SOMMAIRE
INTRODUCTION
3
Première
partie : Les ressorts normatifs et affectifs de la
Chefferie traditionnelle Bene de
Nkol-Metet
à l'ère de la libéralisation politique
33
Chapitre1 : Les ressorts normatifs de la
Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à l'ère de
la
libéralisation politique
34
Section 1 : La prévalence maintenue des
normes juridiques à l'ère de la
libéralisation
politique
35
Section 2 : Le caractère
récessif des normes coutumières de la Chefferie traditionnelle
à
l'ère de la libéralisation politique
40
Conclusion partielle
51
Chapitre 2 : Les ressorts affectifs de la
Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à l'ère
de la libéralisation politique
53
Section 1 : Les ressorts affectifs de la
Chefferie traditionnelle Bene à Nkol-Metet entre
communalisation
et sociation
54
Section 2 : La fragilisation de la
grâce des Chefs
60
Conclusion partielle
68
Deuxième
partie : Les ressorts pragmatiques de la Chefferie
traditionnelle Bene de
Nkol- Metet
à l'ère de la libéralisation politique
69
Chapitre 3 : Les ressorts stratégiques
de la Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à l'ère
de
la libéralisation politique
71
Section 1 : Les Chefferies traditionnelles
Bene comme lieu d'un pouvoir sous contrôle
bureaucratique
et élitaire
71
Section 2 : Les Chefferies tradionnelles Bene
comme arène et marché politique
86
Conclusion partielle
96
Chapitre 4 : Les ressorts pragmatiques de la
Chefferie traditionnelle Bene à Nkol-Metet à
l'ère
de la libéralisation politique
97
Section 1 : Les Chefferies traditionnelles
comme lieu d'activités socioéconomiques
98
Section 2 : La place des Chefs et des
Chefferies dans l'activité de la libéralisation politique
113
Conclusion partielle
121
CONCLUSION GENERALE
122
Dédicaces
A MES PARENTS :
Ø Mon père le Révérend Docteur Luc
Bruno MVENG OWONO
Ø Ma mère ZE EBOTO Marie
A LA REFRAM :
Ø Rencontre
Fraternelle de la Famille
Mveng
REMERCIEMENTS
Produit de l'Université de Yaoundé
II-Soa, et du système éducatif camerounais dans tous ses
paliers, nous nous devons l'honneur et le plaisir de remercier l'Etat du
Cameroun, notre pays, qui a mis à la disposition de sa jeunesse, des
structures d'encadrement de haut niveau, pour l'acquisition et la diffusion
des savoirs. Sans lesquelles nous ne pourrions faire les études en
Science Politique.
Nous remercions vivement les autorités
académiques pour leur diligence et davantage, le corps enseignant dans
sa totalité, pour sa grande conscience professionnelle, et l'exercice
sans faille de son magistère.
- Nous disons particulièrement notre gratitude au
Docteur Owona Nguini Mathias Eric, qui a accepté diriger nos premiers
pas dans la recherche, avec patience et minutie sans jamais se départir
de sa rigueur intellectuelle.
- Nous voulons également rendre un vibrant hommage
auProfesseur Njoya Jean, Chef de Département de Science Politique
à l'Université de Yaoundé II-Soa,auProfesseurMouiche
Ibrahim et au Docteur Nsisoa Marcel, qui ont suscité en nous, le
goût de faire les études en Science Politique au plus haut
niveau ; mieux encore à nous intéresser à la
socio-anthropologie politique. Nous les remercions également pour la
documentation mise à notre disposition.
- Notre hommage va également à l'endroit de
Monsieur le vice-Recteur chargé des affaires académiques, le
Professeur Minkoa She Adolphe, qui a su nous remettre sur les rails de la
recherche quand nous pensions renoncer à la poursuite de la
rédaction de ce mémoire. Nous lui disons infiniment merci pour
cette action salvatrice.
- Nous rendons un vibrant hommage à nos parents qui
nous ont donné la vie, et surtout qui n'ont jamais lésiné
sur les moyens pour nous garantir une formation académique digne de ce
nom. Au Révérend pasteur Docteur Luc Bruno Mveng qui aura
veillé au toilettage de ce travail, grâce à son
éclectisme très développé. A notre mère,
née Ze Eboto Marie, pour sa constante attention et ses encouragements
inlassables.
- Nous remercions chacun de nos frères et soeurs, pour
tout le soutien et l'attachement indéfectible pour la
réalisation de ce travail. En d'autres termes, la production de ce
document a bénéficié du concours de la REFRAM qui des
saisies, en passant aux impressions, aux reliures,a été d'un
apport sans faille. Nous remercions à cet effet nommément: M.
Eboto Ze Martin Paul ; M. Ela Ela Amos et son épouse Minso Mveng
Jeanne-Marie ; M. Mveng Mveng et son épouse Ngaleba Nicole ;
M. Mbarga Mveng et son épouse Gbil Clarisse ; au Dr PhD Owono Zambo et
son épouse Dr Longang Elise ; M. Messi et son épouse Atyame
Mveng Marilyne Louise ; M. Mbala Zangana Benjamin et sa fiancée Ottou
Anicette et enfin MadameZe Mveng Marie Pélagie.
- Nous remercions singulièrement notre grand
frère, Monsieur Mveng Mveng Luc Bruno pour tous les sacrifices consentis
à notre égard pour notre épanouissement intégral
dans le cadre de notre formation, de l'école primaire à
l'université.
- Nous voulons remercier leurs Majestés, Chefs de
3e degré et Chefs de groupement pour leur
disponibilité à nous fournir des informations lors de nos
différents entretiens. Nous voulons remercier ici
particulièrement Leurs Majestés Mbala Zangana Benjamin, Chef de
groupement Bene-Nord-Est ; Ondoua Menyié Paul Aimé, Chef de
groupement Bané Sud- Est ; Oyono Owono Joseph Chef de 3e
degré d'Awäe ; Mva Kouma Emmanuel de la chefferie de
3e degré de Bikoko ; enfin de Bala Bala Francis de la
Chefferie de 3e degré d'Oveng, qui nous ont gracieusement
ouvert les portes de leurs Chefferies et ont également mis à
notre disposition leurs archives pour une meilleure connaissance des
Chefferies Bene.
- Nous remercions également Monsieur Zambo Assembe
Salomon Emile, qui a été pour nous à Soa un
véritable tuteur.
- Nous remercions nos camarades du département de
Science politique, qui ont instauré une saine émulation,
et avec lesquels nous avons partagé de bons moments de la
première année en cinquième année et qui ont
participé à la relecture de ce travail. Nous saluons
particulièrement ici, Hervé Nguiamba, Aboé jean, Ngoula
Serge, Edjo'o Jean Claude, Mbede Anette, Mbeck Laura, Abega Stephane, Mbata
Charles, Mbebi Raymond, Edouard Yogo, Ngobo Annick, Messia Lionel, Mbeguele
Amour Destin et Assako Mbita Rodrigue.
- Nous remercions également, l'équipe dirigeante
de la JAME (Jeunesse Active de Metet en Evolution), qui a facilité notre
déploiement sur le terrain en jouant généralement le
rôle de guide. Nous rendons à cet effet un hommage sincère
à son Président, Ndi Ndi Anicet ; à son
vice-Président, Mbala Manga Gallus et enfin à son Chargé
de la Communication, Abega Abessolo.
- Enfin nous ne saurions terminer sans adresser notre
gratitude à Zanga Omgbwa Paul pour son coaching et Essola
Hélène Nadia pour son soutien multiforme durant tout notre
séjour à Soa.
RESUME
La Chefferie traditionnelle au Cameroun
à l'ère de la libéralisation politique reste régie
par le Décret N°77/245 du 15 juillet 1977. Ce Décret pris
à l'époque du monolithisme ne permet plus de rendre suffisamment
compte du rôle à jouer par la Chefferie traditionnelle dans la
conjoncture politique actuelle qui est axée sur la
démocratisation et mieux encore de la décentralisation qui trouve
son fondement dans la Loi fondamentale camerounaise n°96/06 du 18 janvier
1996.
Malgré cet état de choses, à
Nkol-Metet, à l'ère de la libéralisation politique, la
Chefferie traditionnelle est à l'image d'un marché politique
où les acteurs sociaux investissent de nombreux capitaux pour la
revitaliser. Ces investissements sociaux n'ont pas que des fins
philanthropiques ; elles visent aussi à asseoir, mieux, à
conforter des assises politiques des acteurs de la reviviscence dans ce
terroir. En d'autres termes, le contrôle des Chefferies Bene à
l'ère de la libéralisation politique fait l'objet d'un enjeu
à la fois stratégique et pragmatique opposant parfois Chefs
traditionnels-Elites ; Elites-Elites ou tout simplement a favorisé
la création des alliances de revers. Cependant pour mieux
apprécier les conflits latents et manifestes du contrôle des
Chefferies traditionnelles à Nkol-Metet, faut-il relever ici qu'ils sont
fortement entretenus par des logiques politico ethniques et ethnico
politiques.
En dernière analyse la compétition
pour le contrôle de la Chefferie traditionnelle a vu émerger les
politiciens investisseurs, qui par leurs multiples investissements, ont
relativement permis la reviviscence de la Chefferie traditionnelle à
Nkol-Metet dont le crédo est axé sur le militantisme ostentatoire
des Chefs traditionnels ; la promotion de l'agriculture par des Chefs et
des Elites majeures ; l'amélioration du secteur sanitaire
(création des centres de santé, création d'adductions
d'eaux...) ; enfin la promotion de l'éducation scolaire par
l'organisation des journées d'excellence scolaires, la construction des
bâtiments scolaires...
Nous ne saurions clore sans évoquer que
l'un des signes forts de la libéralisation politique sur la Chefferie
traditionnelle de Nkol-Metet est l'élection de Sa Majesté Oyono
Owono Joseph, comme le tout premier Maire de Nkol-Metet. Cela traduit tout
simplement l'inscription officielle de la Chefferie traditionnelle dans
l'implémentation du processus de la décentralisation à
Nkol-Metet.
ABSTRACT
Traditional Chiefdom in Cameroon, in the era of
political liberalization has its legitimacy, based on decree N° 77/ 245 of
july 1977. This decree that was taken in a monolithic period is no more capable
of treating the role that traditional Chiefdom should play; democracy, which is
also more concerned with decentralization, whose background lies on the
Cameroonian fundamental law N° 96/06 of 18thjanuary 1996.
Despite all this situation, in Nkol-Metet in the
heart of political liberalization era, traditional chiefdoms look like a
political market where social actors invest a lot of capital to revive it.
These social investments do not only have philanthropic goals, they also seek
the comfort of political sets of those actors in order to revive this
territory. In other words, the control of the Bene Chiefdom in the political
liberalization is an object of strategical and pragmatical stakes, creating
sometimes opposition between traditional stake elites; or simply has favored
the creation of reverse alliances. Nevertheless, to better appreciate conflicts
be noticed that they are strengthened ethnic-political logics.
The competition for the control of the
traditional Chiefdom has relatively permitted the Nkol-Metet Chiefdom, which
lies its principle on the mode ostentatious militancy of traditional Chiefs;
the promotion of agriculture by Chiefs and major elites; the improvement of
health facilities (creation of health center, creation of water supply centers;
and the promotion of education trough the organization of scholarship days,
construction of schools.
As we are straight to conclude, one of the major
signs of political liberalization of traditional Chiefdom of Nkol-Metet is the
election of his highness Oyono Owono Joseph as the ever first Mayor of this
area. This seems to be the implementation of decentralization.
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACK :Association
Culturelle du Kazanga.
ACTRAN : Association
des Chefs
Traditionnelsdel'Arrondissement de
Nkol-Metet.
ACTRANK : Association
des Chefs Traditionnels du
Nyong Ekéllé.
ACTRANSO : Association des
Chefs Traditionnels du Nyong et
So'o.
ADENSO: Associationdes
Elites du Départementdu
Nyong et So'o
AFP : Allianceof
Progressive Forces
AMEC : Action pour la
Méritocratie et l'Egalitédes
Chances.
ASFRADO : Association des
Frères et Amis pour le
Développement d'Oveng.
BEPC :
Brevetd'Etudes du
Premier Cycle.
BRIC : Blocpour la
Reconstruction et l'Indépendance
Economique du Cameroun
CEP : Certificat
d'Etudes Primaires.
CEPE : Certificat
d'Etudes Primaires et
Elémentaires.
CES : Collège
d'Enseignement Secondaire.
CODEMEC : Comité
de Développement de Metet-
Centre.
CPP : Cameroun
People Party.
CRA : Centre
Régional d'Agriculture.
DGSN :
Délégué
Générale à la
Sûreté Nationale.
Dr : Docteur
EKMA : Ekoan
Mvog Amougou.
EPC : Eglise
Presbytérienne Camerounaise.
EPCO : Eglise
Presbytérienne Camerounaise
Orthodoxe.
GIC : Groupe
d'Initiative Commune.
JAME : Jeunesse
Activede Meteten Evolution.
MINAT :
Ministèrede l'Administration
Territoriale.
MPA : Mission
Presbytérienne Américaine.
NTIC : Nouvelle
Technique de l'Information et de la
Communication.
ONCPB : Organisme
National de la Commercialisation des
Produits de Base.
ONG : Organisation
Non Gouvernementale.
PADDEC :Patriotes
Démocrates pour le
Développement du Cameroun.
PDC :
Programmede Développement
Communautaire.
PNDP : Programme
National de Développement
Participatif.
RDC : République
Démocratique du Congo.
RDPC/Rdpc :
Rassemblement Démocratique du
Peuple Camerounais.
REFRAM : Rencontre
Fraternelle de la Famille
Mveng.
SDF : Social
Democratic Front.
SEMRY :
Société d'Expansion et la
Modernisation de la Culture de
Riz de Yagoua.
S.M : Sa
Majesté.
UNC : Union
Nationale Camerounaise.
UNDP : Union
Nationale pour la Démocratie et le
Progrès.
UPC : Union des
Populations du Cameroun.
INTRODUCTION
Section
I : Construction de l'objet
Paragraphe 1 : Contexte et
intérêt de l'étude
A- Contexte
Les Chefferies traditionnelles en Afrique et au Cameroun en
particulier, ont participé et participent de près ou de loin
à la construction de l'Etat en Afrique. A l'ère coloniale, tant
dans les systèmes coloniaux allemand, français et anglais, la
Chefferie traditionnelle a été utilisée pour faciliter les
missions des puissances colonisatrices. Autrement dit, l'Etat colonial devenu
indépendant a utilisé les autorités traditionnelles pour
s'implanter sur l'ensemble du territoire, pour relayer ses injonctions, pour
contrôler les populations et approvisionner en moyens humains et
financiers ses caisses insatiables (voir Heritier Mambi, 2010 :9 ;
Mouiche, 2005 :4 ; Julius Ngoh, 1990 : 82 ; Geshiere,
1996 :307 ; Ngongo, 1987). En dépit de l'ostracisme1(*) (Jacquemot, 2007 :57), les
fragilisations et les cas de dépersonnification qu'elles ont connus
(voir, Bayart 1989 ; Owona Nguini 1998 : 61 Nach Mback
2000 :79), elles se sont imposées comme l'une des composantes
administratives2(*) et
sociologiques de nombreux pays africains. Dans la terminologie de Nach Mback,
(2000 :88) les Chefs traditionnels sont : « les
auxiliaires déconcentrés d'essence traditionnelle » et
en ce qui concerne la Chefferie traditionnelle il affirme :
« laChefferie traditionnelle est d'abord une
collectivité humaine établie sur une portion du territoire de
l'Etat. Elle est ensuite le cadre d'exercice de ses compétences par une
autorité justement dénommée Chef
traditionnel » (Nach Mback 2000 :77).
Au Cameroun, la libéralisation politique survenue aux
années 1990, qui résulte en grande partie de l'impact des
« dynamiques du dedans 3(*)et du dehors 4(*)», aura le mérite de décongestionner
l'espace politique camerounais ; car elle a accru l'émancipation
des forces politiques 5(*)`'d'en haut'' et `'d'en bas''. Au niveau des Chefferies
traditionnelles, la libéralisation politique marque de façon plus
ouverte le rapport au monde politique, mieux de la participation politique des
Chefs traditionnels. C'est certainement l'impact de la libéralisation
politique sur la Chefferie traditionnelle qui a accentué le
militantisme politique grandissant des Chefs traditionnels dans tous les coins
du terroir national. Ainsi du Nord au Sud, de l'Est comme à l'Ouest du
pays, le militantisme politique des Chefs traditionnels s'avère
être un des enjeux majeurs de la reviviscence de la Chefferie
traditionnelle. (Voir Mouiche, 2005 ; Perrot et Fauvelle, 1999, Bat,
2009). A Nkol-Metet, cette participation politique a plutôt
contribué à mettre les processus devant permettre la
revalorisation de leur institution. C'est dans cette optique qu'est née
le 30 mars 1998, l'association des Chefs traditionnels de Nkol-Metet
(l'ACTRAN)6(*).Cette
association comprend tous les Chefs traditionnels et a pour mission de
rassembler et mobiliser toute l'élite traditionnelle de l'Arrondissement
de Nkol-Metet, en vue de l'établissement et de la consolidation des
liens de fraternité et de solidarité entre tous les Chefs
traditionnels ; revaloriser les us et coutumes à travers la
Chefferie traditionnelle ; sensibiliser par l'information et la formation
des Chefs traditionnels quant à leurs rôles vis à vis de
l'autorité administrative d'une part, et leurs administrés
d'autre part. Promouvoir le développement économique et social et
culturel des différentes Chefferies de l'Arrondissement de
Nkol-Metet ; promouvoir le bien-être des populations dans leurs
Chefferies. Toujours à Nkol-Metet, les Chefferies de groupement ont
été fonctionnalisées à cette ère de la
libéralisation politique pourtant elles ont été
hibernées pendant vingt six (26) années7(*). Ainsi, nous avons
formulé, notre sujet comme suit : la Chefferie
traditionnelle Bene à l'ère de la libéralisation au
Cameroun et de ses ressorts : le Cas de l'Arrondissement de
Nkol-Metet. En jetant notre dévolu sur les Chefferies
traditionnelles de Nkol-Metet, nous avons pris une posture d'astronome des
Sciences Sociales qui, selon Levi Strauss :
« est chargé de découvrir un sens
à des configurations très différentes, par leur ordre de
grandeur et leur éloignement, de celles qui avoisinent
immédiatement l'observateur » (Claude Levis Strauss,
1961 :415).
L'objet de la recherche devient ainsi clair : analyser
l'impact de la démocratisation, mieux, de la libéralisation
politique impulsée par l'Etat sur la structure infra étatique
qu'est la Chefferie traditionnelle, mieux encore, des Chefferies BENE de
Nkol-Metet. Il est alors possible d'indiquer les principaux objectifs que se
fixe la présente recherche. D'une part, il est question de mettre en
lumière comment se manifeste la reviviscence des Chefferies
traditionnelles BENE de Nkol-Metet, depuis l'inscription du Cameroun dans le
processus de la décentralisation. D'autre part, comprendre les
principaux enjeux et les mobiles du déploiement des Chefs traditionnels,
des élites politiques et des associations politiques et apolitiques pour
la reviviscence de la Chefferie traditionnelle à Nkol-Metet.
B- Intérêt de l'étude
De prime abord, il nous convient de dire avec
Schopenhauer :
« Ainsi, la tâche n'est point de
contempler ce que nul n'a encore contemplé, mais de méditer comme
personne n'a encore médité sur ce que tout le monde a devant les
yeux » (Schopenhauer in Grawitz, 2001 :351).
Le sujet relatif à la Chefferie traditionnelle Bene
à l'ère de la libéralisation politique et de ses ressorts:
le cas de l'Arrondissement de Nkol-Metet a un intérêt certain.
Dans le cadre réflexif, il s'inscrit dans le champ de la politologie,
plus précisément, de l'anthropologie politique ; c'est dans
ce sillage que ce sujet nous permet, de saisir le fonctionnement du champ
politique local à Nkol-Metet à travers la participation
politique des Chefs traditionnels, comme étant les gardiens de la
tradition, mais surtout les promoteurs du développement local. En
d'autres termes, ce sujet nous permet de dégager l'impact de la
démocratisation, mieux, de la libéralisation politique
impulsée par l'Etat sur la structure infra-étatique que constitue
les Chefferies traditionnelles.
Dans sa dimension empirique, ce sujet nous permet de
mettre en exergue la synergie d'actions entre les Chefs traditionnels,
l'élite et les associations pour revitaliser la Chefferie traditionnelle
BENE à Nkol-Metet. De même, il permet de clarifier les
interactions observées entre la Mairie et les Chefferies, quoique
symboliques comme inscription de la Chefferie traditionnelle BENE dans le
processus de la décentralisation. Ainsi dit, l'intérêt
empirique du sujet, élucide clairement le déploiement des forces
politiques à Nkol-Metet dans la revitalisation de la Chefferie
traditionnelle.
L'intérêt de ce sujet, c'est aussi son
actualité. L'un des faits actuels proéminents, c'est la mise
effective des Chefferies de groupement en 2008 ; pourtant, celles-ci sont
prévues par l'arrêté n°13 MINAT/DCT du 19 janvier
1982, qui porte création des Chefferies de groupement dans le
Département du Nyong et So'o. L'effectivité de ces Chefferies
intègre une nouvelle grille d'analyse sur le fonctionnement des
Chefferies à Nkol-Metet en essayant de mettre en lumière les
interactions Chefferies de groupements-Chefferies de 3e
degré ; Chefferies- Mairie ; Chefferies- élites ;
Chefferies-Sous-préfecture...
Ce sujet a aussi, une dimension prospective.
L'effectivité des Chefferies de groupement à Nkol-Metet depuis
2008 trouve implicitement une explication dans le fait que les Pouvoirs
Publics veulent par celles-ci impulser la décentralisation au niveau
des Chefferies de 3e degré. L'élection des personnes
chevronnées8(*)à la tête de ces Chefferies obéit,
loin s'en faut, à une telle ambition. Toujours d'un point de vue
prospectif, la décentralisation n'étant pas encore totalement
effective au Cameroun, le dynamisme développemental dont jouissent
certaines Chefferies à Nkol-Metet à travers les actions des Chefs
traditionnels et certaines élites, trahissent quelque peu leurs
ambitions camouflées pour les élections sénatoriales, les
élections des Conseils Régionaux ou tout simplement de conforter
leurs assises politiques...
C- Cadre conceptuel
Le cadre conceptuel est le lieu de clarification des
concepts. Sindjoun, cité par Atangana (2010 :3), fait de cette
phase, un impératif analytique. C'est dans ce sillage qu'Emile Durkheim
affirme :
«La première tâche du sociologue doit
donc être de définir les choses dont il traite, afin que l'on
sache et qu'il sache bien de quoi il est question. C'est la première et
la plus indispensable de toute preuve de vérification...De plus, puisque
c'est par cette définition initiale qu'est constitué l'objet
même de la science, celui-ci sera une chose ou non, suivant la
manière que cette définition sera faite ».(DURKHEIM,
2007:34).
Il apparaît fondamental de définir les concepts
suivants : libéralisation politique, Décentralisation et
Chefferie traditionnelle.
· Libéralisation politique
La libéralisation politique est un
concept étroitement lié à celui de la
démocratisation. En effet, la libéralisation politique fait
partie des étapes du processus de la démocratisation à
côté de la transition démocratique qui se déroule
entre deux situations stables d'un régime politique avec une
possibilité de changement des pratiques et des normes dans le sens de la
démocratisation ( Quantin Patrick,1998) et de la consolidation
démocratique. Selon Przeworski, cette étape se résume par
le fait que l'ordre institutionnel démocratique s'impose comme le seul
cadre du jeu, quand toutes les principales forces politiques, même
lorsqu'elles ont perdu n'envisagent d'autre alternative que d'inscrire leurs
actions dans ce cadre institutionnel démocratique. Au regard de la
complexité du processus de la démocratisation, Bruce Koppel
affirme :
« le processus de la démocratisation
comprendra certainement les éléments de la libéralisation
politique, mais il sera accompagné d'un approfondissement du contenu
démocratique des institutions politiques existantes »
(1995 :5).
En d'autres termes, le processus de la démocratisation
qui est l'instauration d'un système de gouvernement démocratique
(Mouiche, 2005 :14), se distingue, peu s'en faut, de la
libéralisation politique ; dans la mesure où la
libéralisation politique est :
« Un processus consistant à rendre
effectif certains droits, qui protègent aussi bien les particuliers que
les groupes sociaux d'actes arbitraires commis par l'Etat ou les tierces
parties ». (O'Donnel et Schmitter, cité par Mouiche,
2005 :14).
Par contre, pour Huntington (1996) :
« La libéralisation politique d'un
régime signifie simplement l'ouverture partielle d'un système
politique autoritaire, et n'implique pas la tenue d'élections
libres ».
La libéralisation politique, ne
conduit pas forcément à la démocratie (Huntington,
1996 :7) ; dans la mesure où certains dirigeants se servent
d'elle juste comme des concessions en y apportant juste des changements
mineurs qui leur permettent de demeurer en place. De telles attitudes ont
conduit le Professeur Sindjoun Luc à considérer la
libéralisation politique en Afrique comme une modernisation
conservatrice des pouvoirs publics en Place (voir Sindjoun, 1994). En d'autres
termes, la transition vers la démocratie pluraliste au Cameroun
présente les aspects d'une démocratisation autoritaire. C'est
dans ce sens qu'Owona Nguini répercute l'idée d'un analyste
politique du droit impliqué dans les cénacles gouvernants qui
conçoit :
« la technologie politique
utilisée au Cameroun pour le passage à la modernité
étatique comme un mode évolutionnaire plutôt que
révolutionnaire de transition » (Owona Nguini
1998 :63).
Au demeurant, au Cameroun, la
démocratisation se trouve être au stade de la
libéralisation politique. Ainsi, en plus de son impact sur la
superstructure à travers la reconnaissance officielle des
libertés civiles fondamentales, dans plusieurs cas, le gouvernement
restaure les libertés de mouvement, d'expression, d'association des
individus et des groupes dans la société. On assista par exemple
à la libération des prisonniers politiques, à la censure
politique, à la légalisation des partis politiques. Comme la
libéralisation économique, la libéralisation politique
réduit l'intervention de l'Etat dans le marché politique, suspend
le monopôle des autorités politiques et consacre la
pluralité des opinions et des organisations. Au niveau de
l'infrastructure, dans le cas d'espèce qu'est la Chefferie
traditionnelle, elle a accentué le militantisme politique des Chefs
traditionnels et a libéré les forces politiques `'d'en haut''
comme `'d'en bas'' en favorisant relativement la reviviscence des Chefferies
traditionnelles.
A Nkol-Metet, la reviviscence de la Chefferie traditionnelle
à l'ère de la libéralisation politique est
étroitement liée au militantisme des Chefs traditionnels et
à la libération des forces politiquesde toutes obédiences
confondues.
Tout notre essai définitionnel sur la
libéralisation politique convient à notre étude et nous
permet de voir que la Chefferie traditionnelle à l'ère de la
libéralisation politique est inscrite dans le chantier de sa
modernisation, mieux, jette le pont entre la tradition et la modernité.
C'est pourquoi Olivier de Sardane et al, affirment :
« l'autorité traditionnellement
conférée aux Chefs tribaux représente pour beaucoup, un
pouvoir ancestral respecté pour tous. Le processus de modernisation et
de développement démocratique, doit trouver les moyens
d'intégrer ce pouvoir, afin que la démocratisation ne conduise
pas à un effondrement de l'ordre établi et à
l'élimination des mécanismes traditionnels de résolution
des conflits et de gestion du bien commun » (Olivier de
Sardane et Al., 1993 :17).
Ainsi, la libéralisation politique telle
qu'envisagée, au niveau des Chefferies traditionnelles, vise quelque
peu à mettre en exergue la cohabitation entre le pouvoir moderne et le
pouvoir traditionnel. Cela peut se traduire par le fait que, la
décentralisation impulsée par la libéralisation politique
au Cameroun a eu des incidences sur la Chefferie à Nkol-Metet.
· Décentralisation
La décentralisation est une politique de
transfert des attributions de l'Etat vers les collectivités
territoriales ou des institutions publiques, pour qu'elles disposent d'un
pouvoir juridique et d'une autonomie financière. Le transfert de ces
attributions, qui reste néanmoins sous la surveillance de l'Etat, permet
à ce dernier de décharger ses administrations centrales et de
confier les responsabilités au niveau le plus adapté. La
décentralisation, se distingue de ce fait de la déconcentration
qui consiste, elle, à transférer aux représentants locaux
de l'administration centrale placée sous l'autorité
hiérarchique de celle-ci, le pouvoir de prendre certaines
décisions. Ici, les agents sont nommés par l'Etat dont ils
répondent de façon très stricte. Néanmoins, la
décentralisation va souvent avec la déconcentration,
nécessaire pour l'accompagner et en faciliter sa mise en oeuvre.
Au Cameroun, elle met en exergue plusieurs enjeux. Les plus
plausibles, sont d'une part, les enjeux démocratiques, qui se
traduisent par la participation directe des citoyens au processus de prise de
décisions locales. D'autre part, les enjeux du
développement9(*),
mieux, de la promotion du développement durable, qui est une incitation
des populations à prendre des initiatives sur le plan local, et à
s'investir dans la recherche des solutions idoines auxquelles elles sont
confrontées10(*) ; mieux, cet enjeu a pour avantage, une
meilleure adaptation des politiques publiques. C'est dans ce sillage
qu'à Nkol-Metet, l'élaboration du plan de développement
communautaire (PDC) conjointement par la Mairie de Nkol-Metet et le programme
national du développement participatif (PNDP) s'est faite en
collaboration avec les Chefs traditionnels qui sont mieux placés pour
fournir les attentes des populations. C'est au regard de toutes ces exigences
et ces objectifs que Eko'o Afane affirme :
« La décentralisation est à coup
sûr, l'une des réformes majeures de ces temps. C'est une onde de
choc qui ébranlera les uns après les autres, tous les domaines de
l'action publique, et la vie quotidienne des citoyens ». (Eko'o
Afane, 2009 :13).
La décentralisation revêt une importance
capitale, car elle modernise l'Etat, en redéfinissant les rapports entre
les citoyens et le pouvoir. Cependant, nous n'allons pas tomber dans cette
exaltation euphorique de la décentralisation au Cameroun. En effet,
lorsqu'on parle de collectivités territoriales
décentralisées au Cameroun, il s'agit explicitement des
régions et des communes. Celles-ci sont chargées de promouvoir le
développement économique, sanitaire, éducatif, culturel,
et sportif de ces collectivités. En observant de près comment la
commune fonctionne dans l'Arrondissement de Nkol-Metet, il se dégage
que les prérogatives dévolues aux communes par la loi
constitutionnelle en vigueur au Cameroun, en son article 55 alinéa 2,
sont relativement en grande partie jouées par les Chefferies ; car
celles-ci sont au coeur des dynamiques locales, tant sur le plan
économique que politique. Cet article stipule :
« ... les conseils des collectivités
territoriales décentralisées ont pour mission de promouvoir le
développement économique, social, sanitaire, éducatif,
culturel et sportif de ces communauté ».
Concrètement, à Nkol-Metet, les Chefferies sont
au centre de ces dynamiques ; on peut par exemple citer l'action de
l'Association de la Chefferie traditionnelle d'Obout dénommée
Nkul Mbida Nga Mballa, pour la transformation d'Obout en un Pôle
économique à travers le financement des micros projets ; de
l'ASFRADO (l'Association des Frères et Amis d'Oveng) à
travers la construction en dur de l'école publique d'Oveng et la
création des adductions d'eau. Il faut relever ici que, même si la
Chefferie traditionnelle n'est pas toujours à l'initiative de certains
projets de développement11(*), il s'avère que dans nos études de cas,
les Chefs traditionnels se sont montrés des loyaux partenaires pour
des réalisations concourant à la revitalisation de leur
communauté ; de même, certaines élites ont su associer
les Chefs traditionnels dans cette noble mission.
Le regroupement des Chefferies à Nkol-Metet,
à l'ère de la décentralisation, n'est pas qu'un simple
fait du hasard. Il s'inscrit dans la tradition africaine qui fait un appel
retentissant à l'unité, à la solidarité,
d'où les proverbes suivants : « une seule main ne peut
attacher un mets » ; « l'union fait la
force ».Ainsi, par le biais de ce regroupement, le
développement se veut désormais synchronisé. Ceci permet
une meilleure vitalisation de ces Chefferies, car il se développe une
émulation inter-Chefferie et intra Chefferie. Yves Poulin
partage ce point de vue lorsqu'il affirme que :
« la décentralisation
accroîtrait la compétition entre gouvernements locaux et
encouragerait de ce fait l'innovation » (Yves Poulin,
2004 :3).
En d'autres termes, au sein d'un même groupement les
Chefferies sont en permanente concurrence, à la quête du
leadership ; ceci peut se traduire par la multiplicité des projets
communautaires de développement impulsés par leurs Chefs
traditionnels.
Toutes choses étant égales par ailleurs, le
fait qui se dégage est que la décentralisation concilie la
légitimité démocratique avec la légitimité
historique et traditionnelle.
· Chefferie traditionnelle
L'histoire de l'Afrique nous
révèle que bien avant l'arrivée et l'installation du
premier colon allemand au Cameroun, les assemblées coutumières
existaient déjà, et procédaient à la
désignation de leurs Chefs qui avaient la charge d'organiser la
communauté. Aussi, faut-il le rappeler ici, que le terme Chefferie
traditionnelle est une importation du colonisateur. Celle-ci a connu plusieurs
mutations juridiques. Elle est entrée dans le vocabulaire juridique
camerounais par l'arrêté n°244 du 04 février 1933,
fixant le statut des Chefs traditionnels. La législation la plus
récente sur les Chefferies traditionnelles date de 1977, avec le
décret n°77/245 du 15 juillet 1977, portant organisation des
Chefferies traditionnelles au Cameroun. Le législateur camerounais par
ce décret, fait de la Chefferie traditionnelle un échelon dans
l'organisation administrative du Cameroun. Ainsi, nous pouvons définir
la Chefferie comme cette forme d'organisation politique
caractérisée par l'existence d'un individu ou d'un petit groupe
relativement spécialisé dans un rôle de direction des
actions collectives ou de régulation qui dépasse les limites d'un
lignage ou d'un village. Elle peut se développer par division du travail
entre gouvernants assistés d'agents subalternes et
spécialisés. Cette définition nous semble
incomplète ; celle qui sied à notre étude, est celle
élaborée par Héritier Mambi, qui la définit au sens
moderne du terme comme étant :
« un type d'organisation politique ancienne,
sans structure étatique, mais dirigée par des Chefs disposant
généralement d'un pouvoir
héréditaire ». (Héritier Mambi,
2010 :30-31).
Au Cameroun, les Chefferies sont regroupées en trois
catégories: la Chefferie de 1er degré qui doit couvrir
au moins deux Chefferies de 2e degré et qui ne peut aller
au-delà du cadre territorial d'un département ; les
Chefferies de second degré dont le ressort ne peut aller au-delà
de l'Arrondissement et doit comprendre au moins deux Chefferies de
3edegré. Dans l'Arrondissement de Nkol-Metet, on
dénombre deux Chefferies de 2e degré. Celles-ci
regroupent chacune un peu plus d'une dizaine de Chefferies de 3e
degré. C'est ainsi qu'on a :les Chefferies Bané-Nord-Est,
et Bané-Sud-Est qui couvrent les trente deux Chefferies de
troisième degré que compte l'Arrondissement de Nkol-Metet. Enfin,
la Chefferie de 3e degré correspond au village en milieu
rural, et au quartier en milieu urbain.
Toutes choses étant égales par
ailleurs, au Cameroun, les Chefferies traditionnelles obéissent aux
critères d'ordre sociologique. Ainsi on a par exemple, les lamibé
du Grand Nord, caractérisés par un pouvoir féodal ;
les Chefferies grassfields à l'Ouest et au Nord-Ouest,
caractérisées par une légitimité rituelle profonde
et procèdent d'une longue tradition. Enfin, les Chefferies
lignagères au Centre, Sud, Est (comme dans l'Arrondissement de
Nkol-Metet), d'origine coloniale où la notion de Chef est presque
ignorée (voir Mouiche, 2005 : 13 - 14). Ces Chefferies sont souvent
considérées comme des « Sociétés
acéphales » au regard de leur faible centralisation du
pouvoir. C'est Evans Pritchard et Meyer Fortes qui ont d'abord mis en exergue
cette réalité, en distinguant deux types de
sociétés : les sociétés qui sont dotées
d'une organisation centralisée, gérant les relations politiques
entre entités territoriales, (c'est le cas des lamibé par
exemple), et celles où l'absence de gouvernement est perceptible au
profit des segments et des lignages qui lui assurent une certaine
verticalité (voir, Marie Gruenais et Jean Schmitz, 1995 :7). Les
Chefferies lignagères correspondent presque aux `'sociétés
contre l'Etat,'' que décrit Clastres (1974), notamment au regard de la
fonction du Chef. Clastres résume la fonction du Chef en ces
termes :
« Humbles en leur portée, les fonctions
du Chef n'en sont pas moins contrôlées par l'opinion publique,
planificateur des activités économiques et
cérémonielles du groupe, le leader ne possède aucun
pouvoir décisionnaire, il n'est jamais assuré que ses ordres
seront exécutés [...] le pouvoir du Chef dépend du bon
vouloir du groupe » (Clastres, 1974 :34).
La Chefferie traditionnelle dans le Centre Sud et Est n'a pas
la même connotation que dans les parties du Nord et Ouest du
Cameroun ; car on constate qu'il n'ya pas le respect et le culte de la
personnalité du Chef12(*)qu'on observe ailleurs. Cependant les Chefferies du
Centre-Sud-Est présentent une originalité, en ce sens qu'elles
jettent les bases des principes de souveraineté, de non ingérence
et de coexistence pacifique. En effet, à la tête de chaque lignage
(MVOG) il y a un Chef, ce dernier ne peut, sauf invitation formelle d'un de ses
pairs, s'ingérer dans les affaires d'un autre lignage ; c'est aussi
le cas de litige entre les `' MVOG,'' le consensus est souvent la voie
prisée par les parties en litiges ; en ce sens que c'est la justice
des fins qui est prônée. Celle-ci a pour objectif premier de
mettre un terme à une perturbation sociale, et non aliéner les
individus. Il devient donc impérieux de considérer les Chefferies
Bene, dans leur originalité et dans leur contexte ; et non
l'appréhender sur les schèmes d'analyses d'autres Chefferies
traditionnelles qui ne sont pas confinées dans la même
réalité sociologique. C'est dans cet ordre d'idées qu'il
faut rappeler ici que les structures lignagères d'origine
précoloniale ont donné naissance aux Chefferies à
Nkol-Metet à l'ère coloniale. Celles-ci, ont connu de nombreux
dynamismes. Par exemple pendant la période du protectorat Allemand
13(*)à Nkol-Metet,
chaque village était doté d'une Chefferie. Par contre pendant la
période de tutelle, puis de Mandat Franco Britannique, les micros
Chefferies ont été regroupées en deux grandes
Chefferies : la Chefferie Mvog Amougou et la Chefferie Mvog Zambo. Enfin
à l'ère post coloniale ces deux grandes Chefferies ont d'abord
été atomisées en micros Chefferies et ensuite par
l'arrêté n°13/A/MINAT/DCT du 19 Janvier 1982,
déterminant les Chefferies traditionnelles de 2e degré
dans le Département du Nyong et So'o, Province14(*) du Centre-Sud elles ont servi
de base à la création des Chefferies de groupement qui ne seront
fonctionnelles qu'à partir de l'année 2008.
La brève présentation des Chefferies
traditionnelles en fonction de leur réalité sociale suppose que
la prégnance de la Chefferie dépend fortement d'un certain nombre
d'éléments sociologiques, qui la valorisent ou la
dévalorisent ; c'est ce qui justifie le manque d'uniformité.
Au vu de l'exigence de l'heure, toutes les Chefferies doivent être partie
prenante de leur développement et celui de l'Etat. Leur reviviscence
consistera à procéder à des transferts technologiques
intra culturels et inter culturels. C'est dans cette logique que Bayart
affirme : « La production des dynamiques du dedans est
indissociable des immixtions du dehors » (Bayart, 1989 :323).
D- Revue de la littérature
L'ignorance mutuelle est souvent le risque que court tout
jeune chercheur. Or, comme l'Ecclésiaste nous le fait savoir
: « il n'y a rien de nouveau sous le soleil 15(*)». En d'autres termes, le
chercheur est comme un nain juché sur les épaules de
géants. Eu égard à ce constat, tout chercheur a
l'impérieux devoir de se référer sur les travaux de ses
devanciers, afin d'établir sa démarcation par rapport à
ceux-ci et d'éviter d'inventer inutilement l'existant, le connu, de
défoncer une porte entre- ouverte (Atangana : 2010 :12). Au sens de
Bachelard (1968), cette démarcation consiste à faire une rupture
épistémologique, mieux, une coupure épistémologique
qui met l'accent sur la différence de nature, entre la connaissance non
scientifique (Doxa) et la connaissance scientifique. Cette étape de la
recherche qu'est la revue de la littérature est donc très
essentielle, car elle est une sorte d'évaluation, qui permet de faire le
point sur ce qui a été dit, ou écrit sur le sujet.
Soucieux du respect de cette exigence, nous avons consulté certains
travaux, qui abondaient dans le sens de notre thématique, qui est
la Chefferie traditionnelle BENE à l'ère de la
libéralisation politique au Cameroun et de ses ressorts: le cas de
l'Arrondissement deNkol-Metet.
Notre revue de la littérature est axée sur les
travaux d'auteurs camerounais, africains et africanistes qui font de la
décennie 1990, une décennie de la reviviscence de la Chefferie
traditionnelle en Afrique et au Cameroun en Particulier. D'après nos
lectures, il appert que la reviviscence de la Chefferie traditionnelle depuis
la libéralisation politique ne saurait être
appréhendée de façon univoque.
La reviviscence de la Chefferie traditionnelle s'est
opérée par l'impact du militantisme des Chefs traditionnels.
C'est dans ce sillage que Mouiche (2005) montre l'impact des effets induits du
multipartisme dans certaines Chefferies de la Région de l'Ouest16(*) au Cameroun. L'auteur met en
exergue l'effet ambivalent du multipartisme à l'issue des
élections municipales de 1996 ; soit qu'elle a permis de conforter
les assises politiques de certains Chefs ; soit alors elle a
contribué à leur déchéance sur le plan politique.
C'est dans ce sillage que l'auteur nous montre par exemple qu'à Banka,
Sa Majesté Monkam Tchientcheu grâce à son militantisme au
sein du RDPC, a été élu Maire de Banka. L'auteur, met
également en exergue que Sa Majesté Monkam Tchientcheu a
été élu parce qu'il a toujours su faire profiter à
ces sujets les dividendes acquises de son alliance avec le RDPC (Mouiche,
2005 :69-77). La réhabilitation d'une école confessionnelle
en école publique ; la construction d'un stade de football sont
là, les quelques gages de son succès aux élections
municipales de 1996. L'auteur nous montre aussi que leurs Majestés Tayo
II Marcel et le Sultan Mbombuo Njoya ont été déchus
aux élections municipales de 1996 respectivement à Bangou et
à Foumban parce qu'ils n'ont pas su faire profiter assez suffisamment
à leurs sujets leur alliance avec le RDPC ; d'où
l'émergence du SDF (Social Democratic Front) à Bangou et de l'UDC
(Union Démocratique du Cameroun) à Foumban. (Mouiche, 2005 :
135-166 ; 167-206). Dans la Région du Nord Ouest au Cameroun, Bat
(2009), nous révèle que le militantisme politique en faveur du
RDPC du Fon Ngwa'fo dit le `'Roi-pot'' où il a été
d'ailleurs Vice Président du Bureau Politique a grandement
contribué au rayonnement de la communauté Mankon. A titre
d'illustration, nous pouvons citer, la construction d'un musée à
Mankon, dans une perspective d'intégration défense de la
Société Mankon. Le Roi Pot a également mis sur pied un
lobby dénommé: MACUDA (Mankon Cultural Development) qui a pour
vocation de défendre au plus haut niveau les intérêts des
ressortissants de Mankon et surtout d'assurer leur insertion
socioprofessionnelle. Pour Perrot et Fauvelle (2003), tout ce dynamisme est une
preuve réelle du `'retour des Rois''. Ces auteurs, nous montrent
comment les rapports Etats - Chefferies se sont améliorés au
profit d'une synergie d'actions qui n'escamotent pas totalement leurs
rivalités d'antan, car chacun des deux partenaires cherche par tous
les moyens de conquérir le terrain occupé par l'autre.
La reviviscence de la Chefferie traditionnelle à
l'ère de la libéralisation politique, se manifeste aussi par la
promotion du développement socio économique et sanitaire des
Chefs traditionnels. Mouiche (2005 b: 1), qui est l'un des portes
étendards de ce courant, affirme à cet effet que :
« lesChefs sont les acteurs du
développement local ; certes, ils font partie de la
société politique en tant que suppôt du pouvoir, en leur
qualité d'Auxiliaires de l'Administration, mais en même temps, on
les retrouve dans la sphère civile ».
Cet auteur, de façon empirique, à
mis en exergue le rôle prépondérant du Sultan Bamoun dans
ce secteur d'activité, et plus précisément dans le domaine
de la santé, et la promotion de la culture, comme facteurs de
rentrées des devises économiques. Dans le domaine de la
santé, l'auteur nous montre que la construction de l'hôpital des
Rois Bamoun au Palais à Foumban est une initiative du Sultan qui,
grâce à son capital social, a été fortement
appuyé par le Conseil de Haut Seine en France, afin d'améliorer
les conditions sanitaires des populations du Noun. En réhabilitant le
festival culturel Bamoun le Nguon, cela a permis de drainer plusieurs
touristes à Foumban ; a permis la commercialisation des produits
artisanaux et agricoles bref, à construire le développement
individuel et communautaire des populations de Foumban. C'est donc avec raison
que l'auteur affirme : « c'est la culture qui
conçoit le plan sur lequel le développement prend
place ». Djateng (2007) a beaucoup plus une vision prospective du
développement local au niveau de la Chefferie traditionnelle. Pour cet
auteur, trois conditions doivent être préalablement remplies.
Primo, il faut promouvoir le développement humain,
c'est-à-dire impliquer grandement hommes, femmes et jeunes aux
activités de la Chefferie. Secundo, s'appuyer sur les
potentialités locales à travers par exemple, l'organisation des
festivals culturels comme le Nguon chez les Bamoun ; le Ngondo chez les
Sawa... il le renchérit en ces termes : « Notre
diversité culturelle est une richesse, à condition de faire
d'elle un instrument de développement et un connecteur des
capacités ».Tercio et enfin, promouvoir la justice
des fins, qui est une justice réparatrice et non privative des droits
des individus.
Au lendemain des années 1990, la reviviscence de la
Chefferie traditionnelle s'est également manifestée par l'action
des élites, des associations apolitiques comme politiques sur la
Chefferie traditionnelle. Pour Geschiere (1996), les élites revigorent
la Chefferie traditionnelle. Pour cet auteur, sans leurs actions, les
Chefferies semblent être vidées de leur substance. Par contre avec
elles, elles reprennent leur vigueur. Mouiche (2005) par contre, laisse
néanmoins transparaître les rivalités des élites
avec les Chefs traditionnels comme ce fut le cas, entre Fotso Victor et Sa
Majesté Ngnié Kamga aux élections municipales de 1996
(voir Mouiche 2005 : 99-131). Pour Barbier 17(*)(1983), l'action des
élites, notamment de la diaspora, qu'il qualifie de
périphérie active de la Chefferie, est plutôt une
manifestation de leur déférence vis-à-vis de la Chefferie.
Pour Foaleng (2007), l'élite pose les actes à la Chefferie
(notamment la Chefferie Bamiléké) pour s'octroyer une place de
notable au sein de la Chefferie ; d'où l'assimilation de
l'élite comme une `'néo-notabilité''. Il démontre
à cet effet, que même les Chefferies Bamiléké sont
aussi traversées par les phénomènes de `'big-men''. Bayart
(1989), résume de façon très laconique toute cette
activité en faisant de la Chefferie, un des foyers `'d'assimilation des
élites''. Wim Van Binsbergen et Nyam Simb Calvin (2004), quant à
eux, insistent davantage sur l'impact des associations sur la Chefferie
traditionnelle. Wim Van Binsbergen, en étudiant les rapports entre les
Chefs royaux de Nkoya, et l'association culturelle du Kazanga (ACK) en Zambie,
il nous démontre que l'émergence de la dite association a
redynamisé la vie sociale de la Chefferie ; mais a
entraîné la folklorisation des Chefs royaux de Nkoya, car les
populations ont su que seul l'ACK pouvait leur apporter le bien-être.
Nyam Simb Calvin, quant à lui nous montre comment l'association des
Chefs traditionnels du Nyong Ekéllé (ACTRANK), dans la
Région du Centre au Cameroun a amorcé le chantier de la
reviviscence de la Chefferie traditionnelle dans ce ressort territorial.
Concrètement, sur le plan vestimentaire, les Chefs de l'ACTRANK
s'interdisent désormais lors des cérémonies officielles,
à continuer d'arborer la tenue héritée de la colonisation
par la confection d'une ténue symbolisant les valeurs culturelles
Bassa18(*) . La
même association octroie aussi des prêts aux Chefs traditionnels
démunis afin que ceux-ci, bâtissent des maisons dignes de leur
majesté. (Nyam, 2004 :21-26). Bref, l'auteur met en exergue la
prise de conscience des Chefs traditionnels Bassa qui s'associent
dorénavant afin de redorer le blason de la Chefferie traditionnelle.
Enfin, la reviviscence de la Chefferie traditionnelle s'est
aussi manifestée par la reconnaissance de manière formelle de la
Chefferie traditionnelle dans plusieurs constitutions des Pays africains, et
dans le cadre de la décentralisation, plusieurs pays, sont des instances
plénières de ce processus. Le Cameroun en fait partie, mais on
note encore une implication institutionnelle relativement faible des Chefferies
traditionnelles dans ce processus c'est pourquoi Nach
Mback(2000 :78) fait de la Chefferie traditionnelle au Cameroun :
« un sujet juridique non identifié »; d'où la
nécessité d'effectuer ici une socio -anthropologie politique
comparative.
Jean Pierre Olivier de Sardan, nous montre la place
essentielle des Chefferies traditionnelles au Niger. L'auteur, après
avoir précisé qu'elles sont des Chefferies administratives,
mentionne également que ce Pays est l'un des rares pays africains
n'ayant pas encore mis en oeuvre une politique de décentralisation. La
spécificité de ce pays est que, la Chefferie traditionnelle est
pratiquement le seul mode d'exercice du pouvoir local. En dehors de quelques
communes urbaines, où les Maires sont nommés et non élus.
Dans ce pays, comme le mentionne l'auteur, le monde rural ne connaît ni
municipalités, ni maires, ni leurs équivalents. L'auteur nous
montre par conséquent, que l'omnipotence locale des Chefs traditionnels
dans ce pays, a abouti à la centralisation de leur pouvoir. C'est ainsi
que les pratiques autoritaires et patrimoniales se sont accentuées au
détriment de la participation des individus et l'effectivité de
la réalisation de certains projets communautaires. Le bémol que
nous pouvons apporter à ce niveau, est que la reconnaissance ou
l'implication des Chefs traditionnels à notre sens, ne saurait faire
souffrir les droits fondamentaux des individus et leurs aspirations au
développement. Par contre, les travaux d'Héritier Mambi, de
Pierre Jacquemot et de Goeh-Akue N'bueke Adovi se démarquent du
précédent, parce qu'ils analysent l'implication des Chefferies
dans le sillage de la décentralisation. C'est dans cette logique
qu'Héritier Mambi se trouve. Cet auteur met en exergue
l'entremêlement entre le pouvoir traditionnel et le pouvoir moderne en
République Démocratique du Congo (RDC) : d'où sa
théorie sur `'l'hybridation des pouvoirs'', qui s'inscrit en droite
ligne avec la réviviscence. L'hybridation se traduit par le fait que
dans ce pays, les deux pouvoirs coexistant, tentent d'occuper le terrain pris
par l'autre. L'une des spécificités majeures de l'implication de
la Chefferie traditionnelle dans ce pays, est la reconnaissance du droit
coutumier dans la hiérarchie des normes. Notre rapprochement avec cet
auteur, se situe dans la désignation des Chefs traditionnels, pour lui,
il faut passer d'un système héréditaire à un
système capacitaire. En citant Paine, il affirme :
« Tous les hommes sont égaux, aucun
d'eux n'a le droit de passer à sa famille le pouvoir de régner
éternellement sur les autres ; car si lui-même peut mériter
que ses contemporains l'honorent, ses descendants peuvent être tout
à fait indignes de partager ses honneurs »
(Héritier Mambi, 2010 : 31). Pierre Jacquemot quant à lui,
analyse l'enrôlement des Chefferies traditionnelles dans le processus de
décentralisation au Ghana. L'auteur nous montre que la
décentralisation est structurée autour de 138 districts, dans
lesquels se trouvent les Chefferies traditionnelles. Les Chefferies, de facto
sont une composante significative de la vie locale. Celles-ci sont
compétentes principalement en matières civiles, foncières
et la gestion des ressources naturelles. Au Togo, par contre, comme le
mentionne Goeh-Akue N'bueke Adovi, la Chefferie traditionnelle est formellement
reconnue, comme l'instance garante des us et coutumes. C'est plus
précisément l'article 143 de la Constitution (de 1992) en
vigueur dudit pays qui précise : « la Chefferie
traditionnelle est gardienne des us et coutumes ». Autre fait majeur
de l'insertion de la Chefferie traditionnelle dans ce pays, est la
création d'une direction de la Chefferie traditionnelle, par le
décret, portant organisation du Ministère de l'Intérieur
Togolais notamment dans son article 14.
D' après la présentation de la
littérature sélective présentée dans le
présent travail, il en ressort que la libéralisation politique a
impacté sur la Chefferie traditionnelle de quatre manières,
déterminant ainsi les principaux courants théoriques dans
lesquels se sont inscrits les auteurs précités. Le premier
impact, est celui du militantisme des Chefs traditionnels. Contrairement
à l'Ouest ou au Nord Ouest, où la libéralisation
politique a soit conforté l'assisse politique de certains Chefs
traditionnels, soit alors les a déchus à l'issue des
élections municipales de 1996 (Mouiche, 2005 ; Bat, 2009), à
Nkol-Metet, ces élections marquent plutôt l'inauguration de la
Mairie et marquent de ce fait le premier contact officiel des Chefs
traditionnels de Nkol-Metet avec le monde politique. De ce fait,
l'expérience acquise par les Chefs traditionnels pendant l'ère
monolithique à Nkol-Metet est une expérience nouvelle des Chefs
traditionnels. Le deuxième impact, a été
l'émergence des Chefs traditionnels comme les acteurs de
développement. Dans ce registre, les Chefs de Nkol-Metet se manifestent
résolument par la démultiplication de création des champs
communautaires, de nombreux GICS (groupes d'initiatives communes) ; mais ces
projets ont un caractère relativement jeune de sorte que, les
résultats n'ont pas encore atteints leurs effets optimum comme on l'a
par exemple vu au royaume Bamoun avec l'hôpital des rois (Mouiche, 2005
b). Le troisième impact, met en exergue l'action des élites et
des associations sur la vie de la Chefferie. A Nkol-Metet, on note une
association des Chefs traditionnels (ACTRAN), qui a les objectifs semblables
à ceux de l'ACTRANK. Le dernier impact met en exergue le degré
d'institutionnalisation de la Chefferie traditionnelle dans la
hiérarchie des normes. De là nous avons vu des avancées
louables dans de nombreux pays du Golfe de Guinée19(*), où les Chefferies
traditionnelles ont des prérogatives clairement définies. Au
Cameroun, ce n'est pas encore le cas. Le décret de 1977 ne suffit pas
à lui seul pour rendre compte de la dimension symbolique de la
Chefferie traditionnelle ; mais surtout de la dynamique qu'elle peut
apporter pour catalyser le processus de la décentralisation. Les
expériences d'ailleurs constituent une boîte à outils pour
les Pouvoirs Publics camerounais.
Nous souscrivons à toutes ses approches ; mais
dans le cadre de ce travail, nous allons davantage appréhender la
réviviscence de la Chefferie traditionnelle à travers l'action
des Chefs pour le développement local ; la réviviscence par
le militantisme politique des Chefs traditionnels et enfin la
réviviscence de la Chefferie par l'action des élites et
associations.
L'originalité de ce travail est d'abord liée au
fait que son auteur est l'un des pionniers de ce type de travail à
Nkol-Metet ; ensuite, parce qu'il nous permet de dégager la
spécificité à Nkol-Metet des dynamismes ambiants tels que
le militantisme politique des Chefs traditionnels, l'action des Chefs pour la
promotion du développement local ; l'impact de l'action des
élites et associations sur la Chefferie traditionnelle largement
développé par bon nombre de travaux d'auteurs mais
reflétant la spécificité des terroirs
étudiés par eux.
Paragraphe 2 : Problématique
et hypothèses
A- Problématique
La libéralisation politique survenue dans de nombreux
Etats africains dans la décennie 1990, à l'égard de la
Chefferie traditionnelle les a inscrit dans une nouvelle dynamique ;
mieux, dans le sillage de leur reviviscence. Le problème
général de la recherche, est d'appréhender les logiques
qui ont conduit à mettre sur pied les mécanismes ayant permis
d'amorcer le chantier de la réviviscence à Nkol-Metet. Toutefois,
il s'agit d'analyser comment se manifeste la reviviscence des Chefferies
traditionnelles à Nkol-Metet. De façon générale, en
Afrique comme au Cameroun, la libéralisation politique a catalysé
la reviviscence de la Chefferie traditionnelle de diverses manières. On
note la reviviscence de la Chefferie traditionnelle par le militantisme
politique des Chefs traditionnels (cf Mouiche, 2005 ; Bat, 2009 ;
Perrot ; Fauvelle, 2003). On note la reviviscence de la Chefferie
traditionnelle par l'action des Chefs traditionnels à promouvoir le
développement local (cf Ngnepi 2007 ; Mouiche 2005 b). La
reviviscence de la Chefferie traditionnelle sous l'effet de la
libéralisation politique se traduit également par leur
implication dans le processus de la décentralisation, et surtout leur
reconnaissance dans la hiérarchie des normes (voir Olivier de Sardan
1998 ; Jacquemot 2007 ; Mambi 2010). Enfin, la reviviscence de la
Chefferie traditionnelle pendant cette ère de la décentralisation
est marquée par l'activisme des élites et des associations autour
de la Chefferie (Foaleng 2007 ; Barbier 1983 ; Geshiere 1996...Van
Binsbergen).
A Nkol-Metet en particulier, on peut lire l'impact de la
libéralisation politique sur la reviviscence de la Chefferie
traditionnelle à partir de trois axes majeurs : le militantisme
ostentatoire des Chefs traditionnels; le développement socio
économique ; l'activisme des élites, mieux, de la
« périphérie active » de la Chefferie
traditionnelle (voir Barbier 1983 ; Foaleng 2007).
De façon concrète, le militantisme politique des
Chefs traditionnels à Nkol-Metet a hissé Sa Majesté Oyono
Owono Joseph comme premier Maire de la commune de Nkol-Metet sous la
bannière du RDPC20(*) (Rassemblement Démocratique du Peuple
Camerounais), à l'issue des élections municipales de 1996. De
même, le militantisme politique, toujours sous la bannière du RDPC
a conduit à l'élection de Sa Majesté Ondoua Menyié
Paul Aimé comme Député du Nyong et so'o de 2002 -2007.
S'agissant du développement local à Nkol-Metet, il résulte
de l'action combinée des Chefs traditionnels, de certaines élites
et de certaines associations pour revivifier la Chefferie traditionnelle. On
peut ainsi citer l'impact des associations telles que L'ACTRAN, L'ASFRADO
(Association des Frères et Amis pour le Développement d'Oveng)
à Oveng, Renaissance de Bikoko, à Bikoko... Mais également
de l'action des élites telles que le Colonel Amougou
Nguélé, 21(*)à Obout, ou de Ndi Mboh François
à Ngoantet II, pour le développement de leur Chefferie. La
reviviscence de la Chefferie traditionnelle se manifeste également par
leur enrôlement dans les Conseils Municipaux à Nkol-Metet et
surtout de leur rôle consultatif en matière de jugulations des
fléaux tels que l'inceste, la sorcellerie et surtout leur rôle
essentiel pour la sensibilisation des populations autour des questions ayant
trait à la décentralisation.
Au demeurant, plusieurs questions méritent
d'être posées. La principale question est la suivante :
peut-on véritablement rattacher l'activisme socio politique et socio
économique des Chefs traditionnels à la libéralisation
politique ? En d'autres termes, qu'elle est le véritable leitmotiv
du déploiement généralisé des Chefs traditionnels
de Nkol-Metet autour des Chefferies traditionnelles à cette ère
de la libéralisation politique ?
A cette question centrale, nous pouvons adjoindre les
questions de recherches suivantes : quelles sont les rentes
escomptées de la collaboration des Chefs traditionnels avec les
élites et les associations pour la Chefferie traditionnelle ?
S'agit-il des actions purement philanthropiques ou des actions de
façade ? En d'autres termes, qu'est-ce-qui se trame derrière
l'action synergique élites- associations ? Quels sont les enjeux de
la collaboration mairie et Chefferies traditionnelles à
Nkol-Metet ? Ne serait-il pas un moyen pour les Chefs traditionnels de
devenir des acteurs pléniers du processus de la décentralisation
à Nkol-Metet ? Comment appréhender l'investissement des
Chefferies de groupement par la caste politicienne, mieux, par les
big-men22(*) à
Nkol-Metet ? Quelles sont les déterminants de leur
leadership ?
B-
Hypothèses
L'hypothèse dans une recherche est une explication
provisoire de la nature des relations entre deux ou plusieurs
phénomènes. Elle doit être confirmée ou
infirmée par les faits. C'est alors que Grawitz résume
l'hypothèse comme suit : « une proposition de
réponse à une question posée » (Grawitz,
2001 :398)
Selon Quivy et Capenhoudt : « il est
rare(...) que l'on s'en tienne à une seule hypothèse. C'est le
plus souvent un corps d'hypothèses que l'on
construit » (Quivy et Capenhoudt in Atangana, 2010 :9).
Cela nous conduit à dégager une hypothèse principale et
des hypothèses connexes.
L'hypothèse centrale de cette étude est la
suivante : Le dynamisme sociopolitique et socio économique
observé autour de la Chefferie traditionnelle à Nkol-Metet est,
loin s'en faut, une conséquence de la libéralisation
politique ; mieux, elle est venue amplifier et officialiser les ambitions
socioéconomiques et sociopolitiques des Chefs traditionnels et des
forces politiques pour la reviviscence de la Chefferie traditionnelle à
Nkol-Metet.
La première hypothèse connexe est que
l'activisme sociopolitique et socioéconomique des Chefs traditionnels et
les autres forces politiques (élites, associations apolitiques et
politiques) peut être analysée de manière ambivalente.
D'abord, elle traduirait leur action dans l'optique d'un leadership
institutionnalisée et/ou dans l'optique de `'sauver la face''23(*). Ensuite, il se tramerait
derrière tout cet activisme des ambitions politico administratives des
protagonistes de la reviviscence de la Chefferie traditionnelle à
Nkol-Metet, qui viseraient des postes de Sénateur, Député
et de Maire...
Enfin, la deuxième hypothèse, quant
à elle est que l'investissement des Chefferies de groupements par les
professionnels de la politique, répond au besoin de
l'amélioration du système héréditaire de
désignation des Chefs traditionnels, par un système capacitaire
de désignation de Chefs confortant de ce fait, le caractère
administratif des Chefferies de groupement à Nkol-Metet, qui sont des
Chefferies nouvellement créées.
C-Présentation du champ
d'analyse 
L'Arrondissement de Nkol-Metet est situé dans la
Région du Centre au Cameroun à 90 kilomètres de la
capitale politique; Yaoundé entre le 3°26 latitude Nord et
11°46 longitude Est. L'Arrondissement de Nkol-Metet dépend
administrativement du département du Nyong et So'o dont le Chef lieu est
Mbalmayo. Le climat est de type équatorial, avec deux saisons pluvieuses
et une saison sèche. Néanmoins, il faut noter que les changements
climatiques ont considérablement troublé la typologie de ce
climat.
D'un point de vue démographique, Arrêté
n°13/A/MINAT/DCT du19 janvier 1982, déterminant les Chefferies
traditionnelles de deuxième degré dans le département du
Nyong et So'o, estime la population de Nkol-Metet à 16 060
habitants. En 2010, on estime sa population à 30 000
habitants24(*).
D'un point de vue ethnographique, les populations de
Nkol-Metet sont des Bene25(*). Cependant, il convient de rappeler ici que les
principales familles Bene sont issues des unions matrimoniales de Nne bodo
avec, Amombo Kunu et de Ndzié Manga qui donneront sept (7) grands
lignages Bene : les Mvog Belinga, les Oteloa ou Mvog Owono Tsogo, les Mvog
Mbartsogo, les Mvog Manze, les Mvog Ndi et les Mvog Manga (Laburthe-Tolra,
1981 :145). Ces différents lignages ont subi le processus de la
segmentation qui est consubstantiellement liée à l'organisation
politico sociale des sociétés lignagères segmentaires. En
effet, la segmentation se résume par le fait que chaque segment lignager
est le point de départ d'un nouveau Mvog (Laburthe-Tolra, 1981 :
205 ; Marie Gruenais et Jean Schmitz, 1995 :7). Dans le cas
d'espèce, les Bene de Nkol-Metet dérivent de la
postérité de Mbartsogo26(*) qui a donné naissance à douze (12)
lignages dont huit sont présents à Nkol-Metet. Quoique les Mvog
Mbartsogo soient dominants, il existe aussi à Nkol-Metet des
minorités ethniques Bene et non Bene qui sont présentes et
assimilées aux grands ensembles de la postérité de
Mbartsogo. Nous faisons référence ici aux : Eben, Elende,
Kombé, Mvog Ndi, Yembäe, Yenakoun. Le tableau ci-dessous fait
référence aux principaux lignages issus de la
postérité de Mbartsogo à Nkol-Metet :
Tableau1 : Lignages issus de la
postérité de Mbartsogoà Nkol-Metet
Fils de Mbartsogo
|
Nom du lignage
|
Localisation à Nkol-Metet
|
Amougou Ba'ana
|
Mvog Amougou
|
Efoulan, Obout, Ebomsi I, Ebomsi II, Metet-Centre, Oveng,
Ayéné, Bizock, Mengueme Bané, Soa si, Yop...
|
Mbarga Ba'ana
|
Mvog Mbarga
|
Nkolya 1, 2,3
|
Evundu Ba'ana
|
Mvog Evundu
|
Ekekam
|
Essissima Nkoa
|
Mvog Essissima
|
Nkol-Ekabili ;Mefindi
|
Zambo Melunu
|
Mvog Zambo
|
Awäe, Ngoantet I et II, Nsessougou.
|
Evini Melunu
|
Mvog Evini
|
Olamdoé , Kondessong
|
Mba'a
|
Mvog Mba'a
|
Nkomvana- Bizock
|
Zang
|
Mvog Zang
|
Ekekam
|
Source : Laburthe-Tolra (1981), Les seigneurs
de la forêt.
Adaptation : Amougou Mveng
D'un point de vue administratif et politique, l'Arrondissement
de Nkol-Metet, épouse les contours géographique de la Commune de
la dite localité. Ex District de Nkol-Metet, cet Arrondissement est
né en faveur des Décrets N°2008/376 du 12/11/2008 portant
organisation administrative de la République du Cameroun, qui en son
article Ier alinéa 2, passe de quatre à trois
circonscriptions administratives : Les Régions, les
Départements, et les Arrondissements. Et du Décret
n°2010/198 du 16/06/2010 qui érige les Districts en
Arrondissements. L'Arrondissement de Nkol-Metet compte trente-quatre(34)
Chefferies dont deux (2) Chefferies de Groupement et
trente- deux (32) Chefferies de 3e degré.
D'un point de vue de l'activité politico
administrative, les Bene et notamment ceux de Nkol-Metet ont souvent eu
à occuper de très hautes fonctions politico -administratives au
Cameroun. On peut citer ici, l' Honorable Amougou Nguélé Paul de
regretté mémoire qui a été député de
l'ALCAM ( Assemblée Législative du Cameroun),et Secrétaire
d'Etat plusieurs fois dans les Gouvernements du Président Ahidjo ;
Mbarga Nguélé Martin actuel Délégué
Général à la Sûreté Nationale ; des
Directeurs Généraux Etoundi Oyono Emmanuel , Madame Mbarga
Bernadette ; des anciennes personnalités municipales et
parlementaires , Mbala Zangana Benjamin et Nguélé Mbala
Constantin, anciens Maires de Mbalmayo , les Honorables Mbala Amougou Jean
Aimé , Maze Jean Alfred27(*) de regrettée mémoire et Ondoua
Menyié Paul Aimé ; des officiers de l'armée
camerounaise tels que : le Colonel Amougou Nguélé Emmanuel
actuel Chef d'Etat Major particulier du Président Biya, du Colonel
Nguélé Amougou Philémon ancien intendant de l'armée
camerounaise au Ministère de la défense...
S'agissant des partis politiques, on retrouve
à Nkol-Metet, le RDPC28(*) (Rassemblement Démocratique du Peuple
Camerounais) ; le SDF (Social Democratic Front) ; l'UNDP (Union
Nationale pour la Démocratie et le Progrès) ; et l'UPC
(Union Nationale des Populations du Cameroun). Néanmoins, le RDPC est
le parti dominant à Nkol-Metet. Dans cette circonscription
administrative, le RDPC est le seul parti qui mène une vie politique
au-delà des échéances électorales. C'est cet
état des choses qui a toujours justifié l'hégémonie
de cette formation politique, tant aux élections
présidentielles qu'aux élections législatives et
municipales. Ainsi dit, Nkol-Metet se présente comme une zone
d'influence du parti politique dominant au Cameroun dans la mesure où
les autres partis participent à la folklorisassion29(*) du jeu politique. Le tableau
ci- dessous corrobore avec notre argumentaire.
Tableau 2 : candidats ayant
obtenu au moins 0,01% des suffrages aux élections présidentielles
du 09 octobre 201130(*).
Candidats
|
Pourcentage obtenu
|
Biya Paul(RDPC)
|
95,46%
|
Ni John Fruh Ndi (SDF)
|
0,66%
|
Dang Ester (BRIC)
|
0,19%
|
Garga Haman (ADD)
|
0,04%
|
Momo Jean (PADDEC)
|
0,02%
|
Muna Bernard (AFP)
|
-
|
Tabi Owona (AMEC)
|
-
|
Ekane Anicet (MANIDEM)
|
0,01%
|
Ndam Njoya (UDC)
|
-
|
Walla Kahbang (CPP)
|
-
|
Source : ELECAM/ Rapport général sur le
déroulement de l'élection présidentielle du 09 octobre
2011.
Sur le plan social et Sanitaire, l'Hôpital -EPC de
Metet, vu sa position à cheval entre les Départements du Nyong
et So'o et du Dja et Lobo, a fortement desservi les populations de ces
localités et même de l'ensemble du pays en matière de
santé publique. L'Arrondissement de Nkol-Metet compte sept
établissements d'Enseignements Secondaires ; une trentaine d'Ecoles
Primaires et trois Ecoles Maternelles31(*).
Sur le plan sécuritaire, l'Arrondissement de
Nkol-Metet compte une brigade de Gendarmerie.
Suivant les consignes de Quivy et Campenhoudt, qui
disent qu'il faut encore circonscrire le champ des analyses empiriques
dans l'espace social et dans le temps. (Quivy et Campenhoudt cité par
Atangana 2010 :19). D'où l'impératif d'indiquer notre cadre
temporel d'étude entre l'année 1996 et 2011. Pendant cette
période, la Chefferie traditionnelle à Nkol- Metet a
été au centre de plusieurs dynamismes d'ordre institutionnel et
non institutionnel. En 1996, les premières élections
municipales organisées consacrent l'élection d'un Chef
traditionnel Oyono Owono Joseph; en 1998, l'ACTRAN voit le jour sous
l'impulsion de Sa Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé Chef du
village Nkol- Ekabili à l'Est de Nkol-Metet. En 2008, la mutation des
Districts au profit des Arrondissements par le Décret N°2008/376
du 12/ 11/2008 coïncide avec l'effectivité des Chefferies de
groupement ; bref, beaucoup d'événements ont marqué
la Chefferie traditionnelle à Nkol-Metet pendant cette trame
chronologique que nous essayerons de dérouler, autant que faire se peut
tout le long de ce travail.
Les considérations méthodologiques
méritent aussi d'être présentées dans ce travail.
Section
II : Construction de la démarche
Toute méthode, affirme Albarello (1998), doit
être fonction de la recherche, du type de résultats
escomptés, et de l'analyse que l'on souhaite.
Il s'agit donc pour nous, d'expliquer comment nous avons
procédé pour cerner notre sujet d'étude, les techniques
dont nous avons eu recours, ainsi que les approches disciplinaires. En d'autres
termes, il s'agira d'envisager cette partie en deux mouvements. Le premier,
sera consacré aux techniques de collectes de données. Le second,
par contre, insistera sur les méthodes mobilisées pour l'analyse
des faits, des informations et des données d'une part, et d'autre part,
pour la conduite générale de la recherche.
Paragraphe 1 : Techniques de collectes des
données
Les techniques sont des moyens d'aborder les problèmes,
lorsque ceux-ci sont précisés (Grawitz, 2001 :353). Dans le
cadre de ce travail, nous avons exploité les sources documentaires,
l'enquête sur le terrain par l'entretien semi-directif et l'observation
participante.
A- Les sources documentaires
Pour ce qui est des sources documentaires, nous avons
utilisé les ouvrages généraux, spécialisés,
les articles et les archives publiques et privées.
Cette technique est particulière, parce que le
chercheur n'exerce aucun contrôle sur la façon dont les documents
ont été établis, celui-ci, doit alors sélectionner
ce qui l'intéresse, interpréter ou comparer des matériaux
pour les rendre utilisables (Grawitz, 2001 :573). Les ouvrages
généraux nous ont permis d'avoir la matière
théorique pour une meilleure saisine de notre sujet, notamment par
l'emploi de nombreux concepts que nous avons mobilisés tout au long de
notre travail. Les ouvrages spécialisés par contre, nous ont
permis tant sur le pouvoir traditionnel que sur la société
traditionnelle Béti, d'avoir des connaissances pratiques, d'une part,
sur le monde de la Chefferie traditionnelle à travers des
expériences observées dans les communautés
étudiées, et d'autre part, appréhender le monde culturel
Béti ; ce qui nous a permis de dégager quelques nuances
existant au sein des pahouins.
Les documents officiels et privés ont été
également mobilisés. Il était donc logique de consulter la
Loi Fondamentale du 18/01/1996 ; les textes et lois organisant
l'Administration Territoriale au Cameroun ; les rapports
généraux sur les élections présidentielles de 2004
et 2011 commis respectivement par l'Observatoire National des Elections (ONEL)
et Elections Cameroun (ELECAM) ; les textes organisant la Chefferie
traditionnelle au Cameroun. Tous Ces documents, nous ont permis
d'évaluer la dynamique évolutive institutionnelle au Cameroun et
de saisir l'impact de celle -ci, sur la Chefferie traditionnelle. Les documents
privés, comme ceux d'Ekoan Mvog Amougou et de l'ACTRAN, nous ont
permis de voir l'action des Elites et Chefs traditionnels dans la
reconstruction de l'identité culturelle BENE. La diligence de
certaines Majestés comme Mbala Zangana Benjamin Chef de groupement BENE
Nord Est, Ondoua Menyié Paul Aimé Chef de groupement BENE Sud Est
et Sa Majesté Oyono Owono Joseph Chef de 3e degré
d'Awäe, qui nous ont donné libre accès à leur
documentation, ce qui nous a allégé la tâche dans cette
entreprise de collecte des données.
L'analyse documentaire nous a beaucoup édifié
sur notre objet d'étude, dans la mesure où elle nous a fourni
les informations difficiles à recueillir sur le terrain. Mais elle reste
particulièrement insuffisante en anthropologie politique, qui demande
que le chercheur soit immergé dans la société qu'il
étudie. D'où l'importance de l'enquête de terrain et de
l'observation participante.
B- Les techniques vivantes
L'enquête est une procédure dont le but est de
collecter des données sur le terrain (Alpe, 2005 : 80). Dans ce
travail, nous avons opté pour l'enquête par entretien,
semi-directif, où l'enquêteur oriente par des relances le discours
du sujet, pour qu'il aborde un certain nombre de points définis à
l'avance dans le protocole de recherche (Alpe, 2005 : 81). Notre travail
porte sur toutes les Chefferies de l'Arrondissement de Nkol-Metet, mais nous
avons principalement effectué nos enquêtes dans les Chefferies
suivantes : la Chefferie de groupement BENE-Nord-Est sis à
Metet-Centre dit Mbama Metet; la Chefferie de groupement BENE -Sud -Est
sis à Nkol-Ekabili ; les Chefferies de 3e degré
de Metet-Centre ; d'Awäe ; d' Obout; de Ngoantet II, Nkolya
III ; Efoulan ; Oveng ; Yembäe ; Nkol-Ekabili ;
Soa si...Ces Chefferies ici sont mises en exergue, parce que nous y avons
séjourné à plusieurs reprises et intensifié dans
celles-ci, notre recherche. Dans ces Chefferies, nous avons interrogé
les Chefs traditionnels, leurs représentants notables des lieux,
certaines élites et responsables des associations, afin de mieux cerner
les contours de leurs interactions dans celles-ci. Nous avons également
interrogé les Autorités Administratives telles que le Sous
-Préfet de Nkol-Metet, Madame Lombo Sylvie Chantal et le Commandant de
Brigade de la Gendarmerie de Nkol-Metet, Adjudant Chef, Agodi Patrice. Pour
avoir une lecture du `'bas'', nous avons interrogé les personnes selon
le genre et l'ethnie. Dans ce registre, les motocyclistes ont constitué
la principale source d'informations. Ces enquêtes nous ont permis de
constater que les Chefs traditionnels de Nkol-Metet sont les principaux
initiateurs des projets Communautaires à Nkol-Metet. S'agissant de
l'action des Elites et de certaines associations, celle-ci n'est pas encore
totalement satisfaisante au regard du caractère embryonnaire de leurs
actions qui augurent néanmoins les lendemains meilleurs. En tant
qu'originaire de cette localité, nous avons été
informé par l'observation participante, qui est étroitement
liée à notre quasi permanente présence à
Nkol-Metet. Ce travail, s'est aussi concrétisé grâce aux
méthodes d'analyses qu'il convient maintenant de présenter.
Paragraphe 2 :
Méthodes d'analyses
La méthode est constituée de l'ensemble des
opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontre et les vérifie (Grawitz, 2001 :351). Pour parvenir
aux réalités que nous poursuivons, nous avons essentiellement
mobilisé l'interactionnisme à travers une double posture :
une posture symbolique et une posture pragmatico-stratégique.
L'interactionnisme, est une méthode
qui a été introduite par les sociologues de l'Ecole de Chicago,
et en particulier par Robert Ezra Park et Ernest Burgness. Ces sociologues se
sont inspirés du sens que donnent à ce terme les physiciens.
Cette méthode se donne pour objectif de mettre en avant les
`'rôles'', les `'relations'', les `'choix'', les aspirations des acteurs
(Badie / Birbaum/ Braud, 2001 : 142- 143). Trois interactionnistes
ont su porter le flambeau de cette méthode. D'abord, Talcott Parsons
mobilisera cette méthode dans le sillage de l'interaction sociale comme
le processus social général, qui constitue le fondement de la
cohésion sociale. Ensuite Howard Becker qui s'inscrit dans la
même optique que Talcott. Pour lui, les individus peuvent s'engager dans
les interactions intenses sans jamais se rencontrer physiquement. De plus, les
interactions se produisent aussi entre groupes et organisations. (Alpe et al,
2005 :134). Enfin, Erving Goffman, quant à lui, viendra
systématiser l'interactionnisme symbolique élaboré par
Georges Mead, Herbert Blumer (Abderrahim, 2000 ; Grawitz, 2001 :137).
Selon Goffman, par interaction, on entend à peu
près l'influence réciproque que les partenaires exercent sur
leurs actions respectives lorsqu'ils sont en présence physique
immédiate les uns et les autres. (Alpe et al, 2005 :134). A la
différence de Talcott Parsons et Howard Becker, Erving Goffman met au
centre de son interactionnisme la `'relation sociale'' il affirme à cet
effet : « Le monde en vérité est une
cérémonie ».En d'autres termes, les acteurs y exposent
leur personnage, qu'ils veulent crédible en utilisant les ficelles de la
dramatisation, mystification, idéalisation, les représentations
frauduleuses. Autant de techniques pour ne pas perdre la face. Ainsi dit, il se
dégage de l'interactionnisme une posture symbolique. L'interactionnisme
politique sera également mobilisé dans ce travail.
En effet, l'interaction politique en tant que grille
d'analyse permet de comprendre et de vérifier quel type de relation
relie diverses unités sociales et structure les rapports que les
unités entretiennent (Jacques Lagroye cité par
Nuembissi Kom, 2007 :24). C'est ainsi que les métaphores du
« jeu » et de « marché »
permettent de rendre compte des rapports de pouvoir et les relations entre
agents dans une perspective relationnelle et dans des systèmes
d'interaction. Cette démarche cherche à expliquer pourquoi telle
unité sociale participe à l'interaction, ses
intérêts à « entrer dans le jeu », les
comportements qu'elles parviennent à imposer et les ressources dont
elles disposentdans la compétition. La perspective interactionniste
combine ainsi analyse des contraintes et stratégies des acteurs,
pesanteurs structurelles, et dynamiques individuelles ou collectives (Olivier
de Sardan, 1995 : 40).
Cette méthode nous permettra ainsi d'analyser
l'ensemble des interactions entre les Chefs traditionnels, les élites et
d'autres forces politiques sur la sphère cheffale Bene de Nkol-Metet et
autour du pouvoir local qui constitue ici l'enjeu principal. Elle permettra par
ailleurs de prendre en compte les rapports de force et les
phénomènes d'inégalités, l'accent étant mis
ici comme le relève Olivier de Sardan (1995 : 40) « sur
les ressources des acteurs sociaux « d'en bas » et
leur marge de manoeuvre ». Elle nous permettra également de
déterminer et de comprendre les relations de coopération, de
domination, de concurrence et d'antagonisme des intérêts qui
s'établissent entre les acteurs sociaux dans l'arène politique de
Nkol-Metet.
Bailey Frédérick (1971), inscrit
également ces travaux dans le sillage de l'interactionnisme politique,
mieux de l'interactionnisme pragmatico-stratégique qu'il a
élaboré dans son ouvrage intitulé, « les
règles du jeu politique ». En effet, pour Bailey,
l'interactionnisme est mobilisé pour examiner les situations de conflit
au sein des arènes de développement en situant l'observation
à l'interface entre société locale et les actions de
développement. Ainsi dit, il devient possible d'identifier les
élites émergentes, mieux, de déterminer le leadership
politique qu'il configure dans la notion `'d'équipe politique'' (voir
aussi Frédérick Sawicki, 2003 :71-88). En d'autres termes,
l'interactionnisme dans la posture de Bailey nous permettra d'étayer
l'affrontement des groupes stratégiques pour le contrôle des
Chefferies traditionnelles à Nkol-Metet. A travers la notion de code
normatif, nous verrons comment les acteurs sociaux se servent des normes pour
se positionner dans l'arène de la Chefferie traditionnelle à
Nkol-Metet. Enfin, la mobilisation de la notion du code opérationnel,
nous permettra davantage d'élucider les ressorts pragmatiques et
stratégiques des forces politiques de Nkol-Metet pour la reviviscence
des Chefferies traditionnelles.
Nous souscrivons dans ce travail à ces deux approches
qui nous permettront de dégager l'influence réciproque que les
différents protagonistes de la réviviscence (Chefs traditionnels,
élites et responsables d'associations) de la Chefferie à
Nkol-Metet exercent sur leurs actions respectives.C'est ainsi, que nous serons
amenés à mettre en exergue les rapports entre les Chefs de
groupements et les Chefs de 3e degré ; entre Chefs
Traditionnels et les Elites /Associations politiques et non apolitiques.
Bref, l'interactionnisme nous permettra de mieux évaluer les coûts
et bénéfices que tirent les acteurs de la reviviscence et les
populations de Nkol-Metet de ces différentes interactions.
Paragraphe 3 : Les articulations de
l'étude
Ce travail est bâti autour de deux parties. La
première partie, intitulée :Les ressorts normatifs
et affectifs de la Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à
l'ère de la libéralisation politique. Cette partie nous
permettra d'évaluer l'ordonnancement juridique de la Chefferie
traditionnelle au Cameroun, mieux, il nous permettra d'analyser le niveau
d'institutionnalisation des Chefferies traditionnelles au Cameroun. Toutefois,
il sera opportun d'expliciter le répertoire coutumier comme étant
un substrat très déterminant pour une meilleure saisine de la
Chefferie traditionnelle Bene à Nkol-Metet. C'est ainsi que pour mieux
décrypter cet état de choses, nous avons subdivisé cette
partie en deux chapitres. Le premier chapitre intitulé :
Les ressorts normatifs de la Chefferie traditionnelle Bene de
Nkol-Metet à l'ère de la libéralisation
politique; le deuxième chapitre est intitulé :
Les ressorts affectifs de laChefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet
à l'ère de la libéralisation politique. La
deuxième partie intitulée : Les ressorts
pragmatiquesde laChefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à
l'ère de la libéralisation politique, a pour objectif
d'analyser l'activisme sociopolitique et socioéconomique des Chefs
traditionnels, des élites, des forces politiques autour des Chefferies
traditionnelles à Nkol-Metet comme des gages leur permettant soit de
s'assurer un rayonnement politique ; soit alors de conforter leurs
assisses politiques. Pour ce faire, deux chapitres meublent cette partie. Le
premier chapitre de cette deuxième partie est
intitulé : Les ressorts stratégiques delaChefferie
traditionnelle Bene de Nkol-Metet à l'ère de la
libéralisation politique; enfin, le deuxième chapitre de
cette partie est intitulé :Les ressorts pragmatiques de la
Chefferie traditionnelle Bene à Nkol-Metet à l'ère de la
libéralisation politique.
Première partie :Les
ressorts normatifs et affectifs de la Chefferie traditionnelle Bene de
Nkol-Metet à l'ère de la libéralisation politique
La Chefferie traditionnelle au regard du Décret du 15
juillet 1977 portant organisation de la Chefferie traditionnelle au Cameroun,
qui l'encadre juridiquement au Cameroun, est considérée comme un
élément de l'organisation administrative et territoriale et comme
Nach Mback le souligne :
« laChefferie traditionnelle est
d'abord une collectivité humaine établie sur une position du
territoire de l'Etat. Elle est ensuite le cadre d'exercice de ses
compétences par une autorité généralement
dénommée Chef traditionnel » (Nach Mback,
2000 : 77).
Ainsi dit, la Chefferie traditionnelle au Cameroun est
à la croisée des chemins entre l'ordre institutionnel
étatique et l'ordre institutionnel coutumier. En d'autres termes, la
Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet comme ses consoeurs d'autres
sphères, trouve ses fondements dans un double répertoire. D'une
part, nous avons un répertoire normatif à travers des textes
législatifs, mieux, de la règle de droit et les lois
coutumières ; d'autre part, d'un répertoire affectif qui
lui-même est lié à l'historicité et à la
cosmogonie des Bene de Nkol-Metet.
Au demeurant, pour mieux lire les trajectoires normatives et
affectives de la Chefferie traditionnelle à Nkol-Metet, deux chapitres
meubleront cette partie. Le premier chapitre qui est
intitulé,Les ressorts normatifs de la Chefferie traditionnelle
Bene de Nkol-Metet à l'ère de la libéralisation politique
nous permettra de faire une évaluation des textes
législatifs régissant la Chefferie traditionnelle au Cameroun,
et surtout étayer sur leur impact à l'ère de la
libéralisation politique. Ce chapitre nous permettra également
d'évaluer la permanence des normes coutumières comme l'un des
bras séculier régissant la Chefferie traditionnelle. Le
deuxième chapitre intitulé, Les ressorts affectifs de
laChefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à l'ère de la
libéralisation politique, consiste à élucider les
dynamiques ethnico politiques et politico ethniques, comme le creuset où
se forge l'affection de la Chefferie traditionnelle Bene à Nkol-Metet et
surtout à évaluer leur pesanteur à l'ère de la
libéralisation politique.
Chapitre1 : Les ressorts
normatifs de la Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à
l'ère de la libéralisation politique
La Chefferie traditionnelle au Cameroun est régie par
le Décret N°77/245 du 15 juillet 1977 portant organisation des
Chefferies traditionnelles. Ce décret pris à l'époque du
monolithisme au Cameroun demeure le texte de référence de la
Chefferie traditionnelle au Cameroun. Au-delà de son effort de
codification de l'institution Cheffale, ce décret brille par son
éclectisme dans la mesure où il tient compte de la
diversité coutumière, qui est consubstantiellement liée
à la diversité culturelle du Cameroun. C'est pourquoi l'article 6
dudit décret stipule :
« Toute Chefferie Traditionnelle est
placée sous l'autorité d'un Chef, assisté d'un conseil de
notables, formé selon la tradition locale ». Aussi l'article 8
du même décret, dans le même ordre d'idées
stipule :
« Les Chefs Traditionnels sont, en principe, choisis
au sein des familles appelées à exercer coutumièrement le
commandement traditionnel ».
Au demeurant, malgré la forte prégnance de ce
décret, qui continue à porter ses effets juridiques à
cette ère de la libéralisation politique au Cameroun, la
Constitution du 18/01/1996 essaye relativement et implicitement de
reconnaître la place de la Chefferie traditionnelle au Cameroun. En
effet, en son article Ier, la Loi fondamentale camerounaise affirme
reconnaître les valeurs traditionnelles conformes aux principes
démocratiques, aux droits de l'Homme et à la loi. Ce faisant,
parler des valeurs traditionnelles, sous entend implicitement qu'on fait
référence aux Chefferies traditionnelles car celles-ci sont les
gardiennes de nos traditions. C'est dans cette veine que Momo Bernard
affirme :
« La Chefferie traditionnelle représente
avant tout la valeur culturelle d'un village, d'une tribu ou d'une
ethnie » (Momo Bernard cité par Nach Mback
2000 :83).
A l'ère de la libéralisation politique au
Cameroun, certains décrets organisant la structure gouvernementale ont
tenu compte de la place de la Chefferie traditionnelle. A titre d'exemple, les
Décrets n°2004/320 du 08 décembre 2004 portant organisation
du Gouvernement en son article 5(a) et n°2005/104 du 13 avril 2005
portant organisation du Ministère de l'Administration Territoriale et de
la Décentralisation dans son article Ier (2a) reconnaissent
au dit Ministère, les prérogatives relatives à
l'organisation et au suivi de la Chefferie traditionnelle.
L'objectif de ce chapitre est ainsi clair, dans la mesure
où il nous permet d'étudier les répertoires normatifs de
la Chefferie traditionnelle au Cameroun en général et de la
Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet en particulier. Ainsi dit,
l'ossature de ce chapitre est bâtie autour de deux sections. La
première section étudie la prévalence des normes
juridiques à l'ère de la libéralisation politique. Tandis
que la deuxième section analyse la récessivité des normes
coutumières de la Chefferie traditionnelle à l'ère de la
libéralisation politique.
Section 1 : La prévalence maintenue des normes
juridiques à l'ère de la
libéralisation politique
L'essentiel de la législation sur la Chefferie
traditionnelle au Cameroun est l'oeuvre de l'Administration. En d'autres
termes, c'est l'Etat qui détermine le champ de compétence de la
Chefferie traditionnelle. C'est pourquoi Kamto 32(*)affirme : « quand l'Etat
avance, la Chefferie recule, quand la politique s'installe, la Chefferie
socio-historique éclate » (Kamto cité par Nach
Mback 2000 : 114). Dans le même sillage Claude-Hélène
Perrot, affirme : « l'Etat dispose face à la
Chefferie de l'arme juridique par laquelle il peut à sa guise
reconnaître ou ne pas reconnaître son existence »
(Claude-Hélène Perrot cité par Mouiche,
2005a :19).
En d'autres termes, les normes régissant la Chefferie
traditionnelle au Cameroun sont prises à l'extérieur de ces
institutions. C'est dans cet ordre d'idées, que Nach Mbach
(2000 :93), fait de la Chefferie traditionnelle au Cameroun un
« acteur juridique extraverti ». Cependant même
à l'ère de la libéralisation politique la Chefferie
traditionnelle reste fortement dépendante des normes prises à
l'ère coloniale33(*) et réévaluées par le
décret de 1977 et d'autres lois connexes à l'instar de la Loi
n°79/17 du 30 Juin 1979 relative aux contestations soulevées
à l'occasion de la désignation des Chefs traditionnels ; la
Loi n° 80/31 du 27 novembre 1980 dessaisissant les juridictions des
affaires relatives aux contestations soulevées à l'occasion de la
désignation des Chefs traditionnels ; le Décret
n°77/245 du 15 juillet 1977 portant organisation des Chefferies
traditionnelles, modifié et complété par le Décret
n°82/241 du 24 Juin 1982 ; l'Arrêté conjoint
N°82/MINAT/DOT/MINFI/B fixant le taux de la prime d'efficacité
à attribuer aux Chefs traditionnels ; l'Arrêté
n°57/A/MINAT/MINFI du 26 février 1983 fixant le taux d'allocation
fixe à attribuer aux Chefs Traditionnels de premier et deuxième
degrés et la lettre ministérielle déterminant
spécifiant les attributions du Collège des Notabilités
Coutumières en matière de désignation des Chefs
traditionnels .
Dans le cadre de cette section, il nous apparaît
judicieux avant d'examiner le niveau d'intégration de la Chefferie
traditionnelle par la Constitution de 1996, qui inscrit officiellement le
Cameroun dans le chantier de la démocratisation, il nous revient
d'abord, d'examiner la persistance du Décret de 1977, comme le
référentiel juridique par excellence organisant la Chefferie
traditionnelle à l'ère de la libéralisation politique au
Cameroun.
Paragraphe 1 : La persistance
du décret de 1977 comme référentiel juridique organisant
la Chefferie traditionnelle à l'ère de la libéralisation
politique
Le Décret de 1977 est le décret qui donne un
sens juridique à la Chefferie traditionnelle. Ce Décret qui
compte 40 articles, est un corpus juridique qui prévoit les dispositions
relatives à l'organisation de la Chefferie traditionnelle sur une base
territoriale 34(*);
à la désignation des Chefs ; les attributions et avantages
attachés aux fonctions de Chef traditionnel ; les garanties et
disciplines des Chefs traditionnels... Ce qui nous intéresse
principalement dans ce décret, c'est le statut qu'il réserve
à la fonction de Chef traditionnel. L'article 20 dudit décret
fait du Chef traditionnel un Auxiliaire de l'Administration. C'est la raison
pour laquelle, dans le cadre de ce paragraphe, nous analyserons d'abord la
fonction du Chef traditionnel comme Auxiliaire de l'Administration ;
ensuite nous allons dégager l'obsolescence de ce statut à
l'ère de la libéralisation politique.
A- Le Décret de
1977 et la consécration du Chef traditionnel comme Auxiliaire de l'
Administration
Le statut juridique du Chef traditionnel comme Auxiliaire de
l'Administration dénature quelque peu l'institution de la Chefferie
traditionnelle au Cameroun. Car ce décret établit surtout les
attributions du Chef traditionnel vis-à-vis de l'Etat au
détriment de la communauté dont il est le Chef. Au regard de cet
état de chose, il se dégage une confusion dans le statut
juridique du Chef traditionnel. Selon Nach Mback, les Chefferies
traditionnelles n'appartiennent ni au registre de la déconcentration, ni
à celui de la décentralisation administrative. Dans le sassement
de ses idées, il fera de cette institution : « un
sujet juridique non identifié ». (Nach Mback 2000 :78).
Pourtant, ce décret consacre formellement les Chefs traditionnels, comme
Auxiliaires de l'Administration. C'est dans ce sillage que Ngnepi (2007)
renchérit l'idée que les Chefferies participent du processus de
la déconcentration, dans la mesure où toutes les directives les
concernant viennent du pouvoir central. Toutes choses étant
égales par ailleurs, l'essentiel de la fonction du Chef au regard du
Décret de 1977 notamment dans son article 20 renchérit
l'idée selon laquelle la Chefferie sert principalement les ambitions de
l'Etat. Cet article stipule :
Auxiliaires de l'Administration, les Chefs
Traditionnels sont notamment chargés :
- de transmettre à la population les directives des
autorités administratives, et d'en assurer l'exécution ;
- de concourir, sous la direction des autorités
administratives compétentes, au maintien de l'ordre public et au
développement économique, social et culturel de leurs
unités de commandement ;
- de recouvrer les impôts et taxes de l'Etat et des
autres collectivités publiques, dans les conditions fixées par la
réglementation ;
Indépendamment des tâches qui
précèdent, les Chefs Traditionnels doivent accomplir toute autre
mission qui peut leur être confiée par l'Autorité
Administrative locale.
Au demeurant, d'après tout ce qui
précède, il est assez visible que ce décret a quasi
ignoré la dimension traditionnelle de la Chefferie traditionnelle, le
rôle du Chef dans sa communauté et a surtout transformé les
Chefs traditionnels en collecteurs d'impôts. C'est dans cette optique que
pour Towa (2006), la Chefferie traditionnelle est née en pays
Béti pour faire des économies pour les puissances colonisatrices.
Du reste, à l'ère de la libéralisation politique au
Cameroun, le décret de 1977 mérite d'être
actualisé.
B- Obsolescence du
Décret de 1977 à l'ère de la libéralisation
politique
Le Décret de 1977 a été
édicté à l'ère du monolithisme ; or dans ce
contexte, les logiques jacobines étaient très mobilisées
et les pouvoirs publics se méfiaient de toutes forces politiques
centrifuges (Ahmadou Ahidjo, 1968 : 20). C'est pourquoi ce décret a
quasiment assujetti la Chefferie traditionnelle à l'Administration.
