3.2.Les facteurs humains
Face à la croissance démographique et
l'augmentation des besoins alimentaires et économiques, les populations
d'Assomé sont devenues des acteurs très importants dans la
détérioration de leur milieu de vie. C'est donc à travers
la mise en valeur agricole par des pratiques peu conservatrices de la nature,
l'exploitation forestière pour des besoins énergétiques et
économiques et surtout l'extraction de gravier que les populations
contribuent à la dégradation du paysage du terroir.
3.2.1.
La mise en valeur agricole
Elle est caractérisée par la saturation des
espaces cultivables. De ce fait, depuis plusieurs années, les terres
sont intensément mises en valeur avec la réduction ou la
suppression de la jachère. Les moyens et les méthodes de mise en
valeur demeurent encore très traditionnelles (labour à plat,
nombreux sarclages avant la maturité des plantes) et contribuent
énormément à la dégradation physique des sols
augmentant ainsi leur sensibilité au ruissellement et à
l'érosion. De même, la végétation spontanée a
été remplacée par des plantes cultivées,
généralement moins couvrantes et peu aptes à
protéger efficacement le sol contre la dégradation. Par ailleurs,
dans les champs abandonnés ou privés de couverture
végétale pendant la saison sèche, les sols
déjà très fragiles s'exposent aux intempéries
climatiques (pluies, insolation) qui entraînent rapidement une
dégradation de leurs caractéristiques hydrodynamiques.
3.2.2.
L'exploitation du bois
De façon traditionnelle, le bois a toujours
été considéré comme une ressource permettant
d'assurer les besoins domestiques quotidiens en bois de chauffe et en bois
d'oeuvre (Houédakor, 1997). A Assomé comme dans tout le monde
rural africain, le bois est la seule source énergétique des
populations. Par conséquent c'est une quantité
considérable de bois qui est brûlée chaque jour pour la
cuisson des repas. On y fabrique aussi du charbon de bois qui nécessite
la coupe d'un volume important de bois. C'est donc évident que les
formations de savane soient de plus en plus ouvertes. Quant aux essences
forestières, elles ont complètement disparu sous le coup des
tronçonneuses pour satisfaire les besoins en bois d'oeuvre.
3.2.3.
Les feux de brousse
Les feux de brousse sont des incendies volontaires dans le
cadre de la chasse en saison sèche ou encore et surtout pour
préparer le sol à la culture sur brûlis. Ces feux
enrichissent et ameublissent les sols en les rendant plus faciles à
travailler. En réalité, les végétaux
brûlés libèrent des bases qui augmentent le potentiel
hydrogène (pH) des sols et provoquent la prolifération des
bactéries nitrifiantes. Ainsi la minéralisation de l'humus
apporte aux plantes une quantité importante d'éléments
minéraux assimilables. Cependant la minéralisation de l'humus est
très rapide et ne met à la disposition des plantes qu'une
fertilité passagère.
Par ailleurs, les zones à brûler n'étant
pas circonscrites par des pare-feux, l'impact des feux déborde alors sur
de vastes superficies en consumant tout sur son passage. Les sols ainsi mis
à nu par le passage du feu sont directement atteints par les rayons
solaires, il s'en suit une évaporation très élevée
qui annule très vite l'apport initial en nutriments. Ce faisant, la
reconstitution du couvert végétal devient difficile voire
impossible, car une bonne partie de l'humus a disparu. De même le sol
sans couverture végétale est alors vulnérable à
toutes les formes d'attaques hydriques.
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