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Faire sa bonne comptabilité et l'audit comptable

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par EPHREM ALAKINI MUHIGIRWA
Université de Douala - DEA spécialisé en Audit et Comptabilité 2014
  

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Sous-section 9 : La rentabilité, seuil de rentabilité, qu'est-ce que c'est ?

1. Introduction :

La rentabilité est le rapport entre un revenu obtenu ou prévu et les ressources employées pour l'obtenir. La notion s'applique notamment aux entreprises mais aussi à tout autre investissement.

La rentabilité rétrospective est le rapport entre un résultat comptable et les moyens en passifs mis en oeuvre pour l'obtenir. La rentabilité prévisionnelle est le rapport entre un gain de trésorerie et la valeur d'un investissement.

Le terme est parfois utilisé à tort à la place d'efficacité (ou d'efficience) afin de donner une connotation financière aux propos. Ce taux sert à tous les calculs d'actualisation et est donc un outil spécifique du service financier.

2. Enjeux de la rentabilité

La rentabilité représente l'évaluation de la performance de ressources investies par des apporteurs de capitaux. C'est donc l'outil d'évaluation privilégié par l'analyse financière.

La rentabilité rétrospective permet d'évaluer le MEDAF pouvant permettre de calculer un taux d'actualisation par le coût moyen pondéré du capital. La rentabilité rétrospective est un outil difficilement utilisable directement (à partir du résultat d'exploitation ou du résultat net) pour évaluer les entreprises car elle est biaisée par les décalages temporels de l'entreprise (dus aux délais de paiement par exemple).

7 AFIALION, F. et VIALLET C., Théorie du portefeuille, analyse du risque et de la rentabilité, Paris, PUF, 1977.

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3. La rentabilité rétrospective

On distingue deux types de rentabilité rétrospective : la rentabilité économique qui mesure le rapport entre le revenu courant et le "capital stable" (dettes financières sous normes internationales et capitaux propres) mis en oeuvre et la rentabilité financière qui mesure le rapport entre le revenu courant après paiement des intérêts et des impôts et les capitaux propres. Cette dernière rentabilité est essentielle pour les apporteurs de capitaux puisqu'elle mesure la performance des ressources qu'ils ont investies dans l'entreprise.

a) La rentabilité économique

La rentabilité économique est une mesure de la performance économique de l'entreprise dans l'utilisation de l'ensemble de son capital économique, c'est-à-dire des immobilisations, du besoin en fonds de roulement et de la trésorerie nette.

Le revenu généré est mesuré par l'indicateur financier que constitue le résultat d'exploitation

(RE), auquel on soustrait les impôts sur les bénéfices ( ). L'ensemble des capitaux

« employés » est égal à la somme des fonds propres ( ), apportés par les apporteurs de

capitaux, plus les capitaux acquis grâce à l'endettement ( , pour dette financière). La
somme des capitaux nets d'exploitation est donc égale à

.

La rentabilité économique est égale7 à :

Ce ratio correspond à ce que la comptabilité anglo-saxonne appelle « Return on capital employed » ou encore « ROCE ». La rentabilité économique est donc indépendante du type de financement des capitaux et exprime la capacité des capitaux investis à créer un certain niveau de bénéfice avant paiement des éventuels intérêts sur la dette. Elle est donc une mesure de la performance économique de l'entreprise dans l'utilisation de son actif : elle détermine quel revenu l'entreprise parvient à générer en fonction ce qu'elle a. C'est donc un ratio utile pour comparer les entreprises d'un même secteur économique.

Il n'y pas de consensus concernant son mode de calcul, ainsi certains calculent la rentabilité économique en prenant en compte le résultat d'exploitation (RE) divisé par la somme des emplois stables (ES) plus le BFR :

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où bien encore l'excédent brut d'exploitation (EBE) divisé par capitaux investis (CI) autrement dit immobilisations corporelles et incorporelles, plus le besoin en fonds de roulement d'exploitation ( BFRE)

Par opposition à la rentabilité financière, qui intéresse plus les associés, la rentabilité économique intéresse plus les investisseurs financiers tels que les banques.

b) La rentabilité financière

La rentabilité économique n'est toutefois pas significative pour les apporteurs de capitaux : ce qui est pertinent pour eux est la rentabilité non pas de l'ensemble des capitaux (

), mais des seuls capitaux propres ( ).

Le bénéfice analysé est le résultat net courant ( ), c'est-à-dire le résultat d'exploitation (

) auquel on a soustrait l'impôt sur les bénéfices ( ) et les intérêts versés aux dettes

financières ( , avec le taux d'intérêt moyen sur les dettes financières de l'entreprise). On
divise ce résultat net courant par le montant des capitaux propres de l'entreprise.

La rentabilité financière sera donc égale à :

Ce ratio correspond à ce que la comptabilité anglo-saxonne appelle le « Return on Equity » ou encore « ROE ». Il exprime la capacité des capitaux investis par les actionnaires et associés à dégager un certain niveau de profit.

Différence entre les deux rentabilités et levier d'endettement

La différence entre les deux rentabilités va dépendre de la différence entre le taux d'intérêt et la rentabilité économique, à proportion du poids de l'endettement. Pour un niveau de taux d'intérêt donné, la rentabilité financière sera d'autant plus éloignée (plus élevée ou plus faible) de la rentabilité économique que l'endettement sera fort : cet effet s'appelle le levier d'endettement.

