DÉDICACES
À :
Tous ceux qui me sont chers de près ou de loin
REMERCIEMENTS
De nombreuses personnes ont contribué à la
réalisation de ce document. Je tiens ici à exprimer ma
reconnaissance :
v Au Pr François Colin NKOA, mon
professeur correspondant pour les critiques et suggestions formulées
à l'endroit de ce document et qui ont participé à
l'améliorer ; recevez ici l'expression de ma profonde
gratitude ;
v Au Dr Constant Roger AYENEGONE, le
Secrétaire Général de l'OCEAC qui a daigné
m'accueillir dans la structure dont il assure la direction ;
v Au Dr Brahim Issa SIDI, le Chef du
Département des Études et de Planification en charge du Projet de
Prévention du VIH/SIDA en Afrique Centrale, en outre mon encadreur
technique pour la réalisation de cette étude. Je tiens
particulièrement à le remercier pour son soutien
indéfectible et l'intérêt particulier qu'il a
manifesté pour mes travaux. Il a su peser de son poids pour m'aider
à obtenir les entretiens de choix avec des acteurs clés du
PPSAC ;
v Au Dr MOTTO pour ses conseils, et surtout
les nombreux documents qu'il a mis à ma disposition sans lesquels
le présent document n'aurait pas vu le jour ;
v A tout le personnel de l'OCEAC pour avoir su créer
une ambiance propice à la rédaction de ce document;
v A tout le corps administratif et professoral de
l'ISTA ; plus particulièrement au Dr Jean Guy Bruno
BOTATA, le Directeur des Etudes pour les efforts qu'il consent
à parfaire la formation des stagiaires de l'ISTA ;
v Au Dr ONONGUENE, et au Dr
SOPPO, du LANACOME pour l'accueil dans cette
structure et pour avoir participé à m'édifier amplement
sur le contrôle de qualité des préservatifs ;
v A Mr SALI de l'Association Camerounaise
pour le Marketing Social pour m'avoir richement édifié sur le
processus de mise en oeuvre du projet sur le terrain et les
méthodologies d'imputation des effets utilisées par
« Population Services International » ;
v Aux responsables du CNLS je nomme particulièrement Dr
BONONO léonard et Mr Raoul TOUKAM,
pour les données qu'ils ont mis à ma disposition.
TABLE DES MATIERES
DÉDICACES
i
REMERCIEMENTS
ii
LISTE DES ABRÉVIATIONS
v
LISTE DES GRAPHIQUES
viii
LISTE DES TABLEAUX
ix
AVANT-PROPOS
x
RÉSUMÉ
xi
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
1
2. PROBLÉMATIQUE DE
L'ÉTUDE
4
3. OBJECTIFS DE L'ÉTUDE
5
4. HYPOTHESES DE L'ÉTUDE
5
CHAPITRE I :
7
BESOINS DE FINANCEMENT ET ENJEUX DE LA LUTTE
CONTRE LE VIH/SIDA AU CAMEROUN
7
I. LE FINANCEMENT INTERNATIONAL DE LA LUTTE
CONTRE LE VIH/SIDA
8
I.1. Evolution de la coopération
internationale dans la lutte contre le SIDA
9
I.2 Un acteur majeur du financement de la
lutte : le fonds mondial de lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le
Paludisme
12
I.3 Financement international de la lutte
contre le VIH/SIDA au Cameroun
13
II. LES PRINCIPAUX ENJEUX DE LA LUTTE CONTRE LE
VIH/SIDA AU CAMEROUN
14
II.1 L'enjeu relatif à la faible
couverture en traitements antirétroviraux
15
II.2 L'enjeu de l'efficacité des
programmes de lutte contre le VIH/SIDA
19
II.3 L'enjeu relatif au déficit de
financement dans la lutte contre le VIH
21
CHAPITRE II :
23
CADRE INSTITUTIONNEL, OBJECTIFS ET ACTEURS DU
PPSAC
23
I.1 CADRE INSTITUTIONNEL ET
PRÉSENTATION GENERALE DU PPSAC
24
I.1 Brève présentation de la
CEMAC
24
I.2 Présentation de l'OCEAC
26
I.3 Présentation générale
du projet de prévention du vih/sida en Afrique centrale
29
II OBJECTIFS, STRATÉGIE,
ACTIVITTÉS MAITRESSES ET ACTEURS DU PPSAC
31
II.1 Objectifs du PPSAC
31
II.2 Activités maîtresses du
PPSAC
34
II.3 Stratégie de mise en oeuvre du
PPSAC
36
II.4 Les acteurs du projet de prévention
du vih/sida en Afrique centrale
37
CHAPITRE III :
43
PRÉSENTATION DES CONCEPTS, JUSTIFICATION
DE LA MÉTHODE D'EVALUATION ET ÉLÉMENTS DE
MÉTHODOLOGIE
43
I. PRÉSENTATION DES CONCEPTS CLÉS
DE L'ÉTUDE
44
I.1 La notion d'efficacité en
économie
44
I.2. Présentation de la notion
d'évaluation
45
I.3 Présentation de la notion
d'évaluation économique
49
II. JUSTIFICATION DE LA MÉTHODE
D'EVALUATION ET ELEMENTS DE MÉTHODOLOGIE
59
II.1 Justification de la méthode
d'évaluation
59
II.2. Présentation des sources de
données
64
II.3. Analyse et traitement des coûts du
projet
66
CHAPITRE IV :
75
MESURE ET APPRÉCIATION DES EFFETS DU
PPSAC AU CAMEROUN
75
I. ANALYSE DE L'EFFICACITE DANS LA MISE EN
OEUVRE DU PPSAC AU CAMEROUN
75
I.1 Efficacité relativement à
l'objectif spécifique du PPSAC
75
I.2 Efficacité relativement à
l'objectif global du projet
80
I.3 Analyse comparative de l'efficacité
entre les deux premières phases du PPSAC au Cameroun
82
I.4. Analyse conjointe des couts et des
résultats du PPSAC au Cameroun
83
I.5. Des éléments d'explication
des résultats observés dans l'analyse
précédente
92
II. MONÉTISATION DES
BÉNÉFICES ET INTERPRÉTATIONS
96
II.1. Paramètres utilisés pour
l'estimation et hypothèses sous-jacentes
97
II.2. Estimation du coût (sur la
durée de vie) d'une infection à VIH
101
II.3. Valeur monétaire du
bénéfice procuré par le PPSAC au Cameroun et
interprétation
103
LIMITES ET RECOMMANDATIONS
108
1. LIMITES DE L'ÉTUDE
108
1.1. Absence de référence
externe pour comparer l'efficacité du PPSAC
108
1.2. Le choix des coûts dans le
calcul de certains rapports coût-efficacité
109
1.3. Le calcul de l'âge moyen de
survenu d'une infection dans l'estimation du « coût à
vie » d'une infection à VIH
109
2. RECOMMANDATIONS DE L'ÉTUDE
110
2.1 Concernant la mise en oeuvre
d'études similaires dans les autres pays de la CEMAC
110
2.2 Sur la consommation des ressources du
projet
110
2.3 Sur la stagnation des ventes des
préservatifs masculins
111
2.4 Sur l'utilisation des rapports
coût-efficacité
112
2.5 Sur la relation entre les coûts du
personnel et les résultats du PPSAC au Cameroun
112
2.6 Sur l'utilisation du
bénéfice monétaire du PPSAC
112
CONCLUSION GÉNÉRALE
114
ANNEXES
I
A. PRÉSENTATION DE LA
MÉTHODOLOGIE D'ESTIMATION DU « NOMBRE D'INFECTIONS
EVITÉES » DU MODELE DU PRÉSERVATIF DE PSI
I
B. TABLEAUX
III
RÉFÉRENCES
VIII
A. BIBLIOGRAPHIE
VIII
B. WEBOGRAPHIE
X
LISTE DES
ABRÉVIATIONS
|
|
ACAMS
|
Association Centrafricaine pour le Marketing Social
|
ACB
|
Analyse Coût Bénéfice
|
ACE
|
Analyse Coût Efficacité
|
ACMS
|
Association Camerounaise pour le Marketing Social
|
ACU
|
Analyse Coût Utilité
|
ADS
|
Agence de Développement Sanitaire
|
AMS
|
Associations de Marketing Social
|
ARV
|
Anti rétro viraux
|
BIRD
|
Banque Internationale pour la Reconstruction et le
Développement
|
CAD
|
Comité d'Aide au Développement
|
CAP
|
Connaissances Attitudes et Prévention
|
CCC
|
Communication pour le Changement de Comportement
|
CEEAC
|
Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale
|
CEMAC
|
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique
Centrale
|
CIESPAC
|
Centre Inter-états d'Enseignement Supérieur en
Santé Publique d'Afrique Centrale
|
CMCTH
|
Consommation Moyenne de Condom par Tête d'Habitant
|
CNLS
|
Comité National de Lutte le Sida
|
DALY
|
Disability Adjusted Life Year
|
EDS
|
Enquête de Démographie et de Santé
|
FNUAP
|
Fonds des Nations Unies pour la Population
|
GAR
|
Gestion Axée sur les Résultats
|
GCRS
|
Groupe Consultatif Régional de Suivi
|
HPPN
|
Harmonisation des Politiques Pharmaceutiques Nationales
|
IOV
|
Indicateurs Objectivement Vérifiables
|
IRY
|
Institut de Recherche de Yaoundé
|
ITS
|
Institut Tropical Suisse
|
KfW
|
Kreditanstalt für Wiederaufbau
|
MASACOT
|
Marketing Social des Préservatifs au Tchad
|
OCCGEAC
|
Organisation de Coordination et de Coopération pour la
lutte contre les Grandes Endémies en Afrique Centrale
|
OCDE
|
Organisation de Coopération et de Développement
Economique
|
OCEAC
|
Organisation de Coordination pour la lutte contre les
Endémies en Afrique Centrale
|
OEV
|
Orphelins et Enfants vivant avec le VIH/SIDA
|
OMD
|
Objectifs du Millénaire pour le Développement
|
OMS
|
Organisation Mondiale de la Santé
|
ONUSIDA
|
Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA
|
PDV
|
Point de Vente
|
PER
|
Programme Economique Régional
|
PEPFAR
|
President Emergency Program for Aids Relief
|
PMLS
|
Programme Multisectoriel de Lutte contre le SIDA
|
PNLP
|
Programme National de Lutte contre le Paludisme
|
PPLS
|
Projet Population et Lutte contre le SIDA
|
PPSAC
|
Projet de Prévention du VIH/SIDA en Afrique Centrale
|
PSI
|
Population Services International
|
PTF
|
Partenaire Technique et Financier
|
PVVIH
|
Personnes Vivant avec le VIH/SIDA
|
QALY
|
Quality Adjusted Life Year
|
RCIP
|
Réunion de Concertation Inter-Pays
|
RGPH
|
Recensement Général de la Population et de
l'Habitat
|
SSS
|
Stratégie Sectorielle de la Santé
|
UAFC
|
Universal Access to Female Condom
|
UDE
|
Union Douanière Equatoriale
|
UDEAC
|
Union Douanière et Economique d'Afrique Centrale
|
UEAC
|
Union Economique de l'Afrique Centrale
|
USAID
|
US Agency for International Development
|
LISTE DES GRAPHIQUES
Figure 1:
Evolution de la couverture en ARV au Cameroun
3
Figure 2:
Evolution des indicateurs de projet (OP) qualitatifs entre 2006 et 2012
76
Figure 3:
Evolution des indicateurs de projet (IOP 3 & IOP 4) quantitatifs entre 2006
et 2012
77
Figure 4:
Niveau d'atteinte des objectifs du projet
80
Figure 5:
Evolution des infections évitées grâce à l'action du
PPSAC
81
Figure 6:
Carte de performance des Phases I et II du projet relativement à
certains indicateurs de projet
82
Figure 7:
Rapport coût-efficacité relativement à certains
indicateurs de projet
84
Figure 8:
Carte coût (nominal) résultat du PPSAC pour les Phases I &
II
86
Figure 9:
Carte coût (réel), résultat du PPSAC au Cameroun pour les
Phases I & II
87
Figure 10:
Evolution du coût (en F CFA) par infection
évitée du PPSAC de 2006 à 2012
88
Figure 11:
Histogramme simple et cumulé de la distribution du coût à
vie d'une infection
103
Figure 12:
Rapport coût bénéfice du PPSAC au Cameroun pour les phases
I et II
105
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Les
cinq principaux donateurs de l'aide à la lutte contre le VIH/SIDA
3
Tableau 2:
Ajustement des coûts (en milliers de FCFA) d'investissement du PPSAC au
Cameroun
69
Tableau 3:
Coefficients d'harmonisation des coûts (en milliers de F CFA)
71
Tableau 4:
Coûts déflatés du projet pour les phases I et II (en
milliers de F CFA)
72
Tableau 5:
résultats du test de corrélation entre le résultat (nombre
d'infections évitées) et différentes catégories de
coût
90
Tableau 6:
résultats du test de Mann Whitney sur la différence du ratio
coût par infection évitée
91
Tableau 7:
Estimation de l'âge moyen de contraction d'une infection à VIH
99
Tableau 8:
Distribution de probabilité des
différents paramètres utilisés
101
Tableau 9:
Troncature du tableau de simulation des données
102
Tableau 10:
Estimation du bénéfice (en termes monétaire) du PPSAC au
Cameroun
104
Tableau 11:
implication monétaire de la contre performance de la phase II
106
Tableau 12:
contribution du PPSAC à l'allègement des dépenses
107
Tableau 13:
Prévalence (%) du VIH/SIDA au Cameroun par région et selon le
genre
III
Tableau 14:
Taux d'inflation au Cameroun entre 2006 et 2013
III
Tableau 15:
Liste des indicateurs du projet
IV
Tableau 16:
Espérance de vie à la naissance au Cameroun entre 2006 et
2012
V
Tableau 17:
Cadre logique du PPSAC
V
Tableau 18:
Présentation détaillée des coûts annuels bruts (en
milliers de F CFA) du PPSAC au Cameroun Phases I & II
VI
Tableau 19:
Résultats du test de Wilcoxon sur la comparaison de performance entre
les deux phases
VII
AVANT-PROPOS
L'Institut Sous-régional multisectoriel de Technologie
appliquée, de planification, et d'évaluation des projets (ISTA)
intègre des stages dans la formation des Analystes Evaluateurs de
Projets parvenus en dernière année de leur cycle de formation. Ce
travail d'initiation à la recherche est développé autour
d'une préoccupation professionnelle faisant l'objet d'un stage d'une
durée variant entre quatre et six mois au sein de l'institution à
l'origine de la préoccupation. L'objectif visé par cet exercice
est la mise en pratique des techniques d'analyse et d'évaluation des
projets. Ceci se fait selon une démarche scientifique de recherche face
à une préoccupation professionnelle dont la problématique
suscite un intérêt certain et exige une mise en oeuvre des
techniques de planification, d'analyse et d'évaluation des projets
développées pendant la formation.
C'est dans cette logique que nous avons effectué un
stage d'une durée de six mois à l'Organisation de Coordination
pour la lutte contre les Endémies en Afrique Centrale (OCEAC), sur le
thème : « Evaluation
coût-efficacité du Projet de Prévention du VIH/SIDA en
Afrique Centrale : Cas du Cameroun ». Les
critiques et remarques portées à l'approche méthodologique
et divers autres aspects du travail seront les bienvenus dans la mesure
où elles permettront d'en améliorer la qualité.
RÉSUMÉ
L'Afrique Subsaharienne de manière
générale et la sous-région de l'Afrique Centrale et
Occidentale en particulier continuent tristement de se caractériser
aujourd'hui par des taux de prise en charge des personnes vivant avec le VIH
anormalement bas, malgré les multiples engagements pris par la
communauté internationale pour venir à bout de cette
pandémie. Avec le second taux de prévalence le plus
élevé de la sous-région, le Cameroun n'échappe pas
à cette réalité qui en outre, fait croître
l'exigence de résultat vis-à-vis des projets visant la
prévention des nouvelles infections à travers le changement de
comportement à l'instar du PPSAC.
Se basant sur les données des enquêtes CAP 2006
et 2012, des rapports de suivi trimestriel et de divers autres documents, la
présente étude s'est attelée à mener une
évaluation de type coût-efficacité du PPSAC au Cameroun
pendant ses deux premières phases. Plus spécifiquement, nous
cherchions à calculer des ratios coût-efficacité pertinents
du projet, analyser leur évolution et détecter
d'éventuels écarts significatifs entre les deux phases. Par
ailleurs, l'étude a aussi essayé de proposer une valeur
monétaire du bénéfice procuré par le projet en
termes de dépenses de prise en charge (d'infections)
économisées.
Nos analyses et calculs nous permettent d'estimer à
près de 12 000 F CFA, le coût pour amener un individu
à adopter un comportement à moindre risque, et à
près de 24 000 F CFA le coût par connaissance correcte sur la
prévention du VIH acquise. Par ailleurs, on estime à près
de 372 000 F CFA, le coût par infection à VIH
évitée pendant la phase I et à 767 000 F CFA, ce
même coût pendant la phase II du projet ; notons que cette
différence est significative. En outre, pour 1 F CFA investi dans le
PPSAC pendant les deux premières phases, on économise 6,75 F CFA
en termes de dépenses de prise en charge d'infections qui seraient
contractées si le projet n'avait pas été mis en oeuvre. On
observe en outre que la phase II du projet a été
significativement moins performante que la première et ce malgré
le doublement des ressources pendant cette seconde phase.
Les ratios coût-efficacité
précédents pourraient s'avérer utile dans les phases de
planification de projets similaires. Ils permettraient plus concrètement
de simuler le résultat attendu du projet et fourniraient une base
à la prise de décision. Les résultats de la
présente étude constituent une raison pertinente pour instruire
des études similaires dans les autres pays couverts par le projet.
INTRODUCTION
GÉNÉRALE
1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Au début du millénaire, la communauté
mondiale a franchi un pas historique en reconnaissant, dans la
déclaration du millénaire des Nations Unies, l'importance de
mener une riposte efficace au VIH/SIDA en l'intégrant au programme de
développement. Les objectifs du millénaire pour le
développement (OMD) définis à cette occasion couvraient de
nombreuses cibles relatives à la santé. L'objectif six en
particulier visait une mobilisation en vue d'enrayer et d'inverser
l'épidémie de sida. Comme l'ont implicitement reconnu les Etats
membres ayant adhéré à la déclaration du
millénaire, la persistance des maladies transmissibles entrave les
efforts de réduction de la pauvreté, de prévention de la
faim et de préservation du potentiel humain dans les régions du
monde les plus limitées en ressources.
A la suite de la déclaration du millénaire,
d'autres engagements de la communauté internationale en faveur de la
lutte contre le SIDA seront enregistrés. C'est le cas de la
déclaration de politique sur le VIH/sida adoptée en 2006
où les Etats membres ont élargi ces engagements et pris notamment
celui d'assurer l'accès de tous ceux qui ont besoin, aux services de
prévention et de traitement.
Ces initiatives se sont accompagnées d'une extension
rapide des services de lutte contre l'infection et des ressources
consacrées à la lutte du SIDA qui sont passées de 1,6
milliards de dollars US en 2001 à près de 16 milliards de dollars
US en 2010 (Rapport mondial ONUSIDA 2012) notamment grâce au fonds
mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme et d'autres
sources bilatérales. Les résultats ont été
remarquables. Le nombre de nouveaux cas d'infections a reculé de
façon globale au cours de la décennie. Le nombre de
décès liés au VIH/sida a lui aussi baissé de 19
%1(*) entre 2004 et 2010.
Les progrès réalisés au cours de la
décennie ont été néanmoins fragiles et
inégalement repartis. L'incidence du VIH/SIDA a cru dans certaines
régions du globe et les nouveaux cas sont restés assez
nombreux ; près de 2,6 millions pour la seule année
20092(*).
L'Afrique Subsaharienne continue à supporter une part
disproportionnée du fardeau que représente le VIH à
l'échelle mondiale. A la mi-2010, 68 % de toutes les 34 millions de
personnes vivant avec le VIH résidaient en Afrique Subsaharienne ; une
région qui ne comptait à l'époque que 12 % de la
population mondiale (selon le rapport ONUSIDA 2013). En outre, près de
90 % des enfants de moins de 15 ans contractant l'infection cette année
y vivaient.
Si les ressources financières consacrées
à la riposte de l'infection ont considérablement
évolué, elles sont toutefois restées insuffisantes et
nettement en dessous des cibles de la déclaration de politique de 2001
des nations unies sur le VIH et le SIDA. A côté de cette
insuffisance en ressources, s'ajoute une spécialisation accrue des
financements. En effet, les ressources nationales couvrent la majorité
des dépenses liées au traitement et à la prise en charge,
tandis que les fonds internationaux (qui représentent la majeure partie
des financements) subventionnent la plupart des efforts visant la
prévention. L'Afrique Subsaharienne qui supporte le plus grand fardeau
de l'épidémie présente aussi des besoins plus
élevés en ressources et, la structuration des financements
constatée la rend fortement dépendante de l'aide internationale
pour organiser sa riposte contre le VIH/SIDA. La dépendance à
l'égard des donateurs mine également la pérennité
de la riposte des pays africains.
Les préoccupations relatives à une
dépendance accrue à l'aide au développement ne sont pas
récentes. La dynamique entourant la question de l'efficacité de
cette aide trouve son origine dans les travaux du Comité d'Aide au
Développement (CAD) de 1996. Mais l'étape majeure de ce processus
est sans doute la déclaration de paris sur l'efficacité de
l'aide. L'un des cinq principes fondateurs de cette déclaration
était la gestion axée sur les résultats. En effet, les
programmes et projets sont conçus pour améliorer les indicateurs
de résultats et, savoir si les changements espérés se sont
produits est une question de politique publique importante.
Dans un contexte caractérisé par une
spécialisation accrue des financements où les ressources
nationales financent le traitement et la prise en charge des personnes vivant
avec le VIH et où, l'aide internationale qui constitue la plus grande
part de ces ressources, subventionne la plupart des efforts de
prévention, la nécessité d'une gestion efficace de cette
aide se pose avec acuité. Dans une telle configuration, une gestion
inefficace de l'aide en matière de prévention accroit le fardeau
que devront supporter les ressources nationales en termes de prise en charge de
nouveaux cas d'infections.
La situation de l'Afrique Subsaharienne semble coller à
cette réalité. Selon les données du rapport ONUSIDA 2010,
la région totalisait 90 % des besoins mondiaux en antirétroviraux
avec une couverture ne dépassant pas les 20 %. Cette insuffisance de
ressources justifiant que les fonds nationaux sont très limités
pour couvrir la prise en charge totale.
Si, de manière générale la prise en
charge est nettement insuffisante en Afrique Subsaharienne, l'Afrique Centrale
et de l'Ouest est la sous région du contient la moins couverte avec une
couverture s'établissant à seulement 9 % en 2010. La situation
n'est guère reluisante aujourd'hui. A l'occasion de la conférence
francophone sur le VIH à Montpelier le 28 avril 2014, Médecins
Sans Frontières (MSF) présentait l'Afrique Centrale comme le
« laissé pour compte »3(*) dans la lutte contre l'épidémie en
comparaison à l'Afrique australe qui présente pourtant des taux
de prévalence plus élevés. Selon ce rapport, près
de trois personnes contaminées sur quatre n'ont pas accès au
traitement. Avec seulement 6 % de la population mondiale, la sous région
recensait près de 18 % des personnes vivant avec le VIH/SIDA selon les
données dudit rapport.
Avec le second taux de prévalence le plus
élevé dans la sous-région, (4,3 % en 2011 selon les
estimations de l'Enquête de Démographie et de Santé) le
Cameroun est l'un des pays les plus touchés par la maladie. On y estime
à 1414(*), le nombre
de nouvelles infections par jour qui se contractent à 90 % par voie
sexuelle. Un peu plus du tiers seulement (soit 36 %5(*)) des personnes vivant avec le
VIH avaient accès au traitement en 2010. Cette même année,
les fonds requis pour lutter contre la maladie étaient estimés
à 21 milliards de francs CFA dont seulement 16 % devraient être
des fonds publics. Plus de la moitié de ces besoins devaient couvrir le
traitement antirétroviral.
En ce qui concerne la réponse au VIH/SIDA, la
prévention des nouvelles infections apparait généralement
comme le moyen le plus efficace d'endiguer la maladie. Cette prévention
réduirait le nombre de personnes ayant besoin de traitement et par voie
de conséquence les ressources requises pour offrir ledit traitement.
Dans un contexte où la transmission se fait majoritairement par voie
sexuelle, des actions de prévention clés devraient inclure la
communication pour le changement de comportement en vue de la promotion des
comportements sexuels responsables.
La coopération entre le gouvernement allemand et la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC)
a permis la mise en place du Projet de Prévention du VIH/SIDA en Afrique
Centrale (PPSAC) qui est une approche régionale de réponse face
aux IST, VIH et SIDA. Depuis 2006, le PPSAC est exécuté dans le
cadre de la coopération entre la KfW (Banque Allemande de
Développement) et l'Organisation de Coordination pour la lutte contre
les Endémies en Afrique Centrale (OCEAC). Ce projet vise trois
principaux résultats que sont : (1) l'accroissement de la
disponibilité continue des préservatifs à un prix
abordable, (2) l'amélioration des connaissances, attitudes et pratiques
en prévention des IST, VIH et SIDA, (3) la réduction des
comportements tendant à la stigmatisation envers les personnes vivant
avec le VIH/SIDA.
Le PPSAC est actuellement à sa troisième phase.
La phase I, d'une durée de trois ans (2006 à 2008) a couvert
trois pays de la CEMAC que sont le Cameroun, la République
Centrafricaine (RCA), et le Tchad. La seconde phase, d'une d'urée de 4
ans (2009 à 2012) à connu l'entrée de la république
du Congo. Ces deux premières phases présentaient des budgets
respectifs de 10 millions d'euros et 23 millions d'euros. Au niveau
opérationnel, le PPSAC est mis en oeuvre par les associations de
marketing social.
Selon le rapport d'activités 2013 de l'Association
Camerounaise de Marketing Social, les activités du PPSAC ont
représenté plus de 85 % de l'ensemble des dépenses
consacrées à la prévention des IST et du VIH/SIDA sur la
période 2007 à 2012.
2. PROBLÉMATIQUE DE
L'ÉTUDE
Dans un pays où plus de la moitié des personnes
vivant avec le VIH/SIDA n'ont pas accès au traitement et où plus
de 90 % des infections se contractent essentiellement par voie sexuelle,
l'efficacité des actions de prévention contre le VIH/SIDA
notamment celles visant de meilleures pratiques sexuelles se pose avec
acuité ; surtout lorsqu'un budget considérable y est
consacré comme c'est le cas du PPSAC. Une action de prévention
efficace a pour effet de réduire de manière substantielle, le
nombre potentiel de personnes qui auront à l'avenir besoin de traitement
et par voie de conséquence le budget qui devra y être
consacré. Face à cette situation on se pose la question
suivante : A quel point les actions de prévention
réalisées dans le cadre du PPSAC sont-elles efficaces ?
3. OBJECTIFS DE L'ÉTUDE
L'objectif général poursuivi par notre
étude est d'effectuer une évaluation de type coût
efficacité des actions de prévention menées dans le cadre
du PPSAC au Cameroun pendant les deux premières phases de mise en
oeuvre c'est-à-dire de 2006 à 2012.
De manière spécifique, il est question pour
nous :
v D'analyser la performance du PPSAC en terme du niveau
d'atteinte des objectifs du projet ;
v De déterminer les ratios cout-efficacité
pertinents du projet et de mener des analyses comparatives entre les deux
phases du projet concernées par notre étude ;
v De donner une valeur monétaire du
bénéfice (en termes du nombre d'infections évitées)
procuré par le PPSAC. Pour cela il nous faudra mesurer le coût
d'une infection. Cette valeur monétaire des bénéfices
permettra d'estimer les sommes que le projet a permis d'économiser
grâce à ses activités de prévention. Cette valeur
à son tour permettra de renseigner sur le montant
économisé pour chaque franc investi dans les activités de
prévention du PPSAC.
4. HYPOTHESES DE L'ÉTUDE
Dans le cadre de l'étude que nous menons, nous
postulons deux principales hypothèses. En ce qui concerne l'analyse
comparative de la performance du projet pendant les deux phases, nous postulons
que la phase II du projet a été plus performante que la phase I.
En effet, on s'attend à ce que l'expérience et l'effet
d'apprentissage amènent à une performance plus
élevée pendant la seconde phase du projet.
Pour ce qui est du bénéfice monétaire du
projet, on s'attend de prime à bord à ce que 1 F CFA investi
dans le projet pendant ces deux phases se traduise par une économie de
l'ordre de 3 F CFA. Le choix de cette valeur se fonde sur la
littérature6(*)
concernant des études similaires réalisées dans le domaine
de la lutte contre le paludisme.
CHAPITRE I :
BESOINS DE FINANCEMENT ET
ENJEUX DE LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA AU CAMEROUN
Entre 2000 et 2010, plus de trois quart7(*) des dépenses
consacrées à la lutte contre le VIH/SIDA en Afrique Subsaharienne
provenaient de sources extérieures. A l'instar des autres pays de cette
sous région, la lutte contre la pandémie au Cameroun est
fortement tributaire de l'aide au développement. La première
section de ce chapitre portera sur le financement international de la lutte
contre le VIH/SIDA. Après avoir présenté
l'évolution de la coopération internationale dans la lutte contre
la maladie, nous parlerons brièvement du fonds mondial de lutte contre
le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme qui est aujourd'hui l'un des plus
grands sinon le plus grand donateur de l'aide en faveur de la lutte contre la
maladie. La section se terminera par des développements sur le
financement international du VIH/SIDA au Cameroun.
De part son impact socioéconomique négatif sur
les populations affectées, le VIH/SIDA constitue aujourd'hui un
problème majeur de santé publique. Les enjeux de la lutte contre
cette pandémie sont ainsi nombreux, aussi bien à
l'échelle mondiale que dans chacun des pays pris individuellement. En
relation avec le thème abordé dans le document, trois principaux
enjeux ont capté notre attention à l'échelle du Cameroun.
Ce sont principalement l'enjeu relatif à la faible couverture en
antirétroviraux qui a pour implication une exigence de performance plus
accrue en ce qui concerne la mise en oeuvre des programmes visant la
prévention des nouvelles infections, l'enjeu relatif à la mise en
oeuvre efficace des programmes de lutte contre la maladie en
général que le contexte actuel de raréfaction des
financements exacerbe ; et enfin l'enjeu relatif au déficit de
financement qu'il faut résorber notamment en donnant la preuve que les
programmes mis en oeuvre sont efficace.
I. LE FINANCEMENT INTERNATIONAL
DE LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA
La quasi-totalité des publications sur
l'épidémie de VIH/SIDA est unanime sur le fait que, l'Afrique
Subsaharienne en particulier et les pays en voie de développement en
général supportent aujourd'hui une part disproportionnée
du fardeau que représente la maladie. Ces pays lourdement
affectés par l'épidémie sont aussi ceux qui disposent le
moins de ressources pour faire face à l'avancée de la maladie. La
communauté internationale a ainsi compris qu'une solidarité
à travers une coopération internationale efficace était
nécessaire pour venir à bout de la maladie.
Dans les développements qui suivent, nous expliciterons
comment la coopération internationale a évolué dans le
cadre de la lutte contre le VIH/SIDA. On distinguera une première phase
qui court de 1986 à 1991 caractérisée par la dichotomie
entre les approches bilatérales et multilatérales, d'une seconde
phase (à partir de 1995) caractérisée par une
multiplication d'initiatives qui toutefois manquaient de coordination.
Après ces développements sur la
coopération internationale dans la lutte contre le VIH/SIDA, nous
parlerons un peu du fonds mondial de lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le
Paludisme qui est aujourd'hui l'un des principaux donateurs dans la lutte
contre le VIH avec plus de 280 programmes de lutte contre le SIDA
financés dans le monde en 2009, dont près de la moitié
dans les pays en voie de développement.
Nous terminerons cette section par un exposé sur le
financement du VIH/SIDA au Cameroun en particulier. On remarquera
aisément que la réalité du pays est celle de la
majorité des pays d'Afrique Subsaharienne à savoir une
multiplication d'initiatives qui peinent à prouver leur
efficacité ; l'aide internationale apparaissant
généralement comme une manne à partager qu'un financement
qui rencontre une demande clairement exprimée.
I.1. Evolution de la
coopération internationale dans la lutte contre le SIDA
L'évolution de la coopération internationale
dans la lutte contre le VIH est caractérisée par deux phases, une
première entre 1986 et 1991 qui a la particularité de
présenter une dichotomie entre une approche bilatérale de
financement d'une part et une approche de financement multilatérale
d'autre part ; une seconde phase courant depuis 1995 qui connait une
floraison d'initiatives avec l'entrée d'ONG privées et de
fondations dans la liste des acteurs du financement de la maladie.
I.1.1. La première phase de la coopération
(1986-1991) et les deux principales approches de financement
Avant 1986, aucun des pays développés ne
mettait à disposition des ressources pour la lutte contre le VIH/SIDA
dans les pays du Sud. L'éveil de conscience de la communauté
internationale prend son essor à travers le plan global de lutte contre
la pandémie du SIDA de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
A travers ce plan, l'OMS a poussé les nations développées
à mettre à disposition des ressources pour la lutte contre la
maladie dans les pays du Sud. Deux alternatives se présentaient alors
à celles-ci ; elles pouvaient octroyer directement les ressources
aux nations potentiellement bénéficiaires, c'était
l'approche bilatérale. L'autre alternative de financement en
l'occurrence l'approche multilatérale consistait à faire passer
les ressources octroyées par le pays donateur à travers une
agence ; cette agence pouvant être du système des nations
unies ou une agence spécialement créée à l'occasion
à l'instar du fonds mondial.
De l'exploitation des données sur l'aide
octroyée pour la lutte contre le SIDA au cours de la période 1986
à 1991, il ressort que les principaux bailleurs étaient les pays
membres de l'Organisation de Coopération et de Développement
Economique (OCDE). Les Etats-Unis à eux seuls assuraient près de
la moitié de l'aide octroyée par les cinq plus grands donateurs
dans la lutte contre le VIH à cette époque avec un financement
estimé à près de 2408(*) millions de dollars US. Ceux-ci étaient suivis
de la Suède avec un financement s'établissant à
près de 100 millions de dollars US.
Tableau 1:
Les cinq principaux donateurs de l'aide à la lutte contre le
VIH/SIDA
Pays
|
Montant en millions de dollars US
|
Part (%) dans le financement total
|
Etats-Unis
|
237,3
|
46,89
|
Suède
|
97,50
|
19,27
|
Canada
|
70,50
|
13,93
|
Royaume-Uni
|
59,34
|
11,73
|
Norvège
|
41,45
|
8,19
|
Total
|
506,09
|
100,00
|
Source : Nkoa F. C. et al. (2010)
Il convient de souligner aussi que, lors de cette
première phase, l'essentiel du financement se faisait selon l'approche
multilatérale. Toutefois une analyse plus rapprochée a mis en
exergue la réalité selon laquelle les bailleurs les plus
importants utilisaient moins l'approche multilatérale que l'approche
bilatérale. A titre d'exemple les Etats-Unis avaient une part d'aide
bilatérale estimée9(*) à plus 60 % du total ; un pourcentage
similaire pour le Canada (64,7 %). Les financements des français et
allemands étaient quasi-exclusivement bilatéraux avec des
proportions respectives de 88,1 % et 75,5 % dans l'aide totale qu'ils
octroyaient. Ceci est, du moins en partie dû au fait que ces grands
donateurs de l'époque étaient pour la plupart, des pays
très industrialisés disposant chacun de leur propre agence d'aide
au développement. De ce fait ils ne trouvaient plus la
nécessité de faire transiter leurs ressources par l'OMS ou une
tierce agence spécialisée du système des nations unies
comme cela était le cas des donateurs modestes.
I.1.2. La multiplication des initiatives à partir de
1995
A partir de la seconde moitié de la décennie
90, malgré une faible contribution dans la mortalité des
populations des pays à bas revenus, la communauté internationale
a connu une mobilisation sans précédente pour la lutte contre le
VIH/SIDA. La motivation de cette mobilisation accrue était de permettre
un meilleur accès aux traitements du VIH/SIDA dans les pays du
sud ; le niveau de l'époque étant perçu comme
très inéquitable. Comme partenaire historique de l'ONUSIDA, la
première institution financière à intervenir dans le champ
de la lutte contre la pandémie fut la Banque Internationale pour la
Reconstruction et le Développement (BIRD) ou Banque Mondiale. L'action
de la Banque a connu un changement majeur avec la création en 2000 du
Programme Multi pays de lutte contre le VIH/SIDA pour l'Afrique plus connu sous
l'acronyme anglais MAP (Multi Country AIDS Program). Ce programme était
au départ envisagé comme un engagement de 15 ans dans la lutte
contre le VIH/SIDA et devant être mis en oeuvre en trois principales
phases quinquennales. Dans nombre de pays africains cependant, cette initiative
n'a pas pu être menée jusqu'à terme.
Une autre initiative pour la lutte contre le VIH/SIDA est
celle de la création du fonds mondial. La création de cette
structure se fait avec l'appui de l'ONU qui marque par la même occasion
sa préférence pour une approche multilatérale de
financement. Cependant les développements précédents ont
mis exergue le fait que les plus grands donateurs de l'aide pour la lutte
contre le sida privilégiaient l'approche bilatérale. C'est donc
sans grande surprise que la communauté internationale assiste, en 2003,
en réaction à la création du fonds mondial deux ans plus
tôt, à la mise sur pied du PEPFAR (Président Emergency Plan
For Aids and Relief) par les Etats Unis qui figurent entre autres parmi les
plus grands donateurs du fonds mondial (une contribution à hauteur de
3010(*) % du financement
total en 2008).
En 2006, un nouvel acteur fait son apparition dans le cadre
du financement de la lutte contre le VIH/SIDA c'est l'UNITAID. C'est une
organisation internationale d'achat de médicaments dont le but est de
centraliser lesdits achats afin d'obtenir les meilleurs prix possibles ;
en particulier à destination des pays en voie de développement.
L'organisation est financée par une taxe sur les billets d'avion
initiée par les présidents Français et Brésilien
lors de l'assemblée générale de l'ONU en 2006. Les Etats
ayant participé à la création de l'UNITAID sont
principalement la France, le Brésil, le Chili, la Norvège et le
Royaume-Uni. L'approche du financement d'aide à la santé mise en
oeuvre avec UNITAID présente la particularité de ne pas
être sujette aux décisions budgétaires des pays donateurs
en ce sens qu'elle est directement prélevée par une taxe.
De nombreuses autres institutions feront leur entrée
par la suite dans le cadre de la lutte contre le VIH/SIDA c'est le cas par
exemple des Organisations Non Gouvernementales et autres fondations
privées. Entre la fin des années 90 et 2008, le montant des
déboursements en faveur de la lutte contre le SIDA est passé de
moins d'un milliard de dollars à près de 13 milliards. Ces
déboursements ont tiré l'Aide Publique au Développement
dans le secteur de la santé vers la hausse. La multiplication des
initiatives en faveur de la santé souffre toutefois d'un déficit
de coordination et ne s'appuie pas toujours sur une demande locale clairement
identifiée.
I.2 Un acteur majeur du
financement de la lutte : le fonds mondial de lutte contre le SIDA, la
Tuberculose et le Paludisme
Le fonds mondial est aujourd'hui le principal donateur de
l'aide en faveur de la lutte contre le VIH/SIDA. En 2009, les fonds qu'elle a
engagés ont permis de soutenir près de 286 programmes de lutte
contre le SIDA dont près de 140 se trouvant dans les pays en voie de
développement. Bien qu'elle cible aussi la tuberculose et le paludisme
dans ses interventions, le fonds mondial consacre généralement
près de 60 % de ses ressources à la lutte contre le SIDA. Il
semble de ce fait approprié de s'appesantir davantage sur son
fonctionnement ; c est l'objet des développements ci-dessous.
Le fonds mondial est une institution financière
internationale qui promeut la création de partenariats entre les
gouvernements, la société civile, le secteur privé et les
communautés affectées en vue d'atteindre plus efficacement les
besoins des populations touchées. En effet la gouvernance de
l'institution présente l'originalité de faire peser d'une
même voix au sein de son administration les différents acteurs
susmentionnés. Il convient de mettre l'emphase de prime à bord
sur le fait que le fonds mondial est un instrument de financement pas un
exécutant. La structure ne met pas en oeuvre directement les programmes,
elle se contente de financer, lorsque cela est justifié des programmes
élaborés par les pays récipiendaires conformément
à leurs priorités en matière de santé.
Pour la plupart des pays d'Afrique Subsaharienne, le fonds
mondial est le principal financeur de la lutte contre le SIDA, mais aussi de
la tuberculose et du paludisme. En 2009, on estimait à près de 9
milliards de dollars11(*),
le montant des fonds engagés par l'institution financière pour la
lutte contre le sida sans le monde. Plus de la moitié de ces fonds
étaient destinés à des programmes dans les pays d'Afrique
Subsaharienne.
Entre 2002 et 2007, le fonds mondial a fonctionné
essentiellement à l'aide d'un système de rounds, l'institution
lançait périodiquement des appels à proposition et chaque
appel constituait un round de financement. Depuis le premier round en 2002, il
y a eu généralement un round de financement par an. Cependant en
2007, il a été mis en place un nouveau circuit de financement.
Contrairement au système des rounds, les candidatures se faisaient
généralement sur invitation en fonction des performances
antérieures dans la mise en oeuvre des programmes.
I.3 Financement international
de la lutte contre le VIH/SIDA au Cameroun
A l'instar de plusieurs pays d'Afrique Subsaharienne, le
financement de la lutte contre le SIDA au Cameroun repose en majeure partie sur
l'aide internationale. Vers la fin de la décennie 80, la part du budget
total de l'Etat consacrée à la lutte contre le SIDA était
estimée à seulement 0,4 % (Nkoa F. C. et al.). Entre le milieu
de la décennie 80 et l'année 2000, six principaux bailleurs se
sont illustrés dans le financement de la lutte contre le SIDA au
Cameroun. En première place figure les Etats-Unis (à travers leur
agence de développement l'USAID) avec plus de 11 millions de dollars
d'engagement, suivi de la France avec un peu plus de 3 millions de dollars. Y
figurent aussi, le Communauté des Etats Européens, le Programme
des Nations Unies pour le Développement, l'Organisation Mondiale de la
Santé et le Japon. Les engagements de ces six bailleurs
s'élevaient à près de 18 millions de dollars US. Les
acteurs multilatéraux sont aussi présent sur la scène
nationale à cette époque ce sont principalement; le FNUAP et
l'UNICEF.
Le pays a en outre bénéficié du
financement du fonds mondial, du programme multi pays de la Banque Mondiale (ce
programme ne couvrira que la période 2000 à 2005) et du PEPFAR.
Il convient de souligner toutefois que la mobilisation du
financement au Cameroun s'appuie sur des plans stratégiques
élaborés par sa structure technique chargée de la
coordination de la lutte contre le SIDA à savoir le Comité
National de Lutte contre le Sida (CNLS). Le plan actuellement mis en oeuvre est
le plan stratégique national (PSN) 2014-2017 issu de la révision
du plan stratégique 2011-2015. Avant ceux-ci, deux autres plans ont
été élaborés depuis la création du CNLS. Ce
sont successivement les premiers (1988-1992) et seconds (1993-1995) plans
à moyen terme qui ont permis de mobiliser près de 20 millions
d'euros presque totalement (à près de 90 %) par voie
bilatérale. A la suite des deux précédents plans, l'on
note le premier plan stratégique de 2000 à 2005 qui a permis de
mobiliser près de 180 millions de dollars qui provenaient à
près de 80 % de sources multilatérales. A côté du
plan stratégique 2014-2017 et du plan stratégique 2011-2015, on
peut citer pour terminer le plan stratégique national 2006-2010.
II. LES PRINCIPAUX ENJEUX DE LA
LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA AU CAMEROUN
Le VIH/SIDA constitue un problème majeur d'ordre
sanitaire, social et scientifique de rang mondial. Lutter contre la maladie
implique de mobiliser de multiples leviers notamment empêcher de
nouvelles contaminations, mettre sous traitement les personnes malades, lutter
contre la stigmatisation et la discrimination des PVVIH pour ne citer que
ceux-là. Les enjeux de la lutte contre cette pandémie sont ainsi
nombreux aussi bien à l'échelle mondiale que dans chaque pays
pris individuellement.
Au niveau du Cameroun, sans toutefois prétendre
à l'exhaustivité, nous retiendrons trois enjeux majeurs dans la
lutte contre le VIH/SIDA en relation avec l'étude que menons. Nous
commencerons par l'enjeu relatif à la faible couverture en traitement
antirétroviraux, performance que le pays partage avec nombre d'autres
Etats de la sous-région Afrique Centrale et Occidentale.
L'intérêt d'évoquer cet enjeu est
lié au fait qu'une faible couverture en traitement pour les personnes
malades soulève avec acuité la question de l'efficacité
des programmes visant la prévention des nouvelles infections comme c'est
le cas du PPSAC qui fait l'objet de notre étude.
Le second enjeu dont il sera question ici est celui de
l'efficacité des programmes de lutte contre la pandémie. En
effet, le Plan Stratégique National 2014-2017 a été
rédigé dans un contexte marqué des injonctions fortes de
l'ONUSIDA concernant la gestion axée sur les résultats des
programmes de lutte contre la pandémie. Par ailleurs, avec l'approche de
financement basé sur la performance que le fons mondial a adopté
depuis peu, l'enjeu de la mise en oeuvre efficace des programmes se pose
davantage avec acuité.
Nous terminerons par le problème du déficit de
financement auquel il faut faire face aujourd'hui dans un contexte
international et qui se caractérise de plus en plus par la
frilosité des principaux bailleurs de fonds pour ce qui est d'investir
dans la lutte. Ce problème de déficit de financement de la lutte
contre le VIH fait davantage peser sur les programmes déjà
financés, des exigences d'efficacité. Il semble clair à
l'esprit qu'à l'avenir, les programmes qui bénéficieront
des ressources seront ceux ayant fait la preuve de leur efficacité par
le passé ; le financement basé sur la performance du fonds
mondial en est un élément d'explication.
II.1 L'enjeu relatif à
la faible couverture en traitements antirétroviraux
La couverture en traitement du VIH est assez faible au
Cameroun. Le pays partage cette triste performance avec la majorité des
pays de la sous-région Afrique Centrale et Occidentale. Les taux de
couverture sont dans cette sous-région généralement
inférieurs à 40 % ; nettement en deçà du seuil
inférieur de 60 % qu'on observe dans la plupart des pays d'Afrique
Australe. Cette faible couverture fait peser davantage de pression sur les
programmes visant la prévention des nouvelles infections.
Après avoir présenté le contexte
général de la prise en charge des PVVIH dans la
sous-région, nous évoquerons le cas spécifique du
Cameroun. Nous terminerons ces développements en présentant
l'impact de cette faible couverture sur les exigences d'efficacité
attendues des programmes de prévention des nouvelles infections.
II.1.1 Contexte général de la prise en
charge des PVVIH en Afrique Centrale et Occidentale
A l'échelle mondiale, les années 2000 à
2014 ont été marquées par l'intensification de
l'accès au traitement antirétroviral et une diminution de 35 %
des décès liés au SIDA depuis 2005 (Gap report ONUSIDA,
2014). Un nombre record de près de 16 millions de malades (Fiche
d'information ONUSIDA, 2015) ont été mises sur traitement dont
les trois quart vivant en Afrique Subsaharienne, où les besoins sont
les plus criants. Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA
(ONUSIDA) s'est, à la suite de cette performance remarquable,
fixé des objectifs mondiaux à atteindre connu sous le nom de
« cibles 90-90-90 » d'ici 2020. Celles-ci visent à
ce que 90 % des PVVIH connaissent leur statut VIH, 90 % de toutes les personnes
séropositives au VIH reçoivent un traitement et 90 % des
personnes sous traitement atteignent la suppression virale.
Cependant, en Afrique Subsaharienne, le financement
international dirigé vers la lutte contre le VIH/SIDA en
général et la couverture en traitements antirétroviraux en
particulier a eu tendance à se concentrer sur les pays les plus durement
touchés par l'épidémie (pays qualifiés de
névralgiques), c'est-à-dire ceux où la prévalence
de la maladie est relativement élevée comme c'est le cas dans la
région australe du continent. La plupart des pays appartenant à
la région de l'Afrique Occidentale et Centrale semble avoir
été négligée. Cette tendance est de plus en plus
prononcée dans le cadre de la réalisation des « cibles
90-90-90 », surtout lorsque les principaux bailleurs comme le PEPFAR
et le fonds mondial choisissent de se concentrer sur ces points
névralgiques qui bénéficieront de l'ensemble des
interventions accélérées. Les pays qui contribuent moins
aux indicateurs globaux semblent avoir disparu progressivement des
priorités internationales.
La focalisation excessive des financements dans les zones
dites prioritaires alourdit le fardeau de la maladie dans les zones
délaissées. En 2009, un rapport de Médecins Sans
Frontières12(*)
faisait état de ce qu'aujourd'hui l'Afrique Occidentale et Centrale est
« le laissé pour compte » dans la lutte contre la
maladie. C'est la région du monde aujourd'hui la moins couverte par le
traitement; en effet près de trois PVVIH sur quatre qui y vivent n'ont
pas accès au traitement et 9 enfants malades sur 10 qui y
résident eux aussi sont dans la même situation (selon ledit
rapport). Ne représentant que 6 % de la population mondiale, elle compte
près de 18 % des personnes vivant avec la maladie. La région
enregistre en outre plus de 20 % des nouvelles infections à VIH,
près d'un tiers des décès liés à la maladie.
Par ailleurs, près de la moitié des enfants infectés au
monde y résident13(*).
II.1.2 Situation de la couverture en ARV au Cameroun
Avec une prévalence du VIH estimée à
près 4,3 % en 201114(*) chez les adultes (15 à 49 ans), le Cameroun
fait parti des pays de la sous-région les plus durement touchés
par l'épidémie. Le pays connait une épidémie
généralisée caractérisée par de fortes
disparités en fonction du genre, et des régions (cf. Annexe B,
tableau 13 : prévalence du VIH/SIDA au Cameroun par régions
et selon le genre).
En réponse à l'ampleur de
l'épidémie à laquelle le pays faisait face, le
gouvernement s'est lancé au début de la décennie dans un
vaste programme visant la facilitation de l'accès du traitement aux
personnes infectées. Ledit programme avait pour colonne
vertébrale la décentralisation de la prise en charge, ce qui a
conduit à la création de plus d'une vingtaine de centres de
traitement agréés entre 2001 et 2003. La décentralisation
s'est poursuivie avec la création des unités de prise en charge
(UPEC) au sein de certains hôpitaux dans les différentes
régions du pays.
Figure 1:
Evolution de la couverture en ARV au Cameroun
Source : Rapport CNLS 2014
Les résultats de la dite décentralisation n'ont
pas tardé à se produire. Le taux de couverture en
antirétroviraux est passé d'un peu plus de 20 % chez les
personnes éligibles au traitement en 2005 à près de 70 %
en 2009 (le taux de couverture le plus élevée de la région
Afrique Centrale et Occidentale cette année) soit une multiplication par
au moins trois du taux de couverture du traitement. Cependant, les
résultats sont restés de courte durée et la tendance a
commencé à s'inverser à partir de 2010. Entre cette
année et 2014, le taux de couverture a quasi-continuellement
baissé. En 2014, ce taux s'établissait à un peu plus de 25
%. A titre de comparaison, cinq pays d'Afrique Australe (la Zambie, la Namibie,
le Botswana, le Malawi, le Zimbabwe) avaient un taux de couverture
supérieur à 60 % à la même période. Cet
écart est davantage exacerbé lorsqu'on sait que la
prévalence de la maladie est particulièrement
élevée dans cette zone (à la même période,
huit15(*) pays d'Afrique
Australe toujours, avaient un taux de prévalence supérieur
à 15%).
II.1.3 Implications pour les programmes de
prévention des nouvelles infections du VIH/SIDA
La lutte contre la pandémie de VIH couvre plusieurs
actions complémentaires qui vont de la prévention des nouvelles
infections à travers notamment des programmes visant le changement de
comportement à la mise sous traitement des personnes infectées.
Des défaillances dans la mise en oeuvre de certaines de ces actions ne
sont pas sans avoir d'implications sur l'augmentation de l'exigence dans la
mise en oeuvre des actions complémentaires.
En effet, en ce qui concerne la lutte contre le VIH/SIDA, la
littérature scientifique y relative fait état de ce qu'une
détection précoce de la maladie et la mise sous traitement
immédiate constituent des moyens efficaces pour prévenir de
nouvelles infections. En effet, détectée tôt, la charge
virale n'est pas encore élevée et, si le sujet est
immédiatement mis sous traitement, il est capable de parvenir à
une charge virale nulle. Une personne infectée ayant une charge virale
nulle présente des risques infimes de transmettre la maladie surtout par
contact sexuel.
Les faits observés corroborent les allégations
précédentes. En effet, un nombre croissant de pays dans diverses
régions du monde ont enregistré des avancées notables
suite à la mise en place des reformes dans le cadre des programmes
visant la mise sous traitement des PVVIH. En Ethiopie par exemple, suite aux
financements importants octroyés aux programmes de dépistage et
de prise en charge des PVVIH, le taux de couverture du traitement a atteint 56
% en 2011 ce qui a permis de faire chuter le taux d'incidence de près de
90 % entre 2011 et 2012 (rapport ONUSIDA sur le traitement de
l'épidémie en 2015). Par ailleurs, dans de nombreux autres pays
d'Afrique Australe où la couverture du traitement a
dépassé 60 %, l'incidence a nettement diminué. C'est le
cas par exemple du Botswana où le taux d'incidence a diminué de
70 %16(*).
Face à l'ampleur de l'influence de la forte couverture
antirétrovirale sur la diminution du taux d'incidence du VIH, des
inquiétudes peuvent légitimement être soulevées sur
l'aptitude des pays à faible couverture à maitriser
l'avancée de la maladie. Les pays d'Afrique Centrale et Occidentale qui
enregistrent dans l'ensemble une faible couverture antirétrovirale
sont-ils à même de juguler l'avancée de la maladie sans que
d'autres efforts supplémentaires soient déployés ?
L'évidence des faits ne milite pas en faveur d'une réponse
affirmative.
Dans un pays comme le Cameroun où près de 90 %
des nouvelles infections se contractent par voie sexuelle, une faible
couverture antirétrovirale va logiquement de pair avec une augmentation
des nouveaux cas de contaminations si les comportements sexuels ne changent
pas. Ainsi dans ce contexte, inverser la tendance des nouvelles infections
semble aller de pair avec l'intensification des actions visant le changement de
comportement et la protection systématique lors des rapports sexuels. La
faible couverture antirétrovirale impose donc davantage
d'efficacité aux programmes de communication pour le changement de
comportement et ceux de promotion d'une utilisation systématique du
préservatif lors des rapports sexuels à risque.
II.2 L'enjeu de
l'efficacité des programmes de lutte contre le VIH/SIDA
Une faible couverture en antirétroviraux pose avec
acuité le problème de la prévention de la maladie à
travers des programmes visant le changement de comportement en
général et en particulier ceux qui promeuvent l'utilisation
systématique des préservatifs lors des rapports sexuels à
haut risque comme c'est le cas du PPSAC qui fera l'objet de plus amples
développements les prochains chapitres. Dans un contexte où la
quasi-totalité des nouvelles infections se contractent par voie
sexuelle, freiner l'avancée de l'épidémie avec une
couverture en antirétroviraux en moyenne inférieure à 50%
nécessite que les programmes de prévention visant le changement
de comportement soient conduits de manière efficace.
La problématique de l'efficacité n'est pas
propre aux programmes de lutte contre le SIDA. En effet, dans un environnement
caractérisé par des tensions croissantes sur les
équilibres budgétaires des pays donateurs d'une part, et par la
menace permanente de crises économiques et financières, la
question de l'efficacité de l'aide au développement se pose avec
insistance. Les contribuables des pays donateurs sont soucieux de savoir
à quoi leurs impôts ont réellement servi. Cette
préoccupation concernant d'efficacité de l'aide a connu un
tournant décisif avec la déclaration de paris de 2003, dont l'un
des cinq principes fondateurs est la gestion axée sur les
résultats. En effet, les programmes et projets sont conçus pour
améliorer les indicateurs de résultats et, savoir si les
changements espérés se sont produits est une question de
politique publique importante.
Mais, lorsqu'on interroge l'efficacité de l'aide au
développement de manière globale, la question concernant
l'utilisation judicieuse des financements alloués à la lutte
contre le VIH/SIDA ne peut pas être exclue. En effet, les publications du
Comité d'Aide au Développement mettent en évidence
l'augmentation soutenue du volume global de l'aide au développement
pendant la décennie 2000. Cependant une part conséquente de cette
aide est consacrée à la santé elle-même
constituée en majorité des financements en faveur de la lutte
contre le VIH/SIDA.
Le Cameroun est, à l'instar des autres pays d'Afrique
Subsaharienne (où la maladie sévit le plus),
préoccupé par le souci d'efficacité des moyens mis en
place pour la lutte contre le VIH/SIDA. Son Plan Stratégique National
2014-2017 a été élaboré dans un contexte
international marqué, d'une part par des injonctions strictes de
l'ONUSIDA relativement à la Gestion Axée sur les Résultats
des programmes de lutte contre l'épidémie et d'autre part par la
poursuite du principe du « financement basé sur la
performance » du fonds mondial par ailleurs le principal pourvoyeur
d'aide pour la lutte contre l'épidémie de VIH/SIDA. Par voie de
conséquence, l'une des cinq cibles du plan stratégique national
a été dédiée à l'amélioration de la
coordination et de la gestion des ressources allouées à la lutte
contre la maladie.
Si l'on attend de manière générale que
les programmes de lutte contre l'épidémie de VIH soient conduits
de manière efficace sur le territoire national, la faible couverture en
antirétroviraux qu'on y enregistre fait croitre cette exigence sur les
programmes de prévention visant le changement de comportement à
l'instar du Projet de Prévention du VIH/SIDA en Afrique Centrale. Comme
nous l'avons signalé plus tôt, faire baisser l'incidence de la
maladie dans un contexte de forte charge virale exige de mettre l'accent sur le
changement des comportements sexuels à risque.
II.3 L'enjeu relatif au
déficit de financement dans la lutte contre le VIH
A la suite des différents engagements pris par la
communauté internationale visant la lutte contre le VIH/SIDA, notamment
les déclarations de politique des nations unies de 2001 et 2006, les
ressources consacrées à la lutte contre l'épidémie
sont passées de 1,6 milliards de dollars US en 2001 à près
de 16 milliards de dollars US en 2010. Cependant, ces ressources sont
restées largement en deçà des cibles fixées par
lesdites déclarations. Dans un de ses rapports publié en 2009,
Médecins Sans Frontières mettait en évidence les signes
précurseurs d'un désengagement dans la lutte contre
l'épidémie. Selon ce rapport, les deux plus grands donateurs
internationaux pour la lutte contre la maladie (en l'occurrence le fonds
mondial de lutte le vih/sida, la tuberculose et le paludisme et le PEPFAR le
plan d'urgence américain pour la lutte contre le sida)
commençaient à réduire leurs contributions.
Récemment encore, lors d'une réunion de haut
niveau de l'assemblée générale des nations unies sur le
thème « Financer la fin du sida : la fenêtre
d'opportunité », les participants ont fait valoir qu'un
investissement plus important dans la riposte au sida devrait être
anticipé au cours des prochaines années pour parvenir à
l'éradication de l'épidémie, soulignant en passant que la
baisse de financement qui s'observe actuellement pourrait compromettre les
récents progrès obtenus dans nombre de pays en
développement.
Au fur et à mesure que l'épidémie
avance au Cameroun, les fonds nécessaires pour couvrir la réponse
nationale augmentent également. En 2008, le gouvernement camerounais a
alloué 3,3 milliards de FCFA17(*) soit 16 % des dépenses totales pour la lutte
contre le VIH. Les Organisations Non Gouvernementales et autres organisations
internationales (bilatérales et multilatérales) ont fourni les
autres 84 % restants. Les 21,3 milliards de F CFA de cette année ne
représentaient qu'un peu plus de la moitié des fonds requis.
En 2010, les fonds requis pour le traitement, les soins et
le soutien liés au VIH s'élevaient à environ 55 milliards
de F CFA18(*) dont
près de la moitié, soit 26,3 milliards de F CFA, seulement pour
les traitements antirétroviraux. Le coût annuel des TAR en 2015
était lui estimé à près de 35 milliards de F CFA
selon des projections faites en 2013 (dans le cadre de l'étude du CNLS
à laquelle nous avons précédemment fait
référence) alors que la couverture effectivement observée
cette année n'atteignait pas les 30 %. Selon le CNLS toujours, pour
atteindre une couverture en TAR de près de 70 % en 2020, il faudrait
allouer près de 64 milliards de F CFA ; ce qui d'avance n'est pas
acquis, surtout dans le contexte actuel caractérisé par une
certaine frilosité des bailleurs de fonds.
Le Cameroun est l'un des pays de la région centrale
et occidentale de l'Afrique les plus touchés par
l'épidémie de vih/sida et, les moyens mis en oeuvre pour venir
à bout de cette maladie sont nettement inférieurs aux besoins
manifestés par le pays. Par voie de conséquence, on y enregistre
une faible couverture en traitements antirétroviraux. Ce contexte fait
croître l'exigence d'efficacité sur les projets et programmes
visant la prévention des nouvelles infections à l'instar du
PPSAC, projet sur lequel porte la présente étude. Le chapitre qui
suit présente le contexte, les objectifs et les acteurs de ce
projet ; il contribuera entre autres à enrichir notre connaissance
sur la stratégie employée par le projet en vue de diminuer
considérablement le taux de nouvelles infections chez les adultes.
CHAPITRE II :
CADRE INSTITUTIONNEL,
OBJECTIFS ET ACTEURS DU PPSAC
Le présent chapitre s'attèle à
présenter le cadre institutionnel, les objectifs et les principaux
acteurs du Projet de Prévention du VIH/SIDA en Afrique Centrale. La
présentation du cadre institutionnel débutera par des
développements succincts sur la Communauté Économique et
Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC). Il sera question de
présenter l'historique de l'organisation ainsi que les objectifs majeurs
qu'elle poursuit. Nous ferons mention par la suite des organes de
fonctionnement de la communauté ainsi que ses principales institutions.
Les développements sur la CEMAC se termineront par une brève
présentation du Programme Economique Régional (PER) qui est le
document phare présentant la vision 2025 de la Communauté. Nous
poursuivrons l'exposé sur le cadre institutionnel par la
présentation de l'Organisation de Coordination pour la lutte contre les
Endémies en Afrique Centrale (OCEAC) qui est le maître d'ouvrage
du PPSAC. On s'attèlera ici à présenter le fonctionnement
de cette institution, ses missions, ses unités opérationnelles
ainsi que ses principaux programmes parmi lesquels figure le PPSAC. La
première section se terminera par la présentation
générale du projet. On parlera du cadre global du projet qui est
celui de la coopération entre le gouvernement allemand et les Etats
membres de la CEMAC.
La deuxième section s'étalera sur les objectifs
du PPSAC, sa stratégie, ses principales activités maitresses
ainsi que ses acteurs. Dans l'exposé sur les acteurs du Projet de
Prévention du VIH/SIDA en Afrique Centrale, nous distinguerons les
acteurs du processus de gestion des acteurs du processus de
coordination. On présentera aussi les Associations de Marketing
Social qui sont les structures responsables de la mise en oeuvre du projet, et
l'organisation internationale Population Services International qui est le
réseau mondial fédérant toutes les associations de
marketing social des pays en voie de développement.
I.1 CADRE INSTITUTIONNEL ET
PRÉSENTATION GENERALE DU PPSAC
Le Projet de Prévention du VIH/SIDA en Afrique Centrale
constitue une approche régionale de réponse face au VIH/SIDA. Il
est le fruit de la coopération entre le gouvernement allemand à
travers sa banque de développement la KfW et la CEMAC. La maitrise
d'ouvrage de ce projet a été confiée à l'OCEAC qui
est l'institution spécialisée de la CEMAC responsable des
problèmes de santé publique. Ainsi, dans la présentation
du cadre institutionnel du PPSAC, nous commencerons par une brève
présentation de la CEMAC.
I.1 Brève
présentation de la CEMAC
La Communauté Économique et Monétaire de
l'Afrique Centrale (CEMAC) regroupe six pays d'Afrique Centrale que sont le
Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Équatoriale, la
République de Centrafrique et le Tchad. Elle a été
créée en 1994 sur les vestiges de l'UDEAC, l'Union
Douanière et Economique d'Afrique Centrale19(*) elle-même
précédée de l'UDE20(*) l'Union Douanière Equatoriale. Sa principale
mission est de développer un espace intégré et d'y
promouvoir un développement harmonieux.
La CEMAC couvre une superficie d'environ 3 millions de
km2 et sa population est estimée à près de 51
millions21(*) d'habitants.
Le taux de croissance démographique moyen de la sous région
s'établit à 2,9 % tandis que la croissance économique est
de l'ordre de 2,8 %. Le taux d'inflation pour sa part se situe à 2,3
%.
La CEMAC poursuit les objectifs de :
v Mettre en place un dispositif de surveillance
multilatéral des politiques économiques des États
membres ;
v Assurer une gestion stable de la monnaie commune ;
v Sécuriser l'environnement des activités
économiques et des affaires en général ;
v Harmoniser les règlementations des politiques
sectorielles dans les domaines essentiels prescrits par les textes organiques
(agriculture, élevage, pêche, industrie, commerce, transport et
télécommunications, énergie, environnement, recherche,
enseignement et formation professionnelle) ;
v Créer un marché commun basé sur la
libre circulation des personnes, des biens, des capitaux, et des services.
Les institutions de la CEMAC sont au nombre cinq. D'une part
on a deux unions que sont l'Union Économique de l'Afrique Centrale
(UEAC) et l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale (UMAC). A
côté de ces deux unions, l'on enregistre des institutions à
vocation de contrôle que sont la cour de justice communautaire, le
parlement communautaire et la cour des comptes.
Il convient de ne pas confondre les institutions de la CEMAC
présentées ci-dessus et les institutions
spécialisées de la CEMAC. En effet, la communauté comporte
dix-neuf (19) institutions spécialisées parmi lesquelles
l'Institut Sous-régional Multisectoriel de Technologie Appliquée
(ISTA) de Libreville au Gabon et l'Ecole Inter-états des Douanes (EIED)
de Bangui en RCA pour ne citer que ceux-là.
Le fonctionnement de la CEMAC est assuré par plusieurs
organes que sont :
v La Conférence des Chefs d'États : c'est
l'organe suprême qui détermine les grandes orientations de la
communauté et de ses institutions ;
v Le Conseil des Ministres de l'UEAC : il est
constitué de trois (03) ministres par État parmi lesquels le
ministre de l'économie et le ministre des finances. Ce conseil assure la
direction de l'UEAC ;
v Le Comité Ministériel de l'UMAC ;
v La Commission de la CEMAC : elle est
considérée comme la locomotive de l'organisation. Elle a
remplacé le Secrétariat Exécutif à la suite du
processus de réforme des institutions que la CEMAC a entamé en
2007.
Les activités de la CEMAC s'articulent aujourd'hui
autour du PER qui vise à faire de celle-ci un espace économique
intégré émergent où règnent la
sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance au service
du développement humain.
En effet, PER constitue la vision 2025 de la CEMAC. Il
présente un agenda d'émergence couvrant la période allant
2010 à 2025 et divisé en trois phases quinquennales. La
première phase (2010-2015) a consisté en la construction des
fondements institutionnels de l'émergence ; la seconde phase
(2016-2020) vise l'ancrage des piliers de la diversification économique
de la communauté. La dernière phase (2021-2025) a pour but de
consolider les phases précédentes. Au terme de sa
réalisation, le PER devrait conduire à la création d'un
espace économique émergent au niveau de la CEMAC.
D'un point de vue opérationnel, le PER se
décline en cinq (05) axes, douze (12) objectifs stratégiques,
vingt-et-neuf (29) programmes et quatre-vingt-six (86) projets. L'objectif
stratégique numéro dix (10) de l'axe quatre (04) relatif au
marché commun, porte sur le renforcement des systèmes de
santé. Cet objectif stratégique comporte un seul programme
à savoir le « Programme Régional de Lutte contre les
Grandes Endémies ». La mise en oeuvre de ce programme a
été confiée à l'OCEAC.
I.2 Présentation de
l'OCEAC
La présentation de l'OCEAC consistera en la
présentation de son fonctionnement, ses principales missions et ses
unités opérationnelles.
I.2.1 Historique et fonctionnement de l'organisation
L'Organisation de Coordination pour la lutte contre les
Endémies en Afrique Centrale (OCEAC) a été
créée en 1963 à Yaoundé, à l'initiative des
ministres de la santé de cinq22(*) des six Etats de l'actuelle CEMAC. Jusqu'en 1965,
cette institution portait le nom d'Organisation de Coordination et de
Coopération pour la lutte contre les Grandes Endémies en Afrique
Centrale (OCCGEAC). A la base, sa politique était orientée vers
la lutte contre la tuberculose, la trypanosomiase, la lèpre, la
rougeole.
La conférence des chefs d'Etat de la CEMAC est l'organe
suprême de l'OCEAC à qui mandat a été donné
pour assurer la coordination des politiques et des actions de santé dans
la sous-région. Le conseil des ministres de l'UEAC est l'organe de
décision de l'OCEAC. Son organe délibérant est le conseil
d'administration composé des Secrétaires ou Directeurs
généraux des ministères de la santé publique des
six Etats membres. L'organe exécutif de l'OCEAC est
représenté par le secrétariat exécutif. Le
secrétariat exécutif comporte trois départements que
sont :
v Le département administratif ;
v Le département des programmes et de la
recherche ;
v Le département des Etudes et de la Planification.
I.2.2 Principales missions de l'organisation
Les missions attribuées à l'OCEAC ont
évolué à travers le temps. Dans la période allant
de 1965 à 1983, il lui était assigné les missions
ci-dessous :
v Etablir et coordonner tout programme d'action tendant au
contrôle et à l'éradication d'une endémie
sévissant dans la sous-région ;
v Poursuivre des études et des recherches pour mener
à bien la lutte contre ces endémies ;
v Susciter complémentairement pour y parvenir,
l'intérêt ou l'appui des grandes organisations nationales et
internationales.
En 1983, à la suite de la révision de ses
statuts, les missions de l'OCEAC ont été reformulées ainsi
qu'il suit :
v Constituer un pôle scientifique régional pour
développer la santé publique dans les Etats membres de la
sous-région ;
v Participer à la formation des personnels de
santé publique dans les Etats ;
v Fournir une expertise en santé publique aux Etats
membres ;
v Susciter complémentairement pour y parvenir,
l'intérêt ou l'appui des ONG et des organismes de
coopération bilatérale ou multilatérale.
I.2.3 Les unités opérationnelles de
l'OCEAC
En vue d'atteindre ses objectifs, l'OCEAC a opté de
spécialiser son travail auprès de ses trois unités
opérationnelles que sont :
ü Le CIESPAC (Centre Inter-états
d'Enseignement supérieur en Santé Publique d'Afrique
Centrale) : basée à Brazzaville, c'est l'unité de
l'OCEAC à laquelle est dévolue la mission de la formation en
santé publique du personnel des Etats membres de la CEMAC ;
ü L'IRY (l'Institut de Recherche de
Yaoundé) : il assure la recherche fondamentale en
épidémiologie sur des maladies jugées prioritaires pour la
sous-région. Il abrite en son sein trois laboratoires que sont :
v Le laboratoire de recherche sur le paludisme;
v Le laboratoire de recherche sur la trypanosomiase humaine
africaine;
v Le laboratoire de santé publique.
ü L'ADS (l'Agence de Développement
Sanitaire) : cette unité appuie les Etats de la sous-région
dans la définition des grandes orientations des politiques de
santé pour une meilleure prise en charge des personnes affectées.
L'ADS exécute aussi des programmes et projets de santé publique
pour le compte de certains bailleurs de fonds.
I.2.4 Les programmes de l'OCEAC
Afin de coordonner efficacement les actions de lutte des
systèmes de santé de ses Etats membres, des programmes
sous-régionaux ont été mis sur pied au sein de l'OCEAC. On
peut citer à ce titre :
ü Le Programme d'Harmonisation des Politiques
Pharmaceutiques Nationales en Afrique Centrale (HPPN) : il vise à
accorder les différentes pratiques et textes réglementaires qui
régissent la pharmacie dans les Etas de la sous-région. Notons
que l'action du programme HPPN s'étend sur toute la Communauté
Économique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) et non uniquement
à la CEMAC.
ü Le Programme sous-régional de lutte contre la
Trypanosomiase Humaine Africaine : crée en 2006, ce programme a
couvert initialement les six Etats de la CEMAC avant de s'étendre en
Angola et en République Démocratique du Congo à la demande
de la CEEAC.
ü Le Programme sous-régional de lutte contre le
VIH/SIDA : ce programme comporte plusieurs projets que sont :
v Le Projet « Réseau de Surveillance et de
Suivi de la Résistance du VIH/SIDA aux Antirétroviraux en Afrique
Centrale » ;
v Le Projet de lutte contre la propagation du VIH/SIDA le long
de la côte atlantique (PCA) ;
v Le Projet sur d'Education Préventive sur le VIH/SIDA
(PEP) en partenariat avec l'UNESCO ;
v Le Projet de Prévention du VIH/SIDA en Afrique
Centrale (PPSAC).
I.3 Présentation
générale du projet de prévention du vih/sida en Afrique
centrale
En vue d'une meilleure coordination des systèmes de
santé de ses Etats membres, plusieurs programmes sous régionaux
ont été mis sur pied au sein de l'OCEAC parmi lesquels le
Programme Sous-régional de lutte contre le VIH/SIDA. Celui-ci comporte
plusieurs projets au nombre desquels le Projet de Prévention du VIH/SIDA
en Afrique Centrale. L'objet des développements ci-dessous est de
présenter ledit projet. Il sera question notamment de présenter
le cadre général du projet qui est celui de la coopération
entre le gouvernement allemand et les Etats de la sous-région.
Cette coopération, entre le gouvernement allemand et
les Etats de la sous-région en matière de lutte contre le
VIH/SIDA se scinde en deux phases ; d'une part la phase régionale
de la coopération qui s'est concrétisée en 2006 par la
mise sur pied du PPSAC et d'autre part la phase bilatérale de la
coopération (entre 2000 et 2005) au cours de laquelle un appui direct
était accordé aux Associations de Marketing Social (AMS) de
certains Etats de la sous-région.
I.3.1 Phase régionale de la
coopération : le PPSAC
Le Projet de prévention du VIH/SIDA en Afrique Centrale
est le fruit de la coopération entre le gouvernement allemand à
travers la KfW et la CEMAC. Il constitue une approche régionale de
réponse face au VIH et SIDA. Il est exécuté depuis
2006 et est actuellement à sa troisième phase. La première
phase, d'une durée de trois ans (de 2006 à 2008) a couvert
trois pays de la sous-région notamment le Cameroun, la RCA et le Tchad.
La seconde phase, (2009 à 2012)23(*) a connu l'entrée de la République du
Congo. Le projet est actuellement à sa troisième phase
dénommée aussi phase III-IV dont la mise en oeuvre couvre la
période de juillet 2013 à juin 2016. Il est prévu une
dernière phase qui débutera en Juillet 2016 et qui couvrira
en sus des précédents Etats, le Gabon.
I.3.2 Phase bilatérale de la
coopération
Il convient de souligner toutefois que la coopération
entre le Gouvernement Allemand et les Etats de la CEMAC en matière de
prévention du VIH/SIDA ne débute pas avec le PPSAC. En effet,
entre 2000 et 2005, la Banque de Développement Allemande
finançait déjà la lutte contre le VIH/SIDA au Cameroun, en
République Centrafricaine et au Tchad dans le cadre d'accords
bilatéraux passés directement avec les AMS de ces pays
respectifs.
De manière spécifique, l'appui de la KfW
à l'Association Camerounaise pour le Marketing Social (ACMS) a
démarré en 2001 et s'est inscrit dans la perspective de
contribuer à la réalisation de la Stratégie Sectorielle de
la Santé (SSS) au Cameroun ainsi qu'à l'atteinte des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) en matière de
réduction de la pauvreté et d'inversion de la prévalence
du VIH/SIDA.
De même, de 2000 à 2005, grâce à
l'appui financier de la KfW, l'Association Centrafricaine pour le Marketing
Social (ACAMS) a pu mener plusieurs activités en faveur des groupes
cibles notamment les travailleuses du sexe, les jeunes, les militaires et les
migrants.
Pour sa part, la coopération bilatérale entre le
Tchad et la KfW date elle d'avant 2000. En effet, de 1995 à 2000,
à travers le PPLS (Projet Population et Lutte contre le SIDA), la KfW a
apporté son appui financier à la réalisation d'une
composante Marketing Social des Préservatifs au Tchad (MASACOT).
L'une des limites de cette approche était liée
à la faible capacité technique des AMS, celles-ci ne couvrant pas
un espace géographique suffisant.
Le PPSAC est le fruit de la coopération entre la
CEMAC et le gouvernement allemand. Il vise à apporter une réponse
collective (au niveau de la sous-région Afrique Centrale) à
l'épidémie de VIH/SIDA. Ayant présenté le cadre
institutionnel du projet, il convient maintenant d'en définir le contenu
exact ; c'est l'objet de la section suivante. Concrètement il sera
question de présenter les objectifs, la stratégie, les acteurs du
projet ainsi que ses activités maitresses.
II OBJECTIFS,
STRATÉGIE, ACTIVITTÉS MAITRESSES ET ACTEURS DU PPSAC
Des éléments clés définissent un
projet. En bonne place, figure l'objectif que le projet poursuit. En effet, la
stratégie et les activités mises en oeuvre sont
subordonnées à l'objectif que l'on poursuit.
II.1 Objectifs du PPSAC
L'objectif global24(*) du Projet de Prévention du VIH/SIDA en Afrique
Centrale s'intègre à ceux retenus dans les plans
stratégiques de lutte contre le SIDA des pays membres de la CEMAC et
apporte une contribution à leur mise en oeuvre. Il est intitulé
comme suit : « La propagation du VIH/SIDA et les
méfaits de la stigmatisation et de la discrimination envers les PVVIH
sont réduits ». Deux indicateurs sont retenus pour
la mesure de la contribution du projet à l'atteinte de cet objectif
global. Ce sont :
v IOG1: Taux de nouvelles infections à
VIH chez les adultes de 15 à 49 ans ;
v IOG2 : Taux des nouvelles infections
auprès des femmes enceintes.
L'objectif spécifique du projet est libellé
ainsi qu'il suit : « Une disponibilité accrue des
condoms et autres contraceptifs, et un changement positif des comportements des
groupes cibles sont réalisés ». Six
indicateurs sont retenus pour apprécier l'atteinte de l'objectif du
projet. Ce sont principalement :
v IOP1 : La part des jeunes de 15
à 24 ans qui déclarent avoir adopté un comportement
à moindre risque ;
v IOP2 : Part des adultes dans la
population générale disposant des connaissances correctes sur les
possibilités de prévenir le VIH/SIDA ;
v IOP3 : Le nombre de
préservatifs masculins vendus par les Associations de Marketing Social
(AMS) ;
v IOP4 : La consommation moyenne de
condoms masculins par tête d'habitant rapportée à la
population générale (CMCTH2) ;
v IOP5 : Le pourcentage des adultes
(15-49 ans) qui déclarent que les condoms sont toujours disponibles dans
les points d'achats lorsqu'ils en ont besoin ;
v IOP6 : La part des personnes dans la
population générale qui acceptent les personnes vivant avec le
VIH.
Pour atteindre cet objectif du projet, trois résultats
principaux doivent être réalisés. Ce sont :
v R1 : Les préservatifs et
certains contraceptifs sont rendus disponibles, accessibles en quantité
et en qualité, ce de façon continue ;
v R2 : Les connaissances, attitudes et
pratiques en prévention des IST, VIH/SIDA et en Planification Familiale
sont améliorées ;
v R3 : Les comportements tendant
à la stigmatisation et à la marginalisation envers les PVVIH sont
réduits.
Une série d'Indicateurs Objectivement
Vérifiables (IOV) ont été retenus pour apprécier
dans quelle mesure l'effort du projet peut permettre la matérialisation
sur le terrain des résultats planifiés.
Le résultat R1 relatif à la
disponibilité des préservatifs et contraceptifs s'apprécie
à l'aide de six indicateurs que sont :
v IR1.1 : Le nombre de points de vente
(PDV) opérationnels disponibles pour 1000 habitants ;
v IR1.2 : Le pourcentage des
enquêtés jeunes (15-24 ans) qui déclarent que le point
d'approvisionnement du condom est assez proche de leurs lieux d'utilisation (10
minutes pour la zone urbaine et 1 heure pour la zone rurale) ;
v IR1.3 : Le pourcentage des
enquêtés jeunes qui pensent que le prix du condom des
Associations de Marketing Social est abordable ;
v IR1.4 : Le pourcentage des jeunes qui
ont choisi le condom des AMS et qui sont satisfait de sa
qualité ;
v IR1.5 : Le nombre des
préservatifs féminins vendus par les AMS ;
v IR1.6 : Le nombre d'utilisatrices des
services de la Planification Familiale.
Le second résultat, relatif à
l'amélioration des connaissances, des attitudes et des pratiques en
matière de prévention du VIH/SIDA est lui aussi
appréhendé par six indicateurs que sont :
v IR2.1 : Le pourcentage de la
population générale ayant une connaissance complète,
parfaite et totale des trois modes de prévention du VIH/SIDA ;
v IR2.2 : Le pourcentage des
enquêtés ayant systématiquement utilisé le condom au
cours des rapports sexuels à risque durant les trois derniers mois
précédant la date de leur interrogation ;
v IR2.3 : Le pourcentage des personnes
atteintes par une Infection Sexuellement Transmissible (IST) qui
déclarent avoir reçu un traitement, des conseils et un condom
dans une structure de prise en charge des IST ;
v IR2.4 : Le pourcentage des jeunes
ayant un eu un rapport sexuel avant l'âge de 15 ans ;
v IR2.5 : Le nombre moyen de partenaires
sexuels par groupe cible pendant les trois derniers mois
précédent leur enquête ;
v IR2.6 : Le pourcentage des femmes en
âge de procréer qui connaissent au moins trois méthodes
contraceptives ;
v IR2.7 : Le pourcentage des femmes en
âge de procréer ayant utilisé une méthode
contraceptive lors des douze mois précédent leur
enquête;
v IR2.8 : Le pourcentage des hommes
ayant accepté la planification familiale.
Cinq indicateurs ont été retenus pour
apprécier le résultat relatif à la marginalisation et
à la stigmatisation des PVVIH. Ce sont :
v IR3.1 : Le nombre de personnes ayant
adhéré aux associations de PVVIH ;
v IR3.2: Le nombre de personnes candidates au
Conseil et Dépistage Volontaire est en augmentation ;
v IR3.3: Le pourcentage des adultes qui ont
fait un test de VIH et retiré le résultat;
v IR3.4: Le pourcentage des chefs
d'entreprise déclarant disposés à accepter des
employés séropositifs ;
v IR3.5: Le nombre d'associations de PVVIH en
partenariat avec les AMS qui mènent des activités de lutte contre
la stigmatisation et la discrimination
II.2 Activités
maîtresses du PPSAC
En vue d'atteindre les objectifs du projet, plusieurs
activités maîtresses ont été identifiées.
Relativement au premier résultat sur la
disponibilité continue des préservatifs et certains
contraceptifs, il a été retenu six activités
maîtresses que sont :
v L'acquisition de manière régulière de
préservatifs de qualité ;
v Le développement et la promotion des
stratégies de distribution et d'accès universel aux
préservatifs ;
v La mise en oeuvre de stratégies à base
communautaire pour améliorer l'accessibilité aux
préservatifs ;
v Le renforcement des capacités des AMS ;
v La mise en place des systèmes de suivi et
d'évaluation de l'utilisation des préservatifs ;
v L'acquisition et la promotion des autres moyens de
contraception.
En ce qui concerne le second résultat relativement
à l'amélioration des connaissances, attitudes et pratiques en
prévention des IST, VIH/SIDA et en Planification Familiale, les
activités maîtresses retenues à cet effet sont :
v La réalisation des études CAP (Connaissances,
Attitudes et Prévention) de base, à mi- parcours et en fin de
projet dans les pays concernés par le PPSAC ;
v Le développement des supports de communication
adaptés au contexte socioculturel des populations cibles ;
v L'appui aux jeunes dans l'apport d'une contribution de
réponse au VIH/SIDA.
v La planification et la réalisation de plaidoyers
ciblant des acteurs stratégiques que sont les leaders religieux et
politiques ;
v Le soutien des interventions en faveur des groupes cibles
à travers une contractualisation avec les structures
compétentes ;
v Le renforcement des partenariats avec les secteurs publics
et privés, la société civile et les partenaires de l'aide
au développement ;
v La réalisation des campagnes de sensibilisation et de
dépistage des IST et du VIH/SIDA avec l'intégration de la
Planification Familiale en direction des groupes cibles.
Les activités maitresses retenues dans l'atteinte de
l'objectif relatif à la réduction des comportements tendant
à la stigmatisation et à la marginalisation envers les PVVIH
sont principalement :
v La contribution à la mise en place des associations
de PVVIH et l'accompagnement de ces PVVIH à la vie associative ;
v Le renforcement des capacités techniques et
institutionnelles des réseaux et associations de PVVIH en vue de les
transformer en véritable acteurs ;
v La contribution à la prise en charge communautaire
des PVVIH ;
v Plaidoyer auprès des leaders d'opinions en vue de
l'adoption et l'application des textes de loi portant protection des droits des
PVVIH ;
v Appui à la création et au fonctionnement des
dispositifs nationaux de suivi et d'application des textes concernant les
PVVIH ;
v Contribution au respect des politiques non discriminatoires
envers les PVVIH dans les entreprises à travers le renforcement de la
Communication pour le Changement de Comportement auprès des chefs
d'entreprises ;
v La promotion de l'utilisation de l'index stigma.25(*)
II.3 Stratégie de mise
en oeuvre du PPSAC
Comme nous l'avons dit plus haut, l'approche actuelle dite de
la régionalisation a été précédée par
une phase bilatérale au cours de laquelle la KfW apportait un appui
direct aux Associations de Marketing Social de trois pays de la CEMAC
(Cameroun, Tchad, RCA). Le processus de régionalisation a apporté
plusieurs innovations majeures qui caractérisent la stratégie
actuelle du PPSAC.
II.3.1 La régionalisation de
l'approvisionnement : les commandes groupées de
préservatifs
Le premier des trois résultats poursuivis par le PPSAC
est la disponibilité en quantité, qualité et ce de
façon continue des préservatifs et certains contraceptifs. En vue
d'atteindre ce résultat, le PPSAC a opté pour une
régionalisation de l'approvisionnement à travers des commandes
groupées de préservatifs et autres matériels techniques
utilisés pendant la mise en oeuvre du projet. L'objectif ici est de
réaliser des économies d'échelle et d'obtenir des
coûts unitaires de revient plus bas.
II.3.2 Les activités synergiques
transfrontalières
Les activités synergiques transfrontalières font
partie du paquet de stratégies mises en place par le projet pour assurer
une meilleure accessibilité des services aux populations. En effet, l'un
des griefs adressé à l'approche bilatérale de
coopération en matière de VIH/SIDA entre la KfW et certains Etats
de la sous région était la faible couverture géographique
des activités des AMS du fait de leurs capacités techniques
limitées. L'approche régionale actuelle vise à mettre fin
aux « querelles de territorialité » auxquelles il
n'était pas rare d'assister. Désormais, les AMS peuvent desservir
les zones qui leur sont le plus proche sans tenir compte des frontières
nationales.
II.3.3 L'introduction d'une marque régionale de
préservatif
En relation avec la stratégie de régionalisation
des approvisionnements notamment par les commandes groupées, le Projet
de Prévention du VIH/SIDA en Afrique Centrale a mis au point une marque
régionale de préservatif. L'objectif poursuivi par la marque
régionale est de rendre disponible le préservatif et permettre
d'atteindre de meilleures ventes surtout dans la mise en oeuvre d'une
stratégie transfrontalière.
II.3.4 Le Forum Régional des Jeunes (FREJES)
Les développements précédents nous ont
permis de constater que les jeunes (15-24 ans) constituent la cible prioritaire
du PPSAC. A cet effet, il a été institué un Forum
Régional des Jeunes qui est une plateforme et une base de
réflexion au niveau régional. Ce forum aide à
améliorer les activités que ces jeunes mènent eux
mêmes afin de mieux se protéger contre les IST et le VIH/SIDA.
II.4 Les acteurs du projet de
prévention du vih/sida en Afrique centrale
Les acteurs du PPSAC se regroupent en quatre catégories
que sont les acteurs du processus de gestion, les acteurs du processus de
coordination, les Associations de Marketing Social et l'organisation
« Population Services International ».
II.4.1 Les acteurs du processus de gestion du PPSAC
Le processus de gestion du PPSAC comprend 4 principaux acteurs
que sont, le bureau de coordination régional, l'Organisation de
Coordination de la lutte contre les Endémies en Afrique Centrale,
l'Institut Tropical Suisse et la KfW, la banque allemande de
développement.
a. Le Bureau de Coordination Régionale
Le Bureau de Coordination Régionale du PPSAC est
installé dans les locaux de l'OCEAC. Il assure la coordination du PPSAC
et est constitué du coordonnateur, médecin de santé
publique, appuyé par un chef comptable, d'un chef comptable adjoint,
d'une secrétaire et d'un chauffeur.
b. L'OCEAC
L'Organisation de Coordination pour la lutte contre les
Endémies en Afrique Centrale est l'autorité technique
régionale de la CEMAC chargée des problèmes de
santé. Compte tenue de cette mission, la structure a été
identifiée comme bénéficiaire de l'aide du gouvernement
allemand en matière de lutte contre le VIH/SIDA. L'OCEAC est de ce fait
le maître d'ouvrage du PPSAC. La structure fournit entre autres une
série de facilités dans la mise en oeuvre du projet. A ce titre,
elle :
v Abrite le bureau de coordination du projet et met à
disposition une salle de conférence et des magasins de stockage de petit
matériel ;
v Appuie les facilités douanières et
d'exonération de taxes accordées pour l'acquisition des
préservatifs et autres matériels liés au projet ;
v Fait bénéficier au personnel expatrié,
sa couverture diplomatique ;
v Accorde des facilités contractuelles pour les
acquisitions avec les AMS et autres agences d'assistance technique qui appuient
le projet.
c. L'Institut Tropical Suisse (ITS)
L'Institut Tropical Suisse est le consultant régional
qui appuie la mise en oeuvre du projet en fournissant une assistance
technique. Il est responsable des résultats devant la KfW et l'OCEAC.
Conformément aux exigences du client du projet (l'OCEAC en
l'occurrence), l'Institut Tropicale Suisse a mis en place un bureau
régional avec à sa tête un expert expatrié longue
durée. Les activités d'appui de ce bureau régional sont
complétées par des consultants de courte durée.
d. La Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW)
Le gouvernement allemand, dans sa politique d'appui aux pays
de la CEMAC a chargé la KfW de mettre à disposition des fonds
nécessaires pour la mise en oeuvre du PPSAC. La banque de
développement allemande suit de près l'utilisation qui est faite
de ces fonds. A ce titre, elle doit endosser toutes les dépenses du
projet qui vont au-delà de 50 000 €, c'est-à-dire
donner une non objection pour ces dépenses. La KfW accompagne
l'exécution du PPSAC en participant régulièrement aux
réunions du Groupe Consultatif Régional de Suivi (un autre acteur
du PPSAC auquel nous ferons référence plus tard) du projet et en
facilitant autant que possible les procédures inhérentes à
son fonctionnement.
II.4.2 Les acteurs du processus de Coordination du
PPSAC
Le processus de coordination du PPSAC comprend deux principaux
acteurs. Le premier, le Groupe Consultatif Régional de Suivi, donne les
orientations stratégiques du projet. Le second la RCIP, analyse les
aspects techniques et opérationnels de la mise en oeuvre du projet.
a. Le Groupe Consultatif Régional de Suivi
(GCRS)
Le Groupe Consultatif Régional de Suivi réunit
les partenaires stratégiques qui ont le pouvoir de décision sur
la réponse à l'épidémie du VIH/SIDA tant au niveau
des pays que sur la sphère régionale. C'est le lieu des
orientations stratégiques pour le PPSAC. Le Projet profite en outre de
cette instance régionale pour disséminer les résultats des
activités de sa mise en oeuvre ; ce qui permet de lui assurer une
certaine visibilité. Le GCRS est d'autre part le creuset pour
approfondir les réflexions sur les aspects transfrontaliers de
l'épidémie an Afrique Centrale ainsi que toutes les
décisions à visée stratégique pour la sous
région. Les membres statuaires du GCRS sont :
v Les Comités Nationaux de Lutte contre le Sida
(CNLS) ;
v Les Ministères de la Santé ;
v Les Associations de Marketing Social ;
v Les Partenaires du système des Nations Unies
(ONUSIDA, FNUAP et OMS) ;
v Les agences bilatérales de coopération et
d'autres agences multilatérales.
Le Groupe Consultatif Régional de Suivi se
réunit une fois par an de manière alternée dans chacun des
pays couverts par les activités du PPSAC et ce sous la présidence
de l'ONUSIDA. Ces réunions portent aussi bien sur le bilan de
l'année écoulée que sur les projections des grandes
actions à venir.
b. Les Réunions de Concertation Inter-Pays
(RCIP)
Les Réunions de Concertation Inter-Pays
représentent une instance de coordination du PPSAC qui réunit
trois (03) fois par an, les principaux acteurs opérationnels
impliqués dans la lute contre le VIH/SIDA dans les différents
pays concernés par le projet. L'objectif de ces réunions est
d'analyser les aspects techniques et opérationnels des activités
du PPSAC. Les réunions se tiennent de manière tournante dans les
différents pays et regroupent non seulement les représentants des
CNLS et des AMS mais aussi tous les autres partenaires techniques et
programmatiques. Elles permettent surtout d'assurer un suivi des progrès
dans la mise en oeuvre des différents volets du projet, d'identifier les
goulots d'étranglement et les solutions nécessaires pour formuler
les recommandations.
II.4.3 Les Associations de Marketing Social : Maitres
d'oeuvre du PPSAC
En tant qu'autorité technique régionale de la
CEMAC chargée des problèmes de santé, l'OCEAC est le
maître d'ouvrage du PPSAC. Mais, la maîtrise d'oeuvre de ce projet
est confiée aux Associations du Marketing Social des différents
pays de la sous-région couverts par le projet.
En ce qui concerne la mise en oeuvre du PPSAC, les AMS
l'exécute conformément à un contrat cadre qu'elles ont
signé avec l'OCEAC. Ce contrat fait des AMS, les fers de lance de la
mise en oeuvre des activités du PPSAC. En effet, l'élaboration du
plan stratégique, des plans annuels d'action et l'exécution du
projet sont entièrement de la responsabilité de celles-ci avec
obligation de résultat. A ce titre, tous les documents
nécessaires à la mise en oeuvre du projet sont disponibles au
niveau des AMS. Parmi ces documents l'on a les rapports trimestriels de
progrès que nous avons été amenés à
exploiter pour les besoins de notre étude.
II.4.4 Le réseau « Population Services
International »
Population Services International est une organisation
médicale mondiale de premier plan installée dans plus de 70 pays
en développement à travers le monde et qui a vu le jour dans les
années soixante dix. Avec son siège à Washington aux Etats
unis, cette ONG est reconnue au plan mondial comme leader dans le marketing
social ; c'est-à-dire l'utilisation des ressources du secteur
privé pour encourager l'adoption des comportements sains au sein des
populations pauvres et vulnérables.
PSI attache une importance particulière à la
mesurabilité de l'effet sanitaire. Cet effet sanitaire, qui constitue la
boussole de toutes les interventions de PSI à travers le monde est
généralement appréhendé par des indicateurs tels
que :
v Le nombre de vies sauvées,
v Le nombre de grossesses non désirées
évitées ;
v Le nombre d'infections à VIH
évitées.
La plupart des Associations de Marketing Social sont membre du
réseau PSI. Celles-ci adoptent de ce fait les pratiques de marketing
social préconisées par cette institution. Ainsi PSI est un acteur
indirect du PPSAC en sens qu'il impose des pratiques de fonctionnement aux AMS
en général et celles de la sous région en particulier qui
elles sont directement responsable de la mise en oeuvre du PPSAC.
La plupart des interrogations qui pouvaient être
soulevées au sujet du PPSAC ont en partie trouvé réponse
dans les développements ci-dessus. Il y a été
présenté le cadre général du projet, ses objectifs,
sa stratégie de mise en oeuvre et les principaux acteurs du projet.
L'étude menée ici vise l'évaluation de l'efficacité
du projet relativement à ses coûts. Ayant déjà une
bonne connaissance du projet, une meilleure compréhension des concepts
et de la méthodologie employée nous semblent nécessaire
pour bien conduire nos analyses.
CHAPITRE III :
PRÉSENTATION DES
CONCEPTS, JUSTIFICATION DE LA MÉTHODE D'EVALUATION ET
ÉLÉMENTS DE MÉTHODOLOGIE
L'utilisation de l'évaluation
coût-efficacité comme technique d'évaluation
économique est largement répandue dans le domaine de la
santé publique. Une compréhension approfondie de la technique
(l'évaluation coût-efficacité) est entre autres
subordonnée à une bonne connaissance des notions et concepts qui
la fondent. La présentation des concepts clés
débutera par des développements sur la notion d'efficacité
en économie. L'évaluation coût efficacité est un
type particulier d'évaluation économique. A la suite de la
présentation de ces concepts clés, nous nous étendrons sur
la notion d'évaluation avant de terminer par celle d'évaluation
économique.
Le choix d'une technique d'évaluation économique
dans l'analyse d'un projet particulier peut être soutenu par divers
éléments de la littérature. A la suite de la
présentation des concepts clés, on s'emploiera à fournir
certains éléments qui justifient la méthode
d'évaluation employée. On identifiera quatre
éléments plaidant en faveur de l'emploi d'une évaluation
coût efficacité à savoir les exigences apportées par
la gestion axée sur les résultats, la prédominance des
études coût efficacité dans le secteur de la santé,
la priorité des études d'efficacité dans les
évaluations à mi-parcours et enfin les recommandations d'une
étude menée au sein du projet. La seconde partie de cette section
portera sur les éléments de la méthodologie ; il sera
notamment question de la présentation des sources de données
utilisées et des traitements relatifs aux coûts du projet.
I. PRÉSENTATION DES
CONCEPTS CLÉS DE L'ÉTUDE
Avant de conduire une évaluation de type coût
efficacité, il semble pertinent de comprendre à quoi renvoie le
concept d'efficacité en économie. Mais l'évaluation
coût efficacité appartient elle-même à la famille des
évaluations économiques ; une meilleure compréhension
de ce type d'évaluation ne semble pas superflue si l'on veut davantage
cerner la notion d'évaluation coût efficacité.
I.1 La notion
d'efficacité en économie
L'économie peut se définir26(*) comme l'étude de la
façon dont les personnes d'une collectivité donnée,
emploient des ressources productives rares pour lesquelles des utilisations
alternatives sont possibles, pour produire différents biens, les
distribuer dans les différents groupes de la société et
les consommer.
Le but poursuivi par les économistes est donc de
trouver des moyens pour allouer efficacement les ressources rares. Il existe en
l'occurrence plusieurs types d'efficacité en économie. Ce sont
notamment :
v L'efficacité technique : une entité
économique est dite techniquement efficace si, pour produire un extrant
donné, elle utilise le nombre le plus réduit d'intrants ou
inversement si, à partir d'un nombre donné d'intrants, elle
produit le maximum d'extrants. Si l'on se ramène aux projets, on dira
qu'un projet est techniquement efficace si, à partir d'une
quantité de ressources donnée, l'on obtient le plus grand
résultat immédiat possible ou inversement pour produire un
extrant ou résultat donné, l'on utilise la plus petite
quantité de ressources qui soit.
v L'efficacité économique : elle fait
référence à une situation d'une collectivité
où les ressources sont allouées de manière optimale et de
façon à servir chaque individu tout en minimisant les
gaspillages. Ainsi, une collectivité économiquement efficace est
celle dans laquelle il n'est pas possible d'améliorer le bien être
d'un individu sans dégrader celui d'un autre individu.
v L'efficacité allocative : elle désigne la
capacité d'une entité à allouer les ressources entre
plusieurs activités possibles de façon à maximiser
globalement le bénéfice. D'un point de vue théorique,
l'efficacité allocative est la situation d'une économie où
la production représente les préférences des
consommateurs. Dans ce cas, chaque bien et service est produit jusqu'à
ce que l'utilité marginale soit égale au coût marginal de
production. L'efficacité allocative est l'outil fondamental
utilisé en économie du bien être. Par définition, un
projet est un ensemble d'activités. Dans le cadre spécifique d'un
projet, la notion d'efficacité allocative pourrait donc faire allusion
à la situation où les ressources sont allouées de
manière optimale entre les différentes activités de
façon à maximiser le résultat final immédiat.
En vue d'allouer efficacement les ressources rares, des outils
d'analyse sont requis. Des outils qui mettraient en relation les coûts et
les bénéfices de la mise en oeuvre d'une intervention
plutôt qu'une autre. L'évaluation économique est l'un de
ces outils d'analyse. En effet, elle permet de mettre en perspective les
coûts et les bénéfices de l'implémentation de
plusieurs alternatives de mise en oeuvre d'une d'intervention donnée,
fournissant de ce fait une base à la prise de décision. Mais
avant de s'étendre sur la notion d'évaluation économique
il convient de baliser le terrain et de chercher à davantage comprendre
ce qu'est une évaluation de manière générale. Les
développements suivants s'attèlent à fournir plus amples
explications sur la notion d'évaluation.
I.2. Présentation de la
notion d'évaluation
La présentation de la notion d'évaluation
suppose de définir l'évaluation, de fournir ses principes
fondamentaux, les concepts clés qui entourent cette notion, les types
d'évaluation ainsi que les critères d'une évaluation.
I.2.1 Définition de l'évaluation
A la question de savoir ce qu'est une évaluation,
plusieurs définitions ont été proposées. Celles qui
reviennent le plus sont présentées ci-dessous :
v L'évaluation d'une intervention (une action, un
projet ou un programme) consiste en la formation d'un jugement sur sa
valeur ;
v Evaluer une intervention c'est rechercher si l'ensemble des
moyens mis en oeuvre permettent de produire les effets attendus de cette
intervention et de ce fait atteindre les objectifs qui lui sont
fixés ;
v Une évaluation s'appréhende aussi comme un
examen critique et distancié des objectifs et de la façon dont
ils sont réalisés.
v Par évaluation, on entend aussi l'application
systématique des méthodes en sciences sociales pour
apprécier la conception, la mise en oeuvre et l'utilité d'une
intervention donnée.
De ces différentes définitions proposées,
certains aspects méritent d'être soulignés :
v L'évaluation peut s'appliquer à diverses
formes d'interventions ; il peut s'agir d'un programme, d'une politique,
ou d'un projet ;
v L'évaluation n'est pas uniquement une
technique ; c'est aussi une démarche qui s'inscrit dans un contexte
institutionnel avec une visée opérationnelle et
pratique ;
v L'évaluation d'une intervention consiste avant tout
à son questionnement.
I.2.2 Les principes fondamentaux d'une
évaluation
L'évaluation repose sur deux principes fondamentaux que
sont l'« accountability » et le
« learning ».
L'« accountability » fait
référence à l'imputabilité, la
« redevabilité » et au souci de rendre compte. En
effet, lorsqu'une intervention est mise en place dans une communauté
donnée, les bénéficiaires ont le droit de demander des
comptes aux responsables de sa mise en oeuvre. Ainsi, conformément au
principe d'« accountability », la crédibilité
d'une évaluation dépend en partie de l'indépendance avec
laquelle elle est menée.
Le « learning » pour sa part fait
référence à l'apprentissage et au renforcement des
capacités. Ce principe part de l'idée selon laquelle, une
évaluation, pour être utile, doit être bâtie à
partir des intérêts et des enjeux des différents
protagonistes de l'action publique. L'évaluation permettrait ainsi aux
différentes parties prenantes de s'approprier les résultats de
l'intervention.
I.2.3 Les concepts clés d'une évaluation
L'évaluation peut s'appliquer à diverses formes
d'interventions partant d'une politique à un projet. Elle porte un
jugement sur l'atteinte des objectifs de ces différentes interventions.
Aussi, les concepts clés de l'évaluation font
référence aux éléments de la chaine des
résultats. On peut ainsi citer :
v Le résultat : c'est le changement qui
résulte directement de l'action.
v L'effet : il s'appréhende comme l'incidence
directe ou indirecte de l'action. En effet, d'autres dynamiques ou contraintes
en provenance de l'environnement de l'intervention peuvent agir sur l'effet.
Avec une marge d'incertitude, les effets peuvent tout de même être
anticipés dès la conception d'une intervention.
v L'impact : c'est la situation finale à la suite
d'une action. Une multitude de facteurs indépendants de l'intervention
peut altérer le passage de l'effet à l'impact. L'impact
s'apprécie à très long terme ; longtemps (5 ans ou
plus) après la fin d'un projet.
I.2.4 Les types d'évaluation
Selon la programmation dans le temps, on distingue cinq types
d'évaluation. Ce sont principalement :
v L'évaluation ex ante : elle intervient en aval
de la mise en oeuvre du projet, au moment de la conception de celui-ci. Sa
fonction est notamment de vérifier l'adéquation des objectifs
par rapport aux besoins, enjeux et problèmes à résoudre.
Cette évaluation fournit des éléments de soutien à
la planification du projet.
v L'évaluation à mi-parcours ou
intermédiaire : elle permet de réorienter l'action. Elle
peut aussi être mise en oeuvre pour vérifier, au milieu du cycle
du projet, si les besoins sont toujours présents, si la gestion du
programme se déroule comme prévu ou nécessite une
amélioration et pour analyser éventuellement les premiers effets
du projet ;
v L'évaluation finale : cette évaluation
intervient en fin de projet, elle permet d'observer les conséquentes
à court terme du projet ;
v L'évaluation ex-post : elle intervient
après l'arrêt du projet et se situe nettement après la
clôture des activités. Elle s'intéresse aux effets à
moyen ou long terme (impacts) ;
v L'évaluation in itinéraire ou
évaluation chemin faisant : elle est effectuée tout au long
du déroulement d'une intervention.
I.2.5 Les critères de l'évaluation
Le but poursuivi par une évaluation est entre autres
l'analyse des effets d'une intervention et la formation d'un jugement sur
celui-ci. Ce jugement se fonde sur plusieurs critères. De manière
générale on distingue six principaux critères d'une
évaluation. Ces critères sont la pertinence, l'efficacité,
l'efficience, l'impact, la cohérence et la viabilité.
La pertinence est la mesure selon laquelle les objectifs de
l'action menée correspondent aux attentes des
bénéficiaires et aux besoins de la communauté. Elle jauge
la valeur ajoutée de l'action menée. La pertinence cherche
à savoir si la mise en oeuvre d'une intervention est motivée et
si cette motivation correspond aux problèmes exprimés par les
bénéficiaires.
L'efficacité décrit la réalisation des
objectifs. C'est la comparaison entre les objectifs que les concepteurs se sont
préalablement fixés et les résultats atteints d'où
l'importance de définir clairement ses objectifs lors de la phase de
conception. L'analyse de l'efficacité s'attèle à mesurer
les écarts et à en justifier les causes.
L'efficience concerne l'utilisation rationnelle des ressources
mises à disposition et vise à analyser si les objectifs ont
été atteints à moindre coût. Le critère
d'efficience mesure la relation entre les différentes activités,
les ressources disponibles et les résultats prévus. Cette mesure
peut être aussi bien quantitative que qualitative et porter aussi bien
sur les questions de temps que de budget. L'efficience pose le problème
de la solution économique la plus avantageuse ;
l'intérêt étant de voir si des résultats similaires
seraient obtenus par d'autres moyens à moindre coût ou pendant des
délais plus courts.
L'impact mesure les retombées d'une action à
moyen et à long terme. C'est l'appréciation de tous les effets
d'une intervention dans l'environnement. Ces effets peuvent être aussi
bien positifs que négatifs, prévus qu'imprévus,
abordés aussi bien sur le plan économique, social, politique ou
écologique. Le critère d'impact dans une évaluation mesure
donc tous les changements significatifs et durables dans la vie et
l'environnement des personnes et des groupes ayant un lien direct ou indirect
avec l'intervention menée.
La cohérence analyse pour sa part la conception du
projet. Ce critère mesure la logique du projet et
l'intégralité de sa programmation. Ici, on s'intéressa
généralement à la planification des tâches et
à la manière dont celles-ci sont ordonnancées. Le
critère de cohérence amène les évaluateurs à
l'étude des aspects logiques de la programmation des activités
d'une intervention donnée.
Le sixième critère, la durabilité encore
appelé viabilité ou pérennité vise à savoir
si les effets d'une intervention perdureront après son arrêt. Ici,
on analyse les chances pour que les effets positifs d'une intervention se
poursuivent lorsque celle-ci sera achevée.
I.3 Présentation de la
notion d'évaluation économique
L'évaluation coût efficacité qui fait
l'objet de cette étude, fait partie de l'ensemble constitué par
les évaluations économiques. Une meilleure compréhension
du concept d'évaluation coût efficacité est
subordonnée, du moins en partie à celle de la notion
d'évaluation économique. En effet, en temps
qu'élément de cet ensemble, l'évaluation coût
efficacité hérite de certains éléments
méthodologiques qui lui sont propres. Les développements suivants
ont donc pour but de nous permettre de mieux appréhender la notion
d'évaluation économique.
I.3.1 Présentation générale de
l'évaluation économique
Les programmes et autres interventions de l'autorité
publique peuvent être considérés comme des processus de
production qui transforment les intrants ou ressources en changements ou effets
sur les bénéficiaires de ces interventions. Les décideurs
et responsables de l'affectation des ressources et de la mise en oeuvre des
diverses interventions ont besoin de comprendre les liens existant entre les
ressources utilisées et les résultats produits.
L'évaluation économique fait partie des outils
analytiques dont disposent les décideurs. En effet, dans une
évaluation économique, des techniques sont appliquées pour
identifier, mesurer, apprécier et comparer les coûts et les
conséquences induits par une intervention et des interventions de
remplacement. Ainsi, l'évaluation économique fournit des
critères permettant de faire des choix entre plusieurs stratégies
d'intervention dans un domaine donné. Elle s'efforce donc de
définir les façons efficaces d'employer les ressources
limitées. Elle permet aux décideurs d'identifier si un niveau
quelconque de résultats vaut l'importance des ressources
consacrées pour les produire.
L'importance d'une telle technique n'est plus à
démontrer dans un contexte marqué par la rareté des
ressources. Cependant, sa mise en oeuvre se fait parfois maladroitement du
fait de la méconnaissance des principes fondamentaux sur lesquels elle
se fonde.
I.3.2 Les principes fondamentaux d'une évaluation
économique
L'évaluation économique se fonde
généralement sur deux principes fondamentaux. D'une part elle
analyse aussi bien les coûts d'une intervention donnée que ses
bénéfices ou résultats produits. D'autre part, toute
évaluation économique comporte un point de vue ou perspective.
a. La prise en compte conjointe des coûts et des
bénéfices
L'un des deux principes fondamentaux de toute
évaluation économique est la prise en compte aussi bien des
coûts que des bénéfices émanant d'une allocation
donnée de ressources. Les considérations relatives à
l'analyse de chacune de ces deux composantes doivent ainsi être
présentées en vue d'une mise en application correcte de
l'évaluation économique.
a.1 L'analyse des coûts dans la conduite d'une
évaluation économique
De manière générale, les coûts
représentent la valeur des ressources utilisées pour produire un
bien ou un service. Le succès d'une évaluation économique
est étroitement lié à la prise en compte exhaustive des
coûts de l'intervention pour laquelle cette évaluation est
menée. Le coût d'une intervention est souvent entendu comme le
« coût de production » de cette intervention.
En effet, les interventions sont généralement
considérées comme des processus de production qui transforment
des ressources ou inputs en extrants. Dans l'évaluation
économique d'une intervention, l'analyse des coûts fera donc
référence à l'analyse des coûts de production. Ce
coût renverra d'une part aux ressources consommées dans la
production de cette intervention (coûts directs de l'intervention) mais
aussi aux ressources non consommées mais rendues indisponibles du fait
de la production de l'intervention considérée (coûts
indirects de l'intervention). Du fait de la complexité de leur calcul,
les coûts indirects d'une intervention sont souvent omis.
Les coûts des ressources s'obtiennent de plusieurs
façons, une mesure communément utilisée est le prix de
marché de ces ressources. Le prix de marché est une mesure
commode du coût car son obtention est relativement facile. Cependant elle
intervient comme substitut à une méthode plus
préconisée dans la conduite des évaluations
économiques qui est celle du coût d'opportunité ou
coût économique.
En effet, la valeur des unités engagées dans un
projet ou intervention quelconque doit être le coût
d'opportunité de ces unités, c'est à dire les gains les
plus élevés auxquels on renonce du fait de la mobilisation de ces
unités dans l'intervention considérée. Mais, compte tenu
de la difficulté inhérente à l'estimation de ces valeurs,
l'approche du prix de marché est généralement
utilisée.
Dans la conduite d'une évaluation économique,
une considération pratique, en sus des aspects de coût
d'opportunité des ressources utilisées est celle du traitement
des différentes catégories de coûts recensés dans le
cadre de la mise en oeuvre d'une intervention quelconque. Le coût d'une
intervention apparaitra donc comme la somme des coûts en capital, des
coûts récurrents et des frais généraux
utilisés dans le cadre de cette intervention. Les coûts en capital
font référence aux coûts des immeubles ou de la terre
utilisée pour mettre en oeuvre cette intervention. Les coûts
récurrents pour leur part se réfèrent aux dépenses
salariales du personnel employé dans les activités de
l'intervention. Les frais généraux sont les coûts des
installations ou des services qui sont généralement
partagées pour la mise en oeuvre de plusieurs interventions.
a.2 L'analyse des bénéfices dans la
conduite d'une évaluation économique
Le premier principe fondamental de l'évaluation
économique impose la prise en compte conjointe des
bénéfices et des coûts pour prétende à
l'exhaustivité dans l'analyse. Des considérations relatives
à l'analyse des effets doivent être évoquées
à la suite de celles relatives aux coûts.
Les bénéfices ou conséquences,
représentent les résultats d'une action donnée. Trois
types de bénéfices peuvent identifiés ; ce sont les
bénéfices directs, les bénéfices indirects et les
bénéfices induits ou retombées.
Dans le domaine de la santé publique (domaine du
projet PPSAC sur lequel porte notre étude), les bénéfices
directs d'un projet de prévention d'une affection donnée peuvent
s'appréhender comme l'ensemble des dépenses
économisées grâce à la prévention de cette
affection ou à son traitement. Dans ce cas, les bénéfices
indirects représentent les avantages médicaux associés aux
gains de productivité obtenus grâce au traitement ou la
prévention de la pathologie. Les bénéfices intangibles
pour leur part comprendront la valeur des résultats psychologiques par
exemple l'atténuation de la douleur et de la souffrance qui font suite
à une intervention donnée.
b. Le point de vue à considérer dans
l'évaluation économique
Avant le début de toute évaluation
économique, des considérations relatives à la perspective
ou point de vue doivent être clarifiées en ce sens qu'elles
peuvent avoir des implications sur la nature des coûts et des
bénéfices à prendre en compte dans ladite
évaluation.
De part leurs fondements en économie du bien
être, les évaluations économiques adoptent
généralement le point de vue sociétal. A cet effet, une
évaluation économique devrait analyser les coûts et les
effets d'une intervention donnée sur le bien être de la
société entière et non uniquement sur les
bénéficiaires directs de cette intervention.
Par ailleurs, la préoccupation centrale en
économie étant celle de l'utilisation efficace des ressources
rares dans une collectivité donnée, une perspective
étriquée ne permettrait pas de prendre en considération
des utilisations alternatives des ressources disponibles. La prise en compte
d'une perspective large (point de vue de la société) se trouve de
ce fait amplement justifiée.
D'autre part, l'utilisation du concept de coût
d'opportunité, mode de valorisation des coûts lors de la conduite
des évaluations économiques reflète cette
préoccupation de prendre en compte le bien être social dans son
ensemble. En effet, puisque les ressources de la collectivité
entière sont limitées, décider d'allouer celles-ci
à une intervention donnée équivaut à sacrifier des
opportunités d'utilisation de ces ressources pour des activités
alternatives.
Dans certaines situations pratiques cependant, l'adoption d'un
point de vue de la société peut apparaitre totalement
inappropriée. En effet, dans la pratique, le choix d'un point de vue est
fortement corrélé au contexte dans lequel l'évaluation
économique est menée. Les personnes ou institutions qui
parrainent l'évaluation peuvent exiger que ladite évaluation
fasse l'écho de leur propre point de vue.
Dans le secteur de la santé, quatre (04) points de vue
standards sont généralement identifiés. Du plus
étroit au plus large, l'on note :
v Le point de vue du patient ou client ;
v Le point de vue du prestataire : il désigne
toutes les catégories de personnes et d'institutions qui fournissent des
services liés à la santé ;
v Le point de vue du payeur : le terme payeur
désigne la personne, l'entité ou l'institution responsable en
dernier ressort du coût financier d'un programme (de santé)
donné. Elle peut toutefois être élargie à l'ensemble
des structures qui assurent le financement des projets relevant d'un domaine
précis. La présente étude adopte un point de vue similaire
à savoir celui de l'ensemble des structures qui financent la lutte
contre une affection donnée en l'occurrence l'épidémie de
VIH/SIDA ;
v Le point de vue du système de soins de
santé.
I.3.3 Les types d'évaluations économiques
Il existe de nombreux types d'évaluations
économiques. Certaines se focalisent sur les coûts, d'autres sur
les résultats. Certaines évaluations économiques comparent
plusieurs interventions tandis que d'autres n'analysent qu'une seule
intervention. Mais de façon générale, on classe les
évaluations économiques en deux grandes catégories que
sont les évaluations économiques partielles et les
évaluations économiques complètes.
a. Les évaluations économiques partielles
Lorsqu'une évaluation économique compare
plusieurs interventions possibles mais ne s'intéresse qu'aux coûts
ou aux résultats de ces interventions ou alors lorsqu'elle compare
à la fois les coûts et les résultats d'une unique
intervention, cette évaluation est qualifiée d'évaluation
économique partielle. Les études d'efficacité potentielle
ou réelle sont des évaluations qui visent uniquement les
résultats d'une intervention. De même les analyses de minimisation
des coûts sont des évaluations qui ne portent que sur les
coûts des programmes. Ces deux catégories d'évaluations
peuvent être qualifiées d'évaluations économiques
partielles.
La définition ci-dessus semble en contraction avec les
développements faits plus haut lorsque nous présentions les
principes fondamentaux d'une évaluation économique. En effet,
nous avons dit que l'un des principes fondamentaux de l'évaluation
économique est la prise en compte conjointe à la fois des
coûts et bénéfices d'une ou plusieurs interventions. Le
qualificatif de « partiel », adjoint à ce type
d'évaluation est là justement pour témoigner de cette non
prise en compte totale des deux principes. Elles peuvent toutefois être
considérées comme des évaluations économiques. En
effet, elles s'appliquent lorsque des interventions présentent soit des
coûts similaires (auquel cas on compare uniquement les effets) ou lorsque
ces interventions présentent des effets similaires auquel cas l'accent
sera mis sur les coûts uniquement.
b. Les évaluations économiques
complètes
Par évaluation économique complète, on
entend une analyse où l'on tient compte à la fois des coûts
et des résultats d'une intervention donnée, et que l'on compare
à d'autres alternatives possibles. De façon
générale, on distingue trois types d'évaluations
économiques complètes que sont, l'analyse coût
efficacité, l'analyse coût utilité et l'analyse coût
bénéfice.
b.1 L'Analyse Coût Efficacité
L'analyse coût efficacité (ACE) est une forme
d'évaluation économique complète qui considère
à la fois les coûts et les résultats et qui analyse plus
d'une intervention afin de pouvoir établir des comparaisons. Elle permet
d'évaluer l'efficience d'une intervention en rapportant les
dépenses engagées aux résultats obtenus. Elle permet de
juger si l'intervention la moins chère en termes de coût est aussi
la plus avantageuse en termes de résultats.
L'ACE se concentre généralement sur l'effet
principal souhaité et l'ensemble des moyens mis en oeuvre pour obtenir
cet effet. De ce fait, elle convient mieux aux programmes ou interventions
ayant un objectif principal clairement défini. Dans certains cas de
figure, lorsque le contexte s'y prête, l'efficacité d'une
intervention peut être évaluée en termes d'indicateurs de
résultats intermédiaires.
Dans le domaine de la santé, la conduite d'une analyse
coût efficacité peut se faire à partir de deux types
d'unité de résultat, les unités naturelles et les
unités génériques. Les unités naturelles sont
spécifiques à une pathologie donnée. Les unités
génériques permettent de comparer plusieurs interventions qui
partagent le même moyen de mesure même s'ils ont lieu dans des
domaines de la santé très différents. Comme exemple
d'unité générique on peut citer le « nombre de
vies sauvées », les « années de vies
sauvées ».
L'Analyse Coût Efficacité peut être
conduite de manière ex-post ( analyse coût efficacité
rétrospective) pour analyser la performance d'un programme ou ex-ante
pour comparer l'efficacité de différentes options possibles de
mise en oeuvre d'une intervention donnée. L'étude que nous menons
est de type ex-post. En effet, nous analysons les effets d'un projet
déjà mis en oeuvre et ce fait, tentons d'apprécier la
performance de sa mise en oeuvre pendant les deux premières phases.
Dans la conduite d'une ACE, l'on est amené à
calculer des rapports coût efficacité. Ce sont les rapports du
coût au résultat. Lorsque l'on compare plusieurs interventions,
chacune d'entre elles aura un rapport donné par la formule
suivante :
Afin de mieux éclairer la prise de décision, un
autre indicateur est souvent calculé dans la conduite d'une analyse
coût efficacité prospective ; c'est le rapport coût
efficacité incrémentiel. Il permet de comparer
l'efficacité relative des interventions prises deux à deux. Il
s'obtient par le rapport entre la différence des coûts de deux
interventions et la différence de résultat entre ces deux
interventions.
Certaines évaluations économiques partielles,
qui ne portent que sur une seule intervention peuvent s'intéresser
à l'analyse du rapport coût efficacité. Pour une
intervention mise en oeuvre depuis un bout de temps, une analyse
rétrospective peut s'intéresser à savoir comment le
rapport coût efficacité évolue dans le temps. Dans ce cas
de figure, l'on peut être amené à calculer un rapport
coût efficacité temporel. Sa formule se présente comme
suit :
Ce rapport fournit une base pour le calcul de
l'élasticité du résultat par rapport au coût de
l'intervention. Cette élasticité sera le rapport entre la
variation relative de l'indicateur de résultat considéré
sur la variation relative du coût pour deux périodes
données.
b.2 L'Analyse Coût Utilité
L'Analyse Coût Efficacité (ACU) évalue le
résultat d'une intervention en termes d'unités quantitatives
comme par exemple le nombre de vies sauvées ou les années de vies
sauvées. Dans certaines situations, une unité quantitative ne dit
pas assez sur une intervention. L'analyse coût utilité est une
forme d'évaluation économique complète permettant de
comparer plus d'une intervention en évaluant leurs résultats
à la fois sur les plans quantitatifs et qualitatifs.
Dans le secteur de la santé, pour prendre en compte la
qualité de vie (en faisant référence à l'indicateur
« nombre d'années de vies sauvées »), on
utilise généralement un indicateur connu sous le nom de QALY
(Quality Adjusted Life Years). Pour calculer le nombre de QALY qu'un individu
est susceptible de gagner à la suite d'une intervention, il est
important de déterminer la valeur qu'il attribue à une diminution
de sa qualité de vie. Ceci se fait en posant à cet individu, une
série de questions sur sa perception de sa qualité de vie
vraisemblable dans un état de santé donné. Ces questions
permettent de déterminer l'utilité que la personne accorde
à un état de santé donné. Cette utilité
varie de 0 (faisant référence à la mort) à 1
(traduisant la parfaite santé). Une fois obtenue une estimation de
l'utilité qu'un individu accorde à un état de santé
donné, une estimation de l'indicateur QALY est donnée par la
formule suivante :
Une fois qu'est obtenu le nombre de QALY gagnées avec
une intervention donnée, l'analyse coût utilité permettra
d'obtenir le coût par QALY gagné.
L'indicateur QALY est un exemple particulier d'unité
composite de mesure utilisé en analyse coût utilité. Il
existe cependant une autre unité composite de mesure communément
utilisée dans les analyses coûts utilité : c'est le
DALY (Disability Adjusted Life Years ). Le DALY mesure le poids du handicap
associée à une pathologie donnée. Il s'interprète
dans le sens inverse des QALY
b.3 L'Analyse Coût Bénéfice ou
Analyse Coût Avantage
L'ACE et l'ACU sont généralement
utilisées pour identifier le moyen le plus efficient pour
déterminer les ressources que paieront les différentes
interventions dans un budget établi. L'Analyse Coût
Bénéfice (ACB) permet d'aller plus loin et envisager d'un point
de vue de la société, les interventions qui valent la peine
d'être mise en oeuvre. En effet, l'Analyse Coût
Bénéfice permet de déterminer si l'intervention par
elle-même présente un bénéfice pour la
société, en mesurant les coûts et les résultats dans
les mêmes termes (monétaires) et en jugeant les
bénéfices de l'intervention en comparaison à son
coût. Le but de l'ACB est de déterminer si les
bénéfices d'une intervention sont supérieurs à ses
coûts.
La prise de décision lors de la conduite d'une Analyse
Coût Bénéfice se fonde sur le rapport coût
bénéfice ou sur la valeur actuelle nette.
Le rapport coût bénéfice s'obtient en
divisant la valeur actuelle des coûts par la valeur actuelle des
bénéfices tous deux exprimés en termes monétaires.
Si ce rapport est inferieur à 1 alors les bénéfices sont
supérieurs aux coûts et de ce fait l'intervention est
justifiée. La formule explicite du rapport
coût-bénéfice est donnée par :
La valeur actuelle nette se calcule en soustrayant la valeur
actuelle nette des bénéfices par la valeur actuelle des
coûts. Si le résultat est supérieur à 0 alors les
bénéfices sont supérieurs aux coûts et
l'intervention est justifiée. La formule explicite de la valeur actuelle
nette est donnée par :
Dans la conduite d'une Analyse Coût
Bénéfice, les coûts et les bénéfices de
l'intervention doivent être mesurés en termes monétaires.
L'une des difficultés de cette technique est de mettre une valeur
monétaire sur les résultats d'une intervention surtout dans le
secteur de la santé. En effet, les résultats d'interventions
dans le secteur de la santé ne se prêtent pas aisément
à des évaluations en termes monétaires. Ainsi, il est
difficile de mettre une valeur financière sur une vie humaine
sauvée ou une vie sans douleur ni handicap.
Compte tenu de l'exigence de monétisation
imposée par l'Analyse Coût Bénéfice, plusieurs
techniques ont été développées pour estimer la
valeur monétaire d'un résultat en matière de santé.
Les trois techniques les plus utilisées sont :
v L'approche du capital humain : pour
évaluer les bénéfices d'une intervention dans le secteur
de la santé, l'approche du capital humain calcule la valeur actuelle des
revenus qui seraient perdus en cas d'occurrence d'une pathologie donnée
et de ce fait pourraient être épargnés grâce à
l'intervention considérée. Ainsi pour le projet qui fait l'objet
de notre étude, l'approche du capital humain préconiserait de
calculer la valeur actuelle des revenus qui seraient perdus si un individu
contractait l'infection à VIH.
v L'approche des préférences
exprimées : cette approche se base sur les métiers
à risque pour approcher la valeur monétaire que les personnes
attribuent à leur santé et à leur vie. Ici, l'on examine
quel niveau de salaire va pousser un individu à accepter un emploi qui
comporte un risque de blessure ou de mort et calculer à quel prix total
il évalue sa santé ou sa mort.
v L'approche par l'évaluation
continue : cette technique est aussi connue sous le nom de
« motivation à payer » ou « motivation
à accepter ». Ici, il est demandé à des
personnes de s'imaginer dans une certaine situation de santé et de dire
combien ils seraient prêts à payer pour des soins de santé
ou combien ils voudraient être payés en compensation des soins
auxquels ils n'auraient pas droit. La « motivation à
payer » ou « consentement à payer » est
une mesure monétaire de la variation de bien être d'un individu
qui serait nécessaire pour qu'il accepte le changement associé
à une intervention donnée.
II. JUSTIFICATION DE LA
MÉTHODE D'EVALUATION ET ELEMENTS DE MÉTHODOLOGIE
Nous voulons effectuer une évaluation de type
coût efficacité sur une action de prévention en
l'occurrence le projet de prévention du VIH/Sida en Afrique centrale.
Plusieurs éléments peuvent motiver une telle analyse ; la
justification de la méthode d'évaluation qui est la
première partie de cette section nous fournira certains de ces
éléments. Par éléments de méthodologie, nous
présenterons les différentes sources de données
utilisées dans cette analyse avant de chuter sur l'analyse et le
traitement des coûts du projet. Comme nous l'avons indiqué plus
tôt dans l'étude, les évaluations de type
coût-efficacité se penchent aussi bien sur les effets d'une
intervention que sur ses coûts. Nous terminerons donc cette section par
des développements sur les coûts du projet, l'évaluation
des effets faisant l'objet du chapitre suivant
II.1 Justification de la
méthode d'évaluation
De manière générale, les motivations
derrière la mise en oeuvre d'une évaluation de type coût
efficacité sont diverses et variées. Dans le cadre de la
présente étude, quatre éléments de justification
peuvent être mis en évidence.
Le premier fait référence aux exigences de la
gestion axée sur les résultats. En effet, la déclaration
de paris de 2003 a apporté des exigences relatives à
l'utilisation de l'Aide Publique au Développement. L'un des cinq
principes fondateurs de cette déclaration fait référence
à la gestion axée sur les résultats. Elle implique donc
que la quête d'efficacité soit omniprésente dans la
conduite des programmes financés sur fonds d'aide.
L'étude menée ici porte sur la
prévention du VIH/SIDA ; un projet relevant du domaine de la
santé publique. Les évaluations de type coût
efficacité sont fréquemment utilisées dans le domaine de
la santé. Ceci constitue le second élément de
justification du choix de ce type évaluation.
Selon la programmation dans le temps, une évaluation
menée alors que le projet continue de s'exécuter est une
évaluation à mi-parcours. L'analyse de l'efficacité, l'un
des six critères d'évaluation précédemment
présentés revêt une importance particulière dans la
conduite des évaluations à mi-parcours.
Le dernier élément qui justifie le choix de
l'évaluation coût efficacité est relatif à une
recommandation de l'équipe d'évaluation de la phase II. En effet,
dans leur rapport, les auteurs avaient souligné l'intérêt
de mener une étude sur la performance des Associations de Marketing
Social. L'étude coût efficacité que nous menons au
Cameroun, fournira des éléments de performance sur la mise en
oeuvre du projet par l'ACMS (l'Association Camerounaise pour le Marketing
Social).
II.1.1 Les exigences de la Gestion Axée sur les
Résultats
D'après le Comité d'Aide au
Développement27(*),
l'Aide Publique au Développement (APD) est aujourd'hui
considérée comme l'une des principales solutions pour promouvoir
le développement économique et lutter contre la pauvreté
dans les pays du sud. Ainsi, depuis le début des années 2000, les
flux d'APD ont massivement augmenté. Cependant, la question sur
l'efficacité de cette aide ne fait pas l'unanimité au sein de la
communauté internationale.
En effet, la littérature sur l'efficacité de
l'aide demeure extrêmement riche et variée et comporte aujourd'hui
à peu près autant d'articles exposant une relation positive entre
l'aide et la croissance que d'articles soutenant l'absence totale de relation.
Cette hétérogénéité souligne bien le manque
de consensus qui divise les pays et les institutions en charge d'allouer cette
aide.
La volonté de trouver une issue à ce
débat justifie la multiplication des études menées
à l'échelle microéconomique en vue d'analyser l'effet de
l'APD sur le développement. Ces études microéconomiques
analysent généralement l'efficacité des programmes
financés grâce à l'aide internationale sur leurs
bénéficiaires.
Dans un contexte marqué par des reformes sur les
modalités d'acheminent et de gestion de l'aide au développement
que la déclaration de paris a apporté, la question de
l'efficacité des programmes financés par les donateurs
internationaux se pose avec acuité en ce sens qu'elle permet
d'évaluer les avancées observées dans ladite
déclaration. La présente étude, qui a pour objectif
d'évaluer l'efficacité du Projet de Prévention du VIH/SIDA
en Afrique Centrale s'inscrit dans cette perspective. En effet, ledit projet
est financé sur fonds d'aide du gouvernement allemand à la
CEMAC.
II.1.2 La prédominance des évaluations
coûts efficacité dans le secteur de la santé
Les évaluations de type coût efficacité
font partie des méthodes d'évaluation des effets largement
utilisées dans le secteur de la santé. Ces évaluations
trouvent leur fondement dans les analyses médico-économiques
portant sur la comparaison entre différentes interventions
médicales et sanitaires. En effet, une intervention a des effets sur la
santé tels que l'amélioration de la survie de la qualité
de vie mais aussi un coût. La comparaison entre diverses interventions se
fait donc en rapportant le coût total au résultat total.
D'autre part, la santé est réputée
être une composante essentielle du développement humain et,
l'utilisation des ressources qui y sont consacrées fait par
conséquent l'objet d'une attention particulière ; surtout
dans un contexte où ces ressources sont rendues insuffisantes du fait
d'une mauvaise conjoncture économique. Ainsi, l'insuffisance des
ressources allouées à la santé pose avec acuité la
question de leur utilisation efficace et, les évaluations de type
coût efficacité constituent des outils d'aide à la
décision de premier choix dans l'allocation desdites ressources dans ce
domaine.
Par ailleurs, la situation du financement de la lutte contre
le VIH/SIDA épouse le contexte général du financement la
santé. En effet, si les ressources consacrées à la riposte
de cet épidémie ont considérablement évolué,
elles sont restées toutefois insuffisantes et nettement en dessous des
cibles de la déclaration de politique de 2001 sur le VIH/SIDA. Dans ce
contexte spécifique, l'évaluation de l'efficacité d'une
action visant la prévention de nouveaux cas d'infections se trouve
amplement justifiée.
II.1.3 L'importance des études d'efficacité
dans les évaluations à mi-parcours
Lors de la présentation de la notion
d'évaluation, nous avons identifié, selon la programmation dans
temps plusieurs types d'évaluation généralement mis en
oeuvre dans la pratique. L'évaluation ex-ante qui intervient en amont
avant la mise en oeuvre du projet, l'évaluation intermédiaire ou
à mi-parcours qui permet de réorienter l'action entreprise et
analyser les premiers effets de l'intervention, l'évaluation finale
survenant en fin de programme et qui permet d'apprécier les
résultats à court terme. L'évaluation ex-post qui est mise
en oeuvre après la clôture du programme constitue le dernier type
d'évaluation généralement mise en oeuvre.
Si l'importance de chacune de ces évaluations n'est
plus à démontrer, l'évaluation à mi-parcours
revêt un caractère particulier dans la vie d'un projet. C'est la
seule évaluation qui est mise en oeuvre alors que le projet
s'exécute toujours. L'évaluation finale qui, comme son nom
l'indique intervient à la fin du projet, a une dimension
pédagogique. L'évaluation ex-ante pour sa part apparait comme un
soutien à la planification du projet et l'évaluation ex-post vise
la mesure de l'impact du projet. Vu qu'elle intervient avant
l'achèvement du projet, l'évaluation à mi-parcours a de
l'espace pour, éventuellement redresser les actions enclenchées
et les remettre sur la trajectoire des résultats attendus. Le
redressement de ces actions doit s'appuyer sur le niveau d'atteinte des
objectifs fixés ce qui nécessite d'appréhender
l'efficacité du projet à mi-parcours.
Ainsi, au nombre des six critères que compte une
évaluation, « l'efficacité » revêt une
importance particulière dans les évaluations à
mi-parcours. En effet, on s'attend très peu à ce qu'une
évaluation à mi-parcours questionne principalement la pertinence
d'une intervention ; c'est-à-dire l'adéquation entre les
objectifs et les attentes des bénéficiaires. Une
évaluation à mi-parcours ne saurait non plus se focaliser
principalement sur l'impact ou la durabilité du projet ; sa
période de mise en oeuvre ne permettant pas d'apprécier ses
effets à moyens et long termes. De ce fait, une évaluation
à mi-parcours se focalisera principalement sur les critères
d'efficacité et d'efficience du projet. Ainsi, même si des
préoccupations relatives à la pertinence du projet sont
soulevées, c'est le plus souvent via le questionnement de
l'efficacité. En effet un niveau de performance anormalement bas
relevé pour un indicateur donné peut être source
d'interrogations allant dans le sens de la qualité des indicateurs
utilisés ou encore leur pertinence.
Exécuté depuis 2006, le Projet de
Prévention du VIH/SIDA est actuellement à sa
3ème phase. La première phase s'est achevée en
2008, et a couvert trois pays parmi lesquels le Cameroun. La seconde phase
quant `à elle a duré quatre ans et s'est achevée en 2012.
La phase III-IV du projet vient juste de s'achever et il est prévu une
phase V probablement la dernière. Une évaluation se focalisant
uniquement sur les deux premières phases du projet peut être
perçue comme évaluation à mi-parcours et de ce fait, les
considérations relatives à l'efficacité et l'efficience se
posent avec insistance.
II.1.4 L'évaluation des performances des
Associations de Marketing Social par des études coût
efficacité : une recommandation de l'évaluation de la phase
II.
Le rapport d'évaluation de la phase II du PPSAC a
souligné l'intérêt de mener une étude sur la
performance des Associations de Marketing Social. En effet, les auteurs Dr
Andreas Lenel et Luise Lehman tout en appréciant le mécanisme de
suivi évaluation du PPSAC basé sur les rapports trimestriels des
AMS et des études à l'échelle régionale,
décrient qu'un mécanisme de mesure de la performance des AMS ne
soit pas mis en place. Ils proposent à cet effet d'appréhender la
performance des AMS à partir des études de type coût
efficacité. Une telle étude pour les auteurs permettrait de mener
une analyse comparative entre les AMS des pays couverts par le PPSAC et ainsi
de différencier les problèmes systémiques de ceux qui
relèvent uniquement d'un pays donné.
L'étude que nous menons ici entre en droite ligne avec
les recommandations de l'évaluation à mi-parcours à la
phase II du PPSAC. En menant une évaluation coût efficacité
du PPSAC au Cameroun, nous analysons par la même occasion la performance
de l'Association Camerounaise pour le Marketing Social. Si une telle
étude est menée dans les autres pays de la CEMAC couverts par le
PPSAC, l'exploitation des différents rapports permettra d'avoir une vue
globale sur la performance des AMS, et aussi de mettre en évidence des
problèmes d'ordre systémique.
II.2. Présentation des
sources de données
La présente étude a exploité les
données des deux enquêtes CAP (Connaissance, Attitudes et
Prévention) menées en 2006, date de début du projet et en
2012 après l'achèvement de la phase II. Nous avons aussi
exploité les données issues des rapports trimestriels de
progrès du PPSAC au Cameroun qui sont des documents de suivi de la mise
en oeuvre du projet. Après avoir présenté
brièvement la méthodologie de collecte des données des
enquêtes CAP et les différents thèmes qui y sont
abordés, nous nous pencherons sur les rapports trimestriels de
progrès du PPSAC et dirons en quoi ils nous ont été
utile.
II.2.1. Les Enquêtes CAP 2006 et 2012
Les enquêtes CAP du PPSAC sont des études
quantitatives sur les connaissances, les attitudes, et les pratiques des
populations dans les pays cibles que sont le Cameroun, la RCA, le Congo, et le
Tchad. L'objectif général de l'enquête CAP 2006
était de déterminer le niveau de base des indicateurs de
résultat du PPSAC. Celui de l'enquête CAP 2012 consistait à
fournir le niveau atteint par ces mêmes indicateurs après la
deuxième phase du projet.
Pour ce qui est du Cameroun qui fait l'objet de notre
étude, la cible était la population sexuellement active
c'est-à-dire les individus âgés de 15 ans à 49 ans,
et deux groupes à risques particuliers qu'étaient les camionneurs
et les partenaires sexuels réguliers de ceux-ci.
L'échantillon de l'enquête CAP 2006 était
constitué 2359 adultes de 15 à 49 ans, 512 camionneurs et 470
partenaires sexuels régulières des camionneurs. Celle de 2012 a
couvert un échantillon de 2554 adultes, 528 camionneurs et 540
partenaires sexuels des camionneurs.
Pour ce qui est de la méthodologie
d'échantillonnage, le prélèvement s'est fait par strate
selon un sondage aléatoire à trois degrés. Les
unités primaires provenaient de la base de sondage du
3ème Recensement General de la Population et de l'Habitat
(RGPH) sur la liste des Zones de Dénombrement (ZD). Le premier
degré consistait au tirage des ZD selon une probabilité
proportionnelle à leur démographie. Pour chaque ZD tirée,
le second degré de tirage consistait pour sa part au tirage des
ménages. Ce tirage était à probabilité
égale. Au 3ème degré, il fallait tirer un
répondant dans le ménage. Bien évidemment la
méthodologie présentée ici ne concerne que la population
adulte et non pas celle des camionneurs et leurs partenaires
régulières.
Les thèmes abordés dans les enquêtes CAP
sont divers et variés. Il s'agit notamment de l'exposition aux
activités des Associations de Marketing Social et leurs partenaires, la
connaissance du SIDA des méthodes de prévention et des attitudes
à l'égard des personnes infectées, les habitudes en
matière de consommation de drogue, les comportements sexuels. Font
également parti de ces thèmes l'accessibilité et
l'utilisation des condoms et les infections sexuellement transmissibles.
II.2.2. Rapports trimestriels de progrès du PPSAC
au Cameroun
En plus des deux enquêtes CAP, nous avons utilisé
pour les besoins de nos analyses les rapports trimestriels de progrès du
PPSAC. Ces rapports présentent les activités
réalisées par l'ACMS dans la réalisation des objectifs du
projet. Il s'agit plus précisément des statistiques sur la vente
des préservatifs, la consommation moyenne de condom par tête
d'habitant (CMCTH). Quant `à la communication pour le changement de
comportement, ces rapports présentent les résultats des
activités de sensibilisation et de communication sur l'ensemble du
territoire national.
Dans chaque rapport, une annexe présente
l'évolution des indicateurs de résultats depuis la
première année de mise en oeuvre jusqu'à la période
courante. Elle nous a été utile pour déduire
l'évolution de l'indicateur de consommation moyenne de condom par
tête d'habitant pour la période 2006 à 2012.
Ces rapports fournissent en outre le nombre d'infections
évitées grâce à l'action du PPSAC. Cette estimation
est faite par les experts de PSI à partir des données qui leur
sont fournies par l'AMS du pays considéré en l'occurrence le
Cameroun ici.
II.3. Analyse et traitement
des coûts du projet
Dans cette section, nous procédons à l'analyse
et au traitement des coûts du PPSAC. Nous commencerons par l'analyse de
la structure générale des coûts du projet. Le travail ici
consistera à présenter les éléments qui constituent
le coût global du projet et comment ceux-ci ont évolué au
cours de la période de mise en oeuvre des deux phases.
Par suite, nous nous pencherons sur les dépenses
d'investissement. Ces dépenses présentent un caractère
particulier, en effet elles permettent d'acquérir des biens qui sont
consommés sur plus d'année. Il convient donc d'imputer la part
annuelle correspondant à ces dépenses.
Nous terminerons par l'harmonisation des coûts
relativement au niveau d'inflation et au taux de change. En effet, l'inflation
et le taux de change varient généralement d'une année
à l'autre. Ces variations ne sont pas sans avoir des conséquences
sur le pouvoir d'achat. La procédure d'harmonisation permet de ce fait
d'éliminer ces distorsions produites par ces deux taux.
II.3.1. Analyse de la structure générale des
coûts du PPSAC au Cameroun
Dans la conduite d'une évaluation coût
efficacité, l'analyse des coûts compte tout aussi que l'analyse
des effets. En effet, dans les développements précédents,
nous avons signalé que les évaluations économiques
tiennent compte à la fois des coûts et des résultats. Les
analyses coûts efficacité, comme catégorie
particulière des évaluations économiques
n'échappent pas à cette règle.
Nous commencerons donc par l'analyse des coûts du PPSAC
au Cameroun. Le tableau ci-dessous fournit la présentation
détaillée des dépenses liées au projet.
L'exploitation des éléments de ce tableau nous
permettra de dresser un panorama général de la structure des
coûts du projet. D'entrée de jeu, soulignons que les
dépenses liées au PPSAC se scindent en trois principales
catégories que sont le paiement des consultants, les dépenses
d'investissement et d'équipement et enfin les dépenses de
fonctionnement. Pour ce qui est de l'origine de ces dépenses, on recense
d'une part les dépenses d'origine étrangère et les
dépenses locales.
Les dépenses d'investissement et d'équipement
constituent le poste le plus volumineux avec une proportion estimée
à 61,4 % lors de la première phase du projet et 77,24 % lors de
la seconde phase. La part des dépenses d'investissement et
d'équipement dans les dépenses totales du projet diminue avec le
temps, et ce pour chaque phase. Lors de la dernière année de la
phase I, c'est à dire en 2008, celles-ci ne représentaient que 16
% du total des dépenses contre 74 % et 64 % les deux années
précédentes. Les dépenses d'investissement et
d'équipement de la dernière année de mise en oeuvre de la
phase II s'établissaient à 45 % contre 72 %, 81 % et 83 % les
années précédentes. Il apparait donc que, de
manière générale, les dépenses d'investissement
diminuent drastiquement la dernière année de mise en oeuvre pour
une phase donnée.
Deux postes constituent l'essentiel des dépenses
d'investissement et d'équipement ; ce sont principalement les
achats internationaux généraux et, les achats locaux et frais de
promotion. Les achats internationaux généraux sont
constitués d'achats de préservatifs masculins et féminins,
d'achats de véhicules et autres. Le poste des achats internationaux
généraux a constitué près 90 % des dépenses
d'investissement lors de chacune des deux phases projet. Les achats locaux et
frais de promotion pour leur part n'ont constitué dans l'ensemble, qu'un
peu plus de 10 % des dépenses d'investissement et d'équipement du
projet ; à l'exception de la première année de la
phase II c'est à dire en 2009 où celles-ci représentaient
plus de 33 % de ces dépenses d'investissement.
A côté des dépenses d'investissement, les
dépenses de fonctionnement constituent le second poste le plus
élevé des coûts annuels du PPSAC. Ils représentaient
23 % des coûts du projet lors de la phase I et un peu plus de la
moitié en phase II c'est-à-dire 13 %. Au cours des trois
années de la première phase du projet, les dépenses de
fonctionnement n'ont cessé d'augmenter. Partant de 13 % en 2006,
celles-ci ont atteint 23 % en 2007 pour enfin s'établir à 51 % en
2008. Pour ce qui est de la phase II du projet, les dépenses de
fonctionnement étaient sur l'ensemble supérieur à 350
millions de F CFA à l'exception de la première année
où celle-ci s'établissait à 110 millions de F CFA.
Les dépenses relatives au paiement des consultants
représentaient 6,34 % (262 millions de F CFA) des dépenses du
projet lors de la phase I et 3,5 % (328 millions) de ces dépenses lors
de la phase II. Lors de la seconde phase du projet, les dépenses
liées au paiement des consultants internationaux de longue et ceux de
courte durée n'ont cessé de diminuer. Partant de 103 millions de
FCFA en 2009, elles s'établissaient à seulement 61 millions de
FCFA en 2012. L'année 2007 a constaté la plus forte somme
consacrée au paiement des consultants avec un montant de 120 millions
de FCFA qui y étaient alloués.
Le poste dépenses imprévues permet de prendre en
compte les activités non budgétisées qui surviennent lors
de la mise en oeuvre du projet. Une somme fixe y est consacrée par phase
du projet.
En définitive, en ce qui concerne l'analyse de la
structure des coûts du PPSAC, certains faits saillants méritent
d'être évoqués. Les dépenses d'investissement et
d'équipement diminuent drastiquement la dernière année de
mise en oeuvre du projet pour une phase donnée ce qui se justifie. En
effet aucun d'investissement n'est nécessaire lorsqu'une phase est sur
le point de s'achever. Les dépenses de fonctionnement pour leur part
sont relativement stables sur la durée du projet.
II.3.2. Annualisation des dépenses d'investissement
du projet
A l'inverse des biens issus des coûts récurrents
qui sont consommés ou remplacés dans un délai d'un an au
maximum, les biens issus des coûts d'investissement eux sont
consommés sur plusieurs années. Ils sont répartis sur leur
durée de vie utile. Etant donné qu'ils sont acquis en une
année donnée pour être utilisé sur plus d'un an,
leur comptabiliser uniquement à l'année d'achat est susceptible
d'induire un biais dans l'analyse menée.
Dans le cadre d'évaluations économiques
prospectives, l'annualisation de ces coûts se base sur la valeur du bien
d'investissement considéré, sa durée de vie utile ainsi
que sa valeur résiduelle et enfin le coefficient d'annualisation. Ce
coefficient d'annualisation est obtenu sur les tableaux d'annualisation et
varie selon le taux d'intérêt réel qui a cours dans la
région donnée.
Notre étude s'inscrit dans le cadre d'une analyse
rétrospective. La démarche adoptée sera différente.
Conformément aux données du tableau précédent, nous
ne procèderons qu'à l'annualisation du poste « achat de
véhicule ». En effet les autres rubriques du poste
« dépense d'investissement et équipement »
notamment les achats internationaux généraux, les achats de
préservatifs et autres achats sont déjà ventilés
par an.
Ainsi, nous dévons déterminer le montant annuel
attribué au poste véhicule. Nous utiliserons les principes
comptables liés à l'amortissement pour affecter un montant
annuel. La durée de vie utile pour l'amortissement d'un véhicule
est généralement de 4 à 5 ans. Dans le cas
d'espèce nous utiliserons la période courue jusqu'a l'achat d'un
autre véhicule.
Le premier achat de véhicule est survenu en 2006. Le
montant de cet achat était de 57 millions de F CFA. En postulant un
amortissement linéaire, le montant du coût annuel alloué
à ce poste est de 14,3 millions de FCFA. En effet on considère
que ce véhicule est utilisé jusqu'à l'achat du prochain
véhicule en 2010. Sa période utile est donc de 4 ans et
l'amortissement annuel s'établit ainsi à 14,3 millions de F CFA.
Le second achat de véhicule est survenu en 2010 ; celui-ci valait
25 millions de F CFA. Le dernier achat de véhicule l'a été
l'année suivante pour un montant de 34 millions de F CFA. Nous admettons
que ces deux véhicules sont respectivement amortis pendant trois ans et
deux ans. Ainsi, le coût annuel de l'investissement « achat
d'un véhicule » revient à 8,3 millions de F CFA pour le
premier véhicule et 17 millions pour le second. Ce lissage des
dépenses d'investissement induit des changements qui sont
retracés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 2:
Ajustement des coûts (en milliers de FCFA) d'investissement du PPSAC au
Cameroun
Année
|
Coût annuel brut
|
Coût annuel après annualisation
|
2006
|
1 753 483
|
1 710 476
|
2007
|
1 807 515
|
1 821 850
|
2008
|
574 999
|
589 335
|
Total Phase I
|
4 135 997
|
4 121 661
|
2009
|
711 382
|
725 717
|
2010
|
3 531 719
|
3 515 051
|
2011
|
4 086 817
|
4 078 149
|
2012
|
1 051 377
|
1 076 712
|
Total Phase II
|
9 381 294
|
9 395 629
|
Source : Auteur
Dans l'ensemble, l'annualisation des coûts
d'investissement a engendré une baisse de 2,5 % des coûts du
projet pour l'année 2006, une hausse de 0,8 % la seconde année et
une autre baisse de 2,5 % la dernière année de la phase I du
projet. Le coût global de la seconde phase du projet a connu une
augmentation de 0,15 % suite au traitement des dépenses
d'investissement. La plus grande variation de cette phase est obtenue à
la dernière année de mise en oeuvre du projet c'est-à-dire
en 2012 avec une hausse de 2,5 %. Notons toutefois que, dans l'ensemble le
lissage des dépenses d'investissement a entrainé peu de
variations dans la structure des coûts du projet.
II.3.3. Harmonisation des coûts relativement au
niveau d'inflation et du taux de change
Dans la conduite d'une évaluation coût
efficacité, le traitement des coûts peut dans certains cas
conduire à l'harmonisation relativement au niveau d'inflation et de
change28(*). La
nécessité d'effectuer de tels traitements et la procédure
employée dans le cadre du PPSAC font l'objet des développements
ci-dessous.
a. La nécessité de prendre en compte
l'évolution du taux d'inflation et du taux de change
Dans la présente étude, nous voulons mener une
évaluation coût efficacité d'une action de
prévention en l'occurrence le Projet de Prévention du VIH/SIDA en
Afrique Centrale. Les évaluations de type coût efficacité
sont généralement mise en oeuvre pour comparer plusieurs
alternatives différentes de mise oeuvre d'un même programme ou une
intervention. Dans le cadre de cette étude, nous utilisons une
évaluation coût efficacité de type rétrospective
pour apprécier entre autres la performance dans la mise en oeuvre d'un
projet de prévention du sida. Nous serons appelés à
comparer les différentes années de mise en oeuvre du projet entre
elles pour voir laquelle était la plus coût efficace.
Le résultat final sera apprécié par le
nombre d'infections évitées grâce aux activités du
projet. L'évaluation coût efficacité, comme toutes les
évaluations économiques confronte les coûts du projet
à ses résultats. Les coûts du projet sont
généralement exprimés en unités monétaires
locale ou étrangère ; ce sont les valeurs nominales. Pour
corriger les déformations artificielles induites par des variations du
niveau des prix ou du taux de change, il convient d'appliquer une correction
à la valeur nominale pour obtenir une valeur réelle qui harmonise
les différents coûts. En effet, si l'on alloue un million au cours
d'une année « n » à un projet et le
même montant l'année suivante. Si le taux d'inflation a
doublé d'une année à l'autre, alors en termes
réels, la situation précédente est identique à
celle où l'on aurait attribué un million l'année
« n » puis cinq cent milles l'année suivante. Ainsi,
on ne devrait pas s'attendre à obtenir les mêmes résultats
d'une année à l'autre. L'exemple précédent illustre
le biais que peut induire l'omission de prendre en compte le niveau d'inflation
pour corriger les dépenses nominales d'origine locale et les
fluctuations du taux de change pour les dépenses nominales d'origine
étrangère.
b. La procédure d'harmonisation des
coûts sur les deux premières phases du projet
Nous commençons la procédure d'harmonisation des
coûts du projet par le choix d'une année de
référence. Nous prendrons l'année du début du
projet c'est-à-dire 2006 comme l'année de base. Nous corrigerons
ainsi les déformations induites par le taux d'inflation et le taux de
change en prenant pour référence leur valeur au début du
projet. Lors de l'analyse des coûts du projet, nous avons
précisé que les biens et les services utilisés pour mettre
en oeuvre le projet peuvent être accessible localement ou à
l'international. Nous utiliserons à ce titre deux
déflateurs ; l'un pour les biens acquis sur le marché local
et l'autre pour les biens acquis à l'étranger.
Le déflateur des prix des biens locaux est obtenu
à l'aide du taux d'inflation. La procédure de construction de cet
indicateur est la suivante ; d'abord l'on détermine le taux
d'accroissement des prix qui est donné par la formule où t est le taux d'inflation exprimé en valeur nominale
(c'est-à-dire pas en pourcentage). Etant donné que 2006 est
l'année de base, on lui attribuera la valeur 1. Le taux d'accroissement
pour une année donnée est obtenu comme le produit des taux
d'accroissement des années précédentes en
commençant à l'année de base. Pour l'année 2008 on
aura par exemple . Le déflateur du prix des biens acquis localement n'est autre
que l'inverse du taux d'accroissement calculé
précédemment.
Tableau 3:
Coefficients d'harmonisation des coûts (en milliers de F CFA)
selon l'origine de la dépense
Année
|
Déflateur du prix des biens locaux
|
Déflateur du prix des biens étrangers
|
2006
|
1,000
|
1,000
|
2007
|
0,989
|
0,953
|
2008
|
0,939
|
1,008
|
2009
|
0,912
|
1,013
|
2010
|
0,895
|
0,955
|
2011
|
0,870
|
1,010
|
2012
|
0,845
|
1,007
|
Source : Auteur
La deuxième colonne du tableau ci-dessus donne les
valeurs du déflateur du prix des biens locaux pour les années.
Celle-ci est de 0,989 en 2007 et 0,939 en 2008. Cette valeur
s'interprète comme suit : 1000 F CFA en 2007 ont le pouvoir d'achat
de 989 F CFA en 2006. De la même manière ces mêmes 1000
FCFA en 2008 ont le pouvoir d'achat 939 F CFA en 2006. Si l'on était
amené à acheter tous biens sur le territoire national, avec un
million de F CFA en 2007, on pourrait acheter les mêmes biens qu'avec
939 000 FCFA en 2006.
Le déflateur des prix des biens achetés à
l'étranger s'obtient lui en utilisant le taux de change et le taux de
d'inflation. Nous utilisons le taux de change de l'inde et de la Suisse qui
sont les deux principaux pays vers lesquels les achats internationaux du projet
sont menés. Le paiement du consultant international de longue
durée qu'est l'Institut Tropical Suisse se fait en francs suisse. Les
autres achats tels que les véhicules et d'autres biens
d'équipement s'y font aussi. Les achats de préservatifs
(masculins ou féminins) pour leur part se font
généralement en Inde.
Tableau 4:
Coûts déflatés du projet pour les phases I et II (en
milliers de F CFA)
Année
|
Coûts internationaux corrigés
|
Coûts nationaux corrigés
|
Total coûts corrigés
(coûts réels)
|
Total coûts bruts
|
2006
|
1 213 847
|
539 636
|
1 710 476
|
1 753 483
|
2007
|
969 122
|
781 584
|
1 750 706
|
1 807 515
|
2008
|
54 254
|
489 538
|
543 792
|
574 999
|
Total Phase I
|
2 254 023
|
1 806 160
|
4 060 183
|
4 135 997
|
2009
|
200 592
|
468 111
|
668 703
|
711 382
|
2010
|
2 402 367
|
910 229
|
3 312 596
|
3 531 719
|
2011
|
3 134 244
|
854 190
|
3 988 434
|
4 086 817
|
2012
|
193 450
|
726 247
|
919 697
|
1 051 377
|
Total Phase II
|
5 950 830
|
2 932 510
|
8 883 340
|
9 381 294
|
Source : Auteur
Pour chacun des deux pays précédents, nous
utiliserons une cotation du taux de change à l'incertain. La devise
étrangère sera ici l'euro. En effet la structure qui finance le
projet la KfW est dans la zone euro. Avec une cotation à l'incertain,
lorsque la monnaie nationale s'apprécie, le taux de change diminue et
inversement lorsqu'elle se déprécie, le taux de change augmente.
Une dépréciation de la monnaie nationale est équivalente
à une augmentation du pouvoir d'achat de la devise
étrangère à proportion égale. Donc si la roupie
indienne se déprécie par exemple 10 % d'une année à
l'autre, cela équivaut à une hausse du pouvoir d'achat de l'euro
de 10 % sur la période considérée. En prenant toujours ici
comme année de base l'année 2006, l'accroissement du taux de
change d'une année donnée par rapport à sa valeur en 2006
est donné comme le rapport entre le taux de change de l'année
considérée et sa même valeur en 2006. Explicitement cela se
traduit par la formule suivante
A l'effet du taux de change, il faut corriger l'effet de
l'inflation dans le pays considéré. En effet Si la monnaie se
déprécie de 10 % mais qu'à l'opposé les prix eux
augmentent de 5 %, le gain définitif du pouvoir d'achat de la devise
étrangère sera uniquement de 5 % (soit 10 % moins 5 %). En
calculant un déflateur local et en le multipliant par la grandeur calculée précédemment, on obtient le
déflateur du prix des biens acquis à l'étranger.
Les coûts (nationaux et internationaux) corrigés
sont eux obtenus en multipliant le déflateur correspondant par le
coût équivalent. La somme des « coûts
nationaux » corrigés et des « coûts
internationaux » corrigés donne les coûts annuels totaux
corrigés des effets de l'inflation et du taux de change. Le tableau
précédent nous fournit les valeurs obtenues après calcul.
Une fois de plus l'équivalence pour l'année 2006 émane du
fait que nous l'avons pris comme année de référence. Dans
l'ensemble il apparait que la correction a induit une baisse.
L'équivalent réel des coûts mis en oeuvre est en
général plus faible que leur valeur nominale pour les sept
années considérées. La plus grande variation apparait en
2012 avec une baisse de 13 %. Les coûts réels des phases I et II
ont baissé de 2 % et 5 % respectivement par rapport ces coûts
nominaux respectifs.
Une interprétation simple de ces valeurs est la
suivante ; en considérant l'année 2007, le coût
nominal du projet était de 1,8 milliards et son coût réel
était de 1,75 milliards. Cela veut dire que bien que l'on disposait de
1,8 milliards en 2007 l'on ne pouvait acquérir des biens qu'à
hauteur de 1,75 milliards sur la base des prix de 2006. Autrement les 1,8
milliard de l'année 2007 équivalent à 1,75 milliards en
2006. Ainsi bien que en termes nominaux le coût du projet en 2006 (
1 753 483 000 F CFA) soit inferieur à celui de 2007 (
1 807 515 000 F CFA) en termes réels c'est-à-dire
par la capacité du pouvoir d'achat les dépenses consenties en
2006 apparaissent plus élevées que celles consenties en 2007.
Le traitement effectué ici sur les coûts en vue
de les uniformiser se justifie donc en ce sens qu'il permet de passer des
valeurs nominale aux réelles ; et ainsi nettoyer les distorsions
induites par la variation des prix et du taux de change d'une année
à l'autre. En l'absence d'une telle analyse on serait par exemple
tenté d'affirmer que les coûts du projet étaient plus
élevés en 2007 qu'en 2006. Une fois ce lissage des coûts du
projet opéré, nous procédons à l'évaluation
des résultats du projet c'est-à-dire à la mesure de
l'efficacité de celui-ci. C'est l'objet des développements
ci-dessous.
L'évaluation coût efficacité a
été présentée comme un type particulier
d'évaluation économique (largement utilisé dans le domaine
de la santé) qui analyse aussi bien les coûts et les effets d'une
ou plusieurs interventions afin de se prononcer sur leur faisabilité
(dans le cadre des analyses prospectives) ou sur leurs performances relatives
(analyses rétrospectives). En sus de la présentation des concepts
clé, les traitements des coûts du projet on été
effectués. Conformément à la définition
donnée sur l'évaluation coût efficacité, on s'attend
logiquement à présent l'évaluation des effets du
projet ; c'est l'objet du chapitre suivant.
CHAPITRE IV :
MESURE ET
APPRÉCIATION DES EFFETS DU PPSAC AU CAMEROUN
L'effet s'apprécie comme l'incidence directe ou
indirecte d'une action donnée. Nous avons présenté dans le
chapitre deux de cette étude les principales activités maitresses
du PPSAC. L'analyse de l'efficacité dans la mise en oeuvre du projet
permettra d'évaluer l'effet de celui-ci sur les
bénéficiaires ; c'est l'objet de la première section du
présent chapitre. Un des objectifs spécifiques poursuivi par
l'étude était de fournir une valeur monétaire du
bénéfice procuré par le projet. La section deux de ce
chapitre s'y attèlera.
