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L'école, un enjeu de société.

( Télécharger le fichier original )
par Vincent LE DANFF
École Supérieure du Professorat et de là¢â‚¬â„¢Éducation - Académie de Versailles - Master Métiers de là¢â‚¬â„¢Enseignement, de là¢â‚¬â„¢Éducation et de la Formation 2015
  

Disponible en mode multipage

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    Année universitaire 2014-2015

    Mention Éducation et formation
    Parcours : Professorat des écoles

    L'école, un enjeu de société

    Présenté par : Vincent LE DANFF

    Discipline : PSHS

    Site : Évry

    Tuteur du mémoire : Martine MESKEL-CRESTA

    3

    AUTORISATION DE DIFFUSION DU MÉMOIRE PROFESSIONNEL

    Je soussigné Vincent LE DANFF, agissant en dehors de toute contrainte et sachant qu'en dehors de l'obligation de déposer mes travaux, je suis libre d'en permettre ou non la diffusion, autorise sans limitation de temps l'ESPE de l'Académie de Versailles et l'Université d'Evry-Val-d'Essonne à diffuser le mémoire professionnel intitulé « L'école, un enjeu de société » que j'ai rédigé en tant qu'étudiant en deuxième année de Master Professorat des écoles, dans les conditions suivantes :

    Prêt en bibliothèque oui non

    Reproduction sous forme numérique

    - A des fins de conservation oui non

    - A des fins de diffusion oui non

    - Sur le réseau interne oui non

    - Sur le réseau Internet oui non

    Il est entendu que les éventuelles restrictions de mes travaux ne s'étendent pas à leur signalement bibliographique dans les catalogues de l'ESPE de l'Académie de Versailles et l'Université d'Évry-Val-d'Essonne accessibles sur internet.

    Lieu et date :

    Signature :

    5

    Lorsqu'on regarde dans la bonne direction, il ne reste plus qu'à avancer.

    Proverbe bouddhiste

    A Sophie Charbonnel, qui a su, de la meilleure des manières, orienter mon regard dans la bonne direction.

    7

    A Hélène Jacob.

    9

    REMERCIEMENTS

    Je souhaiterais, en tout premier lieu, remercier avec une profonde sincérité ma tutrice professionnelle, Sophie CHARBONNEL. Je remercie Sophie pour la confiance qu'elle a su m'accorder tout au long de l'année, et particulièrement dans les moments difficiles. Je la remercie pour sa gentillesse, son sens de la pédagogie, son écoute et sa disponibilité.

    Je remercie Pierre VALLÉE, avec qui j'ai eu la chance de partager ma première année de classe et pour lequel j'ai un profond respect, ainsi que Martine MESKEL-CRESTA, pour son aide apportée dans la réalisation de ce mémoire.

    Je tiens à remercier mes camarades de promotion, Kathleen RICHEFEU, Jennifer MILIDATE, Ludivine BILLARD, Ludivine BEZBAK, Lucie BEAULIEU, Laura GUILLEMINOT, Xavier VOEGEL, qui m'ont rendu l'année merveilleuse par leur gentillesse, leur bonne humeur quotidienne, et qui feront de formidables professeurs des écoles.

    Je remercie certaines personnes qui m'apportent le sourire au quotidien simplement par leur présence et leur amitié : Emma CHABANI, Eve PHIAKEO, Mark PHIAKEO, Apolline ORTEGA, Nacéra ALIOUANE, Henry PRZYBILSKI, Anam NASIR, Sarah DUARTE.

    Je remercie aussi de façon non exhaustive toutes les personnes que je côtoie ou que j'ai eu la chance de côtoyer durant mes études supérieures et qui ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui : Gille BASSIMBA, Éric MALUNDA, Arthur LE BÉLIQUARD, Nathalie MOCKA, Sandra BRANCO, Nima KOOSHKI, Loïck ORVILLE, Tyffen OFFELMAN, Manon JAFFRE, Céleste HISQUAIN, Laurine PIAT, Zyed MEDDEB, Lola CHAPUIS, Eddy OUANNA, Jordan BIDOT, Jordy MAMBU, Marion MARCHISIO, Maxime TONDRE, Sophie BERNIER...

    J'ai également une pensée pour Viennis MALANDA, avec qui les conversations et débats sont toujours pour moi source de réflexion et d'élévation intellectuelle, Claire GAULTIER, dont la gentillesse n'a d'égale limite que sa bonté, ainsi que pour mes amies, italienne, Giulia BOSCHI, et russe, Ksenia GRABARNIK, que je porte dans mon coeur.

    Et pour finir, je remercie mes parents ainsi que mes grands-parents, pour l'éducation qu'ils m'ont donnée, leur sens du sacrifice et leur amour.

    11

    SOMMAIRE

    Remerciements 9

    Sommaire 6

    Introduction 13

    Partie 1 - Les valeurs républicaines françaises 19

    Partie 2 - De la théorie à la pratique 37

    Partie 3 - Des solutions envisageables 55

    Conclusion 63

    Annexe 67

    Bibliographie 71

    13

    Introduction

    14

    15

    Dans le préambule du Bulletin Officiel hors-série n° 3 du 19 juin 2008, est inscrit le passage suivant : « Donner à chaque enfant les clés du savoir et les repères de la société dans laquelle il grandit est la première exigence de la République et l'unique ambition de l'école primaire ».

    Dans cette phrase, deux objectifs primordiaux sont mis en exergue. D'une part, la transmission des « clés du savoir ». L'école républicaine française doit enseigner des savoirs théoriques et des savoir-faire, à travers certains champs disciplinaires tels les mathématiques, le français, les sciences expérimentales ou encore l'éducation physique et sportive. D'autre part, la transmission des « repères de la société dans laquelle il grandit ». L'école républicaine française doit aussi transmettre des savoir-être et des attitudes, à travers le champ disciplinaire qu'est la culture humaniste, et notamment l'instruction civique et morale.

    Comme le rappelle la loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école du 24-4-2005, l'école a donc comme mission première, outre la transmission des connaissances, de faire partager à la jeunesse les valeurs de la République.

    Les valeurs de la République sont nombreuses et rappelées dans la circulaire n° 2011-131 du 25-8-2011. Ces valeurs sont récapitulées à travers les quatre grands thèmes de l'instruction civique et morale :

    - l'introduction aux notions de la morale .
    · le bien et le mal, le vrai et le faux, la sanction et la réparation, le respect des règles, le courage, la loyauté, la franchise, le travail, le mérite individuel ,
    ·

    - le respect de soi .
    · la dignité, l'honnêteté par rapport à soi-même, l'hygiène, le droit à l'intimité, l'image que je donne de moi-même (en tant qu'être humain), la protection de soi ,
    ·

    - la vie sociale et le respect des personnes .
    · les droits et les devoirs, la liberté individuelle et ses limites, l'égalité (des sexes, des êtres humains), la politesse, la fraternité, la solidarité, l'excuse, la coopération, le respect, l'honnêteté vis-à-vis d'autrui, la justice, la tolérance, la maîtrise de soi (être maître de ses propos et de ses actes), la sécurité des autres ,
    ·

    - le respect des biens .
    · le respect du bien d'autrui, le respect du bien public.

    16

    Ces valeurs, à la fois règles de conduite et normes propres à notre société, doivent être tenues comme universellement valables, incontestables et non négociables. En effet, la vie sociale n'est possible que s'il existe des repères et des limites. Ces lois morales jouent ce rôle et sont donc le socle de la vie en communauté. Elles sont indispensables pour permettre à tous de vivre ensemble, dans un climat de paix. Cependant, ces valeurs ne sont pas innées, c'est-à-dire naturelles chez l'enfant. Pourtant, elles sont nécessaires. Par conséquent, elles doivent être enseignées, et ce, dès le plus jeune âge. En atteste l'article L. 321-2 du code de l'éducation qui dispose que « La mission éducative de l'école maternelle f...] apprend les principes de la vie en société. ».

    L'enseignant contribue donc pleinement à l'acquisition de ces valeurs. Mais comment doit-il agir ? Doit-il les imposer sans que ses élèves n'en comprennent le sens ? Doit-il refuser la discussion et imposer des règles d'action sans chercher à expliciter les raisons ? Non et comme noté dans la Présentation du Bulletin Officiel hors-série n° 3 du 19 juin 2008 : « Le professeur des écoles ne saurait être un simple exécutant : à partir des objectifs nationaux, il doit inventer et mettre en oeuvre les situations pédagogiques qui permettront à ses élèves de réussir dans les meilleures conditions. ». Il doit leur donner les moyens de réfléchir par eux-mêmes et de forger leur propre opinion. Les élèves doivent être en mesure d'interroger ces valeurs et comprendre pourquoi ce sont elles qui nous servent de référence, en permettant de juger et guider notre action. Ainsi, les élèves peuvent s'affranchir de toute tutelle et deviennent libres : ils ne sont plus des individus dociles uniquement soucieux de se conformer à des règles préalablement établies, sans en comprendre le sens, mais utilisent leur esprit critique. L'élève doit donc d'une part comprendre l'importance des principes auxquels il peut se référer dans sa conduite de tous les jours et d'autre part avoir la volonté d'agir conformément à ces principes, de façon volontaire et autonome. Il doit respecter ces valeurs parce qu'il pense que c'est mieux, et non par peur d'une contrainte extérieure : il est donc responsable à la fois devant les autres mais surtout, et avant tout, devant sa propre conscience. Si tel est le cas, l'enseignant, qui a « l'obligation de s'assurer et de rendre compte régulièrement des acquis des élèves. » d'après le Préambule du Bulletin Officiel hors-série n° 3 du 19 juin 2008, aura alors réussi la mission qui lui a été confiée par l'école Républicaine.

    17

    Ainsi, et comme résumé dans le JORF n°0266 du 16 novembre 2013 - Texte 55 : « L'objectif doit être double : d'une part, aider les élèves à intégrer dans leur comportement les valeurs fondatrices de la République, indispensables pour vivre ensemble [...] d'autre part, les amener à développer leur raison et leur esprit critique, ce qui en chacun fait de lui un être autonome et responsable. » Les élèves doivent adhérer aux valeurs de la république et développer leur capacité de raisonnement.

    Une fois que les objectifs théoriques sont fixés, il est nécessaire de revenir au constat actuel, qui m'a amené à traiter ce sujet passionnant qu'est l'instruction civique et morale. Au sein de ma classe, le respect des règles de civilité et de politesse n'est pas encore totalement acquis. Un travail est à mener sur les points suivants :

    - les formules de politesse telles que « bonjour » ou encore « merci » ne sont pas habituelles ;

    - les règles de vie de classe telles que le fait de lever le doigt pour obtenir la parole ne sont pas toujours respectées ;

    - les relations entre élèves sont parfois problématiques avec des propos déplacés ou blessant en classe ou dans la cour de récréation.

    Ces comportements sont d'autant plus présents que la société dans laquelle nous vivons n'est pas toujours en adéquation avec ces valeurs républicaines : discriminations quotidiennes, inégalités persistantes, culture de l'individualisme, nombreuses incivilités, etc. Les principes républicains sont difficiles à faire admettre et doivent donc représenter un travail à part entière.

    Partant de ce constat au sein de mon école, et plus particulièrement de ma classe, il va être nécessaire de trouver des pistes de travail pouvant amener des solutions pour y remédier. Ce travail devra être réalisé sur deux points précis :

    - dans des séances d'instruction civique et morale spécifiques (explication des notions, débats, étude de documents...)

    - au quotidien (rituels, travaux de groupes, projets coopératifs,...)

    18

    D'où la question qui constitue ma problématique :

    Que faut-il mettre en place au sein de la classe pour pouvoir amener l'enfant à
    développer son esprit critique et à comprendre, adhérer et agir conformément
    aux valeurs républicaines ?

