Centre Africain de Management
et de Perfectionnement des Cadres
08 BP 878 Abidjan 08 - TEL: (225) 22444946 - 22444322 - 22444994
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MEMOIRE DE MASTER
Spécialité: Management de projets
CONTRIBUTION A LA PRISE EN COMPTE DE LA DIMENSION GENRE
DANS LES REFORMES DES INSTITUTIONS DU SECTEUR DE LA SECURITE EN COTE D'IVOIRE :
cas de la Gendarmerie Nationale.
Par:
Monsieur YAPO Judicaël
Ingénieur de Conception en Sciences
Informatiques
Directeur scientifique: Prof. TOH Alain
Enseignant-chercheur à
L'Université Félix Houphouët
Boigny
Année académique 2015-2016
CONTRIBUTION A LA PRISE EN COMPTE DE LA DIMENSION
GENRE DANS LES REFORMES DES INSTITUTIONS DU SECTEUR DE LA SECURITE EN COTE
D'IVOIRE : cas de la Gendarmerie Nationale.
Par:
Monsieur YAPO Judicaël
Ingénieur de Conception en Sciences
Informatiques
1
SOMMAIRE
SOMMAIRE 1
DEDICACE 2
REMERCIEMENTS 3
SIGLES ET ACRONYMES 4
LISTE DES TABLEAUX 6
LISTE DES FIGURES 7
INTRODUCTION 8
PREMIERE PARTIE: FONDEMENTS THEORIQUES ET
METHODOLOGIQUES
DE L'ETUDE 10
CHAPITRE 1 : FONDEMENTS THEORIQUES DE L'ETUDE 11
CHAPITRE 2 : APPROCHE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE 36
DEUXIEME PARTIE: PRESENTATION DE LA
GENDARMERIE
NATIONALE 51
CHAPITRE 1 : HISTORIQUE ET MISSIONS DE LA GENDARMERIE NATIONALE
52
CHAPITRE 2 : ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE LA GENDARMERIE
NATIONALE 55
TROISIEME PARTIE : CONTRAINTES LIEES A LA PRISE EN COMPTE
DU GENRE DANS LA REFORME DE LA GENDARMERIE NATIONALE DE COTE
D'IVOIRE 63
CHAPITRE 1 : CADRE DE MISE EN OEUVRE DE LA REFORME DE
LA
GENDARMERIE NATIONALE INTEGRANT LE GENRE 64
CHAPITRE 2 : PRINCIPES ET CRITERES DE PRISE EN COMPTE DE LA
DIMENSION
GENRE DANS LES REFORMES DES ISS 66
CHAPITRE 3 : OBSTACLES LIES A LA PRISE EN COMPTE DE LA
DIMENSION
GENRE DANS LA REFORME DE LA GENDARMERIE NATIONALE 75
CHAPITRE 4 : ANALYSE DES ECARTS LIES A LA PRISE EN COMPTE DE
LA
DIMENSION GENRE DANS LA REFORME DE LA GENDARMERIE NATIONALE 82
CONCLUSION 88
BIBLIOGRAPHIE 91
ANNEXES 98
TABLE DES MATIERES 107
RESUME 112
DEDICACE
2
A mon épouse.
3
REMERCIEMENTS
Cette étude a pu voir le jour grâce à
l'apport et l'expertise de plusieurs personnes physiques et morales.
Les différentes expertises nous ont permis d'atteindre
l'objectivité scientifique de cette étude. Nous distinguons au
premier chef, Monsieur TOH Alain, Maître de Conférences,
Enseignant-Chercheur à l'Université Félix Houphouët
Boigny d'Abidjan, Directeur de mémoire, qui a suivi avec rigueur et
minutie notre travail. Ses critiques constructives, ses orientations et son
engagement nous ont été utiles.
Nos remerciements vont également à l'endroit du
Directeur Général du Centre Africain et Malgache pour le
Perfectionnement des Cadres (CAMPC) et à tout le personnel.
Tout particulièrement, je voudrais remercier Monsieur
YAO Célestin, Directeur Pédagogique du CAMPC pour ses conseils
avisés et surtout pour sa détermination à voir le fruit de
notre labeur.
Merci au Dr TOGBE Dominique dont les conseils avisés
malgré ses multiples tâches professionnelles a conduit notre
travail jusqu'à son terme.
Nous sommes reconnaissant des encouragements et orientations
méthodologiques de Madame YAO à l'entame de ce travail de
recherche.
Nous remercions le Ministre en charge de la Défense et
ses collaborateurs, qui ont bien voulu nous accorder l'accès aux
structures de la Défense pour nos recherches.
Nos remerciements au Pasteur EBROTIE, au Pasteur GEROME et au
Pasteur KORE, ainsi qu'à l'ensemble des frères et soeurs de la
Mission Evangélique « Epouse fidèle de Christ» pour
leurs bénédictions, encouragements et prières.
Nous exprimons notre profonde gratitude à nos parents
biologiques qui comme ils l'ont toujours fait, ont su nous apporter les
encouragements nécessaires; recevez nos hommages chers père et
mère.
Nous sommes reconnaissants à toutes celles et tous ceux
qui ont contribué à l'aboutissement de ce travail.
4
SIGLES ET ACRONYMES
ACDI : Agence Canadienne de
Développement International
AFRISTAT : Observatoire Économique et
Statistique d'Afrique Subsaharienne
BAD : Banque Africaine de
Développement
CAMPC : Centre Africain de Management et de
Perfectionnement des Cadres
C.A.O.G.N : Cours d'Application des Officiers
de la Gendarmerie Nationale
CCDG : Centre de la CEDEAO pour le
Développement du Genre
CEA : Commission Economique pour l'Afrique
CEDEAO : Communauté Économique
des États de l'Afrique de l'Ouest
CNRTL : Centre National de Ressources
Textuelles et Lexicales
CNS : Conseil National de
Sécurité
CPS : Secrétariat de la
Communauté du Pacifique
CSGN : Commandement Supérieur de la
Gendarmerie Nationale
DCAF: Centre for the Democratic Control of
Armed Forces
ECOSOC : Conseil Economique et Social des
Nations Unies
ECPAD : Etablissement de Communication et de
Production Audiovisuelle de la Défense
EES : Evaluation Environnementale
Stratégique
EGA : Ecole de Gendarmerie d'Abidjan
EGT : Ecole de Gendarmerie de
Toroguhé
FAC : Force en Attente de la CEDEAO
FACI : Forces Armées de Côte
d'Ivoire
FES : Friedrich Ebert Stiftung
FFOM: Forces Faiblesse Menaces
Opportunité
UNICEF: Fonds des Nations Unies pour
l'Enfance
5
F3E : Fonds pour la promotion des
Études préalables, des Études transversales et des
Évaluations
IDISA : Indicateur de développement et
des inégalités entre les sexes en Afrique
IDS : Institut de Développement des
Etudes
IGGN : Inspection Générale de
la Gendarmerie Nationale
ISS / SSI : Institutions du Secteur de la
Sécurité / Security Sector Institution
ISSAT : Equipe Internationale de Conseil au
Secteur de la Sécurité
LPM : Loi de Programmation Militaire
MINDEF : Ministère en charge de la
Défense
NEPAD : Nouveau Partenariat Economique pour
le Développement de l'Afrique
OIT : Organisation Internationale du
Travail
ONU: Organisation des Nations Unies
PNUD : Programme des Nations Unies Pour le
Développement
RSS : Réforme du Secteur de la
Sécurité
SEMC : Sport Education Mixité
Citoyenneté
SGG : Secrétariat
Général du Gouvernement
SNHPG : Société Nationale de
l'Histoire et du Patrimoine de la Gendarmerie
UA : Union Africaine
WIPSEN-AFRICA : Réseau des Femmes pour
la Paix et la Sécurité en Afrique
6
LISTE DES TABLEAUX
TABLEAU 1 : Critères d'un environnement institutionnel
porteur de
l'approche intégrée du
Genre&&&&&&&&&&&&&&&&&&.22
TABLEAU 2 : Programmation des effectifs de la Gendarmerie
Nationale
pour la période
2015-2020&&&&&&&&&&&&&&&&&&&64
TABLEAU 3 : Indications pratiques pour l'analyse
FFOM&&&&&&&&. &&&&.48
TABLEAU 4 : Tableau FFOM de l'intégration du Genre
à la
Gendarmerie
Nationale&&&&&&&&&&&&&&&&&&&..&.81
7
LISTE DES FIGURES
FIGURE 1 : Organisation territoriale des forces
armées&&&&&&&&&&&&.37
FIGURE 2 : Intégration de la perspective du Genre aux
quatre niveaux de la
réforme de la
défense&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&..43
FIGURE 3 : Structure du
CSGN&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&..54
FIGURE 4 : Les Légions de la Gendarmerie
Mobile&&&&&&&&&&&&&...55
FIGURE 5 : Organisation de la Gendarmerie
Mobile&&&&&&&&&&&&&..56
FIGURE 6 : Organisation de la Gendarmerie
Territoriale&&&&&&&&&&&&57
8
INTRODUCTION
La Réforme du Secteur de la Sécurité
(RSS) au regard de l'ONU, s'entend comme un processus mené par les Etats
et visant à mettre en place un système de sécurité
efficace et responsable sans discrimination, et dont la mise en oeuvre se fait
dans le strict respect des droits de l'homme et de l'état de droit
(Nations Unies, 2008). L'ONU souligne également qu' « il importe
que les femmes soient pleinement mobilisées et participent à part
entière, sur un pied d'égalité avec les hommes, à
toutes les étapes de la réforme du secteur de la
sécurité, compte tenu du rôle essentiel qu'elles
jouent& » (Nations Unies, Idem, par.14). La place reconnue
des femmes dans les efforts visant la paix, la sécurité et le
développement, s'inscrit également dans la droite ligne de la
mise en oeuvre des instruments internationaux et régionaux visant la
parité des sexes.
Le continent Africain est reconnu pour être le terrain
où se met en oeuvre la grande majorité des processus de RSS, et
en particulier comme élément de la reconstruction post-conflit.
(Union Africaine [UA], 2014).
Plus particulièrement dans la région Ouest du
continent, les pays ont entrepris dans le cadre de la réforme du Secteur
de la sécurité, ou parallèlement, des actions visant
à prendre en compte la dimension du Genre dans les ISS (Centre for the
Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2011).
La RSS en Côte d'Ivoire, s'inscrit dans un contexte
post-crise et se base sur une redéfinition du concept de
sécurité qui traite désormais des aspects transversaux,
notamment le Genre. Ainsi, l'intégration effective du Genre et la
responsabilisation des femmes et des catégories traditionnelles
anciennement exclues de toutes les composantes du secteur de la
sécurité constituent des objectifs importants de cette
réforme (Conseil National de Sécurité [CNS], 2012).
La prise en compte du Genre au niveau international,
régional et national suscite une attention particulière en raison
de l'intérêt accordé à toutes les composantes de la
société dans leur participation aux initiatives de paix et de
sécurité. Partant de cet enjeu, il est primordial de s'assurer
que les réformes entreprises se déroulent conformément aux
principes et critères de la réforme du secteur de la
sécurité, qui eux-mêmes s'adossent sur les principaux
instruments juridiques et politiques auxquels les pays qui conduisent les
processus ont adhéré.
Le cas de la Côte d'Ivoire qui a adopté sa
stratégie de RSS dont l'un des objectifs est d'assurer une
représentation équilibrée des femmes au sein des
institutions civiles et militaires (Conseil National de Sécurité
[CNS], 2012), nous interpelle.
9
Aussi, cette stratégie ciblant plusieurs Institutions
du Secteur de la Sécurité (ISS) en Côte d'Ivoire (Cf.
Annexe 4), nous nous sommes intéressés plus
particulièrement à la réforme de la Gendarmerie Nationale.
En effet, cette institution qui est restée depuis sa création en
1962, réservée aux hommes, connait une mutation profonde pour
prendre en compte la dimension du Genre au regard des nouvelles dispositions
qu'imposent désormais les normes en la matière.
Toutefois, si l'engagement pris par les autorités
ivoiriennes pour intégrer le Genre à la Gendarmerie Nationale
s'est traduite par l'entrée des femmes dans cette institution, d'autres
défis liés à l'emploi de ces femmes restent
préoccupants.
La présente étude s'attache à analyser
les obstacles liés à la prise en compte efficiente de la
dimension Genre dans la politique d'emploi du personnel féminin de la
Gendarmerie Nationale en Côte d'Ivoire. Pour ce faire, nous nous sommes
employés d'abord à identifier les principes et les
critères de la prise en compte de la dimension Genre dans les
réformes des institutions du secteur de la sécurité. En
second lieu, nous avons mis en lumière les écarts dans
l'application de la prise en compte de la dimension Genre dans la politique
d'emploi du personnel féminin de la Gendarmerie Nationale. Enfin, nous
avons fait une analyse des obstacles liés à la prise en compte du
Genre dans la réforme de la Gendarmerie Nationale.
PREMIERE PARTIE: FONDEMENTS
THEORIQUES ET METHODOLOGIQUES
DE L'ETUDE
|
11
CHAPITRE 1 : FONDEMENTS THEORIQUES DE L'ETUDE
I.1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
Le choix de notre sujet est motivé par des raisons d'ordre
professionnel, social et scientifique.
I-1-1. Pertinence professionnelle
Dans le cadre de la Réforme du Secteur de la
Sécurité (RSS), le Secrétariat du Conseil National de
Sécurité (CNS) a pour mission de coordonner et d'assurer le suivi
des activités liées à la transformation des institutions
et acteurs en charge de la sécurité, afin de mieux
répondre aux attentes et besoins sécuritaires des populations.
Cette attribution lui confère la responsabilité du suivi et de
l'évaluation de la mise en oeuvre de la RSS. Par ailleurs,
l'intégration effective du Genre et la responsabilisation des femmes
constituant l'un des objectifs de la réforme, nous nous sommes
intéressé à la prise en compte de cette catégorie
de personnes dans les institutions de sécurité en Côte
d'Ivoire et plus spécifiquement à la Gendarmerie Nationale.
I-1-2. Pertinence sociale
La place qu'occupe le Genre dans tout processus de
développement est prépondérante et est même devenue
une des conditions de financement des partenaires au développement. Ceci
d'autant plus que l'inclusion du Genre assure la participation de toutes les
parties prenantes, en améliorant l'efficacité d'actions plus
ciblées notamment la lutte contre les violences basées sur le
Genre.
Découlant de la Stratégie de
sécurité nationale, adoptée en 2014, la réforme de
la Gendarmerie Nationale de Côte d'Ivoire prévoit une approche
représentative et participative, prenant en compte les questions de
Genre pour assurer des prestations de services plus efficaces et plus
responsables pour le bien-être des individus et des
communautés.
Pour parvenir à cette fin, il nous revenait d'en
déterminer les conditions de réussite et les moyens pour y
parvenir.
12
I-1-3. Pertinence scientifique
Plusieurs auteurs ont entrepris de traiter du sujet de
l'intégration du Genre dans les institutions du secteur de la
sécurité (ISS), notamment Denham (2008), Hendricks et Hutton
(2008). Dans leurs ouvrages respectivement Place du Genre dans la
réforme de la police et Place du Genre dans la réforme de
la défense, ils expliquent de manière empirique les questions
des sexospécificités au regard de la Réforme du Secteur de
la Sécurité (RSS).
Les travaux de Pépé et Sjöberg (2011) ont
permis de faire un état des lieux et de constituer une base utile pour
mesurer les améliorations ou les détériorations de la
systématisation de la prise en compte de la dimension Genre dans le
secteur de la sécurité en Côte d'Ivoire, avant les
élections de 2010.
Cependant, aucun de tous ces auteurs ne traite de la question
des obstacles liés à l'intégration de la dimension Genre
dans les activités liées à la transformation et la gestion
de la Gendarmerie Nationale de Côte d'Ivoire dans le contexte post-crise
de RSS.
I-2. PROBLEMATIQUE
Le processus de Réforme du Secteur de la
Sécurité (RSS) occupe désormais une place
prépondérante dans les agendas des communautés
internationales du développement, de la paix et de la
sécurité. Il constitue pour les gouvernements, un
véritable vecteur de transformation des politiques, des institutions et
des programmes de sécurité. Ce processus ouvre la voie à
l'intégration des questions de parité entre les hommes et les
femmes (Centre for the Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2008).
Ceci pour intégrer la dynamique du principe
d'égalité entre les hommes et les femmes proclamé par les
instruments internationaux1 notamment la Résolution 1325 du
Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et
la sécurité du 31 octobre 2000 (DCAF, idem). Cette
dernière résolution souligne dans son préambule:
qu'il importe qu'elles [les femmes] participent sur un pied
d'égalité à tous les efforts visant à maintenir et
à promouvoir la paix et la sécurité et qu'elles y soient
pleinement
1 la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme de (1948), la Convention sur
l'élimination de toutes les formes de discrimination à
l'égard des femmes (1979), la Convention et le programme d'Action de
Bejing (1995), etc.
13
associées, et qu'il convient de les faire participer
davantage aux décisions prises en vue de la prévention et du
règlement des différends (p. 1).
Tous ces instruments politiques et juridiques imposent des
responsabilités spécifiques au secteur de la
sécurité et devraient donc régir tous les processus de
Réforme du Secteur de la Sécurité (Centre for the
Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2011).
Plusieurs initiatives ont été prises au niveau
de l'Afrique pour tenir compte de la dimension Genre. Il s'agit par exemple du
Protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples
relatif aux droits des femmes, du Nouveau Partenariat Economique pour le
Développement de l'Afrique (NEPAD) et son volet pour
l'égalité des sexes, ainsi que la Déclaration Solennelle
pour l'Égalité du Genre en Afrique (Nations Unies, 2016).
En outre, le Cadre de prévention des conflits de la
CEDEAO stipule que « les États membres doivent adopter des mesures
pratiques, y compris des réformes législatives et positives
visant à promouvoir le recrutement des femmes dans les forces
armées et autres agences de sécurité, et leur
participation active aux composantes militaires et civiles de la FAC»
(Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest [CEDEAO],
2008).
Par ailleurs, la mise en place d'un cadre institutionnel
propice à la promotion de l'égalité Genre s'est
également traduite par la création lors de la 26ème
Session de l'Autorité des Chefs d'État et de Gouvernements de la
CEDEAO à Dakar en 2003, sur Décision A/DEC.16/01.03, du Centre de
la CEDEAO pour le Développement du Genre (CCDG). Aussi, la
création du CCDG a-t-elle permis l'adoption en 2010 du plan d'action
régional de la CEDEAO pour la mise en oeuvre des Résolutions 1325
et 1820 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes,
la paix et la sécurité (Centre de la CEDEAO pour le
Développement du Genre [CCDG], 2015).
En Côte d'Ivoire, l'adoption du plan d'action
quinquennal dénommé « PAN 1325 20082012 », illustre la
volonté des autorités ivoiriennes à s'inscrire dans une
dynamique structurelle de mise en oeuvre de la Résolution 1325 du
Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et
la sécurité. De même, plusieurs stratégies
nationales ont également été développées par
le gouvernement pour renforcer le rôle de la femme, notamment le document
de politique nationale sur l'égalité des chances,
l'équité et le Genre adopté en 2009 et la Stratégie
nationale de lutte contre les Violences Basées sur le Genre en 2012
(Centre for the Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2009).
14
L'adoption en 2012 de la Stratégie nationale de RSS
intervient dans le cadre d'un vaste programme de transformation et de
renforcement des Institutions. Cette Stratégie est axée sur cent
huit (108) Réformes et articulées autour de six
piliers2. C'est au niveau du pilier (vi), Dimension humaine et
sociale, qu'est formulée la Réforme N°101 : «
Intégrer la dimension genre dans toutes les activités
liées à la transformation et la gestion des institutions du
secteur de la sécurité ». Par ailleurs au niveau du pilier
(i), la réforme N°20 vise à « développer une
politique énergique de promotion du Genre basée sur la
participation et la responsabilisation effectives du personnel féminin
au sein des institutions chargées de la sécurité et de la
défense ». La stratégie ivoirienne de RSS qui se veut
holistique est fondée sur quatre « principes directeurs
»3 dont l'une repose sur une « intégration
effective du genre et la responsabilisation des femmes et des catégories
traditionnelles anciennement exclues de toutes les composantes du secteur de la
sécurité en côte d'ivoire& » (Conseil National de
Sécurité [CNS], 2012, p. 9).
Le CNS a adopté la Stratégie de
Sécurité Nationale qui définit et précise de
façon cohérente l'action des principaux acteurs intervenant dans
la Sécurité intérieure et extérieure.
La mise en oeuvre de cette stratégie s'est traduite par
l'adoption de la Loi 2016-09 et la Loi 2016-10 du 13 Janvier 2016 portant
respectivement Programmation des Forces de Sécurité
Intérieure et Programmation Militaire, pour les années 2016
à 2020. Ainsi, les institutions du secteur de la sécurité
ont vu leur cadre juridique et institutionnel renforcé pour les rendre
plus efficace et professionnel. Au-delà de ces aspects, l'une des
priorités de ces lois reste la prise en compte du Genre dans le
système de Défense et de Sécurité (Ministère
en charge de la défense [MINDEF], 2017).
Il convient également de noter que la Constitution
ivoirienne du 8 novembre 2016 consacre le principe d'égalité
entre homme et femme (Groupe de la Banque Mondiale, 2017).
Aujourd'hui, les femmes sont présentes dans toutes les
institutions du secteur de la sécurité, notamment au niveau de la
Police où elles constituent 12% des effectifs, au niveau des eaux et
forêts elles représentent 2% des effectifs (Conseil National de
Sécurité [CNS], 2015); nous notons 1 % pour les Armées
(soit 1.45% pour l'Armée de Terre, 1.01% pour l'Armée de l'Air et
0.55% pour la Marine Nationale) (MINDEF, Idem).
2 Les six piliers de la stratégie RSS en
Côte d'Ivoire : (i) Sécurité Nationale ; (ii)
Reconstruction post-crise ; (iii) Etat de droit et relations internationales ;
(iv) Contrôle démocratique ; (v) Gouvernance économique et
(vi) Dimension humaine et sociale.
3 Les quatre principes directeurs de la
stratégie RSS ivoirienne : (i) un engagement politique permanent ;(ii)
une appropriation nationale ; (iii) une approche holistique ; (iv) une
intégration du genre.
15
Aussi, l'adoption d'une Communication en Conseil des Ministres
du 14 mai 2014, relative au recrutement des femmes à la Gendarmerie
Nationale, qui est restée depuis sa création en 1962 la chasse
gardée des hommes, a permis l'ouverture de ses portes aux femmes depuis
la rentrée scolaire 2015-2016. Cette mesure assortie d'un quota de 10%
réservé aux femmes, concerne tant les officiers que les
sous-officiers; la communication a précisé que cette mesure
permet à la Côte d'Ivoire de se mettre au niveau des standards
internationaux en la matière, tout en confirmant la politique de
promotion du Genre traduite par la nomination de femmes dans les instances de
décision de l'Administration et des Armées (Secrétariat
Général du Gouvernement [SGG], 2014). Ainsi, l'entrée des
femmes à la Gendarmerie a été effective depuis le 14
octobre 2014 avec la première promotion d'officiers femmes au nombre de
quatre (4), suivie de l'intégration de trente-cinq (35) sous-officiers
femmes sur un effectif de trois cent quatre-vingt-dix-huit (398)
élèves sous-officiers de la promotion 2015-2017 (elles
constituent environ 0.02% du personnel de la Gendarmerie). Nous avons
noté qu'une seconde promotion de femmes sous-officiers au nombre de
vingt-sept (27) est en cours de formation dans les deux écoles de
Gendarmerie4 (Gendarmerie Nationale, 2017).
Mais, en dépit de toutes les résolutions
internationales, régionales et tous les efforts consentis au plan
national pour améliorer la participation et la responsabilisation des
femmes, le constat est que les femmes restent sous-représentées
ou absentes dans plusieurs secteurs des services de l'État (Centre for
the Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2010). C'est pour cela que la
Banque Mondiale s'est particulièrement penchée sur la situation
en Côte d'Ivoire et mentionne dans un rapport que « les femmes
ivoiriennes souffrent de discriminations supplémentaires sur le
marché du travail&Elles sont systématiquement
écartées des postes à responsabilité dans des
secteurs, ou au sein des entreprises, comme dans la finance, l'immobilier et le
secteur public.» (Groupe de la Banque Mondiale, 2017, p. 44). Le
même rapport de cette institution précise également qu'au
titre de l'année 2016, la Côte d'Ivoire occupait la 136ème
place sur 144 pays dans le monde d'après l'indice du Genre
compilé par le World Economic Forum ou encore le 43ème rang sur
52 pays africains selon l'indice Genre de la Banque Africaine de
Développement (Groupe de la Banque Mondiale, idem).
Mieux, estime le Ministère de la Défense
ivoirien, « les sociétés africaines ne mettent pas assez les
femmes en avant, notamment sur des emplois considérés comme
masculins qui bien souvent semblent inaccessibles et réservés
» (p. 77).
4 Les écoles de Gendarmerie d'Abidjan et de
Toroguhé à Daloa.
Cependant, si l'ouverture de la Gendarmerie Nationale aux
femmes a été marquée par un engagement politique dans
l'application de la politique du Genre, l'on note toutefois des
inquiétudes quant à son efficience. En effet, alors qu'elles ont
reçus les mêmes rudiments que leurs frères d'armes
masculins pendant leur formation, les trente-cinq (35) sous-officiers et les
quatre (4) officiers femmes ont toutes été affectées
auprès des grands commandements, dans les Etats-majors des
Légions et dans les écoles de la Gendarmerie à des emplois
administratifs tels que l'encadrement, le secrétariat, le courrier etc.,
loin des postes opérationnels.
Ce constat a donc suscité les interrogations suivantes
: quels sont les obstacles liés à la prise en compte efficiente
de la dimension Genre dans la politique d'emploi du personnel féminin de
la Gendarmerie Nationale en Côte d'Ivoire? Quelle politique d'emploi du
personnel féminin de la Gendarmerie Nationale au regard des objectifs de
la prise en compte de la dimension Genre dans les réformes des
institutions du secteur de la sécurité en Côte d'Ivoire?
Les obstacles à l'intégration du Genre à
la Gendarmerie Nationale sont-ils liés à des écarts dans
la politique d'emploi du personnel?
Les écarts dans la politique d'emploi du personnel
sont-ils liés à une phase expérimentale de l'emploi des
femmes?
I-3. HYPOTHESE
Les obstacles à l'intégration du Genre dans la
Réforme de la Gendarmerie Nationale sont liés à une phase
expérimentale de l'emploi des femmes.
I-4. OBJECTIFS DE L'ETUDE I-4-1. Objectif
général
L'étude vise à appréhender les obstacles
liés à la prise en compte efficiente de la dimension Genre dans
la politique d'emploi du personnel féminin de la Gendarmerie Nationale
en Côte d'Ivoire.
16
I-4-2. Objectifs spécifiques
1-
17
identifier les principes et les critères de la prise en
compte de la dimension Genre dans les réformes des institutions du
secteur de la sécurité;
2- exposer les écarts dans l'application de la prise
en compte de la dimension Genre dans la politique d'emploi du personnel
féminin de la Gendarmerie Nationale;
3- analyser les écarts dans la mise en oeuvre de la
réforme de la Gendarmerie intégrant le Genre.
I-5. REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
La revue de la littérature constitue une phase
importante au développement de l'objet de recherche. Cette phase
consiste à passer en revue, à analyser les écrits
antérieurs du champ d'investigation en rapport étroit avec le
problème de recherche. Ces écrits doivent traiter des questions
spécifiques de l'étude. La revue de la littérature se veut
toujours critique en vue d'indiquer les limites des études de nos
prédécesseurs et positionner par la suite notre travail comme
original, spécifique, scientifique (Gauthier, 2010).
Dans le cadre de notre étude, notre revue de
littérature s'articule autour des thématiques suivantes :
- les principes de la prise en compte de la dimension Genre
dans les réformes des institutions du secteur de la
sécurité;
- les critères des principes de la prise en compte du
Genre dans les réformes des institutions du secteur de la
sécurité;
- les obstacles dans l'application de la prise en compte de la
dimension Genre.
I-5-1. Principes de la prise en compte de la dimension
Genre dans les réformes des institutions du secteur de la
sécurité
Dandeker dans l'article « Femmes combattantes » :
problèmes et perspectives de l'intégration des femmes dans
l'armée britannique (2003), souligne le principe de la
non-discrimination dans les fonctions de l'armée. Il indique à
cet effet, que « des phénomènes comme ceux touchant à
l'exclusion des femmes de certaines fonctions auraient moins à voir avec
les
18
exigences objectives de la guerre qu'avec la construction
sociale du rôle des sexes et de ce qui est regardé comme un
travail « convenable» pour les hommes et pour les femmes » (p.
737).
Cet article montre de quelle façon la nature des
guerres contemporaines, la technologie mise en oeuvre ainsi que les
évolutions sociojuridiques que connaissent les armées,
transforment la participation des femmes à la vie militaire. Il examine
jusqu'à quel point certains secteurs des armées sont susceptibles
de demeurer une « exclusivité masculine », même si les
limitations officielles actuelles, concernant l'emploi des femmes, venaient
à être supprimées.
Ainsi, cette étude nous permet d'identifier la
non-discrimination comme un principe pour l'intégration des femmes dans
les ISS, principe qui est d'ailleurs l'objectif fondamental de la
Convention5 sur l'élimination de toutes les formes de
discrimination à l'égard des femmes.
Megan dans le guide La place du Genre dans les
mécanismes de plaintes (2015), se situe dans cette logique mais
insiste sur le principe de contrôle et de transparence:
pour s'attaquer aux obstacles à la participation pleine
et entière des femmes dans les forces armées, il faut en
priorité prévenir la discrimination, le harcèlement, les
intimidations et les abus à caractère sexiste. Autrement dit : il
faut veiller à ce que tous les militaires, hommes et femmes, servent
dans un environnement sain, sûr et respectueux, où leurs droits
fondamentaux sont garantis. Des mécanismes de plaintes efficaces et
dignes de confiance sont un élément essentiel de cet
environnement
(p. 3).
Ce guide permet de concilier les connaissances
théoriques et pratiques en matière de prévention des actes
répréhensibles, ainsi que de prise en charge et de suivi des
plaintes au sein des forces armées, en particulier en ce qui concerne le
Genre.
Il permet d'établir un mécanisme de plainte en
vue de prévenir les obstacles liés à l'intégration
du Genre notamment, le refus de les affecter à certaines unités.
La mise en place d'un tel mécanisme vise ainsi, à poser les bases
du contrôle et de la transparence.
Ce principe de contrôle et de transparence est soutenu
par Kristin Valasek. Pour l'auteur, « le fait d'avoir des institutions du
secteur de la sécurité transparentes, qui rendent des comptes
5 Adoptée le 18 décembre 1979 par
l'Organisation des Nations Unies, la Convention sur l'élimination de
toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF)
est entrée en vigueur le 3 septembre 1981 en tant que traité
international, après sa ratification par vingt pays
19
aux autorités civiles démocratiques,
prévient les abus de pouvoir et garantit un fonctionnement efficace et
efficient des institutions. » (Valasek, 2008, p.11).
Par ailleurs, un autre principe de la Résolution 1325,
relativement à la participation des femmes sur un pied
d'égalité à tous les efforts de paix et de
sécurité, est relevé par le DCAF, dans un document
d'information intitulé L'égalité des genres et la
réforme du secteur de la sécurité (2015). En effet,
« Intégrer systématiquement l'égalité des
genres dans la gestion du secteur de la sécurité vise à
faciliter la participation égale des femmes et des hommes dans le
secteur de la sécurité. » (Centre for the Democratic Control
of Armed Forces [DCAF], 2015, p.8).
Ce document d'information examine les raisons pour lesquelles
l'égalité des genres est essentielle à la RSS. Il souligne
que l'égalité des genres est une norme internationale qui
établit le droit égal des femmes et des hommes aux
opportunités et aux ressources, indépendamment de leur genre.
Dans la boîte à outils Place du Genre dans la
réforme de la défense (2008), Hendricks et Hutton insistent
sur la nécessité de prendre en compte un environnement
institutionnel qui tienne compte des sexospécificités, et qui ne
limite pas la dimension du Genre à la simple intégration des
femmes, mais qui adapte son cadre pour tenir compte de la présence de
celles-ci. Ces auteurs indiquent que « la diversité dans la
composition des forces et l'intégration des
sexospécificités aux opérations permettent au secteur de
la défense de mieux assumer ces fonctions [par exemple, offrir des
services aux communautés locales ou organiser des élections
libres] » (p.4).
Ils soutiennent par ailleurs dans leur ouvrage que « Les
forces de défense d'un pays sont le reflet des identités qui
constituent sa société. Cette analogie promeut la
représentativité & » (p.5). Ces auteurs reconnaissent
ainsi que le principe de représentativité optimise
l'efficacité des forces de défense.
Tous ces ouvrages abordent les principes d'intégration
soutenus par les instruments internationaux et régionaux et plus
spécifiquement dans les ISS.
Nous avons pu dégager plusieurs principes
afférents à la prise en compte du Genre dans les institutions du
secteur de la Sécurité. Il s'agit notamment de la
non-discrimination, du Contrôle et de la transparence, de la
participation égale des femmes et des hommes, de la parité, de la
représentativité et de la prise en compte des
sexospécificités à travers un environnement institutionnel
favorable pour les deux catégories de sexe.
20
Cependant, aucun de tous ces auteurs n'aborde ces principes en
application avec la réforme de la Gendarmerie Nationale de Côte
d'Ivoire.
I-5-2. Critères des principes de prise en compte du
Genre dans les ISS
Qu'est-ce qui fonde la prise en compte de ces principes dans
les efforts d'intégration du Genre dans les ISS ? Ou, quels en sont les
critères?
Esplen et Bell (2007) indiquent que « les indicateurs
sont des critères ou instruments de mesure permettant d'évaluer
les changements » (p.4).
Pour l'ACDI, ces indicateurs peuvent provenir de
données à caractères, tant quantitatifs que qualitatifs et
permettent de mesurer des changements survenus au fil du temps:
La stratégie de base en ce qui concerne les indicateurs
tenant compte des écarts entre les hommes et les femmes consiste
à utiliser simultanément des méthodes quantitatives et
qualitatives afin de mesurer les changements apportés aux situations
respectives des hommes et des femmes dans une société, pendant
une période donnée. (Agence Canadienne de Développement
International [ACDI], 1997, p.17).
Toutefois, précise l'ACDI, il est important dans
l'utilisation de ces indicateurs, de choisir des données de
référence qui permettront de mesurer s'il y a eu progrès
ou régression (ACDI, idem).
Dans ce même ordre d'idée, Heyzer, cité
par Moser (2007) souligne que « Bien qu'aucune somme d'objectifs et
d'indicateurs ne puisse représenter la réalité complexe et
diversifiée de la vie des femmes, ces derniers [indicateurs] nous aident
cependant à suivre la réalisation des engagements pris en faveur
de l'émancipation des femmes& » (Heyzer, cité par Moser,
2007, p.5).
Dans une étude de la police, de la défense, de
la justice et des services pénitentiaires dans les pays de la CEDEAO
intitulée Le Secteur de la Sécurité et le Genre en
Afrique de l'Ouest
21
(2011), Gaanderse et Valasek ont retenu un certain nombre
d'indicateurs relatifs à la prise en compte du Genre dans les ISS :
Après plusieurs cycles de révision et de
consultation, nous avons sélectionné 101 indicateurs pour fournir
un instantané du niveau actuel d'intégration du Genre dans le
secteur de la sécurité de chaque pays... 5 de ces indicateurs se
rapportent à la gouvernance nationale du secteur de la
sécurité, 24 aux services de polices, 23 aux forces armées
et gendarmeries, 20 aux systèmes judiciaires et 29 aux services
pénitentiaires. Pour chaque institution, ces indicateurs sont
divisés en 5 domaines clés de la systématisation de la
prise en compte du Genre : politiques et procédures, structure
institutionnelle, personnel, formation et contrôle interne/externe
(p.3).
Ils précisent également que ces indicateurs
tiennent compte des principes pour une prise en compte efficiente du Genre dans
les ISS :
Ces indicateurs ont été
sélectionnés pour répondre à 2 questions: l'ISS
est-elle équitable, représentative et non-discriminatoire sur le
plan interne ? L'ISS fournit-elles les services adéquats pour
répondre aux différents besoins en sécurité et en
justice des femmes, des hommes, des garçons et des filles ? (p.3).
En effet, parmi les principaux indicateurs utilisés
dans cette étude pour évaluer le niveau d'intégration du
Genre dans les ISS, l'on a pu noter par exemple la conception de politiques
nationales et institutionnelles sur le Genre, l'intégration du Genre
dans les politiques de sécurité et de défense et la mise
en place de structures internes traitant des questions de Genre, comme des
responsables des questions relatives au Genre (Gaanderse et Valasek, 2011).
L'étude a permis de donner un aperçu des ISS de
quatorze (14) pays en matière de systématisation de la prise en
compte de la dimension du Genre, de prestation de services, de personnel et de
contrôle. Elle fait une analyse régionale comparative
structurée par institution et par indicateur, couvrant la gouvernance
nationale, les services de police, les forces armées et la gendarmerie,
les systèmes judiciaires et les services pénitentiaires.
L'étude a fait des recommandations à l'intention des ISS et des
organes de contrôle du secteur de la sécurité sur les
mesures à prendre pour traiter de façon complète les
questions de Genre.
Par ailleurs, le Secrétariat de la Communauté du
Pacifique (CPS) énumère six(6) critères (Cf. Tableau 1)
pour déterminer qu'un environnement institutionnel est porteur de
l'approche
22
intégrée du Genre; il s'agit d'un cadre
juridique et politique favorable au Genre, de la volonté politique, de
la culture organisationnelle, des capacités technique pour soutenir les
initiatives d'intégration, des ressources humaines et financières
adéquates pour mettre en oeuvre l'approche intégrée du
Genre et la mise en place de mécanismes par lesquels les individus
rendent compte de leurs résultats liés à
l'égalité du Genre (Secrétariat de la Communauté du
Pacifique [CPS], 2014).
Tableau 1 : Critères d'un environnement institutionnel
porteur de l'approche intégrée du Genre
1.
Cadre juridique et politique :
les engagements en faveur de l'égalité des genres
et de l'approche intégrée du genre effectués à
travers la ratification des traités internationaux relatifs aux droits
humains se traduisent par l'existence de dispositions constitutionnelles et
législatives, et dans la politique gouvernementale.
2. La volonté politique:
des mesures et des initiatives concrètes sont prises pour
rendre effectifs les engagements fixés en matière
d'égalité entre les sexes et la formalisation de ces mesures au
sein des systèmes et des mécanismes pour en assurer une
intégration durable.
3. La culture organisationnelle :
les attitudes du personnel, les systèmes institutionnels
et les politiques en place soutiennent ou marginalisent la prise en compte du
genre et la promotion de l'égalité des genres.
4. Capacités techniques:
les compétences et l'expérience des organisations
pour soutenir l'intégration des initiatives sur le genre au sein de tous
leurs programmes.
5. Ressources adéquates:
l'adéquation des ressources humaines et
financières allouées pour mettre en oeuvre l'approche
intégrée du genre et promouvoir l'égalité des
genres.
6. La responsabilisation et
l'imputabilité:
les mécanismes par lesquels les individus, à
différents niveaux, rendent compte de leurs résultats liés
à l'égalité des genres et la prise en compte de la
dimension genre
Source: Secrétariat Général de la
Communauté du Pacifique, 2014
23
Toutefois, relève le Fonds pour la promotion des
Études préalables, des Études transversales et des
Évaluations (F3E), dans ses fiches pédagogiques intitulés
Genre et Développement (2010), qu'il n'existe pas de
méthodes figées, en matière d'indicateurs, applicables
à toutes les situations. Chaque initiative devra concevoir ses propres
indicateurs en fonction des objectifs et du domaine d'intervention. A cet
effet, l'initiative devra définir ses objectifs en matière
d'égalité femmes-hommes, ensuite définir les changements
souhaités pour atteindre ces objectifs, et enfin formuler les
indicateurs qualitatifs et quantitatifs qui permettront de mesurer ces
progrès. Cependant, l'une des mesures recommandées, est de
s'inspirer des indicateurs déjà existant en la matière.
Par ailleurs, le F3E spécifie les
caractéristiques des indicateurs de genre notamment, la pertinence selon
laquelle l'indicateur doit donner des informations relatives à des
objectifs du projet, permettant d'évaluer avec précision ce que
le projet veut changer en matière d'égalité entre les
sexes, et dans quelle échelle de temps. Ensuite, l'applicabilité
et la disponibilité d'après lesquels les indicateurs doivent
être applicables, porter sur des données mesurables et
comparables, avec des sources disponibles pour les renseigner, et des moyens
pour collecter et analyser les données. Enfin les indicateurs peuvent
être quantitatifs (des proportions, des chiffres, des pourcentages),
qualitatifs (des opinions, des perceptions du changement, la nature de la
participation des femmes et des hommes&), composites (la synthèse de
plusieurs indicateurs, etc.) (Fonds pour la promotion des Études
préalables [F3E], 2010).
Tous ces auteurs ont permis de mettre en relief les
critères ou indicateurs de mesure permettant d'intégrer ou de
déterminer le degré d'intégration de la dimension Genre.
Dans l'ensemble, ces critères se répartissent dans des domaines
clés de la systématisation de la prise en compte du Genre
notamment les politiques et procédures, la structure institutionnelle,
le personnel, la formation et le contrôle interne/externe.
Cependant, aucun de ces auteurs n'aborde ces critères
ou indicateurs de prise en compte du Genre dans le contexte de la
réforme de la Gendarmerie Nationale de Côte d'Ivoire.
I-5-3. Obstacles dans l'application de la prise en compte
de la dimension Genre
Les obstacles liés à l'application des mesures
de prise en compte du Genre doivent être connus, compris,
analysés, et une réponse doit y être apportée. Pour
se faire, il convient d'identifier les écarts dans l'application de ces
mesures.
24
L'Institut de Développement des Etudes (IDS) donne des
avantages à mesurer les écarts:
En mettant en relief les disparités de Genre, les
défenseurs de l'égalité hommes-femmes peuvent
démontrer l'urgente nécessité de réduire les
inégalités. Les mesures sensibles à la dimension de Genre
peuvent contribuer à ce que les institutions se montrent un peu plus
responsables de leurs engagements en matière d'égalité de
Genre et à renforcer l'évaluation des politiques et des
interventions, en vue d'améliorer la planification et les actions (IDS,
2007, pp.1-2).
Par exemple, pour évaluer l'écart de statut
entre les femmes et les hommes en Afrique ainsi que les progrès
réalisés par les gouvernements des pays africains dans la mise en
oeuvre des politiques de promotion d'égalité des sexes, la CEA a
développé l'indicateur IDISA 6 (Commission Economique pour
l'Afrique [CEA], 2016).
Dans cette même logique, et plus particulièrement
au Cap vert, Gaanderse et Valasek (2011) révèlent que
malgré les efforts consentis par le gouvernement de ce pays, pour lutter
contre la discrimination à l'égard des femmes, des écarts
et des inégalités dans la prise en compte notamment en
matière de protection juridique ont été
constatés.
Selon Bérenger et Verdier-Chouchane, dans l'article
intitulé Des inégalités de genre à l'indice de
qualité de vie des femmes(2008) et rédigé sous les
auspices de la BAD, « la seule prise en compte du cumul des écarts
de Genre au détriment des femmes permettra une appréciation de
l'ampleur des inégalités qu'elles subissent » (p.19).
Ainsi, les écarts entre les valeurs attendues des
indicateurs (les références) et les résultats obtenus dans
la réalisation des initiatives d'intégration du Genre, peuvent
constituer des obstacles à la prise en compte du Genre. C'est pourquoi
il importe d'évaluer ces initiatives afin de s'assurer que les
résultats satisfont aux objectifs assignés.
Moser (2007) souligne dans cette logique que « Les
évaluations sensibles à la dimension de Genre peuvent
révéler les écarts entre ces engagements, leur mise en
oeuvre et leur impact
6 L'Indicateur de développement et des
inégalités entre les sexes en Afrique (IDISA) a été
développé par la CEA en réponse à
l'évaluation « Beijing plus dix » en 2004.
25
réels, et être utilisées pour obliger les
responsables politiques à répondre de leurs actions, ou de leur
manque d'action» (p.8).
Tous ces auteurs soulignent l'intérêt de mesurer
les écarts à partir d'indicateurs de Genre soigneusement
définis en fonction des objectifs, en vue de réduire les
inégalités qui constituent à cet effet des obstacles
à l'intégration du Genre.
Cependant, aucun de tous ces auteurs n'a mené une
réflexion sur l'existence d'écarts dans la réforme de la
Gendarmerie Nationale de Côte d'ivoire, au regard des principes et des
critères d'intégration du Genre.
I-6. CHAMP DE REFERENCE CONCEPTUELLE ET THEORIQUE
Selon Emile Durkheim, « la première
démarche du sociologue doit être de définir les choses dont
il traite, afin que l'on sache et qu'il sache bien de quoi il est question
» (Durkheim 1895, p. 34).
Cette démarche a consisté dans le cadre de notre
travail à clarifier les concepts et les théories employés
qui constituent l'essentielle des substantifs de notre sujet de recherche.
I-6-1. Champ de référence conceptuelle
Etant donné que les concepts ou les mots
désignent dans des contextes différents des choses
différentes, il convient de préciser leurs contours afin que le
sujet de la recherche soit éloigné de toute confusion. Ainsi,
nous rendons le sujet plus intelligible, clair, précis et pratique.
I-6-1-1. Genre
Le mot « genre » vient du latin « genus »,
devenu en ancien français « gendre ». Le mot a d'abord le sens
de « catégorie, type, espèce » puis le sens de «
sexe2 ». En anglais, « gender », il est utilisé de
manière courante, généralement pour exprimer les
différences entre femmes et hommes en insistant sur les
différences culturelles plutôt que biologiques.
Le Genre se distingue donc du sexe et va au-delà des
attributs biologiques pour s'intéresser à la différence
sociale. Le concept de Genre permet ainsi de penser les relations entre femmes
et hommes en termes de rapports sociaux.
26
Selon Kristin Valasek, le terme Genre « renvoie aux
rôles et rapports socialement construits entre les hommes et les femmes.
Le Genre n'est pas biologiquement déterminé: il s'apprend et
s'acquiert. » (Valasek, 2008, p.3).
Pour les auteurs Laure Bereni, Sébastien Chauvin,
Alexandre Jaunait et Anne Revillard, le Genre est un « système de
bicatégorisation hiérarchisée entre les sexes
(hommes/femmes) et entre les valeurs et représentations qui leur sont
associées (masculin/féminin)» (Bereni, Chauvin, Jaunait et
Revillard, 2008, p.7, cités par Lieber, 2009).
Judith Butler rajoute que « Désormais, il faut
aussi que le genre désigne précisément l'appareil de
production et d'institution des sexes eux-mêmes » (Butler, 2005,
p.69, cité par Touraille, 2011, p.60).
Il résulte des développements de ces
différents auteurs que le « genre » ne se réfère
ni aux hommes ni aux femmes, mais aux relations entre eux et à la
manière dont la société conçoit ces relations.
Dans cette étude, le « genre » fait
référence aux rôles et responsabilités
attribués aux femmes et aux hommes afin d'accroître la
sécurité et améliorer l'efficacité des missions de
la Gendarmerie Nationale.
I-6-1-2. Sexospécificités
Pour l'OMS, le terme sexospécificité est
lié aux comportements, aux rôles, aux activités et aux
attributs sociaux que les sociétés considèrent comme
propre à l'homme ou à la femme (Organisation Mondiale de la
Santé [OMS], 2017).
L'ONUSIDA utilise une définition générale de
la sexospécificité :
La sexospécificité est ce que signifie le fait
d'être un homme ou une femme dans une société donnée
par opposition à la détermination chromosomique de l'individu
à sa naissance. La sexospécificité façonne les
opportunités qui s'offrent à chacun dans la vie, les rôles
qu'il peut être amené à jouer et les types de relations
qu'il peut avoir (ONUSIDA, 2000, p.2).
Dans notre contexte, les sexospécifités se
rapportent aux besoins spécifiques des deux catégories de
sexes.
27
I-6-1-3. Intégration ou prise en compte de la
dimension du Genre
Pour l'Equipe internationale de conseil au secteur de la
sécurité (ISSAT), l'intégration du Genre consiste à
mesurer les conséquences pour les deux catégories de sexe, d'une
action planifiée en prenant en compte leurs préoccupations et
leurs expériences de manière à ce que tous
bénéficient des mêmes avantages (Equipe Internationale de
Conseil au Secteur de la Sécurité [ISSAT], 2017).
L'Assemblée Générale des Nations Unies
(1997), s'inscrit dans cette logique et mentionne que ce processus vise
à :
incorporer les préoccupations et les expériences
des femmes aussi bien que celles des hommes dans l'élaboration, la mise
en oeuvre, la surveillance et l'évaluation des politiques et des
programmes dans tous les domaines - politique, économique et social - de
manière que les femmes et les hommes bénéficient
d'avantages égaux et que l'inégalité ne puisse se
perpétuer. (Nations Unies, 1997, par. 4)
L'intégration de la dimension Genre renvoie ainsi
à la participation égale des hommes et des femmes dans tous les
domaines et activités et peut viser exclusivement les femmes, les hommes
ou les deux pour leur permettre de participer aux efforts de
développement et d'en bénéficier de manière
égale.
En juillet 1997, le Conseil Economique et Social des Nations
Unies (ECOSOC) définissait le concept de l'intégration du Genre
comme suit:
L'intégration de la dimension Genre ne saurait
signifier l'ajout "d'une composante féminine" ou même "d'une
composante concernant l'égalité des genres" dans une
activité existante. Elle va au-delà de l'accroissement de la
participation des femmes. Elle signifie que l'expérience, la
connaissance et les intérêts des femmes et des hommes ont un effet
sur le programme de développement. C'est ainsi que le processus
d'intégration peut impliquer l'identification des besoins de changement
dans ce programme. Il peut nécessiter également des changements
dans les objectifs, les stratégies et les actions afin que les femmes et
les hommes puissent influencer les
28
processus de développement, y participer et en
bénéficier. (ECOSOC, cité par Organisation Internationale
du Travail [OIT], 2017, par. 2).
Par ailleurs, le but de l'intégration de
l'égalité des genres est de transformer des structures sociales
et institutionnelles discriminatives en structures égales et justes pour
les hommes et les femmes.
Toutefois, l'exercice d'intégration du Genre ne saurait
se faire de façon ponctuelle, car nécessite un engagement et un
dévouement permanents. Megan Bastick à cet effet, indique que
« la prise en charge des questions de Genre n'est pas un objectif pouvant
être réalisé une fois pour toutes. » (Bastick, 2011,
p.19).
Dans le contexte de notre travail, l'intégration de la
dimension Genre renvoie à la prise en compte effective des actions
spécifiques au Genre dans la réforme de la Gendarmerie Nationale
par la création en son sein d'un environnement socioculturel, juridique
et institutionnel favorable à l'équité et à
l'égalité de Genre, aussi bien pour les personnels de la
Gendarmerie, que pour les bénéficiaires que sont les populations
dans leurs diversités.
I-6-1-4. Réforme des institutions du secteur de la
sécurité
Pour définir la « Réforme des institutions
du secteur de la sécurité », il est primordial de commencer
par comprendre les liens étroits qui unissent le concept de «
réforme », de « sécurité », de «
secteur de la sécurité », et celui de « institutions du
secteur de la sécurité ». Chacun d'eux est décrit
ci-dessous, de même que la notion de RSS.
I-6-1-4-1. Réforme
D'après le site en ligne LaToupie (2016), le terme
réforme vient du latin « reformare » qui signifie
reconstituer ou former à nouveau. Dans un sens général, ce
concept désigne un changement radical ou important réalisé
en vue d'une amélioration. Pris dans le contexte d'une institution ou
d'une organisation sociale, il s'agit d'un changement important dans
l'organisation institutionnelle ou sociale d'un pays ou d'un secteur
d'activité, dans le but d'y apporter des améliorations.
29
Pour le dictionnaire en ligne Les Définitions (2014),
la réforme est l'action et l'effet de réformer. Il souligne que
le verbe « réformer» veut dire refaire, changer quelque chose,
modifier ou corriger le comportement d'une personne. Il indique par ailleurs
que le terme réforme est généralement une initiative ou un
projet qui vise à mettre en oeuvre une innovation ou à parvenir
à une amélioration d'un système ou d'une structure. Cette
réforme peut venir sur quelque chose de physique et concret comme d'un
bâtiment ou sur une question symbolique ou abstraite à l'exemple
d'une loi ou d'une forme d'organisation.
Dans le cadre de notre étude réforme
désigne la transformation des personnes ou des institutions d'un secteur
donnée à travers la redéfinition de rôles, de
responsabilités ou
d'actions en vue d'une efficacité dans la mission
assignée.
I-6-1-4-2. Sécurité
La définition de la sécurité donné
dans la Déclaration Solennelle sur la Politique Commune Africaine de
Défense et de Sécurité (PCADS) est la suivante:
[la sécurité] englobe tant la notion
traditionnelle centrée sur la sécurité de l'Etat relative
à sa survie et à sa protection contre toute agression
extérieure par des moyens militaires, ainsi que la notion non militaire
de la sécurité de la personne, basée elle sur les
impératifs politiques, économiques, sociaux et environnementaux,
en plus des droits de l'homme (Union Africaine [UA], 2014).
Dans son guide de formation intitulé Introduction
à la Réforme du Secteur de la Sécurité (2014),
le DCAF indique que la notion traditionnelle d'une sécurité
axée sur l'Etat a évolué pour faire place à un
nouveau concept de sécurité. Ce nouveau concept qualifié
de « sécurité humaine », reconnaît l'existence
d'un ensemble de parties prenantes tant étatiques que non
étatiques, susceptibles de fournir des prestations de
sécurité. Par ailleurs, souligne également le DCAF, cette
nouvelle conception de la sécurité prône également
une notion plus étendue de la sécurité, y compris la
notion de sécurité nationale sous l'angle militaire, mais aussi
les aspects politiques, sociaux, économiques et environnementaux (Centre
for the Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2014).
30
Partant de cette nouvelle conception de la
sécurité, « la RSS devrait s'entendre comme englobant
à la fois la protection de l'Etat et le bien-être de la population
» (DCAF, Idem, p.3).
Ainsi, le concept de sécurité dans le cadre de
notre travail rejoint celle de « la sécurité humaine, objet
de la RSS » (Conseil National de Sécurité [CNS], 2012). En
effet, dans notre contexte, la sécurité va au-delà de la
sécurité de l'Etat et de ses symboles. Elle prend en compte tous
les aspects transversaux notamment, le Genre.
I-6-1-4-3. Secteur de la sécurité »
Selon les auteurs Triquet et Serrano (2015), le « secteur de
la sécurité » désigne :
Tous les organes étatiques et non-étatiques qui
contribuent à assurer la sécurité de l'Etat et de sa
population. Parmi eux figurent les acteurs étatiques de la
sécurité (p. ex. les forces armées, la police, les corps
de gardes-frontière et les services de sécurité), les
acteurs de la gestion et du contrôle de la sécurité (p. ex.
le parlement, les ministères du gouvernement, les autorités
traditionnelles, les commissions des droits humains et la société
civile), les acteurs de la justice et du droit (p. ex. les tribunaux, les
prisons et les autorités traditionnelles), les acteurs
non-étatiques de la sécurité (p. ex. les armées de
libération, les compagnies de sécurité privée et
les milices) et les groupes non étatiques de la société
civile (p. ex. les organisations non gouvernementales, les médias, les
organisations de recherches, les organisations religieuses et les
communautés locales) (p.12).
La définition proposée par les Nations Unies
dans le rapport du Secrétaire général intitulé
Assurer la paix et le développement: le rôle des Nations Unies
dans l'appui à la réforme du secteur de la sécurité
(2008), est la suivante:
Les termes "secteur de la sécurité"
désignent, d'une manière générale, les structures,
les institutions, et le personnel chargés de la gestion, de la
prestation et de la supervision des services de sécurité dans un
pays. L'on s'accorde habituellement à inclure dans ce secteur la
défense, la police, l'administration pénitentiaire, les services
de renseignement, les
31
organismes chargés du contrôle des
frontières, la douane et la protection civile. Y figurent aussi les
services judiciaires chargés de statuer sur les allégations
d'actes délictueux et d'abus de pouvoir. Le secteur de la
sécurité comprend aussi les acteurs qui gèrent et
supervisent l'élaboration et l'application des mesures de
sécurité, tels que les ministères, les organes
législatifs et certains groupes de la société civile. On
compte aussi, parmi les acteurs non étatiques du secteur de la
sécurité, les autorités coutumières ou informelles
et les services de sécurité privés (par. 14).
I-6-1-4-4. Institutions du Secteur de la
Sécurité (ISS)
Les auteurs Gaanderse et Valasek (2011) définissent les
ISS comme étant des « Institutions étatiques formelles qui
font partie du secteur de la sécurité, comme la police, la
gendarmerie, les forces armées, le système judiciaire, les
services pénitentiaires, etc. » (p.4).
Dans notre étude, ces termes renvoient aux structures
ou institutions chargées de la gestion, de la prestation et de la
supervision des services de sécurité.
I-6-1-4-5. Réforme du Secteur de la
Sécurité (RSS)
La RSS s'entend comme:
un processus d'analyse, d'examen et d'application, aussi bien
que de suivi et d'évaluation mené par les autorités
nationales et visant à instaurer un système de
sécurité efficace et responsable pour l'État et les
citoyens, sans discrimination et dans le plein respect des droits de l'homme et
de l'état de droit. Comme l'a souligné le Conseil de
sécurité, les pays doivent s'approprier la réforme du
secteur de la sécurité, qui doit répondre à leurs
besoins et à leur situation particulière (Nations Unies, 2008,
par.17).
I-6-1-4-6. Réforme des Institutions du Secteur de la
Sécurité
Tenant compte des sous-concepts définis plus-haut, la
« réforme des institutions du secteur de la sécurité
» s'entend comme la transformation des acteurs et institutions du secteur
de la sécurité, en redéfinissant leur rôle, leur
responsabilité, leurs actions pour les rendre plus
32
efficaces et compatibles avec les principes de bonne gouvernance
et qu'elles soient représentatives en termes de Genre (Conseil National
de Sécurité [CNS], 2012).
C'est dans le cadre de la réforme des ISS qu'intervient la
réforme de la Gendarmerie Nationale intégrant la dimension du
Genre, elle-même découlant de la RSS.
I-6-1-5. Efficience
Pour l'auteur Hofmann (2003):
Il est indispensable de ne pas considérer uniquement
l'efficience de l'intervention en soi, mais également l'efficience pour
les différents acteurs. En particulier, il s'agit de comparer les
ressources (matérielles, humaines, etc.), que les différents
groupes ont investi dans les activités liées ou impulsées
par l'intervention avec les bénéfices qu'ils ont pu en tirer
(p.5).
De plus, l'une des questions essentielles à se poser
dans les efforts visant à intégrer le Genre est de savoir si ces
initiatives valorisent de manière correcte les femmes (Sierra, 2000,
cité par Hofmann, 2003, p.5).
Cette idée est reprise par le PNUD :
L'efficience mesure la manière avec laquelle les
ressources ou les apports (tels que les fonds, la compétence et le
temps) sont transformés de façon économe en
résultats. Une initiative est considérée efficiente
lorsqu'elle utilise les ressources correctement et de façon
économe pour atteindre les produits souhaités. L'efficience est
importante pour garantir le bon usage des ressources et mettre en relief
d'autres usages efficaces de ces ressources (Programme des Nations Unies pour
le Développement [PNUD], 2009, P.169).
Le PNUD indique également que lors de
l'évaluation de l'efficience des initiatives, l'efficience permet par
exemple de mesurer le degré d'utilisation des ressources pour atteindre
les résultats attendus et oriente dans la façon d'utiliser ces
ressources plus efficacement pour conduire à ces résultats (PNUD,
Idem).
33
Dans notre contexte, cette notion renvoie à la
capacité d'utiliser les ressources propres de la Gendarmerie,
c'est-à-dire le personnel féminin et masculin et les ressources
matérielles et financières dédiées, de façon
équitable pour satisfaire aux objectifs de la réforme.
I-6-1-6. Politique d'emploi
Le Petit Larousse Illustré (2013), définit
l'emploi comme étant l'action ou la manière d'employer une chose
[une personne] ou l'utilisation qu'on fait d'une chose [d'une personne]. Il
indique également que le terme « emploi» dans le domaine
militaire désigne la fonction confiée à un militaire de
carrière, indépendamment de son grade.
Dans le cadre de notre sujet, la politique d'emploi
désigne l'ensemble des options prises au niveau des ressources humaines
de la Gendarmerie Nationale pour une utilisation rationnelle et
équitable du personnel.
I-6-1-7. Evaluation
Dans un document de travail de l'Observatoire
économique et statistique d'Afrique subsaharienne(AFRISTAT)
intitulé Guide pour le suivi et évaluation axés sur les
résultats des stratégies nationales de développement de la
statistique (2013), Silete-Adogli définit l'évaluation comme
étant:
une mesure, systématique et objective que possible, des
résultats, d'un projet, d'un programme ou d'une politique, en cours ou
achevé, en vue de déterminer la pertinence et l'accomplissement
des objectifs, l'efficacité, l'impact et la viabilité du
développement (p.5).
Moser (2007), rattachant cette notion à celle du Genre,
souligne qu' « Elles [Les évaluations sensibles à la
dimension de Genre] peuvent aussi servir à mesurer les résultats
de divers objectifs et activités relevant d'autres domaines sur les
relations et les inégalités entre les genres. » (p.8).
Dans le cadre de notre étude l'évaluation permet
de mesurer la progression du processus d'intégration des femmes à
la Gendarmerie et d'apprécier plus particulièrement l'efficience
de la politique d'emploi du personnel féminin dans cette institution.
34
I-6-1-8. Obstacles
Selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
(CNRTL) le terme « obstacle » désigne une difficulté
d'ordre matériel, moral ou intellectuel empêchant ou gênant
la réalisation de quelque chose.
Dans notre contexte, le terme « obstacles» renvoie
aux écarts dans la mise en oeuvre de la réforme de la Gendarmerie
Nationale intégrant la dimension Genre.
I-6-2. Champ de référence
théorique
L'objectif de cette partie est de définir la
perspective ou l'orientation théorique privilégiée pour
penser la réforme de la Gendarmerie intégrant la dimension Genre.
Dans cette logique, le champ dans lequel s'insère notre étude est
celui de la théorie du changement, appliquée au concept de Genre
dans un contexte de RSS.
I-6-2-1. Théorie du changement
Dans une note méthodologique intitulée
Théorie du changement (2014), Patricia Rogers explique que la
théorie du changement permet de décrire la façon dont les
activités produisent les résultats qui concourent à la
réalisation des impacts attendus. Elle indique également que
cette théorie peut être développée à tous les
niveaux d'intervention, qu'ils s'agissent d'un événement, d'un
projet, d'un programme, d'une politique, d'une stratégie ou d'une
organisation. De plus, cette théorie contribue à identifier la
situation existante, la situation escomptée et les mesures
correctionnelle à apporter pour passer de l'une à l'autre. Par
ailleurs souligne-t-elle, la théorie du changement peut également
être utilisée au cours de la mise en oeuvre afin d'identifier les
indicateurs devant faire l'objet d'un suivi et d'expliquer aux acteurs
concernés comment le programme ou la politique fonctionne (Rogers,
2014).
De même, une théorie du changement doit aussi
aider les acteurs à préciser leur contribution à ce
processus de changement. De cette façon, elle les aidera à mieux
planifier, suivre et évaluer leurs actions en la matière (Fonds
pour la promotion des Études préalables, des Études
transversales et des Évaluations [F3E], 2012)
35
Kai Schaefer, dans Dix conseils pour utiliser une
théorie du changement dans la RSS (2016) énumère dix
(10) conseils qui peuvent aider à utiliser une théorie du
changement pour le soutien à la RSS :
1. la théorie du changement est une hypothèse:
comment nos programmes fonctionnent, et pourquoi et comment certaines actions
vont produire le changement désiré;
2. une discussion approfondie lors de la création de
la théorie du changement peut révéler nos suppositions et
aider à identifier les lacunes et besoins ;
3. la théorie du changement devrait être
adaptée au contexte, et donc être liée à une analyse
de conflit approfondie;
4. la question clé dans une Théorie du
changement est: « Quel type de changement voulons-nous?»;
5. privilégiez le niveau socio-politique quand il
s'agit de modifier des comportements;
6. la théorie du changement devrait être
utilisée lors de chaque étape du projet, lors de
l'élaboration, de la mise en oeuvre et du suivi et de
l'évaluation;
7. analyser annuellement la théorie du changement peut
aider un programme à estimer l'adéquation de sa théorie et
à identifier des lacunes dans le suivi;
8. les théories du changement qui sont adaptées
pendant le processus peuvent aider à garantir l'apprentissage
institutionnel;
9. des indicateurs qualitatifs et quantitatifs pour les
étapes intermédiaires permettent de définir le changement
désiré ainsi que ce qui est mesuré dès le
début du processus;
10. les théories du changement, avec leur
représentation graphique, peuvent être utilisées pour le
suivi, mais aussi pour une communication efficace.
Dans le cadre de notre étude le but d'une
théorie du changement est de montrer de manière explicite comment
une réforme apportera la transformation désirée, de
clarifier toutes les hypothèses relatives aux activités et
réalisations, et de développer une compréhension commune
de l'objectif visé par la réforme.
36
CHAPITRE 2 : APPROCHE METHODOLOGIQUE DE
L'ETUDE
Dans tout travail scientifique, il est indispensable de
choisir les approches méthodologiques et techniques appropriées
afin de parvenir à recueillir les informations fiables pour
l'étude entreprise. Ainsi donc, pour parvenir aux objectifs de notre
étude, nous avons eu recours à diverses méthodes et
techniques décris dans ce chapitre.
II-1. DELIMITATION DU CHAMP D'ETUDE
Nous avons délimité le champ de notre
étude en deux niveaux: le champ géographique et le champ
social.
II-1-1. Champ géographique de l'étude
Notre étude a porté sur la Gendarmerie Nationale
de Côte d'Ivoire. L'action de cette institution de sécurité
s'exerce sur l'ensemble du territoire ivoirien. La Gendarmerie Nationale assure
un maillage territorial dans le cadre d'une structure
déconcentrée et hiérarchisée, comprenant un
Commandement Supérieur et des Commandements territoriaux.
II-1-1-1. Le Commandement Supérieur de la
Gendarmerie Nationale (CSGN)
Placé sous l'autorité d'un Commandant
Supérieur, le CSGN est situé dans le quartier du Plateau, centre
des affaires d'Abidjan, capitale économique de la Côte
d'Ivoire.
II-1-1-2. Les Commandements territoriaux de la
Gendarmerie
Nationale
Les Commandements territoriaux sont répartis sur
l'ensemble du territoire en quatre (4) Régions territoriales à
l'identique des autres forces armées (Cf. Figure 1).
37
Figure 1 : Organisation territoriale des forces armées
Source : MINDEF, 2016
Les Commandements territoriaux se regroupent en Légions
Territoriales et en Légions Mobiles.
En effet, la Gendarmerie Nationale compte six (6)
Légions départementales réparties chacune dans une ville
donnée. Ainsi, le Commandement de la 1ère légion se fait
à partir d'Abidjan, la 2ième Légion à Daloa, la
3ième Légion à Bouaké, la 4ième
Légion à Korhogo, la 5ième Légion à
San-Pedro et la 6ième Légion à Yamoussoukro.
Les Légions de la Gendarmerie Territoriale se
déclinent en compagnies (24), elles-mêmes constituées de
brigades, réparties sur le territoire.
Aussi, la Gendarmerie compte-t-elle cinq (5) Légions
mobiles. Les commandements de ces Légions s'effectuent de la
première (1ère) à la cinquième (5ième)
Légions, respectivement à partir d'Abidjan pour la 1ère,
de Daloa pour la 2ième, de Bouaké pour la 3ième, de
Korhogo pour la 4ième, et de Yamoussoukro pour la 5ième
Légion.
Les démembrements de ces Légions sont
appelés « escadrons» et existent en nombre de quarante-neuf
(49) sur l'ensemble du territoire.
38
II-1-2. Champ social de l'étude
Notre étude cible principalement l'ensemble des acteurs
(structures ou personnes) intervenant dans le suivi et la mise en oeuvre de la
réforme de l'institution de la Gendarmerie. Elle cible également
les mécanismes mis en place pour assurer une intégration
effective de la dimension Genre dans ladite institution. Il s'agit
principalement des acteurs suivants:
- le Secrétariat du CNS, qui est l'acteur de suivi et
de coordination de la mise en oeuvre de la RSS ;
- le MINDEF, qui est le Ministère de tutelle de la
Gendarmerie Nationale et qui a la responsabilité de la mise en oeuvre de
la LPM y compris la réforme de la Gendarmerie incluant le Genre;
- le CSGN, qui a la responsabilité de la mise en oeuvre
de de la réforme de la Gendarmerie prenant en compte la dimension
Genre;
- les Ecoles de Gendarmerie qui assurent la formation des
élèves officiers et sous-officiers gendarmes;
- du Ministère en charge des questions de la femme;
- des organisations de la société civile qui
militent pour la prise en compte du Genre et des droits de la femme.
Les mécanismes concernés par l'étude ont
été éprouvés conformément aux obligations de
représentation, de responsabilité et de transparence entre
autres, à travers des critères et des principes de prise en
compte du Genre préalablement identifiés.
Il s'est agi de mesurer comment la perspective du Genre va
dans le sens des objectifs et des priorités de la réforme de la
Gendarmerie Nationale, à travers notamment un cadre juridique et
institutionnel favorable, une politique de ressources humaines
sexospécifique et un mécanisme efficace de contrôle des
actes d'abus et de harcèlements sexuels.
Par ailleurs, cette étude aborde des enjeux actuels
touchant divers champs de la sociologie. D'abord la sociologie du travail, qui
a pour but de questionner les rapports que tissent les hommes et les femmes
dans le milieu du travail, en partant du postulat que ces rapports sont
multiples, complexes, et concernent à la fois le « dedans » et
le « dehors ».
Le « dedans» se réfère à
l'ambiance de travail, des subjectivités au travail, des modes de
gouvernance, des styles de management ou des types de commandement, etc.
39
Quant au « dehors », il se rapporte aux incidences
du travail sur la vie familiale, les loisirs ou les identités sociales
conçues comme coextensives des identités professionnelles
(Wikipedia, 2017).
Ensuite, la sociologie du Genre qui a pour objet les processus
sociaux de différenciation et de hiérarchisation des femmes et
des hommes, du féminin et du masculin, qui sont transversaux à
l'ensemble des espaces sociaux (Université Lavale, 2015).
Selon le portail documentaire Sport Education Mixité
Citoyenneté (SEMC), la sociologie du Genre est la science qui
étudie des rapports sociaux de sexe. Elle envisage le masculin et le
féminin comme le résultat d'une construction sociale et non comme
une notion propre à la physiologie (Sport Education Mixité
Citoyenneté [SEMC], 2011).
Ainsi, mettant en rapport ces deux champs de la sociologie,
les auteurs Kergoat et Molinier (2003) cités par l'Université
Lavale (2015) affirment que:
« l'enjeu principal des rapports sociaux de sexe dans
les sociétés occidentales contemporaines demeure le travail, ou
plus précisément, le partage du travail entre les sexes qui se
caractérise par l'assignation prioritaire des hommes à la
sphère publique et des femmes à la sphère privée
ainsi que par l'attribution aux hommes des fonctions les mieux pourvues en
capital symbolique ».
Notre étude interroge spécifiquement, la
sociologie du Genre dans le secteur de la sécurité du point de
vue du travail et des principales notions et concepts qui y sont
associés notamment, la division sexuelle du travail.
II-2. LES TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNEES
Nous avons retenu la recherche documentaire, l'observation et
l'entretien comme supports essentiels dans le recueil des informations.
II-2-1. La recherche documentaire
La recherche documentaire constitue l'étape
première de collecte des données. Elle a pour objectif de faire
l'état des lieux des travaux. Tout ceci, soumis à une critique
rigoureuse en vue de leur utilisation (N'da, 2006).
40
La recherche documentaire s'est déroulée dans la
bibliothèque du CAMPC, au Secrétariat du CNS, au MINDEF, au CSGN,
à l'EGA et à la Fondation SERENTI.
Nous avons également effectué des recherches sur
internet et consulter la documentation disponible en ligne. A ce niveau les
publications du Centre for the Democratic Control of Armed Forces (DCAF) nous
ont énormément aidées.
Ces documents consultés comprennent notamment:
- les ouvrages de méthodologie de la recherche;
- les ouvrages spécifiques sur le Genre, la
sécurité et la défense;
- les documents de de stratégie de la RSS et de
Sécurité nationale en Côte d'Ivoire;
- les rapports et les résolutions des Nations Unies sur la
femme, la paix et la sécurité;
- la Boîte à outils du DCAF, composée de
douze dossiers, accompagnés des notes
pratiques pour expliquer les questions des
sexospécificités au regard de la RSS ;
- les documents de politiques de l'Union Africaine et de la
CEDEAO sur le Genre et la
sécurité;
- les rapports du PNUD, de la BAD et de la Banque mondiale sur le
Genre et le
développement;
- les textes de loi sur la LPM, le code de la fonction militaire,
l'organisation de la
Défense ivoirienne;
- les documents d'orientation sur le Genre de l'ACDI, du CPS, de
l'OMS, de
ONUFEMMES et de ONUSIDA ;
- l'annuaire des Gendarmerie du monde (SNHPG) ;
- les revues périodiques sur la sécurité et
le Genre;
- les dictionnaires en ligne notamment « Le Petit Larousse
», « Wikipedia »,
« LaToupie », « LesDictionnaires », etc.
La recherche documentaire nous a été fort utile
dans le cadre de notre étude. Elle s'est effectuée autour
d'ouvrages généraux, méthodologiques et
spécialisés.
Tous ces ouvrages nous ont aidé à bâtir
les fondements théoriques, méthodologiques et scientifiques de
notre sujet.
41
II-2-2. L'observation
L'observation est un instrument d'enquête qui consiste
à se porter séparément d'une situation donnée. Le
phénomène à l'étude est observé dans son
cadre d'observation habituelle. Cet instrument se construit en liaison avec la
question et les objectifs de recherche (Toh, 2015).
Dans notre travail, nous avons opté pour l'observation
neutre, qui se réalise sur un temps relativement court. Elle nous a
évité d'influencer l'objet de l'étude en observant la
situation telle qu'elle se présente à nous.
Cette observation s'est effectuée dans la ville
d'Abidjan. Nous nous sommes d'abord rendus au CSGN, dans la commune du Plateau.
L'Ecole de Gendarmerie d'Abidjan, dans la commune de Cocody a été
notre deuxième site d'observation. Enfin, nous avons été
à la caserne d'Agban dans la commune d'Adjamé.
L'observation neutre dans ces lieux, nous a permis de nous
rentre compte de l'effectivité de la présence de femmes gendarmes
appartenant à la Gendarmerie Nationale. Au niveau de l'EGA, nous avons
pu observer la présence d'élèves des deux sexes, ainsi que
les infrastructures spécifiques (dortoirs) mises en place pour tenir
compte de la présence des femmes.
II-2-3. L'entretien
L'entretien est un échange construit entre le chercheur
et l'enquêté en vue d'obtenir des informations sur un
phénomène étudié. Mieux, il consiste en un mode
particulier de communication verbale entre deux personnes : un intervieweur qui
recueille l'information et un répondant qui fournit les données
(Fortin, 2010).
Pour notre travail, nous avons choisi l'entretien
semi-directif.
Ce type d'entretien, n'est ni totalement ouvert, ni totalement
fermé. En effet, dans l'entretien semi-directif, l'enquêteur et
l'enquêté sont laissés à leur aise.
L'enquêteur oriente ses questions pour avoir une compréhension
riche du phénomène, mettant ainsi l'enquêté dans un
mode de conversation approfondie et semi-ouverte (Toh, 2015).
42
Nos entretiens ont été menés selon la
technique d'interview centrée sur le sujet. Ils ont été
conduits dans une perspective de connaissance approfondie de
l'intégration de la dimension Genre aux quatre niveaux de la
réforme de la Gendarmerie Nationale, d'après le modèle
proposé par le DCAF (Cf. Figure 2).
Nous avons réalisé dix-huit (18) interviews avec
les personnes ressources des institutions de Défense et d'une
organisation de la société civile ; il s'agit:
- du responsable du Suivi-Evaluation de la RSS, au
Secrétariat du CNS (le 3 octobre 2016,
et 27 janvier et le 13 mars 2017);
- du responsable du secrétariat technique, au
Secrétariat du CNS (18, 19 janvier et le 7
février 2017);
- du conseiller au cabinet du MINDEF, en charge de la
défense (le 9 et le 11 octobre 2017);
- du Directeur Général des Affaires
Stratégiques au MINDEF (20 octobre 2017);
- d'un Commandant de l'Armée à la Direction des
Ressources Humaines, au MINDEF (27
octobre 2017) ;
- du chef du Bureau Organisation et Emploi, au CSGN (25 octobre
et 22 novembre 2017);
- du chef du Bureau Ressources Humaines, au CSGN (24 octobre et
22 novembre 2017);
- du Commandant Ecole de Gendarmerie d'Abidjan (22 novembre 2017)
;
- d'un sous-officier (femme) de la Gendarmerie Nationale (22
novembre 2017);
- de la Présidente de la Fondation SERENTI (7 et 18
décembre 2017).
L'entretien semi-directif nous a permis de collecter les
informations relatives à la réforme de la Gendarmerie Nationale,
se rapportant à la prise en compte de la dimension Genre.
43
II-3. LES INSTRUMENTS D'INVESTIGATION OU DE COLLECTE
DES
DONNEES
II-3-1. Le guide d'entretien
Le guide d'entretien est un ensemble de questions ouvertes,
généralement employé pour les recherches utilisant des
données qualitatives. Cet outil exige également des
réponses verbales provenant d'un entretien entre l'enquêteur et
l'enquêté (Toh, 2015).
Pour les besoins de nos travaux, notre enquête est
d'ordre qualitatif, d'où le recours au guide d'entretien, qui est un
outil ouvert et à caractère interactif.
Notre guide d'entretien (Cf. annexe 1) est basé sur les
méthodes pratiques du DCAF pour intégrer avec succès la
perspective du Genre à la réforme de la défense (les
Armées et la Gendarmerie). Il s'articule, autour de quatre (4) niveaux
de la réforme de la défense: les niveaux politique,
institutionnel, économique et sociétal (Cf. figure 2).
Figure 2 : Intégration de la perspective du Genre aux
quatre niveaux de la réforme de la défense
Source : DCAF, 2008
44
II-3-1-1. Au niveau politique
La réforme de la défense prenant en compte des
sexospécificités doit être guidée par une mission
précise, issue des plus hauts niveaux politiques, et transparaître
dans la vision et les politiques de leadership (Juma, 2006 cité par le
Centre for the Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2008).
II-3-1-2. Au niveau économique
L'un des principaux objectifs des processus de réforme
de la défense est d'améliorer l'efficacité des forces
armées et de veiller à ce que les dépenses publiques de
défense s'inscrivent dans le cadre d'une gouvernance transparente et
responsable (DCAF, Idem).
II-3-1-3. Au niveau institutionnel
La dimension institutionnelle de la réforme de la
défense fait référence à la transformation
structurelle et technique des forces de défense de sorte qu'elles
satisfassent les normes nationales et internationales établies (DCAF,
Idem).
Anderlini et Conaway (2004) cités par le DCAF
(Idem), décrivent ainsi les différentes phases de la
transformation des institutions de la sécurité:
- la transformation de la structure des armées (ex. :
réduction des effectifs ou intégration).
- l'application de nouvelles politiques de recrutement et de
formation aux fins de la «professionnalisation» et de la
«modernisation»;
- la promotion d'une transformation culturelle de sorte
à inclure les secteurs de la société ; jusque-là
exclus (ex.: groupes ethniques ou religieux, femmes, etc.) dans les forces de
sécurité et à sensibiliser les institutions à leurs
besoins.
II-3-1-4. Au niveau sociétal
Les forces de défense doivent s'associer aux
organisations de la société civile qui oeuvrent pour la paix et
la sécurité afin de renforcer leur capacité à
contrecarrer les menaces à la sécurité en s'appuyant sur
la participation de la communauté (DCAF, Idem).
45
En plus de ces quatre (4) niveaux de réforme de la
défense, nous avons intégré dans notre guide d'entretien
une rubrique « généralité» pour tenir compte des
informations d'ordre définitionnel de la réforme de la
Gendarmerie, ainsi que les actions menées en prélude à la
réforme, notamment les actions d'auto-évaluation et de
sensibilisation sur les questions de Genre.
II-4. LES PHASES DE L'ENQUETE II-4-1. Les visites
exploratoires
Les visites exploratoires sont essentielles pour connaitre le
milieu ou l'organisation de l'étude, en ce sens qu'elles permettent de
cibler et de connaitre les acteurs et l'environnement. Elles permettent
également de faire les premiers constats du déroulement du
phénomène étudié (Toh, 2015).
Cette phase nous a permis de préparer techniquement
notre étude: il s'est agi notamment, d'identifier notre champ de
recherche et les acteurs qui ont fait l'objet d'enquête, de disposer des
différentes autorisations d'enquête, de collecter les
données des premières acteurs, de d'élaborer notre guide
d'entretien.
II-4-2. La pré-enquête
La pré-enquête est la phase qui consiste à
tester les outils de collecte de données. Il s'agit de voir le niveau de
compréhension des questions, leur formulation, leur adaptation au milieu
et à l'étude, leur articulation les unes aux autres, etc. Cela
permet de débarrasser les outils de toute confusion et tout autre biais
susceptible de nuire à la qualité des données (Toh,
Idem).
Notre pré-enquête a été
réalisée au Secrétariat du CNS et au cabinet du MINDEF.
Cette phase nous a permis de valider notre guide d'entretien.
II-4-3. L'enquête
L'enquête est l'une des stratégies les plus
utilisées en sciences sociales. Elle constitue un moyen de collecte
d'informations à travers des interviews réalisées avec des
individus d'une population donnée. Cette phase favorise également
l'utilisation du questionnaire, de l'entretien ou du sondage (Toh,
Idem).
46
Notre travail s'est construit au moyen de cette
stratégie; en effet, notre enquête réalisée au moyen
du guide d'entretien au Secrétariat du CNS, au cabinet du MINDEF, au
CSGN, à l'EGA et à la Fondation SERENTI, nous a été
fort utile dans le recueil d'informations essentielles.
II-5. POPULATION ENQUETEE
La population enquêtée est l'ensemble des sujets
concernés par l'enquête.
Dans le cadre de notre travail, notre population
d'enquête a été construite sur une base qualitative
à partir d'unités sélectionnées sur la base de
critères de représentativité des institutions de la
Défense nationale:
- le responsable du Suivi-Evaluation de la RSS, au
Secrétariat du CNS : en raison des informations utiles sur le processus
de RSS en Côte d'Ivoire, et le mécanisme de suivi et de
coordination de l'ensemble de la réforme d'une part, puis de la
réforme de la défense d'autre part;
- du responsable du secrétariat technique, au
Secrétariat du CNS : pour disposer des informations et la documentation
d'ordre politique et stratégique de la RSS ;
- du conseiller au cabinet du MINDEF, en charge de la
défense: en vue d'être renseigné sur la mise en oeuvre de
la LPM, l'organisation de la Défense, ainsi que la documentation sur les
effectifs militaires ;
- du Directeur Général des Affaires
Stratégiques au MINDEF : pour avoir des informations sur la
stratégie mis en place par le MINDEF et les orientations en tant que
tutelle de la défense pour la mise en oeuvre de la réforme
Gendarmerie Nationale;
- d'un Commandant de l'Armée à la Direction des
Ressources Humaines: pour nous enquérir des données sur les
objectifs de recrutement à la Gendarmerie Nationale;
- du chef du Bureau Organisation et Emploi: pour voir comment
les femmes sont employées dans les services de la Gendarmerie, ainsi que
les conditions d'exercice de leur fonction;
- du chef du Bureau Ressources Humaines: pour être
informé de la politique de recrutement et d'affectation et de gestion
des carrières du personnel de la Gendarmerie ;
- du Commandant Ecole de Gendarmerie d'Abidjan: en vue de
recueillir des informations sur les modules, les conditions et les
infrastructures de formation des élèves Gendarmes;
47
- d'un sous-officier femme de la Gendarmerie Nationale: pour
avoir son opinion sur son intégration à la Gendarmerie
Nationale;
Cet échantillon a été
complété par un acteur de la société civile ; notre
choix s'est porté sur la Présidente de la Fondation SERENTI, pour
être renseignée sur les données de l'Etude
réalisée sur les ISS en Côte d'Ivoire avant la crise
post-électorale de 2010 et sur l'expérience de la Fondation en
matière d'intégration du Genre à la Gendarmerie Nationale
de Côte d'Ivoire.
Notre échantillon n'avait pas pour ambition une
représentativité quantitative, donc n'envisageait pas une
extrapolation à l'ensemble de la population de ces institutions. Il
visait plutôt à appréhender l'état d'avancement de
la réforme de la Gendarmerie Nationale relative à la prise en
compte de la dimension Genre et à en identifier les contraintes.
La méthode employée pour la constitution de
notre échantillon est celui de l'échantillonnage non probabiliste
par choix raisonné. Les individus ont été choisis sur la
base des critères précis énumérés plus haut,
afin qu'ils soient représentatifs du phénomène à
l'étude.
Cependant, la femme sous-officier de la Gendarmerie Nationale
a été sélectionnée par la méthode
d'échantillonnage accidentel car l'interrogation du personnel
était fonction du lieu et du moment.
II-6. APPROCHE D'ANALYSE
L'approche de notre analyse se base sur l'outil
FFOM7. C'est un outil d'analyse stratégique qui combine
l'étude des forces et des faiblesses d'une organisation, d'un
territoire, d'un secteur, etc. avec celle des opportunités et des
menaces de son environnement, afin d'aider à la définition d'une
stratégie de développement.
L'analyse FFOM intervient pendant les premières
étapes du processus de planification stratégique pour se donner
le meilleur angle de vue pour opérer les meilleurs choix possibles.
Cette analyse peut être également effectuée à en
cours de processus afin d'évaluer la viabilité de la
stratégie envisagée et déterminer les adaptations
éventuels à faire (ONUFEMMES, 2017).
7 En anglais SWOT, pour: Strengths - Weaknesses -
Opportunities - Threats
48
Tableau 3 : Indications pratiques pour l'analyse FFOM
Les forces
|
Les faiblesses
|
Ce sont les facteurs internes à l'organisation
|
Il s'agit des facteurs internes qui peuvent porter
|
ou à l'alliance qui peuvent être d'une
|
atteinte à l'efficacité de la campagne. Ils
|
importance particulière pour la campagne, tels
|
peuvent comprendre le manque d'expérience
|
que des ressources humaines et matérielles,
l'accès à des décisionnaires officiels
|
des campagnes, les limitations budgétaires, le manque
de contacts appropriés et l'insuffisance
|
concernés ou une bonne réputation. Dans un
atelier, les questions du type « que savons-nous bien faire ? » et
« de quoi sommes-nous fiers ? » permettent de révéler
ces éléments.
|
des capacités.
|
Les opportunités
|
Les menaces
|
Les opportunités sont généralement les
|
Les menaces sont les facteurs externes, ceux
|
facteurs externes, tels que les aspects de la
|
qui échappent à votre contrôle
immédiat, qui
|
société ou de la collectivité qui sont
|
peuvent avoir une incidence négative sur la
|
susceptibles d'apporter un appui à la
|
campagne et remettre en question la réalisation
|
campagne ou sur lesquels on pourrait compter
|
de son but et de ses objectifs; il peut s'agir, par
|
pour attirer l'attention du public. Ils peuvent
|
exemple, de problèmes de sécurité, d'un
|
comprendre l'intérêt des médias ou un
débat
|
changement de gouvernement, d'un
|
public préexistant dû à un
événement qui a
|
environnement social hostile ou d'une crise
|
rehaussé la visibilité de la violence à
l'égard des femmes et des filles. Cet événement peut
être la ratification de la Convention contre la torture ou d'un autre
traité pertinent par le parlement national, l'adoption d'une politique
nationale favorable ou la nomination d'un
ministre partisan des objectifs de la campagne; il peut
également s'agir d'une
|
nationale.
|
49
initiative nationale ou internationale de plus grande
envergure, en cours ou prévue (telles que les campagnes des Nations
Unies ou les campagnes nationales), à laquelle on pourra faire
référence ou auprès de laquelle on pourra trouver des
appuis. L'évaluation des opportunités permet de déterminer
s'il vaut la peine d'entreprendre une campagne et de préciser le
calendrier ou s'il serait préférable de se joindre à une
campagne nationale ou internationale sur le problème visé et/ou
de l'adapter aux besoins de la communauté.
Source : ONUFEMMES, 2017
II-7. DIFFICULTES RENCONTREES
Aucune recherche scientifique ne peut se faire sans
difficultés. C'est pourquoi, au cours de cette étude, nous avons
été confrontés à quelques difficultés
majeures.
D'abord au niveau de la Gendarmerie Nationale, qui est une
institution de défense très stratégique, certaines
données sollicitées ont été qualifiées de
« sensibles ». Il s'agissait notamment des données sur les
effectifs de recrutement de Gendarmes des deux sexes, tant pour les officiers
que pour les sous-officiers. Nous aurions souhaité avoir ces effectifs
pour établir des pourcentages de recrutement, au titre des vagues
successives de recrutement, depuis l'ouverture des concours de la Gendarmerie
aux femmes.
L'indisponibilité des acteurs a été la
seconde grande préoccupation au cours de cette recherche. En effet, les
individus ayant été identifiés sur la base de
critères précis, ceux-ci étaient indispensables pour
constituer une base représentative et qualitative de nos données.
Il a fallu être patient quand ceux-ci n'étaient pas disponibles,
et attendre que leur agenda nous soit favorable en vue de recueillir les
informations nécessaires pour construire notre étude.
50
Par ailleurs, au niveau du Ministère en charge de la
Femme et des questions de Genre, notre requête en vue d'enquête n'a
pu aboutir après plusieurs relances. Nous avons compris plus tard que ce
ministère effectuait des réaménagements d'ordre
organisationnel en son sein.
51
DEUXIEME PARTIE:
PRESENTATION DE LA GENDARMERIE
NATIONALE
52
CHAPITRE 1 : HISTORIQUE ET MISSIONS
DE LA GENDARMERIE NATIONALE
I-1. HISTORIQUE
I-1-1. Avant l'indépendance
Le début des années 1930 a été
d'abord marqué par la présence de la Gendarmerie française
dans la colonie ivoirienne. C'est en 1932, que la première brigade voit
le jour dans la ville d'Abidjan. Toujours avant les indépendances,
d'autres brigades vont être créées et implantées
à dessein sur l'axe ferroviaire, dans les villes comme Dimbokro,
Agboville, etc., pour prévenir d'éventuels actes de sabotage
avant l'essaimage dans les principales villes de la colonie. En 1946, la
caserne d'Agban situé dans la ville d'Abidjan abritera le premier
escadron de la colonie. Celui-ci sera baptisée « l'Escadron 1/1
» et constituera la mère des unités de la Gendarmerie
mobile. Dès l'année 1958, les premiers éléments de
la Garde républicaine ivoirienne, dont la mission principale
était le maintien de l'ordre, se font encadrer par la Gendarmerie
française (Société Nationale de l'Histoire et du
Patrimoine de la Gendarmerie [SNHPG], 2017).
I-1-1. L'avènement de l'indépendance
L'avènement de l'indépendance en 1960, va
favoriser la transformation de la Garde républicaine, forte de 500
hommes et exclusivement composée de nationaux, en Gendarmerie Nationale
; cette mutation se basera sur le modèle français (SNHPG,
Idem).
La Gendarmerie Nationale ainsi créée le 27
Juillet 1960, par la loi N°60-209 portant création des Forces
Armées Nationales de Côte D'Ivoire adoptera pour devise: «
pro patria, pro lege », ce qui signifie « pour la patrie, pour la loi
». Le premier commandement sera exercé par le Capitaine Moussa
Sanon. Il disposera de 4 compagnies de Gendarmerie départementale
constituées de 54 brigades et de 4 escadrons de Gendarmerie mobile
(SNHPG, Idem).
En 1961, le corps de gendarmes constitué effectuera sa
première formation à l'EGA, crée à cet effet. En
1979, la Gendarmerie Nationale se dote d'une unité blindée, en
l'occurrence l'escadron blindé, et l'équipe de véhicules
de l'avant blindés (VAB). Avec cette acquisition, la Gendarmerie de
Côte d'Ivoire est la première en Afrique à être
dotée de VAB.
53
Les années qui suivent voient la création
d'autres unités spécialisées. Il s'agit de la
création en 1981 de l'Unité d'Intervention de la Gendarmerie
Nationale (UIGN) ; en 1985, le centre cynophile de la Gendarmerie est mis en
place à la base aérienne de Bouaké; suivra la
création en 1990, du Groupe de Sécurité
Aéroportuaire (GSA) et en 1992, la création du Groupe de
Sécurité Portuaire (GSP) (Société Nationale de
l'Histoire et du Patrimoine de la Gendarmerie [SNHPG],
2017).
I-2. MISSIONS
La loi portant organisation de la Défense et des FACI,
définit les missions de la Gendarmerie Nationale : « La Gendarmerie
Nationale, dont l'action s'exerce sur l'ensemble du territoire, a pour missions
de veiller à la sûreté publique et d'assurer le maintien de
l'ordre et l'exécution des lois »8.
La Gendarmerie Nationale assure ses missions de
sécurité intérieure sur la totalité de sa zone de
compétence, à savoir le territoire national et les eaux
territoriales. Elle met ainsi à profit son maillage territorial, dans le
cadre d'une structure déconcentrée et hiérarchisée,
au plus près de l'organisation administrative. Les effectifs de la
Gendarmerie sont répartis selon un ratio de 1/1000 habitants dans sa
zone de compétence et de 1/10 000 en zone étatisée, tout
en prenant en compte les spécificités locales (Conseil National
de Sécurité [CNS], 2014).
La Gendarmerie exerce ses missions de police administrative
telles que la sécurité publique, le maintien de l'ordre, le
renseignement, l'assistance et secours, la circulation routière, etc.,
prioritairement dans sa zone de compétence. L'exercice de cette mission
s'effectue sous l'autorité du représentant de l'Etat (CNS,
Idem).
La Gendarmerie exerce ses missions de police judiciaire, entre
autre, la constatation des infractions, la recherche et l'interpellation des
auteurs d'infractions à la loi pénale ainsi que les
enquêtes judiciaires, sur l'ensemble du territoire. Les missions de
police judiciaire s'exercent sous la direction de l'autorité judiciaire
qui dispose du libre choix de la saisine, selon la qualité des
investigations, en dehors des considérations territoriales (CNS,
Idem).
8 La loi 2016-414 du 15 juin 2016 portant organisation
de la Défense et des FACI, article 20
54
La Gendarmerie Nationale en qualité des Forces
Armées, participe à la défense du territoire en
unité constituées aux côtés des Armées et
accompagne les unités combattantes engagées sur les
théâtres d'opérations extérieures (Conseil National
de Sécurité [CNS], 2014).
Elle développe un contrat de projection dans le cadre
des opérations extérieures, sous la forme d'une capacité
de type « Unité de Maintien de l'Ordre» à entretenir en
permanence. La Gendarmerie dispose et entraine également des
unités spécialisées dans le rétablissement de
l'ordre, en coordination avec la Police Nationale avec qui, un entrainement au
travers des pratiques et des procédures communes seront
recherchées (Ministère en charge de la Défense [MINDEF],
2016).
55
CHAPITRE 2 : ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE LA
GENDARMERIE NATIONALE
La Gendarmerie Nationale, dont l'action s'exerce sur
l'ensemble du territoire comprend le Commandement Supérieur de la
Gendarmerie Nationale, la Gendarmerie Mobile, la Gendarmerie Territoriale, les
Unités spécialisées, les Ecoles de formation et
l'Inspection Générale de la Gendarmerie (Gendarmerie Nationale,
2017).
II-1. LE COMMANDEMENT SUPERIEUR DE LA GENDARMERIE
NATIONALE (CSGN)
Le CSGN relève du Commandant Supérieur de la
Gendarmerie Nationale. Il est placé sous l'autorité du Ministre
chargé de la Défense (Cf. annexe 3). Le Commandant
Supérieur de la Gendarmerie Nationale est nommé par décret
pris en conseil des Ministres. Pour l'exercice de ses attributions, il est
assisté d'un Commandant Supérieur en second (Gendarmerie
Nationale, 2017).
Le Commandement supérieur est organisé en
bureaux. Il comprend le Bureau organisation emploi (BOE), le Bureau des
Ressources Humaines (BRH), le Bureau Logistique (B.LOG), le Bureau des
Télécommunications et de l'Informatique (BTI) et le Centre
Administratif et Technique de la Gendarmerie (CATG) (Société
Nationale de l'Histoire et du Patrimoine de la Gendarmerie [SNHPG], 2017).
Figure 3 : structure du CSGN
Source: SNHPG, 2017
56
II-2. LA GENDARMERIE MOBILE
Elle exécute essentiellement des missions de maintien
ou de rétablissement de l'ordre. Elle assure également la
surveillance des points sensibles et la sécurisation des édifices
publics. La Gendarmerie Mobile peut être appelée à
renforcer l'action des formations Territoriales. Elle occupe également
une place essentielle dans la sécurisation des personnes, des biens, des
institutions et des personnes qui les incarnent, afin de garantir la paix
sociale et la tranquillité publique en Côte d'Ivoire (Gendarmerie
Nationale, 2017).
Figure 4 : Les légions de la Gendarmerie mobile
Source : Gendarmerie Nationale de Côte d'Ivoire,
2017
Les Légions mobiles sont reparties sur l'ensemble du
territoire :
- au Sud du territoire se trouve la 1ère
Légion, constituée de 5 escadrons (Agban, Yopougon, Koumassi,
Abobo et Aboisso) ;
- au Sud-Ouest est implantée la deuxième
Légion dont l'Etat-major se trouve à Daloa ; Celle-ci comprend 4
escadrons (Daloa, Danané, Soubré et Man) ;
57
- au Nord-Est est basée la 3ième
Légion, avec pour Etat-major la ville Bouaké. Elle est
constituée de deux escadrons (Bouaké et Bondoukou) ;
- dans le Nord-Ouest se trouve la 4ième
Légion. Son Etat-major est localisé à Korhogo. Cette
Légion renferme 5 escadrons (Korhogo, Odienné,
Séguéla, Touba, et Ferkessédougou) ;
- la 5ième Légion se trouve au centre
du territoire. Avec pour Etat-major la ville de Yamoussoukro, cette
Légion comprend 3 escadrons (Dimbokro, Daoukro et Yamoussoukro).
Figure 5 : Organisation de la Gendarmerie Mobile
Source : Gendarmerie Nationale de Côte d'Ivoire,
2017
Dans son organisation territoriale, la Gendarmerie Mobile
assure un maillage du territoire à travers les démembrements de
ses Légions appelés « escadrons ». La Gendarmerie
mobile dénombre au total cinq (5) Légions et dix-neuf (19)
escadrons repartis sur l'ensemble du territoire.
58
II-3. LA GENDARMERIE TERRITORIALE
Présente sur l'ensemble du territoire national, la
Gendarmerie Territoriale est composée de compagnies et de brigades
territoriales, routières, de recherches, portuaires et
aéroportuaires. La Gendarmerie Territoriale assure la
quasi-totalité des missions dévolues à l'arme; il s'agit
notamment de la police judiciaire, de la police administrative, de la police
militaire (Ministère en charge de la Défense [MINDEF], 2017).
Figure 6 : Organisation de la Gendarmerie Territoriale
Source : Gendarmerie Nationale de Côte d'Ivoire,
2017
Dans son organisation, la Gendarmerie territoriale assure une
couverture du territoire à travers les démembrements de ses
Légions appelés « compagnies ». Chaque compagnie
comprend un Etat-major (bureau d'administration). Les compagnies sont
elles-mêmes composées de brigades. La Gendarmerie territoriale
dénombre au total six (6) Légions, vingt-quatre (24) compagnies
et des brigades reparties sur l'ensemble du territoire.
59
II-3-1. La Police Administrative
Il s'agit de l'ensemble des mesures qui tendent principalement
à prévenir les atteintes à l'ordre public, en imposant le
respect des prohibitions, des injonctions, et des règlements
(Ministère en charge de la Défense [MINDEF], 2017).
II-3-2. La Police Judiciaire
Elle a pour objet la constatation des infractions à la
loi pénale, le rassemblement des preuves, la recherche des auteurs de
ces infractions et leur conduite devant la juridiction compétente tant
qu'une information judiciaire n'est pas ouverte. Lorsqu'une telle information
est ouverte, elle exécute les délégations des juridictions
d'instruction et transmet leurs réquisitions (MINDEF, Idem).
II-3-3. La Police Militaire
Cette police revêt à la fois un caractère
préventif (Police Générale) et répressif (Police
judiciaire). La Gendarmerie Nationale est en effet chargée de la
surveillance des troupes de garnison, de la police de la localité dans
les zones occupées par des unités en déplacement où
en manoeuvre, du contrôle des militaires permissionnaires et de la
recherche de ceux qui sont irrégulièrement absents de leur corps
(MINDEF, Idem).
II-4. LES UNITES SPECIALISEES
Les unités spécialisées sont
chargées de l'exécution de missions spécifiques en
matière de sécurité, d'intervention, de protection et de
surveillance. Il s'agit du Groupe d'Escadrons Blindés (GEB), de
l'Unité d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (UIGN), de l'Escadron
de Protection des Hautes personnalités (EPHP), du Groupe de
Sécurité Portuaire (GSP) et du Groupe de Sécurité
Aéroportuaire (GSA) (MINDEF, Idem).
II-4-1. Le groupe d'escadrons blindés de la
Gendarmerie Nationale (G.E.B-GN)
Créée le 14 Août 1979, cette unité
a pour rôle d'intervenir sur toute l'étendue du territoire
national pour le maintien et le rétablissement de l'ordre, pour la
sécurité présidentielle (à la résidence et
lors de ses déplacements), et pour la défense
opérationnelle du territoire (Ministère en charge de la
Décence [MINDEF], 2017).
II-4-2. L'Unité d'Intervention de la Gendarmerie
Nationale (UIGN)
Créée en 1981, elle est capable de faire face
à des situations de prise d'otage, d'alerte à la bombe, et de
terrorisme. L'UIGN, est également chargée de la formation des
commandos de la Gendarmerie Nationale (MINDEF, Idem).
II-4-3. L'Escadron de Protection des Hautes
Personnalités (EPHP)
Il a pour mission essentielle d'assurer la
sécurité et la protection des Hautes Personnalités. Cette
mission s'effectue de deux manières : la sécurité
rapprochée, avec Garde de Corps mobile, qui peut se muer en escorte de
personnalités, et la sécurité statique des domiciles et
des biens (sécurisation des familles et des biens) (MINDEF,
Idem).
II-4-4. Le Groupe de Sécurité
Aéroportuaire (GSA)
Cette unité a été créée le
1er septembre 1990. Sa mission consiste en la mise en oeuvre des mesures de
sûreté et de sécurité sur toute l'étendue de
l'Aéroport International Félix Houphouët Boigny d'Abidjan et
des quartiers périphériques de celui-ci (MINDEF,
Idem).
II-4-5. Le Groupe de Sécurité Portuaire
(GSP)
Il a été créé le 03 juin 1992 pour
répondre au besoin spécifique d'assurer la sécurité
de la zone portuaire (MINDEF, Idem).
60
II-5. L'INSPECTION GENERALE DE LA GENDARMERIE NATIONALE
61
La loi portant organisation de la Défense et des FACI
(2016)9, définit la mission de L'IGGN. L'IGGN a pour mission
d'inspecter l'ensemble des formations, structures et services du CSGN, de la
Gendarmerie Territoriale, de la Gendarmerie Mobile, des Unités
spécialisées de la Gendarmerie et d'en contrôler la
capacité opérationnelle.
L'IGGN est chargée notamment, de s'assurer que la
Gendarmerie Nationale peut accomplir toutes les missions susceptibles de lui
être confiées et de proposer toutes les mesures nécessaires
à cet effet, de renseigner le MINDEF sur la situation
générale de la Gendarmerie Nationale et sur ses besoins
particuliers, de procéder, soit sur instruction du Ministre
chargé de la défense, soit de sa propre initiative, à des
études ou à des enquêtes. L'IGGN, placée sous
l'autorité du Ministre chargé de la Défense, est
dirigée par un Inspecteur Général. Elle comprend un
ensemble d'Inspecteurs dont le nombre et les attributions sont fixés par
décret. L'inspecteur Général ainsi que les Inspecteurs de
la Gendarmerie Nationale sont nommés par décret.
II-6. LES ECOLES DE FORMATION
Pour la formation de son personnel, la Gendarmerie Nationale
dispose de deux écoles à savoir l'EGA et l'EGT. Pour être
candidats aux concours d'entrée à la Gendarmerie, il faut
être de Nationalité Ivoirienne, être âgé de 18
ans au moins et de 25 ans au plus tard le 31 décembre de l'année
en cours, avoir une taille d'au moins 1.68m sous la toise pour les deux sexes,
être célibataire, être titulaire du BEPC, BAC ou d'un
diplôme équivalent reconnu par le Ministère de
l'éducation nationale ou de l'enseignement technique, jouir de ses
droits civiques et être de bonne moralité (Ministère en
charge de la Défense [MINDEF], 2017).
Le concours se déroule en trois étapes qui
correspondent à des épreuves éliminatoires. Il s'agit de
la présélection qui vise à tester la capacité des
candidats en orthographe et grammaire, de la visite médicale dont le but
est la recherche d'affections incompatibles avec le métier de Gendarme,
et la sélection a proprement parlé qui combine des
épreuves physiques et écrites dont les buts respectifs sont la
recherche et l'aptitude physique et l'appréciation du niveau de culture
(MINDEF, Idem).
II-6-1. L'Ecole de Gendarmerie d'Abidjan (EGA)
9 La loi 2016-414 du 15 juin 2016 portant organisation
de la Défense et des FACI, article 39
62
L'EGA, créée par la loi N°61-209 du 12 juin
1961, est située à Cocody sur le Boulevard François
Mitterrand, route de Bingerville. Elle assure la formation des
Officiers-Elèves sur une période d'un (01) an, au C.A.O.G.N,
depuis 1972 et la formation des Élèves sous-officiers pendant
deux(2) années. Elle assure également la formation permanente des
cadres par l'organisation de stages et d'examens professionnels. Il s'agit
entre autres des stages d'Officier de Police Judiciaire (OPJ), de Brevet
Technique de Gendarmerie Territoriale (BTGT) et le Brevet Technique de
Gendarmerie Mobile (BTGM). L'EGA forme par ailleurs certains cadres
d'organismes paramilitaires (Ministère de la Défense [MINDEF],
2017).
Après les quatre (04) premiers officiers
féminins formés d'octobre 2014 à juillet 2015, l'EGA a
enregistré depuis le 07 janvier 2016 l'arrivée de la
première promotion de sous-officiers féminins forte de 18 jeunes
femmes qui ont prêté serment le 24 juillet 2017. Elle a
reçu les 1er et 2ème prix d'excellence, respectivement
en 2014 et 2015 (Ministère en charge de la Défense [MINDEF],
2017).
II-6-2. L'Ecole de Gendarmerie de Toroguhé (EGT)
L'EGT est située à 7 kilomètres de Daloa,
sur l'axe Daloa-Vavoua et est implantée sur le site du village de
Toroguhé. Elle a ouvert ses portes, le 28 novembre 1998, aux
Elèves Gendarmes de la première année. Et c'est seulement
à la rentrée 2003-2004, que l'école est devenue autonome,
avec les deux cycles de formation (première et deuxième
année). L'EGT est chargée de la formation des sous-officiers de
la Gendarmerie Nationale en deux(2) ans (MINDEF, Idem).
Après deux années de formation, les premiers
sous-officiers féminins, au nombre de 16, ont prêté serment
le 27 juillet 2017. Le 1erprix de la meilleure école
militaire lors de l'édition de 2015 du prix d'excellence est revenu
à Toroguhé (MINDEF, Idem).
63
TROISIEME PARTIE : CONTRAINTES
LIEES A LA PRISE EN COMPTE DU
GENRE DANS LA REFORME DE LA
GENDARMERIE NATIONALE DE COTE
D'IVOIRE
64
CHAPITRE 1 : CADRE DE MISE EN OEUVRE DE LA REFORME DE LA
GENDARMERIE NATIONALE INTEGRANT LE GENRE
La réforme de la Gendarmerie Nationale intervient dans
un contexte global de RSS en Côte d'Ivoire. En effet, la Stratégie
de la RSS en Côte d'Ivoire se base sur une redéfinition de la
notion de sécurité qui était axée sur l'Etat et ses
symboles pour désormais avoir un caractère holistique,
c'est-à-dire traitant des aspects transversaux tels que le Genre et les
ressources humaines dans les institutions de sécurité. Cette
réforme vise la transformation de l'institution, en vue de la rendre
représentative en termes de Genre. Il s'agit de la mise en oeuvre de la
vision du Président de la République, chef suprême des
Armées de Côte d'Ivoire, qui est celle de faire de toutes les
institutions de sécurités, des institutions prenant en compte la
dimension Genre (Conseil National de Sécurité [CNS], 2012).
Par ailleurs, la Côte d'Ivoire a trouvé dans
cette nouvelle orientation de la politique de sécurité « le
moment de renforcer en chaque ivoirienne et en chaque ivoirien le sentiment
d'appartenance à son pays, le sentiment d'être défendu et
protégé par son pays et aussi le sentiment de défendre et
de protéger » (CNS, 2012, p.16).
Les précisions opérationnelles de la
stratégie de RSS sont contenues dans la stratégie de
sécurité nationale10. Cette dernière fixe les
objectifs immédiats à atteindre pour chaque composante des Forces
Armées et des Forces de sécurité intérieure.
En ce qui concerne la Gendarmerie Nationale, il s'agit d'une
institution stable et bien organisée, qui a relativement moins souffert
des années de crise que la Police Nationale, certainement grâce
à ses fondements militaires. Cependant, elle mérite
également d'être réexaminée en reconsidérant
son centralisme excessif, la grande faiblesse de ses moyens actuels et sa
dépendance infrastructurelle (Conseil National de Sécurité
[CNS], 2014).
La Gendarmerie Nationale est une force sous statut militaire
qui relève du MINDEF pour ce qui concerne son budget et son emploi dans
ses aspects militaires. Compte tenu de ce statut, les personnels de la
Gendarmerie sont soumis aux mêmes règlements11 que les
personnels des forces armées, augmentés d'une sujétion de
police due à leurs missions particulières (cf.
10 Document de stratégie de
Sécurité Nationale adopté par le Conseil National de
Sécurité en 2014. 11Loi 2016-1109 du 08
décembre 2016 portant code de la fonction militaire
65
p.39), et à l'obligation de vivre en caserne pour
assurer leur réactivité. Toutefois, tenant compte de l'obligation
de résider au sein des casernes dédiés, les gendarmes,
célibataires ou mariés, doivent pourvoir bénéficier
de logements décents et adaptés, répondant à leur
besoins aussi bien individuels que professionnels. D'autres
spécificités relatives par exemple aux congés de
maternité, aux infrastructures d'accueil, aux services de santé,
etc. sont des actions visées par la réforme de la Gendarmerie
(Ministère en charge de la Défense [MINDEF], 2017).
Avec un effectif de 18 746 officiers et gendarmes en 2016, la
LPM prévoit à son terme, un total de 20 000 personnels afin de
disposer d'effectif répartis selon un ratio de 1 pour 1000 habitants
dans sa zone de compétence et de 1 pour 10 000 habitants en zone
étatisée. Avec un personnel divisé exclusivement en deux
(2) catégories : officiers et sous-officiers, la Gendarmerie est
désormais une force professionnelle au recrutement mixte (MINDEF,
Idem).
Tableau 2 : Programmation des effectifs de la Gendarmerie
Nationale pour la période 20152020
Années
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
2019
|
2020
|
Total
|
Effectifs en début
d'année
|
18 565
|
18700
|
1896
0
|
19220
|
19480
|
19740
|
|
retraites
|
240
|
250
|
250
|
250
|
250
|
250
|
|
Pertes naturelles
|
40
|
40
|
40
|
40
|
40
|
40
|
|
Départ volontaire
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
|
recrutements
|
EOA
|
15
|
15
|
15
|
15
|
15
|
15
|
|
Elèves S/O
|
400
|
535
|
535
|
535
|
535
|
535
|
|
Effectifs en fin d'année
|
18700
|
18960
|
1922
0
|
19480
|
19740
|
20000
|
|
Variation des effectifs
de la Gendarmerie Nationale
|
135
|
260
|
260
|
260
|
260
|
260
|
1435
|
Source : Rapport annexe de la LPM, 2016
66
CHAPITRE 2 : PRINCIPES ET CRITERES DE PRISE EN COMPTE DE
LA DIMENSION GENRE DANS LES REFORMES DES ISS
II-1. PRINCIPES DE LA PRISE EN COMPTE DE LA DIMENSION
GENRE DANS LES REFORMES DES ISS
L'intégration du Genre dans les institutions du secteur
de la sécurité représente premièrement une question
de droit et de respect des engagements pris au regard des textes nationaux, y
compris la constitution et les textes internationaux traitant de la protection
des droits fondamentaux des femmes et de la promotion de
l'égalité des sexes, endossés par la Côte d'ivoire.
Ainsi, dans le cadre du processus de la RSS, l'intégration des
perspectives de Genre constitue un objectif indispensable pour la
transformation effective des institutions sécuritaires et la promotion
d'une sécurité qui intègre les besoins sécuritaires
spécifiques de chaque catégorie de la population pour mieux y
répondre (Pépé, 2016).
La transformation des institutions du Secteur de la
sécurité pour les rendre sensibles au Genre est une mesure qui
« permet à notre pays de se mettre au niveau des standards
internationaux en la matière» (Secrétariat
Général du Gouvernement [SGG], 2014, p.5).
Il convient avant tout de noter que «
l'intégration du Genre» est lui-même un des principes
directeurs retenu dans la stratégie de la RSS12 en Côte
d'Ivoire. Cette stratégie fait de l'intégration effective du
Genre et la responsabilisation des femmes ainsi que des catégories
traditionnelles anciennement exclues de toutes les composantes du secteur de la
sécurité, les objectifs de la réforme (Conseil National de
Sécurité [CNS], 2012).
C'est pourquoi au nombre des 108 réformes (Cf. annexe
3) adoptées dans la stratégie, figure celle visant à
« Intégrer la dimension Genre dans toutes les activités
liées à la transformation et la gestion des institutions du
secteur de la sécurité »13.
Il s'agit donc d'une approche structurelle à
intégrer le long du processus de conception, de mise en oeuvre et de
suivi et évaluation des politiques RSS ; la dimension Genre au sein des
ISS est donc transversale et constitue l'une des composantes importantes de la
réforme.
12 Stratégie de RSS de la Côte d'Ivoire
adopté en 2012
13 Réforme N°101 de la Stratégie
Nationale de RSS
67
La question réside de ce fait dans la façon de
s'y prendre, en d'autres termes il s'agira de déterminer les principes
sur lesquels devrait reposer cette intégration.
II-1-1. L'égalité des Genres
L'égalité des Genres est une norme
internationale qui établit l'égalité d'accès aux
opportunités et aux ressources pour les femmes et les hommes, sans
considération de leur identité de Genre ou de leur sexe de
naissance (Centre for the Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2015).
La quête de l'égalité entre les sexes est
inscrite dans plusieurs déclarations, engagements et cadres de
développement internationaux et régionaux auxquels la plupart des
pays africains dont la Côte d'ivoire sont signataires. Ces derniers
fournissent des mandats pour favoriser une plus grande égalité
entre les sexes. Il s'agit notamment de la Convention des Nations Unies sur
l'élimination de toutes les formes de discrimination à
l'égard des femmes (1979), du Programme d'Action de Beijing (1995), et
du Programme de développement durable (2015) (Nations Unis, 2016).
Dans le contexte du secteur de la sécurité,
prendre en compte l'égalité entre les Genres assurerait le
renforcement de la prestation, de la gestion et du contrôle des services
de sécurité (DCAF, Idem).
Les efforts dans les processus de réforme de la
défense envers l'égalité des sexes, supposent d'offrir les
mêmes chances aux hommes et aux femmes. Ce qui conduit à
réduire dans les armées les inégalités entre hommes
et femmes en matière de recrutement, de promotion et de composition des
forces (Centre for the Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2008).
Il est bon de mentionner que la Constitution ivoirienne du 8
novembre 2016 consacre le principe d'égalité entre homme et femme
(Groupe de la Banque Mondiale, 2017). Ainsi, toutes les politiques et autres
stratégies conduites pat l'Etat ivoirien doivent se faire dans «
l'esprit» de la constitution.
Par railleurs le document de politique nationale sur
l'égalité des chances, l'équité et le Genre
adopté en 2009, qui définit les politiques nationales ivoirienne
sur l'égalité des chances et l'égalité des sexes,
est également un outil sur lequel doit reposer les efforts visant
l'intégration du Genre.
68
II-1-2. La non-discrimination
L'Assemblée générale des Nations Unies a
adopté le 18 décembre 1979, la Convention sur
l'élimination de toutes les formes de discrimination à
l'égard des femmes.
Cette Convention a pour objet de de prévenir la
discrimination à l'égard des femmes et de garantir
l'émancipation et le plein épanouissement de celles-ci.
Le DCAF (2011) indique sur la base de ce principe que les
institutions de défense, dont les ministères et les forces
armées, doivent assurer, sur la base de l'égalité de
l'homme et de la femme, le droit aux mêmes possibilités
d'emploi.
II-1-3. La participation effective des femmes
La participation effective est un principe important de la
Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies
sur les femmes, la paix et la sécurité qui veut que la femme
participe sur un pied d'égalité à tous les efforts visant
à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité
et qu'elles y soient pleinement associées.
Ce principe est repris dans la stratégie de RSS qui
prévoit l'adoption d'une politique de promotion de la femme,
basée sur une participation effective de celle-ci dans les institutions
chargées de la sécurité et de la défense (Conseil
National de Sécurité [CNS], 2012).
II-1-4. La responsabilisation
Tout comme la participation, la responsabilisation est un
principe important dans la prise en compte de la dimension Genre. La
Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies
sur les femmes, la paix et la sécurité précise «
&qu'il convient de les [femmes] faire participer davantage aux
décisions prises en vue de la prévention et du règlement
des différends »14.
De même, le Programme d'action de Beijing15
dresse le constat suivant: «Bien que les femmes commencent à jouer
un rôle important dans le règlement des conflits, dans le maintien
de la paix, au sein des mécanismes de défense et dans les
affaires étrangères, elles
14 Préambule de la Résolution 1325 du
Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et
la sécurité du 31 octobre 2000 précise dans son
préambule, p.1
15 Quatrième Conférence mondiale sur les
femmes, Déclaration et Programme d'action de Beijing A/CONF.177/20
(1995) et A/CONF.177/20/Add.1 adopté le 15 septembre 1995
69
sont toujours sous-représentées aux postes de
responsabilité. Pour pouvoir jouer un rôle égal à
celui des hommes, dans l'établissement et le maintien de la paix, les
femmes doivent avoir plus de pouvoir politique et économique et
être suffisamment représentées à tous les niveaux de
la prise de décisions.»16 (par. 134).
Ce constat établit la nécessité d'inclure
les femmes à tous les niveaux des processus de gestion et de
réforme de la défense.
Le principe de la responsabilisation est pris en compte dans
la stratégie de RSS en Côte d'Ivoire. L'une des réformes
adoptée dans cette stratégie visant la promotion du Genre a pour
objectif d'assurer « &la participation et la responsabilisation
effectives du personnel féminin au sein des institutions chargées
de la sécurité et de la défense »17.
II-1-5. La transparence et le contrôle
La discrimination, le harcèlement, l'intimidation et
les violences portent atteinte non seulement aux droits des victimes, mais sont
aussi préjudiciables à la discipline et au moral du personnel des
forces armées, et par conséquent à l'efficacité
opérationnelle. Pour prévenir cette situation, des
mécanismes de contrôle doivent être mis en place au sein des
ISS et à l'extérieur de celles-ci, pour développer un
environnement sain, sûr, où les droits des hommes et des femmes
sont respectés. Ceci pour assurer des services efficaces, capables de
répondre aux exigences des besoins militaires actuels. Ces
mécanismes doivent inciter tant le personnel que l'institution
elle-même à intégrer une perspective de Genre. Aussi, ces
mécanismes de contrôle doivent-ils fonctionner de manière
à parvenir à une promotion optimale de la transparence et la
protection des droits humains du personnel des forces armées, tout en
préservant l'efficacité et de la discipline militaire (Centre for
the Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2014).
II-1-6. Un environnement socioculturel, juridique et
institutionnel sexo-spécifique
Les Institutions du secteur de la sécurité
doivent pouvoir créer en leur sein un environnement socioculturel,
juridique et institutionnel favorable à l'équité et
à l'égalité de Genre, aussi bien
16 Quatrième Conférence mondiale sur les
femmes, Déclaration et Programme d'action de Beijing A/CONF.177/20
(1995) et A/CONF.177/20/Add.1 adopté le 15 septembre 1995
17 Réforme N°20 de la Stratégie
Nationale de Réforme du Secteur de la Sécurité
70
pour leur personnel, que pour les bénéficiaires
que sont les populations dans leurs diversités (Pépé,
2016).
II-1-7. Des Infrastructures et Equipements
adaptés
Les ISS doivent offrirent systématiquement des
infrastructures et des équipements distincts aux femmes et aux hommes,
tels que des logements et des salles de bains, et leur fournir des uniformes
adaptés.
L'Etude du DCAF (2011) sur la prise en compte
systématique du Genre dans les ISS des pays de la CEDEAO,
révèle que le manque d'infrastructures distinctes dans la police
du Togo et des forces armées Capverdiennes et Ivoiriennes constitue un
problème pour le personnel féminin ; de même que pour les
forces armées sénégalaises, cela a contribué
à freiner le recrutement de personnel féminin.
II-1-8. La représentativité
L'intégration effective du Genre dans les effectifs et
les missions dévolues aux forces de sécurité et de
défense est importante afin que toutes les catégories sociales,
toutes les populations, quelles que soient leur spécificité,
puissent se reconnaitre dans les forces armées, et prendre une part
à la sécurité de tous et pour tous (Pépé,
2016).
La représentativité au sein de la Gendarmerie
aura un impact significatif au niveau de l'amélioration de
l'efficacité opérationnelle. Alors que la Gendarmerie effectue
également des services de Police, elle est par exemple limitée au
niveau de la fouille corporelle. Pour de tels services la Gendarmerie avait
recours à l'assistance des femmes au sein de la population. Ainsi, la
présence des femmes au sein de cette institution viendra pallier ces
types d'insuffisances.
71
II-2. CRITERES DE PRISE EN COMPTE DE LA DIMENSION GENRE
DANS LES REFORMES DES ISS
Les critères de prise en compte de la dimension Genre
dans les réformes des institutions du secteur de la
sécurité se réfèrent dans le cadre de nos
recherches aux indicateurs sensibles à l'intégration du Genre.
Ces indicateurs se basent sur les principes identifiés, de prise en
compte de Genre dans les ISS.
Le DCAF (2011) dans le cadre de l'Etude de la prise en compte
de l'intégration du Genre dans les ISS des pays de la CEDEAO, mentionne
que:
Les indicateurs sélectionnés permettent
d'établir si les forces armées et la gendarmerie des pays
étudiés disposent de politiques, de procédures, de
structures institutionnelles, de personnel, de la formation et des
mécanismes de contrôle qui permettent de systématiser la
prise en compte du genre (p.24).
Les recherches effectuées dans le cadre de notre
recherche nous a permis d'identifier 5 domaines clés de
répartition des indicateurs de la systématisation de la prise en
compte du Genre : politiques et procédures, structure institutionnelle,
personnel, formation et contrôle interne/externe.
II-2-1. Les indicateurs de politiques et
procédures
Les indicateurs de politiques et procédure permettent
de s'assurer de la prise en compte des besoins spécifiques des hommes et
des femmes, se basant sur la présence de politiques et procédures
institutionnelles sur l'égalité des sexes, sur le
harcèlement sexuel, sur la conduite, etc. (Centre for the Democratic
Control of Armed Forces [DCAF], 2011).
Le DCAF énumère un certain nombre d'indicateurs
de politiques et procédures. Nous notons par exemple, l'existence d'une
politique institutionnelle sur le Genre et/ou de politiques prenant
spécifiquement en compte les besoins différents des hommes et des
femmes appartenant au staff ainsi que les différents besoins
sécuritaires des femmes et des hommes bénéficiaires des
services de la Gendarmerie; l'existence d'une politique institutionnelle
d'égalité des sexes, l'existence d'une politique sur le
harcèlement sexuel et/ou d'une politique de EES ; l'existence d'un code
de conduite sexospécifique ; l'existence de politiques actuelles des
ressources humaines sur le mariage, la grossesse, les soins de santé et
les heures de travail
72
pour le personnel masculin et féminin et l'existence de
politiques des ressources humaines spécifiant que le personnel
féminin et masculin et leurs familles ont droit aux mêmes
avantages tels que les soins de santé, et la retraite (Centre for the
Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2011).
II-2-2. Les indicateurs de structures institutionnelles
Ces indicateurs se rapportent aux structures en vue de
favoriser et de contrôler la mise en oeuvre des politiques et des
procédures sur le Genre, comme des responsables des questions relatives
au Genre, des unités sur la violence familiale ou encore des groupes de
travail conjoints sur la violence sexiste (DCAF, Idem).
Les exemples d'indicateurs de mesure des structures
institutionnelles peuvent être: l'existence de structures
institutionnelles internes telles que les points focaux en matière de
Genre, les commissions d'égalité des chances, etc., l'existence
de structures institutionnelles d'égalité des sexes extroverties
pour les questions de violence conjugale, de violence à l'égard
des femmes et l'existence d'une collaboration formelle ou informelle avec les
organisations féminines non-gouvernementales, par exemple à
travers un système de consultation établit (DCAF,
Idem).
II-2-3. Les indicateurs de personnel
Les indicateurs portant sur le personnel pourraient se
rapporter aux nombres, aux postes et aux grades actuels du personnel masculin
et féminin. Ils pourraient également indiquer quelles mesures
spécifiques sont en place pour accroître le recrutement, la
rétention et l'avancement des femmes et prennent en compte les
politiques de ressources humaines, les infrastructures, les équipements
et matériels actuels (DCAF, Idem).
Comme exemples d'indicateurs de personnel, nous avons le
nombre d'hommes et de femmes, le nombre d'hommes et de femmes au niveau de
cadre supérieur par rapport au niveau d'embauche, la proportion de
femmes dans les unités opérationnelles, le nombre d'unités
interdites aux femmes, le taux des départs volontaires selon les sexes,
l'existence de plafonds chiffrés ou de pourcentage de recrutement des
femmes, l'existence d'une procédure d'enquête de
sécurité incluant la violence sexiste, le nombre de
postes/unités excluant les femmes,
73
l'existence de mesures spécifiques établies pour
améliorer le recrutement, la rétention et l'avancement des
femmes, l'existence d'une association du personnel féminin, entre autre
(Centre for the Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2011).
II-2-4. Les indicateurs de formation
Ces indicateurs permettent de prévoir une formation
à la prise en compte des sexospécificités, aux
conséquences sexospécifiques des conflits et à
l'égalité des sexes à tous les échelons du
personnel. Les bénéficiaires doivent connaître la question
des sexospécificités, savoir pourquoi elle est importante et en
quoi l'égalité des sexes améliore la performance des
forces de défense (DCAF, Idem).
Pour l'évaluation de la formation, le DCAF fait appel
à des indicateurs tels que le nombre et le type de personnel ayant suivi
la formation sur le Genre, les types de formation sur le Genre ouvert au
personnel et traitant de la prise en compte des sexospécificités,
du harcèlement sexuel, de l'exploitation et l'abus sexuels, de la
violence conjugale, etc. (DCAF, Idem).
II-2-5. Les indicateurs des mécanismes de
contrôle
Les indicateurs sur le contrôle évaluent le
niveau d'intégration du Genre par les structures de contrôle
interne et externe, telles que les unités de discipline interne, les
commissions nationales des droits humains et les Organisations de la
société civiles (DCAF, Idem).
Plusieurs indicateurs peuvent être employés pour
la mesure des mécanismes de contrôle : il s'agit de l'existence de
mécanismes ou organismes internes de supervision ayant mandat pour
enquêter sur les questions relatives à l'égalité des
sexes notamment, la discrimination, le harcèlement et la violence
sexiste. Il s'agit également de l'existence de mécanismes ou
organismes externes de supervision tels que les bureaux de médiation ou
les commissions des droits de l'homme ayant pour mission d'enquêter sur
les questions relatives à l'égalité des sexes telles que
la discrimination, le harcèlement et la violence sexiste; de même,
l'existence d'une procédure de signalement et de sanction du
harcèlement sexuel ou autre violence sexiste perpétrée
contre les collègues et les civils; nous notons enfin le nombre de
signalements de harcèlement sexuel ou autre violence sexiste durant
l'année écoulée, le nombre de signalements de
harcèlement sexuel ou autre violence sexiste enquêtés, le
nombre
74
de membres du personnel sanctionnés pour
harcèlement sexuel ou autres violences sexistes (Centre for the
Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2011).
75
CHAPITRE 3 : OBSTACLES LIES A LA PRISE EN COMPTE DE LA
DIMENSION GENRE DANS LA REFORME DE LA GENDARMERIE NATIONALE
L'approche employée pour identifier les obstacles a
consisté à identifier les écarts entre les principes et
les critères d'une part et l'Etat de mise en oeuvre de la réforme
de la Gendarmerie Nationale.
Notre étude étant circonscrite à la
gestion du personnel, notamment dans la politique d'affectation et d'emploi du
personnel de la Gendarmerie, l'indicateur retenue pour mesurer l'écart
dans l'application de la prise en compte de la dimension Genre dans la
politique d'emploi du personnel féminin de la Gendarmerie Nationale est
l'indicateur de personnel.
Les principes et critères d'intégration du Genre
dans les ISS étant désormais connus, il nous est revenu de faire
l'état des lieux de l'intégration du Genre dans la réforme
de la Gendarmerie Nationale.
III-1. ETAT DES LIEUX DE L'INTEGRATION DU GENRE DANS
LA REFORME DE LA GENDARMERIE NATIONALE
III-1-1. Recrutement et effectif du personnel
féminin
L'adoption de la Communication en Conseil des Ministres du 14
mai 2014, relative au recrutement des femmes à la Gendarmerie Nationale
a permis l'entrée des premières femmes depuis la rentrée
scolaire 2015-2016. Cette mesure assortie d'un quota de 10%,
réservé aux femmes, concerne tant les officiers que les
sous-officiers (Secrétariat Général du Gouvernement [SGG],
2014).
Au moment de nos enquêtes, la Gendarmerie Nationale
compte soixante-sept (67) femmes avec un effectif opérationnel de
trente-neuf (39) femmes et vingt-huit (28) élèves femmes en cours
de formation.
D'abord, les premières femmes de la Gendarmerie
à être recrutées sont des officiers, au nombre de quatre
(4) ; elles sont toutes de la promotion 2014-2015. Ensuite, le premier
recrutement des sous-officiers a permis d'intégrer trente-six (35)
femmes issues d'une
76
promotion de trois cent quatre-vingt-dix-huit (398)
élèves sous-officiers. Elles ont été reparties
équitablement et formées dans les deux écoles de la
Gendarmerie; soit dix-huit (18) formées à l'EGA et dix-huit (18)
autres formées à l'EGT. Ces dernières sont de la promotion
2015-2017.
Une autre promotion (2016-2018) de vingt-six(26) femmes, plus
celle de la promotion 20152017 jugée inapte, donc au total vingt-sept
femmes, est en cours de formation. Enfin, un élève officier fait
son C.A.O.G.N au Sénégal.
En sommes, il y'a quatre (4) officiers femmes de la promotion
2014-2015, trente-cinq (35) femmes sous-officiers de la promotion 2015-2017 qui
sont sorties de formation, un (1) officier féminin en cours
d'application et vingt-sept (27) élèves sous-officiers en
formation.
III-1-2. Formation du personnel féminin
III-1-2-1. Modules spécifiques et durée de la
formation
III-1-2-1-1. Modules spécifiques
L. Bakayoko18 (communication personnelle, 22
novembre 2017) explique qu'aucun module spécifique n'a été
ajouté pour tenir compte de la présence des femmes. La
spécificité au niveau de la formation a été
l'instauration d'un barème au niveau du sport.
III-1-2-1-2. Durée
Tous les officiers militaires (Armées ou Gendarmes) ont
une formation commune de base de deux (2) ans; il s'agit d'un (1) an de
formation militaire et d'un (1) an de formation professionnelle. Une
année d'application C.A.O.G.N) à la Gendarmerie est
nécessaire pour compléter la formation d'officier Gendarme. En
effet, cette formation peut se faire à l'Ecole de Gendarmerie d'Abidjan
ou dans un autre pays.
18 Commandant Ecole de la Gendarmerie d'Abidjan
77
III-1-2-2. Infrastructures de formation
Des infrastructures spécifiques (dortoirs et toilettes
pour femmes) ont été construites dans les deux (2) écoles
pour accueillir les élèves femmes.
L. Bakayoko (communication personnelle, idem) le
précise en disant que « Pour l'heure la capacité
d'accueil de ces infrastructures est satisfaisante ».
Le taux de recrutement actuel n'est pas forcément
lié aux infrastructures, car explique-t-il, en amont, toute la politique
de planification est organisée dans la LMP. Il faut également
tenir compte des salaires, car même si on peut recruter et former du
personnel, il faut aussi avoir la capacité de les
rémunérer, d'où la nécessité de la
planification. Il ajoutera par ailleurs que les femmes ne se bousculent pas au
niveau des concours et une autre réalité est aussi celle des
besoins en termes d'emploi, car les effectifs à recruter
dépendent des besoins en personnels.
III-1-2-3. Encadrement
Pour tenir compte de la présence des femmes au sein des
écoles, le personnel d'encadrement et de formation a été
renforcé par les quatre (4) femmes officiers. Les officiers
féminins ont été répartis équitablement dans
les écoles: deux à Abidjan et deux à Toroguhé, pour
servir de tuteurs et d'encadreurs pour les élèves femmes pendant
leur formation.
III-1-2-4. Politique de formation
Les officiers féminins sont issus des effectifs des
Armées et ont, deux années de formation requises; un an de
formation militaire pour apprendre le combat et l'art de la guerre et un an de
formation professionnelle sur des matières de police administrative,
judiciaire de droit et de procédure pénale. Les modules de
formation professionnelle sont souvent dispensés par des civils (des
magistrats par exemple).
L. Bakayoko19 (communication personnelle, 22
novembre 2017) au sujet de l'aptitude des élèves gendarmes au
sorti de leur formation, confiait que le gendarme qui sort, à le
minimum
19 Commandant Ecole de la Gendarmerie d'Abidjan
pour servir dans l'une ou l'autre des divisions principales de
la Gendarmerie, à savoir la Gendarmerie
départementale20 ou la division mobile.
Selon lui, la troisième division de la Gendarmerie (les
unités spécialisées) découle de la division mobile,
à la différence que celle-ci met l'accent sur les
spécialités (Cf. titre 2.4, p.47). Il a également fait
noter qu'au niveau de la division départementale il y'a des
spécialités, par exemple en matière de procédures
judiciaires.
De façon générale les gendarmes qui
sortent sont orientés dans les unités mobiles, dans les escadrons
où ils prennent leurs armes et font le maintien de l'ordre de
façon encadrée.
III-1-2-5. Aptitude pendant la formation
Toutes les femmes sorties d'école ont été
jugées dans l'ensemble aptes; en effet sur les trente-six (36) femmes de
la première promotion de sous-officiers, seule une (1) a
été jugée inapte. Toutefois pour tenir compte de leur
morphologie, un barème a été mis en place au niveau des
exercices sportifs.
A ce sujet, L. Bakayoko21 (communication
personnelle, 22 novembre 2017) précise que l'idée n'est pas de
faire d'elles des hommes, ou même des femmes avec une corpulence d'homme,
mais des gendarmes avec des aptitudes et des qualités pour servir
à la Gendarmerie.
Il a ajouté qu'au niveau de la Gendarmerie, la
formation n'est pas axée que sur l'aptitude physique; il en a voulu pour
preuve que les aptitudes physiques, même au niveau des hommes, varient
d'un homme à un autre.
78
III-1-2-6. Mesures spécifiques contre les abus et
les harcèlements sexuels pendant la formation
20 Devenue « Gendarmerie territoriale » dans
la nouvelle appellation
21 Commandant Ecole de la Gendarmerie d'Abidjan
79
Une note de service portant interdiction d'actes de
harcèlement ou d'abus sexuel à l'égard des
élèves a été prise.
C'est ce qu'affirme L. Bakayoko (communication personnelle,
Idem) en notant qu'aucune sanction pour autant, n'a été
prise dans ce sens, car à ce jour aucun cas d'abus ou de
harcèlement sexuel n'a été enregistré.
III-1-2-7. Difficultés liées à la
formation
Aucune difficulté majeure n'a été
enregistrée pendant la formation des élèves femmes.
Toutefois, explique L. Bakayoko (communication personnelle, Idem)
certaines équations nouvelles seront à prendre en compte; par
exemple les motifs d'absence pour règles douloureuses, entre autre. Ces
réalités nouvelles, propres aux femmes et d'ailleurs naturelles,
sont à considérer, mais ne sauraient constituer une
difficulté en tant que telle pour la formation.
III-1-3. Affectation et Emploi du personnel
féminin
Les femmes sous-officiers sont toutes employées dans
les services de la Gendarmerie, auprès des grands commandements dans les
Légions et les Etats-majors à des postes administratifs. En
dehors des officiers qui servent d'encadreur dans les écoles, les
sous-officiers employés servent toutes dans des emplois
administratifs.
Toutefois relève J. Akpo22 (communication
personnelle, 25 octobre 2017), au bout de trois ans, les Gendarmes
affectés peuvent faire une demande de mutation dans un autre service.
Ces demandes devront être approuvées par la hiérarchie en
fonction des aptitudes ou des besoins d'emploi.
III-1-3-1. Droits et mesures applicables
22 Chef du Bureau Organisation et Emploi au CSGN
80
Selon R. Konan23 (Communication personnelle, 25
octobre 2017) les droits applicables, par exemple en matière de
congé de maternité, de retraite, d'allocation familiale sont ceux
du code de la fonction publique.
Il précise par la suite que des mesures internes ont
été prises, par exemple pour autoriser le mariage et la grossesse
au bout de 5 années d'exercice. Aussi, d'autres mesures de disciplines
telles que la coiffure, qui doit s'arrêter au niveau du col de la tenue,
des bijoux qui seront en boucles non pendentifs par exemples ont
été prises. Au niveau du vestimentaire, la tenue des femmes est
adaptée. Toujours à ce niveau, des mesures d'accompagnement
suivront pour prendre en compte les sous-vêtements ou les chaussures par
exemple).
Au sujet des opérationnels, R. Konan (Communication
personnelle, 22 novembre 2017) souligne que certaines missions n'ont pas
été confiées aux femmes. En effet, explique-t-il, les
missions dans les escadrons qui exigent une certaine aptitude physique et des
conditions très difficiles d'exercices (plusieurs jours en brousse). A
ce niveau il faut noter qu'aucune discrimination n'a été faite au
niveau des femmes, d'ailleurs même au niveau des hommes nous
procédons par une sélection, compte tenu de la
spécificité de la mission.
III-1-3-2. Infrastructures de service
Au sujet des infrastructures de dans les lieux de service de
la Gendarmerie, J. Akpo24 (communication personnelle, 22 novembre
2017) relève qu'aucune infrastructure spécifique n'a
été mise en place pour l'heure. En effet, le personnel de la
Gendarmerie, femmes comme hommes, partagent par exemple, les mêmes les
toilettes.
III-2. ECARTS DANS L'APPLICATION DE LA PRISE EN COMPTE
DU GENRE DANS LA POLITIQUE D'EMPLOI DU PERSONNEL FEMININ DE LA GENDARMERIE
NATIONALE
23 Chef du Bureau Ressources Humaines au CSGN
24 Chef du Bureau Organisation et Emploi au CSGN
81
Les données collectées révèlent
que les femmes ont été recrutées et formées dans
les mêmes conditions que leurs frères d'armes masculins.
Alors que la plupart des hommes issus de la même
promotion que les femmes sont affectés à des postes
opérationnels, les femmes quant à elles sont affectées
à des emplois de soutien (administratif, encadrement).
Ce constat traduit une volonté manifeste de faire un
traitement différencié dans l'emploi du personnel sur la base du
sexe.
Cette situation est contraire aux principes et critères
d'intégration du Genre dans les institutions du secteur de la
sécurité et discrimine une catégorie du personnel,
notamment les officiers et sous-officiers féminins, sur la base du
sexe.
La politique d'emploi de la Gendarmerie Nationale fait
naître des disparités entre les sexes au sein du personnel dans le
processus d'intégration du Genre.
Ces disparités constituent des obstacles à une
intégration effective de la dimension Genre dans la réforme de la
Gendarmerie Nationale.
82
CHAPITRE 4 : ANALYSE DES ECARTS LIES A LA PRISE EN COMPTE
DE LA DIMENSION GENRE DANS LA REFORME DE LA GENDARMERIE NATIONALE
IV-1. ANALYSE FFOM DE LA REFORME DE LA GENDARMERIE
Le but de l'analyse FFOM de la réforme de la
Gendarmerie Nationale prenant en compte le Genre, est d'examiné dans
cette réforme de la Gendarmerie, à la fois les facteurs internes
et externes au processus d'intégration du Genre, en maximisant les
potentiels des forces et des opportunités et en minimisant les effets
des faiblesses et des menaces.
Le tableau (Cf. Tableau 4) reprend les forces, faiblesses,
opportunités et menaces identifiées dans la réforme de la
Gendarmerie:
Tableau 4 : Tableau FFOM de l'intégration du Genre
à la Gendarmerie Nationale
FORCES
|
FAIBLESSES
|
- Entrée effective du personnel féminin
|
- Proportion de femme très faible: l'effectif
|
dans l'institution;
|
total des officiers et sous-officiers féminin
|
- Mise en place d'infrastructures adaptées
|
constitue 0,02% de l'ensemble du
|
dans les Ecoles de formations de la
|
personnel;
|
Gendarmerie;
|
- Toutes les femmes recrutées et formées
|
- Etablissement de quota (10%) pour
|
occupent des postes administratifs non
|
accroitre le recrutement du personnel
|
opérationnels;
|
féminin;
|
- Absence de formation spécifique sur la
|
- Existence d'une Inspection Générale de la
|
thématique de l'égalité du Genre dans
les
|
Gendarmerie Nationale qui a pour mission
|
modules de formation dans les Ecoles de la
|
d'inspecter l'ensemble des formations,
structures et services de la Gendarmerie;
|
Gendarmerie;
- Infrastructures sexo-pécifiques (notamment
|
- Les officiers féminins participent à
|
les toilettes) absentes dans les lieux de
|
l'encadrement des filles Elèves sous-
|
services;
|
officiers dans deux écoles, ce qui accroit
|
- Pas de budget spécifique au besoin de
|
la confiance de celles-ci pendant leur
|
Genre
|
formation;
|
- Absence de cellule ou point focal Genre
dans l'institution
|
- Pas de collaboration formelle ou informelle avec des
organisations de de la société civile ou le Ministère en
charge de la Femme;
- Absence de mécanisme de suivi-évaluation
spécifique au Genre
- Le système de quota peut avoir un double impact:
limité le nombre de femmes qui voudraient embrasser la carrière
militaire, discriminer certains hommes répondant aux critères.
OPPORTUNITES
- La Côte d'Ivoire est État partie aux lois et
instruments internationaux et régionaux qui appellent les Institutions
du secteur de la Sécurité à redoubler d'efforts pour
garantir l'égalité des sexes ;
- Volonté politique manifestée au plus haut
niveau pour garantir l'égalité des sexes ;
- Engagement de la haute hiérarchie militaire
- Adoption de la Réforme de la Gendarmerie à
travers la LPM et la stratégie de Réforme du Secteur de la
Sécurité;
- Adoption d'une communication en conseil des ministres en vue
de l'intégration des femmes
MENACES
- Manque d'engouement des autres femmes à la
carrière de gendarme
- Persistance des préjugés socio - culturels au
sujet du Genre;
- hostilité du personnel masculin à
l'égard du personnel féminin, poussé par le désir
de garder la tradition du caractère « masculin» de
l'institution;
- Les femmes pourraient être gagnées par le
laxisme lié à l'occupation permanente des postes de soutien
(effet accoutumance);
- Départ précipité des femmes du corps
|
83
Sources : Notre enquête, 2017
84
Le tableau FFOM indique un effort consenti par les
autorités ivoiriennes aussi bien au niveau politique que militaire pour
transformer les institutions du secteur de la sécurité en vue de
les rendre professionnel avec pour principe directeur l'intégration du
Genre; ceci dans le but de les conformer aux standards internationaux en la
matière.
L'analyse du Genre au niveau du personnel de la Gendarmerie
Nationale fait état de fortes disparités au niveau de la
politique d'affectation et d'emploi du personnel.
En effet, le personnel féminin au sein de la
Gendarmerie National est au regard de l'écart existent dans
l'application du Genre, victime de discrimination en termes de postes qui leur
sont offerts d'évolution de carrière.
L'absence de visibilité des femmes aux emplois
opérationnels a plusieurs impacts. D'abord c'est une entorse aux
principes de l'égalité et de la non-discrimination, ensuite elle
mais en mal l'engagement et la volonté politique traduite par le
Gouvernement à travers l'adoption de la stratégie de
Réforme du Secteur de la Sécurité avec
l'intégration du Genre, adopté comme un des principes
directeurs.
Par ailleurs, les femmes ne sont pas valorisées, car
à compétence égale avec leurs frères d'armes, elles
sont reléguées à des fonctions de soutiens. De même,
elles pourraient ne pas constituer des modèles pour les autres femmes
qui souhaitent embrasser la carrière militaire.
La politique d'emploi de la Gendarmerie n'est pas efficiente,
en ce sens qu'elle n'utilise pas les ressources propres de la Gendarmerie,
c'est-à-dire le personnel féminin et masculin, de façon
équitable pour satisfaire aux objectifs de la réforme.
Toutefois, nos enquêtes sur le terrain nous ont permis
d'identifier des facteurs explicatifs de cet écart.
IV-1-1. Une Phase d'observation
Tout d'abord, si les femmes ont fait preuve
d'assiduité, de discipline et de compétence pendant la formation,
le « terrain » lui, est une autre réalité. Selon
Monrique, « l'arrivée d'une personne qui vient d'être
recrutée est le plus souvent suivie, dans la sphère
professionnelle, d'une phase d'observation » (Monrique, 2004, P.41).
85
Au sujet de l'entrée récente des femmes à
la Gendarmerie, R. Konan25 (Communication personnelle, 25 octobre
2017) indique que pour l'heure, il s'agit après le recrutement des
premières femmes officiers (04) et sous-officiers (36), de voir comment
elles s'adaptent.
Les emplois de soutien, notamment les emplois administratifs
dans les Etat-major et ceux d'encadrement dans les deux écoles, ont donc
été identifiés comme un « point d'entrée
» dans les services de la Gendarmerie, pour permettre aux femmes de faire
leurs premières armes.
IV-1-2. Un effectif marginal
De plus, le développement des ressources humaines fait
face à un effectif des femmes militaires tellement réduits qu'il
est difficile de les gérer rationnellement. En effet, avec un effectif
de trente-neuf (39) femmes en poste, sur un total de 18 74626
gendarmes, elles ne constituent que 0,02% du personnel total de la Gendarmerie
Nationale.
IV-1-3. Un environnement institutionnel inadapté
La prise en compte du Genre ne se limite pas qu'à la
simple intégration des femmes dans les structures existantes et à
faire perdurer ainsi le statu quo, mais doit s'effectuer par une réforme
institutionnelle pour garantir un environnement institutionnel
véritablement soucieux de parité des sexes (Centre for the
Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2008).
L'environnement institutionnel de la Gendarmerie, au regard de
l'absence d'infrastructures spécifiques au niveau des services et une
politique de ressources humaines ainsi que des mécanismes de
contrôle peu sensibles au Genre, se mettra en place progressivement
à mesure de l'exécution des objectifs spécifiques de la
LPM. En effet, la mise en place de cet environnement propice au Genre est
fonction de l'exécution des actions prévues par la LPM (Cf.
annexe 5). D'ailleurs « une loi réorganisant la Gendarmerie et son
actuelle modernisation incluant la réforme sur le recrutement du
personnel féminin, encadrera les réformes [actions]
définies dans cette LPM » (Ministère en charge de la
Défense [MINDEF], 2016, p.30).
L'inadéquation des infrastructures de la Gendarmerie
aux besoins du personnel féminin est un défi majeur pour la
réforme. Il se fait sentir lorsqu'il s'agit d'affecter les femmes dans
les services ou structures, où les douches, toilettes, dortoirs, etc.
sont inadaptés.
25 Chef du Bureau Ressources Humaines au CSGN
26 Effectif de 2016 : source LPM (2016-2020)
86
IV-1-4. Un personnel encore inexpérimenté
pour le commandement
La Gendarmerie Nationale associe l'ancienneté, le
parcours et les compétences dans la gestion des ressources humaines et
les carrières. Le personnel féminin n'a pas encore eu le temps de
gravir tous les échelons de la hiérarchie militaire. Ce qui
explique pour l'heure l'absence des femmes dans les postes de prise de
décision.
Cependant, indiquent Alexis et Dubois (2010), l'absence des
femmes aux postes de combat pourrait engendrer l'exclusion des promotions de
haut rang dans un système qui valorise plus les performances de combat
que les rôles de soutien logistique.
La nécessité de faire intervenir les femmes dans
les unités opérationnelles est donc indispensable pour la
promotion de celles-ci aux postes de commandement.
IV-2. SYNTHESE DE L'ANALYSE
La réforme de la Gendarmerie Nationale étant
ressente, il s'agit pour l'institution de constituer une base
expérimentale à partir des effectifs féminins des
premières promotions d'officiers et de sous-officiers.
Par ailleurs, l'analyse des écarts met en
lumière plusieurs aspects de la réforme encore inexistants
notamment, la mise en place d'un environnement institutionnel sensible au
Genre. Les obstacles constatés dans la réforme de la Gendarmerie
intégrant le Genre, nécessitent une approche nouvelle.
L'approche proposée se base sur la mise en place d'un
système de suivi-évaluation pour s'assurer que les indicateurs
retenus progressent vers les objectifs de la réforme intégrant le
Genre, et partant, répondent aux normes internationales et
régionales en matière d'égalité de Genre.
Au regard des écarts constatés, les axes
stratégiques suivants devront faire l'objet de suivi et
d'évaluation de ce système:
87
- la prise en compte de la dimension Genre tant dans les
processus de recrutement que dans le développement et la gestion des
ressources humaines et plus particulièrement dans la politique
d'affectation et d'emploi du personnel féminin;
- la mise en place d'un environnement juridique et institutionnel
propice au Genre;
- la mise en place des mécanismes de contrôle
spécifiques au Genre pour prévenir tout cas de discrimination, de
harcèlement, d'intimidations et d'abus à caractère
sexiste.
88
CONCLUSION
Notre travail intitulé « contribution à la
prise en compte de la dimension Genre dans les réformes des institutions
du secteur de la sécurité en Côte d'Ivoire: cas de la
Gendarmerie Nationale» avait pour objet d'analyser les obstacles
liés à la prise en compte efficiente de la dimension Genre dans
la politique d'emploi du personnel féminin de la Gendarmerie Nationale
de Côte d'Ivoire.
Pour atteindre cet objectif, nous avons émis
l'hypothèse selon laquelle l'écart constaté dans la
politique d'emploi du personnel féminin de la Gendarmerie Nationale
était lié à l'application nouvelle de l'intégration
du Genre dans cette institution, donc en constituait une phase
expérimentale.
Notre méthodologie pour parvenir à nos
résultats, a reposé sur une revue documentaire orientée
sur les thématiques de « genre », de la «
sécurité » et de la « réforme du secteur de la
sécurité », des données recueillies au travers d'un
guide d'entretien auprès des personnes ressources des institutions de
sécurité telles que le Secrétariat du Conseil National de
Sécurité, le Ministère en charge de la Défense et
le Commandement Supérieur de la Gendarmerie Nationale, ainsi qu'un
acteur de la société civile, en l'occurrence la Fondation
SERENTI. Nous sommes parvenus aux résultats que la réforme de la
Gendarmerie Nationale intégrant le Genre, quand bien même
étant effective à travers l'entrée des premières
vagues de femmes, connait toutefois des obstacles, quant à la
façon d'employer le personnel féminin. En effet, le fait que les
femmes officiers et sous-officiers soient toutes affectées à des
emplois administratifs, loin des postes opérationnels est contraires aux
principes de la nondiscrimination et celui qui veut que les femmes participent
sur un pied d'égalité à tous les efforts de paix et de
sécurité.
Il découle de l'analyse de ce constat que l'emploi des
femmes aux postes administratifs participent d'une politique
d'intégration progressive de celles-ci.
Les résultats et l'analyse qui en a été
faite ont confirmé notre hypothèse: la prise en compte de la
dimension Genre dans la réforme de la Gendarmerie Nationale date
seulement de 2014, l'ouverture des portes de cette institution de
sécurité aux femmes étant récente, leur emploi
limité aux fonctions administratives ne constitue qu'une phase
expérimentale et saurait évoluer avec le temps pour
connaître leur intégration dans les autres unités.
Nos travaux ont permis d'identifier des facteurs explicatifs
de l'absence du personnel féminin dans les services de la Gendarmerie
Nationale, autre que ceux réservés aux emplois de soutien
notamment, les emplois administratifs.
89
Toutefois la mise en oeuvre de cette réforme doit
requérir une attention particulière des autorités
politiques et militaires qui ont pris des mesures pour que cette réforme
soit effective. Ces mesures concernent d'abord, l'adoption d'une politique de
gestion de ressources humaines sensible au Genre en général, et
plus spécifiquement une politique d'affectation et d'emploi du personnel
efficiente, au regard de la disponibilité des ressources humaines des
deux sexes.
Aussi serait-il important de mettre en place un environnement
juridique et institutionnel favorable à l'égalité et
à l'équité Genre, tant pour le personnel que pour les
bénéficiaires des prestations de sécurité que sont
les populations dans leur diversité.
Enfin, mettre en place des mécanismes de contrôle
spécifiques au Genre pour prévenir tout cas de discrimination, de
harcèlement, d'intimidation et d'abus à caractère sexiste;
en d'autres termes, s'assurer que tous les gendarmes, hommes et femmes, servent
dans un environnement sûr et respectueux, où leurs droits
fondamentaux sont garantis.
Toutefois, pour que cette approche de politique d'«
intégration progressive » tende à satisfaire aux exigences
en la matière, il conviendra de mettre en place un système de
suivi-évaluation pour s'assurer que les indicateurs retenus progressent
vers les objectifs de la réforme, et partant, répondent aux
normes internationales et régionales.
Cependant la Gendarmerie qui est restée à ce
jour un « corps d'élite », se trouve confronté à
un double défis; celui premièrement de faire face à
l'impératif de l'efficacité militaire opérationnel et
celui de se conformer aux normes internationales et régionales en
matière d'intégration du Genre. L'entrée des femmes
à la Gendarmerie Nationale permettra-t-elle à cette institution
de préserver son image d'institution de sécurité
disciplinée, opérationnelle et assurant des services de
sécurité efficace?
Nous avons été confrontés à bien
de difficultés dans nos recherches. La principale était que
l'Armée et la Gendarmerie Nationale étant les « grandes
muettes », les données sur le terrain n'ont pas été
aisées à collecter quand bien même ayant reçu une
autorisation du cabinet du Ministère de la Défense et du
Commandement supérieur de la Gendarmerie Nationale.
Au niveau du Ministère en charge de la Femme et des
questions de Genre, notre requête en vue d'enquête n'a pu aboutir
après plusieurs relances. Nous avons compris plus tard que ce
Ministère effectuait des réaménagements d'ordre
organisationnel en son sein.
Le spectre de recherche sur le sujet aurait pu être
étendu aux différentes institutions des Forces Armées de
Côte d'Ivoire (FACI), regroupant les Armées (Air, Terre et
Marine
90
Nationale) et la Gendarmerie Nationale. Ce domaine de
recherche aurait pu faire l'objet d'une analyse comparative des politiques
d'affectation et d'emploi de personnel de ces institutions de
Défense.
91
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l'encyclopédie libre. Page consultée le 11 septembre 2017
à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Sociologie_du_travail&oldid=140589001
99
ANNEXE 1
GUIDE D'ENTRETIEN
I. GENERALITES
1. Qu'est-ce que la réforme de la Gendarmerie
intégrant la dimension genre?
2. Avez-vous réalisé une
Auto-évaluation de la perception du Genre au sein de la Gendarmerie ? Si
oui expliquez.
3. Avez-vous réalisé une
auto-évaluation ou un audit sur les questions de genre pour identifier
les lois, doctrines, directives et pratiques qui sont en place, et celles qui
sont nécessaires ? Si oui expliquez.
4. Avez-vous initié une campagne de
sensibilisation et d'information? Si oui expliquez.
II. AU NIVEAU POLITIQUE
1. En quoi la perspective du Genre est-elle importante
pour la Gendarmerie?
2. Qu'est-ce qu'on a cherché à
résoudre à travers la réforme de la Gendarmerie Nationale
prenant en compte le Genre (féminisation de la Gendarmerie)/à
partir de quel constat ?
3. La réforme de la Gendarmerie Nationale
prenant en compte le Genre prévoit-elle d'étendre les domaines de
compétences de la Gendarmerie ou à les renforcer?
4. quels impacts vise-t-on au niveau des services
fournis par la Gendarmerie aux populations à travers
l'intégration des femmes?
100
III. AU NIVEAU
INSTITUTIONNEL
1. Quelle sont les objectifs de féminisation au
niveau de la Gendarmerie?
2. Quels sont les différents axes
stratégiques et actions pour atteindre ces objectifs de la
réforme de la gendarmerie?
3. Quel est l'état des lieux de
l'intégration des femmes?
4. Existe--il un plan d'action sexospécifique
élaboré pour la réalisation des objectifs ? Si oui donnez
plus de détails.
5. Quelle(s) entité(s) est (sont)
responsable(s) de la planification des objectifs de féminisation de la
Gendarmerie?
6. Quelle(s) entité(s) est (sont)
responsable(s) de la mise en oeuvre et du suivi des objectifs de
féminisation de la Gendarmerie?
7. Quelle(s) entité(s) est (sont)
responsable(s) du suivi des objectifs de féminisation de la
Gendarmerie?
8. Les services sont-ils formés et
outillés pour faire le suivi de la mise en oeuvre de la réforme ?
Si oui expliquez.
9. Quels Liens de collaboration pour la mise en
oeuvre de la réforme avec les structures Etatiques notamment le
Parlement, le Ministère en charge de la femme, les Organisations des
droits de l'homme, etc. ?
IV. 101
AU NIVEAU ECONOMIQUE
1. Existe-t-il des lignes budgétaires
spécifiques à la question du Genre/mise en oeuvre de la
réforme intégrant le genre? Si oui donnez plus
détails.
V. AU NIVEAU SOCIETAL
1. Quel partenariat avec les organisations ou groupe
de femmes, la société civile, les médias, le parlement,
pour influencer l'engagement (Sensibilisation au bien-
fondé, évolution des mentalités sur
le Genre, examen du processus, etc.) ?
A. TRANSVERSALITE
1. L'Implication de la femme est --elle prise en compte
à toutes les étapes de la réalisation de la
réforme?
B. IMPACT DE LA REFORME
1. Quel mécanisme a été mis en
place pour mesurer l'impact de la réforme de la Gendarmerie impliquant
les femmes?
2. Ce mécanisme s'appuie-t-il sur:
- un Etat des lieux qui a conduit à la formation
d'indicateurs en fonction du domaine de compétence de la
gendarmerie?
- un suivi et des mesures de ces indicateurs sur le long
terme?
- l'établissement de lien de causalité
entre réalisation de la réforme et le changement
constaté?
ANNEXE 2 : Liste des 108 réformes de la
Stratégie Nationale de RSS
|
|
|
|
REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
|
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|
|
REFORME du SECTEUR
de la SECURITE
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|
|
|
RSS
|
|
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|
|
|
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|
LES 108 REFORMES DU SECTEUR DE LA SECURITE
|
Union - Discipline -Travail
|
I SECURITE NATIONALE
1 · Définir une politique nationale de
défense et de sécurité adaptée au contexte actuel
de la Côte d'Ivoire et é son environnement régional et
international
2 · Doter toutes les unités de police et de
gendarmerie d'un minimum de moyens en armement, mobilité et
transmissions pour reconstituer une capacité opérationnelle
minimum.
3 · Mettre sur pied trois bataillons pour l'armée
de terre : deux bataillons pilotes d'infanterie projetables et un bataillon du
génie a dominante travaux
4 · Créer un centre d'instruction et de formation
initiale pour les militaires du rang
5 · Réorganiser la structure des Hauts
Commandements et introduire l'indispensable cohérence entre eux
6 · Adopter un Programme Présidentiel d'Urgence
Militaire (PPUM)
7 · Adopter une loi portant organisation et direction de
la sécurité nationale
8 · Redéfinir et réorganiser la
Communauté du Renseignement en Côte d'Ivoire avec un cadre
juridique approprié qui précise le mandat et les
responsabilités de chaque acteur du secteur
9 · Equiper les unités des forces
spéciales en matériel dédié (spécifique)
pour les rendre davantage opérationnelles
10 · Réorganiser le dispositif de
sécurité civile.
11 · Engagar concomitamment les réformes tle la
police nationale, tle la Gendarmerie et des Armées. Les
Armées, la Gendarmerie et la Police constituant le soda du secteur de la
sécurité
12 · Rénover le concept d'emploi des forces de
défense et de sécurité en prenant en compte les risques,
les menaces, les enjeux et les ambitions
13 · Rétablir et consolider le lien
année-nation et rétablir la confiance entre les forces de
sécurité et la population
14 · Installer les comités sectoriels en charge
d'exécuter les réformes de la dolce nationale, de la Gendarmerie
et des Armées
15 · Adopter une loi de programmation militaire et
une loi de programmation de sécurité intérieure en
rétablissant l'équilibre budgétaire entre fonctionnement
et investissement
16 · Adopter les textes organisant les forces
armées et les forces de sécurité intérieure.
17 · Engager la lutte contre le terrorisme qui menace
certains pays limitrophes, par le renforcement des mécanismes
existants
18 · Mettre en place un troisième bataillon
d'infanterie
19 · Procéder a une déflation progressive
des effectifs résultant d'un rééquilibrage des allocations
budgétaires au sein des ministères de la Défense et de
rinténeur
20 · Développer une politique énergique de
promotion du Genre basée sur la participation etc la responsabilisation
effectives du personnel féminin au sein des institutions chargées
de la sécurité et de la défense.
21 · Mettre sur pied trois bataillons pour
l'année de terre.
II · RECONSTRUCTION POST-CRISE
22 · Créer un cadre national unique de mise en
oeuvre et de coordinat on du DDR
23 · Définir une politique
intégrée et globale de sensibilisation des populations prenant en
compte les questions du Foncier Rural, du Genre et du VIH SIDA
24 · Définir une nouvelle politique du DDR
adaptée au contexte, étroitement liée au processus de RSS,
et inclusive de tous les groupes cibles, avec des critères
d'éligibilité clairs et vérifiables et des
mécanismes de vérification
25 · Définir une nouvelle politique de service
civique
26 · Renforcer le cadre institutionnel du service
cMque
27 · AAdop er le Plan d'Action National pour
la lutte contre les ALPC (en coordination avec les processus de RSS
28 · Renforcer la synergie sous-régionale en
matière de contrôle des ALPO et des mouvements transfrontaliers de
personnes en armes
29 · Définir des schémas de rapatriement
des Ex-Combattants étrangers en Côte d'Ivoire et Ivoiriens
é l'étranger.
30 · Définir le statut de victime de guerre et
adopter la loi d'indemnisation.
31 · Réot-Crisrganisere le
cadre opérationnel et d'exécution technique des actMtés du
DDR et de la Reconstruction Pos
32 · Définir les schémas de la
Réintégration socio-économique des Ex-Combattants et des
Jeunes A Risque
33 · Identifier les sources et définir les
schémas de financement de la RSS, du DDR et de la Reconstruction
Post-Crise en tenant compte des limites et des capacités
budgétaires au regard de l'ensemble des priorités nationales
-L III · ETAT DE DROIT ET RELATIONS INTERNATIONALE
34 · Renforcer l'indépendance de la justice en
donnant aux juges des gages de sécurité et d'autonomie
35 · Mettre en place un organe de veille
chargé de vérifier la conformité des textes nationaux aux
textes internationaux régulièrement ratifiés
36 · Engager la réforme du système
judiciaire
37 · Engager la réforme du système
pénitentiaire
38 · Assurer l'effectivité de la
séparation des pouvoirs
39 · Accorder un statut particulier aux groupements et
partis politiques et veiller to son respect
40 · Donner un statut particulier aux Autorités
traditionnelles conforme aux exigences de l'état de Droit
41 · Renforcer la coopération internationale en
matière de sécurité et de défense ;
42 · Renforcer le rôle de la Diplomatie dans le
cadre de la prévention des conflits et de la préservation de la
paix
43 · Mettre en place par arrêté du
Premier Ministre un comité en charge d'engager la réforme de
l'Administration pénitentiaire et judiciaire
44 · Prendre en compte les questions de
sécurité internationale notamment celles du mercenariat et du
terrorisme dans les Grandes Commissions Mixtes de Coopération.
45 · Faire l'inventaire des textes internationaux en
relation avec la défense et la sécurité et veiller
é leur ratification
46 · OEuvrer auprès de l'ONU, en collaboration
avec la CEDEAO, pour la levée partielle ou totale de l'embargo sur les
armes, é l'effet de doter les Forces en charge dela Défense et de
la Sécurité de moyens adéquats pour assurer la
sécurité du territoire nationale.
47 · Renforcer les compétences du pouvoir
judiciaire en matière de défense et de sécurité
48 · Actualiser les curricula de formation des
diplomates en matière de stratégie, de défense et de
sécurité
49 · Promouvoir les postes d'Attaché de
Sécurité dans les Missions Diplomatiques et Consulaires
50 · Renforcer les postes d'Attaché de
Défense et redéfinir leurs missions et attributions.
51 · Réviser certains accords bilatéraux,
multilatéraux économiques et de Dévebppement.
102
IV · CONTRÔLE DEMOCRATIQUE
52 · Renforcer le cadre institutionnel de
l'Assemblée Nationale dans sa dimension 'défense et
sécurité'
53 · Renforcer la compétence des institutions de
la République en matière de contrôle démocratique
54 · Rendre effective la libéralisation du
secteur de l'audio visuel
55 · Renforcer les compétences et les
capacités de la Commission Défense et Sécurité de
l'Assemblée Nationale
56 · Renforcer les compétences et les
capacités des Medias dans le contrôle démocratique du
secteur de la sécurité
57 · Renforcer le pouvoir de contrôle des
autorités Administratives Indépendantes
58 · Redéfinir les structures et les
modalités de contrôle démocratique des forces de
défense et de sécurit
59 · en f o Brel de
ompéce et tle sé Auto ntés Administratives
Indépendantes (HACA, CNDHCI, CEI, CNR, CSP) 60 · Impliquer
davantage les Rois et Chefs traditionnels dans le contrôle
démocratique du secteur de la sécurité.
61 · Sensibiliser les groupements et partis
politiques sur leur rôle d'acteurs du contrôle démocratique
du secteur de la sécurité
62 · Renforcer les compétences et les
capacités des associations membres de la société civile en
matière de contrôle démocratique du secteur de la
sécurité.
V · GOUVERNANCE ECONOMIQUE
63 · Soutenir les réformes relatives aux
mesures de sécurisaton et de facl,taton des opérations de
dédouanement dans las ports et bureaux frontières terrestres
64 · Soutenir les réformes de mesures de
contrôle après dédouanement et de surveillance du
territoire douanier national
65 · Adopter une loi pour réglementer
l'activité des sociétés de captal-risque et de
crédit-bail;
66 · Mettre en place un cadre institutionnel et
réglementaire adéquat pour le développement des secteurs
des PME
67 · Créer un cadre permanent de concertation
entre l'Etat et les organisations de la société cMle pour la
prévention ~~drres conflits.
68 · Fiî it ÂrND
rccessus de création et de mise en place de l'Agence Nationale pour le
Développement de la
69 · Créer et rendre opérationnel l'Office
de l'Artisanat
70 · Créer un Fonds de Garantie des
Crédits aux PME
71 · Rendre opérationnels le Fonds National
pour l'Assainissement et le Drainage (FNAD) et l'Office National pour
l'Assainissement et le Drainage (ONAD)
72 · Prendre les mesures d'application et de
vulgarisation de la Loi sur le Fonder Rural
73 · Renforcer les capacités institutionnelles de
l'OSER et requaaifier en délit certaines contravention
74 · Renforcer e cadre institutionnel a tous les niveaux
de la pyramide sanitaire
75 · Formaliser le partenariat public-pavé au
niveau de la sécurité sanitaire
76 · Élaborer des Plans stratégiques de
développement de l'artisanat et des PME
77 · Renforcer le cadre juridique et institutionnel de
la salubrité
78 · Mettre en place et adopter un nouveau code des
investissements plus attractif et incitatif
79 · Renforcer les capacités de l'AGETU, l'OFT et
de la SONATT pour la planification de la construction et de l'explotation des
gares routières.
80 · Promouvoir la mécanisation agricole et
l'utilisation des engrais en vue d'accroître la production agricole
81 · Créer un système
intégré d'informations domaniales et foncière accessible a
tous les ministères concernés
82 · Elaborer et mettre é jar des textes
réglementaires relatif aux activités agropastorales
83 · Réglementer la transhumance
84 · Valoriser les parcs nationaux et réserves
é travers l'écotoudsme en vue de leur gestion durable
85 · Mettre en reuvre d'une politique nationale de
gestion du domaine urbain
86 · Création d'un guichet unique pour la
création des entreprises.
87 · Mettre en place un mécanisme Institutionnel
de veille stratégique en matière de croissance et de
développement
88 · Assurer la couverture en eau potable de toutes les
localités urbaines.
89 · Adapter la formation des douaniers aux
spécificités et besoins du service
90 · Développer la production agricole, animale
et halieutique
91 · Instituer une subvention pour les organisations
dela société civile déclarées et reconnues
92 · Réviser certains accords bilatéraux,
multilatéraux économiques et de Dévelopement
VI · DIMENSION HUMAINE ET SOCIALE
93 · Opérationnalise le Programme natona. de
cohésion socale
94 · Renforcer l'environnement institutionnel et
réglementaire des secteurs de l'emploi et du travail
95 · Renforcer le Programme National de
développement communautaire
86 · Renforcer le cadre juridique, réglementaire
et institutionnel inhérent â la protection de l'environnement
97 · Créer les conditions d'affirmation et de
promotion des valeurs civiques et dtoyennes
98 · Renforcer le cadre institutionnel et
réglementaire de protection sociale
99 · Renforcer le dispositif de protection
légale et institutionnelle des enfants, de la femme, des personnes
âgées et vulnérables;
100 · Développer l'insertion des personnes cibles
par l'entreprenarit
101 · Intégrer la dimension genre dans toutes
les activités liées a la transformation et la gestion des
institutions du secteur de la sécurité.
102 · Assurer l'accès universel aux soins de
santé
103 · Renforcer la coopération sous
régionale, régionale et internationale en matière de
protection sociale
104 · Développer un partenariat au profit des
jeunes
105 · Renforcer et améliorer les
capacités opérationnelles du système national
d'éducation, de formation et d'encadrement
106 · Renforcer le mécanisme de lutte et de prise
en charge des violences basées sur le genre
107 · Renforcer le système de surveillance et de
communication sur les violations des droits des enfants
108 · Introduire les langues nationales dans le
système éducatif de base
|
103
ANNEXE 3 : Organisation du Ministère en charge
de la Défense
ORGANIGRAMME DU MINISTÈRE DE LA
DEFENSE
COMMANDEMENT SUPERIEUR
DE LA GENDARMERIE
|
|
|
|
|
|
MINISTRE
|
|
|
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|
|
ETAT-MAJOR GÉNÉRAL
|
|
|
|
|
|
|
|
Services rattachés
|
Cellules spécialisées
|
|
|
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03
Direction Générale du Renseignement et
de
la Sécurité de la Défense
(DGRSD)
· Direction du Renseignement
Stratégique
· Direction de la Sécurité et de la
Défense
OCTOBRE 2016 I N°2 29
04
Direction Générale des Affaires
Stratégiques (DGAS)
· Direction du Développement et des
Relations Internationales
· Direction de la Planification et du
Suivi
02
Direction Générale des Affaires Logistiques
et Techniques (DGATL)
· Direction du Génie
· Direction des Equipements Militaires
· Merlon des Tgémm ssi*aUoris et
Système d'lnformatlon
01
Direction
Générale de l'Administration et des
Finances (DGAF)
· Otection des Finances
· 0tection de la Législation
Militaire
· Direction des Ressources Humaines
· Direction de la Santé et l'Action sociale
des Armées
NOUVELLE ORGANISATION DE LA DÉFENSE
104
ANNEXE 4 : Les Institutions du Secteur de la
Sécurité en Côte d'Ivoire
105
ANNEXE 5 : Les objectifs spécifiques de LPM au
titre de la Gendarmerie Nationale
OBJECTIFS SPECIFIQUES GENDARMERIE
NATIONALE
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Construire sur un même site un Commandement
Supérieur intégré de la Gendarmerie Nationale (COSUPGEND)
à Abidjan ou à Yamoussoukro
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Construire 04 Régions (Abidjan, Daloa, Bouaké,
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500
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Construire 06 Légions (Abengourou, Bondoukou, Man,
Odienné, San Pedro, Yamoussoukro)
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Construire OR Compagnies (Bnuaké camnagne- Bouna,
Boundiali, Damné, lssia, Tanda, Tiassalé,
Touba)
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500
|
500
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Construire 12/25 Escadrons (Abengourou, Agboville, Bouna, Divo,
Gagnoa, Katiola, San
Pedro, Toule ieu Aboisso, Bassam, Bouaflé, P
Boundiali, Touba, Kong, Odienné, Séguéla,
Yamoussoukro, N'Zianouan, Guiglo, Tabou,
Sakassou, Dabou, Fresco, Man, Duékoué)''
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Construire 50 Brigades
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Construire 100 postes de Gendarmerie
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Construire une caserne dc l'üfGN
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Construire le Groupe d'Escadron Blindé (GEB) à
Bouaké
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Construire une école de perfectionnement des Officiers
de Gendarmerie à Abidjan ou a Daloa
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Construire une caserne pour la Brigade de
sécurité et six (06) de la BS dans les 6 légions de
Gendarmerie
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Construire une brigade au sein du GSP San Pedro
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Construire et equiper une brigade routière
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Construire une caserne pour !'Escadron desâ Services
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Construire un centre de formation commando
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Construire et équiper la brigade cYno hi1e (Abidjan,
Bouaké)
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Rehabiliter 03 Legion (Abidjan, Bouaké, Daloa)
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Réhabiliter le Groupement de Commandement et
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Réhabiliter l'école de Gendarmerie d'Abidjan
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Extension école de Gendarmerie Toroguh6
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Réhabiliter 03 compagnies (Abidjan Sud, Bondoukou,
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Réhabiliter 13 escadrons (Abidjan:02, Aboisso,
Bondoukou, Bouaké, Daloa, Damné, Daoukro, Korhogo, Man,
Odicnné, Soubré, Touba)
|
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Réhabiliter 55 Brigades
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Réhabiliter 22 brigades casernes
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Réhabiliter le GSP Abidjan, GSP San Pedro, GSA
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Matériels roulants
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|
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|
|
17 500
|
|
6 860
|
5 968
|
4 672
|
|
Acquérir 125 Véhicules Transport Troupes
|
4 375
|
|
1 243
|
875
|
875
|
1 382
|
Acquérir 10 Véhicules avant blindé (VAB)
et 10 RG 12
|
5 000
|
|
1 250
|
1 250
|
1 250
|
1 250
|
Acquérir 1500 Motos
|
7 750
|
|
1930
|
1930
|
1930
|
1960
|
1300 AP + lot de pièces de rechange)
|
Acquérir 200 Motos d'escorte (YAMAHA FJRY'
6 600
|
|
1 000
|
1000
|
1 600
|
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|
Acquérir 10 Engins blindés
|
6 800
|
|
1 360
|
1 360
|
1 360
|
2 720
|
Acquérir 10 Véhicules spécifiques UIGN
|
390
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Acquérir un Camion porteur
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Aéronefs-Embarcations
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0
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Informatique-Trans
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0
|
1 468
|
1390
|
1 686
|
3 031
|
Acquérir du matériel informatique (conception)
|
2 000
|
|
400
|
400
|
400
|
800
|
Acquérir du matériel de Télécom
|
3 354
|
|
671
|
671
|
671
|
1 341
|
Acquérir des matériels Radio et
téléphones fixes
|
2 221
|
|
397
|
319
|
615
|
890
|
Autres équipements
|
28 074
|
0
|
5 657
|
7128
|
7 628
|
7 663
|
Acquérir du matériel de maintenance auto
|
6 033
|
|
1 500
|
1 500
|
1 500
|
1 533
|
Entretien - Réparation
|
440
|
|
110
|
110
|
110
|
110
|
Acquérir du matériel de maintenance moto
|
386
|
|
96
|
96
|
96
|
98
|
Acquérir 30 matériels Optique UIGN
|
29
|
|
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|
Acquérir 194 768 Treillis
|
7 791
|
|
1948
|
1 948
|
1948
|
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|
Acquérir 97.384 paires de Rangers
|
3 895
|
|
974
|
974
|
974
|
n: 4:4
|
Acquérir du matériel spécifique de
maintien de l'ordre et un village de maintien de r ordre (citerne d'eau, cibles
d'exercice, grenades lacrymogènes, menottes, boucliers, matraques,
bâtons télescopiques...)
|
7 000
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|
2 000
|
2 500
|
2 500
|
Mise en place d'un laboratoire de Police scientifique au Profit
de la Section Recherches
|
1 500
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|
1 000
|
500
|
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Mise en place d'un système de sécurité
Y
électronique
|
1 000
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|
500
|
500
|
Armements
|
9 247
|
0
|
1 142
|
1 600
|
1 500
|
5 005
|
Acquérir 100 Armes de poing UIGN
|
|
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Acquérir 100 Armes d'épaule UIGN
|
173
|
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|
Acquérir 10 Sniping et contre sniping U1GN
|
|
|
19
|
|
|
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Acquérir 15 007 armes
|
9 005
|
|
1 000
|
1 500
|
1500
|
5 005
|
TOTAL MERI ,NI.E
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|
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107
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE 1
DEDICACE 2
REMERCIEMENTS 3
SIGLES ET ACRONYMES 4
LISTE DES TABLEAUX 6
LISTE DES FIGURES 7
INTRODUCTION 8
PREMIERE PARTIE: FONDEMENTS THEORIQUES ET
METHODOLOGIQUES
DE L'ETUDE 10
CHAPITRE 1 : FONDEMENTS THEORIQUES DE L'ETUDE
11
I.1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 11
I-1-1. Pertinence professionnelle 11
I-1-2. Pertinence sociale 11
I-1-3. Pertinence scientifique 12
I-2. PROBLEMATIQUE 12
I-3. HYPOTHESE 16
I-4. OBJECTIFS DE L'ETUDE 16
I-4-1. Objectif général 16
I-4-2. Objectifs spécifiques 16
I-5. REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE 17 I-5-1. Principes de
la prise en compte de la dimension Genre dans les réformes
des institutions du secteur de la sécurité 17
I-5-2. Critères des principes de prise en compte du Genre
dans les ISS 20
I-5-3. Obstacles dans l'application de la prise en compte de la
dimension Genre 23
I-6. CHAMP DE REFERENCE CONCEPTUELLE ET THEORIQUE 25
I-6-1. Champ de référence conceptuelle 25
I-6-1-1. Genre 25
I-6-1-2. Sexospécificités 26
I-6-1-3. Intégration ou prise en compte de la dimension du
Genre 27
I-6-1-4. Réforme des institutions du secteur de la
sécurité 28
I-6-1-4-1. Réforme 28
108
I-6-1-4-2. Sécurité 29
I-6-1-4-3. Secteur de la sécurité » 30
I-6-1-4-4. Institutions du Secteur de la Sécurité
(ISS) 31
I-6-1-4-5. Réforme du Secteur de la Sécurité
(RSS) 31
I-6-1-4-6. Réforme des Institutions du Secteur de la
Sécurité 31
I-6-1-5. Efficience 32
I-6-1-6. Politique d'emploi 33
I-6-1-7. Evaluation 33
I-6-1-8. Obstacles 34
I-6-2. Champ de référence théorique 34
I-6-2-1. Théorie du changement 34
CHAPITRE 2 : APPROCHE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
36
II-1. DELIMITATION DU CHAMP D'ETUDE 36
II-1-1. Champ géographique de l'étude 36
II-1-1-1. Le Commandement Supérieur de la Gendarmerie
36
Nationale (CSGN) 36
II-1-1-2. Les Commandements territoriaux de la Gendarmerie 36
Nationale 36
II-1-2. Champ social de l'étude 38
II-2. LES TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNEES 39
II-2-1. La recherche documentaire 39
II-2-2. L'observation 41
II-2-3. L'entretien 41
II-3. LES INSTRUMENTS D'INVESTIGATION OU DE COLLECTE DES DONNEES
43
II-3-1. Le guide d'entretien 43
II-4. LES PHASES DE L'ENQUETE 45
II-4-1. Les visites exploratoires 45
II-4-2. La pré-enquête 45
II-4-3. L'enquête 45
II-5. POPULATION ENQUETEE 46
II-6. APPROCHE D'ANALYSE 47
II-7. DIFFICULTES RENCONTREES 49
109
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE LA GENDARMERIE
NATIONALE... 51
CHAPITRE 1 : HISTORIQUE ET MISSIONS DE LA
GENDARMERIE
NATIONALE 52
I-1. HISTORIQUE 52
I-2. MISSIONS 53
CHAPITRE 2 : ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE LA
GENDARMERIE NATIONALE 55
II-1. LE COMMANDEMENT SUPERIEUR DE LA GENDARMERIE NATIONALE
(CSGN) 55
II-2. LA GENDARMERIE MOBILE 56
II-3. LA GENDARMERIE TERRITORIALE 58
II-3-1. La Police Administrative 59
II-3-2. La Police Judiciaire 59
II-3-3. La Police Militaire 59
II-4. LES UNITES SPECIALISEES 59
II-4-1. Le groupe d'escadrons blindés de la Gendarmerie
Nationale 59
(G.E.B-GN) 59
II-4-2. L'Unité d'Intervention de la Gendarmerie
Nationale (UIGN) 60
II-4-3. L'Escadron de Protection des Hautes Personnalités
(EPHP) 60
II-4-4. Le Groupe de Sécurité Aéroportuaire
(GSA) 60
II-4-5. Le Groupe de Sécurité Portuaire (GSP)
60
II-5. L'INSPECTION GENERALE DE LA GENDARMERIE NATIONALE 60
II-6. LES ECOLES DE FORMATION 61
II-6-1. L'Ecole de Gendarmerie d'Abidjan (EGA) 61
II-6-2. L'Ecole de Gendarmerie de Toroguhé (EGT) 62
TROISIEME PARTIE : CONTRAINTES LIEES A LA PRISE EN COMPTE
DU GENRE DANS LA REFORME DE LA GENDARMERIE NATIONALE DE COTE
D'IVOIRE 63
CHAPITRE 1 : CADRE DE MISE EN OEUVRE DE LA REFORME DE
LA
GENDARMERIE NATIONALE INTEGRANT LE GENRE 64
110
CHAPITRE 2 : PRINCIPES ET CRITERES DE PRISE EN COMPTE
DE LA
DIMENSION GENRE DANS LES REFORMES DES ISS 66
II-1. PRINCIPES DE LA PRISE EN COMPTE DE LA DIMENSION GENRE DANS
LES REFORMES DES
ISS 66
II-1-1. L'égalité des Genres 67
II-1-2. La non-discrimination 68
II-1-3. La participation effective des femmes 68
II-1-4. La responsabilisation 68
II-1-5. La transparence et le contrôle 69
II-1-6. Un environnement socioculturel, juridique et
institutionnel sexo-spécifique
69
II-1-7. Des Infrastructures et Equipements adaptés 70
II-1-8. La représentativité 70
II-2. CRITERES DE PRISE EN COMPTE DE LA DIMENSION GENRE DANS LES
REFORMES DES ISS
71
II-2-1. Les indicateurs de politiques et procédures 71
II-2-2. Les indicateurs de structures institutionnelles 72
II-2-3. Les indicateurs de personnel 72
II-2-4. Les indicateurs de formation 73
II-2-5. Les indicateurs des mécanismes de contrôle
73
CHAPITRE 3 : OBSTACLES LIES A LA PRISE EN COMPTE DE LA
DIMENSION GENRE
DANS LA REFORME DE LA GENDARMERIE NATIONALE
75 III-1. ETAT DES LIEUX DE L'INTEGRATION DU GENRE DANS LA REFORME
DE LA GENDARMERIE
NATIONALE 75
III-1-1. Recrutement et effectif du personnel féminin
75
III-1-2. Formation du personnel féminin 76
III-1-2-1. Modules spécifiques et durée de la
formation 76
III-1-2-1-1. Modules spécifiques 76
III-1-2-1-2. Durée 76
III-1-2-2. Infrastructures de formation 77
III-1-2-3. Encadrement 77
III-1-2-4. Politique de formation 77
III-1-2-5. Aptitude pendant la formation 78
111
III-1-2-6. Mesures spécifiques contre les abus et les
harcèlements sexuels
pendant la formation 78
III-1-2-7. Difficultés liées à la formation
79
III-1-3. Affectation et Emploi du personnel féminin 79
III-1-3-1. Droits et mesures applicables 79
III-1-3-2. Infrastructures de service 80
III-2. OBSTACLES DANS L'APPLICATION DE LA PRISE EN COMPTE
DU GENRE DANS LA
POLITIQUE D'EMPLOI DU PERSONNEL FEMININ DE LA GENDARMERIE
NATIONALE 80
CHAPITRE 4 : ANALYSE DES ECARTS LIES A LA PRISE EN
COMPTE DE LA
DIMENSION GENRE DANS LA REFORME DE LA GENDARMERIE
NATIONALE 82
IV-1. ANALYSE FFOM DE LA REFORME DE LA GENDARMERIE 82
IV-1-1. Une Phase d'observation 84
IV-1-2. Un effectif marginal 85
IV-1-3. Un environnement institutionnel inadapté 85
IV-1-4. Un personnel encore inexpérimenté pour le
commandement 86
IV-2. SYNTHESE DE L'ANALYSE 86
CONCLUSION 88
BIBLIOGRAPHIE 91
ANNEXES 98
TABLE DES MATIERES 107
RESUME 112
112
RESUME
La prise en compte du Genre dans les ISS ivoiriennes est
d'abord une question de droit et de respect des engagements pris au regard des
instruments internationaux et régionaux relatifs à
l'égalité du Genre, mais également aux textes nationaux,
dont la constitution ivoirienne, qui consacre l'égalité des
sexes. Dans le cadre d'une vaste RSS qui intègre dans son processus le
Genre, la réforme de la Gendarmerie Nationale de Côte d'Ivoire a
pour objectif de la transformer pour la rendre sensible au Genre. Cependant, ce
processus qui a débuté avec l'entrée des premières
femmes fait place à des inquiétudes. En effet, contrairement aux
principes de l'égalité du Genre et de la non-discrimination, le
personnel féminin de la Gendarmerie est sujet à un traitement
différencié dans son emploi. Toutefois nos enquêtes ont
confirmé que l'emploi des femmes à des fonctions administratives
répond à une approche d'intégration progressive de
celles-ci dans l'institution. Ainsi, pour nous assurer de l'intégration
effective du Genre dans ce processus, nous avons préconisé
l'adoption d'une politique de ressources humaines sensible au Genre, un
mécanisme de contrôle des abus, un environnement institutionnel
adapté et un système de suivi-évaluation du processus.
Mots clés : Genre, réforme,
institutions, secteur, sécurité.
SUMMARY
Gender mainstreaming in Ivorian ISS is primarily a matter of
law and respect for commitments made under international and regional
instruments related to gender equality, but also to national laws, including
the Ivorian constitution, which consecrates gender equality. As part of a broad
RSS that integrates gender in its process, the reform of the National
Gendarmerie of Côte d'Ivoire aims to transform and make it sensitive to
gender. However, this process that began with the entry of the first women is
giving way to concern. In fact, contrary to the principle of gender equality
and non-discrimination, female Gendarmerie personnel are subject to
differential treatment in their employment. However, our surveys have confirmed
that the employment of women in administrative functions responds to an
approach of gradual integration of women into the institution. Thus, to ensure
the effective integration of gender in this process, we advocated the adoption
of a gender-sensitive human resources policy, an abuse control mechanism, an
appropriate institutional environment and a monitoring system process
evaluation.
Key words: gender, reform, institutions, sector,
security
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