SECTION 2 : RELATION THEORIQUE ENTRE FINANCEMENT DE
L'ECONOMIE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE
L'importance du système financier et transformation
structurelle est essentiellement analysée par deux courants
économiques. Il y a d'un côté les auteurs de la
théorie de la libéralisation financière et les
théoriciens de la croissance endogène. La relation entre ces deux
concepts a été un sujet d'analyse extensive et très
débattue. Depuis les travaux déterminants de Patrick (1966), le
lien entre financement de l'économie et transformation structurelle a
été étudié en détails. Dès lors une
littérature a émerge le lien de ces concepts.
2.1.
Selon les théoriciens de libéralisation financière
La littérature sur la relation entre la sphère
financière et la sphère réelle de l'économie est
très fournie. Elle remonte aux travaux de Schumpeter (1911), qui
évoquait déjà le rôle fondamental du secteur
financier dans le développement des activités économiques.
Cependant, c'est depuis les travaux théoriques de McKinnon (1973) et de
Shaw (1973) sur la théorie de la libéralisation financière
que cette relation a eu une envergure mondiale. La notion de
développement financier dans cette théorie est synonyme de
l'abandon de la politique de répression financière, jugée
nuisible pour la croissance et de l'adoption d'une politique de
libéralisation financière. Ils montrent la
nécessité de supprimer les restrictions sur les taux
d'intérêt ; ce qui permet d'encourager l'épargne et
d'augmenter le volume des ressources financières disponibles pour les
investissements productifs notamment dans le secteur industriel. Cette
théorie a longtemps inspiré les recommandations de politiques
économiques faites par les institutions internationales aux pays en
développement (Eggoh 2011)
2.2.
Selon les théoriciens de la croissance endogène
S'inspirant des insuffisances de cette théorie, les
modèles de croissance endogène proposent un cadre
théorique propice à la mise en évidence de l'influence du
développement financier sur la croissance économique.
Contrairement à la théorie de McKinnon (1973) et Shaw (1973), les
tenants de ce courant partent du postulat d'existence de frictions sur les
marchés financiers qui engendrent l'émergence
d'intermédiaires financiers et de types de marchés financiers.
Ils montrent que le développement financier, qui se traduit par une
minimisation de ces frictions, affecte la croissance économique par le
biais de trois canaux : la diversification du risque, l'efficacité de
l'intermédiation et la réduction des problèmes
informationnels (Levine, 1997). La minimisation des contraintes
financières permet aux firmes de bénéficier de larges
possibilités de financement pour leur croissance. En effet, les
imperfectionsinformationnelles augmentent les coûts de
l'intermédiation financière et par conséquent engendrent
des déséquilibres caractérisés par une faible
industrialisation, des taux de croissance économique faibles (Bencivenga
et Smith, 1998) et un blocage de l'économie dans la trappe du
sous-développement (Zilibotti, 1994)les pays développés en
comparaison avec les pays en développement (Acemoglu, Johnson, et
al. 2003).
Au regard de ces résultats empiriques
controversés, la question de la relation entre
le développement du secteur financier et la performance
économique dans les pays africains semble être non encore
complètement résolue. Dans la littérature, deux raisons
sont mises en avant pour expliquer l'ambigüité des
résultats empiriques : l'endogénéité
des indicateurs financiers et la non-linéarité de la relation
(Keho 2012). Ce papier est une contribution à cette littérature
et a l'intérêt de prendre en considération la
transformation structurelle pour évaluer l'impact du
développement du secteur financier sur la performance économique
des pays africains de la zone Franc. Par ailleurs, l'approche
méthodologique utilisée permet de mieux contrôler
l'endogénéité des variables de développement
financier et cerner l'effet d'une innovation financière sur la
diversification et sophistication des exportations dans la durée.
|