CHAPITRE III : DE LA CRISE EN REPUBLIQUE DU
BURUNDI
A travers ce troisième chapitre de notre travail, il
est question pour nous d'analyser les causes lointaines et proches de cette
crise, et ses conséquences internes et externes.
Section 1 : CAUSES LOINTAINES ET PROCHES
A. Causes lointaines
Le conflit qui ravage le Burundi est exactement
qualifié « d'interethnique » par une certaine opinion
burundaise qui veut cacher le vrai visage de l'histoire de ce pays et
échapper ainsi à la condamnation pour avoir été
à la base de ce (qui endeuille le Burundi aujourd'hui). Par bonne foi,
l'opinion internationale sans doute à cause de la falsification de
l'histoire par ses propres acteurs, tend à épouser les
thèses développées par ses dernies.
1. La période précoloniale
(1600-1888)
Avant la colonisation, le Burundi fut une monarchie
héréditaire d'origine divine.34
A la tête de l'Etat, régnait un roi appelé
« MWANI », aidé au niveau territorial par des chefs
appelés « Baganwa »,aidés à leur tour par les
sous - chefs appelés les « Abatare ».
A tous les trois niveaux, on retrouvait des conseillers. Les
chefs et les sous - chefs furent les parents directs du roi, à
défaut, des parents alliées, le roi, lui - même
étant de souche ethnique Tutsi. Selon les anciens et les
réalités socio - économiques d'avant l'indépendance
nationale, celui - ci ne pouvait jamais épouser dans les familles hutu,
les chefs et les sous - chefs étaient des Tutsi pour l'essentiel, mais
d'abord des princes.
La prédominance tutsie dans les structures
supérieures de l'administration n'était pas le fruit d'une
politique délibérée d'exclusion
34 Lire à ce propos, notamment GHISLAIN ,J. ,
la féodalité au Burundi, académie royale des sciences
d'outre-Mer, 1970 et CHRETIEN, , J.P, histoire rurale de l'Afrique des grands
lacs , paris, 1983.
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hutu. Comme le roi, les chefs et les sous - chefs vivaient des
terres exploitées à leur profit par les leurs sujets et des
troupeaux des vaches rassemblées de par tout le pays.
Il ne faudra pas pourtant perdre de vue qu'il y avait une
catégorie de tutsi délibèrent exclus. Il s'agit des Tutsi
hima, auxquels appartiennent les trois militaires qui se sont
succédé au pouvoir : Micombero Bogoza et Buyoya. Alors
qu'à titre exceptionnel, quelques hutu pouvaient être
nommés chefs et sous - chefs et occupaient d'autres fonction subalternes
dans les structures de l'Etat, les Tutsi Hima furent radicalement exclus.
a. La période coloniale (1888-1962)
Après les Allemands qui furent
pénétré au Burundi après une violente
résistance de 4 ans du roi Mwenzi IV Gisabo en 1888, ce sont les belges
qui colonisaient le Burundi depuis la défaite allemande.
Avec leur politique baptisée « ADMINISTRATION
INDIRECTE », le pouvoir colonial maintiendra les structures monarchiques
intactes. Rine ne sera fait pour corriger la situation socio - politique. Bien
au contraire, le belges vont permettre la perpétuation de ce
système par la politique d'instruction sélective. A la veille de
l'indépendance, en 1962, l'élite burundaise était
essentiellement constituée de Tutsi dont les pluparts étaient de
princes ou proches.35
b. Le Burundi indépendant
Le Burundi accède à l'indépendance sous
la monarchie, celle fois - ci non pas la monarchie absolue d'origine divine,
mais une monarchie constitutionnelles à l'image de la Belgique.
Le système électoral initié par la
colonisation belge au niveau communal et législatif fut l'espoir pour
l'élite hutu de pouvoir, enfin de participer significativement à
la gestion de l'Etat. Malheureusement, des résistances multiformes
suivies des réactions s'observèrent dans la classe politique
burundaise, malgré les résultats électoraux qui ouvraient
l'entrée de plusieurs hutu au parlement. En 1961 et en 1965,
l'élite tutsi a refusé
35 CART, H.P, étudiant et construction
nationale au Burundi (1961-1969) , Bruxelles, les cahiers du CEDAF n, n°2
et n°3, 1973, p100
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que les hutus puissent occuper les hautes fonctions au niveau
de l'exécutif. Cette situation provoqua naturellement des
mécontentements au sein de la classe politique Hutu. Mais souvent, et
toute tentative de constatation, de révolte, fut sérieusement
réprimée dans le sang.
Le 1er novembre 1976, le colonel Jean Baptiste
BOGOZA, un autre Tutsi hima de la même colline que son
prédécesseur, prend la relève dans l'exécution du
génocide. Le génocide physique étant accompli, il fallait
casser définitivement les hutus par le génocide intellectuel
à peine voilé.
En 1987, le 3 septembre ; un autre dictateur Tutsi hima, de la
même colline que ses prédécesseurs, prend la relève
: il s'agit du major pierre BUYOYA.
Son premier gouvernement et les hauts cadres furent
nommés suivant la même procédure que ses
prédécesseurs. Ce n'est qu'avec les évènements
sanglant de Ntega - Marangara, en aout 1988, que l'opinion internationale
alertée par les intellectuels hutus par une lettre ouverte
adressée au major pierre Buyoya et par la presse internationale, amena
le dictateur à initier une politique d'unité nationale.
Il forme un gouvernement d'union nationale en octobre 1988, au
sein duquel le premier ministre est hutu, Sibomana Adrien et dont le nombre
d'hutu et de tutsi est presque égale.
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