ANALYSE DE LA FILIERE ANACARDE AU
BURKINA FASO: ETAT DES LIEUX ET
PERSPECTIVES
Arusha, novembre 2015
Mémoire
pour l'obtention
du diplôme intermédiaire de recherches et
graduation
Présenté et soutenu publiquement par
Christian KABORE
I
DEDICACES
Je dédie ce mémoire à la
mémoire de mon père si tôt disparu, à ma
mère, à mon et à ma bien-aimée ainsi qu'à
mes frères et soeurs
REMERCIEMENTS
J'adresse mes sincères remerciements
:
· à toute l'administration de Trade
Policy Training Centre in Africa (TRAPCA) pour les moyens mis à ma
disposition durant cette formation
· aux différents responsables du
Ministère de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat du Burkina Faso
pour m'avoir permis de participer à cette formation
· au Professeur Yves Bourdet pour ses
conseils et son assistance dans la rédaction de ce
mémoire
· aux différents enseignants pour la
qualité des cours qu'ils nous ont dispensés
· aux camarades de classes pour la
fraternité qui a régné durant les étapes de cette
formation
· aux choristes de la Chorale Marie Reine
Immaculée de Dassasgho
· à Madame GUIGMA/NABI
Rakiéta, une ainée de TRAPCA, pour ses conseils
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
SIGLES ET ABBREVIATIONS
|
ACA : Alliance pour le Cajou Africain
|
AFD: Agence Française de Développement
|
ANATRANS : Société de Transformation Industrielle
de l'Anacarde à Bobo-Dioulasso
|
CCCE : Caisse Centrale de la Coopération
Économique
|
CFPPA: Centre de Formation et de Promotion Professionnelle
Agricole
|
COOPAKE : Coopérative des Arboriculteurs du
Kénédougou
|
CTFT : Centre Technique Forestier Tropical
|
EAU : Emirats Arabes Unis
|
ECLA : Association Être Comme les Autres
|
FCFA : Franc de la Coopération Financière en
Afrique
|
GIE : Groupement d'Intérêt Économique
|
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
|
ONG : Organisme Non Gouvernementale
|
PAO: Plan d'Actions du secteur Oléagineux
|
PIB : Produit Intérieur Brut
|
RONGEAD : Réseau d'ONG Européennes pour
l'Agriculture et le Développement
|
SARL : Société Anonyme à
Responsabilité Limitée
|
SCADD : Stratégie de Croissance
Accélérée et de Développement Durable
|
SOTRIA-B : Société de Transformation Industrielle
de l'Anacarde à Banfora
|
UE: Union Européenne
|
US: United States
|
USA: United States of America
|
UTAB : Unité de Transformation de l'Anacarde de
Bérégadougou
|
UTAK : Unité de Transformation de l'Anacarde du
Kénédougou
|
UTASO : Unité de Transformation de l'Anacarde du
Sud-ouest
|
UTAW : Unité de Transformation de l'Anacarde
Walopié
|
WITS: World Integrated Trade Solution
|
|
II
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
V- CONCLUSION ..20
I- INTRODUCTION I
III- EMERGENCE ET DEVELOPPEMENT DE LA
FILIERE 3
2-1 Historique 3
2-2 Description de l'anacarde .3
2-3 Structure et organisation ..4
2-4 Rôle des pouvoirs publics .9
IV- PERFORMANCE DE LA FILIERE 11
3-1 Production 11
3-2 Transformation 12
3-3 Exportations .13
3-4 Revenus des producteurs 16
V- CONTRAINTES A L'EXPANSION DE LA
FILIERE ET ACTIONS PROPOSEES 17
4-1 contraintes 17
4-2 propositions d'actions pour l'expansion de
la
filière .17
Sommaire
III
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
RESUME
L'anacarde, actuellement cinquième produit
d'exportation du Burkina Faso, constitue une filière dynamique pour les
paysans Burkinabè du secteur avec d'importantes opportunités. Sa
valorisation depuis les années 1960 par l'Etat Burkinabè permet
aujourd'hui à un grand nombre de personnes de tirer leurs ressources
vitales. Cette dynamique de production a favorisé la mise en oeuvre
d'une politique de transformation dans la filière de la noix de cajou.
Cependant, la valeur ajoutée attendue de cette filière, n'a pas
encore atteint les objectifs attendus par l'État et les acteurs
économiques. Cela aboutit à l'exportation brute d'une grande
partie de la production et constitue un manque à gagner pour
l'économie nationale.
Malgré les nombreuses potentialités que
possède la filière anacarde, celle-ci connait beaucoup de
contraintes qui impactent négativement ses performances. Afin de palier
ces difficultés, les différents acteurs devraient se concerter
pour harmoniser leurs stratégies. Les soutiens et les accompagnements de
l'Etat et de ses partenaires sont très attendus par les acteurs de la
filière afin d'améliorer leur organisation pour sa
professionnalisation qui devra être accompagné d'un
développement du marché intérieur un
accroissement des exportations.
IV
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
I- INTRODUCTION
Le Burkina Faso, pays à vocation agricole situé
en Afrique de l'Ouest a une population estimée à 17 322
7961 d'habitants dont plus de 85% vivent avec des revenus provenant
de l'agriculture. Le secteur agricole contribuait à plus de 40% du
Produit Intérieur Brut (PIB) et à 80% des exportations avant le
boom minier qu'a connu le pays2. Les facteurs comme la
pluviométrie, les fluctuations des prix mondiaux, les subventions
accordées par des pays à leurs agriculteurs, ont affecté
le niveau de production de certains produits d'exportation du Burkina Faso, tel
que le coton. Cette situation a conduit les agriculteurs à opter pour
une diversification de leur production et de leurs sources de revenu par
l'adoption de l'anacarde.
La culture de l'anacarde introduite par le gouvernement du
Burkina Faso pour lutter contre la désertification présente
aujourd'hui beaucoup d'intérêt en termes de développement
rural, d'amélioration de la balance commerciale du pays, de
diversification, de source de croissance durable et inclusive et de
contribution au PIB3. En effet, la noix de cajou qui se place comme
le cinquième produit d'exportation4, constitue une
réelle voie de diversification et une source de revenu importante pour
les agriculteurs. Cependant, l'on observe une insatisfaction sur tous les
maillons de la filière à savoir la production, la transformation
et la commercialisation.
En plus des insuffisances relevées dans l'organisation
de la filière, on observe que les producteurs subissent les prix
appliqués sur le marché national qui sont fixés par les
sociétés d'exportation étrangères à travers
les commerçants nationaux. En outre, l'on assiste à une
insuffisance des activités de transformation entraînant
actuellement une exportation brute d'environ 90% de la production nationale.
Plusieurs années après son introduction comme
filière agricole, l'on pourrait se demander comment l'anacarde contribue
à améliorer la croissance de l'économie du pays. Aussi,
à travers cette étude, les réalisations, les contraintes
ainsi que les perspectives de la filière seront analysées afin
d'apporter des solutions pour son expansion.
Pour conduire ce travail, nous recourrons à la
recherche documentaire, à la collecte d'informations auprès de
certains intervenants du secteur et à des entretiens avec des personnes
ressources. Les données utilisées proviennent des sources sus
évoquées, ainsi que du World Integrated Trade Solution (WITS).
1Institut National de la Statistique et de la
Démographie (Burkina Faso). 2013
2 Direction Générale du Commerce Extérieur
(Burkina Faso) ; 2013
3 Production estimée à 1,262 milliards, en 2009 ;
Ministère de l'agriculture et de la sécurité alimentaire;
Avril 2013
4 Après l'or, le coton, les groupes
électrogènes et le sésame (WITS database, UN Comtrade,
2013)
1
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives TRAPCA_Arusha, novembre
2015
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives TRAPCA_Arusha, novembre
2015
L'ossature de ce mémoire est la suivante : après
cette introduction, un premier point sera consacré à
l'émergence et au développement de la filière à
travers son historique, le rôle des pouvoirs publics dans
l'évolution et l'organisation de la filière. En deuxième
lieu, un accent sera mis sur les performances de production, de transformation
et de commercialisation. Un troisième point permettra
d'appréhender les contraintes subies par la filière et de
proposer des solutions visant à les relâcher.
2
II- EMERGENCE ET DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE
Cette partie fait une présentation de l'anacarde
à travers son historique et sa description. Elle analyse
brièvement les étapes de la chaîne de valeur depuis la
production jusqu'à la commercialisation en passant par la
transformation. Elle précise, par ailleurs, le rôle joué
par le pouvoir public dans l'organisation de la filière.
2-1 Historique
La culture de l'anacardier a été introduite au
Burkina Faso à partir des années 1960 dans le cadre du
reboisement et de la recherche5. La noix de cajou a
été considérée comme « un
élément économique » à partir de 1981 avec
« le projet anacarde » financé par la Caisse Centrale de la
Coopération Économique (CCCE)6 et le Centre de
Formation et de Promotion Professionnelle Agricole (CFPPA). Ce projet a
initié des techniques simples de traitement des noix pour l'extraction
des amandes en mettant en place une stratégie de décorticage. Des
femmes furent formées pour ce projet. Ensuite, les autorités
burkinabè lancèrent en 1997 un programme de développement
de la filière anacarde qui visait à planter un million de plants
d'anacardier.
2-2 Description de l'anacarde
L'anacardier, au Burkina Faso, est un petit arbre d'environ
six mètres de haut au feuillage dense, persistant, vert foncé,
avec une écorce rugueuse et grise. Originaire du nord-est du
Brésil, il commence à donner des fruits en mi-saison sèche
et son fruit, l'anacarde, se consomme frais mais s'avère toxique quand
il est associé au lait. Les sols profonds et bien drainés sous un
climat semi-aride tropical lui conviennent. L'anacardier pousse entre 0 et 1000
mètres d'altitude, sous une pluviométrie annuelle de 500 à
1800 mm sur 4 à 8 mois7. Il réagit favorablement au
climat sec et chaud et exige, pour sa fructification, une saison sèche
bien marquée sur 4 à 6 mois et une faible humidité de
l'air. La production des fruits débute à partir de la
troisième année et la durée de vie économique des
plantations est de 25 ans en moyenne. Les rendements peuvent atteindre 600 Kg
de noix par ha8.
5 Centre Technique Forestier Tropical (CTFT)
6 Actuelle Agence Française de
Développement (AFD)
7 SUTTER Pierre Luc ; Juillet 2010
8 Ministère de l'agriculture
et de la sécurité alimentaire; Avril 2013
3
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives TRAPCA_Arusha, novembre
2015
Quelques images
Image 1 : anacardier Image 2 :
anacarde Image 3 : amandes blanches
Source :
www.27avril.com/anacarde
2-3 Organisation de la filière
2-3-1 Organisation de la production
L'anacardier est principalement représenté dans
les quatre zones de grandes productions qui sont : les régions des
Cascades, du Sud-ouest, des Hauts-Bassins et du Centre-Ouest (image 4). Les
plantations sont gérées par des groupements de producteurs qui se
distinguent en deux catégories : les petits et moyens producteurs qui
sont les plus nombreux et les grands producteurs. Les premiers cultivent sur
des superficies de moins de 20 hectares (51,4% des vergers sont très
petits, 43,3% sont petits et 5,1% sont moyens). Les seconds cultivent de grands
vergers qui occupent 0,2% de la superficie totale ; ce sont
généralement des commerçants et des acteurs qui se sont
positionnés comme "des agro businessmen"9.
Les semences et les plants sont fournis par des privés,
les directions provinciales en charge de l'environnement et par l'Institut de
l'Environnement et de Recherches Agricoles. La collecte des noix de cajou
s'étend de janvier à mai et la commercialisation sur toute
l'année.
Plusieurs Organismes Non Gouvernementaux (ONG) et bailleurs de
fonds accompagnent les acteurs par le biais de projets et de programmes portant
essentiellement sur des appuis aux micro-entreprises de transformation et
à travers des formations et conseils. C'est le cas de l'Organisme de
Contrôle et de Certification pour l'Agriculture Biologique qui accompagne
les acteurs dans la certification de leurs produits. D'autres structures comme
la Société Néerlandaise de Développement, la Maison
de l'Entreprise du Burkina Faso, l'Organisation Chrétienne de Secours et
Développement, l'Institut Africain pour le Développement
Économique et Social et l'Alliance pour le Cajou Africain (ACA)
assistent les acteurs au niveau de tous les maillons de la filière.
9 Ministère de l'agriculture et de la
sécurité alimentaire; Avril 2013
4
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
Image 4 : Grandes zones de production de
l'anacarde
Source : RONGEAD (2013)
2-3-2 Organisation de la transformation
On observe deux types de transformation : la transformation
artisanale10 et la transformation industrielle. Le tableau n°1
ci-dessous donne certaines caractéristiques des principales
unités de transformation au Burkina Faso. Ce tableau montre
l'écart entre le potentiel de transformation des entreprises de
transformation et leur production réelle. En outre, on observe que la
productivité du travail, est relativement faible dans chacune de ces
entreprises. Cela pourrait s'expliquer par le faible niveau de
mécanisation des unités de transformation et la faible
capacité de mobilisation de la matière première.
10 Les étapes : la fragilisation de la noix,
le décorticage qui consiste en l'extraction de l'amande, le
dépelliculage et la cuisson assaisonnement
5
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
Tableau 1 : Les unités de transformation de la
noix de cajou au Burkina Faso en 2012
N°
|
Nom de
l'entreprise/années de
création
|
Raison sociale
|
Localisation
|
Capacité
de transformation actuelle11 (tonne)
|
Transformation potentielle12 (tonne)
|
Nombre d'employés
|
Productivité du
travail13 (tonne par
employé)
|
1
|
SOTRIA/B
(2003)
|
SARL
|
Banfora (Cascades)
|
1500
|
2500
|
331
|
7,552
|
2
|
UTAB (2001)
|
GIE
|
Bérégadougou (Cascades)
|
400
|
600
|
625
|
0,640
|
3
|
COOPAKE
|
Coopérative
|
Orodara (Hauts- Bassins)
|
50
|
200
|
145
|
0,125
|
4
|
UTASO
|
GIE
|
Kampti (Sud-ouest)
|
100
|
400
|
200
|
0,500
|
5
|
UTAK (2010)
|
GIE
|
Orodara (Hauts- Bassins)
|
100
|
400
|
200
|
0,500
|
6
|
UNION YANTA
(2006)
|
Union de producteurs
|
Bobo- Dioulasso (Hauts- Bassins)
|
200
|
400
|
100
|
2,000
|
7
|
ANATRANS
(2009)
|
SARL
|
Bobo- Dioulasso (Hauts- Bassins)
|
2000
|
3500
|
1200
|
1,667
|
8
|
ECLA
|
Association
|
Toussiana (Hauts- Bassins)
|
120
|
200
|
100
|
1,200
|
9
|
WOLAPIÉ (2011)
|
Association
|
Dakoro (Cascades)
|
100
|
500
|
130
|
0,769
|
10
|
GEBANA (2011)
|
SARL
|
Bobo- Dioulasso (Hauts- Bassins)
|
100
|
300
|
120
|
0,833
|
Total
|
4 670
|
9 000
|
3 151
|
|
Source : construit, par l'auteur,
à partir des données d'African Cashew Alliance (2012)
2-3-3 Organisation de la commercialisation
Le circuit de commercialisation des produits de la
filière anacarde se fait par la commercialisation des noix brutes et des
amandes. Les acteurs du commerce des noix brutes sont en général
les mêmes qui interviennent dans le commerce des noix de karité,
du sésame et/ou des céréales. Ils peuvent être
classés en trois catégories : les sociétés
commerciales, les opérateurs locaux et les acteurs étrangers
occasionnels. Les sociétés commerciales sont en
général des succursales des sociétés
internationales qui se sont installées au Burkina Faso14.
Elles disposent de grands moyens financiers et logistiques et ont une bonne
connaissance du marché international. L'approvisionnement de ces
sociétés est réalisé surtout par des grossistes
locaux installés dans les zones de production ou dans les grands centres
urbains.
11 Production que l'on pourrait transformer pour des
moyens de transformation disponibles
12 Production si toutefois les facteurs de production
étaient utilisés de manière optimale
13 Rapport entre la production et le nombre
d'employés
14 Ces sociétés réalisent des
ventes directes de l'anacarde en Europe, en Asie et en Amérique
6
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives TRAPCA_Arusha, novembre
2015
Les opérateurs locaux sont des commerçants
grossistes, des collecteurs et des pisteurs. Les pisteurs, eux-mêmes
producteurs, se chargent d'acheter la production des autres producteurs
à travers les plantations et les marchés locaux. Ils sont
généralement financés par des collecteurs avec qui des
relations ont été nouées lors de leurs tournées. Le
collecteur renonce ainsi à une partie de sa marge
bénéficiaire au profit du pisteur. Les collecteurs à leur
tour vendent leurs stocks aux grossistes dont la plupart sont basés
à Bobo-Dioulasso, à Banfora et à Orodara.
L'activité de ces derniers consiste à exporter les produits
à partir des ports d'Abidjan, d'Accra et de Lomé ou à les
livrer aux sociétés commerciales.
Les acteurs étrangers occasionnels sont composés
de deux types : les acheteurs sous-régionaux15 qui se rendent
sur le territoire burkinabè pour s'approvisionner en vue de
compléter leur commande d'une part et les acheteurs occasionnels
internationaux d'autre part. Ces derniers, généralement des
Indiens, n'appartiennent pas aux sociétés d'exportations
déjà présentes. Cependant, ils profitent de leur passage
du Burkina Faso vers la Côte d'Ivoire pour s'approvisionner.
La vente des amandes blanches conventionnelles se fait par les
unités de transformation à travers des ventes directes
auprès des clients en Europe, en Asie et en Amérique. Quant aux
amandes bio-équitables, elles sont essentiellement orientées vers
l'exportation. S'agissant de la vente des amandes grillées, elle se fait
par les distributeurs locaux situés pour la plupart dans les centres
urbains.
Le graphique 1 ci-dessous met en relief deux types de circuit
de commercialisation : le circuit normal et le circuit opportuniste. Le circuit
normal est celui suivi et reconnu officiellement par les acteurs de la
filière. Cependant, il arrive que certains acteurs se démarquent
de ce circuit en empruntant le circuit dit opportuniste pour cultiver une
mauvaise concurrence ou pour combler un besoin urgent d'argent.
Par ailleurs, les marges ne sont pas fonction du prix de
l'anacarde. Quels que soient le prix et la qualité du cajou, les
rémunérations restent sensiblement les mêmes16.
Partant d'une base de 100 F CFA/Kg, on obtient au graphique 2 ci-dessous une
estimation de la répartition des marges. L'analyse de ce graphique
montre que les prix d'achat et de vente évoluent positivement du pisteur
au collecteur et au grossiste. Cependant les collecteurs sont les acteurs qui
engrangent la marge nette la plus élevée.
15 Mali, Guinée, Ghana et
Côte d'Ivoire
16 SUTTER Pierre Luc ; Juillet 2010
7
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
Graphique 1 : Circuit de
commercialisation des produits d'anacarde au Burkina Faso
Grossistes exportateurs de noix
Producteurs individuels de noix
Collecteurs de noix
Pisteurs
Exportation
Transformateurs semi-industriels et industriels
Groupements de producteurs de noix
Animateurs collecteurs
Marché local
Source : auteur
.circuit opportuniste
circuit normal
8
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
graphique 1: Comparaison des marges nettes, des prix de
vente et des prix d'achat entre des acteurs impliqués dans la
commercialisation
Prix de vente
Marge nette
106
5,5
138,86
18,93
168,02
18,58
Prix d'achat
100
138,86
106
Pisteur
Collecteur
Grossiste
acteurs
0
prix par KG
180
160
140
120
100
80
60
40
20
Source : construit par l'auteur à
partir des données de SUTTER (2010)
2-4 Rôles des pouvoirs publics
Dans la perspective de la libéralisation de son
économie, l'État burkinabè a redéfini son
rôle dans le secteur agricole. A cet effet, le Plan d'Actions du secteur
des Oléagineux (PAO) a été défini. Cette attention
est encore marquée dans la Stratégie de Croissance
Accélérée et de Développement Durable (SCADD)
à son axe 1. Pour cela, en 2011, le Gouvernement Burkinabè
faisait de la noix de cajou une priorité dans son programme pour un
Burkina Faso émergent.
Plusieurs principes ont été
élaborés en vue d'accompagner ces réformes notamment, la
promotion du secteur privé à travers la libéralisation de
l'économie, l'allégement du fardeau fiscal des entreprises
formelles et l'adoption d'un Code des investissements dans l'optique de
promouvoir des investissements productifs.
En 1997, le gouvernement a lancé un programme de
développement de la filière anacarde, visant à mettre en
terre plus de 1 000 000 de plants17. Le soutien de l'Etat s'est
poursuivi, en 2003, avec le financement d'une étude portant sur une
stratégie sectorielle de développement et de promotion
17 SUTTER Pierre Luc; Juillet 2010
9
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
des exportations, ainsi que d'un plan marketing d'exportation
nationale pour la noix de cajou et ses produits18.
L'État accompagne aussi la filière anacarde
à travers les Directions régionales du Ministère en charge
de l'agriculture qui ont un rôle de conseil. Cela se fait
également par les forestiers et le Centre National des Semences
Forestières qui, respectivement, diffusent la semence des arbres en
jugeant de leur physionomie et vérifient la taille des noix.
En définitif la filière anacarde est
relativement organisée qu'on se situe dans la production, dans la
transformation ou dans la commercialisation. L'accompagnement du pouvoir public
ainsi que des ONG devra permettre à la filière d'atteindre des
performances dans la qualité des produits et d'avoir un système
de commercialisation qui permettra de faire de cette filière un levier
des exportations du pays. La section suivante permet de faire l'état de
cette performance.
18 Cette étude a été
financée par le Programme Intégré Conjoint d'assistance
Technique aux Pays moins avancés et autres pays africains.
10
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
III- PERFORMANCE DE LA FILIERE ANACARDE
Cette partie analyse la performance de la filière
anacarde dans chaque maillon. Elle met en exergue l'évolution des
exportations de l'anacarde sous ses formes décortiquée et non
décortiquée ainsi que les différents partenaires du
Burkina Faso en matière d'exportations des produits de l'anacarde
à travers le monde entier.
3-1 Production
Au Burkina Faso plus de 200 hectares de plantations d'anacarde
sont exploités. Le pays regorge de vergers, encore jeunes, en pleine
production et dispose d'une main-d'oeuvre relativement bon marché. A ce
jour, plus de 45 000 ménages s'adonnent à la culture d'anacarde.
Pourtant, malgré une tendance à la hausse au fil des
années, la quantité de noix de cajou produite au Burkina Faso
reste faible comparée à celle d'autres pays de l'Afrique de
l'Ouest19.
En 2012, la performance des quatre grandes zones de production
a été de 11 124 tonnes, 8 756 tonnes, 5 698 tonnes et 514 tonnes
respectivement pour les Cascades, pour le Sud-ouest, pour les Hauts Bassins et
pour le Centre-Ouest. Cela a entrainé une production annuelle moyenne
nationale de 26 329 tonnes. Les quatre zones hébergent plus de 99% de la
production en noix de cajou20. Le tableau 2 ci-dessous renseigne sur
les zones de production et le nombre de ménages impliqués dans la
production ainsi que le nombre de pieds d'anacardiers par région.
En dépit des difficultés que connaît la
filière, la taille moyenne nationale des superficies exploitées
est de 2,9 ha par producteur avec certaines superficies allant jusqu'à
100 ha. Les rendements moyens par hectare varient entre 400 et 600
kilogrammes21.
19 le Burkina Faso est classé quatrième producteur
et exportateur de noix de cajou sans coque de la Communauté
économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ; Centre du
commerce international, fiche export CEDEAO: noix de cajou sans coque
20Ministère de l'agriculture et de la sécurité
alimentaire; Avril 2013 21Ministère de l'agriculture et de la
sécurité alimentaire; Avril 2013
11
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
Tableau 2: Répartition de la production
d'anacarde
N°
|
Régions
|
Nombre de pieds
|
Ménages
|
Superficies (Hectare)
|
Production (Kg)
|
Productivité moyenne par
hectare (Kg)
|
Productivité moyenne par
pied (Kg)
|
Productivité moyenne par
ménage (Kg)
|
1
|
Boucle du Mouhoun
|
32 115
|
357
|
161
|
64 000
|
397,515
|
1,992
|
179,271
|
2
|
Cascades
|
5 561 964
|
17 575
|
27 810
|
11 124 000
|
400,000
|
2,000
|
632,944
|
3
|
Centre
|
42 924
|
122
|
215
|
86 000
|
400,000
|
2,003
|
704,918
|
4
|
Centre-Est
|
16 640
|
96
|
83
|
33 000
|
397,590
|
1,983
|
343,750
|
5
|
Centre- Nord
|
2 958
|
34
|
15
|
6 000
|
400,000
|
2,028
|
176,470
|
6
|
Centre- Ouest
|
256 859
|
2 217
|
1 284
|
514 000
|
400,311
|
2,001
|
231,844
|
7
|
Centre- Sud
|
17 838
|
183
|
89
|
36 000
|
404,494
|
2,018
|
196,721
|
8
|
Est
|
11 139
|
144
|
56
|
22 000
|
392,857
|
1,975
|
152,777
|
9
|
Hauts- Bassins
|
2 849 241
|
10 065
|
14 246
|
5 698 000
|
399,971
|
1,999
|
566,120
|
10
|
Nord
|
2 902
|
38
|
15
|
6 000
|
400,000
|
2,067
|
157,894
|
11
|
Plateau Central
|
558
|
14
|
3
|
1 000
|
333,333
|
1,792
|
71,428
|
12
|
Sahel
|
1 328
|
11
|
7
|
3 000
|
428,571
|
2,259
|
272,727
|
13
|
Sud-ouest
|
4 367 761
|
14 220
|
21 839
|
8 736 000
|
400,018
|
2,000
|
614,345
|
|
Burkina Faso
|
13 164 227
|
45 076
|
65 823
|
26 329 000
|
399,996
|
2,000
|
584,102
|
Source: construit, par l'auteur, à
partir des données issues d'African Cashew Alliance, (2012)
3-2 Transformation
Le maillon transformation demeure peu structuré. Les
femmes y occupent une place importante. C'est en 1984 que l'on assiste pour la
première fois à l'implantation du premier atelier villageois de
transformation. Plus tard, 45 autres unités de transformation
traditionnelle ont été installées, employant chacune 25
à 30 femmes22. La transformation de l'anacarde se
réalise essentiellement dans les régions des Hauts Bassins et des
Cascades. La capacité de transformation de l'anacarde au Burkina Faso
est estimée à 10 000 tonnes par an. Cependant, les
quantités transformées représentent moins de 50% de cette
capacité et 10% du volume de la production des noix23.
En 2012, l'on dénombrait dix unités de
transformation industrielles installées. La plus grande unité de
transformation est la Société de Transformation Industrielle de
l'Anacarde à Banfora (SOTRIA-B), qui a ouvert ses portes en 2006. En
2012, elle employait 2 000 personnes dont 90% de femmes.
Divers types de produits sortent de ces industries dont les
amandes blanches conventionnelles et les amandes grillées
destinées au marché sous-régional et international, les
amandes blanches bio-
22SUTTER Pierre Luc; Juillet 2010
23Ministère de l'agriculture et de la
sécurité alimentaire; Avril 2013
12
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
certifiées pour le marché Européen et les
pâtes de cajou, le caramel, le savon pour le marché local.
3-3 Exportation
3-3-1 Evolution des exportations
Le graphique 2 suivant permet de suivre l'évolution, entre
1995 et 2003, des exportations, toutes natures24 de noix de cajou et
des noix décortiquées (amandes).
valeurs en 70000
millier de dollars US
50000
40000
30000
20000
10000
0
60000
années
noix de cajou toutes natures
noix de cajou décortiquées
graphique 2: évolutions des exportations de
noix de cajou de 1995 à 2013
Source : construit par l'auteur à partir des
données extraites de WITS UN Comtrade 2013
Au graphique 2 ci-dessus, on observe que les exportations de
noix de cajou toutes natures ont eu une évolution non linéaire
entre 1995 à 2010, atteignant des niveaux élevés durant
les années 1997, 1999 et 2003, puis entre les années 2007 et
2010. Les valeurs des exportations sont restées cependant
inférieures à 10 000 000 $US. A partir de 2010 on observe une
augmentation très importante des exportations qui dépassent en
2011 la barre de 60 000 000 dollars US, soit environ 30 000 000 000 de francs
CFA. Cette croissance exceptionnelle en 2011 serait imputable au transit de la
noix brute de la Côte d'ivoire par le Burkina Faso, qui est ensuite
enregistré comme étant un produit burkinabè parce que
soumis au certificat d'origine25. En effet, les problèmes
politiques de la Côte d'ivoire ont entraîné l'installation
d'opérateurs ivoiriens sur le territoire burkinabè qui exportent
la noix brute à partir du nord de la Côte d'ivoire en passant par
Bobo-Dioulasso en
24 Fraiches, sèches, décortiquées ou non
25 Agence pour la Promotion des Exportations du Burkina ;
décembre 2012
13
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives TRAPCA_Arusha, novembre
2015
direction du Port de Tema au Ghana et de Lomé au Togo.
Les exportations rechutent en 2013 pour se placer entre 50 000 000 et 60 000
000 $US.
Les exportations des noix transformées, quant à
elles, sont restées stables avec des valeurs faibles jusqu'en 2010
où elles connaitront une croissance remarquable. Elles
dépasseront la valeur de 10 000 000 dollars US en 2013, soit environ 5
000 000 000 de FCFA. Cette croissance est due à l'implantation de
nouvelles unités de transformation et à la demande internationale
de plus en plus croissante.
3-3-2 Principales destinations des produits de la
filière
Plusieurs pays du monde sont demandeurs des noix de cajou
burkinabè (tableau 3). Les noix sont exportées vers ces
destinations sous deux formes : décortiquées et non
décortiquées.
Tableau 3 : Destinations des noix de cajou
entre1995 et 2003
Destinations
|
Exportations de noix de cajou toutes
natures
|
Exportations de noix de
cajou décortiquées
|
en milliers de $US
|
en taux
|
en milliers de $US
|
en taux
|
Algérie
|
84,496
|
0,060%
|
84,496
|
0,412%
|
Allemagne
|
336,587
|
0,238%
|
332,248
|
1,621%
|
Bahreïn
|
47,402
|
0,034%
|
28,441
|
0,139%
|
Belgique
|
158,619
|
0,112%
|
0,000
|
0,000
|
Bénin
|
5060,06
|
3,589%
|
237,13
|
1,157%
|
Brésil
|
88,897
|
0,063%
|
0,000
|
0,000%
|
Canada
|
79,847
|
0,057%
|
0,000
|
0,000%
|
Chine
|
2217,27
|
1,573%
|
112,515
|
0,549%
|
Cote d'Ivoire
|
5506,602
|
3,905%
|
74,304
|
0,363%
|
Danemark
|
814,964
|
0,578%
|
0,000
|
0,000%
|
EAU
|
1879,313
|
1,333%
|
169,202
|
0,826%
|
Egypte
|
54,208
|
0,038%
|
36,809
|
0,180%
|
France
|
193,372
|
0,137%
|
124,024
|
0,605%
|
Ghana
|
27718,659
|
19,659%
|
2054,767
|
10,025%
|
Guatemala
|
7,617
|
0,005%
|
0,000
|
0,000%
|
Hong Kong
|
340,618
|
0,242%
|
0,000
|
0,000%
|
Inde
|
12822,958
|
9,094%
|
493,489
|
2,408%
|
Italie
|
1,222
|
0,000
|
1,222
|
0,005%
|
Japon
|
5133,171
|
3,641%
|
0,000
|
0,000%
|
Jordanie
|
44,04
|
0,031%
|
19,846
|
4,566%
|
Liban
|
442,38
|
0,314%
|
434,686
|
2,121%
|
Lybie
|
30,146
|
0,021%
|
30,146
|
0,147%
|
Malaisie
|
2,807
|
0,002%
|
2,807
|
0,014%
|
Mali
|
16,003
|
0,011%
|
7,9
|
0,039%
|
Maroc
|
43,738
|
0,031%
|
38,997
|
0,190%
|
Occ.Pal.Terr
|
234,577
|
0,166%
|
0,000
|
0,000%
|
Pays Bas
|
7721,032
|
5,475%
|
6254,834
|
30,517%
|
République A.
syrienne
|
1203,984
|
0,854%
|
919,342
|
4,486%
|
14
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
République de
Corée
|
3,030
|
0,002%
|
0,000
|
0,000%
|
Royaume Uni
|
57,951
|
0,041%
|
12,379
|
0,060%
|
Sénégal
|
4,051
|
0,003%
|
0,000
|
0,000%
|
Singapour
|
42553,152
|
30,180%
|
3656,351
|
17,840%
|
Suisse
|
0,677
|
0,000%
|
0,677
|
0,003%
|
Togo
|
5908,871
|
4,191%
|
1678,179
|
8,188%
|
Tunisie
|
45,064
|
0,032%
|
45,064
|
0,220%
|
Turquie
|
1695,018
|
1,202%
|
104,78
|
0,511%
|
Ukraine
|
281,585
|
0,200%
|
0,000
|
0,000%
|
USA
|
3084,142
|
2,187%
|
3033,09
|
14,799%
|
Vanuatu
|
10520,464
|
7,461%
|
0,000
|
0,000%
|
Vietnam
|
4559,094
|
3,233%
|
508,03
|
2,479%
|
TOTAL
|
140997,684
|
100%
|
20 495,752
|
100%
|
Source : Tableau construit, par
l'auteur, à partir des données extraites de WITS (SITC
révision2 ; HS 1996)
Le tableau 3 souligne l'existence d'un très grand
nombre de partenaires du Burkina Faso en matière d'exportation de noix
de cajou brutes et transformées. Pourtant les exportations
Burkinabè restent concentrées vers un petit groupe de pays.
Ainsi, 66,40% des noix brutes sont exportées principalement vers le
Singapour (premier importateur), le Ghana et la Vanuatu. De même, 73,18%
des amandes blanches sont importées par les Pays-Bas, le Singapour, les
USA et le Ghana.
L'analyse du tableau 3 permet aussi d'observer qu'ensemble,
les pays de la CEDEAO26 importent 31,34% des noix de cajou
Burkinabè de toutes natures dont 19,78% de noix de cajou
décortiquées. Cela peut être justifié par
l'application de prix bord-champ nettement plus bas au Burkina Faso que celui
appliqué dans ces pays. Les noix importées du Burkina Faso
permettent, en effet, aux acteurs des pays voisins de compléter leur
stock soit pour la transformation, soit pour l'exportation brute.
L'analyse du tableau 3 permet, enfin, d'observer que seulement
14,53% des exportations totales des noix ont été
transformées entre 1995 et 2003. Nonobstant cette situation, ce taux
devrait s'améliorer au regard de la mise en place de sept des dix
unités de transformation après 2003.
3-4 Revenus des producteurs
Au Burkina Faso, les prix des noix de cajou sont fixés
par les acteurs du secteur mais ces prix sont purement indicatifs. En effet, le
prix bord champ appliqué s'avère souvent très faible parce
que c'est l'acheteur, en définitive, qui le fixe en fonction, en partie
tout au moins, du prix sur le marché mondial. Ces prix varient en
fonction de la qualité des noix, du degré et/ou du type de
concurrence entre les pisteurs et de la région.
26 Bénin, Cote d'Ivoire, Ghana, Mali,
Togo, Sénégal
15
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
L'insatisfaction des producteurs quant aux prix d'achat
proposé conduit certains à adopter des stratégies de vente
pour améliorer leurs revenus. Les producteurs décident alors de
vendre leurs récoltes, soit entièrement à un moment
opportun, soit en fractionnant la production pour éviter les pertes et
espérer vendre, plus tard, l'autre partie à un prix meilleur. Le
prix est défini après que chaque pisteur a retiré ses
frais de transport et de manutention ainsi que sa marge. Cependant, quels que
soient le prix et la qualité des noix, les marges restent sensiblement
égales (graphique1).
Malgré les performances et les atouts relevés
dans la filière anacarde, il existe des difficultés que
rencontrent les différents acteurs à tous les niveaux de chaine
de valeur. Toutefois des solutions peuvent être trouvées pour
venir à bout de ces difficultés. C'est l'objet de la prochaine
section.
16
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
IV- CONTRAINTES A L'EXPANSION DE LA FILIERE ET ACTIONS
PROPOSEES
Cette partie permet d'identifier les difficultés que
connait la filière anacarde au Burkina Faso. Après
l'identification de ces contraintes, des propositions de solutions sont faites
en réponse à celles-ci. Ces réponses constituent
l'ensemble des actions que devra entreprendre chaque acteur intervenant la
filière.
4-1Contraintes
Les contraintes au développement de la filière
relevées au niveau de la production sont essentiellement l'utilisation
de méthodes de plantage sans références techniques ainsi
que des plants qui ne répondent pas souvent aux recommandations des
spécialistes. A cela s'ajoutent l'insuffisance d'entretien des vergers
et une relative méconnaissance des acteurs, des règles et
techniques, des normes de récolte, de conservation et de
stockage27.
Dans la transformation, les contraintes se
caractérisent par l'utilisation de matériels et d'emballages non
adaptés, ainsi qu'une faible qualité des produits finis
matérialisée par la fragilisation peu recommandée de la
noix au niveau de la transformation artisanale. Ces contraintes sont
très souvent liées à la faible maitrise des techniques de
transformation. De plus, les acheteurs étrangers proposent des prix plus
intéressants que les sociétés de transformation
entraînant ainsi un détournement de la production vers
l'exportation des noix à l'état brut.
Les contraintes de production relevées
précédemment entraînent la récolte de noix
jugées de petite taille par les grands acheteurs internationaux,
situation qui ne permet pas aux acteurs au niveau national de
bénéficier de prix rémunérateurs à l'achat.
En outre, cette taille influence la taille et le poids des amandes
obtenues28.
A ces difficultés s'ajoute la faible vulgarisation des
produits de la filière auprès des consommateurs burkinabè.
En effet, en dehors de certaines populations des régions de production
de l'anacarde et de quelques zones urbaines, avec une demande
modeste29, le reste de la population burkinabè
méconnaît les différents produits issus des noix de cajou
et les vertus que possèdent ces produits.
Les produits burkinabè sont en concurrence avec les
produits de la sous-région, ce qui limite les exportations du pays,
même si cela incite les acteurs locaux à mieux produire et
transformer. Relevons que les exportateurs burkinabè supportent des
coûts de transport plus élevés que ceux
27 Ministère de l'agriculture et de la
sécurité alimentaire; Avril 2013
28 Analyse de la chaîne de valeur du secteur anacarde au
Burkina Faso (GTZ) ; 2010
29 Ministère de l'agriculture Ministère
de l'agriculture et de la sécurité alimentaire; avril 2001
1
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
des pays côtiers d'Afrique notamment ceux d'Afrique de
l'Est qui sont beaucoup plus près du marché principal qu'est
l'Inde30.
4-2 Propositions d'actions pour l'expansion de la
filière
Les actions à entreprendre pour le développement
de la filière anacarde se situent au niveau de tous les maillons. Il
s'agira pour les groupements et associations qui produisent, transforment et
commercialisent la noix de cajou de mieux coordonner leurs activités en
communiquant sur les actions entreprises à chaque niveau.
Les actions au niveau de la production consisteront
essentiellement pour les services publics compétents et les
différents partenaires à inculquer, en premier lieu, aux
producteurs le respect des bonnes pratiques pour la mise en place et
l'entretien des vergers. Il conviendra de développer les techniques de
récoltes, post récoltes et d'appréciation de la
qualité des noix brutes. Il s'agira enfin d'améliorer le
matériel végétal par la recherche et la vulgarisation et
de renforcer la sécurisation foncière par l'information, la
sensibilisation et l'appui à l'acquisition des titres fonciers.
En aval de la production, les activités de
transformation et de conditionnement doivent respecter des normes strictes
d'hygiène et de sécurité, telles que les principes du
système d'analyse des risques et de maîtrise des points critiques
(HACCP)31 32. Par ailleurs, l'Etat devra faciliter les conditions de
créations des unités de transformation afin d'accroître la
capacité de transformation du pays. Il devra également conduire
la recherche et la vulgarisation des produits dérivés de la
transformation de l'amande33.
L'accompagnement conséquent de l'Etat et de ses
partenaires aux acteurs de la filière aboutira à la
commercialisation de produits de qualité, plus attrayants. Cela se fera
par le renforcement de la structuration du maillon commercialisation, la
formation des acteurs à la prospection de nouveaux marchés et la
recherche de nouveaux partenaires à travers des signatures de contrats
et la facilitation de la participation des promoteurs aux foires et salons
internationaux. Des possibilités de marché pour les noix de cajou
burkinabè sont énormes (tableau 3). Il est primordial pour les
acteurs de la filière, avec l'accompagnement de l'Etat et des structures
comme l'Agence pour la Promotion des Exportations du Burkina Faso
(APEX-BURKINA), de maintenir les relations commerciales avec les grands
importateurs et de les améliorer avec les autres pays à faibles
importations34. Les différentes stratégies de
pénétration de nouveaux marchés devront cependant porter
sur l'amélioration du conditionnement des produits finis, la
diversification des saveurs, le
30 Burkina Faso, étude diagnostique sur
l'intégration commerciale pour le programme du cadre
intégré ; septembre 2007
31 Les perspectives économiques en Afrique ; 2014
32 Le HACCP est une méthode systématique et
préventive d'assurance de la salubrité des aliments. Il est
recommandé par la Commission du Codex Alimentarius, l'organisation
internationale de normalisation des Nations Unies pour la salubrité des
aliments.
33 Pate, huile, savon, etc.
34 Brésil, Canada, Guatemala, Hong Kong, Japon,
République de Corée, Vanuatu
2
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
développement de nouveaux produits,
l'amélioration du circuit de distribution et enfin l'information
à travers un système de communication bien
élaboré.
La stratégie de développement du marché
intérieur devra, quant à elle, se baser sur la réalisation
des campagnes de promotion médiatique, sur des campagnes de
proximité à travers les buffets officiels et les manifestations
nationales ainsi que sur la promotion et la distribution de nouveaux
produits.
Dans une perspective d'améliorer cette filière,
l'Etat devra adopter encore plus de mesures fiscales incitatives dans
l'acquisition de matériels de production et de transformation en
baissant ou en éliminant les taxes à l'importation et permettre,
aussi, à tous les acteurs d'accéder facilement au financement. Il
est aussi nécessaire de négocier des avantages
supplémentaires au régime d'agrément du code des
Investissements et de sensibiliser les acteurs aux différents
régimes d'agréments35.
35Le régime d'agrément du code des
investissements, par exemple, ne couvre pas les constructions de
bâtiments
3
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
V- CONCLUSION
L'anacarde constitue une filière d'avenir pour le
Burkina Faso. Considéré au départ comme un outil de
reboisement, l'anacarde représente aujourd'hui pour de nombreux
ménages burkinabè une source de revenu importante. Dans le souci
d'améliorer les performances de la filière, les acteurs
bénéficient du soutien des structures compétentes de
l'Etat et d'ONG et de structures privées. Cependant, elles ont besoin
d'être bien formées et équipées. En effet, la
capacité totale de transformation des unités de transformation ne
permet pas actuellement la prise en charge de toute la production nationale. La
quantité de noix de cajou transformée reste infime par rapport
à la production totale. Cette situation entraîne des exportations,
en majorité, à l'état brut. Toute chose qui constitue un
manque à gagner pour l'économie nationale.
En definitive, pour que la filière anacarde contribue
effectivement au développement du Burkina Faso, l'Etat doit relever
trois défis majeurs. Le premier défi est l'appui aux producteurs
et aux unités de transformation à travers des formations et des
appuis en matériels et intrants de qualité et encore plus de
facilitation en matière fiscale. Cela entrainera l'implantation d'autres
unités de transformation ainsi que le renforcement des capacités
de l'existant et, partant, une amélioration de l'emploi rural et des
revenus des ménages. Le second défi est d'exploiter les
opportunités de débouchés internationaux,
sous-régionaux et nationaux par le biais d'une exploitation efficiente
des potentialités de la filière qui permettra effectivement
d'aboutir à une commercialisation accrue des produits. Le
troisième défi, enfin est d'inscrire le Burkina Faso de
façon efficiente dans la chaîne de valeur mondiale.
4
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
·
BIBLIOGRAPHIE
Agence pour la Promotion des Exportations du Burkina :
Bulletin anacarde Burkina Faso, données et info développement ;
Décembre 2012
· Alliance Africaine pour le Cajou, Comité
national Burkina Faso : présentation de la filière anacarde ;
Juillet 2012
· Burkina Faso : Le défi de la diversification
des exportations dans un pays enclavé, étude diagnostique sur
l'intégration commerciale pour le programme du cadre
intégré ; Septembre 2007
· CEDEAO: Bulletin anacarde Burkina Faso;
Décembre 2012
· Cellule de coordination du PASA, Ministère de
l'agriculture : Plan d'actions pour les oléagineux; Avril 2001
· Centre d'Analyse des Politiques Economiques et
Sociales (CAPES) : Exportations, croissance et lutte contre la pauvreté
au Burkina Faso ; Avril 2003
· Centre d'Étude, de Formation et Conseil en
Développement (CEFCOD) : Situation de référence des
principales filières agricoles au Burkina Faso ; Avril 2013
· Centre du commerce international, fiche export CEDEAO:
Noix de cajou sans coque;
· Direction Générale du Commerce
Extérieur, Burkina Faso : Rapport balance commerciale 2012.
· GTZ, Burkina Faso : Analyse de la chaîne de
valeur du secteur anacarde ; 2010
· Institut National de la Statistique et de la
Démographie, Burkina Faso : Indices du commerce extérieur du
Burkina Faso (INSD); troisième trimestre 2010
· Institut National de la Statistique et de la
Démographie, Burkina Faso : Projection 2013
· perspectives économiques en Afrique, les
chaînes de valeur mondiales et l'industrialisation de l'Afrique ; 2014
· Ministère de l'agriculture et de la
sécurité alimentaire, Secrétariat permanent de la
coordination des politiques sectorielles agricoles: Situation de
référence des principales filières agro-sylvo-pastorales
et halieutiques au Burkina Faso; Avril 2013
· SUTTER Pierre Luc, Mémoire de fin
d'études : Analyse de la filière anacarde au Burkina Faso :
identification des leviers d'actions pour une meilleure valorisation des
ressources paysannes, Institut Supérieur d'Agriculture, France; Juillet
2010
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Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives TRAPCA_Arusha, novembre
2015
SITES INTERNETS VISITES ?
http://www.faso.net
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http://www.insd.bf
?
http://www.wits.worldbank.org ?
http://www.wto.org/french
Analyse de la filière anacarde au Burkina
Faso: état des lieux et perspectives TRAPCA_Arusha, novembre
2015
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Table de matières
Dédicaces et remerciements I
Sigles et Abréviations .II
Sommaire .III
RESUME IV
I- INTRODUCTION
II- EMERGENCE ET DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE
2-1 Historique 3
2-2 Description de l'anacarde 3
2-3 Structure et organisation 4
2-3-1 Organisation de la production 4
2-3-2 Organisation de la transformation 5
2-3-3 Organisation de la commercialisation 6
2-4 Rôles des pouvoirs publics 9
III- PERFORMANCE DE LA FILIERE 11
3-1 Production 11
3-2 Transformation 12
3-3 Exportations 13
3-3-1 Evolution des exportations 13
3-3-2 Principales destinations des produits de la
filière 14
3-4 Revenus des producteurs 15
IV- CONTRAINTES A L'EXPANSION DE LA FILIERE ET ACTIONS
PROPOSEES 1
4-1Contraintes 1
4-2 Actions de résolution des contraintes 2
V- CONCLUSION 4
SITES INTERNETS VISITES 6
BIBLIOGRAPHIE 5
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Faso: état des lieux et perspectives
TRAPCA_Arusha, novembre 2015
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