Environnement, Paysage et «Projet de
territoire»:
Vers une approche territoriale pour la sauvegarde et la
mise en valeur
de la Réserve de Biosphère des Oasis du
Sud Marocain (RBOSM)
Aba SADKI
Urbaniste-Environnemataliste
Inspecteur des monuments historiques &
sites
Meknès-Tafilalet
Table des matières
Résumé 05
Avant propos 07
Introduction 11
Hypothèse de travail 14
Approche méthodologique 14
PREMIERE PARTIE
LES PALMERAIES DU SUD MAROCAIN : POTENTIALITÉS
ENVIRONNEMENTALES ET PAYSAGÈRES ET OPPORTUNITÉS DU
DÉVELOPPEMENT
CHAPITRE I : LE PROFIL ENVIRONNEMENTAL ET PAYSAGER DES
OASIS DU SUD MAROCAIN 16
Situation géographique 16
Le patrimoine naturel et culturel 18
Une pluralité de paysages dictés par la
morphologie du territoire 22
La montagne 22
Les palmeraies 23
Les plateaux désertiques (les Hamadas)
24
Le paysage périurbain : expression d'une
multiplicité de composantes 25
L'étendue de vue 25
Le palmier dattier 26
Les palmeraies entre « espace ressource » et
« espace de consommation » 27
CHAPITRE II : LE CADRE CONCEPTUEL 28
Le programme de l'UNESCO sur l'Homme et la
Biosphère (MAB) 28
Le concept de « Réserve de biosphère
» 29
Les fonctions des réserves de biosphère
30
Le zonage d'une réserve de biosphère
31
La « Stratégie de Séville » sur
les réserves de biosphère 32
CHAPITRE III : PRÉSENTATION DE LA RÉSERVE
DE BIOSPHÈRE DES OASIS DU SUD MAROCAIN (RBOSM) -- 34 3.1. Le zonage de
la RBOSM 35
Les aires centrales 36
Les zones tampon 36
Les aires de transition 36
Le statut de la réserve de biosphère :
enjeux et opportunités pour le développement des palmeraies du
sud Marocain 37
Des partenariats à construire 37
DEUXIÈME PARTIE
ENVIRONNEMENT ET PAYSAGE: ASPECTS DE DÉGRADATION
ET PERSPECTIVES DE SAUVEGARDE ET DE MISE EN VALEUR
CHAPITRE I : LE DIAGNOSTIC ENVIRONNEMENTAL ET PAYSAGER
DES PALMERAIES DE LA RBOSM 39
Les facteurs naturels 39
L'eau : patrimoine et source de vie
39
L'agriculture : une activité en
déclin 39
L'aridité du climat 40
L'érosion hydrique et éolienne
40
Les facteurs humains 43
La dégradation du couvert
végétal 43
Le risque de salinité des sols
45
Les risques liés aux aménagements
hydrauliques 45
Les risques liés à
l'aménagement urbain 46
a. Les problèmes d'assainissement 46
b. Les déchets solides 47
1.2. L'incidence paysagère de l'urbanisation
47
La banalisation du paysage par les voies de
circulation automobile 48
La route : facteur accélérateur de
l'éclatement et de la dégradation des villages
49
L'attractivité illusoire du modèle
urbain 51
1.4. L'impact environnemental de l'urbanisation
52
CHAPITRE II : ÉTUDE DES INCIDENCES
PAYSAGÈRES ET ENVIRONNEMENTALES DES MUTATIONS DE L'HABITAT DANS LES
ZONES TAMPON DE LA RÉSERVE DE BIOSPHERE 55
Les facteurs du développement urbain dans les
palmeraies de la province d'Errachidia 56
Le facteur historique : l'influence de
colonialisme 56
Le facteur économique 57
Le facteur démographique 58
Incidences particulières sur le paysage
villageois 58
Développement compact autour du village
58
Dédoublement de l'emprise urbaine
59
a. Cas des composantes juxtaposées 59
c. Éclatement autour du village 60
d. Effets sur la structure des terroirs villageois
61
Le présent : Multipolarité et
dualité spécifiques 62
Dualité morphologique 62
Dualité culturelle 62
Dualité fonctionnelle 62
Tendances, problèmes et atouts des
villages 63
Essai de synthèse 63
CHAPITRE III : PERSPECTIVES DU DÉVELOPPEENT DES
PALMERAIES ET ALTERNATIVES D'AMENAGEMENT 65
Les terroirs des palmeraies : Conditions et
atouts d'une survie 65
La sauvegarde stérile et la sauvegarde dynamique
65
a. Un témoin de passé : la conservation
« stérile » 65
b. Un pôle d'attraction économique : la
sauvegarde "dynamique" 66
Des choix cohérents pour un aménagement
global 67
a. Équilibre et complémentarité des
composantes urbaines 67
b. Exigences et fragilité du milieu 68
3.2. Essai de synthèse 68
TROISIEME PARTIE : « LE PROJET DE
TERRITOIRE » : APPROCHE ET ÉLÉMENTS
MÉTHODOLOGIQUES
Qu'est-ce qu'un « projet de territoire
» ? 70
Historique 70
Principe 70
Les acteurs d'un projet de territoire
71
Processus d'élaboration d'un «
projet de territoire » 71
La phase d'étude (le diagnostic)
73
La définition des choix stratégiques
intercommunaux (le projet) 73
La validation du projet (le contrat)
74
Impulsion et gestion du projet de territoire
74
Projet de territoire et enjeux du
développement durable 75
L'enjeu social 75
L'enjeu économique 75
L'enjeu environnemental 75
L'enjeu culturel 75
Les questions majeures face à un projet de
territoire 75
Les questions amont 76
Les questions méthodologiques
77
Justification de la démarche du « projet de
territoire » pour le cas de la Réserve de Biosphère des
Oasis du Sud Marocain 79
L'approche de projet de territoire et l'analyse
SWOT 81
L'analyse SWOT : Définition de l'outil
82
Modalités d'application au territoire de la
RBOSM 83
CHAPITRE II : VERS UNE APPROCHE ALTERNATIVE DU
DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL DES PALMERAIES DE LA RBOSM 85
Le paysage : composante intégrante du
projet de territoire 86
Le paysage : éléments de
définition 86
Le paysage : une expression de l'activité
humaine 88
Le paysage : résultat d'interventions
multiples 89
Paysage et intercommunalité
92
L'intercommunalité concerne des espaces
relativement larges 92
L'intercommunalité est un niveau
d'intervention crédible 92
L'intercommunalité donne des moyens d'actions
plus performants 93
L'intercommunalité est l'échelon
où s'élaborent les projets de territoire 93
Le paysage : thème favorable à la
concertation et à la gestion participative 94
Le rôle des élus 94
Le rôle des populations 95
Le rôle des associations 95
Le rôle des aménageurs
95
Le rôle des acteurs économiques
95
Le rôle des opérateurs
touristiques 96
Le rôle des administrations
96
Les éléments de l'analyse
paysagère 96
Un diagnostic pour comprendre 96
L'identification des caractères fondamentaux
du paysage 97
Le repérage des entités
paysagères au sein du territoire communal 98
Les éléments significatifs de
l'évolution du paysage 100
Prendre conscience des pressions sur le paysage
101
Mise en évidence des points forts et des
contraintes 101
La préparation d'un « projet paysager »
102
Les démarches d'animation et de
sensibilisation 102
L'association des élus et des acteurs
institutionnels 103
L'implication des populations et des associations
locales 103
Les supports de communication 103
CHAPITRE III : UN PROJET PAYSAGER POUR LE DEVENIR DU
TERRITOIRE OASIEN 105
3.1. Les échelles d'intervention 105
Programme d'action et principes d'intervention
106
Usages du territoire et occupation de l'espace
106
Déterminer les vocations dominantes des
entités du territoire 107
Définir les règles de jeu pour
l'occupation de l'espace 108
La charte paysagère : un contrat intercommunal
sur des objectifs et des moyens 108
Les moyens de la mise en oeuvre 108
a. Les moyens d'action 109
b. Les moyens humains 110
c. Les moyens techniques 110
d. Les moyens financiers 110
e. Les moyens réglementaires 110
f. Les moyens contractuels 111
g. Les moyens de communication 111
Le document de la charte 112
a. Le document cartographique 112
b. Le document écrit 112
c. Des documents par commune 113
CONCLUSION 114
La nécessaire valorisation des ressources
spécifiques 115
La promotion d'une politique urbaine 115
La valorisation du paysage et la sauvegarde de
l'environnement 116
La nécessaire redéfinition des cadres de
référence 116
BIBLIOGRAPHIE 118
LISTE DES FIGURES
Figure 1 :
Figure 2 :
Figure 3 :
Figure 4 :
Figure 5 et 6 :
Figure 7 :
Figure 8 :
Figure 9 :
Figure 10 :
Figure 11 :
Figure 12 :
Figure 13 :
Figure 14 :
Figure 15 :
Figure 16:
Figure 17 :
Figure 18 :
Figure 19 :
Figure 20 :
Figure 21 :
Figure 22 :
Figure 23:
Figure 24 :
Figure 25 :
Figure 26 :
Figure 27 :
Figure 28 :
Figure 29 :
Figure 30 :
Figure 31 :
Figure 32 :
Figure 33 :
Carte de situation de la réserve de biosphère des
oasis du Sud Marocain 16
Situation de la zone de la RBOSM 17
Carte du milieu naturel des oasis de la zone de la RBOSM
18
Carte des routes commerciales au début du 17ème
siècle 19
Ksar Ait Benhaddou (site du patrimoine culturel mondial)
20
Paysages naturels de la zone montagneuse des oasis (Lac Tislit
à Imilchil (Errachidia) 22
La palmeraie d'Oulad Chaker dans la vallée de Ziz
(Errachidia) 23
Dunes de sable Merzouga au Sud-est de la ville
d'Errachidia 24
Le développement de l'habitat périurbain en bordure
des villes nouvelles et des Ksour 25
Les trois fonctions des réserves de
biosphère 31
Le schéma de zonage d'une réserve de
biosphère 32
Situation des provinces de la RBOSM par rapport au
découpage territoire national 34
Carte de zonage de la RBOSM 36
Disparation du périmètre agricole et
desséchement de la palmeraie de Rissani (1987 et 2007)
41
Sapement des berges dans la palmeraie de Goulmima
(Errachidia) 42
Desséchement des palmiers dattiers à cause de
tarissement des eaux de la nappe 42
Le surpâturage est facteur de pression anthropique sur le
couvert végétal 44
L'arrachage anarchique du bois de chauffe menace les
espèces ligneuses (Imilchil, Errachidia) 44
Occupation de l'espace d'une zone tampon (palmeraie) de la
réserve. (Goulmima, Errachidia)......... 48
La route principale traverse la zone de concentration des
Ksour 49
La RP n° 21 longeant les Ksour de la vallée
50
La route accélère l'abandon et l'éclatement
des villages 50
Catégories des communes et densité
démographique dans la RBOSM en 2004 53
Carte des palmeraies traditionnelles 53
La ville nouvelle de Goulmima crée au centre de la
palmeraie de Ghéris 56
La position de la ville nouvelle de Goulmima entre les deux
principaux Ksour traditionnels 57
Ksar Abou 'am dans la ville de Rissani 59
Développement de l'urbanisation le long des axes de
liaison entre le Ksar et le centre ville 60
Éclatement en tâche d'huile de l'habitat autour des
Ksour dans la palmeraie de Goulmima 61
Les étapes du processus d'élaboration d'un projet
de territoire 73
Le schéma ci-dessous résume la méthode
d'analyse considérée 81
Présentation schématique de la matrice SWOT
84
Résumé
Au-delà de la seule question de la qualité du
milieu de vie, l'environnement et le paysage sont devenus aujourd'hui une
véritable préoccupation sociale et économique des acteurs
de l'aménagement du territoire.1 On les
envisage comme un héritage à préserver,
un cadre de vie à entretenir, une ressource
économique à valoriser tout comme une
opportunité de développement à saisir.
Sur la base de ce constat de départ, et dans l'objectif de mettre en
évidence l'articulation entre le couple « Environnement /
paysage » et « Développement local
»,
dans ce livre, nous proposerons une approche
méthodologique à l'intention des décideurs et des
collectivités de la Réserve de Biosphère des Oasis du Sud
Marocain (RBOSM). D'une part pour qu'ils se rendent compte de la notion de
« Paysage » en tant que composante
essentielle du cadre naturel et territorial et donc vecteur
primordial du développement durable, et d'autre part, pour
mobiliser les acteurs locaux de la zone de la Réserve de
biosphère atour d'un « Projet de territoire »
comme démarche favorable à l'atteinte des objectifs de
développement sous-jacents au programme Mab (Man and Biosphere)
géré par l'Unesco. Le « Projet de territoire
» est ici une approche de territorialisation des programmes du
développement local par le biais du partenariat intercommunal
orienté vers la préservation du milieu naturel et la valorisation
des paysages. Il est destiné à donner aux collectivités
territoriales de la Réserve l'opportunité de prendre des
décisions judicieuses concernant la gestion de l'environnement dans
lequel elles vivent et travaillent. Dans la région
étudiée, les actions de protection de l'environnement participent
à une appropriation nouvelle des paysages, il n'en reste pas moins que
certaines mises en scène stéréotypées, en
particulier l'urbanisation, conduisent à la banalisation des
qualités et des valeurs intrinsèques des territoires et à
la dévalorisation de leur attrait et de leur potentiel
économique. Comment peut-on alors travailler le regard
porté sur le paysage des palmeraies et leur spécificités
environnementales afin d'engager une réflexion collective et parvenir
à des interventions recueillant l'adhésion des populations
à un projet d'ensemble ?
Inspiré de la méthode SWOT
(Forces, Faiblesses,
Opportunités et Menaces), ce livre est
scindé en trois parties :
- La première, à
caractère descriptif, s'intéressera à
l'identification des potentialités environnementales et
paysagères de la zone de la Réserve de biosphère, et
mettra l'accent
1 Dans le cadre de la
présente étude, les expressions « Paysage
», « Environnement » et
« Milieu naturel » sont à peu
près équivalentes dans le sens où elles désignent
les mêmes objets. En effet, les objets qui composent le milieu naturel ou
l'environnement (le couvert végétal, les sols, les reliefs) sont
les même éléments constitutifs du paysage. D'après
CHTELIN Y. et al, Milieux et paysages, éd. Masson,
Paris, 1986, page 05
sur les opportunités offertes par son statut international
pour la gestion de l'environnement et la valorisation du paysage.
- La deuxième, à
caractère analytique, se concentrera sur les contraintes naturelles et
humaines du développement local des palmeraies, les zones tampon de la
Réserve en particulier, et illustrera à traves des cas concrets
les menaces que constitue l'extension urbaine rapide comme source majeure de
dégradation de l'environnement et de la transformation des paysages.
- La troisième partie expliquera le
processus d'élaboration d'un « Projet de territoire »
et les éléments méthodologiques indispensables
à l'optimisation des programmes de gestion de l'environnement et du
paysage : enjeux, contraintes, acteurs, outils et mise en oeuvre de projets.
Avant Propos
Ce livre est une version revue de notre travail de recherche
préparé à l'Université Internationale de langue
française au service du développement africain
(Université Senghor d'Alexandrie) comme exigence pour
l'obtention du Master en développement (Option : Gestion de
l'Environnement). Il devait au départ porter sur l'étude
des impacts de l'urbanisation sur les milieux naturels de la Réserve de
Biosphère des Oasis du Sud-est Marocain (RBOSM). Mais, à la suite
d'un séjour scientifique effectué à la Chaire Unesco en
Paysage et Environnement de l'Université de Montréal (CUPEUM) au
Canada (Mai-août 2006), le thème de recherche s'est modifié
légèrement. Inspiré par les travaux engagés au
sein de la CUPEUM sur une première expérience d'application au
Québec de statut du « Paysage humanisé »
correspondant à la catégorie V de la classification des
aires protégées de l'Union Internationale de la Conservation de
la Nature (UICN), et sans abandonner complètement notre
préoccupation initiale de recherche, nous avons décidé de
mener une étude sur l'environnement et le paysage, en tant que facteurs
du développement, dans les palmeraies de la réserve de
biosphère du Sud Marocain dont nous somme originaire. Compte tenu des
grandes similitudes entre le « Paysage humanisé »
de l'UICN et les « Réserves de biosphère
» de l'UNESCO, les leçons tirées de notre
séjour à l'Université de Montréal nous ont
convaincues de la nécessité d'examiner le sort des palmeraies du
Maroc présaharien en se basant sur « l'approche paysagère
» comme outil de gestion de l'environnement. Notre travail passera ainsi
en revue les caractéristiques environnementales et paysagères des
oasis et les facteurs majeurs de leur dégradation ainsi que leurs
répercussions sur la modification de leurs structures paysagères
tout en soulignant la nécessité de préserver et de mettre
en valeur ce qui en subsiste. Des itinéraires méthodologiques
seront formulés à l'intention des acteurs de la Réserve de
biosphère en leur proposant une approche du développement local
axée sur la protection de l'environnement et la mise en valeur du
potentiel paysager local. Parce que ce thème était
déjà celui des environnementalistes, nous n'aborderons ici que
brièvement les dysfonctionnements écologiques des
écosystèmes naturels pour nous intéresser principalement
aux transformations territoriales majeures entrainées par la croissance
urbaine. Il nous semblait important d'approcher la dégradation des
palmeraies de la Réserve de biosphère à traves une analyse
environnementale et paysagère dans le cadre d'une démarche du
développement local participatif qui est le « Projet de
territoire ». Notre ambition est de contribuer à mettre en
lumière l'importance de la préservation de l'environnement et du
paysage des palmeraies du Maroc présaharien en tant que facteur du
développement durable et élément fédérateur
de la coopération intercommunale, et d'apporter un
éclairage nouveau sur la situation d'un paysage
méconnu, et par ricochet, sur la crise écologique des oasis et la
situation socioéconomique vulnérables des leurs populations.
Remerciements
Nos profonds remerciements sont adressés en premier
lieu à l'équipe de la Chaire en Paysage et Environnement de
l'Université de Montréal (CPEUM) et tout particulièrement
Philippe POULLAOUEC-GONIDEC, Gérald
DOMON, François TREMBLAY et Marie-Rose
LYNDSAY pour leur hospitalité, leur collaboration et pour la
qualité de l'encadrement qu'ils ont aimablement réservé
à nos activités de stage et pour leur précieuses remarques
et orientations.
M. Oumar Cissé, Directeur de
l'Institut Africain de la Gestion Urbaine (IAGU), et Mme Caroline
GALLEZ Directrice du Département Environnement à
l'Université Senghor et Mme Caroline GAUTHIER-KURHAN,
Directrice du Département Gestion du Patrimoine à
l'Université Senghor, qui ont bien voulu accepter d'évaluer ce
travail malgré leurs charges, trouvent ici nos vifs remerciements pour
leur appui et leur patience.
Nous tenons également à exprimer à Mme
Caroline GALLEZ, directrice de Département Environnement de
l'Université Senghor, notre sincère gratitude et notre profonde
reconnaissance pour son influence bienfaisante dans la mise en place des
conditions qui nous ont permis d'entreprendre avec succès nos
études de Master.
Tous ceux qui ont contribué de près ou de loin
à la réalisation de ce travail trouvent ici également
l'expression de notre sincère gratitude.
Mots clés :
Paysage, Environnement, Réserve de
biosphère, Projet de territoire, Sud Marocain, Analyse SWOT, Palmeraie,
Oasis, Urbanisation.
Introduction :
Les oasis symbolisent la vie humaine dans les milieux arides.
Elles occupent une superficie de l'ordre de 30 % des terres
émergées le long de la grande écharpe aride qui relie
l'Afrique à l'Asie (du Sahara à la Mongolie) et abritent une
population d'environ 150 millions de personnes. Ce sont des
écosystèmes exemplaires patiemment élaborés sur une
gestion parcimonieuse des ressources naturelles et construites sur
l'optimisation des interactions entre les activités d'exploitation et la
préservation du potentiel écologique extrêmement fragile
dans un milieu hostile à la vie. En Afrique du nord, les oasis
remplissent une fonction de conservation capitale dans la mesure où
elles dressent une barrière écologique face au désert. En
ce sens elles font partie du patrimoine de l'humanité et
constituent des expériences vivantes du
développement durable.2Au sud
Marocain, une oasis est
toujours une palmeraie où poussent des cultures
vivrières étagées. Des céréales et des
cultures maraichères (oignons, carottes, navets, courges, piments,
tomates et pomme de terre), des cultures fourragères (luzerne), une
arboriculture variée (olives, abricots, figues, amandes, pommes), le
tout dominé par le palmier dattier. Culture de subsistance
extrêmement importante dans les oasis, les dattes représentent un
aliment de base pour les populations et jouent un rôle important dans
l'économie locale. Actuellement, du fait de l'introduction d'un
modèle de production inadapté, l'équilibre
écologique et socioéconomique établit dans les oasis
depuis environ 7000 ans est de plus
en plus rompu.3 La grande
ouverture des oasis sur le monde urbain amorcée, au Maroc, à
partir de
l'époque coloniale (1912-1956) s'est accompagnée
d'une détérioration du milieu naturel au point que
développement est vécu comme antinomique à
l'environnement. Les palmeraies concernées par cette étude sont
particulièrement affectée par l'expansion vertigineuse et
anarchique de l'urbanisation du style occidental. Par conséquent, le
milieu naturel et ses qualités paysagères se sont rapidement
détériorés. Aujourd'hui, la définition des oasis
doit prendre en compte des déformations, des ruptures et des tensions.
La rupture entre les référents du passé et les symboles de
la vie contemporaine altèrent le paysage, affectent le milieu naturel et
efface l'originalité des lieux. Ainsi, le territoire oasien est
tiraillé entre des volontés contradictoires et des
intérêts divergents. Il perd sa force, son fonctionnement, son
harmonie et son identité. L'ordonnancement particulier des paysages de
la palmeraie qui répondaient à des règles construites
ingénieusement et en parfaire symbiose avec le milieu environnant se
trouve actuellement souvent chamboulé jusqu'à
générer des paysages chaotiques dont on ne peut plus cerner les
origines et la cohérence. De plus, la rapidité des
2 Cf. « La voix des oasis au
sommet mondial du développement durable à Johannesburg »,
(Juin 2002), Réseau Associatif de Développement Durable des
Oasis (RADDO), Déclaration de Goulmim, Maroc.
3 Cf. « Développement
durable du tourisme dans les déserts : Lignes directrices à
l'intention des décideurs », (2006), Organisation Mondiale du
Tourisme, (OMT).
changements ne laisse plus au temps la capacité de
corriger les erreurs, et celles-ci engendrent toujours plus de
dégradations. Les références d'interventions sont de plus
en plus éloignées des réalités locales et les
modèles sont dictés par des normes et des intérêts
qui sont totalement externes aux territoires.
Au cours des 20 dernières années, l'intervention
de l'UNESCO traduit la volonté des pouvoirs publics marocains de
redonner vie aux oasis et de mettre en valeur leur potentiel local. En 1987,
l'inscription d'un chef-d'oeuvre de l'architecture oasienne en Afrique, Ksar
Aït Benhaddou à la province de Ouarzazate, sur la liste du
patrimoine mondial manifeste une première reconnaissance universelle de
la richesse des oasis et de la nécessité de préserver leur
héritage naturel et culturel. Une deuxième reconnaissance de
l'UNESCO intervient en novembre 2000 par la nomination des palmeraies de trois
provinces (Errachidia, Ouarzazate et Zagora) dans le réseau mondial des
réserves de biosphère. Les oasis ont toujours du mal à
saisir ces opportunités de grande envergure pour se lancer avec
succès dans des démarches du développement local sur la
base des richesses environnementales et patrimoniales si ce n'est pas quelques
références positives de réhabilitation de monuments de
l'architectures en terre où les préoccupations
environnementales et paysagères
commencent à se manifester surtout dans les projets
à vocation touristique.4
Conscient du fait que l'engagement pour la mise en oeuvre du
statut de la réserve de biosphère suppose une réflexion
d'ensemble sur la sauvegarde et la mise en valeur du potentiel environnemental
et paysager, ce travail se propose d'élucider les enjeux et les
opportunités que représente la reconnaissance de l'UNESCO pour le
développement local des oasis et insiste sur la pertinence de la
démarche du « Projet de territoire »
expérimentée avec succès dans plusieurs contextes
territoriaux à traves le monde. Dans le cadre de son « Programme de
lutte contre la désertification et lutte contre la pauvreté par
la sauvegarde et la valorisation des oasis dans la province de Tafilalet
», le bureau du PNUD au Maroc a notamment lancé en Mars 2006 un
projet de développement sur la base d'un projet de territoire pour le
«Pays des Oasis du Tafilalet» qui permet de « formaliser les
orientations stratégiques et les choix de développement
» et « engagera ainsi un processus de concertation et de
coopération local totalement inédit et porteur d'une
vision
d'avenir ».5
(Voir annexe 01). Dans l'ensemble, cette
étude propose une démarche du projet à
4 Quelques sites naturels et
culturels à forte vocation touristique ont
bénéficié ces dernières années des
opérations d'aménagement et de réhabilitation tels que
Ksar Ait Benhaddou site du patrimoine mondial à Ouarzazate, les dunes
de Merzouga, les lacs d'Imilchil et la palmeraie des Oulad Chaker à
Errachidia. Certains Ksour de la province d'Errachidia sont également
restaurés dans le cadre d'un projet de l'Agence Nationale de lutte
contre l'Habitat Insalubre (Groupe Al Omrane). Ces Ksour sont (Targa à
Errachidia, Abou'am et El Fida à Rissani, Jerana à Erfoud et
Igoulmimen à Goulmima). Ces opérations pilotes de conservation et
de mise en valeur génèrent un intérêt de plus en
plus grandissant pour la prise en compte du paysage et du milieu naturel dans
les projets d'aménagement et du développement local.
5 Cf. « Programme de lutte
contre la désertification et lutte contre la pauvreté par la
sauvegarde et la valorisation des oasis dans la province de Tafilalet »,
Unité Environnement et Énergie, Programme des Nations Unies pour
le Développement, PNUD - Maroc, Mars 2006.
mettre en oeuvre dans la zone de la réserve de
biosphère pour d'une part se rendre compte du rôle
déterminant de la protection de l'environnement et de la valorisation
des paysages dans la promotion du développement local et d'autre part
mobiliser les acteurs locaux autour de la notion du « projet de
territoire » dans l'objectif de leur motivation collective. L'exercice
auquel se livre ce travail se propose d'apporter des éléments de
réponse aux questions suivantes :
· Qu'est c'est qui fait la richesse des oasis ?
· Qu'est ce qui fait leur force aujourd'hui ?
· Comment s'opère leur évolution et leur
dynamique interne ?
· Comment souhaitons-nous les voir évoluer ?
· Comment faire des choix d'aménagement en
conformité avec les orientations du statut de la réserve de
biosphère de l'UNESCO en matière de l'environnement et du paysage
?
· Quels moyens avons-nous pour soulever ce défi
dans une région où les ressources économiques sont pauvres
?
Le travail se fixe alors pour objectif global
de :
· Contribuer à la mise en oeuvre du statut de la
Réserve de Biosphère des Oasis du Sud Marocain à traves
les objectifs spécifiques suivants :
· Mesurer les conséquences de la
dégradation de l'environnement et du paysage dans le contexte d'une
urbanisation croissante sur certains aspects de la vie des populations tels que
la qualité du milieu naturel, l'attractivité touristique et le
développement local;
· Comprendre les facteurs et les incidences de la
dégradation de l'environnement et du
· paysage dans les zones tampon (palmeraies) de la
réserve et proposer une stratégie de conservation et de mise en
valeur;
· Définir une démarche de projet faisant de
la préservation de l'environnement et de la valorisation du paysage un
vecteur du développement local;
· Proposer des itinéraires méthodologiques
d'élaboration du diagnostic territorial (environnemental et paysager)
sur la base de l'analyse SWOT,6
· Aider les collectivités locales et les acteurs
associatifs à structurer leur réflexion autour des enjeux du
statut de la réserve de biosphère et à saisir les
opportunités qu'il fournit pour définir en commun un projet du
développement local.
6 L'analyse (ou la matrice) SWOT
est l'acronyme des quatre mots anglais : (Strengths, Weaknesses, Opportunities,
Threats) équivalents de (Forces, Faiblesses, Opportunités et
Menaces). Certains auteurs francophones utilisent l'abréviation AFOM en
traduisant « Strenghts » par « Atouts » au lieu de Forces.
L'analyse SWOT fera l'objet d'une section à la troisième partie
de ce travail.
Hypothèse de travail :
Dans la continuité conceptuelle des travaux que nous
avons effectués pendant notre stage à la CPEUM,7
cette étude s'intéresse aux rapports entre le
développement territorial et la valorisation des ressources
environnementales et paysagères. Les palmeraies de la réserve de
biosphère recèlent bien évidement une pluralité
considérable de paysages de qualité associés à une
richesse écologique et patrimoniale reconnues mondialement. Elles sont
toutefois confrontées à des pressions humaines et physiques
grandissantes comme l'urbanisation et la désertification. À la
lumière de ce constat,
nous estimons qu'une meilleure prise en compte des
considérations environnementales et paysagères dans les pratiques
d'aménagement du territoire et de l'urbanisme est une véritable
clé d'entrée à la mise en oeuvre du statut de la
réserve de biosphère et que la recherche des nouvelles fonctions
économiques pour le potentiel environnemental et paysager en relation
avec les secteurs du développement local, notamment
l'écotourisme, en est une autre. Nous entendons par ces deux
conclusions, l'articulation entre deux exigences interdépendantes : la
préservation de la qualité du milieu naturel et de
l'identité territoriale des palmeraies à travers des programmes
de conservation et de mise en valeur tout en assurant à leurs
habitants un minimum de bien-être.