Avec la libéralisation politique, les Chefs
traditionnels ne sont plus que des simples Auxiliaires de l'Administration, ils
sont désormais des partenaires de l'Etat. La décentralisation
qui est née de la libéralisation politique au Cameroun oblige
conjoncturellement les Chefs traditionnels à être à la
fois des relais de l'Administration mais aussi, les promoteurs du
développement local dans leur communauté. En d'autres termes, les
Chefs traditionnels au Cameroun sont devenus les Auxiliaires de l'Etat au
service de l'Etat et des metteurs en scène du développement de
leur communauté dans les domaines économiques ;
éducatif ; sanitaire et culturel. Mouiche affirme dans ce
sillage : « les Chefs sont les acteurs du
développement local ; certes, ils font partie de la
société politique en tant que suppôt du pouvoir, en leur
qualité d'auxiliaires de l'administration, mais en même temps, on
les retrouve dans la sphère civile ». (Mouiche
2005b :1). Djateng (2007) corrobore cette idée en
affirmant : « les Chefferies traditionnelles peuvent
féconder le développement local en ce sens qu'elles
recèlent en leur sein des structures de concertations de
pouvoirs ; des lieux d'analyse et de création de modèles
alternatifs de développement ».
A Nkol-Metet, cela est déjà visible, les Chefs
traditionnels sont au centre des dynamiques locales35(*) et sont de plus en plus
associés à proposer leur vision sur le plan du
développement communautaire de ce terroir.
Au regard des fonctions que leur impose la nouvelle
conjoncture politique, dans laquelle les Chefs traditionnels se trouvent, le
Décret de 1977 ne permet pas suffisamment de rendre compte de la
fonction actuelle de la Chefferie traditionnelle au Cameroun.
Paragraphe 2 : La
Constitution de 1996 et la faible institutionnalisation de la Chefferie
Traditionnelle
La Constitution du 18 janvier 1996 inscrit le Cameroun dans
le processus de la décentralisation qui est une preuve palpable de la
démocratisation dans ce pays. En son article Ier il est
stipulé : « La République du Cameroun est un
Etat unitaire décentralisé ». la
décentralisation vise à donner une plus value aux
collectivités locales, mieux , elle offre aux populations des
opportunités de prendre directement part aux processus de prise de
décisions locales dans les domaines économiques, politiques,
culturels, éducatifs et sanitaires... Pour ce faire, deux instances la
garantissent à savoir : les Régions et les Communes (Cf.
article 55 alinéa 1 et 2). En scrutant de près les
Chefferies Traditionnelles au Cameroun, on se rend compte qu'elles s'imposent
de plus en plus comme les leviers des dynamiques locales (Cf. revue de la
littérature) ; la loi constitutionnelle n'a pas réussi
à les intégrer officiellement comme des instances pléniers
du processus de la décentralisation pourtant, celles-ci jouent
grandement un rôle dans ce processus.
Malgré la faible implication de la Chefferie
traditionnelle au Cameroun par la Constitution du 18 janvier 1996, le
législateur camerounais a relativement prévu une place à
la Chefferie traditionnelle. D'abord en son article Ier
alinéa 2, elle reconnaît et protège les valeurs
traditionnelles ; or les Chefferies sont les gardiennes de nos
valeurs36(*)
traditionnelles. Ensuite dans son article 55 alinéa 1 laisse
transparaître une brèche de création de
collectivités territoriales,cet article stipule : «
les collectivités territoriales décentralisées de la
République sont les Régions et les Communes. Tout autre type de
collectivité territoriale décentralisée est
créé par la loi ». Il revient donc aux pouvoirs publics
d'exploiter vivement cette disposition conservatoire. Enfin l'article 57
apparaît comme la disposition qui implique explicitement la Chefferie
dans le processus de la décentralisation en ce sens qu'il fait du Chef
traditionnel, un acteur de la Région, mieux, fait du Chef Traditionnel
membre de droit du Conseil régional. L'article 57 alinéa 2 le
précise en ces termes :
« le Conseil régional37(*)est l'organe
délibérant de la Région. Les conseillers régionaux
dont le mandat est de cinq (5) ans sont :
- Les délégués des départements
élus au suffrage universel indirect,
- Les représentants du commandement traditionnel
élus par leurs pairs ».
Au demeurant, il appert que les ressorts normatifs juridiques
de la Chefferie traditionnelle se trouvent être le Décret de 1977
qui, de plus en plus , devient désuet et la Constitution de 18
janvier 1996 qui implique quasi implicitement la Chefferie traditionnelle ceci
peut-être justifié par le fait que de nombreux analystes
politistes voient en cette réforme constitutionnelle une modernisation
conservatrice (voir Sindjoun, 1994 ; Owona Nguini 1998 :63). Il
devient donc impérieux comme nous l'exhorte Nach Mback, de donner
à la Chefferie traditionnelle son véritable sens. Il
dit :
« la texture organique et
l'armature juridiques qui régissent les Chefferies traditionnelles au
Cameroun sont à décolonialiser afin de transformer ces
institutions en instance de promotion des identités et des cultures, en
cadres de développement aux côtés des régions
juridiquement émancipées » (Nach Mback,
2000 :60).
A côté de la règle de droit, la coutume
produit des normes spécifiques à une culture donnée
d'où son caractère récessif comme norme régissant
la Chefferie traditionnelle. La coutume est aussi l'élément qui
permet de singulariser une Chefferie d'une autre.
Section 2 : Le caractère récessif des
normes coutumières de la Chefferie traditionnelle à l'ère
de la libéralisation politique
La coutume est un ensemble de comportements plus ou moins
obligatoires, en général validés par
référence aux ancêtres. Elle a pour fondement la tradition.
La répétition sans exception confirme sa valorisation sociale.
Son origine est le plus souvent immémoriale et sans texte. Ces
caractéristiques la distinguent de la loi dont l'origine est
précise, connue et dont les règles sont écrites (voir
Grawitz, 2004 : 96-97). Mappa affirme dans cette veine que :
« Ce qui est supposé distinguer
le pouvoir moderne du pouvoir traditionnel est qu'en réalité, le
premier a des documents, qui sont réglementés (code civil,
constitution, décrets) ; par contre le Chef coutumier travaille
sans constitution et sans documents écrits, il s'agit de deux pouvoirs
parallèles, l'un étant dépositaire du pouvoir
administratif, et l'autre, du pouvoir ancestral » (Mappa
1998 : 181).
La récessivité de la coutume est liée par
le fait qu' elle prescrit des normes spécifiques à un groupe
social déterminé et de ce fait vient compléter le
caractère général et impersonnel des textes
législatifs. En d'autres termes, la coutume étant un usage ayant
acquis une épaisseur dans le temps et l'espace lui confère un
caractère obligatoire et est aussi l'élément
distinctif d'un groupe social, dans la mesure où chaque groupe social
à des usages qui fondent sa particularité. Ainsi dit, quoique les
textes législatifs s'imposent comme les référentiels
juridiques régissant la Chefferie traditionnelle au Cameroun, les
coutumes leur donnent un sens concret. A titre d'exemple, l'article 6 du
décret de 1977 prévoit que le Conseil de notables soit
institué selon la tradition locale.
La présente section a pour objectif d'expliciter la
place de la coutume dans l'échiquier des normes régissant la
Chefferie traditionnelle. Pour ce faire, il est question pour nous dans une
première perspective, d'élucider la coutume comme cadre de
dévolution et d'exercice du pouvoir traditionnel, et ensuite, nous
aborderons la relativisation de la norme coutumière à
l'ère de la libéralisation politique.
Paragraphe 1 : La coutume
comme cadre de dévolution et d'exercice de Traditionnelle
Pour Weber
(1919 :30), le pouvoir trouve sa raison d'être dans la domination.
La domination résulte du recours à la puissance pour obtenir
l'exécution des décisions. Elle aboutit à une
dissymétrie totale entre dominants et dominés.
L'obéissance est consentie lorsque l'autorité est
légitime. Cette légitimité peut être soit
traditionnelle, c'est-à-dire, qu'elle repose sur les valeurs de la
tradition ; soit charismatique, quant à elle repose sur les valeurs
de la personne du Chef ; soit encore rationnelle, dans ce cas, elle repose
sur le droit et la compétence.
Pour le moment, nous porterons particulièrement
notre attention sur la première et la deuxième forme de
légitimité, qui correspondent respectivement aux fondements
coutumiers du pouvoir traditionnel chez les Bene en général et
les Bene de Nkol-Metet en particulier.
Dans le cadre de ce paragraphe,
nous analyserons d'abord la coutume comme cadre de dévolution du pouvoir
chez les Bene ; avant d'en examiner l'exercice du pouvoir traditionnelle
dans cette aire culturelle.
A- La coutume comme cadre
de dévolution du pouvoir traditionnel
La coutume est la norme qui est en premier
mobilisée pour désigner le détenteur du pouvoir
traditionnel chez les Bene. En d'autres termes, la dévolution du pouvoir
chez les Bene est basée sur deux instances : la Coutume comme
corpus des normes non écrites et le charisme des individus.
1- La coutume, première instance de
dévolution du pouvoir chez les Bene
Chez les Bene, les règles coutumières
constituent le substrat juridique qui régit les individus dans cet
espace culturel. En d'autres termes, dans cette communauté,
l'autorité est d'abord celle de l'Eternel d'hier, c'est-à-dire,
celle des coutumes sanctifiées par leur validité
immémoriale et par l'habitude enracinée en l'homme de les
respecter. De cette coutume, il appert que les aînés sont
foncièrement les bénéficiaires du pouvoir traditionnel.
Un adage Béti le renchérit si bien en ces
termes :« ntôl mon meyian
m'esia » ; en d'autres termes, cela signifie que le fils
aîné est considéré comme le dauphin de son
père.
Au demeurant, il en est plus de doute que chez les
Bene comme dans l'ensemble du complexe Béti, que le pouvoir soit
ancré autour du droit d'aînesse38(*), le Ntol ou le Nyamoro (l'aîné) est la
clé de voûte en vertu du principe de la sagesse qui, chez les
Béti, dépend d'un âge suffisamment avancé.
Cependant, la prééminence de l'aîné dépend de
celle du lignage aîné. L'aîné, pour gouverner, a
besoin de la reconnaissance de son équité, ou son
efficacité par les membres de son groupe ; en d'autres termes, tous
ses pouvoirs lui sont reconnus de façon consensuelle,39(*) afin qu'il puisse exercer. A
contrario, ce ne serait pas possible.
Ainsi dit, les logiques gérontocratiques sont
enracinées dans les usages Bene .On fait davantage confiance aux plus
anciens, qui sont de ce fait très écoutés. Mais comme
Kpwang le fait remarquer, l'aîné n'a pas toujours permis
l'implantation des Chefferies efficaces (voir Kpwang 2007 : 77).
Au-delà de la force coutumière comme
dévolution du pouvoir chez les Bene, la dévolution du pouvoir
peut emprunter un autre canon qui est celui du charisme.
2- Le charisme, deuxième instance de la
dévolution du pouvoir chez les Bene
Le charisme est considéré comme l'une des
qualités exceptionnelles, grâce auxquelles un individu exerce une
influence sur les autres individus. Selon Weber,40(*) le charisme peut ressortir de
trois ordres : le premier étant personnel. Exemple : un Chef
de guerre, un Chef politique ou une virtuose religieuse (prophète ou
magicien). En second lieu, le charisme héréditaire, qui tient au
prestige de la lignée (cas des monarchies héréditaires).
Enfin le charisme de fonction41(*), qui ne découle pas des mérites
personnels de l'individu mais de sa place dans une institution. Par exemple, le
Chef au sein d'une Chefferie dispose d'un charisme de fonction, alors que le
Chef d'un réseau épistémique dispose d'un charisme
personnel. Toutes choses étant égales par ailleurs, chez les
Bene ces trois types de charismes peuvent se manifester cumulativement chez un
individu. Cependant dans cette aire culturelle, le charisme du Chef se
résume dans sa bravoure, son éloquence, son habileté, son
partage des richesses... (Voir Ongodo, 2005 : 31; Laburthe-Tolra,
1981 : 358-359). Mais pour mieux lire toutes ses valeurs, nous les avons
regroupées dans deux registres, l'Ayog (courage) et
l'Akab (générosité).
2-1- L'Ayog (courage)
Dans ce premier registre, nous analyserons les
éléments qui forgent le pouvoir du Chef. Nous avons en premier
lieu, le don de la parole et l'éloquence,42(*) et ensuite la condition
physique, qui sont les éléments importants pour s'imposer chez
les Bene /Béti.
S'agissant de l'art oratoire, il constitue un
véritable atout pour posséder son auditoire. C'est par cette
qualité que chez le béti le Chef est souvent qualifié de
Ndzoé ou Ndjobôt, « c'est-à-dire, celui qui parle
au nom du groupe » tout entier. Son éloquence, et/ou son
maniement de la langue doit faire montre de sa connaissance des proverbes
béti notoirement, si possible. Et le Conseil des anciens d'appuyer
péremptoirement.
En dehors du maniement de la langue, le physique du leader
était parfois un atout pour s'imposer, ou digne d'admiration.
Autrefois, la condition physique était aussi
nécessaire pour s'imposer comme Chef. Laburthe-Tolra (1981 : 359)
décrit bien le rôle du physique dans la gouverne du peuple en ces
termes : « la tradition Béti est nette sur les
traits de caractère qui vont permettre à un individu de s'imposer
comme Chef. Le premier, qui n'est pas suffisant, mais qui est commun sans
être obligatoire, est sa force physique, nécessaire d'ailleurs
à tout garçon pour être vrai homme ».
Selon la cosmogonie Bene, Nnë Bodo, qui est
considéré comme l'ancêtre des Bene, semblait jouir d'une
condition physique impressionnante lui ayant permis de protéger les
siens et surtout ayant permis aux siens de traverser le fleuve
Sanaga43(*) sur le dos
d'un serpent dénommé Ngamedza'a. Selon Laburthe-Tolra,
Nnë Bodo était nanti d'une double supériorité. Il
affirme à cet effet que : « Sa
supériorité magique allait de pair avec sa
supériorité physique et son courage » (Laburthe-Tolra,
1981 :106).
Il ressort de ces deux éléments qui fondent
l'Ayog (le courage) du Chef que ces derniers rentrent dans le registre du
charisme personnel. Cependant, l'Akab (la
générosité) du Chef, doit aussi être lu
à travers son charisme de fonction, et ce charisme de fonction
mérite que l'on s'y attarde.
2-2- L'Akab ou la
générosité
Pour mieux cerner la notion de
générosité, nous allons nous référer
à la richesse du Chefqui, au-delà de celle que constitue les
hommes44(*), doit
être aussi matérielle. En d'autres termes, le Chef doit être
un homme vraiment riche, « Nkukuma », pour pouvoir
redistribuer ; car sa richesse ne lui revient pas totalement ; elle
est pour le groupe, c'est pourquoi le Chef, chez les Bene, est donc
considéré comme un "Ntomba," c'est-à-dire, un homme
distingué auquel le peuple se reconnaît, ou un "Mfan môt".
C'est-à-dire, un vrai homme. C'est-à-dire, un homme capitalisant
des biens et des pouvoirs matrimoniaux, des parents et dépendants,
prestige et influence (voire Bayart, 1989 :281). Cela sous-entend qu'en
plus du capital culturel que lui confère la maîtrise des us et
coutumes, le Chef doit pouvoir avoir un fort capital économique et
social45(*).
Le pouvoir du Chef basé sur la coutume et
l'hérédité revient à faire de la fonction du Chef
traditionnel : " celle qui consiste à instaurer le consensus, en
appesantissant les conflits, sans pourtant chercher à les
élucider, pour instaurer des règles et assurer un lien social
stable" (Mappa 1999 :93).
B- L'exercice du pouvoir
traditionnel chez les Bene
Aborder la question du pouvoir dans la société
traditionnelle Bene, nous inscrit, dans le sillage de l'examen du domaine
politique dans cette société. Selon Lowie (1931), le domaine
politique est l'ensemble des fonctions législatives,
exécutives et judiciaires. Contrairement aux Etats modernes où
des institutions distinctes exercent ces pouvoirs, chez les Bene, la politique
et la parenté sont fortement imbriqués et cela est
consubstantiellement lié au sacro principe du `' Nda bod''
». Quinn (1980) l'affirme également en ces termes:
«A head man's authority was limited to his own
nda bodand here his control as virtually complete».
Aussi, cette imbrication de la parenté et la politique
rend l'exercice du pouvoir un pouvoir diffus, d'où l'assimilation des
sociétés segmentaires à des sociétés
à pouvoir diffus46(*).
Il nous revient dans cette partie d'analyser l'exercice du
pouvoir à travers : le Chef traditionnel et le conseil des
notables ; le représentant du Chef et les Zomloa.
1- Le Chef traditionnel et le Conseil des Notables
Le Chef traditionnel et le Conseil des Notables dans les
Chefferies Bene sont des institutions importées par l'Administration
coloniale et répercutées par l'Etat post colonial. Autrefois
était considéré Chef des grands Chefs de familles
charismatiques, qui avaient une grande capacité de redistribution des
richesses et de protection de leurs peuples.
Toutes choses étant égales par ailleurs, ces
deux organes exercent collégialement deux types de pouvoirs : le
pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.
S'agissant du pouvoir exécutif, les lois
à exécuter ont une double appartenance. Primo, elles
émanent des textes législatifs camerounais, notamment du
décret de 1977, qui font des Chefs traditionnels des Auxiliaires de
l'Administration, et du Conseil des Notables l'organe qui l'assiste dans cette
prérogative (Cf. article 6 du Décret de 1977). Secundo,
les coutumes léguées par les ancêtres. Ceci
étant, l'exercice du pouvoir exécutif par ses deux entités
fait de ces deux acteurs des acteurs hybrides. C'est dans cette veine Elong
Mbassi affirme :
« le citoyen africain émarge
simultanément à trois registres institutionnels différents
et complémentaires : le registre traditionnel, le registre
administratif et le registre religieux » (Elong Mbassi
cité par Nach Mback, 2000 : 79).
A côté de leur rôle d'assistance des Chefs
traditionnels, le Conseil des Notables47(*)joue un rôle prépondérant pour la
désignation des Chefs traditionnels. L'article 11 du Décret de
1977 stipule à cet effet : « Les notabilités
coutumières compétentes, sont obligatoirement consultées
pour la désignation d'un Chef ». Aussi, ce Conseil a aussi un
rôle de contrebalancer l'omnipotence des Chefs traditionnels.
Cependant nous notons qu'à Nkol-Metet que le choix des
notables48(*) n'est pas
toujours rigoureusement effectué et parfois même c'est une
institution virtuelle. C'est dans cet ordre d'idées qu'Amougou
Fidèle49(*)
l'affirmait déjà ainsi :
« chez nous ici à Metet-centre, le
conseil des notables n'est pas véritablement institué ; car,
c'est lorsqu'il y'a un litige que toute personne se trouvant à la
Chefferie est fait notable. En d'autres termes, les notables ici sont des
notables circonstanciels et non des dignitaires assermentés et reconnus
tels ».
Quant au pouvoir judiciaire le Chef traditionnel et son
Conseil de Notables l'exercent également. C'est l'article 21 du
Décret de 1977 qui institue leur compétence en matière
judiciaire. Cet article dispose :
« Les Chefs traditionnels peuvent,
conformément à la coutume et lorsque les lois et
règlements n'en disposent pas autrement, procéder à des
conciliations ou arbitrages entre leurs Administrés ».
Au-delà de l'aspect juridique, l'aspect anthropologique
nous révèle que la viabilité de la fonction du Chef dans
les sociétés traditionnelles dépend fortement du pouvoir
judiciaire en ce sens que, le Chef traditionnel prenait une envergure en
fonction de son habilité à concilier les parties en litiges ou
à établir le consensus dans sa communauté.
Au demeurant, la justice traditionnelle est de plus en plus
délaissée par les populations. Il est allégué que
celle- ci est partiale, notamment quand c'est le Chef traditionnel
lui-même qui désigne ses notables ; la pauvreté
ambiante de certains Chefs a pour conséquence la corruption de ces
derniers, qui prennent parfois des pots de vins avant la résolution des
litiges ; aussi, cette justice est essentiellement inégalitaire
dans la mesure où elle protège grandement les aînés.
C'est ainsi, même s'il s'avère que c'est l'aîné qui
est fautif lors d'un litige, le plus jeune est toujours sommé d'une
sanction50(*). C'est
pourquoi, comme l'affirme Mbala Gallus51(*):
« en observant comment fonctionne notre
système judiciaire traditionnel, s'il nous arrive un problème
avec un aîné, nous allons directement nous rendre à la
gendarmerie, parce que nous avons à faire à un système
judiciaire traditionnel corrompu, qui fragilise par là même la
Chefferie traditionnelle béti ».
Bien que l'autorité de l'exercice de la fonction
judiciaire se soit érodé, des individus recourent
encore à ces tribunaux coutumiers; c'est ainsi qu' à chaque fois
qu'ils sont sollicités, le Chef et ses Notables constituent un
tribunal, pour régler les litiges en fonction des normes
coutumières, tout en préservant la justice des fins et davantage,
privilégier les ententes tacites au détriment de celles
répressives ; bien qu'il existe des prisons traditionnelles
(mimbog). Celles-ci ne consistant pas forcément à un enfermement
de l'individu, mais plutôt à l'ostracisme des individus
malveillants, impertinents et désobligeants.
2- Le Représentant du Chef
traditionnel
Le Représentant du Chef est une institution qui a
réussi à s'imposer avec l'usure du temps. La
quasi-totalité des villages de l'Arrondissement de Nkol-Metet ont un
Représentant du Chef, qui est la véritable cheville
ouvrière de la Chefferie, en ce sens que ce sont ces derniers qui
assurent l'administration quotidienne de leur Chefferie. En d'autres termes,
les Représentants des Chefs exercent aussi les pouvoirs exécutif
et législatif. A Nkol-Metet ces derniers ont le vent en poupe, parce que
la plupart des Chefs traditionnels dans ce terroir sont des fonctionnaires de
l'Etat, ou des hommes d'affaires. D'où leur rôle important car ce
sont eux qui rendent de plus en plus viable les Chefferies au regard de
leur présence permanente au village; c'est pourquoi, ils sont aussi
affectueusement appelés Nkukuma. Leur émergence
résulte aussi du non respect des Chefs traditionnels de l'article 17 du
décret de 1977, qui stipule : « le Chef doit
nécessairement résider sur son territoire de commandement ;
les fonctions de Chef sont incompatibles avec toute autre fonction publique.
Toutefois, l'autorité investie du pouvoir de désignation peut
autoriser le cumul de fonctions, notamment, lorsque la personne
intéressée réside sur le territoire de la Chefferie
concernée ».
Pour devenir Représentant du Chef, soit on est
discrétionnairement désigné par le Chef du village, sur
la base d'une certaine affinité entre le Chef et ce dernier. Du point de
vue strictement juridique, l'article 6 du Décret de 1977 autorise le
Chef traditionnel de désigner au sein du Conseil de Notables, un notable
qui le représente en cas d'absence ou d'empêchement ; ce
dernier peut mettre fin à ses fonctions. Aussi, de plus en plus dans
les usages à Nkol-Metet, ce sont les populations qui désignent le
Notable Représentant du Chef52(*).
Quid des Zomloa ?
3- Les Zomloa
Si l'ensemble des institutions citées plus haut
participent pour la plupart au pouvoir exécutif et judiciaire chez les
Bene, les Zomloa sont beaucoup plus une émanation du pouvoir religieux.
Les Zomloa53(*) sont les
véritables gardiens de la tradition ; ils ont la possibilité
et la capacité d'entrer en rapport avec des puissances surnaturelles.
C'est pourquoi, ils sont considérés comme des oracles et des
bâtonniers ; comme le mentionne Sa Majesté Akoa Amougou
vincent 54(*):
« le Zomloa est la bouche du
village ; il est l'homme du jour et l'homme de la
nuit ».
En d'autres termes, il est le porte parole du village. Par ce
rôle, il contribue à la sacralisation du pouvoir du Chef
traditionnel qui prend exceptionnellement la parole lorsqu'il y a un Zomloa
établi. Le Zomloa est aussi un grand prêtre de la tradition
Béti, il est le relais entre les vivants et les morts ; c'est au vu
de tout cela qu'il est assimilé à un oracle dont le rôle
est la protection de l'intégrité du village contre toutes
agressions mystiques et maléfiques. Ceci s'explique parce que le Zomloa
est fondamentalement sorcier.55(*)
Le Zomloa, au regard de ses prérogatives, a une
influence très grande. Cette influence est souvent source de
conflits56(*) entre les
Chefs et leur Zomloa. Dans l'imagerie populaire des Bene, on assimile le Zomloa
au véritable Chef traditionnel (nkukuma ya nnam) et le Chef du village
au représentant de l'Etat (nkukuma ya ngovina ou nkukuma mintangane).
Mais il n'existe pas d'incompatibilités entre les deux fonctions. A
Nkol-Metet, nous avons pu dénombrer deux Chefs du village Zomloa.
A Nkol-Metet, on dénombre très peu de Zomloa,
car les Bene ont assimilé leurs traditions à celles du
christianisme au point où tout ce qui est tradition relève du
paganisme (nsem). Par contre, de l'autre côté de la rive du Nyong,
notamment dans l'Arrondissement de Ngomedzap, cette institution est belle et
bien enracinée.
Quoique le pouvoir soit diffus, il se dégage une
véritable structuration politique dont la particularité est la
collégialité et la consensualité de l'exercice du pouvoir
dans cette aire culturelle. C'est dans ce canal que Mappa affirme :
« le politique en tant que présence d'un
pouvoir qui commande un groupe est universel ; mais la politique en tant
que pouvoir explicitement institué par la société et
posé comme objet de la délibération collective est une
spécificité occidentale ». (Mappa, 1998 :
89 ; voir aussi Shapera57(*) cité par Aletum, 2001 :211 ).
Paragraphe 2 : La
relativisation de la norme coutumière à l'ère de la
libéralisation politique
La norme coutumière qui permet à la Chefferie
traditionnelle de jouir de son auréole sacrée, est de plus en
plus relativisée. A l'ère de la libéralisation politique,
cela est plus manifeste lorsqu'il faut désigner des nouveaux Chefs
traditionnels. De plus en plus, les phénomènes de Big men
58(*)se font ressentir. Au
Cameroun cet état de chose se traduit par l'inflation des
Ministres-Chefs ; des Directeurs généraux-Chefs. On essaye
de justifier ces phénomènes en argumentant la mue du
système héréditaire par un système capacitaire.
Pour Thomas Paine, cela contribuerait à mieux revaloriser la Chefferie
traditionnelle. Il affirme :
« la succession héréditaire est
une insulte à la postérité. Tous les hommes étant
égaux, aucun d'eux n'a le droit de passer à sa famille le pouvoir
de régner éternellement sur les autres ; car si
lui-même peut mériter que ses contemporains l'honorent, ses
descendants peuvent être tout a fait indignes de partager ses
honneurs » (Thomas Paine in Heritier Mambi, 2010 :28). Pour
Nach Mback cela conduirait au déclin de la Chefferie ; il
déclare : « le vrai mal dont souffre la Chefferie
traditionnelle se trouve dans le dévoiement des valeurs qui fondent sa
respectabilité » (Nach Mback, 2000 :113). Dans une
position médiane Mappa affirme : « le pouvoir
du Chef traditionnel est héréditaire et obligatoire ;
normalement l'héritier ne peut pas le refuser, on peut également
le conquérir par la force ou par l'achat ; mais dans ce cas aussi,
le pouvoir acheté devient héréditaire »
(Mappa 2000 : 102).
Au demeurant, pour mieux apprécier la relativisation de
la norme coutumière notamment à Nkol-Metet, nous serons
amenés de mettre en exergue le caractère administratif des
Chefferies de ce terroir. Cela sera renchéri à travers une
brève évaluation des Chefferies de Groupement nouvellement
fonctionnelles ; ensuite, nous examinerons la convoitise de la direction
des Chefferies traditionnelles en dehors des familles appelées à
exercer coutumièrement le commandement traditionnel.
A- Le caractère
administratif des Chefferies traditionnelles
La notion des Chefferies en milieu Bene est une importation de
la colonisation. A Nkol-Metet on situe leur avènement vers les
années 1900. Selon Laburthe-Tolra A partir de la période
coloniale Française, on s'est contenté d'enregistrer
l'homogénéité globale de la culture et opérer des
regroupements sommaires en « Chefferies » administratives
déterminées du point de vue qui intéressait le
colonisateur au premier Chef, c'est-à-dire, la perception de l'argent
des impôts. Il était plus important de repérer la
sphère d'influence de chaque Chef que d'enregistrer les modalités
exactes de cette influence (Laburthe-Tolra, 1981:32).
A Nkol-Metet à l'ère de la
libéralisation politique, la logique administrative n'a pas
été escamotée. On a pu le constater lorsqu'il fallait
fonctionnaliser les Chefferies de Groupement59(*) dans ce terroir. La conquête de celles-ci ont
donné lieu à des véritables campagnes électorales.
La désignation des Chefs de groupements a mobilisé l'élite
de Nkol-Metet60(*), toutes
obédiences confondues. Ces élites ont constitué des
lobbies autour des candidats qu'ils soutenaient. En d'autres termes, les
logiques des lobbies ont été les facteurs les plus
proéminentes pour désigner les Chefs de Groupement.
B- Le désir du
trône hors des familles à exercer coutumièrement
commandement traditionnel
L'assertion de Jean-François Bayart (1989 :208),
qui fait de la Chefferie, l'un des sites de l'assimilation des
élites61(*), se
confirme à Nkol-Metet. Ainsi dit, la Chefferie traditionnelle fait
l'objet des convoitises en dehors des familles appelées à exercer
coutumièrement le commandement traditionnel. Dans les faits, les Chefs
en place sont de plus en plus menacés par des élites
prétentieuses62(*).
Les quelques cas de décès intervenus dans ce terroir ont permis
de voir des prétendants prêts à faire un hold-up aux
familles des défunts Chefs.
Ces faits illustrent que ni les coutumes, ni même les
textes législatifs ont été exempts des dynamiques de la
libéralisation politique, qui ont permis insidieusement de redonner du
poil à la bête aux Chefferies traditionnelles.
Conclusion partielle
Le présent chapitre avait pour objectif d'examiner les
ressorts normatifs de la Chefferie traditionnelle Bene à l'ère de
la libéralisation politique au Cameroun, force pour nous est de
constater que ces ressorts tiennent sur deux bras complémentaires. Le
premier bras tient sur les textes législatifs, entre autres la
Constitution de 1996 et le Décret de 1977 ; le second bras tient
sur la norme coutumière, qui donne un sens concret à la
règle de droit.
En définitive, dans le contexte de la
libéralisation politique, ces répertoires normatifs
méritent d'être réévalués, afin de donner aux
Chefferies traditionnelles une place plus adéquate entre tradition et
modernité.
Chapitre 2 : Les ressorts
affectifs de la Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à
l'ère de la libéralisation politique
La Chefferie traditionnelle à Nkol-Metet s'est
formée autour des lignages issus de la postérité de
MbarTsogo ancêtre des Bene de Nkol-Metet. La parenté est donc la
règle qui a présidé à la formation des Chefferies
traditionnelles à Nkol-Metet. Cette pratique faisant
référence au système parental n'est pas qu'une
spécificité Bene. Elle est même très
récurrente dans l'espace Béti. Balandier affirme dans cette
veine :
« l'espace pahouin est un espace
où les groupes sociaux sont établis en fonction de la
parenté (Balandier, 1982 : 12).
A Nkol-Metet la Chefferie traditionnelle est née de
deux formes de sociabilités, qui découlent des unions
matrimoniales polygamiques de Mbartsogo ; il s'agit de la
communalisation, qui caractérise les relations sociales de
réciprocité, entre des individus participant à
l'activité sociale, sur la base d'un sentiment subjectif d'appartenance
à une même communauté. Ce sentiment se fonde sur une
dimension affective ou traditionnelle (Alpe 2005 :34) et la
sociation, qui caractérise les relations sociales de
réciprocité entre les individus participant à
l'activité sociale, sur la base de la poursuite des
intérêts communs ou convergents (Max Weber cité par Alpe,
2005 :240 ). Toutes choses étant égales par ailleurs, ces
deux dimensions de la sociabilité sont des dynamiques de l'action
collective et selon Braud :
« C'est la mobilisation des groupes d'individus
tournée en apparence vers des objectifs communs, mais le plus souvent
inspirée par des logiques diversifiées auxquelles un
mécanisme intégrateur donne une efficacité
globale » (Braud, 2008: 778).
L'objectif de ce chapitre consiste à élucider
les ressorts affectifs de la Chefferie traditionnelle Bene, et surtout à
évaluer leur pesanteur à l'ère de la libéralisation
politique. Ceci étant, la trame argumentaire de ce chapitre repose sur
deux sections. La première section va étayer l'émergence
de la Chefferie de Nkol-Metet entre communalisation et sociation comme le
creuset où se forge la légitimité traditionnelle. La
deuxième section, quant à elle, nous permettra de voir
qu'à l'ère de la libéralisation politique ces dynamismes
persistent, mais ont plutôt contribué à fragiliser la
grâce des Chefs.
Section 1 : Les ressorts affectifs de la Chefferie
traditionnelle Bene à Nkol-Metet entrecommunalisation et sociation
La Chefferie traditionnelle en pays Bene, nous le dirions
jamais assez, est une importation de l'Administration coloniale relayée
plus tard par les nouveaux pouvoirs publics indépendants. Selon
Laburthe-Tolra, la formation des Chefferies en pays Bene s'est faite sans une
véritable rigueur ; car l'Administration coloniale s'est
contentée d'enregistrer l'homogénéité globale de la
culture, et a opéré les regroupements sommaires en Chefferies
administratives (Laburthe-Tolra, 1980 :32). Bien que la Chefferie
traditionnelle à Nkol-Metet soit née de la sorte, il n'en va pas
de même, de relever que la communalisation et la sociation ont
été instinctivement mobilisées par les Bene comme mode
d'organisation de leur communauté.
La présente section est bâtie autour de deux
paragraphes. Le premier paragraphe explicite la formation des premières
Chefferies de Nkol-Metet entre communalisation et sociation. Le
deuxième paragraphe, met en lumière la configuration des
Chefferies de groupement actuelles à Nkol-Metet, comme un atavisme de
ces dynamiques de l'action collective.
Paragraphe 1 : Genèse
de la Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet entre communalisation et
sociation
La cosmogonie Bene nous informe que Mbartsogo, qui est
l'ancêtre des Bene de Nkol-Metet eût huit épouses63(*), qui lui donnèrent
quatorze (14) fils. (Laburthe-Tolra, 1981 :147). C'est à partir
d'eux que naîtront les principaux lignages de Nkol-Metet. On notera
cependant des rivalités au sein de cette progéniture. Ces
rivalités constituent en quelque sorte les origines lointaines de la
Chefferie traditionnelle à Nkol-Metet. Le récit de Laburthe-Tolra
est assez explicite à ce sujet. Cet ethnologue nous fait savoir que la
première femme de Mbartsogo s'appelait Baana Wali, donna naissance
à 4 garçons : Amugu Baana, Zang Mengunu, Mbarga Ba'ana,
Evundu Ba'ana. Alors que les autres femmes ne purent engendrer qu'un ou deux
garçons, si bien que lorsqu'il y avait des querelles entre enfants,
Amugu et ses trois frères s'assemblaient et remportaient sur leurs
frères. Mbartsogo appela son fils Essissima et lui ordonna de
réunir ses autres frères pour contrecarrer l'action des fils de
Baana (Laburthe-Tolra, 1981 : 148). Ainsi dit, c'est de la
rivalité consanguine que se dégage l'organisation politico
sociale des Bene de Nkol-Metet, qui a pris les allures de la communalisation et
de la sociation.
A- La Chefferie
Traditionnelle Bene de Nkol-Metet et l'option de communalisation
La communalisation a émergé principalement au
sein du groupe ethnique Mvog Amougou. En effet, c'est le groupe ethnique
majoritaire de par sa supériorité démographique et de par
sa représentativité territoriale. Conscients de ses valeurs qui
sont davantage enrichis par les logiques séculaires de rivalité
au sein du lignage de Mbartsogo, on aboutit avant les années 50 à
un regroupement des villages Mvog Amougou à un pôle du
commandement traditionnel autour de Sa Majesté Samba Obono. Mais il faut
aussi relever que c'est de la forte procréation de Mbala
Messolo64(*), qui
était fils d'Amougou Baana65(*), qui a véritablement permis d'établir
à Nkol-Metet un véritable empire Mvog Amougou ; dans la
mesure où les Mvog Amougou de Nkol-Metet sont essentiellement issus de
sa postérité.
Tableau 3:Configuration ethnique
dans la Chefferie Mvog Amougou
Sous groupe ethnique Mvog Amougou
|
Nombres de villages
|
Noms des villages
|
Mvog Nguélé Nsa
|
02
|
EbomsiI ; Efoulan
|
Mvog Zambo Nsa
|
02
|
Mengueme-Bane ; Metet-Centre66(*)
|
Mvog Medza
|
01
|
Ebomsi II
|
Mvog Mbida Meye et Mbala Ngambala
|
01
|
Obout
|
Mvog Amougou Meye
|
01
|
Bizock
|
Mvog Minfumu
|
01
|
Yop
|
Mvog Owono Metugu
|
03
|
Ayéné, Oveng, So asi, Ndick
|
Elende ( pas Mvog Amougou)
|
01
|
Elende
|
Yembäe ( pas Mvog Amougou)
|
02
|
Yembäe- Nkol-Metet et Zalom
|
Kombé( pas Mvog Amougou)
|
01
|
Kombé
|
Mvog Ndi( pas Mvog Amougou)
|
|
Minorité ethnique présente à
Ayéné
|
Source : enquêtes.
En effet, Samba Obono apparaît comme le tout premier
Chef traditionnel67(*)Mvog
Amougou. Ce dernier était originaire du village Mvog
Amougou d'Ebomsi I ; ce qui fit de ce village, le siège des
institutions du commandement traditionnel Mvog Amougou. Ainsi dit, près
d'une quizaine de villages Mvog Amougouet assimilés s'acquittaient de
leurs frais d'impôts auprès de cette Chefferie. Cette Chefferie va
connaître une conjoncture obscure entraînant des malversations
financières de Sa Majesté Samba Obono, qui aurait
détourné l'argent de l'impôt et serait démis
conséquemment de ses fonctions de Chef par l'Administration
coloniale. Cette destitution occasionna des bouleversements notoires. D'abord,
on assista à une mutation du siège de la Chefferie d'Ebomsi I au
village Mvog Amougou de Metet-centre. Ensuite, le nouveau Chef, Sa
Majesté Mbala Messolo Offele68(*), un militaire retraité, sera secondé
dans ses tâches par son frère consanguin Owono Mbala
David69(*), afin
d'éviter à nouveau les exactions financières.
Ceci étant, jusqu'à l'année de
dislocation de cette grande Chefferie en micros Chefferies, au début
des années 60, le siège de cette Chefferie demeura à
Metet-Centre. Il appert aussi, que cette Chefferie s'est construite et
consolidée autour de la grande famille Mvog Amougou, avec l'accointance
des Yembäe ; des Elende ; des Kombé et les Mvog Ndi.
Pourtant sa consoeur est foncièrement hétéroclite.
B- La Chefferie
Traditionnelle Bene de Nkol-Metet et l'option de sociation
A côté de la densité ethno
démographique Mvog Amougou, les autres groupes ethniques non Mvog
Amougou de Nkol-Metet, s'étaient regroupés pour contrebalancer
l'hégémonie Mvog Amougou. Dans le cas d'espèce, les Mvog
Zambo ; les Mvog Nnomo ; les Mvog Essissima ; les Mvog
Evundu ; les Mvog Evini, vont eux aussi se constituer à une
unité de commandement traditionnel. Dans cette mosaïque
ethnique , les Mvog Zambo constituent le groupe ethnique le plus dominant.
C'est dans cette optique que le siège de cette Chefferie sera
localisé à Awäe, l'un des villages Mvog Zambo de Nkol-Metet,
et sera même surnommée Chefferie Mvog Zambo70(*). Cette Chefferie aura à
sa tête Sa Majesté Zambo Abomo. Les missions de cette Chefferie
sur le plan administratif ne diffèrent pas de la Chefferie
précédente, dans la mesure où la collecte des impôts
demeure sa tâche essentielle.
Tableau 4:Configuration ethnique
dans la Chefferie Mvog Zambo
Ethnies
|
Nombre de villages
|
Noms des villages
|
Mvog Zambo
|
4
|
Awäe, Ngoantet, Nkoltombo, Nsessougou
|
Mvog Nnomo
|
1
|
Nkolya
|
Mvog Evini
|
1
|
Olamdoé
|
Mvog Essissima
|
1
|
Nkol-Ekabili
|
Mvog Evundu
|
1
|
Ekekam
|
Yembäe
|
1
|
Bikoko
|
Yenakoun
|
1
|
Kondessong
|
Sources : enquêtes
Cependant, l'hétérogénéité
ethnique de cette Chefferie a favorisé une forte décentralisation
du pouvoir du Chef. Cet aspect des choses a abouti à conforter l'assise
politique de certains Notables (capitat), qui étaient devenus
de véritables Chefs 71(*)de leur entités démographiques, et
n'attendaient accessoirement que l'intervention de leur Chef.
Au demeurant, la grande Chefferie Mvog Zambo, qui avait les
ambitions de constituer un équilibre de pouvoir pour faire face à
l'hégémonie Mvog Amougou, ne survivra pas elle aussi au lendemain
de l'indépendance du Cameroun ; à cause de la nature des
alliances de revers des différents groupes ethniques la
constituant ; d'où son atomisation en micros Chefferies.
En scrutant les Chefferies de Groupement nouvellement
fonctionnelles dans l'Arrondissement de Nkol-Metet, on se rend compte que
celles-ci ont des ressorts ataviques ; mieux, leur composition est quasi
calquée sur la structure des deux Chefferies décrites ci-dessus.
Paragraphe 2 :
L'avènement des Chefferies de Groupement à Nkol-Metet : des
ressorts ataviques dans un contexte de la libéralisation politique
La Chefferie de Groupement à Nkol-Metet, naît,
loin s'en faut, des décombres de la Chefferie de Foé Avora
Frédérick, qui, par ses accointances avec Charles Atangana
Ntsama, Chef supérieur des Ewondo et des Bene, sera fait Chef
Supérieur de plus de 81Chefferies dans le Département du Nyong et
So'o, et plus précisément, dans les Arrondissements de Mbalmayo,
Akoeman, Mengueme, Ngomedzap et Nkol-Metet72(*). A sa mort en 1961, la Chefferie de groupement
restera vacante jusqu'à la promulgation de l'arrêté
n°13/A/MINAT/DCT du 19 janvier 1982, portant organisation des Chefferies
de 2e degré dans le Département du Nyong et So'o. Cet
arrêté aura du mal à être effectif à
Nkol-Metet. Lors de nos entretiens, le retard de l'effectivité de ces
groupements trouve principalement ses causes dans leur mauvais
découpage. C'est dans ce sillage que Sa Majesté Tsoungui
Emmanuel73(*) le
renchérit en disant :
« Normalement à Nkol- Metet, on doit
avoir au moins cinq Chefferies de 2e degré. Les Mvog Amougou
compte tenu de leur démographie doivent avoir au moins deux Chefferies
de Groupement, les Mvog Zambo une Chefferie de Groupement, les Mvog Essissima,
une Chefferie de Groupement et enfin, les Yembae, une Chefferie de
groupement ».
Une certaine opinion voit aussi comme cause du retard, les
tractations malicieuses de certaines élites, qui avaient des
préférences avérées pour certains candidats. En
dépit de tout cela, les Chefferies de Groupement ne sont à
Nkol-Metet opérationnelles que depuis 2008. Il s'agit, de la Chefferie
BENE- Nord- Est et la Chefferie BENE- Sud-Est que nous allons succinctement
présenter dans la suite de notre argumentation.
A- La Chefferie de
Groupement Bene -Nord- Est
La Chefferie BENE- Nord-Est a effectivement
vu le jour en 2008. Elle a à sa tête Sa Majesté Mbala
Zangana Benjamin, fils d'Owono Mbala David, Petit-fils de Mbala Zangana et
arrière petit-fils de Zambo Nsa, fils de Mbala Messolo. En un mot, la
Chefferie de groupement BENE- Nord- Est est restée dans la lignée
de Zambo Nsa, et son ressort territorial est quasi calqué sur la
configuration territoriale de la Chefferie de Samba Obono (les Yembäe
s'étant volontairement retirés des Mvog Amougou). C'est pourquoi
les populations de Nkol-Metet l'ont rebaptisé la Chefferie de
groupement Mvog Amougou.
Tableau 5 : Configuration
ethnique de la Chefferie Bene-Nord-Est.
Ethnies
|
Nombre de villages
|
Villages
|
Observations
|
Mvog Amougou
|
16
|
Ayéné ;Bizock ; Ebomsi I ; Ebomsi
II ; Endengue ;Efoulan ; Mbedoumou II ;
Mbega ;
Mengueme-Bane ;Metet-Centre ;Nkolngui ;NkolOveng;Obout;Oveng;Soasi;Yop.
|
On retrouve les ethnies Yembama à Oveng ; les
Eben à Bizock ; les Kombé à Soa si ; les Mvog
Ndi à Ayéné et enfin les Mvog Mba'a à Ekekam.
|
Elendé
|
01
|
Elendé
|
Yembäe
|
01
|
Zalom
|
Source : Arrêté N°13/A/MINAT/DCT du 19
janvier1982 déterminant les Chefferies
traditionnelles
dans le Département du Nyong et So'o, Province du Centre- Sud.
Adaptation : Amougou Mveng Sylvain Charles.
B- La Chefferie de Groupement Bene- Sud-
Est
La Chefferie BENE- Sud-Est, comme la précédente,
est née des vestiges de l'ancienne Chefferie Mvog Zambo. La
particularité de son avènement en 2008 est qu'elle a à sa
tête un Chef qui cumule les fonctions de Chef de 3e
degré avec celle de Chef de groupement : Sa Majesté, Ondoua
Menyié Paul Aimé, qui est un Mvog Essissima, les assume
dorénavant pleinement. Dans ce groupement, les Mvog Essissima sont l'un
des groupes ethniques minoritaires et avec l'avènement de la Chefferie
de Groupement, ils ont réussi à se défaire des grands
ensembles ethniques que sont les Mvog Zambo et les Mvog Nnomo, pour se hisser
à la tête de cette Chefferie dont son siège est à
Nkol-Ekabili (chez les Mvog Essissima). Alors que dans la Chefferie de
Zambo Abomo, la Chefferie avait pour siège Awäe, en terre Mvog
Zambo. Compte tenu de la faible démographie des Mvog Essissima, la
légitmité de Sa Majesté Ondoua Menyié Paul
Aimé à la tête de cette Chefferie est souvent
contestée ;mais celui-ci a su trouver une réplique
pertinente: « Essissima Nkoa, l'ancêtre des Mvog Essissima,
était le fils aîné de MbarTsogo. Or, chez les Béti,
le pouvoir traditionnel revient aux aînés. La loi du nombre est un
principe démocratique certes mais non un principe
traditionnel ». (Source : Sa Majesté Ondoua Menyié
Paul Aimé entretien du 01/02/2012 à Mbalmayo). Pour Sa
Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé, l'avènement des
Chefferies de Groupement à Nkol-Metet se présente comme une
aubaine pour revivifier les traditions Bene à Nkol-Metet.
Tableau6 : Configuration
ethnique de la Chefferie Bene-Sud-Est.
Ethnies
|
Nombre de villages
|
Noms des Villages
|
Mvog Zambo
|
05
|
Awäe ;Ngoantet I ;
Ngoantet II ; Nkoltombo ;Nsessougou
|
Mvog Nnomo
|
03
|
Nkolya I ; Nkolya II ; Nkolya III
|
Yembäe
|
02
|
Bikoko et Nkol-Metet( Yembäe).
|
Mvog Evundu
Mvog Mbaa
|
01
|
Ekekam
|
Mvog Essissima
|
01
|
Nkol-Ekabili
|
Mvog Evini
|
01
|
Olamdoé
|
Yenakoun
|
01
|
Kondessong
|
Source : Arrêté N°13/A/MINAT/DCT du 19
janvier 1982 déterminant les Chefferies traditionnelles dans le
Département du Nyong et So'o, Province du Centre- Sud.
Adaptation : Amougou Mveng Sylvain Charles.
Section II : La
fragilisation de la grâce des Chefs
A l'ère de la libéralisation politique,
l'attention autour de la Chefferie traditionnelle s'est redoublée.
L'exercice du pouvoir traditionnel est sous contrôle des forces
politiques présentes dans la sphère territoriale de la Chefferie
traditionnelle. Autrement dit, les logiques purement héréditaires
et la dimension sacrée du pouvoir sont relativement escamotées.
De plus en plus, la légitimité des Chefs traditionnels est remise
en question ; aussi note-t-on un certain désamour de certaines
autorités traditionnelles par des élites et des populations, ce
qui transforme du coup les trônes des Chefs traditionnels en
sièges éjectables. Ce constat est souvent renchéri par
l'inanité de certains Chefs traditionnels en matière de
développement socio économique et même socio politique.
