Sous-section 9 : La rentabilité, seuil de
rentabilité, qu'est-ce que c'est ?
1. Introduction :
La rentabilité est le rapport entre un revenu obtenu ou
prévu et les ressources employées pour l'obtenir. La notion
s'applique notamment aux entreprises mais aussi à tout autre
investissement.
La rentabilité rétrospective est le rapport entre
un résultat comptable et les moyens en passifs mis en oeuvre pour
l'obtenir. La rentabilité prévisionnelle est le rapport entre un
gain de trésorerie et la valeur d'un investissement.
Le terme est parfois utilisé à tort à la
place d'efficacité (ou d'efficience) afin de donner une connotation
financière aux propos. Ce taux sert à tous les calculs
d'actualisation et est donc un outil spécifique du service financier.
2. Enjeux de la rentabilité
La rentabilité représente l'évaluation de la
performance de ressources investies par des apporteurs de capitaux. C'est donc
l'outil d'évaluation privilégié par l'analyse
financière.
La rentabilité rétrospective permet
d'évaluer le MEDAF pouvant permettre de calculer un taux d'actualisation
par le coût moyen pondéré du capital. La rentabilité
rétrospective est un outil difficilement utilisable directement
(à partir du résultat d'exploitation ou du résultat net)
pour évaluer les entreprises car elle est biaisée par les
décalages temporels de l'entreprise (dus aux délais de paiement
par exemple).
7 AFIALION, F. et VIALLET C., Théorie
du portefeuille, analyse du risque et de la rentabilité,
Paris, PUF, 1977.
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3. La rentabilité rétrospective
On distingue deux types de rentabilité
rétrospective : la rentabilité
économique qui mesure le rapport entre le revenu
courant et le "capital stable" (dettes financières sous normes
internationales et capitaux propres) mis en oeuvre et la
rentabilité financière qui mesure le rapport
entre le revenu courant après paiement des intérêts et des
impôts et les capitaux propres. Cette dernière rentabilité
est essentielle pour les apporteurs de capitaux puisqu'elle mesure la
performance des ressources qu'ils ont investies dans l'entreprise.
a) La rentabilité économique
La rentabilité économique est une mesure de la
performance économique de l'entreprise dans l'utilisation de l'ensemble
de son capital économique, c'est-à-dire des immobilisations, du
besoin en fonds de roulement et de la trésorerie nette.
Le revenu généré est mesuré par
l'indicateur financier que constitue le résultat d'exploitation
(RE), auquel on soustrait les impôts sur les
bénéfices ( ). L'ensemble des capitaux
« employés » est égal à la somme
des fonds propres ( ), apportés par les apporteurs de
capitaux, plus les capitaux acquis grâce à
l'endettement ( , pour dette financière). La somme des capitaux nets
d'exploitation est donc égale à
.
La rentabilité économique est
égale7 à :
Ce ratio correspond à ce que la comptabilité
anglo-saxonne appelle « Return on capital employed » ou encore «
ROCE ». La rentabilité économique est donc
indépendante du type de financement des capitaux et exprime la
capacité des capitaux investis à créer un certain niveau
de bénéfice avant paiement des éventuels
intérêts sur la dette. Elle est donc une mesure de la performance
économique de l'entreprise dans l'utilisation de son actif : elle
détermine quel revenu l'entreprise parvient à
générer en fonction ce qu'elle a. C'est donc un ratio utile pour
comparer les entreprises d'un même secteur économique.
Il n'y pas de consensus concernant son mode de calcul, ainsi
certains calculent la rentabilité économique en prenant en compte
le résultat d'exploitation (RE) divisé par la somme des emplois
stables (ES) plus le BFR :
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où bien encore l'excédent brut d'exploitation
(EBE) divisé par capitaux investis (CI) autrement dit immobilisations
corporelles et incorporelles, plus le besoin en fonds de roulement
d'exploitation ( BFRE)
Par opposition à la rentabilité financière,
qui intéresse plus les associés, la rentabilité
économique intéresse plus les investisseurs financiers tels que
les banques.
b) La rentabilité financière
La rentabilité économique n'est toutefois pas
significative pour les apporteurs de capitaux : ce qui est pertinent pour eux
est la rentabilité non pas de l'ensemble des capitaux (
), mais des seuls capitaux propres ( ).
Le bénéfice analysé est le résultat
net courant ( ), c'est-à-dire le résultat d'exploitation (
) auquel on a soustrait l'impôt sur les
bénéfices ( ) et les intérêts versés aux
dettes
financières ( , avec le taux d'intérêt moyen
sur les dettes financières de l'entreprise). On divise ce
résultat net courant par le montant des capitaux propres de
l'entreprise.
La rentabilité financière sera donc égale
à :
Ce ratio correspond à ce que la comptabilité
anglo-saxonne appelle le « Return on Equity » ou encore « ROE
». Il exprime la capacité des capitaux investis par les
actionnaires et associés à dégager un certain niveau de
profit.
Différence entre les deux rentabilités et levier
d'endettement
La différence entre les deux rentabilités va
dépendre de la différence entre le taux d'intérêt et
la rentabilité économique, à proportion du poids de
l'endettement. Pour un niveau de taux d'intérêt donné, la
rentabilité financière sera d'autant plus éloignée
(plus élevée ou plus faible) de la rentabilité
économique que l'endettement sera fort : cet effet s'appelle le levier
d'endettement.
Plus précisément, on a :
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Les apporteurs de capitaux sont constitués des
actionnaires, associés et au sens large de tous individus ou
organisations apportant des ressources à l'entreprise.
Quand la rentabilité économique est
supérieure au taux d'intérêt ( ), la rentabilité
financière est donc une fonction croissante du ratio
d'endettement ( ). Plus la dette
s'accroit, plus la rentabilité financière est
forte. C'est l'effet de levier de l'endettement : pour un niveau donné
de fonds propres, il est possible d'améliorer la rentabilité
financière de ces fonds en s'endettant davantage.
Au contraire, lorsque la rentabilité économique est
inférieure au taux d'intérêt ( ), la
rentabilité financière sera d'autant plus faible
que le ratio d'endettement sera fort.
? La rentabilité prévisionnelle
La rentabilité prévisionnelle pour un investisseur
dans une entreprise sous forme de souscription ou achat d'actions n'est pas
directement la rentabilité rétrospective financière
constatée pour l'entreprise elle-même. La rentabilité
prévisionnelle de l'investissement est ici la somme actualisée
des flux de trésorerie.
? des revenus encaissés (dividendes...)
? et de la plus ou moins-value potentielle due à la
variation du prix de l'action. Elle dépend notamment d'un
élément exogène, le prix de marché de l'action,
mais d'autres facteurs que la rentabilité de l'entreprise interviennent.
En particulier le prix d'achat de l'action est déterminant, ainsi que
les tendances boursières si l'action est cotée sur un
marché organisé.
4. Notions à ne pas confondre avec
rentabilité
Le rendement est une notion utilisée
plutôt par les épargnants et investisseurs concernant les revenus
directs de leurs placements (dividendes, intérêts...), notamment
à taux fixe. S'y ajoutent les variations de valeur du capital pour
obtenir la rentabilité (parfois appelée "performance") totale du
placement.
La productivité (ou rendement physique)
est le rapport d'un élément quantitatif à un
élément financier ou le rapport de deux éléments
quantitatifs. Par exemple, on rapportera le chiffre d'affaires d'une entreprise
aux effectifs de cette entreprise pour exprimer la productivité
apparente d'un salarié. Ou alors, on rapportera le nombre de
véhicules produits par heure travaillée pour exprimer la
productivité du travail.
La rentabilité diffère aussi de la
profitabilité, ou le taux de marge. Ce dernier est le rapport entre le
résultat net et le chiffre d'affaires, et exprime la capacité du
chiffre d'affaires à créer un certain niveau de
bénéfice.
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Les capitaux propres nets d'exploitation n'incluent pas les
dettes d'exploitation et par conséquent ne représentent pas tout
l'actif de l'entreprise. Néanmoins, c'est eux qui supportent par le
financement de l'ensemble des outils économiques utilisés par
l'entreprise (c'est-à-dire hors créance court terme...).
5. Seuil de rentabilité et point mort, deux
notions complémentaires
Le seuil de rentabilité est le montant du chiffre
d'affaires à partir duquel une entreprise commence à devenir
rentable, c'est-à-dire à réaliser un
bénéfice sur la vente de ses produits ou services.
Ce seuil est également le niveau de revenus suffisant
dégagé par la marge commerciale nécessaire pour pouvoir
payer les charges fixes dont doit s'acquitter toute entreprise.
L'avantage de connaître en avance, ou plutôt de
calculer, un seuil de rentabilité est que cela permet d'attester
notamment de la cohérence et de la viabilité du lancement d'un
nouveau produits par exemple ou de la pérennité d'une branche
d'activité. Si le seuil de rentabilité apparaît comme trop
élevé, une entreprise peut alors décider de rectifier le
tir ou simplement d'abandonner un projet.
Le point mort quant à lui est la date ou le moment
à partir duquel l'entreprise dépasse le seuil de
rentabilité, et commence donc à réaliser des
bénéfices.
o Comment le calculer ?
Lorsqu'on parle de seuil de rentabilité, on parle de
chiffre d'affaires, de marge, mais également de charges fixes et de
charges variables. C'est à partir de ces deux types de charges que l'on
peut calculer le seuil de rentabilité.
Les charges fixes correspondent à tous les coûts
incompressibles que l'entreprise se doit d'honorer : les salaires, le loyer des
locaux, les factures d'électricité et autres sources
d'énergies, les charges sociales, les impôts, les primes
d'assurances, les honoraires d'expert-comptable... tous les frais usuels.
Les charges variables quant à elles représentent
l'ensemble des coûts inhérents à la fabrication et à
la commercialisation du produit ou du service : coût des matières
premières, achat de marchandise, commission versée aux vendeurs,
frais de transport, coût du stockage des marchandises...
Pour déterminer précisément le seuil de
rentabilité, la méthode de calcul la plus utilisée est la
suivante :
? Fixation du chiffre d'affaires prévisionnel (CA), ?
Calcul du montant des charges variables (CV), ? Calcul du montant des charges
fixes (CF),
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? Calcul de la marque sur coûts variables (MCV) soit CA
-CV,
? Calcul du taux de marge sur coûts variables (TMCV) soit
MCV/CA.
Ensuite, pour obtenir le seuil de rentabilité, il faut
diviser les coûts fixes par le taux de marge sur coûts variables,
soit : CF/TMCV = SR, seuil de rentabilité.
Le point mort quant à lui se calcule de la sorte : SR/CA
annuel/360.
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