spécifique et de ligne
budgétaire propre pour la généralisation des
réformes conduit à une incohérence des actions
menées par les diverses institutions, PNUD (1999).
Cette situation constitue un facteur qui repositionne à
nouveau la population dans la vulnérabilité. Les
réalisations des ONG locales de développement qui disparaissent
juste après le départ ou le retrait des bailleurs de fonds
constituent un véritable sujet de préoccupation. Si les acquis
des ONG et projets de développement ne sont pas pérennisés
cela risque de plonger la majorité de la population dans une situation
critique des conditions de vie, (Diallo, 2015). Une enquête exploratoire
dans la ville d'Abidjan sur l'état actuel des forages
réalisés par l'ONG-AIDE laisse transparaitre que sur un ensemble
de trente-cinq forages (35) construits entre 2013 et 2017, seulement neuf(9)
demeurent encore en bon état d'exploitation en 2018 soit un taux de
fonctionnement de moins de vingt-six (26%).
Le Secrétaire Général de AIDE a
déclaré : « Nous constatons d'une année
à l'autre que les installations mises en place pour répondre aux
besoins des bénéficiaires tombent en ruine. Par exemple il
ressort à ce jour que plus de la moitié des forages
réalisés sont hors services alors que le bailleur souhaite se
retirer. Nous nous posons chaque jour la question de la pérennisation
des acquis»20(*). Il
poursuit en ces termes : « Cette situation repositionne la
population dans la vulnérabilité ». Ainsi la
pérennisation des acquis des projets hydrauliques constitue un
réel problème pour l'ONG-AIDE et pour les populations
bénéficiaires. Cette préoccupation permet d'objectiver les
interrogations suivantes : Premièrement Quels sont les facteurs
sociaux de pérennisation des acquis des projets hydrauliques
réalisés par l'ONG-AIDE dans le District d'Abidjan ?
Deuxièmement comment les bénéficiaires
perçoivent-ils les ouvrages mis à leur disposition ? quel
est le niveau d'implication en terme d'apport matériel, technique
financier, des bénéficiaires dans le processus
d'implémentation des projets hydrauliques de l'ONG AIDE ?
4- OBJECTIFS DE LA
RECHERCHE
Les objectifs se déclinent en objectif
général et en objectifs spécifiques.
4.1.OBJECTIF GENERAL
Cette étude vise à analyser les facteurs de la
pérennisation des acquis ou non des projets hydrauliques de l'ONG AIDE
dans le District d'Abidjan.
4.2. OBJECTIFS SPECIFIQUES
De façon spécifique, il s'agit de :
v Etudier le dispositif institutionnel mis en place par l'ONG
AIDE pour la réalisation des projets.
v Etudier les perceptions que se font les
bénéficiaires des projets hydrauliques réalisés par
l'ONG AIDE.
5- HYPOTHESE
PRINCIPALE
Le mode de fonctionnement de l'ONG AIDE et l'attitude des
communautés bénéficiaires vis-à-vis des
réalisations de l'ONG sont des facteurs entravant la
pérennisation des acquis.
6- HYPOTHESES
SECONDAIRES
v La stratégie d'intervention de l'ONG ne favorise pas
la durabilité de ses réalisations
v Les bénéficiaires ne sont pas
conditionnés à soutenir les projets de l'ONG AIDE
7- REVUE DE LA
LITTÉRATURE
Dans le cadre de la réalisation de la présente
étude, nous avons sélectionné des documents et les avons
organisés pour en retirer un bénéfice maximum. Ala suite
des lectures réalisées, nous avons défini trois
thématiques dans lesquelles ont été répartis les
documents consultés.Les différentes thématiques renferment
les écrits qui traitent du mode d'engagement des ONG et leurs
contraintes, ensuite des déterminants socioculturels qui peuvent
entraver la bonne continuité des apports des ONG de bienfaisance et
enfin la question de la gouvernance socio-économique. Pour la
réalisation de cette revue de la littérature nous avons pu
consulter des ouvrages, des thèses, des articles scientifiques, des
rapports de séminaires et colloques, et avons eu recours à des
sites internet pour la documentation en ligne. Cette revue de
littérature nous a permis de prendre connaissance des travaux
antérieurs sur notre problématique.
6.1. MODES D'ENGAGEMENT ET
CONTRAINTES
Depuis la fin de la colonisation, les nouveaux États
indépendants étaient appelés à répondre aux
besoins de leurs sujets. Cette idée est partagée durant
près de deux décennies avant que, dans les années 1980, le
rôle de l'État ne soit réévalué en faveur du
« secteur privé » censé répondre aux
attentes des consommateurs, Carbone(2003). À la chute du mur de Berlin,
la société civile intègre le nouvel agenda politique du
développement et le modifie. La notion de société civile
semble trouver alors une incarnation dans la prolifération associative
des années 1990 à l'échelle planétaire plus
particulièrement sous la forme d'un sigle en voie d'universalisation,
Salamon et al. (1999). Ce « boom » associatif s'inscrit
dans le contexte particulier d'une critique radicale du rôle de
l'État comme acteur du développement économique (bien
visible à travers la multiplication des plans d'ajustement structurel ou
encore la promotion de la bonne gouvernance).
En Côte d'Ivoire, c'est à la faveur de la crise
économique de 1980 que les Organisations de la Société
Civile (OSC) ont commencé leur apparition. Au fur et à mesure que
l'Etat se montre peu présent du fait des difficultés
économiques, les bonnes volontés se rendent compte qu'elles
peuvent apporter leur concours et s'engagent à se mettre en association.
Pour Dozon et Guillaume, (1994) sans l'engagement de la société
civile il est difficile d'être un citoyen. Par exemple, l'engagement des
syndicats en Afrique a permis d'accélérer le processus de
décolonisation et la promotion socio-économique des travailleurs.
En effet, comme le souligne Touré (1984) : « A travers les
organisations professionnelles et syndicales le monde du travail a joué
un rôle de premier plan dans la conquête de la souveraineté
nationale et internationale des pays d'Afrique noire ». Et
aujourd'hui, les travailleurs et leurs organisations syndicales peuvent se
targuer d'avoir participé à l'édification de la nation
ivoirienne, d'abord en réalisant l'unité d'une partie de la
population active, puis en contribuant effectivement au développement
économique et social de la Côte d'Ivoire.
La société civile joue un rôle
considérable dans l'émergence d'une nouvelle manière de
faire de la politique dont l'humanité a un besoin urgent pour faire face
au bien-être des populations. Selon Sylla (op.cit.), la plupart des ONG
sont nées à partir de 1990 en Côte d'Ivoire,
c'est-à-dire avec le processus de démocratisation. Cette
ouverture du marché politique est favorable à l'éclosion
des OSC. Certaines d'entre elles, opèrent sur toute l'étendue du
territoire national. Ce sont les organisations religieuses, les organisations
de développement communautaire, de défense des droits de l'Homme
et les associations des consommateurs. D'autres mènent leurs
activités dans les entreprises uniquement : ce sont les syndicats,
d'entreprise. Les associations des étudiants oeuvrent dans les
établissements scolaires et universitaires. Toutefois, l'engagement des
ONG a été plus accentué à la faveur de la crise
militaro-politique de septembre 2002. Cette crise qu'a connue le pays a
donné lieu à une mobilisation sociale et les OSC ont
été impliquées pour suppléer l'absence de l'Etat
dans certaines régions du pays et assister les populations
vulnérables, notamment du point de vue médical, psychologique et
de la défense de leurs droits. Les moyens d'action des OSC sont
nombreux. Toutes les organisations utilisent la sensibilisation, la formation,
l'information et l'éducation. En plus de ces moyens, certaines
organisations se distinguent par la négociation, le plaidoyer, le
lobbying, le boycott et la grève. Ce sont les associations
estudiantines, les syndicats d'entreprise et les associations des
consommateurs.
L'environnement dans lequel évoluent les OSC constitue
parfois des contraintes à leur émergence. Ces contraintes sont
selon Revel et Roca (1998) d'ordre socio-politique. Sur le plan
socio-politique, ces auteurs se réfèrent à la
défaillance de l'Etat providence et posent l'hypothèse que plus
étendu est l'Etat providence, plus restreint sera la place de la
société civile dans le processus de gouvernance économique
du pays. Ils indexent également le cadre juridique et politique en
posant l'hypothèse que les systèmes de droits coutumiers sont
plus favorables à l'émergence des ONG que le système de
droit « positif ». A ce sujet, une étude
menée en Côte d'Ivoire par Sylla (2002) affirme que le cadre
institutionnel, en ne prenant pas en compte les spécificités de
la société civile, constitue un frein à
l'épanouissement de celle-ci. En effet, en Côte d'Ivoire, les ONG
sont régies par la loi n° 60-315 du 21 septembre 1960 relative aux
associations. Cette loi qui a été prise au lendemain des
indépendances dans un contexte de monopartisme est la même que
celle qui régit les associations du type parti politique, organisation
religieuse, etc.; il s'agit de la loi régissant les associations
à but non lucratif.
Sur le plan économique, Sylla (2005) et Kompaoré
(1985) mettent l'accent sur le manque de matériel, de formation des
membres et l'absence d'une véritable stratégie de financement au
niveau de la société civile africaine, qui se contente selon
Sylla(2005) de jouer les « enfants gâtés »
pour attirer la sympathie des bailleurs de fonds. Cette situation freine la
société civile dans l'exercice de son pouvoir de contrôle
et accroit du coup le déficit de gouvernance économique. C'est
l'une des raisons pour lesquelles les organisations de la société
civile ivoirienne sont en particulier incapables d'influencer les débats
internationaux qui intéressent leurs pays ou leurs membres, car elles
n'ont pas les moyens de s'organiser avec leurs pairs nationaux et
transnationaux de façon à arrêter des positions communes
sur diverses questions.
Selon Adou (2008), la société civile en
Côte d'Ivoire est minée par de nombreux problèmes qui
l'empêchent de remplir sa fonction qui lui est dévolue. Ce sont
entre autres, le conflit de rôle des OSC ; la perception religieuse
des questions sociales et la mauvaise appréciation de la
société ivoirienne par les OSC elles-mêmes. Alors qu'il est
admis que la société civile doit être assez forte pour
constituer un véritable lieu des contre-pouvoirs face à la
société politique. Nous retenons que, seule une
société civile forte est susceptible d'améliorer la
gestion des finances publiques, de participer au renforcement de la performance
du secteur public et d'accroître la responsabilité dans la
fourniture des services.
6.2. ATTITUDE DES BENEFICIAIRES
VIS-A-VIS DE L'AIDE EXTERIEURE
L'observation empirique de l'attitude des populations
vis-à-vis des apports des ONG humanitaires révèle que dans
la plupart des cas, les populations-cibles perçoivent inconsciemment les
acquis des ONG comme des « sacrifices » c'est-à-dire
des dons gracieusement offerts par des bienfaiteurs providentiels). Ce
comportement fait qu'en général, les bénéficiaires
adoptent une attitude passive, « attentiste » face à leur
destin et espèrent qu'il y aura toujours quelqu'un pour s'occuper de
leurs affaires. Cette réalité est très présente
chez les peuples africains. C'est pourquoi Axelle Kabou (1991)
déclare : « Les Africains sont largement persuadés
que leur destin doit être pris en charge par des
étrangers »21(*). C'est ce que dénonçait
déjà Frantz Fanon (1961) dans son livre ?les damnés de
la terre »lorsqu'il a écrit ceci :
« Après avoir déculturé l'Africain
colonisé, on lui a apporté le développement en
théories et en espèces sonnantes ». Eric Driesen,
(2001) confirme cette idée en disant : « L'aide ne marche
pas bien, en Afrique subsaharienne (...). Les effets de dépendance
engendrés par l'assistance telle qu'elle se pratique devaient être
soulignés ». Dambisa Moyo (2009) va plus loin en
déclarant que « l'assistance financière a
été et continue à être, pour une grande partie du
monde en développement, un désastre économique, politique
et humanitaire »22(*). Elle continue son argumentation en affirmant que la
majorité des pays subsahariens se débattent dans un cycle sans
fin de corruption, de maladies, de pauvreté et de dépendance,
alors que les pays riches ont déversé plus de mille milliards de
dollars d'aide sur l'Afrique au cours des cinquante dernières
années. Il ressort de son analyse qu'entre 1970 et 1998, quand le flux
de l'aide à l'Afrique était à son maximum,
encouragé par l'industrie du spectacle [...], le taux de pauvreté
des populations s'est accru d'une façon stupéfiante. Selon cette
auteure, l'octroi de dons et de prêts à des conditions très
favorables favorise la mauvaise gouvernance, est source de conflits et sape
l'épargne et les investissements locaux. Selon elle, les principaux
donateurs doivent s'entendent pour annoncer la fermeture graduelle des robinets
de l'aide sur une période de cinq à dix ans. Les pays
concernés réorienteraient leurs économies vers des sources
de financement privés aux effets secondaires moins nuisibles. Elle
préconise le recours au marché obligataire, l'essor du
microcrédit, le renforcement du droit de propriété et des
mesures drastiques pour favoriser le commerce. Elle considère le
Botswana, qui a prospéré après avoir rejeté la
culture de l'assistance, comme un modèle à suivre. Notre auteure
martèle que les nombreuses aides déresponsabilisent non seulement
les populations mais également les Etats qui se soustraient de leurs
rôles régaliens. Ce phénomène est le plus visible
dans les pays où le gouvernement perçoit l'aide directement, en
particulier en Afrique, et où ces mouvements d'aide sont souvent
importants par rapport aux dépenses fiscales.
