SOMMAIRE
SOMMAIRE
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défini.
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
SIGLES ET ABBREVIATIONS i
iv
LISTE DES TABLEAUX
vii
RESUME
viii
ABSTRACT i
ix
INTRODUCTION GENERALE
1
1ère partie : SOCIOGENESE ET
DYNAMIQUE FONCTIONNELLE DES APE DANS LA COOPERATION CAMEROUN-UE
26
Chapitre 1 : CONTEXTE HISTORIQUE DE
L'AVENEMENT DE L'APE AU CAMEROUN.
28
Section1: Les débuts de la
coopération : Rome et les conventions dites de Yaoundé.
28
Section2. Les conventions de Lomé et
l'accord de Cotonou.
33
Chapitre 2 : PRESENTATION GENERALE ET ETAT DES
LIEUX DE L'APE AU CAMEROUN
45
Section1 : Présentation
Générale des APE.
45
Section2 : Etat des Lieux des APE au
Cameroun.
53
2ème Partie :
L'APE INTERIMAIRE ET SES ENJEUX POUR LE CAMEROUN : RISQUE ECONOMIQUE OU
AMBITION REALISTE POUR SON DEVELOPPEMENT ?
65
Chapitre 3 : L'IMPACT DE L'APE INTERIMAIRE SUR
LE CAMEROUN.
68
Section1 : l'APE intérimaire et ses
opportunités pour le Cameroun.
68
Section2 : l'APE Intérimaire et ses
Menaces pour le Cameroun.
71
Chapitre 4 : PERSPECTIVES POUR UNE
REDYNAMISATION DE L'APE DANS LA COOPERATION CAMEROUN-UE.
82
Section1 : Pour une Reconfiguration des termes
de la coopération Cameroun-UE : entre « APE
alternatifs » et « Alternatives aux APE ».
82
Section2 : Les Mesures de Restructuration
Economique Interne au Cameroun
85
CONCLUSION GENERALE
93
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
97
LISTE DES ANNEXES
105
TABLE DES MATIERES
106
DEDICACE
A mon défunt père, MBA Jean,
&
A ma mère, MAGNE Marie.
REMERCIEMENTS
Nos remerciements vont à l'endroit du
professeur Laurent ZANG, enseignant permanent et chef du
département de diplomatie et des enseignements professionnels à
l'IRIC, qui n'a ménagé aucun effort dans l'encadrement de ce
travail, et dont les conseils pratiques et les critiques constructives nous ont
abondamment édifiés.
En outre, nous en sommes infiniment gré au directeur
de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC), S.E.M.
Pierre Emmanuel Tabi, qui contribue au quotidien à faire de
l'institution dont il a la charge, un cadre propice à la formation,
à la recherche scientifique et à l'éclosion des talents.
A tous les enseignants de l'IRIC, au personnel administratif
ainsi qu'aux agents d'appui, nous leur sommes redevables pour la franche et
inestimable collaboration.
Toute notre reconnaissance aussi à l'égard de
la fondation Friedrich Ebert Stiftung (FES), au centre de
Gestion des Politiques Economiques (GPE) ainsi qu'à la
Délégation de l'UE au Cameroun qui nous ont
ouvert grandement leurs portes, mettant ainsi à notre disposition une
abondante littérature sur la question des APE en général
et celle de la coopération Cameroun-UE en particulier.
Un merci particulier à nos amis qui ont bien voulu
nous aider dans la relecture de notre travail. Nous pensons à
ZAÏNA David, NIBA Clovis, MBALLA M. Pascal, BALLA
Barthélémy et NDONG A. Sylvain.
Enfin, que tous ceux qui nous ont soutenu de quelque
manière que ce soit mais dont les noms ne figurent pas ici
reçoivent nos remerciements.
SIGLES ET
ABBREVIATIONS
APE : Accords de Partenariat
Economique ;
APEI : Accord de Partenariat Economique
Intérimaire ;
APD : Accord de Partenariat pour le
Développement ;
ACP : Afrique-Caraïbes-Pacifique ;
ARMP : Agence de Régulation des
Marchés Publiques ;
ANOR : Agence des Normes et de la
Qualité ;
APD : Aide Publique au
Développement ;
ACDIC : Association Camerounaise pour
la Défense des Intérêts des Consommateurs ;
ASAC : Association pour la
Sensibilisation sur les Accords ACP-UE ;
CDE : Centre de Développement
des Entreprises;
CDI : Centre de Développement
Industriel ;
CIMENCAM : Cimenterie Camerounaise ;
CEE : Communauté Economique
Européenne ;
CER : Communautés
Économiques Régionales ;
ALUCAM : Compagnie Camerounaise
d'Aluminium ;
CICAM : Cotonnière Industrielle
du Cameroun;
EAMA : Etats Africains et Malgache
Associés ;
ECPDM : Centre Européen de
Gestion des Politiques de Développement ;
FED : Fonds Européen de
Développement;
FEDOM : Fonds Européen de
Développement des PTOM ;
GATT: General Agreement on Tarifs and Trade;
GFAC : Groupement des Femmes d'Affaires
du Cameroun;
GER : Groupements Économiques
Régionaux ;
GICAM : Groupement Inter patronal
du Cameroun;
HEVECAM : Hévéa du
Cameroun;
IRIC : Institut des Relations
Internationales du Cameroun;
FMI : Fonds Monétaire
Internationale;
FES : Friedrich Ebert Stiftung;
LCC : League Camerounaise des
Consommateurs ;
MINEPAT : Ministère de
l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire;
MINFI : Ministère des Finances;
MINREX : Ministère des Relations
Extérieures ;
MECAM : Mouvement des Entrepreneurs du
Cameroun;
NPF : Nation la Plus
Favorisée ;
ODD : Objectifs du Développement
Durable;
OMD : Objectifs du Millénaire
pour le Développement ;
OCMB : Organisation Commune des
Marchés de Banane ;
OCS : Organisations de la
Société Civile ;
OMC : Organisation Mondiale du
Commerce;
ONG : Organisation Non
Gouvernementale ;
PVD : Pays en Voie de
Développement ;
PTOM : Pays et Territoires d'Outre-Mer ;
PME : Petites et Moyennes Entreprises;
PAC : Politique Agricole
Commune ;
PAS : Politiques d'Ajustement
Structurel;
PRADA : Programme Régional pour
l'Amélioration et le Développement Agricole ;
RIFONGA : Réseau pour
l'Intégration des Femmes des ONG Africaines;
SOCAPALM : Société
Camerounaise des Palmeraies;
SOCATRAL : Société
Camerounaise de Transformation d'Aluminium ;
SONEL : Société Nationale
d'Electricité ;
SOSUCAM : Société
Sucrière du Cameroun;
Sysmin : système de stabilisation
de la production minière ;
Stabex : système de stabilisation
des recettes d'exportation pour les produits agricoles ;
TEC : Tarif Extérieur
Commun ;
TSA : Tous Sauf les Armes ;
TSD : Traitement Spécial et
Différencié ;
UA : Union Africaine ;
UE : Union Européenne ;
UNIPACE : Union des Patronats d'Afrique
Centrale ;
WEF : World Economy Forum ;
ZLE : Zone de Libre Echange.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau1 : Droits de Douanes
applicables aux produits exportés vers l'UE sans et avec APE, pour les
non PMA, depuis le 1er janvier 2008 à nos
jours...........................................57
Tableau2: niveau de liberalisation du
marché camerounais par noyau d'importation de
produits.....................................................................................................60
Tableau3: Groupe de produits et
calendrier de démantèlement tarifaire de l'offre du
Cameroun.................................................................................................
61
Tableau4 : Effet de l'APE sur le
surplus (bien être) des consommateurs (en milliers de
dollars)....................................................................................................................................
70
Tableau5 : Estimation des pertes
de recettes douanières liées à l'entrée en vigueur
des APE au
Cameroun...............................................................................................73
Tableau6: Besoin de financement du
Cameroun (en milliards de FCFA).......................74
Tableau7 : Axes relatifs au plan
de modernisation de l'économie camerounaise dans la perspective de
l'entrée en vigueur de
l'APE.......................................................... 91
RESUME
Le 17 décembre
2007, dans un élan d'optimisme et à la surprise
générale, le Cameroun et l'UE ont paraphé un APE
intérimaire confirmé par sa signature officielle le 15
janvier 2009 et sa ratification par le parlement le 22
juillet 2014. Ce dernier est entré en vigueur le 04
août 2014. Cette situation nous a motivé à
formuler notre sujet ainsi qu'il suit : « Analyse de
l'Accord de Partenariat Economique (APE) intérimaire dans la
coopération multilatérale Cameroun-Union Européenne
(UE) ». Par cette réflexion, nous avons voulu d'abord
rendre compte des logiques qui gouvernent l'APE intérimaire, ensuite
mettre en exergue les coûts et les bénéfices relatifs audit
accord et, enfin, suggérer des pistes susceptibles de rendre le
partenariat Cameroun-UE plus fructueux.
Pour examiner notre objet d'étude, nous avons choisi
l'enquête documentaire comme principale méthode de collecte des
données ; ce qui nous a permis de recourir non seulement aux
ouvrages et publications scientifiques, mais aussi aux archives disponibles
dans les départements ministériels concernés par la
question des APE (MINEPAT, MINFI, MINREX, etc....) En outre,
la technique d'analyse des données a reposé sur une logique
combinant l'approche historique à la démarche analytique. Ainsi,
l'approche historique nous a permis de revisiter les grands moments qui ont
ponctué le partenariat Cameroun-UE depuis la fin des
années 50 jusqu'à nos jours tandis-que la
démarche analytique nous a permis d'une part d'apprécier les
enjeux de la coopération en vigueur au Cameroun et, d'autre part,
d'esquisser quelques mesures pouvant rendre ladite coopération plus
équitable.
Au terme de notre réflexion, nous avons
débouché sur un double constat. D'une part, le gain substantiel
de l'APE intérimaire (amélioration du pouvoir d'achat des
consommateurs, hausse des exportations du Cameroun sur le marché
européen) est relativement négligeable comparativement
aux effets néfastes qu'il va engendrer sur les fondations de
l'économie camerounaise (perte des recettes tarifaires,
démantèlement du tissu économique local,
désindustrialisation et éviction des producteurs locaux, blocus
au processus d'intégration sous-régionale, etc....).
D'autre part, ce péril qui plane sur l'économie camerounaise
peut être atténué via des mesures d'accompagnement
efficientes, notamment la promotion des APE alternatifs à l'instar de
l' « APE allégé » et
l' « Accord de Partenariat pour le
Développement », deux (02) scénarios
défendus respectivement par l'Ile Maurice et par le
Sénégal. En outre, d'autres alternatives sont
envisageables comme la mise à niveau des entreprises locales au triple
plan technique, institutionnel et financier ; ainsi que la consolidation
du processus d'intégration en Afrique Centrale, assortie d'une
intensification des échanges intra-communautaires.
Mots clés : APE intérimaire
- Coopération Multilatérale - Cameroun - UE.
ABSTRACT
On December 17th, 2007, Cameroon
enthusiastically and to the surprise of many, signed a temporary Economic
Partnership Agreement (EPA) with the European Union (EU). This was later
confirmed in January 15th, 2009 by
an official signature followed by its ratification in the parliament on the
22th of July, 2014. This situation motivated us to
coin the topic of our study as follow: «Analyzing the temporary
Economic Partnership Agreement (EPA) in the multilateral cooperation between
Cameroon and the EU». In this light, we first wanted to account
the reason behind the temporary EPA, then bring forward advantages and
disadvantages that come with the said accord and finally, suggest possible ways
in which Cameroon-EU partnership can be more fruitful for both sides.
To examine our research topic, the main method of data
collection was through documentary investigation; that which enabled us not
only to books and scientific publications, but also to the archives available
in the ministry concerned with the EPA. Furthermore, the method of data
analysis was deduced from a combination of the historical and analytical
approaches. Thus, trough the historical approach, we were able to revisit the
great moments observed in the Cameroon-EU partnership since the late
50s till date, while the analytical approach enabled us, on the one
hand, to analyse the outcomes of this cooperation on Cameroon and, on the other
hand, to put forth some measures capable of making the said cooperation more
reliable.
Our study reveals two major findings: Firstly, the substantial
benefits of the temporary EPA (improvement of consumer's purchasing power,
increase of Cameroonian exports to the EU market) are relatively negligible
compared to devastating effects which they can provoke on the Cameroonian
economy (loss of customs revenues, destruction of the local economy
tissue, disintegration of local industries and eviction of local producers,
blockade of regional integration dynamics, etc.). Secondly, that
peril threatening the country's economy can be softened by efficient follow-up
measures, particularly the promotion of alternative EPA, for instance
«alleviated EPA» and «Development
Partnership Agreements», two possibilities respectively
recommended by the Mauritian Island and
Senegal. In addition, other alternatives are conceivable like
the empowerment of local enterprises at the technical, institutional and
financial levels, as well as the consolidation of the process of integration in
central Africa.
Key words: temporary EPA - Multilateral
Cooperation - Cameroon - EU.
INTRODUCTION GENERALE
1. Contexte et Justification de
l'Etude.
Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le processus de
décolonisation et d'émancipation des peuples coloniaux est
irréversiblement enclenché.1(*) Conscients de cette conjoncture internationale, les
six (06) Etats-membres de la Communauté Economique
Européenne (CEE)2(*)
décident, via le Traité de Rome du 25 mars 1957,
d'associer les Pays et Territoires d'Outre-Mer (PTOM)3(*) au futur marché commun
européen après leur accession à la souveraineté
internationale. Ainsi, l'avènement de l'Etat moderne à la faveur
des indépendances africaines et le passage de la période
de domination à celle de
coopération va amener l'Afrique à
pérenniser ses relations avec l'Europe en vue, cette fois là, de
poursuivre son développement économique et son progrès
social.4(*) C'est ce qui va
marquer le début des relations de coopération entre l'Europe et
les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) en général, et
singulièrement le Cameroun.
Dans le but de formaliser cette relation Europe-Afrique, un
accord d'association est mis sur pied pour une période quinquennale
(1957-1962). Le but de ladite association est de :
« promouvoir le développement économique et social
de ces PTOM et établir les relations économiques étroites
entre eux et la communauté dans son ensemble [...]. En outre,
l'association devrait également permettre de favoriser les
intérêts des habitants de ces pays et leur
prospérité, de manière à les conduire au
développement économique, social et culturel qu'ils
attendaient ».5(*)
Dans cette perspective d'aide et de maintien des
échanges commerciaux, le premier Fonds Européen de
Développement (FED) est créé en 1958.
Géré par la commission européenne, ce fonds va être
mis à la disposition des PTOM pour doper les investissements à
caractère social et économique.6(*) La fin de cette période d'association va
conduire à la consécration d'une série de conventions dans
un cadre négocié. Il s'agit, en l'occurrence, des conventions de
Yaoundé I et II (1963-1975) ; des conventions de
Lomé I, II, III, IV et IV bis (1975-2000) et surtout de
l'accord de Cotonou (2000-2020).7(*)
Les deux (02) conventions de Yaoundé interviennent tout
juste après les indépendances, dans un contexte où les
jeunes Etats font face à un triple handicap à savoir : une
domination politique, une exploitation économique et une
dépersonnalisation culturelle. Elles vont s'atteler à mettre
en place l'architecture institutionnelle et organique destinée à
réglementer la coopération UE-ACP. Celles de Lomé I et II
quant à elles vont s'appesantir sur les grands axes du
développement socio-économique des pays ACP, avec en toile de
fond la création du Stabex et du Sysmin comme deux
(02) systèmes de garantie des recettes d'exportation
des productions agricoles d'une part et minières d'autre part. Avec la
convention de Lomé III, l'on va noter une extension tous azimuts de la
coopération vers les dimensions sociale et culturelle du
développement des pays ACP.8(*)
Lomé IV pour sa part intervient dans un contexte
international particulièrement mouvementé. L'Afrique se trouve
secouée par la crise économique des années 80 et subit,
par voie de conséquence, les Politiques d'Ajustement Structurel (PAS)
initiées sous la bannière des institutions financières de
Bretton Woods que sont notamment le Fonds Monétaire
Internationale (FMI) et la Banque Mondiale. De façon concomitante, la
fin de la guerre froide marquée par la chute du mur de Berlin
(09 novembre 1989) tend à reconfigurer
l'environnement politique international autour du couple démocratie
libérale - économie de marché. C'est fort de cette
conjoncture internationale que Lomé IV va se focaliser sur les questions
d'endettement, de démocratie, de bonne gouvernance et
d'ajustement structurel.
