b. La procédure d'harmonisation des
coûts sur les deux premières phases du projet
Nous commençons la procédure d'harmonisation des
coûts du projet par le choix d'une année de
référence. Nous prendrons l'année du début du
projet c'est-à-dire 2006 comme l'année de base. Nous corrigerons
ainsi les déformations induites par le taux d'inflation et le taux de
change en prenant pour référence leur valeur au début du
projet. Lors de l'analyse des coûts du projet, nous avons
précisé que les biens et les services utilisés pour mettre
en oeuvre le projet peuvent être accessible localement ou à
l'international. Nous utiliserons à ce titre deux
déflateurs ; l'un pour les biens acquis sur le marché local
et l'autre pour les biens acquis à l'étranger.
Le déflateur des prix des biens locaux est obtenu
à l'aide du taux d'inflation. La procédure de construction de cet
indicateur est la suivante ; d'abord l'on détermine le taux
d'accroissement des prix qui est donné par la formule où t est le taux d'inflation exprimé en valeur nominale
(c'est-à-dire pas en pourcentage). Etant donné que 2006 est
l'année de base, on lui attribuera la valeur 1. Le taux d'accroissement
pour une année donnée est obtenu comme le produit des taux
d'accroissement des années précédentes en
commençant à l'année de base. Pour l'année 2008 on
aura par exemple . Le déflateur du prix des biens acquis localement n'est autre
que l'inverse du taux d'accroissement calculé
précédemment.
Tableau 3:
Coefficients d'harmonisation des coûts (en milliers de F CFA)
selon l'origine de la dépense
Année
|
Déflateur du prix des biens locaux
|
Déflateur du prix des biens étrangers
|
2006
|
1,000
|
1,000
|
2007
|
0,989
|
0,953
|
2008
|
0,939
|
1,008
|
2009
|
0,912
|
1,013
|
2010
|
0,895
|
0,955
|
2011
|
0,870
|
1,010
|
2012
|
0,845
|
1,007
|
Source : Auteur
La deuxième colonne du tableau ci-dessus donne les
valeurs du déflateur du prix des biens locaux pour les années.
Celle-ci est de 0,989 en 2007 et 0,939 en 2008. Cette valeur
s'interprète comme suit : 1000 F CFA en 2007 ont le pouvoir d'achat
de 989 F CFA en 2006. De la même manière ces mêmes 1000
FCFA en 2008 ont le pouvoir d'achat 939 F CFA en 2006. Si l'on était
amené à acheter tous biens sur le territoire national, avec un
million de F CFA en 2007, on pourrait acheter les mêmes biens qu'avec
939 000 FCFA en 2006.
Le déflateur des prix des biens achetés à
l'étranger s'obtient lui en utilisant le taux de change et le taux de
d'inflation. Nous utilisons le taux de change de l'inde et de la Suisse qui
sont les deux principaux pays vers lesquels les achats internationaux du projet
sont menés. Le paiement du consultant international de longue
durée qu'est l'Institut Tropical Suisse se fait en francs suisse. Les
autres achats tels que les véhicules et d'autres biens
d'équipement s'y font aussi. Les achats de préservatifs
(masculins ou féminins) pour leur part se font
généralement en Inde.
Tableau 4:
Coûts déflatés du projet pour les phases I et II (en
milliers de F CFA)
Année
|
Coûts internationaux corrigés
|
Coûts nationaux corrigés
|
Total coûts corrigés
(coûts réels)
|
Total coûts bruts
|
2006
|
1 213 847
|
539 636
|
1 710 476
|
1 753 483
|
2007
|
969 122
|
781 584
|
1 750 706
|
1 807 515
|
2008
|
54 254
|
489 538
|
543 792
|
574 999
|
Total Phase I
|
2 254 023
|
1 806 160
|
4 060 183
|
4 135 997
|
2009
|
200 592
|
468 111
|
668 703
|
711 382
|
2010
|
2 402 367
|
910 229
|
3 312 596
|
3 531 719
|
2011
|
3 134 244
|
854 190
|
3 988 434
|
4 086 817
|
2012
|
193 450
|
726 247
|
919 697
|
1 051 377
|
Total Phase II
|
5 950 830
|
2 932 510
|
8 883 340
|
9 381 294
|
Source : Auteur
Pour chacun des deux pays précédents, nous
utiliserons une cotation du taux de change à l'incertain. La devise
étrangère sera ici l'euro. En effet la structure qui finance le
projet la KfW est dans la zone euro. Avec une cotation à l'incertain,
lorsque la monnaie nationale s'apprécie, le taux de change diminue et
inversement lorsqu'elle se déprécie, le taux de change augmente.
