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Strategies d'adaptation des ménages agricoles de Kinsevere au prolongement de la saison sèche

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par Serge OKANO APANGANI
Université de Lubumbashi - Ingénieur Agroeconomiste 2016
  

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Figure 18. Caractérisation de la variabilité pluri-mensuelle des pluies à Kinsevere

CHAPITRE IV. DISCUSSION

Cette recherche a été menée dans les dix villages se trouvant dans le rayon d'action de MMG Kinsevere. Il était questionde contribuer à la réduction de la vulnérabilité des agriculteurs de Kinsevere à travers des propositions de stratégies d'adaptation au changement climatique. 106 agriculteurs ont été pris au hasard dans ces dix villages et ont répondu à toutes nos questions en rapport avec la thématique traitée.

IV.1. Caractéristiques des enquêtés

Il a été constaté que, parmi les agriculteurs enquêtés,les femmes sont majoritaires, soit 52,8% et seulement 8 sont chefs de ménages soit 7,5%. Par contre, les hommes représentent 47,2% de ces agriculteurs et 92,5% des chefs des ménages sont de sexe masculin. Le taux élevé de participation des femmes dans l'agriculture est appuyé par le rapport de la Banque Mondiale qui indique qu'au Nigeria, par exemple, les femmes représentent environ 60% à 80% de la main-d'oeuvre agricole, ce sont généralement les hommes qui prennent des décisions importantes concernant la gestion des exploitations (Nirit-Ari, 2014).

Quant à l'âge, les résultats montrent que la majorité des Agriculteurs étaient jeunes, car la moyenne d'âge est de 45 ans, avec le minimum et maximum respectivement de 36 et 55 ans. Ce résultat se rapproche de celui trouvé par Soumahoro en 1999, dans son étude intitulé l'agriculture et l'emploi des jeunes, qui démontre que la tranche d'âge plus préoccupée par la production et la vente des produits agricoles est entre 32 et 42.

IV.2. perception des agriculteurs sur le changement climatique

De tous les enquêtés, 78,30% des paysans ont affirmé que dans les anciens temps la saison de pluie commençait au mois de septembre et que actuellement ce n'est plus le cas.Les pluiescommencent de plus en plus en retard par rapport au passé. Cette situation a étéégalement constatée par Kalombo K. en 2015, dans son étude sur la caractérisation de la répartition temporelle des précipitations à Lubumbashi, il a eu à remarquer que, pendant les saisons pluvieuses de 2008-2013, la saison agricole n'a démarré que dans la première quinzaine de novembre pour les trois saisons et au cours de la deuxième quinzaine (du 15 au 30 novembre) pour les trois autres saisons ; donc les saisons agricoles sont, en comparaison avec la période 1970-1995, tardives. Il y a des bonnes raisons aux agriculteurs qui n'ont qu'en moyenne 9-13 ans d'existence dans ces villages de citer ces deux mois (octobre et novembre) comme période de démarrage de la saison pluvieuse. C'est ainsi que dans notre étude, 19,8113% de répondant considèrent le mois d'Octobre comme le début de la saison pluvieuse dans le passé, un faible pourcentage (0,94%) pour le mois de Novembre et 79,24% le mois de septembre.

Selon Goula et al. (2006), enCôte d'Ivoire, le début des saisons de pluie accuse un retard dont la durée reste variable d'une région à l'autre. Adejuwonet al. (1990) décrivent aussi un retard dans le début des saisons de pluie dans l'étude de quelques stations réparties sur différentes zones climatiques du Nigeria. Nous comprenons par-là que le problème de changement climatique est un problème pour tous.

La quasi-totalité des paysans enquêtés (98,1%) a affirmé que la saison de pluie est de plus en plus perturbée actuellement et raccourcis, tandis que 1,9% seulement n'ont pas constaté ce raccourcissement de la saison de pluie, 92,5 % ont affirmé que la saison de pluie est de plus en plus pluvieuse, 98,7%disent que cette période est accompagnée d'un bon nombre de jours de fortes pluies. Cette situation trouve son explication dans les travaux réalisés parServatet al. (1998), il démontre que dans les pays riverains du Golfe de Guinée, connaissent un régime à deux saisons des pluies, il se dégage également une tendance au raccourcissement des saisons des pluies.

Par ailleurs, Kalombo K. (2015), a trouvé qu'en prenant en compte uniquement les mois de pleine saison pluvieuse dans la région de Lubumbashi, c'est-à-dire, Décembre, Janvier et Février, l'analyse montre que, sur la période 1970-1995, les épisodes secs les plus observés ont une durée de 3 jours (35% des cas), souvent en Décembre (environ 40%) et de 2 jours (25% des cas). Cette évolution vers des épisodes secs de plus de 3 jours, semble se confirmer dans l'échantillon des années récentes (2008-2013). Les durées des épisodes (séquences) secs les plus observées durant cette courte période certes, sont celles de plus de 5 jours (plus de 53% des cas observés dans l'ensemble) : épisodes secs de 5 jours dans 5 cas ; 3 cas d'épisodes secs de 6 jours observés en Décembre (2010-2012); un seul cas, avec un épisode sec de durée de 8 jours, a été observé en Février 2013. Ces résultats confirment la perception des agriculteurs de Kinsevere qui, sur un effectif total de 98,1% affirment que des épisodes secs au cours des saisons des pluies a augmenté ces derniers temps.Pour ce qui est de nombre des jours de fortes pluies, les résultats de la figure 10 : révèle que, 87,7% d'enquêtés ont confirmé qu'ils vivent actuellement une situation d'augmentation de fortes pluies accompagnées de vents violents. Ce phénomène serait dû à la mauvaise répartition de pluies. Ceci est appuyé parMagdalaine (2014) qui a observé que la survenue d'El Nino dans le pacifique et l'occurrence de fortes pluies dans le Sud-est de la RDC, devrait encore être précisé. Et il est très probable (plus de 9chances sur 10) que les chaleurs extrêmes, les vagues de chaleur et les évènements de fortes précipitations continueront à devenir plus fréquents (GIEC, 2007).

En ce qui concerne les signes indicateurs de l'arrivée de la saison de pluie, la majorité des enquêtés déclarent que, le début de saison pluvieuse est majoritairement indiqué par des cris d'oiseaux (62,26%), de fortes chaleurs avant la tombé de pluie et le positionnement des étoiles. Ceci atteste les Turkana du Kenya qui croient que les grenouilles annoncent la pluie, ainsi que certains oiseaux. Dans le Nord-Est de la Tanzanie, certains indicateurs naturels permettent de prévoir le début de pluie : hausse de température, changement dans la présence et le comportement des oiseaux (FAO, 1996).

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