Vient enfin l'accord de Cotonou. Ce dernier paraphé le
23 juin 2000 vise à instituer un cadre commercial
novateur et révolutionnaire articulé autour des fameux Accords de
Partenariat Economique (APE). Son intervention répond notamment à
une logique d'arrimage de la relation commerciale UE-ACP aux règles de
l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Pour cause, le régime
des préférences non-réciproques était contraire au
principe de la non-discrimination en vertu duquel chaque avantage
concédé à un Etat-membre de l'OMC doit
immédiatement être étendu à tous les autres
Etats-membres de l'organisation.9(*)
Or, dans le cas d'espèce, les pays
latino-américains exportateurs de banane en direction du marché
européen ne bénéficiaient pas des mêmes
facilités offertes par l'UE aux pays ACP du fait de leur
caractère discriminatoire. Ce contentieux commercial va
pousser l'UE à reconsidérer les termes de sa coopération
avec les pays ACP, d'où l'avènement des APE. Ces derniers, il
faut le rappeler, sont des accords essentiellement libéraux qui
envisagent la création d'une Zone de Libre Echange (ZLE)
réciproque entre l'UE et les pays ACP, et dans laquelle il n'existerait
pas de droit de douane sur certains biens exportés et
importés entre les deux parties.10(*)
Depuis la signature des accords de Cotonou du 23 juin
2000, les points de vue au sujet des enjeux des APE ne cessent de
diviser l'opinion publique africaine et notamment camerounaise. Entre le
radicalisme de la société civile et le relativisme des pouvoirs
publics, il reste évident que les APE sont des accords à
appréhender avec beaucoup de circonspection. Toutefois, contrairement
à ses homologues d'Afrique Centrale, le Cameroun est le seul à
avoir signé et ratifié un APE d'étape11(*) avec l'UE. C'est fort de
ce fait que nous nous proposons de faire une « Analyse de
l'Accord de Partenariat Economique (APE) Intérimaire dans la
Coopération Multilatérale Cameroun-Union Européenne
(UE) ».
Il est vrai que cet APE intérimaire, comme son nom
l'indique, est encore dans sa phase d'implémentation et d'enracinement
au Cameroun. Toutefois, à la lumière des études
menées sur la question par des chercheurs, l'on peut déjà
camper sur les enjeux dudit accord pour le développement
intégral du Cameroun ; en faisant ressortir notamment les risques
évidents et les avantages potentiels de cet accord d'une part et,
d'autre part, en formulant des recommandations qui pourront permettre au
Cameroun de capitaliser les opportunités qui s'offrent à lui dans
la mouvance de ce nouveau partenariat.
2. Clarification des
Concepts.
Dans une recherche, il est indispensable de préciser
les concepts clés afin d'éviter toute confusion avec des concepts
semblables. A ce titre, Madeleine GRAWITZ affirme que
« le concept est un élément indispensable de toute
recherche... »12(*). Ceci dans la mesure où, « il
organise la réalité en retenant les caractères
distinctifs, significatifs des phénomènes. Il permet de guider
la recherche en lui procurant au départ un point de
vue »13(*). Tout au long de notre étude, un certain
nombre de concepts qui peuvent susciter une incompréhension seront
utilisés. Il est donc approprié de définir le sens qui
leur sied dans le cadre de cette étude car, comme le note Emile
DURKHEIM : « en réalité, les mots de
la langue usuelle, comme les concepts qu'ils expriment, sont toujours ambigus
et le savant qui les emploierait tels qu'il les reçoit de l'usage et
sans leur faire subir d'autre élaboration s'exposerait aux plus graves
confusions »14(*).
Ainsi, nous avons recensé trois (03) concepts majeurs
que nous allons tenter de définir à savoir
: « Accords de Partenariat Economique
(APE», « Coopération
Multilatérale» et « Union
Européenne (UE) ».
2.1- Accord de Partenariat
Economique (APE).
Il n'existe pas une définition explicite et univoque
des APE dans les dispositions de l'accord de Cotonou signé du
23 juin 2000. En revanche, l'on peut appréhender cette
notion en s'appesantissant sur ses objectifs, ses fondements et ses principes
directeurs. A ce titre, les APE sont « des accords
essentiellement libéraux qui envisagent la création d'une zone
de libre échange réciproque entre l'UE et les six
(06) groupes régionaux ACP, et dans laquelle il
n'existerait pas de droit de douane sur les biens importés et
exportés entre les deux parties ».15(*) Ces accords commerciaux sont
négociés ou sont en cours de négociation entre les
vingt-huit (28) pays de l'UE et les soixante-quinze
(75) pays ACP. Hormis le commerce des biens et des produits
agricoles, les APE règlementent aussi tout un ensemble de questions en
rapport avec le commerce, à savoir les services, les investissements,
les marchés publics, les normes des produits, etc.
En outre, ces accords entendent succéder au
régime des préférences non-réciproques en vigueur
sous les défuntes conventions de Lomé, qui ont constitué
un vaste échec commercial, en vue de s'arrimer aux règles et aux
exigences du commerce international édictées par l'OMC.16(*) Il s'agit finalement d'une
réponse à une mondialisation de plus en plus concurrentielle,
adossée sur un processus de libéralisation des échanges
à l'échelle international.
Il convient de préciser que les APE abordent les
questions concernant les entraves aux échanges commerciaux, les
contraintes d'offre des pays ACP et la compatibilité des relations
commerciales ACP-UE avec les règles adoptées par l'OMC.
L'objectif ultime étant la mise en place des Zones de Libre Echange
(ZLE) en lieu et place des préférences commerciales
non-réciproques que l'UE a, de façon unilatérale,
accordées aux pays ACP en général et au Cameroun en
particulier ; en application des clauses de Lomé.17(*)
2.2-Coopération
Multilatérale.
La coopération est une « politique
d'entente, d'échange et de mise en commun des activités
culturelles, économiques, politiques ou scientifiques entre Etats de
niveau de développement comparable ; ou politique d'entente et
d'aide entre Etats de niveau de développement
inégaux ».18(*)
En d'autres termes, la coopération est un ensemble
d'accords d'ordre politique, économique voire socioculturel, conclus
librement entre deux (02) ou plusieurs Etats, suivant le principe
d'égalité et en vue de garantir leurs intérêts
mutuels. Vue sous cet angle, la coopération est davantage une notion qui
doit s'adosser véritablement sur les logiques d'égalité,
de consentement et de prestation réciproque.19(*) L'absence de ces
modalités mène à
l' « impérialisme » qui n'est rien
d'autre que « la manifestation de toute domination d'un Etat ou
d'un acteur sur un autre, qu'elle soit de nature politique, économique,
culturelle ou militaire »20(*).
Dans la perspective de la coopération pour le
développement, la notion de coopération peut revêtir une
dimension bilatérale ou multilatérale,
selon qu'elle met en présence deux (02) Etats; ou
alors un Etat avec plusieurs Etats regroupés au sein d'une organisation
internationale. Cette seconde acception nous autorise à nous attarder
finalement sur la notion de coopération multilatérale
qui est « un ensemble d'accords multiformes et pluridimensionnels
qui s'établissent entre un Etat et une organisation internationale avec
pour but d'atteindre des objectifs d'intérêts
communs ».21(*) Dans le cas spécifique de notre étude,
il s'agit de la coopération multilatérale entre deux
(02) sujets de droit international que sont : un Etat,
à savoir le Cameroun, et une organisation internationale, en
l'occurrence l'UE.
2.3- Union Européenne
(UE).
L'Union Européenne (UE) est « une association
économique et politique de vingt-huit (28) Etats
appartenant au continent européen, fondée le 07
février 1992 lors de la signature du traité de
Maastricht (Pays Bas) par les douze (12)
Etats-membres de la CEE ».22(*) Il convient de souligner que l'UE est
également une entité juridique indépendante des Etats qui
la composent et, par voie de conséquence, elle dispose aussi bien des
compétences propres en matière agricole, commerciale et
sécuritaire23(*)
que des compétences partagées, notamment en ce qui est des
secteurs éducatifs et sanitaires.24(*)
Nous retenons dans le cadre de la présente recherche
que l'UE est une organisation internationale dotée d'un pouvoir accru de
contrainte politique sur ses Etats-membres. Au plan économique, elle
dispose d'une union douanière ainsi que d'une monnaie unique pour treize
(13) de ses Etats-membres, à savoir l'euro. Cette
structure supranationale hybride, empreinte à la fois de
fédéralisme et d'inter gouvernementalisme25(*) recense à son actif
plusieurs politiques sectorielles communes à l'instar de celle en
matière commerciale qui la lie aujourd'hui avec les pays ACP en
générale, et le Cameroun en particulier.
3. Intérêt de
l'Etude.
L' « Analyse de l'Accord de Partenariat
Economique (APE) Intérimaire dans la Coopération
Multilatérale Cameroun-Union Européenne (UE) »
revêt un triple intérêt :
théorique, pratique et personnel.
3.1-Intérêt Théorique.
Au plan théorique, notre ambition est
de mettre à la disposition de l'opinion publique et des
générations futures de chercheurs, un document d'explication et
de renseignement sur les logiques qui gouvernent et qui structurent la
coopération multilatérale Cameroun-UE d'une part ; et d'y
fournir des données spécifiques sur les APE. Car, en dépit
du fait que les APE sont un sujet d'actualité ils restent,
malheureusement, très mal connus de la part d'une bonne frange des
populations camerounaises et partant africaines.26(*) L'on comprend donc pourquoi
d'aucuns continuent à assimiler les A-P-E aux fameuses
Associations des Parents d'Elèves en vogue dans les
lycées et collèges du Cameroun.27(*)
3.2-Intérêt
Pratique.
Au plan pratique, nous entendons apporter un
certain nombre d'éléments de réponses au débat et
à la controverse autour de l'importance des APE dans la santé de
l'économie camerounaise. Il va s'agir pour nous de démontrer, de
façon pratique et opérationnelle, que nonobstant l'impact
négatif que les APE recèlent, ces derniers renferment
néanmoins des avantages potentiels qu'il va falloir capitaliser
grâce à des mesures d'ajustement appropriées.
3.3-Intérêt
Personnel.
Au plan
personnel, enfin, notre dessein est que ce travail de recherche qui
aborde un pan du vaste champ d'étude que sont les APE, soit pour nous le
premier pas vers une aventure scientifique qui nous permettra de bâtir
une expertise sur la question des relations ACP-UE.
4. Délimitation de
l'Etude.
La délimitation
revêt trois (03) dimensions : spatiale,
temporelle et matérielle.
4.1-Délimitation spatiale.
Notre étude couvre l'espace
géographique Cameroun-Union Européenne.
Pays d'Afrique Centrale, le
Cameroun est limité au Nord par le Lac Tchad, à l'Ouest par la
République Fédérale du Nigeria, à l'Est par la
République Centrafricaine et au Sud par le Congo Brazzaville, le Gabon
et la Guinée Equatoriale. Cette « Afrique en
miniature » a la forme triangulaire de
475.442 km2 de superficie sur laquelle vit une
population d'environ 20,0328(*) millions d'âmes. En outre, le Cameroun
est une entité socio-institutionnelle pour laquelle
l'amélioration des conditions de vies des populations constitue l'une
des fonctions régaliennes de l'Etat.29(*)
En ce qui concerne l'Union
Européenne (UE), c'est une union intergouvernementale et supranationale
d'une superficie de 4.376.780 km2 pour une
population d'environ 493 millions d'habitants.30(*) Elle rassemble en son sein les
vingt-huit (28) pays de l'Europe de l'Ouest pour la
plupart.31(*)
4.2-Délimitation
temporelle.
Notre étude entend couvrir
la période de temps allant de 2007 (17 décembre)
à 2014 (04 Août). Cette fourchette chronologique
n'est pas choisie au hasard. En effet, l'année 2007 correspond à
l'année de la signature d'un APE d'étape entre le Cameroun et
l'UE. Ledit accord visant, entre autres, l'établissement d'un nouveau
cadre de coopération économique et commerciale dont la pierre
angulaire est constituée par la circulation des marchandises en toute
franchise des droits de douanes entre les marchés camerounais et
européen.32(*)
L'année 2014 (le 22
juillet), quant à elle, marque l'année de la
ratification de l'APE d'étape par le Cameroun et donc de son
entrée en vigueur (04 Août). Ceci est intervenu
non seulement malgré le pacte régional par lequel les pays
africains avaient opté pour la stratégie de négociation
des APE au sein des ensembles sous-régionaux (CEMAC, CEDEAO,
SADC, EAC et UMA) ; mais aussi et surtout en dépit de
l'opposition farouche des organisations de la société civile
camerounaise33(*) et
autres leaders d'opinions. Toutefois, en vertu du caractère provisoire
dudit accord, ce dernier devrait s'avérer caduc dès
l'entrée en vigueur d'un « APE
régional » avec les huit (08) pays de la
sous-région Afrique Centrale.34(*)
4.3-Délimitation matérielle.
Afin de mieux cerner cette
étude dont l'objet est de mener une réflexion analytique sur
l'Accord de Partenariat Economique (APE) intérimaire
dans la coopération multilatérale Cameroun-UE, un détour
par certaines disciplines connexes aux relations internationales nous a
semblé nécessaire. Il s'agit en l'occurrence de
l'histoire économique et de l'économie
politique internationale.
L'histoire
économique, considérée comme
l'« étude des faits économiques
passés »,35(*) est une discipline scientifique qui va nous permettre
de procéder à une mise en perspective historique de la
coopération multilatérale Cameroun-UE ; en faisant ressortir
notamment les évolutions, les ruptures et les mutations dans le temps.
En d'autres termes, cette discipline va nous permettre de replonger dans le
passé de la coopération multilatérale Cameroun-UE pour
reconstituer les grandes étapes qui l'ont ponctuée.
L'économie
politique internationale quant à elle, est une
« une discipline scientifique qui s'occupe de l'étude de
l'économie au sein des sciences sociales ou, mieux, l'ensemble des
connaissances théoriques en économie ».36(*) Cette dernière va
nous permettre d'analyser de fond en comble les enjeux économiques et
les logiques macroéconomiques qui structurent la coopération
multilatérale Cameroun-UE.
5. Revue de la
Littérature.
« Toute
construction scientifique est une reformulation et une création nouvelle
à partir du déjà- là »,
écrivait fort heureusement le docteur Yves Alexandre
CHOUALA37(*).
Allant dans la même logique, Jean Pierre FRANGNIERE fait
remarquer qu' « on est rarement le premier à aborder
une question. Plus exactement, le champ thématique que l'on entreprend a
déjà été balisé par des études
voisines ou cousines, ou bien il se réfère à des termes
fondamentaux sur lesquels des bibliothèques entières ont
été écrites »38(*). Ceci nous autorise donc de jeter les bases de
l'orientation de la thématique choisie en faisant le point sur la revue
de la littérature.
Il faut dire que les
études scientifiques portant sur notre objet d'étude sont assez
abondantes. Pour cela, nous allons de façon sélective nous
limiter uniquement à celles que nous jugeons être d'un
intérêt singulier pour notre réflexion.
Tout d'abord, nous pensons
à l'étude menée par le Professeur Yves Paul
MANDJEM intitulée Le Cameroun face aux APE : risque ou
opportunité?39(*)Intervenue consécutivement à la
ratification de l'APE d'étape par le Cameroun le 22 juillet
2014, cette étude évalue fondamentalement l'état
d'avancement des structures camerounaises vers un marché concurrentiel.
En outre, l'auteur met l'accent sur les principes clés des APE, ses
bénéfices, l'impact de sa ratification et surtout l'implication
des acteurs infra-étatiques camerounaises (société
civile, secteur privé, parlement, etc.) dans le processus de
négociation et de ratification desdits accords. Enfin, il fait le point
sur les mesures avant-gardistes prises par le Cameroun pour profiter
avantageusement des opportunités qu'offrent les APE et, le cas
échéant, contrecarrer ses aléas éventuels. Cette
étude a le mérite de s'inscrire dans le même objet
d'étude que le nôtre. Toutefois, nous entendons aller dans le
même sens tout en approfondissant le champ d'analyse.
Un autre ouvrage qui s'inscrit dans la même
lignée que le précédent est bien celui de Joseph
MBITA intitulé l'Afrique face aux accords de partenariat
avec l'Europe40(*).
Pour ce dernier, les Accords de Partenariat Economique (APE) initiés par
l'Union Européenne tendent à reconduire le modèle de
développement extraverti de l'Afrique, qui a montré toutes ses
limites au cours des cinquante dernières années. L'auteur
démontre que les théories économiques, le droit
international, le bilan des précédents accords de
coopération avec l'Occident et le plan à long terme
d'intégration et de développement de l'Afrique sont
défavorables à la signature par les pays africains des APE
proposés par l'UE, considérés comme de "véritables
marchés de dupe". A cet effet, en lieu et place des APE, l'auteur
propose l'application rigoureuse du plan rénové
d'intégration et de développement de l'Afrique à long
terme, issu du traité d'Abuja du 03 juin 1991 qui,
seul, permettra au continent de gagner, de manière décisive et
efficace, la bataille contre le sous-développement et la marginalisation
sur la scène internationale. L'auteur n'y voit que la dimension
purement néfaste de ce régime commercial, sans toutefois
souligner les bénéfices substantiels que les Pays en Voie de
Développement (PVD) peuvent y en tirer. Dans notre réflexion,
nous allons nous pencher non seulement sur les aléas des APE pour les
ACP mais aussi sur les avantages potentiels qu'ils peuvent avoir pour le bien
être de ces derniers.
Dans le même ordre
d'idées, nous pensons à deux (02) ouvrages
majeurs du docteur Raymond EBALE intitulés
respectivement Les Accords de Partenariat Economique (APE)41(*) et Comprendre les Accords de
Partenariat Economique (APE) entre l'UE et les pays ACP.42(*)
Le premier ouvrage est pertinent pour notre étude dans
la mesure où il nous offre des grilles de compréhension des APE
conclus et/ou en cours de négociation avec les pays ACP. L'auteur y met
une emphase tant sur le processus d'organisation des APE que sur leurs enjeux
dans un monde global-libéral en pleine mutation.
S'inscrivant dans la même
lignée que le premier, le second ouvrage du docteur Raymond
EBALE procède à un éclairage plus poussé
des APE en ce sens qu'il reconstitue les fondements historiques de ce
partenariat ; dévoile les mécanismes, jeux et enjeux qui le
structurent ; situe la place de l'Afrique Centrale dans cette
relation ; et, pour finir, lève un pan de voile sur les tenants et
les aboutissants de l'APE intérimaire signé et ratifié par
le Cameroun en juillet 2014.
Cependant, la démarche
globalisante adoptée par l'auteur dans ces deux (02) ouvrages ne fait
pas ressortir, malheureusement, une analyse détaillée du
processus de négociation et les enjeux des APE dans le cas
spécifique du Cameroun. Notre étude entend toutefois s'appesantir
sur cet important aspect.
En outre, nous évoquons un
article publié par le même auteur intitulé
« La mondialisation comme facteur de marginalisation des pays
économiquement faibles : le cas des pays ACP sur le marché
européen de la banane ».43(*) Ici, Raymond EBALE montre que
la mondialisation, phénomène à la fois inévitable
et irréversible, tend à dicter sa loi à la conscience
internationale. Dans cette mouvance, les pays qui sont économiquement
faibles et mal préparés aux exigences de la
compétitivité économique subissent les aléas de ce
nouveau paradigme qui est un facteur grave en termes de développement
des inégalités. Ce travail nous intéresse à plus
d'un titre dans la mesure où il se penche sur le cas spécifique
du Cameroun lié successivement à l'UE par les défuntes
conventions de Lomé et plus récemment par l'accord de Cotonou
paraphé en juin 2000.
En plus, il montre à l'aide
des faits politiques et économiques comment les pays ACP producteurs de
banane - à l'instar du Cameroun - ont été progressivement
écartés du marché communautaire européen à
cause d'une logique dictée par les seules exigences de la
mondialisation. En revanche, cet article présente l'inconvénient
de son caractère trop restrictif car, il se cantonne uniquement sur la
commercialisation de la banane camerounaise sur l'espace commercial
européen au cours des conventions successives de Lomé. Nous
envisageons donc par notre étude élargir le champ d'analyse en
vue d'évoquer d'autres aspects de la vie économique du Cameroun
à l'aune des APE.
Un autre travail non moins
éloquent est bien celui de Sandrine Anick OKENGA II
portant sur « La coopération économique entre
le Cameroun et l'UE (1960-2011) : un partenariat décisif pour le
Cameroun »44(*).
Ce dernier y fait un éclaircissement sur l'état des relations
entre l'UE et le Cameroun ; en questionnant notamment la capacité
de ce partenariat à concrétiser le développement du
Cameroun dans la perspective de son émergence à l'horizon
2035. Cependant, par rapport à notre sujet, ce travail
présente une triple limite que nous tenons à mettre en
exergue :
D'abord, l'auteur embrasse tous
les aspects qui rentrent dans le domaine de la coopération
économique Cameroun-UE depuis les indépendances jusqu'en
2011, à savoir : le commerce, l'agriculture,
l'industrie, l'infrastructure et l'aide au développement, pour ne citer
que ceux-ci. Ce champ d'étude assez vaste pour une période
considérablement longue - 51 ans -, prête le
flanc à une analyse superficielle qui ne rend pas véritablement
compte des jeux et enjeux qui sous-tendent la coopération
multilatérale Cameroun-UE dans sa version renouvelée. Ainsi donc,
nous envisageons cerner ladite coopération essentiellement dans son
volet commercial articulé autour de l'APE intérimaire.
Ensuite, cette étude a
certes le mérite de cerner les fondements, principes, instruments et
déterminants qui gouvernent le partenariat Cameroun-UE. Mais,
malheureusement, elle ne reconstitue pas l'historicité et les faits
marquants qui ont ponctué cette coopération vieille de plus d'un
(01) demi-siècle (1960-2011). Pourtant, l'apport de
l'histoire comme outil d'investigation et d'analyse en sciences sociales est
capitale, d'où l'intérêt que lui porte la science des
relations internationales. Considérée par le professeur
Jean MEYNAUD comme « [...] la voie royale de
l'analyse politique »45(*), l'approche historique contribue à une
meilleure compréhension de la politique internationale parce
qu'« elle met l'accent sur l'enchainement causal des divers moments de
la rivalité sociale »46(*). Par conséquent, dans notre démarche
scientifique, nous allons situer la coopération Cameroun-UE à la
fois dans la profondeur de son champ historique et dans sa problématique
contemporaine face aux mutations internationales et aux exigences de la
mondialisation.
Enfin, la délimitation
temporelle choisie par l'auteur (1960-2011) n'intègre
pas la période 2011-2015 au cours de laquelle l'APE
d'étape a été tour à tour signé,
ratifié et entré en vigueur au Cameroun. Notre étude qui
couvre cette fourchette chronologique, se propose d'intégrer ces
mutations récentes.
Dans le même ordre d'idées, il convient de
mentionner le mémoire rédigé par Rodrigue MAYO
intitulé « les APE et l'intégration
régionale : le cas de l'Afrique Centrale ».47(*) L'auteur fait remarquer que le
partenariat commercial qui lie certains pays de la sous-région Afrique
Centrale à l'UE est un facteur de paralysie du processus de construction
communautaire. Son analyse a le mérite de mettre un accent sur l'APE
intérimaire en vigueur au Cameroun ainsi que sur le Traitement
Spécial Différencié (TSD) qui accorde un régime
commercial particulier aux trois (03) PMA de l'Afrique
Centrale (Tchad, RCA et Guinée Equatoriale) au titre de l'initiative
Tout Sauf les Armes (TSA). En revanche, la principale faiblesse de cette
étude réside dans le fait qu'elle ne nous renseigne pas
fondamentalement sur les mobiles économiques, politiques voire
diplomatiques qui justifient la démarche solitaire par laquelle le
Cameroun a paraphé un APE bilatéral avec l'UE au détriment
du consensus régional.
« La
compétitivité des entreprises camerounaises dans le cadre des
Accords de Partenariat Economique UE-ACP », tel est le titre du
mémoire de Laurent Bertrand MESSOMO NSIMI.48(*) Dans ce travail, l'auteur
traite un aspect singulier de la coopération UE/Cameroun qui est celui
de la compétitivité des entreprises camerounaises. Cette
réflexion nous situe sur les effets néfastes que les APE pourront
induire sur les entreprises camerounaises - et davantage les Petites et
Moyennes Entreprises (PME) - pour faute de compétitivité
relative à l'asymétrie des économies en présence.
Plus encore, l'auteur esquisse quelques stratégies qui permettront aux
entreprises camerounaises de tirer leur épingle du jeu de la concurrence
qui va naître des APE.
Toutefois, l'auteur n'aborde pas
d'autres questions tout aussi importantes de ce partenariat telles que :
les défis de la douane camerounaise, la question de l'intégration
sous-régionale dans une Afrique Centrale dans laquelle le Cameroun
représente un maillon de poids, la hausse des besoins de financement du
Cameroun, etc. Tous ces centres d'intérêts et bien d'autres
rentreront dans notre champ d'analyse.
Il ne serait pas superflu de
mentionner également le mémoire de Salomon Richard NDO
MINLA'A intitulé « La participation des ONG
à la coopération UE/Cameroun ».49(*) A travers cette
réflexion, l'auteur analyse les fondements de l'implication des ONG dans
la coopération Cameroun-UE et, par voie de conséquence, ses
retombées sur le développement du Cameroun.
L'intérêt de cette
réflexion pour notre étude réside en ce qu'elle nous
renseigne fondamentalement sur l'action précieuse et fort estimable des
ONG - tant européennes que camerounaises - non
seulement dans la structuration des positions des acteurs engagés dans
la coopération Cameroun-UE, mais davantage dans la mise en oeuvre au
profit du Cameroun des politiques de développement émanant de
cette coopération.
Cependant, le caractère
parcellaire de cette étude ne permet pas à son auteur de nous
édifier sur toutes les réalités et enjeux qui sous-tendent
ladite coopération.
Judith NABUM NGWA, dans son mémoire
intitulé «An evaluation of the performance of Cameroon banana
exports with UE-ACP agreements»50(*), montre que la banane camerounaise qui a
bénéficié des facilités de l'UE pendant le
régime préférentiel de Lomé (quotas
réservés, prix d'achat garanti au dessus du cours mondial,
etc.) est susceptible de connaitre de réelles
difficultés à la faveur de l'entrée en vigueur de l'APE
d'étape. Selon l'auteur, il a été prouvé
que la banane produite par le Cameroun est moins compétitive51(*) que celle produite par les
pays latino-américains (Brésil, Nicaragua, Mexique,
etc.), qui sont eux aussi exportateurs de denrées alimentaires
sur le marché de l'UE. En outre, à côté des
barrières tarifaires, il existe aussi dans l'échange
international des barrières dites non tarifaires (normes
d'hygiène, normes de sécurité et normes de
calibrage) que le Cameroun doit respecter pour que sa banane soit
admise sans restriction dans les marchés de l'UE. Ce travail a le
mérite de plaider pour une élimination des barrières non
tarifaires dans la relation commerciale Cameroun-UE et un renforcement des
capacités institutionnelles du Cameroun en vue d'une plus grande
compétitivité à l'échange internationale.
Pour finir, AFFESSIE Yannick Lionel a
rédigé un mémoire intitulé :
« l'impasse des négociations de l'Accord de Partenariat
Economique (APE) Afrique Centrale-UE ».52(*) Dans ce travail, l'auteur
montre que les négociations censées doter les relations
commerciales Afrique Centrale-UE d'un régime commercial efficace et
compatible avec les règles de l'OMC ont fait l'objet d'une impasse
totale qui n'a pas permis la conclusion des APE à la date butoir du
31 décembre 2007. Comme facteurs de ce blocus, il
évoque l'hétérogénéité des pays de
l'Afrique Centrale, la complexité des enjeux de ces négociations,
l'intransigeance des partenaires à la négociation, l'inflation
des exigences de la partie Afrique Centrale et l'enlisement du cycle de
développement de Doha à l'OMC.
Pour sortir de cette impasse, l'auteur pense qu'il n'est point
besoin de compter sur les régimes commerciaux transitoires que sont le
SPG, l'initiative TSA et l'APEI. Par contre, il faut renforcer le marché
régional de l'Afrique centrale afin de rehausser sa capacité
commerciale et son pouvoir de négociation avec le partenaire
européen.
6.
Problématique.
La problématique c'est l'ensemble construit autour
d'une question principale, les lignes d'hypothèses et les
techniques d'analyses qui permettent de traiter le sujet53(*). Ainsi, elle est
« aussi importante que le cerveau ou le système nerveux
pour un être humain »54(*). Ce qui précède nous autorise à
dégager la problématique centrale suivante : Quel
est l'enjeu de l'APE intérimaire dans la coopération
multilatérale Cameroun-UE?
A cette question centrale peuvent se greffer deux (02)
questions subsidiaires à savoir :
· Quelles sont les incidences que l'APE
intérimaire peut avoir sur l'économie du Cameroun ?
· Que peut faire le Cameroun en terme de mesures
de redynamisation de sa coopération avec l'UE afin d'exploiter au
maximum les potentialités qui s'offrent à lui ?
7.
Hypothèses.
PIRETTE RONGERE définit
l'hypothèse comme étant « la proposition de
réponses aux questions que l'on se pose à propos de l'objet de la
recherche formulée en des termes tels que l'observation et l'analyse
puissent fournir les réponses »55(*).
Au regard donc de la problématique posée plus
haut, il en ressort une hypothèse principale suivie de deux
(02) hypothèses secondaires à savoir:
Hypothèse principale : l'APE
intérimaire recèle des atouts au plan microéconomiques et
des aléas au niveau macroéconomique.
Hypothèse Secondaire No1 :
l'APE intérimaire peut avoir des effets néfastes sur les
fondements et la structuration de l'économie camerounaise.
Hypothèses Secondaires
No2 : une restructuration de son
économie, adossée sur une bonne politique commerciale, peut
permettre au Cameroun de tirer avantage de l'APE.
8. Cadre
Théorique.
D'après Marcel MERLE, « la
théorie a pour but de tracer les limites et les axes des investigations
et des études à entreprendre dans un domaine »56(*). Pour expliquer l'objet de
notre étude, nous allons recourir principalement au
réalisme, au libéralisme et au
transnationalisme.
8.1- le réalisme.
Le réalisme est une théorie des
relations internationales qui postule que les phénomènes
internationaux se fondent sur la réalité telle qu'elle existe et
non pas telle qu'elle devrait être. Pour ses théoriciens à
l'instar de Hans MORGHENTHAU et Raymond ARON, les acteurs
internationaux sont des acteurs rationnels dont les décisions de
politique étrangère correspondent au rapport
coût/bénéfice le plus satisfaisant ; ou mieux,
à la quête de l'intérêt défini en terme de
puissance. Cette puissance ne se détermine pas dans l'absolu, mais au
travers d'une relation avec d'autres Etats et d'une rencontre entre plusieurs
volontés. Elle peut s'exprimer de façon coercitive ou douce selon
qu'il s'agit du hard power ou du soft
power, pour reprendre les mots de Joseph
NYE57(*). La
variable économique en tant que indicateur de puissance d'un Etat, est
un enjeu qui structure le comportement des acteurs sur la scène
internationale.58(*)
En outre, en relations internationales, la théorie
réaliste privilégie une analyse du jeu international
fondée sur la seule réalité des faits et en
conséquence des rapports de force entre les acteurs. Trois (03)
paradigmes permettent de comprendre la théorie
réaliste : la centralité de l'Etat, sa
souveraineté et la quête de l'intérêt au moyen de sa
puissance. Dans la souveraineté, l'Etat est le seul arbitre des
intérêts particuliers de ses nationaux. Lui seul est capable de
contrôler les débordements de la violence car, il soumet les
nationaux à la « logique unitaire de
l'Etat »59(*). Quant à la centralité, elle
signifie que c'est l'Etat qui « objective les multiples demandes
du corps social »60(*) et les traduit sur la scène internationale par
le jeu d'intérêts définis en termes de puissance.
Dans le cas spécifique de notre travail de recherche,
le réalisme -dans son versant soft power- va nous
permettre de rendre compte des stratégies de séduction et de
persuasion ainsi que des moyens diplomatiques que l'UE déploie à
l'égard de la partie camerounaise pour tirer avantages de l'APE. Car,
comme nous le savons, les acteurs internationaux sont d'abord et avant tout des
sujets rationnels qui n'ont pas vocation à faire oeuvre de philanthropie
ou d'altruisme. En outre, cette même théorie va nous permettre de
déceler les motivations avouées et/ou
inavouées qui peuvent justifier la démarche solitaire
adoptée par le Cameroun dans la conclusion d'un APE intérimaire
avec l'UE.
8.2- le libéralisme.
Ce courant de pensée s'inscrit dans la mouvance de
l'économie néolibérale marquée par
l'interdépendance des économies et la compétition
dictée par le libre échange. Ainsi, le paradigme du libre
échange a été développé par les
libéraux tels Adam SMITH61(*) et David RICARDO62(*), respectivement
à travers les modèles des avantages absolus et des avantages
comparatifs. Pour le premier, chaque pays se développe dans la
production où il dispose d'un avantage absolu, ou encore dans la
production d'un bien pour lequel son coût de production est inferieur
à celui des pays avec lequel il commerce. Un pays, pense Adam
SMITH, a donc intérêt à produire plus qu'il ne
consomme, afin d'exporter le surplus et d'importer des biens que d'autres pays
produisent mieux que lui. Quant à David RICARDO, dans
un contexte de libre échange, chaque pays s'il se spécialise dans
la production pour laquelle il dispose de la productivité la plus forte
ou la moins faible, comparativement à ses partenaires, accroitra sa
richesse nationale. Cette production est donc celle pour laquelle il
détient un avantage comparatif.
La théorie libérale est
l'opposée directe de la théorie réaliste. Contrairement
aux réalistes qui pensent que les intérêts des Etats se
définissent en termes de puissance, les libéraux pensent que
l'intérêt premier des Etats c'est la paix. Pour eux, cette paix
permet le développement et la
prospérité économique.
L'intérêt vital des Etats n'est donc pas la maximisation de la
puissance comme décrit par les réalistes mais la
prospérité car, les Etats ont la tendance naturelle à
coopérer pour la satisfaction des intérêts
mutuels.63(*) Dans ce
sillage, la paix est un acquis puisqu'à travers le commerce et la
coopération, les hommes peuvent obtenir de façon consensuelle ce
qu'ils n'auraient pas obtenu par la guerre.
La pratique du libéralisme a
évolué vers le néolibéralisme et se
caractérise par une limitation du rôle de l'État en
matière économique, sociale et juridique, l'ouverture de nouveaux
domaines d'activité à la loi du marché. La théorie
a trois (03) variantes : démocratique,
institutionnel et commercial. Pour le libéralisme commercial,
il rejoint le libéralisme économique qui à la fin de la
Deuxième Guerre Mondiale était le maître mot pour les
vainqueurs.
Cette théorie va donc nous permettre d'expliquer en
quoi le commerce extérieur constitue un levier de développement
économique et de progrès social pour le Cameroun ; à
condition bien évidemment que ce dernier se fraye des
débouchés dans les échanges transfrontaliers qu'il va
désormais entretenir avec le partenaire européen à la
faveur de l'APE d'étape. Car, suivant la théorie libérale,
l'ouverture des frontières est potentiellement bénéfique
pour chaque pays qui se spécialise dans la production pour laquelle les
coûts de production sont les plus faibles.
8.3- le transnationalisme.
Le transnationalisme est théorisé et mis en
relief par des auteurs tels que Joseph NYE et Robert
KEOHANE64(*). Ces
derniers postulent que le développement des relations internationales
contemporaines est marqué par les phénomènes
d'interdépendance et d'institutionnalisation de la vie internationale.
Autrement dit, la scène internationale est le terrain de l'exercice de
la solidarité. Ainsi, à coté de l'Etat-nation, il
existe des acteurs non-étatiques dont les actions visent à
suppléer, infléchir voire contrecarrer les positions des Etats.
Ils s'agit des « acteurs sans souverainetés
» dont les agissements contribuent à donner
sens aux relations internationales ainsi qu'à la diplomatie. Dans un tel
cas de figure, la coopération internationale n'apparait plus comme une
activité privilégiée et exclusive de l'Etat. La
coopération s'intègre de plus en plus dans une approche
inclusive mettant en présence l'Etat-nation, les acteurs
non-étatiques voire infra-étatiques.
Dans notre étude, la théorie
transnationaliste va nous permettre d'examiner et d'apprécier
l'intervention des acteurs non-étatiques (ONG,
société civile, entreprises privées, etc....)
dans la conduite de la coopération Cameroun-UE.
9. Cadre
Méthodologique.
La méthode s'entend comme l'« ensemble
des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre les vérités qu'elle poursuit, à les
démontrer et à les vérifier ».65(*) Elle est aussi
« le fondement de la scientificité de toute recherche et
constitue l'ensemble des opérations matérielles permettant au
chercheur de transcender les obstacles qui jonchent le parcours conduisant
à la vérité ».66(*)
Tout travail scientifique exige l'usage d'une démarche
méthodologique qui puisse permettre au chercheur de collecter,
d'interpréter et d'analyser les données qu'il aura à
recueillir. Ainsi, dans ce travail nous avons fait recours à une
technique de collecte des données qui seront analysées suivant
une méthode bien précise.
9-1. Techniques de Collecte des
Données
Pour recueillir les informations recherchées, nous
avons principalement fait recours à l'enquête documentaire.
Celle-ci sera la principale technique utilisée dans ce travail.
L'enquête documentaire consistera essentiellement à la recherche
sur internet et dans les bibliothèques. Spécifiquement, elle
s'appuiera sur l'histoire économique, politique et diplomatique entre le
Cameroun et ses partenaires bilatéraux et multilatéraux,
l'observation directe non participante, la consultation des ouvrages, des
thèses et mémoires, des journaux spécialisés et
des documents officiels. Nous aurons pu choisir d'autres techniques comme le
sondage ou l'enquête par questionnaire. Cependant, dans le domaine des
relations internationales, la dynamique des intérêts, la
difficulté de rencontrer les décideurs politiques justifient le
choix des techniques retenues ci dessus.
Cette technique nous a permis de cerner les
réalités en rapport avec notre sujet à travers
différents documents. Il s'agit des ouvrages, revues, articles,
mémoires et magazines consultés dans la bibliothèque de
l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC),
à la bibliothèque de l'Université Catholique
d'Afrique Centrale (UCAC), à la Fondation Paul ANGO ELA
de géopolitique en Afrique Centrale (FPAE), à la
bibliothèque de l'Université de Yaoundé1, à la
Friedrich Ebert Stiftung (FES), à la Délégation Permanente
de l'UE au Cameroun, etc.
De même, nous avons aussi recouru aux archives
stockées dans les ministères indiqués tels que le
Ministère des Relations Extérieures (MINREX), le Ministère
de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire
(MINEPAT) et le Ministère des Finances (MINFI). Enfin, nous n'avons pas
éludé les sources d'informations disponibles sur internet,
notamment le site de l'Union Européenne, celui de sa
représentation permanente au Cameroun ainsi que le site de la Fondation
Friedrich Ebert Stiftung.
9-2. Techniques d'Analyse des
Données.
Pour mieux traiter les informations récoltées
sur le terrain, nous allons utiliser l'approche historique, la
méthode hypothético-déductive et la
démarche analytique.
D'abord, l'approche historique va nous
permettre de revisiter la longue construction du partenariat entre l'UE et le
Cameroun entamée à la fin des années 50,
avec naturellement une emphase sur les APE introduits au cours de
l'année 2000. Autrement dit, nous entendons nous
pencher sur l'histoire des relations Cameroun-UE afin de mieux décrypter
les causes et les mécanismes de la transformation du volet commercial de
ladite coopération telle que libellée par le nouvel accord de
partenariat.
Ensuite, la méthode
hypothético-déductive est une démarche
scientifique selon laquelle la construction scientifique part d'un postulat
théorique (présenté comme modèle
d'interprétation du phénomène
étudié), afin d'élaborer des hypothèses de
résultats qui seront par la suite vérifiées.
Enfin, dans la démarche analytique de
cette étude, il sera question pour nous de nous livrer à une
« analyse-bilan » des APE, bien que ces derniers
ne soient encore qu'à une étape intérimaire au Cameroun.
Pour ce faire, à l'aide des données chiffrées, cette
démarche nous permettra d'évaluer les atouts et les faiblesses
des mécanismes déjà en pratique, ou ceux proposés,
dans le but d'envisager les perspectives pouvant rendre la coopération
Cameroun-UE plus fructueuse.
10. Articulations et
Justification du Plan.
Les résultats auxquels nous sommes parvenus seront
présentés, comme l'exige l'orthodoxie scientifique, en quatre
(04) chapitres équitablement repartis en deux (02)
parties.
La première partie est intitulée
« SOCIOGENESE ET DYNAMIQUE FONCTIONNELLE DES APE DANS LA
COOPERATION UE/CAMEROUN ». Elle entend jeter un regard
panoramique sur les APE, question de revisiter sa genèse et son
évolution d'une part, et d'examiner les logiques qui les sous-tendent
d'autre part. Cette partie compte deux (02)
chapitres :
D'abord, le premier chapitre retrace le
« Contexte Historique de l'Avènement de l'APE au
Cameroun ». Il met en exergue la genèse de l'APE au
Cameroun ; laquelle s'inscrit dans la longue construction du partenariat
UE-ACP entamé véritablement à la fin des
années 50.
Ensuite, le second chapitre est consacré à la
« Présentation Générale et état des
lieux de l'APE au Cameroun ». Il met l'accent sur les
outils d'action, les fondements et les principes qui structurent les APE ;
tout en faisant le point sur l'état des négociations et les
modalités d'implémentation de l'APE intérimaire en vigueur
au Cameroun.
La seconde partie quant à elle est
intitulée « L'APE INTERIMAIRE ET SES ENJEUX POUR LE
CAMEROUN : RISQUE ECONOMIQUE OU AMBITION REALISTE POUR SON
DEVELOPPEMENT ? ». Elle va procéder à une
évaluation critique de l'APE, assortie des mesures d'accompagnement pour
le renforcement d'un partenariat Cameroun-UE manifestement
déséquilibré. Cette partie compte également deux
(02) chapitres :
Pour cela, le troisième chapitre porte sur
« l'Impact de l'APE intérimaire sur le
Cameroun ». Il examine, à partir des indicateurs
macroéconomiques établis, les opportunités potentielles et
les menaces éventuelles dont les APE pourront engendrer sur la vie,
l'avenir et le devenir du Cameroun.
Pour finir, le quatrième chapitre est
dédié aux «Perspectives pour une Redynamisation de
l'APE dans la Coopération Cameroun-UE». Il soulève
de fond en comble les nombreux défis auxquels le Cameroun devrait faire
face pour arrimer son économie au nouveau contexte des relations
commerciales avec le partenaire européen qui dispose d'une
économie qualitativement et quantitativement plus compétitive.
1ère
partie : SOCIOGENESE ET DYNAMIQUE
FONCTIONNELLE DES APE DANS LA COOPERATION CAMEROUN-UE
L'Accord de Partenariat Economique (APE) est un accord
commercial d'un genre particulier qui procède des liens historiques de
domination ayant prévalu entre l'Europe et l'Afrique. Autrement dit, son
avènement est la traduction d'une césure entre une période
de domination coloniale et une période postcoloniale de
coopération entre les anciennes puissances colonisatrices et les jeunes
Etats indépendants.67(*) Orientée au départ dans le sens de la
préservation des intérêts des pays ACP via les
préférences commerciales non-réciproques, cette
coopération a pris l'envergure d'un partenariat décisif à
la faveur des nouveaux enjeux dictés par la mondialisation et ses
corollaires.68(*) Au
nombre de ces enjeux économico-stratégiques figure en bonne place
la bataille européenne pour la préservation de son accès
privilégié aux ressources et aux marchés africains face
à l'offensive des pays émergents (Brésil, Russie,
Inde, Chine, etc.).69(*)
En outre, cette coopération au développement
s'inscrit dans le schéma classique des relations Nord-Sud mettant en
présence des partenaires qui ont des capacités et des niveaux de
développement divergents.70(*) Pour une meilleure compréhension, il importe
de rentrer aux origines de ladite coopération. Ainsi, cette
première partie a vocation de jeter un regard panoramique sur les APE,
question de revisiter sa genèse et son évolution d'une part, et
d'examiner les enjeux et logiques qui les sous-tendent d'autre part. Pour y
parvenir, nous examinerons d'abord le contexte historique de l'avènement
des APE au Cameroun (Chapitre1) avant de procéder
à la présentation générale et état des lieux
desdits accords au Cameroun (Chapitre2).
Chapitre 1 : CONTEXTE HISTORIQUE DE L'AVENEMENT DE L'APE AU
CAMEROUN.
Le parcours historique de la Coopération
Multilatérale Cameroun-UE s'inscrit dans le cadre global des relations
commerciales UE-ACP. Pour cela, la genèse de l'APE au Cameroun est celle
de la longue construction du partenariat UE-ACP entamé à la fin
des années 50. Pour mettre en exergue les grands
moments qui ont ponctué l'histoire de ladite coopération, nous
allons adopter une démarche binaire : les débuts de la
coopération articulée autour du Traité de Rome et des
conventions dites de Yaoundé (Section1) d'une
part ; puis les conventions de Lomé et l'accord de Cotonou
(Section2) d'autre part.
Section1: Les débuts de la
coopération : Rome et les conventions dites de Yaoundé.
Les relations entre le Cameroun et l'UE
constituent un aspect important de la politique de coopération de l'UE
et de l'action extérieure du Cameroun. Après avoir subi la
domination des anciennes puissances coloniales européennes
(Allemagne, France et Grande Bretagne), le Cameroun
va signer une série d'accords avec ces dernières dès son
accession à l'indépendance. Ces accords visaient, entre autres,
à pérenniser les relations commerciales
privilégiées entre les deux (02) parties,
notamment pour garantir l'approvisionnement de l'Europe en matières
premières camerounaises.71(*)
En retour, l'UE s'engageait à sécuriser les
débouchés du Cameroun et renforcer le rôle capital des
Firmes Multinationales (FM) européennes impliquées dans le
commerce des produits au Cameroun. Pour mieux comprendre pourquoi le Cameroun
et l'UE entretiennent jusqu'à ce jour des relations
privilégiées,72(*) il est judicieux de rentrer dans les débuts de
la coopération Cameroun-UE dont les jalons ont été
posés via le Traité de Rome de 1957
(P.1) et les conventions dites de Yaoundé
(P.2).
p1. Le Traité de
Rome, ancêtre de la coopération Cameroun-UE.
Dès l'origine, le Cameroun fut connecté aux
mécanismes d'aide communautaire par le jeu de la convention
d'application annexé au Traité de Rome du 25 mars
1957 créant la CEE. Ce traité avait pris la
décision d'intégrer les PTOM au futur marché
européen en vertu de ses articles 131 à
136; le but visé étant de booster leur
développement socio-économique et consolider les liens
historiques et économiques entre ces derniers et la communauté
dans son ensemble. C'est fort de ce fait que le Cameroun et ses homologues
encore tous sous le joug colonial des pays européens signataires du
Traité de Rome (Belgique, France, Luxemburg, Pays-Bas Italie et
République Fédérale d'Allemagne) vont se voir
introduits dans une relation commerciale particulière qui va se traduire
par la mise sur pied d'un cadre de libre échange73(*) dans une logique
d'assimilation.
Prévu pour une période de cinq
(05) ans (1957-1962), c'est au cours de cette
convention d'association que va être mis sur pied, en
1958, le premier FED avec une allocation budgétaire de
122 milliards de FCFA. Selon les termes de la partie IV du
Traité de Rome, les relations entre la CEE et les PTOM suivent deux
(02) lignes directrices à savoir : la
régulation du commerce entre la CEE et les pays associés ;
et le transfert de l'aide via le Fonds Européen de Développement
des PTOM (FEDOM).74(*)
p2. Les Conventions dites
de Yaoundé.
A la faveur des indépendances dans les
années 60, les Etats africains vont revêtir le
statut de sujet de droit international à part entière. En outre,
le mouvement de la décolonisation place la CEE devant des nouveaux Etats
indépendants, chose qui la pousse à les traiter
différemment que dans le passé. C'est ainsi que dix-huit
(18) Etats africains réunis au sein du groupe
dénommé Etats Africains et Malgache Associés (EAMA)
vont décider de poursuivre la relation avec la CEE dans un cadre
négocié à travers les accords de Yaoundé de
1963 et de 1969.75(*)
Ces accords visaient à prolonger des relations
commerciales privilégiées entre les anciennes puissances
coloniales et leurs anciennes colonies pour garantir l'approvisionnement de
l'Europe en certaines matières premières tout en
sécurisant les débouchés des colonies et en
pérennisant le rôle central exercé par quelques firmes
européennes dans le commerce des produits aux colonies.76(*) Ces conventions
prévoient une aide financière et commerciale aux dix-huit
(18) anciennes colonies africaines. Cette aide qui transite
par le FED représente 1.060 milliards de francs
CFA nécessaire au financement des projets de construction
d'infrastructures économiques et sociales.77(*)
Il convient de présenter de façon plus
détaillée les conventions successives de Yaoundé I
(A) et de Yaoundé II (B).
A. La Convention de
Yaoundé I (1963-1968).
Signé le 20 juillet 1963 à
Yaoundé entre dix-huit (18) EAMA et six
(06) CEE, Yaoundé I va marquer fondamentalement la
césure entre la période coloniale et celle des
indépendances. Dès la signature de ladite convention, les
nouveaux pays indépendants anglophones d'Afrique (Nigeria,
Kenya, Ouganda, Tanzanie, etc.) vont s'ériger contre cette
convention qui, de leurs avis, était davantage orientée vers la
sauvegarde des liens séculaires entre la France et ses anciens
territoires. Soutenus dans cette position par certains pays membres de la CEE
comme l'Allemagne et les Pays-Bas, Yaoundé I, dans sa phase
opérationnelle, va très tôt se réorienter vers une
coopération au développement à large spectre. L'on va
passer d'une politique que Didier FRISH78(*) qualifie de « paternalisme
honnête et bienveillant » à une politique de
responsabilisation du partenaire car « la période
où l'on disait ce qu'il fallait faire est
terminée ».79(*)
De toute évidence, la convention de Yaoundé I
apparait à bien des égards comme étant la phase de
décollage et d'arrimage de l'économie des pays ACP à la
compétition internationale. Les économies des pays ACP sont
encore fragiles et peinent encore à se doter des capacités de
production efficaces et soutenables. Pour les accompagner dans leur croissance
socio-économique, la convention de Yaoundé I va promouvoir une
coopération EAMA-CEE articulée autour d'un triple
levier :
· Le libre échange favorisant les exportations
des EAMA vers la CEE et vice-versa, conformément au système des
préférences généralisées.
· L'aide financière et technique
accordée sous forme de subventions du FED et adossée sur les
prêts de la Banque Européenne d'Investissement (BEI).
· Un cadre organique et institutionnel80(*) destiné à
pérenniser un dialogue franc et permanent entre les deux (02)
parties.
Cette première convention va se focaliser abondamment
sur le développement et la modernisation du secteur agricole
considéré comme le levier à même d'actionner les
autres secteurs de production. Le 2e FED est alloué au
soutien des prix du coton et de l'arachide ; le développement de la
riziculture dans le Logone et Chari ainsi que le développement
rural dans la vallée de la Bénoué.81(*)
B. La Convention de
Yaoundé II (1969-1974).
Signée le 19 juillet 1969 par la CEE
et les dix-huit (18) EAMA, la convention de Yaoundé II
va accorder la priorité au secteur industriel, contrairement à la
précédente qui était davantage tournée vers le
domaine agricole. Grace aux financements FED, le Cameroun va voir son secteur
industriel s'améliorer au cours de cette convention de Yaoundé
II, avec notamment la création des unités nationales de
production telles que : la Cimenterie Camerounaise (CIMENCAM), la
Société Camerounaise des Palmeraies (SOCAPALM), la
Société Nationale d'Electricité (SONEL), la Compagnie
Camerounaise d'Aluminium (ALUCAM), Hévéa du Cameroun (HEVECAM),
La Cotonnière Industrielle du Cameroun (CICAM), la Société
Sucrière du Cameroun (SOSUCAM), la Société Camerounaise
de Transformation d'Aluminium (SOCATRAL), etc.82(*)
Yaoundé II reprenait pour l'essentiel les dispositions
de la première. En revanche, la principale innovation de Yaoundé
II fut l'instauration d'un régime souple pour les produits agricoles
relevant de la Politique Agricole Commune (PAC) de la CEE, à
l'instar du sucre. L'aide financière et technique au cours de cette
période quinquennale va s'élever à 246 milliards
de FCFA sur fonds FED et prêts de la Banque Européenne
d'Investissement (BEI). En 1973, l'Irlande, le Danemark et la
Grande Bretagne vont faire leur adhésion à la CEE. Ceci va
changer la donne grâce à un protocole d'adhésion ouvrant la
voie à une extension de la politique de développement
européenne à une constellation des pays membres du Commonwealth
repartis sur trois (03) continents : l'Afrique, les
Caraïbes et le Pacifique. La politique européenne de
développement au départ cloisonnée en Afrique va se
déployer vers d'autres régions du monde.83(*) Tel fut le point de
départ vers la naissance du groupe ACP qui interviendra officiellement
au cours de la première convention de Lomé.
L'extension du groupe ACP, l'élargissement de la CEE
(l'entrée de la Grande Bretagne, l'Irlande et le Danemark en
1973), la crise pétrolière des
années 70 qui s'est suivie d'une flambée des
prix des matières premières, imposèrent la
nécessité de redéfinir les accords
précédents, d'où la signature des conventions successives
de Lomé.84(*)
Section2. Les conventions de
Lomé et l'accord de Cotonou.
Les conventions de Lomé ont été
considérées comme le modèle de coopération le plus
ambitieux jamais réalisé jusqu'à aujourd'hui.85(*) Comme l'explique fort
heureusement Pamphile SEBAHARA, « les fondements
de la politique de Lomé reposaient sur une relation sure, durable et
prévisible, assise sur des arrangements juridiquement contraignants,
fixés dans un cadre librement négocié et combinant
à la fois les aspects de l'aide et du commerce ».86(*)
Deux (02) faits majeurs peuvent nous
permettre de justifier une telle déclaration. D'abord, c'est au cours de
cette convention qu'un choix politique délibéré et
pragmatique est opéré par les PVD, contrairement à
l'idée reçue qui veut que ce fut une décision sous
influence.87(*) Ce choix
politique s'est exprimé notamment par la création du groupe ACP
rassemblant quarante quatre (44) pays selon l'accord de
Georgetown du 06 juin 1975. Le porte parole du groupe ACP
d'alors, en la personne de BABAKAR BA, s'adressant aux
interlocuteurs européens, faisait remarquer que :
« vous avez devant vous non pas trois groupes exprimant les
positions harmonisées d'une seule voix, mais un seul groupe de pays ACP
qui veulent reconnaitre leur destin commun et le désir
inébranlable d'obtenir des résultats positifs durant ces
négociations ».88(*)
D'autre part, la singularité de Lomé
réside dans la consécration de la clause
préférentielle qui va accorder un accès libre et non
réciproque des produits des ACP sur le marché européen.
Une mesure contraire aux dispositions de l'OMC qui va connaitre une remise en
cause avec la signature de l'accord de Cotonou du 23 juin 2000
instituant, entre autres, les APE.89(*)
Dans la présente section, nous analyserons les divers
instruments commerciaux qui ont meublé les conventions de Lomé
(p.1), donnant ainsi une envergure nouvelle à la
coopération UE-ACP. En outre, nous ferons le point sur nouvel accord de
coopération de Cotonou (p.2).
p1. Les Conventions de
Lomé (1975-2000) ou la coopération d'un nouveau type.
Avec l'élargissement de la CEE au Royaume-Uni, au
Danemark et à l'Irlande en 1973, la possibilité
d'un rapprochement des anciennes colonies britanniques membres du Commonwealth
au processus de Yaoundé se posa. Les discussions permirent de trouver un
consensus par lequel les pays ACP90(*), réunis en un groupe, vont signer une nouvelle
convention de coopération à Lomé. Tel fut le départ
d'un long processus qui allait mener à la signature de quatre
(04) conventions : Lomé I (A),
Lomé II (B) Lomé III (C) et
Lomé IV(D).
A. La Convention de
Lomé I (1975-1979)
Signée le 28 février 1975 entre
neuf (09) pays de la CEE et quarante-six (46)
Etats ACP, Lomé I va présenter plusieurs innovations. D'abord,
elle va instituer un système de stabilisation des recettes d'exportation
pour les produits agricoles (Stabex91(*)) des pays ACP. Ce mécanisme fut conçu
pour prémunir les exportations agricoles des ACP des aléas
induits par la fluctuation des cours des produits sur le marché mondial.
Autrement dit, le fonds Stabex était
destiné à combler les manques à gagner en cas de chute des
prix, et de conserver les excédents en cas de hausse des prix sur le
marché mondial. Cette innovation était considérée,
durant cette période de guerre froide alimentée par des grands
débats idéologiques de la décennie 70,
comme un engagement de l'Europe en faveur d'un ordre économique mondial
plus juste.
De même, les protocoles relatifs à certains
produits comme le sucre, la banane et la viande bovine vont garantir aux pays
ACP des subventions et des prix plus élevés que ceux
appliqués sur le marché mondial. Ceci en vue de booster la
compétitivité desdits produits, c'est leur capacité
à respecter le rapport qualité-prix tout en engrangeant des parts
importantes de marché.
En outre, c'est sous Lomé I que le principe de la
non-réciprocité des obligations commerciales fut
introduit compte tenu de l'asymétrie des économies en
présence. Ce régime préférentiel dont les atouts ne
sont plus à démontrer, allait permettre à près de
99% des produits ACP d'entrer sur le marché
européen en franchise des droits de douanes. Les produits
exportés par le Cameroun (notamment les produits primaires comme
le pétrole brut, le cacao, le café, la banane, l'aluminium,
etc....) en direction du marché européen vont cesser de
subir la moindre entrave tarifaire ; tandis-que les produits
importés par le Cameroun en provenance de l'Union Européenne
(ce sont essentiellement des produits industriels et alimentaires)
vont continuer à être assujettis aux droits de
douanes.92(*) On parle de
traitements préférentiels lorsqu'un acteur de l'échange
international pratique des politiques discriminatoires à l'égard
de certains autres acteurs partenaires pour en favoriser d'autres pour des
raisons diverses.93(*)
La philosophie politico-économique au centre des
rapports UE/ACP avant les APE est constituée des traitements
préférentiels que l'UE applique dans ses échanges
économiques avec les pays ACP. Ceci parce que lorsque les pays ACP
accèdent à l'indépendance, l'égalité de
droit entre eux et les pays du Nord est non seulement théorique, mais
aussi en déphasage avec une inégalité de fait. Cette
situation objective ne pouvait être compensée que par des
traitements de faveur accordés aux pays ACP au sein du marché
mondial et de l'échange international.94(*) Si nous prenons l'exemple de la banane, les
traitements préférentiels consistaient pour l'UE à
accorder la préférence de certains marchés
européens à la banane des ACP par rapport aux autres bananes
produites dans le monde. Ces autres bananes subissaient ainsi un traitement
discriminatoire par rapport aux bananes produites dans les pays ACP.
Le but des traitements préférentiels
était donc de donner un coup de pouce aux économies des pays ACP
n'ayant pas encore les capacités institutionnelles de se battre à
armes égales au sein du marché mondial. Ne pas le faire aurait
été équivalent à mettre un poids lourd et un poids
léger dans le ring avec les mêmes règles pour les
conséquences que nous pouvons tous imaginer. Les APE sont la fin de ces
traitements préférentiels et signifient que les pays ACP vont
dorénavant se battre dans les marchés mondiaux avec tous les
autres pays du monde sous contrainte des mêmes règles de
concurrence. De façon concomitante, un accent particulier fut mis sur la
coopération industrielle en vue non seulement de redynamiser ce secteur,
mais aussi et surtout de protéger les jeunes industries naissantes par
un renforcement du tissu socio-économique local.
Enfin, Lomé I va accroitre substantiellement la
responsabilité des pays ACP dans la gestion et l'administration de
l'aide. Ces derniers pouvant désormais participer à chacune des
différentes étapes des projets de développement
financés par la CEE sur fonds FED ou par la BEI. A cause de la
reconfiguration des parties négociantes, Lomé I va innover au
plan institutionnel en créant des institutions communes entre pays
donateurs et bénéficiaires d'aides. Il s'agit en l'occurrence du
Conseil des Ministre ACP-UE, le Centre de Développement Industriel (CDI)
devenu par la suite Centre de Développement des Entreprises (CDE) et le
Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA).
B. La Convention de
Lomé II (1979-1984)
Signée le 31 octobre 1979, la
convention de Lomé II mettait en présence neuf
(09) Etats de la CEE avec cinquante-huit (58)
pays ACP. Elle va mettre sur pied un système de stabilisation de la
production minière (Sysmin95(*)). Ce dernier est un mécanisme plus ou
moins similaire au Stabex mais destiné à
rétablir la viabilité du secteur minier et maintenir la
capacité de production existante pour un produit minier lorsque cette
capacité est atteinte et que les recettes d'exportation s'amenuisent.
Toutefois, dans la pratique, ce mécanisme de financement va soutenir les
pays producteurs et exportateurs de minerais comme la Zambie ou le Zaïre
contrairement au Cameroun où l'exploitation minière est encore
à un stade embryonnaire. En cas de fluctuations des revenus tirés
de la production et de la vente de produits miniers, les pays dépendant
des produits miniers ont accès à des prêts permettant de
soutenir la production.96(*)
A même temps, la CEE va y trouver son compte car elle
s'assure un approvisionnement en matières premières importantes
pour elle : cuivre, cobalt, phosphates, manganèse, bauxite,
étain, uranium, minerai de fer.97(*) De plus, pour la première
fois, Lomé II va inclure dans le partenariat les domaines relatifs aux
investissements privés, à la main d'oeuvre, la pêche et les
transports. C'est ainsi qu'un pan de la coopération va être
dédié à la coopération agricole et à la
promotion du monde rural ; avec comme modalités le renforcement des
moyens d'assistance techniques de manière à permettre aux
autorités politiques de mieux concevoir les programmes de
développement du secteur rural adaptés à leurs besoins.
C. La Convention de
Lomé III (1984-1989).
Cette convention est paraphée le 08
décembre 1984 entre la CEE comprenant désormais dix
(10) membres - suite à l'adhésion de la
Grèce - et le groupe ACP rassemblant soixante-cinq
(65) Etats. Elle est axée autour d'un objectif
fondamental qui est celui de « renforcer l'efficacité de
l'aide en vue de sa meilleure insertion dans les efforts de
développement des pays ACP ». Ici, l'état d'esprit
de la coopération a subi des mutations considérables. L'optimisme
ou l'euphorie des décennies 60 et 70 s'est
considérablement détérioré suite à la crise
d'endettement qui n'a pas permis aux pays ACP de relever leurs économies
pour se positionner comme des partenaires de poids vis-à-vis de la
partie européenne. Aussi, la mal gouvernance et les balbutiements des
jeunes démocraties vont commencer à refroidir les bailleurs de
fonds et les amener à subordonner l'Aide Publique au
Développement (APD) à des reformes politico-institutionnelles
conséquentes.
Face à un contexte international difficile pour les
pays ACP (fluctuation des taux des changes ; aggravation de
l'endettement ; effondrement des cours des produits de base,
etc.), Lomé III va mettre le cap sur la nécessité
d'un développement autonome et auto-entretenu. L'objectif ici
étant de permettre aux pays en développement de se frayer
eux-mêmes des sources et mécanismes opérationnels de
relance de leur croissance économique sans plus dépendre
totalement de l'aide extérieure dont la promotion n'a pas
débouché sur des résultats escomptés.98(*)
De même, pour contrecarrer les dérives politiques
dans un contexte où les régimes monolithiques et totalitaires
étaient en vogue, l'accent va être mis sur la place centrale de
l'Homme dans la coopération, la promotion de son bien-être et la
sacralisation de sa dignité, ainsi qu'une amélioration de la
production alimentaire et du développement rural.99(*)
Il convient aussi de souligner que Lomé III survient
dans un contexte marqué par la crise des années
80 qui a mis le Cameroun (1986) et plusieurs autres
pays africains sous ajustement structurel avec tout ce qu'elle a pu
générer comme effets collatéraux100(*) (gel des
recrutements publics, privatisation des entreprises publiques, réduction
du train de vie de l'Etat, libéralisation des pans de l'économie
nationale, etc.). C'est fort de cette conjoncture que
Lomé III va mettre à l'ordre du jour les questions de bonne
gouvernance, de démocratie et d'ajustement structurel.
Dans le même sillage, la coopération
régionale va connaitre un regain d'intérêt avec une hausse
du soutien financier, matériel et technique de la CEE au profit des
dynamiques d'intégration politiques et économiques africaines.
L'on note également un abandon de l'approche par projets au profit de
l'approche sectorielle qui semble beaucoup plus pragmatique en termes de
visibilité et de traçabilité.101(*)
D. La Convention de
Lomé IV (1989-2000)
Signée le 15 décembre 1989
entre l'Europe des 12 et les soixante-huit (68) Etats
ACP, la convention de Lomé IV couvrait une période
décennale, contrairement aux trois (03)
précédentes. Elle va marquer un tournant emblématique dans
l'historicité de la coopération UE-ACP. La réalité
géopolitique est bouleversée par la chute du mur de Berlin et la
dislocation du communisme soviétique. L'atout que représentait la
neutralisation des pays du Sud dans un contexte d'hégémonies
partagées entre les deux blocs est dévalué. Le constat est
évident que l'aide, pour de nombreuses raisons tant endogènes
qu'exogènes, n'a pas permis le développement des pays ACP. Pire,
beaucoup d'entre eux se sont plutôt appauvris.102(*) Face à un
environnement aussi morose, les deux parties vont s'accorder, d'une part, sur
un contrôle plus rigide de l'utilisation des fonds et, d'autre part, sur
une prorogation de la durée de la convention qui est revue à dix
(10) ans ; question de permettre une meilleure garantie
pour la programmation.103(*)
S'agissant de la première période quinquennale,
la situation de la majorité des pays ACP s'étant
dégradée (notamment du fait de la crise d'endettement qui a
présidé aux PAS), la convention de Lomé IV va constituer
un outil destiné à améliorer cet état de
chose ; c'est la raison pour laquelle elle va maintenir les objectifs
antérieurs inhérents au développement à long terme,
tout en prévoyant des mesures visant à juguler la crise
économique. La grande nouveauté est l'introduction de la double
conditionnalité : respecter les Plans d'Ajustement Structurel (PAS) du
Fonds Monétaire International (FMI) d'une part ; et appuyer le
développement du secteur privé d'autre part.104(*)
La conjoncture internationale relativement morose va inciter
les pays ACP à se tourner vers les institutions financières de
Brettons Wood (FMI, Banque Mondiale) pour
bénéficier des rééchelonnements ou annulation de
leurs dettes105(*) ; ceci au prix des mesures
d'austérités aux répercussions très dures pour leur
tissu socio-économique. C'est ainsi que l'aide financière et
l'appui à l'ajustement structurel vont être
préconisés sous Lomé IV pour permettre aux pays ACP de
poursuivre les reformes économiques nécessaires tout en
atténuant ses effets sur le plan social.
En outre, l'on va assister à l'éclosion de la
coopération décentralisée qui, adossée sur la
coopération dite classique, va permettre aux entités
infra-étatiques des pays ACP (communes, régions,
...) de nouer des partenariats avec leurs homologues étrangers
en vue de se trouver des sources de financement alternatives pour pallier
à la récession économique.
Pour ce qui est de la seconde période quinquennale, la
convention de Lomé IV est révisée à mi-parcours le
04 novembre 1995 à l'Ile Maurice. Cette révision
réunie l'Europe des 15 devenue Union Européenne (UE)
106(*) avec soixante-dix
(70) pays ACP. Lomé IV bis, s'imprégnant des
thèses néolibérales émergentes, va se pencher
davantage sur le volet politique de la coopération, avec comme leitmotiv
le respect des principes démocratiques, de l'Etat de droit et de la
bonne gouvernance.107(*)
On y ajoute également le respect des droits humains. Cette convention
proclame la nécessité pour les pays ACP de s'insérer dans
l'économie mondiale.
Au demeurant, bien qu'offrant les meilleures conditions
tarifaires pour l'accès au marché européen par rapport
aux autres pays en développement, et bien que les pays ACP n'aient pas
eu à ouvrir leurs marchés pour favoriser les exportations
européennes, le régime commercial de Lomé n'a pas produit
les résultats espérés et s'est avéré
décevant. La part des pays ACP a fortement reculé tant dans le
commerce mondial en général, que sur le marché
européen. Les pays ACP n'ont pas résisté à la
montée en puissance des pays en développement concurrents : nos
productions ont perdu du terrain sur le marché européen, face aux
pays d'Amérique latine (café, bananes, etc.),
aux pays asiatiques (huiles), et aux pays
méditerranéens (fruits et légumes).108(*)
Les conventions de Lomé n'ont pas permis la position
des pays ACP dans le commerce extérieur. En effet leur part dans le
commerce international n'a cessé de décroitre allant de
3,4% en 1976 à 1,9% en 2000 tandis que sa part
dans les exportations des pays en voie de développement (PVD) est
passée de 13,3 % en 1976 à 3,7% en 2000.109(*)
Le partenariat commercial n'a pas permis de diversifier leurs
exportations ou d'améliorer la valorisation leurs matières
premières. Les pays ACP exportent essentiellement des matières
premières peu ou pas transformées, incluant peu d'emploi local et
pas de valeur ajoutée. Les matières premières sont aussi
celles qui ont été les plus sensibles à la
détérioration des prix et à la dégradation des
termes de l'échange. En effet, les prix des matières
premières sont déterminités par les pays acheteurs que
sont les grandes puissances économiques.110(*) Le partenariat n'a pas
permis non plus de diversifier les destinations de leurs exportations,
d'où la nécessité de passer à un nouvel accord de
Cotonou qui sied le plus avec les exigences actuelles de la mondialisation.
p2. L'accord de Cotonou
(2000-2020), gage de la mondialisation des relations ACP-UE
Considéré comme la transition vers la fin
d'un processus, l'accord de Cotonou fait suite à une (ré)
configuration de la scène internationale intervenue à partir de
la décennie 90. Au nombre de ces mutations, il convient de lister :
· L'ouverture de l'UE à certains pays de l'Europe
de l'Est au lendemain de l'effondrement du mur de Berlin et la dislocation de
l'empire soviétique ;
· L'introduction de la dimension politique dans la
coopération ACP-UE ;
· L'intensification du phénomène de la
mondialisation avec son principal corollaire qu'est la libéralisation
progressive des échanges ;
· La création de l'OMC qui, en sa qualité
de «gendarme»111(*) du commerce international, va amener
l'UE à reconsidérer le régime commercial
préférentiel conclu avec les Etats ACP au cours des
défuntes conventions de Lomé.
Face à toutes ces mutations, Cotonou apparait
incontestablement comme la transition vers la fin d'un processus du fait de son
caractère éminemment libéral.112(*)
A ces facteurs conjoncturels, il faut ajouter le bilan
mitigé des conventions de Lomé dans leur capacité à
induire un réel développement des pays ACP. L'UE va entamer de
vastes consultations sur l'avenir de la coopération dans la perspective
d'un nouvel accord entre un groupe ACP en pleine expansion et une UE en pleine
mutation. Une réflexion initiée en novembre 1996
va aboutir à la publication d'un « livre
vert » relatif à un ensemble de propositions sur
l'amélioration de la coopération. C'est au terme de ces
démarches que l'on va assister à la signature d'un nouvel accord
à Cotonou au Benin le 23 juin 2000.113(*)
Les principaux objectifs de Cotonou sont la lutte contre la
pauvreté et l'insertion progressive des Etats ACP dans l'économie
mondiale tout en observant les Objectifs du Développement Durable (ODD)
ainsi que les Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD) ; le soutien à l'intégration régionale des pays
ACP et l'introduction de la notion de flexibilité qui permet d'allouer
des ressources complémentaires aux pays plus performants quant à
la bonne utilisation des fonds ; l'extension du dialogue politique
à la consolidation de la paix, la prévention et la
résolution des conflits. Pour ce dernier point, la mission Eufor
d'appui aux casques bleus en RDC en 2006 ou l'appui
à la mission de l'Union Africaine (UA) au Darfour grâce à
la mobilisation des fonds européens de développement avec accord
des ACP, témoignent de cette innovation de Cotonou. Le partenariat sous
Cotonou est adossé sur cinq (05)114(*) piliers dont le principal est sans doute
l'établissement d'un nouveau cadre économique et commercial
constitué par les APE.
Les Accords de Cotonou ont évolué vers les APE
parce que la coopération UE/ACP devait désormais se mettre au pas
des règles d'un échange international régi par les
règles libérales de l'OMC. Il faut donc comprendre que c'est
parce que l'économie mondiale a été mise sous
l'égide du néolibéralisme de Reagan et de Thatcher dans
les années 1980, que les Accords UE/ACP ont aussi pris
une orientation pro-marché et pro-concurrence en contradiction avec les
traitements préférentiels qui en constituaient le coeur politique
en soutien au développement des pays ACP. L'OMC fonctionne suivant une
règle centrale qu'on appelle la clause de la nation la plus
favorisée. C'est-à-dire que tous les partenaires d'un pays
à l'échange international doivent être traités de
façon identique, sans pratiques discriminatoires. C'est pourquoi les
traitements préférentiels ne sont plus autorisés dans la
coopération UE/ACP.
Ce qui fait de Cotonou la transition entre une forme de
coopération et une autre à venir est l'annonce des APE entre les
régions ACP et l'UE dont la conclusion était prévue avant
fin 2007. La cause de ce bouleversement fondamental tient du
fait que les préférences commerciales accordées par l'UE
aux pays ACP contrastent avec les règles fondatrices de l'OMC dont les
deux (02) principes directeurs sont la
réciprocité et la non-discrimination. Le but étant de
faciliter l'intégration harmonieuse des économies des pays ACP
dans l'économie mondiale où la compétition est nettement
plus féroce que dans le processus de Lomé.
Certes, cette nouvelle donne laisse perplexe certains pays ACP
et les acteurs de la société civile africaine et
européenne, même si d'aucuns (notamment les pays
signataires d'un APE intermédiaire ou complet) affirme qu'elle
est un élément de sécurité dans un monde plein
d'incertitude du fait de la mondialisation des échanges commerciaux et
la globalisation financière.115(*)
Par ce premier chapitre, nous avons voulu retracer le contexte
historique de l'avènement des APE dans les pays ACP en
général et au Cameroun en particulier. Ainsi, dans une
démarche à la fois diachronique et synchronique, nous avons
revisité cette vieille coopération de plus de cinquante
(50) ans, allant du Traité de Rome de
1957 à l'accord de Cotonou de 2000, en
passant par les conventions dites de Yaoundé et de Lomé.
De façon concrète, l'on peut retenir que les
relations ACP-UE ont une essence néocoloniale car, en dépit de la
volonté officielle de l'UE à accompagner les pays ACP vers un
développement efficient et une insertion efficiente dans
l'économie mondialisée, le bilan de cette coopération est
resté médiocre. Le régime préférentiel et
ambitieux de Lomé concédé aux pays ACP pendant vingt-cinq
(25) ans n'a pas pu réaliser les objectifs
escomptés.
Bien qu'ils aient signé et ratifié l'accord de
Cotonou, les pays ACP n'ont pas accueilli de gaité de coeur la
proposition relative aux APE car elle portait atteinte d'après eux
à un des plus anciens acquis de la coopération à savoir le
traitement préférentiel. Pour mieux cerner les contours de l'APE,
le chapitre suivant va procéder à sa présentation
générale et à l'état des lieux de ce dernier au
Cameroun.
Chapitre 2 : PRESENTATION GENERALE ET ETAT DES LIEUX DE L'APE AU
CAMEROUN
Le partenariat entre l'UE et le Cameroun est le
résultat d'un long processus historique jalonné respectivement
par la création de la CEE en 1957 et la
décolonisation du pays en 1960 et
1961. Comme l'explique fort heureusement Pamphile
SEBAHARA, cette coopération a évolué dans ses
objectifs, ses principes et ses piliers, ainsi que ses instruments et ses
approches pour s'arrimer non seulement à l'évolution interne de
l'UE et des Etats ACP, mais aussi à l'évolution du système
international.116(*)
Celui-ci a connu des bouleversements au cours de la décennie
90, notamment avec le phénomène de la mondialisation qui
tend à légitimer la libéralisation des échanges
commerciaux sous la bannière de l'OMC.117(*) Aussi, le triomphe de l'idéologie capitaliste
sur l'idéologie socialiste tend à ériger l'économie
de marché comme le modèle économique par
excellence.118(*)
En dépit des appréciations mitigées
qu'ils suscitent auprès de l'opinion publique africaine et
européenne, il reste évident que l'avènement des APE
répond d'abord et avant tout à un agenda dicté par le
contexte international. De plus, sa complexité amène les Pays en
Voie de Développement à l'appréhender avec minutie et
beaucoup de circonspection d'où l'intérêt d'examiner ses
contours et ses mécanismes. Pour cela, ce second chapitre se propose de
procéder à une présentation générale de
l'APE (Section1) afin de cerner au clair l'état des
lieux au Cameroun (Section2).
Section1 :
Présentation Générale des APE.
Les APE s'inscrivent dans la mouvance de l'économie
néolibérale dictée par le double phénomène
de la mondialisation et de la globalisation financière.119(*) Conçus par l'accord
de Cotonou du 23 juin 2000 entre les 77 ACP et les 15 pays de
l'UE, ces derniers viennent modifier fondamentalement les relations entre l'UE
et les pays ACP dont l'aboutissement est «la mise en place
d'un partenariat véritable, stratégique et
renforcé » entre les parties en présence. Ce
nouveau cadre d'échange qui reste sous-tendu par des fondements et des
objectifs bien définis (P1), est adossé sur des
bases et des principes bien spécifiés (P2).
p1. Fondements et
Objectifs des APE.
A. Les
Fondements.
L'avènement des APE est tributaire des fondements
lointains et des fondements immédiats.
· Les Fondements
lointains.
Le premier fait majeur qui a présidé à la
reconfiguration de la relation ACP-UE est sans conteste l'échec des
préférences commerciales de Lomé
(1975-2000). Ces conventions ont été
considérées à tort ou à raison comme des
conventions généreuses du fait du régime
préférentiel concédé gracieusement aux pays ACP. En
revanche, le bilan de ces 25 années de coopération s'est
avéré mitigé. Sur le plan pratique et opérationnel,
ces conventions sont apparues comme des outils très complexes du fait
d'une multiplicité d'outils et procédures opaques, une
bureaucratisation abusive et une efficacité résiduelle sur le
développement réel des pays ACP.120(*)
Le système de préférences non
réciproque n'a pas conduit à la transformation structurelle des
économies des pays ACP et peu d'activités industrielles ont connu
un processus de maturation les conduisant à une pleine
compétitivité au niveau international. En outre, ce
système n'a pas pu empêcher la marginalisation des pays ACP dans
l'économie mondiale dont la part du PIB mondial dans le PIB est
tombée à 1%.121(*)
Plus encore, les économies de ces
derniers sont loin d'avoir atteint le but escompté en matière de
diversification car, les produits primaires dans les exportations contribuent
encore à hauteur de 90 %122(*) des exportations totales pour l'ensemble
de la région africaine. (Les pays africains sont restés
davantage confinés dans l'exploitation du bois).
D'autres facteurs sont à évoquer pour expliquer
l'échec des préférences commerciales de Lomé. Il
s'agit en l'occurrence des barrières non-tarifaires (normes
qualité et phytosanitaires) en vigueur sur les produits
agricoles en Europe ; les règles relativement protectrices ;
une compréhension limitée des dispositions de l'accord et leurs
procédures complexes ; la capacité d'offre
limitée des pays ACP ; la pénurie d'investissements
privés ; les carences d'infrastructures ; le
développement insuffisant du secteur des services financiers ; une
base de ressources humaines trop étroite et, enfin, la mauvaise
structuration et la faible diversification des exportations des pays
ACP.
S'agissant spécifiquement du problème de l'offre
des pays ACP, ces derniers ont longtemps fait face à de lourdes
contraintes à la fois microéconomiques
(difficultés d'accès aux crédits, coûts
élevés du travail et des facteurs de production,
etc.) et macroéconomiques
(surévaluation du tau de change, instabilité de la
croissance, etc.). Ces aléas structurels et
conjoncturels ne leur ont pas permis de capitaliser à fond les
incitations et opportunités à eux accordées par l'UE. Il
faut adjoindre à ces obstacles la vulnérabilité des pays
ACP du fait de : croissance démographique forte,
désarticulation des différents secteurs de l'économie,
niveau d'expertise insuffisant dans le domaine technologique, ainsi que les
instabilités politiques, la mal gouvernance et les détournements
des fonds publics.
L'avènement des APE s'explique aussi par la tendance
érosive des préférences commerciales de Lomé. Au
plan multilatéral, l'UE va abaisser progressivement ses barrières
commerciales au profit des pays membres de l'OMC et davantage les PMA dont
l'accès libre au marché de l'UE sera garanti. Au plan
bilatéral, l'UE va multiplier les accords avec certains pays tiers tels
que la Turquie, l'Afrique du Sud et les pays de l'Amérique
Latine. Cette libéralisation des échanges
généralisés par les accords de l'OMC va
rétrécir substantiellement l'intérêt des
préférences non-réciproques de Lomé. En
2000 par exemple, la marge préférentielle
globale accordée par l'UE aux pays ACP par rapport aux autres pays en
développement n'était que de 02%. Ce bilan
mitigé du régime commercial de Lomé ajouté aux
mutations survenues sur la scène internationale au début des
années 90 vont sonner le glas des
préférences non-réciproques et ébranler
profondément la politique communautaire de coopération au
développement. Devant cette situation, la commission de l'UE va juger
utile de publier le livre vert de la relation ACP-UE dont l'objectif est de
« revitaliser les relations ACP-UE et d'ouvrir de nouveaux
horizons et d'accroitre des chances de succès ». Ce
document va décliner quatre (04) scenarii probables sur le plan
commercial après Lomé :
· Le statu quo qui maintiendrait les
préférences de Lomé sous certaines
conditions ;
· L'intégration dans le SPG qui consisterait
à substituer le régime préférentiel de Lomé
par un système d'aide ;
· La réciprocité uniforme qui
amènerait les ACP à étendre la réciprocité,
après une période de transition commune, aux exportations de
l'UE ; ceci en accord avec les règles de l'OMC.
· La réciprocité
différenciée qui était une réciprocité a
géométrie variable avec l'UE d'une part et les groupes
régionaux ou pays ACP individuels d'autre part ; sur le
modèle des accords commerciaux régionaux Nord-Sud.
Au final, c'est le scenario prévoyant une
réciprocité différenciée sur la double base des
niveaux de développement (PMA et non-PMA) et du
processus d'intégration régionale qui fut retenu et qui va
conduire aux APE.
· Les Fondements
immédiats.
De toute évidence, le principal fondement
immédiat réside dans l'incompatibilité des clauses de
Lomé avec les règles de l'OMC. Pendant la décennie
90, l'on va assister à une contestation tous azimuts de la
légitimité des préférences commerciales
instituées par les conventions de Lomé. Cette remise en cause est
tributaire de la montée en puissance du système commercial
multilatéral systématisé par l'OMC. Dès
1993, l'Organisation Commune des Marchés de Banane
(OCMB) établie par l'UE pour régenter son marché fut
contestée par les pays d'Amérique Latine producteurs et
exportateurs de banane. Appuyé par le General Agreement on Tarifs and
Trade (GATT), ces derniers vont attaquer ces dispositions et auront gain de
cause. Le GATT va condamner l'OCM et va adopter une dérogation à
la convention de Lomé (09 décembre 1994) pour
tous les pays membres de cette organisation.
En 1996, les USA, le
Mexique, le Guatemala, le
Honduras et le Costa Rica vont attaquer de
nouveau l'UE devant l'OMC qui, en 1997, va condamner le
régime communautaire européen d'importation. L'OMC jugea cette
« politique communautaire de coopération
non-réciproque » incompatible ou contraire à la
clause de la Nation la Plus Favorisée (NPF) consacrée en son
article premier. Non seulement la convention de Lomé n'était pas
vue comme un accord de libre échange - et constituait de ce
fait une dérogation spéciale à la clause de la NPF
-, mais elle instaurait une discrimination entre les Pays en Voie de
Développement (PVD) du fait des préférences commerciales
non-réciproques.
L'APE apparait comme une invite à l'harmonisation de la
coopération ACP-UE à la mondialisation. Consécutivement
à l'entrée en vigueur de l'OMC le 01er janvier
1995, les principes de non-discrimination et de
réciprocité vont s'imposer comme la clé de
voûte des échanges commerciaux internationaux. Conséquence
logique, les préférences commerciales non-réciproques se
sont avérées incompatibles avec les règles de l'OMC. Tel
est l'argument avancé par l'UE pour légitimer la cessation du
régime préférentiel. Toutefois, le principe de l'OMC
consacrant la clause de la NPF reste subordonné à deux
(02) dispositions exceptionnelles :
· La première autorise le traitement
préférentiel basé sur des préoccupations de
développement. Autrement dit, un pays développé peut
accorder une préférence commerciale à un pays en
développement dans l'optique de stimuler la croissance et le
développement économique de ce dernier.
· La seconde concerne les Zones de Libre Echange
(ZLE).123(*) Il s'agit
d'une dérogation accordée à un groupe de pays
décidés de réaliser leur intégration
régionale, à condition que les tarifs douaniers qui s'appliquent
aux importations de ces pays ne soient pas supérieurs à ceux
appliqués dans la situation précédent
l'intégration.
Par contre, les préférences accordées
sous Lomé ne sont pas éligibles au titre des exportations
déclinées ci-dessus. Autant ce régime était
non-réciproque et donc loin d'être un accord de libre
échange classique, autant il était discriminatoire
c'est-à-dire destiné à avantager les pays ACP au
détriment des autres pays en développement comme l'Inde, le
Vietnam, etc. Il faudra attendre la fin des accords de Lomé en
2000 pour que l'UE et les pays ACP s'accordent à mettre
sur place un régime pleinement compatible avec les règles de
l'OMC à savoir les APE.
B. Les Objectifs des
APE.
L'APE est l'expression d'une mondialisation de la relation de
coopération entre l'UE et les pays ACP. Au terme de l'article
34 de l'accord de Cotonou du 23 juin 2000, il ressort
clairement ce besoin de l'OMC à s'arrimer à la mouvance de la
mondialisation : « l'objectif de la coopération
économique et commerciale visé par l'APE est de promouvoir
l'insertion progressive et harmonieuse des Etats ACP dans l'économie
mondiale, dans le respect de leur choix politique et de leurs priorités
de développement tout en encourageant leur développement durable
et en contribuant à l'éradication de la pauvreté
(art. 34, al.1). Il s'agit
de permettre aux pays ACP de participer pleinement au commerce international
(art. 34, al.2). En outre,
il s'agit de renforcer les capacités productives, commerciales et
d'approvisionnement des pays ACP ainsi que leur capacité à
attirer des investissements (art. 34, al.3).
Enfin, l'APE se propose d'accommoder la coopération ACP-UE avec les
dispositions instituant l'OMC (art. 34,
al.4) ».
Compte tenu de l'asymétrie des niveaux de
développement entre l'UE et les ACP, l'APE doit permettre à ces
derniers de répondre aux défis de la mondialisation et de
s'adapter progressivement aux nouvelles conditions du commerce mondial,
facilitant ainsi la transition vers l'économie mondiale
libéralisée. Les nouveaux instruments commerciaux
négociés sous le nom d'APE sont donc symptomatiques du niveau et
de l'ampleur des objectifs déclinés plus haut. Les APE qui
régissent les relations entre les ACP et l'UE affichent un triple
objectif124(*) :
· Faciliter l'accès des produits ACP au
marché européen ;
· Développer le commerce
sud-sud ;
· Soutenir le processus d'intégration
régionale.
p2. Les Bases et les
Principes des APE.
A. Les Bases des
APE.
L'APE repose sur quatre (04) principaux
piliers à savoir : le partenariat, l'intégration
régionale, le développement et le lien avec l'OMC.
Le partenariat comme son nom l'indique, met
en présence deux parties ayant des droits et assujetties à des
obligations. Dans le cas de la coopération Cameroun-UE, l'UE est
disposée à ouvrir davantage son marché aux produits
camerounais et à lever les autres entraves aux échanges. La
partie camerounaise quant à elle doit s'arranger à mettre en
oeuvre des politiques idoines pour renfoncer ses capacités afin de
répondre à la demande extérieure aussi bien dans la
quantité que dans la qualité des produits.
Dans le monde global-libéral actuel, les Etats se
constituent en ensembles économiques régionaux pour mieux
s'intégrer dans l'économie mondialisée. Le poids
économique de l'UE sur l'échiquier international participe de
cette logique. Les APE sont donc construits à partir des initiatives
d'intégration régionale existantes.
Le développement pour sa part,
constitue la finalité première de l'APE. Ce dernier prend donc en
compte les contraintes économiques, sociales et environnementales des
PVD ainsi que leur capacité à s'adapter au nouvel environnement
commercial qui se veut concurrentiel. Enfin, l'APE est basé sur les
règles de l'OMC tout en tenant compte des résultats du programme
de Doha pour le développement.125(*)
B. Les Principes de
l'APE.
L'APE est régi par deux (02) principes
cardinaux à savoir : la
réciprocité d'une part, et le
Traitement Spécial et Différencié (TSD)
pour les PMA, d'autre part.
S'agissant du principe de
réciprocité, il postule que les
préférences commerciales doivent être mutuellement
bénéfiques entre l'UE et les ACP afin d'éviter toute
pratique discriminatoire.126(*) Or, les conventions successives de Lomé qui
ont jalonné la coopération UE-ACP pendant 25 ans
(1975-2000) reposaient fondamentalement sur un régime
de préférences commerciales non-réciproques.
Pour ce qui est du TSD dont les PMA sont
bénéficiaires depuis mars 2001, il s'agit d'une
modalité visant à soutenir ces derniers en vue de leur insertion
efficace dans le système commercial mondial. Il est reconnu dans
l'accord d'Uruguay que les PMA se butent à des entraves qui les
empêchent de tirer pleinement profit des nouvelles possibilités
commerciales. Il s'agit, entre autres, d'une industrialisation
médiocre, d'un accès limité aux technologies de pointe,
les infrastructures inadéquates, les problèmes structurels,
etc. Pour pallier à cette situation, tous les pays ACP
considérés comme les PMA seront assujettis à un Traitement
Spécial Différencié (TSD) consacré par l'accord de
Cotonou. De façon concrète, les PMA bénéficieront
de l'initiative « Tous Sauf les Armes »
(TSA).127(*)
Toutefois, les deux principes sus-évoqués sont
des exceptions à l'un des principes fondamentaux de l'OMC à
savoir le traitement de la Nation la Plus Favorisée (NPF)128(*). La clause de la nation la
plus favorisée est la règle générale que l'OMC
impose entre pays au sein du commerce international. Dans un tel environnement,
les traitements préférentiels sont caducs. Le traité de
Lisbonne interdit aussi ces traitements préférentiels entre l'UE
et des pays tiers. Il en résulte un effet ciseau sur les Accords
historiques UE/ACP qui meurent ainsi de leur bonne mort. Il apparaît donc
une contradiction énorme entre les APE qui promeuvent le
libre-échange sous l'égide de l'OMC, et l'acharnement
thérapeutique qui consiste à vouloir encore y voir une
spécificité justement interdite par les règles de l'OMC.
L'exaltation de ces Accords n'est donc plus qu'une façon de
préserver les multiples fonctionnaires, institutions et administrations
mises en place depuis longtemps par cette coopération historique dont la
raison d'être est désormais éliminée par les APE.
De même, les ZLE peuvent déroger à la
clause de la NPF dans la mesure où, sous certaines conditions, des
accords de libre échange bénéficient non seulement
à leurs membres, mais également à l'économie
mondiale du fait qu'ils rapprochent ces pays de l'économie basée
sur la libre circulation des personnes et des biens. Des accords tels que les
APE rentrent donc dans cette logique en ce sens qu'ils revêtent un
caractère réciproque garantissant à chaque partie un
traitement préférentiel symétrique.
En revanche, l'on peut ne pas respecter la clause de la NPF en
raison des préoccupations de développement nécessitant un
traitement préférentiel asymétrique au profit des pays
à très faible revenus. Au sein de l'OMC, un pays
développé peut accorder une préférence commerciale
non-réciproque à un pays en développement dans l'optique
de stimuler sa croissance et son développement économique. Le
Traitement Spécial et Différencié (TSD) par lequel les PMA
bénéficient de l'initiative TSA participe de cette logique.
Section2 : Etat des Lieux des
APE au Cameroun.
Après sa signature en 2000, le
processus de négociation des APE au sein des enceintes régionales
va s'enclencher à partir d'octobre 2003 à
Brazzaville afin d'établir« un partenariat
véritable, stratégique et renforcé » entre
le groupe des pays ACP et l'UE. Ces négociations vont s'avérer
particulièrement difficiles en dépit de la volonté de
poursuivre les relations commerciales entre l'Afrique Centrale et l'UE.
A cause de la persistance des divergences entre les parties,
l'Afrique Centrale et l'UE ne vont pas conclure un accord régional en
décembre 2007 comme prévu dans la feuille de
route des négociations. Au contraire, pour éviter d'être
reversé dans le Système des Préférences
Généralisées (SPG), le Cameroun et l'Union
Européenne vont parapher un APE intérimaire qui sera
confirmé par une signature officielle le 15 Janvier
2009. Ce dernier est ratifié le 22 juillet
2014 et il est entré en vigueur le 04
août de la même année. Cette démarche
solitaire du Cameroun répondait à des mobiles qui sont aussi
bien d'ordre économiques que stratégiques.
Au plan économique, il était question pour le
Cameroun non seulement de préserver ses intérêts
économiques vitaux, mais aussi de se conformer aux prescriptions
nouvelles qui sont celles de l'OMC qui demande que les échanges soient
libéralisés et accélérés.129(*) Pour ce dernier, via cet
accord il entend maintenir ses intérêts commerciaux majeurs
vis-à-vis de l'UE et d'éviter une brusque imposition des taxes
douanières sur ses exportations vers le marché européen
comme l'affirme l'UE relativement aux pays qui n'ont pas signé un APE
avant la date butoir du 31 décembre 2007.130(*) A ce sujet, le
Ministre de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du
Territoire (MINEPAT) de l'époque a affirmé que :
« il se fait simplement que nous avons un certain nombre
d'exigences qui n'ont pas encore trouvé de réponses. Mais comme
dans le même temps le Cameroun en tant que pays a aussi ses
préoccupations que je peux qualifier de nationales, parce que nous avons
une économie qui n'est pas forcement celle de tous les autres pays. Nous
avons un certain nombre de produits d'exportations qui risquaient d'être
frappés, c'est-à-dire de ne pas pouvoir entrer dans le
marché de l'UE dans les conditions que nous connaissons. C'est la raison
pour laquelle il était bon que le Cameroun négocie un accord
intérimaire parce qu'il devrait nous mener vers un accord
régional complet que nous négocions avec l'Union
Européenne ».
Une telle motivation, quoique officielle, affiche une
impertinence notoire dans la mesure où le Cameroun, comme la
majorité des PVD, produit peu, ne transforme pas assez localement et,
pis encore, exporte principalement des produits bruts (banane, cacao,
café, coton, aluminium, pétrole brut, etc.) qui ne
recèlent aucune valeur ajoutée comparativement aux produits
manufacturés et industriels de marque européenne. L'effet
multiplicateur du développement réside davantage dans la
capacité d'un Etat à transformer ses produits localement afin d'y
inclure de la valeur ajoutée. De même, un Etat qui entend tirer
profit de l'échange international doit s'arranger à exporter plus
qu'il n'importe, ce qui ne semble pas être le cas des pays ACP en
général et du Cameroun en particulier. L'UE reste à ce
jour le principal partenaire commercial du Cameroun avec un volume des
échanges estimé à 2294,4 milliards de FCFA
en 2012, soit plus de 67% du total
des échanges.131(*)
En revanche, la part du Cameroun reste marginale dans les
échanges extérieures de l'UE, soit 0,4%. La
structure des exportations met en exergue une concentration autour d'un nombre
réduit de produits qui sont pour la plupart soit des produits primaires,
soit des produits à très faible valeur ajoutée.132(*) Les défis qui se
présentent aujourd'hui sont à la dimension du nouvel accord de
Cotonou où le pays est tenu de s'acclimater très vite des
exigences de la mondialisation.
Au plan stratégique, le Cameroun qui est le pôle
intégrateur133(*)
de la CEMAC entendait, par la signature de l'APE intérimaire, dissuader
et amener ses homologues à signer un accord global engageant l'ensemble
des pays de l'Afrique Centrale. Cette manoeuvre transparait dans cette
déclaration du ministre camerounais de l'économie :
« si le gouvernement camerounais a décidé de
parapher seul cet accord d'étape, il espère bien que d'autres
Etats de l'Afrique Centrale se joindront à lui au moment de la signature
définitive ».134(*) Cette assertion est corroborée par celle du
Directeur General du Développement à la Commission
européenne qui affirmait pouvoir « compter sur le Cameroun
en tant que locomotive économique dans la région pour impulser et
alimenter une dynamique de négociation en Afrique Centrale [...] le
présent accord d'étape signé entre le Cameroun et l'UE est
sans doute une étape essentielle vers la conclusion d'un Accord de
Partenariat Economique régional avec l'Afrique
Centrale. ».135(*)
Dans cette section, nous examinerons de façon plus
profonde l'APE intérimaire en vigueur au Cameroun (P1)
avant de revisiter l'étendue des domaines couverts par l'APE
intérimaire (P.2)
p1. L'APE
intérimaire et le Cameroun.
· Spécificités de l'APE
Intérimaire signé par le Cameroun
Le document juridique est dénommé «
accord d'étape vers un accord de partenariat économique entre la
Communauté européenne et les Etats de l'Afrique central
». Juridiquement, la revue des parties et des dispositions du
document montre que cet APE dit intérimaire est
précisément un accord commercial régional. Sauf qu'il n'a
été signé du côté « Afrique centrale
» que par la République du Cameroun sans aucun accord
préalable des autres parties : les sept autres pays des deux
communautés régionales (CEMAC et CEEAC). De
fortes réticences ont toujours été exprimées
dès le départ de ce projet tant par les sociétés
civiles que les Etats. Ces réticences sont justifiées notamment
par la crainte sur leurs marchés de la concurrence des produits
agricoles européens largement subventionnés, la perte potentielle
de recettes douanières essentielles aux budgets des Etats et l'absence
de nouveaux avantages à l'entrée sur le sol européen.
Dès lors, au regard de ses intérêts bien
maîtrisés, l'Union Européenne a déployé des
mesures d'intelligence économique destinées à stimuler
les pays à participer aux négociations tout en fragilisant
fondamentalement l'intégrité du processus et le leadership
desdits pays. C'est dans ce contexte désavantageux que se situe
l'approche de préparation et de négociation du gouvernement
camerounais.
La signature de l'APEI entre le Cameroun et l'UE fait suite
non seulement à la difficulté de conclure un APE régional
à l'échéance initiale, mais aussi à la
volonté du Cameroun de protéger certains secteurs de son
économie. En effet, lorsqu'il est apparu qu'un APE régional ne
pouvait pas être conclu en Afrique Centrale, et compte tenu des
difficultés relatives à la conclusion d'un accord couvrant un
grand nombre de pays, l'UE a proposé la conclusion d'un accord
intérimaire ayant vocation à s'appliquer avant qu'un accord
complet puisse entrer en vigueur. Ainsi, 20 pays ont signé ledit accord
à ce jour parmi lesquels le Cameroun.
A la lumière de son contenu, L'APEI est essentiellement
tourné sur le commerce des marchandises, mais prévoit la
poursuite des négociations sur les volets du développement et des
services. Le Cameroun est la principale économie en Afrique centrale et
le principal partenaire de l'UE avec plus de 66% de ses
échanges extérieures. Sous les conventions de Lomé, le
Cameroun a exporté en franchise douanière de nombreux produits
sur le marché européen, dont la banane qui
bénéficiait d'un système de quotas.136(*)
A l'absence d'un accord avec l'UE, le régime commercial
applicable aux exportations de banane du Cameroun (soit 06% des
importations de banane du Cameroun) allait être celui du SPG qui
est un régime moins favorable pour un certain nombre de produits comme
l'illustre le tableau suivant :
Tableau1 : Droits de Douanes applicables
aux produits exportés vers l'UE sans et avec APE, pour les non PMA,
depuis le 1er janvier 2008 à nos jours.
Produits
|
Avec APE
|
Sans APE (non PMA)
|
Beurre de cacao
|
0%
|
4,2%
|
Pâte de cacao
|
0%
|
9,6%
|
Poudre de cacao
|
0%
|
2,8%
|
Banane
|
0%
|
176 euro/t
|
Sucre
|
0%
|
339euro/t
|
Ananas
|
0%
|
5,8%
|
Haricot vert en conserve
|
0%
|
19,2
|
Source : Agritrade, APE
Afrique Centrale-UE, note de synthèse, 2015, p.26.
A la lecture du tableau précédent il est
évident que, sans APE, les importations de bananes du Cameroun allaient
être taxées au même titre que celles des pays
latino-américains, à leur entrée sur le marché
européen, d'un droit de douane de 176 euros/tonne. Pour
éviter la concurrence avec les pays latino-américains, le
gouvernement camerounais a opté de signer un APEI destiné
à régir ses relations commerciales avec l'UE en attendant qu'un
APE régional soit conclu. L'accord intermédiaire a
été approuvé par le parlement européen le
13 juin 2013 et ratifié par le parlement camerounais
le 22 juillet de l'année suivante, et depuis son
entrée en vigueur (le 04 août 2014), le Cameroun
a désormais la latitude d'exporter ses produits vers l'UE en toute
franchise des droits de douanes et sans contingents.
· Contours et objectifs de l'APEI
L'accord provisoire Cameroun-UE ouvert à tous les pays
de la sous-région Afrique centrale a été paraphé
par le Cameroun pour éviter la perturbation de ses exportations vers
l'UE après la date butoir du 31 décembre 2007,
date qui marquait la fin des dispositions commerciales de l'accord de
Cotonou.137(*) Ainsi, en
l'absence d'un APE régional avec tous les pays de l'Afrique Centrale,
l'APE d'étape codifie les relations commerciales entre l'UE et le
Cameroun en attendant que les négociations sur la signature d'un accord
régional global aboutissent. Ledit accord a pour objectif de
« contribuer à la réduction et à
l'éradication ultérieure de la pauvreté par
l'établissement d'un partenariat commercial cohérent avec
l'objectif de développement durable et les objectifs du
développement du millénaire, et de promouvoir une économie
régionale en Afrique centrale plus compétitive et plus
diversifiée, et une croissance plus soutenue ».138(*)
Sans attendre son processus de ratification et en vertu du
règlement 1528/2007 d'accès au marché de
l'UE, le Cameroun a bénéficié de façon
anticipée des avantages de l'accord intérimaire dès le
01er janvier 2008. Ces avantages lui ont garanti en
particulier un accès libre et sans précédent au
marché de l'UE pour ses produits d'exportation tels que la banane,
l'aluminium, les produits transformés du cacao, les contreplaqués
et d'autres produits agricoles frais ou transformés.139(*) Par contre, le Cameroun n'a
pas encore mis en oeuvre la réciprocité deux ans après
l'entrée en vigueur de l'accord. Ce dernier manifeste une certaine
prudence dans le processus de libéralisation de son marché avec
l'UE et l'ouverture l'effective de son marché est censée
intervenir à la fin de cette année 2016. De
plus, cet accord a induit une conformité des relations commerciales
entre le Cameroun et l'UE aux règles de l'OMC tout en assurant la
sécurité aux exportateurs camerounais sur le marché
européen.
Mais, en contrepartie de l'ouverture des barrières
tarifaires et non tarifaires aux exportations du Cameroun en direction du
marché européen, l'accord dispose que le Cameroun doit à
son tour libéraliser 80% de ses importations en
provenance de l'UE sur une période de quinze (15) ans
compte tenu de l'asymétrie des économies en présence. Ce
dernier a consenti d'ouvrir son marché progressivement de façon
à atteindre 80% d'ici à 2023.
De par son caractère transitoire, il vise à donner plus de temps
aux négociateurs de la sous-région pour parvevenir à un
accord régional plus global ; car l'accord régional complet,
qui devrait remplacer à terme l'accord intérimaire, est plus
bénéfique dans la mesure où il va permettre aux Etats de
l'Afrique centrale de tirer avantage de l'APE tout en sauvegardant les acquis
de la construction communautaire, notamment en ce qui concerne la mise sur pied
d'un marché régional viable.
Au plan communautaire, les pays de l'Afrique centrale sont en
majorité des PMA140(*) à l'exception du Cameroun, du Congo
Brazzaville et du Gabon. Pour cela, ils bénéficient depuis
mars 2001 du libre accès au marché de l'UE au
titre de l'initiative TSA. Ces derniers ne sont donc pas concernés dans
les négociations pour un APE avec l'UE dans la mesure où le
traitement préférentiel de Lomé leur est garanti sous
forme de TSD. L'UE ayant révisé récemment son
SPG141(*) pour le
recentrer sur les pays qui ont le plus besoin des préférences,
les pays classés à « revenu moyen
supérieur » ne peuvent plus en bénéficier
depuis le 01er janvier 2008. Seul un APE permettra
au Gabon et au Congo Brazzaville de bénéficier comme le Cameroun,
du libre accès au marché européen grâce à la
conclusion d'un partenariat avec l'UE.
p2. L'étendue des
domaines couverts par l'APE intérimaire au Cameroun.
· L'entrée en vigueur effective de l'APEI
: la démarche prudente du Cameroun
La ratification de l'APEI a été faite par
décret du Président de la République du Cameroun le
22 juillet 2014. Ces décisions sont postérieures
aux actions initiées par l'UE. En effet, l'APE, après approbation
par l'OMC et le Parlement Européen était appliqué de
façon unilatérale par l'UE sans attendre l'entrée en
vigueur définitive de l'APE du côté camerounais. Au
Cameroun par contre, c'est après sa ratification le 22 juillet
2014 que l'APE intérimaire devrait être appliqué
provisoirement par chacune des parties, dix jours après réception
par la Communauté Européenne de la notification de la
ratification. C'est fort de cela que l'application provisoire de l'APE
intérimaire est seulement effective au Cameroun depuis le 04
août 2014.
Etant donné que l'article 21 de l'APE
intérimaire stipulait que le démantèlement tarifaire du
marché camerounais devait démarrer deux ans après
l'entrée en vigueur projetée en début
2010, il se trouve donc que cette ratification survenue le
04 août 2014 entraînera le début de la
libéralisation du marché camerounais le 04 août
2016. