REPUBLIC OF CAMEROON Peace - Work - Fatherland THE
UNIVERSITY OF YAOUNDE II Faculty of Economics And Management PO.BOX :
1365 Yaoundé
REPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix - Travail - Patrie UNIVERSITE
DE YAOUNDE II Faculté des Sciences Economiques et de Gestion BP
: 1365 Yaoundé
NOUVEAU PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE
INTERUNIVERSITAIRE (NPTCI) EN ECONOMIE
LA MORTALITE INFANTO-JUVENILE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
MEMOIRE PRESENTE EN VUE DE L'OBTENTION DE
MASTER EN SCIENCES ECONOMIQUES
OPTION : ECONOMIE DE LA SANTE, ECONOMIE DU TRAVAIL ET FINANCE
PUBLIQUE
Par :
DOUI NGBAN-ZANG-MON Brice Teddy Titulaire d'une
maîtrise en Sciences-Economiques
Sous la Supervision de : Pr TSAFACK NANFOSSO
Roger Professeur Titulaire, Agrégé des Sciences
Economiques Université de Yaoundé II-Soa
Année Académique 2013-2014
Avertissement
i
L'Université de Yaoundé II n'entend donner
aucune approbation ou improbation aux opinions émises dans ce
mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme
propres à leur auteur.
Dédicace
ii
A ma feue grand-mère paternelle NAMKEA
Monique,
A ma feue tante maternelle Mme GRENGBO Asta,
A ma feue soeur aînée DOUI YONG-MONKOFENA
Sandrine Ruth.
iii
Remerciements
La réalisation de ce travail n'aurait été
possible sans la contribution de nombreuses personnes à qui, nous
exprimons notre reconnaissance. Nos sincères remerciements au Professeur
TSAFACK NANFOSSO Roger pour l'encadrement sans faille qu'il a assuré
tout au long de ce mémoire. Ses conseils et ses encouragements ont
été des éléments motivateurs et stimulateurs pour
la réalisation de ce travail de recherche
Que le NPTCI reçoit l'expression de notre profonde
reconnaissance pour avoir mis à notre disposition, les enseignants
qualifiés et un cadre de travail propice à la réussite de
notre formation.
Nos remerciements vont à l'endroit du corps professoral
et du personnel administratif de la FSEG. Ceci s'adresse
particulièrement :
V' au Professeur AVOM Désiré,
Coordonnateur national du NPTCI et au Professeur FOMBA KAMGA Benjamin.
V' au Docteur ZAMO AKONO Christian qui a fortement
contribué à enrichir le sujet traité et à orienter
notre réflexion.
Nous témoignons également notre gratitude :
V' aux membres du Centre de Recherche en
Microéconomie Appliquée (REMA) pour les échanges
fructueux, nous pensons à MBOUTCHOUANG Vincent de Paul et NONO
Claudia.
V' à tous les camarades de la première
promotion DEA/Master NPTCI (2ème phase) du campus de
Yaoundé particulièrement : KAMBAT THIBA Aimé, ABESSOLO
Jeanne Irène, D'POLA Ulrich.
V' à Monsieur MBELET Tiburce pour son apport
technique dans le traitement des données et au Doctorant MBALLA Nerry
pour ses encouragements.
V' à notre famille pour son soutien
indéfectible ainsi qu'à Mademoiselle BALLO Stéphanie
Sabrina. A tous nos amis, nous leur disons infiniment merci.
Enfin, toute notre reconnaissance à tous ceux qui, de
près ou de loin, ont contribué à la réalisation de
ce mémoire.
Liste des sigles et abréviations
CDE : Convention relative au Droit de
l'Enfant
CNUED : Conférence des Nations Unies
sur l'Environnement et le Développement
CPID : Conférence Internationale sur
la Population et le Développement
DSRP : Document de Stratégies de
Réduction de la Pauvreté
DTCoq : Diphtérie Tétanos et
Coqueluche
ECD : Equipe Cadre de District
EDS : Enquête Démographique et
de Santé
FOSA : Formations Sanitaires
ICASEES : Institut Centrafricain des
Statistiques et des Études Économiques et Sociales
IDH : Indice de Développement
Humain
IPPTE : Initiative des Pays Pauvres
Très Endettés
IRA : Infections Respiratoires
MICS : Enquête par grappes à
Indicateurs Multiples
MSPP : Ministère de la Santé
Publique et de la Population
OMD : Objectif du Millénaire pour le
Développement
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
PED : Pays en Développement
PEV : Programme Elargi de Vaccination
PNDS
|
:
|
Programme National de Développement Sanitaire
|
iv
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PRONAPAL : Programme National de Lutte contre
le Paludisme
PTPE : Prévention de la Transmission
Parents-Enfant
RCA : République Centrafricaine
RGPH : Recensement Général de
la Population et de l'Habitat
RS : Région Sanitaire
SNIS : Système National d'Information
Sanitaire
SSP : Soins de Santé Primaires
UNICEF : Fond des Nations Unies pour
l'Enfance
v
Résumé
La présente étude a pour objectif principal de
contribuer à une compréhension plus large des mécanismes
sous-jacents à la mortalité infanto-juvénile en RCA.
Spécifiquement, il s'agit d'identifier les facteurs qui expliquent le
risque de décès des enfants de moins de 5 ans et de mesurer la
contribution relative de ces facteurs au risque de décès. Cette
étude a fait recours aux outils statistiques, mathématiques et
à l'économétrie des données qualitatives en se
fondant sur les données de la 3ème et
4ème Enquête MICS-RCA collectées par l'ICASEES
respectivement en 2006 et 2010.
A l'issue des travaux, les résultats obtenus peuvent se
résumer ainsi qu'il suit. (a) Les enfants des mères
ayant atteint un niveau d'instruction primaire voient leurs risques de
décès baisser de 2,3% en 2010 par rapport à leurs
congénères dont les mères sont sans instruction. De la
même manière, les enfants nés des pères ayant
atteint un niveau d'instruction primaire, secondaire et plus courent moins de
risques en 2006 par rapport à ceux nés des pères sans
instruction. Cette baisse de risques est respectivement de 6,6% et 6,8%.
(b) Cette étude révèle que le niveau de vie du
ménage a une influence négative et significative sur les risques
de décès des enfants exclusivement en 2010. Ainsi, les enfants
nés dans les ménages moyens (ou intermédiaires)
connaissent une baisse de 3,1% de leurs risques de décès par
rapport à leurs congénères nés dans des
ménages pauvres.
Mots clés : Mortalité infantile,
mortalité infanto-juvénile, risque de mortalité.
vi
Abstract
The principal objective of this paper is to contribute in
explaining to a large extent the mechanism underlying juvenile-infant mortality
in the Central African Republic. More specifically, it is aimed at identifying
the factors pertaining to the risks involved in infant mortality. We used
statistical, mathematical and qualitative econometric data obtained from the
third and fourth CAR-MICS research collected by ICASEES in 2006 and 2010.
The results got from this research can be summarized as
follows : (a) Children whose mothers reached a primary level in
education see their infant mortality level fall to 2.3% in 2010 compared to
their counterparts whose mothers were not educated. In the same way educated
parents' children with primary and secondary levels also see their risk of
infant mortality reduced to 6.6% and 5.8% respectively. (b) The
results reveal that living standards of households have a negative and
significant influence over the risks of infant mortality exclusively in 2010.
Children born in intermediary households have their infant mortality risks
reduced to 3.1% as compared to their counterparts born in poor families.
Key words : infant mortality, child mortality,
mortality risk.
vii
Sommaire
Avertissement i
Dédicace ii
Remerciements iii
Liste des sigles et abréviations iv
Résumé v
Abstract vi
Sommaire vii
Liste des tableaux viii
Liste des graphiques et figure viii
Introduction générale 1
Chapitre 1 : Problématique de la mortalité
infanto-juvénile 3
Section 1 : Les explications microéconomiques de la
mortalité des enfants 3
Section 2 : Les explications macroéconomiques de la
mortalité des enfants 8
Conclusion 13
Chapitre 2 : La politique de santé et santé
des enfants en RCA 14
Section 1 : L'offre de soins de santé en RCA 14
Section 2 : La santé des enfants en RCA 20
Conclusion 25
Chapitre 3 : Mortalité infanto-juvénile :
cadre méthodologique 26
Section 1 : Le cadre conceptuel 26
Section 2 : Les données et la justification des variables
31
Conclusion 36
Chapitre 4 : Les déterminants de la
mortalité infanto-juvénile 37
Section 1 : L'analyse et les interprétations des
résultats économétriques 37
Section 2 : Les recommandations de politique économique
44
Conclusion 46
Conclusion générale 47
Références bibliographiques 49
Annexes 55
Table des matières 57
viii
Liste des tableaux
Tableau 1 : Evolution du financement public de la santé
de 2006 à 2011 (en millions de
FCFA) 18
Tableau 2 : Financement de la santé de 2006 à
2011 (en %). 18
Tableau 3 : Ratios personnel de santé par habitant en RCA
en 2008 19
Tableau 4 : Proportion de décès des enfants
selon certains facteurs internes en 2006 et 2010
(%) 33
Tableau 5 : Proportion de décès des enfants
selon les facteurs externes au ménage en 2006 et
2010 (%) 36
Tableau 6 : Déterminants de la mortalité
infanto-juvénile en 2006 et 2010 43
Tableau 7 : Description des variables 56
Liste des graphiques et figures
Graphique 1 : Tendances de la couverture vaccinale au niveau
national de 2008-2010 22
Graphique 2 : Tendances de la mortalité infantile et
infanto-juvénile en RCA de 1975 à 2011
24
Graphique 3 : Principales causes de décès des
enfants âgés de moins de 5 ans de 2000-2003
(en %) 24
Figure 1 : Diagramme de flux desdéterminants
socioéconomiques 55
1
Introduction générale
La santé est reconnue comme étant une dimension
fondamentale du bien-être des individus, pour la simple raison qu'une
meilleure santé de la population favorise le développement par le
jeu de divers mécanismes. Cette reconnaissance justifie
l'intérêt accordé par les Etats ainsi que les institutions
internationales à cette dimension du capital humain. Cet
intérêt est éventuellement dû à l'importance
indéniable que revêt la santé en général et
celle des enfants en particulier. Car il est généralement admis
qu'une population en bonne santé a tendance à fournir une
productivité accrue de la main d'oeuvre en rendant les travailleurs plus
forts physiquement, plus énergiques et donc plus productifs. Ayant pris
conscience du rôle indispensable que joue la santé, la
communauté internationale a initié plusieurs
concertations1 tant au niveau mondial que régional pour
promouvoir la santé des enfants.
Le niveau de mortalité des enfants dans un pays demeure
un des plus importants indicateurs du développement social et du chemin
à parcourir pour nombre de pays dans la promotion de la santé des
enfants. Ainsi, la mortalité des enfants dans le monde a
considérablement baissé au cours des deux dernières
décennies. Au niveau mondial, la probabilité de
décéder est passée de 87%o au début des
années 90 à 51%o en 2011 (OMS, 2013). Cette baisse cache
cependant des disparités très importantes entre les
différentes régions du monde. Alors que le taux de
mortalité infanto-juvénile est maintenant inférieur
à la moyenne mondiale en Europe (16%o), aux Amériques (21%o), il
reste élevé en Aise du Sud-Est (55%o), en Afrique (107%o). Selon
les estimations établies par l'OMS en 2007, un peu plus de 9 millions de
décès sont à déplorer annuellement parmi les
enfants de moins de 5 ans dans le monde (précisément 4,7 millions
en Afrique) dont les deux tiers pourraient être évités
grâce à la mise en oeuvre de technologies simples et peu
coûteuses. Cependant en RCA, le taux est passé de 169%o en 1990
à 164%o en 2011, soit une baisse de 5 points en 20 ans. L'ampleur de ce
phénomène a interpelé les gouvernements des pays
concernés d'où la multiplication des initiatives en termes de
développement des politiques de santé plus efficaces aidés
en cela par les organisations internationales spécialisées
(UNICEF, OMS, etc).
Malgré les multiples efforts déployés par
les Etats et les institutions internationales conduisant à la baisse des
taux de mortalité infanto-juvénile dans le monde, en Afrique et
dans une
1 Conférence d'Alma Ata en 1978,
l'Initiative de Bamako en 1987, le Sommet Mondial sur l'Enfance en 1990,
Convention relative aux Droits de l'Enfant, la conférence des Nations
Unies sur l'Environnement et le Développement en 1992 et la
conférence Internationale sur la Population et le Développement
en 1994
2
moindre mesure en RCA entre 1990 et 2011, le
phénomène de la mortalité des enfants reste un
véritable problème de développement économique et
social. Face à cette situation, il apparait plus que nécessaire
d'envisager des moyens de réduire l'ampleur du phénomène.
Ceci doit passer par la recherche et l'identification des facteurs qui
l'expliquent. D'où la question de recherche suivante.
Quels sont les principaux déterminants de la
mortalité infanto-juvénile en RCA ?
En se fixant pour objectif principal d'identifier les facteurs
qui expliquent le risque de décès des enfants de moins de 5 ans
en RCA, le présent travail s'appuie sur l'hypothèse centrale
selon laquelle, il existe à la fois des facteurs internes et externes au
ménage qui déterminent le risque de décès. Pour
atteindre cet objectif, l'analyse statistique et l'économétrie
des variables qualitatives est appliquée aux données de
l'enquête MICS réalisée en RCA respectivement en 2006 et
2010.
Le reste de ce document s'articule autour de quatre chapitres.
Le premier chapitre présente la problématique de l'étude,
le second met en relief la politique de santé en RCA, le
troisième traite du cadre méthodologique de la mortalité
infanto-juvénile et le dernier présente les déterminants
empiriques de la mortalité infanto-juvénile en RCA.
3
Chapitre 1 : Problématique de la mortalité
infanto-juvénile
>
La mortalité en général et celle des
enfants de moins de 5 ans en particulier, est un phénomène
démographique très préoccupant dans les pays en
développement notamment ceux de l'Afrique subsaharienne. L'analyse de ce
phénomène retient l'attention de plusieurs acteurs dont les
chercheurs (Mosley et Chen, 1984 ; Dackam, 1990 et Hamadou, 2012), les
décideurs et les gouvernants en ce sens que chacun l'appréhende
selon ses besoins spécifiques. L'intérêt de cette analyse
réside dans le fait que, en tant que composante de la dynamique de la
population, la mortalité reste aussi un indicateur de
développement social d'un pays. Elle permet non seulement
d'évaluer les programmes de santé mais aussi l'environnement
social, économique et naturel qui donnent une idée des conditions
de vie des populations. L'objectif de ce chapitre est de revisiter les
enseignements théoriques et empiriques développés dans ce
cadre. Ceux-ci peuvent être regroupés en explications
microéconomiques (section 1) et en explications macroéconomiques
(section 2).
Section 1 : Les explications microéconomiques de
la mortalité des enfants
L'objectif de cette section est de présenter de
manière succincte et sélective les différents travaux tant
théoriques qu'empiriques qui mettent en exergue les aspects
microéconomiques des facteurs explicatifs de la mortalité des
enfants dans les pays en développement. Elle s'articule autour de la
présentation du modèle de Mosley et Chen (1984) et de ses
extensions.
1.1. Le modèle de base de Mosley et
Chen
En s'inspirant du modèle des déterminants de la
fécondité de Davis et Blake (1956) et Bongaarts (1978), Mosley et
Chen ont développé un cadre d'analyse des déterminants de
la mortalité des enfants. Ce dernier est d'un grand apport dans
l'identification des variables explicatives pour l'étude de la
mortalité des enfants dans les pays en développement. En effet,
le schéma explicatif de Mosley et Chen reste à ce jour le cadre
d'analyse le plus complet et le plus utilisé dans les recherches sur les
déterminants de la morbidité et de la mortalité des
enfants dans les pays en développement.
Reprenant la hiérarchie établie par leurs
prédécesseurs, Mosley et Chen ont regroupé les facteurs
pouvant affecter le niveau de mortalité des enfants en deux groupes :
les déterminants proches ou variables intermédiaires, et les
facteurs socioéconomiques. Les déterminants
4
proches se définissent comme étant les
mécanismes de base communs à toutes les maladies (infectieuses ou
parasitaires) et à travers lesquels tous les facteurs
socioéconomiques doivent opérer pour affecter la
probabilité de survie des enfants.
Les auteurs distinguent cinq catégories entre
lesquelles se répartissent les variables intermédiaires.
Premièrement, la catégorie « contrôle de
santé » inclut toute mesure destinée à
entretenir la santé des enfants. Il peut s'agir de pratiques
traditionnelles, tels que divers tabous (concernant l'alimentation, la
purification, etc.) ou modernes (vaccination et prophylaxie contre le paludisme
par exemple). Cette catégorie se réfère également
aux actions préventives et les traitements médicaux.
Deuxièmement, les facteurs maternels quant à eux
incluent le comportement de la mère tel que l'âge à la
naissance, les soins prénatals, le rang de naissance, l'espacement des
naissances. Troisièmement, la contamination de l'environnement qui fait
référence à la transmission des agents infectieux aux
enfants. Les principales voies de transmission sont entre autres l'air
pour les maladies respiratoires notamment ; la nourriture,
l'eau et les doigts pour les maladies intestinales, dont les
diarrhées ; la peau, le sol et les objets
inanimés pour ce qui est des infections de la peau, dont le
tétanos et enfin les insectes qui sont des vecteurs de
nombreuses maladies parasitaires et virales. Quatrièmement, les
déficiences en nutriments sont déterminées par
l'absorption de trois types de nutriments : les calories, les protéines
et les micronutriments (vitamines et minéraux). Il est important de
signaler à ce propos que la santé de l'enfant est fonction non
seulement de sa propre alimentation mais également, de celle de sa
mère. Cinquièmement, les accidents ou les agressions incluent
toute blessure physiologique, les brûlures et les empoisonnements. Bien
que les blessures accidentelles soient souvent considérées comme
le fruit du hasard à l'échelle individuelle, leur
fréquence dans une population reflète les risques présents
dans l'environnement, lesquels diffèrent selon le contexte
socioéconomique et géographique. Les blessures peuvent aussi
être infligées volontairement (circoncision et excision par
exemple).
Les déterminants proches jouent un rôle
intermédiaire (d'où leur nom de variables intermédiaires)
entre le niveau de la mortalité des enfants, qu'ils influencent
directement, et les facteurs socioéconomiques, culturels et autres, qui
ne peuvent avoir un impact sur la santé qu'à travers leurs effets
sur les déterminants proches (cf. figure 1 en annexe).
S'agissant des variables socioéconomiques, Mosley et
Chen les identifient à tous les facteurs susceptibles d'influencer
indirectement c'est-à-dire via les déterminants proches la
mortalité des enfants dans les pays en développement, qu'ils
soient de nature économique, sociale,
5
politique, culturelle, géographique ou autres. Ils sont
subdivisés en trois groupes : les facteurs qui sont spécifiques
aux parents, ceux qui agissent au niveau de la cellule familiale et ceux dont
le rayon d'action englobe l'ensemble de la communauté (locale
régionale, nationale).
D'abord les caractéristiques individuelles qui
comprennent d'une part, les facteurs tels que les traditions, les
normes et les pratiques culturelles susceptibles d'influencer
la santé des enfants et d'autre part, l'instruction des parents.
S'agissant des premiers facteurs, les auteurs soulignent que les croyances et
les pratiques traditionnelles sont en partie fonction des connaissances
acquises dans le domaine pathologique qui sont générées et
entretenues par une population dans son ensemble et dans son histoire que par
un individu isolé. Ainsi donc, les facteurs relatifs aux comportements
culturels en matière de soins aux enfants sont
généralement associés aux caractéristiques de la
communauté.
En ce qui concerne l'instruction des parents, il apparait
clairement comme un déterminant majeur de la santé des enfants.
Les mécanismes à travers lesquels l'éducation influence la
mortalité des enfants sont à la fois économiques et
culturels. Tout d'abord, l'alphabétisation produit un effet par
elle-même. Les parents qui peuvent lire et écrire ont un
accès immédiat à l'information. Les femmes instruites ont
tendance, plus que les autres, à adopter des pratiques
hygiéniques, même très simples, susceptibles d'influencer
la santé des enfants. Plus important encore, une femme qui a
été scolarisée a déjà fait
l'expérience d'institutions autres que la famille. Elle hésite
moins à faire appel au personnel médical des services de
santé, elle est plus apte à retenir son attention et à
suivre ses conseils en matière de soins. La transmission du savoir n'est
pas le seul attribut de l'éducation susceptible d'affecter la
santé. La scolarisation réduit la dépendance par rapport
à la tradition dont sont garants les plus âgés des
villageois.
Ensuite, les caractéristiques du ménage incluant
le revenu et sa répartition au sein de la population et dans le
ménage constituent la caractéristique familiale la plus
déterminante pour la santé des enfants. Les ressources
économiques influencent la possession de toute une série de biens
et le recours à de nombreux services susceptibles d'affecter la
mortalité des enfants à travers leur impact sur les
déterminants proches. La disponibilité en eau potable et en
nourriture, garante d'un bon équilibre physiologique, ainsi que la
présence d'installations sanitaires, qui déterminent en partie le
degré d'exposition au risque, pour de nombreuses maladies infectieuses
et parasitaires, sont largement influencés par le niveau
économique du ménage. Aussi, la quantité et la
variété des aliments disponibles au sein de la cellule
familiale
6
sont très importants du développement de
l'enfant et de l'équilibre physiologique de la mère, surtout
lorsque celle-ci est enceinte ou lorsqu'elle allaite.
Enfin, les caractéristiques de la communauté
sont de trois ordres : l'environnement écologique, le contexte politique
et le système de santé. La première renvoie aux
caractéristiques de l'environnement qui peuvent avoir des
conséquences sur le niveau de mortalité des enfants dans les pays
en développement. Elles incluent les facteurs aussi variés que le
climat, la nature du sol, la pluviométrie, la température,
l'altitude et les variations saisonnières. La seconde met en
évidence l'impact que peut avoir les conflits armés sur la
santé des enfants. Ces derniers peuvent produire des effets directs tels
que les blessures, les décès provoqués par les armes et
les effets indirects (impuissance des gouvernements fragilisés ou sans
cesse remplacés à gérer les affaires du pays, la
désorganisation des transports et des productions agricole et
industrielle, les problèmes d'approvisionnement en produits de
premières nécessités, etc.) La dernière se
réfère à la disponibilité et à
l'accessibilité (y compris la qualité) de l'offre de soins de
santé. Il regroupe plus particulièrement les infrastructures
sanitaires et la technologie médicale, les mesures préventives et
la réactivité, la subvention des prix de biens et services, la
promotion des services de santé et des pratiques
bénéfiques à la santé des enfants.
Les extensions du modèle de Mosley et Chen sont faites
pour la première fois par Barbieri (1991) lorsqu'elle souligne qu'il y a
des confusions dans le schéma de ses prédécesseurs. Pour
Barbieri, les variables intermédiaires telles qu'illustrées dans
le modèle de Mosley et Chen, regroupent des facteurs qui agissent sur la
mortalité des enfants à des niveaux très
différents. Car, si la catégorie des blessures peut avoir un
effet direct sur la mortalité, dans l'autre sens, pour les autres causes
Mosley et Chen ont identifié des facteurs agissant sur les causes de
décès plutôt que les autres causes de décès.
En tenant compte de cette critique, Barbieri propose trois types de
déterminants proches qui sont : l'exposition au risque, la
résistance (immunité) et la thérapie (soins). Le premier
comprend deux types de facteurs notamment ceux qui déterminent le
contact avec un agent de maladie ou qui renvoient au mode de transmission. Le
second quant à lui conditionne le type de réaction que l'individu
oppose à l'attaque biologique. Le dernier entraine ou prévient le
recours à un traitement de la maladie après que les
symptômes se soient manifestés. Après cette brève
présentation du modèle de base et de ses prolongements, une revue
de littérature microéconomique est faite dans la section
suivante.
7
1.2. La littérature microéconomique sur la
mortalité des enfants
Pour identifier les principaux déterminants de la
mortalité des enfants, un grand nombre de travaux se sont
inspirés du modèle de Mosley et Chen (1984). Une synthèse
de cette littérature révèle que l'effet des facteurs
régulièrement convoqués reste sujet à débat.
Les facteurs qui reviennent régulièrement dans la
littérature et qui est sujet à débat sont entre autres
l'effet du capital humain des membres du ménage et celui des ressources
du ménage sur la mortalité des enfants.
L'hypothèse selon laquelle le niveau d'instruction de
la femme a un effet sur la mortalité des enfants a été
émise par beaucoup d'auteurs. A partir des données
nigérianes sur 6600 et 1500 jeunes femmes âgées de 15
à 59 ans résidant respectivement en milieu urbain et rural,
Caldwell (1979) met en évidence l'importance de l'instruction de la
mère dans la réduction de la mortalité infantile. Le
risque de mortalité est réduit de moitié pour les enfants
dont les mères ont atteint le niveau secondaire par rapport à
ceux dont leurs mères sont sans instruction. Ce résultat
trouvé par Caldwell est confirmé par les travaux de Lachaud
(2001) et Hamadou (2012) portant respectivement sur la modélisation des
déterminants de la mortalité infanto-juvénile et la
pauvreté aux Comores et, le lien entre les déterminants de la
mortalité infanto-juvénile et la pauvreté au Niger
fondés sur les données des Enquêtes Démographiques
et de Santé (EDSC et EDSN) respectives aboutissent aux mêmes
résultats selon lesquels le niveau d'instruction des parents, et surtout
celle de la mère a un effet négatif sur le risque de
décès des enfants. Selon ces auteurs, l'éducation le
mécanisme de transmission de cet effet est à la fois
économique et social. Par ailleurs, les résultats de
l'étude de Lavy et al., (1996) contrastent avec les travaux
précédents. Ces derniers estiment une fonction de survie pour les
enfants de moins de 5 ans au Ghana, et concluent que l'effet de
l'éducation de la mère n'est jamais significatif quel que soit
l'indicateur considéré.
L'étude de Banza (1998) révèle que la
probabilité de décéder entre le 1er et le
23ème mois est plus influencée par le niveau
d'instruction du père que celui de la mère. De plus, il constate
que le risque de décès est plus élevé pour les
mères qui ne sont pas allées au-delà du primaire par
rapport à celles qui ne sont pas scolarisées. Bien que le
père ne soit pas souvent le premier responsable des soins de l'enfant,
le fait qu'il soit instruit peut favoriser l'adoption par la famille (dont il
est en général le chef) de mesures d'hygiène salutaires
pour les membres du ménage et en particulier pour les enfants en bas
âge. Les connaissances acquises par le père à travers une
éducation formelle favoriseraient sinon l'abandon, du moins une
certaine
8
flexibilité face aux règles traditionnelles dont
la division sexuelle du travail. Le père pourrait, du fait de son
instruction, être beaucoup plus impliqué dans la manière
d'élever ses enfants. Étudiant les mécanismes au travers
desquels l'instruction du père influence la survie de l'enfant, certains
auteurs notent une réduction de cette influence lorsque d'autres
variables socioéconomiques (revenu, activité, etc.) sont prises
en considération.
Les points de vue divergent selon les auteurs en ce qui
concerne l'effet que peut avoir les ressources du ménage sur la
mortalité des enfants. Ainsi, Wolfe et Behrman (1982) estiment dans une
étude sur le Nicaragua, la probabilité de décéder
avant l'âge de 5 ans. Ils concluent que ni le revenu potentiel de la
mère, ni celui du ménage n'est significativement associé
à la baisse de la mortalité. Plus récemment, Lachaud
(2001, 2004) étudie les déterminants de la probabilité de
survie infanto-juvénile et infantile fondés sur les EDS
respectivement aux Comores et au Burkina-Faso. A partir des informations sur
les actifs des ménages, l'auteur construit un indicateur de la richesse
à long terme des ménages à l'aide d'une analyse à
composante principale. A cet égard, l'étude montre que le bas
niveau de vie des ménages en termes d'actifs est associé à
une mortalité élevée des enfants. Bien que le fait de
contrôler pour la localisation géographique puisse capter une
partie des effets de la richesse des ménages, l'effet du niveau de vie
est dans tous les cas d'autant plus élevé que les groupes sont
pauvres.
Après cette brève présentation des
explications microéconomiques de la mortalité des enfants, la
section suivante s'attèle à donner les explications
macroéconomiques.
Section 2 : Les explications macroéconomiques de
la mortalité des enfants
L'objectif de cette section est revisiter les travaux aussi
bien théoriques qu'empiriques qui mettent un accent particulier sur les
explications macroéconomiques de la mortalité des enfants. Elle
souligne les aspects macroéconomiques développés dans le
modèle de base de Mosley et Chen (1984).
2.1. Les aspects macroéconomiques du modèle
de Mosley et Chen
Analyser les données d'enquête sur plusieurs pays
semble un idéal pour à la fois tenir compte des variables
individuelles, des ménages et de la communauté et des variables
pays, telles que des politiques économiques. Un tel contrôle peut
permettre d'identifier les différentiels de santé dus à
des politiques gouvernementales différentes. Cependant, ce type de
données est relativement rare et ne permet pas encore des études
empiriques en panel ou avec un grand
9
nombre d'observations-pays. Ainsi, la plupart des
études « macro » (transversales ou en panel) se basent sur des
observations agrégées par pays, et doivent ainsi adapter le
modèle « micro » des déterminants de la
mortalité des enfants. Il apparaît en effet essentiel de tenir
compte des relations au niveau « microéconomique » pour tenter
de définir les déterminants « macroéconomiques »
de la mortalité moyenne des enfants dans un pays donné.
Partant des modèles microéconomiques, il est
difficile d'intégrer les caractéristiques individuelles
à un niveau agrégé. A la limite, l'on peut
intégrer des variables comme le nombre moyen d'enfants par femme pour
approximer le rang « moyen » de naissance, ou comme l'âge moyen
des femmes au mariage ou au premier enfant pour approximer l'âge de la
mère à la naissance observé en moyenne dans le territoire.
Egalement, des statistiques concernant la propension des femmes à se
faire suivre durant leur grossesse ou à leur accouchement peuvent
être intégrées, dans la mesure où elles existent.
Cela étant, mise à part la variable concernant la
fertilité moyenne des femmes, des données statistiques sur les
variables évoquées dans ce paragraphe sont très
éparses. Ainsi les dotations génétiques et biologiques des
individus sont difficilement intégrables dans un modèle
agrégé.
En ce qui concerne les caractéristiques
ménages et communautaires, il semble nécessaire de
reprendre la classification de Schultz (1984), déjà citée
dans la section précédente et l'adapter à la vision
macroéconomique des déterminants de la mortalité des
enfants.
L'éducation des membres qui prennent des
décisions vis-à-vis de l'enfant influence les choix de
consommation, améliore ses savoirs en pratique de santé
(contraception, nutrition, hygiène, soins préventifs), etc.
L'éducation des parents et plus encore celle de la mère, sont
ainsi très souvent intégrées au niveau micro, puisque
l'éducation qu'ont reçue les parents informe sur leur niveau de
connaissances sur les soins à apporter aux enfants. Au niveau
macroéconomique, des variables sur l'éducation de la population
en âge d'être parent ou même, sur l'éducation des
femmes en âge d'être mères sont les plus à même
de refléter l'éducation de la population qui s'occupe des
enfants. Les taux de scolarisation dans le primaire ou le secondaire des
périodes précédentes, ou bien le nombre moyen
d'années d'éducation des adultes ou des femmes en âge
d'être mères sont souvent utilisées (Williamson et al.
(1997), Hanmer et al. (2003)). A ce propos, selon beaucoup d'analyses, dont
celle de Schultz (2002), l'éducation des mères est plus
importante que l'éducation des pères pour la santé des
enfants, ce qui semble logique dans le sens où ce sont plus souvent les
femmes qui s'occupent des enfants, les pères étant
généralement occupés au travail.
10
Par ailleurs, les ressources financières étant
également un déterminant de l'état de santé des
enfants, il est nécessaire de noter l'existence de corrélations
entre le niveau de revenu et l'éducation. Les personnes
éduquées sont davantage productives et rapportent en
conséquence davantage de revenus ; d'un autre côté, les
revenus sont nécessaires pour s'éduquer. On retrouve ces
corrélations aux niveaux micro et macro.
Les facteurs culturels, normes de la
société, normes ethniques modifient également les
choix et pratiques en matière de santé, en fonction des relations
de pouvoir à l'intérieur du ménage, de la valeur
accordée à l'enfant, des croyances en matière de maladie,
des préférences alimentaires. Les normes sociales d'une
population peuvent ainsi avoir une influence, en moyenne, sur les comportements
de santé et donc sur la santé. Il est néanmoins difficile
d'approximer les caractéristiques culturelles à un
niveau agrégé. Cependant les informations sur les religions
majoritaires, ou celles sur le statut des femmes et/ou des enfants peuvent
être exploitées, par contre il semble difficile de trouver des
variables approximatives pour refléter les caractéristiques
ethniques. Les estimations avec les effets fixes peuvent permettre de
contrôler toutes ces variables « culturelles », si toutefois on
fait l'hypothèse qu'elles ne varient pas dans le temps. Certaines
études ont utilisé des informations sur l'égalité
des genres, comme Boehmer et al. (1996) qui, à partir de données
de 1990 sur 96 pays en développement, estiment que le statut des femmes
réduit la mortalité infantile. De même, Hanmer et al.
(2003), à partir d'un échantillon de 115 pays de 1960 à
1997, trouvent que l'égalité des genres réduit les taux de
mortalité infantile et infanto-juvénile.
Enfin, le niveau de richesse influence le
comportement en matière d'alimentation, de qualité et
quantité de l'eau, de vêtements, d'hygiène, de logement,
d'énergie, de transport, de soins préventifs, de soins maladie,
d'information. Ainsi, les ressources financières des ménages sont
souvent intégrées dans les modèles microéconomiques
des déterminants de la mortalité des enfants. En effet, un
minimum est nécessaire pour assurer une bonne alimentation et une bonne
hygiène de vie (consommation d'eau potable, eau pour se laver,
vêtements de rechange pour éviter les bactéries, etc.) Au
niveau macroéconomique, ces ressources sont généralement
approximées par le Produit Intérieur Brut moyen par
tête.
Les caractéristiques communautaires quant
à elles retiennent l'économie politique et le
système de santé. S'agissant de la première, elle
renvoie à l'organisation de la production mais aussi à la
qualité et à la quantité des infrastructures, des
institutions. Elle a une influence sur les moyens de comportement de
santé et sur la santé elle-même. Plus
particulièrement, la
11
probabilité d'avoir un accident ou d'être victime
d'une agression dans une région donnée peut varier d'un
territoire à l'autre, selon le type de gouvernement, selon la
cohésion sociale, etc. Cela peut ainsi faire varier conséquemment
les taux de mortalité dans une région. Ainsi, certaines
études comme celles de Filmer et Pritchett (1997, 1999) ou de Fay et al.
(2005) trouvent que l'indice de fragmentation ethno linguistique, proxy de la
probabilité d'avoir des conflits internes entre ethnies, est un
déterminant significatif de la mortalité
infanto-juvénile.
L'organisation du système de santé a
toute son importance, que ce soit à travers les actions
institutionnelles (vaccination, quarantaines, etc.), les subventions,
l'information, l'éducation du public ou les technologies
employées. Ainsi, l'accès aux services de santé est
important à la fois pour la prévention et pour la
guérison. Il peut être approximé par des variables telles
que le nombre relatif de lits d'hôpitaux, le nombre de médecins,
d'infirmières ou de sages-femmes relativement à la population.
Néanmoins, ces variables ne traduisent pas la qualité du service,
qui dépend de l'éducation du personnel, des infrastructures de
santé, du matériel de fonctionnement. Les dépenses
publiques de santé peuvent compléter ces informations, mais ce
problème de « qualité » des dépenses demeure.
Les taux de vaccination contre la rougeole ou contre la diphtérie, la
coqueluche et le tétanos sont également des moyens mis à
la disposition des citoyens par les collectivités, le gouvernement ou
des organisations extra-gouvernementales.
De même, l'accès à des infrastructures
telles que les canalisations d'eau potable ou bien les systèmes de
traitement des eaux usées est aussi primordial pour la santé des
individus. Des données agrégées relatives à ces
variables existent mais sont peu fiables. Cependant, on peut penser que
celles-ci seront davantage accessibles dans un milieu urbain, plutôt que
rural. Des niveaux d'urbanisation du territoire peuvent ainsi être
intégrés pour approximer l'accès à tout un ensemble
d'infrastructures. C'est en ce sens que Fay et al. (2005) interprètent
les effets significatifs des taux d'urbanisation sur la santé des
enfants. Néanmoins, l'urbanisation peut aussi être associée
à une insalubrité, causée par la surpopulation et la
pollution.
2.2. Littérature macroéconomique de la
mortalité des enfants
Les études empiriques qui recherchent les
déterminants macroéconomiques de la mortalité ne sont
finalement pas très nombreuses, la plupart d'entre elles se focalisent
sur une ou plusieurs variables d'intérêt. Au final, les
mêmes variables, à peu de choses près, sont
utilisées pour approximer les déterminants
socioéconomiques de la santé.
12
Ainsi, se basant sur des données de 1976, Cumper (1986)
a trouvé que 71% de la variation mortalité infantile était
expliquée par le PIB par habitant, le nombre de lits d'hôpitaux,
ainsi que le nombre de médecins et autres professionnels de la
santé. Filmer et Pritchett (1997, 1999), à partir d'un
échantillon de 104 pays en 1990, expliquent 95% des variations de la
mortalité infanto-juvénile avec le PIB par habitant, le
coefficient de Gini, le niveau d'éducation des femmes, l'indice de
fragmentation ethnolinguistique, et une variable muette indiquant si la
religion dominante est l'islam. Enfin, Hanmer et al. (2003), à partir
d'un échantillon de 115 pays de 1960 à 1997, estiment quelques
modèles et en concluent que le PIB par habitant, tout comme la
vaccination, la population par médecin, le taux d'inscription primaire,
le taux d'inscription secondaire et l'égalité des genres, sont
des déterminants robustes de la mortalité infantile et
infanto-juvénile.
En effet, le revenu moyen par habitant permet de mesurer les
capacités financières des ménages à avoir un
comportement sain vis-à-vis d'eux et de leurs proches mais aussi les
capacités financières des communautés à apporter
des infrastructures permettant d'assurer une bonne santé publique. Le
coefficient de Gini quant à lui permet d'évaluer la dispersion
des revenus. L'éducation des parents mesure les capacités
intellectuelles des ménages à avoir de bons comportements de
santé vis-à-vis d'eux et de leur famille. Elle permet aussi de
mesurer les capacités du personnel de santé à apporter des
soins de qualité à leurs patients. Les dépenses de
santé mesurent l'effort financier pour la santé, et enfin, les
variables de mesures sanitaires permettent de mesurer les efforts d'une autre
manière. Le taux de vaccination est d'ailleurs une mesure sanitaire
très facile à chiffrer et très efficace sur la
santé des enfants (Pritchett et Summers, 1996 ; Filmer et Pritchett,
1999 ; Hanmer et al., 2003).
L'étude de Pritchett et Summers (1996) basée sur
les données en panel de 58 pays, estime d'une part que plus le PIB par
habitant d'un territoire est élevé, plus faible est le taux de
mortalité infanto-juvénile de sa population. Les effets des
revenus sur la santé sont en partie le résultat de
l'agrégation des effets microéconomiques. D'autre part, les
revenus d'un pays permettent au gouvernement ou aux collectivités
locales de fournir à la population des biens publics, qui permettent
eux-mêmes de prévenir ou guérir la population. Ainsi, les
ressources financières d'un pays peuvent refléter l'effort
(possible) des gouvernements et des collectivités à fournir des
infrastructures préventives (comme les canalisations d'eau, les
systèmes de traitement des eaux usées, etc.), des infrastructures
et du matériel de santé qui permettent à la fois des
activités de prévention (à travers des informations, la
vaccination, etc.) et des soins
13
curatifs. La qualité de ces services est
également liée aux moyens financiers mis en oeuvre et donc, dans
une certaine mesure, à ce niveau de revenus. Enfin, le niveau du PIB du
pays peut également refléter la possibilité de prise en
charge des soins par un système d'assurance maladie public.
D'autres études ne trouvent pas d'effet des
dépenses publiques de santé sur la réduction de la
mortalité infanto-juvénile. C'est le cas de Filmer et Pritchett
(1997, 1999) qui, malgré l'instrumentation du ratio de dépenses
publiques de santé sur PIB : ils ne trouvent pas d'effet significatif
sur le taux de mortalité infanto-juvénile. De même,
Wagstaff et Claeson (2004) sont plus nuancés et statuent que les
dépenses publiques de santé sont nécessaires mais pas
suffisantes.
Conclusion
L'objectif de ce chapitre était de ressortir la
problématique aussi bien théorique qu'empirique des
déterminants de la mortalité des enfants dans les pays en
développement en s'appuyant sur les explications microéconomiques
et macroéconomiques. Le modèle théorique
développé par Mosley et Chen (1984) a servi de cadre d'analyse et
a permis de ressortir deux grandes catégories de facteurs explicatifs de
la mortalité des enfants notamment les « déterminants
proches » appelés ou « facteurs intermédiaires »
regroupant tous les facteurs ayant un impact direct sur la santé et les
variables socioéconomiques qui agissent à trois niveaux à
savoir : individuel, du ménage et communautaire. Aussi, il sied de
souligner qu'il n'y a pas de consensus en ce qui concerne ces
déterminants au niveau empirique, c'est pourquoi une revue de
littérature empirique des travaux microéconomiques et
macroéconomiques a été faite afin de mettre en exergue les
principales variables d'intérêt de cette étude. Cependant,
ce débat sur les déterminants de la mortalité des enfants
ne permet pas de se faire une idée de la question sur la RCA,
d'où nécessité de la revisiter dans ce pays. Le chapitre
suivant va s'atteler à présenter la politique de santé et
la place qu'occupe la santé des enfants.
14
Chapitre 2 : La politique de santé et
santé des enfants en RCA
Depuis deux décennies, les pouvoirs publics ont
adopté et mis en oeuvre à travers le Plan National de
Développement Sanitaire I 1994-1998 (PNDS I) et le Plan
Intérimaire de la Santé, une politique nationale de santé
fondée sur les soins de santé primaires et l'initiative de Bamako
suivant les principes de participation et donc de responsabilisation de la
communauté vis-à-vis de ses problèmes de santé. Les
évaluations de ces plans ont révélé des
insuffisances en termes de capacités humaines, d'infrastructures,
d'équipements sanitaires et de ressources financières qui ont
empêché la réalisation des objectifs fixés,
d'où la mise en oeuvre d'une nouvelle politique nationale de
santé prenant en compte les insuffisances des précédents
plans. Le présent chapitre a pour objectif de présenter les
différentes réformes de la politique de santé en insistant
sur l'offre de soins de santé (section 1) ainsi que les
différentes actions réalisées jusque-là (section
2).
Section 1 : L'offre de soins de santé en RCA
La présente section a pour objectif de présenter
le système sanitaire centrafricain et ses composantes. Dans un premier
temps, il est question de mettre en relief les différentes
réformes tant structurelles qu'institutionnelles (1.1) et dans un second
temps, un accent particulier sur mis sur les investissements faits en faveur du
secteur de la santé (1.2).
1.1. Les réformes du système de
santé en RCA
A l'indépendance, la politique sanitaire de la RCA
selon le rapport du Plan Stratégique de Renforcement du Système
de Santé centrafricain de 2007, était caractérisée
entre autres par la gratuité de soins et des médicaments, la
priorité accordée à la médecine curative, la
concentration des infrastructures sanitaires dans les grands centres urbains,
la lutte verticale contre les grandes endémies, l'absence totale de
participation de la communauté dans les actions de santé et
à leur financement, l'insuffisance des ressources et
l'inefficacité des services de santé.
Un tel système ne pouvait se maintenir longtemps dans
un contexte international de crise financière où
l'inadéquation entre l'accroissement démographique et
l'insuffisance des ressources pour faire face aux besoins de santé,
avait pris des proportions importantes surtout dans les pays en
développement. A cela, s'ajoute l'effondrement économique de
l'Afrique
15
pendant les vingt dernières années et les
conséquences de la dévaluation du franc CFA de 1994. Telles sont
les raisons que s'est imposée au cours des trois dernières
décennies, la nécessité d'une réorientation de la
politique sanitaire centrafricaine. Cet état de fait se
matérialise par l'engagement des autorités centrafricaines dans
cette nouvelle orientation de la politique de santé qui s'est
manifesté successivement par : (i) la souscription en 1978 à la
déclaration d'Alma-Ata qui fait des Soins de Santé Primaires la
meilleure stratégie permettant à tous les pays, à toutes
les communautés et les Organisations Internationales de donner à
tous les peuples un niveau de santé qui leur permette de mener une vie
saine socialement et économiquement productive à l'horizon l'an
2000 ; (ii) la souscription à la déclaration des chefs d'Etat de
l'Organisation de l'Unité Africaine au sommet de Lagos en juillet 1987
proclamant la santé comme pierre angulaire de développement ;
(iii) la souscription en septembre 1987, lors du 37ème
Comité Régional de l'OMS, à la résolution dite
« Initiative de Bamako » ; (iv) la tenue d'un séminaire
national de réflexion sur la problématique de la santé qui
a constaté un retard dans la mise en oeuvre des SSP et a
recommandé son accélération en 1988 ; (v) la tenue d'un
séminaire national d'information et de sensibilisation de toutes les
couches sociales sur les SSP en 1989 ; (vi) et l'adoption du cadre national de
mise en oeuvre des SSP en RCA en 1992.
Après la mise en oeuvre du premier PNDS qui couvrait la
période 1994-1998, l'évaluation finale a proposé, compte
tenu des faiblesses constatées, des pistes d'orientation pour le secteur
sous forme de recommandations entre autres : (i) la révision de
l'Arrêté n°185/MSPP/CAB/SG/DGSPP du 13 janvier 1994 fixant
les normes en activités, en équipements et en personnel afin de
proposer un personnel minimum par niveau de formation, de revoir les
catégories des centres de santé et d'en retenir un seul type avec
un paquet minimum d'activités ; (ii) la mise en place immédiate
d'un système pour le suivi et le contrôle des ressources
financières par la création d'un comité consultatif
composé des cadres du ministère et des partenaires ; (iii)
l'amélioration du système d'approvisionnement en
médicaments par la création des dépôts
régionaux et préfectoraux et (iv) le renforcement du
Système National d'Information Sanitaire (SNIS) par l'élaboration
de nouveaux outils et la formation du personnel.
Pour répondre à cette préoccupation, le
pays a élaboré son document de Politique Nationale de
Santé pour jeter la base des orientations pour le développement
du secteur. En vue de permettre la programmation des interventions prioritaires
avant le nouveau PNDS, un plan intérimaire de santé a
été élaboré pour la période 2000-2002. En
2005, le Gouvernement a
16
élaboré et adopté un PNDS de
deuxième génération pour la période 2006-2015. Ce
document définit les grands axes stratégiques prioritaires du
secteur de la santé.
Le système de santé centrafricain comprend le
secteur public, qui trouve son origine dans la médecine coloniale
hospitalière et militaire, traditionnellement gratuite,
géré par le Ministère de la Santé Publique et de la
Population (MSPP) ; le secteur parapublic géré par des organismes
publics qui ne sont pas directement liés au MSPP ; le secteur
privé lucratif et le secteur privé confessionnel. L'organisation
du système de santé quant à elle est
caractérisée par une hiérarchisation des différents
niveaux d'intervention. Elle est de type pyramidal et comporte trois niveaux
comprenant chacun deux sous-systèmes à savoir celui de la gestion
et celui des soins.
Le sous-système de gestion à son tour comprend
trois niveaux que sont : (i) le niveau central, chargé de définir
la politique nationale de santé et de fournir l'appui stratégique
aux niveaux inférieurs, comprenant le cabinet du ministre et les
directions techniques ; (ii) le niveau intermédiaire, chargé de
fournir l'appui technique aux préfectures sanitaires, correspond
à la direction de la région sanitaire. Le pays compte sept (07)
régions sanitaires, correspondant aux régions administratives.
Chaque région sanitaire comporte deux à trois districts
sanitaires ou préfectures sanitaires sauf la Région n°7 et
(iii) le niveau périphérique, chargé de fournir l'appui
opérationnel aux formations sanitaires pour la mise en oeuvre de la
politique nationale de santé, est constitué des
préfectures sanitaires qui sont des unités opérationnelles
du système de santé. Le pays compte 16 préfectures
sanitaires et c'est la ville de Bangui qui compte huit (08) circonscriptions
sanitaires.
Le sous-système de soins quant à lui est
constitué des formations sanitaires où les programmes sont
traduits en prestations. Ces formations sanitaires (FOSA) sont
organisées sur un mode hiérarchique à trois niveaux de
référence : (i) le premier niveau comprend les postes de
santé, les centres de santé et les hôpitaux
préfectoraux ; (ii) le deuxième niveau est constitué par
les hôpitaux régionaux universitaires et (iii) le troisième
niveau comprend les établissements hospitaliers et de diagnostic de
référence nationale.
Fort des engagements et des adhésions du pays aux
différentes déclarations et résolutions internationales
sur la santé, le gouvernement a organisé un atelier national de
réflexion sur la problématique de la santé en RCA. Les
conclusions de ce séminaire ont permis de se rendre compte du retard
considérable accusé dans la mise en oeuvre des SSP, d'où
la recommandation fondamentale d'accélérer le processus. C'est
ainsi qu'en plus d'un
17
programme-cadre ayant jeté les bases d'une
planification décentralisée selon un processus devant
évoluer du bas vers le haut, le Ministère de la Santé
Publique a été réorganisé par Décret
présidentiel en 1994 pour fonctionner en trois niveaux que sont
notamment le niveau central ou national, le niveau intermédiaire ou
régional et le niveau périphérique ou préfectoral.
De tous les départements ministériels, le MSPP a
été le premier à fonctionner de façon «
décentralisée » en perspective de la politique de
Décentralisation/Régionalisation amorcée par la RCA.
