Introduction générale
A l'orée du XXI° siècle, La protection de
l'environnement est devenue un enjeu mondial. Le point d'orgue fut atteint le
15 décembre 2015 lorsque le 1er accord universel pour la
défense du climat fut avalisé par 195 pays et par l'Union
européenne dans le cadre de la COP 21 (sous la présidence de la
France). Les pays signataires s'engagèrent à réduire les
émissions de gaz à effet de serres et à fortiori à
contenir le réchauffement climatique. L'objectif poursuivi par la
cohorte de partenaires est de limiter le réchauffement de la
température à 2 degrés à l'horizon de 2100. Les
mesures qui ont été prises en 2015 ont pris du temps à
faire consensus, longtemps elles ont fait l'objet de blocages, la
conférence de Copenhague en 2009 en fut la parfaite illustration,
beaucoup de pays en développement considéraient que les
conditions d'applications étaient bien trop drastiques et qu'elles
étaient attentatoires à leur développement
économique, or les pays du nord avait dans leur globalité
déjà atteint un niveau de développement satisfaisant.
Par ailleurs Les économistes ont longtemps
considéré que l'économie était dissociable de la
nature, que leur logique était différente. L'accent a longtemps
été mis sur la rentabilité et le développement
économique indépendamment du renouvellement des ressources
naturelles. Peu d'économistes se posaient la question de savoir si la
biosphère était capable
7
de se reproduire puisque que très peu pensaient que
l'économie découlait de la transformation de la nature.
C'est à partir des années 70 que les
économistes se sont posé la question de savoir si la
biosphère serait capable de se régénérer
indéfiniment pour poursuivre le développement économique.
Le club de Rome en 1972 met en exergue les limites de l'impact de la croissance
économique sur l'environnement avec son 1er rapport (le
rapport MEADOWS). Les regards se portent à la fois sur les ressources
épuisables telles que le gaz ou le pétrole mais également
sur les ressources renouvelables telles que l'ivoires d'éléphants
ou baleines, la plupart des animaux menacés d'extinction.
Les problèmes environnementaux prédominant dans
les années 70 sont des phénomènes de pollution de l'air ou
des sols. Les scientifiques pensaient que c'était des
phénomènes locaux, réversibles qu'il n'y aurait pas de
« contagion » à l'ensemble du globe terrestre si des mesures
de dépollution étaient prises.
Mais les années 80 vont mettre en lumière la
complexité des problèmes environnementaux. En effet les
scientifiques observent une diminution de la couche d'ozone, et une
exacerbation des émissions de gaz à effet de serre sur l'ensemble
du globe terrestre. Dès lors le problème ne doit plus être
traité de façon localisé, mais en concertation avec
l'ensemble des pays. C'est à partir de ce moment que les
économistes s'interrogent sur la durabilité du
développement économique. Le terme de développement
durable apparait pour la première fois lors de la « commission
mondiale sur l'environnement et le développement » de
l'organisation des nations unies en 1987 via le rapport Brundtland. Les acteurs
mesurent alors les enjeux, l'économie doit être pensée de
façon consubstantielle avec l'environnement pour répondre aux
besoins des générations présentes, sans compromettre les
chances des générations futures.
Le protocole de Kyoto en 1997 va être pour la
première fois (après la convention cadre des Nations unies sur le
changement climatique 1992) le théâtre d'une mise en application
de mesures visant à réduire l'émissions de 6 gaz à
effet de serres (dioxyde de carbone, méthane, l'oxyde nitreux, l'hydro
fluocarbure, les hydrocarbures perfluorés, et l'hexafluorure de soufre).
Le principal écueil de ce protocole est que les pays qui l'ont
ratifié sont majoritairement des pays du nord
(développés), les Etats-Unis ne l'ont d'ailleurs jamais mis en
application car ils n'ont jamais ratifié la convention.
Les années 80 et 90 ont donc symbolisés la prise
de conscience de l'ensemble des gouvernements du monde (majoritairement des
pays développés), mais également les atermoiements et les
tergiversations en matière d'application de mesures concrètes.
Il convient à présent d'analyser la terminologie du
sujet d'étude.
8
La protection de l'environnement selon la loi du N°76-629
du 10 juillet 1976 est « la mise en oeuvre des moyens destinés
à prévenir, diminuer ou éliminer les atteintes de toutes
sortes d'origine naturelle ou artificielle ». Autrement dit c'est limiter
ou obérer l'impact négatif des hommes sur leur environnement.
La définition susvisée est plutôt de
caractère scientifique nous allons donc tenter de donner une
définition plus économique. La protection de l'environnement est
« l'ensemble des instruments économiques visant à modifier
le comportement des agents vis-à-vis de l'environnement ». Il faut
bien comprendre que l'activité économique va engendrer des couts
(notamment sur l'environnement en termes de pollution par ex) que l'on appelle
externalité. Les externalités ce sont « les effets externes
ou non voulus provoqués par le comportement d'un agent et qui impactent
de façons négative ou positive la satisfaction d'autres agents
». Il y' a 2 façons de lutter contre les externalités :
- Via les instruments politiques : en outre il s'agit
d'internaliser les externalités selon le principe payeur -pollueur d'A.
PIGOU. Les externalités ne sont pas prises en compte lors du calcul de
la production (produit intérieur brut), pour A. Pigou il faut analyser
les couts (déséconomies externes) et les bénéfices
(économies externes) qu'ils engendrent pour l'ensemble de la
société, c'est les couts sociaux ou les bénéfices
sociaux. Le principe du payeur polluer sous-tend qu'un système de
taxation serais mis en place, et les agents qui pollueraient devrait indemniser
les autres agents victimes de la pollution. Cela permettrait de maximiser le
bien-être social.
- Via des instruments d'ordre institutionnel il s'agit de
promouvoir des règlements qui ne permettent ou limitent l'apparition
d'externalité (dans le cas de la pollution limiter la circulation
automobile lors de journées sous tension c'est le cas à Paris par
ex).
Il s'agit à présent de se concentrer sur le
phénomène de croissance économique.
François PERROUX Définit la croissance comme
« l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues
du produit global net en termes réels ». Le produit global net
signifie qu'il faut soustraire les amortissements du produit global sur une
année. Le terme périodes longues met en évidence que la
croissance économique est un processus de long terme qui est cumulatif.
En effet s'il y'a une évolution du Pib sur une période courte et
que ce processus n'est pas durable il s'agira alors d'une expansion.
L'expansion peut être annulé par une phase récessive
(croissance atone), l'expansion met en exergue le fait que l'activité
9
économique est cyclique. Le cycle le plus notoire est
celui de l'économiste Kuznets.
Source: Fundation for the study of cycles
Ce sont des cycles qui durent maximum 25 ans. Les principales
phases sont l'expansion la croissance, la récession, la
dépression puis à nouveau l'expansion ainsi de suite.
Enfin la notion de terme réel sous-tend que la
composante inflationniste doit être expurgé. On
réfléchit en terme réel et non en termes de prix relatifs
(la variation de la production causé par une augmentation du niveau
général des prix, ou par la variation du taux de change ne veut
rien dire). Si un pays dont la croissance nominal est de 5% et dont le taux
d'inflation est aux alentours de 3% alors le taux de croissance réel
sera de 2%.
Selon A SILEM en 1991 La croissance se définit comme
« l'augmentation durable du revenu national supérieure à
l'accroissement de la population d'un pays ou d'un groupe de pays ». C'est
une définition qui apporte à l'analyse le facteur
démographique. En outre l'augmentation du revenu sur une période
donnée doit être supérieure à la croissance
démographique sur la période. Dans de telles conditions il ne
peut y'avoir de croissance que si le revenu par tête augmente. Dans cette
configuration la croissance est « intensive » elle démontre
que le niveau de vie a augmenté, à contrario la croissance est
« extensive » lorsque le revenu par tête n'a pas
augmenté et que le produit global croit dans le même temps. Par
ailleurs il ne faut pas confondre croissance économique et
développement. Le développement est un phénomène
multidimensionnel auquel d'autres facteurs comme l'éducation et la
santé sont prises en compte. La croissance est cependant une condition
nécessaire au développement bien que pas suffisante, c'est donc
un préalable.
Nous allons maintenant nous intéresser au concept de pays
du sud.
10
Par analogie les pays du sud s'opposent aux pays du nord qui
sont riche et ont atteint un niveau de développement satisfaisant. Les
pays du sud ont connu des appellations différentes depuis les
années 60 et la reconnaissance d'un troisième bloc (face au bloc
de l'ouest et de l'est soviétique). Ils étaient alors
affublés de tiers monde, expression crée par A.SAUVY
(démographe) en référence au tiers-états dans la
société des ordres en France. Les pays du Sud ont
été qualifiés ensuite de pays en voie de
développement, ou encore de pays les moins avancés du monde
concernant les pays dont les indicateurs de développement étaient
pusillanimes. Face à ces expressions surannées et
inappropriées le terme plus consensuel de pays en développement a
été adopté.
Les pays en développement sont cependant assez
hétéroclites, il convient donc de distinguer les pays
émergents d'envergure internationale comme le Brésil, la Russie,
la Chine et l'Inde (les bric) dont le revenu par tête est entre 15 000 et
20 000 euros par an. Il Y'a aussi les pays émergents d'envergure
régionale (Afrique du sud, Thaïlande) dont le revenu par tête
est compris entre 10 000 et 15 000 euros par an. Cette classification de pays
en développement comporte également les pays à «
revenu intermédiaire » c'est le cas de l'ile Maurice ou du Vietnam,
leur revenu par tête est compris entre 2000 et 10 000 euros par an. Enfin
nous avons les pays les moins avancés du monde dont le revenu par
tête est inférieur à 500 euros annuellement, c'est le cas
de Madagascar ou d'Haïti notamment.
Dans la théorie macroéconomique traditionnelle,
le sous-développement de ces pays en développement serait
constitutif uniquement d'un retard. Si l'on se place dans le cadre de cette
analyse il suffirait que les pays en développement parviennent à
grimper le long d'une flèche de temps unique. La parfaite illustration
de ce paradigme est la théorie du take off de Rostow. Cette
théorie analyse le développement sur le socle de 5 étapes
historiques allant de la société traditionnelle jusqu'à
l'ère de consommation de masse (Le take off étant la 3ème
étape, l'étape du décollage, la société qui
dépasse de nombreux blocages). Cette théorie souffre cependant de
plusieurs points faibles, elle est trop descriptive, elle est fidèle au
développement des Etats-Unis ou de l'Europe, elle n'est pas transposable
à l'ensemble des pays du sud. Bien d'autres théories
(l'incomplétude des marchés, le double déficit des pays en
développement) expliquent que les pays du sud ont un retard de
développement cependant l'objet de notre étude n'est pas
d'expliquer de manière exhaustive les raisons de ce retard. Par ailleurs
plusieurs auteurs ont écrit sur l'économie du
développement tel que Paul ROSENSTEIN-RODAN, Arthur LEWIS, Albert
HIRSHMAN, François PERROUX, Harvey LEIBEISTEIN, Gunnar MYRDAL.
Dans cette étude Nous cherchons à
démontrer que la croissance économique et la protection de
l'environnement peuvent constituer un véritable dilemme pour les
économies en développement. Protéger l'environnement et
rechercher la croissance du produit brut globale paraît antinomique. En
effet protéger l'environnement peut avoir des répercussions
négatives sur l'activité économique par des mesures
coercitives sur le plan fiscal ou social.
11
Par ex mettre en place une taxe Carbonne pour les entreprises
les plus polluantes. On va donc essayer de savoir comment les pays du sud
peuvent t'ils protéger l'environnement sans non plus obérer leur
chance de développement économique, sur quels secteurs peuvent
t'ils s'appuyer ?
Quant à la dégradation de l'environnement nous
nous limiterons aux phénomènes de pollutions
atmosphériques des sols ou de l'eau, à l'utilisation excessive
des ressources naturelles, mais également au changement climatique et
aux effets néfastes de la pollution sur la santé des hommes.
Au-delà de leur relation négative apparente la
croissance économique et la protection de l'environnement ne
peuvent-elles pas converger ? Autrement dit la croissance économique
nuit elle nécessairement à la protection de l'environnement ?
Dans quelles mesures les pays du sud peuvent-ils continuer leur
développement économique tout en ne dégradant pas
l'environnement ?
Afin de répondre à ce corpus de questions nous
verrons dans une première partie les relations entre croissance
économique et protection de l'environnement : Théories, concepts
et fondements, puis dans une seconde partie plus pratique l'application aux
pays du sud.
Partie 1) Relations entre croissance économique
et protection de l'environnement : théories, concepts et fondements.
|