UNIVERSITE DE LOME
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
LES OBSTACLES A L'AUTOPROMOTION COMMUNAUTAIRE DES
POPULATIONS A LA BASE DU CANTON D'ANFOIN AU TOGO
Mémoire :............/SHS en vue de l'obtention
du
Grade de master recherche
Domaine : Sciences de l'Homme et de la
Société
Mention : Sociologie
Spécialité : Sociologie du
développement
Présenté par :
ATCHOTIN KossiMawulé
Sous la direction de :
M. AMOUZOUEssè, Professeur Titulaire
Avec la codirection de MAMEGEEKodjopatapa,
Maître - Assistant
Août 2014
Sommaire
Dédicace............................................................................................
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3
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Remerciements......................................................................................
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4
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Liste des
tableaux..................................................................................
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5
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Liste des
figures..................................................................................
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6
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Sigles et
acronymes..............................................................................
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7
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Introduction.......................................................................................
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8
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PREMIERE PARTIE : Cadres théorique,
conceptuel, physique et méthodologique de
l'étude..................................................................
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11
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Chapitre I : Cadres théorique et conceptuel de
l'étude ....................................
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12
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Chapitre II : Définition des concepts et revue de
littérature ..............................
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27
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Chapitre III : Cadres physique et méthodologique
..........................................
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56
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DEUXIEME PARTIE :Présentation, analyse et
interprétation des résultats ...
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69
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Chapitre IV : Présentation des résultats
......................................................
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70
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Chapitre V : Interprétation des résultats
.....................................................
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86
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Conclusion
.......................................................................................
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99
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Bibliographie
....................................................................................
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101
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Annexes
...........................................................................................
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107
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Table des matières
...............................................................................
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120
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Dédicace
A
mes parents Assogba Jean-Baptiste et Améyo
Béthel
Remerciements
C'est un honneur pour nous de présenter nos
sincères remerciements aux personnes dont les contributions ont
été capitales dans la réalisation de ce mémoire.
A nos Directeurs de mémoire, Monsieur AMOUZOU
Essèet Monsieur AMEGEEKodjopatapa, respectivement Professeur Titulaire
et Maître Assistant au département de Sociologie de
l'université de Lomé qui ont accepté de diriger avec une
grande patience notre travail, par leurs conseils et leurs directives.
Malgré leurs diverses occupations, ils ont suivi notre démarche
et ont tenu à ce qu'elle soit méthodologiquement bien soutenue.
Nous leur exprimons toute notre gratitude.
Aux membres du jury pour leur disponibilité et leur
précieuse collaboration à l'amélioration de ce travail,
nous voudrions les remercier. Nos remerciements vont également
à l'endroit du corps enseignant du département de Sociologie de
l'Université de Lomé, pour leurs enseignements qu'ils nous ont
donnés et leurs conseils.
AMonsieur DI VITO TOMASSOSandro pour son soutien moral,
financier et matériel sans lequel nous ne saurions réaliser ce
travail.
Aux sieurs,GBETANOUK. DzidzinyoBOSSOU, K. Ferdinand et
TCHABANA Zoulkouflonqui nous ont aidés à la réalisation de
l'enquête de terrain. Qu'ils reçoivent tous nos sentiments de
profonde gratitude.
Que toutes les personnes qui ont contribué de
près ou de loin à la réalisation de ce mémoire et
que nous n'avons pas nommées, trouvent ici l'expression de nos
sincères gratitudes.
Liste des
tableaux
Tableau 1 : Répartition des enquêtés
selon l'âge et le sexe ......................................60
Tableau 2 :Répartition des enquêtés
selon le sexe et la profession ...........................62
Tableau 3 : Problème de chefferie dans le canton
.................................................63
Tableau 4 : Satisfaction de la population sur le choix et le
mode de désignation d'un chef du village
...............................................................................................64
Tableau 5 : Existence des groupes d'entraide dans le canton
...................................66
Tableau 6 : Inexistence des groupes d'entraide dans le
canton ................................67
Tableau 7 : Assistance portée par les membres des
familles en cas de difficulté ...........68
Tableau 8 : Raisons entravant au fonctionnement des CDB
..............................................70
Tableau 9 : Déplacement des enquêtés en
ville ....................................................74Liste des
figures
Graphique 1 : Niveau d'instruction des enquêtés
................................................60
Graphique 2 : Reconnaissance de l'autorité du chef
.............................................65
Graphique 3 : Respect de la tradition
...............................................................69
Graphique 4 : Fréquence des réunions des CDB
du canton d'Anfoin .........................71
Graphique 5 : Participation aux réunions populaires
des CDB .................................72
Graphique 6 : Participation aux travaux communautaires
......................................73
Graphique 7 : Durée des séjours des
enquêtés en ville
..........................................74Sigles et
acronymes
AGR Activités
Génératrices de Revenu
AVD Association Villageoise de
Développement
BM Banque Mondiale
CDB Comité de Développement
à la Base
CVD Comité Villageois de
Développement
DGSCN Direction Générale de la
Statistique et de la Comptabilité Nationale
EAMAU Ecole Africaine des Métiers de
l'Architecture et de l'Urbanisme
EPP Ecole Primaire Publique
FLESH Faculté des Lettres et Sciences
Humaines
ISC Infrastructures Socio-Collectives
IESC Infrastructures et Equipements
Socio-Collectives
ONG Organisation Non Gouvernementale
ONU Organisation des Nations Unies
PAV Plan d'Action Villageois
PDC Plan de Développement
Cantonal
PMI Project Management Institut
PNUD Programme des Nations Unies pour le
Développement
PPMR Plan Pluriannuel de
Microréalisation
SPSS Statistical Package for Social Science.
URD Unité de Recherche
Démographique
RGPH Recensement Général de
la Population et l'Habitat
Introduction
La fin des années 1970 et le début des
années 1980 sont marqués en Afrique par la domination du
libéralisme économique, l'exigence du désengagement de
l'Etat (politiques d'ajustement structurel) et un contexte de crise
marqué par l'échec des politiques de développement, le
surendettement des Etats et le mauvais bilan des grands projets nationaux de
développement. La nécessité de repenser les modèles
de développement s'avère donc très imminente suite
à ces échecs. Cette situation a interpellé les
économistes et les grandes instances internationales à
réfléchir sur les modèles de développement en
cours, en vue de redéfinir et de donner une nouvelle orientation aux
programmes de développement.
Les nouveaux plans de développement économique
et social qui furent décrétés devaient permettre aux pays
africains de combler leur retard et conférer le pouvoir de
décision aux populations pour qu'elles participent directement à
la création de leur propre richesse et à s'intéresser
à leur autopromotion.
La question du développement humain est devenu si
préoccupante qu'elle mobilise les acteurs à tous les niveaux :
institutionnel, administratif, associatif, etc. On voit émerger ici et
là dans les zones rurales en difficulté ou marginalisées,
des initiatives de regroupement des acteurs locaux et des collectivités
locales, pour monter des initiatives et de petits projets visant au
redémarrage des activités économiques (agriculture,
artisanat, tourisme etc.). C'est ainsi qu'est né le développement
local, en tant qu'approche opérationnelle du développement rural
avant de devenir une approche théorique car, après les
développeurs qui sont les premiers à théoriser sur le
développement local, au début des années 1980, l'on
perçoit en Europe que le concept va rapidement intéresser la
recherche. D'abord, les géographes qui vont
« théoriser » sur ce processus spontanée et
ensuite, viendront les sociologues et les économistes.
Cette approche est construite par des acteurs locaux qui ont
la volonté de prendre en charge leur propre développement. Ainsi,
le développement local pourrait se définir comme un processus
dynamique dans lequel les acteurs organisés et mobilisés initient
et mettent en oeuvre des actions sur un espace donné en vue de
l'amélioration de leurs conditions de vie (Lisch, 1995). Il doit par
ailleurs s'appuyer sur certains éléments de base tels que : la
gouvernance locale, une vision commune du développement de la
collectivité, une réappropriation de l'espace collectif, une auto
analyse des besoins, la participation des populations, la prise en compte des
besoins individuels et collectifs.
Pour Bernier (1984), le développement local est la
capacité généralisée d'une société de
se prendre en charge, ou encore un processus par lequel une
société se donne les moyens de mobiliser ses forces productives
dans la transformation de son milieu en vue d'améliorer les conditions
de vie et le bien-être de ses membres.
Cependant, dans la plupart des pays africains, la
capacité des populations rurales à se prendre en charge se heurte
à des difficultés dont les causes sont internes qu'externes
lesquelles sont les querelles liées à la chefferie
traditionnelle, la perte des valeurs de solidarité, l'environnement
sociopolitique et les influences des interactions des populations etc.
Cette recherche dont le thème s'intitule :
« Les obstacles à l'autopromotion communautaire des
populations à la base du canton d'Anfoin au Togo »
s'inscrit dans cette optique et est une contribution à la question du
développement local et de l'autopromotion des populations rurales.
L'étude vise à identifier les freins qui limitent le
développement par l'autopromotion des communautés à la
base et plus précisément celles du canton d'Anfoin au Togo.
Le document est subdivisé en deux parties. La
première partie est consacrée au cadre théorique,
conceptuel, physique et méthodologique.
La deuxième partie est dédiée à la
présentation et à l'interprétation des résultats de
la recherche.
PREMIERE PARTIE :
CADRES THEORIQUE, CONCEPTUEL PHYSIQUE ET METHODOLOGIQUE
DE L'ETUDE
Chapitre 1 : Cadres théorique et conceptuel de
l'étude
Le but de ce chapitre est d'exposer dans une première
partie, les raisons scientifiques et personnelles qui ont motivé le
choix de ce sujet pour en faire un objet d'étude. Dans une seconde
partie, il sera abordé la problématique de l'étude, les
hypothèses et objectifs de la recherche et enfin, il sera
décliné les variables et indicateurs qui découlent des
hypothèses émises.
1.1. Intérêt du sujet
L'intérêt de cette étude est porté
sur les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations
à la base du canton d'Anfoin au Togo, compte tenu d'une part, des
préoccupations majeures que le développement des villes et
villages constituent de nos jours pour le continent africain et en particulier
pour le Togo et d'autre part, en référence aux expériences
personnelles que nous avions eues sur le terrain auprès de ces
communautés dans la mise en oeuvre de divers programmes de
développement.
Au Togo, comme dans la plupart des pays africains, les milieux
ruraux semblent être les plus déshérités. Ils
abritent les populations les plus démunies.Pour permettre à ces
populations pauvres d'aspirer à un mieux-être, les projets de
développement communautaire leurs sont destinés. Ils pourraient
être un moyen efficace dans la lutte contre la pauvreté et la
faim, offrant ainsi à ces populations, la possibilité de
valoriser les ressources de leur espace. Ils sont en outre un moyen de
renforcer les organisations locales, lesquelles constituent le potentiel qui
doit constituer la base même du développement à plus grande
échelle, le développement national.
Suite aux échecs de nombreux projets de
développement destinés aux communautés rurales, les
partenaires en développement ont réalisé qu'il est
nécessaire de tenir compte de la dimension humaine, tout en associant
les bénéficiaires dans la mise en oeuvre des projets de
développement les concernant. Ainsi, verront le jour de
différentes approches de développement. Ces différentes
approches insistent sur la nécessité d'une participation plus
grande et plus réelle des populations à leur propre
développement.
Dans la perspective de l'auto développement des
communautés rurales au Togo, beaucoup de programmes de
développement sont ainsi mis en oeuvre et destinés à ces
dernières. Ces programmes leurs sont destinés dans le souci de
les accompagner à s'auto- développer et à
s'autopromouvoir. Mais les acteurs de développement qui interviennent
sur le terrain auprès des communautés se rendent à
l'évidence : de l'absence de cohésion entre les membres
d'une même communauté, de l'existence de mésentente, de
divergences des bénéficiaires sur les questions de
développement de leur milieu les empêchant ainsi d'assurer leur
autopromotion.
C'est fort de ces constats qu'une investigation scientifique a
été menée dans le cadre de cette étude pour en
savoir davantage. Ainsi, à travers cette recherche, du point de vue
théorique ont été apportés, des
éléments de compréhension des obstacles à
l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton
d'Anfoin. Du point de vue de l'intérêt pratique, les
résultats de cette rechercheseraient d'une grande utilité aux
pouvoirs publics, aux institutions internationales, aux agences de
développement, aux ONG, dans leurs interventions en matière de
développement communautaire. Ils permettront à ces derniers de
définir des méthodes pour une bonne implication des populations
rurales dans la mise en oeuvre des projets de développement et de
surcroît, les amener à prendre en main leur développement
local.
Dans la section suivante, seront exposées les
données du problème qui fait l'objet de la présente
étude en vue de sa formulation.
1.2. Problématique de l'étude
Les pays africains, au lendemain de leur accession à la
souveraineté nationale dans les années 1960, espéraient se
rattraper de leur retard en matière de développement
vis-à-vis des pays occidentaux. Mais, force est de constater que les
politiques de développement auxquelles ont opté la
majorité de ces pays nouvellement indépendants, sont
révélées au fil du temps inefficaces. La question de la
pauvreté demeure toujours critique et touche la majorité des
populations de ces pays.
Constatant le retard des pays africains par rapport aux pays
occidentaux et sous l'égide des Nations Unies, les décennies de
développement économique et social furent
décrétées et devaient donner un espoir de
développement pour le continent africain. Il est évident que la
question du développement de ces pays reste un défi, un but
à atteindre. C'est dans ce contexte que l'aide au développement
des pays africains a vu le jour, à travers des financements
accordés à ces derniers, pour la mise en oeuvre des projets de
développement.
Les premières décennies de développement
sont soldées par des échecs à cause du ``parachutage'' de
ressources financières dans les projets de développement et du
transfert mécanique ou mécaniste de la technologie. Très
vite, les institutions de développement se sont rendues à
l'évidence de la prise en compte de la dimension humaine dans les
projets de développement car, le développement est avant tout, un
problème de l'homme « l'homme dans sa condition
humaine1(*) »
comme disait Malreaux. C'est dans ce sens que Meister A. (1977 : 128)
souligne que :
« Le développement d'un pays ne
résulte pas seulement de mesures purement économiques.
L'échec est probable si la population ne se sentant pas concernée
reste passive. Son élan est l'une des clés du succès.
D'où l'importance capitale de faire entrer les plus larges couches de la
société dans un processus de participation au
développement, qui peut revêtir des formes diverses :
alphabétisation, éducation des adultes, vulgarisation agricole,
travail social, développement communautaire, animation rurale
etc.»
Une telle responsabilité n'est possible que lorsque les
hommes, les communautés à la base ont la possibilité de
s'exprimer, de dire ce qu'ils espèrent et attendent comme changement.
Autrement dit, quand ils peuvent participer à la planification des
projets de développement, à leur mise en oeuvre, pouvoir y
participer et au jeu des décisions qui les engage.
La nécessité de la prise en compte de la
dimension humaine dans les projets de développement a provoqué,
l'apparition d'une littérature abondante qui est consacrée
à ce sujet. Elle insiste sur la nécessité d'une
participation plus grande et plusréelle des populations à leur
propre développement. C'est ainsi que le terme de participation s'est
répandu.
Les opérateurs voient dans l'approche participative, un
mode d'intervention nouveau, répondant aux préoccupations
réelles des populations à la base qui sont capables de promouvoir
leur développement. Les projets de développement doivent
être conçus et exécutés par les collectivités
à la base, notamment par les villages. Le but visé est
l'implication d'un nombre significatif de personnes dans des actions visant
leur bien-être.
La participation populaire suppose que des conditions morales
et sociologiques soient réunies à l'échelle individuelle
et collective. Une fois que les besoins sont exprimés par les
populations à travers les Diagnostic Participatif (DP), ellesdoivent
adhérer à l'initiative collective, être physiquement
présentes et moralement engagées tout au long de la
réalisation du projet. L'adhésion doit se traduire par un certain
degré d'organisation de la communauté locale. Allant dans le
même sens, le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD, septembre 1994 :7), dans un rapport a mis l'accent sur la
nécessité de laisser toute la latitude aux populations pour
s'impliquer activement dans le processus de développement, de la
formulation des politiques et stratégies jusqu'à la mise en place
des programmes, leur financement et leur exécution. Dans cette optique,
l'Etat devient ainsi le collaborateur des populations et prêt à
prendre en considération leurs préoccupations, leurs aspirations
et leurs visions du bien - être.
Au Togo, apparaissent, avec les années 1980, les
projets dits participatifs où il est question d'impliquer davantage les
populations rurales à la réalisation des actions. C'est dans ce
cadre que les institutions de développement, les ONG qui interviennent
auprès des communautés vont prendre une part active en valorisant
la dimension humaine. L'idéed'une responsabilisation plus grande des
populations rurales s'installe. Cependant, la nouvelle approche s'est
trouvée piégée car la participation étant
limitée aux aspects matériels des réalisations et à
l'investissement humain. Les projets sont restés extérieurs aux
bénéficiaires, la participation se situant au niveau de
l'exécution.
Il est de plus en plus évident que le
développement d'un pays n'est pas l'affaire d'une minorité de
personnes mais de toutela population sans exception. D'où la
nécessité d'élaborer une autre politique, ainsi que
d'autres priorités qui répondent aux aspirations légitimes
et naturelles des millions d'hommes et de femmes en lutte perpétuelle
pourleur survie. La mise en oeuvre de cette politique ne peut se faire que dans
le contexte de décentralisation qui constitue l'option
privilégiée pour la promotion du développement local.
La décentralisation est devenue la forme d'organisation
administrative de la plupart des Etats africains car, elle véhicule une
nouvelle stratégie d'organisation administrative qui incarne l'espoir
d'un véritable développement partagé. Elle est une
expression de démocratie permettant à une communauté
d'impulser son propre mode de développement se révélant
ainsi alors, comme un outil incontournable de développement local. Bien
que l'ensemble des projets de développement local au Togo aspire
à l'appropriation locale ainsi qu'à la mise en place d'un
modèle d'auto développement, on constate une absence de
volonté de développer l'autonomie financière des
collectivités. Cette dépendance des populations vis-à-vis
de l'extérieur constitue une limite importante à l'atteinte des
objectifs attribués à la participation.
La mise en place de nouvelles politiques de
développement implique de nouvelles approches ou stratégies de
développement. C'est ainsi qu'ont vu le jour de nouvelles approches. Il
s'agit du self-reliance ou compter sur ses propres forces, être
responsable de son devenir; le développement autocentré ou
développement orienté vers les besoins et les objectifs internes
des collectivités : le développement endogène ou
développement qui met en valeur les liens entre les populations locales
et leur milieu de vie. Toutes ces approches, à part quelques variantes
ont un dénominateur commun : la place de l'homme dans le
développement afin que les populations locales soient maîtres
d'oeuvre de leur propre développement : Il s'agit de
l'autopromotion communautaire.
L'autopromotion communautaire est une démarche
d'appui-accompagnement dans laquelle les populations, principales actrices,
prennent en charge leur propre développement en tenant compte des
potentialités et contraintes endogènes et exogènes. Dans
le développement par l'autopromotion, comme l'a noté Kwan
Kaï Hong : « ce sont les acteurs de base qui définissent
leurs objectifs et finalités, et déploient des stratégies
propres intégrant les relations avec les autres
acteurs ».
Dans le processus d'autopromotion, les principaux acteurs sont
les bénéficiaires eux-mêmes; les agents extérieurs
ne sont que des facilitateurs. Les agents de développement accompagnent
les populations dans leur autopromotion à travers la mise en place des
projets de développement, les formations en renforcement des
capacités, la formation des structures associatives, la mise en oeuvre
des Activités Génératrices de Revenu (AGR), les notions de
solidarité et de vie associative, la communication et l'animation de
groupe etc.
En dépit de tous les projets ou programmes mises en
place par les institutions de développement, les populations opposent un
refus de participation aux projets et ne parviennent pas à garantir leur
autopromotion. Que ce soit dans l'identification des activités à
réaliser ou lors des rencontres communautaires, il y a toujours des
divergences d'opinions et des absences répétées.
Cependant, tout comme les premières décennies de
développement, les premières expériences de
développement par l'autopromotion sont aussi soldées pour la
plupart par des échecs. Dès lors, l'étude cherchera de
répondre à la question centrale : Qu'est ce qui explique les
échecs au développement par l'autopromotion des
communautés rurales ? De cette interrogation, découlent des
questions subsidiaires pour comprendre le phénomène dans le
canton dont il est question. Ainsi, l'on se demande : Pourquoi les
populations à la base du canton d'Anfoin au Togo ne parviennent-elles
pas à s'autopromouvoir ? Quels sont les obstacles à leur
autopromotion communautaire ? Une telle situation nécessite une
analyse sociologique, d'où la présente étude qui se
propose d'identifier les obstacles qui limitent le développement par
l'autopromotion des communautés à la base du canton d'Anfoin.
1.3. Objectifs de la recherche
Les objectifs sont des « déclarations
affirmatives qui expliquent ce que le chercheur vise, cherche à
atteindre » N'DA P.(2006 :50).
Ainsi notre recherche poursuit plusieurs objectifs.
1.3.1. Objectif général
Cette étude se fixe comme objectif
général, d'identifier les facteurs explicatifsqui limitent le
développement par l'autopromotion des communautés à la
base du canton d'Anfoin.
1.3.2- Objectifs spécifiques
Il s'agit de façon spécifique de :
- Cerner les obstacles à l'autopromotion communautaire
des populations à la base
- Voir dans quelle mesure les querelles liées à
la chefferie villageoise dans le canton constituent des échecs aux
initiatives de développement par l'autopromotion.
- Comprendre comment les interactions régulières
des populations du canton d'Anfoin avec les citadins et l'emprunt du mode de
vie sont des obstacles à leur autopromotion.
1.4. Hypothèses de la recherche
« C'est une supposition ou une
prédiction fondée sur la logique de la problématique et
des objectifs de recherche définis. C'est la réponse
anticipée à la question de recherche posée »
(op.cit 51). L'hypothèse est donc une proposition de réponse
admise provisoirement, par rapport à une question posée, avant
d'être soumise à l'épreuve de l'observation et de la
validation.
Cette recherche repose sur plusieurs hypothèses.
1.4.1. Hypothèse générale
Les obstacles tant internes qu'externes limitent le
développement par l'autopromotion des communautés à la
base du canton d'Anfoin.
Les communautés à la base du canton d'Anfoin,
par des divers programmes ou projets de développement, mis en oeuvre par
les différents partenaires en développement en leur faveur,
devraient pouvoir assurer leur développement par l'autopromotion. Mais
les obstacles internes propres à ces communautés et externes
(relevant d'une part de l'environnement sociopolitique, en matière de
transfert de pouvoirs de décisions aux collectivités locales, de
la création des différents cantons par l'autorité
politique sans tenir compte des réalités locales et d'autre part,
de la proximité du canton par rapport au milieu urbain et des
interactions de sa population avec les citadins empêchent leur
autopromotion communautaire.)
1.4.2. Hypothèses secondaires
- La perte des valeurs de solidarité qu'on reconnait
aux communautés rurales est un obstacle à l'autopromotion
communautaire des populations du canton d'Anfoin.
- Les querelles liées à la chefferie villageoise
dans le canton empêchent l'autopromotion communautaire.
- Les interactions régulières des populations
du canton d'Anfoin avec les citadins d'Aného et de Lomé et
l'emprunt du mode vie urbain sont des obstacles à leur autopromotion
communautaire.
1.5.Variables et indicateurs
Une variable est une notion plus ou moins abstraite. Elle
découle de la question de départ formulée et des
hypothèses de recherche émises. Les variables étant
abstraites, donc difficiles à appréhender ou cerner, certains
indicateurs y sont retenus pour rendre compte des
variables.« L'indicateur est ce qui indique, permet de
reconnaître une variable, une notion plus abstraite et vaste
»(op.cit55).
Autrement dit, les indicateurs sont des données
observables par lesquelles on peut appréhender les différentes
dimensions analysées, en constatant dans la réalité la
présence de tel ou tel attribut ou l'état de telle variable. Ils
visent à représenter empiriquement le concept et se
définissent par rapport à ce dernier.
Dans le cadre de la présente étude, nous avons
deux types de variables : la variable dépendante et les variables
indépendantes.
1.5.1. Variable dépendante et ses indicateurs
Pour cette étude, il s'agit des obstacles à
l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton
d'Anfoin au Togo.
·
Indicateurs de la variable dépendante
-
Mésentente et divergences d'opinions sur les questions de
développement local
L'entente entre les populations, renforce la solidarité
et le lien social. On ne peut pas parler d'autopromotion communautaire, tant
qu'il n'y a pas d'entente entre les populations et tant qu'il existe des
divergences d'opinions sur les questions relatives au développement
local. Dans le canton d'Anfoin, les bénéficiaires des projets de
développement boycottent souvent les réunions communautaires,
à cause de la mésentente et des divergences d'opinion.
- Querelles liée à la chefferie
villageoise
Dans le canton d'Anfoin, certains villages n'ont pas de
chefferie. Des familles se disputent le trône de la chefferie. Or dans la
tradition au Togo, la désignation d'un chef se fait soit, par voie
de succession héréditaire, soit par voie de consultation
populaire. La chefferie traditionnelle d'un village est comparable à un
Etat dont le chef du village est comme le président de la
République. Un pays sans chef d'Etat, un est un pays où
règne le désordre, l'anarchie et l'instabilité.
- Absence d'élus locaux
L'enjeu fondamental de la mise en oeuvre de la
décentralisation au Togo a jusqu'à présent
été sa concrétisation. L'organisation de l'administration
territoriale est depuis longtemps marquée par un certain immobilisme.
Cette situation n'a pas aidé à la mise en route effective des
collectivités décentralisées. Les communes existantes, et
les préfectures n'ont jamais pu jouir d'une véritable autonomie
administrative effective malgré les dispositions législatives qui
ont été prises. Depuis 1987, il n'y a plus eu d'élections
locales. C'est ce qui explique l'absence d'élus locaux aux niveaux des
communes, des préfectures et des régions. Les communes et encore
moins les préfectures n'ont jamais pu s'administrer librement, c'est
à dire, jouir d'une autonomie effective. Cette absence d'élus
locaux constitue un des obstacles à l'autopromotion communautaire.
- Manque d'autonomie financière propre
à la communauté
La décentralisation, si elle est effective, le pouvoir
de décision en matière de développement local devrait
être conféré aux élus locaux. Chaque
préfecture devrait être dotée d'une autonomie
financière tout en disposant de ressources propres, et organisée
suivant les principes de la libre administration. La décentralisation
à travers la responsabilisation des acteurs locaux est une des
conditions à la mobilisation des ressources pour la dynamisation des
économies locales. Une autonomie financière permettra à
chaque préfecture d'impulser le développement de son
territoire.
- Absence de plan cantonal de développement
local
La planification du développement local étant
essentiellement orientée vers l'identification et la mise en oeuvre
d'initiatives destinées à réduire la pauvreté et
améliorer le niveau de vie des populations. Elle permet d'identifier
les problèmes locaux cruciaux, de favoriser une réflexion sur les
grands axes stratégiques de développement (exemple :
diversification de l'économie locale, amélioration des services
de santé de base, etc.). Il ne peut y avoir de développement
local, si un canton ne dispose pas d'un plan de développement qui leur
est propre.
1.5.2. Variablesindépendantes et ses indicateurs
Ce sont des variables que le chercheur manipule et essaie de
mesurer et de comprendre l'influence sur la variable dépendante.Elles
reposent sur des éléments pour rendre compte de la variable
dépendante qu'est les obstacles à l'autopromotion communautaire
des populations à base du canton d'Anfoin au Togo.
Ø Perte des valeurs de
solidarité
Jadis, les familles traditionnelles en Afrique étaient
unies et très solidaires. Ils partagent les mêmes buts et les
mêmes objectifs de la survie du groupe et la transmission du patrimoine
familiale de nos jours, l'indifférence qui est courante dans les grandes
villes africaines, gagne de plus en plus les villages africains. Tel est le cas
de certains villages du canton d'Anfoin. Le sens de
générosité et de la solidarité qui
caractérisait jadis les villages dudit canton s'effacer au profit de
l'individualisme. Tout ceci constitue un obstacle à l'autopromotion
communautaire des populations.
· Indicateurs
- Individualisme chez la population
Pour Durkheim (2007), là où la cohésion
des sociétés traditionnelles repose sur des liens communautaires,
la société contemporaine, basée sur la division du
travail, requiert une « solidarité organique » qui
rend caduc ces liens communautaires. Dans le canton d'Anfoin, la
spécialisation des tâches devient de plus en plus perceptible et
il n'est plus nécessaire d'entretenir des liens d'ordres affectif ou
moral pour amener les individus à coopérer entre eux.
- Recherche de l'intérêt
personnel
La recherche de l'intérêt personnel est le propre
des sociétés dominées par l'individualisme. Aujourd'hui,
dans les projets de développement à caractère
communautaire, beaucoup de leaders locaux, cherchent leurs
intérêts personnels à la place de l'intérêt
général de la communauté. Les projets de
développement sont pour eux, des occasions pour se remplir des poches.
Ceci constitue des pratiques entravant au développement local.
Ø Manque de cohésion sociale
Le manque de cohésion sociale conduit au
désordre et à la division. La division est source de conflit
empêchant les communautés de prendre en main, le
développement de leur milieu. Une société solidaire,
réussit mieux son autopromotion.
· Indicateurs
- effritement des liens sociaux
La modernité qui gagne les milieux ruraux se traduit
par une solidarité organique fondée sur la
complémentarité et l'interdépendance des individus et des
fonctions sociales qu'ils remplissent. Cette complémentarité, qui
résulte de la division du travail social est rendue possible, par un
affaiblissement de la conscience collective. L'affaiblissement de la conscience
collective ne garantit pas la cohésion sociale et donc conduit à
l'effritement des liens sociaux.
Ø Environnement sociopolitique peu ouvert aux
initiatives d'acteurs locaux
Quand les interventions qui sont censées favoriser les
dynamiques locales, mais qui, dans leur mise en oeuvre restent peu conformes
aux attentes des acteurs locaux, il y a refus de participation de la population
aux activités communautaires.
· Indicateurs
- Refus de participation de la population aux
activités communautaires
Il y a participation des populations aux initiatives
communautaires, dans la mesure où les actions répondent aux
priorités de ces dernières, mais aussi quand elles sont
associées aux prises de décision et à toutes les phases de
mise en oeuvre des projets.
Ce chapitre basé sur les cadres théoriques et
conceptuel de l'étude a permis d'exposer les motivations qui ont
suscité le choix du thème de recherche et la question du
développement local dans les pays en africains en général
et au Togo en particulier. Le chapitre nous a également apporté
un éclairage et les raisons qui expliquent la nécessité
d'une responsabilisation des communautés rurales pour leur
développement local. Il a par ailleurs précisé les
objectifs de recherche poursuivis et tenté de donner des réponses
provisoires aux questions formulées dans la problématique et les
variables et indicateurs qui en découlent de la thématique de
recherche.La question du développement local et de l'autopromotion des
communautés à la base a fait et continue de faire l'objet de
littérature abondante. C'est ce à quoi s'attèlera le
prochain chapitre.
Chapitre 2 : Définition des concepts et
revue de littérature
Ce chapitre donne la signification des concepts
clés utilisés dans la recherche et fait la recension des
écrits pertinents et théoriques des différends auteurs qui
ont abordés la problématique du développement local et de
la décentralisation dans une perspective d'autopromotion des
communautés à la base. Diverses théories sont
exposées pour pouvoir comprendre le phénomène
étudié.
2.1.Définition des concepts
Dans cette rubrique, nous procédons à la
clarification des notions de base de la thématique de la présente
étude à travers l'opérationnalisation des
différents concepts. Un tel exercice a une double visée. Il
s'agit, d'abord, de faciliter la compréhension de certains termes
techniques et enfin de circonscrire les concepts clés des
hypothèses.
- Autopromotion communautaire
L'autopromotion communautaire est une démarche
d'appui-accompagnement dans laquelle les populations, principales actrices,
prennent en charge leur propre développement en tenant compte des
potentialités et contraintes endogènes et exogènes. Dans
ce processus, les principaux acteurs sont les bénéficiaires
eux-mêmes ; les agents extérieurs ne sont que des facilitateurs.
L'autopromotion communautaire apparaît comme une démarche dans
laquelle, une communauté, à partir des problèmes et
besoins de son milieu, cherche à aller de l'avant dans un esprit
collectif, en tenant compte des contraintes et des potentialités du
milieu, afin de garantir de meilleurs conditions de vie de ses membres et de
participer au développement de son pays. Des auteurs ont proposé
des définitions au concept d'autopromotion.
Pour Vankaunkelsven J. (1986 :3), le développement
par l'autopromotion, c'est d'abord que les populations cibles soient
responsables du développement qui est poursuivi. Une telle
responsabilité n'est possible que lorsque les communautés
à la base ont la possibilité de s'exprimer, de dire ce qu'elles
pensent, ce qu'elles espèrent et attendent comme changements.
Ensuite, l'autopromotion ne se réalisera pas en
fonction de modèles de développement extérieurs, mais
à partir des besoins et aspirations locales et la satisfaction des
besoins élémentaires aura la priorité.
Enfin, l'autopromotion fait avant tout appel aux acteurs du
développement non seulement aux personnes individuellement, mais aussi
aux communautés à la base celles-ci étant
concernées en premier lieu.
Identifiant le développement à la base à
l'autopromotion communautaire,Dovi E. et al (1989 :15) affirment
que ce dernier doit partir des intéressés, de leurs
problèmeset/ ou de leurs potentialités. En même temps que
le développement parl'autopromotion s'enracine dans les
réalités concrètes de chaque aire socioculturelle
(enculturation), il doit aider à accorder les capacités et
performanceshumaines, intellectuelles et techniques. D'où, le rôle
inestimable de la dialectique du triptyque, formation - action - recherche.
De son côté, BicombeL. (1996),tout en
assimilantl'autopromotion d'une communauté audéveloppement
communautaire, pense que pour pouvoir parler de cette dernière, il
faut:
«que les habitants de cette communauté
s'organisent pour prendre des initiatives dans l'intérêt de tous;
qu'ils s'entendent sur un but commun à atteindre; qu'ils soient d'accord
pour chercher ensemble les moyens nécessaires; qu'ils soient prêts
à mettre ensemble leurs efforts pour vaincre les difficultés
».
N'diayeS. (1996) retient deux dimensions fondamentales que
renferme ceconcept:
« L'endogénéité et l'autonomie.
Si la première a trait à la nécessaire impulsion du
processus par les acteurs locaux qui restent alors maîtres du jeu,
l'autonomie, elle, se réfère à une maîtrise relative
de l'organisation locale sur ses activités incluant l'exécution
de sa mission, l'acquisition de ressources minimales propres et la
capacité et la liberté de gérer ses ressources
conformément à ses intérêts
institutionnels... »
- Obstacles internes
Un obstacle, selon le Dictionnaire Larousse c'est
« Ce qui empêche d'avancer, ce qui s'oppose à la
marche ; ce qui empêche ou retarde une action, une
progression ».
Un obstacle est une entrave ou un gêne, une
difficulté empêchant la réalisation de quelque chose. Dans
le cadre de la formulation de notre thème de recherche, les obstacles
à l'autopromotion communautaire désignent les difficultés
liées au développement communautaire par l'autopromotion. C'est
tout ce qui empêche l'autopromotion ou le développement local.
Nous entendons parobstacle interne tout ce qui, relevant d'une
communauté à la base et qui l'empêche de
s'autopromouvoir.
- Obstacles externes
Les obstacles externe dans la présente étude,
sous entendent tout ce qui constitue un frein au développement par
l'autopromotion des populations à la base et relevant de l'environnement
extérieur desdites populations.
- Lien social
Le lien social représente l'ensemble des relations et
des dispositifs qui permettent de rattacher les individus et les groupes les
uns aux autres.
Le lien social dans une société donnée,
désigne ce qui fait que ses membres acceptent de faire partie de la
société. C'est l'ensemble des relations sociales et de contacts
entre les membres d'une société.
En sociologie. Il représente l'ensemble des
appartenances, des affiliations, des relations qui unissent les gens ou les
groupes sociaux entre eux. C'est la
forcequi lie, par exemple,
les membres d'une famille entre eux, ou les membres d'une communauté.
Pour Tonnies F. (1971), nous pouvons nous rendre compte que la
nature du lien social est intimement liée à la structuration
sociale qui accompagne le devenir des sociétés. Ainsi, le
communautaire désigne une forme de vie où les relations entre ses
membres sont proches et intenses et fondées sur la confiance
réciproque et la coopération. Par contre avec l'avènement
de la modernité qui a fait passer à une forme d'organisation
sociale, la société se complexifie et les relations entre les
individus passent progressivement vers la forme sociétaire dans laquelle
les rapports sociaux deviennent de plus en plus mécanisés, froids
et rationnels.
- Solidarité
La solidarité est le sentiment de
responsabilité
et de dépendance réciproque au sein d'un groupe de personnes qui
sont
moralementobligées
les unes par rapport aux autres. Ainsi les problèmes rencontrés
par l'un ou plusieurs de ses membres concernent l'ensemble du groupe. La
solidarité conduit l'homme à se comporter comme s'il était
directement confronté au problème des autres, sans quoi, c'est
l'avenir du groupe (donc le sien) qui pourrait être compromis.
La solidarité humaine est un lien fraternel et une
valeur
socialeimportante
qui unissent le destin de tous les hommes les uns aux autres. C'est une
démarche
humaniste qui
fait prendre conscience que tous les hommes appartiennent à la
même
communauté
d'intérêt.
Pour Durkheim E. (1978), la sociologie doit se
préoccuper d'expliquer la vie des hommes en société de
façon à ce que ceux-ci puissent espérer vivre en plus
grande harmonie. Leur quête primordiale est donc la découverte des
mécanismes qui puissent leur permettre de former tous ensemble une
société.
Durkheim considère d'abord, qu'il y a
différentes formes de solidarité sociale selon les
différents types de société. Ainsi, chaque
société se caractérise par une forme différente de
solidarité sociale. Pour Tonnies F., il y a eu un passage d'une
organisation sociale de type communautaire à une autre de type
sociétaire d'où découle une différente
configuration du lien social. Pour Durkheim, il y a aussi une transition d'un
type de solidarité mécanique à un type de
solidarité organique qui correspond à deux modèles
d'organisation sociales, respectivement la communauté et la
société.
- Décentralisation
La décentralisation consiste en un transfert de
pouvoirs de l'
État vers des
personnes morales de
droit public distinctes de lui. Elle dispose d'une autonomie plus ou moins
grande, selon le degré de décentralisation, d'un
budget propre, et reste sous
la surveillance de l'État, autorité de
tutelle. La
décentralisation est un système d'administration dans lequel le
pouvoir de décision est exercé à la fois par l'État
et par des personnes morales autonomes soumises au contrôle, en principe
de légalité, des autorités étatiques. Autrement
dit, la décentralisation consiste dans le transfert d'attributions de
l'État à des collectivités ou institutions
différentes de lui et bénéficiant, sous sa surveillance,
d'une certaine autonomie de gestion.2(*)
La décentralisation est le fait pourles habitants d'un
espace géographique donné, dotés de la personnalité
morale, de gérer de façon autonome, leurs propres affaires par
l'intermédiaire des représentants locaux élus. La
décentralisation permet donc aux citoyens d'une localité, de
participer aux décisions relatives à leurs intérêts
collectifs.
Pour Deberre J.- C. (2007) « La
décentralisation implique un partage du pouvoir, des ressources et des
responsabilités et doit permettre de rapprocher géographiquement
les prises de décision des populations. »
- Développement
Dans son rapport cité par Rist G. (2001), la Commission
Sud (1990 :329) a formulé la définition suivante :
« Le développement est un processus qui
permet aux êtres humains de développer leur personnalité,
de prendre conscience en eux-mêmes et de mener une existence digne et
épanouie. C'est un processus qui libère les populations de la
peur du besoin et de l'exploitation politique, économique et sociale.
C'estpar le développement que l'indépendance politique acquiert
son sens véritable. Il se présente comme un processus de
croissance, un mouvement qui trouve sa source première dans la
société qui est elle-même en train
d'évoluer.»
Dans l'approche de Rostow (les étapes de la croissance)
et du diffusionnisme, le développement est définit comme un type
de changement social qui peut être obtenu grâce à
l'introduction d'innovations dans un système donné, en vue de
produire un accroissement du revenu et une meilleure organisation sociale
(Mattelart 1990).
La définition sociologique du développement est
celle qui semble présenter le plus de clarté. Cette
définition lie le développement au simple fait de la croissance
des individus qui composent la société et la possibilité
dont ils disposent pour satisfaire leurs besoins vitaux. Ainsi, pour certains
« c'est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une
population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et
durablement, son produit réel global » (Perroux
F.,1991 :15).
Pour d'autres, comme Myrdal G. (1978),il s'agit tout
simplement d'un mouvement vers le haut de tout le corps social, en
matière de besoins fondamentaux (accès à l'eau, à
la santé à la l'éducation, aux loisirs...
Enfin, Sen A. (1999),propose une définition plus simple
du développement comme étant « un processus
d'expansion des libertés réelles de tous les
individus.» De toutes ces définitions, il ressort une
évidence, celle que le développement est un processus de
croissance ou d'amélioration des facteurs sociaux qui garantissent le
mieux-être de la population. Ainsi, ces approches définitionnelles
semblent mieux refléter la réalité dans la mesure
où elles placent l'homme au centre du développement. Comme tel,
le développement au niveau sociologique apparaît comme une sorte
de facteurs dont disposent les individus et qui favorisent leurs
émancipations.
- Développement local
Le développement local est une nouvelle approche du
développement fondée sur le partenariat, la mobilisation et la
participation des forces vives locales (Pecqueur, 2000). Il vise la
valorisation des ressources par des acteurs locaux organisés en
partenariat pour créer de la richesse, du travail (Boucher
etal., 2001).
Pour Mengin J. (1989) cité par Bonnal J. (1995), le
développement local c'est pour les sociétés locales la
faculté de relocaliser leur développement, en s'appuyant sur les
caractéristiques de leur espace: richesses naturelles, humaines,
spécificité de l'espace, organisation sociale propre, tradition
culturelle. Pour cela, il faut que la société
"récupère" un certain nombre de fonctions sur cet espace, mais
aussi opère une sorte de rupture avec le passé.
« Le développement local vise ainsi à
recréer un espace structuré par des pôles, relativement
autonome, capable de négocier avec l'extérieur... »
Le développement local est ainsi une voie de sortie
pour les communautés par rapport à la mondialisation (Leloup et al. 2007).
- Développement
communautaire
Le développement communautaire répond
spécifiquement à un besoin socio-économique des
catégories défavorisées de la population. C'est une
spécificité du développement local qui offre des
possibilités aux couches désavantagées sur un territoire
d'entreprendre et de participer à des activités en vue
d'améliorer leurs conditions socio-économiques. Douglas,
cité par André J. (2007), parle de développement
économique communautaire; pour lui, il est « ... un ensemble
d'actions collectives visant la satisfaction d'intérêts locaux
à caractères socio-économiques ». Selon lui, le développement communautaire conduit
à ce qu'il appelle « économie sociale ou
alternative » qui se veut un processus de développement
appuyé sur « la gestion collective, la recherche de la
rentabilité sans objectif d'enrichissement» mais dont la
production répond aux vrais besoins de la communauté.
- Projet de développement
communautaire
Un projet de développement communautaire peut
être défini comme une action réalisée dans un
objectif socio-économique orienté vers la satisfaction d'un
besoin collectif de base (alimentation, santé, éducation,
travail, infrastructures de base, information, connaissances, etc.) d'une
communauté d'hommes et de femmes leur permettant de s'épanouir
dignement. « Il tente d'en valoriser les qualités
(ressources, atouts, valeurs), d'en minimiser les handicaps, d'en contourner
les contrainte ». (Daniel, N. 2003 :1). Il implique des
groupes d'intérêts divers notamment des membres de la
communauté, les autorités locales et des agents externes d'appui
technique et financier.
2.2. Revue de littérature
A ce niveau de la présente étude, nous faisons
la revue thématique de la littérature pour voir l'état de
résolution du problème que nous avons énoncé plus
haut afin de mieux le situer. Cette revue de la littérature est
articulée autour d'un certain nombre d'axes principaux.
2.2.1. Recension des écris pertinents
La recension des écrits est le fond théorique
sur lequel s'établit tout travail de recherche. Elle est
considérée comme un inventaire des idées, des
théories, des méthodes, permettant d'analyser les approches et
les méthodologies en rapport avec le sujet, en vue de mieux
définir sa démarche propre. La problématique de
l'autopromotion communautaire, le développement local dans un contexte
de décentralisation a fait depuis plusieurs décennies, l'objet
d'abondantes littératures à travers des différends
ouvrages, rapports et publications consacrés à la question. Cette
revue de littérature est articulée autour d'un certain nombre
d'axes principaux.
2.2.1.1.Problématique de la participation
populaire aux projets de développement
La participation active des populations est reconnue
aujourd'hui comme une condition essentielle au processus de
développement. Toute intervention visant une amélioration
réelle et durable des conditions de vie des populations est vouée
à l'échec, si les gens concernés ne la prennent pasen
charge. A moins que les populations ne soient impliquées à tous
les niveaux d'intervention, de l'identification des problèmes à
la recherche et à la mise en oeuvre de solutions, sinon il n'y aura pas
de changement durable.La participation des populations consiste à
restituer à celles-ci un pouvoir d'initiative et de décision dans
la définition et la mise en oeuvre des actions et programmes qui
concernent son propre avenir.
Ela J-M. (1990) montre que les paysans ne peuvent être
simplement des ``assimilés'' ou des
``exécutants'' des programmes qu'on leur impose. Il faut qu'ils
participent au choix des décisions les concernant, en vue
d'améliorer leurs propres conditions d'existence. On doit permettre aux
sociétés rurales d'accéder à une autonomie
d'adultes qui prennent en main l'élaboration de leur propre avenir.
Kouassigan S. (1990) de son côté pense que pour
satisfaire les besoins essentiels de la société en
général et en particulier, les couches sociales les plus
défavorisées de la population et pour parvenir à
l'autosuffisance ; les masses doivent être associées à
la prise de décision, à la planification et à la
définition de leurs propres besoins en matière de
développement tout en évaluant leurs capacités
économico-financières.
La plupart des travaux que nous avons analysés ont mis
l'accent sur la participation ou l'implication des populations
bénéficiaire au projet de développement, comme gage de la
réussite des actions de développement. Toutefois, ils n'ont pas
parlé des conditions qui peuvent garantir la participation populaire aux
initiatives pour un développement local. C'est pourquoi, nous nous
intéressons à la partie suivante, aux conflits culturels comme
obstacles à l'autopromotion des communautés à la base.
2.2.1.2.Conflits culturels comme obstacles à
l'autopromotion des communautés à la base
Amouzou E. (2009) atteste que le phénomène de
repli culturel ou identitaire se passe aussi et souvent à
l'intérieur des frontières nationales entre différentes
communautés vivant sur le même espace géographique
où des populations, parce que originaires d'ethnies différentes
et nourrissant de préjugés les unes envers les autres ou encore
s'attachant à des conflits séculaires de classes sociales ou de
castes, sont parfois incapables de se regrouper autour d'activités de
développement communautaire ; ceci constitue dans une certaine
mesure, en n'en point douter, l'un des facteurs majeurs d'échec des
processus de développement en Afrique.
Katagna E. (2006) a aussi démontré ce
phénomène dans son mémoire de maîtrise de sociologie
portant sur les contraintes et possibilités de la participation des
populations à la mise en oeuvre de projets sociaux.
En effet, étudiant le cas du projet d'Infrastructures
Socio-Collectives (ISC) du 4ème PPMR (Plan Pluriannuel de
Micro-Réalisation) dans le canton de Kouméa au Nord du Togo,
projet dont la mise en oeuvre met un accent particulier sur la participation
communautaire, Katagna soutient que l'entente participe dans une large mesure
à l'implication communautaire. Ainsi, seuls les villages où la
solidarité communautaire et l'entente sont fortes choisissent
véritablement les microréalisations qui leur conviennent et
enregistrent une forte participation populaire, ce qui n'est pas le cas dans
les villages où règnent la mésentente et où il a
été constaté par conséquent une faible
participation des communautés aux travaux de construction des
Infrastructures Socio-Collectives.
L'auteur de cette étude fort intéressante
témoigne à ce propos : « ...Cependant,
dans d'autres cas, la participation des villageois qui ne se sentent pas
concernés est très difficile à obtenir comme par exemple
la réfection des bâtiments scolaires à l'EPP Centrale
Sondè. C'est une école pour tout le canton de Kouméa, mais
seuls les habitants du village de Sondè où elle est construite se
sentant concernés ont participé. (...)
Dans le canton, il existe des conflits latents entre les
différents villages comme par exemples Sondè-Karè ou
Sondè- Sèdina qui sont de vieux conflits, mais que les
générations actuelles ravivent. Ceux-ci sont source de
mésentente entre les populations et ne favorisent pas une bonne
participation des bénéficiaires. » (Katagna, E.,
2006 : 84)
Nous pouvons aussi retenir l'existence de deux courants qui
dans une démarche dialectique, tentent d'expliquer les obstacles au
développement par l'autopromotiondu monde rural. Parmi les obstacles,
Joachim Koné de Sya relève ceux liés à lanature et
aux capacités du projet. A la différence de certains villages
où il existe uneentente entre villageois, on se rend compte aujourd'hui
que quelques villages choisissent de se heurter à des problèmes
de mésentente entre quartiers, entre familles ouentre individus. «
Ce manque de cohésion, cette division de la société en
castes empêchent les ruraux de prendre des initiatives susceptibles
d'améliorer leur sort et les rend réfractaires à toute
innovation » (Tilakaratna, S., 1983 : 4) Selon l'auteur, la
société villageoise, loin d'être une entité
homogène est déchirée par des tensions internes. D'une
part, on trouve une minorité privilégiée qui a
intérêt à ce que la situation n'évolue pas, ou que
le changement n'intervienne pas et d'autre part, la masse des petits
exploitants, travailleurs sans terres, petits fermiers, etc. qui vit dans la
pauvreté.
Les groupes entre eux manque de cohésion, ne
s'entendent pas et se disputent le peu de débouchés
économiques que leur offre le village. C'est dans ce sens que
Tilakaratna disait qu'il est difficile qu'un processus d'autopromotion s'amorce
spontanément en milieu rural et c'est pourquoi une intervention
extérieure est souvent nécessaire pour encourager les pauvres
à entreprendre des actions dont ils assumeront la
responsabilité.
Ce manque de cohésion dans les sociétés
villageoises et partant dans les associations paysannes
estl'élément central du premier courant critique qui, entre
autre, a abordé les obstacles à l'autopromotion rurale. Cette
démarche s'inscrit dans une logique de disqualification du postulat de
base sur lequel est construite la thèse anthropologique. D'après
cette dernière, la société paysanne, les groupements
ruraux étaient caractérisés par une forte cohésion
sociale. Cette dernière était telle que face à tout
processus d'autopromotion il y a la résistance des paysans. Allant dans
le même sens, BlundoG. affirment :
« Ce qui fait défaut aux associations
paysannes, c'est apparemment, cet esprit de corps tant exalté par les
anthropologues. Les groupements étudiés montrent leur faiblesse
moins parce qu'ils sont le théâtre de conflits, que parce qu'ils
ont une faible capacité de les résoudre sans recourir à
des médiateurs extérieurs (ONG) » (Blundo G.,1994:
103).
Ndiaye S. de son coté pensent que :
«La concentration du pouvoir entre les mains de
quelques leaders formant une oligarchie explique d'une part les contraintes et
d'autre part, il y a la forte prégnance des leaders sur le
fonctionnement et le processus de prise de décision au sein de l'union
en se substituant aux organes légaux » (Ndiaye S.,
1996 :17).
L'entente et la cohésion renforcent la
société traditionnelle et de surcroit, renforcent le lien social
qui se construit à partir de groupes dans lesquels, les individus
évoluent et effectuent leur apprentissage (socialisation). La
cohésion sociale est menacée si la communauté est
divisée, désunie, ou s'il y a une remise en cause de la
légitimité de certaines institutions traditionnelles entrainant
une baisse de la conscience collective. La mésentente et l'absence de
la cohésion empêchent les communautés à la base de
garantir leur développement local.
De ce qui précède, il convient de dire que les
conflits séculaires de tous les ordres qui font partie de
l'héritage culturel des communautés humaines et transmis à
ce titre de génération en génération, peuvent dans
une certaine mesure constituer des obstacles à l'autopromotion
communautaire.
2.2.1.3. Chefferie traditionnelle dans la direction
d'une institution étatique
L'un des obstacles à l'autopromotion communautaire des
populations à la base est la non reconnaissance et l'absence de
l'autorité d'un chef traditionnel. En effet, à part son
rôle de « gardien des us et coutumes » et de
dépositaire de la cosmologie locale, les attributions du chef
traditionnel prévues par la législation en vigueur au Togo
montrent une très grande diversité qu'on peut répartir en
deux catégories : celle que le législateur lui
délègue ou dont il attend de lui qu'il les remplisse, et celles
qui reviennent au juge traditionnel (Rouveroy V., Van Nieuwaal V., 2000 :
207).
Cette première attribution du chef traditionnel selon
Adriaan et al correspond aux tâches en matière de police
générale et rurale, en matière économique et
financière, de perception des impôts, ainsi que dans les domaines
de l'hygiène et de la voirie, de l'état civil au niveau du chef
canton, du suivi des mouvements des étrangers de passage qui
séjournent ou se fixent sur leur territoire. Il comprend aussi les
attributions du chef traditionnel en matière de règlement des
litiges. Son devoir aussi concerne le maintien de l'ordre public dans la
localité dont il est le chef.
Aujourd'hui il faut reconnaître que la tâche d'un
chef traditionnel n'est plus une tâche facile car elle est difficile et
complexe dans une société en perpétuelle mutation qui
abandonne les normes et les attitudes anciennes et où la
génération actuelle de jeunes n'accepte plus l'autorité
des ainés et des chefs traditionnels.
Au Togo la chefferie a ceci de particulier qu'elle doit
d'abord tenir le rôle d'un outil au service du pouvoir central.
Extérieure à l'appareil d'Etat, mais pourtant, d'une certaine
manière, assimilable à l'un de ses prolongements, elle est son
alliée obligée et sa concurrente directe. Bien qu'elle s'y sache
soumise, elle n'ignore pas que, sans son appui, celui-ci n'aurait pas le
moindre impact sur la population. Quasi organique, cette dépendance
mutuelle est comparée à « un jeu à somme
nulle », « sans gagnant ni perdant » (Id :
81-114).
La désignation d'un chef traditionnel obéissant
aux us et coutume doit respecter la tradition d'une localité et devrait
se faire par voie de succession héréditaire ou par voie de
consultation populaire. C'est ce qui confirme la loi N° 2007-002 du 08
janvier 2007 relative à la chefferie traditionnelle et aux statuts des
chefs traditionnels au Togo, en ses articles 10, 11 et 12 dont nous
citons :
« Art.10 - La désignation et
l'intronisation du chef traditionnel obéissent aux us et coutumes de la
localité.
La désignation se fait :
- par voie de succession héréditaire
ou ;
- par voie de consultation populaire.
Art. 11 - la désignation du chef traditionnel par
voie de succession héréditaire est dévolue au conseil
coutumier. En cas de désaccord entre les membres du conseil sur le choix
du postulant, le conseil coutumier recourt entre les candidats
réunissant les conditions exigées par la coutume et la
présente loi à une séance de tirage au sort en
présence d'un représentant de l'administration
territoriale.
Art. 12 - la désignation par voie de consultation
populaire se fait par alignement des populations ayant atteint la
majorité derrière le candidat de leur choix.
Le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix est
choisi. En cas d'égalité de voix, le candidat le plus
âgé est choisi. » (Journal officiel, 2007 :
4).
Bien que la loi relative à la chefferie traditionnelle
et aux statuts des chefs traditionnels au Togo, du 08 janvier 2007 le stipule
dans ses articles 10, 11 et 12, aujourd'hui, ce que l'on appelle chefferie
traditionnelle est une survivance des formes multiples d'organisations
sociopolitiques qu'a connues l'Afrique avant la colonisation.Ce legs de la
colonisation a été bien entretenu par le Togo. Au lieu que les
populations désignent elles - même leurs chefs, c'est plutôt
l'Etat qui leurs impose un chef qui ne retient pas l'assentiment populaire. La
voie est donc ouverte pour que le chef traditionnel soit manipulé par le
pouvoir en place qui peut prononcer sa destitution ou son maintien, selon son
bon vouloir.Devant cet état de chose, les relations entre la chefferie
et la population souffrent d'une méfiance réciproque. C'est ce
qui explique la désaffection dont les dirigeants locaux font l'objet.
Cette situation est source de conflit repérable au nord comme au sud du
Togo. L'autorité coutumière subit un très grave
préjudice en termes de respectabilité, ce qui conduit au
désordre.
L'autre aspect du problème lié à la
chefferie au sud Togo, concerne les conflits de succession au trône. Les
communautés sont divisées et se disputent le trône. Une
telle situation crée des divisions et des tensions dans les
communautés et donc constitue un obstacle à l'autopromotion des
villages.
2.2.1.4. Décentralisation, une option
privilégiée pour l'autopromotion communautaire
La décentralisation est une expression de
démocratie permettant à une communauté d'impulser son
propre mode de développement. Elle se révèle comme un
outil incontournable du développement local. Plusieurs auteurs ont
établi une étroite relation entre décentralisation et
développement local.
Pour Doly C.(2010), la décentralisation pour être
fonctionnelle,exige qu'un certain nombre de conditions soient remplies. Selon
l'auteur,dans la politique de décentralisation, on note l'existence
d'autorités locales élues, traduisant une participation politique
des populations à travers des élections. Mais pour sa mise en
oeuvre, le transfert effectif des compétences aux collectivités
locales et l'appui technique et financier de la tutelle sont indispensables.La
mobilisation des ressources locales pour permettre aux collectivités
d'assurer des services publics de qualité aux populations est gage de
réussite du processus de la décentralisation.
DabiréB. et Bicombe
L.(1996),abordent dans le même sens en disant
que la décentralisation appelle une démocratie de
proximité; c'est un moyen d'impulser le développement local qui
est « une interpellation ». Elle interpelle tous les acteurs de
développement, au moins pour deux raisons. D'une part, elle a pour
ambition de démystifier les approches classiques de
développement, de donner le pouvoir à la base, de promouvoir
l'autopromotion des populations, de libérer les énergies
populaires, de contribuer à l'enracinement de la démocratie et
à la satisfaction des populations locales; d'autre part, elle vise une
transformation profonde des sociétés locales. C'est toutes ces
raisons qui justifient l'affirmation de Coulmin P. (1984), selon
laquelle, le développement local ne peut se concevoir qu'avec les
collectivités que la décentralisation a rendues
majeures.
Entre décentralisation et développement local,
il y va plus que d'un accommodement entre deux modes de gestion. L'un,
redistributif de compétences centrales vers les
périphéries de l'Etat, l'autre participatif à la base des
forces qui composent une communauté (Deberre J.-C, 2007, cité par
Doly C., 2010: 24).Si le développement local est fondé sur la
participation et le consensus, la décentralisation en revanche contient
l'expression d'un droit de substitution légitime; c'est la
différence fondamentale entre la décentralisation comme projet
politique et le développement local comme pratique sociale (id:46).
Enfin,certains de ces auteurs, considèrent la
décentralisation comme un levier du développement local. Elle
est un cadre propice à la participation et à la planification.
Pour d'autres, elle induit la participation des différents acteurs ; ce
qui est un facteur de mobilisation de ressources. Le développement local
est lié à la décentralisation et à la
démocratisation, car il implique l'expression d'opinion et la prise de
décision par les communautés.
Partant de ces constats, nous pouvons établir une
corrélation entre les concepts de Décentralisation et de
Développement local à travers le schéma ci-dessous.
- Transfert de compétences
- Autonomie dans la gestion des affaires locales
- Existence d'autorités locales élues
-Participation politiques et fonctionnement des organes locaux-
Partage équilibré des pouvoirs et des ressources
- Démocratie locale
- Développement à la base
- Mobilisation des acteurs à la base
- Existence d'un projet collectif
- Mobilisation des ressources locales
-
Fournituredes services
sociaux de base
- Responsabilisation de la population
- Participation de la population
Développement local
Décentralisation
2.2.2.Recension des écrits théoriques
La recension des écrits théorique est le fond
théorique sur lequel s'établit tout travail de recherche. Elle
est considérée comme un inventaire des idées, des
théories, des méthodes, permettant d'analyser les approches et
les méthodologies précédentes en rapport avec le sujet, en
vue de mieux définir sa démarche propre.
2.2.2.1. Théorie de développement local
participatif
Le concept de développement local a vu le jour dans un
contexte où la vision centralisée de l'Etat était
critiquée par certains acteurs locaux. Ces derniers considéraient
que le développement d'un territoire devait prendre en compte les
besoins et les aspirations des habitants. Une nouvelle logique d'autonomie est
alors revendiquée vis-à-vis des centres décisionnels,
politiques ou économiques. Le développement local se rapporte
ainsi à des actions partenariales entre des acteurs
intéressés à l'amélioration des conditions de vie
dans leur environnement immédiat.
C'est vers la fin des années 1950 que prend forme la
théorie du développement endogène, par les chercheurs John
Friedman et Walter Stöhr. C'est une approche volontariste, qui
conçoit le développement comme étant une démarche
qui part du bas vers le haut en privilégiant les ressources provenant du
milieu local (milieu endogène). Elle fait s'intéresse aux
traditions industrielles locales et insiste particulièrement sur la
prise en compte des valeurs culturelles et sur le recours à des
modalités coopératives.
L'approche participative du développement local insiste
sur l'importance de la participation et de la responsabilisation des
populations, dans toutes les actions de développement. Le concept
participation est à l'origine des préoccupations actuelles de la
prise en compte du ''local ''.
Bajeddi M. (2002), soutient que l'approche participative, est
une approche de concertation, d'ajustement continu et de compromis contractuels
qui accompagne une action de développement rural depuis la gestation de
l'idée de base, et qui entre dans les moeurs des populations bien
au-delà d'une première tentative. C'est une succession de
pratiques dictées par des impératifs temporels spécifiques
et définies à travers un vécu réels sur le
terrain.
Tremblay J.-F. estime que l'approche participative du
développement local repose sur une démarche volontaire d'acteurs
se réunissant sur un territoire à taille humaine pour envisager
l'avenir de leur territoire. Cela en perspective avec d'autres niveaux
d'administration et d'autres échelons politiques de la Nation. C'est une
vision du local dans le global, qui voit le territoire comme un système
de relation avec d'autres systèmes et d'autres acteurs. Pour cet auteur,
les acteurs oeuvrent à l'amélioration des conditions de vie de
leurs populations, ce qui passe, notamment par le développement des
activités de production, de la santé, de l'éducation et
l'approfondissement de la démocratie et la gouvernance locale.
Du point de vue juridique, l'Organisation des Nations Unies
(ONU), dans son article 1 de la déclaration sur le droit au
développement, l'Assemblée Générale du 4
Décembre 1986, stipule que :
« Le droit au développement est un droit
inaliénable de l'homme en vertu duquel toute personne humaine et tous
les peuples ont le droit de participer et de contribuer à un
développement économique, social, culturel et politique dans
lequel tous les droits de l'homme et toutes les libertés fondamentales
puissent être pleinement réalisés et
bénéficier de ce développement ». (ONU,
1986 : 5).
Selon la Banque Mondiale (1992), le développement
participatif est à la fois une fin et un moyen de développement.
En avançant l'idée que le développement participatif est
une fin, elle entend se référer à une sorte d'objectif
idéal selon lequel le développement durable résulterait de
l'action responsable de citoyens politiquement mûrs et qui agiraient
à travers d'institutions électives, d'associations ou
d'organismes, dans le cadre d'une société démocratique et
libre. Toutefois, un tel objectif devrait être compris comme un processus
continu et de longue haleine, qui tendrait à améliorer sans cesse
la capacité des communautés à s'autogérer.
Cette idée est beaucoup plus familière car,
c'est sous cette forme qu'elle est apparue, il y a deux décennies, dans
les politiques de développement.
Malgré ses avancées considérables, la
démarche participative soulève plusieurs critiques. La
première interrogation, posée par Seck M.etd'Aquino S. (2001),
est dans le caractère participatif, sur le terrain, des démarches
développées. La méthode " participative" telle
qu'employée sur le terrain se traduit trop souvent à des simples
dialogues "participatifs", échanges ritualisés où les
acteurs locaux ne font que valider, au mieux alimenter, les analyses et les
choix faits par les agents extérieurs.
Cependant, une grande partie de ces problèmes est due
à l'ambiguïté constitutive du concept de la "participation".
Par définition, celui-ci spécifie la présence obligatoire
et centrale d'une intervention exogène, à laquelle participent
les acteurs locaux, cette situation est peu adaptée à
l'émergence d'une dynamique endogène de décision et de
planification. L'autonomie des acteurs locaux est en fait loin d'être
totale, que ce soit dans la formulation des problèmes, dans le choix des
priorités ou dans la prise de décisions. La participation est par
essence différente de l'autonomie : c'est toujours la formule d'un
agent extérieur qui fait participer aux diagnostics et aux politiques
les acteurs locaux.
Par ailleurs comme solution à ce problème, un
nouveau principe participatif est soutenu par Secketd'Aquino, le principe
d'endogénéité. Ce principe consiste à transformer
l'acteur local en décideur local dont la règle est que
l'accompagnement technique ne fixe aucun objectif préalable à sa
démarche d'appui, si ce n'est d'être disponible pour une dynamique
endogène de prise de décision concertée sur le territoire.
Ici, ce sont les acteurs locaux qui fixent ce qu'ils considèrent comme
une priorité dans cette nouvelle prise ou reprise de pouvoir sur leur
espace et leurs ressources que la démarche leur propose. La seconde
règle est que la planification territoriale est avant tout, une oeuvre
politique et non technique, ce qui implique que devant l'incertitude de
l'avenir, la responsabilité de choix, avant tout, politiques et
éthiques doit être laissée aux décideurs politiques
légitimes, selon le principe d'une démocratie
représentative, et aux populations, selon une démocratie
participative.
La grande réussite de ces évolutions est dans la
reconnaissance de la participation des populations aux actions les concernant,
c'est-à-dire la volonté de remplacer la relation d'assistance
entre l'encadrement et les populations par une relation de partenariat,
basé sur une reconnaissance des savoirs, perceptions et de la
légitimité des acteurs locaux. Seule une dynamique
réellement endogène pourra se pérenniser et se
démultiplier à une échelle raisonnable sans appui
extérieur lourd et permanent. Ceci vise à l'installation d'un
processus local et collectif de prise de décision. Elle permet aux
populations d'installer en amont un cadre stratégique de
développement local plus axé sur leurs propres aspirations.
2.2.2.2. Théorie de la
décentralisation
La théorie de la décentralisation part du
principe que pour amorcer un développement local et participatif, il
faut accorder un certain pouvoir à des collectivités locales
reconnues par la constitution ou par la loi. La décentralisation et le
désengagement doivent, par des effets de synergie qui restent à
définir, permettre aux populations rurales d'assurer leur
développement, plus et de meilleure façon. La
décentralisation apparaît comme un effet direct d'une critique de
l'Etat au nom de la société civile et d'un renforcement des
rapports entre le monde urbain et le monde rural. Jacob cité par Hong et
al, (Camara M., 2007).
Pour Souare et al, (2010), l'objectif de la
décentralisation est la prise en charge par les populations elles
mêmes de la gestion de leurs propres affaires. Cette prise en charge
implique, par conséquent, d'organiser un transfert de compétence
de pouvoir et moyens de l'Etat central vers les entités territoriales
auxquelles il est reconnu une certaine autonomie, ceci dans le respect et les
limites qui découlent du caractère indivisible de l'Etat qui
demeure le gardien de l'unité politique et sociale pour l'ensemble du
territoire du pays.
Pour la Banque Mondiale (2011), la décentralisation
joue des rôles importants dans l'augmentation de la participation des
citoyens dans les activités politiques, économiques et sociales
dans les pays en développement, la décentralisation contribue
à atténuer les goulots d'étranglement dans les prises de
décisions, là où elle fonctionne efficacement. Elle permet
aussi de réduire des procédures bureaucratiques complexes et
à accroître l'attention des officiels sur les conditions et les
besoins locaux. Elle favorise une plus grande représentation politique
des divers groupes politiques, ethniques, religieux et culturels dans le
processus des prises de décision.
La décentralisation implique donc, une
impérieuse nécessité de créer ou renforcer au
niveau des collectivités décentralisées les
capacités des ressources humaines qui interviennent aux
différents niveaux. Il s'agit donc d'une oeuvre de longue haleine et
dont la finalité est un meilleur bien-être de la population.
2.2.2.3. Théorie du changement social
Le changement social est l'un des objets les plus
controversés chez les sociologues. C'est pourtant l'un des objets
privilégiés de la sociologie avec le fonctionnement de la
société. Selon la définition de RocherG., le changement
social est :
« Toute transformation observable dans le temps,
qui affecte, d'une manière qui ne soit que provisoire ou
éphémère, la structure ou le fonctionnement de
l'organisation sociale d'une collectivité donnée et qui modifie
le cours de son histoire »(RocherG., 1968 :22).
En effet, pour RocherG., il y a d'abord lieu de faire une
distinction entre l'évolution sociale et le changement social. On
s'accorde généralement à dire que l'évolution
sociale est l'ensemble des transformations que connaît une
société pendant une longue période, c'est-à-dire
pendant une période qui dépasse la vie d'une seule
génération ou même de plusieurs générations.
L'évolution sociale se rapporte donc à ce qu'on pourrait appeler
des tendances séculaires qu'on ne peut observer à une
échelle réduite, mais qui apparaissent lorsqu'on adopte une
perspective à très longue terme.
Le changement social quant à lui, selon Rocher,
consiste plutôt en des transformations observables et vérifiables
sur de plus courtes périodes de temps. Ce changement affecte les
représentations, les moeurs, et touche donc à la culture
générale.
Les sociologues, rechignant aujourd'hui aux théories
générales, traitent donc du changement social qui s'inscrit dans
le court ou moyen terme. Certains vont jusqu'à rejeter toute
possibilité de théorie du changement social, considérant
que la sociologie doit se limiter à « l'analyse de
processus de changement datés et signés » (Boudon
R. et Bourricaud F., 1982 :64). Mais « les sociologues
marxistes ont continué d'appliquer à des champs
spécifiques (l'Etat, la question urbaine, le développement, etc.)
le principe du changement social par les conflits de classe »
(Durand J.-M et Weil R., 2006 : 397).
Au-delà de tout cela, il faut souligner que les auteurs
qui se sont préoccupés de définir le changement social, le
caractérisent par les trois dimensions suivantes :
- Le changement social est repérable dans le
temps ; c'est-à-dire que l'on peut désigner ce qui a
été modifié entre deux moments. Il tend donc à
être identifié par rapport à une situation de
référence. Dans le cas de cette recherche il s'illustre par le
fait que jadis, les pratiques traditionnelles jouent un rôle important
dans la vie des populations. Ces pratiques empreintes de différentes
normes, sont consacrées par la tradition et demeurent les garants de
l'équilibre social et de la prospérité des populations.Au
rang de ces richesses, on note l'importance accordée au travail, la
préservation de la nature, la cohésion, l'honnêteté,
le respect des cadets envers les aînés et la solidarité
familiale (entraide, unité de production et de résidence).Ces
valeurs ont pour vocation de maintenir l'ordre social. Cependant, de nos jours,
certaines de ces vertus ont totalement disparu. D'autres, par contre, essaient
difficilement de survivre tandis qu'une grande part est devenue
méconnaissable en raison des mutations qu'elles ont connues.C'est dans
cet état de déperdition culturelle que se trouvent actuellement
la plupart des zones rurales du Togo.
- le changement social est durable ; c'est-à-dire
que les transformations structurelles observées ont une certaine
stabilité.
- le changement social est évidemment un
phénomène collectif ; il concerne une communauté, une
organisation, une collectivité ou des individus pris collectivement. Le
changement social fait appel à des facteurs tels que le progrès
technique (les innovations), les valeurs culturelles, la démographie
etc.).
2.2.3. Cadre théorique de
référence
Pour comprendre les obstacles à l'autopromotion
communautaire de la population du canton d'Anfoin, il est nécessaire de
se référer aux théories d'Emile Durkheim, de Georg Simmel,
à la thèse diffusionniste développée par Boas,
Sapir et Balandier G. et enfin à la théorie du changement social
développée par RocherG.
2.2.3.1. Théorie de la division du travail
social
Durkheim E. (2007), témoin de la naissance de la
société industrielle et, pour qui l'étude des formes de la
solidarité sociale relève de la sociologie, s'est posé la
question de savoir, comment s'unissent les hommes dans une
société qui s'individualise sans cesse. Il définit ainsi
deux formes de solidarité sociale. La première, dite
solidarité mécanique, correspondant à une
société dans laquelle les individus sont semblables et partagent
d'une même manière et d'une même intensité les
éléments constituant la conscience collective. Cette forme de
solidarité est le reflet des sociétés traditionnelles
où la spécialisation et la division des tâches sont
très faibles (Durkheim E., 2007 : 35-78).
La seconde forme de la solidarité est dite organique et
est caractéristique des sociétés modernes dont les signes
distinctifs sont la spécialisation, l'interdépendance et la
complémentarité des tâches des individus. Dans le processus
de transformation d'une société traditionnelle à une
société moderne, les individus, entendus comme sources autonomes
de pensée et d'action, se particularisent. Cette dynamique de
singularisation des individus conduit à la modification radicale de la
vie sociale avec comme toile de fond, l'affaiblissement progressif et
inéluctable de la conscience collective. Ce qui fait que les individus
ne partagent plus tous les mêmes croyances et que celles-ci ne s'imposent
plus à eux avec la même intensité (Id : 79-102).
2.2.3.2. Théorie des relations sociales
Simmel G. (2009), s'inscrivant dans la même logique que
Durkheim E., il distingue deux sortes de relations sociales : les
relations affectives et les relations rationnelles. Selon lui, ces
dernières ont pris une importance considérable dans les
sociétés modernes du fait de la multiplication des relations
marchandes et la ville constitue à ses yeux la forme d'organisation
sociale la plus propice aux relations fondées sur la rationalité.
Avec la rationalité, l'action devient téléologique et se
caractérisent par la coordination rationnelle des moyens à une
fin et, partant, par la combinaison intelligente de la causalité et de
la téléologie. Ainsi, la dialectique de la réification des
rapports sociaux et de la libération formelle de l'individu indiquant
que la monétarisation, la dépersonnalisation et la
fonctionnalisation des relations sociales entraînent la libération
des relations de dépendance personnelle. De même, la dialectique
de la rationalisation et de la perte de sens montre que la
monétarisation et l'intellectualisation de la vie ouvrent la voie
à la prédominance des moyens sur les fins et aux sentiments
modernes de déracinement et d'absurdité (Id : 81).
L'institutionnalisation de l'économie monétaire
qui est le fondement de toute activité économique stimule encore
davantage le processus d'individualisation basé sur l'unicité
qualitative et le caractère irremplaçable qui est
caractéristique des milieux urbains (Ibid : 11, 36, 41). L'auteur
arrive à la conclusion selon laquelle, la monnaie, une fois devenue une
fin en soi, exerce une grande influence sur les contenues de la
société et, en particulier, sur la façon de penser et de
percevoir le monde. Les passions et les sentiments s'effacent devant les
calculs rationnels et la recherche des intérêts. Auparavant
interpersonnelle, la monnaie comme la ville ont bouleversé les relations
sociales pour leur donner un contenu impersonnel.
2.2.3.3. Théorie du diffusionnisme
En se référent à la théorie du
diffusionnisme, la thèse centrale (Boas3(*), (1928), Sapir4(*), (1967), est que certains traits culturels ont pu
passer d'une société à l'autre à l'occasion de
migration ou d'échange. La culture d'un groupe social serait donc plus
le fait d'emprunts et d'imitations que d'invention, bien que ces emprunts
puissent faire l'objet de réinterprétations dans le cadre de la
société d'accueil. Celle-ci interprète et prend ce qui est
bon pour elle et lui donne son sens.
Selon RogelT. (2003 :119), la thèse diffusionniste
est d'autant plus plausible que l'on retrouve des traits semblables sur des
aires géographiques différentes et que ces traits ont tendance
à se transformer ou à disparaître à mesure que l'on
s'éloigne de ces aires. L'approche diffusionniste a alors le gros
avantage de rappeler que les sociétés sont rarement des
entités closes sur elles-mêmes mais elle repose cependant sur trop
d'hypothèses pour pouvoir être conservée telle quelle.
Georges Balandier cité par Rogers T. (Id : 119),
de son côté rappelle que les sociétés africaines ont
toujours changé à cause du commerce et du contact avec l'Islam.
Les changements sont donc de deux types : la « dynamique du
dedans » due à l'évolution de structures aux
temporalités différentes et la « dynamique du
dehors » due au contact entre les sociétés et, qui
selon Balandier, occupe une place de plus en plus importante au XXe
siècle.
Le chapitre 2 a permis de faire une clarification conceptuelle
des mots clés employés dans cette recherche et de faire un tour
d'horizon sur la littérature consacrée à la
problématique du développement local, de l'autopromotion des
communautés rurale, de la décentralisation. Il a exposé
les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations rurales
à travers différentes thématiques.
Chapitre 3 : Cadres physique et
méthodologique
Ce chapitre présente le canton d'Anfoin et traite
successivement de la méthodologie de recherche retenue, des techniques
de collecte des données, de l'échantillonnage, du traitement des
données et des difficultés rencontrées sur le terrain.
La méthodologie de la recherche est basée sur la
documentation couplée avec les recherches quantitative et qualitative au
moyen d'un questionnaire et d'un guide d'entretien adressé au
l'échantillon retenu de même qu'aux personnes ressources du
canton.
3.1. Cadre physique de la recherche
« Toute étude qui ne se déroule
pas dans un laboratoire épouse nécessairement un cadre physique
ou milieu afin de bien circonscrire le phénomène ou
l'événement à étudier et prend en sciences humaines
le nom d'étude en milieu naturel ou sur le terrain ».
(N'DA,P., op. cit100). C'est donc pour répondre à cette exigence
scientifique que nous avons choisis le cadre physique du canton d'Anfoin.
3.1.1.Présentation de la zone d'étude
Le Canton d'Anfoinest le cadre physique retenu pour cette
recherche. Ce site a été choisi en raison des contraintes
sociales du milieu en matière de développement local en rapport
avec la problématique de cette étude.
3.1.1.1. Situation géographique
Le canton d'Anfoin est situé dans la préfecture
des Lacs dans la Région Maritime au Sud-est du Togo. La
préfecture des Lacs couvre une superficie totale de 712,5 km2
et est limitée au Nord par la préfecture de Yoto, au Sud par
l'Océan Atlantique, à l'Est par la République du
Bénin et à l'Ouest par les préfectures de Vo, Zio et
Golfe. Sur le plan administratif, elle héberge la sous-préfecture
d'Afagnan.
Le canton d'Anfoin est limité au Sud par le canton de
Glidji, au Nord par le canton d'Attitogon, à l'Est par le canton
d'Aklakou et à l'ouest par la préfecture de Vo. Il regroupe les
villages suivants : Anfoin-Apédomé, Koutigbé,
Assagba-Kopé et Hangoumé et les fermes environnantes de ces
villages.
3.1.1.2. Géologie et climat
Sur le plan géologique les terres sont pour la plupart
hydromorphes dans la partie Est du canton et plus sableuses à l'Ouest.
La plus grande partie des sols de la préfecture appartient à la
classe des sols ferralitiques désignés communément sous le
vocable de « terres de barre ». Ce sont généralement
des sols peu profonds, meubles, perméables et biendrainés. Ils
sont profondément altérés, fragiles et leurs teneurs en
éléments nutritifs sont relativement faibles. Leur texture est du
sable limoneux ou limon sableux en surface devenant progressivement de l'argile
sableuse en profondeur. Leurs teneurs en matière organique et en
éléments fertilisants sont faibles. Les sols de la partie Sud-est
sont moins productifs que ceux de la partie Nord et Nord-Ouest de la
région. Dans le secteur des Lacs, la végétation naturelle
est quasi inexistante. Elle a fait place aux champs de maïs, de manioc, de
niébé, de patate douce et de palmier à huile.
Sur le plan climatique, la préfecture des Lacs compte
deux saisons pluvieuses. La grande saison débute en mars et se termine
en juillet, avec un maximum de précipitation en juin et la petite plus
irrégulière va de fin septembre au début novembre.
3.1.1.3.Population5(*), tradition et religion
D'après les résultats du quatrième
Recensement général de la population et de l'habitat (RGPH4), la
population du canton d'Anfoinen 2010 est de 13.703 habitants dont 6.619 hommes
et 7.084 femmes. C'est une population dont la majorité est animiste avec
quelques minorités de chrétiens. Les Mina et les Watchi sont les
ethnies dominantes dans le canton. D'autres ethnies venues du Benin et du
Nigeria y sont présentes. Il s'agit respectivement des Fon et des
Yourouba.
Le canton connaît un fort mouvement migratoire vers
Aného et Lomé et vers les autres villes du Togo.
Sur le plan traditionnel ou culturel, la préfecture des
Lacs, plus précisément le canton d'Anfoinoffre une richesse
culturelle authentique très diversifiée dans ses moeurs et
coutumes, dans ses chants et danses, dans ses contes et rythmes musicaux. Cette
diversité culturelle s'apprécie lors de grandes manifestations,
de spectaculaires démonstrations de chants et danses que la pratique
d'une tradition séculaire a su garder à l'abri de toute
dégradation. Dans la préfecture des Lacs, le passé est
intimement lié au présent. Les coutumes et les traditions sont
partout vivaces à côté des religions importées. Des
fêtes et des cérémonies ethniques innombrables rythment la
vie et donnent lieu à des manifestations vivantes et colorées qui
traduisent les valeurs culturelles du canton. Aného, capitale du peuple
Guin possède un de ces folklores qu'on ne trouve nulle part ailleurs :
Adjogbo, Gbékon, deux danses à l'accoutrement et aux figures
originales.
La religion dominante dans le canton d'Anfoin est l'Animisme.
On y retrouve aussi le Christianisme et d'autres religions importées un
peu partout.
3.1.1.4. Economie
Dans le canton d'Anfoin tout comme dans la plupart des zones
rurales du Togo, l'agriculture est la principale activité
économique des populations. Le système de culture repose sur
l'association des cultures impliquant le plus souvent 2 à 3 cultures
(maïs, manioc, arachide ou niébé). La culture est continue
sans période de jachère. On y cultive également des
produits de rente tels que le palmier à huile qui sert à la
fabrication du vin de palme. Les outils utilisés sont rudimentaires. Il
s'agit principalement de la houe et du coupe-coupe. L'une des
particularités de cette agriculture est qu'elle est pratiquée par
de petites exploitations familiales qui cultivent à la fois les produits
de rente et les produits vivriers.
On retrouve à côté des activités
agricoles, l'élevage de petits ruminants, des porcs et des volailles.
Le secteur informel caractérisé par le
développement de petites activités commerciales (des
Activité Génératrice de Revenu (AGR)) est très
développé et participe à l'économie locale.
3.2. Cadres méthodologique de la recherche
Descartes, R. (1992 : 23), fait remarquer dans son
Discours de la méthode que l'absence de règle dans la
recherche de la connaissance et de la vérité, entraîne
indubitablement la raison, cette « puissance de
juger », dans des contradictions sans fin.
Cette partie se propose de décrire l'ensemble des
règles, étapes et procédures auxquelles cette recherche a
eu recours pour cerner le thème de l'étude.
3.2.1. Techniques de collecte de données
Pour recueillir les informations sur le terrain afin de
confirmer, d'infirmer ou de nuancer l'hypothèse de recherche, nous avons
eu recours à des méthodes complémentaires de recherche
prescrites en sciences sociales.
3.2.1.1. Recherche documentaire
Le domaine de recherche faisant l'objet de nombreux
écrits, de recherches universitaires, de colloques internationaux et
nationaux soldés par des résultats scientifiques, unanimement
acceptés et utilisés par l'ensemble des acteurs de
développement. En parcourant ces recherches, nous avons pu nous faire
une idée plus claire de la problématique de la participation des
communautés rurales aux projets de développement, mais aussi, une
idée sur les obstacles à leur autopromotion communautaire.
La recherche documentaire a été
réalisée sur la base d'une démarche articulée et
argumentée, qui a permis l'élaboration de la partie
théorique, conceptuelle et méthodologique de cette étude.
A cet effet, nous avons consulté les articles scientifiques, les
ouvrages généraux et méthodologiques, les rapports de
projets, les mémoires et thèses d'étudiants. De plus,
grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la communication,
certaines données ont été recueillies sur Internet. Nous
avons ainsi consulté des documents à : l'Unité de
Recherche Démographique (URD), la Direction Générale de la
Statistique et de Comptabilité Nationale (DGSCN), l'Ecole Africaine des
Métiers d'Architecture et d'Urbanisme (EAMAU), la bibliothèque de
la FLESH de l'université, la bibliothèque universitaire de
Lomé.
Mais à elle seule, la recherche documentaire est
insuffisante et ne permet pas de rendre compte de la réalité du
terrain. D'où la nécessité de faire des enquêtes sur
le terrain.
3.2.1.2. Pré-enquête
Elle s'est déroulée tout au long de la
périodeoù nous avons eu à mettre en oeuvre des projets de
développement dans le canton (Décembre 2009 à juillet
2012). Elle nous a permis de nouer les tous premiers contacts avec la
communauté, de connaître son organisation sociale,son historique
et surtout de connaître les réalités du terrain avant
l'enquête proprement dite.
3.2.1.3. Recherche quantitative
Elle a permis de quantifier les données et de
dégager les tendances sur la base des chiffres parlant. La recherche
quantitative (le questionnaire) donnerait surtout l'occasion d'apprécier
l'adéquation de la pertinence des réalités de terrain
auxquelles nous sommes confrontés.
-Groupe cible
La population cible est la société ou l'ensemble
des éléments concernés par l'étude. N'DA, P. (op.
cit 101), la définit comme « une collection d'individus
(humains ou non), c'est-à-dire un ensemble d'unités
élémentaires (une personne, un groupe, une ville, un pays) qui
partagent des caractéristiques communes précises par un ensemble
de critères ».
Le groupe cible concernée par cette étude est la
population d'Anfoinâgée de 20 à 69 ans des deux sexes.
- Echantillonnage
Interroger une population entière n'a
jamais été chose facile surtout en Sciences sociales. Par
définition, l'échantillonnage est la technique par laquelle une
portion de la population d'étude est interrogée sur une
série de questions dont les résultats sont
généralisés sur l'ensemble de la population.
L'échantillonnage doit être, par
conséquent, représentatif. La méthodologie utilisée
pour le choix des échantillons est celle des sondages stratifiés.
Cette méthode consiste à découper la population en
sous-population homogène appelée `'strate''. C'est
l'ensemble de ces sous-populations qui constituera notre échantillon.
Cette méthode permettra d'analyser les différents obstacles
à l'autopromotion communautaire des populations à la base du
canton d'Anfoin au Togo.
Ainsi, la zone d'étude est divisée en 4 strates.
Ces 4 strates sont composées des 4 villages qui constituent le canton
d'Anfoin (Anfoin-Apédomé, Assagba-kopé, Koutigbé,
Hangoumé)
Selon les résultats du quatrième recensement
général de la population et de l'habitat (RGPH4), le dernier
recensement effectué au Togo, la population du canton d'Anfoinen 2010
est de 13.703 habitants.
Pour cette recherche, certains groupes d'âges ont
été exclus de l'échantillonnage retenu. Ces personnes sont
exclues parce que, certains sont trop jeunes pour répondre à des
questions concernant le développement de leur milieu, tandis que
l'âge avancé des autres ne leurs permet pas de répondre
à des interrogations. Il s'agit des moins d'un (1) an, les tranches
d'âge comprises entre 1-19 ans, 70 ans ou plus et les non
déclarés lors du dernier recensement général de la
population Togolaise en 2010. Les moins d'un (1) représentent au total
397 ; la tranche d'âge comprise entre 1-19 ans représente au
total 6.738 personnes. Par contre la tranche d'âge comprise entre 70 ans
ou plus et les non déclarés représentent 759 personnes.
Au total, 7.894 personnes sont exclues.
Ainsi, l'effectif de la population soumis à
l'étude est de 5.809 habitants.
Connaissant l'effectif de la population, la formule suivante a
été utilisée pour prélever l'échantillon
représentatif de la population à interroger :
5.809 x3/100 = 174,27soit 175 enquêtés. Ce taux
d'échantillonnage a été retenu à cause la taille
trop élevée de la population mais aussi des moyens financiers
limités pour la réalisation de l'étude.
- Elaboration du questionnaire
L'outil de collecte de données quantitatives en
Sciences Sociales est le questionnaire structuré ou semi
structuré. Selon QuivyR. et al. (1995 : 190)
« Elle consiste à poser à un ensemble de
répondants, le plus souvent représentatif d'une population, une
série de questions relatives à leur situation sociale,
professionnelle ou familiale, à leurs opinions [...] ou encore sur tout
autre point qui intéresse les chercheurs. »
Par souci d'avoir des données quantifiables sur les
obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la
base du canton d'Anfoin au Togo, il a été procédé
à l'administration indirecte de questions au public cible aux fins de
vérification des hypothèses théoriques émises
ci-haut. Cette technique se justifie par le fait que, la plupart des
enquêtés ne savent ni lire ni écrire. Il est
subdivisé en quatre (04) sections et comprend au total trente six (36)
questions, certaines fermées et d'autres ouvertes.
- Pré-test des outils
Il est motivé par le souci de tester
l'efficacité des outils (le questionnaire et le guide d'entretien
individuel et collectif) de collecte des données sur le terrain. Ceci a
permis de vérifier la clarté, la pertinence et la
compréhension des questions.En effet, le pré-test a
été réalisé sur un échantillon de 20
personnes (des deux sexes, dont l'âge est compris entre 20 et 69 ans)
dudit canton. Il nous a permis de corriger surtout le questionnaire et de mieux
le structurer pour l'enquête proprement dite.
- Administration du questionnaire
Après l'élaboration et la validation des outils,
une collecte de données a été effectuée
auprès de la population concernée par cette étude.
Deux modes d'administration ont été
privilégiés : l'auto-administration et
l'hétéro-administration.
Dans l'auto-administration, le questionnaire a
été rempli par les enquêtés eux-mêmes à
partir des consignes données par écrit.
Dans l'hétéro-administration, les
enquêteurs ont rempli eux-mêmes le questionnaire à partir
des réponses des enquêtés. Il s'agit là d'une
administration orale aux enquêtés qui maîtrisent très
peu le français.
A ce niveau, deux situations sont observées. Dans le
premier cas de figure, les enquêteurs lisent le questionnaire en
français et les réponses données en français sont
remplies. Dans le second cas, le questionnaire est traduit en langue locale et
les personnes concernées répondent en langue locale et les
enquêteurs remplissent le questionnaire.
Il convient de relever que la traduction du questionnaire en
langue locale biaise la collecte des données. Toutefois, les
entraînements faits aux enquêteursont permis d'avoir une bonne
maîtrise de la passation et de limiter ainsi les erreurs.
- Traitement des données quantitatives
Les données du questionnaire ont été
dépouillées puis traitées statistiquement.
Le traitement statistique a été fait grâce
au logiciel SPSS et Excel. Ce logiciel permet un traitement rapide et d'avoir
des résultats fiables. Ces résultats ont été
présentés sous forme de tableaux simples ou croisés et de
graphiques.
Le recours au traitement statistique se justifie par le souci
de fiabilité et de minimisation des erreurs.
3.2.1.4. Recherche qualitative
La recherche qualitative a été mise en oeuvre
à travers les techniques d'entretien individuel. Une telle recherche
nous a permis d'avoir des données qualitatives sur le problème
étudié.
En effet, la recherche qualitative se sert de techniques
spécialisées afin d'obtenir des réponses approfondies sur
ce que les individus pensent et ressentent. Elle permet de mieux comprendre les
attitudes, les croyances, les motifs et les comportements de la population
concernée par l'étude.
Elle a permis d'approfondir la connaissance sur les obstacles
à l'autopromotion des populations à la base du canton d'Anfoin au
Togo. Pour cela, des séances entretiens ont été
organisées avec des personnes ressources du milieu.
3.2.1.4.1. Entretien individuel
Par souci de pallier les limites du questionnaire et le
caractère suggéré de certaines réponses, la
méthode laissant une marge de manoeuvre à certains
enquêtés dans leurs réponses a été retenue.
Cette technique n'est pas utilisée à tout l'échantillon
retenu mais seulement à des personnes ressources du milieu (le Chef
Canton et les Chefs des villages).
3.2.1.4.2. Entretien de groupe
Elle s'est faite à l'aide d'un guide d'entretien parmi
un échantillon de dix personnes composé des membres des
Comités Villageois de Développement (CVD) de chaque village. Au
total 4 entretiens de groupe ont été organisés. Elle a
permis de recueillir des informations pertinentes concernant les obstacles
internes à leur autopromotion.
3.2.1.4.3. Observation
Elle est la constatation des faits tels qu'ils se manifestent
sans l'intention de l'observateur de les modifier. Cette technique a permis de
noter les absences et les boycottes pendant les travaux communautaires et lors
des réunions des CVD des différents villages du Canton où
il en existe ; mais aussi de noter les divergences d'opinions pendant la
tenue des réunions relatives aux questions de développement des
villages en particulier et du canton en général.
3.2.1.4.4. Traitement des données
qualitatives
Les données de l'entretien individuel et de groupe ont
été soumises à l'analyse qualitative.Cette analyse a
consisté en une analyse de contenu. A cet effet, la technique
utilisée est l'analyse de contenu logico-sémantique. Il s'agit de
saisir le sens immédiatement accessible du contenu des discours des
enquêtés, sans rechercher les connotations. L'analyse a
été alors thématique : les idées maîtresses
du discours ont été regroupées autour d'un certain nombre
de thèmes. Il s'agit d'une observation directe à l'aide d'une
grille. En effet, la grille d'observation est une série de
catégories ordonnées de données préalablement
établies pour servir de base d'enregistrement d'informations sur le
terrain lors des opérations d'enquête.
3.2.1.5. Difficultés rencontrées
La réalisation d'une étude scientifique est une
oeuvre parsemée de difficultés et le chercheur est amené
à envisager des pistes de solutions pour les surmonter et ainsi limiter
leur impact sur la fiabilité des résultats obtenus.
Les principales difficultés rencontrées dans la
réalisation de cette étude sont de deux ordres: celles
liées à l'élaboration du cadre théorique et
méthodologique et celles du terrain.
- Difficultés liées à
l'élaboration du cadre théorique et
méthodologique
Divers documents ont été consultés. A ce
niveau, le vieillissement de certaines sources qui ne reflètent plus la
réalité actuelle est l'une des difficultés parmi tant
d'autres.
En outre, la plupart des travaux réalisés sur le
développement local et la participation des communautés rurales
aux projets de développement sont d'ordre général et ne
traite pas spécifiquement des obstacles à l'autopromotion
communautaire.
Pour pallier ces difficultés, le recours à la
recherche sur internet a été opté malgré ses
insuffisances. Une telle approche a donné l'accès à la
littérature scientifique sur la problématique de
l'étude.
- Difficultés liées au terrain de
recherche
La réalisation des opérations de collecte des
données, n'est pas choses facile. Elle se heurte toujours à de
multiples obstacles qu'il convient de signaler.
Malgré les efforts déployés pour mettre
en confiance les enquêtés, les enquêteursont eu à
faire face à la méfiance de certains d'entre eux. D'aucun ont
carrément refusé de participer à la recherche
prétextant le manque de temps. D'autres, par contre ont confondus
l'équipe d'enquêteurs aux acteurs politiques, qui cherchent
à recueillir des informations auprès d'eux en disant qu'ils sont
fatigués de la vie sociopolitique du Togo. Malgré les
explications qui leur ont été données sur le but de
l'étude, ils sont restés en grande partie réticents. Ils
assimilent l'équipe le plus souvent comme des enquêteurs de l'Etat
Togolais qui, voulant cacher leur propre identité, se font passer pour
des étudiants en fin de cycle.
En Effet, beaucoup des enquêtés ont
hésité avant de collaborer à la recherche. Ils estimaient
que ce n'est pas cette étude qui changerait le cours des choses dans
leur localité.
Devant ces propos et ces réticences il a
été estimé que ces attitudes des enquêtés
s'expliqueraient par le vécu de leurs conditions de vie difficiles et
leur sentiment de marginalisation de leur milieu. Les réticences
observées ne sont pas extraordinaires car elles font partie des
aléas des recherches sur le terrain.
Malgré ces difficultés, la collecte des
données nécessaires de la présente étude a
été faite. Pour y arriver, il a fallu développer des
stratégies de mise en confiance. Ainsi, les enquêtés ont
été rassurés sur le caractère confidentiel des
données (sauf à des fins de cette recherche), en leur faisant
comprendre que le traitement statistique rendra les opinions personnelles
anonymes. Aussi, il leur a été fait comprendre que les
études de terrain sont un moyen de sensibilisation des pouvoirs publics
sur les obstacles rencontrées par les communautés à la
base en matière de développement local.
En définitive, les difficultés
rencontrées et les approches de solutions pour les surmonter, ont
contribué à réaliser ce travail de recherche.
Les résultats collectés sur le terrain feront
l'objet d'analyse et d'interprétation afin de pouvoir procéder
à la vérification des hypothèses émises. C'est ce
à quoi s'attèlera la deuxième partie de la recherche.
DEUXIEME PARTIE :
PRESENTATION, ANALYSE ET COMMENTAIRE DES RESULTATS
Chapitre 4 : Présentation des
résultats et analyse des résultats
Dans ce chapitre, il est question de la présentation
des données recueillies sur le terrain suivi de leurs analyses. Les
données recueillies sur le terrain à l'aide des diverses
techniques de collecte décrites ci-dessus, après
dépouillement, sont présentées en tableaux et en
graphiques suivis d'analyses succinctes. L'articulation de ce chapitre respecte
celle du questionnaire d'enquête mais certains tableaux et graphiques
sont le produit de croissement entre différentes sections.
4.1. Identité des enquêtés
Tableau 1 : Répartition des
enquêtés selon l'âge et le sexe
Sexe
Ages
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
effectifs
|
%
|
effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
[20-24]
|
24
|
25,3
|
10
|
13
|
34
|
19,4
|
[25-29]
|
22
|
23,1
|
8
|
10
|
30
|
17,1
|
[30-34]
|
19
|
20
|
3
|
3,7
|
22
|
12,6
|
[35-39]
|
1
|
1,1
|
8
|
10
|
9
|
5,2
|
[40-44]
|
26
|
27,4
|
39
|
48,7
|
65
|
37,1
|
45 ou plus
|
3
|
3,1
|
12
|
15
|
15
|
8,6
|
Total
|
95
|
100
|
80
|
100
|
175
|
100
|
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
Nous avons mené notre investigation auprès de
175 personnes (homme et femmes) dans le canton d'Anfoin. 19,4% ont l'âge
compris entre 20 et 24 ans. Dans cette tranche d'âge, les hommes sont
majoritaires avec un taux de représentativité de25,3%. Ils
représentent au total 17,1 % les enquêtés dont l'âge
varie entre 25 à 29 ans. Les hommes sont majoritairement
représentés avec un taux de 23,1 %. En ce qui concerne la
tranche d'âge allant de 30 à 34 ans, les femmes sont minoritaires,
tandis que les hommes sont plus représentés (20 %).Pour la
tranche d'âge comprise entre 35 à 39 ans, c'est les femmes qui
sont les plus représentées.Leur taux de
représentativité s'élève à 10 %. Il en est
de même pour l'âge allant de 40 à 44, dont le taux des
femmes s'élève 48,7 %, pour un total de 37,1 % de femmes et
d'hommes interrogés. Et enfin, ils sont au total 8,6 % dont 15 % sont
les femmes, majoritairement représentées dans la tranche
d'âge allant de 45 ou plus.
Le tableau nous montre donc que la proportion d'hommes
interrogée dépasse sensiblement celle des femmes.
Graphique 1 : Niveau d'instruction des
enquêtés
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
De la lecture de ce graphique il convient de dire que la
grande majorité des populations du canton sont sans instruction (64%).
Très peu, à peine 1% ont un niveau universitaire et seuls 2,3 %
ont atteint le lycée.
Tableau 2 : Répartition des
enquêtés selon le sexe et la profession
Sexe
Profession
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
Eff.
|
%
|
Eff.
|
%
|
Eff.
|
%
|
Agriculteur
|
14
|
14,7
|
3
|
3,7
|
17
|
9,7
|
Artisan
|
5
|
5,3
|
48
|
60
|
53
|
30,3
|
Commerçant
|
52
|
54,7
|
26
|
33
|
78
|
44,6
|
Enseignant
|
2
|
2,1
|
-
|
-
|
2
|
1,1
|
Autres
|
22
|
23,2
|
3
|
3,7
|
25
|
14,3
|
Total
|
95
|
100
|
80
|
100
|
175
|
100
|
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
La lecture du tableau 2 montre que la majorité des
personnes interrogées dans le canton soit 44,6% sont des
commerçants. A peine 10 % des enquêtés sont des
agriculteurs et 14,3 % mènent d'autres activités du secteur
informel (la vente illicite du carburant frelaté, les produits de
l'alimentation générale, la vente du pain). Par contre, les
enseignants originaires du canton et qui enseignent dans les écoles
dudit canton sont très peu représentés avec 1,1 %. Ceci
traduit le lien qui existe entre le niveau d'instruction de la population et
leurs professions car la majorité des personnes enquêtées
n'ont pas accès aux études supérieurs.
4.2. Chefferie traditionnelle et relations
socioculturelles dans le canton
Tableau 3 : Avis des enquêtés par
rapport au problème de chefferie
Sexe
Problème
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
Eff.
|
%
|
Eff.
|
%
|
Eff.
|
%
|
Querelles sur l'élection d'un chef
|
75
|
42,86
|
31
|
17,71
|
106
|
60,57
|
Mésentente sur l'intronisation d'un chef
|
51
|
29,15
|
17
|
9,71
|
68
|
38,86
|
Sans réponse
|
-
|
-
|
1
|
0,57
|
1
|
0,57
|
Total
|
126
|
72,01
|
49
|
27,99
|
175
|
100
|
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
Le tableau ci-dessus nous renseigne sur l'avis des
enquêtés par rapport au problème de chefferie dans le
canton. La majorité des hommes (42,86 %) laissent entendre que les
querelles sur l'élection de la chefferie sont récurrentes dans
les villages du canton d'Anfoin. Le problème de chefferie se pose sur le
mode de désignation du chef du village. Il s'agit souvent des
mésententes opposant des différends quartiers d'un même
village sur le choix à porter sur un chef du village. C'est ce que nous
confirme38,86 % des enquêtés.
Tableaux 4 : Satisfaction de la population sur le
choix et le mode de désignation d'un Chef du village
Satisfaction sur le choix porté sur les Chef
des
villages
Mode de désignation
et d'intronisation du Chef
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Eff.
|
%
|
Eff.
|
%
|
Eff.
|
%
|
Par voie de succession héréditaire
|
20
|
80
|
112
|
74,67
|
132
|
75,43
|
Par voie de consultation populaire
|
5
|
20
|
2
|
1,33
|
7
|
4
|
Par nomination
|
-
|
-
|
36
|
24
|
36
|
20,57
|
Total
|
25
|
100
|
150
|
100
|
175
|
100
|
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
Le tableau N°4 parle de la satisfaction de la population
du canton d'Anfoin sur le choix et le mode de désignation d'un Chef du
village. Il ressort de son analyse que seulement 25 enquêtés (14,
28 %) sont satisfaits sur le choix portés sur les chefs de villages et
que 150 soit 85,71 % sont contre. Parmi ceux qui sont d'accord, 80 % le sont
par voie de succession héréditaire et 20 % par voie de
consultation populaire.Pour ceux qui ne sont pas d'accord, 74,67% sont contre
la voie de succession héréditaire et 1,33 % ne sont pas satisfait
pour la voie de consultation populaire.
Graphique 2 : Reconnaissance de
l'autorité du Chef
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
Les résultats de notre investigation de terrain, montre
de la lecture du graphique N°2 ci-dessus que pour la plupart des
enquêtés soit 120 personnes affirment que l'autorité des
chefs des villages est contestée compte tenu de leur mode de
désignation. Mais 55 personnes parmi les 175 reconnaissent leur
autorité.
Tableau 5 : Existence des groupes d'entraide dans le
canton
Réponse
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Oui
|
14
|
8
|
Non
|
161
|
92
|
Total
|
175
|
100
|
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
A la question de savoir existe-t-il des groupes ou des
associations d'entraide dans les villages du canton d'Anfoin, 92 % des
enquêtés ont répondu négativement, soit la
majorité, contre 8 % qui laissent entendre qu'il en existe. Les raisons
qui justifient cette absence des associations ou des groupes d'entraide, sont
compilées dans les tableaux suivants.
Tableau 6 : Inexistence des groupes d'entraide dans le
canton
Tableau 6a : Répartition des enquêtés
suivant les raisons liées à la poussée de
l'individualisme
Raison
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Individualisme
|
156
|
89,1
|
Sans réponse
|
19
|
10,9
|
Total
|
175
|
100
|
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
Tableau 6b : Répartition des enquêtés
suivant les raisons liées au manque de solidarité
Raison
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Manque de solidarité
|
154
|
88
|
Sans réponse
|
21
|
12
|
Total
|
175
|
100
|
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
Il ressort de l'analyse de ces deux tableaux ci-dessus
présentés que sur 175 personnes interrogées, 156 soit 89,1
% soutiennent que c'est la montée de l'individualisme qui est
récurrent désormais à Anfoin qui justifie l'absence des
groupes d'entraide.
En ce qui concerne la raison du manque de solidarité,
154 enquêtés, soit 88 % affirment que la solidarité est en
voie de disparition dans le milieu et c'est cette raison qui explique le quasi
absence des groupes d'entraide dans le canton d'Anfoin.
En sommes, il ressort de l'analyse de ces deux tableaux que
l'individualisme et le manque de solidarité justifient l'absence des
groupes d'entraide dans le canton d'Anfoin.
Pour aller plus loin dans notre investigation de terrain
concernant la question de la solidarité, nous avons interrogé
autrement pour savoir si un individu en cas de difficulté
économique reçoit quand même l'assistance des sa famille.
Les résultats sont compilés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 7 : Assistance portée par les
membres des familles en cas de difficulté
Fréquence de l'assistance
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Souvent
|
4
|
2,3
|
Rarement
|
121
|
69,1
|
Pas du tout
|
50
|
28,6
|
Total
|
175
|
100
|
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
121 personnes, soit (69,1 %) ont laissé entendre
qu'elles reçoivent rarement l'assistance de leur famille en cas de
difficulté économique ou dans d'autres circonstances Par contre,
28, 6% affirment qu'ils ne reçoivent pas du tout l'assistance.
La question de la solidarité rime avec la tradition si
on se réfère au Sociologue Emile Durkheim qui a parlé des
formes de la solidarité en milieu rural et en milieu urbain. Dans cet
état de perte de valeurs traditionnelles, nous avons cherché
à savoir si, dans le canton d'Anfoin, la tradition est toujours
respectée ? Le graphique suivant nous en donne une idée.
Graphique 3 :Respect de la tradition
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
D'après le graphique la majorité (98%) des
personnes interrogées disent que la tradition n'est plus
respectée dans le canton d'Anfoin.
4.3. Dynamique de l'autopromotion communautaire et
développement local
Le développement local est une question d'organisation
qui repose sur des actions mobilisant les initiatives locales au niveau des
petites collectivités et des habitants eux-mêmes,
éventuellement avec une aide technique ou financière
extérieure. Quand est-il du développement local dans le canton
d'Anfoin ? A travers des hypothèses émises plus haut, nous
avons collecté auprès des populations dudit canton des
données qui sont consignées dans les tableaux suivants :
Tableau 8 : Raisons entravant au fonctionnement des
CDB
CDB fonctionnel
Entrave au
fonctionnement du CDB
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Eff.
|
%
|
Eff.
|
%
|
Eff.
|
%
|
Mésentente entre les membres CDB
|
50
|
34
|
7
|
26,9
|
57
|
32,9
|
Absence de soutien populaire du CDB
|
48
|
32,7
|
12
|
46,2
|
60
|
34,7
|
Manque de réunion
|
49
|
33,3
|
7
|
26,9
|
56
|
32,4
|
Total
|
147
|
100
|
26
|
100
|
173
|
100
|
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
Le Comité de Développement à la Base est
un organe élue lors d'une Assemblée générale
villageoise. Ils ont pour mission d'animer et d'organiser le village pour la
mobilisation sociale de la communauté en vue de sa participation active
au développement local. Aussi leur mission consiste à animer des
réflexions sur les problèmes touchant au développement du
milieu, d'entreprendre et d'encourager les activités visant la promotion
du milieu en mobilisant les ressources locales disponibles et les ressources
extérieures. Mais beaucoup de problème entravent au
fonctionnement des CDB. Le tableau 8 nous renseigne sur ces entraves au
fonctionnement des CDB du canton d'Anfoin. La lecture dutableau montre que la
majorité (soit 147)des personnes reconnaissent l'existence de
problème dans leur fonctionnement contre 26 qui déclarent qu'il
n'existe aucun problème. Parmi ceux qui disent qu'il y a
problème, 34 % disent que le problème est lié à la
mésentente entre les membres des CDB. 32,7 % disent c'est plutôt
l'absence de soutien populaire qui en est la cause. Enfin, 33,3 % des personnes
laissent entendre que c'est le manque de réunion qui est à la
base.
Graphique 4: Fréquence des
réunions des CDB du canton d'Anfoin
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
Le graphique 4 montre que les membres des CDB du canton
d'Anfoin ne se réunissent pas du tout pour discuter des questions de
développement local touchant leurs villages. C'est ce que confirment 65
% des personnes interrogées.
Quand est-il des réunions populaires de sensibilisation
et des travaux communautaires ?
Graphique 5 : Participation aux réunions
populaires des CDB
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
La lecture de ce graphique montre que la majorité des
enquêtés, 89 % ne participent pas aux réunions populaires
organisées par les CDB des différents villages du canton contre
11% qui déclarent qu'ils prennent part aux réunions.
Graphique 6 : Participation aux travaux
communautaires
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
De la même façon les réunions populaires
sont boycottées, les travaux communautaires le sont aussi. 67 % des
personnes interrogées reconnaissent qu'elles ne participent pas du tout
à ces travaux. Mais 25 % disent qu'elles y prennent part rarement.
4.4. Proximité spatiale et diffusion du mode de
vie
Tableau 9 : Déplacements des
enquêtés en ville
Déplacement en ville
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Oui
|
160
|
91,4
|
Non
|
15
|
8,6
|
Total
|
175
|
100
|
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
D'après les résultats du tableau ci-dessus, il
convient de dire que 91,4 % des enquêtés déclarent qu'ils
se déplacent très souvent en ville (Lomé ou Aného)
pour des raisons diverses. Mais par contre 8,6 % des enquêtés
laissent entendre qu'ils ne font pas le déplacement. Ces
déplacements en ville pour la plupart des personnes interrogées
témoignent de l'existence de rapports entre la ville (Lomé et
Aného) et le canton d'Anfoin.
Graphique 7 : Durée des séjours des
enquêtés en ville
Source : enquête de terrain du 02 au 04
décembre 2013
Selon le graphique ci-dessus, la durée du séjour
est variable et va de moins d'une semaine à plus d'un mois. La
majorité des enquêtés laisse entendre qu'elle passe plus
d'une semaine en ville contre 12 % qui en passe moins d'une semaine. A peine 2%
des personnes passent plus d'un mois en ville.
Chapitre V: Interprétation des principaux
résultats
Cette partie consiste à dévoiler le contenu des
données recueillies sur le terrain. Il s'agit d'une démarche
explicative dans le contexte de l'étude en tenant compte des
hypothèses de départ et à la lumière des travaux
antérieurs. C'est également une analyse de contenu des
informations recueillies à partir des méthodes quantitatives et
qualitatives. Ceci nous permet de voir si l'hypothèse posée au
départ s'avère vraie ou fausse.
Ainsi, selon le contexte de l'étude notre
interprétation s'articulera autour de trois (3) points suivants :
Crise de la solidarité mécanique et échec de
l'autopromotion communautaire ; querellesliées à la
chefferie traditionnelle, comme obstacles à l'autopromotion
communautaire et enfin, proximité spatiale et diffusion du mode de
vie
5.1. Crise de la solidarité mécanique et
échec de l'autopromotion communautaire
DurkheimEmile, étudiant les formes de solidarité
sociale, a réussi à identifier deux formes de solidarité.
Il s'agit de la solidarité mécanique qui est l'apanage des
sociétés traditionnelles et la solidarité organique, qui
est caractéristique des milieux urbains.
Selon Durkheim, la solidarité mécanique,
correspondant à une société dans laquelle les individus
sont semblables et partagent d'une même manière et d'une
même intensité les éléments constituant la
conscience collective. Dans cette forme de solidarité, la
spécialisation et la division des tâches sont très faibles.
L'entraide, la cohésion sociale, l'entente, le communautarisme etc. sont
des valeurs que partagent les populations rurales.
Abordant la seconde forme de solidarité, qui est la
solidarité organique, l'auteur affirme qu'elle est
caractéristique des sociétés modernes et dont les signes
distinctifs sont la spécialisation, l'interdépendance et la
complémentarité des tâches des individus. Les individus,
entendus comme sources autonomes de pensée et d'action, se
particularisent. Cette dynamique de singularisation des individus conduit
à la modification radicale de la vie sociale avec comme toile de fond,
l'affaiblissement progressif et inéluctable de la conscience collective,
la perte des valeurs traditionnelles telles que la cohésion sociale,
l'entraide, l'entente. Ce qui fait que les individus ne partagent plus toutes
les mêmes croyances et que celles-ci ne s'imposent plus à eux avec
la même intensité.
Dans le canton d'Anfoin, les valeurs traditionnelles
précitées ne sont plus respectées et sont en voie de
disparition au profit des valeurs modernes. A la lumière des
informations recueillies sur le terrain, la majorité des
enquêtés, c'est-à-dire 92 % (confère tableau 5) ont
laissé entendre qu'il n'existe plus dans le canton des groupes
d'entraide. L'entraide est une aide mutuelle motivée par un sentiment de
solidarité. C'est aussi une assistance ou un soutien porté
à ceux qui en ont besoin. Les groupes d'entraide, sont donc des groupes
solidaires, unis et qui sont animés par un esprit communautaire et
d'assistance qu'ils portent à leurs membres. L'entraide est très
présente dans la cellule familiale. Or, dans le canton d'Anfoin, le
tableau 7 nous renseigne que 28,6 % des personnes interrogées ont
affirmé qu'elles ne reçoivent pas du tout de l'assistance de leur
famille en cas de difficulté économique ou dans d'autres
circonstances. Très peu, en reçoivent rarement. Ainsi, la
question de l'entraide rime avec les valeurs de solidarité sociale dont
parle DurkheimEmile.
C'est aussi le point de vue de Simmel Georg (2009), qui,
s'inscrivant dans la même logique qu'Emile Durkheim, distingue deux
sortes de relations sociales : les relations affectives et les relations
rationnelles. Selon lui, ces dernières ont pris une importance
considérable dans les sociétés modernes du fait de la
multiplication des relations marchandes et la ville constitue à ses yeux
la forme d'organisation sociale la plus propice aux relations fondées
sur la rationalité. Avec la recherche de l'intérêt
personnel, l'auteur conclue que la monnaie, une fois devenue une fin en soi,
exerce une grande influence sur les contenues de la société et,
en particulier, sur la façon de penser et de percevoir le monde. Les
passions et les sentiments s'effacent devant les calculs rationnels et la
recherche des intérêts. Auparavant interpersonnelle, la monnaie
comme la ville ont bouleversé les relations sociales pour leur donner un
contenu impersonnel.
Poussant loin notre investigation, les enquêtés
se sont prononcés sur les raisons qui justifient cette absence de
solidarité et des groupes d'entraide. A cet effet, sur 175 personnes
interrogées, 156 soit 89,1 % (Tableau 6 a) soutiennent que c'est la
montée de l'individualisme qui en est à la base. Pour d'autres
(Tableau 6 b), la solidarité est en voie de disparition dans le milieu
et c'est cette raison qui explique la quasi absence des groupes d'entraide dans
le canton d'Anfoin.
D'après les travaux de Durkheim Emile (2007), il
convient de dire que l'individualisme, la solidarité organique ont
phagocyté les valeurs traditionnelles de solidarité qu'on
reconnait aux sociétés traditionnelles. Dans cette optique la
tradition n'est plus respectée (confère graphique 3) où 98
% des enquêtés le reconnaissent.
Comment se manifeste la perte des valeurs de solidarité
dans la dynamique du développement local et de l'autopromotion
communautaire ?
Pour Mangin (1989) cité par Bonnal (1995), le
développement local c'est pour les sociétés locales, la
faculté de relocaliser leur développement, en s'appuyant sur les
caractéristiques de leur espace: richesses naturelles, humaines,
spécificité de l'espace, organisation sociale propre, tradition
culturelle. L'autopromotion communautaire par contre est une démarche
d'appui-accompagnement dans laquelle les populations, principales actrices,
prennent en charge leur propre développement en tenant compte des
potentialités et contraintes endogènes et exogènes.
S'inscrivant dans cette dynamique de développement
local et de l'autopromotion, les villages du canton d'Anfoin ont mis en place
leur Comité de développement à la base, qui est un organe
élu lors d'une Assemblée générale villageoise. Ils
ont pour mission d'animer et d'organiser le village pour la mobilisation
sociale de la communauté en vue de sa participation active au
développement local. C'est pour aborder cette question que nous avons eu
un entretien avec le Chef canton d'Anfoin et les Chefs des 3 autres villages
qui composent le canton. Les entretiens avec les Chefs du village et le Chef
canton nous ont permis de savoir comment s'organise les populations autour de
la question du développement de leur milieu et les difficultés
qui en sont liées.
En effet, selon les propos du Chef Canton d'Anfoin qui
résument celui des autres Chefs de villages :
« Notre canton dispose d'une Association
Villageoise de Développement (AVD), conformément au Décret
N°2012-005/PR relatif aux comités de développement à
la base du 26 février 2012. L'AVD a pour bureau exécutif, le
Comité de Développement à la Base (CDB). C'est par souci
de canaliser et de soutenir les initiatives de développement et d'amener
nos populations à prendre une part active dans le processus de
décentralisation et de développement local. »
Abordant les difficultés auxquelles est
confronté le CDB, il reconnait qu'avant la naissance du CDB, il existait
un Comité Villageois de Développement (CVD), qui s'occupait du
développement du canton. Mais le comité se réduisait
à la Présidente, et à son Secrétaire à cause
de la mésentente entre les membres. Le CVD n'a pas été
élu lors d'une Assemblée villageoise et donc ne
bénéficiait pas du soutien populaire. Il ajoute :
« Avec notre nouveau CDB, nous avons besoin d'être
accompagné pour doter notre canton d'un Plan Cantonal de
Développement (PCD)».
Toujours, parlant des difficultés il
renchérit :
« Nos populations sont entrain de perdre les
valeurs traditionnelles qui nous sont léguées par nos
ancêtres. La recherche de l'intérêt personnel,
l'individualisme et la mésentente nous détruisent. La population
ne participe pas aux travaux communautaires et refuse decotiser pour contribuer
aux projets de développement financés dans notre
canton. C'est l'exemple du projet de réhabilitation de la piste
rurale Anfoin -Tannou (6 km). Lors de la mise en oeuvre de ce projet, il nous a
été demandé de contribuer en espèce ou en nature
à hauteur de 5% du montant totaldu projet, mais la population a
refusé de contribuer ».
Ces propos du Chef canton viennent renforcer, les
données collectées auprès de la population. Le tableau 8
et le graphique 4 nous renseigne sur ces entraves au fonctionnement des CDB du
canton d'Anfoin. Selon les résultats compilés dans ledit tableau,
50 personnes sur les 147, soit 34 % reconnaissent que leur CDB est fonctionnel,
mais que c'est la mésentente entre les membres qui entrave à leur
fonctionnement. Pour d'autres (32,7 %), les CDB sont fonctionnels mais n'ont
pas le soutien populaire. D'autres encore (33,3%), arguent que c'est le manque
de réunion qui en est à la base.
Aussi les graphiques 5 et 6 nous montrent les taux de
participation de la population aux réunions populaires et aux travaux
communautaires.
Des entretiens réalisés avec les membres des
bureaux des CDB rejoignent la position des Chefs de village. Selon les propos
du Président du CDB Anfoin-Apédomé :
« La question du développement de nos villages, interpelle
tout le monde mais je ne comprends pas le désintérêt de la
population devant les initiatives de développement »
Cependant, l'autre aspect des obstacles internes à
l'autopromotion communautaire de la population du canton d'Anfoin a trait au
conflit de chefferie traditionnelle.
5.2. Querelles liées à la chefferie
traditionnelle, comme obstacles à l'autopromotion communautaire des
populations du canton d'Anfoin
A la différence du village
d'Anfoin-Apédomé (Chef lieu de canton) où se trouve le
Chef Canton, il faut reconnaître que dans la plupart des autres villages
du canton, ainsi que les fermes dépendantes de ces
agglomérations, il existe des querelles sur la désignation et la
reconnaissance de l'autorité d'un Chef du village. Tout porte à
croire que le mode de succession au trône, qui est pour la plupart des
cas héréditaire, est en train d'être contester par les
familles d'une même communauté. Aujourd'hui, toutes les familles
veulent succéder au trône. Aussi, l'autorité politique en
est à la base des divergences et des querelles itinérantes.
Sous le prétexte de conférer le pouvoir de
décision aux populations locales pour leur propre développement,
dans une dynamique de décentralisation des collectivités locales
et à des fins électoralistes pour le maintien au pouvoir, on
assiste à la création ici et là des cantons qui ``poussent
comme un champion'' dans la Préfecture des Lacs. Des villages autrefois
regroupés dans un même canton, se retrouvent séparer et
ériger en canton avec des Chefs qui sont nommés.
Le canton d'Anfoin n'en fait pas exception. Auparavant, il
regroupait les villages comme : Anfoin-Apédomé, koliafo,
Anamé, Logopé, Tokpo, Melly-Domé, Avélé,
KoutigbéHangoumé, Melly-Digbé, Apétokondji,
Assagba- Kopé et les fermes dépendantes de cette
agglomération. Aujourd'hui, avec les prémisses de la
décentralisation en cours au Togo, l'Arrêté
interministériel N°001/2013/ MDBBAJEJ/MATDCL portant application du
décret N° 2012-005/PR du 29/02/2012, réduit les villages du
canton à 4 (Anfoin-Apédomé, Koutigbé,
Assagba-Kopé et Hangoumé). Le tableau 3, 4 et le graphique
2, nous donne une lecture de l'existence de querelle et de division sur la
chefferie traditionnelle. En effet, l'examen du tableau 3 montre que 60,5 % des
personnes interrogées reconnaissent l'existence de querelles sur
l'élection de la chefferie dans les villages du canton d'Anfoin. Le
problème de chefferie se pose sur le mode de désignation du chef
du village. Il s'agit souvent des mésententes opposant des
différends quartiers d'un même village sur le choix à
porter sur un chef du village. C'est ce qui nous confirme, 38,9 % des
enquêtés.
Cependant, il existe au Togo, deux modes de désignation
d'un Chef traditionnel obéissant aux us et coutume. La
désignation d'un chef traditionnel doit respecter la tradition d'une
localité et devrait se faire par voie de succession
héréditaire ou par voie de consultation populaire. C'est ce que
confirme la loi N° 2007-002 du 08 janvier 2007 relative à la
chefferie traditionnelle et aux statuts des chefs traditionnels au Togo, en ses
articles 10, 11 et 12 qui ont été cité dans la revue de
littérature de cette étude. Mais aujourd'hui, l'ordre est
renversé dans certaine localité en l'occurrence dans la
Préfecture des Lacs, où l'autorité politique crée
et nomme les Chefs canton et les Chefs de village, sans tenir compte de
l'histoire et des réalités socioculturelles des populations,
occasionnant des querelles et des divisons. C'est cet aspect de la question,
que traduit le tableau 4 où, bon nombre de personnes interrogées
sont contre le mode de nomination du Chef par l'autorité politique.
Devant la situation ainsi décrite, l'autorité
des Chefs n'est pas respectée. C'est ce que montre le graphique 2
où sur les 175 personnes interrogées, 120 personnes affirment que
l'autorité des chefs des villages est contestée.
5.3. Proximité spatiale et diffusion du mode de
vie
La proximité spatiale entre le canton d'Anfoin et les
villes d'Aného et de Lomé favorise le déplacement des
populations du canton vers ces villes et vice-versa pour des raisons diverses.
Ce contact permanent entre ces populations développe des échanges
socioculturels et n'est pas sans effet sur le mode de vie des ruraux. En
référence au tableau 9 et au graphique 7 présentés
ci-haut, 91,4 % des enquêtés déclarent qu'ils se
déplacent très souvent en ville (Lomé ou Aného)
pour des raisons diverses. La plupart des personnes interrogées laissent
entendre que leur durée de séjour en ville va au-delà
d'une semaine.
En se référent à la théorie du
diffusionnisme, la thèse centrale (Boas, (1928), Sapir, (1967), est que
certains traits culturels ont pu passer d'une société à
l'autre à l'occasion de migration ou d'échange. La culture d'un
groupe social serait donc plus le fait d'emprunts et d'imitations que
d'invention, bien que ces emprunts puissent faire l'objet de
réinterprétations dans le cadre de la société
d'accueil. Celle-ci interprète et prend ce qui est bon pour elle et lui
donne son sens.
Selon RogelThierry (2003 :119), la thèse
diffusionniste est d'autant plus plausible que l'on retrouve des traits
semblables sur des aires géographiques différentes et que ces
traits ont tendance à se transformer ou à disparaître
à mesure que l'on s'éloigne de ces aires. L'approche
diffusionniste a alors le gros avantage de rappeler que les
sociétés sont rarement des entités closes sur
elles-mêmes ; mais elle repose cependant, sur trop
d'hypothèses pour pouvoir être conservée telle qu'elle.
Dans le cadre de cette étude, le canton d'Anfoin tout
comme toute aire géographique n'est pas une entité close, mais
ouvert à d'autres communautés qui vont et viennent laissant ainsi
différends traits culturels et des modes de vie différentes de
ceux du milieu. C'est ce qui explique la perte des valeurs de solidarité
mécanique au profit de la solidarité organique pour employer les
termes d'Emile Durkheim.
Georges Balandier cité par Rogers Thierry (Id :
119), de son côté rappelle que les sociétés
africaines ont toujours changé à cause du commerce et du contact
avec l'Islam. Les changements sont donc de deux types : la
« dynamique du dedans » due à l'évolution de
structures aux temporalités différentes et la
« dynamique du dehors » due au contact entre les
sociétés et, qui selon Balandier, occupe une place de plus en
plus importante au XXe siècle.
Les obstacles internes et externes à l'autopromotion
communautaire du canton d'Anfoin peuvent être assimilés à
la « dynamique du dedans » et à la
« dynamique du dehors » de BalandierGeorges. En effet, il
convient de dire que les obstacles internes à l'autopromotion de ladite
communauté sont dus à une évolution socialeet du
changement social qu'a connue le canton sur une échelle de temps ;
pendant que les obstacles externes résultent de l'influence
extérieure que connaît la population du canton et qui
l'empêche de s'autopromouvoir.
5.4. Vérification des variables et des
hypothèses
-Rappel des hypothèses
et des variables
Pour aborder la problématique de cette étude,
l'hypothèse générale émise est la
suivante :Les obstacles tant internes qu'externes limitent le
développement par l'autopromotion des communautés à la
base du canton d'Anfoin.
Les hypothèses secondaires sont les suivantes :
- La perte des valeurs de solidarité qu'on reconnait
aux communautés rurales est un obstacle à l'autopromotion
communautaire des populations du canton d'Anfoin.
- Les querelles liées à la chefferie villageoise
dans le canton empêchent l'autopromotion communautaire.
- Les interactions régulières des populations
du canton d'Anfoin avec les citadins d'Aného et de Lomé et
l'emprunt du mode vie urbain sont des obstacles à leur autopromotion
communautaire.
Les obstacles à l'autopromotion communautaire des
populations à base du canton d'Anfoin au Togo, constituent la variable
dépendante retenue pour cette étude.
Ainsi rappelées et sur la base des données
collectées sur le terrain, les obstacles à l'autopromotion
communautaire des populations à base du canton d'Anfoin au Togo se
manifestent à deux niveaux : il s'agit des obstacles
internes (qui sont propres à cette communauté et qui
concernent la perte des valeurs de solidarité, les querelles
liées à la Chefferie traditionnelle, le refus de participation
aux réunions et travaux communautaires) et des obstacles
externes(relevant d'une part de l'environnement sociopolitique, en
matière de transfert de pouvoirs de décisions aux
collectivités locales, de la création des différents
cantons par l'autorité politique sans tenir compte des
réalités locales et d'autre part, de la proximité du
canton par rapport au milieu urbain et des interactions de sa population avec
les citadins empêchent leur autopromotion communautaire.) qui limitent
leur développement par l'autopromotion.
- Confirmation des Hypothèses
Cette étude qui porte sur les obstacles à
l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton
d'Anfoin au Togo, nous a permis d'apporter la lumière sur un certain
nombre de faits sociaux. Pour y arriver, nous nous sommes partis de
l'hypothèse selon laquelle, les obstacles tant internes qu'externes
limitent le développement par l'autopromotion des communautés
à la base du canton d'Anfoin.
Après investigation sur le terrain, l'analyse et
l'interprétation des résultats recueillis, nous avons
constatés que le fait social étudié trouve une explication
à partir des réalités suivantes :
- la perte des valeurs de solidarité
- les querelles liées à la Chefferie
villageoise
- les interactions des populations du canton avec les citadins
d'Aného et de Lomé et l'emprunt du mode vie urbain
- la confusion de l'environnement sociopolitique, en
matière de transfert de pouvoirs de décisions aux
collectivités locales et de la création des différents
cantons par l'autorité politique sans tenir compte des
réalités locales.
Au vue de ces analyses et interprétation des
résultats, l'hypothèse secondaire 1 est vérifiée
puisque d'après les résultats de nos investigations sur le
terrain, les valeurs de solidarité traditionnelle s'effondrent et
laissent place à l'individualisme, et à l'intérêt
personnel. L'hypothèse secondaire 2 se trouve également
vérifier puisque, les querelles récurrentes liées à
la chefferie traditionnelle, divisent les fils du canton et ceci constitue un
obstacle à leur autopromotion. Cependant, compte tenu de la
proximité de la ville d'Aného et de Lomé, le mode de vie
de ces deux villes gagne le canton et ceci bouleverse les valeurs
traditionnelles de la population. Au vue des résultats de la recherche,
il convient de dire que l'hypothèse secondaire 3 se trouve aussi
vérifiée.
Quant à l'hypothèse générale, elle
se trouve confirmée par l'ensemble des aspects des résultats de
l'enquête et des réalités du terrain : les obstacles
tant internes qu'externes limitent le développement par l'autopromotion
des communautés à la base du canton d'Anfoin.
Par ailleurs, les variables retenues pour les besoins de
cette recherche sont adéquation avec les hypothèses. Toutefois,
cette étude loin d'être parfait, présente certes des
limites qu'il convient de préciser.
5.5. Importance des résultats : question de
leur généralisation et de leurs limites
Dans cette étude les outils de recherche suivants ont
pu être utilisés. Il s'agit de l'observation, des questionnaires
et des entrevues. Après la comparaison entre les faits provenant des
données recueillies sur le terrain et les faits envisagés dans
les hypothèses, comparaison correspondant à la
vérification de la validité des hypothèses, il s`est
posé la question de la généralisation des enseignements
produits par cette vérification.
En effet, l'on ne peut pas prétendre, par souci de
valoriser, ou de légitimer cette démarche, que ce qu`elle a
constaté dans les circonstances particulières de la recherche
estou serait constatable dans toutes autres circonstances, dans d`autres lieux
et d`autres temps. Elle le serait à condition que les contextes et les
caractéristiques des variables qui aient conditionné nos
observations s`y retrouvent sans changement.Or, comme le soutenait le
sociologue français PasseronJean-Claude (1991), ces contextes et
caractéristiques dans le monde social ne sont ni constants ni
entièrement connaissables, ce qui limite inévitablement les
possibilités d'une généralisation des assertions
sociologiques qui, par ailleurs, n'ont de sens et de pertinence qu'en restant
orientées sur des particularités et des singularités
spatio-temporelles, condition qui place la sociologie dans une position
intermédiaire et médiatrice entre l'histoire
événementielle et le raisonnement expérimental
statistique.
Toutefois, les résultats de cette recherche pouvaient
être généralisés à d'autres cantons ou
préfectures du Togo, plus précisément, la
préfecture des Lacs qui est déchirée par les conflits de
chefferie.et qui connait des crises de solidarités.
La technique d`échantillonnage s`est limitée
à un nombre réduit d`individus soit 175 personnes. C`est un
échantillon à choix raisonné car l'on ne peut pas
prétendre interroger toute la population du canton, compte tenu des
contrainte de temps et des moyens humains disponible.
Cependant, il convient de rappeler que l'étude n'a pas
abordé toutes les questions qui peuvent traiter des obstacles à
l'autopromotion communautaire en milieu rural. Il serait aussi
intéressant de s'interroger sur la nature des interventions et sur les
approches des partenaires en développement tels que les ONG, les agences
de développement en matière d'appui-accompagnement des
communautés à la base pour leur autopromotion. D'autres
recherches ultérieures en sciences sociales pourraient apporter un plus
à cette étude.
Conclusion
La présente étude sur l'autopromotion
communautaire, a pour but d'identifier les obstacles qui limitent le
développement par l'autopromotiondes populations à la base du
canton d'Anfoin au Togo. Dans le processus par autopromotion communautaire, les
principaux acteurs sont les bénéficiaires eux-mêmes qui,
à partir des problèmes et des besoins de leur milieu, cherchent
à aller de l'avant dans un esprit collectif, en tenant compte des
contraintes et des potentialités de leur milieu, afin de garantir de
meilleurs conditions de vie de leurs membres et ainsi, participer au
développement de leurs pays. Les agents de développement, les ONG
n'interviennent que comme des accompagnateurs pour l'aboutissement du
processus.
En effet, dans le canton d'Anfoin, ce processus semble
confronté à d'énormes difficultés malgré les
nombreuses interventions des partenaires en développement qui
connaissent à leur tour, beaucoup de difficultés dans l'exercice
de leur mission sur le terrain. Cette étude, se veut donc, un cadre de
diagnostic des facteurs limitant, le développement local dudit
canton.
Pour avoir une idée sur ces facteurs limitant, quatre
hypothèses ont été préalablement
posées : Pour la principale, les obstacles tant internes
qu'externes limitent le développement par l'autopromotion des
communautés à la base du canton d'Anfoin. Pour les
secondaires :
- La perte des valeurs de solidarité qu'on reconnait
aux communautés rurales est un obstacle à l'autopromotion
communautaire des populations du canton d'Anfoin ;
- les querelles liées à la chefferie villageoise
dans le canton empêchent l'autopromotion communautaire ;
- les interactions régulières des populations du
canton d'Anfoin avec les citadins d'Aného et de Lomé et l'emprunt
du mode de vie urbain sont des obstacles à leur autopromotion
communautaire.
Pour y arriver, la méthodologie utilisée combine
la recherche documentaire à la collecte d'informations quantitatives et
qualitatives. La recherche quantitative s'est faite grâce au choix d'un
échantillonnage, à la sélection des variables et
indicateurs à base desquelles un questionnaire d'enquête a
été élaboré pour la collecte des données de
terrain. La recherche qualitative a consisté à recueillir des
informations par des entretiens individuels avec le Chef canton, les Chefs de
village. Mais également, un entretien de groupe a été
réalisé avec les membres des CDB des différents villages.
Les résultats issus de la collecte des données,
analysées et interprétées ont permis de voir que les
hypothèses sont donc vérifiées. Ainsi, l'hypothèse
générale se trouve donc être confirmée par
l'ensemble des aspects des résultats de l'enquête et des
réalités du terrain et les objectifs fixés sont donc
atteints.
Ayant été confronté à
d'énormes difficultés dans notre mission d'appui-accompagnement
des populations du canton d'Anfoin pour leur autopromotion communautaire, que
ce soit dans l'exécution des projets de développement
communautaire, que ce soit dans l'animation rurale, nous avons pensé
mener cette étude, pour identifier les facteurs qui limitent leur
développement par l'autopromotion. Nous pensons n'avoir pas
abordé la totalité de la question, mais serait-il utile que,
d'autres recherches et d'autres réflexions abordent cette même
problématique d'autopromotion communautaire des populations à la
base au Togo, pour un développement local et durable de nos populations.
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Tonnies, F. (1977), Communauté et
sociétés, Paris : Retz (La bibliothèque du
CELP).
Annexes
Annexe 1 : Questionnaires
Questionnaire -Population
Ce questionnaire a été constitué dans le
cadre d'une recherche en Master- Sociologie de développement. Le
thème de la recherche porte sur les obstacles à l'autopromotion
communautaire des populations à la base du canton d'Anfoin au Togo. Dans
l'intention de parvenir à nos fins, nous avons besoin de votre soutien
indéfectible. Nous vous garantissons que ce questionnaire est
confidentiel et sera couvert par le secret scientifique. Nous vous remercions
d'avance d'avoir accepté sacrifier une partie de votre précieux
temps pour répondre à nos questions. Nous vous témoignons
notre sincère reconnaissance.
Localité----------------------------------------
Date de l'enquête
--------------------------------------
Nom de
l'enquêteur-----------------------------------------------------------------
SECTION 1 : IDENTIFICATION DES
ENQUETES
N°
|
Questions et filtres
|
Modalités et codes
|
Passer à
|
Q101
|
Sexe (noter le sexe sans poser la question)
|
Masculin................................ 1
Féminin................................. 2
|
|
Q102
|
Quel est votre âge ?
|
20 - 24 ans.............................. 1
25 - 29 ans.............................. 2
30 - 34 ans.............................. 3
35- 39 ans.............................. 4
40- 44 ans.............................. 5
45 ans ou plus...........................6
|
|
Q103
|
Quelle est votre situation matrimoniale ?
|
Célibataire .............................. 1
Marié (e) ................................ 2
|
|
Q104
|
Quel est votre ethnie ?
|
Watchi................................. 1
Mina .................................... 2
Fon ....................................... 3
Autres (à préciser) .....................4
|
|
Q105
|
Quelle est votre religion ?
|
Animisme............................... 1
Christianisme........................... 2
Islam.................................... 3
Autres (à préciser)..................... 4
|
|
Q106
|
Quel est votre niveau d'instruction ?
|
Aucun .................................1
Primaire ................................2
Collège ..................................3
Lycée ....................................4
Université ..............................5
|
|
Q107
|
Quel est votre profession ?
|
Agriculteur (trice).....................1
Artisan...................................2
Commerçant............................3
Enseignant..............................4
Autres (à préciser).....................5
|
|
SECTION 2 : CHEFFERIE TRADITIONELLE ET RELATIONS
SOCIOCULTURELLES DANS LE CANTON
N°
|
Questions et filtres
|
Modalités et codes
|
Passer à
|
Q201
|
Qui dirige le village ?
|
Le chef du village ..................... 1
Le Régent................................. 2
Le Notable................................ 3
Autres (à préciser)....................... 4
|
Q203
|
Q202
|
Pourquoi n'avez-vous pas de chef ?
|
Querelles sur l'élection d'un chef ..... 1
Mésentente sur l'intronisation d'un chef
...............................................2
Autres (à préciser)....................... 3
|
|
Q203
|
Comment se fait la désignation et l'intronisation du chef
traditionnel dans votre village ?
|
Par voie de succession héréditaire..... 1
Par voie de consultation populaire.... 2
Par nomination .............................3
|
|
Q204
|
Etes-vous d'accord sur le choix
porté sur le chef du village actuel ?
|
Oui ........................................ 1
Non ....................................... 2
|
|
Q205
|
L'autorité du chef du village est-elle reconnue par la
population ?
|
Oui ........................................ 1
Non ....................................... 2
|
|
Q206
|
Selon-vous, pour qui le chef du village est-il au
service ?
|
L'Etat..................................... 1
La population........................... 2
Autre (à préciser) .........................3
|
|
Q207
|
Existe-t-il des groupes d'entraide dans votre village ?
|
Oui ........................................ 1
Non ....................................... 2
|
Q209
|
Q208
|
Pourquoi les groupes d'entraide n'existent plus ?
|
A cause de l'individualisme ..........1
Manque de solidarité .....................2
Autre (à préciser) .........................3
|
|
Q209
|
Recevez-vous de l'assistance de votre famille en cas de
difficultés économique ?
|
Souvent ....................................1
Rarement ..................................2
Pas du tout .................................3
|
|
Q210
|
Selon vous la coutume et la tradition sont -elles encore
respectées aujourd'hui par la population ?
|
Oui ........................................ 1
Non ....................................... 2
|
|
SECTION 3 : DYNAMIQUE DE L'AUTOPROMOTION
COMMUNAUTAIRE ET DEVELOPPEMENT LOCAL
N°
|
Questions et filtres
|
Modalités et codes
|
Passer à
|
Q301
|
Existe-t'il un CDB dans votre village ?
|
Oui ..........................................1
Non .........................................2
|
Q 305
|
Q302
|
Le CDB est-il fonctionnel ?
|
Oui ..........................................1
Non ..........................................2
|
|
Q303
|
Qu'est-ce qui entrave le fonctionnement du CDB?
|
Mésentente entre les membres ..........1
Le CDB n'a pas le soutien populaire...2
Manque de réunion .......................3
|
|
Q304
|
Le CDB convoque-t-il des réunions de sensibilisation
populaire ?
|
Souvent ....................................1
Rarement ..................................2
Pas du tout .................................3
|
|
Q305
|
Participez-vous aux réunions populaires ?
|
Oui ........................................ 1
Non ....................................... 2
|
Q307
|
Q306
|
Pourquoi ? Justifiez votre réponse.
|
|
|
Q307
|
Participez-vous aux travaux communautaires ?
|
Souvent ....................................1
Rarement ..................................2
Pas du tout .................................3
Autre (à préciser) .........................4
|
Q309
|
Q308
|
Pourquoi ne participez-vous pas aux travaux communautaires?
|
................................................
................................................
................................................
.................................................
|
|
Q309
|
Les ONG financent-t-elles les projets de développement
dans votre canton ?
|
Oui ..........................................1
Non .........................................2
|
Q 401
|
Q310
|
Les projets financés dans le village, répondent-ils
à vos attentes ?
|
Oui ..........................................1
Non .........................................2
|
|
SECTION 4 : PROXIMITE SPATIALE ET DIFFUSION DU
MODE DE VIE
N°
|
Questions et filtres
|
Modalités et codes
|
Passer à
|
Q401
|
Rendez-vous t-il souvent en ville (Aného ou
Lomé) ?
|
Oui ..........................................1
Non .........................................2
|
Q403
|
Q402
|
Combien de temps passez-vous en ville quand vous y
rendez ?
|
Moins d'une semaine .....................1
Plus d'une semaine .......................2
Un mois ....................................3
Plus d'un mois ............................4
|
|
Q403
|
Avez-vous des frères et soeurs à
Lomé ?
|
Oui ..........................................1
Non .........................................2
|
|
Q404
|
Connaissez-vous des gens qui ont longtemps vécus à
Aného ou à Lomé et qui se sont installés dans votre
village ?
|
Oui ..........................................1
Non .........................................2
|
Q407
|
405
|
Ces personnes font-elles partie du Comité de
Développement à la Base?
|
Oui ..........................................1
Non .........................................2
|
|
Q406
|
Quel intérêt défendent-ils?
|
Intérêt général de la population
.........1
Intérêt personnel ..........................2
Autre (à préciser) .........................3
|
|
Q407
|
Y a-t-il une grande différence entre votre mode de vie
actuel et celui de vos ancêtres ?
|
Oui ..........................................1
Non .........................................2
|
Q407
|
Q408
|
Pourquoi existe-t-il cette différence ?
|
................................................
................................................
................................................
.................................................
................................................
|
|
Q409
|
Selon vous, la solidarité sociale existe-t-elle encore
dans votre village ou tend à disparaître ?
|
La solidarité existe encore...............1
La solidarité tend à disparaitre .........2
|
|
Annexe 2 : Guides d'entretien
Guide d'entretien avec les membres des Comités
de développement à la base
Madame/Monsieur, dans le cadre de nos recherches
universitaires pour l'obtention du diplôme de Master en Sociologie du
Développement, nous avons choisis comme thème «Les
obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la
base du canton d'Anfoin au Togo ». A cet effet, nous aimerions
vous posez un certain nombre de questions liées au développement
local de votre village, afin de nous permettre de bien mener nos recherches.
N°
|
Question
|
Réponse
|
01
|
Parlez-nous un peu de votre CDB, sa mis en place et de sa
composition.
|
|
02
|
Avez-vous réalisé des projets de
développement dans votre village depuis la création du
CDB ?
|
|
03
|
Le CDB sensibilise-t-il souvent la population du village sur les
initiatives de développement ?
|
|
04
|
Le CDB fait-il des comptes rendu à la population avant,
pendant et après l'exécution d'un projet de développement
communautaire ?
|
|
05
|
La population s'intéresse -t-elle à la question de
développement du village ? Sinon, pourquoi ?
|
|
06
|
Les ONG qui interviennent dans votre milieu vous
associent-t-elles dans l'identification des besoins ou vous imposent des
projets ?
|
|
Vous accompagnent-t-elles dans votre développement
local ?
|
|
07
|
Avez-vous un Plan d'Action Villageois (PAV) ? Comment est-il
élaboré?
|
|
Guide d'entretien avec le Chef canton
d'Anfoin
Monsieur, dans le cadre de nos recherches universitaires pour
l'obtention du diplôme de Master en Sociologie du Développement,
nous avons choisis comme thème «Les obstacles à
l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton
d'Anfoin au Togo ». A cet effet, nous aimerions vous posez un
certain nombre de questions liées au développement local de votre
village, afin de nous permettre de bien mener nos recherches.
N°
|
Question
|
Réponse
|
01
|
Comment êtes-vous devenu le Chef canton d'Anfoin ?
|
|
02
|
Parlez-nous un peu du développement de votre canton et les
difficultés qui en sont liées
|
|
03
|
Parlez-nous de la relation qui existe entre vous et les Chefs des
villages de votre canton
|
|
04
|
Votre canton dispose-t-elle d'un plan de
développement ? si oui, comment est-t-il mis en place ?
|
|
05
|
Avez-vous entendu parler de la décentralisation au
Togo ? Si oui, dites-nous ce que vous en savez.
|
|
Guide d'entretien avec les Chefs des
villages
Monsieur, dans le cadre de nos recherches universitaires pour
l'obtention du diplôme de Master en Sociologie du Développement,
nous avons choisis comme thème «Les obstacles à
l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton
d'Anfoin au Togo ». A cet effet, nous aimerions vous posez un
certain nombre de questions liées au développement local de votre
village, afin de nous permettre de bien mener nos recherches.
N°
|
Question
|
Réponse
|
01
|
Comment êtes-vous devenu le Chef du village ?
|
|
02
|
Parlez-nous un peu du développement de votre village et
les difficultés qui en sont liées
|
|
03
|
Parlez-nous de la relation qui existe entre vous et les autres
Chefs des villages de votre canton
|
|
04
|
Votre village dispose-t-elle d'un plan de
développement ? si oui, comment est-t-il mis en place ?
|
|
05
|
Avez-vous entendu parler de la décentralisation au
Togo ? Si oui, dites-nous ce que vous en savez.
|
|
Annexe 3 : Cartographie du canton
d'Anfoin
Carte : Situation du canton d'Anfoin
Source : DGSCN, 2013
Carte : Canton d'Anfoin
Source : DGSCN, 2013
Table des matières
Sommaire
.......................................................................................
|
2
|
Dédicace
.......................................................................................
|
3
|
Remerciements
.................................................................................
|
4
|
Liste des tableaux
..............................................................................
|
5
|
Liste des graphiques
...........................................................................
|
6
|
Sigles et acronymes
...........................................................................
|
7
|
Introduction
....................................................................................
|
8
|
PREMIERE PARTIE: CADRES THEORIQUE, CONCEPTUEL PHYSIQUE ET
METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
...................................................
|
11
|
Chapitre 1 : Cadres théorique et conceptuel de
l'étude ...................................
|
12
|
1.1. Intérêt du sujet
...........................................................................
|
12
|
1.2. Problématique de l'étude
...............................................................
|
14
|
1.3. Objectifs de la recherche
...............................................................
|
18
|
1.3.1. Objectif général
..........................................................................
|
19
|
1.3.2. Objectifs spécifiques
....................................................................
|
19
|
1.4. Hypothèses de la recherche
............................................................
|
19
|
1.4.1. Hypothèse général
........................................................................
|
20
|
4.2. Hypothèses secondaires
...................................................................
|
20
|
1.5. Variables et indicateurs
.................................................................
|
21
|
1.5.1. Variable dépendante et ses indicateurs
....................................................
|
21
|
1.5.2. Variables indépendantes et ses indicateurs
.........................................
|
23
|
Chapitre 2 : Définition des concepts et Revue de
littérature ..............................
|
27
|
2.1. Définition des concepts
.................................................................
|
27
|
Autopromotion communautaire
.............................................................
|
27
|
Obstacles internes
.............................................................................
|
29
|
Obstacles externes
.............................................................................
|
30
|
Lien social
......................................................................................
|
30
|
Solidarité
........................................................................................
|
31
|
Décentralisation.................................................................................
|
32
|
Développement
.................................................................................
|
32
|
Développement local
...........................................................................
|
34
|
Développement communautaire
.............................................................
|
34
|
Projet de développement
communautaire...................................................
|
35
|
2.2. Revue de littérature
........................................................................
|
36
|
2.2.1. Recension des écris pertinents
.........................................................
|
36
|
2.2.1.1. Problématique de la participation populaire aux
projets de développement...
|
36
|
2.2.1.2. Conflits culturels comme obstacles à
l'autopromotion des communautés à la
base................................................................................................
|
37
|
2.2.1.3. Chefferie traditionnelle dans la direction d'une
institution étatique...........
|
41
|
2.2.1.4. Décentralisation, une option
privilégiée pour l'autopromotion
communautaire.................................................................................
|
43
|
2.2.2. Recension des écrits théoriques
......................................................
|
45
|
2.2.2.1. Théorie de développement local
participatif ....................................
|
46
|
2.2.2.2. Théorie de la décentralisation
......................................................
|
49
|
2.2.7.2.3. Théorie du changement social
...................................................
|
50
|
2.2.3. Cadre théorique de référence
...........................................................
|
52
|
2.2.3.1. Théorie de la division du travail social
...........................................
|
53
|
2.2.3.2. Théorie des relations sociales
........................................................
|
53
|
2.2.3.3. Théorie du diffusionnisme
.........................................................
|
54
|
Chapitre 3 : Cadres physique et méthodologique
..........................................
|
56
|
3.1. Cadre physique de la recherche
.........................................................
|
56
|
8.1. Présentation de la zone d'étude
.........................................................
|
55
|
3.1.1.1. Situation géographique
...............................................................
|
57
|
3.1.1.2. Géologie et climat
.....................................................................
|
57
|
3.1.1.3. Population, tradition et religion
.....................................................
|
58
|
3.1.1.4. Economie
...............................................................................
|
59
|
3.2. Cadres méthodologique de la
recherche.................................................
|
59
|
3.2.1. Techniques de collecte de données
....................................................
|
60
|
3.2.1.1. Recherche documentaire
..............................................................
|
60
|
3.2.1.2. Pré-enquête
.............................................................................
|
61
|
3.2.1.3. Recherche quantitative
............................................................
|
61
|
3. 2.1.3.1. Groupe cible
......................................................................
|
61
|
3. 2.1.3.2. Echantillonnage
....................................................................
|
61
|
3.2.1.3.3. Elaboration du questionnaire
.......................................................
|
63
|
3. 2.1.3.4. Pré-test des outils
...................................................................
|
63
|
3. 2.1.3.5. Administration du questionnaire
.................................................
|
64
|
3. 2.1.3.6. Traitement des données quantitatives
............................................
|
64
|
3. 2 .1.4. Recherche qualitative
..............................................................
|
65
|
3. 2.1.4.1. Entretien individuel
................................................................
|
65
|
3. 2..1.4.2. Entretien de groupe
................................................................
|
66
|
3. 2.1.4.3. Observation
..........................................................................
|
66
|
3 .2.1.4.4. Traitement des données qualitatives
.............................................
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66
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3 .2.1.5. Difficultés rencontrées
...............................................................
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67
|
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION, ANALYSE ET COMMENTAIRE DES
RESULTATS
....................................................................................
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69
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Chapitre 4 : Présentation des résultats
.......................................................
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70
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4 .1. Identité des enquêtés
....................................................................
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70
|
4. 2. Chefferie traditionnelle et relations socioculturelles dans
le canton ..............
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73
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4..3. Dynamique de l'autopromotion communautaire et
développement local .......
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79
|
4. 4. Proximité spatiale et diffusion du mode de vie
......................................
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84
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Chapitre V: Interprétation des principaux résultats
.......................................
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86
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5. 1. Crise de la solidarité mécanique et
échec de l'autopromotion
communautaire.................................................................................
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86
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5.2. Querelles liées à la chefferie traditionnelle,
comme obstacles à l'autopromotion communautaire des populations du
canton d'Anfoin ..................
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91
|
5.3. Proximité spatiale et diffusion du mode de vie
......................................
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92
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5.4. Vérification des variables et des hypothèses
...........................................
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94
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5.5. Importance des résultats : question de leur
généralisation et de leurs limites......
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96
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Conclusion
.......................................................................................
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99
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Bibliographie
....................................................................................
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101
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Annexes
..........................................................................................
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107
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Table des matières
..............................................................................
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120
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* 1Levy Makany, 1980: Le
rôle del'université africaine dans le développement rural,
congrès mondial Dakar, 21-23 juin, 20p
*
2http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9centralisation
* 3Anthropologie et Vie
moderne (1928)
* 4Anthropologie,
(1967)
* 5 Direction
Générale de la Statistique et de la Comptabilité
Nationale