1.2. Les investissements dans le secteur de la
santé en RCA
Le souci d'améliorer l'état de santé de
la population en général et celle des enfants de moins de 5 ans
en particulier, occupe aujourd'hui une place plus importante sur
l'échelle des priorités de la communauté internationale et
par là des autorités centrafricaines. En effet, la santé
représente un actif économique de première importance,
autrement dit, la clé de la survie. Ainsi, investir dans
l'amélioration de l'état de santé de la population
apparait donc comme un préalable indispensable pour lutter contre la
pauvreté et un vecteur du développement économique. La
relation qu'entretiennent santé et développement
économique est très complexe. Plusieurs études
macroéconomiques ont tenté de cerner cette relation en utilisant
différents indicateurs de mesure de l'état de santé. Il
ressort de ces travaux que l'impact de l'amélioration des variables
sanitaires sur la croissance économique est significativement et
suffisamment important sur le long terme pour justifier l'engagement soutenu
des autorités publiques à investir dans la santé.
Les investissements dans le secteur de la santé se font
tous les ans par l'allocation du budget de l'Etat et par le financement
extérieur qui représente la plus grande part du budget
alloué au dit secteur. Le financement est fait en termes de
dépenses de fonctionnement regroupant les dépenses du personnel
(salaires) et en biens et services (fournitures de bureau) ainsi que les
dépenses d'investissement renvoyant à la construction des
infrastructures sanitaires, à l'acquisition des équipements
sanitaires etc.
Le tableau 1 présente le budget alloué chaque
année au Ministère de la Santé Publique et de la
Population et de Lutte contre le Sida (MSPPLS) et montre que celui-ci est en
progression passant de 9 milliards de FCFA en 2006 à 24 milliards de
FCFA en 2011. Par ailleurs, eu égard aux difficultés de
trésoreries auxquelles le gouvernement centrafricain se confronte, la
plus grande part du financement du secteur de santé repose sur le
financement extérieur (cf. tableau 2). Sur l'ensemble du budget
alloué au MSPPLS depuis 2006, plus de la moitié va
18
dans les dépenses de fonctionnement c'est-à-dire
le traitement de salaire du personnel soignant et les dépenses en biens
et services, ce n'est qu'à partir de 2010 et 2011 qu'on note une
augmentation des dépenses d'investissements d'un montant respectif de 10
milliards et 15 milliards. Cette augmentation des dépenses
d'investissements s'accompagne de l'augmentation du financement
extérieur d'un montant de 8 milliards en 2010 et de 13 milliards en
2011. Cette hausse du montant de financement extérieur se justifie entre
autres par la construction des infrastructures sanitaires (hôpitaux,
centre de santé etc.) et leur dotation en équipements
appropriés.
Tableau 1 : Evolution du financement public de la
santé de 2006 à 2011 (en millions de FCFA)
Libellés
|
|
2006
|
2007
|
|
2008
|
|
2009
|
|
2010
|
|
|
2011
|
Dépenses de fonctionnement
|
5
|
713
|
6
|
501
|
7
|
130
|
7
|
272
|
8
|
210
|
|
8
|
568
|
Dépenses de personnel
|
3
|
462
|
3
|
462
|
2
|
983
|
3
|
159
|
3
|
307
|
|
3
|
397
|
Dépenses en Biens et Services
|
2
|
251
|
3
|
038
|
4
|
146
|
4
|
112
|
4
|
903
|
|
5
|
171
|
Dépenses d'investissement
|
3
|
433
|
4
|
605
|
4
|
931
|
4
|
525
|
10
|
366
|
|
15
|
442
|
Budget de l'Etat
|
|
232
|
|
297
|
|
456
|
|
753
|
1
|
553
|
|
2
|
073
|
Financement extérieur
|
3
|
201
|
4
|
308
|
44
|
747
|
3
|
771
|
8
|
813
|
|
13
|
399
|
Dépenses totales de santé
|
9
|
146
|
11
|
106
|
12
|
061
|
11
|
797
|
18
|
577
|
|
24
|
040
|
Dépenses totales de l'Etat
|
129
|
345
|
136
|
869
|
150
|
919
|
177
|
272
|
206
|
898
|
|
236
|
931
|
PIB
|
817
|
900
|
880
|
000
|
888
|
099
|
935
|
535
|
979
|
575
|
1
|
048
|
998
|
Source : Lois de Finances 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011;
RGPH 2003; Cadrage macroéconomique
Le tableau 2 montre d'abord l'évolution de la part du
budget santé dans le budget général. Cette part varie de
7,07% en 2006 à 10,15% en 2011 avec une diminution notable entre 2008 et
2009 (7,99% et 6,65%) due éventuellement aux effets de la crise
financière mondiale. Ensuite, la part du budget santé dans le PIB
est relativement plus faible et évolue en dents de scie. Elle varie de
1,12% en 2006 à 1,36% en 2008 et baisse à 1,26% en 2009 avant
d'augmenter à 1,90% en 2010 et à 2,29% en 2011. Cette part du
budget santé dans le PIB compte parmi les plus faibles au monde. Enfin,
comme évoqué précédemment, la part du financement
extérieur est importante dans le budget global alloué à la
santé et elle varie entre 83,34% et 93,55%.
Tableau 2 : Financement de la santé de 2006
à 2011 (en %)
Année
|
Budget santé en % B.G
|
Part du financement extérieur
|
Budget santé en % PIB
|
2006
|
7,07%
|
93,24%
|
1,12%
|
2007
|
8,11%
|
93,55%
|
1,26%
|
2008
|
7,99%
|
90,74%
|
1,36%
|
2009
|
6,65%
|
83,34%
|
1,26%
|
2010
|
8,98%
|
85,01%
|
1,90%
|
2011
|
10,15%
|
86,60%
|
2,29%
|
Source : Lois de Finances 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011;
RGPH 2003; Cadrage macroéconomique
19
En termes de ressources humaines (personnel soignant), les
régions pauvres manquent cruellement de personnel médical et
paramédical. Les ratios personnel de santé/habitants par
catégorie professionnelle montrent une répartition inégale
entre Bangui et le reste du pays. Selon les normes de l'OMS, on note une
insuffisance quantitative et qualitative et une mauvaise répartition du
personnel de santé en général, et plus
particulièrement dans le domaine de la maternité. En effet, les
éléments de base de la Carte Sanitaire présentent le ratio
personnel de santé par habitant en RCA en 2002 tel que
résumé dans le tableau ci-après.
Tableau 3 : Ratios personnel de santé par habitant
en RCA en 2008
Catégories
|
Normes OMS
|
RS 1
|
RS 2
|
RS 3
|
RS 4
|
|
RS 5
|
RS 6
|
RS 7 Bangui
|
Médecins
|
20
|
000
|
92
|
953
|
89
|
786
|
61
|
588
|
79
|
005
|
23
|
848
|
45
|
317
|
6
|
097
|
TSS
|
15
|
000
|
35
|
751
|
38
|
480
|
47
|
375
|
32
|
961
|
47
|
695
|
45
|
317
|
3
|
337
|
TSL
|
|
-
|
464
|
767
|
179
|
572
|
153
|
969
|
197
|
512
|
143
|
086
|
362
|
536
|
23
|
515
|
IDE
|
10
|
000
|
21
|
126
|
14
|
964
|
25
|
661
|
14
|
630
|
8
|
417
|
19
|
081
|
5
|
310
|
SFDE
|
10
|
000
|
17
|
876
|
29
|
929
|
38
|
492
|
39
|
502
|
28
|
617
|
40
|
282
|
3
|
658
|
Source : Carte sanitaire et Plan d'Action du secteur de
santé et du cadre stratégique de lutte contre la
pauvreté
L'examen des différents ratios du personnel soignant
par nombre d'habitant donne une idée sur les efforts
déployés par les autorités publiques dans ce domaine en
2002 selon les régions sanitaires. Ceci dans le but de rendre disponible
et d'améliorer l'offre de soins de santé. Il ressort de ce
tableau qu'à l'exception de Bangui (la capitale) qui dispose de la
majorité du personnel soignant dépassant de très loin les
normes de l'OMS, les autres régions souffrent du manque cruel en
personnel de santé. Il convient de noter que pour l'ensemble du pays,
l'on ne compte que deux (02) urologues, cinq (05) gynécologues et quatre
(04) pédiatres qui se trouvent tous dans la capitale pour seulement huit
(08) pharmaciens exerçant dans le secteur public. Il n'y a aucun
sexologue ni cancérologue. Cette inégale répartition en
personnel de santé laisse paraitre un autre problème qu'est celui
de l'inégale répartition des infrastructures et
équipements sanitaires selon les régions. Ainsi sur le plan de la
disponibilité en infrastructures des soins, la RCA comprend au total 787
formations sanitaires dont 117 établissements privés et 670
établissements publics, soit un ratio d'une formation sanitaire pour
4000 habitants. Les établissements publics comprennent : 04
hôpitaux centraux, 06 hôpitaux régionaux (y compris
l'hôpital régional universitaire de Bimbo), 13 hôpitaux
préfectoraux, 31 Centres de Santé de catégories A, 22
Centres de Santé de catégories B, 104 Centres de Santé de
catégories C, 11 Centres de Santé de catégories D, 13
Centres de Santé de catégories E, 445 Postes de Santé, 17
Dépôts de Médicaments Essentiels Génériques,
01 Laboratoire National de Biologie Clinique et de Santé Publique, 01
Centre de référence
20
IST/SIDA, 01 Centre National de Transfusion Sanguine et une
Unité de Cession de Médicament.
En matière d'accessibilité aux infrastructures
sanitaires, l'évaluation des progrès accomplis par la RCA
vis-à-vis des OMD et des Objectifs du Sommet Mondial pour les Enfants de
la décennie 1990-2000 avait révélé que des
améliorations avaient été obtenues en matière de
disponibilité de services sociaux de base avec le concours de la
communauté internationale : le taux d'accessibilité aux
formations sanitaires dans un rayon de 5 km a augmenté de 45% en 1994
à 62,5% en 2000 par la généralisation de l'Initiative de
Bamako à tous les districts sanitaires, le taux d'accès à
une source d'eau de boisson potable quelle que soit la distance a atteint 55%
en l'an 2000 contre 38% en 1996. Le taux d'accès à une source
d'eau de boisson potable quelle que soit la distance a atteint 64% en l'an 2000
contre 55% en 2000. Par ailleurs, ces améliorations cachent des
disparités selon le milieu de résidence (98% pour le milieu
urbain contre 47% pour le milieu rural). Il faut noter qu'au moins 25% de la
population de l'arrière-pays parcourent plus de 10 km pour atteindre une
formation sanitaire.
Eu égard à tout ce qui précède, il
semble important de mettre en exergue tous les efforts faits par les
autorités publiques à travers certaines initiatives mises en
oeuvre en vue d'améliorer l'état de santé de la population
en général et du couple mère-enfant en particulier.
Section 2 : La santé des enfants en RCA
La présente section a pour objectif de présenter
les initiatives prises en termes de réalisations de quelques programmes
(PEV et PNSR) et leur impact sur la dynamique de certains indicateurs de
l'état de santé des enfants ainsi que les causes
sous-jacentes.
2.1. Les initiatives en faveur de la santé des
enfants en RCA
La RCA a marqué sa ferme détermination à
ne pas négliger les enfants qui constituent l'avenir de demain
lorsqu'elle a ratifié la Convention relative aux Droits de l'Enfant
(CDE, 1992) et a successivement adopté la déclaration du Sommet
Mondial pour l'Enfant (SME, 1990) et celle du Sommet du Millénaire pour
le Développement (OMD) en 2000. Elle a également adopté
les recommandations d'un monde digne des enfants lors de la session
extraordinaire de l'Assemblée Générale des Nations Unies
en mai 2002. Afin de leur permettre d'assumer pleinement les
responsabilités d'adultes de demain, vitales au développement
socioéconomique de la RCA dans un contexte de mondialisation, les
enfants d'aujourd'hui, ont et auront droit de jouir d'un bon état de
santé physique, mental et social et d'un bien-être.
21
La volonté et le ferme engagement du gouvernement
centrafricain d'offrir aux enfants une bonne santé se sont
matérialisés par l'adoption du Plan National de
Développement Sanitaire (PNDS, 1994-1998), le Plan Intérimaire de
Santé (PIS, 2000-2002), le PNDS 2006-2015 et le Document
Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP,
2008-2010). Ces différents documents de référence
nationale comprennent dix-neuf (19) programmes dont six (06) sont
consacrés à la santé des enfants et accordent une
priorité particulière à la lutte contre le paludisme, les
troubles dus à la carence en iode (malnutrition), les maladies
diarrhéiques, les Infections Respiratoires Aiguës (IRA), les
maladies évitables par la vaccination avec comme cibles
l'éradication de la poliomyélite, le contrôle de la
rougeole et l'élimination du Tétanos Materno-Néonatal
(TMN). Deux de ces six (06) programmes consacrés à la
santé des enfants méritent une analyse minutieuse afin de mettre
en relief l'importance qu'accordent les autorités centrafricaines
à la santé des enfants.
Le premier programme est le Programme Elargi de Vaccination
(PEV) adopté par un Plan Pluriannuel Complet du PEV (PPCPEV) couvrant la
période 2008 à 2010, lequel a pour objectif de contribuer
à la réduction de la morbidité et de la mortalité
des enfants de moins de 5 ans dues aux maladies évitables par la
vaccination. En effet, le PEV fait partie des programmes prioritaires du PNDS
II dont la contribution à la réduction de la mortalité
infanto-juvénile et maternelle a été reconnue par tous au
terme de l'exécution du Plan d'Opération pour le
Développement Accélérée du PEV (PODAPEV). La RCA
avait obtenu en 1987 le prix du Conseil National de la Santé
Internationale (NCIH) en récompense des progrès remarquables
qu'elle avait accomplis pour la survie de l'enfant en Afrique. Ces
progrès n'ont pas pu être maintenus et consolidés pendant
la période de 1997 à 2003 à cause de la performance
insuffisante du système de santé et surtout de l'environnement
socio-politique et économique défavorable. Cette situation a eu
comme conséquences, une augmentation du taux de mortalité
infanto-juvénile (220%o) et celle du nombre des femmes enceintes
décédées (1355 pour 100.000 naissances vivantes) selon les
indicateurs du Recensement Général de la Population et
l'Habitation (RGPH) de 2003. Conscient de l'impact du PEV sur la survie et le
développement de l'enfant, le gouvernement avait adopté le plan
pluriannuel du PEV 2003-2007 dont les quatre premières années de
mise en oeuvre ont permis d'améliorer les taux de couverture vaccinale
qui, néanmoins restent insuffisants pour des raisons
évoquées ci-haut.
L'impact du PEV ne serait rendu possible que si
l'intégration au PEV d'autres programmes prioritaires de lutte contre la
maladie de l'enfance et des nouvelles stratégies (telles que le
22
développement intégral du jeune enfant, la
réduction de la mortalité maternelle et néonatale, etc.)
devient effective au sein d'un système de santé performant et en
parfaite relation de partenariat avec les communautés. Dans l'optique de
renouer avec les progrès accomplis dans le domaine de survie et du
développement de l'enfant au cours des années 90 et
amorcés pendant la période de mise en oeuvre du Plan Pluriannuel
2003-2007, par la suite des longues crises militaro-politiques et sociales, le
Ministère de la Santé Publique et de la Population en
collaboration avec les départements ministériels
apparentés et ses partenaires au développement, a
élaboré le Plan Pluriannuel Complet du Programme Elargi de
Vaccination (PPAC/PEV) 2008-2012, première phase d'un plan qui court
jusqu'en 2015, ce conformément à la vision et aux
stratégies de l'immunisation dans le monde. Le Gouvernement adopte le
PPAC/PEV pour la nouvelle période 2011-2015 comme outil de
programmation, de mise en oeuvre, de suivi et d'évaluation des
activités de vaccination intégrant d'autres paquets de services
essentiels dans un système de santé centrafricain performant afin
d'assurer une bonne santé aux enfants et femmes centrafricains pour la
période 2011-2015.
Le graphique 1 montre que par rapport aux objectifs
fixés par le PPCA/PEV de 2008 à 2010 pour la couverture
vaccinale, aucun d'entre eux n'est atteint en 2010 tandis les objectifs de
couverture en VAT2+ en 2008 et 2009 ont été atteints
au-delà même de l'attente (respectivement 103% et 107%) et ceux de
couverture en VAR et VAA en 2009 sont aussi atteints (respectivement 94% et
93%).
Graphique 1 : Tendances de la couverture vaccinale au
niveau national de 2008-2010
2008 2009 2010
Source : Auteur à partir des données du Plan
Pluriannuel Complet de PEV (PPACPEV) de 2008-2010.
<
23
Le second programme est le Programme National de lutte contre
le Paludisme (PRONAPAL) adopté en 1986 débouchant sur l'adoption
d'un Plan Stratégique National de Lutte contre le Paludisme couvrant la
période de 2001 à 2005 puis révisé en 2007 par un
autre dit Plan Stratégique Faire Reculer le Paludisme de 2007
à 2011. Ce dernier a pour objectif général de contribuer
à la réduction de la morbidité et de la mortalité
attribuables au paludisme notamment chez les enfants de moins de 5 ans et les
femmes enceintes. En termes de résultat, sur les 101 activités
prévues dans le cadre du précédent plan, seulement 30 ont
été réalisées complètement soit 30% et 07
partiellement soit 7%. La mise en oeuvre de ce plan a permis de lutter contre
le vecteur mais surtout d'améliorer la prise en charge des cas de
paludisme.
Cependant, les obstacles liés à la prise en
charge correcte du paludisme demeurent. Ces obstacles sont observés dans
toutes les régions de la RCA et sont liés aux points faibles
suivants : la proportion des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans
correctement pris en charge pour cas de paludisme n'est respectivement que de
1,1 % et 1,18 % ; l'absence d'utilisation des antipaludiques efficaces d'action
rapide (la proportion des enfants qui sont correctement pris en charge à
domicile et dans les formations sanitaires est respectivement de 17,27 et 12,75
%).
2.2. La dynamique des taux de mortalité
infanto-juvénile et les causes principales
L'un des objectifs très importants des Objectifs du
Millénaire pour le développement (OMD) et d'un monde digne des
enfants est celui de la réduction de la mortalité infantile et
infanto-juvénile. En particulier, les OMD prônent la
réduction de la mortalité infanto-juvénile de deux tiers
entre 1990 et 2015. Le graphique ci-après présente les tendances
de la mortalité infantile et infanto-juvénile en RCA.
L'examen du graphique 2 montre qu'après la baisse du
taux de mortalité infantile observé jusqu'en 1995, celui-ci s'est
remis à augmenter pour retrouver son niveau atteint en 1988. Ce qui
indique que les efforts consentis par le gouvernement ont été
annihilés par les différentes crises militaro-politiques. Cette
tendance est quasiment similaire pour le taux de mortalité
infanto-juvénile car celui-ci a connu une baisse jusqu'en 1995 avant
d'augmenter à nouveau dépassant son niveau de 1988. Ce n'est
qu'après 1995 que ce taux a baissé de manière
régulière jusqu'en 2006. Il convient de signaler que ce niveau
élevé du taux de mortalité infanto-juvénile est
probablement le résultat de l'aggravation des conditions de vie dans le
pays ces dernières années, notamment les conditions sanitaires.
La destruction et le pillage des infrastructures sanitaires dans plusieurs
régions du pays, le déplacement des populations dans
24
la brousse fuyant les conflits sont autant de facteurs qui
pourraient avoir un impact important sur la survie des enfants. Cette
situation, synonyme de la malnutrition, de faible couverture vaccinale,
d'augmentation des maladies diarrhéiques et autres infections et
accouchements non assistés par un personnel qualifié, ne peut
qu'augmenter les risques de décès chez les enfants de moins de 5
ans.
Graphique 2 : Tendances de la mortalité infantile
et infanto-juvénile en RCA de 1975 à 2011
261
|
|
|
|
|
|
|
|
|
211
|
|
|
220
|
|
|
|
185
|
|
157
|
194
|
|
176
|
179
|
16
|
|
132
|
|
131
|
132
|
106
|
116
|
10
|
|
|
97
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
300
250
200
150
100
50
0
Mortalité Infantile
Mortalité Infanto-juvénile
4
8
Source : Auteur à partir des données des
enquêtes nationales
Il s'avère aussi important de souligner que les causes
principales de la mortalité des enfants à différents
âges évoluent dans le temps et selon la conjoncture. Le graphique
3 présente les causes fréquentes de décès des
enfants de moins de 5 ans.
Graphique 3 : Principales causes de décès
des enfants âgés de moins de 5 ans de 2000-2003 (en
%).
30 25 20 15 10 5 0
|
27
|
26
|
12
|
7
|
15
|
17
|
6
4
|
19
|
17
|
19
|
21
|
6
2 2
0
|
|
|
|
|
|
|
|
Causes VIH/SIDA Maladies Rubéoles Paludisme Pneumonie
Blessures Autres
néonatales diarrhéiques
|
Moyenne nationale Moyenne régionale
Source : Auteur à partir des données de MICS2
2000 et du RGPH 2003
25
Le graphique 3 présente les causes les plus
récurrentes du décès des enfants de moins de 5 ans. Elles
sont entre autres : les causes néonatales (27%), la pneumonie (19%), le
paludisme (19%), les maladies diarrhéiques (15%), le VIH/SIDA (12%), la
rubéole et les blessures ne représentent respectivement que 6% et
2% des causes les plus courantes de la mortalité
infanto-juvénile. Le constat qui se dégage à l'analyse de
ladite figure est que la proportion de certaines causes de décès
des enfants de moins de 5 ans en RCA dépasse la moyenne
régionale, par exemple les causes néonatales (27%) pour la RCA et
26% pour la moyenne régionale, le VIH/SIDA (12%) pour la RCA et 7% pour
la moyenne régionale.
Conclusion
L'objectif de ce chapitre était de présenter les
différentes réformes de la politique de santé en faveur
des enfants et la dynamique des taux de mortalité
infanto-juvénile entre 1975 et 2011. Au terme de ce chapitre, il ressort
que le gouvernement centrafricain a véritablement pris des engagements
à poursuivre des actions prioritaires dans le cadre de la réforme
du système sanitaire en vue de le doter de moyens nécessaires, de
le rendre performant et capable de produire des services de santé de
qualité. Mais malgré les efforts consentis par les
autorités publiques pour réduire la mortalité en
général et celle des enfants de moins de 5 ans en particulier, la
situation sanitaire des enfants de moins de 5 ans demeure une
préoccupation importante. La RCA demeure l'un des pays où le taux
de mortalité des enfants de moins de 5 ans reste encore
élevé. De ce fait, la recherche des déterminants de ce
phénomène s'avère nécessaire d'où l'objectif
assigné au chapitre suivant.
26
Chapitre 3 : Mortalité infanto-juvénile :
cadre méthodologique
Après avoir présenté dans le chapitre
précédent, les différentes réformes de la politique
de santé en faveur des enfants et la dynamique des indicateurs de
santé de ces derniers en République Centrafricaine, le
présent chapitre se donne pour objectif de présenter la
méthodologie utilisée dans le cadre de ce travail. Ce faisant,
les développements de cette méthodologie conduiront à
présenter le cadre conceptuel de l'étude, en mettant un accent
particulier sur le modèle de production de la santé de Becker
(section 1) et sur les données tout en décrivant les variables
utilisées (section 2).
Section 1 : Le cadre conceptuel
L'objectif de cette section est de présenter le
modèle de production de la santé des enfants, inspiré du
modèle de l'analyse des décisions intrafamiliales
microéconomique développé par Becker pour ensuite
déboucher sur le cadre de la New Home Economics (Leibenstein,
1954 ; Becker, 1960) pour expliquer la mortalité des enfants.
1.1. La production de santé des
enfants
Le modèle qui met en exergue la production de la
santé des enfants est celui de « qualité-quantité
» de Becker (1960) considéré comme une réponse
à la thèse de Malthus qui établit une relation positive
entre le revenu du ménage et la fécondité, relation qui ne
prend pas en compte la qualité de l'enfant. De plus, ce modèle
constitue un dépassement de la théorie néoclassique qui
postule que les agents sont des êtres rationnels se souciant uniquement
de leur bien-être individuel. Contrairement aux tendances
égoïstes traditionnelles sous-jacentes à la théorie
classique, le modèle « quantité-qualité » repose
sur le comportement altruiste des parents qui ont une préférence
pour la qualité des enfants. En effet, la décision d'avoir un
certain nombre d'enfants d'une certaine qualité est prise
simultanément par les parents.
C'est-à-dire que, l'accroissement de la quantité
d'enfants accroît le coût marginal de la qualité et
réciproquement.
La présentation initiale de Becker et Lewis (1973)
repose sur une fonction d'utilité dont les
arguments sont : la quantité d'enfants, la
qualité des enfants, la consommation
d'autres biens par la famille. La qualité de l'enfant
peut être par exemple son état de santé. Cette fonction se
présente comme suit :
Les auteurs supposent que la qualité des enfants
à l'intérieur de la famille est identique et qu'ils ont
également les mêmes dotations initiales. La contrainte
budgétaire du ménage est égale à la somme des
dépenses consacrées à la consommation des autres biens et
du coût de la qualité des enfants multiplié par la
quantité d'enfants. Elle se présente comme suit :
nq y
q p n
Avec le revenu total de la famille, le prix de et le prix de .
peut être interprété comme le total des dépenses
de la famille qui détermine communément la quantité et la
qualité.
Le Lagrangien associé au programme du ménage se
présente comme suit :
Les conditions du premier ordre sont les suivantes :
y p y
L
U
q
q
n
L
U
MU fl pq
y
y
n
L
I
y
(a)
(c)
(e)
(g)
27
La relation entre la quantité et la qualité est
quelque peu paradoxale. Une augmentation du revenu peut réduire la
demande d'enfants si le capital humain de ces derniers augmente. Compte tenu du
modèle posé, le choix optimal quantité-qualité
montre que l'utilité marginale de n, q et y est respectivement
égal au coût marginal de , et se présente comme suit :
y
MU n
q
(3)
MU
Où est le coût marginal du revenu ; , et
représentent respectivement les
utilités marginales par rapport à , et ; , et .
28
L'interprétation économique que donnent ces
auteurs est la suivante : Le prix d'un enfant supplémentaire à
qualité constante est d'autant plus élevé que la
qualité l'est aussi, c'est dire qu'une augmentation du nombre d'enfants
est d'autant plus coûteuse que la qualité des enfants est grande.
De manière similaire, le prix d'une unité de qualité
supplémentaire, à nombre d'enfants constant est d'autant plus
élevé que le nombre d'enfant est élevé, autrement
dit, une hausse de la qualité est ainsi d'autant plus coûteuse que
le nombre d'enfant est grand.
De ce qui précède, les auteurs font ressortir
l'effet du revenu. En effet, lorsque le revenu s'accroît, la demande de
qualité et de quantité s'accroît, ce qui entraine une
hausse du prix de l'enfant. Becker fait l'hypothèse que
l'élasticité revenu par rapport à la qualité est
plus élevée que l'élasticité de la quantité.
C'est-à-dire que lorsque le revenu s'accroît, la qualité
augmente d'avantage que la quantité. En outre, comme tout bien durable,
les parents investissent différemment dans les enfants en fonction de
l'utilité supplémentaire que leur procure un enfant par rapport
à l'autre. Et c'est cette utilité qu'il appelle la «
qualité ».
Etant donné que la mortalité est un cas
extrême de la dégradation de la santé d'un individu et que
la santé étant produite à l'intérieur du
ménage, on peut donc utiliser le cadre d'analyse de la New Home
Economics pour expliquer la mortalité des enfants.
1.2. La mortalité comme un cas extrême de la
dégradation de la santé des enfants
La théorie de la production au sein du ménage
demeure un outil d'analyse de grande importance dans l'analyse
économique de la famille. Le modèle traditionnel de la famille
repose sur l'hypothèse de préférence commune et
considère le ménage comme un décideur unique qui maximise
une fonction d'utilité quasi-concave dont les arguments sont la
consommation de biens et services , le loisir et l'état
de santé de chaque membre
du ménage.
( P s P c 1 )
Typiquement, on considère un ménage qui retire une
utilité de la consommation d'un vecteur
de biens échangés et de loisir et aussi de la
santé de ses membres, qui dépend elle-
même des facteurs exogènes et du temps passé
à produire la santé au sein du
ménage (en maintenant par exemple les conditions
d'hygiène). Les préférences sont
supposées être convexes (TMS décroissant) ?
fonction quasi-concave et deux fois différentiable. Les
modèles les plus simples supposent que chaque ménage fait face
à un ensemble complet de marchés concurrentiels. Le prix du
produit est fixé comme numéraire . On note le salaire (le travail
est supposé parfaitement homogène entre les
29
membres de la famille). Le ménage peut produire le bien
grâce à une technologie de
production qui utilise du travail et est
représenté par , est la dotation en temps du
ménage et représente le revenu non
monétaire.
Le problème du ménage dans un modèle
statique simple sans incertitude s'écrit :
C PZ
s s
MaxU (C,l,S)
,H 0
s
U'l w
wH A
w
l H w
c, l, Zs
S / C : P
c
T
S S(Z s
,H s
H s
)
(1)
(2)
(3)
(4)
Où est la part du travail familial allouée à
la « production » de santé.
Le Lagrangien associé au programme du ménage
s'écrit :
Duquel on dérive les conditions d'optimalité
suivantes :
L
l
L
S
Zs
U
Zs
L
S
Hs
U
s
s
Hs
Les conditions d'optimalité du programme du
ménage montrent que les décisions de production de biens sont
séparables des décisions de consommation, dans cet environnement
de marchés parfaits et complets2. Par contre, cette
propriété de séparabilité ne tient pas en ce qui
concerne la production de santé, celle-ci en effet apparait
dépendre des préférences du ménage. La condition du
premier ordre concernant le travail alloué au maintien de la
santé est :
2 Ceci en faisant référence aux
propriétés de séparation des décisions de
consommation et de production du modèle de ménage agricole.
30
, où est le multiplicateur de Lagrange associé
à la contrainte budgétaire.
D 1 ) P (
S * ? S ) P (
S * S ? 0 )
F ( X
i i i i i i
Ainsi, le niveau optimal de santé dépendra des prix
des biens qui sont utilisés pour la
maintenir , et du taux de salaire , mais également de la
dotation en temps et
des facteurs exogènes qui influencent la satisfaction
du ménage. On peut donc utiliser ce type de modèle pour
analyser les déterminants de la santé dont la mortalité
infanto-juvénile :
S i X i i
Eu égard au fait que la santé produite au sein
du ménage peut s'apprécier tout comme elle peut se
déprécier, la mortalité est considérée comme
le cas extrême de la dégradation de celle-ci. Ainsi donc pour
analyser le décès des enfants, le modèle de logit binaire
parait approprié. C'est un modèle où la variable
dépendante prend la valeur 0 ou 1 qui indique la survenue ou non d'un
évènement (ici le fait pour un enfant de décéder
avant son 5ème anniversaire ou non) et les variables
indépendantes sont celles susceptibles d'influencer la survenue de cet
événement..
X i
Soit la probabilité que l'évènement se soit
produit. Ainsi pour modéliser cette probabilité,
on suppose qu'il existe une variable latente inobservable
décès de l'enfant et on
suppose que cette variable dépend d'un ensemble de
variables explicatives . Et on
a l'équation à estimer suivante :
|
1 si l'enfant décède avant son
5ème anniversaire
0 si sinon
|
)
*
Avec =
Où désigne le vecteur des facteurs (internes et
externes au ménage) qui influence le décès
de l'enfant avant son 5ème anniversaire ; est
le vecteur de paramètres inconnus ; est le
terme d'erreur.
31
Etant donné que le modèle est logit, la forme
fonctionnelle de la probabilité est une
fonction de répartition d'une variable logistique. Elle
peut être spécifiée par :
Comme les variables de l'étude doivent leur existence
aux données, leur description est faite après la
présentation de ces dernières.
Section 2 : Les données et la justification des
variables
L'objectif de cette section est de présenter les
sources de données utilisées dans ce travail. Pour cela, une
présentation des données et des variables sera faite dans un
premier temps pour ensuite déboucher sur une analyse descriptive de
quelques variables de l'échantillon traité dans un second
temps.
2.1. Les sources de données
Cette étude utilise les informations de la
3ème et 4ème Enquête Nationale par
Grappes à Indicateurs Multiples (MICS3 et 4) couplée avec
l'enquête sur la sérologie VIH, réalisée par
l'ICASEES avec l'appui technique et financier des systèmes des Nations
Unies 3 respectivement de juin à novembre 2006 et de juin
à décembre 2010. La MICS est une enquête
détaillée, à multiples objectifs et à
l'échelle nationale. L'échantillon de cette enquête en 2006
est fixé à 11723 ménages enquêtés avec
succès soit 26987 individus enquêtés dont 11592 femmes
âgées de 15-49 ans, 9.585 enfants de 0 à 5 ans et 5450
hommes âgés de 15-59 ans. Par contre en 2010, l'échantillon
est fixé à 11756 ménages soit 27725 individus
enquêtés dont 11510 femmes âgées de 15-49 ans, 5311
hommes âgés de 15-59 ans et 10904 enfants de 0 à 5 ans.
Elles contiennent les informations sur un large éventail de facteurs
aussi bien individuels que liés aux ménages et porte dans une
très large mesure sur les objectifs de la présente
étude.
Elles renseignent entre autre, sur l'estimation des niveaux de
mortalité infanto-juvénile, l'état nutritionnel des
enfants, le paludisme et d'autres maladies de l'enfance, l'accès
à l'eau potable et à un système d'assainissement
adéquat, la santé génésique des femmes, le
développement
3 UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l'enfance) ;
UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la Population) ; OMS (Organisation Mondiale
de la Santé) ; PAM (Programme Alimentaire Mondial) ; BM (Banque
Mondiale) ; ICF (ICF International).
32
de l'enfant, l'éducation de base, la protection de
l'enfant et le comportement sexuel ainsi que la prévalence du VIH/SIDA.
Après le traitement, les nouveaux échantillons sont
respectivement de 7165 individus en 2006 et de 9741 individus en 2010 sur
lesquels porteront les analyses statistiques et économétriques.
Etant donné que le questionnaire relatif à la mortalité
des enfants de moins de 5 ans est adressé aux femmes ayant eu des
enfants, la femme est utilisée comme unité d'analyse.
Les variables utilisées dans ce travail sont toutes
présentes dans les deux bases respectives (MICS3 et 4) ou alors ont
été obtenues en générant les données de ces
mêmes bases. La variable dépendante ou à expliquer est
représentée par la probabilité qu'un enfant né
vivant soit décédé avant son 5ème
anniversaire ou non. Celle-ci est dichotomisée et codée comme
suit : la valeur 1 si l'enfant est décédé avant son
5ème anniversaire et 0 sinon.
Pour ce qui est des variables indépendantes ou
explicatives, en s'inspirant de la littérature théorique
(notamment le modèle de Mosley et Chen (1984) revisité par
Barbieri en 1991) et empirique (Guilkey et al., 1998 ; Hartgen et al., 2006 et
Ssewanyana et al., 2007) sur les facteurs expliquant la mortalité des
enfants dans les pays en développement, le présent travail
retient quelques-unes à savoir : D'abord, les facteurs internes au
ménage qui incluent les variables telles que l'âge de la
mère à l'accouchement, l'allaitement, le rang de naissance de
l'enfant, le statut matrimonial de la mère, l'état nutritionnel,
le niveau de vie du ménage, l'éducation de la mère et du
conjoint, la religion du chef de ménage.
Enfin, les variables relatives aux facteurs externes
(communautaires) au ménage que sont le milieu de résidence, les
proportions des enfants par région atteints de la toux, de la
fièvre et de la diarrhée, l'accouchement assisté et la
vaccination. Le tableau 7 figuré en annexe dudit document met en relief
la description de toutes ces variables explicatives.
2.2. Analyse statistique des variables
d'étude
Cette sous-section se donne comme objectif de présenter
la répartition en pourcentage de décès des enfants des
échantillons de l'étude selon les facteurs internes et externes
au ménage. De ce point de vue, cette présentation est faite dans
deux tableaux différents pour rendre l'analyse pertinente et
cohérente.
Tableau 4 : Proportion de décès des enfants
selon certains facteurs internes en 2006 et 2010 (%)
2006 2010
N
%
N
%
%
N
Décédés
N
Non décédés
%
Total
Total
Variables
Décédés
Non décédés
Age de la mère à l'accouchement
41,73 31,49 26,78 100
Pr=0,000
1 602 43,43 2 621 43,31 43,35
1 676 45,43 2 699 44,60 44,91
411 11,14 732 12,1 11,73
3 689 100 6 052 100 100
Total
1 451 45,66 1 826 46,16 43,35
1 351 42,51 1 685 42,59 44,91
376 11,83 445 11,25 11,73
3 178 100 3 956 100 100
15-24 ans 25-34 ans 35-49 ans Total
607 1 178 1 406 3 191
19,02 36,92 44,06 100
1 713 1 401 860 3 974
43,11 35,25 21,64 100
32,38 35,99 31,63 100
752 1 363 1 574 3 689
20,38 36,95 42,67 100
3 313 1 704 1 035 6 052
54,74 28,16 17,10 100
Aucun
Primaire
Second et +
Pr=0,000
Education de la mère
Pr=0,000
|
Pr=0,000
|
Etat matrimonial de la mère
|
|
En couple
Seule
Total
2 813
378
3 191
|
88,15
11,85
100
|
3 457
517
3 974
|
86,99
13,01
100
|
87,51
12,49
100
|
3 130
559
3 689
4 495
1 557
6 052
74,27
25,73
100
78,28
21,72
100
33
Pr=0,000
|
Pr=0,000
|
Sexe de l'enfant
|
|
Garçon Fille Total
|
1 600
1 591
3 191
|
50,14
49,86
100
|
2 028
1 946
3 974
|
51,03
48,97
100
|
50,64
49,36
100
|
1 824
1 865
3 689
|
49,44
50,56
100
|
2 961
3 091
6 052
|
48,93
51,07
100
|
49,12
50,88
100
|
Pr=0,000
|
Pr=0,000
|
Source : Traitement des bases de données MICS
de
|
2006 et 2010
|
Le tableau 4 renseigne sur le statut de décès
des enfants selon les facteurs internes au ménage en 2006 et en 2010.
Premièrement, en ce qui concerne l'âge de la mère à
la naissance, il ressort de ce tableau qu'en 2006, les enfants dont les
mères sont âgées de 25 à 34 ans sont plus nombreux
représentant presque 40% du total ; viennent ensuite ceux dont les
mères sont plus jeunes appartenant à la tranche d'âge 15
à 24 ans avec un pourcentage de 32,38% et enfin les enfants de
mères plus âgées (35 à 49 ans) représentent
31,63% de l'effectif total. Suivant cette variable, le décès des
enfants évolue avec l'âge de la mère Toutefois, le taux de
décès est élevé chez les enfants des mères
âgées entre 25 et 49 ans et plus faible chez ceux des mères
appartenant à la tranche d'âge 15-24 ans. Pour la période
de 2010, on constate que les enfants des mères plus jeunes (15 à
24 ans) sont plus représentatifs de l'effectif total soit 41,73% ;
suivis de ceux dont les mères ont un âge intermédiaire (25
à 34 ans) soit 31,49% et enfin 26,78% d'enfants ont des mères qui
rentrent dans la tranche d'âge 35-49 ans. Concernant la variable
âge de la mère, on constate comme en 2006 que l'âge de la
mère évolue avec le décès des enfants. Toutefois,
le taux de décès est plus élevé chez les enfants
des mères âgées entre
34
35 et 49 ans soit 42,67% et les enfants dont les mères
sont plus jeunes (15 à 24 ans) enregistrent le plus faible pourcentage
de décès soit 20,38%.
Deuxièmement, l'examen du tableau 4 montre que pour la
période de 2006, 44,91% d'enfants sont nés des mères qui
ont un niveau d'éducation primaire suivis de ceux nés des
mères sans éducation soit 43,35% et enfin viennent les enfants
nés des mères ayant le niveau secondaire et plus avec 11,73%.
S'agissant de décès des enfants, on constate que les enfants dont
les mères sont sans éducation présentent la plus forte
proportion de décès avec 45,66% suivis de ceux nés des
mères ayant atteint le niveau primaire soit 42,51%. Les enfants
nés des mères ayant un niveau secondaire et plus
présentent le plus faible pourcentage avec 11,25%. En 2010, les enfants
nés des mères ayant un niveau primaire sont plus
représentatifs de l'effectif total soit 44,91% suivis des enfants
nés des mères n'ayant aucun niveau soit 43,35%, viennent enfin
11,73% d'enfants nés des mères ayant atteint un niveau secondaire
et plus. De même, les enfants dont les mères ont un niveau
primaire enregistrent le plus fort pourcentage de décès soit
45,43%, suivis de ceux dont leurs mères n'ont aucun niveau
d'éducation soit 43,43% et enfin les enfants nés des mères
ayant un niveau d'éducation secondaire et plus présentent le plus
faible pourcentage avec 11,14%.
Troisièmement, s'agissant de l'état matrimonial,
on constate en 2006 que les enfants des mères mariées ou vivant
en union sont plus nombreux et représentent plus
précisément 87,51% de l'effectif total tandis que ceux des
mères vivant seules ne représentent que 12,49% du total. De plus,
les enfants dont leurs mères sont mariées ou vivent en union
enregistrent le plus fort pourcentage de décès soit 88,15%, alors
que ceux qui ont des mères qui vivent seules ont une faible proportion
de cas de décès (11,85%). La même tendance est
observée en 2010 où les enfants des mères mariées
ou vivant en union sont plus nombreux avec 78,28% de l'effectif total, par
contre ceux des mères vivant seules ne représentent que 21,72 du
total. De même, les enfants des mères mariées ou vivant en
union présentent le pourcentage de décès le plus
élevé soit 84,85% tandis que ceux des mères vivant seules
meurent le moins soit 15,15%.
Quatrièmement, en ce qui concerne le sexe de l'enfant,
on observe pour la période de 2006 qu'il y a quasiment autant de
garçons (50,64%) que de filles (49,36%) et il en est de même
lorsque l'on s'intéresse au pourcentage de décès soit
50,14% pour les garçons et 49,86% pour les filles. Cette tendance est
similaire pour la période de 2010 mais avec un léger avantage
pour les filles car on remarque qu'elles représentent un peu plus de la
moitié de l'effectif total soit 50,88% alors que les garçons
occupent les 49,12% du total. Il en est de même pour le
35
décès des enfants dont on note autant de
décès chez les filles (50,56%) que chez les garçons
(49,44%).
Le tableau 5 quand lui rend compte du statut de
décès des enfants selon les facteurs externes (communautaires) au
ménage. D'abord, dans les deux bases de données MICS
utilisées dans le cadre de cette étude, le niveau de vie du
ménage est capté par l'indice de bien-être. La
répartition des enfants suivant cette variable en 2006 fait ressortir
une forte représentativité des enfants issus des ménages
pauvres soit 47,08%. Après ces derniers viennent les enfants nés
dans les ménages riches avec 28,87% de l'effectif total et enfin les
enfants issus des ménages moyens ou intermédiaires viennent
à la dernière position avec 24,05% du total. Pour ce qui est du
décès des enfants, on remarque que la proportion d'enfants
décédés évolue en dent de scie car les enfants
nés dans les ménages pauvres présentent le pourcentage le
plus élevé soit 47,41% tandis que les enfants issus des
ménages moyens ou intermédiaires enregistrent la plus faible
proportion soit 22,09%. Pour la période de 2010, on observe la
même tendance qu'en 2006 car les enfants issus des ménages pauvres
sont plus représentatifs de l'échantillon total avec 47,08% ;
suivis des enfants nés dans les ménages riches avec 28,87% et
enfin ceux issus des ménages moyens ou intermédiaires avec
24,05%. En ce qui concerne le décès des enfants, il est à
remarquer que les enfants des ménages pauvres décèdent
plus (soit 47,33%) que leurs congénères issus des ménages
riches (27,62%) et moyens ou intermédiaires (soit 25,05%).
Enfin, les enfants vivant en milieu rural sont plus nombreux
et représentent 69,65% de l'effectif total alors que ceux qui vivent en
milieu urbain ne représentent que 32,38% ceci pour la période de
2006. Cette situation est identique pour les cas de décès
où les enfants résidant en milieu rural meurent plus (soit 67%)
que leurs congénères résidant en milieu urbain (soit 33%).
Cette même tendance est observée en 2010 où les enfants
résidant en milieu rural sont plus représentatifs de
l'échantillon total de cette étude avec 69,62% alors que ceux
résidant en milieu urbain ne représentent que 32,38% de
l'effectif total. S'agissant des cas de décès, c'est toujours les
enfants vivant en milieu rural qui présentent le plus fort pourcentage
de décès avec 69,07% alors ce pourcentage est de 30,93% pour les
enfants résidant en milieu urbain.
36
Tableau 5 : Proportion de décès des enfants
selon les facteurs externes au ménage en 2006 et 2010 (%)
Variables
|
2006
|
2010
|
Décédés
|
Non décédés
|
Total
|
Décédés
|
Non décédés
|
Total
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Niveau de vie du ménage
|
Pauvre Moyen Riche Total
|
1 513
705
973
3 974
|
47,41 22,09 30,49 100
|
1 899 875 3 457 3 191
|
47,79
22,02
30,2
100
|
47,08 24,05 28,87 100
|
1 746 924 1 019 3 689
|
47,33 25,05 27,62 100
|
2 840
1 419
1 793
6 052
|
46,93 23,45 29,63 100
|
47,08 24,05 28,87 100
|
Pr=0,000
|
Pr=0,000
|
Milieu de résidence
|
Rural
Urbain Total
|
2 138
1 053
3 191
|
67
33
100
|
2 768
1 206
3 974
|
69,65
30,35
100
|
67,62
32,38
100
|
2 548
1 141
3 689
|
69,07
30,93
100
|
4 039
2 013
6 052
|
66,74
33,26
100
|
67,62
32,38
100
|
Pr=0,000
|
Pr=0,001
|
Source : Traitement des bases de données de MICS
2006 et 2010
Conclusion
L'objectif de ce chapitre était de présenter le
cadre conceptuel de l'étude. Aussi, une analyse descriptive de certaines
variables pertinentes des échantillons traités a
été réalisée. Deux sections ont rendu possible
l'atteinte de cet objectif, d'abord la première section où il a
été question de présenter le cadre conceptuel notamment le
modèle de production de la santé des enfants ainsi que celle de
la New Home Economics (NHE). La seconde section quant à elle s'est
appesantie sur la présentation des statistiques descriptives des
variables d'intérêt suivie de la justification du choix des
variables. Le chapitre suivant quant à lui sera donc consacré
à l'identification des déterminants empiriques de la
mortalité infanto-juvénile puis à l'interprétation
des résultats qui vont déboucher sur des recommandations en
termes de politiques économiques.
37
Chapitre 4 : Les déterminants de la
mortalité infanto-juvénile
>
Après avoir présenté la
problématique et le contexte de l'étude ainsi que la
méthodologie utilisée, le présent chapitre se propose
d'analyser à l'aide de la méthode de régression logistique
binaire les déterminants de la mortalité infanto-juvénile
en RCA en 2006 et en 2010 en regroupant ces déterminants en deux grands
groupes de facteurs : internes et externes au ménage. Dans cette
optique, une analyse et une interprétation des résultats
économétriques seront faites (section 1) et des recommandations
de politique économique (section 2) pour étayer la lanterne des
autorités publiques.
Section 1 : L'analyse et les interprétations des
résultats économétriques
L'objectif de cette section est de présenter les
résultats issus de l'analyse économétrique plus
précisément du logit et ensuite les interpréter. Pour
cela, deux estimations ont été faites à partir des deux
bases de données MICS (2006 et 2010) afin de ressortir les
déterminants de la mortalité des enfants de moins de 5 ans. Les
données ont été compilées grâce aux logiciels
SPSS 20 et STATA 12.
1.1. La contribution des facteurs internes au
ménage
Il est question ici de chercher de manière empirique
à savoir davantage sur les facteurs explicatifs de la mortalité
des enfants. Les résultats obtenus sont analysés suivant l'effet
des variables explicatives sur la variable dépendante. Ainsi, les
résultats du tableau 6 révèlent que la plupart des
variables relatives aux facteurs internes au ménage retenues dans le
cadre de cette étude sont pertinentes pour analyser les
déterminants de la mortalité infanto-juvénile en RCA.
Premièrement, l'âge de la mère à la
naissance a un effet très significatif sur le risque de
décès des enfants de moins de 5 ans en RCA en 2006 et en 2010.
Ceci étant, les enfants nés des mères âgées
de 25 à 34 ans et de 35 à 49 ans voient leurs risques de
décéder augmenter respectivement de 19,7% et 35% en 2006 et
respectivement de 29,1% et 43,2% en 2010 par rapport à leurs
congénères dont les mères sont âgées de 15
à 24 ans. Ces résultats se vérifient uniquement pour les
mères issues de la tranche d'âge 34-49 ans car tout comme Barbieri
(1991) et Bels (1965), les mères ayant un âge plus avancé
ont plus d'enfants et exposent ces derniers à de risques de
décès élevés à cause des malformations
congénitales, des syndromes d'épuisement et des risques de
diminution de protection du lait maternel. Cependant, le
38
résultat inattendu est celui des mères
âgées de 25 à 34 ans car plusieurs études dont celle
de Barbieri (1991) montrent que le risque de décès des enfants
est moins élevé pour les enfants nés des mères dont
l'âge se trouve dans la tranche 25-34 ans parce qu'on estime qu'une
mère qui se situe dans cette tranche d'âge jouit d'une
maturité physiologique, physique et comportementale donc susceptible de
mettre au monde un enfant sans trop de difficulté et de bien
l'entretenir.
Deuxièmement, l'éducation de la mère a
une influence significative sur la mortalité infanto-juvénile en
2010, tandis qu'en 2006 elle est non significative. Ainsi pour l'année
2010, les risques de décès des enfants de moins de 5 ans dont
leurs mères ont atteint un niveau d'instruction primaire diminuent par
rapport à ceux nés des mères n'ayant aucun niveau
d'instruction. Les effets marginaux indiquent qu'une variation d'une
année d'instruction primaire des mères réduit le taux de
mortalité infanto-juvénile de 0,02 point, toutes choses
étant égales par ailleurs. Ce résultat est attendu et
confirme celui de Lachaud (2001), lorsqu'il estime à travers la
méthode de Tobit l'effet de l'éducation de la mère sur la
probabilité de décès des enfants de moins de 5 ans aux
Comores. Lorsque la future mère fait ses études, elle a tendance
à différer la date de sa première conception (Cleland et
Van Ginneken, 1988). Cela peut constituer un facteur important quand on sait
que les naissances issues de mères âgées de moins de 20 ans
présentent des risques plus élevés de décès
que celles des mères âgées de 20 à 34 ans. Les
mères instruites ont, plus que celles qui ne le sont pas, tendance
à utiliser les services de médecine moderne aussi bien pour la
prévention que pour les soins curatifs en cas de maladie. Cette tendance
a été démontrée dans plusieurs grandes
régions du monde en développement (Cleland et Van Ginneken, 1988
; Elo, 1992). On estime qu'une femme instruite utilise plus fréquemment
l'ensemble des soins prénataux requis, recourt plus souvent à un
centre de santé pour son accouchement et procède mieux à
la vaccination de ses enfants.
Troisièmement, le statut matrimonial de la mère
a un impact très significatif (seuil de 1%) sur le risque de
décès des enfants de moins de 5 ans en 2010 tandis qu'en 2006,
cette variable crée la multicolinéarité ce qui a conduit
à son omission. Cet état de fait signifie que les enfants
nés des mères mariées ou vivant en union enregistrent une
diminution de 13,3% de leurs risques de décéder par rapport
à leurs congénères dont les mères ne sont pas
mariées ou vivant seules. Ce résultat est attendu car on estime
que les enfants dont les parents sont mariés ou vivent ensemble ont plus
de chance d'être pris en charge par rapport à ceux appartenant
à des familles monoparentales (c'est-à-dire des mères
célibataires, divorcées, veuves ou séparées).
D'autres études effectuées ailleurs montrent que le taux de
mortalité est beaucoup
39
plus élevé chez les enfants des mères
célibataires que chez ceux des mères mariées, il s'agit
plus souvent de la surmortalité de 50% ou plus. Les données de
l'enquête sur la mortalité infantile et infanto-juvénile
réalisées à Yaoundé (EMIJY) montrent plutôt
une surmortalité de 70%.
Quatrièmement, l'allaitement maternel affecte
significativement les risques de décès des enfants de moins de 5
ans pour les deux années d'étude. Les enfants allaités
enregistrent une diminution de leurs risques de décès par rapport
à ceux qui ne sont pas allaités. Cette diminution ou baisse de
risques de décès va de 8,1% en 2006 à 11,9% en 2010, cette
tendance à la baisse des risques de décès laisse penser
que les mères commencent à prendre conscience du rôle
important du lait maternel dans la santé nutritionnelle des enfants. Ce
résultat aussi est attendu. L'allaitement maternel au cours de la
période post-natale est très important pour le
développement physique et psychologique de l'enfant. Les
spécialistes en nutrition présentent le lait maternel comme la
meilleure boisson pour le nourrisson car en plus de son caractère
hygiénique, il contient une proportion assez élevée de
substances nutritionnelles requises pour la croissance de l'enfant. De
même, du fait de sa consistance, il procure au nourrisson une
immunité contre différentes maladies qui l'assaillent, surtout
celles des appareils respiratoires et digestifs (Akoto, 1993). Selon l'UNICEF
repris par Rakotondrabe (1996), un enfant alimenté avec le lait maternel
est moins malade et atteint difficilement la malnutrition qu'un enfant nourri
au biberon et avec d'autres aliments. Ainsi, si tous les bébés
étaient nourris exclusivement au sein maternel jusqu'à
l'âge de six mois, il serait possible d'éviter le
décès de plus d'un million d'enfants chaque année dans le
monde.
Cinquièmement, le rang de naissance de l'enfant affecte
très significativement (seuil de 1%) les risques de décès
des enfants de moins de 5 ans en 2006 alors que cette variable est non
significative en 2010. Les résultats du tableau 6 montrent que les
risques de décès baissent lorsque les enfants sont nés
entre la deuxième et la troisième position et augmentent lorsque
ceux-ci viennent entre la quatrième et la sixième position. La
baisse des risques de décès des enfants nés entre la
2ème et la 3ème position est respectivement
de 6% et l'augmentation des risques de ceux nés entre la
4ème et 6ème position est de 10,6% ce qui
corrobore dans les deux cas les résultats trouvés pour
l'âge de la mère à l'accouchement, car plus la femme a un
âge avancé, plus elle met beaucoup d'enfants au monde. Masuy
Stroobant (1986) s'inscrit dans cette même logique en estimant que
l'attention accordée par la mère aux enfants diminue
considérablement avec le rang de naissance de ceux-ci. Cette diminution
provient du surcroît de charge occasionné par une famille
relativement nombreuse. De plus, les enfants nés à la
40
première position sont généralement issus
d'un accouchement à un âge précoce de la mère et
sont donc exposés à une insuffisance pondérale ou à
une prématurité (Venkatacharya, 1986).
Sixièmement, l'éducation du conjoint a un effet
très significatif (seuil de 1%) sur les risques de décès
des enfants de moins de 5 ans en 2006, alors qu'elle est non significative en
2010. En 2006, les risques de décès des enfants dont leurs
pères ont un niveau d'instruction primaire, secondaire et plus diminuent
par rapport à ceux de leurs congénères dont les
pères n'ont aucun niveau. Les effets marginaux indiquent qu'une
variation d'une année d'instruction primaire et secondaire des
pères réduit le risque de décès des enfants de
moins de 5 ans respectivement de 0,06 et de 0,07 point, toutes choses
étant égales par ailleurs. Par le même mécanisme que
chez la mère, le niveau d'instruction du père peut
également avoir un effet sur la mortalité des enfants. Dans une
étude menée par Akoto et Tabutin (1987) dans six pays africains,
il s'est avéré que dans l'ensemble, la mortalité baisse
avec l'instruction du père. A Bobo Dioulasso (au Burkina Faso) par
exemple, le niveau d'instruction du père s'est
révélé comme premier facteur déterminant de la
survie des enfants (Banza, 1993) pour la simple raison qu'en Afrique
subsaharienne, la prise de décision en ce qui concerne les questions
relatives à la famille est reconnue comme étant une
prérogative du père. Le rapport de l'EDS du Burkina Faso (1994)
souligne fort bien que les hommes, surtout les hommes mariés, ont un
rôle considérable dans la prise de décision concernant la
famille, le nombre d'enfants à avoir, etc. Lloyd et Gage-Brandon (1994)
s'inscrivent dans cette dynamique et insistent dans le cas du Ghana, sur le
rôle du père comme chef de famille et de ce fait, responsable des
décisions majeures qui affectent la vie familiale, y compris les
décisions en matière de procréation.
Septièmement, la variable religion du chef de
ménage affecte significativement la mortalité
infanto-juvénile en 2006 et en 2010. En effet, les enfants dont leurs
pères4 pratiquent la religion protestante voient leurs
risques de décéder baisser par rapport à ceux de leurs
congénères dont les pères sont musulmans ou autres. Les
effets marginaux indiquent que cette baisse des risques est de 5% et 2,3%
respectivement en 2006 et 2010. Ces résultats confirment ceux
trouvés par certaines études (Caldwell, 1990 ; Tabutin et al,
1999 ; Gyimah, 2002 ; Vallin et al, 2002 ; Ghuman, 2003 ; Gyimah, 2006)
sous-tendant une baisse de mortalité des enfants dont les pères
pratiquent la religion chrétienne (protestant et catholique) et une
augmentation de celle des enfants dont les pères sont musulmans ou
autres. Ceci s'explique
4 Généralement en Afrique, le rôle
du chef de ménage est assuré par le père de la famille.
41
par le simple fait que ces derniers sont toujours
ancrés dans les normes traditionnelles et culturelles.
Enfin, la variable niveau de ménage pris comme un proxy
du revenu des ménages a une influence significative sur la
mortalité infanto-juvénile en 2010 mais non significative en
2006, c'est dire que les risques de décès des enfants augmentent
lorsque les ménages sont pauvres et diminuent lorsqu'ils sont riches.
Les résultats du tableau 6 montrent que les risques de
décès des enfants issus des ménages moyens ou
intermédiaires diminuent par rapport à ceux de leurs
congénères issus des ménages pauvres. Les effets marginaux
du modèle logit fixent cette diminution de risques à 3%, toutes
choses étant égales par ailleurs. Ce résultat confirme
celui du rapport final de l'enquête MICS 2010. Par ailleurs, la non
significativité de cette variable en 2006 peut s'expliquer par le fait
que le niveau de vie peut-être capté par la localisation spatiale
(milieu de résidence). En effet, les tenants de l'approche
économique de la mortalité infanto-juvénile associent la
baisse de cette dernière aux changements observés dans les
niveaux de revenu. L'amélioration du pouvoir d'achat joue un rôle
majeur sur la santé des enfants à travers l'acquisition de biens
et services tels que la nourriture, les vêtements et le logement
favorables à la santé des enfants (Rakotondrabe, 2004). Elle
amenuise le niveau de mortalité à travers une réduction de
l'exposition au risque de décès d'une part, et d'autre part,
à travers un accroissement des capacités de résistance
(McKeown, cité par Vallin, 1989).
1.2. La contribution des facteurs externes au
ménage
S'agissant des effets que peuvent avoir les facteurs externes
au ménage sur la mortalité des enfants de moins de 5 ans en RCA,
il ressort de l'examen du tableau 6 que certaines variables relatives auxdits
facteurs expliquent le phénomène étudié tandis que
d'autres ne le sont pas.
D'abord, la variable milieu de résidence a un impact
significatif tant en 2006 qu'en 2010. Les enfants vivant en milieu urbain
voient leurs risques de décès diminuer par rapport à ceux
qui vivent en milieu rural. Les effets marginaux fixent cette diminution est de
5% et 3% respectivement en 2006 et en 2010. Les statistiques descriptives
inhérentes au tableau 5 montrent la surmortalité rurale
comparativement au milieu urbain coïncident avec les présents
résultats. De plus, ces derniers semblent confirmés plusieurs
travaux empiriques notamment ceux de Dackam (1987) ; Rakotondrabe (1996) pour
l'Afrique Subsaharienne. Cette surmortalité rurale peut se justifier par
le manque de personnel médical qualifié, le manque
42
d'infrastructures et d'équipements sanitaires, la
grande distance séparant les populations des centres de santé, au
mode vie (croyances et normes), etc.
Ensuite, la variable distance du centre de santé le
plus proche captant l'accessibilité des populations aux soins de
santé affecte très significativement (seuil de 1%) la
mortalité infanto-juvénile exclusivement en 2010 puisque celle-ci
ne figure pas dans la base de 2006. D'après les résultats
consignés dans le tableau 6, les risques de décès des
enfants augmentent selon que la distance séparant les populations et les
centres de santé est grande. Ainsi, les enfants dont leurs domiciles
sont situés entre 1 et 10 kilomètres voient leurs risques de
décéder augmenter de 5,3% par rapport à leurs
congénères dont leurs domiciles se trouvent à moins d'un
kilomètre. En effet, ces résultats sont similaires avec ceux
trouvés pour le compte de la variable milieu de résidence
(surmortalité rurale) car généralement en milieu rural,
les infrastructures sanitaires sont rares et peu équipées alors
que celles-ci sont concentrées en milieu urbain (RGPH 2003). Ce
résultat conforte celui trouvé par Lavy et al, (1996).
Enfin, alors que la survenue d'épisodes morbides (toux,
fièvre et diarrhée) semble avoir des effets plutôt
mitigés sur la mortalité des enfants de moins de 5 ans en 2006 et
en 2010, la vaccination et l'accouchement assisté ont un impact non
significatif. Ainsi, en ce qui concerne les variables reconstituées pour
les enfants, l'effet est ambigu. Seuls les coefficients des pourcentages des
enfants qui ont eu une toux, au cours des deux semaines précédant
l'enquête, possèdent une influence significative sur les taux de
décès des enfants. C'est dire que les risques de
décès sont plus élevés chez enfants résidant
dans les régions où la proportion des enfants atteints de la toux
est forte. L'augmentation des risques de décès est de 44,5% en
2006 et de 53% en 2010.
Tableau 6 : Déterminants de la mortalité
infanto-juvénile en 2006 et 2010
43
Variables explicatives
|
Coefficient
|
Effets marginaux
|
Coefficient
|
Effets marginaux
|
Facteurs internes au ménage
Age de la mère 25-34 ans 35-49 ans Education de la
mère
|
0,804 (7,60)***
1,464 (12,48)***
|
0,197 (7,75)***
0,350 (13,66)***
|
1,228 (18,68)***
1,856 (27,08)***
|
0,291 (19,35)***
0,432 (30,57)***
|
Primaire
|
-0,061 (-0,64)
|
-0,015 (-0,64)
|
-0,097 (-1,58)*
|
-0,023 (-1,58)*
|
Secondaire et plus
|
-0,052 (-0,32)
|
-0,013 (-0,32)
|
-0,041 (-0,38)
|
-0,009 (-0,38)
|
En couple
|
|
|
-0,559 (-7,98)***
|
-0,123(-8,52)***
|
Statut nutritionnel
|
|
|
|
|
Malnutri modéré
|
0,057 (0,43)
|
0,014 (0,43)
|
0,028 (0,38)
|
0,007 (0,38)
|
Malnutri sévère
|
0,059 (0,32)
|
0,014 (0,32)
|
0,015 (0,15)
|
0,004 (0,15)
|
Allaité
|
-0,287 (-1,14)***
|
-0,069 (-1,18)***
|
-0,373 (-1,55)*
|
-0,082 (-1,66)*
|
Rang de naissance 2- 3ème naissance
|
-0,243 (-2,64)***
|
-0,060 (-2,63)***
|
-0,015 (-0,27)
|
-0,004 (-0,26)
|
4- 6ème naissance
|
0,428 (2,77)***
|
0,106 (2,77)***
|
0,067 (0,67)
|
0,015 (0,68)
|
7 et plus
|
0,686 (1,22)
|
0,170 (1,26)
|
0,291 (0,61)
|
0,070 (0,59)
|
Education du conjoint Primaire
|
-0,296 (-2,82)***
|
-0,066 (-2,59)***
|
-0,071 (-0,96)
|
-0,016 (-0,96)
|
Secondaire et plus
|
-0,279 (-2,71)***
|
-0,068 (-2,75)***
|
-0,099 (-1,14)
|
-0,023 (-1,14)
|
Religion du chef de ménage Protestante
|
-0,208 (-2,13)**
|
-0,051 (-2,12)**
|
-0,099 (-1,61)*
|
-0,023 (-1,88)*
|
Catholique
|
0,175 (1,22)
|
0,043 (1,21)
|
0,033 (0,37)
|
0,008 (0,37)
|
Niveau de vie
|
|
|
|
|
Moyen
|
0,041 (0,36)
|
0,010 (0,36)
|
-0,133 (1,89)*
|
-0,031 (-1,88)*
|
Riche
|
-0,018 (-0,15)
|
-0,004 (-0,15)
|
0,106 (1,34)
|
0,025 (1,33)
|
Facteurs externes au ménage
Urbain
Distance du centre de santé2
1-10 km
Plus de 10 km
Accouchement assisté5
Vaccination4, 5
Fièvre3
Toux3
Diarrhée3
|
-0,215 (1,93)**
0,094 (1,03) -0,029 (-0,74) 3,971 (1,33) 1,812 (2,16)** 1,874
(0,50)
|
-0,053 (-1,93)**
0,023 (1,03) -0,007 (-0,74) 0,975 (1,33) 0,445 (2,16)** 0,460
(0,50)
|
-0,127 (-1,87)*
0,229 (3,83)***
0,036 (0,46)
0,503 (0,91)
2,282 (1,93)**
1,027 (0,80)
|
-0,029 (-1,88)*
0,053 (3,84)***
0,008 (0,46)
0,117 (0,91)
0,530 (1,93)**
0,238 (0,80)
|
Nombre d'observations
|
2470
|
6744
|
Log vraisemblance
|
-1580,25
|
-3996,14
|
LR chi2
|
227,62
|
1011,34
|
Prob >chi2
|
0,000
|
0,000
|
Pseudo R2
|
0,0672
|
0,1123
|
(1) La variable état matrimonial a
engendré une multicolinéarité pour la période 2006
ce qui a valu son omission par le logiciel stata 12 (2). La
variable distance du centre de santé ne figure pas dans la base de
données MICS 2006 ce qui justifie le manque de données
(3). Proportion par région des enfants de moins de 5
ans parmi ceux qui sont vivants et nés 5 ans avant l'enquête qui
ont eu au cours des deux dernières semaines (i) la fièvre (ii) la
toux (iii) la diarrhée (4). Proportion par
région des enfants de moins de 5 ans parmi ceux qui sont vivants et
nés 5 ans avant l'enquête qui ont été
vaccinés du BCG, de la polio, de la DTCoq et de la rougeole (5).
