I-3. Impact du traitement thermique sur Legionella
pneumophila
L'objectif de nos travaux, est de chercher la capacité
des bactéries viables non cultivables à se revivifier suite au
passage dans les amibes après un traitement thermique
préliminaire (Figure 13).
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5,90 5,80 5,70 5,60 5,50
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Témoin
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Log ufc/ml
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5,40
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5,30
5,20
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T °c
0 c° 50 c° 54 c° 58 c° 62 c°
Figure 13: Impact du traitement thermique sur la
cultivabilité de Legionella pneumophila
.
La figure 13 présente l'évolution du nombre de
bactéries cultivables/ml en fonction du choc thermique appliqué.
Pour les suspensions témoins (sans traitement thermique) la
concentration bactérienne était de 6,53.105 cellules cultivables/
ml. Après le choc thermique nous observons que le nombre de
bactéries cultivables diminue (0,36 unités log environ) suite
à un traitement de 1 h à 62°C. Plus la température
augmente, plus le nombre de cellules cultivables diminue sans qu'il atteigne le
zéro UFC/ml, donc nous ne pouvons pas déterminer la
température moyenne d'inhibition, (TMI) « c'est-à-dire la
température minimale pour laquelle nous n'observons pas de
bactéries cultivables ». Ceci pourrait laisser supposer que les
bactéries à l'état VBNC sont plus résistantes aux
stress environnementaux et spécifiquement la température, ce qui
a déjà été suggéré par Chang et al,
2007.
Etude de la relation entre des bactéries Legionella et
des amibes 24
Chapitre 3: Résultats et discussions
0 c° 50 c° 54 c° 58 c° 62
c°
Log ufc/ml
6,10
6,00 5,90 5,80 5,70 5,60 5,50 5,40
5,30
Figure 14: L'état viable non cultivable de L.
p après co-culture avec les amibes
En ce qui concerne la capacité des bactéries
viables non cultivables à se revivifier suite à une
prolifération intra-amibienne, nous pouvons observer qu'après
infection, les bactéries récupèrent leur
cultivabilité que ça soit pour la souche amibienne SA1 dont la
concentration bactérienne a augmenté à environ 8,13.105
cellules cultivables/ ml pour les bactéries sans traitement avec une
augmentation de (0,1 unités log environ), ou pour la souche amibienne
SA2 qu'après l'incubation des légionelles à
l'intérieur d'elle n'arrivent qu'à une concentration de 7,47.105,
ce qui fait une augmentation de (0,06 unités log environ). Aussi, pour
les bactéries traitées pendant 1 h à 62°C et
incubées par la SA1 une augmentation de concentration d'environ (0,06
unités log) correspond à 3,28.105 par rapport au
témoin qui était de 2,87.105. Par contre les
concentration bactéries, incubées par la SA2 leur concentration
augmente faiblement et atteint un nombre de 2,98.105 cellules cultivables/ ml (
environ 0,02 unités log) sur la courbe d'évolution. Donc
d'après ces résultats on peut dire que nos souches amibiennes
permettent à la Legionella pneumophilla sérogroupe 1 de
retrouver sa cultivabilité après une incubation en co-culture.
L'analyse statistique de corrélation a montré une
différence très hautement significative (p<0,01) entre les
résultats témoin (avant co-culture) et les résultats
obtenus après une co-culture avec la SA1 et la SA2. Donc les
résultats témoin et (R-SA1 ; R-SA2) sont corrélées,
ainsi l'analyse a montré une corrélation entre les
résultats de la souche amibienne 1 et celles de la souche amibienne 2
avec (p<0,01).
Etude de la relation entre des bactéries Legionella et
des amibes 25
Chapitre 3: Résultats et discussions
DISCUSSION
Notre étude s'est intéressée à la
problématique Legionella et notamment à la relation
amibes-légionelles. En effet, dans la littérature 3 genres
amibiens (Acanthamoeba, Naegleria et Hartmannella) permettent la
prolifération de Legionella sont les plus décrites
(Declerck et al, 2007). Pour étudier la problématique dans notre
écosystème, deux souches amibiennes ont été
isolées. Les essais, portant sur les co-cultures, ont montré que
les 2 souches d'amibes testées sont perméables à L.
pneumophila. Dans un premier temps, nous avons cherché à
déterminer la capacité de ces 2 souches amibiennes issues de
différents endroits à permettre la prolifération d'une
souche de L. pneumophila. La souche amibienne est apparue comme un
facteur discriminant pour la prolifération de Legionella, ce
qui est en accord avec ce qui est décrit dans la littérature (Dey
et al, 2010). La souche amibienne SA1 apparaît comme la plus propice
à la multiplication de Legionella pneumophila. Cependant, la
comparaison des proliférations dans différents souches laisse
entrevoir une influence du genre (souche) sur la prolifération. Ce qui
est en accord avec la littérature (Dupuy et al, 2013).
Dans notre étude, nous n'avons pas observé de
différences significatives de prolifération entre les
différentes souches amibiennes. En effet, après 72 heures de
co-culture à la température de 28°C et pour une MOI de 0,1,
une multiplication d'environ 3,8 unités logarithmiques a
été observée dans les 2 souches. Malgré l'absence
de différences significatives, nous avons, tout de même, pu
observer une tendance à une prolifération de Legionella
plus importante dans la souche amibienne SA1. Au regard de nos
résultats, est vu l'absence de différence significative entre les
souches vis-à-vis de la MOI on peut dire que la prolifération de
Legionella est dépendante de la souche et non du ratio.
Ainsi, la souche de Legionella pneumophila
sérogroupe 1 a induit une diminution du nombre de trophozoïtes
due à l'effet cytotoxique. Cependant, après 3 jours de co-culture
au MOI de 10, nous avons observé une résistance de la souche
amibienne SA2 plus que la souche SA1. D'après Messi et al. (2013), la
virulence des souches de Legionella pourrait être liée
à leur capacité à proliférer au sein des amibes et
aussi à leur cyto-phatogénicité, c'est-à-dire
à leur capacité à lyser la cellule hôte.
D'après d'autres auteurs, les souches peu virulentes de Legionella
seraient moins aptes à se multiplier dans les amibes (Tyndall et
Domingue, 1982). Ainsi, au vue des résultats que nous avons obtenus,
nous pouvons dire que notre souche Legionella est plus virulente.
Chapitre 3: Résultats et discussions
Notre travail porté sur l'impact des traitements par la
chaleur sur la souche de Legionella pneumophila nous a permis
d'observer que ces traitements étaient capables de conduire à la
formation de bactérie viables non cultivables. Après une
co-culture de 72 h de Legionella pneumophila avec les deux souches
amibiennes, Legionella a pu retrouver leur cultivabilité. Ces
résultats correspondent à l'hypothèse selon laquelle les
bactéries à l'état VBNC sont potentiellement infectieuses
et virulentes pour les cellules hôtes. Ainsi, si ces bactéries
à l'état VBNC se retrouvent inhalées par l'Homme, on peut
envisager qu'elles puissent être responsables du développement de
la maladie chez celui-ci.
Au final, cette étude a montré la
capacité de Legionella à s'adapter à son
hôte amibien et à se proliférer au sein des amibes. Non
seulement, la présence des amibes permet une prolifération rapide
de Legionella mais la multiplication intracellulaire de Legionella
permet de diminuer la sensibilité de la bactérie aux
traitements (monochloramine, ozonation, etc..). La protection de Legionella
dans les amibes contre la désinfection est un
phénomène bien connu (Greub et Raoult, 2004).
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