I. ANALYSE DE L'EFFICACITE
DANS LA MISE EN OEUVRE DU PPSAC AU CAMEROUN
Une analyse d'efficacité cherche en
général à évaluer les résultats d'une
intervention par rapport aux objectifs que l'on s'est fixés. On la
désigne souvent sous le nom « d'évaluation des
résultats ». Dans le cadre de l'étude que nous menons,
nous procèderons d'abord à une analyse d'efficacité
relativement à l'objectif de projet29(*)(OP) avant de poursuivre par celle relative l'objectif
global (OG). Nous terminerons la section par une analyse comparative de
l'efficacité entre les phases I et II du projet. Cela nous permettra de
savoir laquelle des deux phases a été plus performante et si la
différence de performance est significative.
I.1 Efficacité
relativement à l'objectif spécifique du PPSAC
L'objectif spécifique du PPSAC est d'accroitre la
disponibilité des préservatifs et d'induire un changement positif
des comportements de certains groupes cibles. Six indicateurs permettent
d'apprécier l'atteinte de cet objectif; ce sont principalement :
v IOP1 : La part des adultes de 15
à 49 ans qui déclarent avoir adopté un comportement
à moindre risque ;
v IOP2 : Part des adultes dans la
population générale disposant des connaissances correctes sur les
possibilités de prévenir le VIH/SIDA ;
v IOP3 : Le nombre de
préservatifs masculins vendus par les AMS ;
v IOP4 : La consommation moyenne de
condoms masculins par tête d'habitant rapportée à la
population générale (CMCTH2) ;
v IOP5 : Le pourcentage des adultes qui
déclarent que les condoms sont toujours disponibles dans les points
d'achats lorsqu'ils en ont besoin ;
v IOP6 : La part des personnes dans la
population générale qui acceptent les personnes vivant avec le
VIH et les OEV.
Le graphique suivant présente l'évolution de ces
indicateurs entre 2006 et 2012. Il y apparait que les indicateurs IOP 5
relatif à la disponibilité des préservatifs et IOP 6
relatif à la tolérance envers les PVVIH ont enregistré une
baisse sur la période considérée. Si celle de IOP 5 est
moindre, la baisse enregistrée par l'indicateur de projet numéro
six est relativement conséquente (de 12 % à 8 %). Les
activités mises en oeuvre dans le cadre du PPSAC au Cameroun n'ont pas
permis de rendre les populations plus tolérantes envers les PVVIH.
Figure 2:
Evolution de certains indicateurs de projet entre 2006 et 2012
Source : Auteur
La proportion d'adultes qui déclarent avoir
adopté un comportement à moindre risque est passée de 62,7
% en 2006 à près de 74 % en 2012. En termes réels cela
représente plus d'un million de personnes qui ont adopté un
comportement à moindre risque grâce aux activités du
projet. Pour ce qui est de la part des adultes dans la population
générale disposant des connaissances correctes sur la
transmission du VIH/SIDA, celle-ci est passée de 35,6 % en 2006 à
41,3 % en 2012 ; cela correspond à plus 500 000 personnes
touchées par le projet.
La consommation moyenne de condom par tête d'habitant
est obtenue comme rapport entre le nombre de préservatifs vendus et la
population adulte considérée. Ainsi, les variations de la CMCTH
résultent majoritairement des variations dans les ventes de
préservatifs. Par voie de conséquence nous axerons nos analyses
uniquement sur les ventes de préservatifs.
La principale remarque qui se dégage du graphique
suivant (Evolution des indicateurs de projet IOP 3 & IOP 4 quantitatifs
entre 2006 et 2012) est celle d'une meilleure performance des ventes de
préservatifs lors de la phase I du projet. En effet, les ventes de
préservatif lors des trois premières années (de 2006
à 2008) s'établissent en moyenne autour de 26 millions de
préservatifs par an.
Cette valeur est de l'ordre de 20 millions pour la seconde
phase du projet. Dans l'ensemble, lors des sept années de mise en oeuvre
du projet, 158 millions de préservatifs ont été vendus. Ce
qui fait une moyenne de 22,6 millions de préservatifs vendus par an.
Figure 3:
Evolution des indicateurs de projet (IOP 3& IOP 4) entre 2006 et 2012
Source : Auteur
|
|
Pour intéressant que les propos
précédents puissent être, ils ne traitent pas la
totalité du problème soulevé par la problématique
d'étude de l'efficacité. Ils nous permettent d'apprécier
l'évolution des indicateurs entre l'année de
référence et l'année 2012 ; ce qui en soit est
déjà louable. En effet, dans une telle configuration, une baisse
de l'indicateur relativement à l'année de base doit être
source d'interrogations. Mais qu'en est-il d'une hausse de l'indicateur comme
c'est le cas pour IOP1 qui représente la part des adultes dans la
population générale qui déclarent avoir adopté un
comportement à moindre risque ? Le graphique
précédent nous a, en effet permis d'apprécier son
évolution significative, passant de 62,7 % en 2006 à près
de 74 % en 2012.
Si l'efficacité décrit la réalisation des
objectifs, c'est-à-dire la comparaison entre les objectifs fixés
au départ et les résultats atteints en vue de mesurer
l'écart et de les analyser, à côté de l'analyse de
l'évolution des indicateurs, il faut adjoindre l'atteinte des objectifs
relativement aux cibles préalablement établies.
C'est à cette analyse qu'est dédié le
graphique ci-dessous. Il permet d'apprécier à quel degré
l'objectif fixé au départ a été atteint ;
c'est une mesure de l'effort consenti dans l'atteinte de l'objectif. C'est le
rapport entre l'effort30(*) réel dans l'atteinte d'un objectif
donné et l'effort ciblé lors de la planification du projet. Des
valeurs négatives veulent simplement dire que la valeur de l'indicateur
en 2012 est inférieure à la valeur de référence
observée en 2006. A cet effet, on n'est donc pas surpris que les
indicateurs IOP 5 et IOP 6 faisant référence respectivement
à la perception de la disponibilité des préservatifs et
à l'acceptation des PVVIH présentent un niveau d'atteinte
négatif.
L'objectif relatif à l'adoption des comportements
à moindre risque a plus qu'été atteint (113 % de niveau de
réalisation). Une telle valeur peut signifier que les moyens mis en
oeuvre ont permis d'atteindre un tel résultat. Il peut aussi signifier
que la cible fixée pour IOP 1 était relativement basse. A cet
effet, davantage de questions doivent être soulevées dans le sens
du niveau adéquat de la cible pour cet indicateur dans les phases
futures. D'autre part, le fait qu'IOP 1 soit plus qu'atteint peut être
dû à un biais de construction. En effet, la formulation explicite
de cet indicateur est la suivante : « La part des adultes de 15
à 49 ans qui déclarent avoir adopté un comportement
à moindre risque » ; par comportement à risque on
entend le fait d'avoir des relations sexuelles avec des professionnels du sexe,
des rapports sexuels non protégés ou encore le fait d'avoir
plusieurs partenaires sexuels. Cet indicateur touche un aspect tabou de la vie
privée des individus et est purement déclaratif. Les personnes
interviewées pourraient donc, pour renvoyer une bonne image,
déformer les faits et de ce fait déclarer avoir adopté un
comportement à moindre risque. Ainsi, avant d'émettre un
quelconque jugement sur la performance du projet relativement à
l'atteinte de cet objectif, il convient de s'assurer que les deux
hypothèses majeures précédentes (cible trop basse et biais
dans les réponses) soient écartées.
L'indicateur IOP 2, relatif à la connaissance des
méthodes de prévention du VIH a été atteint
à 90,31 %. Plusieurs initiatives sont mises en oeuvre pour
améliorer la communication autour de la prévention du VIH. Cette
communication se faisant souvent par le biais des médias. Il est de ce
fait difficile d'isoler l'effet d'un projet par rapport à un autre.
Ainsi, bien que cet objectif soit considérablement atteint, rien ne
permet d'affirmer que c'est uniquement grâce aux efforts du PPSAC ou d'un
autre projet oeuvrant dans le même domaine.
L'indicateur de projet n°3 fait référence
au nombre de préservatifs masculins vendus par les AMS ; c'est
l'indicateur phare du PPSAC. Il a été atteint à seulement
60 %. La cible poursuivie lors de la phase I du projet relativement à
cet indicateur était de parvenir à vendre 90 millions de
préservatifs. Seulement 78,9 millions de préservatifs ont
été vendus lors de cette phase. L'objectif n'a été
atteint qu'à 88 % lors de cette phase. Pour ce qui est de la phase II du
projet, la cible pour l'IOP 3 était de parvenir à une vente 175
millions de préservatifs. Seulement 79 millions ont été
vendus soit un taux de réalisation de 45 %. Si un jugement sur la
performance globale du projet peut être émis, l'on doit se baser
sur l'indicateur de projet n° 3. En effet, les activités de
communication pour le changement de comportement sont intentées en vue
d'entrainer l'adoption des comportements sexuels non risqués à
l'instar desquels l'utilisation systématique du préservatif lors
des rapports sexuels à risque. Une mauvaise performance relativement
à cet indicateur peut traduire non seulement une faiblesse des outils
marketing utilisés, mais aussi un échec dans l'objectif relatif
au changement de comportement. En effet, en marketing social, l'achat d'un
préservatif est un indicateur de changement comportemental.
Figure 4:
Niveau d'atteinte des objectifs du projet
Source : Auteur
I.2 Efficacité
relativement à l'objectif global du projet
L'objectif global du projet est la réduction de la
propagation du VIH/SIDA. Le principal indicateur utilisé pour l'atteinte
de cet objectif est le taux de nouvelles infections observées dans la
population générale. En toute rigueur, dans la conduite d'une
analyse coût efficacité, seuls le ou les objectifs de projet
devraient être pris en compte. En effet, l'objectif global du projet
permet d'apprécier son impact; et en général plusieurs
projets concourent à la réalisation de cet objectif global.
Cependant dans le cadre des projets et programmes de santé ; plus
particulièrement dans le cadre des projets de prévention du
VIH/SIDA, l'un des indicateurs généralement utilisés dans
la conduite des analyses coûts efficacité est le nombre
d'infections que l'action a permis d'éviter.
Par ailleurs, les associations de marketing social membres du
réseau PSI reportent annuellement le nombre d'infections que leurs
programmes ont permis d'éviter. Disposant de cette valeur, nous
l'utiliserons donc dans le cadre de l'analyse de l'efficacité du
projet.
Figure 5:
Evolution des infections évitées grâce à
l'action du PPSAC
Source : Auteur
Le graphique ci-dessus présente comment le nombre
d'infections évitées grâce à l'action du PPSAC, a
évolué pendant les sept années de mise en oeuvre du
projet. Dans l'ensemble les activités du PPSAC ont permis
d'éviter 22 443 infections soit 10 883 pendant la phase I et
11 560 pendant la phase II du projet. La valeur la plus
élevée est enregistrée en 2011 avec près de 4200
infections à VIH évitées. Hors mis cette année,
dans l'ensemble le nombre d'infections évitées par an lors de la
phase II du projet est inférieur au nombre d'infections
évitées par an pendant la première phase. Le nombre moyen
d'infections évitées par an lors de la phase une du projet
était de 3628 contre 2890 la phase II ; soit une baisse de
près de 20 %.
Lors de la mise en oeuvre d'un projet, l'effet d'apprentissage
peut conduire à être plus performant. En effet, lorsque les
activités mises en oeuvre d'une période à une autre ne
varient pas beaucoup, l'expérience acquise lors des premières
années peut conduire à une mise en oeuvre plus efficace les
années suivantes même si les moyens n'ont pas
évolué. Le fait que le résultat final du projet ait
baissé pendant la phase II relativement à la phase I du projet
doit conduire à des interrogations surtout si les moyens ont
doublé comme c'est le cas ici. Un questionnement particulier doit
être soulevé sur le résultat de l'année 2011 ;
en effet, celle-ci se présente comme une valeur aberrante au cours de la
phase II. Des questions sur le « reporting » des
données peuvent être ainsi soulevées. Le résultat de
2011 suscite davantage d'interrogations en ce sens que le projet a connu une
rupture en approvisionnement entre novembre 2010 et février 2011.
I.3 Analyse comparative de
l'efficacité entre les deux premières phases du PPSAC au Cameroun
Nous étudions ici l'efficacité comparée
entre les Phases I et II du projet. Plus haut, nous avons déjà
présenté la performance globale du projet relativement aux
six indicateurs de projet. Ici nous voulons savoir si la mise en oeuvre du
projet a été plus performante lors de la phase I que la phase II
ou inversement. Pour y parvenir, il faut comparer le niveau d'atteinte des
objectifs relativement aux cibles fixées pour chaque phase du projet.
L'étude doit en toute rigueur se focaliser uniquement sur les six
indicateurs spécifiques du projet. Cependant, pour renforcer la
crédibilité des résultats obtenus, nous y avons adjoint
certains indicateurs de résultat.
I.3.1 Analyse de la carte de performance comparée
des phases I et II du PPSAC au Cameroun
Le graphique suivant présente la carte de performance
comparée entre les deux premières phases du projet. En divisant
la figure (à partir de la diagonale ascendante) en deux triangles, des
points situés sur le triangle supérieur sont ceux où la
mise en oeuvre du projet a été plus efficace lors de la phase II
que de la phase I (les points bleus sur la figure) et inversement, les points
situés sur le triangle inférieur sont ceux où la mise en
oeuvre du projet a été plus performante pendant la phase I que la
phase II (les points en rouge sur notre graphique). Pour huit des douze
indicateurs choisis, la phase I a été plus performante que la
phase II.
Figure 6:
Carte de performance des Phases I et II du projet relativement
à certains
Objectifs de projet et de résultat
Source : Auteur
Ce résultat est en cohérence avec les
constatations précédentes sur le nombre d'infections
évitées. En effet, on a aisément constaté que le
résultat final du projet était plus faible lors de la phase II.
En ce qui concerne les indicateurs IR1.3 (relatif à
l'accessibilité en zone urbaine des préservatifs) et IR3.3
(relatif au retrait des résultats du test de dépistage) la
performance de la phase II est plus élevée que celle de la phase
I.
I.3.1 Evaluation de la significativité de la
dominance de la phase I sur la phase II
Pour se prononcer sur la significativité de la
dominance de la phase I du projet, nous utilisons ici le test des rangs
signés de Wilcoxon. C'est un test non paramétrique utilisé
sur des échantillons appariés. Par échantillon
apparié, on entend échantillon où chaque observation est
mesurée dans deux états différents. Dans le cas
d'espèce, l'observation représente la valeur de l'indicateur
choisi et les deux états sont la « phase I » et la
« phase II » du projet. On utilise le test de Wilcoxon pour
établir si un traitement est meilleur qu'un autre ; ici nous
voulons savoir si la phase I a été dans l'ensemble plus
performante que la phase II du projet. L'hypothèse principale du test
est l'absence de différence entre les deux traitements observés.
Notre test nous fournit une significativité de 3,8 %. Ainsi, au seuil de
5 % on rejette l'hypothèse principale selon laquelle les performances
des deux phases sont égales. En effet, l'interprétation de la
p-value est la suivante : on a 3,8 % de chances de rejeter
l'hypothèse principale alors qu'elle est vraie (confère tableau
19 annexe). Comme cette valeur est inferieure au seuil d'erreur
préalablement établi à savoir 5 %, on conclut au rejet de
l'hypothèse principale. Ainsi la phase II31(*) est significativement moins
performante que la phase I du projet.
I.4. Analyse conjointe des
couts et des résultats du PPSAC au Cameroun
Dans les développements ci-dessous, nous
commençons par l'analyse du rapport coût efficacité
relativement à l'objectif spécifique du projet. Nous terminerons
par une étude de la liaison entre les moyens mis en oeuvre et les
résultats obtenus. Pour ce faire nous utiliserons un instrument
d'analyse privilégié à cette circonstance à savoir
la carte coût résultat.
I.4.1 Analyse du rapport coût efficacité
relativement à l'objectif spécifique du projet
Dans nos précédents propos, nous avons
présenté les six indicateurs de l'objectif spécifique du
projet qui est d'accroitre la disponibilité des préservatifs et
d'induire un changement positif des comportements de certains groupes cibles.
Deux de ces indicateurs permettent d'apprécier le changement de
comportement. Le premier est la part des adultes qui déclarent avoir
adopté un comportement à moindre risque et le second est la part
des adultes disposant des connaissances correctes sur la prévention du
VIH/SIDA.
Figure 7:
rapport coût efficacité relativement à certains
indicateurs de projet
Source : Auteur
Les valeurs de ces indicateurs relatifs au changement de
comportement sont obtenues à l'aide des deux enquêtes CAP. Il est
de ce fait impossible pour nous d'apprécier l'évolution annuelle
de ces indicateurs. Afin de déterminer le rapport coût
efficacité de chacun de ces indicateurs, nous avons fait la
différence entre leurs valeurs en 2012 et en 2006. Nous avons ensuite
divisé le coût cumulé de la mise en oeuvre des
activités du projet (sur la période 2006 à 2012) par le
différentiel précédemment obtenu. Le résultat
recherché n'est autre que l'inverse du ratio précédent.
Le graphique précédent présente les
valeurs obtenues à cet effet. Il apparait qu'il coûte un peu plus
de 12 000 F CFA pour amener un individu à adopter un comportement
à moindre risque et plus du double pour lui faire acquérir une
connaissance correcte sur le VIH/SIDA. Le PPSAC tel qu'il est mis en oeuvre au
Cameroun nécessite deux fois plus d'argent pour faire acquérir
des connaissances exactes sur la transmission du VIH que pour lui faire adopter
un comportement à moindre risque.
La conclusion précédente doit être
relativisée. En effet, ce n'est pas l'ensemble des ressources du projet
qui sont allouées à la réalisation de chacun des objectifs
précédents. Pour être davantage rigoureux, il aurait fallu
ici utiliser les coûts relatifs à la mise en oeuvre des
activités se rapportant spécifiquement à l'atteinte de
chacun des objectifs précédents. Cependant, une telle ventilation
n'a pas pu être mise à notre disposition malgré la bonne
volonté des encadreurs.
I.4.2 Analyse de la relation coût efficacité
relativement à l'objectif global du projet
Dans la première partie des développements
suivants, nous nous attèlerons à présenter ce qu'on entend
par la carte coût résultat et son mode d'interprétation.
Suivra ensuite l'analyse de la liaison entre les moyens mis en oeuvre et les
résultats obtenus.
a. Présentation et interprétation de la carte
coût résultat
a.1. Présentation de la notion de carte
coût résultat et mode d'interprétation
La carte coût résultat est une
représentation graphique permettant d'apprécier conjointement les
coûts et les résultats de plusieurs alternatives de mise en oeuvre
d'un même programme ou alors, d'apprécier les coûts et les
résultats de la mise en oeuvre d'un même programme dans des
contextes différents. C'est une représentation en forme de nuage
de points où l'on enregistre en abscisse, les coûts
observés ( pour ce qui est des analyses rétrospectives) ou les
coûts prévus ou planifiés (en ce qui concerne les analyses
prospectives).
Figure 8:
Carte coût (nominal), résultat du PPSAC pour les Phases I &
II
Source : Auteur
En ordonnée, l'on enregistre les résultats de
l'intervention considérée. Dans le cadre des analyses coûts
efficacité menées dans le domaine de la santé, les
résultats sont généralement exprimés en
unités physiques naturelles ; ce qui n'est pas le cas des analyses
coûts bénéfices où le résultat lui est
exprimé en termes monétaires. L'indicateur de résultat
final utilisé dans le projet PPSAC est le nombre d'infections à
VIH évitées grâce aux activités menées par
les AMS. C'est aussi l'indicateur généralement utilisé
pour la plupart des projets de prévention du VIH/SIDA.
Soit deux points A et B situés sur le graphique
ci-dessus. Pour l'interpréter, on procède comme suit. Si le point
B est situé au même niveau horizontal que A mais à gauche
de celui-ci, alors cela veut dire que pendant la période B, l'on a
consommé moins de ressources pour produire un résultat identique
que celui de la période A. Inversement, si B est situé à
droite de A mais sur la même horizontale, cela traduira une utilisation
supplémentaire de ressources pendant la période B.
De manière équivalente, pour deux points A et B
situés sur la même verticale, si B est en dessous de A cela veut
dire qu'à ressources consommées égales, le projet a
produit davantage de résultats pendant la période A que B ;
et inversement pour un point B situé au dessus de A sur la même
verticale. Des quatre configurations précédentes, on peut
généraliser à toute situation graphique qui se
présente.
a.2. Interprétation de la carte coût
résultat du PPSAC pour les phases I et II
Le graphique suivant permet d'apprécier
l'évolution conjointe des coûts et des résultats du PPSAC
au Cameroun entre 2006 et 2012. De prime à bord, nous pouvons constater
que dans l'ensemble, les résultats de la mise en oeuvre du projet
pendant la phase I (les points rouges sur le graphique) sont supérieurs
à ceux-ci pendant la phase II du projet (les points en bleu). Il
apparait aussi qu'en 2007, la mise en oeuvre du PPSAC a été plus
performante qu'en 2006. Une situation similaire s'observe entre 2010 et 2011.
L'observation du graphique permet en outre de faire un constat marquant. Les
fins de phase enregistrent des coûts plus bas et sont en
général aussi moins efficace que les années
précédentes. Cela peut se justifier par les positions
particulières des années 2008 et 2012 (nettement à gauche
par rapport aux autres années).
Figure 9:
Carte coût (réel), résultat du PPSAC au Cameroun pour les
Phases I & II
Source : Auteur
Le graphique permet aussi de voir que l'année 2010
semble être la moins coût efficace. En effet, l'on y a
utilisé près de 3,5 milliards de F CFA pour éviter 2268
infections à VIH moins qu'en 2009 où l'on a évité
2500 infections à VIH avec près de sept fois moins de ressources.
Le graphique à droite présente une situation
agrégée pour les deux phases du projet. Il apparait que
près de 4 milliards de F CFA ont permis d'éviter un peu moins
10 900 nouvelles infections pendant les trois premières
années. De l'autre côté près de 9 milliards de F CFA
ont permis d'éviter seulement un peu plus de 11 500 nouvelles
infections. Ceci donne une élasticité du résultat par
rapport au coût de 0,052. Autrement dit lorsque l'on double les
ressources du projet c'est-à-dire lorsque les coûts varient de 100
%, le résultat en termes d'infections évitées lui
n'évolue que de 5,2 %.
b. Etude de la relation entre le coût du PPSAC et son
efficacité
b.1. Analyse de l'évolution du rapport
coût efficacité du PPSAC.
Nous avons dit plus haut dans le document que les
évaluations économiques en général et les analyses
de type coût efficacité en particulier sont des outils d'aide
à la prise de décision. Menées prospectivement, elles
permettent de comparer une intervention donnée à d'autres
alternatives possibles. Lorsque les évaluations de type coût
efficacité sont menées rétrospectivement, l'objectif
latent est celui de mesure de la performance dans la mise en oeuvre d'une
d'intervention donnée. Dans l'une ou l'autre des situations, l'outil
d'analyse principal est le ratio coût efficacité.
Le graphique ci-dessous présente le ratio coût
efficacité du PPSAC au Cameroun entre 2006 et 2012. Il y apparait que
cette quantité varie d'une période à l'autre. En
début de phase, les valeurs du ratio coût efficacité sont
relativement élevées. Celles-ci baissent considérablement
au fur et à mesure que le projet s'exécute. On peut en outre
constater que ces valeurs sont plus élevées lors de la phase II.
A titre d'exemple, le ratio coût par infection évitée de
l'année 2010 qui est de l'ordre de 1,5 million par infection à
VIH évitée est pratiquement trois fois supérieur à
celui obtenu en 2006.
Figure 10:
Evolution du coût (en F CFA) par infection évitée du PPSAC
de 2006 à 2012
Source : Auteur
En temps que ratio, la variabilité du rapport
coût efficacité peut avoir deux sources. Lorsque le
dénominateur (résultat) double par exemple, à coût
inchangé, le ratio est divisé de moitié ; et
inversement, si le numérateur (coût) double, à
résultat inchangé, le ratio double lui aussi. Pour une
période donnée, un ratio coût efficacité stable
(relativement constant) laisse présager que les résultats de
l'intervention sont sensibles aux moyens mis en oeuvre. En effet, compte tenu
des explications précédentes, si le ratio est constant, cela veut
dire que le numérateur et le dénominateur évoluent dans le
même sens et dans des proportions similaires.
Les données du graphique précédent ne
militent pas en faveur d'une stabilité du ratio coût
efficacité. La valeur de ce ratio est nettement plus
élevée pendant la phase II que la phase I. Les
développements précédents relativement à l'analyse
des coûts ont permis de remarquer que les coûts du PPSAC ont
pratiquement doublé entre la phase I et II. Par ailleurs le
résultat (en termes du nombre d'infections évitées) a
relativement baissé à la phase II. L'effet combiné de ces
deux variations justifie que le ratio coût efficacité soit plus
élevé lors de la phase II. Le fait que le ratio ait nettement
augmenté à la seconde phase du PPSAC au Cameroun traduit une
gestion inefficiente. Les moyens ont augmenté mais les résultats
eux ont baissé.
b.2. Etude de la liaison entre les coûts et le
résultat du PPSAC au Cameroun
Notre préoccupation ici est l'étude d'une
éventuelle liaison entre des catégories spécifiques de
coût du projet et son résultat en termes d'infections à VIH
évitées. Nous voulons savoir si des variations des
résultats peuvent s'expliquer par des variations des coûts et si
oui dans quelle proportion. Pour y parvenir, nous utiliserons le test du
coefficient de corrélation de Spearman.
Le test de corrélation de Spearman permet de valider
l'existence d'un lien entre deux variables. C'est un test non
paramétrique et il constitue une alternative au test de
corrélation de Pearson plus répandu. Dans sa mise en oeuvre on
n'utilise pas les valeurs des observations mais leur rang. Ceci justifie que le
coefficient de corrélation de Pearson soit aussi appelé
coefficient de corrélation des rangs. L'interprétation de ce test
est identique à celui de Pearson. Une valeur positive et proche de un
traduit une forte liaison positive entre les deux variables. Cette liaison est
significative si la significativité du test est inférieure
à la valeur seuil qu'on a préalablement établie.
Le coefficient de corrélation donne la part des
variations d'une variable donnée expliquée par les variations
d'une autre. Par exemple, un coefficient de corrélation significatif de
0,9 entre deux variables A et B voudrait dire que 90 % des variations de A
peuvent s'expliquer par des variations de B et inversement. Il convient lors de
l'interprétation du coefficient de corrélation de ne pas le
confondre avec un élément de causalité.
Nous avons présenté le test susmentionné
comme un test non paramétrique. A la différence des tests
paramétriques, les tests non paramétriques ne sont pas
basés sur une loi de probabilité particulière. Ils sont
recommandés lorsqu'on travaille avec des échantillons de faible
taille ce qui est le cas ici (sept observations ; de 2006 à 2012).
Notre analyse étant purement descriptive, nous ne nous attarderons pas
trop sur le coefficient de significativité.
Tableau 5:
résultats du test de corrélation entre le résultat (nombre
d'infections évitées) et différentes catégories de
coût
Coefficient de corrélation avec la variable "Coût
réel"
|
0,036
|
Significativité du coefficient (P-value)
|
0,28
|
Conclusion du test (seuil 10 %)
|
Nettement non significative au seuil de 10 %
|
Coefficient de corrélation avec la variable "Coût de
fonctionnement"
|
0,491
|
Significativité du coefficient (P-value)
|
0,039
|
Conclusion du test (seuil 10 %)
|
La corrélation est significative au seuil 10 %
|
Coefficient de corrélation avec la variable "Coût du
personnel"
|
0,736
|
Significativité du coefficient (P-value)
|
0,0106
|
Conclusion du test (seuil 10 %)
|
La corrélation n'est pas significative au seuil de 10 %
|
Source : Auteur à l'aide des
sorties du Progiciel SPSS
Le tableau ci-dessus présente les résultats du
test de corrélation entre le résultat du projet et les moyens mis
en oeuvre. La corrélation entre le coût total du projet et le
résultat en termes d'infections évitées est faible et non
significative. Ainsi, seulement 4 % des variations du « nombre
d'infections évitées » s'expliquent par des variations
du coût total du projet. Près de la moitié (soit 49,1 %)
des variations du « nombre d'infections
évitées » s'expliquent par des variations des
dépenses de fonctionnement. Par ailleurs 73,6 % des variations du
résultat final s'expliquent part des variations des dépenses du
personnel. Ainsi, le résultat du projet est plus sensible aux variations
du coût de fonctionnement et des dépenses de personnel que des
coûts totaux du projet.
b.3. Analyse comparative du ratio coût par
infection évitée entre les phases I et II du PPSAC au
Cameroun
Le ratio coût efficacité diffère-t-il
significativement entre les deux phases du projet ? C'est à cette
question que nous voulons répondre dans cette section. Pour y parvenir
nous utiliserons le test de Mann Whitney.
Le test non paramétrique de Mann-Whitney est
utilisé pour comparer des échantillons de petite taille. Il
permet d'estimer si deux échantillons suivent la même loi de
probabilité ce qui revient souvent à se demander si ceux-ci
proviennent de la même population. La taille minimale pour utiliser ce
test est de 8 observations soit 4 par échantillon. Comme la plupart des
tests non paramétrique, le test de Mann-Whitney utilise les rangs
c'est-à-dire l'ordre d'apparition des observations des deux
échantillons lorsqu'ils sont réunis et triés.
Tableau 6:
résultats du test de Mann Whitney sur la différence du ratio
coût par infection évitée
Sorties du test
|
Valeurs
|
Conclusion
|
Espérance du U de Mann Whitney
|
6
|
|
Variance du U de Mann Whitney
|
8
|
|
P-value du test unilatéral à gauche
|
0,11
|
On ne rejette pas l'hypothèse principale
|
P-value du test unilatéral à droite
|
0,03
|
On rejette l'hypothèse principale
|
P-value du test bilatéral
|
0,01
|
On rejette l'hypothèse principale
|
Valeur du seuil de signification (alpha)
|
0,05
|
|
Source : Auteur à l'aide des
sorties du progiciel SPSS
Le tableau ci-dessus fournit les résultats des trois
tests de Mann-Whitney réalisés. Le test unilatéral
à gauche teste l'hypothèse selon laquelle le ratio coût par
infection évitée de la phase I du projet est supérieur
à celui de la phase II. Le test unilatéral à droite teste
l'hypothèse selon laquelle le ratio coût par infection
évitée pendant la phase II est supérieur à celui de
la phase I. Enfin, le test bilatéral teste l'hypothèse selon
laquelle les ratios des deux phases diffèrent significativement. Au vu
de l'évidence apportée par les données à notre
disposition, il apparait que pour le test unilatéral à droite et
le test bilatéral, il existe une forte présomption contre
l'hypothèse nulle selon laquelle le ratio coût efficacité
ne diffère pas selon les phases. Ceci permet de conclure que le ratio
coût efficacité du PPSAC est significativement32(*) plus élevé en
phase I qu'en phase II.
I.5. Des
éléments d'explication des résultats observés dans
l'analyse précédente
Dans les lignes qui suivent, nous essayons de fournir certains
éléments justifiant les constats précédents
relatifs à la contre-performance observée dans la mise en oeuvre
du projet. On fera allusion entre autres aux implications d'un choix
inapproprié des indicateurs, une rupture en approvisionnement lors de la
phase II du projet et aussi du processus de centralisation des projets de
l'ACMS qui induit des distorsions dans la mise en oeuvre.
I.5.1. Quelques éléments de justification de
la contre-performance enregistrée dans la lutte contre la stigmatisation
et la discrimination des PVVIH
Dans la section relative à l'analyse de
l'efficacité du PPSAC, il est apparu que, l'indicateur de projet ayant
enregistré la contre-performance la plus élevée est
l'indicateur IOP 6 faisant référence au pourcentage des personnes
qui acceptent les PVVIH et OEV. Cet indicateur a en effet enregistré une
baisse de 35 % ce qui veut simplement dire que la valeur de l'indicateur
à la fin de la phase II en 2012 était de 35 % inferieure à
sa valeur de référence en 2006. Plusieurs éléments
peuvent être avancés pour expliquer cette situation ; parmi
eux, le choix des indicateurs de résultat inapproprié, la
concentration excessive sur des activités sans lien direct avec la
planification de base et enfin le manque d'expérience des AMS en ce qui
concerne le domaine de l'action systématique contre les méfaits
de la stigmatisation et la discrimination des PVVIH.