L'introduction des variables vaccination et accouchement
assisté en 2010 a provoqué la multicolinéarité
d'où le manque de données
Note : les valeurs entre parenthèse représentent
les t de student, (*), (**), (***) représentent respectivement les
significativités au seuil de 10%, 5% et 1% La variable dépendante
est la probabilité que l'enfant décède ou non avant son
5ème anniversaire en 2006 et 2010 Cette probabilité
prend la valeur 1 et 0 sinon.
Source : Auteur à partir des bases de données
MICS 2006 et 2010
44
A la lumière de tous ces résultats, quelques
recommandations de politique économique méritent d'être
formulées afin d'orienter les actions des pouvoirs publics.
Section 2 : Les recommandations de politique
économique
Au regard des résultats de la première section,
il semble important de formuler quelques recommandations susceptibles d'aider
les autorités centrafricaines à fixer un cadre d'actions qui
pourrait permettre d'améliorer la santé des enfants, en ce qui
concerne l'objectif de réduire significativement le taux de
mortalité infanto-juvénile.
2.1. La promotion de l'éducation pour tous et
l'alphabétisation des adultes
Selon le Rapport mondial du PNUD (2013) sur la pauvreté
dans le monde, la RCA fait partie des pays les plus pauvres de la
planète. L'un des critères à l'origine de cette
classification est le niveau d'instruction. Or, il ressort des résultats
des estimations de cette étude que l'éducation des parents
(mère et conjoint) aux côtés duquel il faut citer
l'âge de la mère à l'accouchement et l'allaitement maternel
influencent les risques de mortalité infanto-juvénile. A la base
de tous ces facteurs explicatifs, l'éducation des parents constitue le
canal de transmission qu'il convient mettre en exergue afin d'inverser la
tendance du taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans. Pour cela,
il incombe aux autorités centrafricaines de mettre un accent particulier
sur « le programme d'éducation primaire pour tous (OMD 2) ».
Ceci doit passer par la mise en oeuvre d'actions prioritaires suivantes :
y' Promouvoir (dans la mesure du possible) et rendre
obligatoire la scolarisation des enfants et des filles en particulier.
y' Mettre en place des mesures de subvention ou de
gratuité effective de l'école primaire sur toute l'étendue
du territoire national et réduire davantage les frais de
scolarité au niveau du secondaire, ce qui inciterait les parents
à scolariser leurs enfants en âge de fréquenter sans
distinction de sexe.
y' Mener des campagnes de sensibilisation
régulières des parents à l'importance de
l'éducation de leurs enfants garçons et filles, ainsi que leur
maintien dans le système éducatif, afin de dissiper la perception
contrastée de l'intérêt de l'école par les
ménages vivant en milieu rural et le taux élevé de
redoublement qui contribuent souvent à démotiver les parents
à inscrire et maintenir les enfants à l'école.
y' Rendre l'offre d'éducation plus accessible aux
enfants des ménages pauvres et au niveau des zones rurales
déficitaires.
45
y' Promouvoir la création des centres de formation des
adultes en vue de corriger le déficit de scolarisation ;
y' Sensibiliser les femmes sur l'importance de l'espacement de
naissances et du planning familial gage d'un accouchement sans risque pour la
mère et pour le nouveau-né. Ce faisant, cette sensibilisation
doit mettre un accent particulier sur l'adoption des méthodes
contraceptives modernes afin de contrôler et réduire les
naissances. Le but ultime consisterait à assortir la taille du
ménage à leurs moyens financiers.
y' Elaborer et mettre en oeuvre un programme
d'éducation sur la santé de la reproduction des femmes
âgées en vue d'améliorer le comportement des femmes
âgées de 35 ans ou plus en matière de la Santé de
Reproduction.
y' Encourager et sensibiliser les mères à ne
donner que du lait maternel à leurs enfants avant leurs six (06)
premiers mois car les spécialistes en nutrition le présentent
comme la meilleure boisson pour le nouveau-né puisqu'en plus de son
caractère hygiénique, il contient une proportion assez
élevée de substances nutritionnelles requises pour la croissance
de l'enfant.
2.2. La mise en place des mesures de lutte contre la
pauvreté
Les principaux résultats de notre étude font du
statut économique du ménage (capté ici par le niveau de
vie) et du milieu de résidence, des déterminants importants de la
mortalité des enfants de moins de 5 ans en RCA. D'après les
résultats des estimations, les risques de décès sont plus
élevés non seulement dans les ménages pauvres mais aussi
en milieu rural car nombreux sont ceux qui y résident (MICS 2010). A
l'instar des autres pays de l'Afrique subsaharienne, la RCA fait de la lutte
contre la pauvreté une priorité. Cette lutte s'est
matérialisée par l'adoption du Document de Stratégies de
Réduction de la Pauvreté (DSRP) initié à partir de
2007. Les actions de lutte contre la pauvreté doivent passer par :
y' La poursuite des réformes pour l'amélioration
de l'environnement des affaires en vue de promouvoir la création
d'entreprises à haute intensité de main d'oeuvre (HIMO) ;
y' La mise en oeuvre d'une véritable politique de
relèvement économique permettant aux couches les plus
défavorisés d'accéder aux activités
génératrices de revenus et à l'auto-emploi ;
y' La sortie de la phase humanitaire qui doit permettre
d'ouvrir de nouvelles perspectives de relèvement économique et
social par le développement des offres de
46
services sociaux de base, à travers
l'amélioration de l'accès à l'eau potable, à
l'assainissement en milieu rural et la performance du système de
santé ;
? La mobilisation des communautés, l'accroissement de
l'offre sanitaire et la mobilisation des ressources pour le passage à
échelle des interventions ayant un haut impact sur la mortalité
des enfants de moins de 5 ans ;
En effet, en appui à l'amélioration de l'offre
des services de santé à haut impact, la mobilisation effective
des communautés sur les programmes mis en oeuvre pour
l'amélioration de la santé des enfants, à savoir : la
prise en charge de certains soins à domicile (paludisme non
compliqué, diarrhées, pneumonies), l'utilisation des
moustiquaires imprégnées, l'adoption des pratiques essentielles
de l'alimentation du jeune enfant, la participation effective aux campagnes de
vaccination de masse (Journées Nationales de Vaccination, Semaines
Santé Mère-Enfant) et la prévention de la transmission du
VIII des parents à l'enfant (PTPE) auront un impact important sur la
maîtrise de la mortalité infanto-juvénile.
Enfin, la mobilisation conséquente des ressources tant
intérieures (suite à l'atteinte du point d'achèvement de
l'IPPTE, et à l'augmentation de la part du budget consacré
à la santé) qu'extérieures (organisation de la table ronde
sectorielle de la santé pour mobiliser des ressources additionnelles)
pourront doter les programmes de santé infanto-juvénile des
ressources conséquentes qui font défaut aujourd'hui.
Conclusion
Analyser les déterminants de la mortalité
infanto-juvénile en RCA était l'objectif de ce chapitre. Pour y
parvenir, la méthode de régression logistique binaire a
été utilisée afin d'identifier les facteurs qui expliquent
pour les deux périodes considérées par cette étude
la mortalité infanto-juvénile. Les résultats issus des
estimations ont permis de conclure que les risques de décès des
enfants de moins de 5 ans sont influencés ou expliqués par
l'éducation des parents (mère et père), l'âge de la
mère à l'accouchement, l'état matrimonial, l'allaitement
maternel, la religion du chef de ménage, le niveau de vie du
ménage, le milieu de résidence, le rang de naissance de l'enfant,
la distance du centre de santé et la proportion par région des
enfants atteints de la toux. Cependant ces déterminants influencent
à de degrés différents et selon les périodes les
risques de décès infanto-juvéniles.
47
Conclusion générale
Cette étude s'est inscrite dans le cadre des OMD plus
précisément pour ce qui est de l'objectif de réduire de
deux tiers (70%o) la mortalité infanto-juvénile à
l'horizon 2015. Elle a été menée dans l'optique d'apporter
des pistes de réflexions et de solutions aux autorités publiques
afin d'orienter leurs actions dans ce sens. Quels sont les principaux
déterminants de la mortalité infanto-juvénile en RCA ?
Telle était la question principale à laquelle cette étude
se devait d'apporter une réponse. Pour cela, il était de notre
devoir d'une part d'identifier les facteurs qui expliquent les risques de
décès des enfants de moins de 5 ans en RCA et d'autre part de
mesurer la contribution relative de ces derniers aux risques de
décès.
Structurée en quatre chapitres, cette étude
s'est appuyée sur des outils empruntés à la statistique,
à la mathématique, et à l'économétrie des
variables qualitatives (modèle de régression logistique), pour
confronter les enseignements théoriques de la mortalité des
enfants de moins de 5 ans aux faits empiriques décrits au travers des
données des enquêtes par grappes à indicateurs multiples de
la RCA (MICS-RCA) réalisées respectivement en juin 2006 et en
juin 2010. A l'issue de ce travail, trois importants résultats ont
frappé notre attention à savoir :
D'abord, l'éducation de la mère influence
significativement les risques de décès des enfants de moins de 5
ans en 2010, alors qu'elle est non significative en 2006. Les enfants dont
leurs mères ont atteint un niveau d'instruction primaire voient leurs
risques de décès baisser de 2,3% en 2010. Ce résultat
conforte ceux de Lachaud (2001) et de Mutunga (2007). Cependant, cette non
significativité de la variable éducation de la mère en
2006 est compensée par la relation significative (seuil de 1%) existant
entre l'éducation du conjoint et les risques de décès des
enfants de moins de 5 ans. Ainsi, les enfants dont leurs pères ont
atteint un niveau d'instruction primaire, secondaire et plus courent moins de
risques de décès que leurs congénères dont les
pères n'ont aucun niveau d'instruction. Cette baisse de risques est
respectivement de 6,6% et 6,8%. Ces résultats traduisent le fait que les
parents éduqués sont susceptibles de veiller sur la santé
de leurs enfants en adoptant un certain nombre de comportements
thérapeutiques (hygiène, recours systématique aux soins
préventifs et curatifs, etc).
48
Ensuite, le niveau de vie qui est une variable qui capte le
statut économique du ménage a un effet significatif sur les
risques de décès des enfants de moins de 5 ans en 2010, alors
qu'elle est non significative en 2006. Ainsi, les enfants nés dans les
ménages moyens (ou intermédiaires) voient leurs risques de
décéder baisser de 3,1% par rapport à ceux de leurs
congénères nés dans les ménages pauvres. Ce
résultat est attendu et confirme ceux trouvés par Lachaud (2001)
et Hamadou (2012). La baisse de risques de mortalité
infanto-juvénile pour les enfants issus des ménages moyens peut
s'expliquer par le fait que, plus les ménages disposent de biens et
services, plus ils sont à même de se procurer des inputs relatifs
à la santé.
Enfin, la distance d'un centre de santé le plus proche
est une variable qui capte l'accessibilité aux structures
hospitalières modernes. Elle renseigne sur l'impact que peut avoir la
distance séparant les populations des centres de santé sur les
risques de décès des enfants. Ainsi, il ressort de cette analyse
que les enfants qui habitent entre 1 à 10 kilomètres des centres
de santé courent plus de risques que leurs congénères
vivant tout proche (mois d'un kilomètre) des structures de santé
modernes. Cette augmentation de risques va jusqu'à 5,3%.
Au regard des statistiques descriptives
réalisées, on remarque pour les deux périodes
d'étude que la proportion de décès est
élevée chez les enfants issus des ménages pauvres et ceux
dont leurs mères n'ont aucun niveau d'instruction. En se fondant sur les
résultats trouvés, quelques recommandations ont été
formulées, ceci dans le but d'aider les décideurs publics
à mieux orienter leurs actions et à cibler les mesures à
entreprendre pour une lutte efficace contre la pauvreté et
l'analphabétisme.
49
Références bibliographiques
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juvénile en Afrique, niveaux et caractéristiques ; Causes et
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55
Annexes
Figure 1 : Diagramme de flux des déterminants
socioéconomiques
Bonne santé
Prévention
Morbidité
Contrôle sur
les maladies personnelles
Traitement
Déterminants Socioéconomiques
Contamination de l'environnement
Carences nutritionnelles
Facteurs Maternels
Blessures
Mortalité
Source : Mosley et Chen (1984)
56
Tableau 7 : Description des variables
Facteurs internes au ménage
Age de la mère à la naissance 25-34 ans 35-49 ans
Education de la mère Primaire Secondaire et plus
Statut matrimonial de la mère En couple
Allaitement maternel
Allaité
Statut nutritionnel de l'enfant
Malnutri modéré
Malnutri sévère
Rang de naissance de l'enfant
2-3ème naissance
4-6ème naissance
4= 7 et plus
Education du conjoint
Primaire
Secondaire et plus
Religion du chef de ménage
Protestante
Catholique
Niveau de vie du ménage
Moyen
Riche
Cette variable permet de voir l'effet de la maturité de
la mère sur le risque de décès de son enfant.
Elle indique le niveau d'instruction de la mère Niveau
primaire 1=oui ; 0=non
Niveau secondaire et plus 1=oui ; 0=non
Indique si elle vit seule ou en couple 1=oui ; 0=non
Indique la pratique de l'alimentation de l'enfant
1=oui ; 0=non
Indique si l'enfant est bien nourri ou malnutri
1=oui ; 0=non
1=oui ; 0=non
Elle rend compte de la place qu'occupe l'enfant de la
mère parmi tant d'autres.
Elle indique le niveau d'instruction du conjoint Niveau primaire
1=oui ; 0=non
Niveau secondaire et plus 1=oui ; 0=non
Indique si le chef de ménage est chrétien
protestant, catholique ou musulman et autres 1=oui ; 0=non
L'une des variables d'intérêt de cette étude
et est utilisée comme un proxy du statut économique du
ménage.
Facteurs externes au ménage
Indique le lieu de résidence du ménage
1=oui ; 0=non
Indique la distance la plus proche qui sépare les
populations des centres de santé
Indique si la femme a été suivie pendant la
grossesse et si elle a été assistée par un personnel
qualifié pendant l'accouchement
1=oui ; 0=non
Indique la proportion des enfants vaccinés par
région 1=oui ; 0=non Proportion des enfants atteints de la fièvre
par région 1=oui ; 0=non Proportion des enfants atteints de la toux par
région 1=oui ; 0=non Proportion des enfants atteints de la
diarrhée par région
1=oui ; 0=non
Milieu de résidence Urbain
Distance à un centre de santé 1-10 km
Plus de 10 km
Accouchement assisté
Vaccination
Fièvre Toux Diarrhée
Source : Auteur lui-même
57
Table des matières
Avertissement i
Dédicace ii
Remerciements iii
Liste des sigles et abréviations iv
Résumé v
Abstract vi
Sommaire vii
Liste des tableaux viii
Liste des graphiques viii
Introduction générale 1
Chapitre 1 : Problématique de la mortalité
infanto-juvénile 3
Section 1 : Les explications microéconomiques de la
mortalité des enfants 3
1.1. Le modèle de base de Mosley et Chen 3
1.2. La littérature microéconomique sur la
mortalité des enfants 7
Section 2 : Les explications macroéconomiques de la
mortalité des enfants 8
2.1. Les aspects macroéconomiques du modèle de
Mosley et Chen 8
2.2. Littérature macroéconomique de la
mortalité des enfants 11
Conclusion 13
Chapitre 2 : La politique de santé et santé
des enfants en RCA 14
Section 1 : L'offre de soins de santé en RCA 14
1.1. Les réformes du système de santé en RCA
14
1.2. Les investissements dans le secteur de la santé en
RCA 17
Section 2 : La santé des enfants en RCA 20
2.1. Les initiatives en faveur de la santé des enfants en
RCA 20
2.2. La dynamique des taux de mortalité
infanto-juvénile et les causes principales 23
Conclusion 25
Chapitre 3 : Mortalité infanto-juvénile :
cadre méthodologique 26
Section 1 : Le cadre conceptuel 26
1.1. La production de santé des enfants 26
1.2. La mortalité comme un cas extrême de la
dégradation de la santé des enfants 28
Section 2 : Les données et la justification des variables
31
58
2.1. Les sources de données 31
2.2. Analyse statistique des variables d'étude 32
Conclusion 36
Chapitre 4 : Les déterminants de la
mortalité infanto-juvénile 37
Section 1 : L'analyse et les interprétations des
résultats économétriques 37
1.1. La contribution des facteurs internes au ménage 37
1.2. La contribution des facteurs externes au ménage 41
Section 2 : Les recommandations de politique économique
44
2.1. La promotion de l'éducation pour tous et
l'alphabétisation des adultes 44
2.2. La mise en place des mesures de lutte contre la
pauvreté 45
Conclusion 46
Conclusion générale 47
Références bibliographiques 49
Annexes 55
Table des matières 57
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