6.3-GOUVERNANCE SOCIO-ECONOMIQUE
DES ONG : SURVOLE EMPIRIQUE
L'intérêt accordé à la
société civile dans la gouvernance économique est
consécutif à la révision des théories et des
pratiques de la gouvernance. La bonne gouvernance ou la gouvernance
économique prônée par les institutions internationales
d'aide au développement se fonde sur une gestion participative,
transparente et responsable des intérêts, des droits, des
obligations et des différends des citoyens. Elle favorise le respect de
la légalité et veille à ce que les priorités
politiques, sociales et économiques se fondent sur un large consensus au
sein de la société et que la voix des plus démunis et des
plus vulnérables soit entendue par ceux qui prennent les
décisions en matière d'allocation de ressources. Dans cette
perspective, les OSC constituent des acteurs à part entière de la
gouvernance économique. A cet effet, Salomon et Helmut (1996) notent que
suite au réexamen du rôle de l'Etat, ces Organisations sont des
vecteurs de sociabilité et des instruments de transformation sociales
comme elles sont également des acteurs économiques essentiels,
capable de répondre aux besoins sociaux en émergence. Sur cette
base, et partant, comme responsable de la bonne marche de la
société, elles situent leurs actions d'abord et avant tout dans
une logique d'interpellation. Cette interpellation se fait soit sous la forme
de lobbying pour obtenir des modifications, soit sous la forme de critique ou
d'une dénonciation. Quelle que soit la forme d'interpellation, celle-ci
établit plusieurs niveaux de responsabilité ; en effet les
pouvoirs publics peuvent être rendus partiellement ou entièrement
responsables:
- a priori, de ne pas prendre des mesures nécessaires
pour éviter les violations des principes de la bonne gouvernance ;
- a postériori, de ne pas dégager les moyens
nécessaires pour intervenir en cas de non-respect et de violation de ces
principes et pour mettre fin aux inégalités croissantes et
à l'exclusion des populations ;
L'interpellation des OSC a pour objectif d'amener les
politiques à prendre leurs
« responsabilités », c'est-à-dire des
décisions et des mesures concrètes ; la fonction des
organisations de la société civile est donc de dénoncer
des carences dans la gouvernance et d'exiger que l'Etat y remédie. Elles
estiment que les politiques doivent assumer leurs responsabilités et
fournir un cadre législatif et administratif favorisant la bonne
gouvernance économique et sociale. Ainsi de l'avis de la
littérature consultée, il existe deux tendances parmi les OSC
concernant le rôle qu'elles pourraient jouer dans le processus de la
gouvernance économique du pays. Ces divergences dépendent
largement de l'idéologie dominante dans chaque organisation au sujet de
la place respective de l'Etat et de la société civile dans la
collectivité en générale, et dans la définition et
l'application de politique et de développement en particulier. Elles
conditionnent également les modes d'intervention et d'interpellation du
pouvoir politique adoptés par les ONG ainsi que leur niveau de
coopération avec l'Etat.
Il existe cependant une constance : l'Etat est un Etat de
droit ; le pouvoir est considéré comme le garant du droit et
la seule instance habilitée à changer le droit (par la loi)
lorsque les droits des citoyens sont en danger ou lorsque les principes de
gouvernance ne sont pas respectés. Par ailleurs, l'Etat doit être
à même d'apporter aux populations un niveau de bien être par
une bonne gestion et une répartition équitable des ressources
nationales. Dans le cas contraire, le rôle des OSC est d'abord
d'interpeller les politiques. Par exemple, en Côte d'Ivoire, ces
dernières décennies, les ONG ont joué le rôle
d'interpellation, notamment dans la situation de crise militaro-politique
où l'on a assisté à de nombreuses violations des droits et
de la dignité de la personne humaine ainsi qu'aux non-respects des
principes démocratiques.
Le rôle des ONG ne se limite pas seulement à
l'interpellation ou à la dénonciation. Elles sont aussi
présentes sur le terrain à travers des actions concrètes
visant à promouvoir la bonne gouvernance, la gestion saine de la
richesse nationale.Ces actions concernent notamment l'organisation de campagne
de sensibilisation et de conférences sur des sujets ayant trait à
la bonne gouvernance, la démocratie, aux droits de l'Homme et la
réalisation d'activités touchant à différentes
composantes du développement. La contribution de la
société civile dans la gouvernance économique du pays est
également perçue à travers les fonds qu'elles sont
capables de mobiliser. Par exemple, aux Etats Unis, les ONG mobilisent selon
Ackermann (2002) 508,5 milliards de Dollars par an, ce qui représente
6,5% du revenu national. Ces fonds servent principalement à financer la
santé et l'éducation Salomon and Anheir, (2003). Les fonds
mobilisés par les ONG africaines sont relativement importants. Au Kenya,
par exemple, ces fonds se situeraient entre 150 et 200 millions de Dollars US
par an (Lekyo, 2000). Dans ce pays les ONG offrent 40% des services liés
au planning familial.
En Côte d'Ivoire, ce sont environ trois (3) milliards de
FCFA par an qui sont mobilisés par les ONG Sylla (2003). Ces fonds
proviennent essentiellementde bailleurs de fond internationaux (78%), et
servent principalement à financer le secteur de la santé
dominé par les problèmes liés au VIH/SIDA. Ce dernier
secteur est indépendant financièrement de la philanthropie
internationale à hauteur de 81%. Boukhari (1994) affirme que « Le
principe fondamental de la participation : c'est le partage de savoir et de
pouvoir ». Il continue en disant que « Dans une approche
participative la population n'est pas un gisement d'information mais un
partenaire avec qui il faut échanger et partager l'information utile
» « La participation, c'est penser et faire avec et non pour, c'est
la responsabilisation, la concertation et la négociation ». Cette
idée est confirmée à travers cette déclaration ?la
plupart des cas, la conception des ONG locales de développement et les
politiques reliées à leur implantation sont souvent excessivement
centralisées, donc ne sont pas en mesure de répondre correctement
aux besoins locaux ; le fait que les informations ne soient pas
systématiquement collectées et analysées gêne le
processus de conception et de programmation effective des réformes et
des innovations » BAD (2006).
La pérennisation des acquis passe par l'appropriation
par les populations du développement à eux apportés
laquelle appropriation est conditionnée par leur implication dans tout
le processus de l'intervention. Or par expérience, des ONG humanitaires
déguisant leur volonté d'apporter ?un projet clé en
main» laissent très souvent peu d'espoir au succès de
l'appropriation. C'est d'ailleurs ce que pense Jean Pierre Olivier de Sardan
lorsqu'il affirme : « Il ne s'agit pas d'amener le
savoir là où règne l'ignorance (...). Les pays auxquels on
s'adresse ont déjà des compétences et des savoir-faire
dans les domaines concernés par le développement ». Par
conséquent si les interventions extérieures apportent des
solutions à certains problèmes, elles n'ont pas toujours la
capacité de comprendre en profondeur les aspirations profondes des
bénéficiaires.Brauman (2000) appréhende l'action
humanitaire comme étant celle qui vise, sans aucune discrimination et
avec des moyens pacifiques, la préservation de la vie dans le respect de
la dignité et de la restauration de l'homme dans ses capacités de
choix. C'est pourquoi, il s'avère nécessaire d'associer les
bénéficiaires à toutes les étapes de
déroulement des projets afin d'espérer une amélioration
des conditions de vie et de travail des communautés locales dans une
perspective de développement durable. Les résultats de la
recherche insistent sur l'importance de la planification précoce des
stratégies de retrait des bailleurs car cette démarche permet aux
différents acteurs de connaitre leurs rôles et
responsabilités ainsi que la contribution de chacun dans l'atteinte des
objectifs du projet. Par ailleurs, l'efficacité d'une stratégie
de retrait dépend de la participation et du niveau d'appropriation et de
motivation des communautés ou de leurs représentants avec un
accent mis sur la participation des acteurs qui mèneront les
activités après le départ des initiateurs de
l'intervention. De plus, la prise en compte rapide du renforcement des
capacités dans la planification du projet et le partenariat local sont
des aspects favorables à la durabilité des projets.
8- PRESENTATION DE
L'ONG AIDE ET DE LA ZONE D'ETUDE
8-1- L''ONG AIDE
8-1-1- Historique de l'ONG AIDE en
Côte d'Ivoire
L'Association Ihsane pour le Développement et
L'Education (AIDE) est une Organisation Non Gouvernementale
agréée par le Ministère de l'Intérieur et de la
Sécurité sous le numéro 335 /MEMIS/DGAT/DAG/SDVA. Selon
ses responsables, sa création a été suscitée par la
Fondation caritative turque « Aziz Mahmud Hudayi ».
En effet, la Fondation Aziz Mahmud Hudayi est une fondation de type
waqf23(*) qui
vise à concilier les enseignements et valeurs islamiques avec les
exigences de la vie moderne. Sa mission en Côte d'Ivoire est
établie selon son slogan « Exprimer la
solidarité par des actions ». Son siège local
précédemment situé à Abidjan, Cocody Vallon en face
de l'Ambassade du Bénin a été délocalisé en
2018 à la Riviera III non loin d'un du super marché de la
place.
8-1-2- Organisation de l'ONG-AIDE
Selon les statuts de l'organisation, l'ONG-AIDE est
dotée de trois organes à savoir : L'Assemblée
Générale (A. G) ; le Bureau Exécutif
(B.E) ; et le Commissariat aux Comptes (C .C).Selon l'article 10 du
statut de l'ONG, la définition de la politique générale de
l'ONG AIDE est du ressort de l'Assemblée Générale. C'est
elle qui donne mandat aux membres du Bureau Exécutif et aux Commissaires
aux Comptes à l'effet de mettre en oeuvre la politique définie.
Selon ses propres textes l'Assemblée Générale est l'organe
suprême de l'ONG AIDE. Y prennent part les membres du Bureau
Exécutif, les Commissaires aux Comptes, et des membres actifs24(*) de l'association. En principe,
tous les projets de l'ONG doivent être approuvés par cet organe
avant leur mise en oeuvre par le Bureau Exécutif.
L'article 14 du statut de l'Association stipule que le Bureau
Exécutif est l'organe de gestion et d'administration de l'Association.
Il agit conformément aux pouvoirs qui lui sont propres et ceux qui lui
sont délégués par l'Assemblée
Générale. Le Bureau Exécutif de l'Association est
composé d'un Président, d'un Vice-président, d'un
Secrétaire Général, et d'un Trésorier
Général. Le BE est chargé d'exécuter les
décisions de l'Assemblée Générale.
Théoriquement, c'est cet Organe Exécutif qui est chargé de
l'aspect opérationnel des projets à réaliser au nom de
l'ONG. Mais la réalité est que les membres statutaires sont
substitués par un personnel salarié au nombre de vingt (20)
personnes. En effet la fondationAziz Mahmud Hüdâyî
désigne le Président qui doit être de nationalité
turque. Ce dernier recrute sur place du personnel dans le cadre des
activités de l'ONG. Le Président de l'ONG nous a
révélé que seulement 2% des membres statutaires
travaillent au sein de l'ONG. En ce qui concerne le dernier Organe de la
structure, d'après l'article 21 des statuts de l'organisation,
l'Assemblée Générale élit dans les mêmes
conditions que celles des membres du Bureau Exécutif deux (02)
Commissaires aux Comptes pour une durée de trois (03) ans renouvelables.
L'article 22 précise les attributions des CC en ces
termes : « Les Commissaires aux Comptes examinent les
comptes annuels et dressent un rapport spécial à
l'Assemblée Générale assorti de leurs observations et
propositions. ». C'est donc l'organe de contrôle et
d'évaluation des activités de l'ONG. Le schéma ci-dessous
donne l'ossature de l'organisation de l'ONG-AIDE.
Organe de Décision
L'Assemblée Générale (A.G)
Organe de Contrôle et d'Orientation
Le Commissariat aux Comptes (C .C)
Le Bureau Exécutif (B.E)
Organe d'Exécution
Figure 1 : Schéma organisationnel
de l'ONG AIDE
8-1-3- Champ
d'intervention de l'ONG AIDE
Comme sa dénomination laisse deviner, l'ONG AIDE
intervient dans trois grands domaines. Certaines interventions de l'ONG se font
durant des périodes ponctuelles comme la distribution de la viande
bovine durant les fêtes religieuses musulmanes ou suivant des situations
conjoncturelles telles que des dons aux victimes des catastrophes naturelles,
et d'autres s'inscrivent dans la durée (actions annuelles).
Le premier champ d'intervention de l'ONG est celui de
l'Ihsane (mot arabe signifiant la bienfaisance) ; les
activités liées à ce domaine sont entre autres : la
distribution de vivres aux familles démunies, l'assistance aux orphelins
et aux malades (...) : c'est le champ humanitaire au sens large du terme.
Le deuxième domaine est celui de l'Education. L'ONG a
ouvert un établissement scolaire avec internat au profit des enfants
issus des familles pauvres et assiste financièrement les
étudiants en difficulté.
Le troisième champ de l'ONG est celui des
infrastructures sociales de base comme la construction et réhabilitation
des écoles, des hôpitaux et des ouvrages hydrauliques. La
présente étude s'intéresse au domaine des ouvrages
hydrauliques (voir image ci-dessous).
Figure 2 : Photo montrant l'inauguration
d'un forage réalisé par l'ONG AIDE à Port -Bouet
Source : Enquête de
l'impétrant, 2018
Cela fait plus de cinq ans que l'ONG AIDE intervient dans ce
domaine en réalisant des pompes pour soulager des populations
vulnérables et le personnel scolaire dans certains établissements
dans le District d'Abidjan et à l'intérieur du pays.
8-1-4- Phases de déroulement des
projets
Les projets de l'ONG AIDE se déroulent en sept (7)
phases :
v
Phase de programmation
Toutes les initiatives de l'ONG-AIDE en Côte d'Ivoire
s'inscrivent dans un cadre global défini en amont par la Fondation Aziz
Mahmud Hüdâyî depuis la Turquie. Dans le cas des projets
hydrauliques, qui constituent l'objet de la présente étude, la
Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî accorde la responsabilité
de Chef d'Exécution du projet au Président de l'ONG-AIDE. Cette
tâche lui confère les informations budgétaires
nécessaires à l'exécution du projet et aussi à
l'identification des sites bénéficiaires.
v
Phase d'identification
La phase d'identification dans le cas des projets hydrauliques
de l'ONG-AIDE consiste à identifier un problème de manque d'eau
dans une localité donnée. Cette identification se fait au cours
d'une prospection coordonnée par le Président de l'ONG. Parfois,
la recherche du site en vue de la réalisation de la pompe peut
être suscitée par la suggestion ou sollicitation d'une personne
physique ou d'un Etablissement donné. Une fois cette étape
franchie, suit la phase d'instruction.
v
Phase d'instruction
Après l'identification du site de forage, le
Président de l'ONG fait appel à des opérateurs techniques
à même de réaliser le projet. Cet appel n'est pas ouvert au
grand public. En effet, le Président s'informe auprès de ses
partenaires locaux qui lui donnent des contacts de certains prestataires avec
qui ils ont déjà collaboré. Le Président les invite
individuellement à son bureau, leur explique son projet et leur demande
de lui fournir une facture pro-forma. Sur la base des résultats de son
entretien avec les différents prestataires souvent en présence de
ceux qui les auraient recommandés, et sur la base des factures fournies
par les différents opérateurs, le Président fait le choix
de l'opérateur. Ensuite il monte un document technique et financier
relatif au projet en vue de le soumettre à l'appréciation des
bailleurs de fond à travers la Fondation Aziz Mahmud
Hüdâyî. Ce document-projet doit apporter tous les
éléments permettant de justifier les choix concernant le projet.
Une fois que le document est prêt, il est envoyé à la
fondation Mahmud Hudayi pour sollicitation de financement. Cette phase est
exclusivement réservée à l'ONG ; les
bénéficiaires ne participent aucunement à son
élaboration. Une fois cette étape
terminée et le document- projet validé par la Fondation, alors
intervient la phase du décaissement des fonds en vue de la
réalisation des travaux.
v
Phase de financement
Le Président de l'ONG AIDE envoie le dossier technique
à la Fondation-mère (la Fondation Aziz Mahmud
Hüdâyî). Le document projet y est soumis à
l'étude des techniciens de ladite organisation. Elle peut demander des
informations complémentaires avant de se décider si oui ou non
elle accepte de financer le projet à lui soumis. Si elle donne son
accord, elle le notifie par écrit à l'ONG et procède au
virement des fonds sur le compte officiel de l'organisation.
L'ONG AIDE à trois sources de financement. Au plan
extérieur, L'ONG est principalement financée parla Fondation Aziz
Mahmud Hüdâyî. Au niveau local, l'ONG bénéficie
souvent des Sodaka ou zakat de certaines entreprises turques
présentes sur le territoire ivoirien. Par ailleurs certaines
organisations turques non représentées en Côte d'Ivoire qui
voudraient faire des actes de charité passent par l'organisation de leur
concitoyen turc pour mener leurs activités.
v
Phase de mise en oeuvre
C'est la phase opérationnelle du projet, où sont
rassemblés les moyens qui permettront d'atteindre les objectifs, dans
les conditions prévues dans le document projet. Le premier acte de la
mise en oeuvre est le choix définitif de l'opérateur qui sera
chargé de l'exécution des travaux. Une fois les financements
reçus, le Président de l'ONG fait appel à
l'opérateur retenu pendant la phase d'instruction et lui confie la
réalisation du projet. Initialement, elle commençait à
proprement parler avec la remise d'une avance au prestataire après
signature d'un contrat de prestation. Cependant cette modalité de
rapport avec le prestataire a connu une modification significative après
trois ans d'activités.
Aujourd'hui, le décaissement est fait au prorata des
travaux exécutés. Cette situation est confortée par les
propos d'un enquêté de l'ONG en ces termes : Durant les trois
premières années, nous ne prenions aucune
précaution ; nous pouvions sur la base de la confiance religieuse
décaisser presque l'intégralité des fonds au prestataire
avant qu'il n'achève même les travaux. Mais certains prestataires
en qui nous avions confiance nous ont trompé en faisant un travail de
qualité médiocre, ce qui nous a emmenés à engager
encore sur fonds propres le processus de réhabilitation des ouvrages
fait pour durer au moins dix ans et qui sont tombés en panne en moins de
deux ans 25(*).
Fort de cette expérience, désormais l'ONG a
durci ses conditions d'octroi du marché en définissant un cahier
de charges beaucoup plus explicite et en faisant intervenir un avocat dans le
processus de passation du marché. L'ONG espère ainsi dissuader
les éventuels prestataires indélicats. Toutes les
opérations de décaissement au prestataire se font
désormais suivant l'évolution des travaux et leur
conformité avec les cahiers de charges. Une fois les travaux
terminés une inspection est menée par le Président et
quelques collaborateurs pour apprécier la fin des travaux. Si l'ONG
estime que les travaux correspondent à ce qu'elle a souhaité,
elle signe un protocole de fin des travaux avec le prestataire et lui remet le
reste de la somme convenue dans le contrat de prestation. Dans le but
d'éviter que le prestataire ne ruse avec l'ONG, il est prévu un
protocole d'accord entre l'ONG et l'opérateur dont l'une des clauses
prévoit que toute panne qui interviendrait durant une période de
douze (12) mois sera réparée aux frais du prestataire. Les
bénéficiaires n'interviennent pas pendant cette phase
v
Phase de livraison
Une fois les travaux réalisés, la qualité
contrôlée et approuvée par l'ONG AIDE, ainsi que les
formalités terminées avec le prestataire, vient la phase de la
livraison aux bénéficiaires. Une date est retenue de concert avec
les responsables de l'établissement, les responsables de la Fondation
Aziz Mahmud Hüdâyî et parfois avec les plus hautes
autorités gouvernementales (ministres, ambassadeur de la Turquie en
Côte d'Ivoire) à l'effet de remettre officiellement les ouvrages
aux populations. Les donateurs du waqf participent souvent à la
cérémonie de livraison.
Initialement lors de cette cérémonie, l'ONG se
contentait de demander publiquement avec insistance aux responsables
d'établissements de prendre soin des ouvrages mis à leur
disposition. Mais ayant constaté que cette consigne était
ignorée dès les six premiers mois de la livraison, l'ONG a
décidé désormais et ce, pour garantir la durabilité
de ses projets de signer une convention écrite devant un avocat avec le
chef d'établissement ou le Conseil de Gestion des Etablissements
Scolaires (COGES) qui s'engagent à prendre le relais de la maintenance
selon les clauses du contrat.
v Phase de suivi-évaluation
Juste après la livraison, l'ONG dresse un rapport
d'exécution comportant tous les renseignements relatifs au projet qu'il
envoie à la fondation -mère qui en retour l'enverra
éventuellement aux donateurs. Pour s'assurer de la bonne tenue des
ouvrages, l'ONG mène périodiquement une évaluation qui
consiste à porter une appréciation aussi systématique et
objective que possible sur un projet ou programme achevé, sa mise en
oeuvre et ses résultats. Si elle constate des manquements elle
interpelle les différents responsables. Il n'existe entre l'ONG et les
responsables des sites d'implantation des forages aucun cadre formel de
concertation et de communication qui permet de relever les difficultés
relevées sur le terrain. Il appartient seulement au Président de
l'ONG et ses collaborateurs de s'assurer que les ouvrages fonctionnent.
8-2- ZONE D'ETUDE
8-2-1-
Le Districtd'Abidjan
Notre étude s'est déroulée dans le District
d'Abidjan. Le district d'Abidjan englobe les 10 communes
urbaines et 3 nouvelles sous-préfectures?: Anyama, Bingerville et
Songon. La fonction de maire d'Abidjan a été remplacée par
celle de gouverneur du district, nommé par le chef de l'État.
Figure 4 :carte présentant notre
zone d'étude
Figure 3 :localisation du District
d'Abidjan
sur la carte de la Côte d'Ivoire
DEUXIEME PARTIE :
PRESENTATION DU CADRE METHODOLOGIQUE
1- CADRE DE
REFERENCE THEORIQUE
Le présent travail s'inscrit dans le cadre de la
théorie de développement (la théorie de la dialectique
fonctionnement-changement), développé par Alain Touraine (1975). En effet, selon Alain Touraine, toute
société humaine a une structure de fonctionnement qui maintient
la continuité et cette continuité est nécessaire. Par
conséquent, la stabilité-valeur réelle engendrée
par la continuité peut devenir le repli sur une situation acquise, sur
des statuts considérés comme immuables, donc un blocage à
tout effort de développement Alain (1975). Ce blocage dans la
stabilité paralysante peut être provoqué par l'ignorance,
le manque des vraies informations, la passivité, la peur, la
résignation, la manipulation. Il faudra donc que surgissent au sein du
coeur de la société ou venues d'ailleurs, des personnes qui
pensent autrement, qui prennent des initiatives, sortent des sentiers battus,
suscitent des mutations favorables, rétablissent l'équilibre et
la justice sociale. Leur action peut se dérouler de diverses
manières.
L'action concertante ; sur un terrain spécifique,
appelle les membres du groupe à se mettre ensemble, à chercher
à découvrir, à promouvoir sur le plan local un autre mode
de fonctionnement. Ici ce qui est important, c'est de parvenir à un
large consensus de société locale au niveau des
bénéficiaires des dons de l'ONG-AIDE et de mettre en place des
occasions de concertations avec les bailleurs de fonds. L'action innovatrice ;
sans mettre totalement en cause la structure sociale, il faut lui imprimer une
nouvelle impulsion, l'orienter dans une mutation, susciter et former des
animateurs. Le problème qui se pose ici repose sur la question : comment
inculquer aux donateurs et aux bénéficiaires un comportement, une
nouvelle façon de fonctionner et de vivre pour la pérennisation
des forages ?
De toutes les façons, la communauté en
quête de développement doit intégrer l'innovation, la
créativité. Dans tous les cas, l'élément innovateur
doit être, d'une certaine façon, bivalent : d'une part il
doit être intégré à la communauté et y jouir
d'une certaine estime, cela de façon à pouvoir agir par
l'intérieur ; il est donc en quelque sorte favorable à la
tradition, à la continuité. D'autre part, il doit savoir se
distancier, être contestataire, évaluer, juger, critiquer,
remettre en question l'institué, imaginer du neuf. Il est donc en
même temps pour et contre et c'est ce qui lui donne la faculté de
provoquer un changement doux, progressif, sans agressivité
douloureuse.
Pour ce qui est de notre cas, nous ne pouvons pas aussi d'une
manière brusque faire adopter un nouveau comportement aux donateurs et
bénéficiaires. Toutefois tout devra partir de cette
théorie de la dialectique-fonctionnement-changement où les
acteurs concernés devront se mettre ensemble en vue de discuter de leurs
problèmes. Cela peut se faire via un facilitateur interne ou externe
afin que tous arrivent au même degré de compréhension et
une prise de conscience sur les moyens de pérennisations des forages
construits pour leur bien-être.
2- MÉTHODES
D'INVESTIGATION
La collecte des données de la présente
étude a obéi aux principes suivants :
2-1- EXPLORATION
En ce qui concerne la présente étude, la
recherche documentaire et l'enquête exploratoire sont les constituantes
de l'exploration.La recherche documentaire nous a permis de récolter des
données utiles à l'élaboration de la présente
étude. Pour ce faire, nous avons consulté des livres, essais et
mémoires sur les questions de la pérennisation des projets des
ONG. Cette exploration documentaire nous a conduit dans certains centres de
documentation comme le Centre de Documentation de la Chaire UNESCO, la
bibliothèque de l'Ecole Nationale d'Administration (ENA), la
bibliothèque de l'Université Nangui Abrogoua etc. Nous avons
consulté dans ces lieux des ouvrages méthodologiques et
spéciaux. Nous avons également eu recours à la
documentation en ligne (sur Internet) à partir des moteurs de
recherche Google et Yahoo, et des portails comme revues.org et persee.fr.Cette
phase a permis d'asseoir l'armature théorique de l'étude
puisqu'elle a permis d'élaborer la problématique, les objectifs
et les hypothèses de l'étude. Aussi, a-t-elle permis de traiter
des questions méthodologiques, de protocoles d'enquête et de
prendre conscience de l'opérationnalité des méthodes
d'enquêtes. En outre, la recherche documentaire a permis de faire
l'inventaire des travaux de recherche sur le contour de l'objet global de
l'étude. Cette phase de documentation a été soutenue et
éclairée par une enquête exploratoire.Comme son nom
l'indique, c'est la phase de prise de contact avec le terrain d'étude
dont les buts essentiels sont d'aider à construire une
problématique plus précise, de formuler une question centrale de
recherche. De même, elle nous a permis de fixer en meilleures
connaissances de causes, les objectifs précis aussi bien finaux que
partiels qu'il fallait que nous réalisions pour vérifier notre
hypothèse de recherche.
Pour cette étude, l'exploration du terrain nous a
conduits sur les sites des bénéficiaires du projet hydraulique de
l'ONG-AIDE afin de nous familiariser au terrain d'étude et d'avoirun
premier contact avec les acteurs sociaux impliqués dans la
présente étude. L'objectif de notre recherche exploratoire a
été donc d'acquérir une vision complète sur ce
projet et aussi des questions relatives à sa pérennisation. Ce
premier contact nous a aussi permis d'avoir quelques informations concernant le
nombre de forages réalisés, les populations ou groupes sociaux
bénéficiaires. En d'autres termes, elle a eu pour rôle de
nous aider non seulement à la construction de notre objet d'étude
mais également à élaborer les outils de collectes des
informations.
2-2-OBSERVATION
L'observation nous a permis de compléter les
données recueillies sur le champ d'étude et a servi à
comprendre le contexte, et donc à expliquer les résultats. Pour
ce faire, nous avons fait porter l'observation sur les indicateurs circonscrits
dans l'espace et dans le temps. Nous avons dans un premier temps
procédé au recueil d'informations sans nous adresser aux sujets
concernés à l'aide d'un guide d'observation construit à
partir des indicateurs préalablement définis et qui
désignent les comportements à observer.
Dans un deuxième temps nous avons posé quelques
questions de compréhension aux acteurs. Ainsi avons-nous effectué
les deux variantes de l'observation à savoir : l'observation
directe participante et l'observation directe non participante tout en
écartant les risques de subjectivité liée au rapport
observateur-observé dans la mesure de notre possibilité.
L'observation directe est, selon N'da (2003), une observation
de visu ; le chercheur est présent sur le terrain : il
perçoit, mémorise et/ ou note. Elle porte sur des comportements
au moment où ils se déroulent. En effet, l'approche
générale de la recherche nécessite une appréhension
fine du contexte et des interactions individuelles et collectives entre les
individus. Il a donc été indispensable que nous fassions une
immersion dans le milieu et que nous procédions à l'observation
de ce dernier. Les outils d'observation ont été d'une
manière générale conçus sur la base de
repères minimaux à partir desquels nous avons pu être
attentifs à toutes situations intéressantes par rapport aux
facteurs de la pérennisation des acquis de l'ONG. L'observation en
générale repose sur l'enchainement des trois savoir-faire
fortement imbriqués : percevoir, mémoriser, noter
Stéphane (1998). Elle permet de décrire les composantes
analysées (lieux, acteurs...) et aider à la découverte du
sens et de la dynamique des phénomènes rencontrés.
Toutefois, pour améliorer notre attention à la
réalité observée et la portée de la qualité
d'observation, nous avons d'abord explicité nos perceptions et nos
impressions mentalement. Puis nous les avons consignées par
écrit, en prenant conscience que ces perceptions et sentiments
dépendent non seulement d'un questionnement théorique mais
surtout d'un point de vue empirique. Ainsi, nous n'avons cessé de faire
varier les points de vue que nous prenions empiriquement pour observer. Cette
phase d'observation a servi, notamment dans la phase exploratoire de
l'étude de repérer le niveau d'engagement des membres de
l'ONG-AIDE, de voir le niveau de fonctionnement de l'environnement social et
économique de l'organisation et de capter le comportement de la
population vis-à-vis des réalisations. Le travail d'observation a
été l'occasion d'entreprendre une démarche d'entretien
auprès des acteurs de l'ONG et des populations
bénéficiaires.
2-3-
ENTRETIENS
L'entretien est une technique qui s'impose lorsqu'on veut
aborder certaines questions. C'est une démarche qui soumet le
questionnement à la rencontre, au lieu de le fixer d'avance26(*). L'entretien est donc une
méthode de production de discours permettant ainsi de recueillir des
opinions et des faits concrets. L'enquête de terrain par les entretiens
fait également apparaître des processus en révélant
certaines logiques d'action.Cette étude fait appel à une enquête
par entretien. En effet, tout au long de cette recherche, les entretiens ont
constitué le mode de collecte principal des informations.
Au cours donc de nos enquêtes par entretien avec les
acteurs impliqués dans la présente étude, nous avons
usé d'entretiens compréhensifs que Jean-Claude Kaufmann27(*) estime être une
technique d'investigation utilisée pour pallier les insuffisances des
techniques classiques d'interview. Situé selon l'auteur, au carrefour
des entretiens semi-directifs et des entretiens de type ethnologique,
l'entretien compréhensif constitue une méthode spécifique.
La raison en est que dans l'entretien compréhensif, l'enquêteur
s'engage à aller en profondeur dans lesquestions en rompant toute
idée de hiérarchie, en évitant tout de même une
équivalence des positions et en provoquant l'engagement de
l'enquêté.
Alors que les techniques d'entretiens habituelles auraient
tendance à réduire les variations d'un entretien à un
autre, Jean-Claude Kaufmann (1996) considère que « La
meilleure question n'est pas donnée par la grille : elle est
à trouver à partir de ce qui vient d'être dit par
l'informateur »28(*). La grille de question dans le cadre de l'entretien
compréhensif constitue donc, selon lui, un guide très souple qui,
une fois rédigée, il est rare que l'enquêteur ait à
les lire et à les poser les uns après les autres. L'idéal
étant de susciter un entretien dynamique plus riche que la simple
réponse aux questions.L'entretien compréhensif a donc pour principe de
ne pas se limiter à un type d'entretien mais en une
variété de types d'interviews avec un guide d'entretien le plus
souple possible. Sur cette base, les entretiens que nous avons conduits
étaient de type semi-directif et également de type
centré.
L'entretien semi-directif est une technique relative à
l'approche qualitative de cette étude. Elle permet à
l'enquêté d'être dans les meilleures conditions sans aucune
contrainte, afin de fournir les informations nécessaires pour la
réalisation de l'étude. Dans le cadre de la présente
étude, deux guides d'entretien ont été
réalisés. Ces guides portent sur les thématiques relatives
au dispositif institutionnel mis en place par l'ONG AIDE pour la
réalisation des projets, les moyens de mise en oeuvre des projets
hydrauliques, ainsi que les difficultés rencontrées par l'ONG
AIDE et les perceptions mobilisées par la population autour des
réalisations de l'ONG.
L'entretien de type centré a été rendu
possible à l'aide d'un questionnaire. Grawitz (1996) définit le
questionnaire comme étant « un moyen de communication entre
l'enquêteur et l'enquêté. Il comporte une série de
questions concernant les problèmes sur lesquels on attend une
information de l'enquêté »29(*). Dans le cadre
de la présente étude, un questionnaire a été aussi
élaboré. Il porte sur la thématique relative aux
perceptions que se font les bénéficiaires des projets
hydrauliques réalisés par l'ONG AIDE.
Toute cette démarche a été faite selon le
principe de l'atteinte des objectifs fixés, la vérification de
l'hypothèse et enfin l'établissement d'une réponse
à la question de départ.
En somme, le recours à la recherche exploratoire,
associée à l'observation et aux entretiens, comme méthodes
d'investigation ont été d'une importance capitale. Notre
démarche s'accorde avec les suggestions de Raymond Quivy et Luc Van
Campenhoudt (1995) 30(*)
qui estiment que la plus part du temps, les entretiens et les observations
directes sont accompagnés de la recherche documentaire aux
phénomènes étudiés. Toutefois, le choix des acteurs
répondant aux entretiens et des sites visités pour la
réalisation de l'étude a obéi à une technique. En
effet, lors d'une étude scientifique, il n'est souvent pas possible
d'interroger tout le monde : d'où le choix d'une cible.
3- CIBLE DE LA
RECHERCHE
Dans le souci d'être en accord avec les objectifs de
l'étude, la population de l'étude intègre l'ensemble des
acteurs sociaux du terrain d'étude susceptible de nous fournir des
informations sur le problème qui nous préoccupe. Ceux-ci sont
alors structurés en deux (02) principales catégories
d'acteurs :
Premièrement, les responsables des organes de
l'ONG-AIDE. Il s'agit des membres des différents organes de
décision, d'exécution et de contrôle de l'ONG. La
référence à cette catégorie d'acteurs s'est
avérée nécessaire parce qu'ils constituent les acteurs
clés de la structure.
Deuxièmement, les populations
bénéficiaires des réalisations hydrauliques de l'ONG.
Notre enquête auprès de ce groupe nous a permis de constater et de
mesurerleur degré d'implication à la réalisation et la
pérennisation des ouvrages hydrauliques. Le recours à cette cible
est bien attendu justifié par les objectifs spécifiques que nous
nous sommes fixés. Ne pouvant pas interroger tous les acteurs, nous
avons dû faire un choix de quelques acteurs de chaque cible à
même de nous permettre d'atteindre nos objectifs de recherche.
4-
ECHANTILLONNAGE
Echantillonner, c'est choisir un nombre limité
d'individus ou d'événements dont l'observation permet de tirer
des conclusions appréciables à la population entière
à l'intérieur de laquelle le choix a été fait
BILOSO (2008). La problématique de l'étude, les objectifs, les
hypothèses et le lieu de l'étude sont les bases sur lesquelles
devront répondre les éléments constitutifs de
l'échantillon. Au regard de cette orientation particulière une
question surgit : quel effectif de population retenir pour cette
opération ? Cette question nous a conduits à
déterminer un taux de sondage. Pour ce qui concerne le choix des acteurs
des organes de l'ONG-AIDE, compte tenu des caractéristiques de chaque
fonction du bureau et du temps d'exécution des travaux, nous avons
été contraints d'opter pour une méthode des unités
types : c'est la plus empirique des méthodes, elle consiste
à choisir un individu
« moyen », dite
« unité type », que
l'on déclare « représentatif » d'un groupe
d'individus possédant les mêmes caractéristiques. En claire
nous avons interrogé au total les personnes à même de nous
fournir des informations sur l'ensemble des démembrements et du
fonctionnement de l'ONG AIDE. Ainsi, avons-nous effectué des entretiens
avec le premier et le deuxième Président de l'ONG, et, dans un
second temps, nous nous sommes entretenus avec le Secrétaire
Général de ladite structure.
Pour ce qui est des bénéficiaires, nous avons eu
recours aux responsables des sites du fait que les bénéficiaires
sont représentés par ceux-ci. A ce niveau, nous optons pour un
quota fixe compte tenu de nos moyens limités. Ce taux est de l'ordre de
vingt (20) responsables de site pour l'ensemble du District d'Abidjan. Selon
les informations recueillies, la ville d'Abidjan a
bénéficié de trente-cinq (35) forages dans quatre communes
Ces 35 forages sont repartis comme suit :
Port-Bouët, (23) forages ; Koumassi, (5)
forages ; Yopougon,(5)forages ; Abobo, (2) forages. Compte tenu de la
base de données fiables et de
l'hétérogénéité du nombre de forages
construits dans ces communes, nous avons opté pour une stratification
avec allocation proportionnelle (Pascal, 2006)31(*). Cette technique permet d'avoir un poids
équilibré d'acteurs de responsables de sites à interroger
dans les strates (Port-Bouët, Koumassi, Yopougon, Abobo). Après
avoir effectué les calculs sur cette base, il ressort que nous devons
interroger32(*) :
treize (13) responsables de sites à Port-Bouët, trois (3) à
Koumassi, trois (3) à Yopougon et un (01) responsable de site à
Abobo. Le nombre individus de chacune des populations étant connus, le
choix des individus à interroger au sein de chaque strate s'est fait
selon un échantillonnage aléatoire simple(ou probabiliste).Nous
avons donc procédé par tirage au sort pour déterminer les
individus auprès de qui nous avons mené nos investigations. En
effet lorsque nous avons circonscrit notre champ d'étude trois
possibilités se présentaient à nous relativement aux
personnes à interroger parmi les bénéficiaires :
- soit accueillir des données sur la totalité de
la population couverte par notre champ (compte tenu de la taille
réduite de cette population) ;
- soit nous limiter à un échantillon
(représentatif) de cette population (lorsque cette population est
très importante et qu'il faut récolter beaucoup de données
pour chaque individu),
- soit n'étudier que certaines composantes très
typiques de cette population.
En fonction de nos objectifs derecherche, nous avons
opté pour le recueil de données à partir d'un
échantillon (représentatif). Dans un tel contexte il nous a fallu
spécifiquement prendre en compte trois facteurs ayant une incidence
à la fois sur les méthodes que nous avons choisies et sur la
validité de nos conclusions :
Ø Premièrement il a fallu que nous
définissions une base de sondage, c'est-à-dire faire une
description de l'ensemble de tous ceux qui pourraient éventuellement
être inclus dans l'échantillon ; ici c'est l'ensemble des
responsables des sites ayant reçu des forages de l'ONG à
Port-Bouet, Koumassi, Yopougon, et Abobo.
Ø Deuxièmement il nous a fallu décider de
la taille de l'échantillon, c'est-à-dire combien d'individus
seront retenus par rapport à la population d'enquête. Cette taille
(quota de vingt (20) personnes) a été définie en fonction
du budget et des ressources disponibles, du nombre de sous-groupes qui doivent
être étudiés, du temps disponible et du temps
nécessaire pour mener à bien une étude en bonne et due
forme .
Ø Troisièmement, nous avons dû faire le
choix de la méthode de stratification avec allocation proportionnelle
suivie d'un échantillonnage aléatoire simple.
Communes (populations)
|
Nombre de forages (effectif total)
|
Nombre d'enquêtés (population
témoin ou échantillon)
|
Port-Bouët
|
23
|
13
|
Koumassi
|
5
|
3
|
Yopougon
|
5
|
3
|
Abobo
|
2
|
1
|
Figure5 : Tableau de synthèse du
nombre d'enquêtés par commune ayant
bénéficié
de la réalisation du projet hydraulique de l'ONG-AIDE
de 2013 à 2017.
.
TROISIEME PARTIE : RESULTATS
ET
DISCUSSIONS
1- DISPOSITIF
INSTITUTIONNEL DE L'ONG
1-1- LE DEFICIT D'IMPLICATION DES
BENEFICIAIRES
Les entretiens ont permis de noter que L'ONG-AIDE gère
ses projets en sept (7) phases : la phase de la programmataion,de
l'identification,de l'instruction, du finacement ,de la
réalisation ,de la livraison et du suivi évaluation. Les
bénéficiaires n'interviennent véritablement que quand leq
infrastructures sont prêtes à être livrées . ils
n'ont aucune contribution financière à apporter aux projet. Cette
situation pourrait être l'une des causes de la non appropriation des
ouvrages . Le graphique (figure 6) illustre bien nos
affirmations .
Figure 6 : parts de contribution de la
Fondation Hudayyi dans le financement
des activités de L'ONG AIDE de 2013 à 2017
Source : données enquêtes de
l'impétrant 2018
Au regard de ce graphique, il ressort clairement que l'ONG
AIDE est financée presque totalement par des apports extérieurs
et principalement grâce à la générosité des
entrepreneurs turcs. La Fondation Aziz Mahmud Hüdâyî est en
tête d'autant plus que l'ONG AIDE est en réalité un
démembrement de son Organisation. Les bénéficiaires n'ont
aucune contribution financière à apporter car la forme de
mobilisation des fonds n'autorise aucun apport de la part des
bénéficiaires. Cette situation pourrait porter atteinte à
la pérennisation des acquis de l'ONG.
Les entretiens nous ont donc permis de retenir que L'ONG-AIDE
est confrontée à des difficultés qui menacent la
durabilité de ses actions. Ces difficultés se situent au niveau
de son organisation, de son fonctionnement et de son mode de financement.
1-2- DISFONCTIONNEMENT INSTITUTIONNEL DE
L'ONG
Nos enquêtes ont révélé que l'ONG AIDE
est certes une ONG de droit ivoirien mais son fonctionnement dépend de
la Fondation Hudayyi qui l'a créée. Cette situation fait que les
acteurs locaux qui sont constamment confrontés aux
réalités du terrain n'ont aucune marge de manoeuvre quant
à l'orientation des actions de la structure. En dépit des efforts
fournis, l'ONG connaît encore de sérieuses difficultés de
développement institutionnel. Les stratégies mises en oeuvre
n'ont pas toujours eu les résultats escomptés malgré les
multiples initiatives mises en place visant l'amélioration
1-2-1- Au plan organisationnel
Au plan organisationnel, les enquêtes ont
révélé que seulement 2% des membres statutaires
travaillent au sein de l'ONG. Cela s'explique par le fait qu'en
réalité l'ONG AIDE a été créée pour
donner de la légitimité aux actions caritatives de la Fondation
Aziz Mahmud Hüdâyî sur le sol ivoirien. Le choix des personnes
pour militer au sein de la structure ne s'est pas fait selon un critère
sérieux et rigoureux ; il fallait créer l'ONG pour que la
Fondation intervienne dans la légalité. Par conséquent les
signatures des connaissances ont été sollicitées
pêle-mêle pour remplir les formalités administratives. L'ONG
ne tient pas d'Assemblée Générale qu'en cas de crise
majeure et avec moins d'un quart des membres statutaires. Les décisions
ne sont donc pas prises au cours de l'Assemblée Générale
comme prévu par les textes de la structure.
En plus il ressort que le personnel administratif
recruté pour travailler au sein de l'ONG n'est pas satisfait de
travailler à l'ONG AIDE. Un enquêté a
révélé : « AIDE c'est un
tremplin ; moi je ne compte pas durer ici, les salaires sont trop bas
».A Propos de cette structure Bakayoko (2017) a écrit
« l'ONG AIDE a un bon potentiel mais présente des
insuffisances au niveau de la gestion de ses ressources humaines ; toutes
choses qui conduiront à faire perdre à la structure du personnel
indispensables à son développement ; il est inadmissible
qu'un personnel qui n'arrive pas à joindre les deux bouts du fait de la
petitesse de son salaire donne le meilleur de lui-même. Dès qu'il
trouve mieux ailleurs, il abandonne son poste ». Si les membres
statutaires ne travaillent pas au sein de l'ONG et que le personnel
salarié est remplacé constamment par de nouveaux personnels qui
en général n'ont aucune expérience en matière de
gestion d'une ONG, il va sans dire que c'est la mémoire et la survie de
l'organisation même qui sont menacées.
1-2-2- Au niveau du fonctionnement
Notre objectif à travers ce point est d'étudier
l'implication des parties prenantes et surtout des bénéficiaires
dans les différentes phases de déroulement des projets de l'ONG
AIDE. Comme nous l'avons signifié précédemment, l'ONG AIDE
reste une antenne locale, un relais de la FondationAziz Mahmud
Hüdâyî ; cette réalité laisse peu de marge
de manoeuvre à ses dirigeants qui de ce fait, accordent peu de place
à l'approche participative. A quoi sert-il de perdre son temps dans des
discussions sur des projets déjà conçus à
l'avance ; nous on veut être concret : apporter aux gens ce
dont ils ont besoin dans la mesure de notre possibilité et non perdre
notre temps dans des débats stériles33(*).La Fondation Aziz Mahmud
Hüdâyî n'est qu'une puissante organisation de collecte de
fonds auprès des musulmans turcs pour ensuite les redistribuer aux
destinataires prédéfinis par les donateurs. Elle a assis sa
crédibilité durant des siècles grâce à sa
rigueur dans la bonne gestion des dons des bienfaiteurs. La Fondation a pour
principe cardinal de ne trahir la volonté du donateur pendant la
redistribution des fonds collectés. Par exemple si un donateur va vers
la Fondation pour solliciter ses services pour l'acheminement de ses dons vers
les pauvres, il peut spécifier ou non les destinataires de sa
contribution. Si le destinataire est spécifié, la Fondation
n'aurad'autre choix que de s'y conformer strictement au risque de perdre sa
crédibilité auprès de ce donateur. Or en
général, la plupart des waqfs qu'on confie à
l'ONG AIDE sont des dons de cette nature. En fait dans l'imaginaire populaire
turc, l'Afrique est un continent pauvre où les populations manquent de
besoins les plus vitaux tels que l'eau potable ; c'est pourquoi ils
envoient leurs dons en Afrique sinon, ils pouvaient faire leur acte de
bienfaisance en Turquie même 34(*).
Ainsi, l'ONG dans son fonctionnement agit comme une personne
à qui on a remis un Sodaka35(*) pour aller remettre à un besogneux. Celle-ci
est plus préoccupée à trouver un quelconque besogneux pour
accomplir son acte sacrificiel qu'à passer son temps à discuter
sur la manière de faire le « sacrifice » ouà
rechercher un type particulier de receveur. C'est justement pour cela qu'il ne
peut y avoir de substitution de projet même si certains
établissements l'ont demandé. Consciemment ou inconsciemment,
cette vision des choses tend à amener l'ONG à ne pas accorder
d'importance aux longs débats que pourrait nécessiter la pratique
d'une approche participative au profit d'une intervention de type `'projet
prêt à porter'' pour des `'bénéficiaire prêt
à porter `
1-2-3- Au plan
financier
Sur le plan financier l'ONG AIDE n'est pas autonome. Son
existence et sa survie dépendent en grande partie des donateurs externes
composés en majorité de turcs. La non implication des
bénéficiaires au financement des projets est aussi due à
la confusion qui s'instaure inconsciemment dans les esprits entrel'aide sociale
et l'aide au développement. Pour notre part, l'aide sociale ou
humanitaire intervient pour sauver la vie alors que l'aide au
développement vient changer les conditions de vie. Or ceux qui donnent
leurs biens, pour aider les pauvres, pensent plus à l'aide sociale
qu'à l'aide au développement. Alors comment demander une
contribution de la part de celui dont la vie est menacéedu fait de sa
condition de vie ? Sauver tout de suite la vie, voir les effets de sa
générosité pour se faire une bonne conscience
vis-à-vis d'Allah ou bien lui demander une hypothétique
contribution pour le financement d'un probable développement dont on
n'est pas sûr des résultats. Ce qui est évident c'est que
de 2013 à 2017 les dons pour des actions humanitaires dépassent
largement celles de l'éducation et du développement des projets
communautaires, (voir figure 7.)
DEPENSES EN FCFA
ANNEES
Figure7 : Financement par domaines
d'activités de l'ONG AIDE par la Fondation Aziz Mahmud
Hüdâyî de 2013 à 2017
Source : Nos calculs à partir des
Bilans annuels de l'0NG
Le graphique montre que l'ONG met au premier plan l'action
humanitaire, ensuite l'éducation et enfin la réalisation des
projets. En réalité le fond dominant de l'intervention de l'ONG
AIDE reste et demeure les actions sociales qui dans l'imaginaire populaire se
fait dans un seul sens : du donateur au receveur. Le donateur n'attend du
receveur que des « mercis » et le receveur se doit
d'être reconnaissant vis-à-vis du donateur.Vu sous cet angle, le
donateur et le receveur s'inscrivent dans une dynamique
d'interdépendance morale qui agira comme une sorte de pesanteur
empêchant une collaboration franche et orientée vers un
véritable changement et l'atteinte des objectifs de la
pérennisation.Au fond, dans la pratique, la réalisation des
forages a en réalité une finalité humanitaire alors que
l'activité pour y arriver est de l'ordre de projet. Cela a souvent
conduit l'ONG à agir en un simple `'humanitaire'' au sens restreint du
terme au lieu de `'développeur'' dans le sens de gestion de projets pour
aboutir à un `'extrant humanitaire''.
Cette façon de voir les choses a fait que dans ses
débuts l'ONG livrait les forages sans se soucier de la question de la
durabilité. C'est en réalisant que les investissements devenaient
des gâchis peu de temps après qu'elle a commencé à
reconsidérer son approche. Mais un autre problème demeure :
quelles sont les garanties que ceux avec qui l'ONG a signé des accords
respecteront leur engagement ? Quelles sont les conséquences du
non-respect des engagements ? Notre enquête, ne nous a pas permis
d'avoir de réponses satisfaisantes à ces
préoccupations.
1-2-4- Au plan
d'appui institutionnel
Au plan institutionnel, il n'existe aucun cadre
d'harmonisationdes activités des ONG ; cette lacune fait
quecertaines ONG ne pouvant pas faire un bon ciblage de leurs interventions
agissent comme elles peuvent. Cette absence d'encadrement fait que rien ne
contraint l'intervenant à se référer aux documents
stratégiques ou programmatiques du pays et /ou des
collectivités décentralisées dans lesquels les actions
prioritaires du développement ont déjà été
définies. A titre illustratif, nos enquêtes nous ont
révélé que dans certains contextes, les populations
n'avaient pas besoin de forages mais plutôt d'autres réalisations
qu'ils avaient déjànotifiées à la
collectivité décentralisée de leur localité. Une
enquêtée disait : Quand ils sont venus me dire qu'ils
voulaient faire un forage, je leur ai dit que nous n'avions pas besoin de
forage. Nous leur avons dit qu'au lieu de faire un forage, qu'ils nous donnent
des machines à coudre. Mais ils ont insisté qu'ils ne pouvaient
substituer le forage par autre chose ; finalement ils sont partis et ne sont
plus revenus ; comme nous avons introduit une demande à la mairie
alors nous attendons. Ainsi, si l'ONG AIDE avait consulté la
collectivité décentralisée de cette localité et
qu'il y avait une bonne coordination entre celle-ci et l'ONG, certainement que
cela aurait permis une bonne orientation de l'intervention.
Par principe, l'Etat au nom de la liberté associative
garantie par la constitution ne s'immisce pas dans les affaires d'une ONG tant
qu'elle n'enfreint pas aux lois du pays. Tant qu'une ONG peut apporter quelque
chose de bien aux populations, l'Etat ne se mêle pas dans sa gestion
interne. Or il serait souhaitable que l'Etat jette un regard sur les
activités des ONG. Cela pourrait permettre de recadrer et orienter
certaines actions caritatives. Il est évident qu'en l'absence de tout
encadrement l'ONG agit comme bon lui semble d'autant plus qu'elle veut rester
fidèle à sa mission : distribuer aux besogneux les dons
qu'on lui a confiés. Idéalement, il serait
préférable que l'ensemble des activités des ONG
s'inscrivent dans le Plan National de Développement(PND) ou tout au
moins dans une stratégie d'intervention définie par l'Etat, les
OSC, et les PTF.
2- ANALYSE DES
PERCEPTIONS DES BENEFICIAIRES
Les entretiens réalisés révèlent
trois formes de perceptions chez les bénéficiaires des projets de
l'ONG AIDE. La première est relative à leur niveau d'implication
dans la mise en oeuvre du projet, la deuxième porte sur leur idée
des ouvrages mis à leur disposition et la dernière sur leur
capacité à entretenir les ouvrages.
2-2- SENTIMENT D'IMPLICATION
Nous avons capté le degré d'implication de la
population à travers la construction du graphique (figure
8) ci-dessous.
Figure 8 : Niveau d'implication des
acteurs au processus d'exécution des projets de l'ONG AIDE
Source : nos calculs à partir des
données recueillies
Le graphique montre que globalement, les
bénéficiaires sont impliqués dans toutes les phases du
projet. Les deux phases au cours desquelles ils ne sont pas ou sont
insuffisamment impliqués sont celles du financement et de la
réalisation. Pourtant les entretiens laissent entrevoir que, les
bénéficiaires ne sont pas réellement impliqués
durant les phases de la réalisation et de l'instruction du projet. Cette
faiblesse de l'approche participative constitue un frein à la
pérennisation des acquis des projets de l'ONG. En effet comme l'indique
le graphique les populations ne se sentent vraiment associées que
pendant la livraison des ouvrages. Notre enquête a
révélé que de nombreux responsables de sites ont
été certes associés dès la mise en place des
projets mais que leur participation avait un caractère soit
imposé ou de fait. Un enquêté a affirmé
« Nous on voulait autre chose (les latrines), mais l'ONG voulait
faire le forage, alors comme on ne refuse pas un don, nous l'avons
accepté : « On dit que trop de viande dans la sauce ne
gâte pas la sauce ».
Un autre enquêté déclare : Moi je
n'étais pas là quand on faisait ce forage, peut être que
c'était opportun il y a deux ans, mais moi si on demande mon avis
aujourd'hui, je demanderais de substituer ce projet en dotation de mon
établissement en machines à coudre, car chez nous ici nous
préférons l'eau de la SODECI et le problème majeur qu'on a
c'est le manque d'outils de travail.
Lorsque nous avons demandé pourquoi l'ONG
s'évertuait à réaliser des forages au lieu de tenir compte
de la volonté des bénéficiaires, la réponse du
Président a été la suivante : « L'ONG AIDE
intervient là ou ses moyens lui permettent ; si un
établissement n'est pas prêt à recevoir nos propositions,
alors nous cherchons un autre lieu là où les responsables sont
prêts à nous recevoir ». En effet la plupart des
enquêtés ont reconnu qu'ils avaient un souci d'eau mais que leur
volonté était d'être connecté au réseau de
distribution de la SODECI et non liés à un forage qui pourrait
tomber en panne du jour au lendemain.
Mais comme nous l'avons signifié
précédemment, l'ONG intervient dans un canevas bien
précis : « si un établissement estime qu'il n'a
pas besoin de nos forages alors nous on ne peut pas faire autre chose on ne
peut pas substituer ce projet en un autre d'autant plus que la plus part de ces
projets sont issus des dons des personnes qui ont précisé la
destination de leur fonds »36(*).
Normalement il n'y aurait aucun souci si au moins la
majorité des chefs d'établissements refusaient tout don qui ne
s'inscrivait pas dans leur priorité à l'instar d'une responsable
d'établissement à Port-Bouët qui nous a
révélé :Quand ils sont venus me dire qu'ils voulaient
faire un forage, je leur ai dit que ce que nous voulions c'est qu'au lieu de
faire un forage, qu'ils nous donnent des tables bancs. Mais ils ont
insisté qu'ils ne pouvaient substituer le forage par autre chose ; face
à leur refus de se soumettre à notre volonté, je leur ai
dit de partir et que je n'avais pas besoin de forage.
Les personnes qui réagissent de cette manière
face à un donateur étranger (de surcroit de peau blanche) sont
rares car dans la culture africaine surtout, refuser un don est une grande
maladresse. C'est ce qui fait que la grande partie des
bénéficiaires, même sans avoir été
associés au choix des projets ne refusent pas par politesse ce
qu'apporte l'ONG. Mais n'étant pas demandeurs, ils observent une
attitude d'indifférence voire de négligence vis-à-vis du
projet. C'est pourquoi quand les forages tombent en panne, ils restent
indifférents.
2-3- PERCEPTION SUR LES
OUVRAGES
Notre enquête nous a révélé que
certes les forages étaient inscrits dans les préoccupations des
bénéficiaires mais queson importance est inférieure
à la somme algébrique des autres problèmes dont souffrent
les établissements.
Le graphique (figure 9) ci-dessous nous
explique mieux cette idée.
Figure 9 : expression des degrés
de problèmes des bénéficiaires
Source : données enquête
impétrant 2018
Il est évident qu'en regardant ce graphique, il ressort
que la question de l'eau occupe la plus grande proportion (45%) ; mais la somme
algébrique des autres problèmes que sont les questions des tables
bancs (25%), des latrines (28%) et autres demandes telles que la peinture de
l'école (2%) dépasse de loin le problème d'eau (55%)contre
(45 %).
Ainsi lorsque l'ONG est venue les voir elle ne leur a
proposé que des projets de forages, ils n'avaient pas le choix de
préciser leur priorité. La plupart des enquêtés ont
déclaré : « Nous on n'avait pas le
choix ; puis on ne refuse pas un cadeau ; ils sont venus nous offrir
gratuitement ces ouvrages, nous n'avons rien apporté comme contribution
alors pourquoi les refuser ?».
C'est-à-dire que la majorité des
établissements ont accepté les forages malgré eux ;
puis de nombreux enquêtés ont reconnu qu'ils avaient certes un
souci d'eau potable mais qu'ils souhaitaient être accompagnés dans
les démarches de connexion au réseau de la Société
de Distribution d'Eau Potable en Côte d'Ivoire (SODECI). Mais l'ONG AIDE
a jugé que c'était le forage qui leur revenait moins cher car
avec les forages, il n'ya aucun souci de paiement de facture d'eau. Ainsi, les
réalisations de l'ONG sont perçues comme des dons gracieusement
faits par des bienfaiteurs extérieurs.
Lorsque nous avons posé la question de savoir pourquoi
quand les ouvrages tombaient en panne les responsables d'établissements
ne s'en souciaient pas au point de laisser à l'abandon des forages
entiers, la réponse de 85 % des enquêtés a
été la suivante : « j'avoue que moi-même je
ne fais pas attention à cela, vous savez on a tellement de
problème à l'école ici que le cas des forages devient du
menu fretin dans tout ça ». En clair, nombreux sont ces
forages qui ont été faits sans avoir eu l'adhésion
sincère des autorités scolaires. Les bénéficiaires
ont accepté certains ouvrages par politesse ou par la volonté de
montrer qu'on a des partenaires extérieurs, ou par ce qu'ils pensaient
qu'à travers un premier projet, d'autres projets s'en suivraient. Un
enquêté affirme en ces termes : « Comme on ne
refuse pas un cadeau, c'est pourquoi nous avons accepté sinon vraiment
nous voulions autre chose... ». Il est donc évident qu'un forage
réalisé dans de telles conditions, une fois tombé en panne
ne peut bénéficier de l'attention de qui que ce soit au niveau de
l'école, remettant du coup en cause la durabilité de
l'ouvrage.
Figure 10 : Photo d'un forage
laissé à l'abandon dans la commune de Port Bouet
Source : Enquête impétrant
2018
C'est ainsi que sur un total de trente-cinq (35) forages
réalisés entre 2013 et 2017, neuf (9) fonctionnent
aujourd'hui.Par ailleurs il importe de relever qu'en fait, même si le
projet répond à un besoin identifié, il se peut que les
populations concernées soient peut-être plus impatientes d'avoir
la satisfaction d'autres besoins que d'avoir un ouvrage d'eau potable.
L'analyse du retour au statu quo des
bénéficiaires trouve aussi son explication à l'interne
même des communautés En effet les populations des pays du sud
vivent dans l'extrême pauvreté avec un seuil de pauvreté
très inquiétant. L'accès aux services sociaux de base
reste très faible et un pouvoir d'achat qui se détériore
au jour le jour. Ainsi, devant un tel phénomène les populations
en voyant `'l'Etranger blanc'' s'imaginent que ce dernier les soulagera
certainement de quelques-unes de leurs souffrances.Devenues mentalement trop
dépendantes vis-à-vis des aides externes, les
bénéficiaires attendent tout de l'extérieur même ce
qu'elles peuvent faire elles-mêmes : c'est le développement
du sentiment d'incapacité à se prendre en charge.
2-4- SENTIMENT D'INCAPACITE A ENTRETENIR LES
OUVRAGES
Nous avons au cours de notre enquête interrogé
les personnes avec qui l'ONG a signé des contrats d'entretien des
ouvrages sur leur capacité à pouvoir respecter leur
engagement ; la figure 11 (graphique) ci-dessous indique
le résultat.
Figure 11 : proportion des
enquêtés sur le sentiment d'incapacité d'entretiens
Source : données enquête
2018
Il apparait que seulement 9% de la population
enquêtée estime pouvoir respecter son engagement, 32 % estime
qu'elle ne pourra pas et 59% avoue ne pas avoir d'idée nette sur la
question. « En fait nous avons signé ces contrats par pure
formalité, nous sommes convaincus qu'on nous enverra pas en prison pour
n'avoir pas entretenu un forage dont nous ne sommes pas demandeur »
s'est confié un enquêté. De tels propos ne peuvent que
remettre significativement en cause la pérennisation du projet. Or, la
prise en compte des aspirations des bénéficiaires constitue une
condition incontestable de la durabilité d'un projet.L'ONG AIDE a
signé la plupart des contrats avec les chefs d'établissements par
pure formalité en espérant que cette signature contraindrait les
acteurs bénéficiaires à plus de responsabilité dans
l'entretien des ouvrages. Les entretiens indiquent que seulement une
minorité de membres de Comités de Gestion des Etablissements
Scolaires (COGES) ont participé à cette opération. Or nous
savons que les chefs d'établissement sont pratiquement tous des
fonctionnaires ou des salariés qui peuvent être mutés ou
remplacés à tout moment.
Il n'existe dans le contrat aucune clause coercitive pouvant
contraindre l'Etablissement à assurer l'entretien des ouvrages sous
peine de sanction. D'ailleurs cette éventualité est à
écarter car aucun responsable d'Etablissement n'accepterait de signer un
tel document. Ainsi, il n'existe rien en réalité qui puisse
emmener les acteurs locaux à entretenir les ouvrages.
Par ailleurs la mise à contribution de la
communauté dans la pérennisation des acquis du projet pourrait se
faire à travers la mise en oeuvre des Activités
Génératrices de Revenus(AGR) et le renforcement des
capacités des représentants de la communauté. Les AGR
visent l'amélioration de la situation économique de la population
cible par une augmentation du pouvoir d'achat. La promotion des AGR peut
contribuer à la redynamisation d'une économie locale à
travers la récupération et l'amélioration des
activités existantes d'une part et la création de nouvelles
sources de revenus d'autre part ACF (2009). Dans une publication sur les AGR,
Action Contre la Faim(ACF) évoque quelques éléments
essentiels à garder en esprit lors de la conception d'une intervention
dans ce domaine ACF (2009). En prime, il s'agit de l'introduction de nouveaux
types d'AGR et du renforcement des activités traditionnelles lorsque le
contexte le permet car l'impact est plus rapide et durable. En second lieu, il
est bien de savoir qu'il n'existe aucune recette miracle pour la mise en place
de ce genre de programme. Il y a une nécessité à
évaluer la pertinence de l'intervention et d'adapter les
activités à la spécificité de chaque contexte. De
plus, la motivation et la participation de la population impliquée dans
le projet sont des conditions indispensables pour tout type de programme d'AGR.
En dernier lieu, il faut conduire une évaluation sur les effets pervers
de l'intervention.
CONCLUSION
En définitive, notre recherche se proposait, de
rechercher les facteurs pouvant assurer la pérennisation des projets
hydrauliques de l'ONG AIDE dans le District d'Abidjan. Pour atteindre cet
objectif de recherche, nous avons d'abord exploré le terrain grâce
aux lectures et entretiens exploratoires pour concevoir une
problématique de recherche. Ensuite ; pour rendre la question de
recherche opérationnelle, nous sommes partis de l'hypothèse selon
laquelle le mode de fonctionnement de l'ONG AIDE et l'attitude des
communautés bénéficiaires vis-à-vis des
réalisations de l'ONG sont des facteurs entravant la
pérennisation de ses acquis. La vérification de cette affirmation
anticipée nous a conduits à élaborer un cadre
théorique, et un cadre méthodologique relatifs à notre
thématique. Ces cadres d'étude ont servi à expliquer nos
options théoriques d'une part etd'indiquer nos stratégies de
recherche d'autre part. Les outils que nous avons utilisés pour
collecter les données sont : l'exploration, l'observation et les
entretiens. Ce travail nous a permis de dégager deux axes de recherche
autour desquels nous avons mené nos investigations.
Le premier axe a concerné le dispositif institutionnel,
les moyens de mise en oeuvre des projets hydrauliques de l'ONG ainsi que les
difficultés rencontrées. A ce niveau, il ressort qu'outre les
problèmes structurels que connait l'ONG AIDE,la stratégie
d'intervention adoptée par cette organisation pour la réalisation
de ses projets ne prend pas suffisamment en compte les aspirations profondes et
la culture des bénéficiaires. Par ailleurs l'ONG ne
bénéficie pas d'un encadrement de la part des pouvoirs publics
sensés l'orienter dans ses actions de développement dans le
pays ; toutes choses qui ont entrainé de nombreux ciblages
inadaptés.
Le deuxième axe a consisté à analyser les
perceptions des bénéficiaires vis-à-vis des projets
réalisés à leur profit. Sur ce plan, notre enquête a
révélé que globalement, les bénéficiaires
pensent que leur implication ou participation aux différentes phases du
projet leur était tacitement imposée, que leur volonté n'a
pas été prise en compte pendant l'élaboration et la mise
en oeuvre des projets et qu'ils se sentent incapables d'assurer l'entretien des
ouvrages mis à leur disposition.
Au regard de ces résultats, il apparait que l'ONG AIDE
est une antenne locale de la Fondation internationale turque`'Aziz Mahmûd
Hudayî. L'ONG n'a donc aucun véritable pouvoir de décision
sur l'orientation et la conduite de ses interventions. Les interventions de
l'ONG sont liées à des convictions religieuses, à une
recherche de satisfaction morale tant au niveau des donateurs que des
exécutants qu'à une analyse stratégique des défis
nationaux ou de la politique nationale de développement.
Par ailleurs, les bénéficiaires
perçoivent les projets de l'ONG AIDE comme desSodakaqu'il
serait maladroit de refuser et par conséquent, ne font pas d'effort
pour assurer leur pérennisation.Ces résultats confirment notre
hypothèse
Cette étude nous a aussi permis de constater que les
investissements de la Fondation Aziz Mahmûd Hudayî par l'entremise
de l'ONG AIDE en Côte d'Ivoire en général et dans le
secteur de l'hydraulique en particulier, constituent une manne
financière importante qui mérite d'être captée. La
mise en oeuvre réussie des programmes et politiques contenus dans le PND
et dans les programmes triennaux des collectivités
décentralisées nécessite la pleine mobilisation de toutes
les ressources en circulation dans le pays. C'est pourquoi, nous recommandons
au Gouvernement de mettre en place une politique nationale qui devrait tracer
une ligne de conduite de l'ensemble des acteurs au développement et
éviter ainsi, l'anarchie, le chevauchement des interventions et des
financements improductifs ou inadaptés au contexte. Ainsi, les pouvoirs
publics devront mettre en oeuvre des stratégies de mobilisation de ces
ressources en redoublant de vigilance sur les activités de toutes les
ONG. Pour ce faire, il serait souhaitable que l'Etat mette en place un
Système de Gestion Informatisée de l'Aide Privée au
Développement (SGIAPD) qui inclurait les ONG d'une certaine importance
telle que l'ONG AIDE. Aussi l'Etat devrait-t-il réviser l'unique loi de
1960 sur les associations pour doter le pays d'un nouveau texte qui prend en
compte les évolutions intervenues dans le fonctionnement des
organisations à but non lucratif.
Nous recommandons à la Fondation Aziz Mahmûd
Hudayî d'appuyer l'ONG AIDE pour qu'elle fonctionne comme une association
nationale à part entière ou une fondation de type waqf
capable de financer ses projets intégralement ou en grande partie
à travers la mobilisation des ressources locales sans toutefois exclure
les apports extérieurs. Au terme de cette étude, nous sommes
conscients qu'elle est loin d'être exhaustive ; cependant, elle
constitue pour nous une base pour des études futures notamment en
thèse sur
la recherche sur les facteurs de pérennisation des acquis des ONG de
façon générale ; l'approfondissement de la question
du rapport entre les pouvoirs publics et les ONG, l'exploration de la
problématique de la participation de la population en tant que gage
d'une action humanitaire de qualité.
ANNEXES
ANNEXE
1 : INTERVIEWAVECL'ONGAIDE
1- Comment fonctionne l'ONG AIDE ?
2- Comment élaborez-vous vos projets ?
3- Quelle est le rôle des communautés
bénéficiaires dans la conception des projets ?
4- Comment formalisez-vous (par contrat ou verbalement) vos
relations avec les bénéficiaires ?
5- Quelles relations établissez-vous avec les
structures décentralisées de vos zones d'intervention ?
6- Quelle est la place des membres locaux de l'ONG dans la
planification des projets ?
7- Comment sont gérées les ressources
financières ?
8- Quelle est la politique de l'ONG en matière de
l'appropriation de ses acquis par les acteurs locaux ?
9- Quelle est la procédure de livraison des
ouvrages ?
10- Comment sensibilisez-vous la population à la bonne
utilisation des ouvrages ?
11- Avez-vous évaluez la viabilité
économique du projet ?
12- Quelles sont les problèmes éventuels qui
pourraient survenir au cours de l'utilisation des ouvrages ? Quelles sont
les mesures que vous avez prévues pour les endiguer ?
13- Comment organisez-vous la mobilisation des ressources
financières au plan local ?
ANNEXE
2 : INTERVIEW AVEC LES BENEFICIAIRES
1- A quel niveau êtes-vous intervenus dans la conception
et la mise en oeuvre des projets ?
2- Si vous n'êtes pas intervenus, auriez-vous
proposé une autre approche du pilotage du projet si vous aviez
été consultés ? Lequel ?
3- Comment avez-vous accueilli l'idée de ce projet
dans votre établissement ?
4- Que faites-vous lorsque survient une panne au niveau du
château ?
5- Comment est choisi le responsable de site du forage ?
6- Qui sont les membres de gestion du forage ?
7- Comment se fait l'entretien du forage ?
8- Rencontrez-vous des difficultés avec la
communauté dans la gestion du forage ? Si oui lesquelles ?
9- Parlez-nous des stratégies dont vous disposez pour
permettre le fonctionnement du forage ?
10- En cas de panne du forage, à qui avez-vous recours
?
11- Les populations sont-elles sensibilisées à
éviter les comportements susceptibles de favoriser l'endommagement du
forage ?
12- Avez-vous sollicité un forage sur votre
site ?
13- A quels besoins répond ce forage sur votre
site ?
14- Qui sont les principaux utilisateurs du forage ?
15- Quelles sont les conceptions de la communauté face
à l'utilisation du forage ?
16- Que représente ce forage pour votre
communauté ?
ANNEXE 3 :GUIDE D'OBSERVATION ,INDICATEURS ET
FICHE DE MILIEU
SAVOIR FAIRE
APPLICATION
|
QUOI
|
SUR QUI
|
COMMENT
|
Où (fiche de milieu)
|
PERCEVOIR
|
Les ouvrages et les réactions
|
les sites et sur les bénéficiaires
|
En regardant et en échangeant
|
- Au siège de l'ONG AIDE et sur les sites où les
forages ont été réalisés.
Le siège de l'ONG est une administration où il ya
de la documentation sur l'ONG ; les sites où les forages sont
réalisés sont des établissements scolaire où il y a
des élèves et enseignants.
|
Indicateurs : -
- l'écoulement d'eau des robinets ou non
- l'expression du visage des bénéficiaires
|
Les responsables de l'ong AIDE, les sites et sur les
bénéficiaires
|
A travers nos indicateurs
|
MEMORISER
|
Ce que nous retenons mentalement
|
les sites et sur les bénéficiaires
|
En écoutant attentivement
|
NOTER
|
Nos impressions dans un cahier
|
les sites et sur les bénéficiaires
|
Ecrire de façon lisible
|
A- QUELQUES PHOTOS
MONTRANT DES ASPECTS DE L'ENQUETE
Des élèves heureux d'avoir de l'eau
Entretien avec un opérateur ayant réalisé des forages sur
les raisons de
l'abandon du forage
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. ADOU Appiah (2008), promotion du développement
et de la démocratie : les freins à l'épanouissement
de la société civile en Côte d'Ivoire.
2. AKINDES Francis, (2000), Côte d'Ivoire, la
tentation ethno nationaliste, pages 126 à 141
3. BAKAYOKO Ibrahim (2017), Optimisation de la Gestion des
Ressources Humaines dans une ONG humanitaire : Cas de l'ONG A.I.D.E,
mémoire de master en Gestion des Ressources Humaines, soutenu
publiquement à L'Institut Des Technologies d'Abidjan au cours de
l'année académique en avril, 139pages.
4. BILOSO Apollinaire. (2008) : Valorisation des produits
forestiers non ligneux des plateaux de Batéké en
périphérie de Kinshasa(RDC). Thèse de
doctorat, Université Libre de Bruxelles, Faculté des
sciences ;
5. BRAUMAN, Rony. (2000). L'action humanitaire.
Flammarion, Nouvelle édition. Paris, 43 p
6. DAMBISA Moyo (2009), L'Aide fatale. Les ravages d'une
aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique New York,Farrar,
Straus and Giroux , pages 209 à 216
7. Diallo Mamadou (2012), Les ONG locales de
développement et la question de pérennisation de leurs acquis
dans la préfecture de Kankan (Guinée) ,mémoire de
Master.
8. DURKHEIM Émile (1967), Les règles de la
méthode sociologique, Paris : Les Presses universitaires de
France, 16e édition, Collection : Bibliothèque de
philosophie contemporaine p. 32.
9. FANON Frantz (1961), les damnés de la
terre, Paris, Éditions François Maspero,
10. GRAWITZ Madeleine (1996), Méthodes des
sciences sociales, Paris, Dalloz, Coll. « Précis Droit public.
Science politique », Les damnés de la terre.
11. KABOU Axelle (1991), Et si l'Afrique refusait le
développement Paris, l'Harmattan , 208 p.
12. KAUFMANN, J.-C (1996), L'entretien
compréhensif. Paris, Nathan;
13. KOUASSI A Malanhoua (2013), Problématique de la
Professionnalisation des ONG ivoiriennes, Doctorat en droit et sciences
politiques, soutenu à l'Université Félix Houphouët
Boigny.
14. OLIVIER DE SARDAN Jean- Pierre (1991) « Savoirs
populaires et agents de développement », in Jean Pierre
OLIVIER DE SARDAN (Dir), D'un savoir à l'autre : les
agents de développement comme médiateurs, Paris, Gret, p.
20.
15. PND(2016- 2020),Programme National de
Développement;
16. PNUD (2009), Guide de la planification du suivi et de
l'évaluation axée sur les résultats du
développement, New York.
17. ROGERS, L., & MACÍAS, E. (2004). Program
graduation and exit strategies: Title II program experiences and related
Research, FANTA. Disponible sur :
http://pdf.usaid.gov/pdf_docs/Pnadj255.pdf
consulté le 13 décembre 2018 ;
18. SALOMON, L. M. et al., (1999), Global Civil
Society. Dimensions of the Non Profit Sector, Baltimore, Johns Hopkins
Center for Civil Societies Studies;
19. SYLLA (2002), Financing development in other way in
Africa: NGO approach of Côte d'Ivoire, International conference:
development issues in the new economy.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
1
REMERCIEMENTS
2
RÉSUMÉ
3
SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES
4
GLOSSAIRE
5
TABLE DES ILLUSTRATIONS
6
AVANT PROPOS
7
SOMMAIRE
8
INTRODUCTION
9
PREMIERE
PARTIE : PRESENTATION DU CADRE THEORIQUE
1- JUSTIFICATION DU
CHOIX DU SUJET
13
1-1- CONTEXTE GENERAL
13
1-2- MOTIVATIONS
15
1-2-1- Au plan personnel
15
1-2-2-Au plan collectif
16
1-3- PERTINENCES
17
1-3-1-Au niveau social
17
1-3-2- Au plan scientifique
18
2- DEFINITION DES
CONCEPTS DU LIBELLE DU SUJET
19
2-1- CONCEPTS EXPLICITES
19
2-2- CONCEPTS IMPLICITES
23
3-
PROBLEMATIQUE
23
4- OBJECTIFS DE LA
RECHERCHE
26
4.1.OBJECTIF GENERAL
27
4.2. OBJECTIFS SPECIFIQUES
27
5- HYPOTHESE
PRINCIPALE
27
6- HYPOTHESES
SECONDAIRES
27
7- REVUE DE LA
LITTÉRATURE
27
6.1. MODES D'ENGAGEMENT ET CONTRAINTES
28
6.2. ATTITUDE DES BENEFICIAIRES VIS-A-VIS DE
L'AIDE EXTERIEURE
30
6.3-GOUVERNANCE SOCIO-ECONOMIQUE DES ONG :
SURVOLE EMPIRIQUE
31
8- PRESENTATION DE
L'ONG AIDE ET DE LA ZONE D'ETUDE
34
8-1- L''ONG AIDE
34
8-1-2- Organisation
de l'ONG-AIDE
35
8-1-3- Champ
d'intervention de l'ONG AIDE
36
8-1-4- Phases de
déroulement des projets
37
v Phase de programmation
37
v Phase d'identification
37
v Phase d'instruction
38
v Phase de financement
38
v Phase de mise en
oeuvre
39
v Phase de livraison
40
v Phase de
suivi-évaluation
40
8-2- ZONE D'ETUDE
41
8-2-1- Le District d'Abidjan
41
DEUXIEME
PARTIE : PRESENTATION DU CADRE METHODOLOGIQUE
42
1- CADRE DE
REFERENCE THEORIQUE
2- MÉTHODES
D'INVESTIGATION
44
2-1- EXPLORATION
44
2-2-OBSERVATION
45
2-3- ENTRETIENS
46
3- CIBLE DE LA
RECHERCHE
47
4-
ECHANTILLONNAGE
48
TROISIEME
PARTIE : RESULTATS ET DISCUSSIONS
1- DISPOSITIF
INSTITUTIONNEL DE L'ONG
52
1-1- LE DEFICIT D'IMPLICATION
DES BENEFICIAIRES
52
1-2- DISFONCTIONNEMENT
INSTITUTIONNEL DE L'ONG
53
1-2-1- Au plan
organisationnel
53
1-2-2- Au niveau du
fonctionnement
54
1-2-3- Au plan
financier
55
1-2-4-
Au plan d'appui institutionnel
56
2- ANALYSE DES
PERCEPTIONS DES BENEFICIAIRES
58
2-2- SENTIMENT D'IMPLICATION
58
2-3- PERCEPTION SUR LES
OUVRAGES
60
2-4- SENTIMENT D'INCAPACITE A
ENTRETENIR LES OUVRAGES
62
CONCLUSION
64
ANNEXES
66
A- ANNEXE 1 :
INTERVIEW AVEC L'ONG AIDE
66
B- ANNEXE 2 :
INTERVIEW AVEC LES BENEFICIAIRES
67
C-
ANNEXE 3 :GUIDE D'OBSERVATION ,INDICATEURS ET FICHE
DE MILIEU
67
D- QUELQUES PHOTOS
MONTRANT DES ASPECTS DE L'ENQUETE
69
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
70
TABLE DES MATIERES
72
* 1Mot arabe signifiant
« bienfaisance »
* 2 Entretien avec le
Secrétaire Général de l'ONG AIDE, le 17 septembre 2018.
* 3Bilan annuel
d'activités de l'ONG AIDE 2014 et 2015 (archives de l'ONG AIDE)
* 4François RUF,
Booms et crises du cacao : les vertiges de l'or brun, Karthala,
CIRAD-SAR, Ministère de la Coopération, 1995, p. 11
* 5 Plan National de
développement 2016 -2020, p.84
* 6Gérard PERROULAZ, Le rôle des
ONG dans la politique de développement : forces et limites,
légitimité et contrôle, annuaire suisse de politique de
développement(2004) 24 P
* 7
http://hudayivakfi.org/aziz-mahmud-hudayi-hazretlerinin-hayati.html
consulté le 02 septembre 2018 à 14 heures 30 minutes.
* 8
http://hudayivakfi.org/en/life-of-aziz-mahmud-hudayi.html,
consulté le 18 mai 2019 à 13h 05 minutes
* 9Lazakat est une
obligation divine enjoignant aux musulmans possédant une richesse qui
atteigne un certain niveau (le nissab ou minimum imposable.) de s'acquitter
d'une quantité précise (un quarantième du revenu, soit
2,5%) en faveur de bénéficiaires cités par le Coran dans
la sourate 9 versets 60
* 10 Donation ou fondation
pieuse, ici il n'y a pas d'obligation ; la somme à donner en
sacrifice est laissée à l'appréciation du bienfaiteur
* 11 Bilan annuel de l'ONG AIDE
de 2013 à 2018, archives de l'ONG AIDE.
* 12Nourhan El Sharkawy ,La
charité islamique: un levier innovant pour le financement du
développement? Février 2015
* 13 www.misrelkheir.org ;
http://www.lifemakers.org ;
http://www.resala.org consulté le 19
mai 2018 à 14heures
* 14Qui s'inspire des
enseignements de l'Islam en matière de charité pour mener ses
actions humanitaires.
* 15Exposé de Abou
FOFANA» Enseignant-Chercheur, Ecole Normale Supérieure, Abidjan,
lors des « Journées de La Recherche en Education de Côte
D'ivoire (JRECI) 2006 »
* 16
http://www.organisationsud.org/visité
le 05 novembre 2018
* 17Charles Menye Processus
d'élaboration des projets dans l'Administration Camerounaise : Le cas du
Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature
(MINEP) soutenu à l'Université Catholique d'Afrique Centrale
(UCAC) - Master en développement et management des projets 2009
* 18
https://www.pmi.org/certifications
consulté le samedi 16 février 2019
* 19Propos du Secretaire
général de l'ONG AIDE tenu le 17 aout 2017 au siège de
l'ONG
* 20Entretien avec le
secrétaire général de l'ONG AIDE le 18 avril 2017
* 21Axelle Kabou,. Et si
l'Afrique refusait le développement ? Paris, L'Harmattan, 1991, p.
27.
* 22Dambisa Moyo (JC
Lattès). L'Aide fatale. Les ravages d'une aide inutile et
de nouvelles solutions pour l'Afrique
* 23Dans le contexte d'une
société musulmane, l'acteur croyant accomplit une oeuvre
bénéfique sur le plan humanitaire, comme c'est le cas de la
restauration ou l'hébergement du pauvre, ou social, comme c'est le cas
de l'éducation ou des soins de santé, tout en recherchant
l'agrément de Dieu
* 24Selon l'article 2 du
règlement intérieur de l'ONG AIDE, sont membres actifs, les
membres fondateurs et les personnes qui :
? Ont formulé une demande écrite dans ce sens ;
? Ont adhéré aux présents statuts ;
? Se sont acquittés d'une part de leur droit
d'adhésion et d'autre part de leur cotisation annuelle ;
* 25 Entretien avec le
président de l'ONG AIDE
* 26 Blanchet A. et Gotman
A., 1992. L'enquête et ses méthodes : l'entretien.
NATHAN, coll.128.
* 27 Jean-Claude Kaufmann,
1996. L'entretien compréhensif, Paris, Nathan, p. 48.
* 28 Op. cit.
* 29 Grawitz,
1996. Méthodes des Sciences Sociales,
4ème éd, Dalloz, Paris, p.587
* 30 Raymond Quivy et Luc
Campenhoudt, 1995. Manuel de recherche en Sciences sociale, Paris,
Dunod, 288p.
* 31Pascal Ardilly, 2006, les
techniques de sondage, nouvelle édition actualisée,
édition Technip
* 32 Soit N le
nombre total de forages réalisés à Abidjan et n
le quota fixé,
N1le nombre de forages
réalisés à Port-Bouët et
n1la population témoin à
déterminer
N2le nombre de forages
réalisés à Koumassi et n2la
population témoin à déterminer
N3le nombre de forages
réalisé à Yopougon et n3la
population témoin à déterminer
N4 le nombre de forages
réalisés à Abobo et n4la
population témoin à déterminer
n1 = (n \ N) ×
N1 ? (20/ 35) ×23= 13 responsables de sites à
Port-Bouët
n2 = (n \ N) ×
N2 ? (20/35) × 5 = 3 responsables de sites à
Koumassi
n3 = (n\ N) ×
N3 ? (20/35) × 5 = 3 responsables de sites à
Yopougon
n4 = (n\ N) ×
N4 ? (20/35) × 2 = 1 responsable de site à
Abobo
* 33Propos tenus par un
responsable de l'ONG lors de notre entretien
* 34 Résultat de
l'entretien
* 35 Mot arabe signifiant
sacrifice
* 36Propos tenus par le
Président de l'ONG AIDE lors de notre entretien
|