Le choix d'indicateurs inappropriés pour mesurer la
performance du résultat 3 du PPSAC apparait comme l'une des raisons
justifiant la mauvaise performance qu'on y a observée. Le
troisième résultat (R.3) a été défini comme
« Les comportements tendant à la stigmatisation et à la
marginalisation envers les PVVIH sont réduits». Au niveau de
l'objectif de projet, un indicateur correspondant à ce résultat a
été défini (IOP 6 : « Augmentation de la
part des personnes au sein de la population générale qui
acceptent les PVVIH/OEV »). Le rapport entre le résultat 3
à atteindre et les indicateurs y relatifs n'est pas toujours
établi. Considérons à titre d'exemple l'indicateur IR3.2
(le nombre de personnes candidate au conseil de dépistage
volontaire) ; l'intérêt ou le fait de se faire
dépister n'indique pas forcement un changement de comportement positif
en faveur des PVVIH. Moyennant certaines hypothèses, cela peut
même cacher au contraire une attitude négative vis-à-vis
des PVVIH. En effet, la communication autour du dépistage peut masquer
l'envie inavoué de recenser l'ensemble des PVVIH en vue de mieux les
discriminer. Outre l'indicateur IR3.2, l'indicateur relatif à
l'adhésion aux associations de PVVIH (IR3.1) n'a qu'un lien très
indirect avec des changements positifs dans le sens de la stigmatisation. En
effet, beaucoup d'autres facteurs pourraient influencer l'adhésion
à une association des PVVIH comme l'intérêt de recevoir un
soutien nutritionnel.
La concentration excessive sur des activités sans lien
direct avec la planification de base est l'autre raison qui pourrait être
avancée pour justifier la contre contre-performance de l'indicateur IOP
6. En effet, les interventions de l'ACMS dans le cadre du PPSAC
prévoient de contribuer à la mise en place des associations de
PVVIH et de les accompagner à la vie associative, à la
prévention des réinfections et à la vie positive. Ceci
englobe une contribution du PPSAC à la prise en charge communautaire et
nutritionnelle des PVVIH qui constitue une des huit activités maitresses
du résultat 3. On constate cependant que la distribution de la Spiruline
a pris des proportions très importantes. Pendant la phase deux du
projet, des réflexions ont été menées en vue d'en
faire une source de revenue pour les PVVIH ; et ce malgré l'absence
d'évidence scientifique en faveur de son efficacité. La
proportion prise par cette activité (distribution de la spiruline) est
d'autant plus fâcheuse qu'elle manque de lien direct avec les objectifs
du PPSAC.
Les activités de l'ACMS en particulier et des AMS en
général sont traditionnellement centrées sur la
prévention du VIH/SIDA (à travers la communication pour le
changement de comportement et la vente des préservatifs), la lutte
contre le paludisme et la santé de la reproduction. Le domaine de
l'action systématique contre les méfaits de la stigmatisation et
la discrimination est un champ d'action relativement nouveau pour l'ACMS.
Ajouté à cette absence d'expérience des AMS,
l'étroitesse des moyens alloués aux activités relatives
à ce résultat dans le cadre du PPSAC ; en effet un peu moins
10 % des ressources du projet ont été allouées aux
activités relatives au résultat 3 lors de la phase II du projet.
I.5.2. Une rupture d'approvisionnement en
préservatifs qui a sapé les efforts de la phase II.
Une rupture en approvisionnement des pays en
préservatifs a été observée dans l'ensemble de la
sous-région couverte par le Projet PPSAC. Dans le cas du Cameroun,
cette rupture s'est étalée entre novembre 2010 et février
2011, soit une période de quatre mois. Ceci a influencé
l'atteinte des objectifs du projet. Le fonctionnement et les activités
des AMS ont été énormément perturbés en
termes de missions prévues. Cette rupture a en outre porté
préjudice à l'image de l'ACMS ce qui a eu une répercussion
sur ses autres activités menées notamment dans la lutte contre le
paludisme et la planification familiale.
Parmi les causes de cet incident, l'on recense le retard
dans la livraison de certaines commandes par les fournisseurs, les
difficultés liées au transport maritime (naufrage d'un bateau
transportant une commande exceptionnelle) et même aérien des
préservatifs. Toujours au nombre des causes de la rupture
d'approvisionnement on recense une rupture de contrat pour cause de
surenchère par le fournisseur IDA.
Trois indicateurs de projets (IOP3 ; IOP4 ; IOP5)
ont été particulièrement affectés par la
disponibilité des préservatifs. Ce sont respectivement le nombre
de préservatifs masculins vendus par les AMS, la consommation moyenne de
condom par tête d'habitant, et la proportion des jeunes qui estiment que
les condoms sont disponibles quand ils en ont besoin. En effet,
l'évolution positive de ces indicateurs est largement tributaire de la
disponibilité des préservatifs. Une rupture comme celle qui a
été observée justifie ; du moins en partie l'absence
de performance relative à ces indicateurs.
La rupture qu'a connue le PPSAC en préservatifs
masculins a modifié les habitudes d'achat chez les grossistes et
semi-grossistes qui s'approvisionnaient traditionnellement auprès de
l'ACMS. Les parts de marché que ces nouveaux produits ont gagné a
eu des répercussions sur les habitudes de consommation des populations
avec tous les risques que cela comporte (en effet, la plupart des
préservatifs de substitution observé sur le marché pendant
la période de rupture n'était ni testé ni
homologué).
En plus d'être de qualité douteuse, ces
préservatifs étaient plus coûteux que ceux vendus par
l'ACMS ce qui a compromis leur accessibilité financière. La
répercussion de ce coût prohibitif a été entre
autres l'adoption de comportement à risque. En effet, une
étude33(*)
menée par la coordination du PPSAC a révélé que
certains individus utilisaient alternativement des sachets en plastique comme
moyen de protection. Dans certains cas extrêmes, la cherté des
nouveaux préservatifs sur le marché a justifié leur non
utilisation.
I.5 .3. La centralisation des projets qui induit des
déformations et des ajustements dans la mise en oeuvre
L'ACMS a été présenté comme le
maître d'oeuvre du PPSAC au Cameroun. C'est cette structure qui est
chargée d'implémenter le projet sur le terrain. A cet effet, un
contrat de services a été signé entre l'OCEAC le maitre
d'ouvrage du projet et ladite structure. Mais, l'ACMS n'a pas à sa
charge uniquement la mise oeuvre du PPSAC. Tout comme l'OCEAC, beaucoup
d'autres institutions et Partenaires Techniques et Financiers (PTF) ont
paraphé des accords avec elle. C'est le cas par exemple du Fonds mondial
(Round 9) qui lui confié la mise en oeuvre de la lutte contre le
paludisme aux côtés du Programme National de Lutte contre le
Paludisme (PNLP).
Dans le domaine de la lutte contre le VIH/SIDA, deux autres
projets sont mis en oeuvre par l'ACMS. Il s'agit notamment du projet
d'Accès Universel au Préservatif Féminin (UAFC) qui a pour
but de réduire le nombre de nouvelles infections à VIH, le nombre
de grossesses non désirées et d'élargir l'offre en
matière de contraceptif au Cameroun ; sa cible principale
étant les femmes de 15 à 49 ans. L'autre projet visant la lutte
contre le VIH/SIDA est le projet CAS-Cameroun (CAS étant mis pour
Coup d'Arrêt SIDA) ; celui-ci vise la prévention du VIH/SIDA
auprès des hommes en tenue. Toutefois, des dires des responsables de
l'ACMS, le budget du PPSAC représente en général plus de
80 % de l'enveloppe consacrée à la lutte contre le VIH/SIDA.
Disposant d'un vaste portefeuille de projets à mettre
en oeuvre, l'ACMS est souvent tentée de procéder à des
ajustements dans la mise en oeuvre en vue d'optimiser ses déplacements
sur le terrain. La quête de cette optimisation se fait souvent au
détriment de l'exécution normale de certains projets. Par
exemple, si l'on considère le résultat 2 du PPSAC qui vise la
promotion des comportements à moindre risque, trois des huit
indicateurs utilisés pour appréhender ce résultat font
référence à la santé sexuelle de reproduction.
C'est le cas par exemple de IR2.6 (le pourcentage des femmes en âge de
procréer qui connaissent au moins trois méthodes contraceptives),
IR2.7 (le pourcentage des femmes en âge de procréer ayant
utilisé une méthode contraceptive au cours d'une période
donnée) et enfin IR2.8 (le pourcentage d'hommes ayant accepté la
pratique de la planification familiale). Le souci avec le PPSAC c'est qu'il ne
permet pas d'approvisionner en contraceptifs autres que les préservatifs
masculins. Ainsi, le PPSAC mesure des activités qu'il ne réalise
pas.
Sur le terrain, un projet (Pro Fam) financé par l'USAID
est lui chargée de promouvoir l'utilisation des différents
contraceptifs auprès des adultes en âge de procréer. Les
résultats atteints par ce projet sont généralement
imputés au PPSAC. Par ailleurs des ajustements de planning sont souvent
observés entre les activités du PPSAC et celles du projet Pro
Fam.
II. MONÉTISATION DES
BÉNÉFICES ET INTERPRÉTATIONS
Dans l'introduction de notre étude, nous avons
identifié au nombre des objectifs spécifiques, le besoin de
donner une valeur monétaire au bénéfice procuré par
le projet que nous étudions en l'occurrence le PPSAC. Le
bénéfice pour nous fait référence au nombre
d'infections à VIH que l'action de prévention menée dans
le cadre du projet a permis d'éviter. Nous avons entre autres
souligné l'intérêt de cette mesure par le fait qu'elle
fournit une estimation des sommes que le projet a permis d'économiser
grâce à ses activités de prévention. Une valeur qui
revêt une importance capitale dans le contexte général
marqué par l'insuffisance des ressources allouées à la
lutte contre la maladie. Plus encore, le contexte de l'épidémie
au Cameroun marqué par une faible couverture en traitement
antirétroviraux confère à cette valeur davantage
d'importance.
II.1. Paramètres
utilisés pour l'estimation et hypothèses sous-jacentes
Trois paramètres ont été retenus
ici ; il s'agit du coût annuel de prise en charge de l'infection, la
durée de vie moyenne de la personne infectée et enfin et le taux
d'actualisation
II.1.1 Coût annuel de la prise en charge d'une
infection à VIH (CA)
La prise en charge globale d'une infection à VIH
constitue un coût avec plusieurs composantes. La première qui
semble la plus triviale et la plus connue de tous est la prise en charge
médicale. Celle-ci comporte l'offre du traitement
antirétroviral, le traitement des infections opportunistes et des
coinfections que sont la tuberculose, et les hépatites virales ;
pour ne citer que ceux-là. A côté de ces coûts, il
faut ajouter ceux liés à la prestation de service du personnel de
santé notamment pour ce qui est de l'aide à l'observance du
traitement.
En sus de la prise en charge médicale, l'on a la prise
en charge psychologique et sociale. Elle vise l'amélioration de la
qualité de vie des PVVIH et est basée principalement sur
l'écoute et le conseil. C'est le fait principal des travailleurs
sociaux, des psychologues et des associations communautaires. La prise en
charge psychosociale comporte entre autres, l'éducation
thérapeutique, les conseils nutritionnels, et le soutien à la
réinsertion professionnelle.
Ainsi, imputer une valeur à la prise en charge globale
de l'infection à VIH revient à sommer les coûts de ses
différentes composantes ce qui n'est pas toujours chose facile. En
effet, les valeurs peuvent varier d'un projet à un autre et d'une
localité à une autre. Par ailleurs lesdites valeurs peuvent
évoluer dans le temps. Pour les besoins de notre étude, nous
sommes toutefois obligés de proposer une valeur à la prise en
charge globale de l'infection à VIH.
Dans le premier chapitre de ce document, nous avons
présenté le Fonds mondial comme le principal pourvoyeur d'aide
dans la lutte contre le VIH/SIDA. Une estimation (qui nous semble fiable) de
la valeur monétaire de la prise en charge globale d'une infection
à VIH dans un pays donné serait donné par le rapport entre
les ressources engagées par le fonds mondial dans ce pays
spécifique, divisé par le nombre de personnes couvertes et ce
pour un intervalle de temps donné (par exemple l'année). Une
telle donnée n'a pas pu être mise à notre disposition. A la
place, nous avons utilisé une estimation donnée dans un rapport
de l'International Civil Society Support (« Coût de
l'Inaction », 2013). Dans ce rapport, sur la base d'études
antérieures menées dans ce domaine34(*), les auteurs estiment à
515 dollars US le coût annuel agrégé de prise en charge
globale d'une infection à VIH. Avec un taux de change moyen pour
l'année 2013 de 1 dollar valant 483,8 FCFA on estime ce coût
annuel à près de 249 200 FCFA. Ainsi nous estimons à
249 200 F CFA le coût annuel d'infection à VIH selon la
perspective des financeurs notamment le fonds mondial. Reste maintenant
à donner une certaine projection de cette dépense.
Le coût précédemment calculé est le
coût uniquement pour une année en l'occurrence l'année 2013
puisque c'est la date à laquelle le rapport a été
rédigé. Le coût sur la durée de vie de la personne
infectée est obtenu comme le total des différents coûts
annuels. Mais quelle valeur imputer aux années autres que 2013. Dans le
cadre de notre étude, nous formulons l'hypothèse suivante.
L'hypothèse précédente est un peu
limitative. En effet, le coût de la prise en charge de l'infection est
sujet à des variations dans le temps. Celui-ci peut évoluer avec
le niveau d'inflation qui se répercutera sur la
rémunération du personnel engagé dans les projets
concernés. Modéliser les différentes dynamiques auxquelles
ce coût peut être sujet est une tâche fastidieuse et dont
l'intérêt déborde largement le cadre de ce document ;
c'est ce qui justifie l'hypothèse que nous avons formulé plus
haut.
II.1.2 Durée de vie moyenne d'une personne
infectée
Après avoir estimé le coût annuel moyen
de la prise en charge d'une infection à VIH et postulé sa
constance dans le temps, nous devons maintenant fournir une estimation de la
période de temps pendant laquelle ce coût sera encouru. Ceci est
donné par la durée de vie moyenne d'une personne infectée.
Cette durée de vie moyenne est obtenue comme la différence entre
l'âge moyen de décès d'une personne infectée et
l'âge moyen auquel il contracte la maladie.
Pour obtenir l'âge moyen de contraction d'une nouvelle
infection à VIH pour la période 2006 à 2012, on doit en
toute rigueur se baser sur la distribution par âge des nouvelles
infections pour ladite période et calculer pour chacune des sept
années, l'âge moyen des nouvelles infections. Ne disposant pas de
telles données, nous nous baserons sur les données de la
distribution de la prévalence de la maladie selon l'Enquête
Démographique et de Santé 2011.
Le tableau ci-dessous présente la prévalence
absolue de l'infection à VIH par groupe d'âge. Elle fournit une
base pour le calcul de l'âge moyen de contraction d'une nouvelle
infection. Les calculs effectués nous permettent d'obtenir la valeur de
28 ans comme l'âge moyen de contraction d'une nouvelle infection. Pour
être plus réaliste nous ajouterons un délai d'un an et demi
pour la détection et la mise sous traitement. L'âge effectif
moyen de début de traitement sera établi à 30 ans.
Tableau 7:
Estimation de l'âge moyen de contraction d'une infection à VIH
Groupe d'âge
|
Centre de la classe
|
Nombre de personnes infectées dans la classe
d'âge
|
15-19
|
17,5
|
3198
|
20-24
|
22,5
|
2672
|
25-29
|
27,5
|
2295
|
30-34
|
32,5
|
1710
|
35-39
|
37,5
|
1493
|
40-44
|
42,5
|
1158
|
45-49
|
47,5
|
976
|
Age moyen de contraction de la maladie
|
28,61
|
Source : EDS 2011
Ayant estimé l'âge moyen de contraction de la
maladie (majoré d'un délai pour le diagnostic et la mise sous
traitement), nous avons à présent besoin d'estimer l'âge
moyen de décès d'une personne infectée pour parvenir
à calculer la durée de vie moyenne d'une personne
infectée.
Notre étude s'inscrit dans un contexte de
détection rapide de l'infection et de mise sous traitement
immédiate. Dans un tel contexte, la littérature fait état
de ce que l'espérance de vie d'une PVVIH est presque normale. En effet,
mis sous traitement très tôt, une personne atteinte par le VIH
peut vivre aussi longtemps que cela est possible. Pour l'étude que nous
menons ici, l'âge moyen décès d'une personne
infectée est donc assimilable à l'âge moyen de
décès de tout autre individu et est fourni par l'espérance
de vie à la naissance du pays considéré. Ceci nous conduit
donc à formuler la seconde hypothèse suivante pour notre
estimation.
En utilisant les données de la Banque Mondiale35(*), on obtient une valeur de
53,37 ans comme espérance de vie moyenne sur la période 2006
à 2012. Par voie de conséquence, la durée de vie moyenne
d'une personne infectée est donc égale à 25 ans.
II.1.3 Détermination du taux d'actualisation
En estimant la valeur monétaire du
bénéfice procuré par le PPSAC, nous devrons calculer la
valeur présente d'une suite de dépenses encourues pour prendre en
charge une infection sur la durée de vie du porteur de la maladie. Ce
calcul nécessite que l'on utilise un taux d'actualisation. Selon le
domaine, la période considérée et le pays, ce taux
d'actualisation peut varier. Dans le secteur de la santé, le taux
d'actualisation généralement utilisé dans les analyses
coût efficacité est de 3,6 %36(*). D'autre part, sur la période
considérée, le taux d'intérêt du marché
bancaire s'établissait en moyenne à 4,4 %37(*) au Cameroun sur la
période considérée. Par conséquent, nous
considérons que le taux d'actualisation variera dans cette plage.
II.1.4 Prise en compte de l'incertitude dans l'analyse
Dans les développements précédents, nous
avons fourni les valeurs des paramètres qui nous servirons à
modéliser la valeur monétaire du bénéfice final du
PPSAC. Pour obtenir les valeurs de nos paramètres nous avons recouru
à des choix (motivés) entre plusieurs valeurs possibles. Utiliser
uniquement une valeur revient à étriquer la
réalité. En effet, l'occurrence des valeurs non choisies est tout
aussi possible. Par exemple en ce qui concerne la durée de vie d'une
personne vivant avec le VIH (mise sur traitement à temps), nous avons
postulé que celle-ci est de 25 ans. Cependant, cette valeur est
susceptible de varier d'un groupe de la population à un autre (entre les
hommes et les femmes par exemple). Une analyse d'incertitude permet donc de
prendre en compte une plus large gamme de valeurs pour mieux refléter la
réalité. L'analyse d'incertitude procède par plusieurs
étapes.
Il faut d'abord expliciter une densité de
probabilité pour chaque paramètre considéré
dorénavant comme incertain. Plusieurs lois existent cependant, dans le
cadre de notre étude, nous n'avons eu aucune information sur la
distribution de probabilité de l'un ou l'autre des paramètres.
Dans ce cas, la littérature38(*) recommande d'utiliser une loi de distribution
uniforme variant de plus ou moins 10 % autour de la valeur centrale. Le tableau
ci-dessous présente la distribution de probabilité que nous avons
postulée pour chacun des trois paramètres et les plages minimum
et maximum correspondantes.
Tableau 8:
Distribution de probabilité des différents paramètres
utilisés
|
|
Distribution
|
Plage
|
|
|
Minimum
|
Maximum
|
Paramètre
|
Coût annuel de prise en charge d'une infection à
VIH (F CFA)
|
uniforme
|
224 280
|
274 120
|
Durée de vie moyenne d'une personne infectée
(années)
|
uniforme
|
22
|
28
|
Taux d'actualisation (%)
|
uniforme
|
3,6
|
4,4
|
Source : Auteur
II.2. Estimation du coût
(sur la durée de vie) d'une infection à VIH
Nous commençons par la présentation de la formule
de calcul s'en suivra par la suite le calcul de la distribution du
« coût à vie » d'une infection à VIH
proprement dite.
II.2.1 La formule générale de calcul
Nous nous trouvons ici dans une situation où il faut
estimer le « coût à vie »39(*) d'une infection à VIH.
Nous avons fait l'hypothèse de constance des dépenses de prise en
charge globale de l'infection. Ainsi, déterminer la valeur actuelle du
« coût à vie » de l'infection revient à
déterminer la valeur actuelle d'une suite d'annuités constantes
(les annuités ici sont représentées par les
dépenses annuelles globales de prise en charge de l'infection) sur une
période (ici la durée de vie moyenne de la personne
infectée). La formule de la valeur actuelle d'une suite
d'annuités constantes « a », sur une période
« n » est donnée par la formule ci-dessous.
II.2.2 Calcul de la distribution du
« coût à vie » d'une infection et
interprétation
L'analyse s'effectue dans un environnement incertain où
les différents paramètres peuvent uniformément varier dans
les plages spécifiées dans un tableau plus haut. Dans ce contexte
le résultat (coût à vie d'une infection à VIH)
apparait comme une variable aléatoire suivant une distribution
donnée.
Concrètement, le calcul s'effectue à l'aide d'un
échantillon de 1000 observations générées
aléatoirement selon la loi suivie par chaque paramètre (en
l'occurrence la loi uniforme ici). Le tableau ci-dessous est une troncature aux
dix premières observations du résultat des simulations faites. Il
y a apparait par exemple que la première simulation a donné un
coût annuel global de prise en charge de 243 781 F CFA,
légèrement inférieur à la valeur moyenne qui elle
est de 249 200 F CFA. Cette simulation a en outre fourni une durée
de vie moyenne de la personne infectée de 26,22 ans
(légèrement supérieur à la valeur moyenne de 25
ans) et un taux d'actualisation de 3,78 %. Ce premier scénario permet
d'estimer à 4 012 377 F CFA le coût à vie d'une
personne infectée par le VIH.
Tableau 9:
Troncature du tableau de simulation des données
N° observation
|
Coût annuel moyen de prise en charge d'une infection
à VIH (F CFA)
|
Durée de vie moyenne d'une personne infectée
(années)
|
Taux d'actualisation
|
Coût à vie d'une infection à VIH
( F CFA)
|
1
|
243 781
|
26,22
|
0,0378
|
4 012 377
|
2
|
262 682
|
26,11
|
0,0392
|
4 246 552
|
3
|
243 214
|
25,51
|
0,0435
|
3 705 340
|
4
|
249 862
|
22,24
|
0,0412
|
3 594 628
|
5
|
230 276
|
25,87
|
0,0402
|
3 663 391
|
6
|
229 331
|
22,51
|
0,0390
|
3 395 294
|
7
|
263 185
|
22,07
|
0,0390
|
3 848 700
|
8
|
238 707
|
27,91
|
0,0386
|
4 034 980
|
9
|
243 336
|
26,96
|
0,0379
|
4 063 110
|
10
|
272 496
|
24,61
|
0,0419
|
4 134 848
|
Source : auteur
Pour les 1 000 observations correspondant chacune à un
scénario plausible de la réalité, nous avons obtenu une
valeur du « coût à vie » d'une infection
à VIH. Les histogrammes (simple et cumulé) de la distribution de
probabilité du coût à vie d'une infection à VIH sont
donnés dans le graphique suivant.
Figure 11:
Histogramme simple et cumulé de la distribution du
« coût à vie » d'une infection
Source : Auteur
Il y apparait par exemple que, l'on a 31,1 % de chances
d'obtenir un coût à vie d'une infection à VIH
inférieur ou égal à 3 720 000 F CFA. Ou d'autre
part que l'on a 90 % de chances que ce coût soit inférieur
à 4 260 000 F CFA. Par ailleurs, les calculs effectués sur
notre échantillon permettent d'établir la valeur moyenne du
coût à vie d'une infection à 3 873 287 F CFA
compte tenu des 1000 scenarii. D'autre part, on a 95 % de chances que cette
valeur soit comprise entre 3 855 302 F CFA et 3 891 272 F
CFA.
II.3. Valeur monétaire
du bénéfice procuré par le PPSAC au Cameroun et
interprétation
II.3.1 Interprétation générale de la
valeur monétaire du bénéfice procuré par le
PPSAC
La principale difficulté était d'obtenir le
coût à vie d'une infection à VIH. Une fois fait, la valeur
monétaire du bénéfice procuré par le PPSAC au
Cameroun n'est autre que le coût à vie d'une infection
multiplié par le nombre d'infections évitées. C'est ainsi
qu'on estime par exemple à près de 13 milliards de F CFA, le
bénéfice procuré par le PPSAC au Cameroun en 2006 et
à 42 milliards de F CFA ce bénéfice pour l'ensemble de la
phase II. Le tableau ci-dessous nous permet d'apprécier l'ensemble des
valeurs pour les sept années correspondant aux phases I et II.
Tableau 10:
Estimation du bénéfice (en termes monétaire) du PPSAC au
Cameroun
Phase
|
Année
|
Coût annuel (milliers de F CFA)
|
Bénéfice (en F CFA) du projet
|
Moyenne
|
Minimum
|
Maximum
|
Phase I
|
2006
|
1 753 483
|
13 083 963 486
|
13 023 210 156
|
13 144 716 816
|
Phase I
|
2007
|
1 750 706
|
14 548 065 972
|
14 480 514 312
|
14 615 617 632
|
Phase I
|
2008
|
543 792
|
14 520 952 963
|
14 453 527 198
|
14 588 378 728
|
Total Phase I
|
|
4 060 183
|
42 152 982 421
|
41 957 251 666
|
42 348 713 176
|
Phase II
|
2009
|
668 703
|
9 923 361 294
|
9 877 283 724
|
9 969 438 864
|
Phase II
|
2010
|
3 312 596
|
8 784 614 916
|
8 743 824 936
|
8 825 404 896
|
Phase II
|
2011
|
3 988 434
|
16 229 072 530
|
16 153 715 380
|
16 304 429 680
|
Phase II
|
2012
|
919 697
|
9 838 148 980
|
9 792 467 080
|
9 883 830 880
|
Total Phase II
|
|
8 883 340
|
44 775 197 720
|
44 567 291 120
|
44 983 104 320
|
Source : Auteur
L'interprétation de ces valeurs est simple. En ce qui
concerne l'année 2010, on peut dire que les activités mises en
oeuvre par le PPSAC ont permis d'économiser 8 784 614 916
F CFA en termes de dépenses de prise en charge globale d'infections qui
seraient apparues si le projet n'était pas mis en oeuvre. Par ailleurs
on peut dire qu'on a 95 % de chances que cette valeur ait été
comprise entre 8 743 824 936 F CFA et
8 825 404 896 F CFA. Pour les deux premières phases qui
faisaient l'objet de notre analyse, on estime à
86 928 180 141 F CFA le bénéfice du projet en
termes de sommes économisées grâce aux infections
évitées.
II.3.2 Interprétation du rapport
bénéfice par coût investi
La présentation du bénéfice
monétaire du PPSAC permet de quantifier l'utilité du projet pour
la communauté, plus particulièrement pour les bailleurs
engagés dans le financement des projets de prise en charge de PVVIH.
Cependant, pour davantage mettre l'accent sur la performance du projet, nous
devons rapporter ce bénéfice monétaire au coût du
projet. Le graphique suivant présente à cet effet
l'évolution du ratio bénéfice par coût investi
pendant les deux premières phases.
Il y apparait par exemple qu'investir un franc dans le PPSAC
pendant la première phase permettait d'économiser 10,83 F CFA en
termes de dépenses de prise en charge d'infections qui seraient apparues
en l'absence du projet. Pour l'ensemble des phases I et II, le rapport
s'établit à 6,72 F CFA autrement dit, à chaque franc CFA
que l'on a investi pendant ces deux phases, on a économisé en
moyenne 7 F CFA en termes de dépenses futures de prise en charge
d'infections.
Figure 12:
Rapport coût bénéfice du PPSAC au Cameroun pour les phases
I et II
Source : Auteur
Le graphique permet aussi d'apprécier que, le
bénéfice procuré par le PPSAC pendant la phase I ( 10,38 F
CFA pour 1 F CFA investi dans le projet ) est plus élevé que
celui procuré pendant la phase II (6,72 F CFA pour 1 F CFA investi dans
le projet). Ce résultat n'a rien de surprenant, il épouse
simplement les constats faits lors de l'analyse de l'efficacité du
PPSAC. Il nous est apparu dans cette section que la phase I était plus
performante que la phase II. Or la valeur monétaire du
bénéfice s'obtient comme le produit de la valeur à vie
d'une infection par le nombre d'infections évitées (indicateur
d'efficacité que nous avons utilisé).
II.3.3 Implication de la faible performance de la phase
II
L'analyse comparative de l'efficacité entre les phases
I et II du PPSAC a mis en évidence une nette contre-performance de la
phase II du projet relativement aux ressources qui y ont été
consacrées. Possédant la valeur monétaire du
bénéfice procuré par le projet, nous nous essayons ici
à quantifier les implications de cette contre-performance. Le tableau
suivant fournit les éléments d'une telle analyse. Il confronte le
bénéfice consécutif au résultat attendu avec la
valeur de ce même bénéfice pour le résultat
réellement observé. Par résultat attendu, on entend le
résultat que l'on observerait si le rapport coût efficacité
restait constant entre les deux phases. Cela suppose une relation
linéaire entre les coûts et les résultats. Dans ce cas, la
phase II aurait permis d'éviter un peu moins de 24 000 nouvelles
infections à VIH ce qui correspond à près de 100 milliards
de F CFA de ressources qui seraient économisées dans la prise en
charge des infections. Cependant, dans les faits, la phase II du projet n'a
permis que d'éviter près de 11 000 nouvelles infections
à VIH correspondant à un bénéfice de près de
45 milliards de F CFA.
Tableau 11:
implication monétaire de la contre performance de la phase II
Type de résultat (en termes d'infections
évitées)
|
Valeur
|
Bénéfice monétaire (en F CFA)
correspondant
|
Résultat attendu de la phase II conformément au
résultat de la phase I
|
23 811
|
97 964 001 921
|
Résultat observé pendant la phase II
|
10 883
|
44 775 197 720
|
Ecart absolu du bénéfice
|
- 53 188 804
201,43
|
Ecart relatif du bénéfice
|
-
118,79
|
Source : auteur
La contre-performance de la phase II du projet se traduit par
une diminution de plus de 53 milliards du bénéfice attendu du
projet en valeur absolu et près de 119 % en valeur relative. Il est
aisé de constater que les effets négatifs de la
contre-performance de cette phase surpassent les effets positifs
réellement observés.
II.3.4 Appréciation du soutien du PPSAC à
l'allègement du besoin de financement de la prise en charge des
PVVIH : Cas de l'année 2010
Dans le premier chapitre de ce document relatif aux besoins de
financements et enjeux de la lutte contre l'épidémie au Cameroun,
les analyses nous ont permis de constater que le pays fait face, à un
déficit de financement en ce qui concerne la prise en charge des PVVIH
ce qui se traduit par une faible couverture en traitement. Ici, nous essayons
de quantifier contribution du PPSAC dans l'allègement des besoins en
financement pour la prise en charge des PVVIH.
Selon le rapport 2013 du CNLS sur l'estimation des ressources
et des dépenses dans la lutte contre le SIDA au Cameroun, on
évaluait à près de 55 milliards de F CFA, les fonds requis
pour le traitement, les soins et le soutien liés au VIH en 2010. Par
ailleurs, conformément à la méthodologie adoptée
plus haut, nous estimons à près de 3,3 milliards de F CFA, le
montant du bénéfice procuré par le PPSAC en termes de
dépenses économisées pour la prise en charge de
potentielles nouvelles infections. Cette valeur s'obtient simplement comme le
produit du nombre cumulé d'infections évitées grâce
au PPSAC entre 2006 et 2009 (soit 13 445 infections), par le coût
annuel moyen d'une infection à VIH en l'occurrence 243 200 F CFA.
Tableau 12:
contribution du PPSAC à l'allègement des
dépenses
de prise en charge des PVVIH en 2010
Fonds requis pour la prise en charge des PVVIH (milliards de F
CFA)
|
55
|
Bénéfice cumulé du PPSAC en termes de
dépenses évitées (milliards de F CFA)
|
3,3
|
Fonds potentiellement requis en l'absence du PPSAC (milliards de
F CFA)
|
58,3
|
Contribution potentielle du PPSAC (%) à
l'allègement des dépenses de prise en charge des PVVIH
|
5,50%
|
Source : Auteur
Par conséquent, toutes choses égales par
ailleurs, les fonds qui seraient requis pour la prise en charge des PVVIH en
l'absence du soutien du PPSAC s'élèveraient à environ 58,3
milliards de F CFA. De ce fait, le PPSAC a contribué à
alléger de près de 5,5 % les dépenses requises pour la
prise en charge des personnes vivant avec le VIH cette année
là.
LIMITES ET
RECOMMANDATIONS
1. LIMITES DE
L'ÉTUDE
La présente étude relative à
l'évaluation coût efficacité du PPSAC au Cameroun a pu
être menée à terme et nous a fourni des
éléments de performance sur le projet ce qui correspondait
effectivement aux objectifs que nous nous sommes fixés au début.
Cependant, bien que nous ayons atteint nos objectifs, on ne peut pas
prétendre que l'étude que nous avons menée soit exempte de
tout défaut. La probité intellectuelle nous oblige donc à
présenter certains manquements de l'étude ; des manquements
qui pourraient alimenter des recherches similaires dans l'avenir.
1.1. Absence de référence externe pour comparer
l'efficacité du PPSAC
Lors de la définition des concepts clé de
l'étude, nous avons présenté les évaluations
cout-efficacité comme des types particuliers d'évaluations
économiques complètes. Nous avons dit que celles-ci (les
évaluations économiques complètes) sont
généralement utilisées comme des outils d'aide à la
décision permettant d'affecter les ressources à un usage plus
judicieux. C'est en fait l'usage général des évaluations
économiques lorsqu'elles sont menées prospectivement. Nous avons
par ailleurs spécifié que, menées
rétrospectivement, (comme c'est le cas dans cette étude) les
évaluations coût-efficacité permettent d'appréhender
la performance dans la mise en oeuvre d'une intervention. Nous avons pu en
effet apprécier la performance dans la mise en oeuvre du PPSAC pendant
les phases I et II et, lorsque cela était nécessaire, nous avons
fourni des éléments d'explication de la contre-performance
observée. Cependant, l'absence d'une référence externe
pour comparer l'efficacité du PPSAC nous met dans l'incapacité
d'isoler l'effet des éléments que nous avons
présenté comme des sources de la contre-performance du manque
d'expertise des responsables du projet.
En effet, pour être exhaustif, il aurait fallu pour
nous comparer le rapport coût efficacité du PPSAC au Cameroun
à celui de projets similaires menés dans le même le
contexte. Nous pensons particulièrement aux autres pays de la CEMAC
couverts par le PPSAC à l'instar du Tchad et de la RCA, ou tout autre
projet visant la prévention du VIH/SIDA et mis en oeuvre par l'ACMS. De
telles données auraient permis d'apprécier à quel point le
rapport coût efficacité du PPSAC au Cameroun s'écarte (ou
se rapproche) des autres ; et serait une source d'information très
riche pour ce qui concerne la manière dont le projet est
piloté.
1.2. Le choix des coûts dans le calcul de certains
rapports coût-efficacité
Dans le chapitre quatre, nous avons calculé le rapport
cout-efficacité du PPSAC au Cameroun, relativement aux indicateurs de
l'objectif spécifique du projet. Concrètement, nous avons
calculé le coût par comportement à moindre risque
adopté et le coût par connaissance correcte sur la
prévention du VIH acquise. Ces valeurs étaient respectivement de
12 267 F CFA et 24 103 F CFA. Pour plus d'exactitude dans le calcul
de ces valeurs, il aurait fallu utiliser le coût des ressources
spécifiques allouées à la mise en oeuvre des
activités se rapportant à ces objectifs. A la place, nous avons
utilisé l'ensemble des ressources du projet ; ce qui en soit induit
un biais. Toutefois, sans trop vouloir nous justifier, il convient de signaler
que pareille méthodologie est employée par l'ONUSIDA pour simuler
l'impact des programmes de prévention du VIH/SIDA. L'argument majeur
avancé pour un tel choix est l'absence de preuves scientifiques
établissant une relation de cause à effet entre une action
menée et un résultat bien défini. Par exemple des
activités menées dans le sens de l'amélioration de la
connaissance de la maladie peuvent entrainer l'adoption d'un comportement
à moindre risque.
1.3. Le calcul de l'âge moyen de survenu d'une
infection dans l'estimation du « coût à vie »
d'une infection à VIH
Dans l'estimation du coût à vie d'une infection
à VIH, nous avons été amenés à calculer la
durée de vie moyenne d'une personne infectée. Celle-ci
n'était autre que la différence entre l'âge moyen de
décès d'une personne infectée et l'âge moyen de
contraction de la maladie. La méthodologie utilisée pour estimer
l'âge moyen de contraction de la maladie souffre d'une certaine
faiblesse. En effet, pour y parvenir, nous avons utilisé la distribution
de la prévalence du VIH/SIDA par classe d'âge selon les
données de l'EDS 2011. Pour davantage de rigueur, il aurait fallu
utiliser plutôt la distribution de l'incidence de la maladie selon les
classes d'âge et ce pour chacune des années 2006 à 2012.
Comme nous l'avons signifié dans le document, une telle distribution n'a
pas pu être mise à notre disposition. Nous nous sommes ainsi
contentés de la prévalence comme approximation de l'incidence.
2. RECOMMANDATIONS DE
L'ÉTUDE
Une étude comme celle que ne venons de mener appelle
forcement à des recommandations. Des recommandations allant dans le sens
de la conduite d'études spécifiques ou de l'utilisation des
résultats que nous avons obtenus.
2.1 Concernant la mise en
oeuvre d'études similaires dans les autres pays de la CEMAC
Nous avons mené une évaluation coût
efficacité du PPSAC au Cameroun ce qui nous a permis d'apprécier
la performance dans la mise en oeuvre du projet pour les phases I et II.
Cependant notre étude n'a porté que sur l'un des pays couverts
par le projet. Pour dresser un panorama complet de la performance des
différentes AMS impliquées dans le projet, il convient de
conduire une étude similaire pour les autres pays de la CEMAC couverts
par le projet à l'instar de la RCA, du Tchad ou du Congo. Les
résultats d'une telle étude permettraient de mettre la relation
la performance de l'ACMS avec celle d'autres AMS et par la même occasion
de mettre la lumière sur les problèmes d'ordre
systémique.
2.2 Sur la consommation des
ressources du projet
L'analyse des coûts du projet a mis en évidence
le fait que certaines catégories de dépenses baissent
drastiquement la dernière année de mise en oeuvre du
projet ; et ce pour les deux phases. Sous réserve d'une structure
similaire à la phase III, cela serait révélateur d'un
management axé sur la consommation des ressources ; ce qui
justifierait en partie la stagnation des résultats. Si une étude
approfondie dans la manière dont les ressources du PPSAC sont
consommées parvient à une conclusion allant dans le sens des
développements précédents, nous suggérons que des
incitations soient mises en place en vue de favoriser la consommation efficace
des ressources. Ces incitations pourraient incorporer des primes de performance
pour les AMS ayant atteint leurs objectifs tout en réalisant des
économies budgétaires.
2.3 Sur la stagnation des
ventes des préservatifs masculins
Pour chacune des phases I et II du PPSAC au Cameroun, des
objectifs concernant le nombre de préservatifs masculins devant
être vendus ont été fixés. La cible poursuivie lors
de la phase I du projet était de parvenir à un niveau de vente de
90 millions de préservatifs, 78,9 millions de préservatifs
seulement ont été vendus (l'objectif ayant été
atteint à 88 %). De même, pour la phase II, l'objectif
était de parvenir à vendre 175 millions de préservatifs,
seulement 79 millions ont été vendus (un niveau de
réalisation de 45 %). L'exploitation d'une partie des statistiques de
vente de la phase III ne semble pas militer en faveur d'une embellie de la
situation.
Le « nombre de préservatifs masculins
vendus par les AMS » est l'indicateur phare du PPSAC aussi, les
résultats observés doivent faire l'objet d'une analyse
particulière. Cette analyse est d'autant justifiée que les
ressources du projet ont pratiquement doublé pendant la phase II du
projet. L'étude qui devra être menée en vue d'expliquer la
stagnation des ventes devra chercher à mettre en évidence les
déterminants de la demande en préservatifs de ceux de l'offre en
préservatifs. On cherchera à travers cette étude à
savoir si le « marché »40(*) des préservatifs
masculins est saturé ou si ce sont les moyens mis en oeuvre par les AMS
qui n'évoluent pas et de ce fait ne permettent pas de capter d'autres
clients.
2.4 Sur l'utilisation des
rapports coût-efficacité
L'étude menée ici nous a permis de parvenir
à la conclusion selon laquelle cela coûte un peu plus de
12 000 F CFA pour amener un individu à adopter un comportement
à moindre risque et 24 000 F CFA pour qu'il ait une connaissance
correcte sur la prévention du VIH. Les données
précédentes peuvent être utilisées lors de la
planification de projets similaires dans un contexte proche de celui du
Cameroun. En effet, très souvent, les concepteurs de projet manquent de
référence pour projeter leurs résultats en fonction des
ressources qui devront être investies dans le projet. Une valeur comme la
précédente autorise une telle projection. Ainsi, un bailleur
investissant par exemple 500 millions de F CFA dans la prévention du
VIH/SIDA projette à 41 667 le nombre de personnes que le projet
amènera à adopter un comportement à moindre risque ;
si celui-ci est réalisé dans un contexte similaire à celui
du Cameroun.
2.5 Sur la relation entre les
coûts du personnel et les résultats du PPSAC au Cameroun
En étudiant la relation entre les coûts et les
résultats du PPSAC au Cameroun, le test de corrélation de
Spearman nous a amené à la conclusion selon laquelle des
coûts du personnel du projet et les résultats en termes de nombre
d'infections évitées partagent près de 74 % de variations
communes. Le nombre d'observations utilisées (sept observations) et le
type de test utilisé (un test non paramétrique) limitent un peu
notre conviction en ce résultat. Cependant si un lien fort entre ces
deux variables persiste toujours après que l'on ait adjoint les
résultats de la phase III, on pourrait utiliser ces coûts de
personnel comme variable d'incitation.
2.6 Sur l'utilisation du
bénéfice monétaire du PPSAC
La section deux du chapitre quatre était
consacrée à l'évaluation du bénéfice
monétaire du PPSAC tel qu'il est mis en oeuvre au Cameroun. Il est
apparu que pendant les deux premières phases de mise en oeuvre du
projet, celui-ci a procuré un bénéfice de près de
87 milliards de F CFA (en termes de dépenses économisées
pour la prise en charge d'infections qui seraient survenues en l'absence du
projet) pour près de 13 milliards investis. Cette valeur peut s'utiliser
comme une valeur de l'utilité du projet. Si par exemple une
décision doit être prise dans le sens de l'allocation d'une
subvention entre deux projets visant la prévention de nouvelles
infections, on peut se baser sur la valeur susmentionnée pour
procéder à des arbitrages, l'allocation étant
octroyée au projet qui présentant le bénéfice le
plus élevé.
CONCLUSION
GÉNÉRALE
La présente étude s'est attelée à
effectuer une évaluation coût efficacité des phases I et II
du Projet de Prévention du VIH/SIDA en Afrique Centrale. De
manière spécifique, il était question d'analyser le niveau
d'atteinte des objectifs du PPSAC pendant les deux phases, de fournir une
valeur du rapport coût efficacité du projet et de
l'interpréter, de mener une analyse comparative entre les deux phases
pour voir laquelle était la plus coût efficace, de détecter
une éventuelle corrélation entre l'efficacité du projet
pendant ces deux phases et des catégories spécifiques de
coût. Par ailleurs, l'étude a aussi essayé de proposer une
valeur monétaire au bénéfice procuré par le projet
en termes de dépenses de prise en charge d'infections qui seraient
survenues si le projet n'était pas mis sur pied.
Nous avons formulé deux principales hypothèses.
La première stipule que la phase II du projet est plus performante que
la première phase. En effet on s'attend à ce que l'effet
d'apprentissage et l'expérience amènent à une mise en
oeuvre plus efficace pendant la phase II. La seconde hypothèse stipule
quant à elle que le bénéfice monétaire
procuré par le projet pendant ces phases est pratiquement trois fois
égal au coût du projet pendant la même période.
De manière générale, il est apparu que la
phase II du projet a été moins performante que la phase I, ce qui
infirme ainsi l'hypothèse formulée. Par ailleurs, les
données mises à notre disposition permettent d'estimer à
plus de 12 000 F CFA le coût pour amener un individu à
adopter un comportement à moindre risque et à près de
24 000 F CFA le coût par connaissance correcte sur la
prévention du VIH acquise. D'autre part, ces données
établissent à 372 000 F CFA le coût par infection
évitée pendant la phase I du projet et à 767 000 F
CFA ce même coût pendant la phase II du projet. Il apparait en
outre que le résultat du projet (en termes d'infection à VIH
évitées) partage près de 75 % de variations communes avec
les coûts du personnel. Par ailleurs, il est apparu que, pour 1 F CFA
investi dans le projet, cela a permis d'économiser 7 F CFA en termes de
dépenses potentielles de prise en charge des infections. En se basant
sur un panel de 12 indicateurs, le test de Wilcoxon a permis de conclure que la
phase II du projet est significativement moins performante que la phase I. Par
ailleurs, le test de Mann Whitney lui nous permet de conclure que le ratio
coût efficacité du PPSAC est significativement plus
élevé pendant la II que la phase I.
Dans notre étude, nous n'avons pas utilisé une
référence externe (autre projet) pour comparer le rapport
coût efficacité du PPSAC ; c'est la première limite de
notre analyse. Des recherches supplémentaires pourraient être
faites dans ce sens. En effet cette référence externe permettrait
d'apprécier le comportement du projet par rapport à d'autres
projets similaires et nous aiderait à savoir en quel sens le PPSAC
s'écarte de la norme. Pour le calcul de certains rapports coût
efficacité, nous n'avons pas suffisamment circonscrit les coûts
à utiliser. Les rapports coût efficacité seraient
probablement plus faibles si nous avions suffisamment circonscrit certains
coûts.
ANNEXES
A. PRÉSENTATION DE LA
MÉTHODOLOGIE D'ESTIMATION DU « NOMBRE D'INFECTIONS
EVITÉES » DU MODELE DU PRÉSERVATIF DE PSI
Comme nous l'avons souligné dans les
développements précédents, PSI est une organisation
internationale oeuvrant dans le secteur de la santé (dans les pays en
développement) qui utilise les techniques de marketing social en vue de
promouvoir l'utilisation du préservatif dans la population sexuellement
active. Pour y parvenir, elle utilise aussi bien les canaux traditionnels (les
pharmacies ; les cliniques) que des lieux spécifiques
(hôtels, night club) où d'éventuelles rencontres peuvent
avoir lieu. Le modèle du préservatif de PSI fournit une
estimation acceptable du nombre d'infections à VIH évitées
grâce à ces activités de promotion de l'utilisation du
préservatif.
Le point de départ dans l'estimation de ces infections
évitées est la détermination du risque individuel
d'infection par voie sexuelle au cours d'une année donnée. Divers
facteurs contribuent à ce risque et tous ceux-ci doivent être pris
en compte dans différents scénarii pour déterminer le
risque cumulé d'infection par voie sexuelle. Le type de partenaire
sexuel (englobant les partenaires réguliers, les partenaires
occasionnels, et les professionnels du sexe) est l'un de ces facteurs. Un autre
facteur de risque est le nombre de partenaires sexuel que l'on a eu au cours
d'une année donnée. Pour obtenir cette valeur, PSI utilise des
projections sur la base des données des Enquêtes
Démographiques et de Santé (EDS) réalisées au
niveau national dans les pays en développement où elle
intervient. Ce paramètre (nombre de partenaires sexuels au cours de
l'année considérée) est subdivisé en cinq
modalités à savoir, « seulement un
partenaire », « deux partenaires »,
« trois à quatre partenaires », « cinq
à neuf partenaires », et enfin « plus de dix
partenaires ». Un facteur de risque additionnel que le modèle
prend en considération est l'activité sexuelle moyenne (pris en
compte par le nombre de contacts sexuel) par partenaire. L'infectivité
et le statut sérologique des différents partenaires sont aussi
pris en compte. Nous présenté l'infectivité comme la
probabilité de contracter la maladie au cours d'un rapport sexuel
unique. Nous avons dit qu'elle varie avec fonction du type de rapport sexuel
mais aussi selon que le partenaire est atteint par une infection sexuellement
transmissible ou non.
Pour déterminer le risque pour une personne non
infectée de contracter l'infection à vih par vois sexuelle au
cours d'une année donnée, le modèle du préservatif
de PSI utilise les équations de probabilité de Bernoulli. Selon
ces équations, la probabilité qu'un séronégatif
contracte la maladie au cours d'un rapport sexuel est donnée
par :
Ici, représente la prévalence de l'infection dans la
population adulte. Ainsi, une personne non infectée a
« p » chances d'avoir un rapport sexuel avec une personne
infectée. La variable représente le nombre de partenaires sexuels. La variable elle représente la probabilité de contracter l'infection
au cours d'une année donné par suite de rapports avec un
partenaire infecté. Elle est donnée par l'équation.
Dans cette équation, est le nombre de contacts avec le partenaire considéré
(nombre moyen de contact par partenaire) et est l'infectivité. La substitution de par sa valeur dans la première équation donne :
Dans le scénario de base auquel nous avons fait
allusion plus (celui dans lequel les Associations de Marketing Social
n'interviennent pas pour promouvoir l'utilisation du préservatif),
l'équation précédente utilise la valeur brute de
l'infectivité c'est-à-dire celle qui est donnée dans la
littérature. Dans le scénario avec intervention d'une AMS, la
valeur de l'infectivité est réduite de 95 % (cette valeur
représente l'efficacité du préservatif dans la protection
contre les infections).
Pour tenir compte de la variabilité du risque
d'infection en fonction du type du partenaire, le modèle propose la
formule générale ci-dessous :
Sur la base de la formule ci-dessus, la différence de
valeur obtenue entre le scénario de base et le scénario où
PSI intervient donne une estimation de la variation du risque d'infection (par
préservatif utilisé) observée après intervention de
PSI. Le nombre d'infections évitées grâce à l'action
de PSI au cours d'une donnée est obtenu en définitive en
multipliant la valeur précédente par le nombre de
préservatifs vendus par l'association de marketing social au cours de
ladite année.
B. TABLEAUX
Tableau 13:
Prévalence (%) du VIH/SIDA au Cameroun par région et selon le
genre
Région
|
Hommes
|
Femmes
|
Extrême-Nord
|
0,8
|
1,5
|
Ouest
|
2,9
|
2,8
|
Nord
|
1,5
|
3,2
|
Littoral
|
2,7
|
5,1
|
Douala
|
2,6
|
6,4
|
Centre
|
5,3
|
6,9
|
Adamaoua
|
2,3
|
7,1
|
Nord-Ouest
|
5
|
7,2
|
Sud-Ouest
|
3,3
|
7,9
|
Est
|
3,7
|
8,8
|
Yaoundé
|
3,6
|
8,9
|
Sud
|
3,8
|
10,8
|
Cameroun
|
2,9
|
5,6
|
Source : Rapport EDS 2011
Tableau 14:
Taux d'inflation au Cameroun entre 2006 et 2013
Année
|
Taux d'inflation (%)
|
2006
|
2,4
|
2007
|
1,1
|
2008
|
5,3
|
2009
|
3
|
2010
|
1,9
|
2011
|
2,9
|
2012
|
2,9
|
2013
|
2,6
|
Source : indexmundi
|
|
Tableau 15:
Liste des indicateurs du projet
IOP 1
|
Part (%) des personnes qui déclarent avoir adopté
un comportement à moindres risques (chez les jeunes de 15 à 24
ans)
|
IOP 2
|
Part (%) des personnes disposant des connaissances correctes sur
les possibilités de prévenir le VIH-SIDA (chez la population
générale)
|
IOP 3
|
Le nombre (millions) de préservatifs masculins vendus par
les AMS est en augmentation
|
IOP 4
|
La consommation moyenne de condom masculin par habitant par an
(CMCTH) est en augmentation
|
IOP 5
|
Augmentation du % des enquêtés (jeunes de 15
à 24 ans) qui déclarent, quand ils en ont besoin, que les condoms
sont toujours disponibles dans leurs points d'achat
|
IOP 6
|
Augmentation de la part (%) des personnes au sein de la
population générale qui acceptent le PVVIH/OEV
|
IR1.1
|
Couverture géographique (disponibilité dans
l'espace, évolution du nombre de points de vente (PDV) par
population) Augmentation du nombre de points de vente (PDV)
opérationnels par 1000 habitants
|
IR1.2
|
Couverture géographique (disponibilité dans
l'espace, évolution du nombre de points de vente (PDV) par
zones) Augmentation du nombre de points de vente (PDV)
opérationnels par village
|
IR1.3
|
Accessibilité (temps mis pour avoir le condom) en zone
urbaine Augmentation du % des enquêtés, jeunes 15 à
24 ans qui déclarent que le point d'approvisionnement du condom est
assez proche de leurs lieux d'utilisation en zone urbaine (10 minutes de
marche)
|
IR1.5
|
Evolution (%) des personnes qui déclarent trouver le prix
du condom abordable Augmentation du % des enquêtés (15
à 24 ans) qui pensent que le prix par condom des AMS est
abordable)
|
IR2.2H
|
Pourcentage des personnes ayant utilisé un condom lors du
dernier rapport sexuel à risque ( Hommes) Augmentation du % des
enquêtés jeunes de 15 à 24 ans ayant
systématiquement utilisé le condom au cours des rapports sexuels
à risque durant les 3 derniers mois avant l'enquête
|
IR2.2F
|
Pourcentage des personnes ayant utilisé un condom lors du
dernier rapport sexuel à risque ( Femmes) Augmentation du % des
enquêtés jeunes de 15 à 24 ans ayant
systématiquement utilisé le condom au cours des rapports sexuels
à risque durant les 3 derniers mois avant l'enquête
|
IR2.3
|
Pourcentage de personnes ayant reçu des conseils lors des
consultations des IST Augmentation du % des malades IST (jeunes de 15
à 24 ans) qui déclarent avoir reçu un traitement, des
conseils et un condom dans une structure de prise en charge des IST lors de
leur dernier épisode
|
IR2.4
|
% des jeunes 15-24 ans qui ont eu le rapport sexuel avant
l'âge exact de 18 ans (15 ans pour la phase II)
|
IR2.6
|
"% des enquêtés (jeunes de 15 à 24 ans) qui
déclarent avoir eu des rapports sexuels avec plus d'un partenaire au
cours des 3 derniers mois."
|
IR3.1
|
Augmentation du nombre de personnes ayant adhéré
aux associations PVVIH
|
IR3.2
|
Le nombre de personnes candidates au CDV est en augmentation
(Augmentation du nombre de candidats reçus pour le CDV dans les
centres de santé)
|
IR3.3
|
% des enquêtés 15-49 ans qui ont fait un test de VIH
et ont reçu le résultat dans les 12 derniers mois avant
l'enquête
|
Source : Document de Planification
du PPSAC
Tableau
16: Espérance de vie à la naissance au Cameroun
entre 2006 et 2012
Année
|
Espérance de vie à la naissance
|
2006
|
52,21
|
2007
|
52,54
|
2008
|
52,92
|
2009
|
53,33
|
2010
|
53,76
|
2011
|
54,21
|
2012
|
54,66
|
Moyenne
|
53,37
|
Source : World Development
Indicators ( WDI)
Tableau 17:
Cadre logique du PPSAC
Projet de Prévention du VIH/SIDA en Afrique
Centrale
|
Logique d'intervention
|
Indicateurs Objectivement Vérifiables
|
Hypothèses importantes/ Risques
|
Objectif Global
|
La propagation du VIH/SIDA et les méfaits de la
stigmatisation sont réduits
|
Réduction du taux de nouvelles infections auprès
des jeunes des jeunes
|
Les rapports sexuels sont la principale cause de transmission du
VIH du VIH/SIDA
|
Réduction du taux de nouvelles infections auprès
des femmes enceintes
|
Pas de modification majeure des politiques sectorielles
nationales et régionales
|
Objectif du Projet
|
Une disponibilité accrue des condoms et autres
contraceptifs et un changement positif de comportement des groupes cibles
|
Part des jeunes 15-24 ans qui déclarent avoir
adopté un comportement à moindre risque
|
Les groupes à risque utilisent les préservatifs
|
Part des jeunes sur la population générale
disposant des connaissances correctes sur les possibilités de
prévenir le VIH/SIDA
|
Les contractants du promoteur du projet respectent leurs
engagements
|
Nombre des préservatifs masculins vendus par les AMS
|
Les contraceptifs offerts dans le cadre du projet
n'éliminent pas les autres produits du marché
|
Consommation moyenne de condoms par tête d'habitant
rapportée à la population générale (CMCTH)
|
Pourcentage des jeunes déclarants le préservatif
disponible en temps voulu.
|
Les préservatifs sont utilisés correctement
|
Part de population acceptant les PVVIH
|
Résultats
|
Les préservatifs et certains contraceptifs sont rendus
disponibles, accessibles en quantité/qualité et ce façon
continue
|
Nombre de points de vente (PDV) opérationnels disponibles
pour 1000 habitants par zone de projet
|
Les textes réglementant le contrôle des
préservatifs dans le territoire sont respectés
|
Pourcentage des jeunes de 15 à 24 ans qui déclarent
que le point d'approvisionnement du condom est assez proche du lieu
d'utilisation
|
Les CNLS et les ministères assument leur rôle de
leader
|
Pourcentage des enquêtés qui pensent que le prix du
condom des AMS est accessible et qui sont satisfait de sa qualité
|
Les marchés ne sont pas inondés de
préservatifs de qualité douteuse
|
Nombre de préservatifs féminins vendus par les
AMS
|
Garantie sur l'implication d'autres partenaires
|
Nombre d'utilisatrices des services de planification familiale
|
Stratégie acceptable avec tous les partenaires
trouvés
|
Les connaissances, attitudes et pratique en prévention des
IST/VIH/SIDA et en planification familiale sont améliorées
|
Pourcentage de la population générale ayant une
connaissance complète des trois modes de prévention
|
L'offre des services en matière d'IST, VIH et PF est
disponible dans les formations sanitaires
|
Pourcentage des jeunes ayant utilisé le condom de facon
systematique lors des rapports sexuels durant les trois mois
précédent l'enquête
|
Pourcentage des malades d'IST déclarant avoir reçu
un traitement et des conseils
|
Pourcentage des jeunes ayant eu rapport sexuel avant l'âge
de 15 ans
|
Circulation des personnes et des biens garanties
|
Nombre moyen des partenaires sexuels par groupe cible
|
Pourcentage des femmes en âge de procréer qui
connaissent au moins trois méthodes contraceptives
|
Les ressources allouées sont disponibles à temps
|
Pourcentage des femmes en âge de procréer ayant
utilisé une méthode contraceptive lors des 12 derniers mois
|
% des hommes qui acceptent la planification familiale
|
Les comportements tendant à la stigmatisation et à
la marginalisation sont réduits
|
Nombre de personnes ayant adhéré aux
associations
|
|
Nombre de personnes candidates aux CDV est en augmentation
|
|
Pourcentage des 15-49 ayant fait le test et ont reçu le
résultat dans les 12 mois
|
|
Pourcentage des chefs d'entreprise disposés à
accepter des employés séropositifs
|
|
Nombre des associations des PVVIH en partenariat avec les AMS
|
|
Source : Document de
planification du PPSAC
Tableau 18:
Présentation détaillée des coûts annuels
bruts (en milliers de F CFA) du PPSAC au Cameroun Phases I & II
Codes
|
Postes
|
2006
|
2007
|
2008
|
Total Phase I
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
Total Phase II
|
1
|
Paiement Consultants
|
64 896
|
120 024
|
77 236
|
262 157
|
103 734
|
85 272
|
77 297
|
61 738
|
328 042
|
1.1
|
Consultant International longue durée
|
52 417
|
104 548
|
65 335
|
222 300
|
66 427
|
68 806
|
57 841
|
52 268
|
245 342
|
1.2
|
Consultant courte durée
|
12 479
|
15 476
|
11 901
|
39 857
|
37 307
|
16 467
|
19 456
|
9 470
|
82 700
|
2
|
Dépenses d'Investissement/Equipement
|
1 290 909
|
1 157 919
|
90 530
|
2 539 358
|
511 855
|
2 849 529
|
3 410 677
|
470 696
|
7 246 005
|
2.1
|
Achats internationaux généraux
|
587 883
|
463 560
|
1 423
|
1 052 866
|
130 602
|
1 284 703
|
1 593 704
|
140 214
|
3 149 223
|
2.1.1
|
Achat de Préservatifs Masculins
|
530 541
|
463 560
|
1 423
|
995 524
|
15 095
|
1 136 993
|
1 444 494
|
25 006
|
2 621 588
|
2.1.2
|
Achats Préservatifs Féminins
|
-
|
-
|
-
|
-
|
300
|
7 500
|
-
|
-
|
7 800
|
2.1.3
|
Achat Véhicule
|
57 342
|
-
|
-
|
57 342
|
-
|
25 002
|
34 002
|
-
|
59 004
|
2.1.4
|
Autres Achats
|
-
|
-
|
-
|
-
|
115 208
|
115 208
|
115 208
|
115 208
|
460 830
|
2.2
|
Achats locaux et frais de Promotion
|
158 150
|
216 463
|
73 349
|
447 961
|
236 315
|
298 874
|
239 687
|
172 683
|
947 560
|
3
|
Dépenses de Fonctionnement et autres
|
223 471
|
412 707
|
290 369
|
926 547
|
110 128
|
370 433
|
374 691
|
328 795
|
1 184 047
|
3.1
|
Fonctionnement local
|
97 113
|
188 666
|
164 598
|
450 377
|
6 950
|
40 975
|
107 357
|
29 702
|
184 985
|
3.2
|
Personnel local
|
93 016
|
208 152
|
102 005
|
403 173
|
78 658
|
219 887
|
230 882
|
242 426
|
771 853
|
3.3
|
Etudes et Recherches
|
9 184
|
-
|
9 840
|
19 024
|
4 000
|
60 004
|
3 386
|
20 002
|
87 391
|
3.4
|
Formations/Suivi/Evaluation
|
24 159
|
15 889
|
13 925
|
53 972
|
20 520
|
49 567
|
33 067
|
36 665
|
139 819
|
4
|
Dépenses Imprévues
|
131 200
|
131 200
|
131 200
|
393 600
|
-
|
207 733
|
207 733
|
207 733
|
623 200
|
|
Dépenses totales
|
1 753 483
|
1 807 515
|
574 999
|
4 135 997
|
711 382
|
3 531 719
|
4 086 817
|
1 051 377
|
9 381 294
|
Source : Auteur (à
partir des données des rapports de progrès du projet)
Tableau 19:
Résultats du test de Wilcoxon sur la comparaison de performance
entre les deux phases
Sorties du test
|
Valeurs
|
Conclusion
|
Espérance
|
8
|
|
Variance
|
11
|
|
P-value du test
|
0,038
|
On rejette l'hypothèse principale
|
Valeur du seuil de signification (alpha)
|
0,05
|
|
Source : Auteur à l'aide des
sorties du progiciel SPSS
RÉFÉRENCES
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* 1 Rapport mondial 2013
ONUSIDA
* 2 Toujours selon le rapport
mondial 2013 de l'ONUSIDA
* 3 Il convient toutefois de
souligner que cette expression de laissé pour compte avait
déjà été utilisée dans un
précédent rapport de MSF en 2009
* 4 Rapport CNLS 2010
* 5 Toujours selon le rapport
CNLS 2010
* 6 Herbert, D. (2013)
* 7 Sida et crise de la
dépendance dans les pays d'Afrique (Note thématique ONUSIDA,
2012)
* 8 Nkoa F. C. et al. (2010)
* 9 Nkoa F. C. et al. (2010)
* 10 Site du fonds mondial
* 11 Site du fonds mondial
* 12 MSF (2009) «
Punishing Success? Early Signs of a Retreat from Commitment to HIV/AIDS Care
and Treatment ».
* 13 Rapport ONUSIDA 2010
* 14 Selon les données
de l'Enquête de Démographie et de Santé 2011
* 15 Ce sont : le
Botswana, le Lesotho, le Mozambique, la Namibie, l'Afrique du Sud, le
Swaziland, la Zambie et Zimbabwe
* 16 Rapport ONUSIDA sur le
traitement en 2015
* 17 Rapport CNLS 2010
* 18 Rapport CNLS 2013sur
l'estimation des ressources et des dépenses dans la lutte contre le SIDA
au Cameroun.
* 19 Ayant existé de
décembre 1964 à mars 1994
* 20 Juin 1959-décembre
1964
* 21 Commission de la CEMAC
2015
* 22 Exception faite de la
Guinée Equatoriale
* 23 Cette phase s'est dans les
faits prolongée jusqu'en juin 2013 dû à une rupture en
approvisionnement
* 24 Ou aussi l'objectif
principal, ou objectif général
* 25 Index qui mesure la
stigmatisation et la discrimination dont sont victimes les personnes vivant
avec le VIH/SIDA
* 26 Paul, A., Samuelson
(2010)
* 27 CAD OCDE (2008)
* 28 Surtout lorsque des achats
doivent être effectués à l'étranger
* 29 Objectif
spécifique
* 30 Le terme effort ici doit
s'entendre comme la différence de la valeur de l'indicateur entre
l'année 2012 et l'année de référence 2006
* 31 Nous avons effectué
un test unilatéral à gauche en postulant comme hypothèse
alternative que la performance de la phase II est moins élevée
que celle de la phase I
* 32 Il convient ici de nuancer
le propos. En effet il est requis de disposer d'au moins 8 observations pour
mener le test. Les analyses précédentes ont été
conduites à l'aide de 7 observations soit une de moins que requis.
* 33 Simin Schahbazi (2011)
* 34 Stover et al. (2013)
intitulé How can we get to zero? The role of new technologies and
strategic investment approaches for an effective response to AIDS.
* 35 Base de données WDI
(World Development Indicators)
* 36 MEUNIER (2009)
* 37 Site de la BEAC
* 38 MEUNIER (2009)
* 39 L'expression coût
à vie ici fait référence au coût sur la durée
de vie totale de la personne infectée ; il est la traduction de
« lifetime cost » en anglais c est pour que nous la mettons
entre guillemets
* 40 On fait
référence ici à l'ensemble des demandeurs potentiels de
préservatifs masculins
|