Approche méthodologique :
Au Maroc, l'essentiel des travaux de recherche
effectués sur la gestion de l'environnement sont presque exclusivement
consacrés aux problématiques de pollution dans le milieu urbain.
Les rares études menées sur les problèmes de
l'environnement dans les oasis ont le plus souvent un caractère
descriptif ou du diagnostic et manquent de vision intégrée du
phénomène. Sur le plan de la démarche, notre travail se
base sur l'analyse du rôle de la gestion de l'environnement dans la
dynamique du développement local en s'intéressant aux
phénomènes structurants qui renforcent la dépendance de
l'espace oasien vis à vis des grandes villes et qui sont responsable de
l'érosion du potentiel écologique et paysager local. Ce travail
de recherche n'a point l'ambition d'aborder l'ensemble des problèmes
posés par la dégradation de l'environnement dans les oasis, ni de
couvrir tout le territoire de la réserve de biosphère. À
cause de la similitude entre les palmeraies du sud Marocain quant aux facteurs
et aux conséquences de la dégradation de l'environnement et de la
modification des paysages, nous nous contenterons de présenter certains
aspects du problème à travers des exemples illustratifs
localisés dans l'une ou l'autre palmeraie de la réserve. Ce
travail est subdivisé en trois parties :
7 Un rapport de stage est
déposé à la CPEUM (juillet 2006) et au Département
Environnement de l'Université Senghor (septembre 2006).
- La première décrit les
caractères dominants du milieu naturel oasien, ses
spécificités environnementales et paysagères et sa
fragilité extrême. Elle traite ensuite le concept de la
« réserve de biosphère » et du «
programme Mab de l'Unesco » et les enjeux et les
opportunités liés à leur mise en oeuvre dans la zone
d'étude. Dans l'ensemble, cette première partie nous permettra de
saisir la richesse environnementale et la diversité paysagère des
palmeraies du sud Marocain et l'intérêt de les préserver
dans le cadre d'un projet territorial d'ensemble.
- La seconde, à caractère
analytique, se penche sur l'étude des facteurs et des formes de
dégradation de l'environnement et du paysage oasiens. Un accent
particulier sera porté sur la dynamique de l'urbanisation contemporaine
et les perturbations environnementales et paysagères qui s'en sont
suivies durant les dernières décennies. Cette analyse sera
illustrée par des phénomènes remarquables tels que la
perte des terres agricoles, les effets des voies de circulation automobile sur
la modification des paysages, l'abandon des villages traditionnels et la
fragmentation de l'habitat contemporain, etc.
- La troisième dresse les
modalités d'élaboration d'un projet de territoire intercommunal
et présente les lignes directrices pour l'intégration de
l'environnement et du paysage dans les pratiques d'aménagement et de
gestion de la réserve de biosphère.
PREMIERE PARTIE :
LES PALMERAIES DU SUD MAROCAIN : POTENTIALITÉS
ENVIRONNEMENTALES ET PAYSAGÈRES ET OPPORTUNITÉS DU
DÉVELOPPEMENT.
CHAPITRE I : LE PROFIL ENVIRONNEMENTAL ET PAYSAGER DES
OASIS DU SUD MAROCAIN
Situation géographique :
La zone d'extension des oasis du sud Marocain couvre un vaste
ensemble géographique confiné entre les massifs du Haut Atlas
à l'Ouest et le désert saharien à l'Est. Elle est
étirée sur 650 km entre la province de Féguig au Nord-est
et la province de Guelmim (Porte du Sahara) au Sud-ouest. Au sein de ce vaste
territoire, la réserve de biosphère, zone de l'étude,
s'étend sur trois provinces (Errachidia, Ouarzazate et Zagora).
Réalisée à partir de la carte
routière du Maroc.
Figure n° 1 : carte de situation de la
réserve de biosphère des oasis du Sud Marocain
Constitué d'espaces semi-arides peu peuplés et
de bandes de verdure dominées par le palmier dattier, le territoire
de la réserve se caractérise par une pluralité
paysagère et écologique
considérable et par l'importance que revêtent les
points d'eau dans un domaine semi-aride. Les trois provinces de la
réserve occupent une place stratégique dans le domaine
présaharien. Elles sont délimitées au Nord par les
provinces de Figuig, Boulmane et Khénifra, à l'Ouest par Beni
Mellal, Azilal, El Haouz et Taroudant et au Sud par la province de Tata et par
le désert algérien à l'Est.
Figure n° 2 : Situation de la zone de la
RBOSM
Administrativement, elle est subdivisée en 109 communes
dont 15 urbaines avec une densité moyenne de l'ordre de 8.7
habitants/km.2 Sur le plan démographique,
elle compte 1.438.818 habitants dont 354.472 en milieu urbain selon le
recensement général de la population et de l'habitat (RGPH) de
2004, contre 1.216.994 habitants en 1994 dont 279.688 en milieu urbain. Le
tableau suivant résume le profil démographique des trois
provinces de la réserve entre les deux RGPH.
Tableau n° 01: Répartition des
populations des provinces de la réserve de biosphère selon les
résultats des deux derniers recensements de 1994 et 2004.
|
ERRACHIDIA
|
OUARZAZATE
|
ZAGORA
|
Date de recensement
|
Urbains
|
Ruraux
|
Urbains
|
Ruraux
|
Urbains
|
Ruraux
|
Répartition (RGPH 1994)
|
153725
|
368392
|
93919
|
345153
|
32044
|
223761
|
Total en 1994
|
522117
|
255805
|
414610
|
Répartition (RGPH 2004)
|
429170
|
42802
|
240566
|
601719
|
553731
|
283368
|
Total en 2004
|
439072
|
187109
|
124561
|
Sources : Données des RGPH de 1994 et 2004, Direction des
Statistiques, Rabat.
Le climat est semi-aride à forte influence
continentale. La température est caractérisée par des
écarts saisonniers et journaliers très forts avec une moyenne
annuelle de 20C°, l'écart thermique journalier peut atteindre
22C°.8 Le territoire de la réserve est
sous la dépendance de 4 grands cours d'eau allogènes (Ziz,
Ghéris, Todgha et Draa) dont le haut bassin se développe dans les
massifs humides du Haut Atlas Oriental, la plus grande chaine de montagne
au Maroc, alors qu'en aval,
l'excédent des eaux des oueds s'évapore entres
les dunes du sable aux confins du désert saharien. Trait d'union entre
le Maroc centrale et le Sahara, les palmeraies de la réserve de
biosphère dressent une dernière barrière écologique
face à la désertification. Au-delà de
phénomène de l'avancé du désert, ces palmeraies
sont confrontées à de multiples pressions humaines peu
maîtrisées dont les plus importants sont : l'extension urbaine et
l'abandon de d'habitat traditionnel qui se traduisent par la
détérioration du milieu naturel, la modification des paysages, la
dégradation du patrimoine historique et le déclin de
l'agriculture.
Le patrimoine naturel et culturel :
Les oasis du sud Marocain sont composées d'un chapelet
de palmeraies parmi les plus belles et les plus vastes à
l'échelle mondiale.
Figure n° 3 : Carte du milieu naturel des oasis de
la zone de la RBOSM
8 TROIN (Jean-François). (sous
le direction de), (2002), Maroc : Régions, pays, territoires, éd.
Maisonneuve et Larose, Paris.
Des cultures irriguées et bandes étroites
ponctuées par de gros villages en terre le long des vallées
verdoyantes, des plateaux désertiques à perte de vue, des dunes
de sable et des massifs montagneux en toile de fond tracent une
véritable mosaïque de paysages naturels et culturels
contrastés où la diversité biologique est très
riche. À traves la ville caravanière de Sijilmassa,9
la plus ancienne ville de l'époque islamique au Maroc
fondée en 775 ap-j.c, la région des oasis, fut le point
d'aboutissement des grandes pistes caravanières durant l'époque
médiévale. Comme l'indique la carte des routes commerciales
ci-dessous, avant que les oasis ne s'articulent de façon
irréversible sur
le Maroc littoral à partir des années 1930,
elles entretenaient des relations très intenses avec des foyers de
civilisation ancienne notamment le Moyen Orient, l'Andalousie par le bassin
méditerranéen et l'Afrique subsaharienne (Soudan, Mali et le
Sénégal...).10 Le patrimoine culturel
constitué essentiellement d'une architecture vernaculaire en terre, des
sites archéologiques préhistoriques et médiévaux et
des gisements de l'art rupestre raconte l'histoire du peuplement des oasis. Ce
patrimoine, témoin d'une civilisation enracinée, est reflet d'un
processus ingénieux d'adaptation au milieu hostile. Les Ksour,
appellation locale des villages historiques, qui ont joué un rôle
fondamental dans le rayonnement des oasis sont le principal héritage de
la civilisation présaharienne. 11
Figure n° 4 : Carte des routes commerciales au
début du 17ème siècle
9 Sijilmassa et l'ancien nom de la
ville de Rissani au sud de la province d'Errachidia.
10 MEZZINE L., (1981), Le Tafilalet :
contribution à l'histoire du Maroc au 17ème et 18ème
siècle, Librairie Ennajah-El Jadida, Casablanca.
11 Les « Ksour »
(Plur. de Ksar ou palais en arabe) et « Ighrem » en
tamazight sont les appellations locales des villages collectifs.
Peuplée par des sédentaires et nomades, amazighs
et arabes, le peuplement jouit d'une grande
hétérogénéité d'éléments
ethniques, de langages et de traditions et de mode de vie. L'habitat
traditionnel des « Ksour » et des «
Kasbah »,12 avec une
architecture et une structure urbaine dans la pure tradition constitue une
richesse architecturale de valeur universelle reconnue par l'inscription du
Ksar Ait Benhaddou à Ouarzazate sur la liste du patrimoine culturel
mondial de l'UNESCO en 1987.
Figure n° 5 et 6 : Vues de deux angles
différents sur Ksar Ait Benhaddou (site du patrimoine culturel
mondial)
12 La Kasbah (citadelle) est
l'appellation locale pour la demeure familiale typique à la
région des oasis. Elle sous forme d'un château fort en terre
à quatre tours d'angles.
L'habitat traditionnel des oasis est l'oeuvre collective d'une
société solidaire à économie de subsistance,
produisant par ses propres moyens en parfaite adaptation à son milieu.
Son organisation urbaine et les techniques de construction utilisées
sont le produit du génie oasien. Le système d'irrigation, la
gestion communautaire des palmeraies et des parcours traduisent une
organisation socio-économique solidaire et manifeste un savoir faire
écologique et urbanistique unique de son genre élaboré au
fil des âges afin de pouvoir exploiter le milieu semi-aride et de s'en
protéger. Au moment où le caractère pittoresque soutient
le développement économique des territoires, le patrimoine
historique des palmeraies reflète la typicité et
l'originalité des oasis et contribue à leur attractivité
touristique. Ainsi, les paysages naturel et culturel serviraient de signe
d'identification de territoire de la réserve de biosphère, de ses
spécificités socioculturelles, de valeurs de ses populations et
de ses produits. Les Ksour et les Kasbah confèrent la typicité au
paysage et contribuent à la personnalisation culturelle des palmeraies
et à leur individualisation au sein du territoire national. Comme nous
allons le voir dans la deuxième partie de ce travail, une nouvelle
configuration marque actuellement le territoire oasien. Les nouveaux centres
urbains prédominent. Ce phénomène qui avait
accompagné le processus de modernisation des oasis pose avec
acuité le problème de cohabitation entre deux modes urbains
antinomiques : Un mode hérité du passé, réduit
actuellement en héritage historique sans véritable fonction dans
la vie quotidienne et un nouveau mode urbain de facture occidentale qui
manifeste une incompatibilité flagrante avec les conditions
environnementales et les spécificités du milieu quoiqu'il
satisfasse des besoins matériels de la vie urbaine moderne.
L'incompatibilité au niveau des formes et des fonctions entre ces
deux modes urbains soulève la question des conséquences
environnementales et paysagères de l'expansion de l'urbanisation
moderne.
Une autre contrainte revient au fait que la notion du
patrimoine n'a rien de signification pour la plupart des populations, du fait
que le bien être est pour eux lié au logement moderne en
béton armé loin de l'ancien Ksar. Ceci s'explique en partie par
le d'intérêt aux spécificités paysagères et
environnementales dans les documents d'urbanisme et à la place
privilégiée accordée dans les programmes du
développement local à l'urbanisation contemporaine ce qui
accélère la dégradation des paysages naturels et
culturels. Dans le cadre de la mise en oeuvre du statut de la RB, ce
problème doit être considéré dans toutes ses
composantes socioéconomiques, écologiques et paysagères.
Il s'agit de mettre en oeuvre un processus de revalorisation et de
revitalisation du réseau des villages en prenant en considération
les mutations socioculturelles en cours et en s'articulant autour des besoins
prioritaires des populations. La sauvegarde doit s'appuyer un plan d'action
situant ce patrimoine dans sa réalité socio-économique et
prévoir la relance de son dynamisme
d'auto développement sans se borner uniquement à
la restauration des « échantillons de passé » pour
des finalités d'attractivité touristiques.
Une pluralité de paysages dictés par la
morphologie du territoire :
La principale caractéristique du territoire oasien est
sa morphologie et son organisation bien visible et identifiée, matrice
des paysages. C'est une région de collines et de vallées qui
présente une ordonnance régulière : les lignes du relief
sont orientées en axe Ouest-Est depuis les massifs du Haut Atlas
oriental jusqu'à la frontière avec le territoire algérien.
Le relief est simple et facile à appréhender : un vaste plateau
semi-aride entrecoupé de vallées parallèles, comme une
main posée à plat, les doigts bien écartés. Ce
relief induit trois grandes unités de paysage peu complexes en apparence
et sur lesquelles s'inscrivent des usages et des modes de vie bien
différenciés : (i) la montagne,
(ii) les palmeraies et (iii) les hamadas ou
les plateaux désertiques.
La montagne :
Formation topographique et géologique exceptionnelle,
symbole important dans le paysage oasien, réservoir d'eau et support de
loisirs, la montagne est un élément paysager très fort
dans les palmeraies du sud Marocain. La forte présence de la
chaîne du Haut Atlas comme toile de fond est omniprésente et
jaillit sur l'horizon, telle une barrière verticale. Cette impression
est particulièrement forte depuis les palmeraies, où elles nous
semblent « tendre les bras » pour toucher les montagnes.
Figure 7 : La zone montagneuse des oasis est
célèbre par la beauté de ces paysages
naturels.
Ici le lac Tislit à Imilchil (Errachidia). Dans cette
unité paysagère, les contraintes imposées par le relief
fort accidenté sur les versants limitent les cultures au fond des oueds,
seuls espaces cultivables, où les parcelles sont très
disséminées. L'habitat traditionnel est, en grande
majorité, composé d'une multitude de petits hameaux
différents de ceux des palmeraies par l'absence de fortifications et par
la pauvreté des décors sur les façades. Les villages de
montagne s'égrènent le plus souvent le long des lignes de
crête sous forme de grosses bâtisses avec quelques Kasbah
traditionnelles qui ponctuent le paysage. Au niveau de la province
d'Errachidia, la zone montagneuse des communes d'Imilchil et Ayt Yahia est
désignée depuis 1993 Parc National sous le nom de Parc
National du Haut Atlas Oriental (PNHO) à cheval aussi sur deux autres
provinces limitrophes : Khénifra et Azilal.
Les palmeraies :
A travers la montagne stratifiée, les oueds
présahariens en descendant des massifs du haut Atlas se sont
creusé des lits étroits et sinueux où poussent des
cultures irriguées.
Figure 8 : La palmeraie Oulad Chaker dans la
vallée de Ziz (Errachidia) est l'un des paysages emblématiques de
la réserve de biosphère.
Cette unité est composée de longs
tronçons verdoyants de vallées qui correspondent à la zone
de concentration des villages historiques (Ksour) à cause de la
disponibilité de l'eau et de l'importante des espaces agricoles. Au
niveau des palmerais, contrairement à la montagne, les versants sont
en
pente douce, densément cultivés et
habités. A côté d'une économie agraire et d'un
habitat historique très typé qui semble modeste et « hors du
temps », nous retrouvons des grosses kasbah familiales d'une finité
architecturale et décorative surprenante en forme de «
châteaux » nobles qui dictent leurs silhouettes de façon
ponctuelle dans le paysage. La caractéristique majeure de cette
unité est la présence très marquante du palmier dattier,
l'emblème des oasis. La dominance de cet arbre et de l'importance du
paysage architectural indiquent une agriculture encore bien vivace.
Les plateaux désertiques (les Hamadas)
:
Les plateaux désertiques constituent l'essentiel du
territoire oasien. Ils s'étendent, sans aucun signe de vie, sur des
dizaines de kilomètres séparent les palmeraies les unes des
autres. Cette unité est un vaste espace géographique
orienté Nord-est/Sud-ouest qui délimite le territoire de la
réserve du côté de la frontière avec le territoire
algérien. Il est marqué en son milieu par la présence des
accumulations sableuses massives dont la plus grande est l'Erg Chebbi au sud de
la commune de Merzouga à Errachidia.
Figure 9 : Dunes de sable Merzouga au Sud-est de la ville
d'Errachidia.
Ces plateaux qui contiennent des complexes de l'art rupestre
parmi les plus célèbres en Afrique, vestige d'une
sédentarisation très ancienne, sont aujourd'hui un espace
à perte de vue ponctués par quelques rares «
vestiges » arborés. Ces plateaux
considérés comme espaces « stériles
» constituent pourtant un potentiel touristique inestimable.
La région de la réserve est notamment une étape importante
dans l'un des grands Rallyes internationaux du Sahara et connaît ces
dernières années un développement grandissant du tourisme
du désert.
Le paysage périurbain : expression d'une
multiplicité de composantes
Globalement, les zones périphériques des centres
urbains importantes ont toutes connues depuis les années 70 et
connaissent encore aujourd'hui une « colonisation » urbaine sans
cesse croissante.
Figure 10 : Le développement de l'habitat
périurbain en bordure des villes nouvelles et des Ksour et un facteur de
dégradation à la fois de détérioration du milieu
naturel et de modification des paysages.
Source : Adapté à partir de Plan
d'Aménagement de la municipalité de Goulmima (Errachidia)
Tenaillés entre d'un côté le
développement de l'urbanisation et de l'autre la préservation des
espaces agricoles, ces paysages périurbains sont le reflet de
l'hybridation des espaces ruraux et urbains. Il en résulte un
mélange hétéroclite de matérialités urbaines
et agricoles s'associant en de nouveaux motifs sans totalement éliminer
les anciennes trames. Aussi, n'est-il pas rare d'observer de grandes
résidences aux formes architecturales modernes construites à
coté de vieux Ksour. Ksar Targa, noyau historique de la ville
d'Errachidia, est l'expression type de ce paysage périurbain en
formation. L'urbanisation initialement concentrée autour du village
traditionnel composé de maisons anciennes, s'est progressivement
développé le long de l'axe de liaison entre le Ksar et le centre
ville. De part et d'autre de ce cordon urbain s'étend l'espace agricole
de la palmeraie composée de petites parcelles. Les nouvelles
constructions affichent leur modernité architecturale soit sous forme
d'habitat résidentiel isolé avec jardins car construites sur une
parcelle agricole, soit en de petits lotissements linéaires
d'organisation très compacte qui grignotent la palmeraie.
L'étendue de vue :
Symbole implicite, cet élément paysage
très remarquable dans les oasis est une donnée importante car
elle liée directement au relief moutonneux, au vallonnement et
à l'étendue des plateaux
désertiques. L'idée de voir loin, sans
qu'aucun obstacle n'arrête le champ de vision, le fait de
surplomber les paysages semblent être des données importantes
à la construction d'un paysage oasien authentique et participe
à sa typicité car dans les oasis, le panorama est une clé
essentielle qui contribue à la qualité des paysages.
Le palmier dattier :
Cet arbre millénaire, emblème des palmeraies,
figure en tête des symboles évocateurs dans le territoire oasien.
Nous pouvons dire que la réserve de biosphère des palmeraies a
besoin du palmier dattier pour fonder une partie de son identité; il en
est de même pour les habitants qui accordent tout leur
intérêt à la palmeraie, leur mère
nourricière. Ainsi définit, le paysage de la palmeraie suscite et
éveille chez les populations des oasis un sentiment de bien-être
et d'appropriation spatiale. Il ne s'agit pas uniquement d'une
matérialité paysagère ou d'un symbole concret, mais ce
sentiment contribue largement à la constitution d'un paysage
enraciné dans le mémoire collective. Les populations se sentent
bien dans le paysage qui les entoure et qui les enveloppe. Le paysage de la
palmeraie peut donc jouer un rôle sécuritaire car elle apporte un
sentiment d'appartenance. Pour les touristes, le paysage de la palmeraie
correspond à un idéal de vie. Ces derniers font
référence au paysage oasien et insistent sur celui-ci comme s'ils
souhaitaient montrer leur hostilité envers la civilisation de la ville.
Nous pourrions parler ici de ruralisme, idée selon laquelle les
individus ont souvent tendance à associer aux campagnes des valeurs
dites d'authenticité qu'on ne retrouverait plus ailleurs et notamment
dans les villes dont le développement paraît très souvent
abusif et artificiel. Dans le cas présent, les villageois incluent dans
leur paysage identitaire leurs lieux de vie, plus exactement et sans exception
leurs villages et à la commune où ils résident. Le lieu
de résidence constitue pour la plupart d'entre eux le point d'ancrage et
d'appartenance ultime, l'espace privilégié de la
territorialité d'où l'importance de la qualité de cadre de
vie pour une mobilisation collective. Ils privilégient aussi le
patrimoine architectural, ainsi que des vues de leur village. Ils mettent en
avant les images des lieux dans lesquels ils ont l'habitude de vivre. Et,
malgré le caractère personnel des choix, il se dégage une
tendance générale. Le paysage identitaire est
représenté par le village, par son cadre paysager, son terroir
agricole et par son architecture. Le village et la commune est le paysage
qui incarne au mieux l'identité des palmeraies. La palmeraie et le Ksar
constituent des emblèmes territoriaux. Ils sont les icônes du
territoire de la réserve de biosphère. L'existence d'un
emblème suppose que le lieu et l'élément concernés
puissent fixer spontanément des valeurs socioéconomiques et
condenser en particulier un grand nombre de caractères et d'attributs
que les professionnels de l'aménagement du territoire prêtent
à l'espace. L'affirmation d'un emblème résulte d'une
construction sociale. Un lieu est dressé en emblème
territorial (ou paysager) en raison des buts et des fins
poursuivis par la société locale.13
De ce fait, la typologie pour présenter les
matérialités qui entrent dans la construction des
préférences paysagères des habitants des oasis, s'appuie
sur la distinction qu'ils opèrent fréquemment entre
matérialités bâties (construites) et
matérialités non bâties
(végétales).14
1.4. Les palmeraies entre « espace ressource
» et « espace de consommation » :
Pour conclure ce chapitre et expliquer en partie les rapports
que les oasiens les oasis entretiennent avec le territoire qu'ils investissent,
il semble important de souligner la différence de considération
de l'espace habité qui apparaît nettement, dans les palmeraies,
entre les habitants des centres urbains et les villageois (les Ksouriens) ou
habitants des Ksour. Ainsi, pour les uns, l'espace qu'ils habitent est un
« espace de consommation ». Pour les autres il est avant tout un
« espace ressource » qui permet de produire des marchandises et des
biens de consommation familiale. Les terroirs villageois offrent aussi un cadre
de vie d'une qualité incomparable que les urbains ne connaissent pas
dans leur lieu de travail ou de résidence : beaux paysages,
tranquillité, calme, zones récréatives. Ils se
révèlent être dans la plupart des cas très
désireux de profiter de ces avantages offerts par l'entretien des
palmeraies. La relation qu'ils instaurent avec le territoire villageois semble
portée par l'intérêt, le profit et la volonté de
consommation. De fait, les gens des villes et les touristes de manière
générale poursuivent sur ces territoires une quête de
tranquillité, de réconfort et de calme. Autrement dit, ils sont
à la recherche du bonheur agreste. Pour les Ksouriens, le territoire
habité est avant tout une terre que l'on travaille de père en
fils, une terre qui leur a permis et leur permet encore aujourd'hui de se
nourrir et ce, particulièrement sur les territoires de la palmeraie. La
relation qui les lie au territoire qu'ils habitent est plutôt
portée par un attachement historique profond et sincère à
la terre. Bien que conscient de la qualité du cadre de vie dont ils
jouissent, leurs attitudes sont empreintes d'un sentiment qui mélange
identité, besoin économique, respect et affection à
l'espace qu'ils habitent. Partout dans la réserve, des interventions de
protection de l'environnement participent à une appropriation nouvelle
des paysages, il n'en reste pas moins que certaines mises en scène
stéréotypées, l'urbanisation contemporaine en particulier,
conduisent à l'abolition des valeurs de ces lieux singuliers et à
une banalisation croissante de leurs qualités intrinsèques. Face
à ce constat, une question clé s'impose : comment peut-on
travailler le regard porté sur le paysage des palmeraies et leur
spécificités environnementales afin d'engager une
réflexion collective pour parvenir à des interventions
recueillant l'adhésion des populations à un projet d'ensemble
?
13 LEVY J., LUSSAULT M., (2003),
« Dictionnaire de la géographie et de l'espace des
sociétés », Editions Belin, Paris
14 Idem
Pour prendre en compte le rapport des populations de la
réserve à leurs paysages et leurs réalités
environnantes, et leur faire émerger les conditions d'implication
à leur préservation et leur mise en valeur, une démarche
de projet participatif s'impose. Cette démarche doit préconiser
l'association de l'environnement et de développement et mettre de
l'avant une approche collaborative de gestion des ressources locales. Sur le
plan des interactions entre le paysage et l'environnement, cette
démarche du projet favorisera la mobilisation des différents
intérêts présents sur le territoire oasien en vue de
produire des paysages de qualité et les rendre économiquement
rentables.
CHAPITRE II : LE CADRE CONCEPTUEL
Le programme de l'UNESCO sur l'Homme et la
Biosphère (MAB) :
Le programme sur l'Homme et la biosphère (Man and
Biosphere) a été lancé par l'UNESCO en 197015
au départ dans 14 aires de projets couvrant
différents types d'écosystèmes.16
Ce programme a pour principale mission de réduire la
perte de la biodiversité à travers la promotion de la gestion
durable de l'environnement et des ressources naturelles au niveau mondial.
(Voir encadré n° 01)
Dans l'objectif de mettre en place des conditions favorisant
la réconciliation entre les êtres humains et leur environnement
global dans un système de biosphère, le travail du Mab s'est
concentré depuis son lancement sur le développement d'un
réseau mondial de réserves de
biosphère.17 Outil de mise en
oeuvre du programme Mab, ce réseau est conçu comme instrument de
coopération internationale,
15 Voir dates et
événements clés sur l'évolution de la nation de
réserve de biosphère et de leur réseau mondial dans «
Réserves de biosphère : des lieux
privilégiés pour les hommes et la nature », UNESCO,
2003, page 19.
16 Pour plus de détails voir
le site web du programme MAB :
http://www.unesco.org/mab/mabProg_fr.shtml
17 Cf. « A guide to
Biosphere Reserve Management: A methodology applied to French biosphere
reserves », UNESCO, 1998.
d'échange de connaissances, de recherche scientifique,
d'éducation et de surveillance environnementale. Sur le plan
institutionnel, l'organe principal du programme Mab, le Conseil International
de Coordination, habituellement appelé Conseil du Mab ou le
CIC,18 est composé de 34 États
membres élus par la Conférence générale (biennale)
de l'UNESCO est représenté au niveau de chaque pays membre (ayant
une réserve de biosphère sur son territoire) par un
Conseil National du Mab.19 Le
réseau mondial des réserves de biosphère compte
actuellement 411 réserves dans 102 pays dont 2 au Maroc : la
Réserve de biosphère de l'arganier (décembre 1989) et la
Réserve de biosphère des oasis du sud Marocain (novembre 2000).
L'adhésion du Maroc au programme Mab date de 1975, une année
seulement après son lancement, et un comité national fût
constitué sous la présidence du Directeur de l'Institut
Agronomique et Vétérinaire.
Le concept de « Réserve de
biosphère » :
Le concept de « Réserve de
biosphère » (RB) est un statut international d'aire
protégée développé par l'UNESCO à partir de
1974.20 Les réserves de biosphère
sont des aires terrestres ou aquatiques portant sur des
écosystèmes naturels ou des paysages reconnus au niveau mondial.
Elles couvrent la vaste gamme des zones naturelles de la biosphère
(hautes montagnes, plaines fortement affectées par l'action de l'homme,
régions côtières et insulaires, forêts tropicales,
déserts, régions polaires, etc.). Pour répondre aux
critères requis pour la désignation au titre du statut de la
réserve de biosphère, l'aire candidate doit en principe :
§ être représentative d'une grande
région biogéographique, incluant une série d'interventions
humaines existantes;
§ comporter des paysages, des écosystèmes,
des espèces ou variétés animales et
végétales qui ont besoin d'être conservés;
§ offrir des possibilités pour explorer et mettre
au point des modes de développement durable au niveau du territoire;
§ avoir une taille suffisante pour remplir les trois
fonctions attribuées aux réserves de biosphère
(conservation, développement et appui logistique);
§ comporter un système de zonage approprié,
avec des aires centrales ou zones de protection à long terme,
légalement établies, des zones tampon clairement
identifiées et une aire de transition entourant l'ensemble.
18 Pour plus de détails
voir le site web du CIC :
http://www.unesco.org/mab/icc.shtm
19 Les conseils nationaux du Mab
ont la charge de préparer les dossiers de proposition de réserves
de biosphère et de s'assurer le concours des
organisations gouvernementales, des institutions et des
autorités locales concernées pour la constitution du dossier.
Chaque proposition est évaluée par le Comité consultatif
sur les réserves de biosphère établi par l'UNESCO. Ce
comité formule des recommandations à l'attention de CIC qui
prend la décision de la désignation. Celle-ci est
communiquée par le Directeur général de l'UNESCO à
l'État concerné.
20 Voir questions sur les
réserves de biosphère :
http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/dossier257-1.php
Par ailleurs, le développement territorial durable doit
se traduire dans une réserve de biosphère par des pratiques
portant fondamentalement sur la compatibilité entre les
impératifs de conservation de la
biodiversité dans son sens large (biologique, écologique,
paysagère et culturelle) et l'amélioration des
conditions d'existence des populations.
Contrairement à une époque où la
conservation de la nature « était trop souvent
pensée comme devant fonctionner en circuit fermé, isolant une
aire naturelle de l'univers humain environnant »,21
les réserves de biosphère sont conçues pour
mettre en pratique un « concept ouvert » de
la gestion de l'environnement. Considérées comme étant
« des lieux privilégiés pour les hommes et la
nature»,22 les réserves de
biosphère préconisent ainsi une approche communautaire de gestion
qui s'appui sur la convergence de l'ensemble des intérêts
présents dans l'aire protégée et l'ouverture de celle-ci
sur son environnement humain et son interaction avec la région
géographique élargie à laquelle elle
appartient.23 De ce fait, une réserve de
biosphère est un terrain d'expérimentation de modalités
participatives de prise de décision en matière de la gestion de
l'environnement et de l'aménagement du territoire dans l'objectif de
leur protection à long terme.
Pour qu'une RB atteigne ses objectifs, le Conseil
International de Coordination du MAB recommande que les efforts de gestion de
l'environnement soient focalisés sur cinq domaines
d'activités24 :
§ Le maintien des systèmes écologiques et la
préservation de la diversité biologique, paysagère et
culturelle ;
§ L'exploration des approches innovantes pour
l'aménagement du territoire et la gestion durable des ressources
naturelles surtout au niveau des paysages ruraux.
§ La formulation et la diffusion des informations sur la
gestion durable des ressources naturelles et la promotion des comportements
correspondants ;
§ Le renforcement des capacités humaines et
institutionnelles de gestion de l'environnement
§ La contribution au système mondial d'observation de
l'environnement.
Les fonctions des réserves de biosphère
:
Le statut de la RB est destiné à assurer trois
fonctions complémentaires représentées par le
schéma suivant :
21 Cf. « Réserves
de biosphère : des lieux privilégiés...
» op.cit, page 17.
22 Inspiré du titre de la
publication de l'UNESCO « Les réserves de biosphère
: des lieux privilégiés pour les hommes et la
nature», Paris, UNESCO, Mars 2003.
23 Idem, page 17
24 Cf.
www.unwsco.org/mab/icc/shtml
Source :
http://www.agirpourlabiodiversite.fr/spip.php?article388
Figure 11 : Les trois fonctions des réserves de
biosphère
§ La conservation de la
biodiversité des écosystèmes, des espèces et des
ressources génétiques et des paysages;
§ Le développement économique
durable des points de vue socioculturel et écologique et;
§ L'appui logistique, pour soutenir et
encourager les activités de recherche, d'éducation, de formation
et de surveillance continue sur des problèmes locaux, régionaux,
nationaux et mondiaux de conservation et de développement durable.
Par ailleurs, les réserves de biosphère sont des
territoires représentatifs de paysages naturels et culturels
bénéficiant pour leur plus grande partie d'une protection
réglementaire. Contrairement à tout autre catégorie
d'aires protégées, les réserves de biosphère
englobent des habitats à intensités d'usages différentes
(Forêts, terrains cultivés, zones résidentielles, parcours,
milieux aquatiques, patrimoine culturel...), chacun de ces habitats peut se
présenter en trois états (i) état naturel
peu ou pas perturbé, (ii) état d'exploitation
plus ou moins équilibré au plan économique,
culturel et écologique, et (iii) état
dégradé. Chaque habitat peut éventuellement
évoluer d'un état à l'autre selon l'effet des facteurs
naturels et humains qu'il subit.
Le zonage d'une réserve de biosphère
:
Une réserve de biosphère est
caractérisé par un schéma de zonage en trois aires
délimitée chacune en fonction des composantes humaines,
environnementales et paysagères et de leur contribution au
développement de l'aire protégée. On distingue entre des
aires centrales ou de conservation, des zones tampon ou d'entretien et des
aires de transition ou de coopération : (voir schéma ci-dessous)
:
Copyright UNESCO /
www.unesco.org/mab
Figure 12 : le schéma de zonage d'une
réserve de biosphère
Un plan de gestion est élaboré dans chaque
réserve de biosphère pour les trois zones pour la mise en oeuvre
de statut et en conciliant les trois fonctions. En 1995, le concept de la
réserve de biosphère a été considérablement
révisé avec l'adoption par la Conférence
générale de l'UNESCO de la
«Stratégie de Séville »
pour les réserves de
biosphère.25
La « Stratégie de Séville »
sur les réserves de biosphère :
Déclarée par la Conférence internationale
de l'UNESCO réunie à Séville (Espagne) en mars
1995,26 il s'agit d'une stratégie
prospective du programme Mab consistant en une réflexion sur les RB au
21ème siècle. C'est un plan d'action commun qui met en
exergue le rôle que peuvent jouer les RB Voir dates et
événements clés sur l'évolution de la notion de
réserve de biosphère et du réseau mondial dans la
préservation de la diversité biologique au niveau mondial et la
protection des valeurs paysagères et culturelles grâce à
des pratiques durables d'aménagement du territoire. La stratégie
de Séville déclare que : « les réserves de
biosphère pourront devenir le théâtre de la
réconciliation de l'homme avec la nature. Elles
peuvent permettre de mettre en valeur les connaissances accumulées du
passé pour répondre aux besoins des générations
futures » et «servir à surmonter les difficultés
induites par le caractère sectoriel de nos institutions
».27 Cette nouvelle vision laisse comprendre que les
réserves de biosphère se situent dans un cadre intégrant
leur fonction de conservation aux défis du développement local au
mieux des intérêts des communautés locales présentes
et futures. Inscrite dans la logique du développement durable, la
stratégie de Séville renforce effectivement le principe de
gestion communautaire des ressources naturelles et de la participation active
et équitable de tous les acteurs présents au sein d'une RB.
En
25 Voir dates et
événements clés sur l'évolution de la notion de
réserve de biosphère et du réseau mondial dans «
Les réserves de biosphère : des lieux
privilégiés pour les hommes et la nature », op.
cit, page 19.
26 Cette Conférence a
rassemblé 387 participants de 102 pays et de 15 organisations
régionales et internationales.
27 « Les
réserves de biosphère : des lieux privilégiés pour
les hommes et la nature », op. cit, page 24.
raison de l'extrême diversité des situations
locales dans le monde, la stratégie de Séville est conçue
sous forme de recommandations générales et énumère
pas moins de 90 tâches devant être entreprises au niveau mondial,
national ou à celui de chaque RB, et donne les grandes lignes d'une
série d'indicateurs de performance. Ces tâches visent toutefois
à atteindre quatre objectifs bien définis. (Voir encadré
n° 02).
Plus que des simples aires protégées, les
réserves de biosphère sont aujourd'hui devenues des
véritables territoires d'expérimentation des approches de
développement durable en alliant connaissances scientifiques et
modalités de gouvernance. Elles favorisent l'étude des
interactions entres les populations d'un territoire et leur milieu de vie et
l'analyse des dynamiques spatiotemporelles de la formation/déformation
des paysages.28
28 Cf. le troisième axe
d'action du « Projet de programme 2006-2007 de l'UNESCO sur les
réserves de biosphère » mettant l'accent sur les
liens entre diversité biologique et diversité culturelle.
www.unesco.org/mab
CHAPITRE III : PRÉSENTATION DE LA RÉSERVE
DE BIOSPHÈRE DES OASIS DU SUD MAROCAIN (RBOSM)
Composé de trois provinces présahariennes
(Errachidia, Ouarzazate et Zagora) le territoire de la
réserve de biosphère est à cheval sur deux régions
économiques (Meknès-Tafilalet) pour la première
province et (Sous-Massa-Draa) pour les deux autres.
Figure 13 : Situation des provinces de la RBOSM par
rapport au découpage administratif du territoire national.
Située entre le Haut Atlas et le désert
saharien, la réserve de biosphère remplie la fonction d'une
barrière écologique accomplis contre la
désertification.29 Dans la région de
la réserve, le Présahara marocain est le mieux conservé du
fait de la position, de l'envergure et des altitudes du Haut Atlas qui en est
l'amont nourricier en eau et en sols. De ce fait, les oasis de la
réserve constituent « le principal système de
défense du monde tempéré contre les agressions du
désert ».30 Il s'agit d'une
zone tampon de l'Afrique du Nord dont la conservation est
primordiale pour le maintien des équilibres bioclimatiques globaux.
Des études de paléoclimatologie montrent que tout au long
de
29 Cf. le site web du « ArabMab
» le bureau Mab de la région arabe :
www.arabmab.net/searchresult.cfm
30 Idem
quaternaire, l'état de conservation de la zone
présaharienne a été un marqueur de la vitalité des
bioclimats de bassin méditerranéen confronté au
Sahara.31 La diversité biologique y est
protégée de la désertification et de l'ensablement par un
puissant système écologique doté d'une
agro-diversité très riche axée sur le palmier dattier est
soutenue par un mode de gestion ingénieux des ressources
naturelles.32 Le maintien de cette ceinture
écologique donc est crucial pour la pérennité da la
civilisation des palmeraies ainsi que pour la préservation du bioclimat
humide dans un domaine confiné au désert. Préserver
l'environnement dans les palmeraies c'est empêcher une dégradation
profonde de l'ensemble du bassin méditerranéen et éviter
ainsi l'altération de la circulation atmosphérique dans cette
partie de la planète. Mettre en valeur ses paysages remarquables c'est
renforcer la fonction de barrière écologique contre l'un des
déserts les plus redoutables de la planète. Malgré les
mutations modernes amorcées à l'époque du protectorat
française à partir de
1930, les oasis du sud Marocain conservent encore certains de
leurs fonctions écologiques importantes notamment à traves
l'agriculture étagée soutenue par un système d'irrigation
ingénieux par les Seguias ou les Khettaras.33
L'adaptation aux conditions du milieu, assez confiné
entre la montagne et le désert, a créé une
véritable civilisation de l'aride disposant d'une large palette de
diversité de systèmes naturels et de paysages et dont la
caractéristique majeure est l'économie de l'eau et l'exploitation
parcimonieuse des ressources naturelles. Le palmier dattier qui constitue la
charpente de l'économie oasienne compte 223 variétés. Les
variétés de la faune et de la flore, avec un taux
d'endémisme très important, sont fortement adaptées aux
rigueurs du climat.
Le zonage de la RBOSM :
Le zonage en « grappes » a été retenu
compte tenu de la diversité des habitats naturels et des paysages des
oasis de leur grande variabilité géomorphologique. Les trois
unités de zonage se présentent comme suit :
31 Idem
32 En plus des espèces
végétales locales comme le palmier dattier ou animales comme la
dromadaire, la biodiversité des oasis compte principalement pour la
flore (le Cèdre de l'Atlas, le Genévrier thurifère,
l'Eucalyptus, le Tamarix, l'Acaccia raddiana) et pour la faune (le Mouflon,
la Gazelles, la Panthère en perdition, le Fennec et le Chat des
sables).
33 L'irrigation se base dans les
oasis sur des systèmes hydrauliques traditionnels tels que les
Séguias (canaux d'irrigation) et les Khettaras (galeries
sous terraines). Le premier est utilisé dans les
palmeraies proches des oueds. La construction de petites digues en amont des
palmeraies permet de canaliser les eaux des sources vers les terrains de
cultures par un réseau de canaux d'irrigation. Par contre, dans les
palmeraies éloignées des oueds et où les eaux du surface
font défaut, les agriculteurs construisent des galeries souterraines
sous forme de puits successifs pour drainer les eaux enfouies dans le sol,
jusqu'à l'air libre par simple gravitation.
Figure 14 : Carte de zonage de la RBOSM
Les aires centrales :
Elles sont constituées d'un réseau de 7 Sites
d'Intérêt Biologique et Écologique (SIBE) et de 2 Parcs
naturels et totalisant une superficie de 516.050 ha, soit 5.2 % de la
superficie totale de la réserve.34 Leur
fonction essentielle consiste à préserver la diversité
biologique et paysagère des écosystèmes d'altitude et
sauvegarder leurs ressources naturelles notamment l'eau.
Les zones tampon :
Elles correspondent aux palmeraies traditionnelles proprement
dites et couvrent une superficie d'environ 129.108 ha, soit 1,3 % de la
superficie totale de la réserve. Leur principal rôle consiste
à entretenir les ressources naturelles (le palmier dattier, les terres
agricoles et les systèmes traditionnels d'irrigation) et sauvegarder le
patrimoine culturel et les valeurs paysagères qu'il suscite.
Les aires de transition :
Elles correspondent aux terrains d'extension agricoles et aux
espaces intermédiaires qui se prêtent à l'extension
à court ou à moyen terme. La superficie totale de cette zone est
de l'ordre de 23.980 ha, soit 0,02 % de la superficie totale de la
réserve de biosphère. Bien que leur superficie soit
limitée,
34 Cf. le Plan Directeur des Aires
Protégées du Maroc, Direction des Eaux et Forêts, 1993.
elles sont appelées à jouer un rôle
capital dans le développement durable des oasis compte tenu des
potentialités qu'elles recèlent et surtout compte tenu de la
substituabilité qu'elles permettent à l'exploitation des
ressources naturelles dégradées des zones centrales.
Le statut de la réserve de biosphère :
enjeux et opportunités pour le développement des palmeraies du
sud Marocain :
La préservation à long terme de l'environnement
et du paysage requiert une connaissance approfondie des systèmes
naturels et des espaces territoriaux et des processus qui les
caractérisent. Ils offrent des opportunités uniques
d'étude du milieu et constituent de précieux cadres de
références pour évaluer l'influence des activités
humaines. Pourtant, en dépit de l'évidente importance de
l'environnement et du paysage pour la recherche scientifique
opérationnelle au service de développement, on souffre d'un
manque de connaissances scientifiques de base sur beaucoup de questions. Ceci
peut être attribué au manque d'intérêt à la
recherche sur ces deux paramètres auxquels on n'accorde pas de place
dans les décisions d'aménagement. L'intérêt du
statut de la réserve de biosphère est effectivement le fait qu'il
soit concerné par l'ensemble des thématiques soulevées par
l'environnement et la paysage, qu'il s'agisse du développement et
de la mise en oeuvre de méthodes d'analyse, d'évaluation des
interactions dynamique des communautés/milieu de vie ou du renforcement
de stratégies de conservation. Dans ce sens, ce label offre des
opportunités énormes pour sauver les oasis du sud Marocain et
renforcer leurs fonctions économiques et écologiques. Pour
répondre à ce besoin qui se fait sentir dans les oasis
majoritairement en crise, le statut de la réserve de biosphère,
comme modèle universel de conservation et de développement
durable, offre des solutions pratiques de manière à mieux
maitriser les problèmes posés par la conservation, la gestion et
la mise en valeur dans les oasis.
Des partenariats à construire :
Réponse privilégiée aux problèmes
de conservation et de développement, le statut de la réserve de
biosphère est aussi un instrument de dialogue et de concertation pour
une gestion durable de l'environnement et des ressources
naturelles.35 Un cadrage opérationnel,
défini par les objectifs de conservation et gestion durable exige que
les problèmes soient posés dans un espace vu sous
différents angles : écologique, humain et
économique. Un espace où intervient une multitude
d'acteurs. La caractéristique majeure des
réserves de biosphère c'est qu'effectivement qu'elles sont des
territoires où les questions relatives aux systèmes naturels,
à la biodiversité et à la dynamique
35 Voir «
Biodiversité et acteurs : des itinéraires de concertation
», in Réserves de biosphère : notes techniques,
Chapitre III, pp 43-64, publication du Mab, Mai 2006
des paysages sont d'abord posées dans des espaces
habités par des hommes, des champs, des forêts, des milieux
urbains, des espaces qui relèvent de l'aménagement du territoire.
De ce point de vue, on comprend pourquoi le lancement du programme sur l'Homme
et la biosphère a marqué une rupture majeure dans les
politiques de protection de l'environnement. Elles le sont parce qu'elles
partent d'interrogations et de réflexions sur les relations entre les
sociétés humaines et leur environnement. Comme l'indique le titre
d'une intéressante publication de l'Unesco « Les
réserves de biosphères : milieux privilégiés pour
l'homme et la nature », elles ont été
conçues pour répondre à l'une des questions centrales de
développement durable : comment concilier la conservation de la
biodiversité avec un développement social et économique
des populations qui en dépendent ?
DEUXIÈME PARTIE :
ENVIRONNEMENT ET PAYSAGE: ASPECTS DE DÉGRADATION
ET PERSPECTIVES DE SAUVEGARDE ET DE MISE EN VALEUR.
CHAPITRE I : LE DIAGNOSTIC ENVIRONNEMENTAL ET PAYSAGER
DES PALMERAIES DE LA RBOSM :
Les facteurs naturels :
De nos jours, de lourdes menaces pèsent sur les
palmeraies du sud Marocain à tous les niveaux. Elles réunissent
des contraintes environnementales de taille et des facteurs de
dégradation y sont à l'oeuvre sous l'effet d'un modèle du
développement urbain inapproprié. Partout le constat de crise est
presque le même : la rareté des ressources en eau,
l'érosion des terres agricoles, la dégradation des paysages
naturels et culturels, la disparition des systèmes traditionnels
d'irrigation, le dessèchement des palmiers dattiers, la
désertification quasi-constante, la perte de la biodiversité, le
déclin des productions locales et l'exode rural en sont quelques signes
avant-coureurs. De bout à l'autre du territoire de la RBOSM, les
ressources naturelles sont soumises à de multiples formes de pression
menaçant des équilibres écologiques fragiles. Les facteurs
de dégradation sont physiques, liées essentiellement à la
sécheresse et à la désertification, et anthropiques
à cause des modes inadaptés de l'exploitation de l'environnement
et de l'occupation du sol.
L'eau : patrimoine et source de vie :
La situation hydrique des oasis de la réserve de
biosphère est aujourd'hui alarmante. Une nouvelle gestion de l'eau dans
les pratiques d'irrigation est aujourd'hui nécessaire. Devant la
gravité de ce problème, accentué par le contexte de la
désertification dans lequel évolue le sud Marocain en
général et les palmeraies de la réserve de
biosphère en particulier, une prise en main par les pouvoirs publics de
la crise de l'eau semble nécessaire. Si l'on se situe à
l'échelle de la RBOSM, les oasis par leur situation au piémont
du Haut Atlas Oriental, constituent le dernier rempart pour protéger ce
château d'eau contre l'avancé du désert. Il est essentiel
d'y garder une activité agricole soutenue pour assurer la
pérennité de cette région guetté par la
désertification. Le problème dépasse les palmeraies
proprement dites; il concerne l'ensemble du territoire national, voire du
bassin méditerranéen, dans la mesure où les oasis
constituent une barrière écologique de défense contre le
désert. La sauvegarde des oasis doit se faire non pas seulement dans le
seul souci de maintien des paysages verdoyants, mais aussi en vue de renforcer
leur fonction écologique protectrice.
L'agriculture : une activité en déclin
:
L'écosystème oasien tire ses
spécificités majeures dans les pratiques de l'agriculture
irriguée en étages (les cultures légumineuse et
fourragères, les arbres fruitiers et le palmier dattier). Agriculture
paysagère par excellence, cette activité se
trouve actuellement en déclin suite aux mutations
socioéconomiques et spatiales engendrées par l'ouverture des
oasis sur les grandes villes. Aujourd'hui, les choses prennent une tournure
préoccupante avec des conséquences écologiques,
socioéconomiques et politiques fort inquiétantes. Partout le
travail de la terre est en crise. Dans la seule région de Draa
(Province de Ouarzazate) les superficies cultivables ont baissé de
plus de
20%, les productions de 16%, les niveaux d'intensification de
45%, et le palmier dattier a vu sa production chuter de 34%.36
La crise du secteur agricole est particulièrement
accompagnée d'une crise dans les paysages ruraux. Malgré leur
éloignement de l'influence directe des grandes métropoles
urbaines comme Meknès, Fès et Marrakech, les espaces ruraux
de la réserve sont en retrait. La dégradation des paysages
suite à la sécheresse et l'abandon de l'agriculture
étagée et l'un des principaux aspects de la crise
écologique des palmeraies. Dans ce contexte, les
événements s'enchaînent rapidement; le
déclin de l'agriculture traditionnelle entraine la perte des emplois et
la faible diversification du tissu économique qui aboutissent à
terme à une marginalisation des oasis qui se dépeuplent
progressivement.
L'aridité du climat :
L'ouverture de la réserve de biosphère sur le
désert saharien fait de l'aridité un phénomène
structurel entrainant une désertification quasi-constante. Le climat
caractérisé par une longue période estivale très
chaude (mai - octobre) associé à une pluviométrie faible
et très irrégulière amplifient ce phénomène.
Les pluies, qui tombent souvent à la fin de l'automne et au début
de l'hiver, sont inefficaces pour la régénération de la
végétation qui pousse essentiellement au printemps. Elles sont
aussi souvent torrentielles favorisant le ruissellement et l'érosion des
terres cultivables. De ce fait, l'aridité du climat est un handicap
majeur au développement économique des oasis et à leur
intégrité écologique. La situation s'aggrave d'une
année à l'autre et aucun projet environnemental ou agricole
ne pourra aboutir sans prise en compte de cette contrainte climatique
majeure.
L'érosion hydrique et éolienne
:
Parallèlement à l'appauvrissement du couvert
végétal sous l'effet de la sécheresse, l'érosion
hydrique et éolienne s'élargit très rapidement. Dans les
communes limitrophes au domaine saharien, ce phénomène a
déjà atteint un seuil critique comme cela est illustré
dans la figure suivante :
36 Stratégie
d'aménagement et de développement des oasis au Maroc, rapport de
deuxième phase, MATEE-DAT/DIRASSET 2003, page 149
Figure 15 : La disparation du périmètre
agricole et le desséchement de la palmeraie de Rissani à
Errachidia entre 1987 et 2007 sous l'effet combiné de la
sécheresse et l'érosion éolienne.
Associées à des orages en période
d'été, les pluies brutales et aléatoires entraînent
des écoulements violents facteurs essentiels d'érosion hydrique
observée particulièrement sur les berges des oueds. En cas de
crues, les oueds gonflent en quelques minutes et ravagent sur leurs parcours
des terrains de culture, des habitations en terre et des infrastructures.
L'accident du relief aggrave l'effet érosif et les terrasses des
palmeraies perdent annuellement une grande quantité d'alluvions
drainées par l'eau. Aussi en période d'été, des
vents très chauds et violents pouvant atteindre une vitesse maximale de
65 km/h sont fréquents. Ils amplifient la sécheresse et
entrainent une érosion éolienne phénoménale.
À l'extrême Est et Sud-est du territoire de la réserve, le
vent conduit à la formation d'importantes dunes du sable.
Figure 16: Sapement des berges dans la palmeraie de
Goulmima (Errachidia)
Figure 17 : Desséchement des palmiers dattiers
à cause de tarissement des eaux de la nappe dans la palmeraie de Tinjdad
(Errachidia).
Dans cette zone, l'érosion éolienne se manifeste
par des aires gigantesques de drainage et de dépôts du sable et
agit principalement par l'envahissement des terroirs villageois et leurs
périmètres agricoles.
La désertification :
Les zones frontalières de la réserve ouvertes
sur le désert sont en majorité touchées par la
désertification à cause de l'ensablement. Ce
phénomène a existé de tout temps dans les oasis, mais
ses effets sur l'environnement et le paysage ont particulièrement
été accentués ces dernières
décennies.37 Ce n'est qu'à partir des années
1970 que ce problème est devenu une menace majeure au
développement local des oasis se traduisant en particulier par
l'envahissement des canaux d'irrigation et par les coupures fréquentes
de la circulation sur les principaux axes routiers par des
accumulations gigantesques du sable. Les techniques
traditionnelles développées par les populations locales pour la
lutte contre l'avancé du désert ne sont plus en mesure de
maitriser la situation. Les paysans en particulier se plaignent de ce
fléau qui les empêche de cultiver des superficies de plus en plus
importantes de leurs terres. Dans la seule palmeraie de Boudnib (à l'Est
de la province d'Errachidia) la superficie ensablée en 2004 est
estimée à 110 ha de terrains agricoles. L'encadrement technique
et l'engagement des associations dans des projets de lutte
contre l'ensablement doivent être
renforcés.38
Les facteurs humains :
La dégradation du couvert
végétal :
Aux conditions climatiques très sévères
s'ajoutent une série de facteurs humains. En ce qui concerne la
dégradation du couvert végétal sous l'effet de la pression
anthropique, le surpâturage est un exemple spectaculaire.
37 Au cours du 20ème
siècle, les oasis du sud Marocain ont connu plusieurs cycles de
sécheresse : 1913-1918; 1927-1931; 1933-1939; 1945-1947; 1955-1957;
1973-1976; 1979-1984 et 1987, et plus récemment la sécheresse de
1993-1995.
38 Dans la province d'Errachidia,
le phénomène d'ensablement prend une ampleur de plus en plus
grande. Parmi les zones les plus touchées, on peut citer : Jorf, Hanabou
et Fezna. Cette situation a donné naissance à un travail
associatif très important; l'exemple de l'Association de Lutte Contre
la
Désertification et la Protection de l'Environnement
crée en 1998. Un autre projet illustre ce rôle associatif dans la
réalisation et la réussite des projets de lutte contre
l'ensablement. Il s'agit de l'Association Al Amal, créée en 2000.
Le projet est financé par l'Agence de Développement Social et le
Ministère de l'Environnement pour un montant de 15 millions de DH. Il
consiste à protéger la palmeraie de Hanabou par une fixation
mécanique des dunes (5 ha) et un reboisement avec l'utilisation du
système d'irrigation goutte à goutte.
Figure 18 : Le surpâturage exerce une forte
pression sur le couvert végétal dans les zones de montagne
(Imilchil, Errachidia)
L'élevage qui occupe une place importante dans
l'économie locale participe à la dégradation des
ressources naturelles. Les effectifs du cheptel montrent notamment une charge
remarquablement élevée par rapport aux superficies des parcours
lesquels sont en dégradation grandissante par les effets de
sécheresse et de désertification susmentionnés. Aussi,
pour répondre aux besoins domestiques en énergie, les habitants
s'attaquent aux espèces ligneuses qui composent la steppe des parcours
environnants les villages et les palmeraies. L'absence d'alternatives
énergétiques entraine l'arrachage anarchique du bois de chauffe
particulièrement dans les zones de montagne.
Figure 19 : L'arrachage anarchique du bois de chauffe
menace les espèces ligneuses (Imilchil, Errachidia)
Le risque de salinité des sols :
La salinité des sols est un autre aspect
inquiétant de la crise écologique dans la réserve. Les
taux de salinisation des terres ont augmenté ces dernières
années suite à la multiplication des dispositifs du pompage des
eaux souterraines. Actuellement, dans les zones où la nappe
phréatique est de faible profondeur (7 à 10 m), l'eau remonte par
capillarité et crée des dépôts de sels en surface.
L'étalement périodique des eaux d'irrigation favorise
l'évaporation et la concentration des sels dissous dans le sol. Aussi,
la multiplication des barrages collinaires et l'extension des surfaces
irriguées en amont ont réduit la progression des crues vers les
zones avales. Les sels fossiles des
structures géologiques des oueds sont progressivement
remis en solution puis redistribués et fortement concentrés en
certains endroits.39 Dans la région de
Figuig, pour minimiser les effets de la salinité des eaux et permettre
aux agriculteurs la mise en valeur de leurs terrains, les responsables locaux
ont eu l'idée de ramener l'eau douce d'une source située à
4 km du village. L'eau arrive dans un grand bassin puis est distribuée
aux 250 bénéficiaires à un prix de 25 DH/heure.
Après sa réalisation, ce projet est géré
actuellement par les paysans eux même.
Les risques liés aux aménagements
hydrauliques :
Pour éviter les effets dévastateurs des grandes
crues, les pouvoirs publics ont construit après les inondations de 1965
le barrage Al-Hassan Eddakhil sur l'Oued Ziz à Errachidia et Al-Mansour
Eddahbi sur l'Oued Draa à Ouarzazate. Les risques liés à
ces aménagements concernent particulièrement :
· Le tarissement de nombreuses sources d'eau et
l'irrégularité des régimes des oueds;
· L'accroissement de la salinité des sols, la
limitation des apports en limons fertilisants et la réduction des
recharges naturelles des nappes phréatiques;
· Des perturbations énormes dans la dynamique des
nappes qui assuraient auparavant l'humidification des sables et leur fixation
(une humidité de 2 à 3% des sables est suffisante pour soustraire
les dunes du sable de la prise des vents);
· Avant la construction de ces deux grands barrages, les
écoulements étaient plus continus dans les oueds, ils
permettaient l'évacuation plus en aval d'une partie des sables
piégés dans les canaux d'irrigation, et d'autre part
assuraient une humidité dans les lits d'oueds, même ceux
en aval, humidité qui les retenait sur place grâce à la
végétation
39 Dans la région de
Figuig, pour minimiser les effets de la salinité des eaux et permettre
aux agriculteurs la mise en valeur de leurs terrains, les responsables locaux
ont eu l'idée de ramener l'eau douce d'une source située à
4 km du village. L'eau arrive dans un grand bassin puis est distribuée
aux 250 bénéficiaires à un prix de 25 DH/heure.
Après sa réalisation, ce projet est géré
actuellement par les paysans eux même.
qui s'y développait. Or depuis l'édification des
barrages, les écoulements ne se font plus que par lâchers (deux
à trois par an).
· La perturbation des anciens systèmes
hydrauliques et l'exclusion des communautés paysannes locales dans la
gestion des eaux centralisée par l'État de manière
à répondre aux besoins des cultures stratégiques (les
céréales). Alors que les populations souhaitent des lâchers
de barrages favorables aux cultures maraîchères et donc plus
nombreuses et plus rapprochées dans le temps. Pour les
communautés oasiennes habituées à l'autogestion ces
mutations sont pour beaucoup dans la dégradation des traditions
communautaires.
Un des résultats les plus dramatiques de ces
aménagements est le tarissement des systèmes traditionnels de
drainage des eaux souterraines (Khettaras). Avec l'augmentation des besoins en
eau, le recours aux puits profonds et leur équipement en motopompes fait
actuellement l'unanimité du choix de la majeure partie des agriculteurs.
Il est vrai que les techniques modernes de pompage ont conduit à la
régénération des terrains agricoles abandonnés
à cause de la sécheresse, voire même, dans certains cas,
à l'apparition de nouvelles petites oasis sur des terrains nouveaux,
mais ces techniques sont loin d'être une réponse durable à
la crise d'irrigation dans les palmeraies. Ces techniques ont par exemple
provoqué une baisse spectaculaire du niveau piézométrique
des nappes, des débits de sources et des oueds ainsi que le
desséchements des puits peu profonds. La substitution de la motopompe
familiale à la Khettara communautaire n'est pas seulement une
mutation technologique, mais elle est aussi l'expression d'une mutation
sociologique qui fait prévaloir l'individu sur les structures
lignagères traditionnelles fondées sur l'entraide et la
solidarité du groupe. Les risques environnementaux qui viennent
d'être cité sont connus depuis longtemps dans les oasis du sud
Marocain, mais avec beaucoup moins de gravité qu'actuellement. Des
risques sérieux liées à l'urbanisation sont apparus et
commencent à prendre de l'ampleur.
Les risques liés à l'aménagement
urbain :
a. Les problèmes d'assainissement :
Les palmeraies de la réserve connaissent depuis
quelques décennies une urbanisation vertigineuse. Ce
phénomène est toutefois accompagné d'une infrastructure
urbaine très modeste et parfois absente dans certaines communes. C'est
ainsi que la quasi-totalité des secteurs urbains ne sont pas
raccordées aux réseaux d'assainissement. Dans les zones
résidentielles en prolifération à l'intérieur des
palmeraies, le recours aux fosses septiques et aux puits perdus constitue un
danger majeur de contamination des eaux des nappes qui sont à
une profondeur moyenne de 15 à 20 m.
L'assainissement autonome qui est le choix le plus courant
dans ces secteurs d'habitat à haut potentiel environnemental
représente un danger majeur pour la santé et pour
l'environnement. En milieu urbain, les réseaux d'égout sont
majoritairement de type unitaire et se trouvent généralement dans
un mauvais état à cause de manque d'entretien. Dans certaines
zones, ces réseaux n'assurent plus leur rôle de collecte et de
drainage, et les eaux usées sont déversées directement et
sans traitement préalable dans les oueds ou, parfois, utilisées
comme eau d'irrigation sur des périmètres agricoles ou
maraîchers. Leur utilisation en maraîchage constitue
également un risque bactériologique grandissant à la fois
sur la santé publique, le milieu naturel et la qualité des
paysages.
b. Les déchets solides :
Le traitement des déchets ménagers solides se
limite essentiellement à leur mise en décharge où ils se
décomposent par aérobie (en plain air). Dans les trois villes
chef-lieu de province et les municipalités, une
récupération des plastiques se fait sur certaines
décharges, mais les réductions qu'elle entraîne est
relativement minime. L'inadéquation des sites des décharges
provoque des nuisances olfactives considérables et des impacts paysagers
très importants. Cela favorise l'infiltration des lixiviats dans le sol
et plus particulièrement vers les aquifères souterrains et les
cours d'eau. Ce processus entraine la prolifération des poches de
dégradation écologique et paysagère dont l'ampleur est
liée à la taille, à la nature et à l'emplacement
des dépôts des rejets. Dans la majorité des cas, ces
dépôts sont situés à l'entrée des villes et
des communes le long des routes offrant un spectacle déplorable. Le vent
éparpille les sachets plastiques, constituant une pollution
paysagère manifeste.
1.2. L'incidence paysagère de l'urbanisation
:
Les nouvelles tendances de l'occupation de l'espace,
particulièrement, l'expansion de l'urbanisation contemporaine
accélèrent le processus de dégradation du milieu naturel
ce qui n'est pas sans conséquences sur l'appauvrissement des paysages.
La perte de la biodiversité ne ressort elle pas de la banalisation des
paysages ?
Figure 20 : Occupation typique de l'espace d'une zone
tampon (palmeraie) de la réserve. (Goulmima, Errachidia)
Il y a lieu donc de s'interroger sur la qualité du
cadre de vie; une préoccupation qui intéresse à la fois
les acteurs du développement local, les professionnels de
l'aménagement du territoire, les services chargés de la
gestionnaire de la réserve et les associations actives dans le domaine
de la protection de l'environnement. On parle de l'abandon de l'habitat
traditionnel et de sa mise à distance par rapport aux nouveaux centres
urbains. L'affrontement entre les Ksour et le nouvel espace urbain modifie les
paysages des palmeraies et tend à bouleverser le fonctionnement des
systèmes naturels et les valeurs de l'organisation sociale. On est en
face à un chaos de formes qui entraîne banalisation et perte de
repères. Quelque soit l'endroit où l'on se trouve dans le
territoire de la réserve de biosphère, l'urbanisation est
destructrice, le mitage se développe avec une multiplication le plus
souvent désordonnée et donne un parfait exemple de banalisation
et de dépaysement. Les entrées des communes rurales et des
municipalités avec des ronds points maigres et banals sont une typologie
de falsifications. Les nouveaux quartiers qui se développent aux
alentours de l'habitat historique des Ksour garnis d'une fausse empreinte
citadine intègrent dans le milieu oasien une dépersonnalisation
flagrante.
1.3.1. La banalisation du paysage par les voies de
circulation automobile :
En principe, chaque mode de transport produit un paysage qui
se dégradé. Dans les palmeraies de la réserve, les voies
goudronnées qui lient les centres urbains et les communes rurales
traversent les
périmètres agricoles et les terroirs villageois.
Ses voies de circulation des hommes et des biens s'avèrent être
une infrastructure génératrice de dégradations multiples
des villages et des paysages naturels et culturels qui les entourent. Tout le
long de ces routes, l'urbanisation se prolonge, les terres agricoles
disparaissent, la forêt du palmier dattier se rétrécisse,
le réseau d'irrigation se détruit et le paysage s'enfuit. Les
architectures traditionnelles qui longent la route étaient les premiers
éléments du paysage à perdre leurs qualités
pittoresques et de plus on s'éloigne de la voie de circulation de plus
la palmeraie conserve son potentiel écologique et ses
caractéristiques paysagères authentiques.
13.2. La route : facteur accélérateur de
l'éclatement et de la dégradation des villages :
Le passage d'une route à proximité d'un village
ou à travers son terroir accélère l'éclatement et
la dégradation de celui-ci. Dans la plupart des cas, la route a
était le facteur incitant les Ksouriens à abandonner leur habitat
traditionnel pour bénéficier des avantages de proximité
que leur offre la route. Pour cette raison, les Ksour les mieux
conservés sont ceux éloignés des voies d'accès.
Figure 21 : La route principale n° 21 (Errachidia -
Erfoud) traverse la zone de concentration des Ksour dans la vallée de
Ziz à Errachidia.
Figure 22 : La RP n° 21 longeant les Ksour de la
vallée.
Figure 23: La route accélère l'abandon et
l'éclatement des villages et entraîne un développement
linéaire de l'habitat extramuros.
Le gain de proximité dont les riverains d'une route
prétendent bénéficier se trouve concrètement
annulé de point de vue de la dégradation du cadre de vie et de la
banalisation du paysage engendré par l'abandon de leur milieu d'habitat
livré à la ruine. Les constructions nouvelles qui le remplacent
contredisent les lignes de force du développement local car elles
effacent l'originalité du village et intègrent des mises en
scène architecturales hostiles au paysage et à la qualité
de l'environnement.40
1.3.3. L'attractivité illusoire du modèle
urbain :
La diffusion des l'habitat post-ksourien
41 sous forme de quartiers extra-muros,
conséquence de l'éclatement des Ksour et de la
dépréciation généralisée de l'habitat
traditionnel, oppose banalisation à authenticité. Cette forme
d'urbanisation trop banale, car elle procède par mimétisme, et ne
fait jamais appel au passé, où les lotissements se ressemblent
est synonyme d'uniformisation et de falsification de l'identité
territoriale des palmeraies de la réserve. Faits de matériaux de
construction non adaptés aux conditions climatiques
sévères, (béton armé, brique de ciment, verre,
acier), sans espaces verts, sans infrastructures ni services de base. Les
constructions contemporaines font preuve d'une pauvreté d'imagination.
La rupture qu'elle marque par rapport au contexte urbanistique et paysager
immédiat et le maque d'identité qu'elles manifestent en sont les
caractéristiques les plus frappantes. Cette urbanisation est une forme
d'acculturation territoriale qui développe des comportements
individualistes. Parce que le paysage est fonction de pouvoir ou d'absence de
pouvoir, si dans les conditions du développement urbain de la
réserve le paysage de la palmeraie est dégradé, c'est
par défaut d'autorité et des règlements peu ou pas
appliqués. La loi sur le patrimoine culturel (loi
22-80) et le code d'urbanisme (la loi 12-90) et
surtout le permis de construire sont dérégulés en
permanence et n'ont pas d'effets à cause de l'absence d'autorité
pour l'appliquer. Dans la zone d'étude, la banalisation des paysages
ruraux et urbains a des répercussions qui vont au-delà de la
simple altération visuelle ou picturale. Elle a aussi des
retombées économiques considérables dans ce sens où
la dégradation de la qualité paysagère entraîne la
perte d'un potentiel fondamental à l'économie de tourisme
culturel et écologique, pilier important du développement des
oasis. Il est essentiel donc de contenir les changements du mode d'habitat en
vue de les orienter et les organiser afin de réduire la
dégradation urbaine et les déviations paysagères qui s'en
suivent. Il convient de tracer une politique de sauvegarde et de
réhabilitation,
40 Les nouvelles constructions qui
remplacent l'habitat historique ne manquent pas seulement de
l'esthétique mais aussi des infrastructures et des services sociaux de
base. Les eaux usées sont rejetées dans des fosses sceptiques
creusées dans le jardin de l'habitation et des inquiétudes
commencent déjà à s'installer par rapport à la
qualité des eaux de la nappe.
41 Dans l'évolution
générale de l'habitat des oasis, le terme habitat «
post-ksourien » désigne les zones résidentielles
qui se sont développées autour
des Ksour et en de leurs murailles comme forme d'habitat
postérieure au mode traditionnel. L'apparition de ce mode d'habitat
faisant usage de béton armé et de la brique du ciment et d'un
tracé où les habitations ont passé de la forme
agglomérée à la forme en parcellaire illustre le malaise
de l'urbanisation contemporaine des oasis et ses effets sur la
déstructuration économique de la société oasienne
et la disparition des ses valeurs socioculturelles.
voire de modernisation, des principaux Ksour
d'intérêt historique, paysager et écologique. On pourrait
envisager l'implication des opérateurs privés pour leur
reconversion en équipements touristiques (les auberges, les maisons
d'hôtes...) ou en équipements de loisirs et de culture (les
écomusées, les maisons d'arts et des métiers
traditionnels, les centres culturels, les maisons de jeunes, les centres
cinématographiques, etc.). Les nouvelles constructions qui remplacent
l'habitat historique ne manquent pas seulement de l'esthétique mais
aussi des infrastructures et des services sociaux de base. Les eaux
usées sont rejetées dans des fosses sceptiques
creusées dans le jardin de l'habitation et des inquiétudes
commencent déjà à s'installer par rapport à la
qualité des eaux de la nappe. Dans l'évolution
générale de l'habitat des oasis, le terme habitat « post-
ksourien » désigne les zones résidentielles qui se sont
développées autour des Ksour et en de leurs murailles comme forme
d'habitat postérieure au mode traditionnel. L'apparition de ce mode
d'habitat faisant usage de béton armé et de la brique du ciment
et d'un tracé où les habitations ont passé de la forme
agglomérée à la forme en parcellaire illustre le malaise
de l'urbanisation contemporaine des oasis et ses effets sur la
déstructuration économique de la société oasienne
et la disparition des ses valeurs socioculturelles.
1.4. L'impact environnemental de l'urbanisation
:
Il est vrai que la transformation des palmeraies d'une
société agraire à une société urbaine offre
des opportunités considérables du développement local.
Pourtant, les manifestations de ce phénomène dans le territoire
de la réserve posent d'énormes problèmes de maîtrise
et d'encadrement.
Figure 24 : Catégories des communes et
densité démographique dans les provinces de la RBOSM en
2004
Figure 25 : Carte des palmeraies traditionnelles (zones
tampon de la RBOSM)
La concentration des avantages socioéconomiques de
l'urbanisation (l'emploi, l'éducation, la santé et les conditions
d'habitat) dans les centres urbains et les municipalités, au lieu de
favoriser le développement local entraine le basculement des populations
rurales vers les communes urbaines
favorisées par les politiques d'aménagement et
du développement. L'accroissement de la population urbaine suite
à cette dynamique d'immigration interne entraine la concentration des
activités économiques et des populations sur les zones tampon de
la réserve constituées des palmeraies traditionnelles qui sont
les seuls espaces vivriers de la réserve. La superposition des deux
cartes précédentes (figure 24) avec celle des palmeraies
traditionnelles (figure 25) illustre parfaitement le phénomène de
la pression anthropique sur les palmeraies ce qui signifie un
empiétement progressif sur les terrains agricoles. Il y a lieu de
s'interroger sur les mesures nécessaires pour maîtriser cette
dynamique spatiale pour préserver la qualité du milieu urbain et
des paysages naturels avoisinants. L'orientation majeure à ce niveau est
d'ouvrir les terres incultes à l'urbanisation et de mettre en oeuvre,
dans les zones tampon, des documents d'urbanisme en harmonie avec les objectifs
du statut de la réserve de biosphère dans le sens de
réconcilier la croissance urbaine et la sauvegarde de l'environnement et
de la diversité écologique et paysagère. Dans les zones
tampon de la réserve, constituées d'écosystèmes
extrêmement fragiles et qui repose sur des équilibres
précaires, la
sensibilité écologique et paysagère est
accentuée par la pression démographique et par l'augmentation
continue des besoins en terrains urbanisables.42 De
plus, l'urbanisation des zones tampon amplifie tous les
phénomènes de dégradation de l'environnement et du paysage
mentionnés auparavant tels que la désertification, la
dégradation du couvert végétal, l'érosion des
terres agricoles, la génération des déchets urbains et des
eaux usées. Les populations s'organisent et des associations de
protection de l'environnement se mettent en place. Même si leurs actions
demeurent
répétitives et de portée locale, il
faudrait les encadrer et les renforcer pour faire face au désengagement
de plus en plus prononcé de l'État de la gestion de
l'environnement. Les problèmes locaux relatifs à l'environnement
doivent être hiérarchisés pour fixer les actions à
mener en priorité. Cela permettra d'harmoniser les interventions des
associations et les lancer par la suite sur des programmes de travail
cohérents et concrets.
42 Certaines localités
enfermées vers la frontière sont sérieusement en voie de
disparition : Bleïda, M'Hamid, Taouz, N'kob, Tazarine.
CHAPITRE II : ÉTUDE
DES INCIDENCES PAYSAGÈRES ET ENVIRONNEMENTALES DES MUTATIONS DE
L'HABITAT DANS LES ZONES TAMPON DE LA RÉSERVE DE BIOSPHERE :
Nous allons dans ce chapitre illustrer quelques formes de
l'incidence paysagère et environnementale de la dynamique contemporaine
du développement urbain dans la zone tampon de la RBOSM à travers
des cas concrets dans différentes localités de la province
d'Errachidia. Ce choix est dicté par un facteur d'ordre professionnel,
du fait que cette province est le territoire d'intervention de la
délégation du Ministère de la Culture que je dirige, mais
le choix est dû aussi à la disponibilité des données
sur cette région concernant l'impact de l'urbanisme sur la modification
du paysage et la dégradation de l'environnement. Errachidia est
également la province la plus importante de la réserve de
biosphère en terme de la superficie et du ponds démographique;
elle contient la plus large et la plus ancienne palmeraie au Maroc et la plus
grande concentration de l'architecture en terre (environ 950 Ksar).
Malgré quelle compte seulement 8 communes urbaines sur 47 au total,
l'urbanisation a rapidement transformé l'image de cette province et le
phénomène urbain pose le problème spécifique de
l'habitat traditionnel dans la dynamique territoriale contemporaine. La
marginalisation du mode d'habitat local ne concerne pas uniquement la
dégradation d'un héritage historique, mais soulève aussi
le problème de la perturbation des paysages des de la
détérioration de l'environnemental. Outre ce contexte global,
l'espace urbain de la province présente une forte dualité
morphologique et fonctionnelle entre les terroirs villageois (les ksour et leur
milieu environnant) et les mise en scène urbaines et architecturales
contemporaines (mimétisme du style européen, zones
résidentielles pavillonnaires, lotissements, pôle urbain,
centre-ville moderne...). La silhouette des villages qui épouse
harmonieusement le paysage de la palmeraie se démarque nettement de
l'habitat contemporain coupé des réalités locales. Le
village comme unité paysagère et écologique distinctive
perd sa cohérence fonctionnelle et esthétique
parallèlement au développement urbain qui pose le problème
d'adaptation au contexte local et à ses spécificités
écologiques. La confrontation et la rupture qui découlent de la
juxtaposition des deux style d'habitat antinomiques n'est pas exempt de
problèmes fondamentaux pour l'avenir des zones tampon e la
réserve et sur les équilibres développés pendant
des millénaires entre les populations locales et leur environnement.
C'est de l'ampleur de ce phénomène ainsi que des conditions dans
lesquelles il a pu se maintenir et se développer que nous allons, dans
ce chapitre, tenter, à travers un constat des situations
présentes dans telle ou telle localité de cette province, de
cerner les modalités visant à mettre les jalons d'une
stratégie de sauvegarde de l'environnement et du paysage dans les zones
tampon de la réserve dans la perspective d'un meilleur équilibre
du territoire de la réserve. Il
est nécessaire de comprendre le la dynamique urbaine
contemporaine des palmeraies, d'en constater l'état présent et
d'en examiner les incidences sur le paysage et sur le milieu naturel. Ce n'est
qu'à travers une telle analyse que l'on pourra définir une
certaine logique d'aménagement adapté au contexte de renouveau
urbain spectaculaire dans la réserve de biosphère.
Les facteurs du développement urbain dans les
palmeraies de la province d'Errachidia :
Le facteur historique : l'influence de colonialisme
:
L'administration coloniale s'est implantée à
partir des années 1930 en dehors des terroirs villageois dans des
emplacements répondant à des impératifs
stratégiques en fonction des possibilités que pouvait offrir le
site (centre de gravité, lieux d'accès, points hauts, ...) et
à des impératifs de sécurité (isolement,
ségrégation, contrôle). Ainsi apparaît le germe d'un
nouveau mode d'habitat qui s'étend rapidement au coeur des palmeraies
donnant naissance de la ville nouvelle du style européen.
Figure 26 : La ville nouvelle de Goulmima crée par
les colons français à partir de 1934 au centre de la palmeraie de
Ghéris.
Figure 27 : La position de la ville nouvelle de Goulmima
entre les deux principaux Ksour traditionnels de la palmeraie (Ksar Aït
Yahia et Ksar Igoulmimen).
La création d'un nouveau noyau urbain tramé
au coeur de la palmeraie et au centre de gravité de
réseau de communication inter-villageois comme cela est illustrée
dans le figure ci- dessus constitue un phénomène quasi
général dans toutes les palmeraies de la réserve de
biosphère, même celle n'ayant pas connu à proprement
parlé d'implantation coloniale. L'implantation des colons à
l'écart des populations « indigènes »
manifeste un acte de ségrégation plus ou moins affirmé qui
déclenche la décadence de la civilisation des villages et
leur dévalorisation culturelle et économique complètes.
Les urbanistes de l'armée coloniale ont pourtant justifié ces
pratiques d'occupation du sol par la volonté de conserver
l'originalité et l'intégrité des tissus urbains
traditionnels par la construction loin des villages.
Le facteur économique :
L'entrée des oasis dans la sphère urbaine a
entraîné la monétarisation de l'économie locale et
par conséquence, l'apparition de nouvelles structures économiques
complètement séparées du réseau des villages sur
le plan des circuits et production et d'échange. Le dédoublement
des fonctions économiques des oasis et l'apparition du commerce urbain a
rapidement entrainé la décadence de l'économie
villageoise. De nouveaux axes d'échanges et les voies de
circulation automobile font leur première apparition dans les
palmeraies entrainant des dysfonctionnements dans la vocation dominante des
villages. N'ayant pas tenu compte de la structure territoriale des
villages et de leur potentiel écologique et paysager, l'infrastructure
routière liée aux nouvelles productions et introduit dans les
palmeraies de nouvelles contraintes. Ces facteur a renforcé le
développement de la ville nouvelle et son importance
dans les programme du développement local au dépend du
réseau villageois traditionnel.
Le facteur démographique :
La croissance démographique et l'extension de la ville
nouvelle ont accéléré l'abandon des villages devenus
symboles de pauvreté et de la vie paysanne. La marginalisation des
villages dans les programmes du développement local a
entrainé un afflux des populations rurales vers le milieu urbain
et l'apparition de quartiers spontanés en périphérie des
zones urbanisées. Il en résulte une augmentation massive de la
population du milieu urbain; et les villages allaient perdent à jamais
une grande partie de leurs habitants. Par contre, la ville « nouvelle
», qui représente un poids démographique élevé
occupe en comparaison à celui du village, une emprise
territoriale beaucoup plus considérable.
Incidences particulières sur le paysage
villageois :
Développement compact autour du village
:
Dans certains cas, et pour des raisons liées aux
données du site (relief, nature des sols, réseaux de circulation)
ou aux rôles et poids des fonctions respectives entre le village et
« la ville nouvelle», la forme du développement urbain est
concentrique ou continue. Pour les agglomérations qui se sont
étendues d'une façon compacte et progressive autour du village,
les conséquences du développement urbain se caractérisent
par l'étouffement du celui-ci. La ville nouvelle toute proche cerne les
vieux quartiers de tout son poids, tend à les envahir et à gommer
leur originalité et leurs caractères spécifiques. Il se
produit de part et d'autre de l'ancienne limite du village, par destruction ou
absorption des murailles, des phénomènes de transfert tant sur le
plan fonctionnel (hôtels, transformation de commerces traditionnels,
garages, échoppes, café...) qu'à celui de la nature du
tissu (remplacement de maisons anciennes par des nouvelles habitations,
élargissement des pistes pour la circulation automobile...). Le noyau
historique est alors englobé par l'ensemble du nouveau tissu urbain,
avec ou sans conservation de zones intermédiaires non encore
urbanisées (terrains de culture, palmeraie, aires commerçantes
occasionnelles). Ce type du développement a été même
quelquefois jusqu'à asphyxier le village et engloutir
complètement sa silhouette et sa visibilité architecturale et son
éclat esthétique. De ce fait, la proximité de « la
ville nouvelle » et la désagrégation plus rapide qui en
résulte fait perdre aux villages leur identité et appauvrit
l'homogénéité de leurs habitants.
Figure 28 : Ksar Abou `am dans la ville de Rissani
(Errachidia)
Dédoublement de l'emprise urbaine
:
a. Cas des composantes juxtaposées
:
Dans le cas où le centre urbain s'est formé par
juxtaposition, plus ou moins immédiate au village, ce mode du
développement de l'habitat a surtout été adopté
soit parce que le site du village ne présentait pas de potentiel
d'extension suffisant (palmeraie, reliefs, coupures, cours d'eau...) soit par
décision délibérée de création urbaine. Dans
la zone d'accroche entre les deux formes d'habitat se déploient
localement des pressions et de projections « occidentalisées »
du nouveau noyau sur l'ancien.
Figure 29 : Développement de l'urbanisation le
long des axes de liaison entre le Ksar et le centre ville.
Cette dynamique détermine une zone d'influence plus ou
moins intégrée aux deux tissus à la fois au niveau du
bâti et des fonctions. La frange du village constituée par un
habitat sous-intégré détermine dans ce cas une zone de
dégénérescence des structures économiques
(diminution des moyens, abaissement du niveau de vie) et par là du cadre
bâti et du milieu naturel. Dans ce cas de figure, le développement
de l'habitat autour du village inscrit dans le paysage des mises en
scènes urbaines qui posent des problèmes d'unité
structurelle et paysagère de l'agglomération et de liaison entre
les composantes traditionnelles et contemporaines. Les solutions à
mettre en oeuvre pour résoudre ces problèmes doivent tenir en
compte le poids respectif des deux entités différentes par leur
tissu, leur vocation et leurs fonctions d'une part, et éventuellement
par les caractéristiques des terrains les séparant d'autre
part.
c. Éclatement autour du village :
Dans des configurations des sites extrêmement
morcelés, soit à cause des mouvements prononcés du
relief, soit à cause du tracé du maillage des voies de
communications éloignées du terroir du village (routes, cours
d'eau), certains développements urbains se sont opérés
à partir du premier noyau urbain moderne par deux formes
différentes : en tâche d'huile par satellisation sur les
voisinages du site ou en forme linéaire de
préférence le long des voies de circulation.
Figure 30 : Éclatement en tâche d'huile de
l'habitat autour des Ksour dans la palmeraie de Goulmima
(Errachidia)
Quand le Ksar se trouve plus ou moins isolé au sein
d'un dispositif urbain fragmenté, il a eu tendance à conserver
son identité tout en développant hors de ses limites et le long
des voies d'accès, en direction des autres composantes plus
récentes, à travers des extensions de caractère
traditionnel mais sous-intégrées (quartiers spontanés),
car plus liées au monde rural à cause de relations physiques
directes. Les nouvelles constructions venant s'accrocher au village engendrent
ainsi une asphyxie paysagère comme dans le cas du Ksar englobé
dans la ville nouvelle. Ces deux modes d'extension urbaine ont eu pour
conséquence le développement des agglomérations
désarticulées, où les composantes se trouvent
isolées les unes des autres au sein d'un vaste territoire,
déterminant des zones interstitielles importantes non urbanisées
ou non urbanisables. Par rapport aux diverses composantes de la partie nouvelle
de l'agglomération qui, pour être séparées les unes
des autres, n'en sont pas moins reliées entre elles par des
réseaux et des circuits de même nature, le noyau historique, lui,
reste souvent réduit à son site propre. Moins sujet aux pressions
de la ville moderne et au mimétisme urbain, le village garde plus
facilement son tissu urbain caractéristique, sa structure originelle et
son cachet traditionnel.
d. Effets sur la structure des terroirs villageois
:
Ne pouvant pas s'inscrire dans les préoccupations des
planificateurs, les villages, avec leurs cohérences et leurs
particularités, sont écartées des nouvelles orientations
de l'aménagement du territoire, même lorsqu'on a prétendu
vouloir les conserver. En effet, les villages sont souvent
considérés comme des vielles bâtisses incapables de
satisfaire des besoins nouveaux. C'est ainsi qu'ils sont soit «
évités » par les dispositions des documents
d'urbanisme (séparées de la ville
nouvelle par de grandes voies de circulations, isolées
des nouvelles extensions urbaines), soit traversées par des axes
routiers destinés à relier les nouvelles composantes de la ville,
soit partiellement détruits pour récupérer des terrains
nécessaires à la nouvelle expansion. L'extension urbaine a
entraîné ces dernières années des
phénomènes de spéculation foncière inhérente
au nouveau système urbain, ayant par conséquent le basculement
des villageois vers les centres urbains et le début d'un processus
de paupérisation et de dégradation du vieil habitat.
Le présent :
Multipolarité et dualité spécifiques :
A cette division « village » et « ville
nouvelle » correspond souvent l'existence de deux pôles distincts,
recouvrant une répartition bicéphale des activités, des
équipements et des fonctions et des dualités fortement
marquées :
Dualité morphologique :
La dualité la plus apparente qui caractérise
l'urbanisation des zones tampon de la réserve est certainement celle qui
concerne la différence des formes urbaines du Ksar et de la ville
nouvelle qui l'entoure ou le côtoie. D'un côté, le
bâti homogène, aggloméré, dense, bien
délimité dominé par son caractère défensif
et parfaitement implanté dans le paysage de la palmeraie, de l'autre, le
tissu urbain moderne plus lâche, inorganisé, souvent
spontané et clandestin plus tramé et aux
périphéries moins définies où un réseau
viaire automobile desserve des quartiers d'immeubles et de villas de
facture occidentale, moins adaptés au climat, et qui casse l'harmonie
paysagère.
Dualité culturelle :
Il est bien évident que le Ksar reste le gardien des
traditions culturelles et sociales. La civilisation des oasis s'y transmet et y
est entretenue. La permanence du patrimoine urbain contribue à la
continuité de ses valeurs sociales et ses traditions architecturales.
Les manifestations les plus importantes se déroulent dans son cadre, les
activités artisanales et artistiques originales s'y perpétuent.
Par rapport à ce creuset de la tradition, la ville nouvelle
inspirée par des formes urbaines externes au contexte oasien ne
présente aucune attache avec la culture locale dans sa cohérence
et son unicité. Les modes de rencontre, de contact, d'activité y
sont différents, les intérêts culturels font plus
référence à ceux de l'Occident. Par ailleurs, la "ville
nouvelle" est le centre politico- administratif, faisant passer en second plan,
le rôle et l'animation du village.
Dualité fonctionnelle :
Le Ksar s'appuie sur un ensemble cohérent de fonctions
urbaines qui servent de base à la vie économique et sociale
villageoise et qui s'adapte difficilement aux nouvelles orientations de la
société. Suite au développement urbain,
sont apparus un certain nombre d'éléments fonctionnels nouveaux
liés à un mode de vie contemporain et a un système de plus
en plus modernisé. Les deux modes des fonctions en présence dans
les oasis s'opposent souvent, car le type de production et de consommation
offert par la « ville nouvelle », fait pression sur le village. Plus
puissante, mieux inscrite dans les politiques du développement et
disposant de plus de moyens financiers, la ville tend à freiner les
fonctions traditionnelles des villages.
Tendances, problèmes
et atouts des villages :
Les divers constats relatifs aux villages, au plan de leur
localisation, de leur évolution et du dualisme qui caractérise
leurs rapports avec « la ville nouvelle », montrent que le paysage
naturel et culturel des palmeraies est devenu ou tend à devenir une
composante marginale de l'ensemble du territoire oasien. En effet, les villages
perdent progressivement leur poids dans le système productif et
économique local et face aux moyens techniques et financiers qui
supportent le développement de la ville nouvelle, le rôle des
villages apparaît de moins en moins intégré à la vie
urbaine. Parallèlement à l'affaiblissement et à la
dégradation des structures villageoises, les périphéries
des centres urbains regroupent de plus en plus une population aux ressources
très limitées d'origine rurale. Cette ruralisation de la ville
oasienne, facteur de marginalisation, est une source majeure de
dégradation de l'environnement et du paysage en périphérie
des centres urbains, lesquelles sont situées à un niveau
d'intégration urbaine spécifique, intermédiaire entre le
village et la ville nouvelle. La « ville nouvelle », lorsqu'elle
assimile progressivement les villages environnants, du simple grignotage
à la disparition partielle, entraîne aussi la destruction des
surfaces agricoles par leur remplacement par des zones résidentielles et
par là une avancée de la ville nouvelle sur les zones tampon. Il
en résulte un bouleversement du territoire de la réserve et un
émiettement des terroirs villageois et à terme leur effacement
définitif. Avec un tissu urbain au bâti ancien, très dense,
enchevêtré et aux rues étroites, piétonnes et
très hiérarchisées, les Ksour sont aujourd'hui, peu
adaptés à une amélioration aisée des
infrastructures et des réseaux modernes (desserte automobile,
assainissement, collecte des ordures, alimentation en eau...) auxquels la
population locale pourrait prétendre. La difficulté pour le tissu
urbain traditionnel de répondre aux nécessités
quotidiennes d'une croissance démographique importante et la
dégradation de ce tissu constituent les premiers facteurs de la
dégradation de l'environnement et du paysage des palmeraies.
Essai de synthèse
:
Les facteurs et les modes de croissance des centres urbains
oasiens, la bipolarité des formes urbaines, les dualités
spécifiques qui les caractérisent et les incidences que
ces phénomènes
induisent sur l'environnement et le paysage sont autant de
réalités qui amènent à un constat global
: les villes oasiennes ont subi, dans leur
développement, une rupture brutale de forme, de structure et de vocation
entre deux registres urbains différents. Une tradition urbaine locale
longuement mûrie, issue de valeurs culturelles et paysagères
très fortes et de conditions climatiques et écologiques
particulières, et une "colonisation urbaine" occidentale attaché
aux références gréco- latines. La juxtaposition des deux
traditions a caractérisé la rupture des paysages de la
palmeraie et a accentué la prépondérance de l'urbanisme le
plus récent sur le plus ancien. Il en résulte des villages en
déclin, souvent marginalisés, de plus en plus
dégradés et pour lesquels se posent aujourd'hui des
problèmes aigus de survie. Cette tendance au déclin des villages
constitue un phénomène fortement généralisé
dans la zone de la réserve de biosphère car elle est la
conséquence de politiques urbaines très peu cohérentes et
inefficaces. Ce processus a entraîné une saturation des villages
et la multiplication de zones de "sous-habitat" ou de lotissements non
planifiés dont la mauvaise intégration spatiale et
socioéconomique contribue largement à la désarticulation
urbaine et fonctionnelle des palmeraies. Dans un tel contexte, le
déclin des villages de la réserve de biosphère ne peut que
s'accélérer si, d'une part des actions d'ensemble ne sont pas
entreprises pour maîtriser les extensions urbaines et
rééquilibrer les agglomérations, et si d'autre part,
simultanément, des interventions ne sont pas mises en oeuvre pour
résoudre les problèmes socioéconomiques internes aux
villages, en tenant compte, de leur vulnérabilité
particulière, et des atouts dont ils peuvent encore disposer. Car les
villages des palmeraies représentent, non seulement une
référence de civilisation mais également un modèle
urbain qui a fait ses preuves pendant de longues générations et
un élément d'équilibre nécessaire dans
l'évolution actuelle des oasis.
CHAPITRE III : PERSPECTIVES DU DÉVELOPPEENT DES
PALMERAIES ET ALTERNATIVES D'AMENAGEMENT :
Les
terroirs des palmeraies : Conditions et atouts d'une survie
Que l'on se place dans des perspectives de conservation, de
réhabilitation, de restructuration ou d'intégration, ce sont les
principes du programme Mab et les dispositions de la stratégie de
Séville sur les réserves de biosphère qui devront orienter
les possibilités d'aménagement dans le but de concrétiser
les objectifs du statut de la réserve de biosphère de l'UNESCO.
Quand les approches de développement local s'inscrivent dans cette
optique, les palmeraies offrent un cadre d'interventions et de gestion
relativement facile à aborder. A l'opposé, lorsqu'elles sont
tiraillées entre des intérêts divergents, les contraintes
dues à l'optimisation des choix et à la prise des
décisions rendent les actions éventuelles moins aisées. La
valeur et l'intérêt du patrimoine, des circuits fonctionnels des
villages et la solidarité qui caractérise les populations peuvent
constituer un atout non négligeable pour la recherche de solutions
menant à une survie des palmeraies. Si les villages présentent
encore un caractère polarisateur du point de vue culturel et social et
s'ils participent toujours à un apport économique quelque peu
considéré, ils revêtent une valeur historique et
paysagère considérable pour la communauté locale,
nationale et internationale qu'il conviendrait d'entretenir et de
préserver pour les générations futures. Si l'on tient
compte des atouts écologiques et paysagers des palmeraies et leurs
valeurs économiques, l'on a avantage à améliorer le cadre
de vie des populations et préserver l'environnement naturel d'autant
plus qu'elles bénéficient de deux statuts internationaux de
protection. Cette amélioration du cadre de vie peut nécessiter
relativement peu de moyens, si elle est accompagnée d'une participation
des habitants et de l'utilisation des savoirs écologiques traditionnels
(SET) hérités du génie oasien. A terme, il s'agit
d'arrêter la dégradation de des palmeraies et de ses richesses
paysagères et de les intégrer dans la vie urbaine tout en
conservant leur identité.
La sauvegarde stérile et la sauvegarde
dynamique :
a. Un témoin de passé : la conservation
« stérile » :
Une stratégie de conservation qui ne concernerait que
la restauration des monuments historiques les plus remarquables tend à
limiter le rôle des villages à celui de témoin du
passé et de documents d'histoire. Par la définition qu'elle donne
au patrimoine culturel en insistant sur le caractère historique,
scientifique, artistique ou archéologique, la loi sur la conservation du
patrimoine culturel (loi 22-80) encourage cette tendance sélective de
protection. Cette conservation a déjà montré ces limites
quant à sa contribution réelle au développement local car
elle n'intéresse finalement que des "objets" architecturaux
isolés de leur contexte urbain et n'interfère pas sur les
conditions humaines
environnantes. Cette conservation qu'on peut qualifier de
« stérile » ne répond souvent qu'aux
préoccupations des opérateurs touristiques. Elle se résume
souvent en une remise en état un peu factice des monuments principaux et
des cheminements y conduisant (traitement des sols, actions sur les
façades, réfection des enduits et des ornements, etc...)
conférant au monument une vocation de "musée" à travers la
reconstitution du décor architectural.
b. Un pôle d'attraction économique : la
sauvegarde "dynamique" :
Une redéfinition du village en vue d'en faire un centre
de rayonnement et d'activités rentables peut constituer une vocation
précise pour le développement des oasis. Ceci se justifie
d'autant plus quand le village présente encore un potentiel paysager et
environnemental considérable et qu'il garde un certain impact
économique. Dans le contexte dépersonnalisé des
palmeraies, il s'agira d'une revalorisation de la part du paysage naturel et
culturel qui caractérise les terroirs villageois et d'amplifier leur
rôle dans ce domaine. Afin de maintenir l'identité des palmeraie,
une sauvegarde plutôt "dynamique", renforçant en premier lieu les
spécificités locales et le renforcement des structures de
production traditionnelles et une amélioration d'ensemble du cadre
urbain pour rendre ce dernier plus propice, plus salubre, plus humain et plus
attractif et plus rentable. Un tel choix nécessite la définition
d'objectifs précis et la recherche de méthodes et de moyens
appropriés et une action globale planifiée dont l'initiative
revient aux collectivités locales. Tous ces aspects doivent être
conditionnés par des préoccupations systématiques visant
à la mise en oeuvre du statut de la réserve de biosphère
à traves la conservation et le développement des activités
locales et le maintien de la population dans des conditions de vie meilleure.
Il peut paraître nécessaire, dans l'optique d'une nouvelle
évolution puisant aux sources du développement humain durable, de
chercher à retrouver pour les palmeraies une nouvelle cohérence
en conjuguant la conservation avec une adaptation à la nouvelle
réalité urbaine et économique de la société
oasienne. Cet objectif visant à réanimer les palmeraies tout en
s'inscrivant dans le contexte contemporain du développement urbain, peut
être atteint par une intervention globale recouvrant notamment :
ï Une relance économique des secteurs productifs
et commerciaux, les moins nuisibles et les moins exigeants au plan des
accès, alliant les modes de production traditionnels à une
évolution des systèmes de gestion et de financement;
ï Un rééquilibrage de la population au plan
urbain en favorisant l'installation dans les villages de populations
importante, ce brassage nécessitant la recherche de nombreux attraits en
matière de qualité de vie susceptibles de primer sur les
contraintes inhérentes à la morphologie des villages;
ï Une amélioration du cadre urbain par la
réhabilitation du bâti; aménagement des voies et
restructuration des réseaux conjuguant l'intérêt, le
caractère et l'adéquation des actions d'aménagement au
milieu naturel.
Des choix cohérents pour un aménagement
global :
A partir du moment où une vocation précise a
été définie pour le développement des palmeraies,
des choix d'aménagement d'ensemble doivent être pris pour
préciser la place accordées aux particularités locales. Le
premier problème qui se pose est celui de la valorisation des paysages,
dans la mesure où la centralité du milieu urbain l'emporte sur le
reste des composantes du territoire. Cette centralité repose en
général sur les forces d'attraction du centre urbain dans
l'ensemble de l'agglomération. Ainsi les villages finissent par
être déprimés avec le temps par asphyxie ou par abandon.
Les tentatives de restructuration qui existent ne concernent que les villages
situés dans les communes dotées d'un plan d'aménagement
urbain mais sans prendre en compte réellement le rôle capital
de l'environnement et du paysage qui représentent les
éléments essentiels de la vitalité et de la
spécificité des palmeraies.
a. Équilibre et complémentarité
des composantes urbaines:
La forme de développement urbain qui caractérise
les villes oasiennes parait discontinue, dispersée, voire anarchique,
à l'opposé de l'image cohérente, progressive et
unifiée qu'offre le noyau traditionnel à travers son
développement au fil du temps. A cette forme désarticulée
qui laisse, à l'intérieur du tissu urbain, des espaces libres
non-affectés et continue d'appréhender le site de la même
façon (pour des raisons spéculatives, d'opportunité ou
d'insuffisances de politique d'aménagement) correspond, un
déséquilibre flagrant des parties constitutives de l'urbanisation
récente au plan de la répartition des fonctions et des types,
qualités et densités d'habitat ainsi que des
caractéristiques sociodémographiques des quartiers. De plus, ces
disparités morphologiques, fonctionnelles et démographiques
semblent souvent avoir tendance à se prolonger au fur et à mesure
que l'urbanisation moderne se développe ce qui ne constituent pas des
conditions favorables à une revalorisation des tissus anciens,
délaissés et dévalorisées en parallèle avec
le développement urbain. Dans la logique d'une revalorisation du paysage
des palmeraies, se pose le problème difficile du traitement de ses
abords des villages. Que le Ksar bénéficie d'une zone
périphérique non-bâtie, ou se trouve au contraire,
totalement englobée dans des tissus plus récents,
l'aménagement de la zone qui la ceinture doit impérativement
obéir aux objectifs principaux suivants :
ï Assurer le débouché convenable des voies
automobiles extérieures qui mènent au centre ville moderne ;
ï Permettre l'amélioration de ses accès par un
réseau de voirie approprié ;
ï Constituer dans la mesure du possible, une zone de
protection non constructible et de mise en valeur bordant le Ksar et soulignant
physiquement son unité et sa qualité paysagère.
b. Exigences et fragilité du milieu
:
Avec une volonté affirmée de réanimer la
palmeraie, et une fois prises les options relatives à son
rôle, son intérêt, son apport et son intégration dans
le cadre de l'agglomération nouvelle, la valorisation de son potentiel
paysager et environnemental doit passer par des réponses aux
problèmes intérieurs posés par le milieu. Les principales
contraintes à ce type de revalorisation sont imputables à la
fragilité du milieu naturel et l'extrême pression de l'habitat
sur l'environnement et le paysage. Du coût, toute intervention ayant,
pour objectif de remodeler, même légèrement, telle ou
telle aspect du paysage ou de réorganiser telle ou telle structure
fonctionnelle, entraîne des répercussions sensibles à tous
les niveaux de la palmeraie. L'interférence contenant / contenu rend
toute action d'aménagement extrêmement délicate, difficile
à maîtriser quant à ses conséquences, voire
même dangereuse pour l'organisme cohérent que constitue une
palmeraie. Aussi, la percée d'une voie de circulation étrange au
système urbain oasien est susceptible de porter atteinte grave à
l'homogénéité et la cohérence d'une palmeraie sinon
bouleverser totalement l'équilibre de ses paysages. Tout en
écartant donc les méthodes de valorisation qui risqueraient
d'être fatales à la cohérence des palmeraies, par leur
brutalité face à un milieu d'une extrême
sensibilité, des aménagements bien étudiés
progressifs et moins traumatisants sont nécessaires.
Essai de synthèse :
De tout temps, les palmeraies ont traversé des
périodes de fluctuations et de transformations qui ont laissé
leurs empreintes parfois brutales mais toujours adaptées aux
données constantes des conditions locales. Elles n'ont relativement pas
provoqués de graves conflits tels qu'ils apparaissent aujourd'hui. Bien
sûr, les palmeraies des époques historiques très anciennes
ont connu successivement des rayonnements et des déclins, mais elles ont
malgré tout survécu et elles sont arrivées jusqu'à
nous, grâce à une dynamique conservatrice très forte. Dans
le contexte contemporain, tourné vers une modernisation grandissante et
un mode de consommation induisant une urbanisation
accélérée, très vulnérables pour
résister aux poussées du « modernisme », les palmeraies
de la réserve de biosphère se dégradent et se
marginalisent de plus en plus. C'est
pourquoi il importe de les sauvegarder à cause du
potentiel paysager et environnemental qu'elles représentent, du creuset
de la civilisation présaharienne qu'ils constituent, et du fait de leur
apport économique considérable. Les aménagements qui ont
touché les palmeraies et qui avaient pris leur cohérence en
compte avec plus ou moins de respect, montrent, à travers les
enseignements que l'on peut en tirer, qu'une adaptation des nouvelles mises en
scènes urbaines au contexte local est une solution dont les effets sont
bénéfiques pour les humains et pour leur environnement. Car il
s'agit de conserver d'une manière souple et évolutive l'harmonie
entre les deux. Rendre aux palmeraies leur rayonnement et leur force attractive
doit constituer un objectif primordial des politiques d'aménagement et
du développement. Au vu de ces constats, on peut esquisser quelques
conclusions majeures qui devront servir de base pour la formulation des
orientations pour un projet de territoire objet de la dernière partie de
ce travail :
Le problème des oasis est tout d'abord
politique : Elles ont besoin d'un projet d'ensemble basé sur
des actions du développement claires et ciblées, des axes
d'intervention hiérarchisés et spatialisés. Elles ont
également besoin d'un support réglementaire pour encadrer les
interventions et les différentes opérations de
développement. Il est donc urgent de :
· Promulguer des mesures réglementaires et
institutionnelles spécifiques aux oasis (nouvelle échelle de
planification, nouveau découpage administratif, nouvelles institutions
de gestion);
· fédérer les diverses institutions
intervenant dans les oasis pour harmoniser les interventions et mieux cibler
les acteurs;
· imposer des conditions strictes pour l'utilisation des
ressources naturelles (l'eau et le sol).
Le problème des oasis, c'est aussi une question
d'approche et de méthodologie : Il nécessite d'autres
niveaux d'intervention territoriaux pour le développement rural;
l'initiative lancée par le PNUD pour les palmeraies de la province
d'Errachidia (annexe 01), pourrait constituer une solution à la crise
des oasis. Dans le même sens, il faudrait adopter les approches
intégrées et horizontales dans la promotion des projets, associer
les acteurs locaux dans l'identification des besoins et la mise en place des
programmes de développement. La fragilité du milieu requiert la
création d'une institution pour le suivi et l'évaluation. Un
Observatoire des Oasis pourrait être créé afin de suivre
les tendances et cerner les urgences. Ces actions et ces programmes doivent
être soutenus par des mécanismes et des instruments de financement
spécifiques et par une politique d'aménagement du territoire
particulièrement active.
TROISIEME PARTIE : « LE
PROJET DE TERRITOIRE » : APPROCHE ET ÉLÉMENTS
MÉTHODOLOGIQUES
CHAPITRE I : LA DÉMARCHE DU « PROJET DE
TERRITOIRE » :
Qu'est-ce qu'un «
projet de territoire » ? :
Le concept de « Projet de territoire
» est la combinaison de deux notions : celle de « Projet
» qui signifie « la projection, l'idée de ce que l'on veut
construire dans le futur », et celle de « Territoire » qui
signifie un espace vécu, homogène et approprié par ses
habitants qui se sentent partager le même destin. Le « Projet de
territoire » évoque alors une vision à long terme du
développement local de l'espace vécu et se construit en fonction
de la mobilisation des acteurs locaux.43
Historique :
La notion du « projet de territoire » est apparue
dans les pays d'Europe avec l'évolution de la régionalisation
pendant les trois dernières décennies. Le courant
régionaliste, soutenant l'idée que les territoires
défavorisés ont la possibilité de se développer en
mobilisant leurs propres ressources, constitue les bases de l'émergence
de la notion du « projet de territoire ». La remise en cause du
fonctionnement descendant de l'État et des approches dirigistes du
développement conduit à l'éclosion d'un besoin nouveau;
celui d'actions faisant participer la population dans une démarche
ascendante. Les collectivités locales deviennent alors l'échelon
approprié pour concevoir le développement du territoire. La
philosophie du « projet de territoire » naît donc avec celle de
l'auto- développement exprimée à travers la
démocratie locale et la participation des populations locales à
la prise de décision.
Principe :
Le « projet de territoire » est une initiative
locale et volontaire construite et animée par les acteurs locaux pour
réagir aux contraintes et aux menaces auxquelles leur territoire est
confronté, et saisir les enjeux et les opportunités du
développement qu'il recèle. Étant un cadre
fédérateur, le projet de territoire permet de donner une
identité commune à l'espace vécu et de bâtir une
vision partagée en particulier lorsque le territoire se trouve face
à des déséquilibres qui peuvent engendrer un sentiment de
fatalité et une perte de confiance dans son avenir, le cas notamment
des palmeraies du
43 Pour en savoir plus sur le Web :
www.projetdeterritoire.com
L'union nationale des structures et des acteurs du
développement local (www.unadel.asso.fr) L'association pour la
démocratie et l'éducation locale et sociale
www.adels.org
sud Marocain. Les acteurs locaux peuvent alors s'organiser
autour des idées et des actions communes et lancer un projet de
territoire afin de prévenir la crise.
Les acteurs d'un projet de territoire :
Être acteur d'un territoire signifie prendre une part
active à son développement. Les acteurs d'un territoire sont donc
tous ceux qui participent à la vie du territoire : les élus, les
associations, les entreprises, les professionnels, les planificateurs, les
acteurs économiques et institutionnels mais aussi les populations
locales. Un projet de territoire suppose l'implication de l'ensemble des
partenaires et des forces vives du territoire, et les objectifs à
atteindre doivent être fixés et mis en oeuvre collectivement.
Processus
d'élaboration d'un « projet de territoire » :
Un « projet de territoire » doit prendre en compte
dans les actions à mener les quatre piliers du développement
durable (L'économie, la société, l'environnement et la
culture). Il s'appuie sur le diagnostic des atouts, des faiblesses, des
opportunités et des menaces qui pèsent sur le territoire et
fait le point des actions du développement déjà
menées et propose d'autres pour l'avenir. Sa mise en oeuvre repose sur
la signature d'une « charte intercommunale » qui affirme une
volonté politique marquant l'adhésion des différents
partenaires. Pour mesurer l'impact du projet sur le territoire dans sa
globalité, un programme de suivi et d'évaluation permanent est
indispensable. Au cours de l'élaboration d'un « projet de
territoire », les habitants prennent conscience du territoire au fur et
à mesure que celui-ci leur apparaît par les actions qui y sont
menées. Le bassin de vie dans le milieu urbain, et
l'intercommunalité dans le milieu rural, se
révèlent souvent l'échelle la plus
pertinente à l'émergence d'un projet
commun.44 De ces éléments de
définitions il ressort qu'un
projet de territoire est une projection du devenir d'un
territoire partagé. Le constat de partage d'un même territoire et
d'un héritage socioculturel, environnemental et paysager commun
président à la constitution du projet de territoire. Document de
planification stratégique et de prospective territoriale, il se
construit sur la base de la vision du devenir souhaitée d'un groupement
de communes. Il part de la mise en évidence des points de convergence
des programmes du développement de chacune de ses entités
territoriales et de leur solidarité et interdépendance dans le
domaine du développement local. La nouveauté de cette
démarche est la prise en compte des contraintes, des enjeux et des
opportunités de développement en présence sur le
territoire local. Dans l'optique de développement durable, les
structures locales doivent donc se doter des outils
44 Didier MINOT, « Le projet de territoire :
élaboration et conduite partagées d'un projet de territoire
», éd. La Bergerie Nationale, 2001.
leur permettant de donner vie à leur vocation territoriale
et aux ressources spécifiques de leur territoire. Cela passe par la
définition d'une vision stratégique exprimée dans un
projet de territoire.
De point de vue de la procédure d'élaboration,
un projet de territoire doit passer par trois étapes majeures :
Inspiré de « la charte paysagère : outil
d'aménagement de l'espace intercommunal », fédération
des parcs naturels régionaux de France, la documentation
française, Paris 1995, p 44
Figure 31 : les étapes du processus
d'élaboration d'un projet de territoire
La phase d'étude (le diagnostic):
Cette étape permet de comprendre et de penser
l'occupation de l'espace. Elle consiste à identifier les Forces,
Faiblesses, Opportunité et Menaces du territoire intercommunal afin de
dégager les carences en matière de développement local et
les atouts à fructifier pour leur apporter des solutions
appropriées. Au traves d'un diagnostic environnemental et paysager, il
s'agit de cerner l'identité écologique et paysagère du
territoire et ses spécificités patrimoniales, et d'en
évaluer le potentiel et les dynamiques d'évolution. Le diagnostic
est un travail qui doit être élaboré en étroite
collaboration avec les élus, les populations locales et les partenaires
socioprofessionnels et associatifs.
La définition des choix stratégiques
intercommunaux (le projet) :
Les résultats de diagnostic territorial intercommunal
seront débattus dans des ateliers de concertation locale autour d'une
table de négociation (forum d'acteurs) pour réguler les
divergences d'intérêts et construire une vision d'ensemble de
territoire qui facilitera la définition concertée des
priorités du développement et d'aménagement
intercommunal. Il s'agira dans notre
cas de mettre en évidence les grandes orientations
d'action en faveur de l'environnement et du paysage. Ces orientations fixeront
un programme de résorption des « points noirs » paysagers et
écologiques et la mise en place des principes d'intervention
paysagère pour les aménagements futurs. Elles
détermineront aussi des règles d'occupation de l'espace, en
définissant la vocation majeure des entités du territoire
à la lumière de leur intérêt environnemental ou
paysager.
La validation du projet (le contrat) :
La signature d'un contrat intercommunal, point culminant de
projet de territoire, servira de base pour l'encadrement réglementaire
des engagements pris autour de la table de négociation et aboutira
à leur concrétisation à traves des actions du
développement ciblés. Le contrat est le document qui fixe par
écrit les orientations et les choix stratégiques que se sont
fixés les partenaires pour le devenir du territoire. Ce document, qui
précise aussi les moyens à engager, est signé par chaque
élu du groupement des communes et les partenaires qu'il associé
à son action. Chaque signataire s'engage à respecter dans son
action quotidienne les orientations définies en commun et à
mettre en oeuvre. Un suivi des réalisations doit accompagner toutes les
étapes d'élaboration du projet, et doit être
effectué par un comité de pilotage et d'évaluation. Le
programme de suivi- évaluation permettra d'identifier les lacunes et les
points forts du projet en cours et fournira des enseignements pour les projets
ultérieurs.
Impulsion et gestion du
projet de territoire :
Dans le contexte d'une coopération intercommunale, la
réalisation d'un projet de territoire s'appuie sur la définition
d'une « charte » qui est la feuille de route du projet,
véritable cahier des charges définissant le
périmètre du projet et intégrant le diagnostic
territorial, la stratégie de développement à moyen et
à long terme, les champs couverts par le projet, les acteurs en
présence et le rôle de chacun dans la mise en oeuvre du projet.
Compte tenu que tout projet demande un organe chargé de sa mise en
oeuvre, cette feuille de route doit être élaborée par les
collectivités territoriales en partenariat avec les organes
représentatifs de l'État pour s'assurer de la cohérence de
la stratégie du territoire avec les orientations définies au
niveau national. Dans le cadre d'un projet de territoire est
généralement créé un comité regroupant non
seulement les représentants des collectivités locales mais aussi
les acteurs concernés par la mise en oeuvre du projet (les
associations, les opérateurs touristiques, les acteurs
économiques, les élus...). Cet organe assure à la fois la
mise en oeuvre et l'adhésion de tous les partenaires au projet. Il est
aussi nécessaire de mettre en place des modes de
contractualisation qui permettent d'articuler les projets de
développement local avec les projets sectoriels de
l'État pour assurer la cohérence entre le niveau national et
local.
Projet de territoire et
enjeux du développement durable :
L'enjeu social :
Tout projet de territoire doit influer sur le dynamisme et la
qualité de vie au sein du territoire concerné. Le projet
envisagé permet-il d'impulser des initiatives partagées et
solidaires répondant aux attentes et aux demandes légitimes de sa
population ?
L'enjeu économique :
Tout projet de territoire doit favoriser le progrès
économique du territoire. Le projet élaboré a-t-il un
impact positif sur les différents secteurs économiques locaux
?
L'enjeu environnemental :
Tout projet de territoire doit veiller à
l'équilibre entre le développement local et la
préservation des ressources naturelles, des espaces vitaux. Le projet
préparé a t-il identifié ce capital et anticipé sur
les menaces potentielles de dégradation ?
L'enjeu culturel :
Tout projet de territoire doit prendre en compte le patrimoine
historique du territoire, ses spécificités paysagères et
son identité culturelle. Le projet préparé a-t-il
identifié le potentiel paysager et patrimonial et proposé des
actions de sauvegarde et de valorisation en relation avec les secteurs
économiques ?
Les questions majeures face à un projet de
territoire :
Douze questions majeures sont à poser face à un
projet de territoire. Elles sont subdivisées en deux catégories :
5 questions amont et 7 questions méthodologiques (Voir tableau
suivant):
Tableau n° 2 : les questions majeures
face à un projet de territoire.
Les questions amont :
1 - A quel(s) objectif(s) doit répondre le
projet de territoire ?
Il est primordial de déterminer de façon claire
les ambitions que se donne le maître d'ouvrage, sa vision de l'avenir du
territoire à court, moyen et long terme, puis les objectifs plus
précis du projet à mettre en oeuvre définis à
l'issue de la phase de diagnostic.
2 - Quelle est l'échelle pertinente pour le
projet de territoire ?
Le périmètre géographique sur lequel
portera le projet de territoire peut varier selon les situations. C'est une
question fondamentale à résoudre avant l'engagement de la
démarche, en s'appuyant sur un certain nombre de critères
(objectifs à atteindre, fonctionnement du territoire, structuration
institutionnelle, découpage administratif, cohérence des
paysages...). Pour notre cas, en raison de l'immensité du
territoire de la réserve de biosphère, et comme nous allons le
voir dans cette partie, l'échelle intercommunale (groupement de
communes) présente plusieurs avantages d'ordre institutionnel et
technique et des facilités de coordination. L'unité
paysagère est déterminante dans le choix d'une échelle
territoriale pour l'implantation d'un projet de territoire. Les communes
à cheval sur une même unité paysagère (une
palmeraie partagée par deux ou plusieurs communes par exemple)
peuvent être objet d'un même projet de territoire.
3 - A quelle échelle temporelle le projet
de territoire doit-il être envisagé ?
L'échelle temporelle du projet doit également
être déterminée en amont : veut-on imaginer l'avenir du
territoire dans 5, 10, 20 ans ? Le choix à faire influera le niveau de
précision à atteindre dans le
projet et son caractère plus ou moins
opérationnel. Il est possible de s'aligner à ce niveau sur un
document d'urbanisme du moyen terme (10 ans) comme le Plan d'Aménagement
(PA) ou le Plan de Développement et d'Aménagement Rural (PDAR)
ou du long terme (25 ans) comme le Schéma Directeur d'Aménagement
et d'Urbanisme (SDAU).
4 - Quelles thématiques doivent être
abordées dans le projet ?
Un projet de territoire est par nature une démarche
transversale, il doit donc tendre vers l'exhaustivité dans les
thématiques abordées. Toutefois, il est également
important de hiérarchiser les aspects traités en fonction des
enjeux du territoire et des priorités de son développement, des
objectifs du projet et des complémentarités possibles avec
d'autres démarches spécifiques surtout les documents d'urbanisme
et d'autre projet de développement local.
5 - Quel est l'outil le plus pertinent pour la
mise en oeuvre d'un projet de territoire ?
Plusieurs outils sont utilisés pour le montage et la
mise en oeuvre d'un projet de territoire mais chacun ayant sa
spécificité : l'Agenda 21 local, le Plan d'Aménagement
urbain, le Plan d'Occupation du Sol, le Plan de gestion d'une aire
protégée, etc. L'outil sera à choisir en fonction des
réponses apportées aux interrogations précédentes.
Dans notre cas le SDAU et ses déclinaisons dans les Plan
d'Aménagement (le PA pour les communes urbaines) ou du
développement rurale (le PDAR pour les communes rurales) est l'outil le
mieux appropriée pour construire un projet de territoire dans le
réserve de biosphère des oasis.
Les questions méthodologiques :
6 - Comment sont déterminés les
enjeux et les besoins du territoire ?
En s'appuyant sur une analyse SWOT, la phase de diagnostic
territorial doit permettre de dresser un inventaire complet du territoire en
précisant ses forces, ses faiblesses, ses opportunités et ses
menaces ainsi les tendances de son évolution et les véritables
besoins de ses habitants. Pour des raisons de pertinence, le diagnostic doit se
limiter à l'échelle territoriale définie pour le
déroulement du projet. Il doit balayer l'ensemble des thématiques
de façon transversale, et être techniquement spatialisé. Ce
diagnostic doit permettre au maître d'ouvrage d'identifier les enjeux du
territoire et d'en déduire les objectifs précis à
atteindre. Pour la province d'Errachidia, le SDAU du Ziz qui vient d`être
lancé pourra accompagner la mise en oeuvre d'un projet du territoire
dans les communes intéressées par ce document d'urbanisme.
L'élaboration du diagnostic territorial doit faire appel à des
outils performants tels que l'analyse SWOT, la géomantique et les
systèmes d'information géographiques et la cartographie
numérique.
7 - Comment un projet de territoire
s'articule-t-il avec les autres projets de développement local
?
Le projet de territoire, bien qu'il concerne un secteur
clairement identifié et une échelle spatiotemporelle bien
définie, il doit nécessairement être inscrit dans une
dynamique de développement territorial plus large qui est, pour notre
territoire d'application, la mise en oeuvre du statut de la réserve de
biosphère. Il est donc important de déterminer quel peut
être le positionnement d'un territoire objet d'un projet et les relations
de complémentarité ou de concurrence avec les territoires voisins
et les projets de développement en cours ou à venir. Dans notre
cas, un projet de territoire ne doit pas se limiter uniquement à
l'échelle intercommunale à laquelle il s'applique mais doit
aussi être articulé à l'ensemble des projets de
développement mis en oeuvre sur tout le territoire de la
réserve.
8- L'évaluation du projet est-elle
prévue dès l'amont ?
La démarche d'évaluation instituée
dès l'amont du projet, permet de mesurer son impact sur le
territoire et de vérifier l'atteinte des objectifs initiaux. A l'issue
d'une opération d'évaluation, des mesures correctrices, des
révisions ou des réorientations du projet pourront être
envisagées.
9 - Plusieurs scénarios ont-ils
été envisagés ?
La réponse à un même objectif n'est jamais
unique. Plusieurs scenarios possibles seront donc évalués au
regard des objectifs du projet. Cette méthode permet au maître
d'ouvrage de s'approprier le projet, et d'exercer pleinement son rôle de
décision.
10 - Quels sont les enjeux et actions transversaux
?
La notion de transversalité est fondamentale afin de
prendre en compte les interactions, positives ou négatives, qui peuvent
se mettre en place. La mise en évidence d'enjeux majeurs,
dépassant le cloisonnement thématique, constitue donc une
première étape incontournable qui doit déboucher sur des
actions transversales.
11 - Quels acteurs sont impliqués dans
l'élaboration du projet ?
La construction d'un projet de territoire constitue une
opportunité d'implication de l'ensemble des acteurs. Afin d'aboutir
à un projet partagé, il est nécessaire de
déterminer quels acteurs associer, à quelles étapes de
l'élaboration, et selon quelles modalités.
12 - Quels outils et quels moyens sont
mobilisables pour mettre en oeuvre le projet ?
La déclinaison opérationnelle du projet de
territoire constitue une étape cruciale puisque l'atteinte des objectifs
dépend de sa réussite. Il est donc important d'envisager le
plus tôt possible tous
les moyens et les outils disponibles pour mener
concrètement les actions découlant du projet. D'autres questions
liées au contenu du projet peuvent être posées sur
l'articulation de ce dernier avec les objectifs du développement
durable. Il est essentiel de voir comment le projet de territoire prend-il en
compte la dimension sociale (solidarité territoriale, accès
équitable aux ressources, meilleure répartition des services,
ségrégation socio-spatiale, cohabitation), la dimension
économique (intégration de toutes les potentialités,
éclairage sur la faisabilité des projets...) et la dimension
environnementale (consommation d'espace, préservation de la ressource en
eau, mode d'urbanisation, diversité des formes urbaines protection et
mise en valeur des paysages, éducation relative à
l'environnement) et la dimension culturelle (Gestion du patrimoine bâti,
réhabilitation et mise en valeur de l'habitat traditionnel, encadrement
des citoyens, etc.).
Justification de la démarche du « projet
de territoire » pour le cas de la Réserve de Biosphère des
Oasis du Sud Marocain :
Nous avons auparavant souligné que le territoire de la
réserve de biosphère, notamment les zones tampon, recèle
des atouts importants mais confronte au même titre des contraintes de
taille. En reconnaissance de l'intérêt des palmeraies de sud
Marocain, le bureau régional du PNUD au Maroc a lancé un grand
projet de conservation et de développement des oasis de la province
d'Errachidia (Annexe 01). Dans le cadre de la promotion de
tourisme dans cette province, le Ministère de Tourisme a aussi mis en
oeuvre un projet (Pays des oasis) visant la valorisation des sites et lieux de
récréation et renforcer leur rôle dans la contribution
à l'amélioration des conditions de vie des populations. Pour une
meilleure mise en oeuvre de ce genre d'initiatives qui se développent
dans les oasis, une démarche de projet se justifie. De nombreuses
expériences dans différentes « réserves de
biosphère » et « paysages protégés » dans
le monde entier révèlent un certain nombre d'exemples et de
bonnes pratiques favorisant le développement durable du territoire en
association avec les communes voisines. En France, les Parcs naturels
régionaux présentent un registre très riche de projet de
territoires et de pratiques de développement intercommunal
rassemblées notamment dans l'expérimentation nationale
«Territoires d'avenir» ou «Territoire de
développement ».45
Dans le but d'aider les collectivités locales de la
zone de la RBOSM à réaliser des objectifs du développement
territorial durable dans le cadre de statut de la réserve de
biosphère, un grand besoin se fait sentir dans le sens de
préserver l'environnement et les paysages des palmeraies pour
assurer une bonne qualité de vie aux habitants. Des actions autour d'un
projet de territoire sur la
45 Cf. La démarche intercommunale mise en
oeuvre dans à la région de Midi-Pyrénées au
sud de la France qui serait une source d'inspiration intéressante
pour le sud-est Marocain.
base de contrats de communes doivent être
renforcées par des coopérations intercommunales ciblées
pour la protection et la valorisation du potentiel écologique et
paysager. Étant un label international et outil fédérateur
des espaces de vie et de développement commun, le statut de la
réserve de biosphère offre des opportunités énormes
pour la mise en place d'une stratégie intercommunale de valorisation des
ressources spécifiques et d'implantation des activités
économiques. Dans le cas de les zones tampon de la province
d'Errachidia, où nous avons, à titre indicatif,
présenté l'état des lieux du territoire et analysé
les incidences naturelles et humaines sur l'environnement et le paysage,
la mise en oeuvre d'un projet de territoire intercommunal nécessite au
préalable trois mesures essentielles :
(i) L'optimisation de l'occupation foncière en habitat
afin de freiner l'expansion urbaine sur les espaces vitaux des
palmeraies;
(ii) La sauvegarde et la valorisation de l'environnement et
des paysages naturels et culturels en lien avec les secteurs économiques
notamment l'écotourisme;
(iii) La consolidation de la fonction écologique des
oasis en tant que ceinture verte contre la désertification et le
renforcement de leur attractivité à travers une démarche
de développement fondée sur la valorisation des produits et des
ressources spécifiques.
L'intégration de ces objectifs globaux dans chaque
projet intercommunal au niveau des espaces potentiels du développement
doit être une priorité absolue. Les orientations du
développement local étant définies, un diagnostic
territorial à l'aide de l'analyse SWOT est à envisager pour la
mise en oeuvre du projet. La rentrée par le paysage et
l'environnement pour la mise en oeuvre du statut de la réserve de
biosphère dans notre territoire d'application se justifie par le fait
que la gestion de l'environnement permet d'apporter une réponse
technique aux problèmes rencontrés, alors que le paysage
relève du domaine du patrimoine, de la culture et de la qualité
de cadre du vie. Il est un choix de la société qui combine le
milieu naturel et ses aménagements. De même, la démarche
paysagère est aujourd'hui une réponse privilégiée
à la conduite des projets du développement local, créant
des liens forts entre la population, les associations, les collectivités
territoriales, les environnementalistes, les conservateurs du patrimoine et les
professionnels de l'aménagement. (Voir annexe 03 : Cadre
logique et approche méthodologique de la mise en oeuvre du statut de la
RBOSM). Ainsi, dans la cadre des palmeraies de la réserve de
biosphère, les choix de l'aménagement des paysages orientent le
traitement des problèmes d'environnement et la prise en compte de ces
deux paramètres dans les projets d'aménagement constitue un enjeu
important bien pour la préservation de l'environnement que pour le
développement des territoires, et le projet paysager, au travers d'une
analyse des lieux et des sites, est une ouverture sur leur avenir.
L'approche de projet de
territoire et l'analyse SWOT :
Dans la pratique, un projet de territoire ressemble à
un programme d'Agenda 21 local élaboré sur la base d'un
diagnostic détaillé des potentialités et des faiblesses du
territoire et les tendances de celui-ci. C'est un outil d'aménagement
qui relève d'une approche nouvelle et s'inscrit dans une démarche
prospective de développement durable à l'échelle locale.
Cette démarche s'articule autour d'un questionnement sur les facteurs
et les acteurs de territoire ce qui permet de dégager des enjeux locaux
partagés. A partir de l'expérience locale, un projet de
territoire permet de mettre en lumière des préoccupations
nouvelles telles que la gouvernance locale et la gestion participative des
ressources naturelles. Sur le plan de l'environnement et du paysage, un projet
de territoire permet l'élaboration d'un un diagnostic de la situation
écologique et paysagère du territoire. Une démarche qui
repose sur le croisement de deux types d'analyse comme cela est illustré
dans la figure ci- dessous :
Source : adapté de « Le diagnostic territorial au
regard du développement durable », Agence Régionale de
Protection de l'Environnement de Midi-Pyrénées (ARPE-MIP), P.2
http://www.territoiresdurables.fr/upload/pagesEdito/fichiers/MethDiagTerritoire.pdf
Figure 32 : Le schéma ci-dessous résume la
méthode d'analyse considérée
ï Une analyse qualitative : qui consiste
à recueillir la perception des acteurs et leur vision partagée de
territoire, des ses valeurs paysagères et de ses fonctions
écologiques à travers l'organisation des séances de
consultation ciblées et des ateliers d'acteurs ou groupes de
travail,
ï Une analyse quantitative : qui
consiste à mener une évaluation quantitative de l'état des
lieux du territoire à partir des données sectorielles variables
et selon une échelle territoriale bien définie. Cette
étape de l'analyse permet d'avoir une première perception des
enjeux économiques locaux. Le croisement des deux analyses permet de
construire une vision complète sur l'environnement et le paysage en
faisant ressortir les enjeux, les priorités et les stratégies
à adopter. La phase de la programmation est le point le plus important
de l'analyse. Il consiste en deux choses :
ï Porter à connaissance
auprès des partenaires extérieurs,
ï Appropriation locale du territoire
à travers des programmes de communication, éducation,
encadrement, renforcement des capacités, sensibilisation.
Ce processus conduit finalement à l'émergence de
projets de territoire. Il est à souligner que dans le cadre de cette
approche, le questionnement concerne deux aspects :
ï Les composantes clés de l'environnement naturel et
du paysage qui permettent d'analyser la situation du territoire ;
ï Les éléments de caractérisation de la
communauté locale (contexte dans lequel naît le projet).
Ces deux aspects de caractérisation sont
analysés à la base d'une analyse SWOT (Forces, faiblesse,
opportunités et menaces). Les atouts et les forces portent sur le
constat aujourd'hui alors que les opportunités et les menaces portent
sur les voies possibles pour l'avenir.
L'analyse SWOT : Définition de l'outil
:
Acronyme des mots anglais (Strengths, Weaknesses,
Opportunities et Threats) respectivement Force, Faiblesse,
Opportunité et Menace, l'analyse ou matrice SWOT est un outil d'audit et
d'évaluation conçu initialement pour les
entreprises.46 Utilisé dans le cadre d'une
analyse stratégique comme une première étape de
planification pour faire le point d'un produit, d'un service, d'un projet de
développement ou d'un processus de production. La matrice SWOT est
très populaire parce qu'il est rapide, extrêmement facile et
adaptable. Elle se présente sous forme d'une
46 Paradoxalement à
l'ancienneté de concept SWOT qui remonte au début de la
réflexion stratégique aux années 50 à
l'Université Harvard au USA, l'utilisation de cet instrument s'est
limité, jusqu'à récemment à l'audit des
entreprises. Pour cette raison, l'essentiel de la documentation relative
à cet outil intéresse la planification stratégique dans le
domaine des affaires, du commerce et du Marketing. Actuellement, les agences du
développement s'inspirent des techniques et des instruments d'audit
appliquées aux entreprises. L'analyse SWOT gagne de
l'intérêt et son d'action s'élargit progressivement et
s'étend à des thématiques qui relèvent de domaine
du développement durable, comme l'aménagement du territoire,
l'urbanisation et la gestion de l'environnement.
grille à quatre entrées : les force et les
faiblesses (ou l'environnement interne) et les opportunités et les
menace (ou l'environnement externe).
Tableau n° 3 : les quatre entrées
d'une matrice SWOT
Après l'identification de toutes les composantes
internes et externes de l'objet étudié, la démarche
d'analyse se poursuit en se posant quatre questions clés :
- Comment préserver ou améliorer les forces
?
- Comment contourner ou éliminer les faiblesses
?
- Comment tirer parti des opportunités
?
- Comment éviter les menaces ou les transformer en
avantages ?
Les réponses à ces questions aboutissent
à un diagnostic détaillé de la situation menant à
l'élaboration d'un plan d'action.
Modalités d'application au territoire de la
RBOSM :
L'application de l'analyse SWOT à l'élaboration
du projet de territoire envisagé dans le cadre de cette étude
doit suivre le cheminement suivant : Les acteurs de la réserve sont
appelés à identifier et lister très
précisément des faits basés sur des observations
réalistes internes au projet (forces et faiblesses) ou propres à
son environnement externe (opportunités et menaces). La convergence
entre atouts (forces internes) et opportunités (forces externes), est un
indicateur positif sur la performance du projet tel que cela est montré
par la figure suivante :
Figure 33 : Présentation schématique de la
matrice SWOT
La matrice SWOT se représente en tableau, les points
étant classés par ordre d'importance dans une seule zone.
S'agissant de la mise en oeuvre d'un projet de territoire, la pratique du
brainstorming dans le cadre d'un atelier local s'assigne pour objectif de
mettre en place un plan d'action qui facilitera la validation du projet en
question.47 Un atelier de consultation locale est
un forum où les acteurs locaux (représentants de
communautés, ONG et associations, autorités locales, secteur
privé...) se réunissent pour identifier des besoins
spécifiques et proposer des solutions réalisables
sur la base de la discussion des problèmes
intersectoriels de leur territoire. Ceci doit conduire à la
définition d'un plan d'actions ciblées et concrètes.
Sommairement, la consultation locale suit un schéma en trois
étapes : Le forum d'acteurs, la définition d'un plan d'action et
les possibilités de mise en oeuvre. Il est très utile que
l'animateur d'un atelier de consultation locale possède de
l'expérience dans ce domaine. Les principes de base d'une analyse SWOT
pour l'élaboration d'un projet de territoire sont :
- Large participation,
- Objectivité,
- Lister des faits observés dans la réalité
et non des souhaits et des désirs flous,
- Être réaliste au sujet des forces et des
faiblesses de projet,
- Distinguer où le projet est aujourd'hui, et où il
pourrait être à l'avenir
- Être spécifique et évitez les indications
vagues,
- Analyser par rapport à un modèle réussi ou
concurrent,
- Clarté et simplicité.
(Voir annexe 04 : propositions pour
l'organisation d'un atelier de consultation locale à l'aide de la
méthode SWOT).
47 Cet exercice est inspiré
de « Training tool kit for MDGs », un guide
réalisé par le PNUD pour l'élaboration d'un plan
stratégique en vue de la réalisation de des Objectifs de
Millénaire pour le Développement à la base de la
méthode SWOT. (Module 01 activité 05)
http://mdgtoolkit.undg.org/course/view.php?id=27
CHAPITRE II : VERS UNE APPROCHE ALTERNATIVE DU
DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL DES PALMERAIES DE LA RBOSM :
En parallèle à l'ouverture des oasis du sud
Marocain sur le monde urbain, des actions ponctuelles et dirigistes de
conservation ont pendant longtemps été la réponse
ultime des pouvoirs publics à la crise environnementale des oasis.
L'approche de conservation préconisée durant de longues
années s'appuie sur l'identification de « zones à
protéger » sur la base de seul critère de
l'abondance des ressources naturelles et de l'intérêt
écologique et biologique du site. Cette politique de « mise sous
cloche » et de muséification des échantillons de la nature
s'est traduite par des opérations de classement et de zonage
figés et gérés par la force de la loi entrainant par
conséquent la perte des droits des populations à l'usufruit
tiré depuis toujours sur les ressources naturelles de leur territoire
(coupe de bois, chasse, pâturage...). La désignation des zones
riches en ressources naturelles en « aires protégées »
sur des territoires qui soutiennent la vie des populations, accompagnée
de la proscription des établissements humains et des activités
économiques a amplifié les tensions entre les conservateurs et
les usagers des ressources de l'environnement. Ceci s'est traduit dans la
plupart des cas par un conflit entre le droit légal
représenté par l'administration de conservation de la nature et
le droit coutumier hérité par les populations depuis la nuit des
temps. À cause de ce modèle singulier de conservation de la
nature basé sur l'exclusion des intérêts des
communautés locales, la gestion de l'environnement est en crise dans la
région des oasis. Cette situation accélère la perte de la
biodiversité et la dégradation des espaces nourriciers des
populations. Les pratiques de gestion des ressources naturelles et les savoir
faire écologiques traditionnels ne sont pas reconnus ce qui a
mené à une politique de conservation qui exclue les humains,
limite leurs activités économiques et viole leur droits
historiques. Cette politique est largement responsable de la crise de
conservation dans les palmeraies du sud Marocain et empêche une
valorisation appropriée des ressources locales. Les oasis sont devenues
des entités de conservation non viables et insulaires et ne pouvant plus
garantir un développement prospère à leurs habitants. Au
moment où les efforts de conservation se concentrent sur la vie sauvage
et les sites remarquables, les paysages représentatifs des interactions
uniques entre le naturel, la social et le culturel retiennent très peu
l'attention des conservateurs et des gestionnaires de la réserve.
Après la mise en place du statut de la réserve de
biosphère par l'UNESCO en novembre 2000, les handicaps ne sont pas
encore entièrement surmontés, mais les comportements des acteurs
s'améliorent progressivement. Des initiatives communes de protection de
l'environnement ou de développement local commencent à voir le
jour et cultivent une culture de collaboration et de partenariat. Un constat
est vérifié sur le terrain : l'urgence impérieuse
est pour protéger le milieu naturel et
sauvegarder les vastes paysages d'une grande qualité et
d'une signification historique enracinée mais surtout d'une valeur
économique inestimable pour le bien-être des populations. Il est
évident que le statut de la réserve de biosphère est la
dernière ligne de frontière à la conservation des
écosystèmes oasiens, une véritable opportunité du
développement humain qu'il faut saisir. Ce statut représente une
approche alternative de gestion de l'environnement et de développement
local qui associe les communautés locales dans la prise de
décisions et qui poursuit le double objectif d'assurer de meilleures
conditions d'existence aux populations sans que leur environnement soit le prix
à payer. Cette situation appelle la mise en place des outils de gestion
adéquats qui instaurent l'harmonie entre les activités des
populations et les valeurs naturelles et paysagères de leur territoire.
Dans nombreux contextes territoriaux à travers le monde, les «
réserves de biosphère » et les « paysages
protégés » apportent des réponses satisfaisantes
à ce besoin. Une réserve de biosphère représente
sans doute un modèle idéal du développement durale dans le
sens où elle démontre les bénéfices d'une approche
collaborative et intégrée au niveau de la gestion de
l'environnement et de développement économique. Les
opportunités pour la promotion des oasis du sud Marocain qui ont le
privilège de figurer sur cette catégorie d'aires
protégées, peuvent être mieux saisies si on
considère les principes et les dispositions qui guident ce statut. Le
statut de la réserve de biosphère qui a pris appui sur
l'échec de l'approche classique de conservation et sur les menaces
auxquelles le territoire oasien est exposé doit être le noyau dur
d'une approche du développement territorial innovante. Sa mise en oeuvre
tient à la volonté de mener une action collective autour d'un
projet de développement axé sur la protection et la mise en
valeur du potentiel local. Dans ce sens, le « projet de territoire »
concoure parfaitement à l'atteinte des objectifs de MAB.
Le paysage : composante
intégrante du projet de territoire :
Le paysage : éléments de
définition.
« Dans les paysages d'aujourd'hui sont
présents les paysages d'hier et ceux de demain
».48
Le paysage est un concept polémique. Sa
réalité complexe le rend difficile à définir. Le
Robert propose : « Partie d'un pays que la nature présente
à un observateur », le petit Larousse : «
Étendue de pays qui présente une vue d'ensemble ».
Le Conseil du Paysage québécois considère que le paysage
est beaucoup plus que les caractéristiques visibles d'un territoire et
élargie sa définition pour englober « l'interaction
entre l'activité humaine et l'environnement ».
C'est-à-dire que dans la notion du paysage s'inscrivent
« les éléments biophysiques,
anthropiques,
48 La charte paysagère : outil
d'aménagement de l'espace intercommunal, fédération des
parcs naturels régionaux de France, la documentation française,
Paris 1995, page 25
socioculturels, visuels et économiques
».49 Pour le Groupe-conseil sur la
politique du patrimoine culturel du Québec, le paysage désigne
« le résultat des interactions entre les populations, leurs
activités et les lieux qui les accueillent ». Ce groupe
considère que le mot a évolué vers la notion de
système « c'est-à-dire d'ensemble dynamique de relations
entre les êtres vivants occupant un espace
donné».50 Dans le même sens,
la Convention Européenne sur le Paysage admet que le paysage est «
une partie de territoire telle que perçue par les populations,
dont le caractère résulte de l'action de facteurs naturels et/ou
humains et de leurs interrelations»,51
alors que la Charte du Paysage Québécois
considère que le paysage est « à la fois le
résultat et la reconnaissance des occupations successives du territoire
».52 Un guide de Conseil du Paysage
Québécois distingue entre « le paysage naturel
» et « le paysage humanisé
».53 Le premier concerne l'assemblage
des éléments naturels du milieu physique et des
entités biogéographiques
(comme les vallées, les plateaux, les massifs
montagneux ou les plaines) qui constituent la matière première du
paysage et définissent ses structures. Les particularités du
paysage naturel découlent de l'ordonnancement des divers
éléments environnementaux. Il est le résultat des
multiples influences qui forment les écosystèmes et les habitats
naturels. Tandis que le deuxième, « le paysage
humanisé », concerne l'influence de l'homme exercée
sans cesse sur son milieu de vie. Les milieux naturels subissent diverses
transformations au gré des actions humaines. L'homme aménage son
milieu et intervient à de petites et de grandes échelles et des
paysages de plus en plus humanisé. Le paysage évolue sans cesse
et est constamment modifié par les empreintes culturelles
laissées par l'homme et propres à chaque époque. Le
paysage d'aujourd'hui est la somme des transformations réalisées
par l'homme au fil du temps dans le cadre de ses multiples activités
agricoles, industrielles, forestières, résidentielles ou
commerciales, etc. Aussi dans l'esprit de la Charte du paysage
québécois, le territoire allie un ensemble des
éléments environnementaux aux multiples actions de l'homme et
devient paysage lorsque des individus et des collectivités lui accordent
une
valeur paysagère. Le paysage est « source de
création et d'expression ».54 Il
est lieu de mémoire
dont il importe de préserver les éléments
remarquables. Un paysage peut être emblématique à un peuple
donné ou spécifique à une région ou
communauté locale. Il est la traduction des préoccupations
relatives à la qualité de vie et de résistance à la
banalisation des spécificités territoriales. L'évolution
des paysages s'effectue constamment à des échelles
différentes et se
49 Cf. « Guide du
paysage : un outil pour l'application d'une charte du paysage »,
Le Conseil du paysage québécois, Octobre 2002
http://www.paysage.qc.ca/guide/index.html
50 Notre patrimoine, un
présent du passé, 2000, p. 19
51 La Convention Européenne
sur le Paysage, 21 juillet 2001
52 Charte du Paysage
Québécois, Conseil du paysage québécois, Janvier
2000, p. 2
53 Cf. « Guide du paysage : un
outil pour l'application d'une charte du paysage », Le Conseil du paysage
québécois, Octobre 2002.
http://www.paysage.qc.ca/guide/Application_charte.pdf
54 Idem
transforment quotidiennement en fonction des choix et des
orientations individuels et collectifs. Le paysage inspire la culture dans sa
diversité et sa particularités et l'enrichit ou l'appauvrit selon
les choix de développement. Chaque communauté est
dépositaire du territoire qu'elle occupe et responsable de la valeur
paysagère qu'elle lui attribue. Les interventions sur une portion de
territoire par un propriétaire foncier ou un organisme engage sa
responsabilité à l'égard des valeurs collectives du
paysage. Dans le cadre de leur compétence, les collectivités
locales, régionales et nationales sont les garantes et les gestionnaires
d'un bien dont l'intérêt commun est
évident.55 Si certaines
acceptions renvoient à une notion visuelle et esthétique
du paysage, et
d'autres à une notion de valeur identitaire et du
patrimoine commun, dans ce présent travail, la question du paysage se
pose en terme environnementale, c'est-à-dire en tant que relation
entre les populations des palmeraies du sud Marocain et leur milieu naturel.
Dans ce sens, la première source de dégradation du paysage est
l'évolution de l'habitat contemporain. Pour faire face aux
problèmes démographiques, économiques et agricoles, le
territoire de la réserve de biosphère des oasis subit des
remaniements plus au mois respectueux de l'environnement. Dans cette optique,
l'état du l'environnement et du paysage des oasis est fonction de
degré d'intégration des considérations du milieu naturel
aux programmes d'aménagement et de développement local. En somme,
le paysage ne désigne pas uniquement les sites remarquables ou
d'intérêt naturel ou culturel, mais l'ensemble des espaces que
nous traversons quotidiennement et qui méritent l'intension des
aménagistes et des acteurs de développement. Ce sont ces paysages
quotidiens qu'un
projet de territoire a pour objet de valoriser et
d'améliorer.56
Le paysage : une expression de l'activité
humaine.
Nous avons montré que le paysage est le résultat
de la présence d'éléments naturels et culturels qui, par
leur agencement et leurs caractéristiques, racontent la
particularité d'un territoire. Parmi les éléments que l'on
peut qualifier de naturels, le relief, le sol, la
végétation qui, influencés par le climat, forment les
écosystèmes. S'y ajoutent les traces de la transformation de ces
éléments naturels par les pratiques de développement et
d'aménagement laissées par l'homme. Comme nous l'avons
illustré dans la deuxième partie, partout, dans la zone
d'étude, le paysage contemporain est fortement marqué par les
éléments bâtis et les infrastructures : à l'habitat
traditionnel se sont ajoutés les développements urbains modernes
: routes, quartiers périphériques, villas, lotissements,
ronds-points, centres commerciaux, zones d'activités, infrastructure de
communication et des services, lignes de transport électrique, etc.
Actuellement, le paysage des
55 Idem
56 Cf. « Le paysage,
espace de notre quotidien », extrait de l'Étude
préalable de promotion paysagère et de valorisation du
Béthunois (France), in. La charte paysagère : outil
d'aménagement... op. cit. p. 23
palmeraies de la réserve est le résultat de
l'ensemble de toutes ces actions et comportements d'aménagement. Chaque
jour, chacun y laisse sa trace, le paysan, l'entrepreneur, le promoteur
immobilier, l'architecte, l'urbaniste, l'agent de développement et le
décideur politique. Le paysage actuel de la palmeraie n'a pas
été pensé dans un plan d'ensemble. Il est l'expression des
rapports mal établis entre les oasis et les grandes villes. L'ouverture
des oasis sur le monde urbain a entrainé une rupture brutale avec les
pratiques d'aménagement local. Les activités humaines
connaissent une mutation rapide et d'envergure entrainant l'abandon des
pratiques traditionnelles de développement tandis que le modèle
urbain s'accélère imposant une concurrence très rude pour
le modèle local d'occupation de l'espace.
Le paysage : résultat d'interventions
multiples.
Organiser l'évolution du paysage est chose ardue. Il
résulte de choix politiques, de choix concernant l'habitat,
l'urbanisme, l'environnement, l'agriculture, le tourisme et autres
secteurs du développement économique décidés au
niveau national, voire international, et qui s'imposent de façon
uniforme à des territoires bien différents. Il suffit de penser
à la politique de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme
et à leurs multiples répercussions sur chacune des communes et
des localités au niveau national. Le paysage est par conséquent
le résultat d'interventions multiples dont les acteurs locaux ne
maitrisent pas forcément l'ensemble. La décentralisation a accru
les pouvoirs des élus en matière de la planification urbaine et
leur responsabilité à l'égard de l'aménagement de
l'espace et donc du paysage. Les collectivités locales ont les moyens
d'intervenir par la réglementation, mais aussi par la sensibilisation et
la concertation avec l'ensemble des partenaires concernés. Le projet
de territoire privilégie cette action concertée parce que ses
orientations auront été établies sur une lecture en commun
du paysage et parce qu'elles auront été débattues. Le
paysage est aujourd'hui une donnée essentielle du développement
économique et pas seulement un supplément apporté aux
projets d'aménagement. La préoccupation paysagère doit
traverser alors toute la réflexion sur le développement d'un
territoire. La mise en oeuvre d'une réflexion concertée sur le
devenir du paysage est donc une étape incontournable dans
l'élaboration du projet de territoire intercommunal.
Le paysage oasien perd sa lisibilité suite à
deux facteurs majeurs :
· La disparition du modèle local d'occupation de
l'espace : l'habitat traditionnel s'éclatent et le réseau des
villages est détruit par le développement urbain;
· L'exode rural : les paysans quittent les vallées
présahariennes et abandonnent leurs champs et leurs villages pour aller
travailler dans les grandes villes.
De part ces deux dynamiques, le paysage des oasis change
constamment et son altération est de plus en plus rapide. L'urbanisation
moderne est un facteur de transformation brutale des palmeraies.
Peut-on laisser ainsi le paysage évoluer sans projet d'ensemble,
sans s'intéresser et s'inquiéter de ses transformations, au
gré de projets successifs ? La nécessité d'une
politique paysagère se fait jour et l'enjeu d'un projet de territoire
est donc aujourd'hui de bien reconnaître des valeurs au paysage oasien et
de faire partager ces valeurs par ceux qui y vivent et ceux qui le modifient.
C'est aussi en cernant ces atouts et ses faiblesses, de mettre en oeuvre
les moyens qui permettront, selon les cas, de le valoriser ou de le
reconquérir. Pour améliorer le cadre de vie des habitants et le
rendre plus attractif pour les visiteurs. (Tableau 04)
Tableau 4: le paysage : une donnée essentielle du
projet de territoire
L'élaboration d'un projet de territoire en ayant
conscience de la qualité et des faiblesses du paysage permet d'orienter
de façon responsable les choix d'aménagement et de
développement. Les choix de localisation des activités
socioéconomiques sont essentiels pour un développement
équilibré. Ceci concerne à la fois les zones d'extension
urbaine sur le territoire intercommunal, et le lieu d'implantation des
équipements, ou des zones d'activité ou de loisirs.
Paysage et
intercommunalité :
Le paysage s'accommode mal des découpages
administratifs du territoire. La commune représente une échelle
trop petite pour analyser le paysage et la province n'a pas d'avantage de
cohérence paysagère. L'intercommunalité (ou groupement de
communes)57 a donc une chance d'être
l'échelle territoriale la plus pertinente pour l'étude et
l'appréhension du paysage.
L'intercommunalité offre un cadre de
développement ayant une assise territoriale affirmée, il est
nécessaire qu'elle se dote d'une stratégie de
développement..., qu'elle construise une vision de l'évolution
souhaitée de son territoire. Il faut qu'elle construise son "Projet de
Territoire.58
L'enjeu de l'intercommunalité se situe notamment, dans
l'aptitude à raisonner à une échelle plus riche, plus
variée et donc plus pertinente parce que :
L'intercommunalité concerne des espaces
relativement larges :
Le découpage des structures intercommunales ne s'appui
pas toujours sur des critères d'identité paysagère. Au
Maroc présaharien, où la réserve de biosphère des
oasis est à cheval sur trois provinces et deux régions, le
découpage administratif ne favorise pas la création d'une
identité de « pays » qui nécessite une cohérence
territoriale affirmée. Les limites des provinces et parfois même
des cercles ne correspondent pas toujours à des ensembles paysagers
homogènes et cohérents. Ce phénomène explique la
raison d'intervenir, dans le cadre de la mise en oeuvre d'un projet de
territoire dans un espace intercommunal relativement large mais qui soit
cohérent et homogène sur le plan paysager.
L'intercommunalité est un niveau
d'intervention crédible :
La valorisation des paysages est une action de longue haleine
qui ne se satisfait pas d'interventions conjoncturelles. Dans ce sens, la
crédibilité d'une intervention intercommunale se justifie par le
fait que les groupements de communes ont la possibilité de mobiliser
leurs partenaires dans une action à long terme. De plus, au Maroc les
provinces et les régions soutiennent en priorité les programmes
et les projets qui relèvent de compétence intercommunale sans
oublier que la politique de planification urbaine s'appui sur les Schéma
Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme qui sont des documents
d'urbanisme prospectifs et intercommunaux et peuvent donc renfoncer l'action
intercommunale en matière du développement local. Aussi, les ONG
internationales, les associations locales de développement et de
défense de l'environnement et les populations trouvent des les
groupements intercommunaux des interlocuteurs identifiés.
57 Au Maroc un groupement de commune
ou une intercommunalité s'appelle le « cercle » qui correspond
à une échelle territoriale intermédiaire entre
« la commune » (groupement de villages) et « la
province » (groupement de cercles).
58 C. DELPEY, Fiche Notion Territoire
/ PDM, 31 -01 -06
L'intercommunalité donne des moyens d'actions
plus performants :
Au Maroc un groupement de commune ou une
intercommunalité s'appelle le « cercle » qui correspond
à une échelle territoriale intermédiaire entre « la
commune » (groupement de villages) et « la province »
(groupement de cercles). Il est évident qu'un groupement de communes
peut mobiliser des moyens techniques, humains et financiers qu'une seule
commune rurale n'a pas la possibilité de réunir. Des communes
groupées peuvent s'appuyer sur des bureaux d'études ou des
chargés de mission spécialisés pour piloter techniquement
un projet de territoire et le mettre en oeuvre. Ensemble, elles peuvent se
donner des moyens d'engager des programmes de protection de l'environnement et
des travaux d'entretien et d'aménagement paysager.
L'intercommunalité est l'échelon
où s'élaborent les projets de territoire :
L'intercommunalité est l'échelon de la
réflexion stratégique sur le devenir d'un territoire et celui de
la décision locale en matière du développement. À
ce titre, elle est un échelon essentiel de la réflexion sur la
protection de l'environnement et la valorisation paysagère. Elle l'est
aussi pour l'élaboration d'un plan d'action commun et pour la prise en
compte de la dimension paysagère et pour l'intégration des
considérations environnementales dans les choix d'aménagement de
l'espace et les projets de développement. (Voir tableau 05)
Tableau n° 5 : le paysage comme facteur de
coopération intercommunale
En s'intéressant au paysage, l'intercommunalité
de projet de territoire peut naître ou se renforcer. La démarche
paysagère est un ciment fort de l'engagement collectif au niveau
intercommunal. Elle
génère une reconnaissance par chaque commune du
territoire des autres, et une prise de conscience de l'espace intercommunal
comme territoire partagé. La mise à l'étude d'un projet de
territoire est donc l'occasion de construire les outils nécessaires pour
appréhender cet espace partagé et l'intérêt de le
préserver. À ce titre, pour les communes non regroupées en
structures intercommunales, travailler sur un projet de territoire constitue
une première étape intéressante vers
l'intercommunalité. Le paysage est un thème consensuel parce
qu'il s'agit de la prise de conscience d'un patrimoine en danger et d'un cadre
de vie commun, de ces atouts et de ces menaces de dégradation. Il est
facteur de mobilisation pour l'amélioration du bien être
collectif. L'analyse des menaces sur le paysage et l'environnement
déclenche naturellement la volonté d'intervenir ensemble pour les
protéger et les valoriser. Dans ce sens, réfléchir au
paysage et à l'environnement c'est réfléchir au
développement durable, et le projet de territoire est l'occasion de
réfléchir ensemble au devenir de l'espace vécu, à
l'identité que les communes souhaitent lui donner et de définir
les moyens communs pour y atteindre les objectifs d'un développement
humain durable. La mise en oeuvre d'un projet de territoire permet aussi aux
collectivités locales de choisir un mode de développement et
d'aménagement sur l'ensemble du territoire en fonction des
potentialités et des opportunités de chaque espace
identifié.
Le paysage : thème
favorable à la concertation et à la gestion
participative.
Le paysage est l'affaire de tout le monde et chacun porte la
responsabilité de son devenir. Pour cette raison, la concertation et
l'animation sont deux volets très importants dans le processus
d'élaboration d'un projet de territoire.
Le rôle des élus :
Ils sont les pilotes de la démarche du projet de
territoire et doivent faciliter son appropriation par les forces vives du
territoire. Depuis le lancement de la décentralisation au Maroc, les
communes sont les principaux acteurs de l'aménagement du territoire.
Elles disposent du pouvoir de décision pour l'élaboration
des documents d'urbanisme notamment les PA (Plans d'Aménagement)
pour les communes urbaines et les PDAR (Plan de Développement et
d'Aménagement Rural) pour les communes rurales et sont responsables de
la délivrance des permis de construire. Les élus sont
également maitres d'ouvrage de nombreux travaux d'aménagement et
de développement sur leur territoire. Le projet de territoire leur
donnera l'outil nécessaire qui leur permettra de choisir ensemble des
orientations pour leur territoire, de conduire des actions concertées en
matière d'aménagement et de développement. Aussi, parce
que les communes ont reçus l'obligation de prendre en charge des
compétences d'aménagement et d'urbanisme, elles
possèdent une marge
d'autonomie légale qui leur permet de répartir
une partie des coûts de leurs projets d'aménagement et de
développement sur l'ensemble de la communauté locale.
Le rôle des populations :
Les populations sont dépositaire d'un savoir faire en
matière de la gestion des ressources de leur territoire. Le milieu
naturel, le patrimoine et le paysage leur appartiennent. Leur comportement
quotidien a donc des impacts directs sur la qualité de leur milieu de
vie et de leur paysage (aménagement des espaces, évolution de
l'habitat, valorisation du patrimoine architectural, rejets ménagers,
plantations...). Leurs connaissances et leur sensibilisation
particulière pour le paysage doivent être mobilisées et
sollicitées par divers moyens aux différentes étapes de
l'élaboration de projet. Leur mobilisation est un facteur essentiel de
réussite car ils ont une très bonne connaissance du territoire de
leur commune.
Le rôle des associations :
Les associations de la protection de l'environnement, de
développement local, de la préservation du patrimoine
architectural ont de bonne connaissance de paysage local et doivent être
associées au diagnostic et à l'élaboration du projet de
territoire. Elles peuvent aussi participer à la mission de
sensibilisation et d'information du public. Pour ces deux raisons, il faut les
inclure dans la démarche de projet. L'enjeu de la participation des
populations locales et des associations et d'en faire des partenaires actifs
du projet de territoire.
Le rôle des aménageurs :
Ce terme est ici pris au sens large, désignant tous les
maitres d'ouvrage des travaux d'aménagement sur le territoire des
communes. Il s'agit par exemples des bureaux d'études d'urbanisme et de
l'architecture, les promoteurs immobiliers, les entreprises de bâtiments,
les ingénieurs des travaux publics, les services publics maitres
d'ouvrage des routes, des réseaux d'assainissement, de l'eau et
l'électricité, etc. Il est essentiel de connaitre les projets de
tous ces décideurs qui transforment et façonnent le paysage car
celui-ci est révélateur des choix politiques et techniques qui
s'imposent au territoire et définissent son évolution et son
développement.
Le rôle des acteurs économiques
:
Les agriculteurs, les artisans ou les industriels, les
commerçants, les forestiers et leurs organisations professionnelles sont
aussi des interlocuteurs de premier plan en matière
d'élaboration du projet de territoire. Leurs activités ont un
impact direct sur l'environnement et le paysage et leur participation à
l'élaboration de projet de territoire est primordiale pour favoriser
leur adhésion à la
promotion économique locale. Des actions
concrètes doivent leur être proposées pour faire influencer
leurs comportements.
Le rôle des opérateurs touristiques
:
La qualité du paysage est l'élément de
perception le plus sensible d'un territoire pour ceux qui le visitent. Parce
que cette qualité est un facteur d'attraction ou au contraire de rejet
pour une clientèle touristique très sollicitée, les
opérateurs de tourisme doivent être associés à la
démarche du projet de territoire.
Le rôle des administrations :
Les services publics sont des partenaires indispensables de la
démarche du projet de territoire. Ils ont un rôle
réglementaire, financier ou de conseil aux communes. Bien
évidement, tous les services décentralisés de
l'État, de fait de leur proximité géographique, de leur
rôle d'impulsion, de coordination et de mise en oeuvre de mesures
réglementaires et de projets sectoriels doivent être des
interlocuteurs particulièrement ouverts au projet de territoire. Il en
ressort que le projet de territoire est un outil d'aide à la prise de
décision. Au moment ou la transposition des modèles
d'aménagement vus ailleurs banalise le paysage et dégradent ce
qu'ils sont censés protéger, la concertation et le dialogue qui
caractérisent la démarche de projet de territoire favorisent une
approche participative de gestion de l'espace et permet ainsi sa connaissance
préalable et l'appréhension de son évolution et de sa
dynamique. Ainsi, les acteurs de projet peuvent décider en connaissance
de cause et de manière réfléchie.
Les éléments
de l'analyse paysagère :
Un diagnostic pour comprendre :
Le diagnostic territorial permettra de cerner des secteurs
particulièrement sensibles, parce que riches sur le plan
environnemental et paysager que l'on s'abstiendra d'ouvrir à
l'urbanisation ou desservir par une route par exemple. Il permettra, en
fonction des caractéristiques propres du paysage et de l'impact
prévisible des activités sur le milieu naturel, de faire de
meilleurs choix d'implantation ou de les arbitrer en connaissance de cause.
Selon les caractères du paysage et de la vocation souhaitable de
l'espace, l'objectif est aussi de déterminer les types
d'activités qui constituent une menace et celles qui, s'intégrant
au développement économique du territoire, permettraient de le
valoriser ou de l'entretenir. L'élaboration d'un projet de territoire
débute nécessairement par cette étape de diagnostic. Il ne
s'agit pas d'inventorier de manière exhaustive les
éléments du paysage mais de mettre en évidence ses
caractéristiques, ses points forts et faibles et
les facteurs de déséquilibre. L'objectif et de
bien connaître le potentiel environnemental et paysager et de comprendre
la manière dont il fonctionne. Nous présentons ici les principaux
volets qui constituent un diagnostic sachant qu'il n'existe pas une seule et
unique méthode pour le réaliser. Les principaux volets sont :
· L'identification des caractères fondamentaux du
paysage;
· L'analyse de chaque entité paysagère;
· L'analyse de l'évolution paysagère;
· La mise en évidence des points forts et des
contraintes.
Tableau n° 6: les 4 étapes du diagnostic
paysager et environnemental
L'identification des caractères fondamentaux
du paysage :
L'objectif dans cette étape et de cerner les grands
traits de caractère du paysage, les éléments majeurs qui,
par leur présence et leur organisation dans le milieu, contribuent
à façonner le paysage et à lui donner son identité.
Cette identification se fait d'abord à l'échelle de l'ensemble
du territoire intercommunal. Elle permet de restituer ce territoire au regard
de son environnement plus vaste et de dégager ainsi les
différences ou, au contraire, les continuités par rapport aux
espaces qui l'entourent. La lecture attentive des cartes et de photographies
aériennes, ainsi qu'un travail de repérage de terrain, permettent
de mettre en évidence les principales caractéristiques du
territoire : le relief, l'hydrographie, les zones forestières, les
zones agricoles, l'organisation du bâti et les secteurs urbanisés,
etc. Cette opération repose sur une découverte du terrain et
permet d'accéder à sa réalité subjective et
d'identifier les valeurs qui s'y attachent. Cette opération de
reconnaissance
peut être complétée par une recherche de
références littéraires ou photographiques concernant le
paysage observé. Les guides touristiques et les photos anciennes et
contemporaines sont à cet égard des sources intéressantes,
car ils reflètent les perceptions données à une
époque donnée aux éléments de paysage.
Le repérage des entités
paysagères au sein du territoire communal :
L'analyse des caractéristiques fondamentales du
territoire intercommunal permet de distinguer des entités
paysagères distinctes. Une entité paysagère est un
ensemble d'éléments physiques et naturels homogènes qui
structurent un espace, avec des caractéristiques propres et un
ordonnancement spécifique qui se distingue d'un territoire voisin. Dans
les oasis, où les thèmes majeurs du paysage sont la montagne, la
palmeraie et les plateaux désertiques, les entités
paysagères résultent principalement des modes d'occupation des
sols, des structures agraires, de mode d'irrigation et de style architectural.
La réservé de biosphère, étant un territoire
très vaste, les entités paysagères sont très
variées chacune connaît une histoire différente, une
évolution particulière et devra faire l'objet de traitement
spécifique. Tout projet paysager doit être adapté
à la spécificité des lieux. C'est pourquoi le diagnostic
s'attache à la compréhension de chacune des entités
paysagères repérées dans la première étape.
L'objectif n'est pas de réaliser un état des lieux exhaustif,
mais de cerner les caractères propres à chaque entité et
à sa structure interne. L'analyse d'une entité paysagère
repose sur la prise en compte des éléments compris dans les deux
tableaux suivants :
Tableau n° 7 : les éléments
d'analyse d'une entité paysagère.
Tableau n° 8: Principales entrées
pour comprendre le paysage de la palmeraie
Après l'analyse de l'état actuel du paysage, il
est nécessaire d'analyser sa dynamique spatiotemporelle et ses causes.
L'objectif de cette lecture chronologique est de déterminer ce qui a
façonné le paysage pour lui donner l'image qu'il a aujourd'hui.
Percevoir l'évolution du paysage n'est pas toujours facile. L'habitude
de le voir quotidiennement atténue chez les populations qui y
vivent l'impact de chacun des petits changements qui, accumulés,
peuvent contribuer à sa modification profonde. La prise de conscience
de l'évolution du paysage et de la mise en évidence des causes de
ses modifications permettent de réfléchir aux moyens d'enrayer
les dégradations en cours, de valoriser des espaces menacés. Dans
l'élaboration d'un projet de territoire, la mise en évidence des
facteurs de l'évolution du paysage se fera à l'échelle de
chaque entité paysagère. L'observation directe permet de
repérer les évolutions du paysage mais la comparaison des
photographies aériennes sur 20 ou 25 ans, ou de cartes anciennes et
actuelles
donne des résultats très
significatifs.59 Cette opération met en
évidence les éléments qui, par leur disparition, leur
apparition ou leur permanence, transforment le paysage.
Les éléments significatifs de
l'évolution du paysage :
§ Les facteurs de dégradation du paysage de
la palmeraie :
· L'urbanisation diffuse;
· L'architecture banale des constructions nouvelles;
· Les zones d'activités mal traitées
(implantations, volume et aspects des bâtiments);
· L'affichage publicitaire mal maitrisé;
· Les constructions modernes aux entrées des villages
qui ferment le paysage;
· La désertification, la sécheresse et
l'ensablement;
· L'artificialisation des cours d'eaux;
· La construction des routes dans les palmeraies;
· Le manque d'entretien des palmeraies;
§ Les facteurs de valorisation du paysage de la
palmeraie :
· Des entrées des centres urbains et des villages
maitrisées;
· Des sites naturels et des abords des sites historiques
protégés et valorisés;
· L'entretien des palmeraies;
· Des routes insérées dans la
géomorphologie du paysage et respectant ses
spécificités;
· La maitrise de l'urbanisation;
· L'implantation adaptée des zones
résidentielles et des zones d'activités;
· Un mode architectural inspiré des matériaux
et de savoir faire local.
Le travail sur l'évolution des paysages est très
révélateur de la rapidité et de l'impact des changements
intervenus dans le paysage. Il a une force pédagogique évidente
à l'égard des élus et des habitants, dans la mesure
où il met en évidence des changements intervenus, parfois
récemment, sans que chacun en ait conscience. La réalisation des
documents d'illustration simples et clairs, qui rendent bien compte de
ces évolutions aura un fort impact pédagogique.
59 Gérald DOMON,
Évolution du territoire Laurentidien : caractérisation et
gestion des paysages, CPEUM, 2000, pp. 38-48
Prendre conscience des pressions sur le paysage
:
Dans chaque entité paysagère, on trouve des
pressions particulières liées à la fois au contexte
socioéconomique propre à cet espace et à des conditions
historiques et foncières plus globales. La prise en compte des pressions
sur le territoire, qu'elles soient urbaines, agricoles ou industrielles permet
de saisir les menaces à venir sur le paysage et de cerner les secteurs
les plus sensibles. Ces pressions sont identifiables au traves :
- des documents d'urbanisme de chaque commune (PA ou
PDAR) qui traduisent leurs projets d'aménagement et du
développement. L'analyse de ces documents permet de cerner les
zones d'urbanisation potentielles. Elle devra amener à une
réflexion sur la cohérence des documents d'urbanisme et des
projets communaux.
- des projets d'infrastructures;
- de l'évolution de l'agriculture et du devenir des
exploitations agricoles ainsi que des tendances aux boisements;
- de la demande en logement des habitants ou de l'accentuation
de la fréquentation de certains sites.
La réalisation de supports simples de visualisation des
évolutions prévisibles est extrêmement utile comme vecteur
de prise de conscience anticipée d'un futur probable. Quelle serait
l'image paysagère du secteur d'étude si les projets connus se
réalisent et si les tendances d'évaluation observées se
confirmaient. Est-ce là le futur que nous voulons ?
Mise en évidence des points forts et des
contraintes :
Il s'agit de dégager les valeurs fortes du territoire
intercommunal que les initiateurs de projet devront valoriser comme fondements
de développement local et de l'identité des lieux ainsi que les
contraintes qui devront être levées. Cette mise en évidence
consistera à repérer les thèmes déterminants pour
le développement du paysage et l'organisation du territoire.
C'est-à-dire les éléments qu'il est intéressant de
protéger, de reconquérir et de mettre en valeur pour qu'ils
forgent l'identité du territoire (un paysage particulier, un site
d'intérêt naturel ou touristique, un village historique, la
présence de l'eau, le caractère rural, le style architectural,
les produits de terroir...). Cette mise en évidence est
complétée par le recensement et la localisation des
problèmes paysagers où il est question de dégager les
problèmes et les menaces qu'il est souhaitable de réduire ou
d'éviter à l'échelle de l'ensemble du territoire
intercommunal et au niveau de chaque entité paysagère :
- Le développement d'une urbanisation qui ne prend
pas en compte les effets produits sur la silhouette des villages ou
l'intégrité de l'environnement;
- L'implantation des zones d'activités sans traitement
d'ensemble
- L'avancée du désert sur les sols agricoles,
etc.
Ce travail est aussi l'occasion de localiser les espaces et
les éléments dégradés dont la présence
affecte la qualité paysagère et environnementale qu'il est
nécessaire de traiter. Par exemple, les zones atteintes par la
bâti traditionnel en ruine, les zones de rejets des eaux
usées en plein air, les zones résidentielles mal
intégrées, les décharges sauvages des déchets
ménagers, l'affichage désorganisé, etc. Pour une meilleure
sensibilisation de l'ensemble des acteurs du groupement à ces
problèmes, une visualisation simplifiée est fort
recommandée. Pour cela, il est important de produire une carte
synthétique des atouts et des contraintes des paysages et du milieu
naturel du territoire de groupement.
La préparation d'un « projet paysager
» :
Au terme de l'ensemble de observations
précédemment décrites, les particularités du
paysage se sont dessinées progressivement. Les éléments
majeurs ont été identifiés et seront donc ceux sur
lesquels portera le « projet paysager
».60 Ce dernier pourra s'attacher
à protéger les éléments dégradés,
à renforcer les spécificités des lieux, à souligner
les différences entre chaque entité paysagère ou à
valoriser au contraire les éléments communs à l'ensemble
du territoire, à favoriser l'émergence d'un paysage contemporain
harmonieux. Ainsi, l'observation et l'analyse du paysage ont permis la mise en
évidence de ses forces et de ses faiblesses du paysage et de ses
caractères dominants. Ceux-ci constituent les bases structurantes
d'intervention future en vue de la
requalification paysagère de l'ensemble de l'espace
intercommunal.
Les démarches d'animation et de
sensibilisation :
L'analyse du paysage suscite le débat. Elle est un
outil privilégié d'une démarche participative de
réflexion sur le devenir d'un territoire. À chaque étape
de diagnostic, l'approche paysagère est propice à la
création d'une ambiance du travail vivante et conviviale. Elle permet
à chacun de faire part de ses connaissances locales, de sa
sensibilité et de se sentir ainsi valorisé. La participation se
fait au sein des groupes de travail
thématiques constitués à l'échelle de
tout le groupement ou à celle des entités paysagères. Le
croisement des conclusions de chacun permet de valider l'état des
60 Il ne faut pas confondre entre
un « Projet paysager » et un « Projet
de territoire ». Ce dernier englobe l'ensemble des
thématiques prioritaires définies lors de diagnostic territorial
par les acteurs intercommunaux. Le paysage, thème majeur de notre
travail, est traité ici à titre illustratif. D'autres
thématiques territoriales telles que l'environnement, le patrimoine
culturel, le tourisme, l'agriculture, etc. peuvent aussi, dans le cadre de la
mise en oeuvre d'un projet de territoire intercommunal, être objet de
projets particuliers.
lieux. Un consensus sur les forces et les faiblesses du
paysage sera un atout pour la mise en oeuvre d'une réflexion
concertée sur son devenir. Il s'agit donc de discuter, d'échanger
et de croiser les lectures et les regards pour faire évoluer l'analyse.
Chacun doit s'exprimer sur les perceptions de l'autre. Ces échanges sont
l'occasion d'une prise de conscience sur l'importance de certains aspects non
perçus jusqu'alors.
L'association des élus et des acteurs
institutionnels :
En ce qui concerne cette catégorie d'acteurs, leur
participation au diagnostic territorial peut être plus active que la
seule participation aux réunions d'échange. Les élus par
exemple ont une connaissance parfaite de leur territoire d'intervention et
fournissent de précieux renseignements notamment sur les
réalités socioéconomiques locales, dimension que
perçoit moins bien un professionnel, à mois qu'il ne connaisse
parfaitement le territoire de la commune. Pour identifier les
éléments intéressants du paysage et connaître les
projets de développement local, l'enquête
par questionnaire systématique auprès des
acteurs institutionnels et des présidents de conseils est une autre
méthode à mettre en oeuvre.61
L'implication des populations et des associations
locales :
Les habitants doivent également pouvoir s'exprimer et
rendre compte de leur perception propre de leur milieu de vie puisqu'ils en
sont les premiers acteurs et aussi les plus directement concernés par
son amélioration. Plusieurs techniques d'animation peuvent être
utilisées pour faire participer une population aux travaux de diagnostic
paysager de son territoire notamment les groupes de travail et les visites de
terrain. Il est préférable de mettre en oeuvre ces
méthodes participatives à l'échelle intercommunale. Les
populations et les associations locales ou éventuellement les
élus sont alors moins tentés de raisonner par rapport à
leur territoire immédiat mais au vu d'un territoire plus large. Des
séances d'animation peuvent aussi être organisées à
l'échelle des entités paysagères.
Les supports de communication :
Les documents de restitution des résultats du
diagnostic paysager doivent impérativement être des documents
facilement communicables et d'une visualisation simple (cartes, photographies,
croquis, dessins, organigrammes...) pour être facilement
compréhensibles par le grand public. Le travail cartographique est
particulièrement intéressant car, bien souvent, ces documents
n'existent pas à l'échelon intercommunal. Le diagnostic paysager
est l'occasion pour un territoire intercommunal de se doter d'un fond
cartographique qui est sera bénéfique à d'autres
utilisateurs.
61 Le questionnaire
systématique, comme méthode d'enquête, a bien
évidement des limites liées au nombre et à la
qualité des réponses au retour. Elle ne sera pas vraiment
participative que si une présentation publique des résultats
ainsi qu'un débat sont organisés.
Ces supports sont utilisés, tout au long de
l'élaboration de projet de territoire, pour faire partager la lecture du
paysage aux élus, aux populations, ainsi qu'aux autres partenaires, au
cours de réunions, d'expositions, etc.62
62 Les conclusions de
l'étude de diagnostic peuvent faire l'objet d'une présentation
publique avec un commentaire de l'ensemble des personnes ayant participé
au diagnostic. Il peut être aussi intéressant de susciter la
participation de la population pour le montage d'expositions : collecte de
photos anciennes, concours de dessins d'enfants...
CHAPITRE III : UN PROJET PAYSAGER POUR LE DEVENIR DU
TERRITOIRE OASIEN
Pour maitriser un paysage il est indispensable de veiller
à son développement harmonieux et intelligent. Il faut
réparer les erreurs de l'occupation de l'espace et redresser les impacts
non désirables des activités humaines sur le milieu. Le projet
paysager apporte à une stratégie d'aménagement une
signification écologique que culturelle et une dimension de
développement humain très forte. Cette seconde étape dans
l'élaboration de projet de territoire a pour objectif :
- de déterminer les principes d'intervention visant
l'amélioration de la qualité paysagère et l'insertion des
aménagements futurs;
- de réfléchir aux usages des espaces naturels
et aux sites remarquables du territoire intercommunal à
privilégier en fonction de leur valeur paysagère et de fixer des
règles d'occupation de l'espace.
C'est une étape de propositions et de choix
d'orientations de la part des acteurs. Le rôle de paysagistes et des
gestionnaires de l'environnement est très important pour aider à
bâtir des propositions intégrées, et le rôle des
élus est déterminant comme décideurs des orientations
stratégiques.
Les échelles d'intervention :
Les propositions pour la requalification des paysages doivent
être réfléchies à deux échelles
différentes :
· À l'échelle de l'ensemble du
territoire, échelle des enjeux communs, les interventions sont
de nature thématique : la maitrise de mutations paysagères
urbaines, la protection des qualités du milieu naturel, la
préservation et la réhabilitation des entrées des communes
et des villages.
· À l'échelle de chaque
entité paysagère, il faut rechercher des
préconisations paysagères et environnementales en lien avec les
vocations économiques dominantes des différentes parties du
territoire : zones à usage réservé à certains types
de fréquentation, prescriptions architecturales en matière de
construction, pérennité de l'usage agricole des terrains,
meilleures intégration des travaux d'aménagement à
l'environnement.
Cette double approche permet d'intervenir de manière
cohérente sur tout le territoire, tout en affirmant les
spécificités de chaque entité paysagère. Les choix
d'aménagement et de développement doivent, quant à eux,
être réfléchis sur la base des usages de l'espace qui
seraient
les plus compatibles avec la qualité souhaitée
au territoire. Il s'agit de désigner les vocations dominantes de chaque
partie du territoire, c'est-à-dire ce à quoi on souhaite destiner
ces différentes parties selon leur aptitude à développer
des fonctions et des usages particuliers et, à partir de là, de
fixer des principes d'utilisation de l'espace.
Programme d'action et principes d'intervention
:
Pour chacune des situations paysagères
rencontrées, le projet de territoire consiste :
- à proposer des principes d'intervention sur les projets
d'aménagement;
- à préciser les actions à conduire pour
améliorer la qualité paysagère du territoire : contenu
des actions, localisation...
Ces principes d'intervention sont des lignes directrices et de
points de référence communs sur lesquels les élus, les
aménageurs, les maitres d'ouvre s'appuieront lors de la
réalisation des aménagements. À ce stade, on ne vise pas
à aboutir au plan d'aménagement d'un village ou d'un site
paysager ou naturel. L'objectif est de se mettre d'accord sur des principes
d'intervention et de traitement adaptés aux spécificités
du territoire. Dans ce stade, chaque nouveau projet, chaque action de
réhabilitation ou de protection valoriseront les atouts paysagers du
territoire, et permettront de renforcer son identité de façon
cohérente. La définition du programme d'action se fait à
l'échelle de tout le groupement de communes; elle permet un traitement
global du territoire et contribue à favoriser la cohérence des
actions. Le projet paysager défini à ce stade doit être
fortement corrélé à l'objectif dominant poursuivi au
travers de projet global de développement intercommunal et de sa
politique d'aménagement : préservation face à la pression
urbaine, objectif de valorisation touristique, d'amélioration du cadre
de vie des habitants, etc. Dans cet esprit, la réserve de
biosphère peut par exemple définir des thèmes
d'intervention prioritaires qui feront l'objet de fiches techniques
simples regroupées dans un guide à l'usage des communes.
Usages du territoire et occupation de l'espace
:
La qualité environnementale et paysagère d'un
territoire dépend intimement du type de développement
économique qui y est pratiqué, des choix d'aménagement
qui y sont faits : nature et localisation des activités,
équipements et infrastructures, aménagement foncier, gestion
forestière, etc. Sa revalorisation passe donc non seulement par des
actions de requalification ou de réhabilitation paysagère,
environnementale ou patrimoniale, mais par une réflexion sur les choix
d'aménagement et de développement. Dans notre territoire
d'étude, certaines zones sont menacées par la présence
d'activités trop agressives et par des usages de l'espace qui ne sont
pas toujours adaptés aux caractéristiques paysagères et
écologiques des lieux. Dans la région des palmeraies,
l'enjeu du projet de territoire est donc de
réfléchir au mode d'utilisation de l'espace au regard de la
qualité et de la sensibilité paysagère et environnementale
qui le caractérisent. Quelle est la vocation dominante de chaque
entité paysagère de notre territoire ? Quelles
conséquences en tirer de point de vue de l'occupation de l'espace et des
choix d'aménagement ? Il est clair que la capacité
d'infléchir les grandes mutations du territoire qui affecte
l'évolution des paysages est limitée et qu'il faut relativiser la
part des choix que peut formuler un groupement de communes. Tant
d'évolutions paraissent inéluctables ou dépendantes des
décisions nationales voire même internationales. Pourtant, en
détenant une bonne part des pouvoirs de planification de l'espace, et en
étant décideurs d'aménagement publics, les communes ont
des moyens, si ce n'est de choisir, tout au moins d'infléchir des
évolutions des évolutions indésirables : comment mieux
faire ce qui relève directement de leur marge de compétence
(outils de planification urbaine adaptés, travaux d'aménagement
judicieux et de qualité, choix de développement
intégrés à la réalité locale) ? Comment
créer les conditions pour que les actions des particuliers, des
entrepreneurs, des aménageurs contribuent à améliorer la
qualité du milieu de vie au lieu de le dégrader ?
Déterminer les vocations dominantes des
entités du territoire :
Quelle est la vocation dominante de chacune des entités
du territoire, en fonction de ses atouts et ses contraintes environnementales
et paysagères ? Au développement de quel type d'activité
est- elle le mieux adaptée ? Que peut-on faire sur telle partie du
territoire mieux qu'ailleurs ? Faut-il continuer à développer les
zones urbaines sur cette partie du territoire alors que sa qualité
paysagère et naturelle constitue un potentiel touristique ? Des espaces
apparaitront plus propices que d'autres aux activités agricoles,
d'autres présenteront de réels atouts pour une valorisation
touristique, d'autre encore pour un développement résidentiel. Il
s'agira alors pour les communes de prendre les décisions qui s'imposent
pour permettre un aménagement en cohérence avec la vocation de
chaque lieu. Ainsi, dans l'avenir, les vocations économiques de l'espace
ne constituent pas une menace pour la qualité paysagère du lieu
et à son intégrité environnementale mais contribuent
à son maintien et à sa valorisation. Le projet de territoire est
de cette façon un nouveau regard sur le territoire qui amènera
à remettre en cause des projets d'aménagement dans leur
conception ou dans leur réalisation et à prévoir des
conditions particulières pour l'occupation de certains espaces.
Définir son projet d'aménagement et de développement en
partant d'une réflexion sur le potentiel paysager et naturel est une
démarche nouvelle. Nous proposons donc des modes de questionnement et
des lignes de conduite permettant d'aborder les usages futurs des espaces du
territoire de la réserve de biosphère des oasis.
Définir les règles de jeu pour
l'occupation de l'espace :
Il s'agit de définir, au sein de chaque entité
paysagère des règles de jeu de l'occupation de l'espace. En
fonction de sa ou ses vocations dominantes, on déterminera la nature des
activités à favoriser, à développer, à
réglementer et les zones correspondantes :
- maintenir les activités agricoles, préserver
la qualité naturelle, favoriser le caractère paysager de
l'espace;
- développer des activités touristiques et
certains types d'accueil;
- orienter la gestion et la restructuration de la
palmeraie;
- interdire certains types d'activités dans des lieux
de grande sensibilité environnementale ou paysagère, tel que les
décharges, les rejets d'assainissement, la construction en béton
armé...
On orientera aussi la localisation des activités :
- localiser les futures zones d'urbanisation;
- choisir des espaces à valoriser pour le tourisme;
- définir des zones naturelles;
- définir des zones agricoles.
La charte paysagère : un contrat intercommunal
sur des objectifs et des moyens.
Lorsque la structure intercommunale a arrêté les
orientations pour son projet territorial, il lui reste à en
définir les modalités concrètes de réalisation ce
qui suppose des engagements formels. C'est l'objet de cette dernière
étape, celle de la validation du projet de territoire et de
l'élaboration de la charte intercommunale, document sur lequel
s'engageront librement les signataires. À ce stade, il importe de :
- définir les moyens nécessaires à la
mise en oeuvre et le rôle de chaque acteur dans celle-ci;
- établir le document de charte;
- amener chaque partenaire à s'engager sur cette
charte;
- assurer la pérennité de la charte et donc la
bonne continuité du projet.
Les moyens de la mise en oeuvre :
L'enjeu est de réunir toutes les conditions qui
favorisent la mise en oeuvre d'un programme d'actions dans le respect de la
charte et la pérennité des choix d'aménagement. Pour
chacune des actions définies, il s'agit de définir les moyens et
les acteurs qui seront chargés de les mettre en oeuvre.
a. Les moyens d'action :
Il s'agit de traduire chaque orientation du projet paysager
en action concrète assortie des moyens de sa réalisation. Les
moyens seront de nature technique et humaine, financier, réglementaire,
de formation et de communication tel que cela est illustré dans le
tableau suivant :
Tableau n° 9: Les moyens de la mise en
oeuvre de la charte intercommunale
b. Les moyens humains :
Dans la mesure où le groupement de communes dispose
d'une équipe technique, elle peut être mise à la
disposition des communes pour les aider et les assister dans la mise en oeuvre
du projet paysager. Les moyens humains, ce sont aussi les personnels
compétents des services administratifs, les cadres associatifs, les
professionnels des ONG internationales impliqués dans des projets de
développement local avec lesquels des conventions de partenariats
peuvent être signés.
c. Les moyens techniques :
L'apport technique se traduit par l'élaboration
d'études spécifiques, par la mise en place de programmes
d'actions précis et par la réalisation d'outils d'aide
technique.
d. Les moyens financiers :
Le projet pour le paysage ne sera viable que si les communes
ont la capacité de dégager des moyens pour le financer. Le
groupement peut disposer d'un financement propre (taxes, lignes
budgétaires...) qui lui permettra d'initier son projet de paysage et de
mobiliser facilement d'autres partenaires, notamment le fonds de
l'équipement communal, pour apporter des financements
complémentaires. Le succès d'une politique paysagère ou
environnementale ne requiert en aucun cas des financements spéciaux.
Tout dépend de la capacité des communes à concevoir de
meilleurs projets dans le cadre de financement communs : par exemple
réaliser des aménagements de villages de qualité dans
la cadre des subvenions publiques ordinaires.
e. Les moyens réglementaires :
Certains aspects du projet paysager gagneront en
efficacité s'ils trouvent une parfaite traduction dans les documents
d'urbanisme. Ceux-ci devront être adaptés afin de prendre en
compte les orientations définies dans le projet paysager commun. Ces
moyens réglementaires qui relèvent soit de groupement soit de
chaque commune peuvent concerner par exemple :
- l'élaboration d'un Schéma directeur
d'aménagement intercommunal afin de mieux prendre en compte
l'environnement et le paysage;
- la prise en compte par les communes du projet de paysage
à l'occasion des révisions d'un Plan d'Aménagement;
- la définition des prescriptions communes de permis de
construire qui seront reprises dans les documents d'occupation de l'espace;
- la mise en place d'une politique d'acquisition foncière
orientée vers la préservation des qualités des milieux
naturels sensibles et du paysage;
- la sollicitation de l'État pour la mise à
l'étude de procédures de protection paysagère, au titre du
plan national de le restructuration de la palmeraie (qualité des
prescriptives internes et externes de la palmeraie, prise en compte des
sensibilités paysagères dans les travaux de restructuration,), la
loi sur la conservation du patrimoine culturel, le code de l'urbanisme, le
règlement sur le classement des sites d'intérêt biologique
et écologique (sites inscrits pour les paysages ruraux remarquables,
sites naturels de valeurs paysagère;
En matière d'affichage, bien qu'il n'existe pas encore
d'assises juridiques spécifiques, la loi sur la conservation du
patrimoine réclame le respect de la visibilité des monuments
historiques. Sur cette base, on peut veiller à la mise en place dans
chaque agglomération de zones d'affichage autorisé,
définissant la localisation, les modes d'implantation et les normes de
taille des supports d'affichage.
f. Les moyens contractuels :
La charte signée par les communes du groupement porteur
de projet rassemble les dispositions acceptées par chaque commune pour
la maitrise du devenir du paysage sur son territoire. Au travers de cette
charte, le groupement s'engage sur un programme d'actions qui seront
menés en partenariat avec des organismes compétents. Les
services publics et les organismes socioprofessionnels intervenant sur le
territoire peuvent être liés par des conventions d'application de
la charte pour la mise en oeuvre d'actions spécifiques.
g. Les moyens de communication :
La prise en compte de paysage et de l'environnement dans les
programmes de développement et d'aménagement implique d'engager
des actions d'information et de sensibilisation à l'égard de tous
ceux qui interviennent sur le territoire et ceux qui y vivent. À chaque
public peuvent être adaptés des outils de sensibilisation
spécifiques :
- l'édition des guides sur le paysage et
l'environnement;
- l'édition des fiches de présentation du
projet;
- la préparation des dossiers de presse pour la presse
locale et nationale;
- des activités pédagogiques dans le milieu
scolaire;
- des manifestations : expositions, conférences, des
journées thématiques sur le paysage, l'environnement, le
patrimoine;
- des chantiers bénévoles d'entretien du paysage
ou du cadre de vie;
- des ateliers de formation pour les professionnels de
l'aménagement et les associations locale.
Pour l'organisation d'actions de formation/sensibilisation, il
est important de disposer de personnel qualifié. Compte tenu de contexte
des oasis, étant une aire protégée de valeur universelle,
l'aménagement des itinéraires des panoramas du territoire est un
outil de sensibilisation et de conscientisation très approprié.
Cette action peut avoir une double vocation : sensibiliser la population
à la diversité paysagère et écologique de leur
territoire et faciliter aux touristes la découverte des richesses
territoriales locales. Ce type d'action nécessite la mise en place d'un
plan de signalisation des sentiers et des sites remarquables pour faciliter la
découverte des paysages et des richesses naturelles et patrimoniales.
Sur ces sentiers, des sorties guidées peuvent être
organisées à vocation diverses : paysagère,
écologique, botanique, archéologique...
Le document de la charte :
Il s'agit maintenant de traduire l'ensemble de ces
dispositions dans un document qui engage ses signataires et assurera la
pérennité de cette approche. La charte paysagère,
instrument d'aménagement intercommunal, est le document de
référence commun qui donne la ligne de conduite que chacun doit
respecter sur le territoire. La charte paysagère se concrétise
par plusieurs documents :
a. Le document cartographique :
Une carte de référence où figurent les
vocations et les mesures de protection et d'aménagement par type
d'espace. Ce document présente une illustration visuelle du et
traduisant les orientations retenues quant à l'usage du territoire et
aux règles d'occupation de l'espace. Ce document cartographique est
complété par des cartes thématiques ou par
entité paysagère. À cette étape, les cartes ne
sont plus des cartes de présentation de l'état du territoire. Ce
sont des cartes prospectives, c'est-à-dire des outils de
référence qui montrent les choix opérés, et
présentent les
orientations principales par type d'espace et la nature
des interventions.63
b. Le document écrit :
C'est un complément de la carte qui présente
l'ensemble du projet par entité paysagère et par thèmes.
Il doit contenir les vocations arrêtées pour chaque type d'espace
du territoire intercommunal, les orientations prises pour la requalification
des paysages et la protection de l'environnement, les principes pour les
aménagements futurs des différents espaces du territoire, un
63 Le dossier cartographique du
projet doit aussi faire objet d'une exploitation pédagogique :
utilisation pour des expositions, pour la réalisation de brochure et des
guides de sensibilisation.
programme d'action avec une hiérarchisation des
priorités, les règles de conduites à respecter par chaque
catégorie d'acteur, les moyens à mobiliser et les programmes
d'action à mettre en oeuvre.
c. Des documents par commune :
La charte peut comprendre des documents à
l'échelle communale qui traduisent les orientations du projet
paysager pour chaque commune et en précise l'impact sur son territoire.
Ce peut être une carte particulière ou un guide de
recommandations. Chaque commune peut ainsi s'approprier le projet au regard de
ses compétences et des priorités. Il faut que chaque commune de
groupement porteur de projet dispose du document cartographique et écrit
complet de l'ensemble du territoire. En somme, la charte paysagère,
engage ses signataires sur un projet de développement territorial
commun. Tout l'enjeu réside dans sa capacité à
mobiliser, à associer et à convaincre l'ensemble des partenaires
pour mettre en oeuvre la politique choisie pour l'aménagement et le
développement de leur territoire. Elle traduit les intensions du
groupement quant au devenir du paysage intercommunal, fixe les grands principes
de projet de territoire et ses orientations majeures et précise les
moyens à engager pour leur réalisation. Elle doit
également prévoir les conditions de sa mise en oeuvre, un
délai de validité et les conditions de son évaluation et
de sa révision. La charte paysagère n'a pas de valeur
réglementaire particulière en tant que tel, et elle n'est pas
opposable aux tiers. Cependant, le recours aux outils réglementaires,
notamment au travers des documents d'urbanisme, permet de mesurer le
degré d'intégration intercommunal au projet de paysage et
à la répartition des responsabilités entre les communes de
groupement. Elle doit être objet d'une présentation publique,
bénéficier d'une publication et être et facilement
consultable. Pour un groupement de communes, bâtir une politique
paysagère c'est s'interroger sur l'avenir de son territoire et prendre
conscience du rôle de l'environnement et du paysage comme leviers de
développement.
Le projet de territoire qui intègre ces
considérations est une démarche en émergence au Maroc.
Elle offre aux groupements de communes un cadre méthodologique leur
permettant :
- d'analyser ensemble les caractéristiques de leur
paysage et lui attribuer une valeur de développement
économique;
- de réfléchir aux vocations des différents
espaces du territoire et à ce que l'on souhaite qu'ils deviennent;
- de prendre de façon volontaire des mesures
destinées à mieux maitriser le devenir du paysage;
- d'élaborer un programme d'action qui soit plus qu'une
série de mesures réglementaires;
Cette approche s'avère très
fédératrice pour l'action intercommunale. Elle permet d'envisager
l'aménagement et le développement du territoire en dehors de
débats relatifs à la mise en oeuvre d'un projet précis.
À ce titre, les chartes paysagères constituent une nouvelle
opportunité pour les communes de renforcer leurs liens ou de les
créer lorsque l'intercommunalité est expérience nouvelle.
Elles sont également une opportunité de structurer un dialogue
avec leurs partenaires économiques, administratifs et associatifs.
Engagement à un meilleur aménagement du territoire,
«les chartes paysagères permettent aux
communes d'appliquer à leur niveau un des principes essentiels de la
conférence de Rio : le droit des générations futures
à un environnement préservé, facteur d'un
développement durable ».
CONCLUSION
Si les oasis se définissent autour de thème
majeur de l'eau et des palmeraies, aujourd'hui leur définition doit
prendre également en compte des déformations, des ruptures et des
tensions. Elles sont tiraillées entre des volontés
contradictoires et la rupture entre les signes du passé et les symboles
de la modernité affectent le territoire dans son ensemble. Les
références d'interventions sont aujourd'hui de plus en plus
éloignées de la culture locale et les modèles sont
dictés par des normes et des intérêts qui sont totalement
externes aux territoires. Le milieu naturel se dégrade, le paysage
se désordonne et les oasis perdent leur force, leur originalité,
leur harmonie, leur fonctionnement et leur séduction. La rapidité
des changements ne laisse plus au temps la capacité de corriger les
erreurs et celles-ci engendrent toujours plus de dégradations.
L'urbanisation aurait beaucoup eu à gagner si on avait
réfléchi un tant soit peu en terme de l'intégration de
l'environnement et de la qualité des paysages. C'est pourquoi il y a
lieu de réintroduire des règles de jeu et des pratiques
basées à la fois sur l'identité territoriale et sur le
devenir souhaité aux oasis. Dans les actions d'aménagement
à venir, il y a lieu de respecter des logiques bien identifiées
et adaptées de façon à maitriser l'occupation de l'espace
et respecter les équilibres écologiques. Ce travail
démontre que les palmeraies de la réserve de biosphère des
oasis du sud Marocain constituent un territoire où se définit une
problématique spécifique de gestion de l'environnement et
où s'expriment de nombreux enjeux. Le développement de cette zone
guettée par la désertification doit prendre appui sur la mise en
oeuvre d'une politique de mise à niveau qui consiste à passer
d'une économie de subsistance à une économie
diversifiée. Ce passage est susceptible d'élever le niveau de vie
des populations et réduire la marginalisation géographique et
socioéconomique des palmeraies. La région renferme de nombreux
atouts, mais des chantiers stratégiques doivent être entrepris
pour les valoriser.
La nécessaire valorisation des ressources
spécifiques :
On ressent pour les oasis l'urgence de la mise en oeuvre de
programmes de développement local axés sur les
potentialités spécifiques aux territoires. La préservation
de l'environnement et du paysage est une action urgente à entreprendre.
Le statut de la réserve de biosphère, image de marque mondiale,
permet de simuler des modèles de développement local qui ont
démontré leur efficacité dans d'autres régions du
monde. Dans notre région, il fournit des opportunités de
valorisation mais très peu exploités. Il désormais
important de penser à de novelles approches de développement
local. La préservation de l'environnement et la protection des paysages
va de pair avec la valorisation de certains produits spécifiques de la
région permettant une augmentation des revenus de la population. Une
agriculture biologique avec un label « oasis » est notamment un
créneau précieux qui peut aider à diversifier et renforcer
les revenus des populations locales. Le développement du tourisme
saharien : un nouveau créneau pour la valorisation paysagère
des oasis : Les potentialités touristiques des oasis sont aussi
diversifiées. Dans le but de les mettre en valeur, il est primordial de
faire de tourisme oasien un secteur économique prioritaire et recourir
à l'expertise nationale et internationale, afin de promouvoir des
projets rentables et respectant la sauvegarde des milieux. En parallèle
il faut ouvrir la région aux firmes touristiques internationales afin
d'impulser la compétitivité et fournir des subventions aux
investisseurs touristiques nationaux et locaux.
La promotion d'une politique urbaine :
Avec un taux de croissance moyen de près de 4%/an, la
population urbaine des oasis est appelée à doubler d'ici vingt
ans. Il conviendra de mettre en oeuvre une politique urbaine
permettant de maîtriser cette croissance et d'adopter de nouvelles
prescriptions urbanistiques. Les raisons sont multiples; les centres urbains
se présentent comme des espaces clés pour les oasis, elles
sont le lieu privilégié des mutations économiques,
écologiques et sociales. Plusieurs actions devront être
menées pour gérer ces changements et dépasser ces
problèmes : rénovation et réhabilitation de l'habitat
traditionnel, restructurer les politiques d'aménagement pour s'adapter
au contexte oasien et les projets d'amélioration du cadre de vie doivent
être renforcés. La gestion des transformations des paysages
devrait se faire par l'intermédiaire de documents de planification
spatiale et urbaine adaptés à la réalité et
à l'identité des palmeraies dans leur conception, dans leur
façon d'appréhender les problématiques oasiennes et dans
leur souci d'impliquer les acteurs locaux dans les processus de
négociation. La mise à niveau des centres urbains passe
nécessairement par la maîtrise du foncier qui est un facteur
stratégique dans la production de l'habitat. Cette maîtrise
passe par l'ajustement de la réglementation qui est soit
dépassée soit
mal formulée et la constitution de réserves
foncières pour une meilleure orientation de l'urbanisation. Enfin, des
actions spécifiques doivent concerner les Ksour et les Kasbah. Sur le
plan réglementaire, il faudrait compléter les textes par des
dispositions pratiques pour résoudre les problèmes
spécifiques à ce type d'habitat.
La valorisation du paysage et la sauvegarde de
l'environnement :
La protection de l'environnement constitue un axe
stratégique pour la valorisation paysagère. En effet,
l'environnement des espaces oasiens, fragile par nature, est dans une
situation critique. La situation est particulièrement alarmante
à cause de la désertification, et partout les signes de
dégradation se multiplient. A ce phénomène, se sont
associés les problèmes induits par l'urbanisation anarchique.
Ceci est particulièrement vrai pour le capital foncier en voie de
disparition en raison de l'empiétement de l'urbanisation sur les
terres agricoles particulièrement les zones traversées par des
voies d'accès mais aussi à cause des crues dévastatrices.
La réhabilitation des séguias, le sapement des berges sont toutes
des actions dispensables pour maintenir le paysage de la palmeraie. Ainsi, il
est essentiel de réhabiliter les systèmes traditionnels
d'irrigation (les Khettaras) mais aussi les traditions d'exploitation de l'eau
et les techniques pastorales traditionnelles qui contribuent à la
sauvegarde de l'environnement et au maintien des paysages. Une connaissance
objective de potentiel paysager pour chaque bassin oasien est importante pour
la définition des actions de valorisation et de développement. Au
stade actuel, les informations si elles existent sont dispersées,
disparates et d'inégale qualité. Un projet de territoire doit
s'articuler autour de la mobilisation concertée des ressources de
développement local et la protection de l'environnement. Ce qui implique
la diversification des activités économiques en adoptant des
stratégies locales appropriées et des systèmes de
production qui valorisent les produits spécifiques. Le
développement des activités non agricoles est de nature
à atténuer la pression sur les ressources et de limiter les
effets de la dégradation du milieu.
La nécessaire redéfinition des cadres de
référence :
La mise en oeuvre de projets de territoire ne peut être
menée à terme que si des actions de restructuration sont
menées en amont. Il est impératif de renforcer la
cohérence horizontale des programmes de développement et de
trouver de nouvelles méthodes de planification. Les projets de
développement local sont le plus souvent traduits par une simple
juxtaposition d'actions sectorielles. Les programmes de développement
devront dorénavant constituer une synthèse des besoins, des
atouts et contraintes des groupes cibles et tenir compte de
l'interférence de tous ces aspects. Le projet de territoire pourrait
servir de cadre spatial pour une meilleure efficacité des
programmes de développement. La planification
décentralisée et participative doit être également
institutionnalisée. Celle ci est un processus où la
planification émanant de la base, gérée et prise en
charge par les collectivités territoriales dans un cadre contractuel
entre les différents intervenants. Elle aboutirait à terme
à des contrats-plans, des contrats-programmes et des plans
régionaux et locaux de développement. Le cadre spatial
d'intervention devrait être changé. La région de la
réserve de biosphère est un espace très vaste, qui a
l'inconvénient de s'étendre sur deux régions
(Souss-Massa-Draa et Meknès-Tafilalt) à cheval sur trois
provinces différentes. Il est important actuellement pour coller aux
problèmes spécifiques de cet espace de procéder
à un autre regroupement régional. Le manque d'une structure de
gestion est aussi une impasse sérieuse à la valorisation et
à la protection des palmeraies. Il y a lieu d'introduire des
règles de jeu basées à la fois sur l'identité
territoriale et sur le devenir souhaité au territoire oasien dans le
cadre du programme MAB de l'UNESCO. Dans les actions d'aménagement
à venir, il y a lieu de respecter des logiques bien identifiées
et affirmées. La sauvegarde et la mise en valeur des palmeraies du sud
Marocain, c'est participer au développement durable de l'ensemble des
zones arides de la planète.
BIBLIOGRAPHIE
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October 2004
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