Une dépréciation de la monnaie nationale est équivalente
à une augmentation du pouvoir d'achat de la devise
étrangère à proportion égale. Donc si la roupie
indienne se déprécie par exemple 10 % d'une année à
l'autre, cela équivaut à une hausse du pouvoir d'achat de l'euro
de 10 % sur la période considérée. En prenant toujours ici
comme année de base l'année 2006, l'accroissement du taux de
change d'une année donnée par rapport à sa valeur en 2006
est donné comme le rapport entre le taux de change de l'année
considérée et sa même valeur en 2006. Explicitement cela se
traduit par la formule suivante
A l'effet du taux de change, il faut corriger l'effet de
l'inflation dans le pays considéré. En effet Si la monnaie se
déprécie de 10 % mais qu'à l'opposé les prix eux
augmentent de 5 %, le gain définitif du pouvoir d'achat de la devise
étrangère sera uniquement de 5 % (soit 10 % moins 5 %). En
calculant un déflateur local et en le multipliant par la grandeur calculée précédemment, on obtient le
déflateur du prix des biens acquis à l'étranger.
Les coûts (nationaux et internationaux) corrigés
sont eux obtenus en multipliant le déflateur correspondant par le
coût équivalent. La somme des « coûts
nationaux » corrigés et des « coûts
internationaux » corrigés donne les coûts annuels totaux
corrigés des effets de l'inflation et du taux de change. Le tableau
précédent nous fournit les valeurs obtenues après calcul.
Une fois de plus l'équivalence pour l'année 2006 émane du
fait que nous l'avons pris comme année de référence. Dans
l'ensemble il apparait que la correction a induit une baisse.
L'équivalent réel des coûts mis en oeuvre est en
général plus faible que leur valeur nominale pour les sept
années considérées. La plus grande variation apparait en
2012 avec une baisse de 13 %. Les coûts réels des phases I et II
ont baissé de 2 % et 5 % respectivement par rapport ces coûts
nominaux respectifs.
Une interprétation simple de ces valeurs est la
suivante ; en considérant l'année 2007, le coût
nominal du projet était de 1,8 milliards et son coût réel
était de 1,75 milliards. Cela veut dire que bien que l'on disposait de
1,8 milliards en 2007 l'on ne pouvait acquérir des biens qu'à
hauteur de 1,75 milliards sur la base des prix de 2006. Autrement les 1,8
milliard de l'année 2007 équivalent à 1,75 milliards en
2006. Ainsi bien que en termes nominaux le coût du projet en 2006 (
1 753 483 000 F CFA) soit inferieur à celui de 2007 (
1 807 515 000 F CFA) en termes réels c'est-à-dire
par la capacité du pouvoir d'achat les dépenses consenties en
2006 apparaissent plus élevées que celles consenties en 2007.
Le traitement effectué ici sur les coûts en vue
de les uniformiser se justifie donc en ce sens qu'il permet de passer des
valeurs nominale aux réelles ; et ainsi nettoyer les distorsions
induites par la variation des prix et du taux de change d'une année
à l'autre. En l'absence d'une telle analyse on serait par exemple
tenté d'affirmer que les coûts du projet étaient plus
élevés en 2007 qu'en 2006. Une fois ce lissage des coûts du
projet opéré, nous procédons à l'évaluation
des résultats du projet c'est-à-dire à la mesure de
l'efficacité de celui-ci. C'est l'objet des développements
ci-dessous.
L'évaluation coût efficacité a
été présentée comme un type particulier
d'évaluation économique (largement utilisé dans le domaine
de la santé) qui analyse aussi bien les coûts et les effets d'une
ou plusieurs interventions afin de se prononcer sur leur faisabilité
(dans le cadre des analyses prospectives) ou sur leurs performances relatives
(analyses rétrospectives). En sus de la présentation des concepts
clé, les traitements des coûts du projet on été
effectués. Conformément à la définition
donnée sur l'évaluation coût efficacité, on s'attend
logiquement à présent l'évaluation des effets du
projet ; c'est l'objet du chapitre suivant.
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