2.2.2. La différence entre exclusion bancaire
et faible bancarisation.
La bancarisation se définit comme la proportion de la
population titulaire d'un compte en banque. Elle est mesurée par un
indice appelé taux de bancarisation. Cet indice traduit le niveau de
pénétration des services bancaires et financiers dans le pays ou
la région concernée. La définition intrinsèque de
la bancarisation fait référence à la proportion de la
population ayant un compte de dépôt (bancaire ou non). Mais tous
les comptes, même en banque, ne donnent pas droit à l'utilisation
des moyens scripturaux de paiement. Le compte livret de la Poste et le compte
d'épargne permettent juste de faire des mouvements de dépôt
et de retrait directement au guichet des institutions concernées. Il
n'est pas possible de délivrer sur ces types de comptes des
chéquiers, des cartes bancaires etc. Et pourtant leurs titulaires seront
considérés comme bancarisés bien qu'ils ne puissent
utiliser des instruments scripturaux.
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LES ENJEUX DE LA SURLIQUIDITE BANCAIRE AU CAMEROUN.
Il existe donc une différence entre la promotion de la
bancarisation et la promotion de l'utilisation des moyens scripturaux de
paiement. La première est une condition nécessaire mais pas
suffisante pour la seconde.
A l'opposé de l'exclusion bancaire, la faible
bancarisation traduit le faible niveau d'accès aux services bancaires au
même titre que l'accès à l'eau courante, à la
santé, à l'éducation etc. Peachey et Roe (2004) font
remarquer à cet effet que le taux de bancarisation dans les pays du Sud
et le taux d'exclusion bancaire et financière dans les pays du Nord sont
similaires. Ils tournent au tour de 10%. Environ 10% des populations des pays
riches sont exclues alors que dans les pays pauvres, seules 10% y ont
accès.
Mais cette catégorisation systématique du
problème de l'exclusion bancaire dans les pays du Nord et de la faible
bancarisation dans les pays du Sud souffre de quelques imprécisions
qu'il convient d'indiquer ici. En effet, d'après les propos du directeur
financier d'un réseau mutualiste repris par Gloukoviezoff (2004b), un
exclu bancaire « ce n'est pas forcément quelqu'un qui est hors de
la banque, c'est également quelqu'un qui est dans la banque mais n'y
comprend rien ». Il est évident que dans les pays
sous-développés, parmi la frange de la population
bancarisée, il y a des personnes qui bien que disposant d'un compte en
banque ne comprennent rien aux services proposés; se contentant de
gérer leur compte comme une caisse où ils déposent et
retirent de la monnaie fiduciaire, ou même sont bloquées par la
banque pour utiliser tous les services proposés.
Ce qui nous permet de dire que toutes les personnes non
bancarisées sont incluses dans le pourcentage de celles qui sont exclues
bancaires, auquel on ajoute ceux qui sont bancarisées mais qui ne
comprennent rien des services offerts ou qui n'ont pas accès à
ces services bancaires.
Dans ce chapitre qui prend fin, il a été
question pour de développer la théorie sur la relation pouvant
exister entre la surliquidité bancaire et l'exclusion bancaire des
particuliers. Alors nous avions vu en premier temps les différentes
modalités qu'un particulier devait remplir pour ouvrir un compte en
banque. En suite, nous avions présenté la surliquidité
bancaire comme la cause de l'exclusion bancaire des particuliers par les
banques et présenter les différentes conséquences
négatives, que cela pouvait causer aux particuliers dans la
société et pour l'économie toute entière.
Après, nous avions présenté quelques limites sur la
relation pouvant
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LES ENJEUX DE LA SURLIQUIDITE BANCAIRE AU CAMEROUN.
exister entre la surliquidité bancaire et l'exclusion
bancaire des particuliers par les banques. Nous avions par exemple vu que les
particuliers pouvaient s'auto-exclure pour différentes raisons.
Ce qui nous préoccupe actuellement, c'est de savoir
pour ce qui en est du Cameroun, où nous remarquons que très peu
de particuliers sont clients des banques et ceux qui sont clients de ces
banques, très peu utilisent tous les services offerts par ces banques.
La surliquidité bancaire est-elle la cause de ce phénomène
? Etant donné que l'économie du Cameroun est financée en
majorité par le système bancaire. Exclure des particuliers
devient alors négatif pour cette économie car cela réduit
les liquidités dont cette économie a besoin. D'où donc il
est nécessaire pour nous de savoir si effectivement la
surliquidité est à l'origine de ce phénomène au
Cameroun dans le chapitre suivant.
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