II.2 L'enjeu de
l'efficacité des programmes de lutte contre le VIH/SIDA
Une faible couverture en antirétroviraux pose avec
acuité le problème de la prévention de la maladie à
travers des programmes visant le changement de comportement en
général et en particulier ceux qui promeuvent l'utilisation
systématique des préservatifs lors des rapports sexuels à
haut risque comme c'est le cas du PPSAC qui fera l'objet de plus amples
développements les prochains chapitres. Dans un contexte où la
quasi-totalité des nouvelles infections se contractent par voie
sexuelle, freiner l'avancée de l'épidémie avec une
couverture en antirétroviraux en moyenne inférieure à 50%
nécessite que les programmes de prévention visant le changement
de comportement soient conduits de manière efficace.
La problématique de l'efficacité n'est pas
propre aux programmes de lutte contre le SIDA. En effet, dans un environnement
caractérisé par des tensions croissantes sur les
équilibres budgétaires des pays donateurs d'une part, et par la
menace permanente de crises économiques et financières, la
question de l'efficacité de l'aide au développement se pose avec
insistance. Les contribuables des pays donateurs sont soucieux de savoir
à quoi leurs impôts ont réellement servi. Cette
préoccupation concernant d'efficacité de l'aide a connu un
tournant décisif avec la déclaration de paris de 2003, dont l'un
des cinq principes fondateurs est la gestion axée sur les
résultats. En effet, les programmes et projets sont conçus pour
améliorer les indicateurs de résultats et, savoir si les
changements espérés se sont produits est une question de
politique publique importante.
Mais, lorsqu'on interroge l'efficacité de l'aide au
développement de manière globale, la question concernant
l'utilisation judicieuse des financements alloués à la lutte
contre le VIH/SIDA ne peut pas être exclue. En effet, les publications du
Comité d'Aide au Développement mettent en évidence
l'augmentation soutenue du volume global de l'aide au développement
pendant la décennie 2000. Cependant une part conséquente de cette
aide est consacrée à la santé elle-même
constituée en majorité des financements en faveur de la lutte
contre le VIH/SIDA.
Le Cameroun est, à l'instar des autres pays d'Afrique
Subsaharienne (où la maladie sévit le plus),
préoccupé par le souci d'efficacité des moyens mis en
place pour la lutte contre le VIH/SIDA. Son Plan Stratégique National
2014-2017 a été élaboré dans un contexte
international marqué, d'une part par des injonctions strictes de
l'ONUSIDA relativement à la Gestion Axée sur les Résultats
des programmes de lutte contre l'épidémie et d'autre part par la
poursuite du principe du « financement basé sur la
performance » du fonds mondial par ailleurs le principal pourvoyeur
d'aide pour la lutte contre l'épidémie de VIH/SIDA. Par voie de
conséquence, l'une des cinq cibles du plan stratégique national
a été dédiée à l'amélioration de la
coordination et de la gestion des ressources allouées à la lutte
contre la maladie.
Si l'on attend de manière générale que
les programmes de lutte contre l'épidémie de VIH soient conduits
de manière efficace sur le territoire national, la faible couverture en
antirétroviraux qu'on y enregistre fait croitre cette exigence sur les
programmes de prévention visant le changement de comportement à
l'instar du Projet de Prévention du VIH/SIDA en Afrique Centrale. Comme
nous l'avons signalé plus tôt, faire baisser l'incidence de la
maladie dans un contexte de forte charge virale exige de mettre l'accent sur le
changement des comportements sexuels à risque.
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