Plus précisément, on a :

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Les apporteurs de capitaux sont constitués des actionnaires, associés et au sens large de tous individus ou organisations apportant des ressources à l'entreprise.

Quand la rentabilité économique est supérieure au taux d'intérêt ( ), la rentabilité

financière est donc une fonction croissante du ratio d'endettement ( ). Plus la dette

s'accroit, plus la rentabilité financière est forte. C'est l'effet de levier de l'endettement : pour un niveau donné de fonds propres, il est possible d'améliorer la rentabilité financière de ces fonds en s'endettant davantage.

Au contraire, lorsque la rentabilité économique est inférieure au taux d'intérêt ( ), la

rentabilité financière sera d'autant plus faible que le ratio d'endettement sera fort.

? La rentabilité prévisionnelle

La rentabilité prévisionnelle pour un investisseur dans une entreprise sous forme de souscription ou achat d'actions n'est pas directement la rentabilité rétrospective financière constatée pour l'entreprise elle-même. La rentabilité prévisionnelle de l'investissement est ici la somme actualisée des flux de trésorerie.

? des revenus encaissés (dividendes...)

? et de la plus ou moins-value potentielle due à la variation du prix de l'action. Elle dépend notamment d'un élément exogène, le prix de marché de l'action, mais d'autres facteurs que la rentabilité de l'entreprise interviennent. En particulier le prix d'achat de l'action est déterminant, ainsi que les tendances boursières si l'action est cotée sur un marché organisé.

4. Notions à ne pas confondre avec rentabilité

Le rendement est une notion utilisée plutôt par les épargnants et investisseurs concernant les revenus directs de leurs placements (dividendes, intérêts...), notamment à taux fixe. S'y ajoutent les variations de valeur du capital pour obtenir la rentabilité (parfois appelée "performance") totale du placement.

La productivité (ou rendement physique) est le rapport d'un élément quantitatif à un élément financier ou le rapport de deux éléments quantitatifs. Par exemple, on rapportera le chiffre d'affaires d'une entreprise aux effectifs de cette entreprise pour exprimer la productivité apparente d'un salarié. Ou alors, on rapportera le nombre de véhicules produits par heure travaillée pour exprimer la productivité du travail.

La rentabilité diffère aussi de la profitabilité, ou le taux de marge. Ce dernier est le rapport entre le résultat net et le chiffre d'affaires, et exprime la capacité du chiffre d'affaires à créer un certain niveau de bénéfice.

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Les capitaux propres nets d'exploitation n'incluent pas les dettes d'exploitation et par conséquent ne représentent pas tout l'actif de l'entreprise. Néanmoins, c'est eux qui supportent par le financement de l'ensemble des outils économiques utilisés par l'entreprise (c'est-à-dire hors créance court terme...).

5. Seuil de rentabilité et point mort, deux notions complémentaires

Le seuil de rentabilité est le montant du chiffre d'affaires à partir duquel une entreprise commence à devenir rentable, c'est-à-dire à réaliser un bénéfice sur la vente de ses produits ou services.

Ce seuil est également le niveau de revenus suffisant dégagé par la marge commerciale nécessaire pour pouvoir payer les charges fixes dont doit s'acquitter toute entreprise.

L'avantage de connaître en avance, ou plutôt de calculer, un seuil de rentabilité est que cela permet d'attester notamment de la cohérence et de la viabilité du lancement d'un nouveau produits par exemple ou de la pérennité d'une branche d'activité. Si le seuil de rentabilité apparaît comme trop élevé, une entreprise peut alors décider de rectifier le tir ou simplement d'abandonner un projet.

Le point mort quant à lui est la date ou le moment à partir duquel l'entreprise dépasse le seuil de rentabilité, et commence donc à réaliser des bénéfices.

o Comment le calculer ?

Lorsqu'on parle de seuil de rentabilité, on parle de chiffre d'affaires, de marge, mais également de charges fixes et de charges variables. C'est à partir de ces deux types de charges que l'on peut calculer le seuil de rentabilité.

Les charges fixes correspondent à tous les coûts incompressibles que l'entreprise se doit d'honorer : les salaires, le loyer des locaux, les factures d'électricité et autres sources d'énergies, les charges sociales, les impôts, les primes d'assurances, les honoraires d'expert-comptable... tous les frais usuels.

Les charges variables quant à elles représentent l'ensemble des coûts inhérents à la fabrication et à la commercialisation du produit ou du service : coût des matières premières, achat de marchandise, commission versée aux vendeurs, frais de transport, coût du stockage des marchandises...

Pour déterminer précisément le seuil de rentabilité, la méthode de calcul la plus utilisée est la suivante :

? Fixation du chiffre d'affaires prévisionnel (CA), ? Calcul du montant des charges variables (CV), ? Calcul du montant des charges fixes (CF),

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? Calcul de la marque sur coûts variables (MCV) soit CA -CV,

? Calcul du taux de marge sur coûts variables (TMCV) soit MCV/CA.

Ensuite, pour obtenir le seuil de rentabilité, il faut diviser les coûts fixes par le taux de marge sur coûts variables, soit : CF/TMCV = SR, seuil de rentabilité.

Le point mort quant à lui se calcule de la sorte : SR/CA annuel/360.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon