Conclusion et recommandations
Dans le cadre de notre étude, il a été
question d'étudier l'impact des transferts privés de la diaspora
sur le taux de change en Haïti pour la période allant d'Octobre
1992 à Septembre 2007. Après avoir explicité les concepts
clés du travail à travers un cadre conceptuel, passé en
revue les différents travaux et études relatifs à notre
travail, on a étudié la tendance du taux de change et celle des
transferts privés de la diaspora pour la période
considérée sans oublier de situer les apports de ces derniers
dans le canal de la Balance des Paiements, et ensuite on a effectué une
analyse empirique relative à l'économie haïtienne à
travers une modélisation de l'impact des transferts privés sur le
taux de change en utilisant d'autres variables comme la masse monétaire
M2 et l'Indice des Prix à la Consommation (l'IPC), toutes les deux,
susceptibles d'avoir des impacts sur le taux de change d'après les
théoriques économiques.
En effet, le test de causalité de Granger ne nous a pas
permis, à travers nos analyses économétriques, de
déceler une éventuelle relation entre les transferts
privés et le taux de change. C'est pourquoi nous avons dû recourir
à d'autres outils plus pertinents comme les réponses
impulsionnelles et la décomposition de la variance de l'erreur du taux
de change. Ainsi, les premiers résultats ont montré que les
transferts privés agissent faiblement sur le taux de change. Cette
faiblesse est expliquée par la forte présence de la BRH sur le
marché des changes dans le cadre de son objectif de stabilisation du
dollar par rapport à la gourde. En fait, on a observé que
l'impact d'un choc de 1% sur la variation des transferts, répercutant
faiblement sur le taux de change, devient positif après deux mois et
disparaît totalement après 4 mois. Entre autre, l'étude
nous a permis de comprendre aussi que le taux de croissance du taux de change
dans l'économie haïtienne est causé fortement par ses
propres innovations, soit à un pourcentage de 93.7% et en second lieu
par les transferts privés de la diaspora (6%).
La présence inconditionnelle de la BRH sur le
marché des changes a sa grande part à jouer dans les interactions
des transferts privés et du taux de change en mettant des structures
viables en place pour contrôler la rentrée des devises
étrangères dans l'économie haïtienne.
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diaspora sur le taux de change en Haïti : Octobre 1992 à
Septembre
2007 »
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Constituant la principale source de devises pour
l'économie haïtienne, une réduction substantielle des
transferts diminue l'offre de devises dans l'économie et peut jouer sur
la variation du taux de change à la hausse si la BRH n'intervient pas
rapidement pour stabiliser le cours de la gourde par rapport au dollar comme
elle l'avait fait en 2001 et en 2007 pour ne rester que dans notre
période d'étude.
De ce fait, pour pallier les interventions de la BRH sur le
marché des changes lui obligeant de vendre des devises lorsque le volume
de ces dernières n'accorde pas à la quantité de gourde qui
circule dans l'économie, nous sommes amenés à faire
quelques recommandations compte tenu du rapport de prix entre le dollar et la
gourde définissant le taux de change même en Haïti.
Les recommandations que nous voulons faire s'articulent autour
d'une vision beaucoup plus optimiste et réelle de la production
nationale qui constitue un élément essentiel dans le cadre d'une
revitalisation de l'économie haïtienne et d'une moindre
dépendance des transferts privés de la diaspora. En effet, la
force de toutes les grandes économies mondiales et celle des pays en
développement réside dans leur capacité de pouvoir offrir
quelques choses à l'extérieur pour rentrer des devises. Les
exportations d'Haïti n'excèdent même pas les 900 millions de
dollars alors que les transferts privés de la diaspora, qui ne
dépendent pas des politiques des autorités haïtiennes,
dépassent les 1.5 milliards de dollars. En ce sens, dans le cadre d'une
campagne véritable de diversification des sources de devises de
l'économie haïtienne, nous proposons :
- La création d'une commission
interministérielle devant statuer sérieusement sur la question de
la production nationale en mettant en oeuvre des plans d'actions
concrètes et claires réalisables dans des meilleurs délais
possibles.
- Une reconceptualisation du secteur touristique par rapport
aux nouveaux défis auxquels il fait face et les opportunités
énormes qu'il présente dans l'économie haïtienne et
une mise exécution rapide du plan directeur touristique du
ministère du tourisme.
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Septembre
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- Une politique de promotion véritable des investissements
directs étrangers avec des avantages incitatifs bien définis.
- Une politique de Création des zones Économiques
Spéciales (ZES) comme la chine l'avait fait à son
démarrage en 1950 avec une politique fiscale favorisant
l'épanouissement de telles zones au profit des emplois massifs.
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