Ces dernières années, plusieurs informations
importantes sont enregistrées sur la qualité et l'importance des
parcs et espaces verts dans le monde. En Europe, 45 millions de citadins ont un
accès limité aux espaces verts urbains, notamment dans les villes
qui ne comptent que 2 à 13% d'espace vert4.
En Afrique, Lomé, la capitale togolaise, offre 20
places publiques localisées dans la partie sud de la ville 85% de ces
places présentent un état de vétusté avancé
: végétation vieille avec des racines très
développées, tas d'ordures sur les lieux, absence des bancs
publics (Koudjou, 2004).
Selon les estimations de l'ONU-HABITAT (2010), plus de 40%
d'Africains vivant dans les villes sont dans les zones dépourvues
d'équipements et des services de base, en l'occurrence, les
infrastructures et espaces de loisirs.
Kinshasa ou « Kin la joie », n'est pas en reste.
Les parcs et espaces verts publics de cette ville ont été
effacés de la carte géographique du fait de leur occupation par
des habitations précaires et des marchés (Ngur-Ikone, 2006).
Qualifiées de « poumon vert de la planète
», la forêt en général et les forêts tropicales
humides en particulier, jouent de multiples fonctions indispensables à
la satisfaction des besoins variés des hommes. Elles assurent la
fixation du carbone à l'intérieur de la biomasse, la
régulation des températures et des sols contre l'érosion,
qui plus est, elles remplissent d'autres rôles essentiels dans la vie
humaine : éducation, récréation, recherche scientifique,
etc. (J.J. Faure, 1987).
Conscients des menaces qui pèsent sur leur
écosystème forestier, les pays d'Afrique centrale multiplient des
efforts en vue de l'aménagement durable de leurs forêts, et ce,
par l'adoption de nouvelles politiques, la révision des lois
forestières, etc.
Disposant d'une couverture forestière estimée
à 22.471.271hectares et un taux de déforestation moindre (0,08%),
la République du Congo est classée dans la catégorie des
pays à forte couverture forestière et à faible taux de
déforestation et de dégradation forestière5.
4Cité par MADJOUDA TEDEFO Caroline Lareine
(2012) dans son mémoire intitulé « revalorisation des
espaces verts publics urbains : cas de la place Charles ATANGANA à
Yaoundé»
5Proposition pour la Préparation à la
REDD+ (RPP) République du Congo, Brazzaville, le 10 mars 2011
10
À l'instar de la plupart des aires
protégées de l'Afrique noire francophone, la réserve
forestière de la Patte d'Oie (RFPO) a été
créée pendant la période coloniale française.
Cependant, depuis le départ de l'administration coloniale, cette
réserve a connu un recul de son couvert forestier du fait de la
dégradation du sol d'une part et d'un manque criard de la politique
d'aménagement d'autre part.
Ce conservatoire animalier hérité de la
colonisation connaît présentement des difficultés de
survie.
L'état vétuste du matériel dans lequel
sont détenues les bêtes, la monotonie des espèces animales
existantes, le manque des pensionnaires exotiques, l'insuffisance d'entretien
des animaux féroces, des espaces de récréation, le manque
de gestion des espaces verts, d'éclairage, et le mauvais état des
allées traduisent visiblement la pauvreté de cette structure.
À titre d'illustration, l'effectif des pensionnaires qui étaient
de 271 bêtes en 1971 est passé à 139 bêtes en 1985
avant de tomber à 110 bêtes au cours des années
19906. En 2013, il ne reste que 32 bêtes dont la plupart sont
des singes.
En effet, le dépeuplement du zoo de Brazzaville est
préoccupant. Parallèlement, nous assistons à une
décomposition socioculturelle de la ville de Brazzaville liée
à la dégradation de cet équipement de loisirs.
Actuellement, le parc urbain ressemble à une parcelle
abandonnée.
Malgré cet état, les populations de Brazzaville
apprécient l'existence de cet espace qui au demeurant n'est ni
aménagé ni réhabilité. Il n'existe que dans
l'esprit d'assurer les besoins collectifs. Ce lieu de rencontre est
nécessaire à la vie communautaire de la ville.
Ainsi, les gestionnaires de la ville doivent assurer
l'aménagement des équipements collectifs comme la réserve
forestière de la Patte d'Oie de la ville de Brazzaville qui joue le
rôle du poumon de la ville sur le plan touristique.
Comme nous pouvons le constater, le parc urbain joue un
rôle multiple à la fois socioculturel, éducatif,
scientifique, protecteur et commercial.
Au regard de l'état de dégradation de la
réserve Forestière de la Patte d'Oie par la prolifération
des quartiers nouveaux comme le quartier Diata, des cultures vivrières,
il se pose un problème d'utilisation de cet héritage colonial
afin qu'il soit bénéfique pour tous. Cela s'inscrit dans la
continuité du projet de transformation de la forêt de la Patte
d'Oie en un parc d'attractions mis sur pied depuis l'an 2000.
6 Rapports annuels d'activités et cahiers des
statistiques forestières du Ministère de l'Economie
Forestière 1990.
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De ce qui précède, nous formulons la question
principale suivante : comment rendre la Patte d'Oie plus attractive et
bénéfique pour les utilisateurs ?
Cette question principale décline en trois questions
spécifiques.
· Quel est l'état des lieux et le fonctionnement de
Patte d'Oie ?
· Existe-t-il un cadre réglementaire et
institutionnel en vigueur pour l'aménagement de la Patte d' Oie ?
· Comment aménager de façon rationnelle la
Patte d'Oie?