A Nkol-Metet, ces faits sont visibles ; et pour mieux les
saisir, il nous échoit dans un premier paragraphe d'élucider la
controverse autour de la légitimité des Chefferies
traditionnelles, mieux des Chefs traditionnels. Dans le cas d'espèce,
nous ferons essentiellement allusion aux Chefferies de Groupement nouvellement
fonctionnelles à Nkol-Metet. Ensuite, dans un second paragraphe nous
essayerons un tant soit peu d'élucider sur des causes du désamour
des Chefs traditionnels à Nkol-Metet.
Paragraphe 1 : De la
légitimité controversée de la Chefferie traditionnelle
à Nkol-Metet
La légitimité au-delà de la
conformité au droit suppose de plus l'acceptation et la reconnaissance
du droit de commander du pouvoir en place, par les membres d'une
communauté (Ferrero et Aron cités par Grawitz, 2004 :
252-253).
A Nkol-Metet, cette reconnaissance de commander est souvent
quelque peu contestée. Cela se fait davantage ressentir au niveau des
Chefferies de groupement qui, depuis leur fonctionnalisation, ont du mal
à s'imposer dans le paysage socio administratif et socioculturel de
Nkol-Metet. Les clivages politico ethniques sont souvent
évoqués ; de même les critères ayant
présidé à la désignation des Chefs de groupement
à Nkol-Metet.
A- Les ressorts ethniques
de la controverse de la légitimité des Chefs
A Nkol-Metet, la vie socio politique et socioculturelle
s'appuie fondamentalement sur les appartenances ethniques. Bien que
pratiquement, presque tous sont issus d'un ancêtre commun, certains
clans Bene se veulent hégémoniques au point de mépriser
les autres.
C'est cet état esprit qui a animé les
détracteurs de Sa Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé
dans la Chefferie Bene-Sud-Est. En effet, dans cette Chefferie de groupement,
l'ethnie Mvog Essissima, qui est l'ethnie de Sa Majesté Ondoua
Menyié Paul Aimé, est une minorité ethnique
démographique 74(*)
(voir tableau ci-dessus). La désignation de ce dernier a fait l'objet
d'une contestation par ses pairs, et a même bloqué la
procédure d'homologation de sa désignation. En ce sens que ses
pairs détracteurs ont engagé auprès de l'Administration
des recours, afin de lui barrer la route. Bien que ces recours ont quelque peu
retardé son homologation75(*) Sa Majesté Ondoua Menyié Paul
Aimé sera finalement confirmée Chef de groupement.
Cependant, ce qui a favorisé la victoire d'Ondoua
Menyié Paul Aimé, c'est sa grande activité au sein de
L'ACTRAN, mais dans un cadre conjoncturel, la désorganisation de
l'ethnie Mvog Zambo à travers ses candidatures multiples a
considérablement joué en sa faveur. En effet, ce scrutin
était constitué d'un électorat de 14 personnes qui
étaient tous des Chefs traditionnels, parmi eux, il y'avait cinq Chefs
traditionnels candidats à cette élection.
Tableau 7:Candidats en lice
Candidats
|
Chefferies
|
Ethnie
|
Ondoua Menyié Paul Aimé
|
Nkol-Ekabili
|
Mvog Essissima
|
Ohanda Emmanuel
|
Ngoantet I
|
Mvog Zambo
|
Oyono Owono Joseph
|
Awae
|
Mvog Zambo
|
Tsoungui Emmanuel
|
Ngoantet II
|
Mvog Zambo
|
Kouma Ateba
|
Yembäe
|
Yembäe
|
Source : enquêtes
En d'autres termes, sur les cinq candidats en lice, trois
étaient issus de l'ethnie Mvog Zambo, un de l'ethnie Mvog Essissima et
un de l'ethnie Yembäe. Faute d'ententes entre les Mvog-Zambo, les
résultats des urnes se présentaient ainsi qu'il suit :
Tableau 8: Résultats du scrutin
Candidats
|
Nombre de suffrage exprimés en sa faveur
|
Sa Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé
|
7 voix (vainqueur)
|
Sa Majesté Tsoungui Emmanuel
|
3 voix
|
Sa Majesté Ohanda Emmanuel
|
1 voix
|
Sa Majesté Kouma Ateba
|
1 voix
|
Sa Majesté Oyono Owono Joseph
|
1 voix
|
Source : enquêtes
Au demeurant, Sa Majesté Ondoua Menyié Paul
Aimé, comme dans une dialectique des intelligents, a transformé
la minorité ethnique démographique en groupe ethnique dominant.
Et avec beaucoup d'arrogance et crânement affirme :
« Essissima Nkoa, l'ancêtre des Mvog
Essissima, était le fils aîné de MbarTsogo or, chez les
Béti, le pouvoir traditionnel revient aux aînés. La loi du
nombre est un principe démocratique certes, mais non un principe
traditionnel76(*) ».
B- La controverse de la
légitimité liée aux critères de désignation
des Chefs traditionnels
L'avènement des Chefferies de groupement à
Nkol-Metet, a posé un problème de critère de
désignation des Chefs devant les incarner. Au départ le
Préfet du Nyong et So'o de cette époque, Monsieur Ndongo James,
lors d'une réunion de concertation avec les forces vives de
l'Arrondissement de Nkol-Metet au mois de mai 2005, proposa que c'est au sein
des Chefs de 3e degré qu'émerge les nouveaux Chefs de
groupement. Ce dernier va se raviser lorsque des élites
politico-administratives du terroir, lui feront savoir que ces Chefferies
devraient être ouvertes à tous et pour tous77(*). Saisissant la balle au bond
monsieur Mbala Zangana Benjamin brigua le trône de la Chefferie de
groupement Bene-Nord-Est.
Au moment où sa candidature à la
désignation a été contestée par une certaine clique
de Chefs traditionnels, qui évoquaient avec hargne qu'il n'avait pas la
légitimité traditionnelle78(*), monsieur Mbala Zangana Benjamin s'est maintenu
mordicus. En effet, contrairement à la désignation du Chef de
groupement dans la Chefferie Bene-Sud-Est où l'électorat
n'était constitué que des Chefs traditionnels, dans la Chefferie
Bene-Nord-Est, Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin était le seul
candidat non Chef de ce corps électoral, et sa victoire n'a tenu
qu'à un fil, mais reste tout de même une victoire.79(*)
Tableau 9 : Candidats en lice au
départ
Candidats
|
Chefferies
|
Ethnies
|
Observations
|
Bala Bala Francis
|
Oveng
|
Mvog Amougou
|
Désistement avant le Scrutin
|
Bengono François
|
Mbedoumou
|
-
|
|
Mbala Messi Manfred
|
Metet-Centre
|
-
|
|
Mbala Zangana Benjamin
|
Metet-Centre
|
-
|
Seul candidat n'étant pas Chef traditionnel
|
Mbida Jean Marie
|
Obout
|
-
|
Désistement avant le Scrutin
|
Ondoua Ndi Marcel
|
Mengueme -Bané
|
-
|
|
Tableau 10: Résultats du
premier tour
Candidats
|
Nombres de voix obtenus
|
Observations
|
Bengono François
|
2
|
Eliminé
|
Mbala Messi Manfred
|
4
|
Finaliste
|
Mbala Zangana Benjamin
|
4
|
Finaliste
|
Ondoua Ndi Marcel
|
3
|
Eliminé
|
Sources : Enquêtes
Tableau 11: Résultats du tour
final
Candidats
|
Nombres de voix obtenus
|
Observations
|
Mbala Zangana Benjamin
|
7
|
Vainqueur
|
Mbala Messi Manfred
|
6
|
Perdant
|
Sources : Enquêtes
La conséquence de l'âpreté de la
désignation de ce dernier, à la tête de la Chefferie de
groupement donne lieu à une gestion mitigée de cette Chefferie.
En effet, Le spectre de la défaite aux élections de Sa
Majesté Mbala Messi pèse grandement sur la gestion de la
Chefferie de Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin. En effet, la clique des
Chefs ayant pour figure de proue Sa Majesté Mbala Messi n'a jamais voulu
lui faire des allégeances quelconques. La preuve en est que Sa
Majesté Mbala Messi Manfred a boycotté la cérémonie
d'intronisation de Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin alors qu'il
était présent chez lui à Metet-Centre le jour de cette
cérémonie officielle. Or, la symbolique même de celle-ci, a
pour but d'adouber le nouveau Chef et pour les Chefs de catégories
inférieures, de faire allégeance au nouveau Chef, par
mimétisme ou flagornerie, qu'importe. La conséquence de cet
état de choses est que Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin
collabore essentiellement avec les Chefs reconnaissant son autorité, ce
qui l'empêche de mener sereinement son action.
Le secrétaire de la Chefferie de groupement et
représentant du Chef d'Obout, Amougou Ada Albert80(*) le confirme en ces
mots :
« Le problème de notre groupement se
trouve dans le fait que notre Chef travaille uniquement avec les Chefs qui
l'ont élu, pourtant, une fois élu, il doit coopérer avec
tout le monde ».
Cet état de chose astreint Sa Majesté Mbala
Zangana Benjamin à s'appuyer fortement sur les Autorités
Administratives, d'où l'émergence de velléités
d'imposition dans la direction de la Chefferie de groupement.
En principe, le Chef de groupement n'a aucune imposition
à adresser aux Chefs de 3e degré, ces derniers ne
doivent que répercuter les directives venant de l'Administration,
notamment, celles émanant des Sous Préfets. Mais ce dernier peut
procéder par trafic d'influences, surtout lorsque le Chef de groupement
entretient de bonnes relations avec le Sous Préfet qui, selon les
articles 28 et 29 du décret de 1977, ont compétence
d'apprécier positivement ou négativement les activités des
Chefs traditionnels.
Au demeurant, le Chef de groupement dans une localité,
est le collaborateur le plus proche du Sous Préfet. Madame le Sous
Préfet de Nkol-Metet, Lombo Marthe nous le confirme au regard de sa
collaboration avec les deux Chefs de groupement de Nkol-Metet. Elle
affirme :
« Notre travail serait harassant si on n'avait
pas la présence des Chefs de groupement. Ils jouent le rôle
d'éclaireur et balisent la voie du bon déroulement de nos
tournées administratives »81(*).
Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin s'appuie grandement
sur cette Autorité pour poser des actions. Par exemple, pour se rendre
aux obsèques de Sa Majesté Mbala Messi Manfred82(*) son adversaire politique,
Monsieur E, nous fait savoir qu'il a d'abord pris avis chez Madame le Sous
Préfet, qui lui assigna même de la représenter dans les
différentes phases des obsèques de ce dernier. Le rapprochement
quasi systématique de Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin
auprès de sa hiérarchie est perçu de façon variable
par les populations de son groupement. D'aucuns pensent qu'il n'a pas le
charisme personnel pour anéantir les clivages nocifs qui
gangrènent son action. Pour d'autres, il a plutôt pris des
postures d'imposition. Un de ses proches collaborateurs nous l'affirme en ces
termes :
« Notre Chef de groupement se comporte comme un
Sous -Préfet, il nous donne les directives sans nous
consulter. Nous l'avons encore constaté lorsque nous devions
recevoir Madame le Sous Préfet lors de sa tournée de prise de
contact avec les populations de notre village. Au lieu de nous demander comment
nous nous sommes préparés à cette
cérémonie, ce dernier nous a plutôt imposé un
certain nombre de choses (...) si c'est cela le groupement, je pense
qu'à Nkol-Metet, vaudrait mieux le supprimer et conserver tout
simplement les rapports Sous Préfets Chefs de
village ».
A nous référer au commentaire de Sa
Majesté Mbala Zangana Benjamin, il dément quelque peu ce
commentaire, même s'il admet les velléités d'imposition
sous l'actif d'une déformation professionnelle il affirme :
« ce que je sais, c'est que je suis rompu au
style administratif ».
Paragraphe 2: le
désamour vis-à-vis des Chefs par les élites et par les
populations
Dans l'imagerie populaire Béti et Bene en particulier,
le caractère administratif des Chefferies traditionnelles suscite un
certain désintérêt. Cependant à Nkol-Metet, le
désamour va au-delà de ce fait ; il trouve plutôt ses
foyers dans le management fantaisiste des Chefferies et aussi par les
comportements déviants de certains Chefs.
A- Le management
fantaisiste des Chefferies de Groupement
L'avènement des Chefferies de groupement dans
l'Arrondissement de Nkol-Metet a suscité au sein des populations de ce
terroir beaucoup d'espoir. Celles-ci voyaient en elles une nouvelle option pour
solutionner quotidiennement leurs problèmes. Ils seront quelque peu
désillusionnés, dans la mesure où ces Chefs brillent plus
par leur non présence permanente à leur Chefferie de
groupement.
En ce qui concerne la Chefferie de groupement Bene Nord Est
dirigée par Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin, l'on se
rend compte que cette Chefferie abrite son locataire de façon
occasionnelle, car Sa Majesté a plutôt installé ces
quartiers à Mbalmayo. Le seul signe de l'existence permanente de cette
Chefferie est la levée des couleurs chaque matin par un locataire
Bamiléké83(*) habitant la concession de la Chefferie de groupement
sise à Metet-Centre. Si Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin lors
de nos entretiens ne nous a pas décliné les raisons de sa non
permanente présence effective à son poste de commandement. Son
pair Ondoua Menyié nous a donné quelques raisons de son vide
juridique.
En effet, Sa Majesté Ondoua Menyié Paul
Aimé par contre attribue ce dysfonctionnement à sa grande
implication politicienne. Ce dernier nous fait savoir qu'au risque de ne pas
mêler l'activité politique de la gestion de la Chefferie
traditionnelle, les deux secteurs d'activités étant
différents, depuis son élection comme Député, ce
dernier a installé le siège de ces activités politiques
à Mbalmayo où il reste dans la semaine quatre jours sur sept,
c'est-à-dire de lundi à jeudi, et trois jours sur sept à
la Chefferie de Nkol Ekabili, c'est-à-dire, du vendredi à
dimanche. Ce fonctionnement à été maintenu même
devenu Chef de groupement. Cependant, quoique qu'il s'efforce à
justifier les raisons de ses absences dans son champ de commandement
traditionnel, cela est préjudiciable pour la bonne conduite de la
Chefferie. Mouiche le faisait déjà remarquer quand il affirmait
avec autorité :
« Quand un Chef fait la
politique, il ne suit pas les problèmes de son
village »(Mouiche, 2005 : 127).
B- La Chefferie
traditionnelle Bene entre laxisme et déviances
L'une des critiques faites à certains Chefs
traditionnels de Nkol-Metet, c'est leur laxisme à prendre en compte les
problèmes de leur communauté, mieux, certains villages ont
vécu dans une léthargie ambiante. Le foisonnement des
associations à Nkol-Metet et le déploiement manifeste des
élites pour le développement de leur communauté est
opportunément une conséquence positive de cet état de
choses.
Il est aussi important de faire cas des cas déviants de
certains Chefs. On évoque les cas de corruption, d'impartialité
de certains Chefs traditionnels. Par exemple dans la Chefferie traditionnelle
d'Oveng par Nkol-Metet, il est reproché à Sa Majesté Bala
Bala Francis d'avoir ces attitudes. Les populations de ce village ont
même d'ailleurs engagé des procédures administratives pour
évincer l'auguste Majesté. Fort heureusement pour lui, les
arguments avancés n'étaient pas jugés assez convaincants
par l'Autorité Administrative. Toutes choses étant égales
par ailleurs, ces cas déviants sont légions et s'amplifient le
plus souvent à cause de la pauvreté de certains Chefs qui sont
obligés à se livrer à de telles pratiques pour pouvoir
survivre.
Conclusion partielle
Au terme de ce chapitre, il était question pour nous
d'élucider les ressorts affectifs de la Chefferie traditionnelle Bene
à Nkol-Metet et surtout évaluer leur pesanteur à
l'ère de la libéralisation politique. Force pour nous est de
constater que toute l'organisation politico- administrative de la Chefferie
traditionnelle dans l'Arrondissement de Nkol-Metet trouve ses fondements dans
les lignages issus de la postérité de MbarTsogo. Il est donc
logique qu'avec l'avènement des Chefferies de groupement à
Nkol-Metet, que ce soit toujours les descendants de MbarTsogo qui soient
à la tête de celles-ci. Cependant, avec la libéralisation
politique, la Chefferie traditionnelle BENE de Nkol-Metet connaît une mue
parce que, ses Chefs sont devenus les promoteurs du développement local
et se font de plus en plus aider par des élites philanthropiques, et
certaines associations qui donnent opportunément à la Chefferie
une nouvelle vigueur.
Deuxième partie : Les ressorts pragmatiques de la
Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à l'ère de la
libéralisation politique
La libéralisation politique marque relativement la
renaissance de la Chefferie traditionnelle au Cameroun ; mieux, du
`'retour des rois'' (voir Perrot et Fauvelle Aymar, 2003). Cette renaissance
de la Chefferie traditionnelle dépend d'un regain
d'intérêts combinés des détenteurs du pouvoir
traditionnel et des élites toutes, obédiences confondues.
A Nkol-Metet, ce dynamisme est assez perceptible. Dans ce
terroir la Chefferie traditionnelle est devenue une entreprise politique,
où les politiciens investisseurs injectent d'importants capitaux pour la
requinquer. Cet activisme se traduit par une flopée d'activités
socioéconomiques et sociopolitiques, qui participent du
développement local de cette unité administrative.
Toutefois, la mobilisation de ressources par ces acteurs
sociaux réalisant des actes concrets, s'inscrit dans l'optique à
produire du pouvoir ; et dans une perspective Goffmanienne, elle
relève de la grammaire de l'interaction ; mieux, pour ces acteurs,
de `'sauver la face'' (work face). En d'autres termes, cela signifie
pour ces acteurs sociaux de se comporter conformément aux attentes des
populations, qui sont des attentes normatives sociales, exprimant ce que c'est
de se comporter normalement dans telle ou telle situation (voir Cécile
Bonicco, 2006 : 31-48). Ainsi dit, derrière la recherche du bien
pour le village se tramerait des calculs politiques assez précis ;
en l'occurrence, le contrôle de la Chefferie et la confortation des
assises politiques. C'est pourquoi Miaffo affirme empiriquement :
« Toutes les croisades actuelles en direction
des Chefferies où les principaux acteurs sont des ministres ;
d'hommes d'affaires et de hauts fonctionnaires acquis à la cause
du Rdpc, répandant en dons, des sanctuaires et établissements
comme s'ils cherchaient à se dédouaner de quelques mauvaises
consciences, cherchent à transformer celles-ci en instruments de
manipulation des populations » (Miaffo cité par Mouiche,
2005a :18).
Au demeurant, pour mieux décrypter ces dynamismes
à Nkol- Metet, deux chapitres meubleront notre argumentaire dans cette
partie. Le premier chapitre, intitulé : Les ressorts
stratégiques delaChefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à
l'ère de la libéralisation politique, nous permettra
d'examiner les compétitions pour la détermination des Chefs comme
lutte de pouvoir ; de mesurer leur niveau de pouvoir dans les jeux de la
décentralisation ; toutefois, en ressortant les enjeux pour le
contrôle du développement local.
Le deuxième chapitre éponyme à cette
partie, est intitulé : Les ressorts pragmatiques de la
Chefferie traditionnelle Bene à Nkol-Metet à l'ère de la
libéralisation politique, a pour objectif de démontrer
que les Chefs traditionnels de Nkol-Metet ne sont pas étrangers aux
dynamismes apportés par la libéralisation politique ; tout
au contraire, ils promeuvent eux aussi, les activités
socioéconomiques et sociopolitiques dans leur terroir respectif. Enfin,
nous démontrerons également que l'implication grandissante des
Chefs traditionnels consiste pour eux, à façonner leur
personnalité politique, dans la mesure où ils sont politiquement
engagés dans de diverses compétitions électorales.
Chapitre 3 : Les ressorts stratégiques de la
Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à l'ère de la
libéralisation politique
A l'ère de la libéralisation politique de
l'institution de la Chefferie traditionnelle est mise en jeu, comme partie
prenante de la décentralisation, et du coup constitue désormais
un enjeu pour son contrôle au sein des classes élitaires et des
autres acteurs sociaux. C'est dans cette veine que G. Bailey voit la politique
nationale comme locale, en termes de jeux où se confrontent et
s'affrontent des acteurs sociaux autour de leaders et de faction (voir G.Bailey
cité par Paul Nuembissi, 2007 :31). Autrement dit, la Chefferie
traditionnelle connaît un activisme retentissant, car des forces
politiques84(*) l'ont
investi et les transforment progressivement en un vaste cadre
d'activités socio économiques, sanitaires et culturelles ;
bref, l'action de ces forces politiques s'inscrit dans la dynamique du
développement local et contribue, peu s'en faut, à poser les
jalons de leur reviviscence.
Le présent chapitre est structuré autour de deux
sections. La première section intitulée, les Chefferies
traditionnelles comme lieu de pouvoir sous contrôle bureaucratique et
élitaire, a pour objectif d'examiner les compétitions pour la
détermination des Chefs comme lutte de pouvoir. C'est dans ce cadre
que nous cernerons autant que faire se peut, les jeux de conservation des
Chefferies traditionnelles. La deuxième section intitulée, Les
Chefferies Bene comme arène et marché politiques, nous permettra
d'une part, de mettre en lumière les Chefferies traditionnelles comme
arène de compétition pour le contrôle du
développement local ; d'autre part, il nous permettra de mesurer le
niveau des pouvoirs de la Chefferie traditionnelle dans les jeux de la
décentralisation.
Section 1 : Les Chefferies traditionnelles comme lieu
d'un pouvoir sous contrôle bureaucratique et élitaire
Les Chefferies traditionnelles en général, et en
particulier les Chefferies traditionnelles Bene, sont sous contrôle
bureaucratique et élitaire. Autrement dit, celles-ci sont de plus en
plus investies par des élites (toutes obédiences confondues), qui
veulent leur donner un certain sens par leurs investissements sociopolitiques
et socioéconomiques. Pour Geshiere (1996), sans l'action des
élites, les Chefferies semblent être vidées de leur
substance ; par contre avec celles-ci, elles reprennent leur vigueur. Cela
signifie tout simplement que l'action des élites impacte manifestement
et de façon variable dans la trajectoire développementale d'un
village ou d'une Chefferie traditionnelle.
A Nkol-Metet, l'action de ces élites est mesurée
en fonction de leur nombre dans une Chefferie, qui lui-même dépend
de la démographie du village et aussi du taux de scolarisation ;
toujours est-il que leur présence ou leur absence dans un village se
fait presque toujours ressentir ; car le niveau de développement
d'un village ou d'une Chefferie dépend manifestement de leur
présence. C'est dans cette logique qu'Agodi Patrice85(*) nous relate
que :
« lors des visites de prise de contact de Madame
le Sous-Préfet de l'Arrondissement de Nkol-Metet avec les populations de
cet Arrondissement, nous avons constaté que partout dans les villages
où l'on notait la présence d'une élite ou de plusieurs
élites, ce village présentait une envergure plus importante que
ceux des villages dépourvus d'élites. Les réceptions
offertes dans ces villages n'en démentaient pas ».
Quoique les élites jouent un rôle exaltant pour
le développement de leur communauté, les finalités de
leurs actions traduisent à souhait des attitudes de "domination" dans
leur communauté. C'est dans cette veine que Ndombet André
affirme :
« les élites scolarisées et
universitaires investissent en masse à leur tour l'espace
politique ; elles ne se réfèrent aux Chefs traditionnels que
pour faire aboutir ou légitimer leurs ambitions personnelles, aux
dépens de la communauté ethnique qu'elles prétendent
représenter » (Ndombet André in Perrot et
Fauvelle, 2003 :12).
Au demeurant, il nous échoit dans le cadre de cette
section de mettre en lumière que le déploiement pour
développement local des élites politico-administratives et
politico-traditionnelles à Nkol-Metet s'inscrit dans l'optique de
posséder la Chefferie traditionnelle, afin de mieux la contrôler.
Eu égard à ce qui précède, il nous apparait
opportun d'analyser d'une part, la compétition pour la
détermination des Chefs comme lutte de pouvoir ; d'autre part, de
mieux saisir les jeux de pouvoir pour la conservation des Chefferies
traditionnelles.
Paragraphe 1 :
Compétition pour la détermination des Chefs comme lutte de
pouvoir
La libéralisation politique a relativement
contribué au regain d'intérêts des Chefferies
traditionnelles à Nkol-Metet, mieux, elle a libéré des
énergies positives qui, de plus en plus, permettent de requinquer les
Chefferies traditionnelles de ce terroir. Ce regain d'intérêts qui
prend des allures philanthropiques, laisse transparaître en filigrane
leurs ambitions personnelles. Aussi, à Nkol-Metet, les élites et
d'autres forces politiques tissent des ficelles pour contrôler les
Chefferies traditionnelles, mais le font généralement de
façon latente. C'est cet état de choses, qui a souvent
contribué à rendre âpre la désignation des Chefs
traditionnels dans ce terroir.
A- La main invisible de
l'élite politico - administrative
A Nkol-Metet, les élites politico-administratives et
d'autres élites de Nkol-Metet par leurs investissements sociaux, ont un
droit de regard sur la Chefferie traditionnelle de leur terroir. Même si
ces dernières se tapissent dans l'ombre, leur spectre se fait
ressentir ; dans la mesure où elles tiennent souvent les manettes
organisationnelles des Chefferies. C'est dans cette optique qu'Owona
Nguini86(*)
considère les élites comme des individus ou des groupes
d'individus qui possèdent des attributs ou des ressources
éminentes leur permettant de dominer la scène sociale.
Par exemple, à Nkol-Metet, d'après nos
investigations, il appert que l'arrêté n°13/A/MINAT/DCT du
15 Janvier 1982, déterminant les Chefferies traditionnelles de
2e degré dans le Département du Nyong et So'o,
Province87(*) du
Centre-Sud, a eu du mal à être effectif à Nkol-Metet, parce
que l'élite politico-administrative dominante88(*) de ce terroir n'était
pas d'accord de la façon dont a été effectué le
découpage des Chefferies de groupement à Nkol-Metet.
S'agissant toujours, de ces Chefferies de groupement à
Nkol-Metet, une fois annoncées leur effectivité dans la
moitié de l'année 2004, il a fallu encore attendre quatre
années pour finalement voir la concrétisation de celles-ci. En
effet, il s'est constitué des groupes d'élites favorables
à certains candidats de leurs préférences. Dans la
Chefferie Bene-Nord-Est, cela a été plus manifeste. La
configuration ethnographique de cette Chefferie dominée par les Mvog
Amougou a vu émerger les tendances au sein même de ce groupe
ethnique. Autrement dit, les principales élites
politico-administratives ; politico religieuses ; politico
économiques se sont divisées ; car chacune de ces tendances
voulait faire triompher ses vues à travers le soutien d'un
candidat89(*)déterminé.
Au demeurant, cette lutte de positionnement des candidats par
des élites sous des auspices latents a souvent rendu âpre la
désignation des Chefs traditionnels à Nkol-Metet.
B- De
l'âpreté de la compétition pour la détermination
des Chefs
A Nkol-Metet, la classe élitaire influente trouve
principalement ses ressorts au sein des élites politico-administratives,
des élites traditionnelles, des élites religieuses et des
élites militaires. En d'autres termes, c'est dans ces cercles
élitaires que se définissent les activités
socioéconomiques et sociopolitiques de ce terroir. C'est dans ce
sillage, lorsqu'il faut désigner des Chefs traditionnels, que certaines
élites pèsent souvent de leur poids à la fois politique et
économique.
Par exemple, dans la Chefferie de groupement Bene- Nord-Est,
les candidatures de leurs Majestés Mbala Zangana Benjamin et Mbala Messi
Manfred ont occasionné un schisme au sein de l'élite Mvog
Amougou, car les deux sont des personnalités ressources.
En effet, Mbala Messi Manfred et Mbala Zangana Benjamin
90(*)sont tous Mvog
Amougou du village Metet-centre. Les deux jouissent d'une
notoriété importante à Nkol-Metet, notamment au sein de la
grande famille Mvog Amougou. Mbala Messi tirait surtout sa
notoriété de sa légitimité traditionnelle, parce
qu'il était d'abord Chef traditionnel de son village, et surtout
était un homme très charismatique ; mais était un
très mauvais diplomate91(*). Il a par ailleurs fait des études jusqu'au
niveau de la licence à l'Université de Yaoundé, où
il obtint une licence en Sciences Economiques et de gestion. Il est à
Metet-Centre l'un des pionniers à avoir fait les études
universitaires92(*).Il a
été Directeur Commercial à la SEMRY
(Société d'Expansion et de la Modernisation du Riz à
Yagoua). Par contre, Mbala Zangana Benjamin jouit beaucoup plus d'une
légitimité légale rationnelle ayant été
Maire de Mbalmayo pendant seize ans, il a une bonne maîtrise de la
sociologie du Département du Nyong et So'o. Leur candidature à la
tête de la Chefferie de groupement a donc contraint pendant un bon
moment l'élite Mvog Amougou, quelle soit économique,
administrative, militaire, religieuse, ou traditionnelle à vivre dans un
manichéisme forcé ; ceci s'explique par le fait que leur
candidature aura contribué à éclipser celle des autres
prétendants et a fait naître deux tendances.
Cependant, faut-il le souligner, que ces clivages
élitaires dans cette Chefferie connaissent quelques atténuations.
Car, avec la création de l'association des ressortissants de l'ethnie
Mvog Amougou dénommée Ekoan Mvog Amougou (EKMA), qui a pour but
la défense et la promotion de l'identité Mvog Amougou, a fait
revenir les uns et les autres à la raison ou à des meilleurs
sentiments. Compte tenu de la particularité de la Chefferie Bene-Nord-
Est, conduite par Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin, qui est quasiment
constituée par le groupe ethnique Mvog Amougou. Sa Majesté Mbala
Zangana Benjamin se sert d'ailleurs d'elle, pour colmater les brèches
des déchirures intervenues au sein des élites Mvog Amougou lors
de la quête du trône de celle- ci. Ceci est d'autant plus
pertinent que son statut de Chef de groupement lui octroie, à
Nkol-Metet, le rang de la première personnalité traditionnelle
Mvog Amougou. C'est à ce titre que depuis son accession au trône,
il ne s'est plus tenu une réunion sans que l'ordre du jour ne
prévoit le mot du Chef de groupement93(*). Ainsi dit, la reconnaissance de la
préséance de Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin au sein de
la famille Mvog Amougou atténue les clivages incessants et
impertinents de son leadership. Pour lui, L'EKMA est : « Un
espace médiatique, où l'on cultive la notion de Chef au sein des
Mvog Amougou ».94(*)
En définitive, quoique des élites dans la
compétition pour la détermination des Chefs à Nkol-Metet
feignent d'être manifestes, affichent plutôt des attitudes
ostentatoires en matière de développement local. Ces
élites inscrivent leurs actions soit dans des registres
collectifs ; soit alors dans des registres individuels.
Tableau 12 :
Principales élites influentes à Nkol-Metet95(*)
Noms
|
Ethnie
|
Village
|
Fonction occupée
|
ELITES POLITICO -ADMINISTRATIVES
|
Ndi Samba Joseph
|
Mvog-Ndi
|
Ayéné
|
Actuel Maire de Nkol-Metet et Homme d'affaires ; PDG du
Groupe Scolaire Ndi Samba Formation
|
Mbarga Nguélé Martin
|
Mvog- Amougou
|
Mengueme-Bane
|
- Délégué Général à
la Sûreté Nationale
- Ex Ambassadeur du Cameroun au Zaïre ;
Brésil ; Espagne
|
Etoundi Oyono
|
Mvog-Nnomo
|
Nkolya II
|
-Directeur Général du Port autonome de Douala
- Membre du Comité central du RDPC
|
Omgbwa Asssembe
|
Mvog Zambo
|
Ngoantet II
|
- Inspecteur d'Impôt
- Ex Maire de Nkol-Metet ( 2002-2007)
|
Anaba Mbarga Solange
|
Mvog-Amougou
|
Mengueme-Bane
|
- Cadre supérieur au Mindaf
- Présidente section OFRDPC Nyong et So'o
|
Ndi Mboh François
|
Mvog- Zambo
|
Ngoantet II
|
- Attaché d'Ambassade
- Secrétaire particulier de l'Ambassadeur du Cameroun
en Italie
|
Obada Isaac Daniel
|
Yembäe
|
Nkol-Metet- Yembaë
|
Actuel Ier Adjoint au Maire de Nkol-Metet
|
Zambo Amougou Jean Marie
|
Mvog Amougou
|
Efoulan
|
Président National de la Confédération
des syndicats travailleurs du Cameroun
|
Ndi jean Claude
|
Mvog Amougou
|
Oveng
|
- Journaliste Radio à la CRTV
- Président de l'ASFRADO
|
Nnom Ndoé
|
Mvog Amougou
|
Efoulan
|
Magistrat et actuel Procureur de la République au
Tribunal de première instance de Ngaoundéré
|
Mveng Bikono
|
Mvog Amougou
|
Yop
|
|
Mbarga Assembe
|
Mvog Zambo
|
Ngoantet II
|
Membre du comité Central du RDPC
|
ELITES MILITAIRES
|
Colonel Amougou Nguélé Emmanuel
|
Mvog-Amougou
|
Obout
|
Chef d'Etat Major Particulier du Président de la
République
|
Colonel Nguélé Amougou Philemon
|
Mvog-Amougou
|
Bizock
|
Colonel retraité ; ex Intendant au
Ministère de la Défense
|
Colonel Ndi Minyae
|
Mvog-Amougou
|
Oveng
|
|
Colonel Onana Bene
|
Mvog Zambo
|
Ngoantet II
|
|
ELITES POLITICO -TRADITIONNELLES
|
S.M Mbala Zangana Benjamin
|
Mvog-Amougou
|
Metet-centre
|
Actuel Chef de Groupement Bene-Nord-Est ; ex Maire de la
Commune rurale de Mbalmayo (1980-1996) ; ex sous préfet de
plusieurs localités du Cameroun
|
S.M Ondoua Menyié Paul Aimé
|
Mvog-Essissima
|
Nkol-Ekabili
|
Actuel Chef de Groupement Bene-Sud-Est ; ex
Député (2002-2007) ; ex Membre du Comité central et
Président fondateur de l'ACTRAN
|
S.M Ondoua Ndi
|
Mvog-Amougou
|
Mengueme-Bane
|
Actuel Chef de son village ; Commissaire de Police et
actuel Commissaire du Commissariat spécial de Monatélé
|
S.M Oyono Owono Joseph
|
Mvog -Zambo
|
Awäe
|
Actuel Chef de son village ; Ier Maire de
Nkol-Metet (1996-2002) et Ier Ingénieur Agronome de
Nkol-Metet
|
ELITES RELIGIEUSES, INTELLECTUELLES ET ECONOMIQUES
|
Rév Mveng Owono Luc Bruno
|
Mvog-Amougou
|
Metet-Centre
|
Ier Prélat de Nkol-Metet ; Pasteur
protestant à l'EPC depuis 1964 ; Docteur ès lettres
|
Pr. Abessolo Yves
|
Yembäe
|
Nkol-Metet- Yembäe
|
Professeur agrégé en sciences économiques
(Ier agrégé à Nkolmetet) en fonction à
l'Université de Yaoundé II-Soa
|
Mbida Mbida François
|
Mvog-Amougou
|
Ebomsi II
|
Homme d'affaires et Président de l'EKMA
|
Tétron Abeng Salomé
|
Mvog -Amougou
|
Oveng
|
Femmes d'affaires et Fondatrice du complexe scolaire les
Bambis
|
Source : enquêtes
Paragraphe 2 : Les jeux de
Pouvoir pour la conservation des Chefferies
La libéralisation politique survenue au Cameroun au
début des années 1990, en entraînant l'ouverture de la vie
politique, a aussi favorisé l'entrée des mouvements sociaux.
Selon Guy Rocher, le mouvement social est comme une organisation nettement
structurée et identifiable ayant pour but explicite de grouper les
membres en vue de la promotion de certains objets précis, à
connotation sociale (Guy Rocher cité par Mbébi, 2011 :1).
Pour Neveu, le mouvement social est une forme d'action collective en faveur
d'une cause (Neveu cité par Mbébi, 2011 : 5).
A Nkol-Metet, ces mouvements sociaux ont pris la forme des
associations qui ont contribué à donner du poil de la bête
aux Chefferies traditionnelles de ce terroir. Cependant il faut relever ici que
dans la plupart des cas, que ce sont les élites qui s'y trouvent, qui
leur donnent une certaine vitalité.
Il nous échoit, d'interpréter les
stratégies des élites de Nkol-Metet sur l'emprise des Chefferies
de leur terroir à travers des stratégies collectives d'une part,
et d'autre part, par des stratégies individuelles émanant
concomitamment des actions isolées de certaines élites et de
certaines associations émergentes dans cette localité.
A- Des Stratégies
collectives pour la conservation des Chefferies traditionnelles
A Nkol-Metet, les Chefs traditionnels adoptent des postures
des politiciens investisseurs en essayant autant que faire se peut de combler
leurs déficits de ressources imminentes en accroîtrant leur
capital social par l'établissement des relations
bénéfiques pour le village avec les élites du terroir.
Dans cette circonscription administrative, les Chefferies de 3e
degré d'Obout et d'Oveng sont témoins d'un tel dynamisme à
travers l'impact de leur association ; notamment Nkul Mbida Nga Mballa
à Obout et l'ASFRADO (Association des Frères et Amis
d'Oveng).
1- La Chefferie traditionnelle d'Obout et le Nkul
Mbida Nga Mballa
Obout est un village situé à cinq
kilomètres au Nord Ouest de Nkol-Metet et fait partie de la Chefferie de
groupement BENE-Nord-Est. Ce village représente une grande symbolique
pour les Mvog- Amougou de Nkol-Metet car, il représente le siège
des institutions mystico-traditionnelles de cette ethnie. Ce village a à
sa tête Sa Majesté Amougou Jean- Marie qui est en effet le
septième Chef de ce village96(*).
A côté de Sa Majesté Amougou Jean- Marie,
son représentant, Amougou Ada Albert est également l'une des
figures de proue de cette Chefferie et c'est même lui, qui s'assure de
l'administration quotidienne de la Chefferie d'Obout.
Dans le souci de revitaliser la Chefferie traditionnelle
d'Obout, Sa Majesté Amougou Jean- Marie créera une association
dénommée NKUL MBIDA NGA MBALLA97(*). Ce dernier est son président, et comme dans
la gestion de la Chefferie, il est secondé par Amougou Ada, qui est le
premier Vice-président de ladite association. Cette association comporte
une branche féminine, et au niveau du bureau de l'association98(*), les femmes occupent deux
postes : le poste de deuxième vice Président occupé
par madame Amougou Olive et le poste de Trésorier Général
n°1 occupé par Mboé Louise. Ladite association, comporte
aussi une branche de la jeunesse, et au niveau du bureau, deux jeunes assurent
les postes de Trésoriers n°3 et n°4 ; il s'agit
respectivement d'Owono Jean et Meyong Pierre. Le NKUL MBIDA NGA MBALLA
conformément au préambule de leur association a pour but, de
rassembler toutes les familles Mvog Meyié d'Obout sans distinctions de
sexe et de religion, en vue de s'unir autour de leur Chef de village, pour
consolider les liens fraternels entre les membres. Cette association promeut
également le développement économique, social et culturel
afin de lutter contre la pauvreté.
Cette association compte 80 membres dont 50 sont
actifs99(*). Et est
fortement appuyé par l'élite majeure d'Obout, le Colonel Amougou
Nguelé Emmanuel, qui est le Chef d'Etat Major du Président de la
République du Cameroun Monsieur Paul Biya, et Conseiller de ladite
association. L'action de ce dernier dans cette association, a donné un
nouveau visage à la Chefferie traditionnelle d'Obout et a pris un
tournant décisif lorsqu'il a octroyé un crédit de huit
millions de francs Cfa, pour financer les projets communautaires en 2010. Dans
le domaine de l'agriculture, ce financement, a permis la création des
champs de piments100(*),
les champs de maïs ; des champs d'arachides ; des champs de
tomates et des plantations des bananiers plantains. Dans le domaine de
l'élevage, ce crédit à permis la création de cinq
porcheries à Obout. Dans le cadre des nouvelles techniques de
l'information et de la communication (NTIC) à Obout, on a pu
créer un secrétariat informatique dirigé par Amougou Ada
Albert, le représentant du Chef. Il convient de souligner ici que ce
sont 34 personnes qui ont bénéficié de ces crédits.
Ces bénéficiaires doivent reverser un montant de 10.000 francs
Cfa dans les caisses de l'association, et le remboursement de leur
crédit est mis à la disposition des autres membres n'ayant pas
bénéficié de la première phase.
La vente des produits récoltés de ces
exploitations ne pose pas un problème à Obout. L'association NKUL
MBIDA NGA MBALLA se sert du marché périodique101(*) d'Obout pour écouler
en grande masse ses produits. Nonobstant sa grande propension agro
économique, sur le plan sportif, l'association NKUL MBIDA NGA MBALLA
s'estactivée à organiser entre le mois de juillet et août
2011 un championnat de football de vacances dont le montant était
estimé à 400.000 francs Cfa.
A côté de ce déploiement communautaire et
associatif, le Colonel Amougou (nous reviendrons succinctement sur l'action de
ce dernier plutard) mène aussi des actions personnelles qui ont toujours
des incidences positives sur la reviviscence de la Chefferie d'Obout.
2- La Chefferie d'Oveng et l'ASFRADO : une
synergie d'actions vers l'essor du terroir
Oveng est un des villages de l'Arrondissement de Nkol-Metet
situé à une dizaine de kilomètres à l'Ouest de
Nkol-Metet, et fait partie de la Chefferie de groupement BENE Nord Est. On
estime que ce village couvre une superficie de huit à dix
kilomètres carrés. (Bassemeg, 2000 :2). Ses populations se
reconnaissent être les descendants de Mballa Messolo. En d'autres termes,
les populations d'Oveng sont issues du clan des Mvog Amougou et d'une petite
minorité ethnique constituée des Yembama. Bala Bala Francis est
son deuxième Chef. Contrairement aux villages précédents,
les populations d'Oveng font individuellement leurs petits champs et leur petit
élevage. Pour donner une impulsion coordinatrice aux activités
isolées, est née le 24 décembre 1989 l'ASFRADO :
l'Association des Frères et Amis pour le développement d'Oveng.
Cette association a pour but de regrouper les natifs et tous ceux qui sont
convaincus des idées de ladite association, de susciter l'esprit
d'entreprise, la prise en main des problèmes de développement
d'Oveng, la lutte contre l'exode rural, réaliser une symbiose entre les
natifs d'Oveng résidant en ville et ceux du village, encourager
l'épargne, l'investissement, l'entraide et le bien- être de ses
adhérents ; en un mot, cette association est un cadre de
retrouvaille, de réflexion, de concertations, d'ententes et
d'initiatives des fils d'Oveng.
Dans l'ASFRADO, trois élites se démarquent, et
selon l'imagerie populaire des populations d'Oveng, ce sont ces trois personnes
qui font bouger ladite association. Il s'agit, de son Président, le
Journaliste Jean Claude Ndi, de la Promotrice scolaire et le
mécène Salomé Abeng Tétron 102(*) et du Colonel de Gendarmerie
Ndi Minyae. Cette association compte trois cellules, une à Oveng, une
à Yaoundé et une à Douala. La cellule de Yaoundé
est la plus dynamique. L'ASFRADO n'exclut pas la Chefferie traditionnelle. Sa
Majesté Bala Bala Francis en est son conseiller. A son actif, depuis sa
création, cette association organise chaque année les
journées d'excellence académique. Dans un premier temps, c'est
Salomé Abeng Tétron qui était le mécène
principal de cette activité. Et depuis Cinq ans, le Colonel Ndi Minyae a
pris le relais. A côté de ces journées d'excellence,
l'ASFRADO, apporte du matériel didactique à l'Ecole Publique
Primaire d'Oveng. Cependant les oeuvres les plus déterminantes de cette
association sont la construction de nouveaux bâtiments à l'Ecole
Primaire d'Oveng (oeuvre, qu'on attribue principalement à la personne
de Salomé Abeng Tétron) et à côté de cette
oeuvre, l'ASFRADO, en partenariat avec l'Eglise Catholique notamment le
Diocèse de Yaoundé a réalisé cinq puits d'eau
potable à motricité humaine.
En définitive, en dépit de quelques
dysfonctionnements et des rivalités tacites, l'ASFRADO a réussi
à les transcender pour favoriser l'essor social des populations d'Oveng.
Ces deux exemples nous ont permis de voir comment les élites se sont
servies des associations pour impulser le développement, mieux, de
contrôler les dynamiques du développement local dans leur
village.
B- Des stratégies
individuelles pour la conservation des Chefferies traditionnelles
Le présent point consiste à mettre en
lumière d'une part, les actions essentiellement individuelles de
certaines élites qui ont un impact dans le champ social de Nkol-Metet et
qui participe à la consolidation de leur leadership
institutionnalisé. Le leadership institutionnalisé renvoie
à ce que, les positions qu'occupent ces élites dans leur
communauté leur autorise et même les oblige de prendre les
initiatives et des décisions, en vue de l'obtention des buts de leur
collectivité, avec le droit d'engager leur collectivité comme
totalité. (Parsons, 1960 cité par Mouiche, 2005 : 66).
Dans le cas d'espèce, nous ferons référence aux
leaderships institutionnalisés de Ndi Mboh François à
Ngoantet II et du Colonel Amougou Nguélé Emmanuel. D'autre part,
il nous semble opportun de mettre en exergue l'activité de certaines
associations qui s'inscrivent aussi dans l'actionnariat pour le
développement local. Nous ferons ici référence à la
JAME (Jeunesse Active de Metet en évolution) à Metet-centre et au
RDPC à Ngoantet et à Metet-centre.
1- Des leaders institutionnalisés : Ndi
Mboh François et le Colonel Amougou Nguélé
Emmanuel
1-1- Le leadership institutionnalisé de
Ndi Mboh François
Dans la décennie 90, une élite économico
administrative a considérablement occupé la scène sociale
de Ngoantet en la personne d'Omgbwa Assembe, 103(*)alors Inspecteur des impôts à Douala.
Son action s'est beaucoup inscrite dans un cadre ludique ; notamment avec
l'organisation des championnats de vacances de renommée nationale et
même sous régionale.
Plus récemment, dans le même village, à la
fin de la décennie 90 et au début des années 2000, a
émergé une élite administrative en la personne de Ndi Mboh
François104(*).
Ndi Mboh François, est un diplomate chevronné et est
également le frère aîné de Sa majesté
Tsoungui Emmanuel. Le tact acquis de son expérience diplomatique, lui a
permis de toujours associer son frère Chef au centre des
différents projets qu'il a eu à initier.
De façon concrète, Ndi Mboh François a,
sur le plan sanitaire, été l'un des leaders déterminants
pour la réhabilitation du dispensaire de santé de Ngoantet II,
qui est devenu en 2006 Centre Médical de Santé
Intégré de Ngoantet II105(*). Ce Centre de Santé est
spécialisé en ulcères de brûlis et en chirurgie.
Sur le plan économique, ce dernier a créé à titre
personnel une ferme d'élevage de poulets, une porcherie, et deux
palmeraies qui ont permis d'employer plusieurs jeunes de ce village et des
villages voisins. L'oeuvre de Ndi Mboh François, a surtout
contribué à rehausser l'image de Ngoantet II, mieux encore, a
permis à requinquer la posture de Sa Majesté Tsoungui Emmanuel
qui est en fait, le premier partenaire dudit mécène et a- t-il
aussi fait de la Chefferie, le centre d'impulsion du développement
à Ngoantet II, car toutes ces oeuvres se trouvent localisées au
siège même de la Chefferie de Ngoantet II.
1-2- Le leadership institutionnalisé du Colonel
Amougou Emmanuel
Le Colonel Amougou Emmanuel est la figure de proue d'Obout. Ce
dernier en dehors de son engagement actif dans le Nkul Mbida Nga Mballa qui est
l'association majeure de son village, il a créé à Obout,
un complexe commercial et hôtelier 106(*)dénommée Dibang Charlotte dans lequel,
certains jeunes d'Obout ont trouvé un emploi. Toujours est-il que sur le
plan personnel cette élite possède plusieurs exploitations
agricoles où les jeunes d'Obout, effectuent continuellement des stages
rémunérés. De même au mois d'octobre 2012, il a
amélioré la distribution du courant électrique à
Obout, en remplaçant la connexion monophasée par la connexion
triphasée. Bref, le soutien qu'apporte le Colonel Amougou Emmanuel pour
sa communauté à travers ses actions tant dans l'association NKUL
MBIDA NGA MBALLA, que sur le plan personnel redonne incontestablement une
envergure respectable à la Chefferie d'Obout. D'où le zèle
de Monsieur A quand il affirme :
« notreChefferie mérite
d'être une Chefferie de 2e degré. A Obout, nous avons
un marché construit, un centre de santé, des écoles
primaires et secondaires, un complexe hôtelier commercial, une
cathédrale catholique, une chapelle Protestante de l'Eglise
Presbytérienne Camerounaise, un centre spécial d'Etat civil...
que faut-il encore de plus pour qu'on érige Obout en Chefferie
supérieure ? ».