    19

    Partie 1

    LES VALEURS R E P U B L I C A I N E S FRANÇAISES

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    Mercredi 7 janvier 2015, un attentat terroriste frappe le journal satirique français Charlie Hebdo. S'en suivent de terribles évènements. Dans Traité sur l'inégalité, Voltaire écrivait : « Le droit à l'intolérance est donc absurde et barbare ; c'est le droit des tigres, et il est bien horrible, car les tigres ne déchirent que pour manger, et nous nous sommes exterminés pour des paragraphes. » Ce texte a été écrit il y a plus de deux siècles et semble pourtant d'une évidente actualité ces dernières semaines. Cette fois-ci, des Hommes n'ont pas été assassinés pour des paragraphes, mais pour des dessins. Des dessins symboles de liberté. Le bilan humain est lourd. Le bilan moral est désastreux.

    Cet évènement a engendré un élan de solidarité sans précédent ces dernières années. Des millions de personnes se sont réunies, partout en France, pour un même combat : la défense de valeurs universelles, de droits inaliénables propres à tout être humain. Ces idées sont prônées :

    ? au niveau national : la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 ainsi que la Constitution du 4 octobre 1958 indiquent respectivement « L'ignorance, l'oubli, le mépris des droits de l'homme sont les seules causes des malheurs publics et la corruption des gouvernements » et « Le peuple Français proclame solennellement son attachement aux droits de l'homme ».

    ? Au niveau européen : la Charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne proclamée le 7 décembre 2000 stipule que « Les peuples de l'Europe, en établissant entre eux une union sans cesse plus étroite, ont décidé de partager un avenir pacifique fondé sur des valeurs communes ».

    ? Au niveau mondial : dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, est inscrit « La méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité ».

    Pour beaucoup, le malheur des autres a été ressenti comme un malheur personnel, engendrant un sursaut de solidarité. John Fitzgerald Kennedy, dans son discours sur les droits civiques du 11 juin 1963 abondait déjà dans ce sens : « Menacer les droits d'un seul porte atteinte aux droits de tous. » Les défenseurs des valeurs universelles ont fait front ensemble.

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    Si cette mobilisation est rassurante, elle est aussi et surtout très effrayante. Derrière l'image de melting-pot qu'elle donne, d'un peuple attaché au respect de l'être humain et des droits dont ils doivent jouir, la réalité est plus sombre. Les constats de la Commission nationale consultative des droits de l'homme en 2014 l'attestent. Celle-ci note la « résurgence d'un racisme brutal, biologisant, faisant de l'étranger un bouc émissaire ». Ainsi, il aura fallu attendre l'accomplissement d'un pareil acte pour enfin réveiller les consciences des français. Renouveau certain ou simple union nationale passagère ? Difficile à dire, mais une chose est certaine : la France, pourtant nation fondatrice des droits de l'Homme, va mal. Liberté, Égalité, Fraternité... Notre devise est en danger. Inquiétant certes, mais bien réel.

    Faut-il être fataliste à la lecture de ce constat ? Non, bien évidemment. Faut-il réagir ? Oui, impérativement ! Faisant un constat allant dans le même sens lors de son appel du 18 juin 1940 sur les ondes de la BBC, le général de Gaulle exhortait ainsi les français : « Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! » C'est à ce titre uniquement que la France retrouvera ses lettres de noblesse et préservera les libertés qu'elle a mis tant de temps à acquérir.

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    I. La construction d'un esprit critique

    L'Homme possède, en puissance, un esprit critique. Celui-ci n'est donc pas inné et doit être développé tout au long de son existence. Dans son Discours sur la servitude volontaire, Étienne de La Boétie notait que « La première raison pourquoi les hommes servent volontiers, est pour ce qu'ils naissent serfs et sont nourris tels ». Il faut donner à chaque individu les outils intellectuels leur permettant, quelles que soient leurs convictions initiales ou celles de leurs proches, de devenir des citoyens lucides, à même de raisonner par eux-mêmes.

    Chaque personne doit construire son opinion personnelle et doit être capable de savoir la remettre en question, la nuancer, voire la modifier. Ainsi, chaque décision peut être prise en toute connaissance de cause, et ainsi éviter les conséquences préjudiciables comme le confirme Étienne de La Boétie, toujours dans son Discours sur la servitude volontaire : « C'est le peuple qui s'asservit, qui se coupe la gorge, qui, ayant le choix d'être serf, ou d'être libre, quitte la franchise et prend le joug, qui consent à son mal ou plutôt le pourchasse ».

    Cette ouverture d'esprit permet ainsi d'aller à l'encontre de tout conformisme, de tous les bien-pensants qui nous entourent et pensent pour nous. Ainsi, la pièce de théâtre d'Eugène Ionesco, Rhinocéros, en est le parfait exemple. Le protagoniste, Bérenger, pourtant qualifié d'alcoolique, de malpropre et de paresseux par ses amis au début de la pièce se voit finalement être le seul capable de penser, de suivre son propre raisonnement, lorsque les autres succombent à la facilité, en se soumettant aux usages communément admis, à savoir la transformation en pachyderme. Il résiste aux tentations, tandis que tous autour de lui rejoignent progressivement la pensée de masse en faisant preuve d'impétuosité. La pièce se termine sur les propos de celui-ci, le montrant comme seul résistant, envers et contre tous. Une expérience, réalisée en 1951 par le psychologue Salomon Asch, donne aussi une dimension concrète à ces propos. Il s'agissait d'une étude dont l'objectif était d'observer comment certains individus réagissaient au comportement des autres :

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    ? Des étudiants furent réunis pour un prétendu test de vision. Tous étaient complices de l'expérimentateur, sauf un, qui l'ignorait bien entendu. Des lignes étaient affichées au tableau : une ligne modèle à gauche et trois autres lignes à droite. Les étudiants devaient comparer la longueur de la ligne modèle à celles des trois autres. Les réponses s'avéraient relativement simples, la longueur entre les lignes différant de plus de 5 cm. Tous les étudiants donnaient leur réponse à l'oral. Salomon Asch observa que le sujet, situé en avant dernière position, était influencé par les réponses des autres étudiants. Ainsi, lorsque la consigne était donnée aux complices de produire à l'unanimité une réponse fausse, beaucoup des sujets donnaient aussi la même réponse fausse. Un certain nombre de sujets allaient donc à l'encontre de l'évidence de leur propre vue, pour se conformer aux autres, du fait de la pression sociale.

    Albert Jacquard, dans son ouvrage intitulé Nouvelle petite philosophie, écrit l'aphorisme suivant : « Apprendre à vivre, c'est apprendre à garder les yeux ouverts ». Garder les yeux ouverts, c'est-à-dire toujours rester sur ses gardes, ne pas accepter ce que l'on nous dit sans l'avoir vérifié. Être en quête de la vérité et faire preuve de dialectique. Il s'agit de la condition nécessaire pour ne pas entrer dans le jeu des tyrans, qui cherchent à imposer certaines idées, telles que l'oppression des minorités, et pour qui les peuples ignorants sont des proies faciles. Ceci peut être observé à travers cette courte histoire de Raymond Chevalier : « Quatre hommes visitent l'Australie pour la première fois. En voyageant par train, ils aperçoivent le profil d'un mouton noir qui broute. Le premier homme en conclut que les moutons australiens sont noirs. Le second prétend que tout ce que l'on peut conclure est que certains moutons australiens sont noirs. Le troisième objecte que la seule conclusion possible est qu'en Australie, au moins un mouton est noir ! Le quatrième homme, un sceptique, conclut : il existe en Australie au moins un mouton dont au moins un des côtés est noir ! » Nous devons refuser les informations indiscutables qui nous sont assénées, résultant de comportements dogmatiques. Dans Le racisme expliqué à ma fille, Tahar Ben Jelloun écrit : « Les mots sont dangereux. Certains sont employés pour blesser et humilier, pour nourrir la méfiance et même la haine. D'autres sont détournés de leur sens profond et alimentent des intentions de hiérarchies et de discrimination. D'autres sont beaux et heureux. » Le canular d'Eric Lechner, intitulé « Le tueur invisible », illustre parfaitement bien l'importance des mots. L'endoctrinement et l'enfermement de l'esprit débouchent forcément, petit à petit, sur des conséquences graves.

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    Il est un fait certain : de l'ignorance, découle la peur. Franklin D. Roosevelt, lors de son discours d'investiture à la présidence des États-Unis le 4 mars 1933 refusait ainsi la peur : « La seule chose dont il faut avoir peur, c'est de la peur elle-même, cette peur inexprimable, irraisonnée et injustifiée qui paralyse les efforts nécessaires à transformer une déroute en une avancée. » Il faut refuser la peur et donc l'ignorance. Ce fut le combat mené durant tout le XVIIIème siècle, dit siècle des lumières, par de nombreux philosophes tels que Montesquieu et Voltaire. Comme le dit l'historien Zeev Sternhell, « Les lumières voulaient libérer l'individu des contraintes de l'histoire, du joug des croyances traditionnelles et non vérifiées. » L'Encyclopédie, confectionnée par Denis Diderot et D'Alembert, en est le symbole. Elle avait pour objectif de mettre le savoir à la disposition de tous, et ainsi permettre au peuple de résister à toute forme de propagande. Les propos du Dalaï Lama, lors de la remise du prix Nobel de la paix, le 10 décembre 1989, résument bien ces deux facteurs que sont le refus de l'ignorance et l'entraide : « Nous dépendons les uns des autres à tellement d'égards qu'il n'est plus possible de vivre dans l'isolement et l'ignorance de ce qui se passe à l'extérieur. Nous devons nous entraider dans les difficultés et le malheur, et mettre en commun les privilèges dont nous jouissons. »

    Télévision, radio, presse écrite, internet,... Les médias de masse s'étant développés par la suite, se former un jugement autonome, se construire un esprit libre susceptible d'aller à l'encontre de l'émotionnel de ceux-ci est devenu encore plus important. Avec l'arrivée d'internet ces dernières années, les sources d'informations se sont démultipliées. En effet, tandis que Gutenberg avait, lui, rendu accessible l'écrit au plus grand nombre, internet l'a rendu beaucoup plus rapide, voire instantané. L'ignorance n'est donc plus le vrai problème. Il a été remplacé par l'erreur, comme l'écrit Rousseau dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes : « Recherchons la première source des désordres de la société, nous trouverons que tous les maux des hommes leur viennent de l'erreur bien plus que de l'ignorance, et que ce que nous ne savons point nous nuit beaucoup moins que ce que nous croyons savoir ». Savoir faire le tri dans le flot d'informations dont nous sommes assommés est primordial. Les nouveaux chiens de garde, reportage adapté de l'essai éponyme de Serge Halimi, insiste sur la méfiance et le recul que nous devons avoir vis-à-vis des médias. Pierre Bourdieu exprime aussi sa méfiance vis-à-vis des médias, à travers une conférence réalisée au collège de France, et

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    retranscrite dans le livre Sur la télévision. De tous temps, la manipulation des masses fut omniprésente : George Creel à la tête du Committee on Public Information, la propagande soviétique au service de la dictature Stalinienne ou encore Joseph Goebbels, le ministre du troisième Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande. D'ailleurs, ce dernier l'expliquait très bien en tenant ces propos : « A force de répétitions et à l'aide d'une bonne connaissance du psychisme des personnes concernées, il devrait être tout à fait possible de prouver qu'un carré est en fait un cercle. Car après tout, que sont « cercle » et « carré » ? De simples mots. Et les mots peuvent être façonnés jusqu'à rendre méconnaissable les idées qu'ils véhiculent. » Plus récemment, on peut citer l'affaire des couveuses Koweitiennes, qui permit, à travers le faux témoignage de « l'infirmière Nayirah », de favoriser l'entrée de l'Occident dans la seconde guerre du Golfe. Dans le documentaire de Jean-Pierre Garrabos, In democracy we trust, le journaliste conclut à juste titre : « Celui qui gagnera la prochaine guerre n'est pas celui qui aura la plus grosse bombe, mais celui qui racontera la meilleure histoire. ». C'est donc l'inertie qu'il faut combattre, pas l'hérésie.

    Epicure disait « Quand on est jeune, il ne faut pas hésiter à philosopher et quand on est vieux, on ne doit pas se lasser de philosopher, car personne n'est trop jeune ni trop vieux pour prendre soin de son âme. » Il n'y a pas donc pas de bons moments pour se poser les bonnes questions, pour interroger le monde qui nous entoure, pour se remettre soi-même mais aussi la société en question. L'ataraxie passe par la volonté de se poser les bonnes questions et essayer de les résoudre. Ainsi, plutôt que de contenir une énergie qui peut devenir néfaste à terme, nous devons apprendre à la canaliser, à la déplacer vers des formes constructives comme l'écoute et le dialogue : l'échange tout simplement.

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    II. Les civilités et le vivre ensemble

    Les petites détériorations de l'espace public entraînent rapidement une dégradation plus globale du cadre de vie. Ceci est la conclusion de la très célèbre théorie de la vitre brisée, élaborée en 1969 par le psychosociologue Philip Zimbardo. Le concept est le suivant : si, dans un édifice, une vitre brisée n'est pas remplacée immédiatement, alors toutes les autres vitres de l'environnement connaîtront le même sort. Il s'agit d'un cercle vicieux, où l'absence de réaction et de résistance des individus aux dégradations et aux incivilités engendre la rupture du lien social. Plus globalement, et par analogie, chaque comportement influe sur celui des autres. Il est donc nécessaire de faire preuve de civilité, c'est-à-dire adopter les bonnes manières, ces codes non écrits de respect mutuel, pour créer le cercle vertueux propice au bon déroulement des relations humaines.

    Certes, nous sommes tous différents, mais comme le prononça Christiane Taubira, dans son discours du 18 février 1999, dont l'objectif était de faire reconnaître la traite négrière et l'esclavage comme crime contre l'humanité : « Nous sommes instruits de la certitude merveilleuse que si nous sommes si différents, c'est parce que les couleurs sont dans la vie et que la vie est dans les couleurs, et que les cultures et les desseins, lorsqu'ils s'entrelacent, ont plus de vie et plus de flamboyance. » Ces différences sont bénéfiques. Celle-ci ne doivent pas nous désunir, bien au contraire, mais nous rapprocher. C'est d'ailleurs par le respect de toutes ces dissemblances, que l'on construit une plus grande ressemblance. Tels sont les principes républicains de liberté, d'égalité, et de fraternité. La collectivité n'est pas une addition d'individualités, elle est bien plus que cela. Ernest Renan, dans sa conférence du 11 mars 1882, le signifie ainsi : « N'abandonnons pas ce principe fondamental, que l'homme est un être raisonnable et moral, avant d'être parqué dans telle ou telle langue, avant d'être un membre de telle ou telle culture. Avant la culture française, la culture allemande, la culture italienne, il y a la culture humaine. » Nous devons dépasser les hypothétiques barrières qui sont posées entre nous : culture, langue, caractéristiques physiques, etc. Avant d'être différents, nous sommes avant tout une même et grande famille : celle des humains. Le discours du Dalaï Lama, lors de la remise du prix Nobel de la paix, le 10 décembre 1989, synthétisait avec les mots suivants :

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    « Tous ceux que je rencontre un peu partout dans le monde me font sans cesse rappeler que nous sommes semblables : des êtres humains. Il arrive que nos habits, la couleur de notre peau, nos langues soient différents. Tout cela reste superficiel. Au fond nous sommes tous des êtres humains. C'est ce qui nous relie, nous permet de nous comprendre et de nous rapprocher. »

    « Je peux changer en échangeant avec l'autre, sans me perdre pourtant ni me dénaturer.» Telle est la phrase d'Édouard Glissant, poète et écrivain français. C'est dans la différence et le divers que nous nous construisons. C'est d'ailleurs même à travers les autres que nous existons, que nous pouvons nous développer en tant que personne. La différence n'est que richesse. Pour cela, il faut aller au-devant des relations, des rencontres, des échanges. Le monde est éclectique.

    Tahar Ben Jelloun, dans Le racisme expliqué à ma fille, décrit ainsi les autres : « Regarde les élèves et remarque qu'ils sont tous différents, que cette diversité est une belle chose. C'est une chance pour l'humanité. Ces élèves viennent d'horizons divers, ils sont capables de t'apporter des choses que tu n'as pas, comme toi tu peux leur apporter quelque chose qu'ils ne connaissent pas. Le mélange est un enrichissement mutuel. » Edgar Morin, dans le livre intitulé Au péril des idées, les grandes questions de notre temps, au sein duquel est retranscrit son dialogue avec Tariq Ramadan, abonde dans le même sens en disant : « Qu'est-ce que l'autre ? C'est celui qui est à la fois différent de soi et semblable à soi. Il est semblable à soi par la capacité à aimer, à avoir peur, à souffrir, à être heureux et, en même temps, il est différent par sa singularité personnelle, par sa culture, par ses croyances. Respecter la différence tout en reconnaissant que l'autre est comme soi, c'est cela qui est nécessaire. A ne voir que sa différence, on ne voit pas que l'autre est comme nous, et à vouloir le réduire à soi-même, on perd son originalité. » Chacun apprend de l'autre. Dès notre plus jeune âge, et notamment à l'école, nous pouvons nous enrichir des différences des autres. Albert Jacquard, dans Nouvelle petite philosophie, parle d'école de « l'humanité » plutôt que d'école de la « République ». Au final, ces deux termes abondent dans le même sens, la République défendant et prônant des valeurs humanistes.

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    Notre société est devenue une lutte les uns contre les autres, dont le but final est de sortir vainqueur. Il faut à tout prix refuser cette vision des choses. Ernest Renan, toujours dans sa conférence du 11 mars 1882, posait cette question : « Ne peut-on pas avoir les mêmes sentiments et les mêmes pensées, aimer les mêmes choses en des langages différents ? ». Bien sûr que si. Et d'ailleurs, refuser cette idée peut aboutir à des conséquences désastreuses pour l'humanité. Ces derniers siècles en sont le parfait exemple, avec notamment la colonisation ou le nazisme, périodes d'atrocités qui ont fait des millions de victimes au nom de différents facteurs : haine raciale, cupidité marchande, missions civilisatrices... Primo Levi, rescapé des camps de concentration nazi, dans son témoignage poignant Si c'est un homme, explique que « Beaucoup d'entre nous, individus ou peuples, sont à la merci de cette idée, consciente ou inconsciente, que « l'étranger c'est l'ennemi ». Le plus souvent, cette conviction sommeille dans les esprits comme une infection latente ; elle ne se manifeste que par des actes isolés, sans lien entre eux, elle ne fonde pas un système. Mais lorsque cela se produit, lorsque le dogme informulé est promu au rang de prémisse majeur d'un syllogisme, alors, au bout de la chaîne, il y a le Lager. » Personne n'est à l'abri des préjugés, des stéréotypes et de comportements engendrant des régressions catastrophiques. Deux expériences de psychologie peuvent souligner ces dires :

    ? La première, réalisée en 1971 par Philip Zimbardo, connue sous le nom d'expérience de Stanford, aboutit sur la conclusion suivante : toute personne ordinaire, placée dans certaines conditions bien spécifiques, peut avoir des comportements anormaux voire déviants. L'expérience avait pour objectif d'étudier les comportements humains soumis à l'univers carcéral. Des étudiants furent divisés aléatoirement en deux groupes : des prisonniers et des surveillants de prison. Devant durer deux semaines, cette expérience fut arrêtée au bout de seulement 6 jours, car les étudiants surveillants de prison infligeaient des traitements dégradants et se comportaient en sadiques. Des études menées auparavant sur tous ces étudiants avaient pourtant révélé qu'aucun d'entre eux n'était susceptible d'avoir ce type de comportement, et qu'ils paraissaient émotionnellement stable et respectueux de la loi.

    ? La seconde, réalisée dans les années 60 et passée à la postérité, fut celle de Stanley Milgram et portait sur l'obéissance. Les résultats aboutirent au fait que tout individu est capable d'actions terribles si une figure d'autorité le lui demande. Lors de l'expérience, des volontaires de tous horizons venaient pour une expérience sur la mémoire. Deux personnes étaient à chaque fois

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    en présence : le premier, un acteur, devait réaliser un travail oral de mémoire, tandis que le second, sur qui portait l'étude, devait le punir à chaque fois qu'il oubliait des choses en lui administrant des chocs électriques. L'acteur ne recevait bien évidemment pas les chocs, ce que le second ignorait. Tandis que l'acteur criait et protestait pour ne pas recevoir de chocs, les personnes ont bien souvent continué l'expérience malgré tout. La tutelle d'un médecin, faisant figure d'autorité, engendrait des comportements odieux vis-à-vis d'innocents.

    Ces deux expériences nous montrent à quel point toute personne est susceptible de changer dans certaines conditions, d'adopter un comportement qu'elle n'aurait jamais osée avoir dans la vie courante. Le livre de Kressmann Taylor, Inconnu à cette adresse, l'illustre parfaitement. Son oeuvre montre, à travers une correspondance épistolaire, l'évolution d'une amitié entre deux hommes, confrontée à l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler et du système nazi. Martin Schulse, allemand vivant à Berlin, et Max Eisenstein, juif vivant aux États-Unis sont deux associés unis par une amitié profonde. Celle-ci va être détruite, après le changement brutal de comportement de Martin Schulse, devenu progressivement raciste en cédant à la facilité et en oubliant tout ce qu'il avait été jusqu'à présent. Cette trahison aboutira à l'irréparable. Ainsi, nous devons toujours rester vigilants.

    Malgré les leçons tirées de l'histoire, on remarque que les choses n'avancent que très doucement : il a fallu attendre 1848 pour enfin voir l'abolition de l'esclavage, 1944 pour que les femmes puissent voter en France, 1964 et le Civil Right Act pour mettre fin aux lois Jim Crow sur la ségrégation raciale aux États-Unis ou encore 1991 pour mettre fin à l'apartheid en Afrique du Sud, etc. Et les combats à mener sont encore nombreux. Il faut pour cela refuser toute vie déterminée à l'avance, toute place assignée, toute identité fermée, engendrant forcément un futur immobile. Nous sommes tous partie prenante dans l'orientation de l'aventure collective, dans le chemin que prend l'humanité. Albert Jacquard écrit ainsi que « S'ouvrir à l'autre, c'est courir un risque, mais se refuser à la rencontre, c'est jouer perdant. » Ce n'est qu'au prix de l'échange mais aussi du respect de l'autre que nous pourrons choisir le bon chemin à suivre.

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    III. La citoyenneté et le civisme

    Rousseau, dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, comparait trois régimes distincts, la monarchie, l'aristocratie, la démocratie, et en tirait les conclusions suivantes : « Le temps vérifia laquelle de ces formes était la plus avantageuse aux hommes. Les uns restèrent uniquement soumis aux lois, les autres obéirent bientôt à des maîtres. Les citoyens voulurent garder leur liberté, les sujets ne songèrent qu'à l'ôter à leurs voisins, ne pouvant souffrir que d'autres jouissent d'un bien dont ils ne jouissaient plus eux-mêmes. En un mot, d'un côté furent les richesses et les conquêtes, et de l'autre le bonheur et la vertu. » Il met en avant la démocratie, dans laquelle la souveraineté appartient au peuple. Elle permet à chacun d'avoir un pouvoir sur la société dans laquelle il vit. Être citoyen dans une démocratie engendre des droits mais aussi des devoirs : tout individu doit se sentir concerné par la société qui l'entoure et ainsi avoir envie d'exercer son esprit critique, de réfléchir pour devenir lucide.

    Dans une démocratie, la chose publique est donc primordiale. S'en tenir informé et se former des convictions claires doit être perçu comme nécessaire pour soi mais aussi pour la communauté. Léopold Senghor, président de la République du Sénégal pendant près de vingt années, déclara, dans son discours du 29 janvier 1957 : « Comme si l'on pouvait faire le bonheur des peuples sans leur participation active. » Toute nation est composée d'un ensemble de citoyens qui doivent décider eux-mêmes de leur vie pour préserver leurs intérêts. Une démocratie n'existe qu'à travers ses citoyens. Ceux-ci doivent pour cela donner leur avis, prendre la parole publiquement et notamment dans les médias, manifester, respecter la liberté de penser et d'expression. Chaque individu a en main son destin mais aussi le destin collectif de sa nation. Nous devons tous avoir un comportement responsable et agir dès que possible, en refusant l'apathie. Comme le précise Edgar Morin, « A force de reporter l'essentiel au nom de l'urgence, on finit par oublier l'urgence de l'essentiel ».

    La base de la démocratie est l'échange. Nelson Mandela, lors de son discours d'investiture à la présidence de la République démocratique d'Afrique du Sud, le 10 mai 1995 utilisait ces propos : « Nous savons bien qu'aucun d'entre nous en agissant seul ne peut réussir. » La

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    nécessité est l'échange constructif. Rien ne sert de s'enfermer dans des consensus. Il faut aller au-devant des conflits et les résoudre au moyen du dialogue. Martin Luther King disait, dans son très célèbre discours du 28 août 1963 : « Ne cherchons pas à satisfaire notre soif de la liberté en buvant à la coupe de l'amertume et de la haine. Nous devons toujours mener notre combat sur les hauts plateaux de la dignité et de la discipline. » Les désaccords et les confrontations ne sont pas des obstacles à la démocratie : ils en sont ses fondements. C'est à partir de ce constat que nous pourrons avancer. Martin Luther King ajoutait même : « Nous pouvons transformer les discordes de notre nation en une merveilleuse symphonie de fraternité. » Il n'y a pas de conflits éternellement insolubles, simplement un manque de volonté. L'antagonisme est inévitable donc, mais ce combat ne doit jamais être mené sur le terrain de la force contre la force, mais sur celui de l'intelligence contre l'intelligence, tels sont les propos d'Albert Jacquard. A cela, nous pouvons ajouter les paroles, durant son procès, de Mohandas Karamchand Gandhi, lors de sa déclaration du 23 mars 1922, en faveur de l'indépendance de l'Inde mais dont les propos sont universels : « Le mal ne se maintient que par la violence, le refus de ce mal exige de s'abstenir de toute violence ».

    Proclamer la démocratie n'est donc pas suffisant, il faut la faire vivre, lui donner un contenu effectif. Un fossé s'est d'ailleurs creusé ces dernières années entre le peuple et ses représentants élus, entre le peuple formant la masse des citoyens et ses élites devenues hommes politiques de métier. Cette dérive est dangereuse. Elle engendre un fait certain : certaines parties du peuple ne se sentent ni écoutées, ni représentées, amenant ainsi des sentiments d'exclusion, de différence. Nous devons éviter le désengagement vis-à-vis des grandes causes politiques, sous peine d'engendrer le repli sur soi des citoyens, la défense de leurs propres et uniques intérêts et l'avènement de régimes totalitaires. Emmanuel Kant parlait de « renforcer le souci qu'à chacun de l'intérêt commun ». Ceci est impératif dans tout régime et l'est encore plus dans une démocratie. Il faut savoir participer au choix des contraintes collectives qui génèrent les libertés individuelles. Michel de Montaigne, lui, disait que « Chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition. » Nous sommes à la fois responsables devant notre conscience mais aussi devant les autres. Le pasteur Martin Niemöller justifie cette nécessité à travers un apologue écrit à la suite des génocides juifs et tsiganes :

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    Quand ils sont venus chercher les communistes, Je n'ai rien dit,

    Je n'étais pas communiste.

    Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
    Je n'ai rien dit,

    Je n'étais pas syndicaliste.

    Quand ils sont venus chercher les juifs,

    Je n'ai pas protesté,
    Je n'étais pas juif.

    Quand ils sont venus chercher les catholiques,
    Je n'ai pas protesté,

    Je n'étais pas catholique.

    Puis ils sont venus me chercher,

    Et il ne restait personne pour protester.

    Faber, le vieillard auprès de qui Montag vient chercher de l'aide, dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, tient le même discours : « C'est un lâche que vous avez en face de vous. J'ai vu où on allait, il y a longtemps de ça. Je n'ai rien dit. Je suis un de ces innocents qui auraient pu élever la voix quand personne ne voulait écouter les coupables, mais je n'ai pas parlé et suis par conséquent devenu moi-même coupable. Et lorsque en fin de compte les autodafés de livres ont été institutionnalisés et les pompiers reconvertis, j'ai grogné deux ou trois fois et je me suis tu, car il n'y avait alors plus personne pour grogner ou brailler avec moi. Maintenant, il est trop tard. »

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    Il existe une citoyenneté à la française, qu'il est nécessaire de préserver et développer. Des hommes et des femmes se sont battus pour défendre la liberté et l'égalité. La révolution française de 1789 a vu l'abolition des privilèges. Il faut faire preuve de fidélité à notre mémoire et à notre héritage. La démocratie doit être défendue et préservée ! Jacques Chirac, président sous la cinquième République française, s'exprimait ainsi : « Notre pays, la France, chacun doit en être fier. Chacun doit se sentir dépositaire de son héritage. Chacun doit se sentir responsable de son avenir ». Les psychologues John Darley et Bibb Latané, dans une expérience, ont mis en exergue l'effet du spectateur : plus il y a de personnes dans une situation donnée, moins nous sommes susceptibles d'intervenir si quelqu'un a besoin d'aide. Le nombre diminue donc le sentiment individuel de responsabilité lors d'une situation donnée. Et pourtant, dans une démocratie, chaque citoyen est important, chaque vote compte : il ne faut pas délaisser ses droits au profit des autres.

    Un peuple est toujours à la merci du totalitarisme, qui a cette faculté de fasciner, d'aveugler, puis d'anesthésier les individus. D'ailleurs, Patrice Lumumba, homme politique en faveur de l'indépendance du Congo Belge, et Aung San Suu Kyi, femme politique en faveur de l'instauration d'un régime démocratique en Birmanie, déclaraient respectivement : « Plus nous seront unis, mieux nous résisterons à l'oppression, à la corruption et aux manoeuvres de division auxquelles se livrent les spécialistes de la politique du diviser pour mieux régner » (discours du 22 mars 1959) et « Les étudiants protestaient f...] contre un régiment totalitaire qui leur déniait le droit de vivre en privant le présent de toute signification et en ne laissant aucun espoir pour l'avenir » (discours du 9 juillet 1990). Dans deux de ses livres, George Orwell décrit très bien cette dystopie, où le monde n'est fait que de coercition : le parti unique, les boucs émissaires, la surveillance, la propagande, le culte de la personnalité, la destruction de la langue, la torture, les procès infondés, la réécriture du passé, la suspicion ambiante, etc. Il s'agit de La ferme des animaux et de 1984. Les deux ouvrages sont complémentaires. Dans le premier, il montre l'instauration et le développement d'un régime totalitaire tandis que dans le second, il montre son fonctionnement au quotidien une fois celui-ci bien ancré dans la société. Le professeur d'histoire Ron Jones, lui, effectua, en 1967, une étude expérimentale connue sous le nom de « La troisième vague » auprès de lycéens qu'il avait en cours. L'objectif était, à travers une situation concrète, de prouver qu'il était difficile de résister sous le troisième Reich. Difficile mais pas impossible.

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    Aimé Césaire, dans son ouvrage intitulé Discours sur le colonialisme fait l'apologie de la solidarité : « Notre engagement n'a de sens que s'il s'agit d'un ré-enracinement certes, mais aussi d'un épanouissement, d'un dépassement et de la conquête d'une nouvelle et plus large fraternité. » La fraternité, qui passe par le respect des libertés et de l'égalité de chacun, est donc la clé de notre avenir. « Venez, avançons ensemble, forts de notre unité » conclut Winston Churchill, alors premier Ministre de la Grande Bretagne, dans son discours du 13 mai 1940.

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    Partie 2

    D E L A T H E O R I E A L A PRATIQUE

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    En parlant de la solidarité nationale post attentats du 7 janvier 2015, Abdennour Bidar, dans son Plaidoyer pour la fraternité résume ainsi la situation : « Prenons garde à ce qu'elle n'ait pas été un état de grâce aussi miraculeux que sans lendemain. » Notre société ne doit pas donc rester statique, mais sans cesse se renouveler et évoluer. Certes, les valeurs Républicaines résumées précédemment doivent être prônées, mais surtout, et avant tout, mises en place concrètement et vécues au quotidien. Faisons donc en sorte de passer outre l'émotion de ces tragiques évènements pour bien les comprendre, pour en tirer des leçons. Les questions doivent amener des réponses, des solutions et une grande ambition : celle d'un vivre ensemble et d'une fraternité toujours plus grande.

    Rousseau, dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, considère que l'Homme, à l'état de nature, est inoffensif envers ses congénères et que c'est la société qui le corrompt. La nécessité d'agir chez les individus dès leur plus jeune âge, lorsqu'ils ne sont pas encore dénaturés, paraît incontestable. Et cela passe par l'éducation. L'éducation se définit comme permettant de transmettre, d'une génération à l'autre, les éléments nécessaires à l'épanouissement personnel des individus et à leur intégration au sein de la société. D'ailleurs, la Loi n° 2013-595, du 8 juillet 2013, d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République note que « L'éducation est la première priorité nationale. ». Celle-ci est la clé de voûte de nos vies. Elle permet de concilier intérêt individuel et intérêt collectif. La recherche du bonheur intrinsèque à chaque individu et le vivre ensemble.

    L'Article D321-1 du Code de l'éducation souligne l'importance de deux acteurs dans cette éducation : « L'école [...] assure, conjointement avec la famille, l'éducation globale de l'enfant. » Nous pouvons en ajouter d'autres : les acteurs périscolaires, les éducateurs sportifs, les animateurs culturels ou artistiques, les nombreuses rencontres de la vie, les différents médias et lectures personnelles.

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    Malgré tout, le travail doit avant tout être mené par l'un de ces acteurs : l'école. C'est ce que souligne la Loi n° 2013-595, du 8 juillet 2013, d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République : « L'avenir de la jeunesse, le redressement de notre pays, son développement culturel, social et économique dépendent largement de notre capacité collective à refonder l'école de la République. [...] Cette refondation porte non seulement un projet éducatif, mais également un projet de société. La France, avec la refondation de son école, se donne les moyens de répondre aux grands défis auxquels elle est confrontée. »

    Précédemment, je refusais la fatalité. Je le réaffirme une seconde fois : nous sommes les propres artisans de notre destin personnel et collectif. Celui-ci est étroitement lié à l'école : celle que nous imaginons, celle que nous voulons, celle que nous construisons.

    Dans cette construction, deux parties prenantes doivent être mises en exergue :

    ? En amont, l'orientation de l'école. Des choix sont réalisés et des programmes sont conçus. Ceux-ci sont similaires sur tout le territoire français, que ce soit dans les écoles publiques, dans les écoles privées sous contrat avec l'État ou via l'enseignement familial. Ils doivent être appliqués partout.

    ? Sur le front, le travail des enseignants. Ceux-ci sont les artisans quotidiens, présents auprès des élèves et faisant le lien entre la théorie et la pratique. Chacun applique les programmes, mais, selon la liberté pédagogique, différemment. Plusieurs facteurs entrent en jeu : la personnalité, les modes de fonctionnement, les liens avec le domaine d'enseignement, l'expérience, les envies, etc.

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    Dans la première partie de ce mémoire, je me suis appliqué à expliquer les choix réalisés par l'école, le pourquoi de cette transmission des valeurs Républicaines.

    Dans la seconde partie, je vais développer ma relation à cet enseignement. Il ne s'agira pas de l'exploration des multiples et diverses méthodes pédagogiques existantes, car leur description prendrait trop de temps, mais plutôt d'un témoignage.

    Le témoignage d'un enseignant qui débute et découvre le métier et ses spécificités. Le témoignage d'un enseignant confronté à la réalité du terrain, devant faire le lien entre un idéal difficile à atteindre et sa pratique quotidienne, entre sa bonne volonté et ses lacunes. Le témoignage d'un enseignant avec ses difficultés et ses réussites. Le témoignage d'un enseignant dont la pratique se construit au fil des constats, des essais et des envies mais aussi des erreurs, des errances et des doutes. Le témoignage d'un enseignant et l'évolution de sa pensée. C'est finalement le témoignage d'un enseignant souhaitant tout simplement réussir la tâche qui lui incombe.

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    I. Mon parcours

    Kant, dans Réflexions sur l'éducation, expliquait très justement que « L'homme ne peut devenir homme que par l'éducation. Il n'est que ce que l'éducation fait de lui. » L'enseignant permet donc à l'enfant de se construire. Cependant, Kant, toujours dans Réflexions sur l'éducation, ajoutait : « Il faut bien remarquer que l'homme n'est éduqué que par des hommes, et par des hommes qui ont également été éduqués. C'est pourquoi le manque de discipline et d'instruction chez quelques hommes, fait de ceux-ci de mauvais éducateurs pour leurs élèves. » Une question se pose alors : suis-je légitime pour éduquer les élèves aux valeurs Républicaines ? La simple obtention du concours me permet-elle de l'être ? La réponse à ces questions est sans doute plus complexe qu'un simple hochement de tête positif ou négatif. Afin d'y parvenir, deux dates, qui me sont familières, m'apparaissent comme fondamentales.

    Faisons un retour en arrière de quelques années pour y trouver la première : le 12 juillet 2010. Je viens d'obtenir le baccalauréat depuis quelques jours, non sans mal, et je me prépare à faire ma grande entrée dans les études supérieures. Pour ce qui est du domaine, ce sera le commerce. Cependant, cette date n'est pas à retenir pour cette raison, mais pour une autre, bien plus symbolique : il s'agit du jour de mon 18ème anniversaire. Je deviens donc majeur et j'obtiens par là-même mon statut de citoyen. Je peux ainsi pleinement participer à la vie politique de mon pays, notamment par le droit de vote. Bien entendu, à cette époque, je suis davantage préoccupé par maints autres sujets que celui-ci. Pourtant, il a une très grande importance, mais ça, je ne le remarquerai que plusieurs années plus tard.

    En attendant, je poursuis mes études : un DUT puis une Licence, tous deux en alternance. Un choix prépondérant. Je découvre, j'apprends, je grandis, je mûris. Mais plus que tout, je me questionne. Certes, le commerce m'intéresse, mais plus qu'une simple lassitude, quelque chose me manque, un « je ne sais quoi » qui cloche. Nous sommes courant 2013 et, alors que j'y songe depuis plusieurs mois, j'en suis convaincu : je vais poursuivre mes études dans l'enseignement. J'ai évidemment encore quelques doutes mais, au fond de moi, je suis persuadé que ce sera le bon choix.

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    C'est alors avec une volonté certaine que j'entame, en septembre 2013, mon Master 1 Métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation à l'École supérieure du professorat et de l'éducation de Paris. Dès les premiers jours, je suis confronté à un choix de la plus grande importance, car celui-ci conditionnera sans doute ma réussite ou non au concours : le choix de l'option à préparer en vue de ce dernier. Géographie ? Musique ? Sciences ? Etonnamment, le doute ne m'effleure que l'espace de quelques secondes. Mon choix est fait. Ce sera l'instruction civique et morale. Pourquoi ? Je ne sais guère. Une affinité particulière pour une raison inconnue. Peut-être est-ce la seule matière qui n'apporte pas à proprement parler uniquement des connaissances mais aussi, et avant toute chose, des comportements. Une réalité sans doute plus concrète à mes yeux, plus visible en tout cas. Le choix du domaine étant fait, reste celui du sujet. Le choix s'avère difficile.

    Au cours de l'année, tous les étudiants doivent participer aux ateliers de pratiques professionnelles (APP). Par chance, il en est proposé un d'instruction civique et morale, que je choisis immédiatement. Concrètement, il s'agira, à plusieurs, de mener une séquence dans une classe. Je tombe donc, à l'instar de cinq autres étudiants, dans la classe de René Étriard, enseignant en CM2, sous la tutelle de notre professeur d'université, Patrick Ghrenassia. Pendant six semaines, nous menons donc une séquence portant sur le génocide des juifs et des tsiganes. Sans le savoir à ce moment-là, elle allait devenir le sujet de mon option. Certes, la séquence a déjà été réfléchie à plusieurs, et menée en classe par nos soins, mais pour autant, le travail à mener est encore grand : le sujet est vaste et je souhaite modifier la séquence avec des choix plus personnels.

    Pour cela, je vais alors me plonger pleinement dans ce dossier. Jamais, jusqu'alors, je n'avais fourni un tel travail. Celui-ci me conduira, début 2014, de la lecture de nombreux ouvrages spécialisés jusqu'à la visite du mémorial de la Shoah à Paris, en passant par un voyage en Pologne pour me rendre dans les camps d'Auschwitz et de Birkenau. Une implication qui portera ses fruits quelques mois plus tard, lors de mon oral, mais qui reflète surtout le début d'évolution de ma pensée. Je n'ai pas fait ces recherches uniquement parce que l'objectif était grand (il l'était bien évidemment, il s'agissait de mon avenir), mais aussi parce que ce sujet m'a passionné, car il est en relation directe avec notre société, car il nous concerne tout simplement.

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    A ce moment, je suis cependant resté borné aux limites de mon sujet. Je n'ai pas cherché à aller plus loin, à m'intéresser à certains évènements qui pouvaient découler de cette période qu'est la Seconde Guerre Mondiale. Il n'y a pas encore eu l'élément déclencheur. L'été qui suit l'obtention du concours, je me retrouve tout de même à lire certaines oeuvres de la littérature qui n'avaient jusqu'alors pas suscité mon attention. Le changement se fait progressivement.

    En début de Master 2, je me retrouve à nouveau confronté à une interrogation, celle du sujet de mon mémoire. Instinctivement, l'instruction civique et morale, qui m'a tant plu l'année précédente, me revient à l'esprit. Je veux encore travailler ce domaine d'enseignement, parfaire mes connaissances et pouvoir l'adapter à des problématiques réelles et concrètes auxquelles je serai confronté en classe. En effet, les conditions de traitement du sujet sont différentes cette année. La théorie doit en grande partie laisser place à la pratique : j'enseigne dans une classe composée de 26 élèves et de niveau CE2, deux jours par semaine. Mon sujet de mémoire va donc dépendre de mes observations, de mes difficultés ainsi que des interrogations qui me viennent à l'esprit. Et mon choix de sujet va très rapidement se préciser.

    La théorie, fixée dans les programmes, est claire, bien définie : éduquer à la citoyenneté et transmettre les valeurs de la République. La pratique, réalisée au sein de ma classe, est plus laborieuse : les séances s'avèrent inefficaces, ou tout du moins, n'ont pas les effets escomptés. Dès lors, la direction du mémoire est posée. Malgré tout, il faudra attendre la seconde date fondamentale pour définitivement voir un changement concret dans ma réflexion et dans mes démarches. Il s'agit du 7 janvier 2015. Ces évènements vont avoir une influence majeure.

    Ils me poussent à prendre conscience des enjeux de notre société : la nécessité de prendre part aux grands débats actuels, le rôle qu'occupe chacun d'entre nous en tant que citoyen, l'importance de l'école et des valeurs qui en découlent ainsi que de la nécessité de les transmettre. Ils me poussent à réellement comprendre la place du professeur des écoles dans le projet de société.

    En 2010, j'obtenais la citoyenneté. Il m'aura donc fallu quatre années de plus pour acquérir le sens du civisme, c'est-à-dire la volonté d'exercer pleinement mes responsabilités.

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    Ma pensée aura donc évolué durant ces années, et plus particulièrement ces derniers mois en étant confronté à la réalité des choses. C'est désormais à travers mon début d'expérience que je souhaite poursuivre mon témoignage. De l'observation découlera une analyse pour se terminer par des remédiations.

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    II. Mon expérience

    Chaque enfant reçoit une éducation spécifique, propre à chaque famille. Cette éducation est différente pour chacun car influencée par différents facteurs : environnement dans lequel il grandit, coutumes et traditions de la famille, etc. Au moment de leur entrée à l'école, certains enfants voient les principes auxquels ils se référent quotidiennement depuis leur naissance, entrer en contradiction avec ceux de l'école. Et si certains enfants voient dans l'école une institution sacrée, à laquelle il faut s'adapter, ce n'est pas le cas de la majorité d'entre eux. Effectivement, ce n'est pas parce qu'il y a marqué « école » sur la façade d'un bâtiment que l'enfant se transforme instantanément en élève et adopte par conséquent les usages sociaux de référence. Cela ne se fait pas naturellement : l'enfant n'abandonne pas miraculeusement ses comportements habituels. Cette spontanéité se créée et s'entretient quotidiennement, par différents moyens :

    ? atmosphère : l'école fonctionne tout comme la société, selon un système de droits et de devoirs. Nous allons nous attarder sur ce dernier point. Il existe une multitude de règles à respecter : se tenir correctement, ne pas crier, apprendre ses leçons... L'élève doit se soumettre à la discipline scolaire. Cependant, si celle-ci se doit d'exister dans les grandes lignes pour fixer certaines limites, il est important qu'elle ne descende pas jusque dans la minutie des détails. Philippe Meirieu synthétise ces propos ainsi : « Il est indispensable qu'il y ait des règles. Il est mauvais que tout soit réglé. » Ainsi, tout ne doit pas être déterminé avec précision sous peine d'amener les élèves à deux types de comportements négatifs. Soit l'élève perçoit la règle comme injuste, odieuse voire absurde et créée dans le seul but de le contrarier, de l'ennuyer, auquel cas il devient un révolté. Soit l'élève perçoit la règle comme impérative, intangible et s'y soumet passivement sans résistance, s'habitue à ne plus rien faire que par ordre, auquel cas il devient un inactif. Dans notre société, un individu doit être capable d'agir par lui-même. Une réglementation trop envahissante engendre une mauvaise influence. Les grandes lignes directrices doivent donc être amenées, expliquées en début d'année, puis respectées tout au long de l'année et possiblement modifiées, sous certaines conditions, avec l'aide des élèves.

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    Au sein de ma classe

    Tout d'abord, il est important de souligner la présence de deux maîtres, avec des attentes et des modes de fonctionnement forcément différents. De plus, il n'existe pas de règlement écrit, créé conjointement, auquel les élèves pourraient se référer quotidiennement. Par conséquent, ceux-ci doivent réaliser un gros travail d'adaptation au niveau comportemental : ce que tolère l'un des deux enseignants n'est pas forcément le cas de l'autre, et vice-versa.

    En ce qui concerne ma pratique quotidienne, je vais tâcher de la résumer succinctement. Je n'ai pas créé, ni demandé à mes élèves de créer un règlement de la classe, qu'il soit oral ou écrit. Les élèves ont une certaine liberté, qui a pour limite le respect : le respect du matériel, le respect des consignes, le respect des camarades et de l'enseignant. Ma volonté étant de ne pas les enfermer dans d'innombrables interdictions, et ainsi les réduire à l'aliénation, mais plutôt de leur laisser une possibilité d'agir, tout en respectant un cadre.

    Cependant, ce type de fonctionnement pose certains problèmes : les grandes lignes sont émises, mais celles-ci paraissent floues pour les élèves. Ma gestion de classe est beaucoup trop axée sur le cas par cas, empêchant les élèves d'avoir de vrais repères et d'agir sereinement. Je manque de transparence : je peux très bien accepter une chose un jour et le lendemain la refuser. Il existe donc une antinomie entre ce que je souhaite avoir et ce que je mets en place pour l'avoir. Cela se traduit plus par du despotisme, à savoir la souveraineté absolue et arbitraire de l'enseignant, que par une démocratie, c'est-à-dire la souveraineté des élèves par les élèves et pour les élèves. Ainsi, au lieu d'avoir une classe composée d'élèves autonomes, ce vers quoi je souhaite tendre avec mon fonctionnement, c'est l'inverse qui se produit : hétéronomie, présence de l'enseignant indispensable, sollicitations permanentes... Pour résumer la situation, je souhaite offrir la possibilité à mes élèves d'agir conformément à leur intérêt individuel tout autant qu'à l'intérêt collectif, mais je ne réussis pas à leur donner les bonnes cartes, à instaurer la bonne méthode, pour y parvenir. Il s'agit donc non pas d'un problème de fin, mais de moyens, et c'est cela que je dois solutionner.

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    ? relationnel : en utilisant des propos métaphoriques, on pourrait dire que, si la classe est un navire, l'enseignant en est le capitaine tandis que les élèves en sont les marins. L'enseignant est le seul maître à bord. En tant que tel, il se doit d'exiger l'écoute et le respect. Cependant, malgré cette évidente asymétrie, ne doit pas se cacher un lien unilatéral « élèves vers enseignant », mais bien un profond respect mutuel. L'enseignant doit traiter ses élèves avec bienveillance, faire preuve d'empathie et se refuser à tout comportement condescendant. A ce titre, et uniquement à ce titre, il pourra attendre, exiger et obtenir la réciprocité comportementale de ses élèves. « On introduit une morale, mais en paroles, or c'est par l'exemple que la morale se communique. », tels sont les propos d'Edgar Morin. Ainsi, l'enseignant doit le respect à ses élèves tout comme ceux-ci le lui doivent et se le doivent entre eux. Cette relation triangulaire constitue les rouages du navire, qui vont permettre à la classe d'être efficiente et d'avancer dans les meilleures conditions.

    Au sein de ma classe

    La corrélation entre élèves et enseignant est très bonne : il existe un respect mutuel. Celui-ci a pour origine un travail bilatéral. Pour ma part, je mêle exigence et magnanimité. J'ai des attentes strictes de mes élèves, mais j'essaye aussi d'être à l'écoute, de tenir compte des remarques faites et d'agir en conséquence. Quant à eux, ils sont à l'écoute et respectueux et se refusent à toute impertinence vis-à-vis de moi. Ce double échange fonctionne parfaitement.

    En revanche, le bât blesse en ce qui concerne le troisième rouage. Les élèves, en ma présence, fournissent des efforts nécessaires à leur coopération. En revanche, ce n'est pas le cas lorsqu'ils sont en autonomie où, tout du moins, en dehors de la présence d'un adulte à leur côté. Des retours me sont faits quotidiennement concernant des problèmes entre les élèves : méchancetés, mots désobligeants voire même échange de coups. Ces problèmes, externes, me sont tout de même inhérents et engagent ma responsabilité d'enseignant. L'histoire de Clever Hans permet d'illustrer mes propos. Hans était un cheval qui devint célèbre grâce à son intelligence : il savait répondre à des questions arithmétiques en tapant avec ses sabots. Ceci étant, après avoir analysé le phénomène, des chercheurs conclurent que le cheval ne connaissait pas réellement les réponses, il interprétait simplement des signaux envoyés inconsciemment par les visages de ceux qui lui posaient les questions et trouvait les réponses.

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    Ainsi, lorsqu'il était laissé seul, Hans n'arrivait plus à trouver les réponses. Par analogie, je remarque que mes élèves agissent souvent conformément à ce qu'ils jugent attendu, et que, en dehors de ma présence, leur comportement change. Je dois donc amener des solutions pour développer la fraternité de mes élèves et amener l'entraide : dans les travaux de groupe, dans la cour puis dans tout endroit.

    ? rôle : au sein de la classe, les rôles sont bien définis : les élèves sont présents pour acquérir des connaissances et des compétences que l'enseignant leur transmet. Cependant, il serait réducteur de restreindre l'activité des élèves à ces simples faits. L'élève doit doublement être impliqué : d'une part, dans ses apprentissages, d'autre part, dans son environnement. Plus précisément, l'école représente une part importante de son emploi du temps et par conséquent, il se doit d'être acteur non pas d'une classe, mais de sa classe. Il doit s'y sentir bien, et pour cela doit y être partie prenante. Les élèves sont investis d'une mission, celle de faire vivre leur classe, pour plus tard faire vivre la démocratie.

    Au sein de ma classe

    En tant que jeune enseignant, je découvre les facettes du métier, j'expérimente, je me trompe. Et dans ces erreurs, il en est une que beaucoup font, et je n'échappe pas à cette règle : l'omniprésence de l'enseignant pour ses élèves et le travail en frontal. Ce mode de fonctionnement rassure le professeur car il a l'impression de pouvoir tout contrôler. Mais à trop en faire, il a aussi ses méfaits. Mes élèves deviennent dépendants, ils ont du mal à réfléchir par eux-mêmes, ils abandonnent rapidement et ne sollicitent que mon aide plutôt que celle de leurs camarades. Avec ce fonctionnement, les élèves se formatent et je ne suis plus un accoucheur d'idées.

    Au fil des discussions avec ma tutrice, Sophie Charbonnel, professeur des écoles maître formateur, et notamment suite à une visite dans sa classe, j'ai pu me rendre compte à quel point il est possible d'agir autrement : le travail des élèves, par les élèves, pour les élèves. Un mode de fonctionnement très structuré où chaque élève est acteur de son apprentissage. Madame Charbonnel m'a appris qu'un bon enseignant devait savoir s'effacer, pour mieux

    le,

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    mettre l'élève au coeur de sa pédagogie. Je tâche, au fur et à mesure qu'avance l'année, de prendre des dispositions allant dans ce sens : j'essaye de construire des séances où les élèves arrivent à se passer de moi, tout en gardant un oeil attentif. Il me faudra encore un certain temps pour réussir à appliquer cela totalement et ainsi permettre aux élèves de s'épanouir en agissant par eux-mêmes.

    Outre les conditions de travail, mes élèves ne sont pas assez acteurs de leur environnement, à savoir la classe. Dès le début d'année, sur recommandation de mon directeur, Monsieur Vallée, qui partage avec moi la classe, nous avons instauré quelques rôles : responsable des lumières, effaceur du tableau, nourrir les poissons, responsable des ballons, etc. Ces rôles, au nombre de sept, étaient occupés par certains élèves durant toute une semaine. Deux reproches sont à faire concernant ce dispositif. La première se porte sur le nombre de rôles : ceux-ci ne peuvent être occupés que par certains élèves, laissant les autres frustrés ou passifs vis-à-vis de la vie de classe. La seconde porte sur l'attention accordée à ces rôles : il s'agissait simplement d'une aide pour l'enseignant, laissant les élèves parfois indifférents. Je pense au contraire que ceux-ci doivent être sacralisés et considérés par les élèves comme indispensables.

    C'est lors d'une visite dans la classe de ma tutrice que je me suis rendu compte à quel point cela pouvait avoir son importance. Les élèves sont extrêmement responsabilisés, amenant d'une part une certaine fierté chez chacun d'entre eux et, d'autre part, une délégation importante pour l'enseignant. Tout est fluide dans la classe de Madame Charbonnel. Chaque élève sait quelle place il occupe, comment il doit agir et à quel moment, sans qu'elle n'ait besoin d'intervenir. De la responsable des poésies à celui des exposés, tous les élèves sont dynamiques, indépendants dans leur mission et soucieux de la vie de classe.

    Dans cette optique, j'ai réfléchi et instauré un nouveau système qui se situe finalement, entre celui qui existait précédemment et celui de ma tutrice. Suite à une discussion que j'ai engagée avec les élèves, nous avons convenu de la nécessité d'instaurer un plus grand nombre de rôles. Ceux-ci sont les suivants : plusieurs chefs de rang, un responsable des affaires, des créateurs des affichages de la classe, un coursier, un vérificateur des signatures, un responsable de la corbeille à papier, un essuyeur du tableau, un nettoyeur du tableau, une responsable de la cantine, une responsable des devoirs, un responsable des ballons, des ramasseurs et des

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    distributeurs, un responsable de la date, des nourrisseurs des poissons, un remplaçant. Malgré tout, et si certains tiennent leur rôle à merveille, la fluidité n'est pas acquise, en partie par ma faute. D'une part, par un manque d'insistance de ma part quant à l'extrême nécessité des rôles. D'autre part, car, dans la précipitation des journées, je ne libère bien souvent pas de temps pour la réalisation de certains rôles, par exemple pour les personnes chargées des devoirs, du tableau ou encore de la corbeille à papier. Je dois travailler sur cette partie : être davantage exigeant avec moi-même sur ces points pour permettre la mise en place des actions décidées conjointement.

    Ces trois axes de progrès sont donc à travailler, et peuvent l'être à travers la mise en place d'un système plus global, qui engagera les élèves dans la voie de la citoyenneté. Il s'agira d'instaurer une classe démocratique. Celle-ci aura pour conséquence de créer un groupe classe, permettant aux élèves d'être acteurs de leur vie, de prendre des responsabilités qui les concernent, d'agir dans le respect d'un système. Ce fonctionnement doit être instauré sur des bases solides et avoir des limites fixées avec précision. Nous y reviendrons en détails par la suite.

    La vie de classe quotidienne constitue donc le socle pour la transmission des valeurs Républicaines, l'éducation à la citoyenneté et la formation d'un esprit critique. Mais ce socle ne va se développer qu'à travers un travail plus spécifique, réalisé lors de séquences d'instruction civique et morale. Celles-ci peuvent prendre diverses formes, dont en voici quelques-unes, à travers cette liste non exhaustive :

    ? étude de documents : les documents peuvent être de différentes natures (photos, images, témoignages, définitions, etc.) et amènent l'élève à réfléchir, à se questionner sur une idée ou un problème concret particulier, puis à en trouver des éléments de réponse.

    ? pratiques à visées philosophiques ou débats : il s'agit de la confrontation argumentée des points de vue qui favorise le développement du jugement, en entraînant la délibération interne, et permet ainsi de l'affiner.

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    ? dilemmes : ils ont vocation à confronter l'élève à une situation où il faut choisir une solution en fonction d'une réflexion sur des valeurs à clarifier, nommer, éventuellement hiérarchiser en cas de conflit de légitimité, afin de justifier leur décision.

    ? étude littéraire, musicale ou artistique : elle permet d'étudier une situation dans les détails et surtout d'apporter une nouvelle dimension à l'apprentissage grâce à la transversalité des enseignements. Cette étude peut porter sur des supports variés tels que des romans, des contes philosophiques, des peintures, des sculptures ou encore des chansons.

    Au sein de ma classe

    Depuis le début de l'année, et encore aujourd'hui, j'essaye ces différentes méthodes de travail, sans pour autant aboutir à un résultat efficient. Je vais résumer brièvement certaines de mes séances, pour ensuite amener le fond du problème. Parmi celles réalisées, nous pouvons retenir ces cinq suivantes :

    - Respect : il s'agissait d'une étude de documents. Les élèves avaient chacun différents types de documents tels qu'une image, un récit ou encore une définition et devaient répondre à quelques questions. Après un travail individuel sur les documents, nous en avons pris connaissance ensemble puis nous en avons discuté pour comprendre quels sont les comportements nécessaires à adopter lorsqu'on vit en communauté : est-ce important de respecter les autres ? Ai-je envie d'être traité de la même façon que je traite les personnes qui m'entourent ? Pourquoi la vie en société exige-t-elle certains comportements ? Etc.

    - Discrimination : il s'agissait d'une petite expérience de quelques minutes. J'avais pris pour complice un élève de ma classe, à qui j'avais expliqué ce qui allait se passer. Un matin, prenant un prétexte au hasard, en l'occurrence la couleur orange du pull de cet élève, j'ai dit à l'ensemble de ma classe qu'aujourd'hui cet élève allait être traité différemment, car je n'aimais pas cette couleur. Après plusieurs réprimandes liberticides (remarques injustes, privation de récréation sans raison) j'ai arrêté cet épisode pour en discuter avec mes élèves : qu'ai-je fait ce matin ? Est-ce normal ? Deviez-vous réagir ? Pourquoi certains ont réagi et d'autres non ? Que se serait-il passé si j'avais continué ? Etc.

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    - Fraternité : il s'agissait de l'étude d'une histoire indienne contemporaine, intitulée « Les deux sandales ». Après une lecture individuelle puis collective, nous avons débattu des comportements qu'avaient les protagonistes de l'histoire. Ensuite, nous avons, par analogie, tâché de voir comment chacun aurait agi dans cette situation et, plus globalement, comment nous agissions dans la vie quotidienne : suis-je attentif au bien être des personnes que je côtoie ? Est-ce que j'aide mes parents lorsqu'ils en ont besoin ? Suis-je prévenant avec mes camarades ? Etc.

    - Racisme : le thème du racisme fut abordé par la poésie. Les élèves devaient comparer plusieurs poèmes, dont le thème central était le même. Il s'agissait de réinvestir les notions de fraternité, de respect et de discrimination pour montrer qu'elles sont étroitement liées : de quoi découlent les discriminations ? Pourquoi certaines personnes agissent-elles ainsi ? Est-ce normal ? Que pouvons-nous faire à notre échelle ? Qu'avons-nous à y gagner ? Etc.

    - Différence : l'entrée de ce thème s'est faite par l'art visuel. Les élèves devaient dessiner leur visage, avec toutes leurs caractéristiques (grain de beauté, lunettes, teinte de peau, etc.) de façon précise. Ensuite, les élèves devaient découper leur visage en trois parties égales : des cheveux au nez, du nez à la bouche, de la bouche au menton. Enfin, tous les parties étaient mélangées pour que les élèves se retrouvent chacun avec des parties de camarades : les yeux d'un premier avec le nez d'un autre et la bouche d'encore un autre. A partir de là, ils devaient créer un nouveau personnage physiquement, puis lui donner un nom et des qualités et des défauts. L'objectif était de comprendre que la différence est une richesse inestimable, qu'il faut savoir en tirer profit plutôt que de la rejeter.

    Ces séances diffèrent toutes dans leur thème, dans l'entrée dans l'activité ainsi que dans leur contenu. Pourtant, avec l'avancée de l'année, un défaut ressort principalement de mon travail en instruction civique et moral : le manque de lien. Toutes ces séances sont intrinsèquement intéressantes mais trop éloignées, trop détachées d'un projet plus global qui leur donnerait davantage de sens. Elles manquent de clarté pour les élèves, qui n'ont pas de ligne conductrice et les perçoivent simplement comme une succession d'apprentissages sans rapport entre eux. Mes démarches ne poussent l'élève à réfléchir et agir que sporadiquement. Je m'enferme dans ce que

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    je ne souhaite pas être. Encore une fois, je suis clair dans mes objectifs et mes finalités mais je n'adopte pas les bonnes méthodes pour y parvenir. Il me semble important de prendre beaucoup plus de recul et construire un projet de plus grande ampleur, qui donnerait à l'élève les moyens à la fois de comprendre et d'agir ensuite. Pour tâcher de résoudre cette difficulté, j'ai souhaité conclure sur une idée de projet qui reprendrait tous les points évoqués précédemment et permettrait de les gommer.

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    Partie 3

    DES SOLUTIONS ENVISAGEABLES

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    J'ai choisi de reprendre les éléments précédemment analysé pour construire une séquence applicable en classe et permettant d'aboutir à des résultats efficients. Seules les grandes lignes du projet sont émises, les détails dépendant bien évidemment de la spécificité de chaque classe.

    La séquence aura pour socle les articles 12, 13 et 14 de la Convention internationale des droits de l'enfant du 20 novembre 1989, portant sur les libertés d'opinion, d'expression et de pensée, dont en voici les contenus exacts :

    - Article 12 : « Les États parties garantissent à l'enfant qui est capable de discernement le droit d'exprimer librement son opinion sur toute question l'intéressant, les opinions de l'enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité. »

    - Article 13 : « L'enfant a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen du choix de l'enfant. »

    - Article 14 : « Les États parties respectent le droit de l'enfant à la liberté de pensée, de conscience et de religion. »

    Cette séquence, partant de ces trois libertés, sera l'occasion d'amener le dialogue sur certaines questions qui intéressent actuellement tout autant l'école que la société. En effet, dans une lettre adressée aux personnels enseignants après les attentats du 7 janvier 2015, la ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem, rappelait que « Les valeurs essentielles de notre République ont été visées : la liberté d'expression est au fondement de toutes les libertés ,
    · la liberté de conscience et le respect des opinions individuelles sont les principes qui nous permettent de vivre ensemble.
    » et réaffirmait que « L'École éduque à la Liberté : la liberté de conscience, d'expression et de choix du sens que chacun donne à sa vie ,
    · l'ouverture aux autres et la tolérance réciproque.
    ».

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    Pour résumer, mon objectif de séquence sera de conduire mes élèves à « développer le courage de penser, la passion de comprendre ainsi que la volonté de s'engager. », principale source d'émancipation et rempart contre l'obscurantisme.

    Le Rapport de la mission sur l'enseignement de la morale laïque du 22 avril 2013 préconise la méthode suivante : « Une approche profondément modifiée, l'abandon du travail par maxime au profit d'une démarche d'apprentissage méthodique et régulière à partir de supports diversifiés, textes littéraires, contes, documents, images, films, situations de la vie quotidienne. » J'ai donc choisi de construire une séquence utilisant différents supports où les parties théoriques et pratiques sont étroitement liées entre elles. La liberté d'expression sera le fil conducteur du projet. Il s'agira, pour reprendre les termes de ce même rapport, de « Faire de l'école un lieu où la morale se respire encore plus qu'elle ne s'enseigne. »

    En vertu de l'Article L912-1-1 du Code de l'éducation relatif à la liberté pédagogique, « La liberté pédagogique de l'enseignant s'exerce dans le respect des programmes et des instructions du ministre chargé de l'éducation nationale et dans le cadre du projet d'école ou d'établissement avec le conseil et sous le contrôle des membres des corps d'inspection. », je souhaite organiser mes apprentissages en deux temps, ainsi résumés dans le schéma suivant :

    Démocratie

    Correspondance

    Journal

    Projet

    Évènement

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    Éléments de compréhension

    Étude littéraire Matin brun

    Étude historique

    La révolution française

    Étude structurale La Ve République

    Étude historique

    Le génocide des juifs et des tsiganes

    Éléments de réalisation

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    Les éléments de compréhension : cette partie théorique sera la première à être abordée. Le but est d'amener l'élève à réfléchir, se questionner mais aussi comprendre l'intérêt et la nécessité de certaines valeurs pour le bien commun. Elle a pour objectif de donner du sens aux apprentissages qui vont suivre. Elle est composée de quatre parties, dont en voici un aperçu succinct :

    - étude historique : à travers l'étude de la révolution française, les élèves vont être amenés à comprendre ce que sont et dans quelles conditions furent acquises les valeurs de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.

    ? Éduscol - Progressions pour le cours élémentaire deuxième année et le cours moyen - Histoire : La révolution française : l'aspiration à la liberté et à l'égalité

    - étude littéraire : l'étude de Matin Brun va permettre aux élèves de comprendre l'importance de ces valeurs. Elle soulignera la nécessité d'adopter certains comportements tels que la volonté de s'intéresser, de se renseigner, de s'exprimer, d'agir au nom de certaines valeurs telles que le courage et la fraternité.

    ? Éduscol - Proposition de ressources pour le 1er degré - Liberté de conscience, liberté d'expression - La littérature de jeunesse : Matin brun, Franck Pavloff, Cheyne (l'indifférence face à l'intolérance)

    - étude historique : le génocide des juifs et des tsiganes sera étudié en parallèle pour apporter une dimension concrète à l'étude littéraire. Par l'étude des conséquences tragiques qui ont découlées de certains comportements contraires à la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, les élèves comprendront l'importance des valeurs vues précédemment et la responsabilité de chaque citoyen.

    ? Éduscol - Progressions pour le cours élémentaire deuxième année et le cours moyen - Histoire : L'extermination des juifs et des tsiganes : un crime contre l'humanité

    - étude structurale : l'étude de la Ve République permettra de comprendre le fonctionnement de la République démocratique française, conforme aux valeurs étudiées, dans laquelle la souveraineté du peuple est exercée par le peuple et pour le peuple. Il s'agira d'étudier sa constitution et notamment le rôle du parlement et du gouvernement.

    ? Éduscol - Progressions pour le cours élémentaire deuxième année et le cours moyen - Histoire : La Ve République

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    Les éléments de réalisation : cette partie pratique arrive en seconde position car elle doit découler de ce qui a été vu précédemment. Le but est de mettre en pratique ce qui a été vu, d'adopter un comportement actif, nécessaire pour la pleine compréhension de la séquence. Elle est composée de deux parties, dont en voici un aperçu succinct :

    - classe démocratique : les élèves, après avoir étudié le fonctionnement de la République démocratique française, appliqueront un système ressemblant en classe. Il s'agira de les responsabiliser, de leur permettre d'agir conformément à tout ce qu'ils ont vu auparavant et les amener à adopter progressivement des comportements citoyens. (Voir annexe 1)

    ? Éduscol - Progressions pour le cours élémentaire deuxième année et le cours moyen - Instruction civique et morale : Coopérer à la vie de classe

    - projet : les élèves mobiliseront ce qu'ils ont appris dans la réalisation d'un projet concret. Un thème sera choisi telle la préservation de la faune et de la flore. A partir de celui-ci, les élèves construiront leur pensée puis tâcheront d'y prendre part à travers trois objectifs, faisant intervenir la liberté d'expression sous différentes formes. Il s'agira d'une correspondance avec une classe touchée par ce problème, la réalisation d'un journal mettant en oeuvre toutes les disciplines et la création d'un évènement pour récolter des fonds, telle une pièce de théâtre ou une course à pied. Les élèves mèneront un travail de fond notamment sur le langage et la construction de leur pensée : savoir argumenter, justifier et expliquer à l'oral comme à l'écrit mais aussi développer un vocabulaire plus étendu et comprendre que chacun est responsable des propos qu'il émet.

    ? Bulletin officiel hors-série n° 3 du 19 juin 2008 : les liens qui existent entre la liberté personnelle et les contraintes de la vie sociale, la responsabilité de ses actes ou de son comportement

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    Conclusion

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    L'axiome selon lequel l'enfant se construit par lui-même une pensée indépendante, libre et critique n'est que chimère. Pour y parvenir, il est une nécessité indéniable : l'école. Cette même école ambivalente, lieu d'émancipation et pourtant parfois source d'inquiétudes et de critiques : il serait délivrée, sous forme d'endoctrinement, une morale d'oppression. Loin de ces accusations, elle a comme fondement la méritocratie, de laquelle doit émaner une certaine justice sociale, et pour principal dessein le vivre ensemble et l'autonomie de chaque individu. Refusant les discours véhéments et démagogiques, qui n'engendreront que velléités chez les élèves, les enseignants doivent bien au contraire adopter des méthodes situées aux antipodes de celles-ci. Ils doivent mêler étroitement compréhension théorique et réalisations pratiques, non pas sous forme d'un salmigondis d'apprentissages exsangues sans lien précis entre eux, mais sous forme de projets, aux objectifs clairs et bien définis, permettant ainsi de créer une réelle synergie. Ce n'est qu'à partir de ce fonctionnement endémique que l'on pourra amener les élèves à se sentir pleinement concernés et ainsi avoir la volonté de réfléchir pour comprendre, d'aller vers l'autre pour échanger, et finalement agir pour le bien de tous. C'est ce qui fera la différence entre pusillanimité et intrépidité citoyenne. Cependant, tout cela n'est possible qu'à condition d'agir le plus tôt possible, en refusant toute défection ou tout atermoiement : l'impact de l'instruction civique et morale sur les enfants pourrait certes ne pas être immédiatement pleinement apprécié, mais son incidence sur les adultes de demain sera considérable...

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    ANNEXE

    Cette constitution a été créée par Monsieur Étriard René, qui m'en a fait part. Les mots en gras sont à définir avec les élèves pour la pleine compréhension de ce mode de fonctionnement.

    Constitution de la République

    Article premier : le maître de la classe de CM1/CM2 est le président de la république, ceci pour une durée d'une année scolaire.

    Article second : le président de la république gouverne avec un premier ministre.

    Article troisième : le premier ministre est élu au suffrage universel direct, à scrutin majoritaire à deux tours. Tout citoyen de la république de CM1/CM2 a le droit de vote. Les élections ont lieu après une campagne électorale et sont à bulletin secret. Tout bulletin comportant une rature ou un signe distinctif est déclaré nul. Les bulletins blancs sont comptabilisés.

    Article quatrième : le président de la république a le droit de vote.

    Article cinquième : le premier ministre nomme les ministres de son gouvernement et les secrétaires d'état chargés de remplacer et d'aider le ministre titulaire.

    Article sixième : le président de la république peut refuser un ministre proposé. Article septième : un premier ministre ne peut se représenter deux fois de suite.

    Article huitième : le président de la république peut refuser la candidature aux élections d'un citoyen souhaitant devenir premier ministre.

    Article neuvième : le président de la république est tenu d'organiser des élections chaque fois que le premier ministre présente la démission de son gouvernement.

    Article dixième : la durée d'un mandat est variable mais ne peut excéder deux mois.

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    Article onzième : en cas de conflit entre le premier ministre et le président de la république sur un point portant sur la vie de la classe, il sera procédé à un référendum qui départagera les deux positions.

    Article douzième : le premier ministre et le président de la république peuvent demander à tout instant un référendum sur tout sujet concernant la vie de la classe.

    Article treizième : en cas de manquement grave à la vie de la classe, le président de la république peut exiger la démission du premier ministre, dissoudre le gouvernement et procéder à de nouvelles élections.

    Article quatorzième : le premier ministre peut démissionner en cours de mandat. Sa démission entraîne la dissolution de son gouvernement. Il sera alors procédé de nouvelles élections.

    Article quinzième : tout ministre peut présenter sa démission au premier ministre qui peut l'accepter ou la refuser. En cas de démission acceptée, le premier ministre nomme alors un nouveau titulaire.

    Article seizième : en cas de conflit et de désaccord entre le premier ministre et l'un de ses ministres, le premier ministre peut demander la réunion d'un conseil des ministres où il sera décidé, après un vote, qui l'emporte. Ce conseil extraordinaire est présidé par le président de la république qui n'a pas le droit de vote. Le ministre ainsi désavoué est contraint de présenter sa démission. Si c'est le premier ministre, se référer l'article quatorzième de la Constitution.

    Article dix-septième : les secrétaires d'état assistent de droit aux conseils des ministres extraordinaires.

    Article dix-huitième : pour tout problème concernant la vie de la classe, tout ministre peut

    demander la convocation soit :

    - D'un conseil élargi où les secrétaires d'état sont conviés.

    - D'un conseil restreint où seuls les ministres siègent.

    Le président de la république peut ne pas être convié à l'un de ces conseils.

    Article dix-neuvième : le premier ministre est responsable de son gouvernement devant le président de la république.

    69

    Article vingtième : un gouvernement comporte un premier ministre, un ministre de l'intérieur, un ministre des finances, un ministre des affaires étrangères, un ministre des postes, un ministre de la santé, un ministre de la culture. Chaque ministre, excepté le ministre de l'intérieur, est assisté d'un secrétaire d'état.

    En cas de crise grave ou de dysfonctionnement de la vie de la république, (non-respect de différents articles, mises en cause dans des problèmes de discipline au niveau de l'école...) la constitution autorise le président de la république à prendre les pleins pouvoirs et à prononcer la dissolution du gouvernement selon l'article treizième. Le président de la république peut alors gouverner sans aucun contrôle démocratique et sans organiser de nouvelles élections.

    Cette dictature ne peut qu'être qu'occasionnelle et permettre de rétablir l'ordre et le bon fonctionnement des institutions.

    Tout ministre peut proposer un nouvel article de loi. Cet article ne peut être adopté qu'après un référendum ou/et après un vote du conseil des ministres et l'acceptation du président de la république.

    Ce dernier ne peut néanmoins refuser de signer une loi votée après référendum. Le président de la république n'a pas le droit de véto.

    Article vingt et unième : le premier ministre peut nommer un conseiller spécial qui l'aide dans sa tâche. Ce conseiller siège de droit dans un conseil élargi mais ne peut siéger dans un conseil restreint. Il n'a pas rang de ministre.

    Article vingt deuxième : un nouveau ministère peut être créé à la demande du gouvernement. Pour que ce dernier soit installé, il faut l'accord du président et un référendum.

    BIBLIOGRAPHIE :

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    - BEN JELLOUN Tahar, Le racisme expliqué à ma fille, Éditions Seuil, 2009.

    - BIDAR Abdennour, Plaidoyer pour la fraternité, Éditions Albin Michel, 2015. - BOURDIEU Pierre, Sur la télévision, Éditions raisons d'agir, 1996.

    - BRADBURY Ray, Fahrenheit 451, Éditions Folio SF, 2000.

    - CÉSAIRE Aimé, Discours sur la négritude, Éditions présence Africaine, 2004.

    - CÉSAIRE Aimé, Discours sur le colonialisme, Éditions présence Africaine, 2004. - D'ANDRÉA Gérard, La citoyenneté à la française, Éditions Robert Laffont, 2014.

    - DE LA BOÉTIE Étienne, Discours sur la servitude volontaire, Éditions Librio philosophie, 2013.

    - EPIN Bernard, Le grand livre du jeune citoyen, Éditions Rue du monde, 1998.

    - FILION Laurent, Éduquer à la citoyenneté, construire des compétences sociales et civiques, Éditions repères pour agir, 2012.

    - GRIFFIN John-Howard, Dans la peau d'un noir, Éditions Folio, 2013.

    - HERTZ Bruno et BAUSSIER Sylvie, Encyclopédie du futur citoyen, Éditions Casterman,

    2006.

    71

    - IONESCO Eugène, Rhinocéros, Éditions Folio, 2014.

    72

    - JACQUARD Albert, Nouvelle petite philosophie, Éditions Le livre de poche, 2007.

    - JACQUARD Albert, Petite philosophie à l'égard des non philosophes, Éditions Le livre de poche 1999.

    - JARRET Christian, 3 minutes pour comprendre les 50 plus grandes théories en psychologie, Éditions le courrier du livre, 2011.

    - MORIN Edgar et RAMADAN Tariq, Au péril des idées, les grandes questions de notre temps, Éditions Presses du Châtelet, 2014.

    - OBIN Jean-Pierre, Questions pour l'éducation civique, Éditions Hachette éducation, 2000.

    - ORWELL Georges, 1984, Éditions Folio 2014.

    - ORWELL Georges, La ferme des animaux, Éditions Folio 2014. - PAVLOFF Franck, Matin brun, Éditions Cheyne, 2002.

    - PIQUEMAL Michel, Les philos-fables, Éditions Le livre de poche, 2010. - PLENEL Edwy, Dire non, Éditions Don Quichotte, 2014.

    - PLENEL Edwy, Pour les musulmans, Éditions La découverte, 2014.

    - ROUSSEAU Jean-Jacques, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Éditions GF Flammarion, 1992.

    - SCEREN et CNDP Ministère de l'Éducation nationale, Le guide républicain, l'idée républicaine aujourd'hui, Éditions Delagrave, 2004.

    - TAYLOR Kressmann, Inconnu à cette adresse, Éditions Flammarion, 2012. - VOLTAIRE, Traité sur la tolérance, Éditions Folio Sagesses, 2013.

    73

    - Collection « Les discours qui ont marqué l'histoire », Éditions Points :

    · ARAFAT Yasser, La Palestine est le pays natal du peuple palestinien, 1988.

    · BEN GOURION David, Nous proclamons la naissance d'un État juif, 1948.

    · CHIRAC Jacques, Nous disons non, 1978.

    · CHURCHILL Winston, Du sang, de la sueur et des larmes, 1940.

    · DALAÏ LAMA, La vérité est la seule arme que nous disposons, 1989.

    · DANTON et DUFAY, Lançons la liberté dans les colonies, 1794.

    · DE GAULLE Charles, L'appel du 18 juin, 1940.

    · FERRY Jules, Le droit de civiliser, 1885.

    · GANDHI, Le mal ne se maintient que par la violence, 1922.

    · KENNEDY John, Nous formons un seul et même pays, 1963.

    · LUMUMBA Patrice, Africains, levons nous, 1959.

    · LUTHER KING Martin, I have a dream, 1963.

    · MANDELA Nelson, Le temps est venu, 1994.

    · MALCOM X, Le vote ou le fusil, 1964.

    · NEHRU Jawaharlal, Éveillez-vous à la liberté, 1947.

    · OBAMA BARACK, Ye we can, 2008.

    · RABIN Yitzhak, La paix a ses chances, 1995.

    · RENAN Ernest, La nation et la race, 1882.

    · ROOSEVELT Francklin, Nous surmonterons les difficultés, 1933.

    · SAN SUU KYI Aung, Une révolution des consciences, 1990.

    · SCHUMAN Robert, Une Europe pour la paix, 1950.

    · SENGHOR Léopold, La France est un arbre vivant, 1957.

    · TAUBIRA Christine, La traite et l'esclavage sont un crime contre l'humanité, 1999.

    · TOURÉ Sékou, Nous préférons la liberté, 1958.

    · TROSKY Léon, Appeler le peuple à la lutte ouverte, 1906.

    · ZWEIG Stefan, Une communauté passionnée, 1932.

    74

    - Bulletin Officiel hors-série n° 3 - 19 juin 2008

    - Circulaire n° 2011-131 - 25 août 2011

    - Code de l'éducation - Article L912-1-1

    - Code de l'éducation - Article L. 321-2

    - Code de l'éducation - Article D321-1

    - Déclaration des droits de l'homme et du citoyen - 26 août 1789

    - Déclaration universelle des droits de l'homme - 10 décembre 1948

    - Charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne - 7 décembre 2000

    - Constitution de la Vème République - 4 octobre 1958

    - Convention internationale des droits de l'enfant - 20 novembre 1989

    - JORF n°0266 - Texte 55 - 16 novembre 2013

    - Loi n° 2013-595 - 8 juillet 2013

    - Loi n° 2005-380 - 24 avril 2005

    - Rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'homme - 2014

    - Rapport de la mission sur l'enseignement de la morale laïque - 22 avril 2013

    MÉMOIRE PROFESSIONNEL PROFESSORAT DES ECOLES

    FICHE DESCRIPTIVE

    AUTEUR : Vincent LE DANFF

    ANNÉE DE SOUTENANCE : 2015

    DISCIPLINE : PSHS

    NIVEAU D'ENSEIGNEMENT : CE2

    TUTEUR DU MEMOIRE : Martine MESKEL-CRESTA

    TITRE : L'école, un enjeu de société

    MOTS CLÉS : Instruction civique et morale - Citoyenneté - Charlie Hebdo - Vivre-ensemble - Valeurs Républicaines

    RÉSUMÉ : Malgré les enseignements que l'on a pu tirer des diverses périodes sombres de notre histoire, ces derniers mois nous ont prouvé à quel point les valeurs de la République française sont fragiles. Symboles de l'union entre tous les individus, elles furent pourtant touchées en leur coeur le 7 janvier 2015. Et si c'était déjà le cas auparavant, ces évènements nous rappellent qu'il est nécessaire d'agir au quotidien. Agir de façon préventive plutôt que répressive ou curative. Ceci est le rôle de l'école et, par conséquent, le mien.






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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams