Figure 18. Caractérisation
de la variabilité pluri-mensuelle des pluies à Kinsevere
CHAPITRE IV. DISCUSSION
Cette recherche a été menée dans les
dix villages se trouvant dans le rayon d'action de MMG Kinsevere. Il
était questionde contribuer à la réduction de la
vulnérabilité des agriculteurs de Kinsevere à travers des
propositions de stratégies d'adaptation au changement climatique. 106
agriculteurs ont été pris au hasard dans ces dix villages et ont
répondu à toutes nos questions en rapport avec la
thématique traitée.
IV.1. Caractéristiques des enquêtés
Il a été constaté que, parmi les
agriculteurs enquêtés,les femmes sont majoritaires, soit 52,8% et
seulement 8 sont chefs de ménages soit 7,5%. Par contre, les hommes
représentent 47,2% de ces agriculteurs et 92,5% des chefs des
ménages sont de sexe masculin. Le taux élevé de
participation des femmes dans l'agriculture est appuyé par le rapport de
la Banque Mondiale qui indique qu'au Nigeria, par exemple, les femmes
représentent environ 60% à 80% de la main-d'oeuvre agricole, ce
sont généralement les hommes qui prennent des décisions
importantes concernant la gestion des exploitations (Nirit-Ari, 2014).
Quant à l'âge, les résultats montrent
que la majorité des Agriculteurs étaient jeunes, car la moyenne
d'âge est de 45 ans, avec le minimum et maximum respectivement de 36 et
55 ans. Ce résultat se rapproche de celui trouvé par Soumahoro en
1999, dans son étude intitulé l'agriculture et l'emploi des
jeunes, qui démontre que la tranche d'âge plus
préoccupée par la production et la vente des produits agricoles
est entre 32 et 42.
IV.2. perception des agriculteurs sur le changement
climatique
De tous les enquêtés, 78,30% des paysans ont
affirmé que dans les anciens temps la saison de pluie commençait
au mois de septembre et que actuellement ce n'est plus le cas.Les
pluiescommencent de plus en plus en retard par rapport au passé. Cette
situation a étéégalement constatée par Kalombo K.
en 2015, dans son étude sur la caractérisation de la
répartition temporelle des précipitations à Lubumbashi, il
a eu à remarquer que, pendant les saisons pluvieuses de 2008-2013, la
saison agricole n'a démarré que dans la première quinzaine
de novembre pour les trois saisons et au cours de la deuxième quinzaine
(du 15 au 30 novembre) pour les trois autres saisons ; donc les saisons
agricoles sont, en comparaison avec la période 1970-1995, tardives. Il y
a des bonnes raisons aux agriculteurs qui n'ont qu'en moyenne 9-13 ans
d'existence dans ces villages de citer ces deux mois (octobre et novembre)
comme période de démarrage de la saison pluvieuse. C'est ainsi
que dans notre étude, 19,8113% de répondant considèrent le
mois d'Octobre comme le début de la saison pluvieuse dans le
passé, un faible pourcentage (0,94%) pour le mois de Novembre et 79,24%
le mois de septembre.
Selon Goula et al. (2006), enCôte d'Ivoire,
le début des saisons de pluie accuse un retard dont la durée
reste variable d'une région à l'autre. Adejuwonet al.
(1990) décrivent aussi un retard dans le début des saisons
de pluie dans l'étude de quelques stations réparties sur
différentes zones climatiques du Nigeria. Nous comprenons par-là
que le problème de changement climatique est un problème pour
tous.
La quasi-totalité des paysans enquêtés
(98,1%) a affirmé que la saison de pluie est de plus en plus
perturbée actuellement et raccourcis, tandis que 1,9% seulement n'ont
pas constaté ce raccourcissement de la saison de pluie, 92,5 % ont
affirmé que la saison de pluie est de plus en plus pluvieuse,
98,7%disent que cette période est accompagnée d'un bon nombre de
jours de fortes pluies. Cette situation trouve son explication dans les travaux
réalisés parServatet al. (1998), il démontre que
dans les pays riverains du Golfe de Guinée, connaissent un régime
à deux saisons des pluies, il se dégage également une
tendance au raccourcissement des saisons des pluies.
Par ailleurs, Kalombo K. (2015), a trouvé qu'en
prenant en compte uniquement les mois de pleine saison pluvieuse dans la
région de Lubumbashi, c'est-à-dire, Décembre, Janvier et
Février, l'analyse montre que, sur la période 1970-1995, les
épisodes secs les plus observés ont une durée de 3 jours
(35% des cas), souvent en Décembre (environ 40%) et de 2 jours (25% des
cas). Cette évolution vers des épisodes secs de plus de 3 jours,
semble se confirmer dans l'échantillon des années récentes
(2008-2013). Les durées des épisodes (séquences) secs les
plus observées durant cette courte période certes, sont celles de
plus de 5 jours (plus de 53% des cas observés dans l'ensemble) :
épisodes secs de 5 jours dans 5 cas ; 3 cas d'épisodes secs de 6
jours observés en Décembre (2010-2012); un seul cas, avec un
épisode sec de durée de 8 jours, a été
observé en Février 2013. Ces résultats confirment la
perception des agriculteurs de Kinsevere qui, sur un effectif total de 98,1%
affirment que des épisodes secs au cours des saisons des pluies a
augmenté ces derniers temps.Pour ce qui est de nombre des jours de
fortes pluies, les résultats de la figure 10 : révèle
que, 87,7% d'enquêtés ont confirmé qu'ils vivent
actuellement une situation d'augmentation de fortes pluies accompagnées
de vents violents. Ce phénomène serait dû à la
mauvaise répartition de pluies. Ceci est appuyé parMagdalaine
(2014) qui a observé que la survenue d'El Nino dans le pacifique et
l'occurrence de fortes pluies dans le Sud-est de la RDC, devrait encore
être précisé. Et il est très probable (plus de
9chances sur 10) que les chaleurs extrêmes, les vagues de chaleur et les
évènements de fortes précipitations continueront à
devenir plus fréquents (GIEC, 2007).
En ce qui concerne les signes indicateurs de
l'arrivée de la saison de pluie, la majorité des
enquêtés déclarent que, le début de saison pluvieuse
est majoritairement indiqué par des cris d'oiseaux (62,26%), de fortes
chaleurs avant la tombé de pluie et le positionnement des
étoiles. Ceci atteste les Turkana du Kenya qui croient que les
grenouilles annoncent la pluie, ainsi que certains oiseaux. Dans le Nord-Est de
la Tanzanie, certains indicateurs naturels permettent de prévoir le
début de pluie : hausse de température, changement dans la
présence et le comportement des oiseaux (FAO, 1996).
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