2- L'action de la JAME et du RDPC pour le
développement local
Les actions de la JAME et du RDPC sont ici principalement
répertoriées dans les villages de Metet- centre et de
Ngoantet.
S'agissant de leur présentation sommaire, Metet-
Centre, comme son nom l'indique, est situé à trois
kilomètres du centre de Nkol-Metet. C'est un village essentiellement
constitué par l'ethnie Mvog -Amougou. Ce village a été
fondé au XIXe siècle par Mbala Zangana107(*) fils de Zambo Nsa. Ce
village a la particularité d'abriter deux Chefferies. La Chefferie de
Groupement BENE Nord Est et la Chefferie de 3e degré
108(*)(celle qui fait
l'objet de notre réflexion ici). Pour ce qui est de Ngoantet, il est
l'un des grands villages de l'Arrondissement de Nkol-Metet. Il est situé
à 9 kilomètres à l'Est de Nkol-Metet. Il fait partie de la
Chefferie de groupement BENE- Sud- Est. Ses populations sont essentiellement
de l'ethnie BENE Mvog Zambo de la souche d'Atangana Mengue, descendant de
Zambo Melunu. A la fin de la décennie 80, vu son étendue et sa
démographie, la Chefferie de Ngoantet sera éclatée en deux
Chefferies : les Chefferies de Ngoantet I 109(*)et Ngoantet II. Dans le cadre
de notre étude de cas, nous nous appesantissons sur la Chefferie
traditionnelle de Ngoantet II. Cette Chefferie a à sa tête, Sa
Majesté Tsoungui Emmanuel qui succéda à son père
Ohanda André.
Dans le cadre de ce sous paragraphe, nous examinerons deux
points. Le premier consiste à examiner l'action de la JAME à
Metet-centre, et ensuite, l'immixtion du RDPC dans le développement
communautaire à Metet- Centre et Ngoantet II.
2-1- L'Action de la JAME
La JAME est une association qui a pour but le
développement social, la fraternité et la solidarité entre
les jeunes de la contrée et des environs. Cette association existe de
façon officielle depuis le 30 avril 2009, et sa déclaration
porte le N°18/RDA/J10/BAPP. Son président Ndi Ndi Anicet, entend
avec ses camarades faire de Metet-Centre, the bestway of life. Pour
réaliser un tel objectif, en 2009, cette association, du 02 au 08
août 2009, a organisé à l'Ecole Publique Primaire de
Metet-Centre, une semaine de portes ouvertes au cours de laquelle, grâce
à l'appui de ses partenaires, a organisé des séminaires de
recyclage en techniques agricoles ; des sensibilisations sur les
fléaux tels que le SIDA et les méfaits des consommations des
drogues110(*), qui
constituent un frein pour le développement local de Metet-Centre. Or,
comme nous l'indique le porte parole statutaire de cette association, Abega
Abessolo 111(*):
« le développement de leur
localité, ne saurait s'appuyer sur des populations malades ou
moribondes économiques ».
Sur un plan éducatif, la JAME a organisé le 19
décembre 2009 toujours à l'Ecole Publique Primaire de
Metet-Centre, une journée d'excellence où elle a primé les
vingt neuf(29) meilleurs élèves112(*) de cette école et la meilleure
élève féminine de la même école par l'octroi
d'un certain nombre de fournitures. Le corps enseignant n'était pas en
reste car la JAME a offert au cours de la même cérémonie
un complément du matériel didactique. Sur le
domaine sportif, depuis sa date de création, la JAME a
déjà organisé trois championnats de football dans
l'optique de combattre l'oisiveté des jeunes pendant les vacances
scolaires.
2-2- La Contribution du RDPC pour le
développement local
Le RDPC qui est le parti au pouvoir au Cameroun, est
également le parti dominant à Nkol-Metet, mieux, Nkol-Metet est
une Banque à votes pour ce parti. Ce parti pour davantage entretenir la
ferveur partisane de ses militants à décider de poser leur pierre
dans la réalisation du développement. A Nkol-Metet, de tels actes
dans les villages de Metet-centre et de Ngoantet ont été
effectués par l'intermédiaire des Présidents des sous-
sections113(*) RDPC
Metet et Ngoantet.
2-2-1- la contribution de la sous- section RDPC
Metet-centre pour le développement local
Sous la houlette du Président de la Sous-Section RDPC
de Metet-Centre, Zambo Amougou Engelbert, Metet-Centre est devenu un vaste
espace semencier. L'activisme politique de ce dernier, a permis de convaincre
l'Honorable Nomo Bengono, Député RDPC, du Nyong et So'o à
créer des champs semenciers communautaires pour davantage encourager les
activités agricoles et surtout faire profiter aux populations de
Metet-Centre des semences sélectionnées, afin d'accroître
la production agricole. Pour donner une ampleur plus communautaire, et pour
éviter les cas d'ostracisme pour les non militants du RDPC, Zambo
Amougou Engelbert, en partenariat avec le programme national du
développement participatif (PNDP), a créé en 2011 à
Metet-Centre le CODEMEC (comité de développement de
Metet-Centre). De façon plus concrète, la coalition associative
(RDPC-PNDP-CODEMEC) qu'a créé Zambo Amougou Engelbert a permis
d'avoir un champ semencier, de 60.000 plants d'ananas ; un champ
semencier, de 10.000 boutures de Manioc ; une pépinière de
50.000 plants de Cacao qui correspondent à une surface cultivable de 42
hectares114(*) ;
une plantation d'un hectare de bananiers plantains. On estime tout cet
investissement à près d'un million de francs Cfa et cela augure
des lendemains meilleurs pour l'agriculture dans ce village, mieux, d'occuper
les hommes et les femmes désoeuvrés.
2-2-2-La contribution de la sous- section RDPC Ngoantet
pour le développement local
L'action du RDPC à Ngoantet II est l'oeuvre du
président de la Sous-Section RDPC, Zambo Assembe Emile. Ce dernier a su
faire profiter à sa communauté des initiatives de
développement local amorcé par ce parti politique. Afin de lutter
contre l'exode rural, ladite sous -section a créé un champ
semencier de cacaoyers de sept hectares responsabilisant à la fois,
femmes et jeunes de Ngoantet II. De même, il a alloué à
l'ensemble des vingt cinq comités de base de sa Sous Section 1250
kilogrammes de semences de maïs, soit 50 kilogrammes par comité de
base115(*). Même
si, cette action peut être analysée à une sorte de
potlach116(*), pour
bénéficier des suffrages des populations de Ngoantet, cette
action profite d'abord à ces populations Mvog Zambo et contribue
à revivifier la Chefferie traditionnelle de Ngoantet II.
Section 2 : Les Chefferies Bene comme arène et
marché politique
Les Chefferies traditionnelles Bene de Nkol-Metet à
l'ère de la libéralisation politique, sont devenues des cadres
d'expression de l'offre et de la demande. Dans le cas d'espèce, l'offre
renvoie à des stratégies mises sur pied par des forces politiques
présentes dans les Chefferies traditionnelles pour leur donner une
certaine vitalité. La demande par contre, fait référence
au soutien apporté par les bénéficiaires des actions pour
le développement local à leurs mécènes. Autrement
dit, les Chefferies se présentent comme les espaces où se
pratiquent les dons et les contre dons (voir Marcel Mauss, 1924) ; ce qui
revient à dire que les actions posées par les promoteurs du
développement local dans les Chefferies de Nkol-Metet participent
davantage à `'sauver la face''.
La marchandisation des Chefferies traditionnelles à
l'ère de la libéralisation politique sied bien avec le processus
de la décentralisation, qui fait un point d'honneur au
développement local. La Loi n° 2004/017 du 22 juillet 2004 portant
orientation de la décentralisation administrative au Cameroun le
renchérit en son article 2 alinéa 2 en stipulant :
« La décentralisation constitue l'axe
fondamental de promotion du développement, de la démocratie et de
la bonne gouvernance au niveau local ».
Dans le même sillage Yves Poulin affirme :
« la décentralisation accroîtrait
la compétition entre gouvernements locaux et encouragerait de ce fait
l'innovation » (Yves Poulin, 2004 :3).
A Nkol-Metet, cela se fait ressentir dans les Chefferies par
la multiplicité des projets communautaires orchestrés et
impulsés par les forces politiques toutes obédiences confondues.
Il nous échoit, dans cette section d'examiner les
Chefferies traditionnelles Bene comme arène pour le contrôle du
développement local et aussi évaluer la Chefferie traditionnelle
comme un niveau des pouvoirs dans les jeux de la décentralisation.
Paragraphe 1 :
Les Chefferies comme arène de compétition pour le contrôle
du développement local
Les Chefferies traditionnelles à Nkol-Metet, sont
relativement en pleines mues depuis l'implémentation de la
décentralisation, qui exige la prise des initiatives pour le
développement local. En d'autres termes, les Chefs traditionnels sont de
plus en plus les promoteurs du développement local. Dans cette noble
tâche, d'autres acteurs comme les élites, les associations
apolitiques et politiques leur apportent un soutien absolument
nécessaire, dans l'optique de revigorer la Chefferie traditionnelle dans
cette aire culturelle.
Le présent paragraphe, qui a pour objectif
d'étayer la dynamique compétitive des Chefferies comme
arène pour le contrôle du développement local à
Nkol-Metet, sera évalué à travers deux points cardinaux.
Le premier point, consiste à analyser l'impact de l'association des
Chefs traditionnels de Nkol-Metet (ACTRAN) comme un cadre théorico-
pragmatique du développement local des Chefferies traditionnelles
à Nkol-Metet ; le deuxième point, consistera à
analyser l'implication responsable des Chefs traditionnels pour le
développement local.
A- L'ACTRAN : un
catalyseur théorico-pragmatique du développement local des
Chefferies traditionnelles à Nkol-Metet
L'ACTRAN est une association créée en 1998 par
Sa Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé. Au-delà de ses
missions régaliennes qui sont l'information et la formation des Chefs
traditionnels, la promotion du développement économique, et la
revalorisation de la tradition. L'ACTRAN est d'abord avant tout un espace de
dialogue et de rencontre des Chefs traditionnels de Nkol-Metet. Cette
association est reconnue comme légitime par tous les Chefs traditionnels
de Nkol-Metet, dans mesure où ces derniers sont tous des
adhérents ; en d'autres termes, cette association compte trente
trois (33) Chefs traditionnels117(*). C'est fort de ce regroupement des Chefs
traditionnels que Sa Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé
considère l'ACTRAN comme la véritable Chefferie de groupement
à Nkol-Metet.il affirme que :
« Loin d'être prétentieux, avant
l'avènement des Chefferies de groupement à Nkol-Metet,
j'étais déjà dans la peau d'un Chef de
groupement ».
Il convient cependant de relever que l'adhésion massive
des Chefs traditionnels à ce mouvement a plutôt des enjeux
économiques. En effet, dans l'ACTRAN, les pratiques telles que les
tontines, les prêts d'argent, le secours en cas
d'événements heureux ou malheureux, obligent, loin s'en faut,
l'adhésion des Chefs traditionnels. Ainsi dit, l'ACTRAN se
présente comme un foyer de la mobilisation collective, mieux, de
l'incitation à l'action collective. Et au regard des rivalités
entre certains Chefs de ce mouvement, cette mobilisation à l'action
collective peut être interprétée selon Mancur Olson(1966)
qui affirme :
« Qu'un individu ne s'engage
spontanément dans l'action collective qu'à condition d'y trouver
un avantagepropre ».(Mancur Olson cité par Braud,
2008:397).
Même si l'adhésion massive des Chefs
traditionnels dans l'ACTRAN peut être analysée sous le prisme du
mimétisme ou l'intérêt individuel, elle oblige
néanmoins ceux-ci à surseoir quelque peu à leurs clivages,
pour redonner du poil de la bête à leur pouvoir et à leurs
Chefferies respectives.
B- Implication responsable
des Chefs traditionnels pour développement local
Le développement local est devenu l'une des
priorités majeures des Chefs traditionnels de Nkol-Metet et ceux-ci sont
encouragés par l'ACTRAN. Certains Chefs traditionnels se sont
activés pour requinquer leur Chefferie traditionnelle. Nous l'avons
davantage observé dans les Chefferies où les élites
étaient très peu nombreuses ou désorganisées. Dans
le présent point, nous ferons référence à deux
Chefferies de 3e degré qui ont été relativement
revigorés par l'engagement ostentatoire de leur Chef traditionnel. Dans
le cas d'espèce, nous analyserons autant que faire se peut, le
rôle de la Chefferie d'Awäe pour le développement local et
aussi la Chefferie de Bikoko et la relance de l'association Renaissance de
Bikoko.
1- La Chefferie d'Awäe au service du
développement local
Le présent point est organisé autour de trois
articulations : l'exemplarité de Sa Majesté Oyono Owono
Joseph, son activisme communautaire au service du développement local
à Awäe et enfin le développement du service sanitaire.
1-1- Exemplarité de
Sa Majesté Oyono Owono Joseph
Après 27ans de
carrière comme Ingénieur Agronome (1967-1994 nous reviendrons
dans le prochain chapitre sur sa biographie), Sa Majesté Oyono Owono
Joseph, une fois rentré au village de façon définitive, va
se consacrer pleinement à l'agriculture. Son implication dans cette
activité est également motivée par l'ACTRAN, qui invite
les Chefs traditionnels à sortir de leur pauvreté ambiante en les
exhortant à pratiquer entre autre chose l'agriculture. C'est donc fort
de ces objectifs, que Sa Majesté Oyono Owono Joseph va créer
deux plantations agricoles depuis 1997. La première plantation est une
cacaoyère, qui couvre une superficie de quatre hectares. La seconde, est
une palmeraie d'une superficie d'un hectare. Ainsi, hors mis sa pension de
retraité, Sa Majesté, nous fait savoir que les ventes des
produits de ses exploitations lui ont permis de prendre soin de sa trentaine
d'enfants, et surtout, lui ont permis de bâtir sa maison de retraite.
C'est au regard d'une telle réussite personnelle comme dans le
`'mythe de la caverne de Platon'' que Sa Majesté Oyono Owono
Joseph, va impulser les activités communautaires à Awäe.
1-2 - L'activisme
communautaire au service du développement personnel et local à
Awäe
A Awäe, le secteur le plus florissant en termes de
développement local et économique est le secteur agricole. Ce
village est l'un des greniers de la commercialisation des vivres à
Nkol-Metet. Dans ce village, on trouve de très grands cultivateurs de
macabo, de patates et de bananes plantains qui s'assemblent de plus en plus en
groupes d'initiatives communes (GIC). Ce faisant, à Awäe, un seul
GIC bénéficie du soutien réel du Chef Oyono Owono Joseph
qui est le conseiller dudit groupe. Ce GIC se dénomme, Sangoula mot
ane ngul a monyan. L'on peut traduire la dénomination de ce GIC en
langue française : `'l'union fait la force''. Ce GIC a opté
pour la culture de rente du palmier à huile. La plantation de ce GIC,
couvre une superficie de 10 hectares et son président est Amougou Mfomo
Jean, lui aussi Ingénieur des Postes et Télécommunications
retraité.
Ce GIC a donné naissance à une tontine. Celle-ci
a pour vocation de discipliner la gestion des ressources financières
obtenues de la vente de l'huile de palme, et surtout favoriser l'essor
personnel des individus. C'est ainsi, que tous les membres de ce GIC sont
ex officio, de cette tontine. Cette tontine a un caractère
obligatoire pour les membres du GIC et limite de ce fait, le désir de
dilapidation de l'argent obtenu de leur dur labeur dans les débits de
boisson. A côté de cette vie agricole, la bonne collaboration de
Sa Majesté Oyono Owono Joseph, avec les élites de son village a
permis de donner une plus-value au domaine scolaire et sanitaire dans le
Village d' Awäe.
1-3- Le
développement du secteur scolaire et sanitaire à
Awäe
A Awäe, les bonnes relations élites- Chef
traditionnel ont permis d'améliorer le secteur scolaire et sanitaire
dans ce village. Jusqu'en 2009, les écoliers ayant fraîchement
obtenus leurs certificats d'études primaires (CEP), étaient
contraints de faire leurs études secondaires soit au lycée
d'Efoulan- Metet par Nkol-Metet soit alors au lycée de
Zoétélé. Ceci est devenu un lointain souvenir, car
l'école s'est rapprochée d'eux depuis 2010, Awäe
bénéficie d'un collège d'enseignement
général (CES). Sur le plan de l'éducation de base, depuis
2000 Awäe a une école maternelle qui, en 2011, s'est vue doter de
nouveaux bâtiments. Enfin, sur le plan sanitaire, Awäe
possède désormais un dispensaire depuis 2011, pour la
santé de ses populations et celles des villages voisins.
Il en ressort qu'à Awäe, l'agriculture est le
levier principal dont s'est servi Sa Majesté Oyono Owono Joseph pour
actionner le développement local dans sa Chefferie. C'est à
l'aide de ce même levier que Sa Majesté Mva Kouma Emmanuel s'est
servi à Bikoko, mais cette fois-ci à une ampleur très
réduite.
2- La Chefferie de Bikoko
et la relance de l'association `' Renaissance de Bikoko''
Bikoko est l'un des trois villages Yembäe de
l'Arrondissement de Nkol-Metet, qui fait partie de la Chefferie de groupement
BENE- Sud- Est. Il est situé à cinq kilomètres à
l'Est de Nkol-Metet. Mva Kouma Emmanuel est l'actuel Chef de ce village et
il est en effet, le troisième dudit village depuis sa création.
Il succéda à son père Sa Majesté Kouma Mva Louis,
qui succéda lui-même à Owono Joseph, premier Chef de
Bikoko. Du temps de sa Majesté Kouma Mva Louis, sera créée
une association en 1973, dénommée `'Confiance
deBikoko''. A cette époque, Ngono Mina
était la Présidente, et avait pour Secrétaire
Général Sa Majesté Kouma Mva Louis. Ladite association
axait ses activités principalement dans l'agriculture notamment, dans
les cultures du manioc et du macabo ; et dans le petit commerce à
travers la vente du pétrole et de l'essence. Cette association, au
regard du vieillissement de ses membres et de la mort de certains, a connu une
forte décrépitude. Avec le rajeunissement de la population de
Bikoko et l'intronisation de Sa Majesté Mva Kouma Emmanuel, confiance
de Bikoko, sera rebaptisée en 2005, `'Renaissance de
Bikoko''. Dans le cadre de ce paragraphe, nous éluciderons
le leitmotiv de la résurrection de `'Renaissance de Bikoko'' avant d'en
dégager l'impact de ladite association dans la Chefferie de Bikoko.
2-1- Le leitmotiv de Renaissance de Bikoko
Lors de notre entretien du 16/08/2011 avec Sa Majesté
Mva KoumaEmmanuel à Bikoko, ce dernier a dégagé la
quintessence du retour de l'association Renaissance de Bikoko en ces
termes :
« Chez nous à Bikoko, nous sommes
considérablement dépourvus d'élites importantes ; or,
notre village ne doit pas être à la remorque d'autres ou de se
complaire dans sa petitesse. Ainsi, bien que peu nombreux, nous avons
relancé les activités de notreassociation, qui jusqu'alors
commençait à battre de l'aile ; c'est pourquoi, nous l'avons
rebaptiséRenaissance de Bikoko. Nous voulons nous servir d'elle pour
faire émerger notre village ».
C'est au regard d'une telle ambition que les membres de
ladite association se sont mis en action. Depuis son retour en 2005, cette
association a déjà connu trois présidentes de 2005
à 2008 Mballa Evelyne ; de 2008 à 2011 Nteme
Orchelle ; et actuellement son nouveau Président depuis 20 12
c'est Mbang Kouma Jeanne. Et depuis sa renaissance, Sa Majesté Mva
KoumaEmmanuel occupe le poste de secrétaire général de
ladite association.
Une fois ayant apporté un éclairci sur
l'association Renaissance de Bikoko, il nous incombe d'analyser son impact sur
sa sphère locale.
2-2- Impact de
`'renaissance de Bikoko'' sur sa sphère locale
L'association dénommée Renaissance de Bikoko,
est une association qui compte trente cinq membres (35), les trois quarts sont
des femmes. Cette association, depuis sa renaissance se consacre
essentiellement dans l'agriculture. Par exemple, en 2010, elle créera
deux champs communautaires : un hectare de manioc et un demi-hectare de
maïs. Les premières ventes des produits de ces champs leur ont
donné 50.000 francs Cfa pour le manioc et 30.000 francs Cfa pour le
maïs. Ces revenus ont été redistribués en partie aux
différents membres et l'autre partie a servi de base de financement pour
l'achat du pagne. En dehors du soutien que cette association apporte à
ses différents membres, depuis 2005, malgré ses moyens modiques,
Renaissance de Bikoko encourage les meilleurs élèves du village
en leur octroyant quelques fournitures scolaires à chaque rentrée
scolaire.
Depuis fin 2010, ladite association entend accroître ses
espaces cultivables et est entrain d'étendre ses activités
à l'élevage des poulets.
Au demeurant, il ressort de ces deux expériences que la
reviviscence de la Chefferie amorcée est probante et a emprunté
principalement les méandres de l'agriculture. Cette reviviscence dans
ces deux cas, est bien orchestrée par ses Chefs traditionnels.
Paragraphe 2 : la Chefferie
traditionnelle comme niveau des pouvoirs dans les jeux de la
décentralisation
L'arrivée de Joseph Ndi Samba comme Maire de la Commune
de Nkol-Metet en 2007 a eu un double impact. Le premier impact, concerne les
missions régaliennes de la Mairie qui ont transformé
l'Arrondissement deNkol-Metet en un véritable chantier118(*). Le second impact, qui fait
l'objet de notre attention, est l'implication grandissante des Chefs
Traditionnels de Nkol-Metet dans le processus de la décentralisation.
Cette sollicitation des Chefs Traditionnels dans ce processus peut-être
analysé à deux niveaux : le premier niveau, est lié
au fait que Joseph Ndi Samba est l'un des pro défendeurs des traditions
BENE,119(*) le second
niveau d'analyse, résulte d'une conséquence logique, dans la
mesure où, pour élaborer une politique efficace et efficiente de
la décentralisation, les Chefs Traditionnels sont mieux placés
pour fournir les informations adéquates au regard de leur
proximité avec les populations locales.
La présente section est organisée autour de deux
paragraphes : le premier paragraphe consiste à mettre en exergue
l'enrôlement des Chefs Traditionnels dans le processus de la
décentralisation àNkol-Metet. Le deuxième paragraphe,
quant à lui, analyse l'action des Chefs Traditionnels dans la mise en
scène de la décentralisation dans les villages deNkol-Metet.
A- Enrôlement des Chefs traditionnels de par la
Mairie
Nous analyserons, dans le cadre de ce paragraphe, le
rôle consultatif des Chefs traditionnels dans le processus de la
décentralisation à travers leur participation lors des Conseils
Municipaux et lors de la survenue de certains événements
conjoncturels comme les séminaires d'imprégnation sur la
décentralisation et des fléaux sociaux comme l'inceste et la
sorcellerie.
1- Assistance des Chefs
traditionnels lors des conseils municipaux
De 2007 à 2012, les Chefs Traditionnels ont
participé à quatre conseils municipaux (1 conseil ordinaire, et
3 conseils extraordinaires).
S'agissant des Conseils Municipaux ordinaires, les Chefs
Traditionnels n'ont pris part qu'à un seul. Ce qui n'enlève en
rien l'importance de leur présence significative à cette
instance plénière.
En effet, le Conseil Municipal de Juin 2010 avait parmi ses
points à l'ordre du jour, le développement de l'habitat dans les
villages de Nkol-Metet, en promouvant la construction des bâtiments avec
les briques120(*) de
terre qui sont très économiques pour les ménages à
revenus limités. C'est ainsi que pour passer à l'acte, le
Conseil Municipal deNkol-Metet dota à chaque Chefferie un moule de
briques de terre pour encourager les constructions à l'aide de ce
matériel, ce qui correspond à un total de trente deux (32) moules
de briques de terre. L'usage de ces moules est gratuit pour toute personne
les sollicitant dans le village, pour une durée maximum de deux (02)
mois. Le conseiller municipal de chaque village respectif, est chargé de
veiller au bon usage de cet appareil, et est sommé de rendre compte de
l'emploi dudit matériel lors des sessions ordinaires du Conseil
Municipal. A défaut des personnes sollicitant ces moules, la Mairie a
incité les Chefs à créer des fabriques de briques de
terres dans leur Chefferie respective.
S'agissant des Conseils Municipaux extraordinaires, les Chefs
Traditionnels ont été sollicités à trois reprises
au cours de l'année 2011. Mais cette fois- ci leur convocation
émane du partenariat PNDP-Mairie qui s'est réunis pendant trois
trimestres qui correspondaient aux trois phases121(*) du Plan de
Développement Communautaire (PDC), qui s'est achevé le 26
novembre 2011. Le PDC deNkol-Metet ne pouvait se faire sans l'intervention des
Chefs Traditionnels qui devaient fournir à leur municipalité les
besoins réels des populations qui sont sous leur autorité, afin
de solutionner spécifiquement leurs attentes. Il ressort de cette action
la fourniture d'une dizaine de puits d'eau potable à motricité
humaine, estimée à plus de quatre vingt millions de francs Cfa,
et l'extension du réseau électrique122(*) dans l'ensemble des villages
deNkol-Metet, étant encore dépourvue de courant
électrique, cette activité a été estimée a
plus de cinq cents millions de francs Cfa. Tout ceci pour le bien-être
des populations.
Les Chefs Traditionnels dans cet exercice ont su recenser de
manière optimale les besoins les plus indispensables de leur
population123(*).
2- Sollicitations des
Chefs lors de la survenue des événements
conjoncturels
En dehors des séminaires d'imprégnation sur le
processus de la décentralisation, qui sont constamment organisés
par la Mairie de Nkol-Metet et animés par les organismes comme le PNDP.
Au mois de Juin 2010, Joseph Ndi Samba a interpellé le Chef de
groupement BENE Nord Est, Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin, afin
d'estomper l'inceste qui se développe de plus en plus dans l'ethnie BENE
Mvog Amougou. Au cours de la même année, cette fois -ci dans un
cadre plus global, ensemble avec les Chefs Traditionnels, ils ont essayé
de trouver une solution pour se débarrasser d'une panthère
sorcière124(*)
àNkol-Metet qui tuaient caprins, moutons, porcs et volaille, et causait
une véritable entrave pour l'élevage dans cette localité.
On ne sait comment, à l'issue de cette rencontre, la panthère a
disparu, certainement les Chefs ont su relayer cette information aux
`'sorciers''du village. Du reste, on se rend compte qu'àNkol-Metet la
décentralisation informelle traditionnelle, a
précédé la décentralisation formelle. C'est
pourquoi, les Chefs Traditionnels de Nkol-Metet ont su s'adapter à ce
nouveau processus.
B- Les Chefs traditionnels metteurs en scène du
processus de la décentralisation dans les Chefferies de
Nkol-Metet
Quand on regarde les orientations qu'entrevoit l'article 55 de
la loi n°96/06 du 18/01/1996, pour les collectivités territoriales
décentralisées dans les missions de promotion du
développement économique, social, sanitaire, éducatif,
culturel et sportif de ces collectivités, on se rend compte que ces
missions à Nkol-Metet trouvent leur centre d'impulsion au niveau de la
Chefferie traditionnelle. La présente section sera bâtie autour de
deux points. Le premier point analyse la catalyse du processus de la
décentralisation par les Chefs Traditionnels de Nkol-Metet. Le
deuxième point quant à lui, analyse leur rôle dans le
relais des informations aux populations.
1. Catalyse du processus de la
décentralisation à Nkol-Metet
Dans le cadre de ce chapitre, nous avons vu le rôle
déterminant joué par les Chefs Traditionnels à travers
les associations de la Chefferie traditionnelle. On a par exemple vu le
rôle de Nkul Mbiba Nga Mballa à Obout dans la promotion
économique d'Obout, de l'ASFRADO à Oveng pour le
développement éducatif et sanitaire...
Au demeurant, l'association la plus illustre en termes
d'impulsion du développement local au niveau de la Chefferie
traditionnelle, est l'ACTRAN (Association des Chefs Traditionnels de
l'Arrondissement deNkol-Metet).
L'action de l'ACTRAN a des répercussions positives, car
c'est à partir d'elle que beaucoup de Chefs Traditionnels BENE de
Nkol-Metet se sont inscrits comme les acteurs du développement
local125(*), en initiant
des projets communautaires. En dehors de son action directe sur les Chefs
Traditionnels à travers ses différentes réunions, l'ACTRAN
incite les élites à les soutenir dans leurs actions, en les
aidants à booster le développement en zones rurales. L'ACTRAN est
également un cadre réflexif où les Chefs Traditionnels
s'informent et se forment sur leurs rôles vis-à-vis de
l'autorité administrative d'une part, et leurs administrés
d'autre part. Mais aussi, sur les rôles qu'ils doivent jouer dans le
processus de la décentralisation (Bassemeg, 2000 : 21).
2. Le relais des informations aux
populations sur le processus de la décentralisation
Quoique de manière formelle, la gestion des
intérêts régionaux et locaux est reconnue aux
Régions et aux Communes qui sont les instances appelées à
jouer ce rôle, celles-ci apparaissent comme des cadres finaux
d'impulsion de la décentralisation.
En d'autres termes, à l'intérieur de ces
Régions et Communes les Chefferies jouent un rôle très
déterminant pour l'effectivité de ce processus, elles sont
même le premier maillon de ce processus. C'est ce qui a certainement
poussé Sa Majesté Oyono Owono Joseph à affirmer
empiriquement :
« Le Maire ne peut rien faire de probant sans
le soutien des Chefs traditionnels».
Ce soutien de la Mairie se traduit de façon
concrète dans la transmission des informations aux populations sur
toutes les activités concernant le processus de la
décentralisation. C'est pourquoi à Nkol-Metet, le PNDP travaille
en intelligence avec les Chefs Traditionnels pour que ces derniers incitent
leurs populations à des actions collectives à travers la
création des GICS qu'ils pourront financer. Cette sollicitation des
Chefs Traditionnels, nous ne le dirons jamais assez, est étroitement
liée à la proximité des Chefs Traditionnels par rapport
à leurs populations respectives qui maîtrisent le mieux la
sociologie du milieu.
Conclusion partielle
Au terme de ce chapitre, il était question pour nous
d'élucider les ressorts stratégiques de la Chefferie
traditionnelle Bene à l'ère de la libéralisation
politique. Force pour nous est de constater, qu'on peut mieux les
appréhender à travers l'action des forces vives de Nkol-Metet
pour la revitalisation des Chefferies traditionnelles.
Au demeurant, leur action n'est pas que philanthropique, dans
la mesure où elles constituent les jalons de la construction de leur
leadership et surtout pour mieux avoir une emprise certaine sur les Chefferies
traditionnelles, qui avec leur intégration dans les conseils
régionaux ont de facto, un rôle décisif à
jouer lors des sénatoriales à venir.
Chapitre 4 : Les ressorts pragmatiques de la Chefferie
traditionnelle Bene à Nkol-Metet à l'ère de la
libéralisation politique
La décentralisation au Cameroun impulsée par la
libéralisation politique, a contribué à hisser les Chefs
traditionnels parmi les promoteurs des activités socioéconomiques
et sociopolitiques ; ceci dans l'optique d'améliorer les conditions
de vies des populations de leur terroir respectif dans des domaines divers tels
que : l'agriculture, la santé, l'éducation et le
militantisme politique... C'est dans cet ordre d'idées, qu'Eko'o Afane
(2009) voit en la décentralisation le moteur de ces dynamismes. C'est
pourquoi il affirme :
« La décentralisation est à coup
sûr, l'une des réformes majeures de ces temps. C'est une onde de
choc qui ébranlera les uns après les autres, tous les domaines de
l'action publique, et la vie quotidienne des citoyens ». (Eko'o
Afane, 2009 :13).
A Nkol-Metet, des Chefs traditionnels ont su s'arrimer
à cette nouvelle donne ; aussi, leur passif d'acteurs politico
administratifs et leurs capitaux politico-économiques et
politico-culturels ont davantage favorisé leur adaptation et ont fait
d'eux, des entrepreneurs coutumiers du pouvoir. Aussi, leur investissement des
Chefferies traditionnelles sont parfois des subterfuges qu'ils usent pour mieux
opérer leurs calculs politiques.
Tous ces dynamismes participent à mieux évaluer
la place des Chefs et des Chefferies traditionnelles dans un contexte de
libéralisation politique, mieux, de la décentralisation ;
d'abord, par leur engagement politique qui se traduit par leur militantisme
avéré, leur donne un certain zèle à être
partie prenante des compétitions électorales telles que les
législatives et les municipales ; ensuite par leur mobilisation
dans les processus politiques et économiques de la
décentralisation.
Ainsi balisé les ressorts pragmatiques des Chefferies
de Nkol-Metet à l'ère de la libéralisation politique, le
présent chapitre repose sur deux sections : La première
section nous permettra de décrypter les Chefferies traditionnelles comme
lieu d'activités socioéconomiques ; la deuxième
section, nous mènera à évaluer et à prospecter la
place des Chefs et des Chefferies traditionnelles dans les activités de
la libéralisation politique et de la décentralisation.
Section 1 : Les Chefferies traditionnelles comme lieu
d'activités socioéconomiques
La libéralisation politique et mieux encore la
décentralisation sont venues intensifiées les activités
socioéconomiques dans les Chefferies traditionnelles à
Nkol-Metet. Cette entreprise s'est concrétisée par des Chefs
politiciens investisseurs, mieux encore par des Chefs professionnels de la
politique126(*). Ces
derniers essayent autant que faire ce peut, de transformer les Chefferies
traditionnelles en véritables pôles de développement
sociopolitique et socioéconomique.
Pour apporter une lumière à ces faits politico
-conjoncturels et économico-conjoncturels, il nous échoit
d'abord, d'examiner les trajectoires des Chefs traditionnels en tant
qu'entrepreneur coutumier du pouvoir et ensuite d'analyser les Chefferies
traditionnelles comme lieux d'investissements socioéconomiques.
Paragraphe 1 : Les
trajectoires des Chefs comme entrepreneurs du pouvoir coutumier
L'examen des Chefs comme entrepreneurs coutumiers du pouvoir
coutumier, nous contraint en quelque sorte à effectuer une
identification sociopolitique des Chefs entrepreneurs. En effet,
l'identification sociopolitique des acteurs trouve son fondement dans la
méthode biographique, qui est très mobilisée par
l'école de Chicago. Cette méthode permet de donner un sens aux
interactions des acteurs dans leur champ social ; dans la mesure
où, elle cherche à reconstituer l'histoire de vie d'un individu
à partir de ses propres déclarations ou des documents fournis
par l'individu lui-même (voir Alpe, 2005 :160). Aussi, si les Chefs
entrepreneurs sont considérés comme faisant partie de la classe
élitaire de Nkol-Metet, nous serons amenés à
dégager essentiellement quatre aspects 127(*): leur origine sociale et
leur recrutement politique, les qualités qui semblent assurer le
succès et les modalités de leur carrière, la
manière de penser et la cohérence des membres de cette
catégorie.
Dans le cadre de notre recherche, ce sont les entretiens
semi-directifs qui nous ont essentiellement fournis ces informations. En
s'inscrivant dans cette perspective, notre analyse va se limiter aux Chefs
traditionnels à Nkol-Metet qui ont eu à occuper de très
hautes fonctions politico-administratives et qui par leurs investissements
sociaux sont devenus des personnalités ressources et des dignitaires
assermentés du pouvoir politico- traditionnel et du pouvoir
politico-administratif. Nous identifierons sur cette base Sa Majesté
Mbala Zangana Benjamin Chef de groupement Bene-Nord-Est; Sa
Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé Chef de groupement
Bene-Sud-Est et enfin Sa Majesté Oyono Owono Joseph Chef de
3e degré de la Chefferie d'Awäe par Nkol-Metet.
A- Sa Majesté Mbala
Zangana Benjamin : De la carrière politico-administrative à
la Chefferie traditionnelle
Dans le présent point, il s'agit pour nous de faire
l'identification sociopolitique de Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin
d'une part, et d'autre part il s'agira de présenter succinctement ses
investissements sociaux avant son accession au trône de la Chefferie
traditionnelle notamment la Chefferie de groupement Bene-Nord-Est sis à
Metet-centre.
1- Identification
sociopolitique de Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin
Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin est né le 08
octobre 1938 à Metet-Centre. Il est de l'ethnie BENE Mvog Amougou. Sa
Majesté Mbala Zangana Benjamin fit les études primaires à
la Mission Presbytérienne Américaine de Metet où il
obtient son C.E.P.E en 1955. A l'Enseignement Secondaire il fréquenta
tour à tour au Collège Protestant de Metet de 1955 à 1956
et de 1957 à 1958. De 1956 à 1957 au Collège Adventiste
de Nanga Eboko ; à Douala au Collège de Bali de 1959
à 1960 et enfin au Collège Montaigne où il obtient son
B.E.P.C en 1961 en classe de Seconde. Un an après, en classe de
première, il mettra fin à ses études pour s'insérer
dans la vie Socioprofessionnelle. Il sera recruté dans l'enseignement en
1962 ; ainsi de 1962 à 1966, il sera tour à tour enseignant
à l'école primaire norvégienne de Dagai à
Maroua128(*); à
l'école primaire d'Ayéné par Nkol-Metet, où il sera
même directeur ; au Collège Protestant de Metet, enfin
à l'Ecole Normale des Instituteurs de Foulassi. C'est de là
qu'en 1966, il réussit au concours des Adjoints d'Administration en
étant neuvième sur les quarante admis. Il débute sa
carrière administrative à la Sous préfecture de
Nguelemendouga en 1966 dans la Région de l'Est, où il est
chargé de la coordination des activités. En 1969, il sera
affecté à la préfecture de Nkongsamba et occupera le poste
de Chef de la section économique. En 1970 il fut affecté à
la préfecture d'Abong Bang où il sera le Chef du
Secrétariat particulier du Préfet. Au cours de l'année
1970, il sera promu Adjoint d'Arrondissement à Obala et sera
chargé des affaires liées à la Chefferie traditionnelle et
au monde rural. En 1971 il sera à nouveau promu comme Chef de District
de Bikok129(*). En 1974,
à l'issue de l'érection du District de Bikok en Arrondissement,
il fut nommé comme le tout premier Sous Préfet de
l'Arrondissement de Bikok. Ayant le vent en poupe toujours à Bikok,
à la suite du décès du Maire de Bikok d'alors Mbala Yene
Pierre en 1974, il fut nommé Maire cumulativement avec ses fonctions de
Sous Préfet de l'Arrondissement de Bikok. Par la suite, son cumul de
fonctions de Sous Préfet, Maire est devenu pour lui une
particularité après Bikok. Il fut également Sous
Préfet Maire des Arrondissements de Ntui en 1976, puis de Bot-Makak de
1977 à 1980 (où il a été victime d'une tentative
d'empoisonnement). En 1980, il fut nommé Maire de la Commune rurale de
Mbalmayo où il occupera le poste jusqu'en 1996 quand survient
l'éclatement de cette Mairie de Mbalmayo en trois autres (Mengueme,
Akoeman, Nkol-Metet). De 1996 à 2007 il fut Conseiller Municipal
à la Commune de Nkol-Metet. En 2008, il est désigné Chef
de groupement et devient de facto membre de l'ACTRAN. Il est aujourd'hui son
vice Président. De même, au niveau de l'ACTRANSO, (Association des
Chefs Traditionnels du Nyong et So'o), il est l'un des vices présidents.
Il est également un membre actif de l'Ekoan Mvog Amougou. Nous ne
saurions terminer cette présentation sans évoquer que Sa
Majesté Mbala Zangana Benjamin est un officier supérieur de
réserve. Il fit son service militaire à Ngaoundéré
alors qu'il était Sous Préfet Maire de Ntui, dans le
Département du Mbam et Inoubou, Région du Centre. Aussi, il aura
été en 1987, secrétaire de la section RDPC Nyong et So'o
et Vice- Président de la Sous-section RDPC de Nkol-Metet de 1996
à 2002.
2- Investissements sociaux de Sa Majesté Mbala
Zangana Benjamin
Avant 1996, la ville de Mbalmayo abritait en son sein deux
communes : une commune urbaine constituée de quatre villages et une
commune rurale 130(*)constituée de 85 villages qui étaient
repartis dans les ex Districts de Mengueme, Akoeman et Nkol-Metet131(*). Le caractère
cosmopolite et économique de cette ville, a vu l'émergence des
Bamiléké dans cette ville qui démographiquement,
économiquement et politiquement contrôlait peu à peu la
ville de Mbalmayo au détriment des populations `'autochtones''. C'est au
regard d'un tel état de choses que Sa Majesté Mbala Zangana
Benjamin entrera en concertation avec le Maire de la commune urbaine de
Mbalmayo d'alors Stanislas Aba'a ; puis avec le Préfet du Nyong et
So'o d'alors Yene Ossomba. En plus des arguments évoqués sur
l'ethnicité, Mbala Zangana Benjamin fera savoir que la coutume
administrative envisageait que pour chaque District ou Arrondissement, il
fallait aussi la présence d'une Mairie. Or, les Districts de
Nkol-Metet ; d'Akoeman et de Mengueme nouvellement
créés en étaient dépourvus. C'est au regard de ses
arguments probants que le Préfet Yene Ossomba transmettra les
doléances de Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin à sa
hiérarchie qui eut par la suite gain de cause. Ainsi la carte communale
dans le Département du Nyong et So'o sera reconfigurée132(*).
Tableau 13 : Répartition
des Communes après éclatement de la Commune de Mbalmayo
Communes
|
Nombres
|
Villages
|
Type de la commune
|
Mbalmayo
|
1
|
27
|
Commune Urbaine
|
Nkol-Metet
|
1
|
32
|
Commune Rurale
|
Akoeman
|
1
|
12
|
Commune Rurale
|
Mengueme
|
1
|
18
|
Commune Rurale
|
Source : archives de Sa Majesté Mbala Zangana
Benjamin
Il n'existera désormais à Mbalmayo qu'une seule
Commune qui est passée de quatre villages à vingt sept
villages133(*) .
Bref, l'avènement de la Commune rurale de Nkol-Metet, laisse
transparaître l'action énergétique de Sa Majesté
Mbala Zangana Benjamin qui a oeuvré pour que le commandement local soit
une affaire des autochtones.
Si l'action de Mbala Zangana Benjamin en tant que Maire de
la commune Rurale de Mbalmayo a joué un rôle majeur pour la
naissance d'une Commune rurale à Nkol-Metet, Sa Majesté Ondoua
Menyié Paul Aimé, en tant que Député et
Président de la Section RDPC Nyong et So'o, par contre, a
transformé l'Arrondissement de Nkol-Metet en une banque de votes.
B- Sa Majesté Ondoua Menyié Paul
Aimé : du capital politique à la Chefferie
traditionnelle
Dans le présent
point, il s'agira aussi pour nous de faire l'identification sociopolitique de
Sa Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé d'une part, et d'autre
part il s'agira de présenter succinctement ses investissements sociaux
avant son accession au trône de la Chefferie traditionnelle notamment la
Chefferie de groupement Bene-Sud-Est sis à Nkol-Ekabili.
1- De l'identification sociopolitique de Sa
Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé
Sa Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé est
né le 17 Juillet 1955 à Nkol-Ekabili. Il est de l'ethnie BENE
Mvog Essissima134(*).
Il fait ses études primaires dans son village Nkol Ekabili puis à
l'Ecole Rurale de Ngoantet, dans laquelle il obtiendra son CEPE (Certificat
d'Etudes Primaires Elémentaires). Il poursuivit ses études
secondaires au Collège Catholique Sacré Coeur de Makak, où
il obtient son BEPC (Brevet d'Etude du Premier Cycle) en 1973, il obtient son
Probatoire C en 1975, en 1976 son Baccalauréat C, et au cours de la
même année il s'inscrit à l'Université de
Yaoundé, dans la filière Maths Physique et ne fera que la
première et la deuxième année. Son engagement
chrétien notamment dans le Mouvement de l'Action Catholique où il
était l'un des responsables, lui valut une bourse en 1978, pour
l'Université de Laval Québec au Canada, où il sortit nanti
en 1983 d'une licence en informatique appliquée, option gestion
d'entreprise. A son retour au Cameroun au cours de la même année,
il fut recruté le 03 octobre à L'ONCPB (Organisme National de la
Commercialisation des Produits de Base) sis à Douala, dans le Service
Informatique (Centre informatique et méthode), où il sera sous
Directeur de l'Informatique jusqu'à la fermeture de ladite
société en 1990. Après la fermeture de l'ONCPB il se
lancera dans le monde des affaires de 1990à1992 où il ouvrit deux
structures l'une à but lucratif, qui était
spécialisée dans les constructions et livraisons des
matériels de construction ; et l'autre structure à but
ludique, le cabaret Eden. Ses accointances avec Grégoire
Owona135(*) l'ont
amené à s'engager pleinement dans la vie politique en 1992. En
1993, lors des renouvellements des structures du parti RDPC, il est élu
Président de la Sous Section RDPC Douala Nord. En 1996, il fut
nommé par le Président de la République et
Président du RDPC136(*) membre du Comité Central dudit parti. En 1997
à la suite du décès de son père, il viendra
s'installer à Mbalmayo, puis à Nkol-Metet, où il
poursuivra son militantisme dont le capital politique acquis à Douala
Nord lui permit de briguer en 2002 la Présidence de la Section RDPC du
Nyong et So'o Centre, du même coup l'un des deux candidats naturels de
son parti à la députation137(*) du Nyong et So'o qu'il briguera d'ailleurs avec
beaucoup de succès. La mort de son père en 1997, obligera Sa
Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé à faire un retour
au village, car son père étant Chef et lui étant
l'aîné, était pressenti à devenir le nouveau Chef de
village de Nkol Ekabili ; c'est ce qui fut concrétisé le 28
avril 1998. C'est du haut de son trône qu'il vit la méprise et la
déchéance de l'institution de la Chefferie traditionnelle
à Nkol-Metet, qu'il sera motivé à créer
L'ACTRAN138(*), qui vit
le jour au cours de la même année de son intronisation. Il est son
président depuis sa création. Ce qui lui a donné
l'envergure d'un Chef de groupement. Il le renchérit si bien en ces
termes :
« En étant Président de l'ACTRAN,
je me suis toujours senti dans la peau d'un Chef de groupement, car l'ACTRAN
regroupe tous les Chefs traditionnels de Nkol-Metet ».
2- Sa Majesté Ondoua Menyié Paul
Aimé et investissements sociaux
Certes, l'activité politique vise d'abord un
intérêt personnel, parfois l'intérêt personnel
commute vers l'intérêt collectif, c'est dans ce sens que nous
appréhendons l'action politique de Sa Majesté Ondoua
Menyié Paul Aimé, sur la vie politique à Nkol-Metet
pendant sa députation de 2002 à 2007. Pour Weber (1968 :
29) :
« tout homme qui fait la politique
aspire au pouvoir soit parce qu'il considère comme un moyen au service
des autres fins idéales, ou égoïstes, soit qu'il le
désire pour lui-même, en vue de jouir du sentiment qu'il
confère ».
L'oeuvre politique la plus significative de Sa Majesté
et Honorable Ondoua Menyié Paul Aimé, à Nkol-Metet, est le
fait d'avoir transformé l'Arrondissement de Nkol-Metet en une
véritable banque de votes pour le RDPC. En effet, dès son
avènement à la tête de la section RDPC du Nyong et So'o,
Nkol-Metet ne comptait que trois Sous Sections. Or, pour donner un poids
politique à son Arrondissement d'origine, l'Honorable Ondoua
Menyié Paul Aimé fit éclater ces trois (03) Sous Sections
en neuf (09) Sous Sections. Ainsi, en termes de pondération politique,
dans le Département du Nyong et So'o, seuls les Arrondissements de
Nkol-Metet et de Mbalmayo139(*) bénéficiaient de neuf (09) sous
sections. En d'autres termes, Nkol-Metet à l'issue de cet
éclatement, est devenu un véritable marché
électoral et une nouvelle destination politique prisée pour les
candidats aux élections législatives dans le Département
du Nyong et So'o.
Quid de Sa Majesté Oyono Owono Joseph.
C- Sa Majesté Oyono
Owono Joseph : de la haute administration aux fonctions de Chef
traditionnel et de premier Magistrat municipal de Nkol-Metet.
Le présent paragraphe sera bâti autour de deux
points. L'identification sociopolitique d'Oyono Owono Joseph, et le
deuxième point consistera d'examiner le contexte sociopolitique de sa
victoire puis d'évaluer succinctement son bilan d'action en tant que
Maire de Nkol-Metet.
1- L'identification
sociopolitique de Sa Majesté Oyono Owono Joseph
Né le 07 janvier 1939 à Awäe, Sa
Majesté Oyono Owono Joseph, est Ingénieur Agronome
retraité, Officier d'Etat-Civil et militant du RDPC. Il fit ses
études primaires à la Mission Presbytérienne
Américaine (MPA) de Metet, où il obtient son C.E.P.E.
Entré au Collège Evangélique de Libamba, il obtient un
Baccalauréat en Sciences expérimentales. En 1967, il sort nanti
du diplôme d'Ingénieur Agronome de la première promotion de
l'Institut d'Agronomie de Nkol-Bisson. Celui-ci compléta sa formation
par deux stages, en Italie où il se spécialisa en Economie
Rurale, puis en Israël, en Economie Rurale de Planification. Ainsi, il
devint Ingénieur Agro Planificateur. Au début des années
1970, il est recruté au ministère de l'économie et est
affecté au service de la Normalisation et le Contrôle de la
Qualité des Produits de Base à Douala pendant trois ans. Puis,
il sera à la caisse cacao du même ministère et sera
nommé Chef Service de la normalisation et contrôle de la
Qualité. En 1978, il est nommé Délégué
Départemental de l'Agriculture à Sangmélima. De 1981
à 1982, il est professeur au Centre Régional d'Agriculture
d'Ebolowa (CRA). En 1983, il est nommé au Ministère de
l'Agriculture, Délégué Provincial du Centre-Sud. En 1994
il prit sa retraite professionnelle. En 1996 il est élu Maire de la
Commune de Nkol-Metet. Depuis 1997, il est planteur et dispose d'une
cacaoyère de quatre (04) hectares, une palmeraie d'un (01) hectare.
Oyono Owono Joseph est depuis le décès de son
père Sa Majesté Owono Zouga Justin en 1975, Chef de 3e
degré d'Awäe. En 1976, il devient Officier d'Etat-Civil, cependant,
compte tenu de ses lourdes responsabilités d'abord en tant que haut
fonctionnaire des Ministères de l'Economie et de l'Agriculture, de 1967
- 1994, puis de Maire de 1996 - 2002, il fut secondé dans sa fonction de
Chef par son frère Ombgwa Jacques, qui est le Sous-Chef d'Awâe
depuis 1976.
La présence d'Ombgwa Jacques à ses
côtés comme Sous-Chef lui permettra pendant cinq ans de s'occuper
de la gestion quotidienne de la mairie pendant son mandat.
2- Identification
sociopolitique de la victoire de Sa Majesté Oyono Owono Joseph aux
élections municipales de 1996 et Bilan d'activités
Plusieurs facteurs ont contribué à
l'élection de Sa Majesté Oyono Owono Joseph. Ces facteurs se
résument dans le cumul des capitaux culturel, social et
économique.
Dans le cas d'espèce, ce capital culturel de Sa
Majesté Oyono Owono Joseph dépend fortement de sa carrière
d'Ingénieur Agronome et surtout de sa qualité d'Officier d'Etat
Civil. Dans l'imagerie populaire, on reconnaît davantage sa formation
d'Ingénieur Agronome comme l'un des facteurs déterminant à
sa réussite. Mais selon Sa Majesté Oyono Owono Joseph, sa
réussite notamment celle ayant trait à son capital culturel
dépend grandement de sa fonction d'Officier d'Etat Civil, où il a
dressé gratuitement des milliers d'actes d'Etat Civil. C'est entre
autre la reconnaissance des bénéficiaires de ses largesses qui
lui ont permis d'avoir un capital social assez consistant.
S'agissant des capitaux économiques et sociaux, ce sont
eux qui ont été les plus prépondérants dans
l'émergence de Sa Majesté Oyono Owono Joseph. Selon la
déclaration de Sa Majesté Oyono Owono joseph, il acquit son
capital économique quand il était fonctionnaire à Douala,
notamment quand il occupait les fonctions de Chef Service de la Normalisation
et de Contrôle de la Quantité. Ce dernier nous
révèle avoir eu de nombreuses entrées économiques
constituées d'une part, de son salaire, et d'autre part, de la
reconnaissance140(*) des
producteurs agricoles qui lui offraient souvent d'importantes sommes d'argent.
Avec ce capital économique, il avait de quoi nourrir par jour des
centaines de personnes chez lui, il nous le fait savoir en ces
termes :
« A mon domicile, je n'arrivais plus à
identifier les résidents de ma maison. Une fois que quelqu'un me faisait
savoir qu'il provenait de Nkol-Metet, il trouvait abri à mon domicile.
Parfois le matin au réveil, je trouvais à mes salles de
séjour endormis de trentaines d'individus qui venaient je ne savais pas
toujours avec exactitude, mais je devinais qu'ils étaient les
miens ».
Ce capital économique de Sa Majesté Oyono Owono
Joseph lui a également permis de constituer son capital social, qui a
été le capital le plus déterminant pour son succès
électoral.
Les services rendus à plusieurs individus et à
certains dignitaires alors qu'il occupait les postes d'Ingénieur
Agronome et surtout d'Officier d'Etat Civil lui ont permis de constituer son
capital social. Sa majesté Oyono Owono Joseph était devenu un
homme très populaire à Nkol-Metet, et il fut soutenu par les
élites administratives et économiques les plus importantes de
cette localité. Il affirme à cet effet :
« ma réussite à cette
élection a fortement dépendu du soutien du richissime homme
d'affaires Joseph Ndi Samba, et son Excellence Mbarga Nguélé
Martin alors Ambassadeur du Cameroun au Brésil pour qui, j'ai
célébré son mariage à l'Etat
Civil ».
La combinaison de ces trois capitaux a amené le
Comité Central du RDPC à entériner la candidaturede Sa
Majesté Oyono Owono Joseph.
S'agissant de son bilan d'activités en tant que Maire,
il n'est pas un bilan assez florissant. Ceci est aussi lié au
caractère nouveau de cette institution dans l'Arrondissement de
Nkol-Metet. L'oeuvre la plus concrète d'Oyono Owono Joseph à la
Mairie de Nkol-Metet, est l'acquisition d'un camion à benne basculante.
Les locations de ce camion ont fait passer les recettes de la Mairie de
Nkol-Metet de sept millions à 1996 à cinquante millions à
la fin de son mandat en 2002.
Au niveau de sa Chefferie à Awäe, il a
contribué à faire de son village l'un des trois pôles
économiques141(*)
majeurs de l'Arrondissement de Nkol-Metet, en accordant de nombreuses patentes
pour l'acquisition de nombreuses échoppes Commerciales ; on en
dénombre une dizaine et cela a contribué à
l'épanouissement économique et à l'essor social des
populations de son village.
Si la Chefferie traditionnelle a été
honorée à l'élection d'un Chef traditionnel comme le tout
premier Maire de l'Institution Communale dans cette localité, depuis
lors, l'implication des Chefs traditionnels à Nkol-Metet dans le
processus de la décentralisation va crescendo.
Paragraphe 2 : Les Chefferies
traditionnelles comme lieux d'investissements sociopolitiques
Les Chefferies traditionnelles sont de plus en plus investies
par des Chefs traditionnels jouissant des capitaux à la fois
symboliques, culturels, économiques et sociaux. Leurs investissements ne
sont pas anodins et ont même une portée ambivalente. D'une part
ils permettent principalement de conforter leurs assises politiques ;
d'autre part ils permettent par ricochet à leur communauté
d'engranger quelques dividendes de leur activité politique. Tout ceci
participe de la grammaire de l'interaction (work face)142(*) ; et selon
Goffman, pour établir sa face, il faut :
« satisfaire les attentes normatives des
autres, ce qui revient à respecter leur personnalité puisqu'en
satisfaisant leurs attentes, je rends hommage à la parcelle sociale qui
est incarnée en eux, à leur aptitude à être eux-
mêmes des acteurs sociaux compétents. Je ne peux établir ma
face sans établir celle de l'autre et je ne peux établir celle de
l'autre sans établir la mienne, dans la mesure où ce qui
constitue la face d'une personne est l'ensemble des croyances sociales sur les
exigences de telle ou telle situation » (Goffman cité par
Céline Bonicco, 2006 :37)
Les profils biographiques des Chefs identifiés
dans le paragraphe précédent posent les jalons probants d'une
telle thèse dans la mesure où ces Chefs traditionnels sont
d'abord des entrepreneurs politiques avant d'être des Chefs
traditionnels.
Le présent paragraphe est structuré autour de
deux points. Le premier point abordera la question des Chefs et leur statut de
relais de l'administration ; le deuxième point quant à lui,
nous permettra de prospecter sur les calculs politiques de ces derniers.
A- Les Chefs et leur
statut de relais de l'Administration
A l'ère de la libéralisation politique et mieux
encore de la décentralisation, les Chefferies traditionnelles et les
Chefs traditionnels continuent à être régis par le
décret de 1977 portant organisation des Chefferies traditionnelles au
Cameroun. Or, dans ce nouveau contexte socio politique et administratif, ils
sont davantage interpellés dans la mesure où leur
proximité avec les populations les inscrit parmi les acteurs du
développement local. C'est dans ce sillage que Geshiere affirme :
« en dessous de la politique officielle des
Etats, il existe des façons locales de faire la politique, et pour
comprendre l'évolution des Etats modernes, il est indispensable de
penser la continuité, qui relie les styles locaux, notamment, les
transformations des formes néo traditionnelles aux conceptions modernes
du politique ».C'est dans ce sillage que Nicodemeus Awasom
déclarera :
« lesChefs traditionnels dans leur vécu
quotidien sont entre le marteau de l'Etat, et l'enclume de leurs sujets. De
l'équilibre entre les deux, dépend leur survie »
(Nicodemeus Awasom cité par Mouiche, 2005a : 20).
Au demeurant, il faut noter qu'à Nkol-Metet, que les
Chefs traditionnels qui sont les promoteurs des activités
sociopolitiques et socioéconomiques sont ceux là, qui sont le
mieux impliqués politiquement et qui possèdent des capitaux
exorbitants ; alors que ceux des Chefs traditionnels moins
impliqués et moins nantis, ont du mal à s'arrimer à cette
nouvelle donne.
Deux points meubleront notre argumentaire. Le premier point
consiste à examiner la nécessité du redéploiement
des Chefs traditionnels Bene. Le deuxième point quant à lui, nous
permettra d'analyser comment les Chefs traditionnels se servent de leur
collaboration avec l'autorité administrative pour asseoir leur
domination. Dans le cas d'espèce, nous ferons référence
à la Chefferie de groupement Bene-Nord-Est.
1. La nécessité du
redéploiement des Chefs traditionnels Bene
Les Chefs traditionnels en tant que relais de
l'administration, comme prévu par le décret de 1977, ils leur
reviennent de s'imposer désormais comme des partenaires de l'Etat. Ceci
parce que le pouvoir central veut toujours avoir la main mise sur le processus
de la décentralisation. Même dans ce processus, les pouvoirs
publics continuent à se servir des Chefs traditionnels, pour
véhiculer leur message au regard de leur proximité avec les
populations. Cependant, pour que les Chefs traditionnels deviennent des
partenaires efficaces et efficients de la décentralisation, le
développement économique et culturel qu'ils devaient assurer au
profit de l'Etat sous l'ère jacobin, doit être purement
inversé pour l'auto satisfaction directe des populations de leur
terroir. C'est dans cet ordre d'idées que ces derniers doivent renforcer
l'initiative de revalorisation de leur culture, en organisant ou en
consolidant des montages de projets socioculturels d'attractions, et de
distractions, pouvant être incorporés dans les bouquets
touristiques intégrant les activités de tourisme culturel. De
même, les Chefs traditionnels doivent accroître la
systématisation d'initiatives communautaires de formation, et
d'éducation, capables de renforcer et développer les savoirs et
savoir-faire des populations. C'est en une telle posture qu'ils pourront
être au niveau local des véritables leaders de leur
communauté, et sur le plan central des partenaires incontestés de
l'Etat.
Les Chefs peuvent également se déployer au
niveau régional à travers leur présence dans le conseil
régional. En d'autres termes, ces derniers sont au coeur de la vie
locale d'abord, en tant que membres, et ensuite, parce qu'ils peuvent
êtres éligibles à la présidence dudit conseil,
conformément à l'article 57, alinéa 3, de la loi
fondamentale du 18 janvier 1996, qui stipule :
« le conseil régional est
présidé par une personnalité autochtone de la
région élue en son sein pour la durée du mandat du
conseil ».
Au demeurant, en attendant la mise sur pied desdits conseils,
les autorités traditionnelles doivent prendre au sérieux leur
rôle, afin de faire de la décentralisation un cens
dévoilé, et non un `'cens caché''143(*), et tout ceci passe par leur
introspection.
2. La collaboration des Chefs de groupement avec le
Sous-préfet : un gage de domination et une pérennisation des
Chefs traditionnels comme Auxiliaire de l'Administration
En principe, les Chefs de groupement n'ont aucune imposition
à adresser aux Chefs au 3e degré, ces derniers ne
doivent que répercuter les directives venant de l'Administration,
notamment, celles émanant des Sous- Préfets. Mais, ce dernier
peut procéder par trafic d'influence, surtout lorsque le Chef de
groupement entretient de bonnes relations avec le Sous- Préfet qui,
selon les articles 28 et 29 du décret de 1977, ont compétence
d'apprécier positivement ou négativement les activités des
Chefs traditionnels.
Au demeurant, le Chef de groupement dans une localité,
est le collaborateur le plus proche du Sous- Préfet. Le Sous-
Préfet144(*) de
Nkol- Metet nous le renchérit lorsqu'elle dit :
« notre travail serait harassant, si on avait
pas la présence des Chefs de groupement. Ils jouent le rôle
d'éclaireurs et balisent la voie du bon déroulement de nos
tournées administratives »
Il est donc le relais entre le Sous- Préfet et les
Chefs de 3e degré. Mais les Chefs de groupement semblent
être les alliés incontestables des Sous- Préfets en ce
sens que, ces derniers leur permettent d'asseoir leur autorité, car ne
possédant pas une sphère de compétence bien
déterminée.
Dans l'Arrondissement de Nkol-Metet, notamment dans la
Chefferie Bane Nord Est, l'on reproche au Chef de ce groupement d'être
beaucoup plus proche de l'Administration centrale que ses pairs Chefs. Ceci
parce que lui- même a été Sous- préfet. Amougou Ada
Albert le renchérit :
« notreChef de groupement se
comporte comme un Sous-Préfet, il nous donne des directives sans nous
consulter. Nous l'avons encore constaté lorsque nous devions recevoir
madame le Sous- Préfet lors de sa tournée de prise de contact
avec les populations d'Obout. Au lieu de nous demander comment nous nous
sommes préparés à cette cérémonie, ce
dernier nous a plutôt imposé un certain nombre de choses (...) si
c'est cela le regroupement, je pense qu'à Nkol-Metet, vaudrait mieux le
supprimer, et conserver tout simplement les rapports Sous- Préfets
-Chefs de villages ».
Les Chefs de groupement seraient donc des spectres de
l'Administration, de part leur façon d'agir, et au regard des
prérogatives qui leur sont dévolus. Par eux, l'Etat continue
à garder une certaine main mise sur les affaires des populations
locales ; mais il n'en demeure pas moins vrai que leur avènement
à Nkol-Metet doit être lu et vu sous le prisme de la
décentralisation, et que tout dépend du discernement des Chefs de
groupement. Heureusement pour ces derniers à Nkol-Metet, même
s'ils ont tendance à vouloir demeurer les suppôts de
l'Administration, ils fournissent, autant que faire se peut des efforts, pour
être les acteurs du développement local à travers leurs
multiples investissements sociaux qui trahissent quelque peu leurs calculs
politiques.
B- Les calculs politiques des Chefs
traditionnels
Dans les interactions, les individus se trouvent
sollicités par deux démarches théoriquement concevables.
Soit il opère un calcul coûts/avantages ; soit ils se
conforment à des rôles assignés (voir Braud,
2008 :751-752). Dans le cas des Chefs traditionnels de Nkol-Metet, leurs
actions peuvent être analysées par la première
configuration. Ceci s'explique par le fait que, ceux-ci ne se contentent pas
uniquement de leur stature d'autorités traditionnelles ; tout au
contraire elles se servent d'elles pour mieux se déployer politiquement.
Les profils biographiques des Chefs traditionnels que nous avons
déclinés plus haut nous donnent des arguments assez plausibles.
Aussi, le caractère administratif des Chefferies traditionnelles de ce
ressort, leur offre plus d'opportunités à s'engager politiquement
dans l'optique de mieux asseoir et de conforter leur stature d'hommes
politico-traditionnels.
Pour mieux élucider les calculs des Chefs Bene, nous
essayerons autant que faire se peut et succinctement, de décrypter leur
comportement politique. Dans le cas d'espèce, nous ferons ici
référence à leurs Majestés Ondoua Menyié
Paul Aimé et Mbala Zangana Benjamin.
1- Le militantisme ostentatoire de Sa Majesté
Ondoua Menyié Paul Aimé
Sa Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé est
avant tout un homme politique avant d'être un Chef traditionnel. Ce
dernier, et est un fervent militant du RDPC qui est le parti au pouvoir au
Cameroun. Ceci étant, il n'a jamais caché ses ambitions
politiques, d'ailleurs il a déjà été
député au cours de la législature 2002-2007.
Sur le plan sociopolitique il crée en 1998
l'ACTRAN qui est l'association regroupant les Chefs traditionnels. La
création de cette association et son engagement dans celle -ci viserait
à affiner sa stature symbolique et aussi augmenter son capital social
dans la mesure où elle crée l'adhésion des Chefs autour de
lui. Le fait pour lui d'avoir brigué aussi la Chefferie de groupement
Bene-Sud- Est en 2008 consistait pour lui à continuer à jouer un
rôle de premier plan à Nkol-Metet malgré sa
déchéance politique en tant que député.
D'après nos enquêtes et nos entretiens avec Sa
Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé, il appert que Sa
Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé reste fasciné par
la fonction de député qu'il veut briguer à nouveau. C'est
certainement la raison pour laquelle dans l'optique de maîtriser
l'information et dans une posture de marginal sécant, il réside
principalement à Mbalmayo145(*).
Au demeurant, même si Sa Majesté Ondoua
Menyié Paul Aimé affiche délibérément son
amour pour la fonction de député, sa présidence de
l'ACTRAN fait aussi de lui, un candidat sérieux pour le Conseil
Régional mieux encore du Sénat.
2- La Chefferie traditionnelle et la renaissance
politique de Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin
Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin de 1996 à
2008 a presque joué des rôles de second plan sur le plan
politique de Nkol-Metet. Par exemple il n'a été conseiller que
municipal de 1996 à 2007 à la Mairie de Nkol-Metet ; ce qui
a permis de voir émerger d'autres acteurs dans le paysage sociopolitique
de Nkol-Metet.
Avec l'avènement de la Mairie de Nkol-Metet en 1996,
beaucoup de ses contemporains le voyaient briguer celle-ci ; mais cette
année coïncidait avec la baisse de son aura politique. Même
si ce dernier semble trouver d'autres justificatifs lorsqu'il nous
dit :
« après avoir
été Maire de la grande commune rurale de Mbalmayo pendant 16ans,
qui comptait 80 villages, pour moi c'était une régression de
briguer à nouveau une mairie relativement d'une faible ampleur comme
celle-ci qui ne compte que 32 villages ».
Au demeurant, en briguant
la Chefferie de groupement Bene -Nord-Est, il était question pour Sa
Majesté Mbala Zangana Benjamin, de sortir de sa retraite politique
anticipée ; aussi l'âpreté d'accès par lui
à cette institution confirme l'hypothèse suivant laquelle
c'était un moyen pour lui de naître politiquement de nouveau. Il
nous déclarera au cours d'un entretien : « j'ai encore
des ambitions politiques, mais Nkol-Metet ne constitue plus, mon point de
mire ».
En d'autres termes, Sa
Majesté Mbala Zangana Benjamin, a des ambitions qui dépassent
le cadre de l'Arrondissement de Nkol-Metet ; cela est d'autant plus
pertinent dans la mesure où ce dernier ne s'est jamais
véritablement investi dans les batailles électorales tant
municipales que législatives. Selon une certaine opinion publique, on le
range parmi les potentiels prétendants sénateurs de
Nkol-Metet.
Cependant, depuis son
intronisation comme Chef de groupement, il s'est inscrit dans de l'ACTRAN et
depuis 2010 il est vice président de ladite structure associative. Aussi
pour avoir un aura encore plus important il s'active au sein de l'Ekoan Mvog
Amougou (EKMA) qui est l'association défendant et valorisant
l'identité Mvog-Amougou son ethnie. Son engagement dans l'EKMA est
très stratégique dans la mesure où, les Mvog Amougou
contrôlent à Nkol-Metet les jeux électoraux. Par rapport
aux autres groupes ethniques Bene de Nkol-Metet les descendants de cette ethnie
occupe à l'heure actuelle les postes politico-administratifs les plus
influents tels que celui de Délégué général
à la sûreté nationale et de Chef d'état Major
particulier du Président de la République Paul Biya. Ainsi dit,
se dernier se rapproche de cette entité déjà pour avoir
l'assentiment des élites politico-administratives de son ethnie et
surtout renforcer le tissu des relations sociales avec les autres Chefs
traditionnels Mvog Amougou146(*). Ceci s'inscrit dans l'optique d'établir une
certaine prépondérance au sein de l'ACTRAN afin de réduire
l'ascendance de Sa Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé sur les
Chefs traditionnels de Nkol-Metet.
Quid de la place des Chefs
et des Chefferies traditionnelles dans l'activité de la
libéralisation et de la décentralisation ?
Section 2 : La place des Chefs et des Chefferies dans
l'activité de la libéralisation politique
L'année 1996 marque
un tournant décisif dans la vie sociopolitique camerounaise. Elle
consacre en fait l'inscription de la gouvernance du Cameroun dans le processus
de la décentralisation147(*). Contrairement à d'autres localités du
Cameroun, où la décentralisation n'est pas encore effective,
à Nkol-Metet, la décentralisation est inaugurée en 1996
par l'avènement de la Commune de Nkol-Metet qui s'inscrit, dans ce
processus des foyers des Régions et des Communes. (Cf. Article 55
alinéa 1 de la loi n°96/06 du 18 janvier 1996 portant
révision de la loi du 02 juin 1972). La particularité de
l'avènement de la Commune à Nkol-Metet est l'élection
d'un Chef traditionnel Sa Majesté Oyono Owono Joseph, comme le tout
premier Maire de la Commune de Nkol-Metet. La confiance faite au Chef
traditionnel trouve une de ses raisons dans le fait que les Chefs
traditionnels, tant dans le processus de la déconcentration que dans
celui de la décentralisation sont davantage plus proches des populations
qu'ils connaissent mieux et les réalités de leur terroir.
Autrement dit, la décentralisation consacre les Chefs traditionnels
comme de véritables entrepreneurs politiques et cela se manifeste dans
les faits par leur militantisme ostentatoire.
Par exemple, à Soa
si lors de la rencontre de sondage avec les populations de ce village pour la
succession148(*)de leur
Chef décédé, Sa Majesté Mbala Zangana avait
décliné ses préférences partisanes. Son ordre du
jour portait sur la succession du Chef et l'élection
présidentielle d'octobre 2011. S'agissant des élections
présidentielles, Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin voulait
savoir si toutes les personnes en âge de voter dans ce village
étaient inscrites sur les listes électorales, afin d'apporter au
Président Paul Biya un soutien sans faille. Il le dira en langue
locale : « Mayi me yeme nge mot ase ane ntiliban a be
listes, amu bia bese bia yiane tebe a mvus nti Biya.Amu a y'aneke Janle ve
tyin jia149(*) ».
Il nous échoit dans
la présente section, d'expliciter l'engagement politique des Chefs dans
les compétitions municipales et législatives à
l'ère de la libéralisation politique et ensuite aborder sur un
ton pragmatico-prospectif la mobilisation des Chefs dans les processus
politiques et économiques de la décentralisation.
Paragraphe 1 :
L'engagement politique des Chefs dans les compétitions politiques
municipales et législatives
Nkol-Metet constitue l'un des bastions politiques
pour le parti au pouvoir au Cameroun ; le RDPC. Par exemple à la
dernière élection présidentielle du 09 octobre 2011, le
candidat de ce parti Monsieur Paul Biya est venu en tête avec 95,46% des
suffrages exprimés en sa faveur (Source : Rapport Elecam octobre
2011). Il convient aussi de rappeler que toutes les charges électorales
dans cette unité administrative ont toujours été
briguées par les partisans de cette formation politique. Les tableaux
ci-dessous corroborent notre argumentaire.
Tableau 14: Les Maires de
Nkol-Metet depuis l'avènement de la Mairie en 1996
Année
|
Nom du Maire
|
Formation politique
|
1996-2002
|
S.M Oyono Owono Joseph
|
RDPC
|
2002- 2007
|
Omgbwa Assembe
|
RDPC
|
2007 à nosjours
|
Ndi Samba Joseph
|
RDPC
|
Source: Enquêtes
Tableau 15: Les
députés du Nyong et So'o Natifs de Nkol-Metet depuis
1992
Année
|
Nom du Député
|
Formation politique
|
1992-1997
|
Maze Jean Alfred
|
RDPC
|
1997- 2002
|
Maze Jean Alfred
|
RDPC
|
2002-2007
|
S.M Ondoua Menyié Paul Aimé
|
RDPC
|
Source: Enquêtes
A Nkol-Metet, les Chefs traditionnels ne sont pas
restés en marges de cette activité militante, au contraire, ils
affichent ouvertement leur appartenance politique. Ces faits ne
reflètent pas un particularisme Bene ; c'est plutôt un des
effets induits du multipartisme. Mouiche (2005a) le faisait déjà
remarquer dans son étude empirique dans certaines Chefferies de l'Ouest
quand il affirma :
« La majorité des autorités
traditionnelles s'est engagée à soutenir les candidats du Rdpc,
comme ils le firent souvent pendant l'ère du monolithisme »
(Mouiche, 2005a :3).
Les Chefs traditionnels ont donc, dans ce nouveau contexte
politique trouver de nouveaux espaces d'expression dans la vie politique ;
c'est pourquoi, crânement et sans complexes ils se sont engagés
à Nkol-Metet dans les échéances électorales. Ce fut
le cas de Sa Majesté Oyono Owono Joseph dans le cadre des
élections municipales de 1996 et de 2002 et de Sa Majesté Ondoua
Menyié Paul Aimé dans le cadre des élections
législatives de 2002 et de 2007.
A- Sa Majesté Oyono
Owono Joseph : de la cooptation à la déception
Selon Sa Majesté Ondoua Menyié Paul
Aimé, l'émergence de Sa Majesté Oyono Owono Joseph comme
le tout premier Maire de Nkol-Metet, est fortement lié à son
capital culturel. Il affirme :
« Sa Majesté Oyono Owono Joseph est le
tout premier Ingénieur Agronome de l'Arrondissement de Nkol-Metet, il
est également un Officier d'Etat-Civil chevronné. Ce qui lui fit
gagner l'élection municipale de 1996, c'est sa grande
générosité. En effet, lorsqu'il était travailleur
à Douala, les ressortissants de Nkol-Metet bénéficiaient
de ses largesses tant sur le plan alimentaire que financier, ce qui lui valu
une grande popularité d'où son surnom de Boula Mba
» (Source : Ondoua Menyié, 57 ans, entretien du
01/02/2012).
Dans le même ordre d'idées, pour Amougou Ada
Albert, trois facteurs ont contribué à l'élection de Sa
Majesté Oyono Owono Joseph :
« Sa formation d'Ingénieur
Agronome, sa disponibilité150(*), sa connaissance des besoins du peuple lié a
sa fonction de Chef traditionnel ». (Source Amougou Ada Albert
représentant du Chef d'Obout, entretien du 12-02-2012).
Au demeurant, dans le cadre de ce paragraphe les années
1996 et 2002 constituent les balises de notre raisonnement. C'est dans ce
sillage que notre argumentaire sera focalisé sur deux points : le
premier point consacre l'année 1996 comme l'année du
succès électorale Sa Majesté Oyono Owono Joseph, le
deuxième point examine plutôt les causes de sa
déchéance aux élections municipales de 2002.
1- Les élections municipales de 1996 : un
non lieu de la compétition électorale
Sa Majesté Oyono Owono Joseph est entré en
politique en 1996. Ce dernier a été coopté par les
militants du RDPC grâce à son capital social, mais grâce
à sa disponibilité, car en 1996, il est déjà un
retraité depuis deux ans, et ne s'occupe que des ses fonctions de Chef
traditionnel de son village Awäe.
D'un point de vue strictement politique, Sa Majesté
Oyono Owono Joseph a bénéficié de la non tenue des
primaires au sein du parti RDPC. En d'autres termes, Sa Majesté Oyono
Owono Joseph a été dispensé de la compétition
interne au sein de son parti. Sa liste ne fut que purement et simplement
validée par le Comité Central du RDPC. Le RDPC étant le
parti majeur à Nkol-Metet et que ces élections étaient
les premières élections post monopartisme à Nkol-Metet. La
victoire de Sa Majesté Oyono Owono Joseph en était devenue une
évidence.
Les primaires organisées au sein du parti RDPC en vue
des élections municipales de 2002 et d'autres facteurs entrés en
jeu, n'ont pas favorisé la réélection de Sa Majesté
Oyono Owono Joseph.
2- 2002 et les raisons de
la déchéance de Sa Majesté Oyono Owono Joseph
Selon Sa Majesté Oyono Owono Joseph, les causes de son
échec se trouvent être dans l'investissement du champ politique
à Nkol-Metet, des hommes qui voudraient vivre pour la politique au
détriment de ceux qui vivent de la politique (Max Weber 1968). Ce qui
s'est justifié par l'achat des consciences et l'achat des voix aux
élections municipales de 2002.
Nous allons ici principalement évoquer deux raisons de
l'échec de Sa Majesté Oyono Owono Joseph : une raison
politique, des causes liées à la défection de ses capitaux
sociaux et économiques
S'agissant des causes politiques la tenue des élections
primaires a entraîné l'échec d'Oyono Owono Joseph qui
affrontait pour la première fois la compétition
électorale, son principal challenger Omgbwa Assembe Inspecteur des
Impôts avait acquis une certaine popularité, car pendant
près de dix ans, il organisait pendant les vacances scolaires un
championnat de football, qui était alors devenu,
l'événement sportif majeur dans l'Arrondissement de Nkol-Metet.
Sa cote de popularité combinée à son fort capital
économique, et le soutien des élites majeures de Nkol-Metet, lui
ont permis de damer le pion au tout premier Maire de Nkol-Metet dont le
passé glorieux ne suffisait plus pour briguer un nouveau mandat.
S'agissant de ces capitaux économiques et même
sociaux, il faut souligner ici que lorsque survient l'élection de Sa
Majesté Oyono Owono Joseph en 1996, son capital économique
était encore consistant pour mener une bataille électorale. Ceci
est d'autant plus pertinent qu'il était quasiment seul en lice. A
l'élection de 2002, ses moyens financiers se sont avérés
insuffisants face à ceux de son challenger Omgbwa Assembe. Son
échec est aussi lié à la désolidarisation de ses
principaux partenaires à l'instar de Joseph Ndi Samba, qui a joué
la carte de la neutralité à cette élection. La logique du
"njangui"151(*)
très déterminante en politique a vu les principales élites
soutenir massivement la candidature d'Omgbwa Assembe. Selon certains
informateurs, la décrépitude du capital social d'Oyono Owono
Joseph trouve aussi l'un de ses foyers dans le fait qu'il a géré
les biens de la Mairie dans une logique néo-patrimoniale. Ce qui
traduit, peu s'en faut, la nature mitigée de son bilan d'actions en tant
que Maire de Nkol-Metet de 1996 à 2002, d'où la déception
de ses "fans". Monsieur C nous le confirme en ces termes:
« L'élection de Sa
Majesté Oyono Owono Joseph avait suscité beaucoup d'espoir, car
on savait qu'un Chef traditionnel était le choix idéal pour la
fonction de Maire en zone rurale. En effet, la proximité du Chef avec
ses populations lui permettent d'avoir des indicateurs proéminents sur
les véritables attentes des populations. Mais au fur et à mesure
que le mandat s'égrainait, on se rendit compte que Sa Majesté
Maire, ne savait pas différencier l'homme Maire de l'homme Chef, de la
gestion du patrimoine de la Mairie de la gestion du patrimoine de la
Chefferie ».
B- Sa Majesté
Ondoua Menyié Paul Aimé et élections législatives
de 2002 et de 2007
Sa Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé est le
Chef traditionnel à Nkol-Metet qui affiche le plus ostentatoirement son
engagement politique. Aussi en termes de prestige au sein de son parti
politique le RDPC, il est le seul Chef traditionnel de Nkol-Metet à
avoir été membre du comité central du RDPC et même
Président de la section RDPC Nyong et So'o de 2002 à 2007.Toutes
choses étant égales par ailleurs, il était donc logique de
le voir briguer assez aisément la députation du Nyong et So'o en
2002. Cependant après avoir exercé ses fonctions de
député au cours de la législature 2002-2007, en 2007 il
essuya une défaite lors des primaires de son parti le RDPC.
Pour plus d'une personne, l'éclatement de Nkol-Metet de
trois (03) sous-sections en neuf(09) sous sections Rdpc a été
l'une des causes majeures de la déchéance de Sa Majesté
Ondoua Menyié Paul Aimé. Ce dernier nous le fait aussi dire quand
il affirme :
« le fait pour nous d'avoir créé
des nouvelles Sous-Sections à Nkol-Metet, visait de faire de
l'Arrondissement de Nkol-Metet un contrepoids à l'Arrondissement de
Mbalmayo. Malheureusement, cette initiative trahissait certainement les clauses
de mes alliances politiques quand je fus élu Président de la
Section RDPC Nyong et So'o152(*) ».
Cependant pour les populations de Nkol-Metet, leurs attentes
étaient focalisées ailleurs. Les plus récurrentes
étaient celles des routes et de l'eau potable entre autres.
Malheureusement, ses attentes n'ont pas été atteintes ; ce
qui lui fit perdre les suffrages dans son fief à Nkol-Metet. La
construction de quelques bâtiments pour le seul lycée que compte
Nkol-Metet ne lui a pas permis de glaner à nouveau des suffrages pour
une réélection. Son militantisme politique, ni même sa
déchéance politique en tant que Député n'a
nullement entamé son ambition de la revalorisation de l'institution de
la Chefferie traditionnelle à Nkol-Metet, d'où son engagement
inlassable au sein de L'ACTRAN.
Paragraphe 2 : La
mobilisation des Chefs dans les processus politiques et économiques de
la décentralisation
Dans le contexte de la décentralisation, la
mobilisation des Chefs traditionnels dans les processus politiques et
économiques nécessite un renforcement de leurs capacités
économiques, symboliques et culturelles. A Nkol-Metet, il y a certains
Chefs qui ne saisissent pas encore leur rôle dans cette nouvelle
conjoncture politique. Sa Majesté Akoa Amougou Vincent nous le confirme
lorsque nous voulions savoir comment il entendait se déployer dans la
décentralisation, ce dernier nous fit savoir :
« Dans la décentralisation, le Chef
adresse les doléances de sa communauté aux autorités
administratives afin que celles-ci viennent les solutionner »
(entretien du 15 /07/2011 avec Sa Majesté Akoa Amougou Vincent).
Ceci étant, le renforcement de leurs capacités
consiste pour eux de quêter un certain nombre de capitaux pour
être à la hauteur des mutations qu'imposent la conjoncture
socio-politique dans laquelle ils s'y trouvent. Le capital, tel
qu'envisagé ici, est appréhendé dans l'acception
bourdivine. C'est-à-dire, l'ensemble des ressources mobilisables et
utilisables par un individu, du fait de sa position dans l'espace social. On
distingue à cet effet quatre types fondamentaux de capitaux : le
capital économique, le capital culturel153(*), le capital social et le
capital symbolique154(*). Bien entendu, que ceux-ci sont
complémentaires ; mais pour des besoins heuristiques, nous allons
principalement mobiliser le capital économique et subsidiairement le
capital symbolique.
A- Le renforcement des
capacités des Chefs autour du capital économique
Anthropologiquement, la fonction de Chef traditionnel
était attribuée à des personnes qui possédait un
certain nombre de capitaux, parmi lesquels le capital économique
d'où les appellations de Nkukuma, de Mfan mot (voir
Laburthe-Tolra, 1981 ; Fouda Ongodo, 2004).
Aujourd'hui à Nkol- Metet les Chefs (notamment pour les
Chefs de 3e degré) possèdent de moins en moins ce
capital, et sont désormais à la merci des populations, à
cause de leur paupérisation grandissante. Les Chefferies ne sont plus
les lieux de ravitaillement155(*) des populations .Aussi, les Chefs sont-ils
incapables de se bâtir des maisons dignes de leur statut ;
incapables de conserver les structures d'accueil héritées de leur
défunts parents. En d'autres termes, les Chefferies ne présentent
plus des structures d'accueil. C'est la raison pour laquelle, lorsque les
autorités administratives (préfet, sous-préfet, commandant
de brigade de gendarmerie...) effectuent leurs tournées, au lieu
d'être reçues dans les Chefferies traditionnelles, elles sont
plutôt accueillies dans les villas des élites du terroir, qui
financent même les réceptions de ces dernières. Parfois,
indépendamment de leur volonté, ces élites fragilisent la
position sociale des Chefs .Or chez les Béti, le prestige du Chef est
étroitement lié à son capital économique.
Il devient donc impérieux pour les Chefs traditionnels
de corriger ce manquement, pour pouvoir être de véritables acteurs
de la démocratisation ; car, pour parler de développement en
escomptant les résultats, ils doivent d'abord être des
modèles à l'instar des Chefs de groupement. Madame le Sous
Préfet de Nkol-Metet nous le confirme quand elle dit :
« dans la classe des Chefs
traditionnels de Nkol-Metet, les Chefs de groupement sont incontestablement
économiquement et matériellement au-dessus du lot »
(source : entretien du 06/07/2011 à la sous-préfecture
de Nkol-Metet).
Autant le capital économique constitue un facteur de
prestige pour les Chefs traditionnels, autant le capital symbolique ne vient
que renforcer ce prestige.
B- Le renforcement des
capacités des Chefs autour du capital symbolique
Fondamentalement, le pouvoir traditionnel comme le pouvoir de
l'Etat, regorgent des aspects de la sacralité, au regard de la palette
des rites que regorgent nos traditions c'est dans cet ordre d'idées que
Halpougdou affirme :
« tout pouvoir traditionnel est
dénué de sens et réalité sans l'investiture des
ancêtres, c'est-à-dire sans la dimension sacrée et mystique
attribuée au pouvoir dans les sociétés »
(Halpougdou cité par Ouedraogo Hubert, 2006 :14).
Nous n'allons pas nous engager dans les méandres du
sacré. La dimension symbolique que nous voulons mettre en exergue ici,
réside en d'autres aspects, qui font du pouvoir du Chef, un pouvoir
symbolique. Il s'agit en fait de la respectabilité, de
l'honorabilité, la réputation et la compétence du Chef.
Tous ces éléments constituent de façon
générale les valeurs intrinsèques que doivent avoir les
Chefs traditionnels.
En effet, de plus en plus dans nos localités,
les autorités traditionnelles sont méprisées. Ceci
s'explique en grande partie par leur mauvais comportement. Ce qui ternit
davantage leur image, c'est leur ivresse permanente. Ces derniers sont pour la
plupart des adeptes incontestés du whisky artisanal (odontol ou akerpi).
De même, la compagnie des Chefs traditionnels n'échappe pas
à ce vice que constitue l'alcoolisme. Il devient difficile pour ces
Chefs de juguler les fléaux tels que l'alcoolisme, qui de plus en
plus, devient l'apanage des populations de Nkol-Metet, surtout que certains de
ces Chefs sont des modèles représentatifs de cet état de
choses.
S'agissant de leur tenue vestimentaire, les Chefs sont
généralement mal vêtus, et même lorsqu'ils arborent
leur ténue d'apparat, elle est généralement le plus
souvent mal entretenue. Ce qui fait que ces Chefs ne suscitent aucune
admiration de par leur être et par leur manière d'être la
Chefferie traditionnelle perd sa prestance symbolique156(*), faute de mise
conséquente.
Conclusion partielle
Parvenu au terme de ce chapitre, où il était
question pour nous de mettre en lumière les ressorts pragmatiques des
Chefferies traditionnelles Bene de Nkol-Metet, force pour nous est de constater
que, ceux-ci tiennent sur le dynamisme politique de certains Chefs
traditionnels davantage les Chefs de groupement de cette localité, qui
essayent autant que faire se peut, de niveler la Chefferie traditionnelle de
Nkol-Metet vers le haut et surtout leur donner un poids politique.
Ce chapitre nous a également permis de voir que
la libéralisation politique a été le levain des Chefs
Bene d'affirmer ouvertement leur appartenance politique, pour la plupart,
à la famille politique du Rdpc, parti ultra dominant à
Nkol-Metet.
Au demeurant, pour une optimisation des
activités de développement, il apparaît nécessaire
pour les Chefs traditionnels de Nkol-Metet, notamment ceux de 3e
degré, à quêter un certain nombre de capitaux, devant leur
permettre de requinquer leur stature symbolique. Ceci est d'autant plus
pertinent, qu'à l'ère de la libéralisation politique, la
succession héréditaire ne suffit plus à elle seule pour
pouvoir briguer le trône ; car d'autres paramètres sont
désormais de plus en plus pris en compte. Autrement dit, le
système capacitaire ronge de plus en plus le système
héréditaire. C'est dans ce sillage que Paine se situe quand il
affirme :
« Tous les hommes sont égaux, aucun
d'eux n'a le droit de passer à sa famille le pouvoir de régner
éternellement sur les autres ; car si lui-même peut mériter
que ses contemporains l'honorent, ses descendants peuvent être tout
à fait indignes de partager ses honneurs » (Paine
cité par Héritier Mambi, 2010 : 3).
CONCLUSION GENERALE
La présente étude relative à la
Chefferie traditionnelle BENE à l'ère de la libéralisation
politique et de ses ressorts, le cas de l'Arrondissement de
Nkol-Metet, a mobilisé et déployé diverses
disciplines sous le prisme épistémologique de l'anthropologie
politique. Ainsi, les rapports dynamiques et harmonieux de l'anthropologie
politique et de la sociologie compréhensive à travers
l'interactionnisme notamment dans sa double posture pragmatico-politique ou
stratégique et symbolique nous ont permis de déterminer deux
variables d'interactions. Lepremier, tient sur un calcul coûts avantages
(Braud 2008 :751). C'est dans ce sillage qu'on peut analyser toute
l'activité de Sa Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé au
sein de l'ACTRAN, et dans une certaine mesure, de Sa Majesté Mbala
Zangana Benjamin.
La deuxième variable d'interaction, tient à la
conformité de certaines élites et associations à des
rôles dûment assignés. Leurs actions s'avèrent
presqu'obligatoires dans leur communauté au regard de leur position
sociale. C'est dans ce sillage qu'on a pu par exemple analyser les actions de
Ndi Mboh François à Ngoantet II, de l'ASFRADO à Oveng...
Dans une perspective stratégique, l'action
de certaines élites pour le rayonnement de la Chefferie traditionnelle
à Nkol-Metet vise à engranger de nombreux capitaux, soit pour
accroître leur aura politique, soit alors pour conforter leur assise
politique.
Partant de l'interrogation
centrale, celle de savoir si l'on pouvait rattacher l'activisme socio politique
et socio économique des Chefs traditionnels comme une conséquence
de la libéralisation politique ? Autrement dit, qu'elle est le
véritable leitmotiv de l'activité des Chefs Traditionnels de
Nkol-Metet autour de la Chefferie traditionnelle ? Les objectifs de cette
recherche étaient clairs : mettre en lumière les
manifestations de la reviviscence des Chefferies traditionnelles BENE de
Nkol-Metet, depuis l'inscription du Cameroun au processus de la
décentralisation d'une part, et de comprendre les principaux enjeux et
les mobiles du déploiement des Chefs Traditionnels , des élites
politiques et des associations politiques et apolitiques pour la reviviscence
de la Chefferie traditionnelle à Nkol-Metet, d'autre part ;
intégrant tout ce dispositif analytique et réflexif, nous avons
formulé nos questions de recherche. C'est l'heure de la
vérification et de la validation de nos hypothèses en tant que
réponses anticipées ou provisoires aux questions posées.
S'agissant de l'hypothèse centrale suivant
laquelle : Le dynamisme sociopolitique et socio économique
observé autour de la Chefferie traditionnelle à Nkol-Metet, est
loin s'en faut une conséquence de la libéralisation
politique ; mieux, elle est venue amplifier et officialiser les ambitions
socioéconomiques et sociopolitiques des Chefs traditionnels et des
forces politiques pour la reviviscence de la Chefferie traditionnelle à
Nkol-Metet. Les faits étant têtus nous amènent à
confirmer cette hypothèse. Dans un premier temps, au regard du niveau
de la pauvreté ambiante et de la désacralisation du pouvoir
traditionnel à Nkol-Metet, il devenait impérieux pour les Chefs
Traditionnels, notamment dans un contexte de la décentralisation, de
s'activer pour booster le développement et revaloriser le commandement
traditionnel à Nkol-Metet. L'ACTRAN et l'Association de la Chefferie
Nkul Mbida Nga Mballa d'Obout, illustrent bien cet état de choses. Dans
une perspective stratégique, en filigrane de leurs actions, se trament
des ambitions foncièrement politiques. L'activité de Sa
Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé au sein de l'ACTRAN le
démontre à suffisance. Ses actions au niveau de la Chefferie
contribuent à requinquer sa stature d'homme politique. En d'autres
termes, l'action de Sa Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé au
sein de l'ACTRAN depuis sa création vise à conforter efficacement
son assise politique qui a pris d'ailleurs une envergure plus importante avec
son accession au trône de la Chefferie de groupement BENE Sud Est en
2008. Dans le cas de Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin, son accession
à la Chefferie de groupement BENE Nord Est apparaît comme une
renaissance vitalisante de ce dernier dans la vie politique qui le positionne
désormais, comme un des prétendants sérieux des
sénatoriales. Cet état de choses est davantage enrichi de faits
probants entre autres la Chefferie de Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin
est essentiellement MVOG-AMOUGOU ; il est membre de l'Ekoan Mvog-Amougou,
sa fonction de Chef de groupement lui permet d'avoir un avantage certain quoi
que relatif, mais déterminant pour briguer un poste de Sénateur.
Nous ne saurions clore ce volet sans dire un mot sur l'activité de
l'Association Nkul Mbida Nga Mballa pour la revivification de la Chefferie
traditionnelle d'Obout. En recoupant nos données, les actions des
élites de cette Chefferie, qu'elles soient traditionnelles, militaires
ou religieuses, trahissent leurs désirs trop osés de faire de la
Chefferie d'Obout, une Chefferie de 2e degré, ces derniers disposent
d'ailleurs de nombreux atouts pour une telle transformation. Mais la
conjoncture actuelle ne permet pas aux Mvog Amougou d'avoir deux Chefs de
groupement à Nkol-Metet157(*). On comprend dès lors que l'activité
de certains Chefs traditionnels tant dans les domaines socio-économique
que sociopolitique résulte d'une double volonté :
contribuer au rayonnement socio-économique de leur terroir d'une part,
et de se servir de leur activité comme un investissement gagnant pour
conforter à la fois leur assise politique, et accroître
également leur aura politique.
La première hypothèse connexe est que,
l'activisme sociopolitique et socioéconomique des Chefs traditionnels et
les autres forces politiques (élites, associations apolitiques et
politiques) peut-être analysée de manière ambivalente.
D'abord, elle traduirait leur action dans l'optique d'un leadership
institutionnalisée et/ou dans l'optique de `'sauver la face''158(*). . Ensuite, il se
tramerait derrière tout cet activisme des ambitions politico
administratives des protagonistes de la reviviscence de la Chefferie
traditionnelle à Nkol-Metet, qui viseraient des postes de
Sénateur, Député et de Maire... Cette hypothèse est
également justifiée ici. D'abord, nous pouvons analyser l'amorce
de la collaboration Mairie- Chefferie qui résulte de
l'incapacité de la Mairie à cerner toute seule avec
précision les attentes des populations, en vue de mettre sur pied un
plan de développement communautaire fiable, comme une conséquence
logique d'une telle option. Toujours est-il que dans le cadre de ce plan de
développement communautaire de la commune de Nkol-Metet, qui
bénéficie heureusement et opportunément du partenariat du
PNDP, les Chefs ont été interpelés franchement à
prendre part aux trois conseils municipaux extraordinaires, qui les invitaient
à recenser les besoins les plus urgents de leurs populations, afin
d'améliorer leurs conditions de vies judicieusement. Dans les faits,
cela s'est traduit manifestement par la création de nombreuses
adductions d'eaux, et de l'électrification de nombreux villages qui n'en
avaient pas. Aussi, l'action de l'élite et des Associations à
Nkol-Metet est une contribution de la société civile et de la
diaspora de la Chefferie traditionnelle pour la revitalisation de leur
Chefferie. Cette action est également analysée dans le cadre d'un
leadership institutionnalisé. Cette hypothèse est
confirmée ; mais la réussite de ce dynamisme positif
à Nkol-Metet, résulte considérablement de la
complicité entre les Chefs Traditionnels et ses différents
mécènes d'une part, mais aussi d'une prise de consciences de
certaines élites et Associations d'annihiler certaines attitudes
léthargiques de certains Chefs face aux défis conjoncturels
auxquels sont confrontées les populations ;d'autre part, ceci
contribue à sauver leur face et davantage se positionner comme des
potentiels leaders politiques de l'Arrondissement de Nkol-Metet. C'est le cas
de Ndi Mboh François à Ngoantet II, de la JAME, le RDPC, le
CODEMEC et le PNDP à Metet-Centre.
La seconde hypothèse connexe, qui faisait de
l'investissement des Chefferies de groupements par les professionnels de la
politique, répond au besoin de l'amélioration d'un système
héréditaire de désignation des Chefs Traditionnels par un
système capacitaire de désignation de Chef et conforte leur
caractère de Chefferie en création. Cette hypothèse est
également confirmée. En effet, leurs Majestés Mbala
Zangana Benjamin de la Chefferie de groupement BENE- Nord- Est et Ondoua
Menyié Paul Aimé de la Chefferie de Groupement BENE- Sud -Est,
tirent grandement leur victoire de leur capital symbolique, qui pour le
premier, trouve son fondement dans sa longue carrière politico
administrative où, il a été plusieurs fois Sous
-Préfet Maire. Pour le second, son capital symbolique est lié au
caractère ambivalent de sa personnalité. C'est un homme
politique qui a été déjà membre du Comité
Central de son parti RDPC en 1996 et Député à
l'Assemblée Nationale pendant la législature 2002-2007. C'est
également un Chef traditionnel depuis 1998. Leur contestation et
l'âpreté de leurs élections ont été des
obstacles qu'ils ont pu transcender peu ou prou. Pour Sa Majesté Mbala
Zangana Benjamin, contrairement à son pair de la Chefferie BENE -Sud-
Est, il ne jouissait pas apparemment d'une `'légitimité
traditionnelle'' ; par contre, pour Sa Majesté Ondoua Menyié
Paul Aimé, son ethnie était jugée minoritaire à
Nkol-Metet pour prétendre diriger les grands ensembles ethniques comme
les Mvog Zambo et les Mvog Nnomo... Le caractère nouveau de ces
Chefferies à Nkol-Metet ne permettait pas de s'appuyer sur un
fondement héréditaire, dans la mesure où tous les
originaires de Nkol-Metet descendent de MbarTsogo. Leur victoire tient de ce
fait sur leur présomption de compétence liée à leur
passif d'hommes politiques. Leur présence à la tête des
Chefferies de groupement rehausse l'image de la Chefferie à Nkol-Metet,
car les deux, non seulement ils sont connus dans les grands cercles politiques
de Nkol-Metet, mais également, ils font partie de la classe
aristocratique de Nkol-Metet.
Revenant sur les objectifs de cette recherche, nous pouvons
considérer qu'ils ont été relativement atteints. Nous
avons vu avec certitude que la Chefferie BENE à l'ère de la
libéralisation politique est une Chefferie en pleine reviviscence.
L'impact de cette conjoncture politique n'est plus à démontrer.
Avec elle, on voit l'éveil du développement social
économique, sanitaire et culturel des Chefferies BENE de Nkol-Metet.
Cet éveil est tributaire d'une synergie d'actions positives des `'forces
politiques'' et des Associations en présence à Nkol-Metet.
Nous pouvons désormais répondre à la
question centrale de ce travail : peut-on véritablement rattacher
l'activisme socio politique et socio économique des Chefs
traditionnels à la libéralisation politique ? En d'autres
termes, quel est le véritable leitmotiv du déploiement
généralisé des Chefs traditionnels de Nkol-Metet autour
des Chefferies traditionnelles à cette ère de la
libéralisation politique ?
L'activisme des Chefs BENE de Nkol-Metet, tant dans le domaine
socio économique que sociopolitique, a une double portée qui
traduit la nature ambivalente de leurs actions ; il peut être
analysé dans une perspective holiste ou individualiste. D'un point de
vue de l'holisme, leurs actions émanent d'une prise de conscience
effective des Chefs Traditionnels de cette aire culturelle à revivifier
par le développement socio économique leur institution. La
création de l'ACTRAN à Nkol-Metet est une réponse
concrète à cet état d'esprit. D'un point de vue de
l'individualisme méthodologique, les actions posées par certains
Chefs résultent d'un certain nombre de calculs rationnels pour ces
derniers. C'est pourquoi, leur action est analysée sous le prisme de la
dialectique coûts/avantages. Cette dialectique est beaucoup plus fertile
pour analyser les actions des Chefs de groupements qui sont d'abord des
professionnels de la politique avant d'être des détenteurs du
pouvoir traditionnel. Pour Weber, il n'y a pas d'action d'homme politique
sans retour à investissement. Il affirme :
« tout homme qui fait la politique aspire
au pouvoir soit parce qu'il le considère comme un moyen au service
d'autres fins idéales ou égoïstes, soit qu'il le
désire pour lui-même en vue de jouir du sentiment qu'il
confère » (Weber, 1968 :29). En d'autres
termes, pas d'intérêts pas d'actions.
Nous pouvons également intégrer comme
élément de réponses à la question centrale que,
les Chefs Traditionnels moins impliqués politiquement ont des actions
qui sont essentiellement orientées vers le développement
communautaire. Alors que ceux des Chefs Traditionnels étant
impliqués grandement dans l'activité politique ont des actions
duales. Elles visent bel et bien le développement socio
économique de leur terroir d'une part, et elles contribuent à
renforcer un tant soit peu leur capital symbolique, d'autre part.
En dernière analyse, nous pensons que la
libéralisation politique a véritablement impacté sur la
vie politique locale à Nkol-Metet. Par son effet de libération
des énergies, les différentes forces politiques de ce terroir ont
contribué à revaloriser par leur action la Chefferie
traditionnelle.
Enfin, la reviviscence des Chefferies traditionnelles BENE
à Nkol-Metet pourrait avoir des effets optimums lorsqu'on
réussira de façon générale à concilier un
système capacitaire de désignation de Chef Traditionnel au
système héréditaire. Ce système
héréditaire, quoique légitime, entrave
considérablement la reviviscence de la Chefferie traditionnelle BENE. De
même, dans ces Chefferies, les Chefs doivent se débarrasser de
certains tabous, qui contribuent à marginaliser la participation des
Femmes et des Jeunes, à toutes les activités sociopolitiques et
associatives ; car ceux-ci, réellement et efficacement sont au
centre des dynamiques du développement local qui méritent tout
simplement à encourager, afin d'escompter un développement plus
florissant. C'est pourquoi pour Ngnepi (2007), il serait important dans nos
Chefferies traditionnelles de replacer la personne avec ses droits au centre
du développement. Aussi, les valeurs traditionnelles après avoir
fortement été dépouillées pour l'essentiel par le
christianisme colonial méritent d'être
réévaluées. Le pasteur Nguélé
Désiré 159(*) affirme : « nous avons bêtement
accepté le christianisme ». Dans un ton plus acerbe Sa
Majesté Oyono Owono Joseph affirme : « le christianisme
est entré en cabale contre nos us et coutumes, pourtant, ce dernier est
le reflet de la tradition judaïque, j'allais dire
judéo-chrétienne 160(*)». Or dans les traditions Béti et BENE
en particulier, tout n'était pas négatif. En d'autres termes, il
ne s'agit pas de faire un retour quasi systématique à toutes nos
valeurs culturelles ; mais plutôt d'exhumer celles qui ont des
aspects positifs pour une meilleure reviviscence des Chefferies BENE de
Nkol-Metet, qui sont d'abord traditionnelles avant d'être des Chefferies
administratives. D'où l'assertion de Nach Mback selon laquelle, les
Chefs sont des : « auxiliaires déconcentrés
d'essence traditionnelle » (Nach Mback, 2000 : 88-94). Il
poursuit affirmativement que :
« le vrai mal dont souffre la Chefferie
traditionnelle se trouve dans le dévoiement des valeurs qui fondent sa
respectabilité » (Nach Mback, 2000 :113).
En somme, la reviviscence des Chefferies traditionnelles BENE
de Nkol-Metet sera complète quand ces Chefs réussiront à
concilier les exigences de leur modernisation (qui sont déjà
déclenchées avec le processus de la démocratisation) et
les exigences de la tradition longtemps délaissées par eux. Au
demeurant, nous pensons que la décentralisation ne peut se faire au
Cameroun sans le rôle à jouer effectif et efficient de nos
Chefferies traditionnelles. C'est pourquoi elles doivent être
insérées au rang de démembrements territoriaux de
l'Etat ; autrement dit, il importe de clarifier et de consolider leur
statut politico constitutionnel, en tant que collectivités territoriales
décentralisées des questions locales et régionales. /-
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soulevées à l'occasion de la désignation des Chefs
Traditionnels.
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juridictions des affaires relatives aux contestations soulevées à
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Arrêté n°13/A/MINAT/DCT du15 janvier 1982,
déterminant les Chefferies traditionnelles de deuxième
degré dans le département du Nyong et So'o, province
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Arrêté conjoint n°82/MINAT/DOT/MINFI/B
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Traditionnels.
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VI- SOURCES ORALES
NOMS
|
FONCTIONS
|
AGE
|
DATES ET LIEUX DES ENTRETIENS
|
ABEGA ABESSOLO
|
Chargé de la Communication de la JAME
|
31ans
|
12/02/2012 et le 24/02/2012 à Metet-Centre et à
Yaoundé.
|
AGODI Patrice
|
Adjudant Chef, commandant de brigade de la gendarmerie de
Nkol-Metet.
|
51ans
|
30/05/2011 à la brigade de gendarmerie de
Nkol-Metet.
|
AKOA MBARGA Benoît
|
Jeune de Ngoantet et Militant RDPC
|
30 ans
|
23/02/2012 à Mbalmayo.
|
AMOUGOU ADA Albert
|
Fonctionnaire retraité et Représentant du Chef
du village d'Obout
|
62ans
|
04 /06/2011 et le 12/02/2012 à la Chefferie
traditionnelle d'Obout.
|
AMOUGOU Augustin Jean Marie
|
Chef Traditionnel d'Obout et homme d'affaires
|
55ans
|
04 /06/2011 à la Chefferie traditionnelle d'Obout.
|
AMOUGOU Jean
|
Instituteur retraité et Représentant du Chef
traditionnel de Ngoantet II
|
63ans
|
16/07/2011 à la Chefferie traditionnelle de
Ngoantet.
|
AMOUGOU MBARGA Fidèle
|
Fonctionnaire retraité et Représentant du Chef
de village Metet-centre
|
65ans
|
01/06/ 2011 à son domicile sis à
Metet-centre.
|
AKOA AMOUGOU Vincent
|
Zomloa et Chef traditionnel de Nkolya III
|
70ans
|
15/07/ 2011 à la Chefferie de Nkolya III.
|
BALA BALA FRANCIS
|
Chef traditionnel d'Oveng
|
66ans
|
30/05/ 2011 et le 11/02/2012 à la Chefferie d'Oveng.
|
EMGBWANG MBALLA Daniel Jöel
|
Jeune d'Oveng et lauréat de l'ASFRADO (2003)
|
24 ans
|
07/02/2012 à Metet-Centre
|
MBALA MESSI Manfred
|
Haut- fonctionnaire retraité, Zomloa et Chef
traditionnel de Metet-Centre
|
72 ans
|
Entretien du 30/07/ 2011 à la Chefferie de
Metet-Centre.
|
MBALA MANGA Gallus
|
Vice - Président de la jeunesse active de Metet en
évolution (JAME)
|
30ans
|
15/07/2011 à la mairie de Nkol-Metet.
|
MBALA ZANGANA Benjamin
|
Ancien Sous-Préfet et Maire de Mbalmayo, actuel Chef de
groupement BENE Nord-Est
|
73ans
|
Entretiens préliminaires : mai, juin, juillet,
septembre, août 2011 et le 19 mars 2012 à la Chefferie de
groupement sis à Metet- centre et à sa résidence de
Mbalmayo.
|
OWONO MBIDA Christian
|
Jeune Mvog Essissima de Nkol Ekabili
|
30 ans
|
11 février 2012 à Nkol-Ekabili
|
OWONO MBARGA Armand
|
Jeune d'Oveng et lauréat de l'ASFRADO (2000)
|
22 ans
|
07/02/2012 à Metet-Centre
|
OWONO OWONO Hugor
|
Jeune de Renaissance de Bikoko
|
25 ans
|
Bikoko le 13/09/2011 à la Mairie de Nkol-Metet.
|
MVA KOUMA
|
Cultivateur et Chef Traditionnel de Bikoko
|
53ans
|
16/08/2011 et 10/02/2012 à la Chefferie de Bikoko.
|
MVENG OWONO Luc Bruno
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Docteur es lettres, Pasteur et Professeur retraité
|
75ans
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Entretiens successifs : mai, juin, juillet, septembre,
août 2011 à la à sa résidence à
Nkolndongo-Yaoundé.
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NDI NDI Anicet Julien
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Président de la JAME
|
29 ans
|
11/02/2011 à Metet-Centre
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NDI NDI François
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Fonctionnaire, Chef par intérim de soa si
|
53ans
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25/08/2011 à la Chefferie de Soa si
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NGUELE Désiré
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Pasteur à l'Eglise Presbytérienne orthodoxe
(EPCO)
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60ans
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17/08/2011 à son domicile à Ebomsi I
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OBADA Isaac
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Ier Adjoint au Maire de Nkol-Metet
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55ans
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11 novembre 2012
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OYONO OWONO Joseph
|
Ier Maire de Nkol-Metet, actuel Chef Traditionnel
de Nkol-Metet.
|
72ans
|
04 /06/2011 et le 11/02/2012 à la Chefferie
traditionnelle d'Awäe.
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OWONO ZAMBO Nathanäel,
|
Entrepreuneur, Menuisier
|
78 ans
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entretien du 12/02/2012 à Metet-Centre
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ONDOUA MENYIE Paul Aimé
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Ancien député, actuel Chef de Groupement BENE
Sud-Est et Chef traditionnel du village Nkol-Ekabili.
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57ans
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01/02/2012 et 09/02/2012 à Mbalmayo
|
Madame LOMBO Marthe
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Sous-Préfet de Nkol-Metet
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40ans
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19/07/2011 à la sous-préfecture de
Nkol-Metet.
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M. le Secrétaire Particulier de Joseph Ndi Samba.
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42ans
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10/02/2012 à la Mairie de Nkol-Metet.
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TSOUNGUI OHANDA Emmanuel
|
Professeur d'éducation physique et Chef traditionnel de
Ngoantet II
|
54ans
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16/07/2011 à la Chefferie traditionnelle de
Ngoantet.
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ZAMBO ASSEMBE Emile
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Cadre administratif à l'université de
Yaoundé II-Soa et Président sous-section RDPC Ngoantet
|
40ans
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22/10/2011 et le 24/02/2012 à Soa
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ZAMBO AMOUGOU Engelbert
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Président sous-section RDPC Metet-Centre
|
47ans
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10/02/2012 à Metet-Centre
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ANNEXES
Annexe 1
Protocole d'entretien avec Sa Majesté
.................................................... Chef de Groupement
BENE.......................................
I- BIOGRAPHIE ET EXERCICE DU METIER
POLITIQUE
1. Eléments de Biographie :
- Date et lieu de naissance
- Village
- Ethnie.
2. Cursus scolaire et académique
- Ecoles fréquentées
- Diplômes obtenus
- Autres formations
3. Parcours professionnel et politique
- Les étapes marquantes de votre carrière
professionnelle
- Les étapes marquantes de votre carrière
politique
- Quelle est l'année de votre premier engagement
politique et votre motivation à cette époque.
4. Actions au plan politique et local pour votre
communauté
- Vos fonctions politico-administratives ont-elles
été bénéfiques pour les membres de votre
communauté ?
- Avez-vous contribué au développement de votre
Arrondissement, mieux de votre village ?
- Avez-vous inséré les gens de votre
communauté dans la vie active socio professionnelle ?
5. Quelles ont été vos affinités avec
l'UNC et puis le RDPC ? Avez-vous eu d'autres affinités avec
d'autres partis politiques ?
6. Avez-vous occupé les postes de
responsabilités dans des partis politiques ?
II- LA DYNAMIQUE DE LA CHEFFERIE TRADITIONNELLE A
NKOL-METET
7. Qu'est ce qui justifie l'effectivité tardive des
Chefferies de groupement à Nkol- Metet pourtant celles-ci étaient
prévues depuis 1982 ?
8. Qu'est ce qui vous a motivé à
conquérir la Chefferie de groupement ?
9. Selon vous, qu'est ce qui a justifié
l'âpreté de votre élection à la tête de la
Chefferie de groupement ?
10. Avez-vous affronté d'autres candidats et quel en
était leur nombre ?
11. Votre victoire n'est elle pas liée à votre
passif socioprofessionnel ?
12. Votre engagement dans la vie politique ne cause t'il pas
une entrave pour le bon fonctionnement de votre Chefferie ?
13. Si l'un de vos sujets affiche ostentatoirement son
engagement politique avec une formation politique qui n'est pas la vôtre,
comment allez vous vous comporter avec ce dernier ? ne sera-t-il pas
frappé d'ostracisme ?
14. Au demeurant, quelles sont les missions des Chefferies de
groupement ? ont-elles des missions spécifiques par rapport aux
Chefferies de 3e degré ?
15. Comment gérez-vous le cumul de vos diverses
fonctions et de vos activités ? ces cumuls sont ils
bénéfiques pour le rayonnement de votre Chefferie ou servent ils
uniquement votre intérêt personnel ?
III. RAPPORT DE LA CHEFFERIE DE GROUPEMENT AVEC LES
AUTRES INSTITUTIONS PRESENTES A NKOL-METET.
16. Quels sont l'état de vos rapports avec votre
compère Chef de groupement ; laMairie et la Sous- Préfecture
de Nkol-Metet ?
17. Que représente pour vous les associations
citées ci-dessous ? Et en quoi elles sont bénéfiques
pour la reviviscence de la Chefferie traditionnelle à
Nkol-Metet :
- RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple
Camerounais)
- ACTRAN (Association des Chefs Traditionnels de
Nkol-Metet)
- ACTRANSO (Association des Chefs Traditionnels du
Département Nyong et So'o)
- ADENSO (Association des élites du Nyong et So'o)
- EKOAN MVOG-AMOUGOU
- Et autres ...
18. Quel est votre degré d'implication dans ces
associations ?
IV. GENERALITES SUR LA VIE POLITIQUE A NKOL-METET
DEPUIS 1996.
19. Quel a été l'impact de l'éclatement
de la Mairie de Mbalmayo dans la vie politico- administrative à
Nkol-Metet ?
20. Quel regard portez-vous sur la vie politique locale
à Nkol-Metet depuis 1996 ?
21. A votre avis, qu'est ce qui a favorisé
l'élection de Sa Majesté Oyono Joseph Chef traditionnel comme
premier Maire de Nkol-Metet aux élections de 1996 ?
22. Qu'est ce qui explique le fait qu'à Nkol-Metet les
Chefs engagés politiquement non jamais été
réélus après un mandat ?
23. Comment analysez-vous le militantisme politique des Chefs
traditionnels de Nkol-Metet.
24. Qu'est ce qui motive aujourd'hui les Chefs de Nkol-Metet
à promouvoir le développement local à travers les champs
communautaires, les GICS...
25. Qu'est ce qui explique le recul de la tradition Bene
à Nkol-Metet ? pourquoi à Nkol-Metet les Chefferies
traditionnelles n'organisent t-elles pas des activités valorisant la
culture Bene ? existe-t-il encore une culture Bene ?
26. En dernière analyse, pouvez nous dire
substantiellement ce que représente pour vous la Chefferie
traditionnelle Bene ? Et comment pensez-vous de manière
spécifique à revivifier votre Chefferie ou du moins les
Chefferies de votre groupement ?
Annexe 2 : Protocole d'entretien avec
Sa Majesté (Chef de 3e
degré)
I- DE LA CHEFFERIE
A- CHEFFERIEGENERALITES SUR LA
CHEFFERIE
1- Qu'elle est l'année de création de votre
Chefferie ?
2- Vos prédécesseurs ont-ils connu
l'impérialisme occidental à travers la colonisation par les
Allemands, les Anglais les Français ? Et quels étaient leurs
rapports avec ces différentes administrations ?
3- Que fait-on pour devenir Chef traditionnel ;
y'a-t-il des conditions précises ou alors tout le monde peut devenir
Chef traditionnel ?
4- Combien de Chefs ont-ils déjà
été à la tête de votre Chefferie depuis sa
création et qu'est-ce qu'ils ont laissé à la
postérité comme héritage ?
5- Quelles ont été les circonstances de leur
départ ?
B- LES INSTITUTIONS DE LA CHEFFERIE
6- Dans votre Chefferie existe- t-il un conseil de notables,
si oui qu'elle est le rôle qui lui est dévolu ?
7- Comment devient-on un notable ? Autrement dit,
y'a-t-il des conditions bien déterminées que doivent remplir les
individus pour devenir un notable au sein de votre Chefferie ? (ailleurs
on parle du phénomène des Big men le constat est-il perceptible
ici) ?
8- Quelle est le sens de ces notions : MVOG,
Nkukuma ?
9- Quelles différences faites-vous entre Njobot,
Nkukuma et Zomloa ?
10- Quelle est la nature de vos relations avec les
différents Mvog de votre
village ?
II- De la décentralisation
11- Pour vous, que signifie décentralisation ?
12- Pouvez-vous faire un parallèle entre la Chefferie
et ce processus ?
13- Quelle est la nature de vos rapports avec les services
déconcentrés de l'Etat
(Préfecture,
Sous Préfecture...) ?
14- Quelle est la nature de vos rapports avec la Mairie (plus
précisément la Mairie de Nkol-Metet) ?
15- Quelle est la nature de vos rapports avec la Chefferie de
groupement de votre ressort, la Chefferie de groupement ne fait-elle pas
ombrage au fonctionnement de votre Chefferie ou alors vous avez des missions
distinctes ?
16- Quelle est la nature de vos rapports avec les
élites de votre village ?
III- De la démocratisation
17- S'il vous arrivait de définir le régime
politique de votre Chefferie, comment le définirez-vous ?
18- Dans le passé, les femmes et les enfants ont
été marginalisés dans la société béti
pourtant ils sont un pilier essentiel de celle-ci ; qu'est-ce qui peut
à votre avis justifier un tel désenchantement ? Et comment
pensez-vous réhabiliter ces derniers ?
19- Que pensez-vous de la désignation du Chef par la
voie des élections ?
20- Pour vous quels sont les critères qui doivent
présider à la désignation d'un Chef ?
21- Pensez-vous que votre Chefferie, mieux, les Chefferies
traditionnelles de Nkol-Metet ont-elles un rôle à jouer dans le
processus de développement de votre unité
administrative ?
22- Pensez- vous réellement que les Chefs
traditionnels ont un rôle majeur à jouer dans le
développement politique, économique et culturel de notre pays. Et
quelles sont vos perspectives pour le développement de votre
village ?
IV- De la culture
23- Y'a-t-il dans votre fonctionnement une mission
spécifique en rapport avec la culture et les traditions
locales ?
24- Pensez- vous qu'on doit bannir les Chefferies et en
particulier les Chefferies Bene de votre environnement sociopolitique et socio
culturel ?
25- Pour vous qu'est-ce qui explique le fait que les Chefs
traditionnels Béti/Bene soient moins respectés par leurs sujets
pourtant, dans les grassfields et dans les lamidats ils sont très
craints et vénérés.
26- Pour vous que doit on faire pour remédier
à cela ?
27- Les Bene ont-ils encore des valeurs culturelles ? si
oui quelles sont-elles ?
28- Pourquoi des cérémonies de mariage, de
funérailles ne sont-elles plus les cadres d'expressions de nos
traditions ?
29- Quelle est la place qu'accordez vous à la
sorcellerie ? En d'autres termes, peut-on être Chef sans être
sorcier ?
30- Comment pensez-vous mieux vendre la culture de vos
Chefferies ? à l'Ouest, ils ont le Nguon, au Littroral le Ngondo,
et chez les Bene alors?
31- Avant le christianisme les Bene de Nkolmetet avaient-ils
une religion ?
Annexe
4 : Protocole d'entretien (réservés aux élites de
Nkol-Metet)
Madame, Monsieur :
- Elites politiques
- Elites intellectuelles
- Elites religieuses
- Elites jeunes
- Elites féminines
1- Que représentent pour vous de façon
générale les Chefferies traditionnelles et en particulier
les Chefferies de l'arrondissement de Nkol-Metet ?
2- Que pensez-vous de la mise effective des Chefferies de
groupements dans l'arrondissement de Nkol-Metet ?
3- Etes-vous d'avis avec ceux qui pensent qu'on doit
supprimer nos Chefferies ?
4- Selon vous, les Chefferies ont- elles un rôle
à jouer dans le processus de la décentralisation ?
5- Partagez-vous l'idée selon laquelle l'on doit
transformer les Chefferies en communes en ce sens qu'elles sont les piliers du
développement local notamment en zone rurale ?
6- Comment appréhendez-vous l'impact de la
Démocratisation sur les Chefferies traditionnelles dans l'arrondissement
de Nkol-Metet ?
7- Quelles solutions pouvez-vous proposer pour que les
Chefferies traditionnelles de Nkol-Metet soient davantage des moteurs de
développement pour leurs communautés et de l'Etat du Cameroun en
général ?
8- Pour vous, qu'est-ce qui justifie la dévalorisation
des Chefferies traditionnelles Béti par rapport à celles de
l'Ouest du Cameroun ou du Nord Cameroun ?
9- Pensez-vous que l'élite à un rôle
à jouer dans la revalorisation des Chefferies à Nkol-Metet.
Annexe 4 : Décret n°77/245 du
15 juillet 1977 portant organisation des Chefferies Traditionnelles
au Cameroun
REPUBLIQUE UNIE DU CAMEROUN
PAIX - TRAVAIL - PATRIE
DÉCRET N°77/245 du 15 juillet 1977 PORTANT
ORGANISATION DES CHEFFERIES TRADITIONNELLES AU CAMEROUN.
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,
VU la Constitution du 2 juin 1972 modifiée et
complétée par la loi n°75 du 9 mai 1975 ;
VU la Loi n° 7/SC du 10 décembre 1960 sur la
reconnaissance des Chefs Traditionnels, ensemble les textes modificatifs
subséquents ;
VU le Décret n°72/349 du 24 juillet 1972 portant
organisation Administrative de la République Unie du Cameroun ;
VU le Décret n°72/422 du 26 août 1972
modifié et complété par le Décret n° 76/147 du
10 avril 1976 fixant les attributions des Chefs des Circonscriptions
Administratives et les Organismes Administratifs chargés de les assister
dans l'exercice de leurs fonctions, ensemble les textes modificatifs
subséquents ;
VU l'Arrêté n°244 du 4 février 1933
fixant le statut des Chefs Coutumiers ensemble les textes modificatifs
subséquents ;
D E C R E T E :
CHAPITRE I : DISPOSITIONS
GENERALES
Article 1er: Les
Collectivités Traditionnelles sont organisées en Chefferies
conformément aux dispositions du présent Décret.
Article 2 : La Chefferie
Traditionnelle est organisée sur une base territoriale. Elle comporte
trois degrés hiérarchisés suivants :
- Chefferie de 1er degré ;
- Chefferie de 2ème degré ;
- Chefferie de 3ème degré.
Article 3 : Est de
1er degré, toute Chefferie dont le territoire de
compétence recouvre celui d'au moins deux Chefferies de 2ème
degré. Ses limites territoriales n'excèdent pas en principe
celles d'un Département.
Est de 2ème degré, toute Chefferie
dont le territoire de commandement englobe celui d'au moins deux Chefferies de
3ème degré. Ses imites n'excèdent pas en
principe celles d'un Arrondissement.
La Chefferie de 3ème degré correspond
au village ou quartier milieu rural, et au quartier en milieu urbain.
Article 4 : Nonobstant les
dispositions de l'article 3 ci-dessus, l'Autorité compétente peut
classer une Chefferie Traditionnelle au 1er ou
2ème degré, raison notamment de son importance
démographique et économique.
Article 5 : Chaque Chefferie
porte la dénomination consacrée par la tradition. Toutefois,
l'Autorité compétente peut lui conférer, le cas
échéant, une nouvelle dénomination.
Article 6 : Toute Chefferie
Traditionnelle est placée sous l'Autorité d'un Chef,
assisté d'un conseil de notables, formé selon la tradition
locale.
Le Chef désigne au sein du Conseil, un notable qui le
représente en cas d'absence ou d'empêchement. Le Chef peut mettre
fin à ses fonctions.
Article 7 : Les Chefferies de
1er degré sont créées par Arrêté
du Premier Ministre, celles de 2ème degré par le
Ministre de l'Administration Territoriale et celles de 3ème
degré, par le Préfet.
CHAPITRE II : DESIGNATION DES
CHEFS
Article 8 : Les Chefs
Traditionnels sont, en principe, choisis au sein des familles appelées
à exercer coutumièrement le Commandement Traditionnel. Les
candidats doivent remplir les conditions d'aptitude physique et morale
requises, et savoir autant que possible, lire et écrire.
Article 9 : La vacance d'une
Chefferie Traditionnelle intervient par suite de décès, de
destitution, de démission ou d'incapacité physique ou mentale
permanente du titulaire, dûment constatée par un médecin
public requis à cet effet.
Article 10 : En cas de vacance
d'une Chefferie, l'Autorité Administrative procède sans
délais aux consultations nécessaires, en vue de la
désignation d'un nouveau Chef.
Article 11 : Les
notabilités coutumières compétentes, sont obligatoirement
consultées pour la désignation d'un Chef.
Article 12 : Les consultations
prévues aux Articles 10 et 11 qui précèdent ont lieu au
cours d'une réunion présidée par le Préfet pour les
Chefferies de 1er et 2ème degrés, et par le
Sous-Préfet pour les Chefferies de 3e degré.
Le déroulement des consultations est consigné
sur un procès-verbal signé du Président de la
Réunion.
Article 13 : Le Préfet
transmet par voie hiérarchique aux Autorités compétentes,
le procès-verbal de consultation accompagné des pièces
suivantes
- un extrait de casier judiciaire du candidat (bulletin
n°3) ;
- une copie d'acte de naissance de l'intéressé
ou du jugement supplétif en tenant lieu ;
- un certificat médical d'aptitude physique
établi par un médecin public ;
- une copie s'il y a lieu de l'acte officiel prouvant la
vacance de la Chefferie (acte de décès, démission ou
destitution, rapport médical).
Article 14 : Le
Sous-préfet compétent transmet au Préfet, un dossier
similaire à celui prévu à l'Article 13 ci-dessus.
Article 15 : Les Chefs de
1er degré sont désignés par le Premier
Ministre ; ceux de 2ème degré par le Ministre de
l'Administration Territoriale et ceux de 3ème degré
par le Préfet.
Article 16 : Les contestations
soulevées à l'occasion de la désignation d'un Chef sont
portées devant l'Autorité investie du pouvoir de
désignation qui se prononce en premier et en dernier ressort.
Toutefois, la Décision prise peut être
rapportée, s'il est établi que l'Autorité
compétente a été induite en erreur.
Article 17 :
(1) Le Chef doit nécessairement résider sur son
territoire de commandement.
(2) Les fonctions de Chef Traditionnel sont
incompatibles avec toute autre fonction publique. Toutefois, l'Autorité
investie du pouvoir de désignation peut autoriser le cumul de fonctions,
notamment lorsque la personne intéressée réside sur le
territoire de la Chefferie concernée.
Article 18 :
(1) Le Chef peut démissionner de ses fonctions.
(2) Sa démission est acceptée
par l'Autorité investie du pouvoir de désignation.
CHAPITRE III : ATTRIBUTIONS ET AVANTAGES
ATTACHES AUX FONCTIONS DE CHEF TRADITIONNEL
Article 19 : Sous
l'Autorité du Ministre de l'Administration Territoriale, les Chefs
Traditionnels ont pour rôle de seconder les Autorités
Administratives dans leur mission d'encadrement des populations.
Article 20 : Auxiliaires de
l'Administration, les Chefs Traditionnels sont notamment
chargés :
1- de transmettre à la population les directives des
Autorités Administratives, et d'en assurer l'exécution ;
2- de concourir, sous la direction des Autorités
Administratives compétentes, au maintien de l'ordre public et au
développement économique, social et culturel de leurs
unités de commandement ;
3- de recouvrer les impôts et taxes de l'Etat et des
autres Collectivités Publiques, dans les conditions fixées par la
réglementation ;
Indépendamment des tâches qui
précèdent, les Chefs Traditionnels doivent accomplir toute autre
mission qui peut leur être confiée par l'Autorité
Administrative locale.
Article 21 : Les Chefs
Traditionnels peuvent, conformément à la coutume et lorsque les
lois et règlements n'en disposent pas autrement, procéder
à des conciliations ou arbitrages entre leurs Administrés.
Article 22 :
(1) Les Chefs de 1er et 2ème
degrés perçoivent mensuellement
- une allocation fixe, calculée sur la base de
l'importance numérique de leur population ;
- une indemnité pour charges spéciales.
(2) L'allocation fixe et l'indemnité
pour charges spéciales prévues au présent Article sont
fixées par Arrêté conjoint du Ministre de l'Administration
Territoriale et du Ministre des Finances.
(3) L'allocation fixe est soumise à
retenue pour impôt ; elle ne peut être inférieure au
salaire du travailleur de la première catégorie échelon 1
du secteur public de la zone où est installée la Chefferie.
Article 23 :
(1) Les Chefs Traditionnels peuvent prétendre au
paiement des remises sur l'impôt forfaitaire collecté par leurs
soins, dans les conditions fixées par le Code Général des
Impôts.
(2) Ils peuvent également
prétendre à des primes d'efficacité octroyées par
Arrêté du Ministre de l'Administration Territoriale sur
proposition des Autorités Administratives, en raison de leur dynamisme
et de leur efficacité dans les opérations de développement
économique et social de la nation.
(3) Les taux de cette prime sont fixés
dans les mêmes conditions que ceux de l'allocation fixe et de
l'indemnité pour charges spéciales.
Article 24 :
(1) L'allocation fixe et l'indemnité pour charges
spéciales ne peuvent se cumuler avec les indemnités
parlementaires, le traitement de fonctionnaire ou d'Agent des Administrations
Publiques.
(2) En cas de cumul de fonctions dûment
autorisé, l'intéressé doit opter, avant sa
désignation par l'Autorité compétente, soit pour le
maintien de son traitement ou salaire, soit pour le bénéfice des
émoluments de Chef Traditionnel.
Article 25 : (1)
Tout Chef Traditionnel victime d'une incapacité permanente imputable au
service peut prétendre :
1- à une rente viagère lorsque cette
incapacité entraîne son dégagement de ses
fonctions ;
2- à une indemnité dans les autres cas.
(2) Le montant des allocations prévues
ci-dessus est déterminé par arrêté conjoint du
Ministre de l'Administration Territoriale et du Ministre des Finances.
Article 26 : Les Chefs
Traditionnels portent un insigne distinctif, et éventuellement une tenue
dont les caractéristiques sont déterminées par
Arrêté du Ministre de l'Administration Territoriale. L'acquisition
de cet insigne et de cette tenue est à leur charge.
CHAPITRE IV : GARANTIES ET
DISCIPLINE
Article 27 :
(1) L'Etat est tenu d'assurer au Chef la protection contre les
menaces, outrages, violences, voies de fait, injures ou diffamation dont il
peut être l'objet en raison ou à l'occasion de l'exercice de ses
fonctions.
(2) Il est tenu, le cas
échéant, de réparer le préjudice subi par le Chef
du fait de ces Actes. Dans ce cas, l'Etat est d'office subrogé aux
Droits de la victime, pour obtenir du ou des auteurs des faits
incriminés, la restitution des sommes versées par lui au Chef
à titre de dédommagement, indépendamment des sanctions
pénales encourues.
Article 28 : Les Autorités
Administratives portent chaque année leur appréciation sur
l'activité des Chefs Traditionnels de leurs circonscriptions
Administratives, compte tenu notamment de leur efficacité, de leur
rendement et du développement économique et social de leur
territoire de commandement.
Article 29 : En cas de faute dans
l'exercice de leurs fonctions, en cas d'inefficacité, d'inertie ou
d'exactions à l'égard des populations, les Chefs Traditionnels
encourent les sanctions suivantes :
- rappel à l'ordre ;
- avertissement ;
- blâme simple ;
- blâme avec suspension pendant 3 mois au plus de la
totalité des allocations ;
- destitution ;
Les sanctions disciplinaires qui précèdent ne
peuvent être infligées que si le Chef a été
préalablement appelé à donner des explications sur son
comportement, son inefficacité ou son inertie.
Article 30 : (1)
Le rappel à l'ordre, l'avertissement et le blâme simple sont
infligés :
a- aux Chefs de 3ème degré par le
Sous-préfet territorialement compétent ;
b- aux Chefs de 2ème degré par le
Préfet, d'office ou sur proposition du Sous-Préfet ;
c- aux Chefs de 1er degré par le Gouverneur,
d'office ou sur proposition du Préfet ;
(2) Le blâme avec suspension pendant 3
mois au plus de la totalité des allocations est infligé par le
Ministre de l'Administration Territoriale.
(3) La destitution des Chefs de
3ème degré est prononcée par le Ministre de
l'Administration Territoriale, celle des Chefs de 1er et
2ème degrés est prononcée par le Premier
Ministre.
CHAPITRE V : DISPOSITIONS
DIVERSES
Article 31 : Par
dérogation aux dispositions de l'Article 7 ci-dessus, certaines
agglomérations urbaines peuvent être organisées en zones,
quartiers et blocs par Arrêté du Ministre de l'Administration
Territoriale, sur rapport des Autorités Administratives locales, compte
tenu de leur importance démographique et lorsque les
nécessités d'encadrement l'exigent.
Toutefois, le Ministre de l'Administration Territoriale peut
décider qu'une zone constituant antérieurement une Chefferie
Traditionnelle soit maintenue en tant que telle ; dans ce cas, la zone
considérée bénéficie de la réglementation
applicable aux Chefferies de son degré de classement.
Article 32 : (1)
Les zones, quartiers et blocs sont des structures hiérarchisées,
placées sous l'Autorité des responsables appelés :
Chefs de zones, Chefs de quartiers, Chefs de blocs.
(2) Leurs fonctions peuvent se cumuler avec
toute autre activité salariée, à condition que les
intéressés résident effectivement dans leur territoire de
commandement.
Article 33 : (1)
Les zones et les quartiers sont assimilés, du point de vue de leur
fonctionnement et de leur Administration, aux Chefferies de
2ème et 3ème degrés.
(2) Le mode de désignation des Chefs
de zones, de quartiers et de blocs est déterminé par
Arrêté du Ministre de l'Administration Territoriale.
Article 34 : (1)
Les Chefs de zones et de quartiers peuvent prétendre à la prime
de rendement et aux remises sur l'impôt forfaitaire, dans les mêmes
conditions que les Chefs Traditionnels. Ils n'ont droit ni à
l'allocation fixe ni à l'indemnité pour charges
spéciales.
(2) Les Chefs de blocs peuvent
prétendre à une remise sur l'impôt forfaitaire s'ils ont
été désignés en qualité de collecteurs
d'impôt.
Article 35 : Les Chefs
Traditionnels qui exercent leurs fonctions dans les agglomérations
urbaines réorganisées conformément aux dispositions de
l'Article 31 Alinéa 1er ci-dessus, mais auxquelles ne
s'applique pas l'Article 31 Alinéa 2 du présent Décret,
conservent leur statut coutumier à titre personnel.
Article 36 : Les avantages
prévus au présent Décret ne s'appliquent qu'aux Chefferies
Traditionnelles dûment reclassées, conformément aux
dispositions de l'Article 2 ci-dessus.
Article 37 : Les contestations en
matière de désignation des Chefs non tranchées à la
date de dissolution de la "Chieftancy Advisory Commission",
instituée par la Loi n°7/SC du 10 décembre 1960 sont
réglées conformément aux dispositions de l'Article 16 du
présent Décret.
Article 38 : Les dispositions
financières prévues aux Articles 22 et 23 ci-dessus, entreront en
vigueur à compter du 1er juillet 1977.
Article 39 : Sont abrogées
toutes les dispositions antérieures au présent Décret.
Article 40 : Le présent
Décret sera enregistré et publié au Journal Officiel en
Français et en Anglais.
YAOUNDE, le 15 JUILLET 1977
POUR COPIE CERTIFIE CONFORME LE PRESIDENT DE
LA REPUBLIQUE ;
YAOUNDE, le 30 JUILLET 1977 (é) AHMADOU
AHIDJO
LE DIRECTEUR DE L'ORGANISATION
DU TERRITOIRE ;
(é) Isaac NJOMGANG
SOURCE : Archives de sa
Majesté MBALA ZANGANA Benjamin Chef de groupement
Bene Nord - Est.
Annexe 5 : ARRETE
N°13/A/MINAT/DCT Déterminant les chefferies traditionnelles de
2e degré dans le Département du NYONG-ET-SO,
Province du Centre-Sud.
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Source : Archives de Sa
Majesté MBALA ZANGANA Benjamin Chef de groupement Bene Nord - Est.
Annexes 6 : Images de quelques
Chefferies de Nkol-Metet
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Chefferie de groupement Bene -Nord-Est à
Metet-Centre.
Source : Cliché de Sylvain
Charles Amougou Mveng, Metet- Centre le
27/07/2012.
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Chefferies de groupement BENE Sud-Est et de 3e
degré de Nkol Ekabili.
Source : Cliché de Sylvain
Charles Amougou Mveng, Nkol- Ekabili le 27/10/2012.
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Chefferie traditionnelle de 3e degré
d'Obout
Source : Cliché de Sylvain
Charles Amougou Mveng, Obout le 10/02/2012.
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Chefferie traditionnelle de 3e degré de
BIKOKO.
Source : Cliché de Sylvain
Charles Amougou Mveng, BIKOKO le 27/10/2012.
Table des matières
Sommaire.....................................................................................................i
Dédicaces
iii
REMERCIEMENTS
iv
RESUME
vi
ABSTRACT
vii
INTRODUCTION
1
Première partie : Les ressorts
normatifs et affectifs de la Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet
à l'ère de la libéralisation politique
33
Chapitre1 : Les ressorts normatifs de la
Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à l'ère de la
libéralisation politique
34
Section 1 : La prévalence maintenue des
normes juridiques à l'ère de la
libéralisation politique
35
Paragraphe 1 : La persistance du décret
de 1977 comme référentiel juridique organisant la Chefferie
traditionnelle à l'ère de la libéralisation politique
36
A- Le Décret de 1977 et la
consécration du Chef traditionnel comme Auxiliaire de l'
Administration
36
B- Obsolescence du Décret de 1977
à l'ère de la libéralisation politique
38
Paragraphe 2 : La Constitution de 1996 et la
faible institutionnalisation de la Chefferie Traditionnelle
39
Section 2 : Le caractère
récessif des normes coutumières de la Chefferie traditionnelle
à l'ère de la libéralisation politique
40
Paragraphe 1 : La coutume comme cadre de
dévolution et d'exercice de Traditionnelle
41
A- La coutume comme cadre de
dévolution du pouvoir traditionnel
41
B- L'exercice du pouvoir traditionnel chez
les Bene
45
Paragraphe 2 : La relativisation de la norme
coutumière à l'ère de lalibéralisation
politique
49
A- Le caractère administratif des
Chefferies traditionnelles
50
B- Le désir du trône hors des
familles à exercer coutumièrement commandement traditionnel
51
Conclusion partielle
51
Chapitre 2 : Les ressorts affectifs de la
Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à l'ère de la
libéralisation politique
53
Section 1 : Les ressorts affectifs de la
Chefferie traditionnelle Bene à Nkol-Metet entre communalisation et
sociation
54
Paragraphe 1 : Genèse de la Chefferie
traditionnelle Bene de Nkol-Metet entre communalisation et sociation
54
A- La Chefferie Traditionnelle Bene de
Nkol-Metet et l'option de communalisation
55
B- La Chefferie Traditionnelle Bene de
Nkol-Metet et l'option de sociation
56
Paragraphe 2 : L'avènement des
Chefferies de Groupement à Nkol-Metet : des ressorts ataviques dans
un contexte de la libéralisation politique
58
A- La Chefferie de Groupement Bene -Nord-
Est
58
B- La Chefferie de Groupement Bene- Sud-
Est
59
Section II : La fragilisation de la
grâce des Chefs
60
Paragraphe 1 : De la légitimité
controversée de la Chefferie traditionnelle à Nkol-Metet
61
A- Les ressorts ethniques de la controverse
de la légitimité des Chefs
61
B- La controverse de la
légitimité liée aux critères de désignation
des Chefs traditionnels
63
Paragraphe 2: le désamour
vis-à-vis des Chefs par les élites et par les populations
67
A- Le management fantaisiste des Chefferies
de Groupement
67
B- La Chefferie traditionnelle Bene entre
laxisme et déviances
68
Conclusion partielle
68
Deuxième partie : Les ressorts
pragmatiques de la Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à
l'ère de la libéralisation politique
69
Chapitre 3 : Les ressorts stratégiques
de la Chefferie traditionnelle Bene de Nkol-Metet à l'ère de la
libéralisation politique
71
Section 1 : Les Chefferies traditionnelles
comme lieu d'un pouvoir sous contrôle bureaucratique et
élitaire
71
Paragraphe 1 : Compétition pour la
détermination des Chefs comme lutte de pouvoir
72
A- La main invisible de l'élite
politico - administrative
73
B- De l'âpreté de la
compétition pour la détermination des Chefs
74
Paragraphe 2 : Les jeux de Pouvoir pour la
conservation des Chefferies
77
A- Des Stratégies collectives pour la
conservation des Chefferies traditionnelles
78
B- Des stratégies individuelles pour
la conservation des Chefferies traditionnelles
81
Section 2 : Les Chefferies Bene comme
arène et marché politique
86
Paragraphe 1 : Les Chefferies comme
arène de compétition pour le contrôle du
développement local
87
A- L'ACTRAN : un catalyseur
théorico-pragmatique du développement local des Chefferies
traditionnelles à Nkol-Metet
87
B- Implication responsable des Chefs
traditionnels pour développement local
88
Paragraphe 2 : la Chefferie traditionnelle
comme niveau des pouvoirs dans les jeux de la décentralisation
92
A- Enrôlement des Chefs traditionnels
de par la Mairie
92
B- Les Chefs traditionnels metteurs en
scène du processus de la décentralisation dans les Chefferies de
Nkol-Metet
94
Conclusion partielle
96
Chapitre 4 : Les ressorts pragmatiques de la
Chefferie traditionnelle Bene à Nkol-Metet à l'ère de la
libéralisation politique
97
Section 1 : Les Chefferies traditionnelles
comme lieu d'activités socioéconomiques
98
Paragraphe 1 : Les trajectoires des Chefs
comme entrepreneurs du pouvoir coutumier
98
A- Sa Majesté Mbala Zangana
Benjamin : De la carrière politico-administrative à la
Chefferie traditionnelle
99
B- Sa Majesté Ondoua Menyié
Paul Aimé : du capital politique à la Chefferie
traditionnelle
102
C- Sa Majesté Oyono Owono
Joseph : de la haute administration aux fonctions de Chef traditionnel et
de premier Magistrat municipal de Nkol-Metet.
104
Paragraphe 2 : Les Chefferies traditionnelles
comme lieux d'investissements sociopolitiques
107
A- Les Chefs et leur statut de relais de
l'Administration
107
B- Les calculs politiques des Chefs
traditionnels
110
Section 2 : La place des Chefs et des
Chefferies dans l'activité de la libéralisation politique
113
Paragraphe 1 : L'engagement politique des
Chefs dans les compétitions politiques municipales et
législatives
114
A- Sa Majesté Oyono Owono
Joseph : de la cooptation à la déception
115
B- Sa Majesté Ondoua Menyié
Paul Aimé et élections législatives de 2002 et de 2007
...............................................................................................
117
Paragraphe 2 : La mobilisation des Chefs dans
les processus politiques et économiques de la
décentralisation
118
A- Le renforcement des capacités des
Chefs autour du capital économique
119
B- Le renforcement des capacités des
Chefs autour du capital symbolique
120
Conclusion partielle
121
CONCLUSION GENERALE
122
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
128
ANNEXES 138
Table des
matières..............................................................................................................157
* 1Dans de nombreux pays
africains au lendemain des indépendances, les Chefferies traditionnelles
ont été bannies. C'est le cas du Ghana sous le Président
Nkrumah 1956-1966 et sous le Président Jerry Rawlings en 1980. Nkrumah
estimait que les Chefferies traditionnelles s'étaient compromises avec
le pouvoir colonial et qu'elles étaient un obstacle à la
modernisation du pays. Pour lui, il fallait libérer le peuple :
« de l'esclavage dans lequel le maintenait le colonialisme
étranger, la tyrannie du despotisme féodal local »
(voir, Jacquemot, 2007 :57). Le Ghana n'est pas le seul pays
à avoir mis les Chefferies en quarantaine, on l'a également vu
au Burkina-Faso sous le Président Thomas Sankara. En Côte d'Ivoire
avec le Président Félix Houphouët Boigny. La logique
politique qui prévalait dans ces pays était le
monolithisme et par ce procédé, les gouvernants
s'insurgeaient contre toutes les forces centripètes. Au Cameroun les
Chefferies n'ont pas été bannies, mais ont été
fragilisées car elles devaient leur survie à leur
allégeance, mieux, à leur loyauté au parti unique. En
d'autres termes, les Chefs traditionnels sous le Président Ahidjo
étaient contraints à un certain militantisme (voir, Bayart,
1989 :189). Dieudonné Oyono relève à cet
égard : « Ahmadou Ahidjo, dont le crédo
était unité nationale, avait bâti son système sur
une hostilité à tout, eût risqué de
démembrer et d'affaiblir l'Etat » (Dieudonné Oyono
in Eko'o Akouafane, 2009 : 14).
* 2 Au Cameroun, c'est le
décret du 15/07/1977 portant organisation des Chefferies traditionnelles
qui reconnait les Chefferies comme des circonscriptions administratives et de
ce fait, consacre les Chefs traditionnels comme des auxiliaires
d'administration.
* 3 S'agissant des dynamiques
du dedans certains juristes politistes l'ont situé à l'accession
du Président Paul Biya à la tête du Cameroun qui a
baptisé son régime de Renouveau. Le promoteur du Renouveau
à l'entame de la direction du pays exhortait ses compatriotes, mieux,
ses partisans de se préparer aux élections à candidatures
multiples au sein de son parti ; mais aussi au multipartisme. C'est
pourquoi le Pr Owona Joseph affirme avec autorité que :
« Le Renouveau est fille aîné de la
Perestoïka » (OwonaJoseph cité par Owona Nguini
1998 : 50).
* 4 Les dynamiques du dehors
sont appréhendées ici, comme l'ensemble
d'événements ayant favorisé la libéralisation
politique de plusieurs Etats africains. Nous pouvons citer ici l'arrivée
de la gauche au pouvoir en France, en 1981, la chute des partis communistes en
Europe de L'Est, la libération de Nelson Mandela, au Cameroun avec les
villes mortes qui ont finalement débouché à une
conférence nationale tripartite, qui était pour les pouvoirs
publics un moyen de contourner les conférences nationales souveraines
qui se faisaient dans la plupart des pays de l'Afrique francophone. (Voir
Mouiche, 1996 : 178).
* 5Les forces politiques
peuvent être appréhendées icicomme les groupes, les
individus, les partis politiques qui ont une influence certaine dans la vie
politique du pays ou d'un terroir respectif.
* 6Les objectifs de ladite
association sont presque semblables avec ceux de l'association nationale des
Chefs traditionnels qui tint son premier forum du 28 au 29 mars 2010 au Palais
de congrès. Et avait pour objectif, de rassembler tous les Chefs
traditionnels du Cameroun, consolider leur esprit de solidarité,
revaloriser l'institution de la Chefferie traditionnelle, promouvoir les droits
de l'homme, de la femme et de l'enfant. Ce conseil devrait également
oeuvrer pour assurer le bien- être des Chefs traditionnels et des
populations et promouvoir la protection de nos traditions et cultures et
contribuer à rendre plus visibles auprès des populations, les
programmes de développement des pouvoirs publics, bref faisant de la
Chefferie traditionnelle un partenaire efficace pour le développement
culturel, économique et social du Cameroun.
* 7 En effet, les Chefferies
de groupement qui virent le jour en 2008 à Nkol-Metet, sont
prévues par l'arrêté n°13/A/MINAT/DCT du 19 janvier
1982, portant création des Chefferies de 2e degré dans
le département du Nyong et So'o. Bref, les Chefferies de groupement
sortent de leur caverne à l'ère de la décentralisation.
* 8 A la Chefferie de
groupement BENE Nord-Est, Mbala Zangana a été élu. Ce
dernier a été Sous-Préfet et Maire dans plusieurs
localités du Cameroun pendant 31 ans. Et dans le Département du
Nyong et So'o il a été Maire de la commune mixte de Mbalmyo
pendant 17ans. Dans la ChefferieBENE Sud Est, Ondoua Menyié Paul
Aimé bénéficie déjà d'une
légitimité traditionnelle parce qu'il est Chef du village
Nkol-Ekabili et est un politicien avéré et militant du RDPC. En
1996 il a été Membre du comité central du RDPC et de
2002 à 2007,Député RDPC à l'Assemblée
Nationale du Camroun.
* 9La loi n° 2004/017
du 22 juillet 2004 qui présente la loi d'orientation de la
décentralisation fixe les règles générales
applicables en matière de décentralisation territoriale.
Dans
sonarticle 2 alinéa 2, elle précise de façon formelle,
les enjeux de développement et de démocratie que se fixe la
décentralisation en stipulant : « La
décentralisation constitue l'axe fondamental de promotion du
développement, de la démocratie et de la bonne gouvernance au
niveau local.
* 10cf.,
www.prc.cm consulté le
16/11/2011.
* 11C'est au regard d'une
telle propension des Chefferies la quête de leur développement
intégrale que Ngnepi et Towa envisagent la transformation de certaines
Chefferies en Communes. Pour Ngnepi, même si, les communes ressortent du
processus de la décentralisation et les Chefferies du processus de la
déconcentration, la question d'efficacité dispose à
interroger en direction des structures pour déterminer laquelle serait
plus propice à la participation populaire. En d'autres mots, le passage
des Chefferies en communes supposerait une participation populaire ; ce
qui pourrait entraîner l'élection des Chefs traditionnels. Ce qui
mettrait fin à la succession héréditaire. NGNEPI affirme
à cet effet que:« Le sous développement repose
essentiellement sur la perte de la liberté et le procédé
en débat, dépouillant les peuples de leur libre arbitre».
(NGNEPI : 2007).
* 12 A côté du
culte de la personnalité, l'autre critère
prépondérant dans le pouvoir coutumier est la culture de
l'oralité et c'est dans ce registre que les Chefs BENE sont plus en
vue.
* 13D'après nos
enquêtes on peut situer la création des Chefferies à
Nkol-Metet à l'année 1900.
* 14Au Cameroun, les
Provinces ont été substituées par les Régions. De
même, en 1984, un décret présidentiel éclatait la
province du Centre Sud en deux Provinces : la Province du Centre ayant
pour capitale Yaoundé et la Province du Sud ayant pour capitale Ebolowa.
Les provinces devenues Régions, leurs capitales restent
inchangées.
* 15Cf. ; La sainte
Bible dans Ecclésiaste chapitre 1 verset 9.
* 16Les Chefferies ayant
fait l'objet d'étude de cas par cet auteur sont celles de Banka,
Bangou, Bandjoun et Le Royaume Bamoun.
* 17 Il faut préciser
ici que Barbier fait référence ici à la Chefferie
Bamiléké. Les Bassa constituent l'un des groupes ethniques que
compte le Cameroun.
* 18 Les Bassa constituent
l'un des groupes ethniques que compte le Cameroun. On les retrouve
principalement dans la Région du Centre notamment dans le
département de la Nyong Ekéllé et dans la Région du
littoral.
* 19Le golfe de Guinée
correspond à la bande côtière africaine allant de la
Côte- d'ivoire à l'Angola.
* 20 Le RDPC c'est le parti
politique au pouvoir au Cameroun. Ses partisans préfèrent souvent
qualifié leur formation politique de parti politique proche du pouvoir.
Ceci expliquerait leur volonté à dissocier l'activité
partisane de celle de l'Etat.
* 21Le Colonel Amougou
Nguélé Emmanuel est l'actuel Chef d'Etat major du
Président de la République du Cameroun Son Excellence Paul
Biya. Ndi Mboh François est un attaché d'ambassadeen fonction et
actuel Secrétaire Particulier de son Excellence Awana Essama,
Ambassadeur du Cameroun auprès de la République d'Italie.
* 22 Les big men sont des
personnes que les gens suivent dans la mesure où elles peuvent leur
procurer des bénéfices. (Mouiche, 2005 :122).
* 23 Erving Goffman nous
fait savoir que sauver la face est un impératif dans l'interaction
sociale, pour atteindre ce résultat, les individus doivent
bénéficier de la collaboration des autres acteurs qui manifestent
leur acceptation de la face construite par ceux avec lesquelles ils
interagissent. Un individu garde la face lorsque la ligne d'action qu'il suit,
manifeste une image de lui-même consistante, c'est-à-dire
appuyée par les jugements et les indications venues des autres
participants, et confirmée par ce que révèle les
éléments impersonnels de la situation ( Alpe etal, 2005 :
95).
* 24 Source : Sa
Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé (entretien du
01/02/2012).
* 25On retrouve les Bene
principalement dans deux Régions du Cameroun : dans la
Région du Centre et dans la Région du Sud. Dans la Région
du Centre on les retrouve dans les Départements de la Mefou et Afamba et
du Nyong et So'o. Dans la Région du Sud, on les retrouve dans les
Départements de la Mvila et de l'Océan.
* 26Les quatre autres
lignages issus de la postérité de Mbartsogo sont :Mvog Owono
Ndzuli, Mvog Zuga, Mvog Ngene, Mvog Kwodo.
* 27 L'Honorable Maze Jean
Alfred de Regretté mémoire, a été doyen d'âge
à l'Assemblée Nationale à la session parlementaire de juin
2001, à son 2e mandat.
* 28 Le RDPC c'est le parti au
pouvoir au Cameroun. Ce parti a été créé en 1985
par le Président Paul Biya au congrès de Bamenda. Depuis lors, le
Président Paul Biya est à la fois Président de la
République du Cameroun et Président de ladite formation
politique. Toutefois, il impérieux de souligner que le RDPC est
né de la dissolution de l'Union nationale Camerounaise (UNC) parti
politique unique fondé par le premier Président de la
République du Cameroun Ahmadou Ahidjo en 1966.
* 29 Ce folklore se manifeste
de la sorte : quand le SDF tient un meeting les populations arborent les
couleurs de ce parti. Ce rituel s'observe avec toutes les formations politiques
non dominantes à Nkol-Metet. Ce folklore a déjà
désillusionné de nombreux leaders de l'opposition à
Nkol-Metet.
* 30 Il faut noter
qu'à Nkol-Metet à ces élections, l'effectif des inscrits
était de 12 344 ; l'effectif des votants était de
11 058. Ainsi dit, le taux de participation était de 89,58% et le
candidat victorieux M. Biya Paul a obtenu 10 904 de suffrages.
Source : ELECAM/ Rapport général sur le déroulement
de l'élection présidentielle du 09 octobre 2011.
* 31 Source : Inspection
des enseignements primaires et secondaires de l'Arrondissement de Nkol-Metet.
* 32 Kamto Maurice (1994),
« la dynamique constitutionnelle du Cameroun
indépendant » in revue juridiqueafricaine
1994,n°1, 2,3.
* 33 Peter Geshiere le
renchérit en ces termes : «The frenches, the germans
and Belgians as the britishes opted to create such traditional institutions in
order to solve their urgent administrative problems»(Geshiere,
1996 :307 ).
* 34 C'est à cet
effet que les Chefferies traditionnelles sont hiérarchisées en
Chefferies de Ier degré ; les Chefferies de
2e degré ; les Chefferies de 3ième
degré.Ainsi est de 1er degré, toute Chefferie
dont le territoire de compétence recouvre celui d'au moins deux
Chefferies de 2ème degré. Ses limites territoriales
n'excèdent pas en principe celles d'un Département. Est de
2ème degré, toute Chefferie dont le territoire de
commandement englobe celui d'au moins deux Chefferies de 3ème
degré. Ses limites n'excèdent pas en principe celles d'un
Arrondissement.
* 35Dans presque tous les
villages de Nkol- Metet, les Chefs traditionnels s'activent à
créer des groupes d'initiatives communes. Par exemple, à Bikoko,
Sa Majesté Mva Kouma nous fait savoir qu'il a impulsé la
création d'un groupement d'initiative commune
dénommée : Renaissance de Bikoko un groupe de 34 personnes
qui a créé en cette année 2011 deux champs
communautaires de maïs et de manioc de 4 hectares (propos recueillis le
16/08/2011 à Bikoko. De même dans le village Awäe, Sa
Majesté Oyono joseph, nous informe qu'il a également
impulsé la création dans son village de trois grands champs
communautaires dont le plus important est la cacaoyère nouvellement
créée de trois hectares ; il nous révèle aussi
la création de plusieurs tontines qui permettent l'épanouissement
des individus ayant souscris. (Propos recueillis le 04/07/2011 à
Awäe). A Obout on note également un réveil, mais dans ce
village, c'est plutôt une collaboration synergique entre l'élite
et l'association de la Chefferie dénommée Nkul Mbida Nga
Mbala , qui a octroyé une somme de 8 millions au groupe ayant des
projets viables et fiables. Il convient aussi de rappeler que l'association
des Chefs traditionnels de Nkol-Metet oblige les Chefs traditionnels de son
ressort d'être propriétaire d'au moins une cacaoyère, ceci
en vu de leur épanouissement personnel.
* 36Pour Parsons, les
valeurs constituent avec les normes, le fondement principal de l'action sociale
(Parsons cité par Grawitz, 2004 :412).
* 37Il est important de
souligner ici que le Conseil Régional et le Président du Conseil
Régional constituent les deux organes de la Région (Cf. article
57 alinéa 1).
* 38 A Nkol-Metet à
la Chefferie de Groupement Bene Sud Est la légitimité de son Chef
Sa Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé est souvent
contestée car pour ses détracteurs il est issu d'une ethnie
démographiquement minoritaire(les Mvog Essissima). Sa Majesté
pour faire face à cette contestation à l'habitude
d'affirmer : « la loi du nombre est une loi
démocratique, alors que, lorsqu'on parle de Chefferie traditionnelle, on
est tout simplement dans le champ de la tradition. Or chez les Béti en
général, c'est l'aîné qui est
bénéficiaire du pouvoir traditionnel. De toute évidence,
Essissima Nkoa était l'aîné des fils de MbarTsogo (Zambo
Melunu, Mbarga Ba'ana, Zambo Ba'ana....). Il était donc
nécessaire de rétablir avec la Chefferie de Groupement l'ordre
naturel des choses (Source entretien du 11/02/2012 à Mbalmayo avec Sa
Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé).
* 39On assimile l'aspect
consensuel de l'autorité du leader à un mirage
démocratique.
* 40 (Alpe, Beitone, Dollo,
Lambert, Parayre, 2005:26).
* 41 Le charisme de fonction
ici peut être synonyme à la notion du capital symbolique, au sens
de Bourdieu, qui est l'ensemble des signes distinctifs et des symboles du
pouvoir acquis, ou hérité par un agent. Ce peut être la
respectabilité, l'honorabilité...
* 42 Chez les Bene MVOG
AMOUGOU de Metet Centre, la qualité qu'ils appréciaient
beaucoup chez leur Chef, Sa Majesté MBALA MESSI
(décédé en février 2012), c'était son don
oratoire et sa grande maîtrise des proverbes béti. Propos
recueillis lors d'un focus groupe à Metet Centre, le 30 Août 2012.
* 43Nnë bodo aurait
permis la traversée des groupes ethniques tels que les Yemesum, Mvog
Ebo'o, Oyek, Angok, Yemedu, Yanda, Osa Angon Woa, Obege, Oka'a, Fong, Elende,
Ewondo, Ngui, Yembama, Yenke (Laburthe-Tolra, 1981 :54).Ainsi dit, lesBene
par l'entremise de leur ancêtre seraient un peuple guide ayant permis
à l'ensemble du groupe ethnique Béti, de traverser la Sanaga.
* 44 Un proverbe Béti
dit : « owog na akuma : ve bod »ou
« mot ane mot abele bot » cela signifie que la
richesse n'est rien d'autre que les Hommes.
* 45 Pour Bourdieu, le
capital économique est l'ensemble des ressources (revenus et patrimoine)
d'un ménage, qui lui permet de défendre ou d'améliorer sa
position sociale et celle de ses enfants. Tandis que le capital social, est
l'ensemble des facilités sociales qu'un ménage ou un individu est
capable de mobiliser à son profit ou au profit des autres.
* 46Les
sociétés à souveraineté diffuse se
caractérisent par l'absence de pouvoir centralisé, mais aussi par
l'existence des mécanismes qui suffissent la permanence du groupe. Elles
sont profondément marquées par les structures égalitaires
et reposent essentiellement sur la solidarité à
l'intérieur du groupe, qui est la seule unité assurant la
protection des individus. On distingue dans ce type de société,
la bande à gouvernement minimal, elle est constituée
d'unité de taille restreindre démographiquement et occupant un
territoire commun ou elle pratique généralement de façon
plus ou moins nomade, la chasse, la pêche et la cueillette ; c'est
le cas des pygmées dans l'Est et Sud Cameroun. On retrouve enfin les
sociétés lignagères ou l'unité de solidarité
est représentée par un segment de lignage lui-même en
opposition avec le segment voisin. C'est le cas des Bene de Nkol-Metet et
l'ensemble des groupes Béti ; mais également des Nuers tels
que présenté par Evans pritchard.
* 47L'arrêté de
1925 stipule que le conseil des notables devrait être
considérablement consulté mais n'impliquait nulles obligations
que les avis qu'il émettait fussent suivis.A Obout, par exemple, ce
conseil compte 32 notables alors qu'à Oveng il ne compte que 10
notables. La taille du Conseil de notables dépend fortement du poids
démographique du village, mieux, du nombre de grandes familles
présentes dans un village.
* 48Dans l'Arrondissement de
Nkol-Metet à l'heure actuelle, il est du pouvoir discrétionnaire
du Chef de désigner ses notables, mais ces derniers sont issus des
principales familles de la Chefferie. Cependant, il peut arriver que le Chef
exige aux familles de désigner un notable devant représenter leur
famille au sein de ce conseil.
* 49Interview
réalisée avec Amougou Mbarga Fidèle, 65 ans, sous-Chef du
village Metet-Centre, le 01/06/2012 à 06h45 à Metet centre.
* 50 La réparation
d'un litige entre un cadet et son aîné, dans la
société Bene est constituée d'une dame-jeanne de 20 litres
de vin rouge et d'un Cabri
* 51MBALA Gallus Achille, 30
ans, vice président de l'une des associations des jeunes la plus
importante de Nkol-Metet dénommée : Jeunesse Active de Metet
en Evolution (J.A.M.E). Propos recueillis lors de l'interview
réalisée avec les responsables de la dite association 15/07/2011
à Metet-Centre.
* 52 Le Représentant
du Chef à Obout par Nkol-Metet a été
désigné sous ce mode.
* 53Dans les Chefferies
traditionnelles du Togo, les Zomloa portent le nom d'Avetoet Congo
celui denganga. Ce sont les autorités craintes et respectées pour
leur relation avec les dieux, ainsi que leur faculté vraies ou
supposées d'implorer le ciel en cas de calamité et donc pour leur
pouvoir spirituel et leur capacité à conjurer, le mauvais sort
(voirGoeh-Akue N'bueke Adovi, 1999 :46).
* 54 Sa Majesté Akoa
Amougou vincent, 72 ans, est le Chef traditionnel du village Nkolya III et
Zomloa du même village.
* 55 Sorcier dans le sens
anthropologique, désigne une personne qui se distingue du groupe dont il
fait partie, ou il est considéré comme lié aux puissances
maléfiques. La sorcellerie permet aux zomloa de réduire les
tensions, lorsque les moyens rationnels échouent.
* 56A Nkol- Metet, à
l'heure actuelle, il y a très peu de Zomloa, parce la crainte de
certains Chefs à leur égard, a conduit à la suppression de
cette institution.
* 57 Pour Shaperalà
où il y'a l'Homme, il y'a la société et là
où la société existe, le système politique se
développe.
* 58Lesbig men sont
des personnes que les gens suivent dans la mesure où elles peuvent les
procurer des bénéfices (Mouiche, 2005 : 122).
* 59Il convient de rappeler
ici, que les Chefferies de groupement qui virent le jour en 2008 à
Nkol-Metet, sont prévues par l'arrêté n°13/A/MINAT/DCT
du 19 janvier 1982, portant création des Chefferies de 2e
degré dans le département du Nyong et So'o. A Nkol-Metet, on
dénombre deux Chefferies de Groupement. La Chefferie de Groupement Bene
-Nord -Est, dirigée par Sa Majesté Mbala Zangana Benjamin, et la
Chefferie de Groupement Bene-Sud-Est, dirigée par Sa Majesté
Ondoua Menyié Paul Aimé.
* 60Dans la Chefferie de
Groupement Bene -Nord- Est il y avait principalement deux lobbies. Le
premier lobby était constitué des Chefs de troisième
degré ; le second par contre était représenté
par l'élite politico-Administrative. Bien que ce soit les Chefs
traditionnels qui constituaient le corps électoral Sa Majesté
Mbala Zangana Benjamin a vaincu Sa Majesté Mbala Messi Manfred, parce
qu'il a su avoir du soutien dans ces deux lobbies contrairement à son
principal challenger qui s'est fortement appuyé sur le Lobby que
constituaient ses pairs.
* 61A côté de la
Chefferie traditionnelle, les autres foyers de l'assimilation
réciproques des élites sont l'idéologie, la bureaucratie,
les élections, le parti (Voir Bayart, 1989 : 208).
* 62Dernièrement au
mois de juin 2012, les populations de Chefferie traditionnelle de 3e
degré d'Oveng par Nkol- Metet ont essayé par tous les moyens
d'évincer leur Chef traditionnel Sa Majesté Bala Bala Francis
pour le remplacer par Jean Claude Ndi, célèbre journaliste
à la Radio Nationale camerounaise. Malheureusement, les populations
d'Oveng n'ont pas réussi leur coup, car les élites les plus
importantes de ce village soutenaient vivement leur Chef et Madame le Sous-
Préfet de Nkol-Metet s'est impartialement alliée aux
élites de ce village.
* 63Ces épouses
sont : Baana ; Ekindi ; Melunu ; Nkoa ; Engodo ;
Ndzuli ; Kwodo ; Enembe.(Laburthe-Tolra, 1981 :147).
* 64MBALA Messolo
était grand guerrier Bene, et petit-fils de MbarTsog ancêtre des
Bene de Nkol-Metet. Il vécu de 1795 à 1845. Source :
Laburthe-Tolra, 1981 : 153-155.
* 65 Amougou Baana
eût 19 fils parmi lesquels Mbala Messolo. Source : Laburthe-Tolra,
1981 : 150.
* 66 Le village Metet- Centre
est un grand village qui est subdivisé en quatre quartiers :
Mbama, Nkong Mekak, Ngoantet Nkomfum et Oban Si.
* 67 Avant cette
période, ceux qui faisaient figures c'étaient des grands leaders
charismatiques, qui avaient surtout un rôle de protection pour le
groupe.C'est dans ce sillage que les BENE ont connu des leaders tels que
Nnebodo, Kode Oloa, MbarTsogo, Mballa Messolo, Zambo Nsa, Mballa
Zangana.. Cette première origine de la Chefferie peut
être datée de 1700 à 1900. Autrement dit, chaque groupe
ethnique ou chaque village à Nkol-Metet avait ses leaders charismatiques
à cette période.( Voir Laburthe-Tolra,1981 : 143-157).
* 68 D'un point de vue
héréditaire, la Chefferie Mvog Amougou a muté de la
descendance de Nguélé Nsa à la descendance de Zambo Nsa.
Néanmoins il convient de rappeler que Zambo Nsa et Nguélé
Nsa étaient tous des frères, fils de Mballa Messolo.
* 69Selon le
révérend docteur Mveng Luc, Owono David était le
véritable Chef, car c'est lui qui s'occupait de l'administration
quotidienne de la Chefferie, il prélevait l'impôt et allait le
reverser auprès de l'Administration coloniale à Mbalmayo. Propos
recueillis au cours de l'entretien avec le révérend docteur
Mveng Luc, 75 ans patriarche Mvog-Amougou, premier prélat
originaire du département du Nyong et So'o et de l'Arrondissement de
Nkol-Metet, Le 10 juin 2011 à Nkolndongo-Yaoundé.
* 70 Source : entretien
réalisé avec Sa Majesté Oyono Owono Joseph, 72 ans le
04/06/2011 à la Chefferie de 3e degré d'Awae par
Nkol-Metet.
* 71 On peut citer
ici :Atangana Ohanda Rudolph à Ngoantet ; à Bikoko,
Owono Joseph ; à Nkol Ekabili, Ondoua Menyié. Ces derniers
furent les tous premiers Chefs traditionnels de leur village respectif.
Source : Amougou Jean 63 ans,représentant du Chef de Ngoantet II,
entretien réalisé par nous le 16/07/2011.
* 72 Source : Sa
Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé, entretien du
01/02/2012).
* 73 Tsoungui Emmanuel, 54
ans, Chef du village Ngoantet II. Propos recueillis le 15/07/ 2011 à la
Chefferie de Ngoantet II. Son point de vue est partagé par le
Révérend pasteur Nguélé Désiré(
1951-2012) 60 ans, pasteur de l'Eglise Presbytérienne camerounaise
orthodoxe (EPCO), lors de l'entretien du 17/08/2011 à Ebomsi I.
* 74Les minorités
ethniques sont des groupes d'individus possédant un trait culturel
ethnique commun (culture, langage, origine), sur lequel repose la distinction
avec un groupe représentant la culture dominante et qui conduit à
stigmatiser leur position sociale par rapport au groupe dominant (Alpe,
2005 : 162). En science politique, la minorité désigne un
groupe occupant une position d'infériorité (numérique,
ethnique, politique, économique, culturelle ou linguistique) par rapport
aux groupes dominants, qui plus ou moins volontairement les excluent de la
participation entière à la vie sociale (Grawitz, 2004 :
276).
* 75Confère
Arrêté n° 00135/A/MINATD/DOT/SDOA/SCT du 29/05/2009
homologation de désignation de M. Ondoua Menyié Paul Aimé
en qualité de Chef de 2e degré Bane Sud Est,district
de Nkol-Metet Arrondissement de Mbalmayo Département Nyong et So'o
Région du Centre.
* 76Source : Sa
Majesté Ondoua MenyiéPaul Aimé, entretien du 01/02/2012
àMbalmayo.
* 77 Source : Sa
Majesté Mbala Zangana Benjamin, entretien du 10/02/2012 à
Metet-Centre.
* 78Le père de Mbala
Zangana Benjamin, Owono Mbala David a été sous Chef à la
Chefferie de Mbala Messolo Offele. Ceci revient à dire qu'il n'est pas
totalement extérieur aux valeurs de la Chefferie traditionnelle.
* 79La victoire de Mbala
Zangana Benjamin tient sur une combinaison de plusieurs capitaux. Les plus
déterminants sont son capital symbolique et son capital
économique. Du point de vue du capital symbolique, Sa Majesté
Mbala Zangana Benjamin, bénéficie d'une certaine
respectabilité et d'une honorabilité. De même, le fait
d'avoir été plusieurs fois Sous Préfet-Maire lui
confère une réputation de compétence. A le comparer
à un Mbala Messi Manfred à Metet-Centre, il a construit la maison
la plus spacieuse de ce village. Or, son adversaire jusqu'à sa mort se
servait d'un entrepôt, comme lieu d'habitation et entrainait comme
conséquence une absence à la Chefferie de structures d'accueils
en cas d'éventuelle arrivée d'Autorités Administratives
à Metet- Centre. Toujours est-il que dans ce registre du capital
symbolique, Sa Majesté Mbala Messi bien qu'intellectuellement nanti de
parchemins académiques était un disciple de "Bacchus" et
l'affichait ostentatoirement, ce qui a quelque peu
décrédibilisé sa candidature. Car malgré son
charisme, son absence d'habitat digne de l'auguste Majesté
doublée de sa passion pour les boissons alcooliques a
considérablement entaché sa respectabilité et surtout sa
réputation.S'agissant du capital économique de Sa majesté
Mbala Zangana Benjamin, c'est celui là qui lui a permis
d'améliorer sa stature symbolique. Sa Majesté a beaucoup investi
dans l'immobilier : des villas à Mbalmayo et à
Yaoundé. Il possède aussi plusieurs véhicules et
entretient dans sa concession beaucoup d'enfants, par alliance et par la
consanguinité. Enfin,il fait partie de la haute classe des
Big-men ; mieux, de l'aristocratie de Nkol-Metet. Dans un cadre
restrictif, à Metet-Centre, il demeure le seul jusqu'à
présent à avoir eu une carrière de Chef de Terre.
* 80 Source : entretien
réaliser le 04/06/2011 à Obout.
* 81Source : entretien
réalisé avec Madame le Sous Préfet le 06/07/11. A la sous
préfecture de Nkol-Metet.
* 82Sa Majesté Mballa
Messi est mort le 02 février 2012 et ses funérailles ont eu lieu
du 08 au 09 février à Metet- Centre.
* 83Nous avons
été informés à ce sujet, par l'observation
participante.
* 84Selon Bipoum Woum, les
forces politiques désignent l'ensemble des groupes sociaux sur lesquels
repose le pouvoir politique dans un pays donné (...) à ce titre,
tout groupe social qui atteint un degré minimum de consistance,
constitue une force politique, pourvu qu'il ait un certain niveau de conscience
de lui-même et de ses intérêts. Dans notre étude de
cas, ce qui constitue les forces politiques sont : les Chefs
traditionnels, les élites politico-administratives et les associations,
quelles soient politiques ou apolitiques.
* 85 Agodi patrice, 51ans,
Adjudant Chef, Commandant de brigade de la gendarmerie de Nkol-Metet. Interview
réalisée le 30 mai 2011 à la gendarmerie de Nkol-Metet.
* 86 Propos recueillis par
le journal le jour en date du 27 juin 2009.
* 87Au Cameroun, les
Provinces ont été substituées par les Régions. De
même, en 1984, un décret présidentiel éclatait la
Province du Centre Sud en deux Provinces : la Province du Centre ayant
pour capitale : Yaoundé et la Province du Sud ayant pour
capitale : Ebolowa. Les Provinces devenues Régions, leurs capitales
restent inchangées.
* 88 Selon Sa Majesté
Ondoua Menyié Paul Aimé, c'est l'ex Député et l'ex
Secrétaire d'Etat Amougou Nguélé Paul qui était
à l'origine de ce blocage. Amougou Nguélé jusqu'à
sa mort au mois de juillet 2004 s'obstinait à la configuration
actuelle des Chefferies de groupement ; il jugeait insuffisant le nombre
de Chefferies de groupement à Nkol-Metet. Pour ce dernier il fallait
à Nkol-Metet au-moins cinq Chefferies de groupement pour rendre efficace
et efficient cet appareil Cheffal et a voulu peser de son poids politique pour
faire triompher ses vues, mais hélas! La mort lui arracha la vie et cet
arrêté fût appliqué tel quel en l'an 2008.
(Source : entretien du 01/02/2012 avec Sa Majesté Ondoua
Menyié Paul Aimé à Mbalmayo). Il faut également
souligner qu'Amougou Nguélé Paul, était jusqu'à sa
mort, le porte parole des originaires de Nkol-Metet et davantage des Mvog
Amougou.
* 89 Il faut noter ici que
dans le cas d'espèce, qu'il n'y a pas eu d'unicité des clivages
idéologiques Mvog Amougou ; dans la mesure où chaque
candidat (voir candidats en lice chapitre précédent) avait ses
adeptes dans chacune des tendances. La victoire dépendait donc de la
capitalisation du plus grand nombre d'adeptes.
* 90 Leurs Majestés
Mbala Messi et Mbala Zangana Benjamin sont tous les deux petits fils de Mbala
Zangana fils de Zambo Nsa et arrière petit fils de Mbala Messolo.
* 91 Sa Majesté Mbala
Messi Manfred avait souvent l'habitude de rabrouer les Autorités
Administratives et parfois refusait de répondre à leurs
convocations
* 92 A Metet-Centre, les deux
premières personnes à avoir fait les études universitaires
sont, Mveng Owono Luc Bruno, qui sortinanti d'un doctorat ès lettres et
est de la première promotion des docteurs de l'Université du
Cameroun et Mbala Messi Manfred qui obtient une licence en sciences
économiques et de gestion.
* 93 Source : Mbarga
Mengue, Secrétaire Général de L'EKMA entretien du 27/08/
2011 à Metet- Centre.
* 94 Source : Sa
Majesté Mbala Zangana Benjamin, entretien du 07/04/ 2012 à Metet-
centre.
* 95 Nous n'occultons pas la
présence d'autres élites, mais cependant, celles
énumérées ici se démarquent par leurs
investissements sociopolitiques et socioéconomiques qui ont un impact
au-delà de leur village et qui s'étendent dans tout
l'Arrondissement de Nkol-Metet. Aussi faut-il noter, que d'autres jeunes cadres
commencent à poindre à l'horizon. Bientôt on parlera d'eux
sans ambages.
* 96Il succéda à
Mbida Jean, qui succéda à Amougou Mbida Jean, qui succéda
à Mbida Akong, qui succéda à Mbida Edouard (qui fut
destitué), qui succéda à Amougou Ada, qui succéda
à Mbida Nga Mballa le tout premier Chef d'Obout
* 97Cette association porte le
nom du tout premier Chef d'Obout, Sa Majesté Mbida NGa Mballa et son
récépissé de déclaration porte le numéro
12/RDA/J10/BAPP avril 2009.
* 98L'association Mbida Nga
Mballa est constituée d'un bureau de 16 membres.
* 99Source, Amougou Ada,
premier vice président de NKUL MBIDA NGA MBALLA, entretien du
12/02/2012.
* 100 La culture de piment a
échoué faute de suivi. D'autres projets ont connu de telles
issues à Obout à cause de l'octroi fantaisiste des
crédits.
* 101Dans l'Arrondissement de
Nkol-Metet, on dénombre trois Marchés périodiques. A
Nkol-Metet, le vendredi, à Ndick le samedi et à Obout le
dimanche.
* 102Salomé Abeng
Tétron est la fondatrice du complexe scolaire les Bambis sis à
Yaoundé dans les quartiers Biyem-assi (école primaire et
maternelle) et à Ahala (collège bilingue d'enseignement
général)
* 103Omgbwa Assembe, a
été le deuxième Maire de Nkol-Metet de 2002 à
2007.
* 104 Sa
générosité, lui a valu le pseudonyme de Paris cadeau. A la
suite d'Omgbwa Assembe, il a organisé trois éditions du
championnat à Ngoantet II de 2006 à 2009.
* 105Selon certains
informateurs de Ngoantet II, ce centre de santé s'est
spécialisé en ulcères de brûlis par l'action de
l'infirmier Chef dudit centre Abemo Samuel, qui par le passé avait
l'habitude d'envoyer les patients affectés de cette maladie à
l'hôpital d'Ayos où à titre de récompense il
recevait à chaque fois 25.000 francs Cfa par patient. C'est de là
qu'il eût l'envie de créer à Ngoantet ce type de centre.
Faute de moyens, il entra en contact avec une ONG Suisse et au niveau local,
avec Ndi Mboh Fançois pour réaliser ce projet d'envergure de
santé publique.
* 106Ce complexe commercial
et hôtelier comprend : une grande quincaillerie, dépôt
de boisson, un service de location chaises, tentes, tables, couverts pour
diverses cérémonies...
* 107Mbala Zangana est
celui qui offrit le site sur lequel la Mission presbytérienne
américaine a fondé sa station missionnaire (MPA) à Metet
en 1897.
* 108La cohabitation des
deux Chefferies à Metet-Centre a posé un dysfonctionnement. A
cause du passif ayant trait l'avènement de la Chefferie de groupement.
En effet, l'élection du Chef de groupement a opposé deux fils de
Metet-Centre, sa Majesté Mballa Messi Manfred, alors Chef de
3e degré dudit village et du big-man Mbala Zangana Benjamin
vainqueur de l'élection.Sa Majesté Mballa Messi Manfred, n'avait
jamais voulu faire allégeance à son cousin Mbala Zangana Benjamin
et a même boycotté sa cérémonie d'intronisation.
* 109A Ngoantet I, son Chef
actuel est Ohanda Emmanuel.
* 110À Nkol-Metet,
on note une forte recrudescence des consommations des drogues trivialement
appelées Banga ;A Nkol-Metet ses consommateurs l'appellent
« messep »ou
« tish »,et est devenu l'apanage des jeunes
désoeuvrés en général et des motocyclistes, en
particulier.
* 111Source :
entretien du 12/02/2012 à Metet-Centre.
* 112En 2009, l'Ecole
Primaire de Metet- Centre avait un effectif de 144 élèves. Ainsi
du cours élémentaire première année au Cours moyen
deuxième année, l'associationprimait les 3 meilleurs
élèves et de la SIL au Cours préparatoire, les cinq
premiers étaient récompensés. Source : Ndi Ndi Anicet
29ans, Président de la JAME, entretien du 11/02/2012 à Metet-
Centre.
* 113 Le RDPC à
Nkol-Metet compte neuf (09) sous sections. (Source : enquêtes).
* 114En termes de
prévisions on estime la production d'un hectare de cacao à 10
tonnes. Or, à l'heure actuelle, le prix du Kilogramme de Cacao est
estimé à 1400 francs Cfa.
* 115Source : Akoa
Mbarga Benoît, 30 ans, militant entretien du 23/02/2012 à
Mbalmayo.
* 116C'est Mauss Marcel
(1924) dans son ouvrage intitulé : `'Essai sur le don'' qui a
théorisé le concept de potlach. En effet, le
potlach est un don cérémoniel pratiqué chez les
indiens d'Amérique du Nord-Ouest où les Chefs échangeaient
des objets précieux et rituels afin de distribuer les titres et charges
honorifiques au plus généreux. Cet échange se
caractérise par la rivalité ; car le don est suivi d'un
contre-don immédiat et supérieur afin de gagner en prestige
(Debbash ,2001 :199).
* 117Le nombre de Chefs
traditionnels devrait être de 34. Compte tenu du cumul de fonctions de
Chef de 3e degré et de Chef de groupement par Ondoua
Menyié Paul Aimé, ce nombre est ramené à 33. On
note également que l'adhésion de Sa Majesté Mbala Zangana
Benjamin à cette association a conduit à une restructuration
dudit mouvement en faisant de lui le vice Président. Aussi, dès
son entrée dans l'ACTRAN Sa Majesté Mbala Messi Manfred son
principal opposant était sorti de cette association.
* 118 De 1996 à
2007, la Mairie de Nkol-Metet n'avait pas des locaux propres. Avec
l'arrivée de Ndi Samba comme Maire, la Mairie fut construite. Le
MaireNdi Samba a également construit les locaux de la Gendarmerie de
Nkol-Metet, le Poste des Eaux et Forêts devenus les services provisoires
de la Sous Préfecture deNkol-Metet. Il construit une antenne de sa radio
et une maison de micro finance, il a réaménagé les locaux
du marché d'Obout, créé un marché à
Ndick...
* 119 Ndi Samba est l'un
des derniers remparts et patriarche de la tradition BENE. Dans sa chaîne
de télévision privée, Radio Télévision
Lumière, il consacre plusieurs émissions promouvant et valorisant
la culture BENE.
* 120 La Mairie de
Nkol-Metet a été bâtie principalement à l'aide des
briques de terre.
* 121 La première
phase ayant donné lieu à la tenue de la première session
extraordinaire correspond à la phase de lancement et
d'imprégnation des Chefs sur le PDC ; la deuxième phase
correspondait à la validation des attentes des populations, la
troisième phase consistait à octroyer les financements pour la
réalisation des projets validés.
* 122 Les principaux villages
ayant bénéficié de l'électrification sont Ebomsi I,
Oveng, Soa si, Endégué, Mengueme Bane, Bizock, Mbega, Nkoltombo.
* 123 Les routes sont
également prévues. Les financements sont déjà
disponibles. Cependant la Mairie n'a pas encore trouvé des prestataires
sérieux. Sources : Secrétaire particulier du Maire Joseph
Ndi Samba entretien du 10/02/2012 à la Mairie deNkol-Metet.
* 124 Cette panthère ne
dévorait que les organes internes des bêtes moribondes, poumons
foies, intestins.
* 125 Parmi les Chefs de
Nkol-Metet, il y'a certains qui ne cessent de tarir d'éloges sur les
bienfaits de L'ACTRAN dans l'initiative des projets communautaires dans leur
village. On peut citer ici, leurs Majestés Mva Kouma Emmanuel de Bikoko,
de Bala Ndi Christian d'Oveng.
* 126Un professionnel de la
politique, c'est quelqu'un qui exerce l'activité politique touten
vivant. C'est également une personne qui exerce l'activité
politique dans l'optique d'avoir une certaine rétribution qu'elle soit
matérielle ou immatérielle. (Voir Weber 1968).
* 127C'est Raymond Aron qui
dégagé ces critères selon lui, l'étude empirique
des élites comporte essentiellement quatre aspects : leur origine
sociale et leur recrutement politique, les qualités qui semblent assurer
le succès et les modalités de leur carrière, la
manière de penser et la cohérence des membres de cette
catégorie(Raymond Aron cité par Nuembissi Paul, 2007 :
31).
* 128Maroua est l'actuel Chef
lieu de la Région de l'Extrême Nord au Cameroun.
* 129 Bikok est un
Arrondissement de la Région du Centre et appartient au
département de la Mefou et Akono.
* 130Les villagesque
couvrait la Commune urbaine de Mbalmayo sont : Ngallan ; Nseng
Nlong ; Ngok et Oyak.
* 131 Ces ex Districts ont
été érigés en Arrondissements en la faveur du
Décret n°2010/198 du 16 juin 2010 portant érection des
Districts en Arrondissements.
* 132Il faut noter que
cette reconfiguration était une sorte de limitation de l'expansion
Bamiléké afin de donner aux autochtones plus
d'opportunités à conduire les affaires de leur communauté.
La configuration avant l'éclatement, en cas de pondération
électorale était favorable aux Bamiléké. Le
gerrymandering ainsi employé par Sa Majesté Mbala Zangana
Benjamin bien que ethniciste était salutaire pour les élites
intérieures du Nyong et So'o.
* 133 Avec l'urbanisation, ces
villages sont devenus les quartiers de Mbalmayo. Nous pouvons les citer
ici : Mbedoumou I;Ovangoul ;
Zamakoé ;Nseng-nlong II;III ;IV ;Nkolnguet,
Ekombitié ; Assazon ; Akomyada I ;II, Fakele I, II ;
Akometam ; Ngat Bane ; Memiam ; Bokomo ; Biyan ;
Nkolmyada, Ekounda.
* 134Les Mvog Essissima ont
pour ancêtre Essissima Nkoa, fils aîné de Mbatsogo. En
dehors de Nkol-Metet où on les retrouve ils sont aussi présents
dans le Département de la Mefou Afamba, notamment dans les villages de
Messeng ; Oban Si et Alara (source : Sa Majesté Ondoua
Menyié Paul Aimé entretien du 01/02/2012.
* 135 Grégoire Owona
est l'actuel Ministre Camerounais de l'Emploi et de la Sécurité
Sociale il est également secrétaire général adjoint
du parti RDPC depuis une décennie. Selon Amougou Ada Albert, l'une des
causes de réussite en politique de SaMajesté Ondoua Menyié
Paul Aimé dépend de son bon apprentissage de la politique
auprès de Grégoire Owona (Propos recueillis lors de notre denier
entretien du 12 Février 2012 à Obout).
* 136 Selon les usages du
parti RDPC il y a deux qualités de membre du Comité Central, il y
a ceux qui sont élus par les différents
délégués du parti lors du Congrès du parti et
d'autres nommés par le Président du Parti, ce fut le cas de Sa
Majesté Ondoua Menyié Paul Aimé en 1996.
* 137 D'après le
découpage des circonscriptions électorales, le
Département du Nyong et So'o n'a que droit à deux
députés c'est ce qui justifie l'âpreté de ses
élections dans ce Département qui compte cinq
Arrondissements : Akoeman, Mbalmayo, Mengueme, Ngomedzap et Nkol-Metet.
* 138 Sa Majesté Ondoua
Menyié Paul Aimé, nous fait savoir que pendant le dîner
offert à ses compairs à la suite de l'intronisation en
concertation avec eux, s'entendaient à se rencontrer
ultérieurement pour débattre sur l'avenir de la Chefferie
à Nkol-Metet (sources S.M. Ondoua Menyié Paul Aimé
01/02/2012).
* 139Avant l'éclatement
des trois sous sections de Nkol-Metet en 09 sous sections, Mbalmayo
était le bastion le plus décisif pour la victoire finale aux
élections législatives.
* 140Cette reconnaissance est
une sorte de pourboire. Dans un contexte camerounais on ne lui tiendra pas
rigueur car un adage camerounais justifie bien ce type de comportement en ces
termes : « la chèvre broute où elle est
attachée » (Bayart 1989 :288) « I chop you
chop ».
* 141 A Nkol-Metet, il
existe trois pôles économiques en émergence. Le centre
commercial de Nkol-Metet, le centre commercial d'Obout, et le centre commercial
d'Awäe.
* 142 Ce concept est
introduit et développé dans E. Goffman, Les rites de
l'interaction. (Voir aussi Céline Bonicco, 2006 :36).
* 143Gaxie dit : il y a un
lien étroit entre les niveaux de politisation (investissement dans les
affaires politiques) et de compétences politiques, comme
l'autorité, que chacun se reconnaît pour agir dans le champ
politique. Le sentiment de compétence est double : à la fois
être fondé à intervenir, en même temps que
suffisamment informé pour le faire de manière pertinente. Et
l'adhésion des spectateurs à une des visions du monde qui circule
sur les marchés politiques donnent à ceux des spectateurs qui ont
les moyens de les approprier à la fois, des schèmes de
perception, de classification et d'évaluation, permettant d'accumuler
des informations et de donner un sens politique au champ politique (voir,
Gaxie, 1978).
* 144 Propos recueillis,
lors de l'entretien réalisé, le 06/07/2011 à la
sous-préfecture de Nkol-Metet.
* 145Mbalmayo est le Chef
lieu du département du Nyong et So'o et par conséquent le centre
d'impulsions des activités politico administratives.
* 146 On dénombre au
sein de l'ACTRAN dix huit Chefs traditionnels Mvog Amougou sur un total de
trente trois (33) Chefs traditionnels.
* 147(Cf. article
1er alinéa 2 de la loi n°96/06 du 18 janvier 1996
portant révision de la constitution du 2 juin 1972).
* 148La succession du Chef
est disputée entre les Kombé et les Mvog Amougou. Le temps nous
dira lequel des deux clans sera vainqueur.
* 149La rencontre
àSoa si a eu lieu le 15 Août 2011. A celle-ci, nous y
étions et nous y avons été invités par sa
Majesté Mbala Zangana Benjamin et il nous fit, secrétaire de
séance de ladite rencontre.
* 150Sa disponibilité
était surtout liée au fait, qu'il était déjà
à ce moment en retraite dans son village. Selon Amougou Ada Albert, Sa
Majesté Maire, Oyono Joseph, est le seul Maire depuis l'avènement
de la mairie à Nkol-Metet à être présent
quotidiennement à la mairie. Les autres maires qui l'ont
succédé étaient beaucoup plus préoccupés
par leurs activités personnelles.
* 151 Le concept de Njangui
est un terme pidgin, introduit dans le vocabulaire politicien camerounais par
Achidi Achu (Premier Ministre de 1992-1997) lors d'un meeting quand il affirme
"Politics na Njangui". En d'autres termes, l'activité politique est l'un
des foyers privilégiés de l'usage du don et du contredon.
* 152 L'actuel
président de la section RDPC Nyong et So'o est le Maire de Mbalmayo M.
Zang Mgbwa.
* 153 Le capital social est
l'ensemble des facilités sociales (réseaux de relations sociales
familiarité avec les lieux de pouvoir etc.) qu'un individu est capable
de mobiliser à son profit .C'est encore l'ensemble des ressources
auxquelles un acteur peut accéder grâce à l'ensemble de ses
relations directes (ses propres contacts) ou indirectes (les relations de ses
contacts).
* 154Le capital symbolique
renvoie à l'ensemble des signes distinctifs et des symboles du pouvoir
acquis ou hérité par un individu. Cet ensemble inclut la
respectabilité, l'honorabilité et la réputation de
compétences qui sont aisément convertis en capital social.
* 155 Anthropologiquement,
chez les Béti, les Chefferies étaient les lieux par excellence
des `'Atak mvam'' ; lieux où les populations pouvaient se
restaurer en temps de disette et en cas de famine. Chez le Chef on trouvait
boisson nourriture et même des cadeaux pour les éventuels
hôtes.
* 156 A Ray Bouba par
exemple, on remarque encore, la non obsolescence des symboles distinctifs
traditionnels : vêtements important, turban qui emballe la
tête et ne laisse voir que difficilement les yeux, de nombreux chevaux,
un entourage impressionnant qui l'accompagne des parures, bref tout ce qui
transforme l'individu en un véritable démiurge. (Perrot et
Fauvelle, 2003 :286).
* 157Selon l'article 4 du
décret de 1977, l'autorité compétente peut classer une
Chefferie traditionnelle au 1er ou 2ième
degré, à raison notamment de son importance démographique
et économique. Malheureusement à l'ère du Premier Ministre
Inoni Ephraim, la création des Chefferies traditionnelles a
été suspendue.
* 158 Erving Goffman nous
fait savoir que sauver la face est un impératif dans l'interaction
sociale, pour atteindre ce résultat, les individus doivent
bénéficier de la collaboration des autres acteurs qui manifestent
leur acceptation de la face construite par ceux avec lesquelles ils
interagissent. Un individu garde la face lorsque la ligne d'action qu'il suit,
manifeste une image de lui-même consistante, c'est-à-dire
appuyée par les jugements et les indications venues des autres
participants, et confirmée par ce que révèle les
éléments impersonnels de la situation ( Alpe etal, 2005 :
95).
* 159 Nguélé
Désiré, 60 ans, pasteur à l'Eglise Presbytérienne
Camerounaise Orthodoxe (EPCO), lors de l'entretien du 17/08/2011 à
Ebomsi I
* 160Source : entretien
réalisé avec Sa majesté Oyono Owono Joseph, 72 ans le
04/06/2011 à la Chefferie d'Awae.