SOMMAIRE
DEDICACE
Erreur ! Signet non
défini.
REMERCIEMENTS
ii
SOMMAIRE
iii
LISTE DES ABREVIATIONS
iv
RESUME
v
INTRODUCTION
1
PREMIERE
PARTIE :
MILIEU ET
ENVIRONNEMENT
D'ASSOME
3
Chapitre 1 : LE PAYSAGE PHYSIQUE
15
Chapitre 2 : LE PAYSAGE HUMAIN
40
Chapitre 3 : DYNAMIQUE DU PAYSAGE
49
Chapitre 4 : CARACTERISATION DU
PAYSAGE
58
DEUXIEME
PARTIE :
DEVELOPPEMENT D'ASSOME
3
Chapitre 5 : LE CADRE JURIDIQUE
77
Chapitre 6 : LE CADRE ECONOMIQUE
85
Chapitre 7: L'ORGANISATION SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE ET
TERRITORIALE
103
TROISIEME PARTIE
:
VISION
DU
DEVELOPPEMENT
D'ASSOME
3
Chapitre 8. : POTENTIALITES ET CONTRAINTES DE
DEVELOPPEMENT.
113
Chapitre 9 : LES ACQUIS DU DEVELOPPEMENT
123
Chapitre 10 : ANALYSE ET PROPOSITION
D'ORIENTATION DU DEVELOPPEMENT D'ASSOME
127
Chapitre 11 : RISQUE DU DEVELOPPEMENT
146
CONCLUSION
154
BIBLIOGRAPHIE
157
LISTE DES CARTES
161
LISTE DES FIGURES
161
LISTE DES PHOTOS
162
LISTE DES TABLEAUX
163
LISTE
DES ABREVIATIONS
BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement
BIE : Budget d'Investissement et d'Equipement
CEG : Collège d'Enseignement Général
FCFA : Franc de la Communauté Financière
Africaine
CGILE : Centre de Gestion Intégrée du
Littoral et de l'Environnement
CVD : Comité Villageois de Développement
DGSCN : Direction Générale de la
Statistique et de la Comptabilité Nationale
DGMG : Direction Générale des Mines et de la
Géologie
DHD : Développement Humain Durable
DNRA : Direction Nationale de la Recherche Agronomique
FIT : Front Intertropical
GPS : Global Position System
IDH : Investir Dans l'Humain
IEC : Information Education Communication
INS : Institut National des Sols
OMM : Organisation Mondiale de la
Météorologie
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OCDI : Organisation de la Charité pour le
Développement Intégral
PNAE : Plan d'Action Nationale pour l'Environnement
RM: Région Maritime
DSRP : Document Stratégique de Réduction de la
Pauvreté
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
FAIR :
PIB : Produit Intérieur Brut
ZAAP : Zone d'Aménagement Agricole Planifié
RESUME
Développement de l'espace, décentralisation et
gouvernance locale constituent, dans le contexte socioéconomique mondial
actuel, de nouvelles opportunités pour les Etats africains pour relever
le défi du développement. Aussi, cette étude aborde-t-elle
l'applicabilité de ces outils de développement au contexte rural
de la localité d'Assomé.
Le terroir d'Assomé couvre, dans l'extrême
Nord-Ouest de la basse vallée du Zio, une superficie de plus de 2 400
hectares soit 24 Km² environ. Il s'étend à cheval sur deux
unités morphologiques que sont la haute terrasse alluviale et la plaine
d'inondation du Zio. Le peuplement du terroir s'est fait par arrivée de
vagues successives de familles fuyant les guerres fratricides et qui ont suivi
les traces de Togbui Gbaguidji, le fondateur du village. Dès lors
commencèrent la conquête et l'exploitation progressives du terroir
jusqu'à ces limites actuelles.
Le choix d'Assomé comme terroir de recherche pour
analyser le développement des espaces géographiques, est
motivé par le constat qu'il fait montre de l'indigence du bien
être social, économique et environnemental qui
caractérisent les sociétés africaines. A ceci s'ajoute la
gestion administrative marquée par un pouvoir centralisé à
l'échelle nationale qui s'est révélé très
peu favorables au développement des entités infranationales
(préfectures, communes et village.).
Les problèmes de développement se posent alors,
à Assomé, sous leurs formes les plus typiques (économiques
et sociales) voire les plus extrêmes (environnementales). En effet,
malgré les ressources en sols aux potentiels agricoles variés, en
couverture végétale bien fournie et en eaux (par sa
contiguïté avec le Zio) et des précipitations moyennes, le
profil de référence de cette étude révèle
des conditions de vie très précaires matérialisées
par la pauvreté qui s'amplifie dans un cadre physique fortement
dégradé.
La lutte pour la survie quotidienne, par la mise en valeur
agricole et surtout l'extraction de gravier, a contribué à la
dégradation du système biophysique qui n'est plus à
même de répondre aux besoins sans cesse croissants de la
population. On assiste alors à l'effondrement de l'économie du
terroir avec pour corollaire un éclatement des cellules familiales par
le départ des bras valides vers les villes, la perte des valeurs
ancestrales et l'aggravation de la pauvreté qui devient endogène
au terroir. Il transparaît de ces constats, une indigence notoire de
développement au plan local qui nécessite à ce qu'on lui
trouve des solutions adéquates.
Les propositions apportées à cet effetpar cette
étude, insistent sur une réelle mise en valeur du potentiel
agricole du terroir à travers des aménagements
conséquents. Elles soulignent également la
nécessité d'une meilleure gestion de l'extraction de gravier et
la réhabilitation des terres dégradées par cette
activité. Par ailleurs, elles mettent l'accent sur l'urgence de la
concrétisation du programme de décentralisation administrative
à l'échelle nationale, afin de stimuler les populations locales
comme celle d'Assomé à une meilleure prise en charge autonomedu
bien être et du développement de leurs terroirs.
INTRODUCTION
Les sociétés humaines, par leurs
décisions d'implantation et d'aménagement, créent leurs
propres territoires sur lesquels elles développent une identité
collective.Elles posent leurs marques sur un espace que Brunet (2005)
considère comme « donné » parce que muni de
potentialités naturelles qui conditionnent l'organisation du territoire.
Ainsi, remarque-t-onque les zones côtières humides, les abords des
cours d'eau et les oasis dans les déserts, qui renferment beaucoup de
ressources, constituent les grandes régions de concentrations
humaines.
On peut alors définir le territoire comme un espace
géographique marqué par une communauté humaine qui y
construit son histoire à travers un ensemble de caractères, de
cultures, de savoirs et de pratiques fondés sur le système
d'interactions entre le milieu naturel et les facteurs humains. Il a une
étendue et est circonscrit par une juridiction administrative ou
politique qui s'affranchit des faits naturels (cours d'eau, forêt,
montagne, ...) pour lui fixer des limites précises.
Le territoire ainsi conçu participe à la
satisfaction des besoins existentiels comme habiter, mobiliser les ressources,
communiquer, se défendre et se reproduire.Il se crée ainsi une
interaction dynamique entre l'environnement naturel et l'être humain qui
y habite. Ce dernier s'évertue à trouver des explications aux
phénomènes qu'il vit et aux faits qu'il engendre ou subit.
Corrélativement, il enclenche un processus de développement local
qu'il améliore pour optimiser son bien-être
socio-économique.
Ce développement local, considéré comme
un processus global et dynamique de construction du mieux-être à
l'intérieur des espaces locaux où les différents acteurs
se rencontrent, échangent, élaborent et mettent conjointement en
oeuvre des projets d'autopromotion durable, se révèle être
la stratégie la plus appropriée pour le développement des
Etats. Il exige, cependant de ces Etats, d'accorder une large autonomie aux
différentes entités territoriales (régions,
préfectures, cantons qui peuvent être des communes urbaines ou
rurales) pour susciter leur totale implication dans l'apport de solutions au
défi du développement.
Malheureusement, par manque de volonté politique, les
pays africains sont enlisés dans une gestion centralisée qui
empêche l'émergence d'initiatives locales de développement.
Par conséquent, un demi-siècle après les
indépendances, le développement et le mieux-être ne sont
que des mythes pour les populations. Pour cause, les méthodes ou
modèles et les stratégies, mis en place pour relever le
défi du développement, ne s'appuient pas sur les
potentialités propres à ces pays. De larges proportions de
ressources physiques et anthropiques sont ainsi marginalisées. Ce qui se
traduit par une indigence endogène de bien-être social
économique et environnemental.
Cependant prenant exemples sur les échecs
répétés des tentatives visant à relever le
défi du développement, les Etats africains semblent, à
l'instar des pays développés, s'engager sur la voie des
dynamiques de développement local. Il s'agit de stratégies et de
pratiques locales de valorisation de leurs ressources qui, en rompant avec les
options centralisées de développement de jadis, correspondent non
pas à unrepli défensif mais à une adaptation alternative
aux contraintes du développement (Mondes en
développement Vol 31-2003). En effet, depuis quelques
années, les Etats africains s'efforcent de promouvoir le
développement local ou développement à la base
accompagné de politiques de décentralisation.
Ainsi, plutôt que d'être dans l'attente
d'initiatives extérieures de développement souvent en
déphasage avec les réalités socio-anthropologiques
locales, les collectivités territoriales sont appelées à
cultiver leur aptitude à identifier et à valoriser leurs
ressources, à mettre en oeuvre des innovations et à susciter des
initiatives locales. Ce faisant, ces collectivités territoriales non
seulement pourront générer leurpropre développement, mais
aussi structurer et organiser ce développementredevenu "honorable", et
non plus marginal ou "de survie". C'est un paradigme renouvelé
dedéveloppement (Vachon, 2002)qui apparaît ainsi comme une
nouvelle opportunité pourles Etats africains, notamment le Togo.
Cependant, comme souligné dans Mondes en
développement(Vol 31-2003), le développement local n'est pas
un modèle "clé en main". Chaqueterritoire est spécifique;
il émerge d'un contexte (facteurs culturels, sociaux...) et d'une
histoire unique qui impliquent dès lors une logique de
développementunique. Cette différenciation territoriale ne
réside pas seulement dans lesproduits, mais aussi dans la façon
d'organiser la production, de créer et de gérerses ressources, de
développer des savoir-faire originaux. Il n'y a donc pas demodèle
unique et universel de développement local. Il est avant tout l'affaire
d'acteurs, de toutessortes, mis en rapport, mobilisés en vue de
stimuler une synergie créatrice,porteuse d'effets de
développement.
Ceci nécessite donc d'appréhender
spécifiquement chaque espace géographique support du
développement, dans sa globalité, sa diversité et sa
complexité. Pour ce faire, la mise en place d'un cadre d'étude
pluridisciplinaire s'avère nécessaire. Il s'agira de
procéder à une analyse multidimensionnelle et
intégrée du terroir investi. Au terme de chaque investigation,
l'on doit, à la lumière du profil de référence de
la zone étudiée, proposer avec la participation des acteurs
locaux, des orientations de développement global et
intégré afin de promouvoir le mieux-être des populations
qui y vivent.
C'est cet objectif que poursuit cette discipline qu'est " le
développement de l'espace " qui associe, dans une option d'analyse
spatiale intégrée,les compétences du géographe qui
analyse les interactions dynamiques entre les composantes physiques et humaines
de l'espace, celle du sociologue qui pose la question de la constitution
sociologique de l'espace (Löw, 2008) et la façon dont l'espace
intervient dans le social (Giddens, 1987) et celle de l'anthropologue pour
traiter des questions relatives à l'identité, à
l'appropriation et à l'enracinement des populations par rapport à
leurs terroirs. Quant à l'économiste, il s'occupe de
l'organisation économique du terroir, alors que le juriste étudie
ses structures administratives et la question de la gestion du foncier sous sa
domination. Par ailleurs, bien d'autres spécialistes tels que
l'étymologiste, le psychologue et le sémiologue peuvent, au
besoin, intervenir dans cette démarche qui vise à comprendre et
à découvrir l'agencement relationnel des systèmes
biophysiques avec la société humaine comme actrice du
développement de son terroir.
Cette contribution au développement de l'espace
s'intéresse au terroir d'Assomé (préfecture du Zio) qui
est particulièrement touché par la rupture entre la satisfaction
des besoins vitaux et la viabilité du milieu de vie. En effet, les
activités agricoles et les autres formes d'exploitation de ce terroir se
pratiquent, de nos jours, dans un environnement de plus en plus hostile
à l'amélioration des conditions de vie des populations.
Cependant, il faut signaler que cette situation n'est que la résultante
de l'utilisation plus accrue et peu rationnelle, voire négative des
ressources. Il s'ensuit alors une profonde dégradation du paysage qui se
poursuit, avec pour corollaire l'effondrement de l'économie locale et la
généralisation de la pauvreté.
Localisé entre 6°20de latitude Nord et 1° 9
de longitude Est, le terroir d'Assomé se situe sur la rive gauche du Zio
à l'entrée de la basse valléeet couvre une superficie de
24,12 Km². Il se situe à 5 km de la Nationale N°1 à
l'Ouest de Davié dans la préfecture du Zio (figure 1).
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du1.png) ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du2.png)
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du3.png)
Carte 1: Situation du
terroir d'Assomé
L'observation du site révèle une topographie
à deux niveaux : une plaine alluviale (basse vallée du Zio) qui
occupe l'Ouest et le Sud-Ouest, surplombée par deux structures
tabulaires séparées par une vallée sèche dans l'Est
et le Nord-Est du terroir. Les structures tabulaires se raccordent au plateau
de Tsévié par un talus, de faible pente dégageant ainsi un
modelé en escalier de versant. Il s'agit en effet, selon Gnongbo (1996),
d'un lambeau de la haute terrasse de la rivière Zio qui présente
sur le versant gauche des discontinuités qui s'accrochent aux
différents plateaux de terre de barre qui entourent la basse
vallée. En somme le village d'Assomé est construit sur la haute
terrasse du Zio au pied du versant du plateau de Tsévié. La
terrasse est formée de dépôts alluviaux constitués
de galets et de graviers (Gnongbo, 1989). A ces ressources s'ajoute un
potentiel pédologique ferralitique sur les plateaux et hydromorphe dans
la plaine. Il supporte une végétation bien fournie, avec une
pluviométrie moyenne de 800 mm d'eau / an et est constitué
essentiellement de sols propices à l'agriculture.
Ces conditions bioclimatiques et géomorphologiques ont
permis la mise en valeur de la région à travers l'agriculture
vivrière dont les rendements permettaient de couvrir les besoins locaux
et de dégager des surplus. Ces surplus, écoulés sur les
marchés voisins, procuraient à la population des revenus non
négligeables. Ces revenus vont s'accroître, d'abord, avec le
développement de la riziculture irriguée à rendement
élevé, ensuite par l'émergence, à la fin des
années 70, de l'extraction traditionnelle des galets et graviers du
sous-sol du terroir. Cette activité portée par la "fièvre
immobilière" de la ville de Lomé a beaucoup contribué
à augmenter le revenu de la population. Ce qui se traduit par une
mutation de l'habitat villageois qui a évolué de sa structure en
banco vers des maisons en parpaings de ciment avec la toiture recouverte de
tôles. De même, le niveau de l'éducation s'est
amélioré. Les parents, disposant davantage de moyens financiers,
ont financé les études de leurs enfants.
En somme, selon les témoignages, Assomé aurait
connu par le passé une relative prospérité
économique et sociale stimulée par l'exploitation de son sous-sol
et la mise en valeur de ses potentialités agricoles. Cependant, cette
prospérité s'est révélée très
éphémère du fait de la gestion peu rationnelle des
potentialités.
En effet, l'augmentation des besoins alimentaires et
financiers des 3 500 habitants environ que constitue la population
d'Assomé (DGSCN, 2008) a imposé l'intensification de la mise en
valeur agricole des terres. Celle-ci se faisant sans apport de fertilisants et
sans mesure de conservation a conduit à leur épuisement total.
Elles ont ainsi perdu leurs caractéristiques physico-chimiques.
Parallèlement, plus de 600 ha de terre soit 37 % du terroir
d'Assomé sont rendus impropresà l'agriculture par l'extraction de
gravier. Il s'agit des sols ferralitiques très fertiles qui ont
été fortement dégradés et parsemés
d'excavations et de monticules d'argiles issus de l'extraction des graviers.
Ces terres ainsi perdues constituent un véritable manque à gagner
pour les agriculteurs. Il s'en est alors suivi une réduction sensible
du potentiel agronomique du terroir, accompagnée de la baisse
considérable des rendements agricoles. De nos jours, le terroir est
très dépendant des marchés extérieurs pour couvrir
ses besoins en produits vivriers.
De même, sous le coup d'une extraction abusive et
incontrôlée, les réserves des gisements de graviers sont
presque au bout de l'épuisement, dans le terroir. L'extraction de
gravier, de la capacité d'un camion de 8m3, prend de nos
jours plus de temps et fait dépenser plus d'énergie
qu'auparavant. Concomitamment, la qualité du gravier (taille), dont
dépend le prix d'achat, s'est aussi dégradée. Ce qui se
répercute sur les bénéfices qui ont beaucoup
diminué.
La conjonction de tous ces facteurs pose de nos jours à
Assomé un véritable problème de
détérioration du système fonctionnel "homme-nature" qui se
meut en un cercle vicieux qui handicape encore plus le développement de
ce terroir. Comment peut-on alors réorienter le terroir d'Assomé
vers l'édification de son développement "local" durable,
c'est-à-dire de façon soutenue sur le plan social,
économique et environnemental?
Telle est le questionnement fondamental sur lequel se base
cette recherche intitulée« Développement
des espaces géographiques, exemple du terroir d'Assomé dans la
basse vallée du Zio ».
Cette recherche présente l'intérêt
d'apporter, outre son utilité académique, une contribution
à l'analyse de fond de la problématique du
développementdans les Etats africains, en se focalisant sur le
développement local, précisément dans le terroir
d'Assomé dont les réalités existentielles illustrent les
difficultés de création des conditions de décollage du
développement au Togo. Elle se fixe comme objectif général
d'expliciter à partir d'un profil de référence, le niveau
désastreux du développement d'Assomé afin d'en proposer
des orientations pouvant promouvoir ce dit développement. De cet
objectif général découlent les objectifs
spécifiques suivants :
· présenter les potentialités physiques et
humaines ainsi que la dynamique d'évolution du terroir ;
· analyser le développement du terroir sur le plan
socio-anthropologique, économique et administratif ;
· proposer une vision de développement durable
rationnel et harmonieux.
Méthodologie de
recherche
Pour parvenir aux résultats de cette recherche nous
avons mené notre travail en deux étapes : la documentation
pour nous enquérir des données existantes et les campagnes de
terrain pour observer la dynamique actuelle de l'espace.
La documentation est la phase de recherche bibliographique par
laquelle nous nous sommes imprégnés des études se
rapportant à l'évolution des espaces géographiques dans le
monde, en Afrique et au Togo. Plus particulièrement,ce sont les ouvrages
traitant de la problématique du développement, du monde rural et
des déséquilibres que subit le milieu naturel qui ont retenu
notre attention. De nos lectures, nous avons élaboré une
brève revue pour donner un aperçu des données existantes.
La recherche documentaire a été
complétée par la collecte des données quantitatives ayant
trait au climat (pluviométrie, température, hydrologie...) et des
statistiques démographiques et agricoles. L'interprétation des
photos aériennes et l'analyse cartographique ont favorisé une
plus fine observation de la dynamique spatiale de notre zone de
recherche.Les photos n° 470 à 749 Mission 1969 et n° 2326
à 3604 Mission 1977 au 1/30 000 ont été utilisées
pour visualiser une bonne partie de la zone d'étude. A cela s'ajoute
l'analyse des fonds topographiques de Lomé 1C feuille NB - 31-XIV- 1C au
1/ 50.000 couvrant la basse vallée du Zio. Toutes les données
recueillies ont été corrigées et actualisées
grâce aux campagnes de terrain que nous avons entreprises dans la
région.
Ø Compte rendu de lecture
Le compte rendu de lecture s'organise autour de deux
principaux thèmes à savoir le développement local et la
dégradation des conditions et du cadre de vie.
· Le développement local
Le développement local est une approche, dite
territoriale comme celle abordée dans le cadre du développement
de l'espace. Il intègre des préoccupations d'ordre social,
culturel et environnemental au coeur des rationalités purement
économiques. Et, à en croire Vachon (2002) si les facteurs
économiques tels que le capital, lesressources naturelles, les
équipements et infrastructures de transport et decommunication, les
marchés...continuent d'être des éléments importants
dansle processus de développement des régions, le paradigme
renouvelé de développement accorde un rôle tout aussi
important aux facteurs nonéconomiques tels que la qualification
individuelle et collective, la transmissiondes savoirs et savoir-faire
traditionnels et actuels, le cadre de vie, la
perméabilitéà l'innovation, la vitalité
communautaire, l'ouverture à la concertation et aupartenariat. Ce que
corroborent Leloup, Moyart et Pecqueur (2003) en présentant le
développement local comme un exercice qui amène les
collectivités territoriales à mettre en exergue leurs aptitudes
à identifieret à valoriser leurs ressources, à mettre en
oeuvre une culture de l'innovation, àsusciter les initiatives locales et
à faire émerger des projets porteurs de développement. Ils
poursuivent en ces termes « plutôt que d'être dans l'attente
d'un projet dedéveloppement venu de l'extérieur, les terroirs non
seulement génèrent leurpropre développement, mais
structurent et organisent ce développementredevenu "honorable", et non
plus marginal ou "de survie"». Pour Pecqueur (2001), le
développement local est une pratique de valorisation des ressources, qui
correspond non pas à un repli défensif, mais à une
adaptation alternative aux contraintes qui jusque là entravent le
développement des pays africains. Il est rejoint par des responsables et
présidents de conseil élus africains qui ont conclu, à
l'atelier « approche territoriale du développement en
Afrique » du 12 au 14 Mai 2008 à Tanger, que le
développement local est une orientation stratégique pour les
gouvernements africains pour assurer un développement durable,
équilibré et garantissant la cohésion sociale.
Parlant des outils au service du développement local,
Landel-Milles et Derageldin (1991) désignent l'usage de
l'autorité local, la pratique de l'auto-contrôle et la gestion
rationnelle des ressources endogènes.Leloup, Moyart et Pecqueur (2003),
pour leur part, mettent l'accent sur la promotion de la décentralisation
et gouvernance locale. Selon Jean Walline juriste français, la
décentralisation est un transfert de pouvoirs de décisions vers
des collectivités territoriales, en tant qu'entités
infranationales disposant des autorités librement élues au
suffrage universel, à qui on a reconnu des intérêts
distincts et la compétence de gérer elles-mêmes ou de faire
gérer par leurs élus leurs intérêts. La
décentralisation consiste donc en une organisation juridico-politique
des espaces nationaux qui, de l'avis de l'anthropologue Minguet, ne peut
advenir sans une volonté et une intervention du politique et du
législatif. Ceci fut aussi souligné à l'atelier de Tanger
(12 au 14 mai 2008) qui reconnaît « que passer d'une gestion
centralisée des Etats à une approche contractuelle avec les
acteurs locaux, doter les collectivités des compétences requises
pour assumer leurs responsabilités et asseoir les pratiques de la bonne
gouvernance sont autant de défis pour les gouvernements africains pour
réussir le choix de l'approche territoriale du
développement ».
Malheureusement, cette volonté d'intervention du
politique et du législatif continue de faire cruellement défaut
dans les états africains, entretenant ainsi le cercle vicieux du sous-
développement marqué par la dégradation des conditions et
du cadre de vie notamment dans les terroirs ruraux comme Assomé.
· La dégradation des conditions et du
cadre de vie
Olivieri dans la préface de la revue "Notre Libraire,
n° Double 66-67 d'Octobre-Décembre 1982", estime que le rapport
romantique entre les sociétés rurales et la nature en Afrique,
comme l'image bucolique d'un univers agreste et harmonieux, semble avoir
vécu. De nos jours pour s'adapter au contexte économique mondial
et pour sortir de l'état de pauvreté endémique qu'il leur
impose, les populations rurales sont plus que jamais appelées à
surexploiter les maigres ressources de la nature. Ce faisant, elles se
retrouvent au centre d'un cercle vicieux qui selon Timberlake (1990)
entraîne la ruine de l'environnement avec les conséquences fatales
pour la vie. Ogoundé (1998) parle de délabrement du paysage rural
qu'il impute au déséquilibre entre la trilogie «
démographie - agriculture - environnement naturel ». Il
s'accorde ainsi avec Tchamié (1988) qui soutient que sous l'effet de
l'accroissement démographique et de l'urbanisme qui ont accru les
besoins de l'homme, les paysans ont développé des
stratégies dégradantes vis-à-vis de la nature. Ils
modifient ainsi dangereusement les équilibres écologiques
d'origine au profit de nouveaux équilibres plus fragiles et
difficilement gérables à en croire Ayivi (2007). Timberlake
(1988), mettant en exergue la dégradation indiscutable du milieu naturel
et rural africain, l'attribue à la négligence dont sont victimes
les populations rurales, de la part des autorités, au profit des
citadins. Ces derniers ont voulu maintenir les prix des denrées
alimentaires au niveau le plus bas. De ce fait, ces autoritésont
forcé les populations rurales à abuser des ressources des zones
agraires qui se sont considérablement fragilisées. De même
Dumont et Mottin (1982) mettent l'accent sur la marginalisation des paysans
africains dans un environnement de plus en plus dégradé et
hostile du point de vue écologique. Par ailleurs, tous les auteurs
s'accordent à dire que cette dégradation écologique se
reflète à travers celle de ses composantes fondamentales que sont
la végétation et le sol.
Concernant la première composante, la
végétation, le phénomène se traduit selon
Etsè (1997) et Ogoundé (1998) par la diminution voire
l'anéantissement quasi total de celle-ci (forêt
mésophile), de la densité et de la diversité des
espèces herbacées et ligneuses, surtout sur les plateaux de terre
de barre de la région maritime où les densités
élevées selon Schwartz (1984), Gnongbo (1996), Houédakor
(1997) et Aklamanu (1998) ont conduit à l'extension des superficies
emblavées et leur mise en valeur continue suite à la suppression
de la jachère.
Quant à Azanlékor (1986), Lakoussan (1998),
Djangbédja (2000) et Aliti (2006), ils déplorent l'ampleur de la
destruction des paysages végétaux dans les zones d'extraction de
phosphates à Hahotoé et de galets et sables dans la basse
vallée du Zio. Selon ces auteurs, l'activité extractive
industrielle ou traditionnelle laisse derrière elle, un paysage de
désolation marquée par la suppression systématique du
couvert végétal et la dégradation complète des sols
rendant difficile toute possibilité de reconquête de la
végétation. Pour Houédakor (1997), cette
dégradation est un frein au développement car l'absence d'arbres
perturbe la composante importante qu'est le sol, dont la dégradation de
structure (perte de cohérence et de pulvérulence sur le plateau
continental, augmentation de cohérence dans les basses terres,
bas-fonds, vallées et plaines alluviales) est suivie de
l'appauvrissement en éléments minéraux, de la baisse de
capacité de rétention en eau et de teneur en matières
organiques comme Ogoundé (1998) et Aklamanu (1998) l'ont
démontré dans le Sud-Est du Togo. Par conséquent,
l'érodibilité des sols augmente sensiblement et se manifeste par
l'élaboration des formes spectaculaires. Cet aspect de la
dégradation des sols déjà abordé par Poss et Rossi
(1985), Ayéna (1989), Démakou (1998), Kankpénandja (2005)
dans les régions de la Kara et des Savanes au Togo se retrouvent
également et d'une manière plus sévère dans la
basse vallée du Zio où, en raison des versants longs et à
pente très faible, le ruissellement s'accumule, prend de l'ampleur et
de la vitesse si l'on se réfère à Adjari (2006). Gnongbo
(2003), à cet effet, parle d'un système de ravinement brutal et
spectaculaire à l'issue de très fortes précipitations.
Pour Séwonou (2007), il s'agit d'une véritable crise
morphogénique déclenchée par les activités des
populations en quête du mieux-être social et économique.
Pour ce faire, elles exploitent leur milieu naturel par des activités
agricoles et surtout l'extraction de gravier et sable. Les effets pervers de
ces activités sont exacerbés par la pente et la nature des
formations superficielles.
Outre ces dégradations physiques et mécaniques,
Akibodé (2000) a mis en exergue la périodicité des graves
inondations que connaît la basse vallée du Zio. Cette
périodicité selon Gnongbo (1996) et Agbéwornou (2008) est
la résultante des crues des différents fleuves et
rivières, suite aux pluies diluviennes pendant les périodes
d'hivernage. Selon Klassou (1996), ces crues sont des phénomènes
fugaces mais redoutables du fait de leur puissance destructive. En prenant pour
exemple le fleuve Mono, il conclut à la nature tropicale et
exclusivement pluviale du régime des cours d'eau du bas-togo, dont les
crues sont expliquées par l'effet cumulé de la concentration puis
de la forte intensité des pluies diluviennes dans leurs hauts bassins.
En ce qui concerne les inondations que provoquent les crues dans les basses
vallées, tous ces auteurs soulignent leur brutalité et leur
violence, et les énormes dommages sur le plan humain et
économique. A cet effet, Obasi, président de l'OMM1(*), estime à près de
250.000 victimes et 50 à 100 milliards de dollars US, les
dégâts matériels consécutifs aux inondations dans le
monde. Toutefois, Klassou (1996) souligne que les crues sont porteuses d'espoir
au plan agricole, en plus des gains de la pêche.
Les répercussionsde toutes ces formes de
dégradation sont dramatiques pour les populations rurales. La
pauvreté devient endémiques'accentue et se
généralise. Pour cause, la nature qui offre les ressources
alimentaires et économiques aux populations, n'est plus en mesure, oudu
moins, pas pour longtemps encore, d'assurer la satisfaction de ces besoins
vitaux. A cet effet, Aklamanu (1998) pense que les rendements agricoles ont
considérablement diminué, les revenus tirés de
l'exploitation commerciale des forêts s'amenuisent et les paysans
éprouvent d'énormes difficultés à passer les
périodes de soudure et à assumer les besoins financiers. Les
déperditions scolaires sont très fréquentes et l'exode
rural s'intensifie.
Face à cette situation, Tcheinti-Nabine (2000) affirme
qu'il est donc plus urgent de mener des études et d'envisager des
palliatifs afin que les populations rurales répondent au mieux à
leurs besoins quotidiens sans toutefois porter préjudice à la
capacité des générations futures de répondre aux
leurs. Dans cet ordre d'idées, Aklamanu (1998) pense qu'il faut amener
les paysans par la maïeutique à découvrir les actions de
restauration du milieu. Il suppose que l'échec des différentes
actions menées pour résoudre le problème de
dégradation des paysages, résulte de la difficulté de
communiquer aux paysans les résultats des recherches
élaborées dans les stations. Ces résultats ont du mal
à être intégrés dans le contexte socio
économique et culturel des paysans parce qu'ils restent au niveau de la
connaissance pure. Il est donc impérieux de mettre en oeuvre des
programmes de conscientisation des paysans qui puissent les amener à
gérer les différentes connaissances (l'arbre, la couverture
végétale, l'érosion,...) pour que cette coordination
aboutisse à des découvertes. En effet, les paysans, qui auront
« découvert » le principe de conservation de leur
environnement, mettront en oeuvre automatiquement ces innovations techniques
parce que tout esprit humain essaie ce qu'il a
« découvert » pour en vérifier
l'authenticité.
L'apport de l'ensemble de ces ouvrages lié à
notre problématique nous permet d'affirmer sans trop exagérer
qu'il existe une rupture entre le couple « développement -
environnement naturel » d'où l'émergence de nouveaux
concepts comme le développement durable et développement local.
C'est cette problématique d'ordre socioéconomique et
environnemental que nous voulons mettre en relief dans le terroir
d'Assomé à travers l'analyse de son paysage.
Ø Les campagnes de
terrain
Nous avions organisé deux campagnes de terrain à
partir desquelles nous avons établi la situation de
référence de la zone de recherche.
La première s'était déroulée
pendant la grande campagne agricole d'Avril - Juillet 2008. Le paysage a
été exploré afin d'observer, de décrire, de
photographier et de schématiser les différents aspects physiques
et humains qui le caractérisent. Plusieurs transects ont
été définis et une attention particulière a
été portée à la nature des paysages
végétaux et pédologiques, aux détails
topographiques, à l'occupation de l'espace et à sa mise en valeur
de même que les différentes formes de dégradations que
subit le paysage. En outre, les nombreux entretiens avec les membres de la
collectivité locale et les personnes ressources ont permis de recueillir
des informations sur l'historique du village, les rites et traditions
ancestrales et les conditions de vie de la population.
Dans le courant du mois d'Août 2008 nous avons de
nouveau sillonné le terroir, à la suite des dernières
inondations survenues dans la basse vallée du Zio afin de mesurer
l'impact de cette catastrophe sur le paysage et les populations. Une campagne
spéciale de "géoréférencement" a été
organisée entre le 05 et le 15 octobre 2009 pour bien délimiter
le terroir et les entités qui organisent l'espace.
Les résultats issus de cette démarche
méthodologique et la documentation en général permettent
d'articulerle mémoire autour de trois grandes parties.
La première partie constituée de quatre
chapitres s'intitule Milieu et Environnement d'Assomé. Il
présente dans le détail les aspects physiqueset humains
généraux,les processus d'évolutionet la
caractérisation actuelle (dégradation) du paysage. La
deuxième partie pour sa part fait découvrir en trois chapitres
les cadres cadre juridique et administratif, économique,
socio-anthropologique et l'organisation de l'espace d'Assomé sous le
titre principal de contexte du développement à Assomé.
Alors que la troisième partie dénommée vision et risque du
développement analyse sur trois chapitres le contexte du
développement à Assomé, en dégage les contraintes
et les atouts avant de proposer des orientations pour le développement
humain durable et harmonieux du terroir.
Les difficultés de l'étude
Durant les travaux de terrain, nous avons rencontré de
nombreuses difficultés, principalement au cours de la campagne de
géoréférencement des limites du terroir d'Assomé.
En effet, dans le contexte d'un litige foncier entre la famille Agbaléti
d'Assomé et la communauté de Daviè-Zogbé, cette
dernière en voyant le GPS nous ont pris pour un géomètre.
Malgré nos explications nous avions été
appréhendés (mon guide et moi), et amenés à la
gendarmerie d'Adétikopé avec le matériel. Il a fallu alors
l'intervention du commandant de brigade et notre directeur de mémoire
par téléphone, pour que nous soyons libérés.
Après notre libération, il nous a été formellement
interdit de revenir dans la zone.
Première partie :
Milieu
et
Environnement
d'Assomé
Un espace géographique est un système
organisé dynamique et évolutif de facteurs naturels et
humains. Le climat y conditionne la nature de la végétation qui
à son tour détermine l'évolution des sols. Aussi les
activités humaines qui s'y déroulent, ont-ils des effets directs
ou indirects, immédiats ou à long terme sur ce système
écologique. Il sera donc question d'étudier dans ce chapitre les
caractéristiques physiques et humaines le terroir d'Assomé.
Chapitre 1 : LE PAYSAGE PHYSIQUE
Les caractéristiques physiques générales
du terroir d'Assomé s'identifient à celles du cadre
géographique global de la basse vallée du Zio dans laquelle
s'inscrit le site du village d'Assomé avec ses
spécificités qui lui confèrent une certaine
originalité.
La singularité de ce terroir par rapport aux terroirs
voisins, réside dans l'aspect étagé de son site. On y
distingue nettement deux entités morphologiques à savoir la
terrasse alluviale et plaine d'inondation du Zio raccordées par un long
talus à pente faible (9%).
La terrasse est traversée par une large vallée
sèche la sectionnant en deux petites entités. La première
que l'on peut appeler « le plateau d'Assomé »,
constitue le site du village d'Assomé avec toutes ses infrastructures.
La seconde nommée kpota2(*) par les habitants, se trouve au Sud-ouest de la
première et constitue la principale zone d'extraction de gravier.
La vallée, large d'environ 800 mètres, est
exploitée à des fins agricoles et communique avec la plaine
alluviale. Cette dernière s'étend au pied de la terrasse jusqu'au
lit du Zio sur près de 5 km.
1.1. Le contexte
géologique
Le terroir d'Assomé se situe dans un contexte de
formations géologiques nées de l'orogenèse panafricaine
vieille d'environ 600 millions d'années dans la chaîne des
Dahoméïdes, sur lequel repose le bassin sédimentaire
côtier issu de l'évolution post paléozoïque (Gnongbo,
1996). Elle constitue l'unité structurale de la plaine
bénino-togolaise formée essentiellement du socle et du bassin
sédimentaire.
1.1.1.
. Le socle
Il constitue le soubassement du relief dans le Sud-Togo. Il se
trouve en affleurement dans la zone de contact entre le socle et le bassin
sédimentaire côtier qui se situe au Nord-Est d'Assomé. Il
s'agit d'un ensemble de formations d'âge archéen ayant subi le
cycle tecto-métamorphique libérien. Il est
représenté par des formations gneisso-migmatiques et des
ortho-gneiss ces derniers se remarquent par leur
hétérogénéité. On peut donc distinguer des
ortho-gneiss à méta diorites quartzitique à biotite, et
d'autres qui sont fins à deux micas. Les migmatiques, d'autre part, sont
constituées de biotite et de muscovite.
1.1.2.
Le bassin sédimentaire côtier
Le bassin sédimentaire côtier d'âge
crétacée supérieure et tertiaire est
représenté par une étroite bande de 30 à 50 km
à l'extrême Sud-Togo. Il constitue une petite portion du vaste
domaine allant du Ghana au delta du Niger. Il s'agit du bassin
éburnéo-nigérien (Mestraud, 1970) cité par (Tastet,
1975) dont le BRGM (1982) en a réalisé la coupe structurale
(figure 1). De même, Johnson (1987) en a dressé un tableau
stratigraphique (tableau 1).
Tableau 1: Données
sur la stratigraphie du bassin sédimentaire côtier
SLANKY 1959
|
FORMATIONS
|
JONHSON 1987
|
?
|
Continental
|
?
|
EOCENE
|
Moyen
|
Phosphate
|
Moyen
|
EOCENE
|
Inférieur
|
Marnes phosphatées
|
Inférieur
|
PALEOCENE
|
Supérieur
|
Argiles attapulgites
|
Inférieur
|
Calcaires marneux
|
Supérieur
|
PALEOCENE
|
Sable de tabligbo
|
Inférieur
|
CRETACE
|
Supérieur
|
Sables, argilites, calcaires
|
Supérieur
|
CRETACE
|
Source : Johnson (1987)
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du4.png)
Extrait de Gnongbo, 1996
Figure 1: Coupe
structurale du bassin sédimentaire côtier du Togo dans sa
partieoccidentale(d'après le B R G M, 1982)
C'est un relief monoclinal peu élevé. Les
différentes formations que l'on retrouve sur cette bande
sédimentaire sont connues grâce aux multiples travaux
géologiques effectués dans le cadre des projets d'hydraulique
villageoise. Le bassin sédimentaire côtier est composé de
formations détritiques allant du Maastrichtien à l'Eocène
et des dépôts post Eocène appelés Continental
Terminal.
1.1.2.1. Le Maastrichien
Directement transgressifs sur le socle, les
dépôts du maastrichtien sont dominés par la combinaison des
faciès quartzo-détritiques. Localement, les dépôts
sommitaux sont représentés par un épisode
grossièrement détritique de sables et de graviers roulés
d'origine fluvio-deltaïque. Ils marquent l'amnésie fini
maastrichtienne ou le faciès fini crétacé. On a ainsi
découvert que le bassin sédimentaire côtier n'a pas
échappé aux influences de la structure du socle sur lequel il
repose. Son étude pétrographique montre qu'il est
constitué de dépôts sédimentaires variés.
A la base, nous avons des formations marno-calcaires aux
intercalations de sable et d'argile et au sommet des dépôts sablo
argileux du continental terminal comportant un faciès inférieur
de sables fins et un faciès supérieur grossier avec des niveaux
de conglomérats et parfois de galets roulés.
1.1.2.2. .Paléocène
Il est marqué au nord par des dépôts
argileux à sablo-argileux gris condensés relevant du domaine
infra littoral proximal. Plus au sud c'est le faciès marneux à
marno-sableux. Une série marno-argileuse grise succède aux
calcaires. Ces dépôts appartiennent à une plateforme
extrême avec confinement du fond marin.
1.1.2.3. Eocène
Il existe trois types dépôts de
l'éocène :
§ éocène inférieur : il s'agit de
dépôts marno-argileux qui se perpétuent avec des
dépôts quartzo détritiques.
§ éocène inférieur terminal moyen :
elle débute par une épisode d'argile à attapulgite
précédant les calcaires argileux souvent phosphatés
tendant à devenir argilo marneux.
§ éocène moyen: la sédimentation y
combine marnes et argiles gris foncé à ocre et des calcaires
organiques parfois dolomitiques.
1.1.2.4. Le continental terminal
Il s'agit en réalité d'une structure monoclinale
élaborée dans les formations sablo argileux que Johnson (1987)
appelle la série détritique supérieure reposant en
discordance sur le socle avec une base érosive sur la série
marine. Il est constitué de dépôts détritiques,
(sables, argiles, graviers) à granulométrie variée souvent
bariolés et rubéfiés. Le continental terminal
présente ses fortes épaisseurs au Nord à l'aplomb du
plateau de Tsévié et au Sud, il plonge en direction de la
côte actuelle. Selon Slansky (1962) le continental terminal est
très peu développé au niveau du bassin versant du Zio. Il
est disséqué d'Ouest en Est par les vallées du Zio, du
Lili et du Haho et ensuite du Nord au Sud par la dépression de la Lama.
Cet émiettement donne ainsi un ensemble de petits plateaux. Il y a ceux
du Nord : les plateaux de Fongbé de Kouvé et de
Tsévié dans lequel se loge la terrasse qui constitue le site
d'Assomé, et ceux du Sud : les plateaux de Noépé -
Agoènyivé, Kpogamé et celui de Vogan - Attitogon.
1.1.2.5. Les Terrasses
Les terrasses sont des constructions alluviales ou des
accumulations « en forme de gradins au dessus du nouveau lit par
l'intermédiaire d'un talus plus ou moins raide » R. Coque
(1977). Celles de la basse vallée du Zio forment selon Gnongbo (1989 et
1996), un système de paliers déposés le long des versants
du cours d'eau (figure 2).
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du5.png)
Source : Gnongbo, 1996
Figure 2: Coupe
schématique des terrasses alluviales de la basse vallée du
Zio.
Ces paliers se différencient les uns des autres par
l'altitude, la nature du matériel piégé, le degré
de ferrugination ainsi que l'induration. De ce fait, on distingue trois
terrasses dans la basse vallée du Zio.
La première, qui est la plus ancienne, se situe au
dessus des autres avec une couche de matériel grossier fortement
indurée. C'est sur cette terrasse que se situe le terroir
d'Assomé qui fait l'objet de cette étude.
La deuxième de ces terrasses occupe une position
intermédiaire entre la plus ancienne et la plus récente et est
dénommée la terrasse moyenne. La taille de son matériel
est plus réduite que celle des galets de la haute terrasse.
La troisième terrasse est la plus récente et se
différencie des autres par la finesse du matériel
déposé et sa couleur grise qui tranche avec celle des anciennes
terrasses plus ou moins rouge. De même, elle s'oppose de par sa texture
aux alluvions grossières constituées de gravillons, de galets et
de graviers que renferment les anciennes terrasses. Ce matériel n'est
autre que des sables, des argiles et des limons. Sa surface relativement
plane est parsemée de quelques zones exondées. Elle coïncide
avec la vallée d'inondation actuelle du Zio et surplombe le lit du cours
d'eau par des berges relevées.
La haute terrasse de la basse vallée du Zio a sa plus
grande représentation sur la rive gauche. Elle y est présente en
discontinuité sous forme de lambeaux qui s'accrochent aux plateaux du
Continental Terminal. On retrouve ces discontinuités du Nord au Sud
à Assomé et à Adétikopé (carte 2). Elles se
trouvent à une position topographique de plus de 40 mètres
(Gnongbo, 1989) et renferment des galets de quartz de grande taille (4
à 10 cm) qui sont soudés les uns aux autres par une matrice
fortement indurée, essentiellement sablo-argileuse rouge. Un transects
suivant le tracé AB (carte 2) a révélé le profil
transversal de la figure 3.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du6.png)
Campagne de terrain, avril 2008.
Carte 2 : Disposition des
terrasses de la Basse Vallée du Zio
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du7.png)
Figure 3: Coupe
transversale de la basse vallée du Zio suivant le tracé
AB
Les galets sont des matériaux de transport alluvial qui
proviendraient « sans l'ombre d'un doute d'une province du socle
granito-gneissique immédiatement en amont et qui comporte certainement
des filons de quartz ou tout au plus d'une région du haut bassin
atakorien de formation quartzitique » (Gnongbo, 1996). Leur
accumulation sur place s'explique par leur abandon par le Zio à la suite
d'un changement hydrodynamique qui n'était plus favorable à leur
transport.Ils sont ensuite recouverts par un important manteau colluvial de
nature argilo-sableuse venant du continental terminal, et dont
l'épaisseur varie de 1 à 3 m dans les carrières à
Assomé. Le profil vertical du sol fait découvrir sa
stratification (photo 1) qui diffère d'une carrière à
l'autre (figures 4, 5 et 6).
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du8.png)
Figure 3 : Coupe dans une carrière d'extraction
de gravier sur le versant au Sud d'Assomé
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du9.png)
Photo 0 :
Vue du profil vertical du sol dans une carrière à
Assomé
22
Source : Campagne de
terrain, Avril 2008.
0
1
2
3
4
H0
H1
H2
H3
H5
H4
5
LEGENDE
H0 : horizon humique avec enracinement de
couleur grise (30 cm)
H1 : horizon sablo-argileux rouge avec
enracinement et débris végétaux (80 cm)
H2 : horizon argileux avec présence de
granule et gravillon (40 cm)
H3 : horizon à galets et gravillons
avec une matrice faiblement indurée de couleur rouge tachetée de
rouille (120 cm)
H4 : horizon à galet
piégé dans une matrice fortement endurée. Tâches
rouille d'oxyde de fer et jaune de manganèse avec présence de
blocs de poudingue (2m)
H5 : horizon argileux sous-jacent
Figure 5 : Coupe dans une carrière à
Kpota au
Sud-Est d'Assomé
0
1
2
3
H1
H2
H3
LEGENDE
H1: horizon sablo-argileux à argileux de
couleur rouge (150cm)
H2: horizon à galet et gravier fortement
induré de couleur rouge (2cm)
H3 : horizon argileux sous-jacent
Figure 6 : Coupe dans
une carrière à Kpota au Sud-Est d'Assomé
Figure 5 : Coupe dans
une carrière d'extraction de gravier au milieu des habitations à
Assomé
23
Source : Campagne de terrain, Avril
20080
1
2
3
4
H0
H1
H2
H3
H5
H4
5
La disposition des galets n'indiquant aucune orientation
préférentielle (photo 2), on pourrait conclure alors que le
dépôt a été fait en vrac. Ce qui est confirmé
par la présence, sur certains galets, de traces de percussions issues
des chocs lors de la chute (Gnongbo, 1989). Il s'y est donc constitué
des couches ou horizons de matériaux grossiers où les galets et
les graviers sont pris dans une patine ferrugineuse dont l'induration se
renforce au fur et à mesure que l'on évolue en profondeur. On
note aussi par endroit et à profondeur variant entre 1 et 2 m, un
horizon ferrugineux avec une faible présence de graviers et de galets
qui surmonte les couches de graviers. Ce qui suppose que la terrasse a
probablement été dégradée et remaniée sur
place ; en témoigne les gros blocs de poudingue exhumés dans
les carrières de Kpota au Sud-Est du village (Photo 3).
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du10.png) Photo2
Photo3
Source : Campagne de terrain, Avril
2008
Photo 1 : Vue partielle
d'une couche de gravier fortement indurée.
Photo 2 : Bloc de
poudingue exhumé dans une zone d'extraction.
A certains endroits de la vallée sèche notamment
au Sud d'Assomé, se retrouvent des couches de graviers surmontées
par des horizons de matériels détritiques constitués de
sables fins de couleur blanchâtre. C'est en fait un manteau de sables
blancs fortement lessivés comportant des strates subhorizontales de
couleur brune roux. Elles indiquent un dépôt d'oxyde de fer
effectué probablement lors des phénomènes de battement de
la nappe sous jacente (Gnongbo, 1996). Le matériel extrait à ce
niveau est dénommé " gravier blanc" à cause de sa teinte
blanche.
1.2. Contexte
géomorphologique
La géomorphologie de la zone d'étude est
marquée par l'aspect étagé du relief qui
révèle deux unités morphologiques à savoir : le
plateau de Tsévié et la haute terrasse alluviale du Zio.
1.2.1.
Le plateau de Tsévié
Il s'inscrit dans l'ensemble de la série Nord des
plateaux de terre de barre du Continental Terminal. Son altitude varie entre 60
et 100 m et surplombe la plaine granito-gneissique au Nord par un talus de
près de 20 m de dénivellation. Il est légèrement
incliné vers le Sud-Est. Sa surface topographique est
ondulée par endroits des dépressions sèches de l'ordre de
300 à 500 m de large avec des versants à pente douce (1 à
2 %). Ces dépressions constituent des accidents localisés dont
les origines témoignent des affaissements et des tassements dans les
formations argilo-sableuses du Continental Terminal.
1.2.2
La terrasse alluviale
La terrasse alluviale fait partie du système de
terrasses étagées déposées en contrebas des
versants de la basse vallée du Zio. Elle représente, à
Assomé, la formation alluviale la plus ancienne et la plus haute. Elle
se retrouve logée dans le versant sud-ouest du plateau de
Tsévié, et surplombe la moyenne et la basse terrasse
respectivement de 20 et 40 m. Elle est coupée en deux par une large
dépression à pente forte et abrupte par endroit qui ceinture la
localité d'Assomé. Le paysage donne ainsi l'impression que l'on
se retrouve en face de deux mini plateaux: le plateau d'Assomé et
le plateau de Kpota au Sud-Est du village d'Assomé (l'expression kpota
signifiant le sommet, est le nom donné à l'entité
situé de l'autre coté de la dépression). Il s'agit en
effet d'une vallée allongée dont certaines parties
marécageuses recueillent les eaux de ruissellement et les eaux de crue
du Zio. Le sol à ce niveau est constitué d'argile de couleur
grise - noire sur lequel se développent les activités
agricoles.
La haute terrasse d'Assomé est directement
raccordée à la basse terrasse sablo-limoneuse par un talus long
et peu sensible à l'entrée du village d'Assomé en venant
de Kovié et par un talus court légèrement abrupt à
l'entrée d'Adétikopé.
1.2.3.
Le bassin versant du Zio
C'est une plaine d'accumulation dont la surface topographique
correspond au sommet d'un remblaiement de la basse vallée. Elle
résulte des apports plio-quaternaires constitués d'alluvions de
texture sablo-argileuse provenant probablement de l'altération dans la
zone de socle cristallin (Akibodé, 2000).
En amont du contact socle / bassin sédimentaire, la
haute vallée alluviale forme une bande étroite et allongée
en « V » sur près de 90 km avec des pentes de l'ordre de
32%.
En aval, la basse vallée s'ouvre en forme d'entonnoir
en direction de son embouchure. Elle se présente en forme d'un
« U » largement ouverte, mais très faiblement
encaissée. Les dénivellations sont généralement de
l'ordre de 1 à 2 mètres et la valeur des pentes est de faible
à nulle (entre 0,2 et 0,7 %). Elle est parsemée d'un chapelet de
cuvette de décantation qui sont envahies par les eaux pendant les
périodes de crues. Cette configuration du bassin versant du Zio à
savoir :
§ vallée étroite en « V »
avec des pentes relativement élevée en amont ;
§ vallée en « U » largement
ouverte et pentes faibles à nulles à l'aval expliquerait la
§ forme brutale et inattendue des inondations qui
surviennent dans la basse vallée du Zio.
1.3. La pédologie
La pédologie dans le terroir d'Assomé se
résume à trois types de sols liés à la morphologie
caractéristique de la basse vallée du Zio (carte 3). En effet,
les sols ferralitiques se rencontrent sur les plateaux de terre de barre et les
hautes terrasses. Les versants sont quant eux dominés par les sols peu
évolués d'apport et non hydromorphes alors que dans la basse
plaine on retrouve les sols hydromorphes.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du12.png)
Gnongbo(1996) actualisée par Adjaho (2009)
Carte 3 :
Pédo-morphologique de la Basse Vallée du Zio.
1.3.1.
Les sols ferralitiques
Les traits dominants de la terre de barre sont, sans doute,
ceux des sols ferralitiques (Klassou, 1996). Ce sont des sols profonds qui
surplombent de deux à trois mètres une couche de graviers
roulés en place (Figure 7). Ils sont caractérisés par la
prédominance des actions d'oxydation du fer qui leur donne une couleur
rouge. La texture est sablo-argileuse en surface alors qu'en profondeur elle
est de nature argilo-sableuse. Ils possèdent une bonne fertilité
et une aptitude hydraulique assez bonne. Selon une étude
agro-pédologique menée sur la terre de barre, par l'Institut
National des Sols (INS, 1987), ces sols sont perméables et bien
adaptés à la culture de maïs, du haricot et du manioc.
0
1
2
3
4
H0
h1
h2
H1
H2
H3
LEGENDE
H0 : Horizon humique de
couleur brun rouge à foncé avec enracinement abondant(15cm).
H1: Horizon sablo-argileux
à argileux avec processus de rubéfaction et enracinement (210
cm)
h1 : Horizon sablo-argileu rouge
brun(80cm).
h2 : Horizon argilo-sableux
couleur rougeâtre avec enracinement modéré(120cm).
H2 : Horizon à gravier
et galet piégés dan une matrice ferrugineuse indurée avec
présence de poudingue (2 m).
H3 : Horizon
argileux sous jacent.
Source : Campagne de terrain, Avril
2008
Figure 4 : Profil d'un sol
ferralitique à Assomé
1.3.2.
Les sols peu évolués d'apport non hydromorphes
On les retrouve sur les versants en direction de la basse
vallée du Zio. C'est une série de sols argilo-sableux à
sableux lessivés, formés par les colluvions fines (Sewonou,
2007).Ils forment un terme de passage entre les sols faiblement ferralitiques
et les sols hydromorphes et sont des sables décalcifiés.
1.3.3.
Les sols hydromorphes.
Ce sont des sols soumis à un engorgement temporaire ou
permanent. Ils sont le plus souvent d'apports alluviaux et colluviaux qui se
forment dans la plaine d'inondation du Zio et dans certaines zones
déprimées où l'eau stagne pendant une période plus
ou moins longue de l'année. Ce sont des sols de couleur gris-brune, avec
une texture argilo-limoneuse à sableuse. Ils sont homogènes
(Figure 8), argileux, pâteux, et virent quelques fois au noirâtre
avec des traces d'oxyde de fer (rouille).
0
1
Figure 5 : Profil de sol
hydromorphe aux abords du Zio
1.4. La
végétation
Le paysage d'Assomé est dominé par une
végétation qui reflète celle de la basse vallée du
Zio dont il fait partie. Il s'agit de la savane arbustive avec un
cortège floristique riche en espèces appartenant à
plusieurs genres. Elle est composée d'une strate arborescente
supérieure, d'une strate arborescente inférieure et d'une strate
herbacée (figure 9).
W NE ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du13.png)
Légende
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du14.png)
Source : Gnongbo (1989)
Figure 6 :
Toposéquence à l'entrée de la basse vallée du Zio
entre Mission-Tové et Assomé
o La strate arborescente supérieure comporte des
ligneux dont la taille est supérieure à 15 m. Ses espèces
sont le Ceiba pentadra, l'Adansonia digitata, l'Antiariis
africana, le Bambousa vulgaris, Barassus aethiopum, le Phenix
reclinata, etc. Le taux de recouvrement de cette strate est très
faible (10 à 15 %).
o La strate arborescente inférieure et arbustive a une
hauteur de 3 à 10 m avec un taux de recouvrement de 35 à 40 %.
Elle est constituée par les espèces de savanes guinéennes
telles que le Vitellaria paradoxa, le Terminalia glauxesens
et le Morenda lucida.
o La strate herbacée, de plus de 2 m de haut, est
dominée par l'andropogon gayanus, le Pacicum maximus
et l'Imperata cylindrica. Son taux de recouvrement dépasse les
50%. C'est une formation végétale très verdoyante pendant
la saison des pluies. Elle se dessèche particulièrement au niveau
de la strate graminéenne au cours de la saison sèche.
D'après cette description floristique, il
apparaît de façon générale que c'est une
végétation plus ou moins ouverte riche en espèces
arborescentes à tapis graminéen important qui colonise toute la
basse vallée du Zio. Cependant, il faut signaler qu'il existe à
certains endroits tels que Kovié et surtout Assomé des traces de
forêts reliques, considérées par les populations comme
sacrées. Elles s'identifient par une strate supérieure de plus de
30 m de haut dont les espéces les plus fréquents
sontl'Ecalophobia duipifera, le Cola gigantea, le Cola
milleni, le Ceiba pentandra.
Ceux-ci sont probablement des forêts galerie qui
s'étendaient le long de la rivière Zio dont la migration du lit
à travers le paysage a été démontrée par
Gnongbo (1989) en témoignent les dépôts de graviers de la
forêt sacrée à Assomé.
1.5. Le climat
Assomé fait partie de la basse vallée du Zio,
qui comme toutes les unités morphologiques de la Région Maritime
(RM), évolue de nos jours sous un climat de type
équato-guinéen à quatre saisons dont deux pluvieuses
entrecoupées par deux sèches. Cependant, un fait notable demeure
l'anomalie de ce climat marquée par sa très faible
pluviométrie et l'irrégularité des précipitations
au cours de l'année, par rapport aux régions méridionales
du Ghana et du Bénin voisins.
1.5.1.
Les saisons
1.5.1.1. Les saisons pluvieuses
Il en existe deux dont une grande et une petite. La grande
saison pluvieuse s'étale de la mi-mars à la mi-juin avec des pics
entre avril et juin. Alors que la petite saison pluvieuse couvre la
période de la mi-septembre à la mi-octobre.
1.5.1.2. Les saisons sèches
La grande saison sèche survient habituellement de
novembre à mars alors que la petite domine de juillet à la
mi-septembre et s'accentue sur le mois d'août. Cependant ces deux saisons
ne sont pas pour autant écologiquement sèche.
Du fait de manque de données à cause de
l'absence de station météorologique à Assomé, et de
l'inactivité des stations météorologiques
installées dans certaines localités de la basse vallée du
Zio (Tsévié, Alokoègbé), nous nous sommes rabattu
sur la station de Lomé Aéroport qui est la plus proche. Les
données seront ainsi extrapolées sur Assomé.
Malgré le manque de données
complémentaires, celles obtenues sur une période de 30 ans, temps
optimal retenu par l'OMM, nous ont permis de dresser des tableaux et de tracer
ensuite des courbes et diagrammes qui peuvent nous renseigner sur le climat de
la basse du Zio donc celui d'Assomé.
1.5.2.
Les paramètres du climat
1.5.2.1. Les vents
C'est l'un des facteurs du mécanisme climatique du Togo
en général et de la Région Maritime en particulier. La
circulation atmosphérique se caractérise par l'existence d'un
front instable sous l'action de deux masses d'air qui sont l'harmattan et la
mousson.
La mousson ou l'alizé maritime provient de
l'anticyclone de Sainte Hélène très actif en hiver
austral. Il est constitué au départ d'une masse d'air chaud et
sec de direction Sud-Estqui se charge d'humidité lors de la
traversée de l'océan avant d'aborder le golfe de Guinée
dans la direction Sud-Ouest, dévié par la force de Coriolis au
niveau de l'Equateur.L'alizé continental chaud et sec chargé de
poussière dérive pour sa part en hiver boréal de
l'anticyclone du Sahara.
1.5.2.2. La température
La température est constamment élevée
avec les moyennes annuelles toujours au dessus de 25°C. Les amplitudes
thermiques annuelles sont faibles et généralement
inférieures ou égales à 10°C. La moyenne mensuelle la
plus faible est relevée en saison des pluies. Le balancement du FIT
(Front Intertropical) au cours de l'année fait descendre l'harmattan,
jusqu'à la côte, au mois de décembre et adoucit un peu le
climat par la remontée de la mousson en Juillet et Août.
Les données de température recueillies sur la
période allant de 1976 à 2003 soit un intervalle de 30 ans
(temps optimum retenu par l'OMM pour déterminer le climat d'une zone)
nous ont permis de déterminer l'évolution des moyennes mensuelles
(figure 10) et celle des moyennes annuelles (figure 10).
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du15.png)
Figure 7 : Evolution
mensuelle des moyennes de température de 1976 à 2005.
La courbe d'évolution mensuelle des moyennes de
température (figure 11) obtenue révèle que les
périodes les plus chaudes de l'année sont les mois de mars et
avril avec 29° C comme température moyenne alors que le mois le
moins chaud est le mois d'août avec une température moyenne de
25.6 °C. Elle traduit également une faible variation thermique dont
l'amplitude est de l'ordre de 3.4 °C.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du16.png)
Figure 8 : Evolution
annuelle des moyennes de températures de 1976 à 2005.
La courbe de la température moyenne obtenue confirme
également la faible variation thermique. L'année 2003 avec une
température moyenne de 28.2°C est l'année la plus chaude
alors que l'année 1976 dont la température moyenne est de
26.3°C est l'année la moins chaude. Ainsi l'amplitude thermique
annuelle est de 1.9°C entre 1976 et 2005. Cependant l'allure croissante de
la courbe traduit une augmentation continue des températures depuis
1976. Ce fait serait probablement dû au réchauffement climatique
global.
1.5.2.3. La pluviométrie
La pluviométrie est le
paramètre qui permet de mieux caractériser le climat en milieu
tropical.
Le climat subéquatorial du littoral est soumis aux
migrations au sol de l'équateur météorologique ou FIT. Ce
qui lui confère un régime pluviométrique de type bimodal
avec deux saisons pluvieuses et deux saisons sèches. La moyenne
pluviométrique de Lomé sur 30 ans (1976-2005) (tableau 2) est de
749,3 mm/an.
Tableau 2 : Moyennes
mensuelles de précipitations de 1976 à 2005.
Mois
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Cumul
|
Lomé
|
9,1
|
18,4
|
54,9
|
98,2
|
145,7
|
163,8
|
63,1
|
20,1
|
69,4
|
82,7
|
17,9
|
6,0
|
749,3
|
Comme l'indique le tableau 2, le cumul des moyennes mensuelles
de précipitations de Lomé entre 1976 et 2005 est 7749,3 mm donc
très faible par rapport à la bande climatique à laquelle
appartient le Bas-Togo. En effet, ailleurs comme Accra ou Cotonou situés
à la même latitude que Lomé, on enregistre des cumuls de
pluies largement supérieurs à 1500 mm voire 2000 mm (normale de
1976 à 2005). Ce déficit de pluies dénote l'existence
d'une perturbation désignée sous le nom de « Anomalie
climatique du Sud-Togo ». Celle-ci est caractérisée par
l'arrivée sur les côtes togolaises du courant marin froid de
Benguela qui crée un refroidissement de la surface marine et
corrélativement celui des masses d'air poussées vers le
continent. Ce phénomène qui rafraîchit les côtes et
réduit les mouvements de convection des eaux est dénommé
UPWELLING. En outre, la position de la côte togolaise est
parallèle aux effets bénéfiques de la pluviosité de
l'alizé maritime. A cet effet Badameli et Tchamié (1998)
affirment que « la côte togolaise se présente comme une
côte fuyante sous le vent ». Selon ces auteurs l'influence de
la chaîne atakorienne, qui rompt les fronts de perturbation en provenance
du Bénin, est indéniable dans la récession de la
pluviométrie du Bas-Togo.
Les totaux annuels ne permettent pas d'apprécier la
répartition des précipitations au cours de l'année
d'où la nécessité de nous intéresser au
régime pluviométrique. D'après Adjoussi (2000), le
régime pluviométrique se définit comme la
répartition de la hauteur des pluies annuelles entre diverses
périodes, le plus souvent entre les divers mois de l'année. Il
permet de suivre l'évolution de la pluviosité au cours des
différentes périodes de l'année. Ainsi à partir du
tableau 2, nous allons mieux apprécier le régime
pluviométrique à travers la figure 12 ci-dessous.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du17.png)
Figure 9 : Evolution
mensuelle des moyennes de précipitations de 1976 à
2005.
La courbe présente deux pics séparés par
deux creux, caractéristique d'un régime bimodal. Le premier pic
qui est le plus important apparaît au mois de juin et correspond à
la grande saison de pluies qui va de mars à juillet parfois. Quand au
second pic, il s'obtient en septembre et correspond à la petite saison
pluvieuse. Les deux creux matérialisent les saisons sèches, l'une
de novembre à février et l'autre en août.
Par ailleurs les moyennes annuelles de précipitations
recueillies sur 30 ans (1976-2005) permettent de déterminer
l'évolution annuelle de la pluviométrie sur cette période
(figure 13).
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du18.png)
Figure 10 : Evolution
annuelle des moyennes de précipitations de 1976 à
2005.
La courbe se présente en dents de scie
démontrant que les quantités de pluies diffèrent d'une
année à l'autre et que d'une manière
générale ces quantités de pluies croissent ou diminuent
considérablement d'une année à l'autre. Cette oscillation
s'explique par la variation des conditions climatiques et
météorologiques d'une année à l'autre. Cependant
ces variations ne sont pas constantes. Il y a assez de fluctuations selon que
les années s'écoulent et des années humides
succèdent aux années sèches.
1.5.2.4. Evaporation et Insolation
L'évaporation varie en fonction de la
température et de l'insolation de la région. Ainsi, elle est
très intense pendant la saison sèche et faible en saison de
pluies. Parfois, elle peut être largement supérieure au cumul
pluviométrique ; c'est le cas en 1990 à Lomé où
l'on a enregistré 2040 mm d'évaporation contre 633 mm de pluie
(PNAE, 1997). La figure 14 ci-dessous montre l'évolution des moyennes
mensuelles d'insolation de la période 1981à 2000 soit une
durée de 20 ans.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du19.png)
Figure 11 : Courbe
d'évolution des moyennes mensuelles d'insolation de 1981 à
2000
On enregistre les minima au mois de juillet et août
où le ciel est suffisamment couvert de nuages. Aux mois de forte
insolation correspond une forte évaporation, un phénomène
par lequel un volume important d'eau s'échappe du sol sous l'effet de la
chaleur. La basse vallée du Zio est relativement recouverte de
végétaux et constamment soumise à une forte insolation.
1.5.2.5. Humidité relative
L'humidité constamment élevée est autour
de 80% et varie peu au cours de l'année (figure 15). Ce fort taux
d'humidité s'explique par la proximité de l'océan
atlantique.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du20.png)
Figure 12 : Evolution
mensuelle des moyennes d'humidité de 1981 à 2000
Les minima ne sont jamais en dessous de 50% et les maxima
avoisinent 100%. En ce qui concerne la moyenne annuelle, elle oscille autour de
70 et 80%. Les maxima sont atteints au cours de la période de mousson
entre juin et août alors que les minima, de leur coté, sont
enregistrés en période d'harmattan c'est à dire entre
décembre et février.
1.6. L'hydrographie
Le Zio est le principal cours d'eau dans la région.
C'est une rivière de type endoréique. Il prend sa source au Mont
Tobadja, sur le versant oriental du plateau de Dayes dans la chaîne
atacorienne à une altitude de 720 m au Nord du village de
Kpèlè-Elé et se jette dans la Lagune Togo. Il parcourt un
bassin versant d'environ 175 km de long et 3 à 8 km de large qui couvre
une superficie de 2.900 km² en passant par la plaine granito-gneissique
avant d'entrer dans le bassin sédimentaire côtier.
La vallée du Zio est très étroite en
amont sur 90 km, car évoluant sur une surface schisteuse et quartzitique
dont la pente est de l'ordre de 32% (Gnongbo, 1989). Elle s'élargie
à l'aval dans le bassin sédimentaire côtier au fur et
à mesure que l'on s'approche de l'embouchure avec des pentes très
faible de 0,1 % (Aliti, 2006).
Le régime hydrologique du Zio est tributaire des
variations pluviométriques saisonnières. En effet, le
régime hydrographique est commandé par une succession de
périodes de crues et de décrues. Les premières
coïncident avec les saisons sèches (Novembre à Mars)
tandis que les secondes correspondent aux saisons de pluies (avril - Juillet et
septembre - octobre) :
§ La période des basses eaux s'identifie à
celle de la grande saison sèche de décembre à mars. Durant
les basses eaux, l'écoulement dans le chenal ne se résume
qu'à des filets d'eau qui s'organisent en chenaux.
§ Les hautes eaux durent environ 5 mois avec deux maxima.
Le premier maximum a lieu vers la fin du mois de juillet et provoque la grande
crue. Quant au second, il se situe entre septembre et octobre. Au mois de
juillet, le débit et la hauteur des eaux augmentent sensiblement sous
l'effet des importantes précipitations qui surviennent dans les plateaux
où le Zio prend sa source. Lorsque ces eaux arrivent dans la basse
vallée où le lit mineur est très faiblement
encaissé, elles débordent et inondent toute la vallée en
provoquant d'importants dégâts. Lors du second maximum
(septembre-octobre) le débit et la hauteur des eaux sont moins
importants que ceux de Juillet de même que l'ampleur des inondations.
En nous référant à Akibodé (2000)
la propagation des inondations, dans la basse vallée du Zio dont les
sols sont déjà gorgés par les précipitations
locales (en Juin et juillet)3(*), est due à la morphologie du bassin versant de
la rivière. D'une part, en amont la haute vallée est
étroite, sa déclivité accusée est doublée de
l'imperméabilité du substrat; des facteurs qui selon Klassou
(1996) assurent l'évacuation rapide des eaux. De l'autre, la morphologie
assez plane de la basse vallée permet l'étalement des eaux comme
dans un bassin de réception.
Dans le haut bassin où l'on enregistre des
précipitations de l'ordre de 1400 à 1700 mm d'eau par an, les
abondantes précipitations de la période d'hivernage alimentent
le Zio dont le débit augmente sensiblement (30 m 3 /s en
période de crue). A la faveur des conditions décrites plus haut,
ces eaux arrivent de manière brutale et inattendue dans la basse
vallée où elles débordent du lit pour submerger les champs
et les villages riverains. Si l'avènement des crues est la manifestation
naturelle du fonctionnement hydrologique du Zio, de nos jours, elles prennent
des proportions particulièrement inquiétantes, à l'instar
de celles qui ont causé des inondations en 2008.
En effet, les pluies diluviennes survenues dans les plateaux
de Dayes dans la nuit du 29 au 30 Juillet 2008, ont provoqué la crue de
la rivière Zio. Par ricochet, l'arrivée des eaux dans la basse
vallée a causé de graves inondations. La localité de
Togblékopé de même que les banlieues nord et est de
Lomé et plusieurs villages situés dans la basse vallée ont
été submergés par les eaux. Les populations ont
été surprises par l'impétuosité des eaux. Plus de
10.000 personnes ont été affectées par ces inondations et
six personnes en sont mortes. Les routes et les chemins de fer sont
inutilisables. Plusieurs ponts dont ceux de Togblékopé et
d'Amakpapé sur la Nationale N° 1 ont été
endommagés.
Chapitre 2 : LE PAYSAGE HUMAIN
La viabilité d'un espace géographique se
définit par rapport à la présence ancienne ou
récente des sociétés humaines. Ces dernières
exploitent l'espace en fonction de leurs technologies et en tirent les
ressources nécessaires à leur survie. Elles impriment ainsi leurs
marques aux territoires et deviennent alors facteurs incontournables dans les
études afférant à ces territoires. Aussi, l'étude
de la population d'Assomé aidera à mieux comprendre l'état
du profil actuel du paysage du terroir. Les éléments
d'intérêts porteront en conséquence sur l'histoire du
terroir, les données démographiques, les caractéristiques
générales de l'habitât et les infrastructures sociales.
2.1. Historique du terroir
d'Assomé
Selon la tradition orale, Assomé aurait pour nom
originel "Assamé" qui veut dire en Ewé « à
l'écart ». Ce terme exprime selon la tradition, la raison qui
aurait poussé Togbui GBAGIDJI, le fondateur du village, à s'y
installer. En effet, Togbui GBAGIDJI craignant pour sa vie à cause des
querelles fratricides au sein de son clan, aurait quitté
Mission-Tové leur village d'accueil après leur fuite de
Notsé. C'est ainsi qu'il s'installa dans une forêt dans les
environs de l'actuel village. Il conclut un pacte avec les dieux de la
forêt qui lui assuraient la paix, la protection et l'abondance des
récoltes. En contrepartie, il devait garantir la sauvegarde de la
forêt. Il surnomma la forêt "Tronvé" qui veut dire la
forêt des dieux ou forêt sacrée autour de laquelle il avait
ses champs. Plus tard, il fonda un hameau du nom de
Apétépé ou "la fondation de la maison" qui est le site
originel du village actuel. Il fut rejoint par d'autres familles qui
étaient pour la plupart à la recherche de refuge. Ils fondaient
ainsi une communauté hiérarchisée avec à la
tête le chef du village, les notables et les prêtres. Ces pionniers
vont au fil des années conquérir les terres et exploiter les
ressources autour de leur village. Ce faisant, ils ont créé leur
terroir dont le paysage va évoluer jusqu'à son aspect actuel.
2.2. Les données
démographiques
Les données démographiques concernent
essentiellement les mouvements naturels de la population (naissance,
mortalité) qui donnent l'effectif et le rythme de croissance de la
population, sa structure d'une part et les mouvements migratoires de
l'autre.
2.2.1.
Les mouvements naturels
Selon les estimations de la D.G.S.N.C, l'effectif de la
population du village d'Assomé est passé de 2515 habitants en
1997 à 3555 habitants en 2007 soit une croissance de 1,3 % par an sur
cette période. C'est donc une population à croissance moyenne.
Cependant, le taux natalité est quelque peu élevé comme le
démontre la base large de la pyramide des âges (figure 16). Alors
que les décès d'enfants de moins d'un an sont très rares.
Ceci grâce à l'existence de meilleures conditions sanitaires. A la
maternité et surtout au dispensaire Saint Etienne, le suivi des
mères et de leurs enfants après l'accouchement est garanti. Par
conséquent, le pourcentage des enfants de moins de 5 ans
s'élève à 13 % au sein de la population.
Il faut signaler que la nuptialité, comme partout
ailleurs en milieu rural africain, est très précoce.
L'entrée en mariage se fait le plus souvent à 18 - 20 ans pour
les filles contre 20 - 22 ans pour les garçons.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du21.png)
Graphe réalisé à partir des
données de la D.G.S.N.C (2007).
Figure 13 : Pyramide des
âges de la population d'Assomé.
2.2.2.
La structure par âge et par sexe
Elle est matérialisée par la pyramide des
âges qui reflète l'extrême jeunesse de la population. Les
moins de 20 ans représentent plus de 55,78 % et les adultes de 20
à 59 ans près de 36,3 % tandis que la classe des vieillards de
plus de 60 ans ne fait que 7,92 %.Ces chiffres traduisentle poids important des
jeunes de moins de 20 ans qui représentent plus de la moitié de
la population. Par ailleurs l'espérance de vie est faible et se justifie
par le faible pourcentage des vieux. Le sexe ratio est penché
légèrement en faveur des hommes. On dénombre en
général 101 hommes pour 100 femmes.
2.2.3.
Les mouvements migratoires
Le village d'Assomé connaît un bilan migratoire
très négatif. On note beaucoup de départs surtout au sein
de la population jeune (15-25ans) alors que les arrivées sont
très faibles. Les départs sont motivés par plusieurs
raisons dont deux sont fondamentales :
· Par manque d'établissements scolaires du
troisième degré dans le village, les élèves,
après le BEPC partent vers Lomé ou Tsévié pour
poursuivre leurs études.
· Par contre, les déscolarisés et les
illettrés immigrent vers les villes surtout Lomé afin d'apprendre
un métier et finissent par s'y installer définitivement. Leur
départ est motivé soit par le caractère répulsif de
l'agriculture dont les rendements ne sont plus ceux escomptés, soit par
la désillusion de la richesse qu'ils pensent acquérir dans les
carrières de graviers. Dans ce lot, on peut spécifier le cas des
jeunes qui servent en ville comme domestiques avant de s'adonner au petit
commerce.
Les arrivées ne concernent le plus souvent que des
personnes âgées généralement les retraités
qui rentrent au village pour passer le reste de leur vie.
2.3. Les caractéristiques
générales de l'habitat
L'habitat rural est le mode de répartition et de
résidence des habitants d'une campagne ou d'un village. Les
caractères généraux souvent liés à ce mode
de répartition concernent le regroupement, la dispersion et la forme du
village sans oublier la typologie des habitations
2.3.1.
Les formes de l'habitat
Le paysage habitationnel du village d'Assomé est
caractérisé par trois types de maisons que sont : la maison
traditionnelle, la maison semi-traditionnelle et la maison moderne
2.3.1.1. La maison traditionnelle
Elle se présente sous la forme rectangulaire. L'argile
constitue l'élément essentiel utilisé pour la construction
des murs et le revêtement du sol. L'élévation des murs se
fait de façon graduelle par la construction à chaque étape
d'une strate d'environ 75 cm de haut avec de l'argile pétrie. Les
strates sous jacentes devant être bien séchées avant la
pose d'une nouvelle et il faut 4 à 5 strates pour achever les murs d'une
maison. La charpente du toit est constituée d'une armature de petites
nervures de bambou et de nervures de palmier consolidée par des cordes
végétales (lianes). Le toit est coiffé de chaume.
De la construction du mur jusqu' à la toiture, le
travail se fait de façon communautaire ; celui qui construit la
maison devant prendre la précaution d'informer les membres du clan et
les amis quelques jours à l'avance.
De nos jours ce type d'habitat connaît une certaine
évolution qui s'illustre par les murs qui sont construits en parpaing
d'argile séché au soleil et recouverts de tôles.
2.3.1.2. La maison semi moderne
C'est le type d'habitation le plus répandu dans la
région. Il s'agit des maisons construites en parpaings de ciment sans
crépissage et recouvertes de tôles ondulées avec souvent
des terrasses. Au sein de cette catégorie de maisons, on distingue les
maisons à deux chambres plus un salon et des « soldier line
» qui sont des maisons à une pièce s'alignant sous un toit
unique.
Dans la majorité, ces maisons disposent à
l'écart d'équipements sanitaires composés d'une toilette
traditionnelle et de douches sans puisard (fosse septique). Ainsi les eaux
usées sont rejetées dans la rue ou dans les champs.
L'expansion de ce type d'habitation dans le milieu s'explique
par l'investissement des gains tirés principalement de l'activité
d'extraction de gravier et la production du riz dans l'amélioration de
la structure des logements. En effet, l'activité d'extraction
traditionnelle de gravier fut pendant les trois dernières
décennies, la première activité économique de la
localité. Même les agriculteurs en ont fait une activité
secondaire. Elle a généré des bénéfices tant
pour les propriétaires terriens, pour les exploitants que pour les
ouvriers et contribua donc à l'augmentation des revenus de la
population.
Ainsi, selon une personne ressource du village, dans les
années 1970 et 1980 où le prix de la tonne de ciment était
à 18 000 F contre 77 000 F aujourd'hui et le paquet de tôles
à 15 000 F CFA, il s'est produit une mutation de l'habitat dans le
village. Les anciennes cases en banco ont été détruites et
remplacées par des maisons en parpaing de ciment et recouvertes de
tôles. De nos jours, ce type d'habitat est devenu la mode que la
population a complètement assimilée, en témoignent les
nombreuses maisons de ce type en chantier dans le village.
2.3.1.3. La maison moderne
L'habitation de type moderne est rare dans la localité.
Il se révèle que la plus moderne des maisons du village
appartient à un producteur de riz. Il s'agit d'une petite villa
badigeonnée dont l'une des pièces ouverte sur l'axe principal est
le local de l'ONG IDH. Ce qui traduit l'importance du revenu des producteurs de
riz par rapport à ceux des autres secteurs d'activités.
2.4. Les infrastructures
sociales
La présence des équipements sociaux dans une
région constitue une marque de bien être et de
développement. Il s'agit, à Assomé, d'équipements
sanitaires, éducatifs, d'adduction d'eau potable et des infrastructures
routières.
2.4.1.
Des structures sanitaires appréciables
Assomé dispose d'une maternité étatique
(Photo 4) et du dispensaire Saint Etienne (Photo 5) construit par FONDACIO, une
ONG belge. Le personnel au niveau de la maternité ne se limite
qu'à une accoucheuse alors que le personnel du dispensaire se compose
d'un médecin, d'une assistante, d'une infirmière et d'une
accoucheuse. Malgré la présence de ces deux structures, les
dépenses en matière de santé sont très faibles. Bon
nombre de gens évoquent la pauvreté comme frein à leur
fréquentation du dispensaire. Les moyens très limités ne
permettent qu'une automédication par les médicaments de rue ou la
phytothérapie. La seule note positive réside dans la quasi
totalité des accouchements qui se font soit à la maternité
soit au dispensaire.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du22.png) ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du23.png)
45
Campagne de terrain, Avril 2008
Photo 3 : Maternité
d'Assomé.
Photo 4 : Dispensaire St
Etienne d'Assomé
2.4.2.
Un manque cruel d'infrastructures scolaires
Les enseignements primaire et secondaire sont implantés
à Assomé. L'enseignement primaire est marqué par la
présence de trois écoles dont une publique et deux
confessionnelles à savoir protestante et catholique. Le matériel
didactique est insuffisant. Le manque d'enseignants qualifiés est
pallié par des enseignants formés sur le tas qui ont un niveau
d'études très bas. Le matériel mobilier et immobilier fait
cruellement défaut. Au Collège d'Enseignement
Général (CEG) du village créé en novembre 1998, les
cours se donnent encore sous des paillotes (Photo 6).
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du24.png)
Source : Campagne de terrain, Avril 2008
Photo 5 : Une
« salle de classe » au CEG d'Assomé
Le problème de déperdition scolaire y est
très récurrent. Sur 75 élèves inscrits en classe
de sixième, au cours de l'année académique 2006-2007, il
n'en restait que 56 à la fin de l'année. Le fait s'explique d'une
part par la pauvreté des parents qui n'arrivent plus à assumer la
scolarité de leurs enfants et de l'autre par le goût
prématuré de l'argent des jeunes du village. Ils
préfèrent aller travailler dans les carrières de gravier
que de passer la journée entre les quatre murs d'une classe.
2.4.3.
Un système d'adduction d'eau moderne
Le fait le plus marquant pour un étranger, dans presque
tous les villages de la basse vallée du Zio reste les citernes d'eau
dont toutes les maisons sont équipées. Ces citernes servent
à recueillir l'eau de pluie par l'intermédiaire des
gouttières des maisons recouvertes de tôles. Le manque cruel d'eau
demeure la grande difficulté à laquelle sont confrontésces
villages. La situation devient encore plus délicate pendant la saison
sèche où les points d'eau et les sourcins où les
populations s'approvisionnent en eau tarissent complètement. Or, le
creusement de puits est très difficile à cause de la
présence dans le sol d'épaisses couches de cuirasse comme
à Kovié et de gravier comme à Assomé. Il faut donc
se lever très tôt et marcher durant des heures pour puiser une eau
dont la qualité est aussi douteuse.Pour résoudre ce
problème de manque d'eau, chaque toiture en tôle est
équipée de gouttières reliées à des citernes
de béton (Photo 7) dont la contenance varie de 20 à 50
m3 et dépend des moyens financiers du propriétaire.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du25.png)
Campagne de terrain, Avril 2008
Photo 6 : Un
réservoir d'eau.
Même si la qualité de cette eau est impropre
à l'alimentation, elle permet de subvenir aux besoins en eau durant une
bonne partie de la saison sèche. Cette eau insalubre utilisée par
la population est à l'origine de nombreuses maladies, surtout
diarrhéiques très fréquentes dans la région.
Heureusement, à Assomé, ces maladies se font de
plus en plus rares pour la simple raison que le village dispose depuis
l'année 2001, d'un système moderne d'adduction d'eau
potable(photos 8 et 9).Ce dispositif composé de deux stations de pompage
et d'un château d'eau auquel sont reliées une quinzaine de bornes
fontaines à travers tout le village, est le fruit de la
coopération entre le Japon et le Togo.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du26.png) ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du27.png)
89
Source : Campagne de terrain, Avril 2008
Photo 7 : Une station de
pompage
Photo 8 : Le
château d'eau d'Assomé
2.4.4.
Des infrastructures routières en rénovation
Les voies d'accès au village d'Assomé demeurent
les pistes Davié-Kovié et Assomé-Adétikopé.
Cette dernière a été tracée par le passage
régulier des camions transportant du gravier " tout venant" en direction
du poste de lavage de Togblékopé. La piste
Davié-Kovié, de praticabilité saisonnière, elle
était avant le démarrage des travaux de réhabilitation,
fortement dégradée par les nombreux ravins et nids de poule qui
la parsèment. De plus, l'un des ponts d'accès, par Kovié,
situé sur la rivière Agbaflé a été
détruit en 2005 par les inondations et est en cours de reconstruction.
Assomé ressemblait donc à un terroir
enclavé au sein de la Région Maritime alors qu'il se trouve a
moins d'une heure de route de Lomé. Le village n'était accessible
que par les véhicules 4 4 et les engins à deux roues (motos et
vélos) par excellence. Aujourd'hui avec les travaux de
réhabilitation, l'accès au terroir s'est nettement
amélioré.
Chapitre 3 : DYNAMIQUE DU PAYSAGE
Dans ce chapitre, seront identifiés les facteurs de
l'évolution du paysage à Assomé, avec au centre l'homme
comme « facteur écologique » majeur.
L'homme dans un milieu comme facteur de stabilité, de
progrès, de frein ou de dégradation ou de
l'écosystème doit manifester son rôle sociale. La
localité d'Assomé n'y échappe pas car son milieu
façonne l'identité de la communauté humaine qui y habite.
En effet, l'emprise humaine sur le milieu conjugue avec les facteurs naturels
pour déterminer l'évolution du paysage du terroir marquée
par une profonde dégradation du couvert végétal et du
sol.
3.1.
Les facteurs naturels
Parmi les facteurs naturels qui conditionnent
l'évolution du paysage du terroir d'Assomé nous distinguons
essentiellementle climat, la topographie et la nature des formations
superficielles.
3.1.1.
Le climat
Plusieurs études ont déjà montré
que les facteurs climatiques généraux déterminent bien
souvent l'importance et les modalités de l'évolution actuelle des
milieux naturels.
3.1.1.1. L'influence des oscillations
paléoclimatiques
La présence des terrasses alluviales
étagées autour de la basse vallée du Zio, dans une
disposition où les plus anciennes renfermant des éléments
du type grossier (galets, graviers) sont les plus hautes ; et les plus
récentes constituées d'éléments fins (sables,
argiles, limons) occupant les basses topographies ; sous tend le fait que
cette région n'a pas échappé aux influences des climats
passés. En effet, leur élaboration est le résultat de
séquences caractérisées par une alternance de climat
humide et de climat sec. A en croire Gnongbo (1996), les modifications
climatiques du quaternaire ont à plusieurs reprises remodelé et
façonné à leur guise les modelés dans les
régions méridionales du Togo. Il apporte donc la preuve que la
morphologie et les formations superficielles actuelles de la basse
vallée du Zio en général et d'Assomé en particulier
sont des héritages des fluctuations climatiques du Quaternaire.
De même que le sol, la nature du couvert
végétal a également subit de profondes modifications au
cours du Quaternaire. La végétation forestière s'est
repliée en faveur des savanes actuelles qui dominent les bas-plateaux
détritiques côtiers. Pour Gayibor (1986) et Gnongbo (1996), c'est
la phase sèche ogolienne qui serait à l'origine du recul de la
couverture forestière progressivement remplacée par les savanes,
principalement dans les régions méridionales du Togo. De ce fait,
les forêts mésophiles actuelles à l'instar de la
forêt sacrée d'Assomé apparaissent comme le reliquat
suffisamment dégradé d'une forêt ombrophile climacique
attestée par l'existence de l'Antiaris africana, le Khaya
senegalensis et le Ceïba pentendra.Ainsi les oscillations
paléoclimatiques ont laissé des héritages morphologiques,
pédologiques et phytogéographiques qui déterminent
l'évolution actuelle du paysage dans la basse vallée du Zio en
général et à Assomé en particulier.
3.1.1.2. L'agressivité du climat actuel
L'agressivité du climat d'un milieu donné est
appréhendée à partir des paramètres tels que
l'intensité, la durée, la fréquence, la hauteur et le
nombre de jours de pluie. C'est un élément très important
d'évaluation de la dégradation surtout par l'érosion.
Les pluies, tant de la grande que de la petite saison
pluvieuse, tombent sous formes d'averses violentes accompagnées de vents
forts. A Assomé, du fait de la dénudation des sols, elles
trouvent là des conditions favorables au déclenchement des
processus morphogénétiques. L'impact des gouttes d'eau
s'exacerbent et développent des actions violentes sur ces sols nus.
Très vite les filets d'eau se concentrent et le débit de
l'écoulement augmente. Plus l'intensité de la pluie est grande,
plus l'effet de battanceaugmente de même que le pouvoir érosif. Le
phénomène se déroule comme le montre le processus
ci-dessous:
Battage du sol
Désagrégation du
sol
Libération des particules
Obturation de la porosité de
surface
Réduction de la
capacité d'infiltration
Augmentation de l'érosion
Figure 14 : Processus
d'agressivité des pluies sur le sol
Selon Ayivi (2007), le même phénomène
s'observe aussi avec les pluies de faibles intensités mais persistantes
de la période sèche qui acquièrent également un
pouvoir érosif en remodelant les surfaces couvertes d'une
végétation clairsemée et discontinue. Il rejoint ainsi la
position de Roose (1973-1975) qui affirme que « En Afrique tropicale,
ce n'est pas l'averse exceptionnelle mais la somme de dix à vingt fortes
pluies qui détermine le niveau de l'érosion ».
En nous référant aux travaux sur les
phénomènes morphogéniques de la basse vallée du Zio
menés par Sewonou en 2007, les phénomènes d'érosion
s'observent surtout en début de saisons de pluies et au cours des mois
pluvieux (juin, octobre). Ainsi, il existe deux périodes
d'érosion dans la région. Au cours de ces périodes, les
pertes de terres sont considérables du fait des opérations
culturales (sarclage, labour). La terre est remuée et la
fréquence des pluies accélère le transport des particules
issues de cette dégradation mécanique.
Le tableau 3 ci-dessous nous donne un aperçu de
l'évolution de l'indice d'agressivité sur dix ans entre 1996 et
2005, selon la formule de Fournier :
K = p² / P
Où
K = indice de Fournier
P = moyenne annuelle de précipitations
p = précipitation moyenne du mois le
plus humide
Tableau 3 : Indices
d'agressivité des pluies de 1996 à 2005 à
Assomé
Années
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Indices K
|
40,3
|
83,7
|
28,7
|
31,4
|
21,1
|
58,6
|
107,6
|
47,2
|
52,9
|
35,4
|
Par rapport aux fluctuations annuelles des quantités de
pluie on voit bien que l'indice d'agressivité aussi fluctue
énormément. Son maximum sur la période 1996 à 2005
se situe en 2002 avec une valeur de 107,6 alors que deux ans plus tôt en
2000 il n'était que de 21,1.
La moyenne générale donne une valeur de 50,69,
ce qui est relativement important. Cette valeur est supérieure à
celle de la période 1970-2000 qui s'élevait à 44,37
(Aliti, 2006). Ce qui dénote d'une intensification de l'érosion
hydrique des sols au fil des années.
Tout compte fait le climat joue un rôle
déterminant dans l'évolution des composantes physiques (sol et
végétation) des paysages. Cependant l'équilibre climat /
végétation et sols qui devrait prévaloir est fortement
perturbé par la pression humaine sans cesse croissante dans le milieu.
Si c'est une conviction que les changements climatiques du quaternaire sont
responsables de la savanisation généralisée sur l'ensemble
du pays, il n'y a pas non plus de doute que les actions anthropiques
accélèrent de nos jours de façon exponentielle cette
dégradation, surtout à Assomé.
3.1.2.
La topographie
La déclivité apparaît comme la
caractéristique majeure du terroir d'Assomé. En effet,
perché sur la haute terrasse de la rivière Zio et logé
dans le versant sud-ouest du plateau de Tsévié, près de
80% du terroir se retrouve sur la surface de raccordement reliant dans le
secteur la haute terrasse à la basse. Les pentes sont estimées
à environ 9 % (Aliti, 2006) avec près de 500 à 800 m de
longueur. Or, la pente est un facteur important de l'érosion et les
pentes faibles 1 à 2 % se prêtent d'ores et déjà
aux effets morphogéniques des ruissellements discontinu et diffus: plus
la pente est longue, plus le ruissellement s'accumule prend de l'ampleur et de
la vitesse, se traduisant ainsi par une érosion massive. En
témoignent les nombreuses entailles d'érosion sur les voies de
communication (pistes et ruelles) dans les champs et au niveau des
carrières de gravier.
3.1.3.
La nature des formations superficielles
La nature ou le type de sol est aussi un facteur important de
l'évolution des processus morphogéniques.
Les précipitations abondantes des périodes
pluvieuses assurent l'altération des formations superficielles à
dominance argileuse. Or, la formation superficielle qui matelasse les
dépôts de graviers de la haute terrasse à Assomé est
de nature ferralitiques. C'est un sol profond assez homogène pouvant
atteindre jusqu'à 3 mètres d'épaisseur. Il a une teneur en
argile très élevée, un caractère boueux et une
couleur rougeâtre typique de la terre de barre. Sa structure meuble et
perméable traduit une texture sablo-argileuse en surface et
argilo-sableuseen profondeur. Tout ceci indiquerait selon Aliti (2006) que ce
sol est issu de l'érosion d'un matériel ferralitique formé
sur le socle.
Pour mieux apprécier la vulnérabilité de
ce sol à l'érosion, nous avons déterminé son indice
d'érodibilité. Pour ce faire, nous nous sommes servis de l'indice
de drainage de Aubert et Hénin dont la formule est le suivant :
D = drainage théorique
p = précipitation moyenne annuelle en mm,
C= Constante
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du28.png)
T= température moyenne annuelle en °C
a = constante qui varie suivant la texture du sol, et est
de :
a = 0,5 pour les sols argileux
a = 2 pour les sols sableux
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du29.png)
Ainsi :
T = 25 °C température moyenne annuelle à
Assomé, on a :
C = 0,137 pour les sols argileux
C = 0,550 pour les sols sableuxet
P = 758 mm précipitation moyenne annuelle à
Assomé, on a :
D = 0,055 pour les sols argileux
D = 0, 182 pour les sols sableux
Etant donné que le sol ferralitique est de structure
sablo-argileuse nous avons essayé de déterminer la moyenne
générale qui donne : D = 0,118
De ces résultats, il ressort que les
possibilités de drainage sont très réduites à
Assomé, ce qui explique son rapide engorgement lors des
précipitations, favorisant ainsi le ruissellement avec
élévation du risque d'érosion. Somme toute, les formations
superficielles sont déjà très sensibles et la
dégradation du couvert végétal ne fait qu'empirer cette
situation.
3.1.4.
Les fréquentes inondations du Zio
Les inondations, l'une des plus fréquentes catastrophes
naturelles, qui se produisent périodiquement à toutes les
échelles, montrent de plus en plus à quel point l'homme et la
nature sont très vulnérables. Ces inondations qui surviennent
surtout en périodes de fortes crues n'épargnent pas la basse
vallée du Zio.
Assomé, fait partie des rares villages qui ont
été toujours relativement épargnés par la
montée des eaux, du fait de leur localisation sur la haute terrasse que
le niveau des eaux n'arrive pas à submerger. Néanmoins, si ces
villages ont souvent été à l'abri des pertes de vie
humaine et des dégâts sur l'immobilier, il faut reconnaître
que les dommages sur le plan économique sont généralement
considérables. A Assomé, plusieurs hectares de champs de vivriers
et de casiers rizicoles de la grande campagne agricole sont souvent
détruits par les inondations surtout lorsqu'elles sont précoces.
De même, les infrastructures routières sont sérieusement
endommagées (photo10). On assiste à l'aggravation de la
précarité économique obligeant une bonne partie de ces
paysans à se tourner vers l'exploitation du bois et l'extraction de
gravier pour leur survie. Ce faisant, ils viennent gonfler les effectifs
exerçant déjà ces activités. Corrélativement
la dégradation du paysage s'accentue davantage.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du30.png)
Campagne de terrain, Avril 2008
Photo 9 : Pont
détruit par les inondations de 2005, sur la rivière
Agbaflè
(Route : Assomé-
Kovié)
3.2.Les facteurs humains
Face à la croissance démographique et
l'augmentation des besoins alimentaires et économiques, les populations
d'Assomé sont devenues des acteurs très importants dans la
détérioration de leur milieu de vie. C'est donc à travers
la mise en valeur agricole par des pratiques peu conservatrices de la nature,
l'exploitation forestière pour des besoins énergétiques et
économiques et surtout l'extraction de gravier que les populations
contribuent à la dégradation du paysage du terroir.
3.2.1.
La mise en valeur agricole
Elle est caractérisée par la saturation des
espaces cultivables. De ce fait, depuis plusieurs années, les terres
sont intensément mises en valeur avec la réduction ou la
suppression de la jachère. Les moyens et les méthodes de mise en
valeur demeurent encore très traditionnelles (labour à plat,
nombreux sarclages avant la maturité des plantes) et contribuent
énormément à la dégradation physique des sols
augmentant ainsi leur sensibilité au ruissellement et à
l'érosion. De même, la végétation spontanée a
été remplacée par des plantes cultivées,
généralement moins couvrantes et peu aptes à
protéger efficacement le sol contre la dégradation. Par ailleurs,
dans les champs abandonnés ou privés de couverture
végétale pendant la saison sèche, les sols
déjà très fragiles s'exposent aux intempéries
climatiques (pluies, insolation) qui entraînent rapidement une
dégradation de leurs caractéristiques hydrodynamiques.
3.2.2.
L'exploitation du bois
De façon traditionnelle, le bois a toujours
été considéré comme une ressource permettant
d'assurer les besoins domestiques quotidiens en bois de chauffe et en bois
d'oeuvre (Houédakor, 1997). A Assomé comme dans tout le monde
rural africain, le bois est la seule source énergétique des
populations. Par conséquent c'est une quantité
considérable de bois qui est brûlée chaque jour pour la
cuisson des repas. On y fabrique aussi du charbon de bois qui nécessite
la coupe d'un volume important de bois. C'est donc évident que les
formations de savane soient de plus en plus ouvertes. Quant aux essences
forestières, elles ont complètement disparu sous le coup des
tronçonneuses pour satisfaire les besoins en bois d'oeuvre.
3.2.3.
Les feux de brousse
Les feux de brousse sont des incendies volontaires dans le
cadre de la chasse en saison sèche ou encore et surtout pour
préparer le sol à la culture sur brûlis. Ces feux
enrichissent et ameublissent les sols en les rendant plus faciles à
travailler. En réalité, les végétaux
brûlés libèrent des bases qui augmentent le potentiel
hydrogène (pH) des sols et provoquent la prolifération des
bactéries nitrifiantes. Ainsi la minéralisation de l'humus
apporte aux plantes une quantité importante d'éléments
minéraux assimilables. Cependant la minéralisation de l'humus est
très rapide et ne met à la disposition des plantes qu'une
fertilité passagère.
Par ailleurs, les zones à brûler n'étant
pas circonscrites par des pare-feux, l'impact des feux déborde alors sur
de vastes superficies en consumant tout sur son passage. Les sols ainsi mis
à nu par le passage du feu sont directement atteints par les rayons
solaires, il s'en suit une évaporation très élevée
qui annule très vite l'apport initial en nutriments. Ce faisant, la
reconstitution du couvert végétal devient difficile voire
impossible, car une bonne partie de l'humus a disparu. De même le sol
sans couverture végétale est alors vulnérable à
toutes les formes d'attaques hydriques.
3.2.4.
L'extraction de gravier
L'activité d'extraction de gravier constitue la
première cause de dégradation de la végétation et
du sol dans la région. En effet, cette activité, même si
elle est traditionnelle et artisanale a entraîné de profonds
bouleversements dans les zones qu'elle affecte. Les savanes arborées qui
colonisaient ces zones ont cédé la place à un paysage
presque désertique et méconnaissable où se rencontre un
nouveau type de relief. Il s'agit d'une succession de monticules et de
profondes excavations d'où sont extraits les graviers. Le creusement de
ces excavations a fait apparaître des escarpements abrupts dans les zones
jadis relativement planes, tandis que les pentes sont encore plus
accusées dans les secteurs où ils existent déjà.
Ces bouleversements s'accompagnent inévitablement d'une accentuation des
processus morphogéniques tels que l'érosion, les risques
d'éboulement et de glissement de terrain. Sur le plan
pédologique, on note la perte de la stratification et de la succession
des couches du sol. Il ne subsiste alors que des « pseudo
sols » hétérogènes et complètement
dépourvus des éléments organiques et minéraux. Les
bouleversements de la texture et de la structure du sol ont été
si profonds à tel point que 10 ans après l'abandon de
certainescarrières, la régénération des sols est
à peine entamée.
En somme l'extraction de gravier est devenu aujourd'hui un mal
nécessaire à Assomé d'autant qu'elle participe à
l'économie du village mais aussi conduit le terroir à un
état de délabrement total aux conséquences dramatiques
pour la population.
En somme, tous ces éléments physiques et humains
aux modalités variées que nous venons d'étudier
s'imbriquent donc dans un système dynamique pour expliquer l'aspect
actuel du paysage du terroir d'Assomé. Aussi, l'économie
est-elle fortement dépendante des potentialités naturelles
à cause de son caractère primaire dans notre zone d'étude.
L'agriculture et l'extraction des galets qui constituent la base de cette
économie impriment au paysage une dynamique cruellement négative
qui transforme les potentialités en de véritables contraintes
à l'épanouissement de cette économie. En effet,
l'observation démontre une dégradation massive voire
irréversible de l'ensemble des composantes biophysiques de cet espace
géographique.
Chapitre 4 : CARACTERISATION DU PAYSAGE
Le profil de référence du terroir
d'Assomé révèle un cadre naturel fortement
dégradé. L'analyse de ce cadre naturel portera sur divers
facteurs entre autre le recul de la végétation, la
dégradation des sols qui intéressent divers
éléments caractéristiques.
4.1.
Le recul de la végétation
Le couvert végétal de notre zone d'étude
connaît depuis plusieurs décennies, une dynamique
régressive caractérisée par la disparition progressive des
forêts reliques et la réduction sensible des aires recouvertes par
la savane.
L'analyse des cartes de végétation des
années 1969, 1977, et 1996 (carte 4 A,B,C) réalisées par
Etsè (1997) dans la zone du contact socle / bassin sédimentaire
côtier (terroir d'Assomé y compris), de même que celle de la
carte actualisée en 2008 (carte 4 D), fait apparaître une
dégradation sensible des différents faciès de
végétation dans la région. La demande plus accrue de
terres devant servir à la production agricole pour nourrir une
population de plus en plus importante et les coupes abusives de bois d'une
part, l'extraction des graviers et sables de l'autre, expliquent largement
cette destruction du couvert végétal dans la région.
De 1969 à 1977, on remarque que la savane arbustive
s'est étendue au détriment des galeries et reliques
forestières. Il s'agissait d'un appauvrissement floristique de la
végétation. Les hauts arbres des forêts et les
phanérophytes qui constituaient l'essentiel de la savane arborée
ont en effet été abattus à des fins diverses au profit des
formations arbustives etgraminéennes. Au niveau du terroir
d'Assomé, les aires occupées par les formations
forestières étaient passées de 820 ha en 1969 à 399
ha en 1977 soit une perte de 421 ha(51, 34 %). Ce qui correspondait
à un rythme de destruction annuelle moyenne de 6, 41 % soit 52,62 ha sur
cette période de huit ans.
A : Carte de végétation en
1969
(Photo n°470-749, Mission 1969)
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du31.png) ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du32.png)
B : Carte de végétation en
1977
(Photo n°2326 - 3604, Mission 1977)
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du33.png) ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du34.png)
D : Carte de végétation en
2008
(Campagne de terrain, 2008)
C : Carte de végétation en
1996
(Réalisée par Etsè
(1997))
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du35.png)
Carte 4 : Evolution du
couvert végétal entre 1969 et 2008 dans la zone
de contactsocle / bassin sédimentaire côtier
(secteur Est).
Même si de 1977 à 1996 (19 ans), le rythme de
destruction a été freiné à 2,7 % par an, les
observations en 1996 révèlent une dégradation encore plus
prononcée de la végétation. L'aire occupée par les
formations forestières a été réduite de 52 %. Les
anciennes aires de cultures vivrières ont été agrandies au
sein des savanes arbustives. Avec l'introduction de la riziculture, de
nouvelles parcelles ont été défrichées au coeur
des galeries forestières. Plusieurs hectares de forêt et de savane
ont ainsi été remplacés par les champs après
l'abattage des arbres. Parallèlement, l'extraction artisanale des
« héritages morphologiques » (Gnongbo, 1989) prenait
de l'ampleur dans la région avec la suppression complète de la
végétation dans les zones de carrières. Les secteurs les
plus touchés étaient les terroirs de Kovié et
Mission-Tové pour le sable fin et, surtout Assomé pour les galets
et les graviers. Il ne subsistait alors à Assomé que 190 ha de
forêt.
En somme, la destruction du couvert végétal du
terroir d'Assomé s'est faite à plus de 75 % entre 1969 et 1996.
Les formations forestières ont largement cédé leurs places
à la végétation de savane. Cette dernière, à
son tour, a subit une profonde dégradation passant de la savane
arborée à la savane herbeuse et graminéenne par
endroits.
En 2008, la dégradation de la végétation
était systématique à Assomé. L'effet
conjugué de l'agriculture et de l'extraction du gravier a
provoqué une destruction massive de la végétation.
Au-delà d'un rayon de 1km autour du village, où se pratique les
cultures de case, s'étendent une végétation de
graminées, dominée par l'Imperata cylindrica, qui
colonise les anciennes carrières de gravier. Dans les zones où
elle se pratique encore, on aperçoit un paysage de sol mis à nu.
La végétation y a été complètement
détruite, laissant place à une étendue de gravières
et de mottes de terre qui se succèdent dans le paysage sur près
de 600 ha soit 36,47 % du terroir.
Les friches qui subsistent encore présentent un
faciès desséché avec des arbres calcinés qui
traduisent le passage du feu à plusieurs reprises. En effet, le feu
utilisé pour préparer le champ au défrichement
déborde toujours des limites des parcelles, pour s'attaquer aux
végétations primaires qu'il décime quelques fois
complètement. De ce fait, il détruit les ligneux et favorise
l'expansion de la strate herbacée qui alimente les feux de brousse. Par
conséquent, les savanes arborée et arbustive ont
cédé leur place à la savane herbeuse essentiellement
constituée d'Iimpérata cylindrica dont les aires
d'occupation ne cesse de grandir.
Par ailleurs, la consommation de bois de chauffe et de charbon
de bois augmente continuellement et se traduit par une coupe abusive des
ligneux sans épargner les îlots de végétation
protégés par la loi. Même la forêt sacrée du
village a complètement disparu puisque de sa superficie originelle de
dix hectares (estimation des habitants), il ne reste aujourd'hui qu'une bribe
d'à peine 1 ha. Les arbres y ont été coupés (photos
11 et 12) pour satisfaire les diverses besoins en bois.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du36.png) ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du37.png)
11
12
Campagne de terrain, Avril 2008
Photo 10 : Une bribe de la
forêt sacrée d'Assomé
Photo 11 : Le tronc d'un
Kapokier abattu dans la forêt sacrée d'Assomé
Dans les zones d'extraction de gravier, ce sont de
véritables « déserts artificiels » que l'on
observe à perte de vue. Pour cause, l'exploitation proprement dite des
graviers commence avec le déblayage du terrain. Il consiste à
l'abattage systématique de toute forme de végétation
(arbres, arbustes, graminées); bref, le sol est complètement
dénudé.
Lesanciennes carrières sont recouvertes de touffes
discontinues d'herbes (photos13 et 14) qui ne protègent tout de
même pas le sol contre les attaques de l'eau de ruissellement. A certains
endroits où les couches de galets on été
complètement décapées, la couche d'argile sous-jacente
affleure permettant ainsi leurs mise en valeur agricole.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du38.png) ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du39.png)
13 14
Campagne de terrain, Avril 2008
Photo 12:
Végétation de savane herbeuse dans une carrière
après 10 ans d'abandon
Photo 13 : Touffes de
graminées recolonisant une carrière après 5 ans
d'abandon
En somme, à Assomé, le couvert
végétal est dégradé du point de vue formation et
flore. Les savanes arborées sont réduites en touffes d'herbes qui
essayent de recoloniser les anciennes carrières tandis que les
forêts ne subsistent qu'enbribes qui se perdent dans le paysage.
Cette situation constitue une menace grave, car les arbres,
ayant mis plusieurs années pour se développer, ne peuvent plus
facilement se reconstituer une fois détruits (Houédakor, 1997).
Ainsi en dehors de quelques rares formations de savanes boisées de la
plaine d'inondation, notre aire de recherche est en majorité
constituée de vastes étendues de graminées sans ligneux,
ou s'il en existe, ceux ne sont que des arbres chétifs parce que
régulièrement coupés sur des sols squelettiques impropres
à l'agriculture.
4.2. La dégradation des
sols
La dégradation des sols consiste en des modifications
de leur structure physique et de leur nature chimique sous l'effet des
phénomènes hydrique, éolienne et d'érosion.
Selon Ruelan (1934), la dégradation des sols se
déclenche lorsque l'érosion va plus vite que la formation du sol
à partir de la roche (le sol perd ses couches superficielles les plus
fertiles et s'amincit) ou quand les propriétés biologiques et
physico-chimiques des sols, utilisés pour les besoins de l'homme n'ont
pas le temps de se renouveler naturellement, ou ne sont pas suffisamment
renouvelés artificiellement par l'homme. Les sols s'appauvrissent donc
par la destruction de leurs matières organiques et biologiques.
4.2.1.
L'appauvrissement des sols en éléments nutritifs
Le sol où cohabitent les racines des
végétaux, les animaux et les micro-organismes est un assemblage
complexe de substances minérales et organiques, de gaz et d'eau. En son
sein se déroulent simultanément des phénomènes de
dégradation et de synthèse. C'est donc un milieu vivant en
constante évolution. Il est constitué de particules absorbantes
(résultant de l'association d'humus et d'argile) qui fixent les bases et
les éléments nutritifs afin de les restituer aux
végétaux (Djangbédja, 2000). Cependant, le sol perd toutes
ses caractéristiques et sa fonction, lorsque sa mise en valeur se fait
de façon excessive et sans apport de fertilisants et surtout avec des
pratiques culturales inadaptées à sa conservation comme à
Assomé.
En effet, comme conséquence de la croissance
démographique et de l'extension des gravières, qui
réduisent les surfaces cultivables, toutes les terres du terroir sont
permanemment mises en culture sans jachère (si elle existe, elle est
considérablement réduite à la période
sèche). Pire encore les pratiques culturales y sont très
négatifs (culture sur brûlis, labour à plat, sarclage
à répétition etc....) et apprêtent le sol à
l'érosion alors que la couverture végétale susceptible de
l'atténuer et de favoriser la fertilité des terres par le biais
des feuilles mortes a complètement disparu. Outre l'érosion,
l'humus que contenaient les sols est épuisé parce qu'ils sont
surexploités et soumis pendant plusieurs années soit à la
polyculture soit à la monoculture sans rotation ni assolement.
Pour Houédakor (1997), les sols de la terre de barre
possèdent un taux de matière organique très fragile de 5
%. Leur surexploitation conduit très vite à leur
épuisement par la destruction de la matière organique,
essentiellement le carbone, qui est libéré dans
l'atmosphère. Ainsi, les sols à Assomé ont perdu au fil
des années leurs complexes argilo-humiques par manque de carbone. Ce qui
affecte leur capacité d'absorption d'eau qui atténue par
conséquent leur fertilité. L'absence du complexe argilo-humique
empêche aussi la fixation sur place des engrais utilisés qui
finissent par être emportés eux aussi par le lessivage.
4.2.2.
Le lessivage des sols
Les terres mises en culture ont une grande capacité
d'absorption d'eau surtout lorsque la pente est très faible voire nulle.
Les eaux d'infiltration dissolvent les sels minéraux fertilisants et les
entraînent en grande profondeur par lessivage. La couche humifère
n'est plus constamment renouvelée. Ainsi, les ions basiques sont
entraînés vers le sous sol et les nappes phréatiques. Les
plantes ainsi disposent de moins d'éléments nutritifs. Les
réactions biochimiques sont également affaiblies avec la
diminution du pH, en particulier la nitrification, la fixation de l'azote, la
dénitrification et la minéralisation des produits azotés,
sulfurés et phosphatés. On assiste alors à une baisse
continuelle des rendements agricoles.
4.2.3.
Le tassement des sols
On parle de tassement du sol, lorsque le sol perd sa
porosité. Cette dernière qui est liée à la nature
argileuse, limoneuse, ou sableuse du sol est essentielle pour l'infiltration de
l'eau. La majorité des terres surtout dans les périmètres
d'extraction de gravier dans notre zone de recherche en sont
sérieusement atteintes. Elles sont dénudées de leurs
végétations avec pour conséquence la réduction de
l'activité biologique. Les vers de terre, les termites, les racines des
plantes n'affouillent plus aussi régulièrement ces terres. Il
s'en suit alors un effondrement de la structure poreuse du sol et
l'infiltration de l'eau devient très difficile, ce qui peut expliquer la
vulnérabilité de ces sols à l'érosion.
4.2.4.
La perturbation du profil du sol
Comme nous l'avions dit plus haut, le sol dans le secteur
d'Assomé est dominé par la terre de barre. Ce sont des sols
ferralitiques, sablo-argileux présentant une structure grumeleuse avec
une bonne perméabilité, une porosité intergranulaire
élevée et une bonne pénétration radiculaire. Mais
cette structure est fortement modifiée surtout après l'extraction
du gravier. Cette activité laisse derrière elle des sols au
profil vertical profondément bouleversé (figure 18).
0
1
2
3
H1
H2
H3
H4
H1 : horizon argileux avec
des grains de sable dispersés dans la masse argileuse de couleur jaune
ocre, tachetée de rouille d'oxyde de fer et de jaune de manganèse
(80 cm)
H2 : horizon sablo-argileux
évoluant vers argilo-sableux de couleur rougeâtre avec
débris de végétaux (1m)
H3 : horizon à galets
et gravier piégé dans une matrice indurée (125 cm)
H4 : horizon argileux
sous-jacent
Campagne de terrain, Avril 2008
Figure 15 : Coupe dans une
carrière abandonnée à la lisière de la forêt
sacrée d'Assomé
Les couches superficielles sont constituées de
pseudo-sols. Il s'agit de rejets remarquablement
hétérogènes faits d'un mélange jaune clair
d'argile, de sable, de granule, de blocs de poudingue le tout tacheté
d'oxyde de fer (photo 15).
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du40.png)
Campagne de terrain, Avril 2008
Photo 14 : Nature
superficielle du sol dans une ancienne carrière
Il présente une structure massive, très
consistante, une faible perméabilité et un enracinement difficile
pour les végétaux (tableau 4). Ils sont le plus souvent
colonisés par l'Imperata cylindrica. Selon Lakoussan (1998), on
ne peut pas utiliser le terme de sol au sens pédologique pour ces terres
qui sont retournées et dont les horizons sont mélangés de
la façon la plus aléatoire possible. Ils ont perdu leurs
caractéristiques physiques d'origine et sont dépourvus de toutes
leurs matières organiques
Tableau 4 :
Récapitulation des dégradations du sol au niveau des
carrières de graviers
Nature du sol
|
Avant extraction
|
Après extraction
|
Texture
|
sablo-argileuse à Argilo-sableuse
|
Argilo sableuse avec présence de granules et
conglomérats
|
Structure
|
Grumeleuse
|
Grumeleuse
|
Perméabilité
|
Bonne
|
Faible
|
Consistance
|
Adhésivité moyenne et forte plasticité par
endroit
|
Friable
|
Enracinement
|
Bonne et Abondante
|
Médiocre
|
Activité biologique
|
Bonne
|
Médiocre
|
Horizon
|
Uniforme
|
Bouleversé
|
Profil
|
Stratification non perturbée
|
Fortement perturbé
|
Végétation
|
Abondante
|
Faible
|
Relief
|
Subplane
|
Vallonné
|
Campagne de terrain, Avril 2008.
Ailleurs, la couche superficielle est fortement indurée
donnant l'impression d'un cuirassement. Il s'agit d'un épandage de
gravats de poudingues ferrugineux et d'argile provenant des couches
supérieures aux couches de gravier qui se sont consolidés au fil
des années rendant impossible toute régénérescence
de la végétation.
4.2.5.
Les perturbations dans le relief
De même que l'extraction provoque une perturbation
pédologique, il entraîne aussi un bouleversement de la topographie
(figure 19).
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du41.png)
Source : Campagne de terrain, Avril 2008
Figure 16 : Profil
schématique d'un transect illustrant les perturbations du relief
à Assomé.
En effet au niveau des carrières se succèdent
des vallons en forme de cône qui ne sont rien d'autre que des remblais
issus des rejets de découvertures. Le paysage se présente donc
comme une multitude de profondes excavations alternant avec des buttes argilo-
sableuse (photos16, 17, 18 et 19).
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du42.png) ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du43.png)
1617
Campagne de terrain, Avril 2008
Photos 15 et 16 :
Topographie ondulée à Kpota
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du44.png) ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du45.png)
1819
Campagne de terrain, Avril 2008
Photo 17 :
Gravière
Photo 18 : Monticules
de rejet
C'est donc une topographie fortement accidentée qui
rompt avec la monotonie et l'uniformité morphologique. Le raccordement
avec la surface original se fait par des escarpements raides issus du
creusement des gravières (photos20 et 21).
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du46.png) ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du47.png)
20
21
Campagne de terrain Avril 2008
Photos 19 et 20 :
Talus artificiel dans une zone d'extraction
4.2.6.
L'érosion hydrique des sols
L'érosion hydrique des sols, est l'une des formes les
plus prononcées de la dégradation du terroir d'Assomé.
Elle est essentiellement de type pluvial. Sa généralisation sur
le terrain est la résultante d'un ensemble de facteurs tant naturels que
humains. La déclivité du terroir, la nature des formations
superficielles, les diverses empreintes de l'homme sur le milieu (agriculture,
déboisement, extraction de graviers) sont les conditions
préalables au déclenchement de l'érosion. Ayivi (2007)
affirme en ce sens que la diversité des actions humaines entreprises
dans un contexte de morphologie assez accusée déclenche de grands
mécanismes morphogéniques de versants qui s'exercent
essentiellement sur les formations meubles superficielles. Le
phénomène se compose d'un ensemble de processus complexes et
interdépendants qui provoquent le détachement et le transport des
particules de sol à la suite des averses surtout pendant la saison des
pluies.
Soulignons que les précipitations en
général s'abattent sur la zone sous forme d'averses violentes et
longues dont les gouttelettes provoquent une véritable action
mécanique sur le sol. Dans leur chute, les gouttes acquièrent une
énergie cinétique qui est fonction de la vitesse de chute et de
la masse liée à la taille des gouttes. L'énergie
cinétique disponible dans une goutte dans sa chute croît donc
proportionnellement avec sa taille. Ainsi une goutte de pluie arrivée au
sol libère au contact de ce dernier une certaine quantité
d'énergie susceptible de produire un effet morphogénique. Tricart
(1977) a déterminé au moyen des traces d'impact de gouttes de
tailles différentes, les potentiels d'effet morphogénique
correspondants (Tableau 5).
Tableau 5 : Impacts des
gouttes de pluies sur le sol en fonction de leurs diamètres
Diamètre (mm)
|
Poids des gouttes
(mg)
|
Vitesse
(m/s)
|
Force vive
(kg)
|
0,5
|
0,06
|
3,5
|
0,376775. 10-6
|
1
|
0,52
|
4,4
|
5,03
|
1,5
|
1,71
|
5,2
|
23,16
|
2
|
4,16
|
5,9
|
72,40
|
2,5
|
8,12
|
6,5
|
176,63
|
3
|
14,04
|
6,9
|
334,24
|
3,5
|
22,29
|
7,3
|
591,25
|
4
|
33,28
|
7,7
|
986,28
|
5
|
65,
|
8
|
2080
|
6
|
112,32
|
8,2
|
3776,19
|
7
|
178,36
|
8,4
|
6292,54
|
Source : Tricart, 1977
Sur les espaces qui portent encore une couverture
végétale, les pluies qui tombent dispersent leur énergie
sur les feuilles et les branches rencontrées avant d'atteindre le sol.
Cependant, les feuillages des arbres se comportent comme des gouttières
qui concentrent l'eau qui tombe en grosses gouttes sur le sol. Ce dernier
déjà préparé par la météorisation
subit un véritable bombardement qui libère des particules
jaillissant de tous les côtés. Il se creuse ainsi de petites
cavités circulaires au pied des arbres saillis par des grains de sable
projetés. Le même effet se produit autour des maisons où
l'eau des gouttières creuse profondément le sol, en
déchaussant les fondations des maisons et en déplaçant
ainsi une grande quantité de particules. On parle alors d'érosion
hydrique par effet de splash.
Soyer (1987) a calculé sur un intervalle de 4 ans la
quantité de particules minérales déplacée
annuellement par le splash. Il estime que en zone de forêt claire et de
savane arborée connaissant des précipitations abondantes, le
splash enlève jusqu'à 7,15 tonnes/ ha / an. Or cette estimation a
été faite sur un sol à topographie
régularisée. L'effet de la déclivité, comme
à Assomé, viendra aggraver ce résultat.
Lorsque le sol est à découvert par le
défrichement, l'impact des gouttes de pluie sous l'action du vent
devient plus généralisé et plus sévère. Les
particules déplacées viennent colmater les pores, rendant le sol
imperméable et l'infiltration des eaux est interrompue alors que le sol
n'est pas encore saturé en profondeur. En fonction de l'intensité
et de la durée de la pluie, des filets d'eau peuvent s'organiser
à la surface du sol.Ainsi prend naissance le ruissellement.
4.2.7.
Le processus de ruissellement
Le ruissellement est défini par Tricart (1977) comme
étant un écoulement de l'eau à la surface du sol. Pour
Coque (1977), il se déclenche à la suite de la saturation du sol.
Sa compétence d'ablation, d'incision du sol et de transport
dépend de l'intensité croissante des pluies et de la pente du
sol.
La morphologie actuelle du terroir d'Assomé est
commandée principalement par les actions de l'eau provenant des averses
souvent orageuses. Au contact du sol et lors de son écoulement suivant
les pentes et de son organisation en filet, l'eau génère des
effets morphogéniques majeurs.
4.2.7.1. Les différents types de ruissellement
Assomé connaît trois types de ruissellement que
sontle ruissellement aréolaire, le ruissellement diffus et le
ruissellement concentré.
Ø Le ruissellement aréolaire
Le ruissellement aréolaire est le stade embryonnaire du
ruissellement. Il provient de pluies à intensité très
faible et de très courte durée. Il est caractérisé
par l'apparition des plages de ruissellement localisées. Ces plages, en
mouvement très lent, n'ont qu'une faible énergie.
Ø Le ruissellement diffus
Lorsque la pluie persiste, l'eau ne s'infiltre pas à la
limite des plages de ruissellement. Celles-ci deviennent coalescentes et se
déversent les unes dans les autres. Il se forme ainsi les filets d'eau
anastomosés de 0,5 à 1 cm de profondeur et de largeur variant
entre 20 à 30 cm. Ces filets sont incapables de vaincre des obstacles
comme des touffes d'herbes, les blocs de pierre et les racines
traçantes. Mais, ils régularisent la surface des versants par
balayage des particules meubles.
Ø Le ruissellement concentré
Il résulte de la convergence des filets d'eau. Avec la
poursuite de la pluie, les débits atteignent des valeurs telles que les
filets d'eau surmontent des obstacles et convergent vers les axes principaux
d'écoulement en incisant le sol. Ce type de ruissellement a la
compétence de s'attaquer au matériel superficiel et de le
mobiliser. Dans le village d'Assomé, à la faveur de la
topographie, les filets d'eau créent des rigoles qui se communiquent aux
ravineaux, aux ravines et aux ravins ; ceci en direction de la
vallée.
o La rigole est une incision dont la profondeur est de l'ordre
de décimètre. Elle affecte généralement les
horizons superficiels et se rencontre surtout entre les cases et sur des pentes
faibles mises en valeur.
o Le ravineau est un peu plus grand. C'est le stade 1 du
ravinement c'est-à-dire le stade d'incision(Tchothoua, 1989).
o La ravine évolue le plus souvent par érosion
régressive dans les formations argilo-sableuses. Elle présente
des entailles de l'ordre du mètre. C'est le stade 2 du ravinement.
o Le ravin est le stade 3 du ravinement. Lorsque la profondeur
de l'incision dépasse le mètre pour atteindre une dizaine de
mètres voire plus, on parle de ravin. Il a donc une forme
particulière avec des berges abruptes et étroites
entièrement occupées par l'écoulement en période de
fonctionnement.
4.2.7.2. Les impacts du ruissellement concentré
L'invasion du terroir par ces formes de modelés
intrinsèquement liées au climat et la topographie, a
été par la suite exacerbée par l'impact remarquable et
incontestable de l'action anthropique dans la mise en valeur de l'espace. On se
retrouve ainsi en face d'une véritable crise morphogénique dans
la région.
Au moment où les champs sont défrichés et
préparés à accueillir les semences, le sol est
dénudé de son couvert végétal et ne résiste
plus aux agressions érosives des fortes pluies d'où un
accroissement de l'érosion par un vigoureux ruissellement de surface.
En effet, le sol suffisamment argileux est directement exposé aux rayons
solaires, il se durcit et devient imperméable. Le ruissellement devient
alors important lors des premières pluies de la saison pluvieuse.
L'érosion s'intensifie aussi sur les labours. Elle emporte la terre en
creusant des ravines. Cette forme d'érosion entraîne une perte
considérable des terres aux sols argileux, non ou très faiblement
protégés par les cultures (photo 22).
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du48.png)
Campagne de terrain avril 2008
Photo 21 :
Phénomène de ravinement dans un champ à
Assomé
De même, les zones d'extraction de gravier sont aussi
des lieux privilégiés pour l'expansion du ravinement. Sur les
rebords des excavations, on observe des têtes de ravine qui
évoluent de façon régressive. Au niveau de certaines
anciennes carrières, ces entailles présentent en leurs seins des
formes semblables aux nids de poules.
S'agissant des voies de communication, elles sont
sérieusement dégradées par de nombreuses rigoles et les
ravines qui se recoupent et s'entremêlent dans tous les sens sur la
chaussée avant de se déverser dans les ravins qui longent ces
voies de part et d'autre. Avant les travaux de réhabilitation, ces
ravins larges de 3 à 6 mètres avec des profondeurs d'environ 3
mètres, bordent surtout la piste Davié-Assomé parfois sur
plusieurs centaines de mètres. Elles s'élargissent par
l'affouillement de leurs berges qui s'écroulent, réduisant
sensiblement la largeur de la chaussée (photos 23 et 24). A certains
niveaux, la chaussée est complètement réduite à une
passe pour piétons ou engins à deux roues.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du49.png) ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du50.png)
2324
Campagne de terrain, Avril 2008
Photo 22 et 23 : Ravins
aux berges abruptes dégradant la route
Kovié-Assomé.
Heureusement les travaux de réhabilitation de la piste
Davié-Assomé-Kovié, entamés depuis quelques mois
déjà, ont permis à celle-ci de retrouver une bonne
praticabilité. Cependant, le bon état de la piste risque de ne
pas être pérenne puisque les précautions de
durabilité ne sont prises à cet effet. La piste nivelée et
recouverte de latérite ne sera pas bordée d'ouvrages de
canalisation des eaux de ruissellement. Or, ce sont les impacts de ces
dernières qui étaient à l'origine de la dégradation
de la piste avant sa réhabilitation.
De même, presque toutes les ruelles du village sont
entaillées par de multiples ravineaux dont la longueur, la largeur et la
profondeur ne cessent d'évoluer (Photos 25 et 26).Par contre au niveau
du cimetière, le déchaussement des tombes (photo 27)est de
moindre ampleur par rapport à celui décrit par Sewonou à
Kovié en 2007.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du51.png) ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du52.png)
25 26
Campagne de terrain, Avril 2008
Photo 24 : Ravinement
de la rue menant à l'EPP Assomé
Photo 25 : Ravinement
en roubine avec formation de minuscules « dos
d'éléphant »sur la voie secondaire du village
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du53.png)
Campagne de terrain, Avril 2008
Photo 26 :
Destruction des tombes dans le cimetière par le ravinement
Comme le traduisent ces observations, le ravinement, avec les
conditions qui s'y prêtent, a de manière significative
imprimé sa marque au terroir d'Assomé. Cependant, son action ne
saurait été aussi spectaculaire en l'absence d'une mise en valeur
séculaire mais dégradante des sociétés humaines qui
colonisent le terroir. Ce qui fait dire à Gapoty (2006) que ce sont les
populations qui par leurs pratiques inadéquates auraient
multiplié par deux ou plus le taux de l'érosion naturel qui dans
les conditions d'équilibre écologique est très lente.
Néanmoins, devant l'ampleur des dégradations
liées aux ravinements, les populations réagissent par des actions
individuelles pour freiner la vitesse de l'érosion. Ces actions qui
restent pourtant traditionnelles, consistent à construire de
mini-barrages faits de piquets figés dans la terre, autour desquels sont
tressés des troncs d'arbuste et des branches d'arbre. Ces ouvrages
bloquent ainsi en amont la charge en transit dans les eaux, ce qui permet de
remblayer les entailles du ravinement. En aval, la rupture de pente devient de
plus en plus importante au fur et à mesure que la hauteur du
remblaiement augmente de même que la vitesse de l'écoulement.
Ainsi donc au pied de la barrière, l'incision reprend progressivement
des dimensions comparables à celles d'avant l'édification du
mini-barrage (Séna, 2000). Les maisons menacées
d'écroulement par le ravinement sont renforcées au niveau de
leurs fondations par des troncs d'arbre et des parpaings ou des terrassettes en
ciment. Malheureusement, ces différentes initiatives de lutte contre le
ravinement sont très peu efficaces face à l'ampleur du
phénomène dans la région.
De ces différents aspects de dégradation du
paysage que nous venons de décrire, on peut conclure que Assomé
présente un milieu naturel hérité (Gnongbo, 1996) et
très sensible. Par conséquent, il n'a pas résisté
à la surexploitation anthropique qui a amplifié les processus
naturels d'évolution. Ce phénomène qui a
déjà pris des allures catastrophiques se transforme de nos jours
en un cercle vicieux dont les impacts sont très négatifs pour le
développement de la région. Il s'avère donc
impérieux d'entreprendre des actions pour endiguer ces impacts qui
risquent de s'aggraver à la longue.
Deuxième partie :
Développement d'Assomé
Toutes les dimensions du développement sont
impliquées dans le développement des espaces géographiques
constitués notamment le culturel, le scientifique, la technique
associée à la technologie, le sociologique et
l'environnemental...La réalité sectorielle et la
réalité dimensionnelle s'imbriquent conférant à
l'entité géographique une crédibilité
destinée à assurer la pertinence des actions de
développement à mener. Le développement de la
localité d'Assomé s'appréciera à partir du cadre
juridique, du cadre économique et de l'organisation
socio-anthropologique et territoriale.
Chapitre 5 : LE CADRE JURIDIQUE
Le cadre juridique du développement de l'espace
s'appréhende sur le plan de la gestion administrative et territoriale de
chaque entité géographique. Il permet ainsi d'analyser l'aspect
légal de la gestion des terres et de l'environnement.
5.1. Administration
La constitution togolaise dispose que les collectivités
locales s'administrent librement par des conseils élus dans les
conditions prévues par la loi. Cette disposition fut renforcée
par loi de décentralisation votée à l'Assemblée
Nationale le 11 février 1998. Elle stipule que les collectivités
locales notamment les communes rurales doivent s'administrer librement
c'est-à-dire jouir d'une large et effective autonomie, dans la gestion
de leurs propres affaires, par le biais de dirigeants locaux élus au
suffrage universel direct. Cependant force est de reconnaître que dix ans
après, les décrets d'application de cette loi ne sont pas encore
disponibles.
Ainsi, les villages représentent aujourd'hui, les
derniers échelons du système centralisé et descendant de
l'administration du pays. Ils sont administrés par des chefs
traditionnels aidés de notables, et nommés par décret
ministériel. Ils sont garants des us et coutumes, gèrent la
justice traditionnelle et la cohésion sociale de leurs populations. Ils
ne disposent d'aucun pouvoir politique et sont plutôt appelés
à exécuter les décisions venant de la hiérarchie
administrative de l'Etat omnipotent.
Néanmoins sous l'impulsion des partenaires au
développement, l'Etat autorise ces dernières années la
création de structures locales en l'occurrence les Comités
Villageois de Développement (C.V.D) qui ont pour mission d'oeuvrer au
développement local.
Dans ce contexte général, le village
d'Assomé dépend de Tsévié (chef lieu de la
préfecture du Zio).et est dirigé par le Chef Nouvlo Kokou KADJALO
VI aidé par un collège de notables formé par les chefs des
différents quartiers qui constituent le village. Le comité
villageois de développement a vu le jour le 22 Août 2009 et est
présidé par M. Silas ADENYON.
5.2. Les limites
Les limites constituent les caractéristiques
essentielles d'un terroir. En effet, un terroir se définit par rapport
à un espace géographique circonscrit par des limites tangibles
sur la base de cadres administratif et juridique clairement établis. La
mise en place de tels cadres à l'échelle des entités
territoriales administratives (villages, cantons, communes, préfectures
et régions) est un outil indispensable au service de la politique de
développement d'une nation. Elle vise une meilleure évaluation
statistique des potentialités et des besoins des communautés
à la base en vue de l'élaboration de programmes de
développement efficaces.
Au Togo, sur le plan purement administratif, il est
prévu des dispositions légales en ce qui concerne la
création des régions, des préfectures et des cantons.
Cependant, l'application de ces dispositions se fait très souvent
à des fins politiques, qui n'impliquent pas une réelle
délimitation territoriale des entités administratives de bases
que sont les villages, ni ne tiennent compte de leurs réalités
socioculturelles. Ainsi, la fixation des limites territoriales prend un
caractère flou issu du vide juridique relatif au domaine foncier.
En effet, c'est le principe ancestral de " vivre sur la
terre et la terre occupée " qui demeure le mode d'appropriation de
la terre. Les terres de cultures et les terres de parcours de chasse
étaient considérées comme occupées par la
communauté qui la mettait en valeur, donc approprié par elle.
Même si de nos jours, la terre s'acquiert par achat, ce principe reste
toujours en vigueur. Les limites foncières s'arrêtent là
où commençaient celles des communautés voisines
(E.Tchakei, Wacaf 11, document non publié, in Houédakor 1997).Or
l'appropriation des terres dans l'espace est diffuse et discontinue ce qui ne
permet pas de bien situer les "frontières" des domaines fonciers
villageois. Par conséquent, il arrive que de vastes portions de terres
soient réclamées à la fois par deux ou trois
communautés.
Cette instabilité des limites territoriales crée
beaucoup de litiges fonciers entre des terroirs voisins que même la
justice moderne n'arrive pas à résoudre. Ces litiges entre
individus sont souvent ramenés au niveau des clans et des
communautés qui nourrissent quelques fois de la haine les uns contre les
autres.
Etant donné que la terre appartient aux
collectivités et aux particuliers et non à l'Etat, ce dernier n'a
donc pas la maîtrise de ce secteurdans lequel il joue le rôle
d'agent foncier. L'on se confronte alors à une absence totale de
disposition légale sur le plan administratif pour déterminer les
limites des domaines fonciers villageois. L'exemple du terroir d'Assomé
est significatif de cette réalité.
Le terroir d'Assomé regroupe autour du village
d'Assomé, les fermes de Golowou, Tékpo, Epou-Kopé et
Apédomomé-Kopé. Sur le plan administratif, il
dépend du canton de Davié dans la préfecture du Zio. Il
est limité à l'Est et au Sud-Est par le terroir de Davié,
celui de Wli et Ziovonou au Nord-Est alors que ceux de Kovié et de
Mission-Tové le cernent respectivement à l'Ouest et au Sud-Ouest.
Tenu par l'objectif principal assigné à cette
étude qui se base sur l'analyse des dysfonctionnementsde la situation de
référence pour enproposer des orientations de
développement global et intégré et d'amélioration
des conditions de sa population, il fallait bien circonscrire l'étendue
du terroir d'Assomé afin de faire un travail objectif. Pour ce faire, il
fut organisé une campagne de géoréférencement qui a
permis de déterminer, sous la base de la synthèse des
informations recueillies, les différentes limites de ce terroir et par
là la valeur de son étendue. Au vu des coordonnées issues
de ce géoréférencement, le terroir d'Assomé est
délimité par le contour décrit par les repères
figurant dans le tableau 6.
Tableau 6 :
Coordonnées géographiques des limites du terroir
d'Assomé
N°
|
Coordonnées Géographiques
|
Situation Géographique
(Limite)
|
Lieux dits
|
Longitude
|
Latitude
|
P1
|
1° 10' 38" E
|
6° 19' 58'' N
|
Sud
|
Lit du Zio
|
P2
|
1° 09' 44'' E
|
6° 19' 35'' N
|
Sud
|
Adjové-Poukopé
|
P3
|
1° 11' 05'' E
|
6° 20' 25'' N
|
Sud-Sud-Est
|
Aziatroga-Kopé
|
P4
|
1° 10' 51'' E
|
6° 20' 24'' N
|
Sud-Est
|
Assomé-Djogbé
|
P5
|
1° 10' 51'' E
|
6° 20' 33'' N
|
Est
|
Davié-Djogbé
|
P6
|
1° 10' 27" E
|
6° 22' 27" N
|
Nord-Est
|
Daviémondi
|
P7
|
1° 10' 08" E
|
6° 22' 41" N
|
Nord-Est
|
Davié-Tékpo
|
P8
|
1° 09' 20" E
|
6° 22' 25" N
|
Nord
|
Apédomomé-Kopé
|
P9
|
1° 08' 36" E
|
6° 22' 29" N
|
Nord-ouest
|
Vers Ziovonou
|
P10
|
1° 07' 24" E
|
6° 21' 48" N
|
Ouest-Nord-Ouest
|
Lit du Zio
|
P11
|
1° 07' 37" E
|
6° 21' 04" N
|
Ouest
|
Pont sur le Zio
|
P12
|
1° 08' 35" E
|
6° 20' 27" N
|
Sud-Ouest
|
Lit du Zio
|
Sur la base de ces coordonnées géographiques
relevées, une carte précisant les limites du terroir
d'Assomé a été établie (carte 5).
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du54.png)
Carte 5
80
: Terroir d'Assomé
Cette carte présente explicitement les limites du
terroir d'Assomé. Cependant, la réalité sur le terrain est
tout autre. En effet, à la lumière de ce qui est dit plus haut,
ces limites territoriales sont plus généralement jalonnées
par des pourtours flous que marquées par des frontières
précises. Seul le lit du Zio constitue son unique limite tangible, les
autres sont imprécises et varient dans l'espace selon que celui qui les
fixe, maîtrise ou non l'étendue du domaine foncier villageois.
Le caractère imprécis des limites est la source
de litiges fonciers entre les propriétaires des terres se trouvant de
part et d'autres de ces limites que d'ailleurs on n'arrive pas à bien
déterminer. Dans les zones d'extraction, du fait de l'enjeu
économique, ces litiges fonciers s'exacerbent et se transforment parfois
en conflits et en affrontements. Le cas de la situation conflictuelle qui
prévaut aujourd'hui, entre le clan AGBALETI d'Assomé et la
communauté deDavié-Djogbé à propos des terres de
carrières de gravier limitrophes des deux terroirs dans le sud-est
d'Assomé, en est révélateur. Malgré la
décision de justice en défaveur du clan Agbaléti
d'Assomé celui-ci n'est pas prêt à obtempérer
vis-à-vis des terres qu'il conçoit comme appartenant à ses
ancêtres. Ce qui a instauré un climat méfiance de la
communauté de Davié-Djogbé à l'égard de la
population d'Assomé.
Outre ces litiges fonciers frontaliers, on rencontre à
l'intérieur même du terroir d'Assomé beaucoup de litiges
fonciers au sein des différents clans suite à la
désorganisation des modes ancestrales de gestion du patrimoine
foncier.
En effet, le droit foncier coutumier en vigueur
conférait à tous les membres d'une collectivité le droit
d'usufruit sur les parcelles de cette collectivité.La
propriété était alors perçue comme un patrimoine
commun qu'il faut défendre contre d'éventuels usurpateurs.Aussi
la gestion de l'exploitation de la terre se faisait-elle à travers un
système parcellaire traditionnel. Les limites des parcelles sont
matérialisées par une espèce d'arbre appelée «
agnati ou lipoti »4(*).
Cependant, la vulgarisation de la rente foncière
rurale, l'émergence de l'esprit individualiste induit par
« l'économie capitaliste », l'essor de l'extraction
de gravier etles intérêts économiques et financiers qu'elle
représente,viendront mettre fin à cette gestion collective de la
terre. Désormais, c'est la course à l'appropriation individuelle
des terres. Dans ces conditions, certains responsables ou membres des
collectivités vendent clandestinement, à l'insu des autres
membres, des portions du patrimoine commun à des exploitants de gravier
ou des étrangers. Ce qui engendre souvent des litiges fonciers
fratricides. Cette situation a amené à la parcellisation des
terres au nombre de familles qui composent les collectivités.
Désormais chaque père de famille a la responsabilité de
ses terres qu'il lègue à ses enfants par héritage.
Le constat met ainsi à jour un quadrillage
administratif imprécis, dû au laxisme des structures de l'Etat
notamment la Direction de la Cartographie Nationale et du Cadastre (DCNC) qui
ne possède pas les capacités juridiques et les compétences
adéquats pour déterminer les limites des entités
villageoises à l'instar d'Assomé et pour gérer les
patrimoines fonciers relevant de leurs autorités.
5.3. L'environnement
La dégradation de l'environnement est un fait
réel à l'échelle nationale et la situation ne cesse de
s'empirer. Cependant, l'Etat s'est doté d'un certain nombre d'outils de
gestion de l'environnement qui sont entre autres :
- la loi n° 88-14 du 3 novembre 1988 portant code de
l'environnement qui constitue le texte de base en matière de gestion et
de protection environnementale;
- la politique Nationale sur l'Environnement;
- le Plan National d'Action pour l'Environnement (PNAE);
- le Programme d'Action National de lutte contre la
Désertification;
- la stratégie de conservation et d'utilisation durable
de la diversité biologique;
- le cadre national de biosécurité;
- le plan national de mise en oeuvre de la Convention de
Stockholm;
- la stratégie nationale de mise en oeuvre de la
Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques;
- la loi-cadre sur l'environnementpromulgué le 30 mai
2008;
- la loi portant code forestier du 19 juin 2008. Par
ailleurs,la loi n° 2007-011 relatives à la décentralisation
et aux libertés locales confie d'importantes attributions
environnementales aux collectivités territoriales.
Certes,les avancées obtenues à travers tous ces
outils dans le domaine de la gestion de l'environnement sont très
importantes, mais à ce jour, il n'en demeure pas moins vrai qu'elles ne
constituent qu'un "saut qualitatif vers l'amélioration de la gestion de
l'environnement et la promotion du développement durable". En effet,
toutes ces lois ne sont pas suivies de textes d'application pouvant encadrer
leur concrétisation sur le terrain.
A Assomé, outre les formes traditionnelles de
dégradation de la biodiversité, la détérioration de
l'environnement s'est accentuée depuis les années 70 par
l'extraction artisanale de gravier qui occupe près de la moitié
de l'étendue du terroir. Nonobstant, cette activité qui sur la
forme est régit par des dispositions réglementaires de l'Etat,
dans les faits, se déroule dans l'indifférence totale des dits
dispositions.
A priori, tout gisement est un patrimoine étatique et
selon les normes de la direction des mines et dela géologietout
propriétaire terrien qui voudrait creuser une carrière doit avoir
une autorisation d'exploitation ou un titre minier délivré par la
DirectionGénéraledes Mines et de la Géologie (DGMG). Le
dossier de demande d'autorisation d'exploitation se compose d'un plan
d'étude d'impactou un plan de remise en état
aprèsl'exploitation.Pour ce faire, la direction exige des exploitants,
un plan de la parcelle à exploiter; ce dernier doit être à
une échelle de 1/50000. Cependant. le coûtde réalisation de
ce plan revenant trop cher d'une part, et les géomètres
fournissant des plans assez réduits, la direction accepte bien des plans
de localisation aux échelles de 1/2000 pour des exploitations
artisanales (petites exploitations) et 1/5000 pour de grands travaux. Ces plans
permettent aux ingénieurs d'étudier les impacts
corrélatifs à ces exploitations afin de pouvoir en accorder ou
non les autorisations.Il faut aussi que le gérant ou l'exploitant donne
une preuve de sa capacité financière pouvant garantir la remise
en l'état des portions de terres qui seront affectées par
l'extraction.
Les exploitations à des fins commerciales sont sujettes
au payement d'un droit d'exploitation, alors que les exploitations de gisement
à des fins d'usage privé ou personnel en sont exemptées.
Les droits sont fixés à 200 000 F CFA pour une exploitation
artisanale et 300 000 FCFA pour les grands travaux.Ces droits sont payables au
trésor public. En outre, il faudra s'acquitter des frais d'inscription
de dossier qui s'élève à 150 000 F CFA et de la redevance
superficiaire : 50 000 FCFA payables àla Direction
Générale des Mines et de la Géologie (DGMG). En revanche,
il est prescrit qu'aucune exploitation artisanale ne doit dépasser cinq
hectares (5 ha).
Avec toute cette coordination et cette réglementation,
les réalités sur le terrain sont autres. En effet, l'exploitation
artisanale de gravier se déroule dans une absence totale de cadre
réglementaire. Presque tous les exploitants de graviers n'ont pas de
titre minier et ignorent complètement son existence. C'est-à-dire
qu'ils n'ont jamais payé de droits fixes, ni de frais d'instructions de
dossier et de redevance superficiaire. Seules les grandes exploitations
à intérêt national commel'extraction de phosphate ou
l'extraction de certains minerais sont reconnues et autorisées par le
service des mines.
La direction des mines perçoit tout au moins des taxes
de redevance minières qui s'élèvent à100F CFA /m3.
Cependant, ces derniers sont ramenés à 500F CFA par voyage
c'est-à-dire que tout camion qui transporte du gravier doit payer500FCFA
par voyage. Et du fait qu'il n'y ait pas de police minière, les
contrôles sont difficiles et souvent inexistants. Ce qui fait que les
jours de travail exigés par le service des mines ne sont pas
respectés et les volumes à extraire ne sont pas non plus
respectés.
Chapitre 6 : LE CADRE ECONOMIQUE
L'économie constitue l'un des paramètres
essentiels de l'analyse du développement des espaces
géographiques. Elle se révèle à travers le
processus de création d'activités etd'organisationspatiale,
à partir des ressources fournies par la nature, en vue de la
satisfaction des besoins humains.A Assomé, c'est une économie de
subsistance qui se développe à partir des énormes
potentialités agroclimatiques, pédologiques et des ressources du
sol et du sous sols (dépôt de gravier). Comme telle, elle est
caractérisée par une forte dépendance au secteur primaire
que représentent l'agriculture et l'extraction de
gravier,néanmoins il ne faudra pas marginaliser l'informel (commerce,
artisanat, transport...) qui prolifère dans le village. Cependant, il
faut souligner que c'est une économie qui s'est dégradée
depuis bien de décennies surtout avec l'essor de l'extraction de gravier
sur ce terroir.
6.1.
La désagrégation de l'économie
Jadis, la vie économique à Assomé
était essentiellement basée sur l'agriculture. La terre
était disponible, les conditions bioclimatiques favorables. Bref toutes
les conditions étaient réunies, permettant ainsi d'avoir de bons
rendements. Certes, la production agricole était de type traditionnel
mais il permettait de dégager des surplus qui étaient
commercialisés sur les marchés de la région. La population
tirait donc de l'agriculture des revenus non négligeables et pouvait
satisfaire ses besoins monétaires. Puis au milieu de la décennie
1950 apparaît l'activité d'extraction des graviers qui va
bouleverser les pratiques économiques dans le village. A l'époque
c'était une activité secondaire qui a permis aux paysans
d'améliorer considérablement leurs revenus, en témoigne la
nature des habitations du village qui pour 90% des cas sont de type moderne
malgré l'absence de luxe.
Cette activité qui allait de pair avec l'agriculture va
très vite supplanter cette dernière pour la reléguer au
second plan. Dès lors, les terres agricoles sont transformées en
carrières et la végétation décimée.
Parallèlement la population s'est accrue, de même que son emprise
sur les ressources biologiques. Il s'ensuit alors une profonde
dégradation du cadre de vie et des conditions bioclimatiques. La
dégradation du paysage, en l'occurrence celle de la terre et la
marginalisation de l'agriculture ont conduit à une baisse
considérable de la production. Cette dernière n'arrive donc pas
à assurer l'autosuffisance alimentaire et il devient difficile voire
impossible de dégager du surplus pour les périodes de soudure.
Face à ce problème de déficit
alimentaire, la population tente de redonner vie à l'agriculture,
cependant elle est confrontée au manque de terre et à
l'inaptitude de celle-ci à la production agricole. En effet, les terres
des anciennes carrières abandonnées sont quasiment impropres
à l'agriculture. Sa pratique devient très difficile et
précaire. La population s'est retrouvée dépourvue de ses
sources de revenus. Par conséquent, elle est confrontée à
une pauvreté monétaire qui devient endémique à la
région. Il est alors très difficile à la population,
malgré les revenus tirés de l'extraction de gravier, de
satisfaire les besoins fondamentaux comme s'alimenter, se soigner et
s'éduquer. Dans ces conditions d'incertitude économique,
l'émigration reste la seule issue surtout pour les jeunes.
Le contexte économique à Assomé est alors
très difficile et reflète exactement les réalités
mises en exergue dans le Document Stratégique de Réduction de la
Pauvreté (DSRP). Selon ce document, dans le contexte du monde rural
togolais où 86,4 % des ménages tirent leurs revenus de
l'agriculture, alors qu'il est démontré que l'incidence de la
pauvreté dans un ménage géré par un agriculteur est
de 78,8 %, c'est presque 75 % de la population en milieu rural qui est
vulnérable à la pauvreté monétaire. Certes,
l'agriculture à Assomé, est tombée en
désuétude au profit de l'extraction de gravier, mais l'incidence
économique de ce dernier semble être le même que celui
où l'agriculture serait l'activité économique principale
dans le village. Ainsi, le contexte économique du terroir
d'Assomé est très précaire et caractérisé
par la faiblesse des revenus. En conséquence, les dépenses
inhérentes à la santé et à l'éducation sont
encore très faibles.
6.2. Les activités
économiques
6.2.1.
Le primaire
Le secteur primaire regroupe toutes les activités
économiques liées à l'exploitation de ressources
naturelles. Il se caractérise à Assomé par l'agriculture
et l'exploitation de gravier.
6.2.1.1. L'agriculture
L'agriculture est la principale activité des
populations de l'Afrique subsaharienne. Elle a une vocation nourricière
et occupe au Togo près de 80 % de la population active en milieu rural.
A Assomé, elle a pendant longtemps reculé en faveur de
l'activité d'extraction de gravier. S'étant rendues compte du
déficit alimentaire que connaît le terroir, les
populationsretournent peu à peu à l'agriculture. Malheureusement,
sa pratique est confrontée à d'énormes contraintes qui
découragent surtout les jeunes qui ont presque totalement quitté
le village.
Ø Les moyens de production
Les moyens de production désignent l'ensemble des
matériaux y compris le patrimoine foncier dont dispose l'agriculteur
dans le cadre de son activité.
· Le patrimoine foncier
La terre, dans la plupart des sociétés du Sud
Togo, est un bien collectif et inaliénable. Les propriétaires
fonciers comme les étrangers disposent du droit d'usufruit. Tous les
descendants d'une famille sont des ayants droit de l'espace foncier de leurs
ancêtres. Ainsi la terre s'acquiert par héritage mais aussi par
don et par prêt. La vente de la terre, propriété des
ancêtres, est prohibée. Cependant, on retrouve dans la zone des
propriétés acquises par achat. Les autochtones, pour satisfaire
leurs besoins financiers en cas de décès ou de maladie,
procèdent souvent à la vente d'une partie de leur patrimoine
foncier. Par ailleurs l'essor de l'activité d'extraction de gravier dans
la région y a introduit une nouvelle pratique foncière. En effet,
les propriétaires concèdent la terre aux exploitants
étrangers moyennant un quota par camion de gravier extrait, mais la
terre revient aux propriétaires terriens à la fin de
l'exploitation. Malheureusement l'extraction de gravier ne laisse que des
excavations non remblayées avec un sol fortement dégradé
et impropre à l'agriculture. De plus les terres aptes aux cultures
subissent des morcellements à répétition suite à
l'augmentation du nombre des membres des clans et familles. Ainsi les
populations sont de plus en plus confrontées au problème de
pénurie de terres de culture.
· Des outils de production rudimentaires et
archaïques
Les instruments utilisés pour la mise en valeur des
terres sont tous aratoires et individuels. Ils demandent à fournir un
effort physique exceptionnel de la part du paysan et ne permettent pas une
grande productivité. Il s'agit essentiellement de la houe, du coupe -
coupe, de la pioche, de la hache et de la faucille.
o La houe est faite d'une manche de 60 à 70 cm
légèrement courbée à partir d'un arbre fourchu avec
un angle de 35 à 45°. La lame est longue d'environ de 15 à
20 cm avec 10 à 15 cm de large. Elle sert à sarcler.
o Le coupe-coupe sert à couper les buissons et à
émonder les arbres et à faire les récoltes
o La hache est aussi faite d'une fourche de bois plus
léger servant de manche. Elle sert à couper le bois et les
régimes de palme.
o La faucille est faite d'un morceau de fer en forme de
croissant fixé au bout d'un bois léger. Elle sert à
couperla paille et à moissonner le riz.
o Le bâton à fouillis est un bâton
taillé en pointe qui sert à faire des trous dans lesquels l'on
sème les graines.
Notons que la préparation des casiers rizicoles avant
le repiquage se fait à l'aide de motoculteur qui reste pour le moment,
l'outil de travail le plus moderne dans la région.
Ø Les techniques d'entretien
Pour permettre aux plantes de donner un rendement maximum, il
faut entretenir le champ à travers un certain nombre d'opérations
à savoir le sarclage, le billonnageet l'écimage
Le Sarclageest une opération indispensable et
très importante. Elle se déroule 2 à 3 semaines
après les semailles. Elle consiste à enlever à l'aide
d'une houe les mauvaises herbes dans les champs. Cette méthode contribue
énormément à l'augmentation du rendement et c'est
à juste titre que cette pratique est conseillée par les agronomes
dans un strict respect du calendrier d'entretien de culture (Wagbé,
2005). Selon la nature du sol et la densité végétative des
plantes adventistes, le sarclage est effectué deux à trois fois
avant la récolte.
Le billonnage estun labour en billon dont les planches sont
séparées par des sillons. Cette opération a pour but
d'épaissir le sol et de faciliter le drainage. Cette technique est
très peu utilisée dans notre zone d'étude où les
paysans ont du mal à l'adopter pour puisqu'ils prétendent que
c'est une opération difficile à réaliser.
L'écimage consiste à couper la cime du maïs
après la fécondation dans le but de faire grossir l'épi.
La sève qui devait circuler jusqu'a la cime se concentre dans la partie
inférieure de la plante et alimente l'épi. Comme Wagbé
(2005) l'a remarqué, cette pratique ne se limite qu'à des champs
de petite taille et ne concernent que quelques agriculteurs.
Ø L'organisation du travail
agricole
Les travaux agricoles sont effectués sur la base
individuelle, familiale et collective. Seuls quelques paysans qui ont des
moyens financiers arrivent à utiliser la main d'oeuvre salariale.
· Le travail individuel et
collectif
Le travail individuel et le travail collectif sont les plus
pratiqués. Pour le travail individuel, le paysan est seul sur son
exploitation et ne bénéficie d'aucune aide de la part de sa
famille (il appartient le plus souvent à un groupe d'entraide). Ainsi,
il dépense beaucoup d'énergie pour mettre en valeur une
superficie relativement importante pour sa subsistance.
Quant au travail collectif, il est aléatoire et
n'existe pas réellement. Le paysan est aidé par ses enfants ou
personnes à charge. Ceux-ci ne travaillant sur l'exploitation que les
week-ends et pendant les congés et les vacances pour cause de
scolarité. Seules les femmes sont présentes de façon
permanente sur l'exploitation.
· Le salariat
Il n'est utilisé que par quelques paysans et pour
certains travaux trop difficiles à réaliser et aussi en fonction
des saisons et des moyens financiers disponibles. Les métayers sont
payés par carré de champs, de 10 à 12 bras de coté
de travail accompli. Le carré d'une corde mesurée aux bras tendus
horizontalement étant l'unité de mesure agricole traditionnelle
dans le Sud-Togo.
· L'entraide
Les entraides sont destinées à compenser
l'insuffisance de moyens de production disponibles. Les paysans se regroupent
en équipes de travail selon leur affinité et la proximité
de leurs champs pour accomplir les tâches agricoles souvent
pénibles pour être réalisées individuellement. Cette
organisation paysanne a pour objectif la poursuite d'avantages communs qu'ils
obtiennent contre obligations communes. C'est aussi le lieu par excellence de
la formation à la pratique des techniques agricoles (Adéwui,
2001). Le nombre de personnes varie de 5 à 15, et le travail
s'effectue par rotation sur chaque exploitation à intervalle de 2
à 3 jours. Chacun travaillant un carré de 10 à 12 bras de
coté par jour, l'exploitant qui reçoit assure, pour ses
coéquipiers, le déjeuné.
· Les groupements
Il ne subsiste à Assomé qu'un seul groupement
dénommé GAMZA qui oeuvre pour la vulgarisation du reboisement et
la fertilisation du sol par l'utilisation du mucuna. Les producteurs de riz
avaient constitué un groupement dénommé "LONLONYON". Par
ce biais, ils avaient facilement accès aux crédits et
financements. Malheureusement pour cause d'endettement de certains producteurs
et de mauvaise gestion, le groupement n'existe plus.
Tous ces moyens de production, outils aratoires, terres dont
les dimensions deviennent de plus en plus petites et l'organisation
déficiente du travail basée essentiellement sur l'énergie
humaine, influencent énormément les superficies cultivées
et la production.
· Forme et taille des exploitations
agricoles
Généralement dans l'agriculture traditionnelle,
les parcelles d'exploitation n'ont pas de formes régulières.
Ainsi les parcelles de culture ont une diversité de formes. On y
rencontre des parcelles apparemment carrées, rectangulaires ou
trapézoïdales. Tout comme la forme, la taille des parcelles est
également très variée. Elle varie d'un champ à
l'autre, selon le nombre des actifs, leurs capacités et les moyens
financiers. Dans l'ensemble, la taille des exploitations varie entre 0,5 et 3
ha.
Ø La production agricole
La productivité a considérablement
baissé, comme nous l'a confirmé un groupe d'agriculteurs :
« avant avec un champ de 10 carrés on arrivait à
construire un grenier de 8 pieds au moins. Mais aujourd'hui, un champ de 30
carrés ne donnent à peine qu'un grenier de 6 pieds ».
En effet, les terres d'exploitation à force d'être mises en
culture de façon permanente pendant plusieurs décennies se sont
complètement appauvries. La pression démographique sur le terroir
a provoqué le morcellement de l'espace agraire qui, à son tour, a
engendré la réduction de la jachère et la mise en culture
continue des parcelles avec pour corollaire l'appauvrissement excessif des sols
(Hombre, 2005). Les paysans ne fournissent aucun effort pour améliorer
la fertilité du sol, même l'engrais vert n'est pas
utilisé.Les tentatives pour acquérir des données sur
l'évolution de la production agricole à Assomé ont
été infructueuses. Néanmoins, nous avons estimé la
production par rapport à la taille de certaines exploitations. Elle est
très faible et n'atteint pas la tonne par hectare comme
l'indique le tableau 7.
Tableau 7 :
Estimation de la production vivrière à Assomé
Taille
(en ha)
|
Haricot
(en kg)
|
Arachide
(en kg)
|
Maïs
(en kg)
|
Manioc
(en kg)
|
< 1
|
210
|
450
|
250
|
|
1 - 2
|
700
|
9 00
|
950
|
3000
|
> 2
|
1 200
|
1 050
|
1 500
|
|
Campagne de terrain, Juillet 2008
Ø Les systèmes de culture
Le système de culture est la combinaison de plantes
choisie par une société rurale pour tirer un meilleur profit de
ses terres, et des techniques dont l'utilisation vise à obtenir de leurs
cultures une production satisfaisante pour une saison donnée .Il fait
aussi l'état de l'ensemble des cultures retenues par l'exploitant pour
atteindre ses objectifs.
Le terroir d'Assomé, à l'instar de toute la
basse vallée du Zio, offre un éventail assez ouvert de cultures
allant des vivriers aux cultures de rente. Les vivriers sont dominés par
le maïs (aliment de base) et le manioc, complétés du haricot
et de l'arachide. Ils sont le plus souvent cultivés en association sur
des parcelles parsemées de palmiers à huile.
Cette association de culture présente d'énormes
avantages agricoles. D'une part, elle permet d'accroître la production
par le biais de la réalisation simultanée de plusieurs
récoltes. D'autre part, elle assure l'exploitation convenable des terres
en ce sens qu'une plante modifie le milieu en faveur d'un autre (Hombre,
2005).
Alors que les plantes vivrières sont essentiellement
cultivées sur les sols ferralitiques à structure sablo-argileuse
sur des zones exondées, le riz et la canne à sucre se retrouvent
sur les sols hydromorphes aux abords du Zio et dans les bas-fonds. Leurs
productions sont essentiellement destinées à la vente.
· Les cultures
vivrières
o Le maïs
Le maïs constitue l'aliment de base par lequel on obtient
la farine qui sert à faire la pâte et la bouillie. Il se cultive
sur défriche brûlis, soit en pure, ou complanté de manioc,
de haricot parfois même d'arachide.
o Le manioc
Il est le principal tubercule cultivé dans la
région. Il s'agit d'une plante de soudure et de modération
alimentaire qui a l'avantage de bien se conserver en sol. Il est favorable
à plusieurs types de sols et supporte les conditions difficiles. Il
constitue une matière première dont la transformation permet
d'obtenir la fécule "agbélima", le gari et le tapioca.
o L'arachide et le haricot
Ils sont plus des cultures d'appoint que des cultures de base
de l'alimentation. Ils trouvent des conditions écologiques favorables
à leur développement mais sont peu répandus. Ils sont
souvent cultivés en complantation et à densité faible. De
manière générale, les superficies de haricot sont plus
importantes que celles de l'arachide.
o Le palmier à huile
Le palmier à huile joue un rôle important dans
l'économie paysanne. Il contribue à la satisfaction des besoins
domestiques des paysans et leur assure des revenus monétaires
supplémentaires. L'avantage réside dans le fait que toutes les
composantes du palmier sont utiles à l'homme. Les branchages servent
à fabriquer des claies, des balaies et des paniers; les noix servent
à la cuisine et la fabrication de l'huile de palme et de palmiste sans
oublier la production du vin de palme après l'abattage de l'arbre. Le
palmier se retrouve disséminé un peu partout sur le terroir. Il
pousse le plus souvent à l'état sauvage sous forme de peuplement
spontané dense et / ou discontinue sur de grandes superficies ou
sous forme d'îlots localisés. Ce sont souvent de jeunes plants
probablement d'une dizaine d'années d'âge, les plus vieux
étant abattus pour la production de vin de palme. L'absence de soins
à ces plantes montre qu'il s'agit plus d'un système de cueillette
que d'une exploitation de type moderne (Houédakor, 1997).
· Les cultures de rente
Le riz et la canne à sucre constituent les principales
cultures de rente de notre zone d'étude.
o Le riz
Le riz constitue la principale culture de rente dans la basse
vallée du Zio. Sa culture était bien connue par les paysans de
Kovié et Assomé qui avaient leurs champs aux abords de la
rivière Nouglobé (Noussoukpé, 2004). Mais il s'agissait
d'une riziculture traditionnelle bien soumise au déterminisme du milieu
naturel. Les variétés cultivées étaient les
oriza (Oriza glabérima, Oriza sativa stend...) qui sont des
variétés locales. Par ailleurs, c'était une riziculture
pluviale à une récolte annuelle dont les rendements sont
déterminés par l'abondance ou non des pluies dans l'année
(Abotsi, 2005).
A partir de 1965, cette riziculture pluviale va
connaître une modernisation avec l'introduction de la technique
d'irrigation par les Taïwanais suite à l'accord signé avec
le Togo en 1963. Leur système d'irrigation était constitué
de stations de pompage sur le fleuve Zio et de canaux d'acheminement de l'eau
jusqu'aux périmètres rizicoles. Ce système a
été perfectionné quelques années plus tard par les
chinois avec la construction du barrage de retenue d'eau d'une capacité
de 8388 m3 à Alokoègbé (Goh in Abotsi 2005). De
même, de nouvelles espèces de riz ont été
introduites. Il s'agit des espèces comme Elite (120 jrs),
Sarakawa (120jrs), IR841 (120jrs), Anatchem (60jrs),
TGR34 (90jrs), IR Atipko (120jrs) IR 800 (120jrs)
selon Goh (1996) et Botsoé (2001). Les rendements de ces nouvelles
espèces s'élèvent à 3,5 voir 5 tonnes de riz paddy
par hectare contre un rendement de 0,5 à 1,2 tonnes pour les
espèces traditionnelles.
La disponibilité permanente de l'eau, grâce au
barrage, a permis d'augmenter le périmètre rizicole à 370
ha (GOH, 1996), la productivité et le nombre de saisons rizicoles par
année. Désormais, un même champ sert à produire deux
à trois récoltes par an contre une seule récolte pour la
riziculture pluviale. Ainsi, un champ peut fournir jusqu' à 10 voir 15
tonnes de riz paddy à l'hectare par an. L'irrigation permet donc
d'obtenir un surplus de 8,5 à 13,5 tonnes de riz paddy par an à
l'hectare, par rapport au système pluvial traditionnel. Au même
moment, la coopération chinoise subventionnait les intrants (engrais,
pesticides etc.). De ce fait les producteurs de riz arrivaient à
dégager des bénéfices satisfaisants surtout avec la
spéculation qui a suivi la forte demande urbaine en riz. Cependant,
depuis la suppression des subventions chinoises pour raison du non
renouvellement de leur contrat par le gouvernement togolais, la riziculture est
confrontée à d'énormes difficultés.
En effet, les paysans ont souvent recours aux prêts
usuraires pour financer leurs productions. Or le remboursement de ces
crédits se fait soit au taux de 100 % soit par nature. Le paysan est
tenu de rembourser, pour un prêt de 10.000 F, un sac de 100 kg de riz
dont le prix varie entre 20.000 et 25.000 F, soit un taux usuraire d'environ
100 à 150 %.
Par conséquent plusieurs producteurs surendettés
ont abandonné la riziculture pour se tourner vers les cultures
vivrières. C'est probablement pour cette raison que sur les 40 hectares,
soit 10,7 % du périmètre rizicole (Abotsi, 2005) appartenant aux
producteurs d'Assomé, à peine une quinzaine est mise en valeur
lors de notre passage sur le terrain. Seuls les paysans "riches" disposant de
plus de deux hectares de rizières, et pouvant avoir accès aux
intrants sans contracter des emprunts usuraires continuent de produire du riz.
De nos jours ces producteurs arrivent à dégager une marge
bénéficiaire de 250.000 F par saison rizicole (Abotsi, 2005).
En somme, la production du riz constitue pour la vallée
de Zio en général et pour Assomé en particulier l'unedes
meilleures potentialités de développement. Cependant, les
difficultés d'accès au financement entravent sérieusement
son essor.
o La canne à sucre
La canne à sucre est une graminée dont les
talles ou tiges regorgent à leur maturité de 10 à 18 % de
saccharose. Les exploitations se retrouvent le plus souvent contiguës
à celles du riz. Malgré cette proximité, elles ne
bénéficient pas du système d'irrigation. C'est donc une
culture purement traditionnelle avec des parcelles n'excédant pas
l'hectare. La production est estimée à 21voire 25 tonnes par
hectare (Sodégadji, 2007).
6.2.1.2. L'activité d'extraction de gravier
Le sol togolais recèle d'importantes ressources
minérales exploitées. Les seules ressources actuellement
exploitées sont les phosphates de Hahotoé et de Kpogamé et
les calcaires de Sikakondi. Cependant, les minerais non exploitées ne
restent pas moins utiles, car une exploitation artisanale souvent bien
organisée par les populations environnantes les rend utiles. C'est le
cas par exemple de l'or, du fer du sable et du gravier (PNUD, 1986).
En ce qui concerne l'extraction de galet dans la basse
vallée du Zio, elle avait commencé timidement dans les
années 50 après l'interdiction de l'extraction du gravier marin
"apouta kpékui". Elle prendra de l'ampleur avec l'introduction des
motopompes au niveau des postes de lavage et surtout avec l'essor immobilier de
la ville de Lomé qui a augmenté la demande. De même pour la
réalisation des travaux publics, les entreprises ont souvent recours aux
gravières de la basse vallée du Zio pour satisfaire les besoins
en gravier. Dans ce cas, l'extraction se fait à l'aide de bulldozers,
caterpilards et de dameuses.
Dans le village d'Assomé, l'extraction artisanale de
gravier absorbe la presque totalité de la population active: hommes
(vieux, adultes, jeunes), femmes et enfants à cause du profit
immédiat qu'elle procure. Même les agriculteurs en font une
activité secondaire pour améliorer leurs revenus.
L'extraction du gravier est un travail ardu et de longue
haleine. Elle se déroule en deux principales étapes: la
prospection et l'extraction proprement dite à l'aide d'outils que sont
la pioche, la houe, le coupe-coupe.
· La Prospection
La prospection se résume à l'analyse
géologique des terrains avec pour objectif de noter la présence
et la nature du dépôt. La technique consiste donc à
effectuer une creusée de 1,70 m de diamètre ou de coté et
d'une profondeur de 4 à 10 m environ (Tchamba, 2006). Lorsque la
prospection révèle un résultat positif on passe à
l'extraction.
· L'extraction
Elle constitue la phase la plus pénible du travail. Les
couches de gravier se trouvant à des profondeurs de 1 à 6 m, on
effectue un décapage progressif du couvert végétal ainsi
que du manteau d'argile, pour atteindre les couches de galets.
C'est l'extraction proprement dite qui fait dépenser
beaucoup d'énergie, d'autant plus que comme nous l'avions dit plus haut,
les galets sont piégés dans une matrice ferrugineuse fortement
indurée avec présence de blocs de poudingue au niveau des
dépôts de la haute terrasse. Ainsi à longueur de
journée, les ouvriers arrachent à coup de pioche (photos 28 et
29) des morceaux du matériel compact qu'ils écrasent après
avec le dos de leurs pelles avant le traitement.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du55.png) ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du56.png)
2829
Campagne de terrain, Avril 2008
Photos 27 et 28 :
Extraction de gravier respectivement dans la zone de
Kpota et derrière la maternité à
Assomé
· Le traitement
Au niveau des carrières d'extraction, le traitement se
fait par le tamisage à sec. Le tamis est constitué d'un grillage
métallique à maille de 1,5 cm de coté, fixé
à un cadre pourvu d'un pose-pied. L'extrait est projeté sur le
tamis de manière répétitive en petite quantité en
se servant de la pelle (photo 30). Ainsi on permet aux particules de sable,
d'argile et au débris végétaux de passer à travers
les mailles du grillage. Le refus est appelé « gravier tout
venant » et est destiné à la vente.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du57.png)
Source : Campagne de terrain, Avril 2008
Photo 29 :
Opération de tamisage
Le travail se fait en équipe de deux à quatre
personnes par exploitation. Les hommes se chargent de l'extraction alors que
les femmes assurent le portage de la carrière au lieu de stockage.
· Le cubage
La quantité de galets extraite par un ouvrier ou groupe
d'ouvriers est mesurée à l'aide d'une unité appelée
caisse (670 dm3) correspondant à un tas de graviers (photo
31) constitué de 30 mesures de la petite cuvette (22 dm3)
(Photo 32). Une dizaine de caisse équivaut à la contenance d'un
camion de 8m3.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du58.png) ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du59.png)
3132
Campagne de terrain, Avril 2008
Photo 30 : Une mesure
d'une caisse de gravier
Photo 31 : Une
cuvette servant à la mesure du gravier
· Les revenus
o Cas des ouvriers
La rémunération des ouvriers se fait à
base de l'unité de mesure qui est la caisse. Celle-ci est payé
à 2250 F CFA soit 75 FCFA la mesure de la petite bassine. Ainsi nous
avons estimé le revenu d'un ouvrier par rapport à la mesure de
gravier extraite Tableau 8.
Tableau 8 : Revenus
par rapport à la quantité de gravier extraite
|
Cuvette
|
Caisse
|
Camion
|
Volume (dm3)
|
22
|
670
|
8.000
|
Recette (F CFA)
|
75
|
2.250
|
27.000
|
Campagne de terrain, Avril 2008
Quant au portage, il est payé à 25 FCFA le
voyage ce qui revient à 9000 FCFA par camion de gravier extrait.
o Cas des exploitants
Les exploitants sont de deux catégories, ceux qui sont
propriétaires terriens et ceux qui ne le sont pas. Ces derniers sont
donc liés aux propriétaires terriens par un contrat. Il existe
deux types de contrats.
Pour le premier type de contrat, le propriétaire
concède un lot de terrain à l'exploitant, moyennant un quota de
5.000 FCFA par camion de gravier extrait. Dans le second cas, l'exploitant
acquiert le lot de terrain par un bail dont le montant varie le plus souvent
entre 150.000 et 200.000 FCFA. Cependant, la terre revient au
propriétaire terrien à la fin de l'exploitation
Dans le courant du mois d'avril 2008, le prix d'un camion de
8 m3 de gravier "tout venant" variait entre 55.000 et 60.000 FCFA
selon la qualité et la granulométrie du produit. Or, pour
l'exploitant vendeur, le coût d'extraction d'un volume de 8 m3
de gravier revient à la somme de 41.000 FCFA. Ainsi un exploitant peut
dégager un bénéfice net de 14.000 à 18.000 FCFA par
camion de gravier extrait (tableau 9).
Les plus gros bénéficiaires sont les exploitants
qui sont propriétaires terriens. Non seulement ils n'ont pas de quota
à payer pour la concession de la terre, mais aussi, leurs exploitations
sont de type familial où travaillent leurs femmes et leurs enfants qui
ne sont, le plus souvent, pas rémunérés. Cela se comprend
puisque en saison de pluies toute la famille est au champ, et lorsqu' arrive la
saison sèche, où les travaux champêtres cessent, elle se
retrouve dans les carrières de gravier.
Tableau 9 :
Récapitulatif des revenus des acteurs de l'extraction de
gravier
|
Recette par camion de 8m3 de gravier extrait (en F
cfa)
|
Ouvriers
|
27.000
|
Porteuse
|
9.000
|
Chargeur
|
4.000
|
Exploitant
|
14.000 - 19.000
|
Propriétaire terrien
|
5.000
|
Transporteur
|
10.000
|
Service des mines
|
500
|
Préfecture
|
1000
|
Campagne de terrain, Avril 2008
De l'analyse de ce tableau, il ressort que l'activité
d'extraction de gravier à Assomé contribue aussi à
l'amélioration des conditions sociales et économiques des
populations.
Sur le plan économique, cette activité constitue
une source de revenu non négligeable pour les différents acteurs
intervenant dans le domaine (ouvrier, chargeur, employeurs, propriétaire
terrien) jusqu' au niveau de l'Etat et de ses démembrements.
Sur le plan social, l'extraction du gravier contribue à
la réduction du chômage dans notre zone d'étude d'autant
plus que beaucoup de jeunes s'y adonnent. Certains ouvriers et les porteuses y
viennent pour gagner de l'argent pour financer leur apprentissage, leur
scolarité, ou leur commerce. Par le passé, les revenus issus du
gravier ont substantiellement contribué à une mutation de
l'habitât qui est passé du type traditionnel au type semi-moderne
voire moderne.
Malgré que l'extraction de gravier représente
une importante source de revenus pour les populations d'Assomé, elle
engendre malheureusement d'inquiétants dégâts
environnementaux avec des impacts dramatiques sur la vie économique et
sociale de la population. L'agriculture, activité rurale par excellence,
a été substituée au cours de ces trois dernières
décennies par l'extraction de gravier. En effet, durant les
périodes fastes de cette activité et avant son interdiction en
1998, elle a complètement éclipsé l'agriculture. D'abord
par l'absorption de la main d'oeuvre et du capital foncier disponible ensuite
par la dégradation de ce dernier qui est devenu impropre à
l'agriculture.
6.2.2.
L'informel
6.2.2.1. L'artisanat
L'artisanat désigne l'ensemble des activités
économiques manuelles exercées sans aide automatisée, qui
utilise donc une technique traditionnelle voire ancestrale. L'artisan travaille
généralement à son propre compte souvent aidée de
sa famille ou d'apprentis qu'il forme.On distingue l'artisanat de service et
l'artisanat de production.
L'artisanat de service regroupe la couture, la coiffure, la
tresse,... que l'on rencontre dans les ruelles à travers des panneaux
indiquant la présence d'un atelier. Ce secteur est dominée par la
gente féminine et constitue un canal d'insertion professionnelle pour
les nombreuses jeunes filles qui y sont en formation.
L'artisanat de production de son coté englobe la
menuiserie, la forge, la poterie et la vannerie qui produisent des outils, des
meubles et ustensiles utilisés dans les ménages.
Pour certains, la couture constitue une activité
secondaire. C'est le cas des paysans tailleurs qui ne travaillent dans leurs
ateliers que pendant la période d'inactivité agricole.
6.2.2.2. La transformation des produits agricoles.
Elle demeure encore traditionnelle et concerne la
transformation du manioc et des noix de palme par les femmes. Le manioc est
transformé en fécule "agbélima" ou en gari et en tapioca
et les noix de palme en huile de palme rouge "zomi" et d'autres
dérivés. Notons aussi la distillation du vin de palme pour
obtenir de l'alcool "sodabi". Tous ces produits sont convoyés sur le
marché de Tsévié.
Il faudra aussi mettre en exergue le service de la
restauration offert par des bonnes femmes qui en ont fait leur
activitééconomique. Elles offrent sous des abris de fortune des
mets tels que le riz, le foufou, la pâte.
6.2.2.3. Le Commerce
Le commerce reste l'apanage des femmes et s'exerce par le
biais de boutiques d'alimentation générale situées le long
de l'axe Davié-Assomé-Kovié et des étalages de
produits divers aux coins des ruelles. Il existe aussi un petit marché
sur lequel on peut se procurer les produits de première
nécessité pour la cuisine (légumes, épices,
poissons).
6.2.2.4. Le transport
Cette activité est très peu
développée à Assomé à cause de l'état
de délabrement des infrastructures routières. Les camions de
transport de gravier et les véhicules tout terrain sont les seuls engins
à quatre roues à pouvoir accéder à Assomé.
Les premiers passent par Adétikopé et les seconds par
Davié. Par ailleurs, avec la désagrégation de son
économie, le terroir ne dispose pas d'atouts économiques pouvant
permettre le développement des transports.
Dans ce contexte, le transport se résume à la
vulgarisation du phénomène de taxi moto auquel s'adonnent bon
nombre de jeunes du village. Les motos sont souvent mises à leur
disposition par les frères de la diaspora alors que certains sont
propriétaires de leurs motos dont l'achat a été
financé par les revenus tirés de l'extraction du gravier.
Les principaux axes sont Assomé Davié (300 F
CFA), Assomé-Kovié (500 F CFA),
Assomé-Tsévié (500 F CFA) et Assomé-Lomé (1
000 à 1 200 F CFA). Selon un conducteur, le revenu moyen journalier et
personnel peut atteindre2 000 F CFA.Ce qui équivaut à un revenu
mensuel de 60 000 F CFA, qui constitue une fortune en milieu rural togolais. De
plus, ce secteur contribue à la baisse de la délinquance
juvénile en occupant de plus en plus de jeunes.
6.2.3.
L'activité salariale restreinte
Il s'agit des fonctions exercées par les
salariés du public et du privé. Ce sont en majorité les
enseignants du primaire et du secondaire, le personnel de la santé, et
les agents de l'ONG de micro crédit IDH. Cette frange apportebeaucoup
à l'économie du terroir par son pouvoir d'achat.
Chapitre 7: L'ORGANISATION SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE ET
TERRITORIALE
Assoméest un terroir aux valeurs culturelles
typiquement Ewé5(*)
qui reflète les origines du village et de sa population. C'est un
ensemble de 2412 ha qui constitue le périmètre de contrôle
social sur lequel les autochtones expriment leur identité, leur
enracinement et leur appropriation de l'espace. Le terroir est perçu
comme un don des dieux, donc sacré. La communauté est
régie par des us, des coutumes et des interdits qui assurent la
cohésion sociale et l'harmonie avec les dieux. De nos jours, toutes ces
valeurs se perdent peu à peu sous l'influence du brassage culturel et
religieux. Même la forêt sacrée, temple des dieux, est
profanée rompant ainsi selon les garants des us et coutumes la faveur
des dieux à l'égard du village.
7.1. Organisation sociale
A l'instar des autres grands groupes du bloc Aja-Tado auquel
elle appartient, la société éwé d'Assomé est
une société gérontocratique et patriarcale à
résidence virilocale. L'autorité est détenue par les
hommes les plus âgés et les femmes doivent quitter la maison de
leurs parents pour s'installer dans la concession de leur mari. Le
réseau de parenté occupe une place centrale et constitue le socle
de l'organisation sociale.
La cellule de base est la famille
« Éomé » qui prend ici une
connotation beaucoup plus large qu'elle ne l'est chez les Occidentaux. Tous
ceux qui descendent d'un même individu homme ou femme se
considèrent comme membres d'une même famille. La famille
s'étend donc au-delà des personnes unies par des liens de sang.
On en distingue ainsi trois types :
· la famille nucléaire ou conjugale est
composée du père, de la mère et des enfants. En son sein
on n'accorde aucun privilège à une voie particulière de
filiation. Le père et la mère contribuent donc à parts
égales à la procréation puis à l'éducation
de l'enfant. Ils ont à son égard des devoirs
complémentaires de même importance ;
· la famille élargie regroupe plusieurs familles
nucléaires et comprend les grands parents, les oncles, les tantes, les
cousins, les petits fils, les neveux... ;
· la famille clanique dont les membres se
réclament d'un même ancêtre fondateur, ont les mêmes
rites, les mêmes coutumes et partagent les mêmes interdits (les
totems par exemple).
Généralement le
« Éomé » est
représenté par un ménage qui constitue une unité
familiale indiviseà la tête duquel se trouve un chef qui est le
père de famille. Le regroupement des
« Éomé » ayant un même
ancêtre, donne des lignages qui à leur tour constituent des clans
« Kota ». Selon Kossi (1993), le lignage est un
segment du clan regroupant toutes les personnes se reconnaissant par filiation
patrilinéaire comme descendants d'un ancêtre commun connu pour
avoir vécu au moins trois générations plus tôt. Cet
ancêtre laisse en héritage son nom à l'ensemble de la
formation sociale et un ordre religieux.
Outre cette organisation clanique, il existe des groupements
ou associations culturels qui constituent des creusés de
l'identité culturelle de la communauté villageoise. Au nombre de
ces groupements culturels on peut citer ceux de Agbadja, Atiméhoun,
Bobobo... Concomitamment, ces groupements ont pour objectif de promouvoir
l'entraide et la solidarité communautaires dans le village. Chaque
membre est ainsi assisté, aidé et soutenu moralement et
financièrement à travers des cotisations collectives lors des
grands évènements (naissance, mariage, libération,
décès, funérailles...).
Par ailleurs, pour bien sceller la cohésion et la
fraternité des ressortissants d'Assomé, il fut institué la
célébration de la journée de
" Dedekpokpozan " (fête de la libération)
comme la fête traditionnelle du village dont la dixième
édition fut célébrée en 2009.
7.2. L'organisation
administrative et politique
Comme dans tout village de l'aire Ewé, l'unité
administrative de base est le quartier qui est le lieu de résidence d'un
même clan. Il se subdivise en des sous quartiers habités par les
lignages portant le nom de leur fondateur. A la tête de chaque quartier
règne le chef de quartier choisi suivant sa personnalité et son
influence parmi les chefs de lignage. Il dirige le quartier assisté du
conseil des anciens, au sein duquel se trouvent réunis tous les chefs de
lignages et autres personnalités éminentes du quartier.
Les attributions et responsabilités sont
calquées sur la structure à chaque niveau. Le chef de lignage est
chargé de diriger son lignage. A lui de juger les différends
familiaux, d'organiser les fêtes (mariages, funérailles, ...), de
présider les cérémonies du culte des ancêtres. Il
est responsable de son groupe devant la société. La juridiction
du chef quartier représente une instance supérieure. De sa
compétence relèvent les problèmes concernant l'ensemble du
quartier. A lui de régler les conflits qui surgissent entre les lignages
de son quartier. Il a en outre le devoir de défendre les
intérêts de son quartier au sein du conseil royal.
Au plus haut niveau, la gestion des affaires du village est
assurée par un conseil royal composé du chef du village et du
collège des notables constitué par les chefs de quartier. Le chef
du village joue le rôle de coordination au nom de l'administration. Son
pouvoir sur les populations est à la fois administratif, judiciaire et
traditionnel. Il est aussi le gardiendes us et coutumes.
7.3. La vie religieuse
Dans son quotidien, la population d'Assomé accorde une
importance particulière à la croyance. Celle-ci repose sur une
vision physico mystique du monde. Elle joue un rôle si
prépondérant qu'on peut affirmer qu'elle constitue une
donnée centrale de cette société animiste et
polythéiste. L'univers religieux compte ainsi plusieurs
divinités, depuis Mawu (Dieu)jusqu'aux animaux et bois
sacrés en passant par les ancêtres, les esprits et
génies et les Bo ou Zoka (les charmes).
A coté de cette religion polythéiste
héritée des ancêtres, prolifèrent des religions
monothéistes dites modernes.
7.3.1. La religion traditionnelle
La forêt sacrée créée par Togbui
GBAGUIDI fondateur du village, occupe une place centrale dans l'organisation
religieuse.Il s'y déroule périodiquement des
cérémonies rituelles, des prières et des manifestations
diverses en honneur des ancêtres.Les ancêtres sont ceux qui, ayant
vécu dans les temps anciens sont parvenus après une longue,
respectable et féconde vie à une mort digne et se reposent
actuellement dans l'au-delà. Ayant franchi après la mort la
barrière de l'ignorance, les ancêtres sont censés
connaître les deux mondes, visible et invisible, sources des
évènements qui se passent ici-bas. De ce fait ils peuvent agir
pour conjurer les périls, veiller sur le bonheur de leurs familles et de
son bien être matériel. Aussi, le culte que l'on rend, vise-t-il
à les concilier, à les avoir pour alliés et à
obtenir leur bienveillance. Par crainte de leurs reproches ou de leur
colère, on les prie de se montrer indulgents, on les invoque et on leur
offre des sacrifices lors des naissances, des funérailles, des
récoltes. On attribue donc à ceux-ci trois fonctions principales:
· fonction de régénérateurs biologiques
par leur intervention dans les naissances et par une action sur la
fertilité du sol ;
· fonction de garants de l'ordre moral et social c'est
à dire des coutumes, traditions et valeurs qu'ils ont eux-mêmes
façonnés et codifiés de leur vivant. Ils
détiennent, tous les droits et pouvoirs de sanctionner les infractions
aux lois, les ruptures d'interdits, les mauvaises conduites ;
· fonction de protecteurs de leurs descendants.
Un grand prêtre qu'assistent d'autres prêtres et
prêtresses est le maître des cérémonies. Les
cérémonies se déroulent au coeur même de la
forêt sacrée à l'occasion des événements
heureux et malheureux.
Mise à part la forêt sacrée, il existe
aussi des divinités secondaires que sont : Yaya, Azo, Xebieso, Afa, Egu,
Togbi-Zikpui...
7.3 .2. Les religions modernes
En dehors des croyances traditionnelles, on retrouve
parallèlement d'autres croyances que sont le christianisme et l'islam.
7.3.2.1. Le christianisme
La percée du christianisme en Afrique sous l'action des
missionnaires n'a pas épargné cette population. Aujourd'hui le
nombre des fidèles du christianisme ne cesse de grandir, ce qui tend
à réduire voire supprimer la pratique des rites vodou et
ancestrales. Parmi les églises qui expriment la
prépondérance de la foi chrétienne on peut citer les
églises Catholique, Presbytérienne, Assemblée de Dieu,
Témoins de Jéhovah... Il est pratiqué en association avec
l'animisme
7.3.2.2. L'islam
Il est pratiqué par une minorité, surtout des
étrangers et quelques autochtones d'Assomé dont l'actuel chef du
village.
Selon les garants des traditions ancestrales, la conversion
massive des villageois à d'autres religions à conduit à la
profanation du sacré que représente la forêt par les coupes
de bois, les abattages d'arbres et l'extraction du gravier, suscitant ainsi la
colère des dieux qui ne protègent plus le village d'où les
problèmes auxquels le village est confronté, comme la baisse de
la productivité agricole.
7.4. Organisation de l'espace du
terroir
A l'image du monde rural africain en général et
togolais en particulier, il n'existe pas réellement de plan
d'aménagement élaboré pour le terroir d'Assomé. Sa
structuration actuelle résulterait plutôt de la mise en valeur
spontanée des ressources physiques qui a imposé une organisation
archaïque de l'espace. Celle-ci semble épouser la morphologie du
site du terroir. En effet, l'observation du site révèle deux
petits plateaux (l'un au nord, l'autre au sud-est du terroir) et la plaine
alluviale du Zio qui occupe le reste du terroir. Les deux petits plateaux sont
séparés par une vallée sèche allongée qui
communique avec la plaine alluviale (carte 6).
Cette morphologie du site a beaucoup influencé
l'organisation de l'espace du terroir qui se présente comme suit :
- sur le plateau nord, se trouve l'espace bâtit du
terroir c'est-à-dire le village d'Assomé avec ses infrastructures
et ses champs de case ;
- le plateau du sud-est ou Kpota est consacré à
l'extraction de gravier ;
- la vallée sèche, fait l'objet d'une intense
exploitation agricole ;
- la plaine alluviale, qui correspond au domaine des champs
lointains, est très peu mise en valeur. Elle comporte quelques petites
fermes qui servent de résidences secondaires pour ceux qui y exploitent
des portions de terre. C'est aussi dans cette plaine, sur les terres
hydromorphes aux abords de la rivière Zio que se pratique la
riziculture.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du60.png)
Carte 6 : Occupation
de l'espace du terroir d'Assomé
109
La typologie du village Assomé se caractérise
par le regroupement de son habitatcomme dans la plupart des localités
rurales du Sud-Togo. Les différents quartiers se sont
développés autour du quartier originel formant ainsi un type de
village- en - tas. Les maisons sont construites les unes contre les autres sur
l'espace libérant ainsi de vastes espaces alentour qui constituent le
domaine foncier villageois. Le critère principal qui permet de
différencier les quartiers est le lignage. Les familles ayant un
même ancêtre se réunissent dans un même quartier.
Assomé compte six quartiers que sontApétépé,
Tékpo, Gbodoavé, Essein, Aféyéyémé,
Daviémodji. Les rues étroites entourent les maisons et ne peuvent
être empruntées que par des engins à deux roues. Cette
structure groupée du village est favorable au développement de
l'esprit communautaire et de solidarité.
Les principales infrastructures socio-collectives (carte 7)
sont installées à la périphérie du village.
L'église catholique, son école primaire et le château d'eau
se partagent un même espace à la périphérie Nord.
Les structures de l'église protestante se retrouvent quant à
elles à la périphérie Nord-Est. L'école primaire
publique (EPP) pour sa part est construite au Nord-Est du village alors le CEG,
en attendant la construction de ses locaux au Nord de l'EPP, occupe
provisoirement un petit espace à la périphérie Est. Les
deux stations de pompage d'eau ont été installées au
milieu des champs dans la vallée où la nappe est plus accessible.
Elles se situent à près d'un kilomètre l'une de l'autre.
Quant au dispensaire St Etienne, il se retrouve à un kilomètre du
village sur le tronçon Assomé-Kovié. Seules les fontaines
publiques ont été installées au milieu des habitations
pour permettre une meilleure accessibilité de la population à
l'eau potable.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du61.png)
Carte 7 : Infrastructures
socio-collectives à Assomé
Troisième partie :
Vision
du
développement
d'Assomé
La vision du développement renvoie aux orientations
futures du développement à Assomé en adéquation
avec les réalités biophysiques, socio-anthropologiques et
économiques locales. Néanmoins avant d'aborder cet aspect, il
serait d'une grande utilité de faire l'état des lieux de la
situation du développement par la présentation des contraintes,
des potentialités et des acquis socioéconomiques du terroir
d'Assomé en matière de développement.
Chapitre 8. : POTENTIALITES ET CONTRAINTES DE
DEVELOPPEMENT.
Le processus de développement est une
problématique qui évolue à travers la synthèse de
la dynamique potentialités/contraintes inhérente aux
sociétés et aux espaces géographiques en quête d'un
bien-être social, économique, culturel et environnemental. Ainsi
ce chapitre présente un récapitulatif des potentialités et
contraintes à considérer dans le cadre d'un programme de
développement du terroir d'Assomé.
8.1. Les Contraintes
A l'instar de tous les espaces géographiques
subsahariens constitués, il est évident qu'Assomé aussi la
croissance démographique et la pauvreté ont entraîné
une exploitation abusive des ressources. Le couvert végétal et
les sols ont été fortement dégradés au point de
rompre l'équilibre naturel de l'environnement. Cette situation conduit,
le terroir d'Assomé investi par cette étude, à des crises
écologique et sociale qui handicapent sérieusementson
développement.
8.1.1. Les Contraintes physiques
Les contraintes physiques du développement du terroir
sont marquées par la perte de la diversité biologique,
l'aridification du climat, et les pertes de terres cultivables.
8.1.1.1. L'aridification de la
région
L'aridification du climat s'exprime à travers la
diminution progressive des cumuls annuels de pluies depuis quelques
décennies déjà. Rappelons brièvement que notre zone
d'étude fait partie intégrante de la Région Maritime
délimitée au sud par la latitude 6° alors que la latitude
7° constitue sa limite nord. Elle se situe par conséquent dans la
zone de climat subéquatorial caractérisée par l'abondance
de pluie et de végétation. Mais au contraire, la région
est soumise depuis quelques décennies à des conditions
climatiques particulièrement moins pluvieuses. Cette faiblesse
pluviométrique que Attignon (1960) a appelée « anomalie
climatique du sud Togo » relève de l'inscription de la
côte togolaise sur la diagonale de sécheresse, qui va de
Téma à Grand-Popo (Edjamé & al, 1992). . De plus, on
constate, ces dernières années, une tendance à la
disparition du pic d'octobre, caractéristique du climat
subéquatorial.
La comparaison des normales de pluies des périodes de
1961 à 1990, 1971 à 2000 avec les tendances de la
pluviométrie sur les dix dernières années (1998 à
2008) (Figure 20)traduit bien cette aridification de la région.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du62.png)
Figure 17 : Courbes
comparatives des normes pluviométriques de 1961-1990, 1971-2000 et la
décennie 1998-2008.
On remarque d'après la figure ci-dessus que la courbe
de la norme de 1961-1990 est nettement au-dessus de celle de la norme de
(1971-2000) qui, elle-même, est au-dessus de la courbe de la
dernière décennie (1998-2008). Ce qui traduit une diminution de
la pluviométrie. Les hauteurs de pluie s'amenuisent au fil des
années. De plus, on constate ces dernières années, une
tendance à la disparition du pic d'octobre, caractéristique du
climat subéquatorial. Cette anomalie se trouve renforcée ces
dernières années par des perturbations liées à la
variabilité climatique qui accentuent encore plus l'assèchement
du climat.
Pour le démontrer, nous avons calculé les
indices d'aridité de notre zone d'étude et son évolution
entre les années 1990 et 2005. Ces indices ont été
calculés à partir de la formule de E. De Mamorte revue en
1942 :
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du63.png)
Où
P = Somme annuelle des précipitations
p = Précipitation du mois le plus sec
T = Température moyenne annuelle
t = Température du mois le plus sec
Comme l'indice varie en sens contraire de l'aridité on
a :
Pour I < 5 alors il y a aridité absolue
Pour 5 < I < 10 alors il y a aridité
Pour 10 > I >20 alors il y a semi-aridité
878 12 ( 8 )
+
26, 9 + 10
27 + 10 26
I 1990 = = = 13
2
2
I 1990 = 13
757, 3
12 (6)
+
27, 4 + 10
27, 8 + 10 22, 15
I 2005 = = = 11, 07
2
2
I 2005 = 11, 07
Les indices I 1990 = 13 et I 2005 =
11,07 sont toutes deux comprise dans l'intervalle 10 < I < 20, ce qui
signifie que notre zone d'étude est en proie à une semi -
aridité.
De même I 1990 = 13 > I 2005 =
11,07 dénote que la décroissance des indices évolue vers
10.
On peut alors en déduire que l'assèchement du
climat et ses conséquences sur le couvert végétal dans le
Sud-Togo, continuent de nos jours et prennent de l'ampleur avec le concours de
l'emprise dévastatrice des sociétés humaines.
Pour ce qui est d'Assomé, si des actions
concrètes ne sont pas menées pour freiner le recul
considérable des formations, on risque de tendre vers une
désertification de la région. En dehors de sa
végétation qui se dégrade, les terres aussi subissent des
attaques de toute sorte perturbant ainsi l'activité agricole qui devient
de plus en plus précaire dans la région.
8.1.1.2. Les pertes en terre
Les pertes de terre résultent de la dégradation
physique, chimique et biologique du sol. Les pertes de terre s'expriment
à Assomé sous deux formes à savoir les pertes en
sédiments et les pertes en terre de culture.
Ø Les pertes en sédiments
Il s'agit de perte de consistance suite au départ de
particules sous l'action des gouttes de pluies et de l'érosion sur les
sols dénudés. Les pertes en sédiments sont
déterminées sur la base de l'indice d'agressivité que nous
avons calculé plus haut, et selon cette formule de Fournier :
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du64.png)
Où
E = perte de sédiments exprimée en tonne / km²
/ an
P²
C = (indice d'agressivité)
P
C = 50,69 (moyenne sur la période de 1996
à 2005, soit 10 ans)
Ainsi nous avons : E = 27,12 50,69 - 475,4
E = 899,31 soit 900
Cette valeur qui équivaut à 900
tonnes/km²/an correspondant à une perte annuelle de terre arable de
900 tonnes sur chaque superficie de 1 km². Ce qui représente
probablement plusieurs centaines, sinon plusieurs milliers d'années de
travail pour la nature (Bennet, 1939). Cependant ce chiffre peut augmenter
sensiblement dans les zones d'extraction de gravier parce que d'une part les
carrières qui y sont creusées augmentent l'ampleur des pentes
alors que de l'autre les sols y sont fragilisés. Par conséquent
les départs de sédiments sont plus importants.
Ø Les pertes de terre de culture
Les pertes en terre de culture, elles sont consécutives
à l'essor de l'extraction de gravier dans la région. La majeure
partie des bonnes terres agricoles a été absorbée par les
carrières de gravier. Par conséquent, il se pose de nos jours un
manque cruel de terres de culture.
En effet, les populations d'Assomé attirées par
les gains de l'extraction gravier, se sont ruées vers cette
activité qui avec le temps a pris le pas sur l'activité agricole.
Chaque clan, chaque famille et chaque individu homme ou femme a sacrifié
son patrimoine foncier pour cette activité. Pire encore, de vastes
superficies de terres ont été soit vendues aux exploitants
étrangers, soit expropriées par l'Etat au profit des grandes
sociétés de travaux publics de la place pour leur besoin en
gravier lors de la construction de certaines grandes édifices publiques
de Lomé.
Ainsi des centaines d'hectares de terre de culture ont
été transformés en carrières.La destruction du
couvert végétal, la modification notable de la morphologie et de
la structure du sol rendent impossible toute tentative de mise en valeur
agricole. C'est ce que nous a confirmé un chef de ménage en ces
termes «Regarde tout ce vaste domaine nous appartient mais on
ne peut pas le cultiver à cause des trous et des cailloux qu'il y a dans
le sol. On ne passe que de temps en temps pour tamiser les rejets de sable pour
en extraire les gravillons que nous vendons pour avoir un peu
d'argent. ».
Evidemment le propriétaire terrien
récupère son bien à la fin de l'exploitation. Cependant,
il est contraint d'attendre plusieurs dizaines d'années avant de pouvoir
le cultiver de nouveau. C'est ainsi que plus de 600 ha soit le 1/3 de la
superficiedu terroir est abandonné pour plusieurs années encore,
alors qu'elles devaient normalement servir à la production agricole. Le
phénomène est d'autant plus grave qu'il touche essentiellement
les terres ferralitiques qui disposent d'une bonne aptitude culturale. Par
ailleurs, la rente foncière rurale ayant conduit à la cession
d'importants lots de terres à des étrangers a
considérablement accentué la pénurie de terre de culture
dans la localité.
8.1.1.3. La pénurie de
terre agricole
La pénurie de terre agricole est la résultante
de la perte de terre de culture et se pose en terme de réduction
sensible des superficies cultivables ou cultivées par habitant, mais
aussi et surtout en terme de manque cruel de terre de culture. Etant
donné que la population est en perpétuelle croissance alors que
l'espace cultivable est réduit et limité par la transformation de
vastes superficies en carrières, la population qui, jadis, était
habituée à une agriculture itinérante avec jachère
et qui plaçait son prestige sur l'étendue de son patrimoine
foncier, se trouve coincée sur son propre terroir. On est passé
de l'abondance de terre à la « faim » de la terre de
culture.
Aujourd'hui, dans un rayon de 4 à 6 km autour du
village, seules les dépressions et quelques portions de terres qui n'ont
pas été touchées par les carrières, au nord du
village, accueillent encore les cultures. Face à la croissance de la
population ces terres encore exploitées pour l'agriculture sont
morcelées, surexploitées et se détériorent de
façon irréversible. Dès lors, les terres hydromorphes des
abords du Zio qui sont jusque-là négligées, commencent
à être mises en valeur, avec des risques d'inondation qui
détruisent régulièrement les cultures. Il s'en suit donc
une diminution sensible de la production agricole avec pour conséquence
une pénurie alimentaire surtout en période de soudure.
8.1.1.4. La disparition des
espèces
La réduction des aires végétales,
démontrée plus haut, a conduit aussi à la disparition de
nombreuses espèces végétales et animales. Selon les
populations, il est difficile de retrouver dans le périmètre du
terroir certaines plantes qui jadis y abondent surtout ceux qui entrent dans la
pharmacopée traditionnelle. Même la forêt sacrée du
village qui devait constituer le patrimoine floristique ne subsiste aujourd'hui
que par quelques kapokiers (espèces à bois tendre sans grande
valeur donc peu exploitée) aux pieds desquels prospère
l'Impérata cylindrica. De même, la faune n'est pas
à l'abri de cette menace. La destruction des habitats par le
défrichement et les feux de brousse a entraîné
également la disparition de nombreuses espèces animales. Pour
preuve, il n'y a presque plus de chasseur à Assomé parce qu'il
n'y a plus de gibiers à chasser.
8.1.2. Contraintessocio-économiques
8.1.2.1. La pauvreté
La pauvreté se retrouve sur toutes ces formes à
Assomé. Elle s'est empirée avec la désagrégation
del'économie locale. En effet, le terroir d'Assomé
présente aujourd'hui des opportunités économiques
très réduites (extraction de gravier et riziculture). Par
conséquent, les revenus monétaires sont très faibles et ne
permettent pas d'améliorer lesconditions de vie dans le milieu. Les
maigres ressourcesfinancières ne suffisent à peine qu'à
satisfaire les besoins alimentaires.
Corrélativement, il est très difficile voire
impossible pour les populations d'investir dans l'éducation de leurs
enfants et d'assurer les soins de santé modernes et des logements
décents. Cette réalité explique la faible
fréquentation des structures de santé et la déperdition
scolaire que l'on constate au niveau de l'enseignement secondaire. Par
ailleurs, on observe dans le village des maisons totalement
délabrées aux murs lézardés et soutenus par des
poutres de bois.
En outre, les différentes contraintes auxquelles est
confrontée l'agriculture suite à la dégradation du paysage
à Assomé se traduisent par de très faibles rendements
(tableau 7 à la page 91)qui ne permettent pas de satisfaire les besoins
alimentaires d'une population toujours croissante. Aussi la situation
alimentaire s'est-elle complètement dégradée. On
n'enregistre que quatre à cinq mois d'abondance alimentaire
correspondant aux deux périodes de récoltes au cours de
l'année où on se permet deux à trois repas par jour.
Contrairement à cette période, c'est une
véritable crise alimentaire que vivent les populations pendant les
périodes de soudure. L'épuisement des réserves
alimentaires et la hausse excessive des prix des denrées agricoles sur
les marchés font planer le spectre de la famine sur le village. Le
nombre de repas est généralement réduit à un repas
par jour. Les ménages sont soumis à la sous-alimentation et
à la malnutrition durant une bonne partie de l'année. Ce sont des
moments très difficiles surtout qu'ils correspondent au début des
opérations culturales où les paysans doivent fournir assez
d'énergie dans le défrichage et le labour.
La recherche de solutions à cette pauvreté
conduit à une exploitation plus accrue des ressources de la nature
à travers l'extension des cultures sur des terres marginales, la
densification de l'extraction de gravier et la coupe abusive du bois. Il s'en
suit une dégradation de l'équilibre écologique d'origine
au profit d'un nouvel équilibre plus fragile et difficilement
gérable. Cette situation ne fait que perpétuer la pauvreté
et réduire à néant les possibilités de
développement du terroir.
8.1.2.2. L'exode rural
L'exode rural est très perceptible à
Assomé. Beaucoup de jeunes préfèrent quitter le village
poussé par le manque d'emplois suite à l'interdiction de
l'activité extractive et les difficultés de la mise en valeur
agricole à cause de la dégradation du paysage. Leur destination
privilégiée demeure la ville de Lomé. Ce
phénomène qui a commencé depuis près de deux
décennies s'est accéléré avec l'interdiction en
1998 de l'extraction du gravier sur le terroir à cause de l'ampleur des
dégradations qui s'y produisent. Ces départs concernent
essentiellement la tranche de 15 à 25 ans qui se retrouvent le plus
souvent comme conducteurs de taxi-moto pour les garçons, alors que les
filles s'adonnent au petit commerce ou s'engagent comme domestiques en ville.
Le bilan de cet exode est largement négatif pour le
village. Il se crée un déséquilibre au sein de la
population avec une grande proportion de vieillards, de femmes et d'enfants
alors que l'effectif de la population jeune est très faible. Il s'ensuit
donc une augmentation de la population en charge par actif. Le nombre de
bouches à nourrir augmente alors que les bras valides pouvant produire
les besoins alimentaires manquent, ce qui exacerbe la crise alimentaire dans
le village. Le seul aspect positif se situe au niveau des maigres aides
financières ponctuelles que ceux installés hors du terroir
apportent à leurs parents.
8.1.2.3. La rente foncière
Elle concerne l'acquisition de terres à mettre en valeur
en milieu rural pour la production végétale et animale par des
cadres urbains.
Ce phénomène de rente foncière a
commencé depuis 1975 au temps du lancement de la révolution verte
et de la réforme agro-foncière par le pouvoir en place demandant
aux Togolais d'acquérir des terres pour leur mise en valeur en vue de
participer à l'économie nationale. Dans ce cadre, beaucoup de
terres rurales ont été acquises à des prix
dérisoires mais ne sont pas mises en valeur jusqu'à ce jour.
A Assomé, ce phénomène de rente
foncière a été encore plus attisé par
l'intérêt économique que représente la
présence de gravier dans les couches inférieures du sol. Si la
majorité de ces terres ont fait l'objet d'extraction de gravier sur les
plateaux, ce n'est pas le cas dans la plaine alluviale du Zio où des
centaines d'hectares de terres propices à l'agriculture ne sont pas
toujours mis en valeur. Seuls quelques domaines sont complantés de tecks
et d'acacia. Par conséquent, le manque de terre de culture s'accentue de
plus en plus. Cette situation représente aujourd'hui un grand handicap
pour le développement du terroir qui a besoin de restaurer son
économie par la redynamisation de l'agriculture.
8.1.2.4. Le manque de volonté politique
Le manque de volonté politique se traduit par la
réticence des autorités politiques à faire avancer le
processus de décentralisation, de l'organisation administrative, gage
d'une participation populaire et citoyenne au développement du pays,
à travers une large implication des populations à l'autopromotion
des collectivités locales
Alors que la loi de décentralisation, votée le
11 février 1998, a abrogé toutes les dispositions
antérieures contraires, notamment les dispositions des lois n°81/8
et n°81/9 du 23 juin 1981 portant organisation du territoire en ce sens
qu'elles sont relatives aux collectivités locales, il n'existe toujours
pas de textes d'application pouvant permettre la mise en place effective des
collectivités locales prévues à cet effet. Par
conséquent, l'administration du territoire se fait à
travers une gestion centralisée sous prétexte de
la pérennisation de la stabilité administrative qui jusqu'
à nos jours empêche toute initiative locale de promotion, du
développement et du bien-être de la part des collectivités
de base.
8.2. Les potentialités
Par sa situation dans la basse vallée du Zio,
Assomé regorge d'énormes potentialités biophysiques qui
constituent de véritables atouts pour le développement
économique de ce terroir.
Ces potentialités biophysiques sont relatives à
la zone écologique (la basse vallée du Zio) dans laquelle se
situe le terroir d'Assomé. En effet, ce dernier s'inscrit dans le
système de paliers formé par les terrasses alluviales le long des
versants de la basse vallée de la rivière Zio.
Il jouit d'un climat tropical guinéen à
alternance de saisons humides et de saisons sèches et d'un potentiel
pédologique caractérisé par la présence de trois
types de sols issus de l'évolution paléo climatique du Zio
à savoir les sols ferralitiques qui recouvrent sur les terrasses
d'importantes couches d'éléments grossiers (galets et de
graviers) qui font l'objet d'une intense exploitation, les sols hydromorphes
dans les parties inondables de la basse plaine alluvialeet les vertisols sur
les partie non inondables. Aux différents types de sols correspondent
respectivement trois types de végétation de savane à
savoirla savane arbustive dégradée, la savane herbeuseetla savane
arborée.Cet ensemble évolue sous un climat tropical
guinéen marqué par l'alternance de deux saisons pluvieuses et de
deux saisons sèches au cours de l'année. La moyenne de
température et de pluie s'élève respectivement à
27° C et 900 mm d'eau par an. Assomé présente donc des
conditions biophysiques très favorables à l'agriculture avec une
assez large variété de cultures. Par ailleurs, la présence
de la rivière Zio (cours d'eau pérenne) dont le terroir est
riverain, constitue pour le terroir le principal atout pour le
développement de l'agriculture de contre saison et de maraîchage
par les possibilités d'irrigation et d'arrosage qu'elle offre.
A ces potentialités biophysiques s'ajoutent un certain
nombre d'acquis de développement dont le chapitre suivant fera
l'objet.
Chapitre 9 : LES ACQUIS DU DEVELOPPEMENT
Dans le cadre de la promotion du développement humain
durable à l'échelle mondiale, la communauté internationale
dont le Togo a adopté à l'issue du Sommet du Millénaire en
septembre 2000, les Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD). Dès lors, l'Etat en collaboration avec les partenaires nationaux
et internationaux a élaboré des politiques de
développement à la base axées sur la promotion sociale,
l'amélioration des conditions de vie des populations et la
réduction de la pauvreté (surtout en milieu rural). Dans cette
optique, il fut arrêté de grandes orientations stratégiques
visant :
- l'accélération de la croissance
économique dans le but de la réduction de la pauvreté ;
- le développement des secteurs sociaux, des ressources
humaines et de l'emploi ;
- la gestion durable des ressources naturelles et de
l'environnement ;
- la promotion de la bonne gouvernance.
Celles-ci sont renforcées par des stratégies
sectorielles de développement, dans le domaine de l'économie
(réduction de la pauvreté), de la santé, de l'hydraulique
villageoise et des transports, adoptées par le gouvernement.
Malgré la mise en place de toutes ces dispositions,
force est de constater que les problèmes de développement
demeurent entiers sur le plan national faute de moyens financiers mais aussi et
surtout de manque d'une réelle volonté politique. Cependant, il
serait malhonnête de ne pas faire cas des avancées
réalisées en ce sens avec le concours des organismes
internationaux et des ONG. Ces derniers accordent une importance
particulière aux infrastructures socio-collectives dans
l'amélioration du développement à la base avec
l'implication des populations dans leur mise en place, leur gestion et leur
évaluation.
C'est ainsi que sous la supervision de la préfecture du
Zio,Assomé jouit déjà d'un certain nombre de
réalisations à caractère social en infrastructures
sanitaires, scolaires et d'adduction d'eau villageoisequi contribuent dans la
mesure du possible à l'amélioration des conditions de vie de la
population.
De même, depuis son installation le 22 Août 2009,
le Comité Villageois de Développement (CVD) s'est investi dans la
résolution des problèmes de développement. Ce faisant, ce
comité a reçu l'appuie de certains ONG pour la réalisation
de futurs projets de développement (construction des bâtiments du
CEG, assainissement et salubrité publics) social dans le village. Tandis
que les projets de développement économique sont presque
inexistants.
9.1. Les acquis sociaux
Les réalisations de projets de développement
social, à Assomé, sont perceptibles à travers les
infrastructures qui y sont disponibles. Ces réalisations couvrent dans
le village les domaines de la santé, de l'éducation et de
l'approvisionnement en eau potable.
Dans le domaine sanitaire, le village d'Assomé a
été doté de deux structures de base en l'occurrence le
dispensaire Saint Etienne (Photo 6) et la maternité Gavazolli Giovanni.
Le dispensaire est uneoeuvre de FONDACIO (Fondation pour un
Monde Nouveau), une ONG belge en collaboration avec l'Organisation de la
Charité pour un Développement Intégral (OCDI). Ce
dispensaire mis en service depuis le 15 novembre 2000 représente une
véritable aubaine pour la population d'Assomé et des villages
voisins. Son personnel se compose d'un médecin, d'une assistante, d'une
infirmière et d'une accoucheuse. Quant à la maternité,
elle fut inaugurée le 08 janvier 1998, cependant elle n'est plus
fonctionnelle aujourd'hui faute de personnel.
Pour ce qui est du domaine de l'éducation, l'action des
institutions religieuses est très visible. En effet, aux deux
écoles primaires publiques A et B d'Assomé, s'ajoutent deux
autres écoles primaires issues des initiatives des communautés
religieuses. Il s'agit des écoles primaires protestante et catholique.
De même, il y eu en 1996 une initiative locale des populations
d'Assomé qui créèrent un Collège d'Enseignent
Général qui sera reconnu par l'Etat deux ans plus tard
c'est-à-dire en novembre 1998.
En ce qui concerne le domaine de l'approvisionnement en eau
potable, Assomé dispose d'un réseau d'adduction d'eau
inauguré au cours de l'année 2001. Il s'agit d'un système
composé de deux stations de pompage, d'un Château d'eau et d'un
réseau de douze fontaines publiques dispersées
équitablement à travers tout le village. Sa réalisation
rentrait dans le Projet d'approvisionnement en eau potable en milieu rural. Ce
projet a été financé par le Japon à travers l'Aide
Financière au Développement non-remboursable comme symbole de
l'amitié nippo-togolaise.
L'eau est vendue à la population dans le but de
disposer de fonds pour réparer les machines en cas de pannes, de payer
le personnel qui s'occupe du fonctionnement du système et d'alimenter la
caisse du village. Les bornes fontaines sont équipées de
compteurs et confiées à des gérants. A ces derniers, le
mètre cube d'eau estimée à 700 F, est facturé
à 550 F, le reliquat de 150 F constituant la
rémunération.
En somme, la mise en service de système de distribution
d'eau non seulement assure la disponibilité de l'eau potable au
village, mais aussi constitue une source de revenu pour une partie de la
population. Les recettes pour le village avoisinent 250 000 F par mois, mais
elles sont mal gérées au point où il est souvent
très difficile de trouver des fonds pour réparer les machines
lorsqu'une panne survient. On a plusieurs fois eu recours à des
financements étrangers pour changer les pièces des pompes.
L'inactivité des pompes dure parfois des semaines ou
des mois pendant lesquels la population se rabat sur les eaux stockées
dans les citernes ou sur les points d'eau qui entourent le village avec les
risques qu'elles encourent.
9.2. Les acquis
économiques
Les projets économiques concernent essentiellement la
réhabilitation de la route Davié-Assomé-Kovié et la
reconstruction du pont endommagé par les inondations de 2005 sur le
tronçon Assomé-Kovié.
En effet, dans le cadre de la politique de
l'aménagement rural, l'Etat a initié un programme de
réhabilitation des infrastructures rurales de transports réparti
en deux volets. Le premier volet financé par le Budget d'Investissement
et d'Equipement (B.I.E) concerne la réhabilitation de 50 Km de pistes
rurales par préfecture. Quant au second, il s'intéresse à
la construction de six ouvrages d'art et hydraulique et est financé par
la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) et l'Union Economique
Monétaire Ouest Africain (UEMOA) à travers le Fonds d'Aide
à l'Intégration Régionale (FAIR).
Dans la préfecture du Zio, le tronçon
Davié-Assomé-Kovié d'environ 12 km a aussi
été sélectionné dans le premier tandis que dans le
second, c'est le pont d'Assomé détruit par les inondations de
2004 qui est remplacé par un nouveau, long de 12 m avec une hauteur de 5
m pour un montant de 400 millions de francs CFA. Sa construction prévue
pour durer douze (12) mois prend beaucoup de retard à cause des crues
répétées du Zio qui perturbent énormément
l'avancée des travaux(photos 33).
Aujourd'hui la piste Davié-Assomé-Kovié
présente une bonne praticabilité (photo 34) alors qu'il mois de
cela, on ne pouvait l'emprunter qu'avec des véhicules 4 4 à
cause de son Etat de dégradation.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du65.png) ![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du66.png)
3334
Campagne de terrain, avril 2008 et octobre 2009
Photo 32 : Pont en
construction et inondé à Assomé
Photo 33 : Route
Davié-Assomé-Kovié réaménagée
à Assomé
Malheureusement, le terroir d'Assomé ne pourra pas
profiter au maximum des avantages économiques que représente la
bonne praticabilité de cette route d'autant plus que le terroir est un
piètre producteur de denrées alimentaires. De ce fait, le trafic
routier restera identique que celui d'avant la réhabilitation de la
route. Au contraire, le terroir risque de voir son environnement se
dégradé davantage puisqu'il y aura un meilleur accès au
terroir pour les camions transportant le gravier, par conséquent
l'ampleur de l'extraction augmentera et son impact environnemental aussi.
Chapitre 10 : ANALYSE ET PROPOSITION D'ORIENTATION
DU
DEVELOPPEMENT D'ASSOME
A l'issu de l'ensemble des analyses menées sur le
développement du terroir d'Assomé, il se dégage une
situation d'inertie d'évolution entretenue par un ensemble de facteurs
constitué en cercle vicieux qui exacerbe la précarité des
conditions de vie. Il y a donc nécessité d'entreprendre des
actions pour briser ce cercle vicieux et promouvoir le développement du
terroir.
A cet effet, le schéma d'analyse de cette étude
propose une vision de développement dont l'objectif est de permettre au
terroir d'Assomé, d'atteindre un mieux être social,
économique et culturel en parfaite harmonie avec les ressources de la
biodiversité du terroir. Pour ce faire, il élabore une
stratégie appropriée pour stimuler le redressement de
l'économie du terroir à travers la mise en valeur rationnelle et
efficace des ressources et potentialités disponibles tout en minimisant
l'effet des contraintes.
Cette stratégie tourne autour de la lutte contre la
pauvreté car elle constitue la principale cause qui handicape,
anéanti et limite toutes les ressources et potentialités devant
contribuer au développement socio-économique du terroir
d'Assomé. Par conséquent, son éradication demeure la voie
royale pour amorcer le développement de ce terroir.
Pour atteindre cet objectif à Assomé, il faudra
principalement restaurer l'économie du terroir par :
§ la redynamisation de l'activité agricole,
§ le financement des activités
économiques,
§ l'octroie à la collectivité locale, d'une
autonomie de gestion politique, administrative et économique.
10.1. Redynamiser
l'agriculture
La redynamisation de l'agriculture constitue la proposition
majeure pour la restauration de l'économie du terroir d'Assomé.
En effet, le secteur agricole constitue toujours l'un des axes importants de
relance économique des pays en voie de développement. Puisque,
elle représente près de 40 % du PIB de ces Etats et constitue
pour les collectivités rurales la principale activité pourvoyeuse
de ressources alimentaires et de revenus monétaires. Or, à
Assomé, l'agriculture est, depuis près de trois décennies,
marginalisée au profit de l'extraction de gravier qui a atteint son
déclin à cause du caractère non renouvelable des
gisements. Certes, de nos jours, le mètre cube de gravier prend plus de
valeur qu'il y a dix ou vingt ans, attirant encore plus la population à
s'y adonner, mais les revenus ne sont toujours pas à la hauteur des
espérances et des efforts déployés.
Ainsi, eu égard à ce qui précède
et considérant les énormes potentielles agricoles dont dispose le
terroir d'Assomé (sols ferralitiques à bonne aptitude culturale,
pluviométrie moyenne, disponibilité permanente des eaux du Zio),
cette étude considère la redynamisation de l'agriculture comme la
seule alternative pouvant relancer l'économie, lutter contre la
pauvreté et promouvoir le développement dans la localité.
Il est donc impérieux d'engager une véritable mutation de
l'économie locale en donnant aux populations des arguments concrets
pouvant les inciter à se convertir à l'agriculture. Vu l'urgence
de la situation, il s'agit là d'un objectif à atteindre dans un
court terme à travers la planification efficace de la stratégie
à mener. La stratégie à adopter à Assomé, se
résume en trois grandes étapes.
En amont, on a une phase préparatoire de remise en
conditions biophysiques et socio- culturelles du terroir à la
redynamisation de l'agriculture, suivie de la phase d'application et en aval il
y aura le contrôle de la stratégie.
10.1.1. La phase préparatoire
C'est l'étape la plus importante et la plus
décisive car de sa réussite dépendra celle de toute la
stratégie. Elle consiste à créer les conditions
biophysiques et socio-anthropologiques indispensables à la relance de
l'activité agricole à Assomé.
10.1.1.1. Les conditions biophysiques
La dégradation des ressources biophysiques constitue
l'une des causes de l'état marginal de l'agriculture à
Assomé. En effet l'exploitation du bois, les techniques de culture non
conservatrice du sol et surtout l'extraction de gravier ont profondément
dégradé le couvert végétal et les terres du
terroir. La terre étant le principal moyen de production agricole il
s'avère donc indispensable de procéder à la restauration
de ses caractères pédologiques avant toute tentative de relance
de l'agriculture.
La restaurationdes caractères pédologiques des
terres suppose la reconstitution de la texture, de la structureet de la
fertilité, par la lutte contre les différentes formes de
dégradations hydriques et mécaniques auxquelles elles sont
soumises et par l'apport d'éléments nutritifs pour
rétablir leurs fertilités. A cet effet, cette étude
préconise l'usage de quelques techniques qui ont déjà fait
leur preuve dans d'autres régions et qui présentent l'avantage de
combiner la lutte contre les dégradations hydriques et la fertilisation
des terres.
Ø La technique de bandes
d'arrêt
Elle consiste selon Tricart (1978) à construire
« des bandes d'arrêt qui ont pour objet de rompre
l'écoulement superficiel et de retenir le matériel qu'il
entraîne ». Elle se révèle très efficace
dans la lutte contre l'érosion des terres de culture.
Pour Derancourt (1995), les bandes (d'arrêt)
enherbées sont particulièrement adaptées aux bassins sans
chenal permanent des plateaux, quand les pentes sont faibles (< 5 %). Ces
conditions étant presque similaires à celles du terroir
d'Assomé, nous estimons que la méthode de bandes enherbées
peut contribuer énormément à endiguer le ravinement
spectaculaire des parcelles de culture. Pour être efficace les bandes
sont construites au sein des parcelles de culture selon les courbes de niveau.
Elles se présentent sous plusieurs variantes dont celle de haies vives
et de la bande enherbée que nous préconisons dans le cadre de
cette étude.
Une expérimentation de la variante « haie
vive » menée au Rwanda a donné des résultats
probants et très encourageants, surtout avec les haies vives de leucaena
(Rishirumuhirwa, 1994). En effet, l'observation ayant portée sur trois
dispositifs (haie de Calliandra + Sétaria, haie de calliandra simple et
haie de leucaena) a révélé qu'en considérant qu'un
sol dénudé perd 100 tonnes/ha de sédiments, on ne perdrait
que 0,8 tonne/ha si le sol est sillonné de haies de leucaena alors
qu'avec les haies de Calliandra + Sétaria et de calliandra simple, les
pertes sont respectivement de 3 et 1,3 tonnes/ha (Tableau 10).
Tableau 10 :
Résultat de l'expérience de haies vives
|
Pertes à l'hectare
|
Cultures
|
Sol nu
|
100
|
Haie de Calliandra+Sétaria
|
3
|
Haie de leucaena
|
0,8
|
Haie de Calliandra
|
1,3
|
Source : Rishirumuhirwa (1994)
On pourra en déduire que le leucaena conserve à
près de 99% le sol contre l'érosion. C'est pourquoi nous jugeons
indispensable d'amener les paysans à opter pour cette espèce.
Quant aux bandes enherbées, elles sont
constituées de haies homogènes et constantes de graminées.
Leur fonction est d'acheminer l'eau en évitant l'incision et sont
utilisées pour combattre le ravinement au sein des parcelles de culture.
Elles sont implantées dans l'axe du talweg des ravines. Aussi
l'enherbement doit-il être assuré en semant des graminées
qui puisent résister au déchaussement. Les bandes sont
profilées pour obtenir un léger creux de 30 cm en moyenne de
manière à éviter un rehaussement trop rapide du fait des
sédiments piégés. Une telle méthode
appliquée à Assomé permettrait aux paysans de
résoudre le ravinement de leurs parcelles de culture.
Selon Derancourt. (1995), les bandes enherbées sont
particulièrement adaptées aux bassins sans chenal permanent des
plateaux, quand les pentes sont faibles (< 5 %). Ces conditions étant
presque similaires à celles du terroir d'Assomé, nous estimons
que la méthode de bandes enherbées peut contribuer
énormément à endiguer le ravinement spectaculaire des
routes et ruelles. Son association avec la technique traditionnelle de
construction de mini barrages en branchages donnerait sûrement des
résultats satisfaisants.
Ø La technique de la plante recouvrante et
fertilisante
Elle est préconisée dans le cadre de la
monoculture, sur des terres pauvres, de plantes dont les appareils
végétatifs ne protègent pas le sol contre l'effet
« splash » et le ruissellement des eaux de pluies. Il
s'agit de faire cohabiter sur la même parcelle les cultures
vivrières avec des espèces de couverture. Ainsi, selon de
nombreuses études c'est le Mucuna utilis qui convient le mieux
pour jouer ce rôle surtout en Afrique tropicale. Le mucuna est une
légumineuse qui, par sa biomasse recouvrante, protège le sol
contre le « splash » et assure sa conservation en
empêchant la dispersion des matériaux constituant les
agrégats. Il et maintient la capacité d'infiltration du sol, ce
qui minimise le ruissellement et les problèmes d'érosion qui en
découlent. Par son aptitude à ramper, il étouffe et
élimine les espèces adventistes les plus redoutables comme le
shiendan (Impérata cylindrica). Par ailleurs ses graines
constituent un excellent fourrage pour le bétail et enrichit le sol en
azote après sa décomposition. Il est semé quelques
semaines après le semis de la culture principale.
Ø La technique du
Zéro-labour
Le zéro-labour signifie le non travail du sol. Le sol
ne doit pas être remué, sinon de manière naturelle et
biologique par les termites et la micro-faune du sol. Le non labour
réduit l'évaporation et assure une bonne gestion de l'eau de
pluie. Il apparaît comme la condition sine qua non du maintient des
propriétés physiques des sols tropicaux et de leur potentiel de
production. De ce fait, il constitue la technique la plus économique et
la plus performante dans la lutte contre l'érosion des terres agricoles.
Ø L'association judicieuse des plantes
cultivées
A en croire Dupriez (1982), « la meilleure
agriculture paysanne en Afrique tropicale, est celle qui peut associer au mieux
les espèces complémentaires. Cette complémentarité
s'exprimant aussi bien dans la valorisation des produits agricoles que dans le
respect de l'équilibre écologique à court et à long
terme». C'est dire que l'association judicieuse des cultures
présente des avantages tant pour le rendement que pour la
préservation du moyen de production essentiel qu'est le sol. Ce
système de culture qui est déjà très répandu
dans notre zone d'étude devra tout simplement être
amélioré par le choix judicieux des plantes à associer.
Aussi, convient-il que ce choix des espèces cultivées devra
porter sur les plantes dont les appareils végétatifs recouvrent
le sol (le haricot, la patate douce, l'arachide, le voandzou, etc.) et le
protègent en même temps contre les impacts des gouttes de pluies
et le ruissellement des eaux qu'il faut associer avec des cultures qui, par
leurs architectures, favorisent l'effet de « splash ».
Par ailleurs, pour une fertilisation efficace et durable des
terres, ces méthodes doivent être complétées par
l'apport des intrants. A cet effet, l'accent est porté sur l'usage des
fertilisants verts plutôt que celui des fertilisants chimiques.
L'avantage est que les premiers sont écologiques, tandis que les seconds
coûtent de plus en plus chères et induisent à la longue des
effets secondaires encore plus néfastes à la chaîne
alimentaire. L'apport des fertilisants naturels à la production agricole
est écologique, simple et peu onéreux. Il consiste d'une part
à enfouir les débris de récolte dans le sol et de l'autre
à l'épandage du compost sur les parcelles. Une fois
imbibés des eaux des premières pluies, les débris de
récolte pourrissent et se décomposent en sels minéraux.
Lorsqu'il est réalisé tôt, l'enfouissement des
débris limite aussi les risques de ruissellement et d'érosion.
Quant au compost, il apporte au sol les éléments
organiques indispensables à la croissance des plantes. Sa fabrication
requiert une technique particulière. L'exemple du Projet FAO-TOG 89/009
qui a développé une technique améliorée de
compostage est préconisé. Cette technique consiste à
creuser une fosse clôturée et partiellement couverte où est
gardé le petit bétail et où on jette les refus
alimentaires et les résidus de végétaux. La
litière, les déjections animales et les refus alimentaires ainsi
entassés se décomposent en engrais organiques. Ce dernier sera
répandu sur les parcelles de culture aux lendemains des premières
pluies, puis il devra être enfoui dans le sol au cours des labours afin
que son efficacité soit conservée.
Ø L'agroforesterie
L'agroforesterie constitue le moyen qui convient le mieux
à la restauration des terres fortement dégradées par
l'activité humaine. Il consiste en un « ensemble de
systèmes et de technologies d'utilisation des terres où les
ligneux pérennes (arbres, arbustes, arbrisseaux et par assimilation
palmerais et bambous) sont cultivés délibérément
sur des terrains utilisés par ailleurs pour la culture et / ou
l'élevage dans un arrangement spatial et temporel, où il existe
des interactions à la fois écologique et économique entre
les ligneux et les autres composantes du système » (Baumer,
1987). Pour Houedakor (1997) c'est une technique fondée sur
l'utilisation des plantes à usages multiples comme les
légumineuses ligneuses. Elle permet de sédentariser l'agriculture
itinérante, de mettre fin à la culture sur brûlis et
d'augmenter les rendements par unité de surface et de réaliser
des économies sur l'achat des engrais. L'agroforesterie recèle
donc des avantages comme le présente le tableau 11 suivant :
Tableau 11 :
Fonctions et potentialités de l'agroforesterie
Problèmes écologiques
|
Fonction et potentialités
|
Erosion du sol par l'eau
|
Effets combinés de protection du sol par les
couvertures mortes ou vivantes et de barrière par les essences
arborées. Fixation du sol par les racines.
|
Erosion par le vent
|
Brise vent, haies de protection
|
Faible fertilité du sol ou déclin de
fertilité (dégradation physique, chimique et biologique)
|
Plantation d'espèces arborées permettant :
- le maintien de la capacité de rétention du sol
en eau, et de la fertilité du sol
- fixation du CO2 et son transfert vers le sol via
la litière et les racines.
- Création d'un ombrage.
- Le recyclage des éléments minéraux et
leur utilisation par les différentes strates de la
végétation.
|
Dégradation des pâturages
|
Arbres fourragers : pâturage sous couvert
arboré.
|
Risque d'inondation
|
Arbres à racines profondes
Pratique agroforestière visant à modifier le
microclimat et à conserver les micro-organismes.
|
Source : Mémento de l'agronome,
1981
L'agroforesterie est donc une technique qui présente
l'avantage de favoriser simultanément la reconstitution du couvert
végétal, la revalorisation des terres dégradées et
l'amélioration des capacités culturales. Elle s'impose ainsi
comme la voie royale pour la réhabilitation des paysages de
carrière sur le terroir d'Assomé. Déjà, on note un
timide début avec quelques petites plantations de tecks isolées.
C'est donc une prédisposition sur qui pourra se baser la vulgarisation
de l'agroforesterie avec des espèces plus adaptées aux conditions
écologiques et économiques.
Dans la pratique nous allons nous référer aux
travaux menés par l'Institut National des Sols (I.N.S) et la
Direction Nationale de la Recherche Agronomique(D.N.R.A), dans le cadre de la
revalorisation des remblais sur les sites d'extraction de phosphates à
Hahotoé. En effet,la D.N.R.A (1979 - 1984) et l'I.N.S (1986 -1992) ont
procédé à des essais de techniques agroforestières.
L'objectif poursuivi était de dégager des essences mieux
adaptées à la restauration de l'environnement
détérioré par l'extraction du phosphate.
A cet effet plusieurs espèces de légumineuses
comme le Pueraria javanica, le Leucaena leucephala,
l'Eucalyptus, l'Acacia auriculiformis, le Semna
siaméa etc... ont été testées. Le dispositif
expérimental est un bloc de Fischer à répétition
à 4 dans lequel les différentes espèces sont
plantées suivant des intervalles variant entre 3 et 6 mètres. Il
ressort après cinq années de gestion de ces systèmes
forestiers que :
- d'une part, on s'aperçoit que quelque soit le
schéma de plantation, on n'observe pas de différence
significative dans la production de bois et de feuilles. En somme, tous les
schémas de plantation conviennent à l'obtention des
résultats escomptés;
- de l'autre, les espèces comme l'Acacia
auriculiformis, l'Acacia mangnum et le Semna siaméa s'adaptent bien
aux sols des remblaies, néanmoins, la Leucaena leucephala s'est
imposée comme l'essence la plus prometteuse et a été
baptisée « l'arbre miracle » pour ses aptitudes
exceptionnelles à restaurer de façon efficace les sols et pour
son usage multiple.
L'avantage de l'« arbre miracle » se
trouve dans la symbiose de son association avec les cultures vivrières
traditionnelles. Contrairement aux autres essences, il ne conduit pas à
une acidification du sol mais lui apporte un regain de fertilité et
améliore considérablement les rendements. Par son système
radiculaire pivotant, la Leucaena, au-delà de la protection du
sol contre l'érosion hydrique, remonte les éléments
minéraux issus du lessivage par l'intermédiaire des feuilles.
Ainsi son importante masse foliaire constitue une réserve d'humus qui
élabore le complexe argilo-humique où les plantes puisent les
minéraux dont elles ont besoin pour leur croissance. De plus et surtout,
elle régénère après l'abattage. Par ailleurs son
bois est une matière première de qualité supérieure
dans la fabrication du papier.
Planté dans un schéma à intervalle de 4
mètres, le Leucaena leucephala forme lorsqu'il atteint la
maturité, des couloirs bien larges dans lesquels le paysan continue
à pratiquer à volonté les cultures de son choix.
Au vu de tous ces avantages que présente leLeucaena
leucephala, nous estimons qu'elle conviendrait le mieux à la
pratique de l'agroforesterie dans un paysage aussi dégradé que
celui d'Assomé. Sa vulgarisation contribuerait d'une part à la
restauration des caractéristiques physico-chimiques et biologiques des
mortes terres des zones de carrières, tout en reconstituant le couvert
végétal. De l'autre, elle contribuera à l'essor
économique rural par la revalorisation de l'activité agricole et
l'augmentation des rendements qui s'ensuivront. On pourra aussi endiguer
l'endémique problème de malnutrition et de sous alimentation
dans la région. Par ailleurs, Assomé pourra devenir un centre
important dans la fourniture du bois sur les marchés
régionaux.
10.1.1.2. Les conditions
socio-anthropologiques
La création des conditions socioculturelles et
anthropologiques sous-tend la préparation de l'opinion villageoise
à s'adapter à la mutation économique à venir. En
effet,il est évident que l'extraction de gravier qui a
éclipsé l'agriculture à Assomé constitue de nos
jours un sérieux handicap pour le développement de ce terroir.
Par ailleurs, la transformation avec succès de certaines
sociétés agraires nous montre que l'appauvrissement et la
dégradation massives des ressources naturelles ont pu être
évités en suivant la stratégie d'intensification
c'est-à-dire par l'adoption des technologies de cultures à haute
rentabilité qui entraînent une croissance de la production
année après année sans dégrader la qualité
des sols.
D'où la nécessité de conscientiser la
population sur ce fait, afin qu'elle retourne à l'agriculture durable et
conservatrice de l'environnement. Cet impératif doit pourtant sa
réussite à l'adhésion massive de la population à
cette nouvelle approche. Ce qui se révèle très
aléatoire face au caractère répulsif des conditions de
l'agriculture dans la région contraignant la population à
l'abandon de cette activité.
Pour y parvenir, il incombe au promoteur de sensibiliser les
populations sur les avantages économiques, sociales et environnementaux
que présente l'agriculture par rapport à l'extraction de gravier
qui dégrade l'environnement biophysique du terroir, et par là les
conditions de vie de sa population afin de les inciter à se tourner vers
l'agriculture. Cette sensibilisation sera menée de front par le CVD
appuyé par des experts agronomes, socio- anthropologiques et
environnementalistes. Il s'agira de vanter les avantages de l'agriculture
réorganisée par les méthodes préconisées,
par rapport aux dangers écologiques qu'entraîne l'extraction des
graviers.
Ceci nécessite la création de
coopératives puisque celles-ci constituent des cadres propices pour la
formation et un facteur de motivation de mise en pratique de la formation
reçue.La mise en place des coopératives doit épouser "
l'organisation sociale en respectant les modes de fonctionnement. Ainsi sous le
couvert d'une grande unité coopérative villageoise se
regrouperont des sections correspondant aux différents quartiers ".
La sensibilisation basée sur la méthode
"Information Education Communication (IEC)" doit suivre une méthodologie
à la fois théorique par des échanges avec la population
et pratique à travers la mise en place d'exploitations pilotes dont les
résultats concrets vont convaincre les populations sur les
possibilités d'amélioration des conditions de vie que
présente l'agriculture.
Une fois convaincu de la mise en place de ces conditions de
relance de l'agriculture, on passera à la phase d'application.
10.1.2. La phase d'application
C'est l'étape de mise en valeur effective du terroir
par l'agriculture. Ainsi, notre stratégie prévoit d'esquisser un
plan d'aménagement agricole dans le cadre d'un plan d'organisation
général du terroir (carte 8).
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du67.png)
Carte 8
137
: Proposition d'aménagement du terroir
d'Assomé
Ce plan d'aménagement agricole prévoit de
diviser le terroir en zones écologiques en fonction de la nature des
sols et de leurs possibilités d'exploitation. Dans cette perspective il
se dégage deux grands ensembles naturels en rapport avec la topographie.
Il s'agit des zones de plateaux constitués de terre de barre et la
plaine alluviale.
10.1.2.1 L'aménagement du plateau de terre de
barre
Les plateaux de terre de barre, au nombre de deux, sont des
indentations du plateau de Tsévié situées au nord-est et
au sud-est du terroir. De part leur situation, ils constituent dans le cadre du
plan d'aménagement deux sous zones écologiques dont le
caractère distinctif réside dans le degré de
dégradation dont ils sont victimes. Sur le plateau nord, les sols sont
lessivés et dépourvus de leurs constituants organiques ; sur le
plateau sud, ils sont profondément détériorés par
l'extraction de gravier qui a bouleversé leur texture et leur
stratigraphie.
La nature ferralitique originale de la terre de barre sur ces
plateaux, offrant les meilleures potentialités agricoles, le plan
d'aménagement prévoit d'en faire les principales zones de
production de cultures vivrières du terroiraprès reconstitution
de la fertilité des sols. A cet effet, le plateau sud entièrement
dégradé par l'extraction de gravier fera l'objet
d'aménagement particulier.
Vu la morphologie accidentée des sites d'extraction, il
est primordial et indispensable de procéder à leur nivellement
par terrassement avant toute tentative de mise en valeur. Ceci consistera
à remblayer les excavations par les sédiments qui forment les
monticules.
Cette opération se révèle techniquement
et financièrement très délicate. En effet, les clans et
individus propriétaires terriens ne disposent pas de moyens techniques
adéquats pour réaliser une telle opération. De
même, dans le contexte actuel de paupérisation
généralisée qui sévit à Assomé, il
est impossible de débourser de l'argent pour louer les engins
(bulldozers et camions) adaptés à ces genres de travaux. Ils sont
donc contraints de réaliser le remblaiement de façon manuelle
avec des outils rudimentaires (houe, pioches, râteaux).
La seule alternative, est l'instauration de groupes d'entraide
au sein desquels le travail se fera de façon communautaire. Les groupes
d'entraide se constitueront selon la proximité des
propriétés foncières. Il y a donc nécessité
de disposer d'une main d'oeuvre valide et jeune pour accomplir une tâche
aussi difficile et pénible. Or la population d'Assomé est presque
totalement dépouillée de sa frange jeune qui a migré
à la recherche de meilleures conditions de vie.
Il existe donc de graves contraintes au remblaiement et au
nivellement des sites d'extraction de gravier s'il revient aux seules
populations d'Assomé de les réaliser. C'est sans doute ce qui a
depuis toujours empêché toute initiative de remblayage des
excavations. Or cette solution constitue un passage obligé si l'on veut
effectivement restaurer l'environnement dégradé du paysage
d'Assomé. C'est pourquoi nous estimons que l'implication de l'Etat, par
la mise à disposition des moyens financiers et techniques, serait un
atout indéniable pour les populations.
Par ailleurs, il est évident que le volume de
sédiments disponibles ne suffirait pas à remblayer totalement
les excavations, il y a donc nécessité de faire des apports
extérieurs de sédiments pour que le nivellement des
gravières soit effectif. Ainsi nous pensons que le système
d'enfouissement des ordures ménagères, proposé par Aliti
(2006), présenterait un grand avantage. En effet, ce
procédé a fait l'objet d'une étude d'impact menée
par des ingénieurs français sous la demande des services de la
voirie de la ville de Lomé. Cette étude d'impact a conclu que les
risques de contamination de la nappe phréatique par le lexiviat6(*) qui déduirait des
ordures, sont très faibles. Puisque le matériel sous-jacent
enduré n'est pas perméable. Seulement, dans notre présente
étude, il faudra adapter cette technique aux conditions de mise en
valeur agricole des terres après le remblayage. Ainsi, au lieu d'une
disposition des couches d'ordures et de sédiments sablo-argileux en
bandes alternées, il serait mieux de constituer uniquement deux couches.
D'abord, le fond des excavations serait rempli au tiers de la profondeur par
une couche d'ordures compactées ; ensuite, le remblaiement sera
complété par les sédiments sablo-argileux des monticules.
Cette structure permettrait de limiter la décomposition des ordures et
de donner un aspect subhorizontal à la topographie actuellement
bouleversée par l'extraction de graviers. C'est ainsi qu'on pourrait
envisager la mise en valeur de ces terres.
A propos, ce document suggère qu'au regard de
l'investissement que l'Etat aura consacré aux opérations de
nivellement des zones de carrières abandonnées, le
déclassement de ces terres propriété privée des
collectivités locales en un domaine privé public de l'Etat. Ce
dernier devra par la suite être décrété en se
référant à l'ordonnance N° 78-18 du 17 Mai 1978 en "
Zone d'Aménagement Agricole Planifié (Z.A.A.P)".
La ZAAP est une structure juridique instituée par la
législation agro-foncière d'appropriation des terres par l'Etat.
Elle prévoit d'affecter les terres mobilisées aux
coopératives en vue de leurs mises en valeur. Elle est dotée
d'une personnalité morale qui a en charge sa gestion.
Dans le cadre de cette étude nous suggérons que
la coopérative qui aura en charge la ZAAP, soit constituée des
anciens propriétaires des terres dans le périmètre. On
procèdera à l'identification des parcelles appartenant à
chaque propriétaire. Chacun aura alors à mettre en valeur sa
parcelle à condition de l'exploiter sous la direction de
l'autorité morale de la ZAAP. Ceci évitera des conflits fonciers
à l'avenir.
On devra aussi accorder à la ZAAP l'autonomie
administrative et financière, gage de la participation volontaire et
spontanée de la collectivité à toutes ces mesures
d'innovations destinées à garantir une gestion appropriée
de la coopérative. De même, tout apport devra se faire sur la base
d'une collaboration horizontale et verticale entre les décideurs et la
coopérative afin de rechercher une conciliation entre les aspects
positifs des techniques traditionnelles avec celles
préconisées.On évitera ainsi les réticences
auxquelles se confronte l'adoption de technologies importées en milieu
rural africain.
10.1.2.2 L'aménagement de la plaine
alluviale
La plaine alluviale ne représente en
réalité qu'une portion de la basse vallée du Zio. Elle est
caractérisée par des sols hydromorphes riches en matières
organiques dominant le lit moyen qui subit l'influence périodique des
inondations. Alors que sur les banquettes du lit majeur que les eaux
n'atteignent qu'en cas de crues exceptionnelles, les sols sont d'apport
alluvial non hydromorphes, massive, compact et faiblement ferralitiques. Dans
l'ensemble, des études agropédologiques ont montré selon
Gnongbo (1996) que cette vallée peut être exploitée
à des fins de mise en valeur agricole qui bénéficierait
des bonnes méthodes et techniques d'irrigation.
Pour preuve, le lit moyen a déjà fait l'objet de
plusieurs projets d'exploitation rizicole, d'abord dans les années 1960
par les Taïwanais, remplacés quelques années plus tard par
les Chinois. De nos jours, le périmètre rizicole s'est
considérablement réduit. Seuls certains paysans exploitent
quelques hectares de casiers rizicoles.
Dans le cadre de la redynamisation proposée par cette
étude, il suffira de renforcer les capacités de production de ces
paysans. Il s'agit de leur apporter les moyens techniques et financiers
nécessaires à l'extension des superficies emblavées,
à l'amélioration des conditions de travail et à
l'augmentation des rendements et la production. Parallèlement, on pourra
aussi y développer la culture de la canne à sucre dont les
bénéfices représentent selon Sodégadji (2007) un
apport non négligeable aux revenus des exploitants.
La disponibilité permanente des eaux du Zio constitue
aussi un atout important pour pérenniser le maraîchage à
l'instar de la culture intensive des condiments sous forme de véritables
jardins bien aménagés de façon intégrale
appelés togoméglés dans le sud de la basse
vallée du Mono (Gnongbo,1996).
Quant aux sols du lit majeur, en raison de leur
caractère lourd qui décourage les paysans à les
travailler, il serait intéressant, d'en faire une zone plantations
éparses de tecks, d'eucalyptus, de bananes et d'ananas qui s'accommodent
bien à ces conditions édaphiques.
La vulgarisation de cette option sera très
bénéfique du point de vue financier pour la population car elles
peuvent en tirer des revenus très importants; l'exemple du teck est
illustratif. En effet, un tronc de teck de 10 cm de diamètre et 5 m de
hauteur coûte au niveau des plantations 1000 F CFA. Or en fonction des
schémas de mise en terre, le nombre de plants varie entre 400 et 600
à l'hectare. Ce qui suppose qu'à terme une plantation d'un
hectare de tecks peut rapporter à son propriétaire un revenu net
allant de 400 000 à 600 000 F CFA.
Pour
faire face aux enjeux de la rentabilité, de la durabilité et de
la préservation du cadre physique vers lesquels cette agriculture doit
tendre, il faudra ajouter aux volets précédents d'autres
dispositions à savoir l'introduction de semences à rendement
élevé, la vulgarisation de l'irrigation des cultures
vivrières et la formation à la protection
l'environnement.
- L'introduction de semences à rendement
élevé
Lesprogrès de l'agronomie ont permis de nos jours de
mettre au point des espèces sélectionnées à cycle
court et à rendement élevé qui ont déjà fait
leurs preuves dans d'autres régions. Leur introduction à
Assomé où l'espace cultural est sensiblement réduit,
permettra d'une part, d'accroître les rendements sur les petites surfaces
emblavées et par là le stock dans les greniers. De l'autre, on
pourra ainsi réduire l'effet des inondations sur l'agriculture en ce
sens que les variétés à cycle court pourront être
récoltées avant la période des inondations.
Les populations disposeront ainsi d'assez de nourriture pour
satisfaire leurs besoins alimentaires surtout pendant la période de
soudure. Mieux encore, les revenus des paysans surtout des riziculteurs
augmenteront substantiellement. Ceci permettra de diversifier les sources de
revenus et éviterait ainsi aux populations d'Assomé de recourir
à l'extraction de gravier pour se procurer de l'argent.
- La vulgarisation de l'agriculture
irriguée.
La disponibilité du Zio et de la nappe d'eau qui
fournit actuellement de l'eau potable au village, offre une excellente
opportunité pour apporter de l'eau nécessaire pour l'optimisation
des rendements. Dans la plaine, les paysans pourront, à l'instar des
coopératives agricole de la localité rurale de Tonka dans le nord
du Mali, creuser de simples canaux d'irrigation à partir de la
rivière. Ceci permettra d'étendre le périmètre
rizicole et développer le maraîchage. De même, le pompage de
l'eau de la nappe peut servir à l'arrosage des cultures sur les
plateaux.
- La formation à la protection l'environnement.
Au-delà de la sensibilisation, la formation de la
population à la protection de l'environnement doit faire partie des
stratégies de développement. Pour ce faire, il faudra beaucoup
insister sur la notion de qualité de l'environnement et éveiller
les consciences aux vertus de la défense du patrimoine et de
l'écosystème.
10.1.3. La phase de contrôle
C'est la phase d'évaluation des actions menées
pour redynamiser l'agriculture, réduire la pauvreté et stimuler
le développement local à Assomé. Elle interviendra au
maximum cinq années après la mise en marche de la phase
d'application. Elle permettra d'une part de distinguer les actions qui ont
réussi de celles qui ne le sont pas et de déterminer, de l'autre,
les causes de cet échec afin d'améliorer l'approche pour une
meilleure rentabilité.
10.2. Financement des
activités génératrices de revenus
Le financement des activités
génératrices de revenus se fera à travers la promotion du
microfinancement.Il est avéré, de nos jours, que le
microfinancement constitue un apport indéniable à
l'économie traditionnelle africaine. Cependant, les acteurs
économiques du monde rural au Togo en général et à
Assomé en particulier éprouvent encore des difficultés
pour s'intégrer au circuit de la microfinance à cause de la
lourdeur des conditions de prêt. Il s'agira alors d'exhorter les
institutions de microfinance et plus précisément Investir .Dans
.l'Humain(I.D.H) présente à Assomé avec sa mutuelle
« VOVO », à faciliter l'octroi de crédits,
aux coopératives d'agriculteurs et à celles des autres domaines
d'activités économiques (le commerce par exemple), sur des
conditions préférentielles de prêt.
L'organisation des bénéficiaires des prêts
en coopérative constitue la condition sine qua non à leur
octroie. Car elles garantissent un crédit "solidaire",
c'est-à-dire un crédit permettant à tous les
adhérents d'avoir accès au financement de son activité et
le recouvrement du crédit pour les institutions de financement. En
effet, la structure coopérative constitue un cadre dans lequel
s'opère un contrôle mutuel pourl'utilisation efficiente des
crédits. Parallèlement il s'opère également "une
certaine capitalisation financièredonnant aux communautés
villageoises une certaine autonomie par rapport à l'Etat". Cette
capitalisation peut s'opérer à travers la commercialisation, bien
sûr, mais aussi, et peut-être davantage encore, à travers la
constitution de réserves de vivres ou de semences. On fait ainsi d'une
pierre deux coups, d'un côté en brisant la dépendance dans
laquelle les paysans seraient autrement restés enfermés, de
l'autre en créant des ressourcesréutilisables collectivement.
10.3. Octroyer à la
collectivité localeune autonomie de gestion administrative et
économique
L'enjeu fondamental est de promouvoir la
décentralisation et la bonne gouvernance et amener les populations
à s'impliquer dans la prise en charge de leur destinée à
travers le développement local. Il s'agit dans le contexte d'une
décentralisation à l'échelle nationale de créer des
entités locales autonomes qui s'administrent librement, sous la houlette
des élus locaux, et qui s'occupent, elles même de leurs besoins de
développement. Ainsi, à l'opposé du système
centralisé dans lequel les citoyens attendent que l'Etat garantisse leur
promotion économique et sociale, ce nouveau mode de gestion permet aux
citoyens de "s'inscrire dans une option de développement par
l'autopromotion qui met en mouvement les communautés pour la prise en
charge de leur développement dans une démarche active et
participative".
C'est une option qui stimule le développement interne
des communautés locales par le transfert de compétences en
matière de politique économique, sociale, environnementale et des
ressources financières. Elle exige cependant de la part de ces
collectivités locales une dynamique organisationnelle pour prendre en
main leur progrès à partir de :
· d'une analyse et d'une découverte de leurs
réalités sociales, économiques et environnementales qui
leur permettront de déterminer leurs priorités, de
préciser les objectifs opérationnels et de décider des
actions à entreprendre,
· d'une vision et des approches de développement
par l'autopromotion communautaire et solidaire,
· d'une politique de développement avec un accent
sur la création et la gestion des ressources naturelles, humaines,
matérielles/ techniques et financières,
· d'une valorisation de leur savoir, avoir et pouvoir,
pour la mise en oeuvre de la vision et des approches de
développement.
Dans cette optique de développement local, la
collaboration des agents de l'Etat, des ONG et des programmes de
coopération doit être des apports de compétences
intellectuelles pour aider et stimuler les communautés locales dans
leurs efforts d'analyse et de réflexion, techniques et
financières pour appuyer la réalisation des plans locaux de
développement tout en veillant à ce que leurs interventions
n'entravent pas la liberté de décision des communautés et
créer des sentiments de domination et de dépendance qui ont
toujours fait échec au projets de développement.
Chapitre 11 : RISQUE DU DEVELOPPEMENT
Le risque se définie comme la probabilité
d'avènement prévisible ou non d'une catastrophe ou d'un danger
d'origine naturelle ou anthropique, dans le temps et dans l'espace. Ainsi, le
risque du développement désigne tout évènement
susceptible de menacer le bon déroulement d'un plan de
développement ou des acquis du développement dans un espace
géographique. Si de nos jours des efforts sont consentis pour
réduire les risques d'origine anthropique, ces efforts ne sont pas
toujours probants pour les risques naturels qui ont de tout temps
échappé au contrôle des hommes. De ce fait,
l'efficacité et le réalisme de tout plan de développement
de l'espace se mesure à sa capacité d'anticiper
l'avènement de ces risques naturels afin de réduire la
vulnérabilité de l'espace à leurs effets.
Une analyse sommaire du plan de développement que
propose cette étude révèle que la zone est très
vulnérable aux risques climatiques. L'agriculture est
l'élément moteur du développement d'Assomé ce qui
suppose une disponibilité permanente de l'eau dans des proportions
raisonnables. Or l'eau qui recharge les nappes phréatiques et alimente
en partie le débit du Zio provient exclusivement de la
pluviométrie générale du secteur méridional du
pays. Par conséquent, toute péjoration relativement longue des
précipitations risque d'handicaper sérieusement le
développement du terroir.
Un scénario à deux modèles relatifs aux
aléas pluviométriques à l'échelle
régionaleest mis en place pour le démontrer. Le premier
modèle mesure l'impact que peut avoir une réduction de 50 % de la
pluviométrie dans la région sur une période de cinq
années successives. A l'opposée, le second modèle
évalue la vulnérabilité du terroir d'Assomé
à une augmentation des précipitations de 50 % à
l'échelle locale et régionale. Ce scénario se base sur les
données de pluies des dix dernières années au cours
desquelles la pluviométrie a beaucoup fluctué. Outre les
données de pluies de la station de Lomé Aéroport (tableau
12) sur le plan local, les données de la station de Kouma-Konda (tableau
13) sont aussi utilisées, pour déterminer l'impact hydrologique
du Zio (dont la basse vallée est tributaire) qui prend sa source dans
les plateaux de Dayes.
Tableau 12 :
Précipitations (mm) de la station de Lomé-aéroport de 1998
à 2008
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Janvier
|
11
|
57,8
|
0,1
|
0
|
32,7
|
82,5
|
20,7
|
0
|
39,7
|
0
|
57,8
|
Février
|
0
|
35,5
|
0
|
0,9
|
0
|
8
|
39
|
0,4
|
1,6
|
0
|
0
|
Mars
|
18,7
|
39,2
|
87
|
39,9
|
7,6
|
70,7
|
19,5
|
130,4
|
136,1
|
33,9
|
27,3
|
Avril
|
67,8
|
62,1
|
24,6
|
202,6
|
146
|
116
|
52,7
|
95,2
|
44,9
|
87
|
25,7
|
Mai
|
63,2
|
146,5
|
73,3
|
196,2
|
137
|
75,4
|
186
|
126
|
263,6
|
105,6
|
150,3
|
Juin
|
85,8
|
127,2
|
103
|
127,7
|
301
|
204
|
139
|
166,8
|
100,6
|
291,2
|
361
|
Juillet
|
3,2
|
167,3
|
23
|
29,6
|
59,4
|
12,3
|
35,4
|
88,8
|
81,2
|
168
|
91,4
|
Août
|
15
|
85,6
|
39,4
|
3,2
|
19,1
|
8
|
42,1
|
60,2
|
51,8
|
69,7
|
43,9
|
Septembre
|
112,9
|
80,1
|
18,1
|
60,2
|
5,8
|
66,1
|
227
|
30,8
|
128
|
53,9
|
132,6
|
Octobre
|
50,9
|
85,6
|
39,8
|
39,3
|
90,8
|
181
|
231
|
50,5
|
99,5
|
213
|
88,7
|
Novembre
|
14,1
|
2,4
|
9,9
|
0
|
40,7
|
24,8
|
15,3
|
335,3
|
3,3
|
2,2
|
16,6
|
Décembre
|
0
|
0
|
5,6
|
0
|
0
|
20,9
|
0
|
0
|
1,1
|
0
|
80,8
|
Cumul
|
442,6
|
889
|
424
|
699,6
|
840
|
868
|
1008
|
784,4
|
951,4
|
1025
|
1076
|
Tableau 13 :
Précipitations (mm) de la station de Kouma-konda de 1998 à
2008
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Janvier
|
41,9
|
51,5
|
30,6
|
0,0
|
4,3
|
4,9
|
32,5
|
12,2
|
28,2
|
0
|
0,0
|
Février
|
142,5
|
109,0
|
0,0
|
6,4
|
98,4
|
46,4
|
38,9
|
57,3
|
55,2
|
101,5
|
28,2
|
Mars
|
39,8
|
67,0
|
44,0
|
42,2
|
110,5
|
107,0
|
71,3
|
101,1
|
****
|
70,3
|
159,6
|
Avril
|
257,7
|
128,0
|
56,8
|
259,3
|
169,5
|
189,9
|
91,7
|
71,5
|
75,9
|
159,1
|
151,5
|
Mai
|
204,4
|
153,5
|
79,1
|
124,1
|
95,9
|
134,9
|
150,2
|
86,1
|
223,5
|
154,3
|
163,7
|
Juin
|
207,6
|
371,2
|
365,1
|
162,0
|
179,2
|
244,3
|
95,3
|
131,6
|
221,1
|
293,3
|
246,4
|
Juillet
|
168,6
|
402,4
|
223,2
|
123,3
|
197,4
|
265,5
|
169,0
|
60,6
|
72,6
|
198,5
|
225,7
|
Août
|
98,3
|
288,2
|
223,2
|
42,9
|
175,7
|
92,4
|
179,4
|
99,8
|
156,5
|
105,2
|
170,1
|
Septembre
|
169,8
|
293,5
|
434,1
|
183,7
|
211,4
|
185,5
|
283,5
|
173,4
|
305,0
|
326
|
196,0
|
Octobre
|
142,2
|
264,7
|
157,7
|
69,8
|
227,2
|
207,2
|
96,2
|
184,0
|
238,3
|
179,2
|
183,5
|
Novembre
|
51,1
|
75,0
|
53,4
|
84,5
|
42,6
|
102,5
|
82,5
|
76,8
|
56,8
|
66,3
|
11,3
|
Décembre
|
65,8
|
0,0
|
7,8
|
4,7
|
19,3
|
7,1
|
19,2
|
10,2
|
33,7
|
3,4
|
43,2
|
Cumul
|
1589,7
|
2204,0
|
1675,0
|
1102,9
|
1531,4
|
1587,6
|
1309,7
|
1064,6
|
1466,8
|
1657,1
|
1579,2
|
Les colonnes en gras indiquent les années prises en
comptes dans l'élaboration des modèles. L'utilisation de ces
données satisfait à deux préoccupations.
La première a cherché à rendre plus
concrets les modèles du scénario pour ne pas trop
s'éloigner de la situation réelle. Pour cela nous avons
opté pour la série de données des dix dernières
années (1998-2008) qui bien que ne respectant pas la norme
conventionnelle des 30ans, présente l'avantage d'être le reflet
des fluctuations plus actuelles de la pluviométrie de la
région.
Quant à la seconde, elle se
réfère aux valeurs hautes à considérer dans
l'élaboration des modèles. Ce à quoi répond le
choix des cumuls des années les plus pluvieux et les plus sèches
qui présentent des rapports de plus de 100 % en augmentation ou en
réduction au niveau des deux stations. C'est sur cette base qu'il a
été supposé qu'une péjoration positive ou
négative du climat peut conduire soit une augmentation de 50% des
précipitations des mois les plus pluvieux soit à une
réduction de 50 % des cumuls des mois les plus sèches.
11.1. Le modèle de réduction de la
pluviométrie à 50 %
Pour élaborer le modèle de réduction de
50 %, nous nous sommes servis des cumuls des années les moins pluvieuses
au niveau des deux stations. A Lomé c'est l'année 2000 qui se
dégage comme la moins pluvieuse avec un cumul 424 mm qui est largement
en dessous de la normale de 750 mm. Alors que à Kouma-Konda qui
enregistre une pluviométrie normale de 1500 mm c'est l'année 2005
qui se révèle être la moins pluvieuse avec un cumul de
1064,6 mm d'eau. Ainsi dans ce modèle, la basse vallée du Zio
reçoit annuellement sur cinq ans un cumul de 212 mm (figure 21). Au
même moment, à Kouma-Konda le cumul annuel s'élèvera
à 533 mm d'eau (figure 22).
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du68.png)
Figure 18 : Modèle
de réduction à 50 % des précipitations à
Lomé
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du69.png)
Figure 19 : Modèle
de réduction à 50 % des précipitations à
Kouma-Konda
L'impact de ce scénario sera catastrophique pour le
développement de notre zone d'étude. Il y aura une grave
pénurie d'eau, avec le bouleversement de l'écoulement des eaux du
Zio qui se manifestera par de très faibles débits
inférieurs à la normale de 12 m3. La
température augmentera fortement de même que l'évaporation.
Il n'y aura plus de rechargement des nappes phréatiques dont les
réserves s'épuiseront suite à l'augmentation des besoins
en eaux pour des ménages et de l'agriculture. La couverture
végétale et les sols se dessècheront
considérablement.
Cette combinaison des effets, tels que pénurie d'eau,
températures et évaporation élevées,
dégradation des sols et de la végétation, rendra encore
plus difficile la survie des populations surtout rurales dont la subsistance
dépend essentiellement de l'agriculture totalement dépendante de
la nature. Etant donné le rôle capital de l'eau dans le
développement agricole, notre vision de développement, pour le
terroir d'Assomé, basée sur la relance de l'agriculture
connaîtra ainsi un échec cuisant.
Les incidences majeures seront la diminution des rendements
agricoles déjà très faibles avec comme conséquence
une grave pénurie alimentaire et une accentuation de la pauvreté.
Ces situations, difficiles à maîtriser par les populations,
conduiront sans doute à des immigrations en direction des régions
moins éprouvées. Par ailleurs, les populations qui perdront
confiance en la vision de développement proposée, s'adonneront
encore plus à l'extraction de gravier, ce qui portera un grand
préjudice à l'environnement qui subit déjà le coup
de la baisse des précipitations.
11.2. Le modèle
d'augmentation des précipitations de 50 %
La basse vallée du Zio en général est
très vulnérable aux anomalies positives de précipitations
tant sur le plan local qu'à l'échelle de la zone
méridionale du Togo. Sur le plan local, les fortes averses engendrent un
engorgement des sols dénudés par les actions anthropiques. A
l'échelle régionale, cette vulnérabilité est
relative au fonctionnement hydrologique du Zio. En effet, le débit et la
vitesse d'écoulement du Zio augmentent exponentiellement avec
l'abondance des précipitations de la région des plateaux. Ces
eaux collectées par le Zio, s'étalent au niveau de sa basse
vallée provoquant ainsi des inondations semblables à celles de
2007 et 2008.
Ces phénomènes surviennent avec des hauteurs de
pluies de 1 200 mm à Lomé et de 2 200 mm dans la région
des plateaux, ordans le cas de ce modèle, il est prévu des
hauteurs de pluies annuelles qui s'élèvent à plus de 1 700
mm à Lomé (figure 23) et 3 300 mm (figure 24) dansla
région des plateaux et ce pour une période de cinq années
successives. Quels seront alors les effets induits de cette probable
situation?
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du70.png)
Figure 20 : Modèle
d'augmentation à 50 % des précipitations à
Lomé
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du71.png)
Figure 21 : Modèle
d'augmentation à 50 % des précipitations à
Kouma-Konda
Le préjudice porté par ce modèle au
terroir d'Assomé se traduira par une plus forte dégradation des
sols par l'érosion et le lessivage. L'altération continue des
formations superficielles à dominante argileuses qui matelassent les
dépôts de graviers de la haute terrasse à Assomé sur
3 à 5 mètres d'épaisseur, ameublira encore plus ces
formations au point où l'équilibre naturel sera fragilisé.
En fonction de la déclivité générale de la
topographie du site du terroir, il s'expose ainsi aux risques de glissement de
terrain.
En outre, l'engorgement des couches superficielles des sols de
la plaine entraînera l'inondation permanente de ces terres par la
stagnation des eaux de pluie. Cette situation sera aggravée par
l'arrivée massive dans la basse plaine des eaux collectées par le
Zio en amont au cours des mois de Mai à Octobre. L'ampleur des
inondations sera alors plus exacerbée que celui des années 2007
et 2008. En conséquence, le terroir d'Assomé, dont seules les
terres autour du Zio sont jusque là inondées, verra toute
l'étendue de sa plaine (1400 ha soit 58 % du terroir) occupée par
les eaux (carte 9). Les ponts, le dispensaire et les stations de pompage seront
submergés voire détruits et emportés par les eaux. Les
conséquences humaines et économiques de cette situation seront
catastrophiques pour le terroir d'Assomé.
L'érosion et le lessivage des terres appauvriront
encore plus les sols, ce qui compromettra la productivité des cultures.
De même, la piste Davié-Assomé-Kovié va de nouveau
se dégrader sous le coup du ravinement qui prendra aussi de l'ampleur.
Les glissements de terrains pour leur part entraîneront des destructions
de logements et de terres de culture voire des pertes de vies humaines. Quant
aux inondations, elles perturberont énormément les
activités rizicoles dont les rendements chuteront sensiblement.
Concomitamment, l'accès aux soins de santé et à l'eau
potable sera très difficile pour la population, d'autant plus que les
stations de pompage et le dispensaire seront détruits.
En somme, le terroir d'Assomé perdra ainsi une partie
de ses infrastructures et sera confronté à une grave crise
humanitaire c'est-à-dire sur plan alimentaire, au niveau de la
qualité de l'eau, du logement et de la santé. Aussi la
paupérisation de la population s'exacerbera et par là, les plus
graves formes d'exploitations des ressources comme le gravier se poursuivront.
Par conséquent, le développement de ce terroir sera
profondément compromis.
![](Developpement-des-espaces-geographiques-Exemple-du-terroir-d-Assome-dans-la-basse-vallee-du72.png)
Carte 9
153
: Vulnérabilité du terroir
d'Assomé aux risques du développement
CONCLUSION
Localisé au Sud-Ouest de la Région Maritime, le
terroir d'Assomé s'inscrit dans le système de paliers
formé par les terrasses alluviales, le long des versants de la basse
vallée de la rivière Zio. Il occupe précisément sur
le versant de rive gauche à l'entrée de la basse vallée,
la surface de la discontinuité Nord de la plus haute terrasse alluviale
et une portion de plaine d'inondation. Généralement la
topographie de ce site est déclive en direction du lit de la
rivière Zio avec des pentes relativement faibles (9 à 12 %) voire
nulle dans la plaine d'inondation.
Le potentiel pédologique est composé de 3 types
de sols. Il s'agit de sols ferralitiques qui recouvrent sur la terrasse
d'importantes couches d'éléments grossiers (galets et de
graviers) qui y sont exploités. Les fonds de vallées et les
terres aux abords du Zio sont dominés par les sols hydromorphes. Alors
que sur les versants on retrouve des sols peu évolués. Aux
différents types de sols correspondent respectivement trois types de
végétation de savane à savoir : la savane arbustive
dégradée, la savane arborée et la savane herbeuse.
Cet ensemble évolue sous un climat tropical
guinéen fortement influencé par l'anomalie climatique du
Sud-Togo. Ainsi la pluviosité (900 mm/an) est largement
inférieure à la normale régionale (1200 à 1500 mm).
Les périodes sèches sont exagérément longues alors
que celles des saisons de pluies sont de plus en plus courtes.
Depuis quelques décennies, cet espace
géographique aux ressources assez diversifiées est sous l'emprise
d'une exploitation systématique et abusive dont le résultat est
l'état actuel de dégradation avancée de son paysage,
laissant craindre à long terme une situation
d'irréversibilité écologique.
En effet pour satisfaire leurs besoins alimentaires et
économiques, les populations d'Assomé se rabattent sur les
ressources de la nature, qu'elles exploitent sans contrôle. Par
l'agrandissement des champs, l'exploitation du bois sous ses diverses formes,
elles déciment la végétation originelle entraînant
la dénudation des sols qui sont ainsi exposés aux attaques
hydriques (érosion, tassement, lessivage etc.). Il en résulte
alors des pertes de capacité de rétention en eau et en humus et
celles des sédiments du sol. Cette situation influence très
négativement les rendements agricoles dont la quantité et
qualité diminuent progressivement.
L'exploitation de gravier, en supplantant l'agriculture dans
la région, a accentué la destruction du couvert
végétale et causé la dégradation physico-chimique
des centaines d'hectares de terres. Ces dernières sont impropres
à l'agriculture. Il se pose alors un grave problème d'indigence
en terres de culture alors que la population ne cesse d'augmenter.
Les conséquences économiques et sociales de
cette situation sont très lourdes. La pauvreté en s'accentuant
amplifie ainsi les crises alimentaires des périodes de soudure et
l'incapacité pour les parents d'assumer les besoins de leurs enfants. La
jeunesse désoeuvrée migre vers les villes à la recherche
de meilleures conditions de vie.
L'objectif premier de notre étude étant de faire
ressortir les potentialités et les contraintes naturelles ainsi que le
contexte socio-économique du terroir d'Assomé, en vue d'une
gestion rationnelle. Constatant que les imbrications des conditions naturelles
avec les actions humaines sur le milieu convergent vers la dégradation
physico-chimique des terres, leur faible rentabilité,
l'insécurité alimentaire, la précarité et l'exode
rurale, il nous incombe de proposer des orientations en vue de contribuer
à freiner le fléau, restaurer le milieu et assurer un cadre de
vie meilleure à ces populations.
Il est urgent d'aider les paysans à accroître et
diversifier les rendements agricoles sur le peu de terres disponibles à
travers des méthodes de restitution de leur fertilité. Dans la
même perspective, la stabilisation des terres de culture par des
techniques anti-érosives efficaces s'avère nécessaire
avant l'apport de fertilisants organiques (compost) pour restituer le complexe
humique.
La reconstitution du couvert végétal du terroir
qui constitue le point focal de la réhabilitation du paysage est
très impérative. De ce fait, les timides efforts de la population
en ce sens par des petites plantations de tecks devront être
renforcés par l'agroforesterie qui sera vulgarisée dans la
région. Pour ce faire, il faudrait au préalable proscrire
l'extraction de gravier qui endommage la structure et la texture des sols, ne
permettant pas ainsi le développement des végétaux.
Pour que ces suggestions atteignent les résultats
escomptés (restauration du paysage, mise en valeur rationnelle et
conservatrice des ressources pour l'amélioration des conditions de vie),
il faudrait procéder à une sensibilisation de la population.
Cette sensibilisation doit permettre d'améliorer la connaissance
empirique des populations sur leur milieu et présenter les avantages des
techniques et méthodes proposées tout en décourageant les
pratiques qui dégradent le paysan.
BIBLIOGRAPHIE
Thèses et mémoires
1. ABBI P. (2002) : Contribution à l'étude
géomorphologique de l'espace compris entre les préfectures de la
Binah, de Doufelgou et de la Kozah (Togo).Mémoire de Maîtrise,
Département de Géographie, Université de Lomé.
2. ABOTCHI T. (2005) : la riziculture irriguée au
Togo, étude des périmètres rizicoles des vallées de
l'Amou et du ZioMémoire de Maîtrise, Département de
Géographie, Université de Lomé.
3. ABOUKASTA W. (2003) : Dynamique des paysages agraires
dans les montagnes du nord Togo : cas du canton de Défalé.
Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie,
Université de Lomé.
4. ADEWI E. (2001) : Contribution à l'étude
de l'influence du climat sur la production agricole : cas du maïs
à Kpédomé dans la préfecture du Zio. Mémoire
de Maîtrise, Département de Géographie, Université
de Lomé.
5. ADJANOHOUN E. (1964) : Végétation des savanes
et de rochers découverts en Côte en d'Ivoire centrale.
Mémoire ORSTOM n°7, Paris.
6. ADJARI A. (2006) : Contraintes
morpho-pédologiques et stratégies paysannes dans la mise en
valeur des chaînons de Défalé (nord Togo). Mémoire
de Maîtrise, Département de Géographie, Université
de Lomé.
7. AKIBODE A. (2000) : Contribution à
l'étude hydrogéomorphologique de la basse vallée du Zio.
Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie,
Université du Bénin.
8. AKLAMANU K. (1998) : Pression démographique et
dégradation de l'environnement rural : Le cas du terroir de Vo
Koutimé (Préfecture de Vo). Mémoire de Maîtrise,
Département de Géographie, Université du Bénin.
9. ALITI B. (2006) : impacts environnementaux et
socioéconomiques de l'exploitation des héritages
géomorphologiques de la basse vallée du Zio. Mémoire de
Maîtrise, Département de Géographie, Université de
Lomé.
10. ATTIGNON H. K. (1960) : Végétation de
la zone côtière entre Takoradi et Cotonou et ses
conséquences biogéographiques. Paris.
11. AZANLEKOR M. (1986) : Contribution à
l'étude des impacts écologiques et économiques de
l'exploitation des phosphates à Hahotoé. Mémoire de
Maîtrise, Département de Géographie, Université du
Bénin.
12. BOTSOE K. (2001) : Economie de la culture du
riz : cas du périmètre irrigué de Kovié.
Mémoire d'agronomieMémoire de Maîtrise, Département
de Géographie, Université de Lomé.
13. DEMAKOU Y. (1998) : Le processus de
dégradation de l'environnement dans la région des savanes au
Togo : Cas secteur Oti-Nord. Mémoire de Maîtrise,
Département de Géographie, Université du Bénin.
14. DJANGBEDJA M. (2000) : Les conséquences de
l'extraction du minerai de phosphates à Hahotoé sur
l'environnement naturel et humain Sud-Est Togo. Mémoire de
Maîtrise, Département de Géographie, Université du
Bénin.
15. ETSE K. (1997) : Dynamique de la végétation
au niveau du contact socle/bassin sédimentaire
côtierMémoire de Maîtrise, Département de
Géographie, Université du Bénin.
16. EVIWONOU D. (2004) : Contribution à
l'étude des problèmes morpho-pédologiques du plateau
d'Adélé (Sud-Ouest de la Région Centrale du Togo).
Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie,
Université de Lomé.
17. GOH A. (1996) : L'impact socioéconomique et
écologique du système d'exploitation du périmètre
irrigué de la basse vallée du Zio (Sud-Ouest du Togo) :
Contribution à l'étude d'un projet rural. Mémoire de
Maîtrise, Département de Géographie, Université de
Lomé.
18. HOMBRE S. (2005) : Sogou, un terroir gourma au nord
Togo (Région des Savanes) : contraintes physiques et humaines
d'aménagement et évolution des structures agraires.
Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie,
Université de Lomé.
19. HOUEDAKOR K. (1997) : La dynamique de l'environnement dans
le sud-est du Togo. Essai de cartographie. Mémoire de Maîtrise,
Département de Géographie, Université du Bénin.
20. KANKPENANDJA L. (2002) : Contribution à
l'étude géomorphologique de la plaine alluviale du Kpendjal
(région des savanes). Mémoire de Maîtrise,
Département de Géographie, Université de Lomé.
21. KPEGOUNI I. (1997) : Production agricole et niveau de
vie en milieu rural exemple d'Alédjo-Kadara. Mémoire de
Maîtrise, Département de Géographie, Université du
Bénin.
22. KWASSI A. (2000) : Contribution à l'étude
des populations rurales de la zone côtière. Mémoire de
Maîtrise, Département de Géographie, Université du
Bénin.
23. LAKOUSSAN K. (1998) : L'environnement du site
d'extraction des phosphates à Hahotoé, quelques approches de
réhabilitation du milieu. Mémoire de Maîtrise,
Département de Géographie, Université du Bénin.
24. LEGUEDE Z. (1998) : Contribution à
l'étude géomorphologique du site de Vogan. Mémoire de
Maîtrise, Département de Géographie, Université du
Bénin.
25. MOGORE M. (1998) : Géomorphologie et environnement
: exemple de Cinkassé. Mémoire de Maîtrise,
Département de Géographie, Université du Bénin.
26. SENA N. (2000) : Contribution à
l'étude de géomorphologie urbaine : cas de la ville
d'Atakpamé (Togo). Mémoire de Maîtrise, Département
de Géographie, Université du Bénin.
27. TAKPARA T. (2002) : Système de production
agricole et sécurité alimentaire durable en milieu kotokoli
(Tem) : cas du terroir de Koumondè (Préfecture d'Assoli).
Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie,
Université de Lomé.
28. TCHAMBA T. (2006) : le marché informel de
sable et de gravier dans la région maritime et son impact : cas de
la préfecture du Golfe.Mémoire de Maîtrise,
Département de Géographie, Université de Lomé.
29. TCHAMIE K. (1984) : L'originalité du climat des
zones littorales du Ghana-Togo-Benin.
30. TCHARA A. (1996) : Kpawa : une zone de
colonisation agricole des populations de Blitta gare (Centre Togo).
Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie,
Université de Lomé.
31. TCHEROTEN K. (2004) : Principales pratiques humaines
destructives de l'environnement dans le secteur ouest de la préfecture
de la Kéran : cas des villages de Ossacré et de Pagouda.
Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie,
Université de Lomé.
32. TOMETY F. (2004) : La dynamique foncière et
les mutations de l'habitat rural dans le village Anfoin (Préfecture des
Lacs). Mémoire de Maîtrise, Département de
Géographie, Université de Lomé.
Ouvrages généraux et
articles
33. BRUNET R. (2005) : Le développement des
territoires : formes, lois, aménagement, Paris, Editions de
l'Aube.
34. BIT (1989) : Livret 3. La communauté et
l'environnement, Genève.
35. BIT (1989) : Livret 4. Les problèmes
écologiques mondiaux, Genève.
36. DERANCOURT F. (1995) : Erosion des terres
agricoles, méthodologie proposées à l'étude de
bassins versants agricoles. Rapport Chambre d'Agriculture
Pas-de-Calais.
37. GAYIBOR N. (1986) : Les origines de la savane du
Bénin. Cahier d'Etudes Africaines. PUB, Lomé.
38. GIDDENS A.: Les Constitution de la
société, 1987.
39. GU-KONU E. & Al (1981) : Atlas du Togo, Jeune
Afrique, Paris.
40. LANDEL-MILLS P. etDERAGELDINI. (1991):Governance and
the External Factor,World Bank Annual Conference on Development
Economics.
41. LELOUP F., MOYART L., PECQUEUR B. (2003) :Le
développement local en Afrique de l'Ouest : quelle(s)
réalité(s) possible(s)? Mondes en développement Vol.
31-2003/4-n°124.
42. LÖW Martina (2008): "The Constitution of Space:
The Structure of Spaces Through the Simultaneity of Effects and
Perception", in European Journal of Social Theory, 1-11p.
43. MINGUET D. H.: Anthropologie,éthique et
développement durable.
44. PECQUEUR B. (2001):Gouvernance et régulation;
un retour sur la nature du territoire, Géographie, Economie,
Société, vol. 3, n°2, p.229-246.
45. PNUD (1998) : Le PNUD aujourd'hui : La protection de
l'environnement. New York.
46. PREVOST (2001): Le développement local :
contexte et définition, cahiers de rechercheIREC01-03, IRECUS,
Université de Sherbrooke, 28 p.
47. RISHIRUMUHIRWA T. (1992) : Stratégies
régionales de conservation de l'eau et du sol dans les pays de la
C.E.P.G.L. Bulletin du Réseau Erosion, n° 12.
48. RISHIRUMUHIRWA T. (1994) : Facteurs anthropiques
de l'érosion dans les montagnes hauts plateaux aux Burundi, Rwanda et
Zaïre. Les cahiers d'Outre-Mer. Tome XL VII ; pp 23-34.
49. Revue "Notre Libraire" Aménager Le Milieu
Naturel, N° Double 66-67, Octobre-Décembre 1982.
50. SLANKY M. (1962) : Contribution à
l'étude géologique du bassin sédimentaire côtier du
Dahomey et du Togo, Paris.
51. VACHON B. (2002): Développement régional
et dynamique territoriale, Colloque de l'Association des économistes du
Québec, Château Frontenac, Québec, 22 mars 2002,
11p.
LISTE
DES CARTES
Carte 1: Situation du terroir d'Assomé
3
Carte 2 : Disposition des terrasses de la Basse
Vallée du Zio
20
Carte 3 : Pédo-morphologique de la Basse
Vallée du Zio.
27
Carte 4 : Evolution du couvert
végétal entre 1969 et 2008 dans la zone
59
Carte 5 : Terroir d'Assomé
80
Carte 6 : Occupation de l'espace du terroir
d'Assomé
109
Carte 7 : Infrastructures socio-collectives
à Assomé
111
Carte 8 : Proposition d'aménagement du
terroir d'Assomé
137
Carte 9 : Vulnérabilité du
terroir d'Assomé aux risques du développement
153
LISTE
DES FIGURES
Figure 1: Coupe structurale du bassin
sédimentaire côtier du Togo dans sa partie occidentale
(d'après le B R G M, 1982)
3
Figure 2: Coupe schématique des terrasses
alluviales de la basse vallée du Zio.
19
Figure 3: Coupe transversale de la basse
vallée du Zio suivant le tracé AB
21
Figure 7 : Profil d'un sol ferralitique à
Assomé
28
Figure 8 : Profil de sol hydromorphe aux abords du
Zio
29
Figure 9 : Toposéquence à
l'entrée de la basse vallée du Zio entre Mission-Tové et
Assomé
30
Figure 10 : Evolution mensuelle des moyennes
de température de 1976 à 2005.
33
Figure 11 : Evolution annuelle des moyennes de
températures de 1976 à 2005.
33
Figure 12 : Evolution mensuelle des moyennes de
précipitations de 1976 à 2005.
35
Figure 13 : Evolution annuelle des moyennes de
précipitations de 1976 à 2005.
36
Figure 14 : Courbe d'évolution des moyennes
mensuelles d'insolation de 1981 à 2000
37
Figure 15 : Evolution mensuelle des moyennes
d'humidité de 1981 à 2000
37
Figure 16 : Pyramide des âges de la
population d'Assomé.
41
Figure 17 : Processus d'agressivité des
pluies sur le sol
50
Figure 18 : Coupe dans une carrière
abandonnée à la lisière de la forêt sacrée
d'Assomé
65
Figure 19 : Profil schématique d'un transect
illustrant les perturbations du relief à Assomé.
67
Figure 20 : Courbes comparatives des normes
pluviométriques de 1961-1990, 1971-2000 et la décennie
1998-2008.
114
Figure 21 : Modèle de réduction
à 50 % des précipitations à Lomé
149
Figure 22 : Modèle de réduction
à 50 % des précipitations à Kouma-Konda
149
Figure 23 : Modèle d'augmentation à
50 % des précipitations à Lomé
151
Figure 24 : Modèle d'augmentation à
50 % des précipitations à Kouma-Konda
151
LISTE
DES PHOTOS
Photo 1 : Vue du profil vertical du sol dans une carrière
à Assomé................................22
Photo 2 : Vue partielle d'une couche de gravier
fortement indurée.
3
Photo 3 : Bloc de poudingue exhumé dans une
zone d'extraction.
24
Photo 4 : Maternité d'Assomé.
45
Photo 5 : Dispensaire St Etienne
d'Assomé
45
Photo 6 : Une « salle de classe » au
CEG d'Assomé
46
Photo 7 : Un réservoir d'eau.
47
Photo 8 : Une station de pompage
48
Photo 9 : Le château d'eau
d'Assomé
48
Photo 10 : Pont détruit par les
inondations de 2005, sur la rivière Agbaflè
54
Photo 11 : Une bribe de la forêt
sacrée d'Assomé
61
Photo 12 : Le tronc d'un Kapokier abattu dans la
forêt sacrée d'Assomé
61
Photo 13 : Végétation de savane
herbeuse dans une carrière après 10 ans d'abandon
62
Photo 14 : Touffes de graminées
recolonisant une carrière après 5 ans d'abandon
62
Photo 15 : Nature superficielle du sol dans
une ancienne carrière
65
Photos 16 et 17 : Topographie ondulée
à Kpota
67
Photo 18 : Gravière
68
Photo 19 : Monticules de rejet
68
Photos 20 et 21 : Talus artificiel dans une
zone d'extraction
68
Photo 22 : Phénomène de
ravinement dans un champ à Assomé
72
Photo 23 et 24 : Ravins aux berges abruptes
dégradant la route Kovié-Assomé.
73
Photo 25 : Ravinement de la rue menant
à l'EPP Assomé
74
Photo 26 : Ravinement en roubine avec
formation de minuscules « dos d'éléphant »
sur la voie secondaire du
village............................................................................
74
Photo 27 : Destruction des tombes dans le
cimetière par le ravinement
74
Photos 28 et 29 : Extraction de gravier
respectivement dans la zone de
97
Photo 30 : Opération de tamisage
97
Photo 31 : Une mesure d'une caisse de
gravier
98
Photo 32 : Une cuvette servant à la
mesure du gravier
98
Photo 33 : Pont en construction et inondé
à Assomé
126
Photo 34 : Route
Davié-Assomé-Kovié réaménagée
à Assomé
126
LISTE
DES TABLEAUX
Tableau 1: Données sur la stratigraphie du
bassin sédimentaire côtier
3
Tableau 2 : Moyennes mensuelles de
précipitations de 1976 à 2005.
34
Tableau 3 : Indices d'agressivité des pluies
de 1996 à 2005 à Assomé
51
Tableau 4 : Récapitulation des
dégradations du sol au niveau des carrières de graviers
66
Tableau 5 : Impacts des gouttes de pluies sur le
sol en fonction de leurs diamètres
69
Tableau 6 : Coordonnées
géographiques des limites du terroir d'Assomé
79
Tableau 7 : Estimation de la production
vivrière à Assomé
91
Tableau 8 : Revenus par rapport à la
quantité de gravier extraite
98
Tableau 9 : Récapitulatif des revenus
des acteurs de l'extraction de gravier
100
Tableau 10 : Résultat de
l'expérience de haies vives
130
Tableau 11 : Fonctions et potentialités
de l'agroforesterie
133
Tableau 12 : Précipitations (mm) de la
station de Lomé-aéroport de 1998 à 2008
147
Tableau 13 : Précipitations (mm) de la
station de Kouma-konda de 1998 à 2008
147
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
Erreur ! Signet non
défini.
REMERCIEMENTS
ii
SOMMAIRE
iii
LISTE DES ABREVIATIONS
iv
RESUME
v
INTRODUCTION
1
Première
partie :
Milieu et
Environnement
d'Assomé
3
Chapitre 1 : LE PAYSAGE PHYSIQUE
15
1.1. Le contexte
géologique
15
1.1.1. Le
socle
16
1.1.2. Le bassin
sédimentaire côtier
16
1.1.2.1 Le
Maastrichien
17
1.1.2.2
Paléocène
18
1.1.2.3.
Eocène
18
1.1.2.4. Le
continental terminal
18
1.1.2.5. Les
Terrasses
19
1.2. Contexte
géomorphologique
25
1.2.1. Le plateau
de Tsévié
25
1.2.2. La terrasse
alluviale
25
1.2.3. Le bassin
versant du Zio
26
1.3. La
pédologie
26
1.3.1. Les sols
ferralitiques
28
1.3.2. Les sols peu
évolués d'apport non hydromorphes
29
1.3.3. Les sols
hydromorphes.
29
1.4. La
végétation
29
1.5. Le
climat
31
1.5.1. Les
saisons
31
1.5.1.1. Les
saisons pluvieuses
31
1.5.1.2. Les
saisons sèches
31
1.5.2. Les
paramètres du climat
32
1.5.2.1. Les
vents
32
1.5.2.2. La
température
32
1.5.2.3. La
pluviométrie
34
1.5.2.4.
Evaporation et Insolation
36
1.5.2.5.
Humidité relative
37
1.6
L'hydrographie
38
Chapitre 2 : LE PAYSAGE
HUMAIN
40
2.1. Historique du
terroir d'Assomé
40
2.2. Les
données démographiques
40
2.2.1. Les
mouvements naturels
41
2.2.2. La structure
par âge et par sexe
42
2.2.3. Les
mouvements migratoires
42
2.3. Les
caractéristiques générales de l'habitat
42
2.3.1. Les formes
de l'habitat
43
2.3.1.1. La maison
traditionnelle
43
2.3.1.2. La maison
semi moderne
43
2.3.1.3. La maison
moderne
44
2.4. Les
infrastructures sociaux
44
2.4.1. Des
structures sanitaires appréciables
45
2.4.2. Un manque
cruel d'infrastructures scolaires
45
2.4.3. Un
système d'adduction d'eau moderne
46
2.4.4. Des
infrastructures routières en rénovation
48
Chapitre 3 : DYNAMIQUE DU PAYSAGE
49
3.1 Les facteurs
naturels
49
3.1.1. Le
climat
49
3.1.1.1.
L'influence des oscillations paléoclimatiques
49
3.1.1.2.
L'agressivité du climat actuel
50
3.1.2. La
topographie
52
3.1.3. La nature
des formations superficielles
52
3.1.4. Les
fréquentes inondations du Zio
54
3.2. Les facteurs
humains
55
3.2.1. La mise en
valeur agricole
55
3.2.2.
L'exploitation du bois
55
3.2.3. Les feux de
brousse
56
3.2.4. L'extraction
de gravier
56
Chapitre 4 : CARACTERISATION DU
PAYSAGE
58
4.1 Le recul de la
végétation
58
4.2 La
dégradation des sols
62
4.2.1.
L'appauvrissement des sols en éléments
nutritifs
63
4.2.2. Le lessivage
des sols
64
4.2.3. Le tassement
des sols
64
4.2.4. La
perturbation du profil du sol
64
4.2.5. Les
perturbations dans le relief
66
4.2.6.
L'érosion hydrique des sols
68
4.2.7. Le processus
de ruissellement
70
4.2.7.1. Les
différents types de ruissellement
71
4.2.7.2. Les
impacts du ruissellement concentré
72
Deuxième
partie :
Développement d'Assomé
3
Chapitre 5 : LE CADRE JURIDIQUE
77
5.1
Administration
77
5.2 Les
limites
78
5.3
L'environnement
82
Chapitre 6 : LE CADRE ECONOMIQUE
85
6.1. La
désagrégation de l'économie
85
6.2. Les
activités économiques
86
6.2.1. Le
primaire
86
6.2.1.1.
L'agriculture
87
6.2.1.2.
L'activité d'extraction de gravier
95
6.2.2.
L'informel
101
6.2.2.1.
L'artisanat
101
6.2.2.2. La
transformation des produits agricoles.
101
6.2.2.3. Le
Commerce
102
6.2.2.4. Le
transport
102
6.2.3.
L'activité salariale restreinte
102
Chapitre 7: L'ORGANISATION
SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE ET TERRITORIALE
103
7.1. Organisation
sociale
103
7.2. L'organisation
administrative et politique
104
7.3. La vie
religieuse
105
7.3.1. La religion
traditionnelle
105
7.3.2 Les religions
modernes
106
7.3.2.1 Le
christianisme
106
7.3.2.2.
L'islam
107
7.4. Organisation
de l'espace du terroir
107
Troisième partie
:
Vision
du
développement
d'Assomé
3
Chapitre 8. : POTENTIALITES ET CONTRAINTES
DE DEVELOPPEMENT.
113
8.1. Les
Contraintes
113
8.1.1. Les
Contraintes physiques
113
8.1.1.1.
L'aridification de la région
113
8.1.1.2. Les pertes
en terre
116
8.1.1.3. La
pénurie de terre agricole
118
8.1.1.4. La
disparition des espèces
118
8.1.2. Contraintes
socio-économiques
119
8.1.2.1. La
pauvreté
119
8.1.2.2. L'exode
rural
120
8.1.2.3. La rente
foncière
120
8.1.2.4. Le manque
de volonté politique
121
8.2. Les
potentialités
121
Chapitre 9 : LES ACQUIS DU
DEVELOPPEMENT
123
9.1 Les acquis
sociaux
124
9.2 Les acquis
économiques
125
Chapitre 10 : ANALYSE ET PROPOSITION
D'ORIENTATION DU DEVELOPPEMENT D'ASSOME
127
10.1. Redynamiser
l'agriculture
127
10.1.1. La phase
préparatoire
128
10.1.1.1. Les
conditions biophysiques
128
10.1.1.2. Les
conditions socio-anthropologiques
135
10.1.2. La phase
d'application
136
10.1.2.1
L'aménagement du plateau de terre de barre
138
10.1.2.2
L'aménagement de la plaine alluviale
140
10.1.3. La phase de
contrôle
143
10.2. Financement
des activités génératrices de revenus
143
10.3. Octroyer
à la collectivité locale une autonomie de gestion administrative
et économique
144
Chapitre 11 : RISQUE DU
DEVELOPPEMENT
146
11.1. Le
modèle de réduction de la pluviométrie à 50
%
148
11.2. Le
modèle d'augmentation des précipitations de 50 %
150
CONCLUSION
154
BIBLIOGRAPHIE
157
LISTE DES CARTES
161
LISTE DES FIGURES
161
LISTE DES PHOTOS
162
LISTE DES TABLEAUX
163
TABLE DES MATIERES
164
* 1 OMM: Organisation Mondiale
de la Météorologie
* 2 Kpota : dans la langue
Ewé signifie au sommet de la montagne.
* 3 Période de la grande
saison pluvieuse où les précipitations sont abondantes, continues
et très rapprochées.
* 4 Lipoti : se compose de
« lipo » qui veut dire limite et
« ati » qui désigne un arbre.
* 5Ewé : Ethnie
majoritaire du Sud-Togo.
* 6 Lexiviat : Eau
polluée, issue de la percolation à travers les ordures.
|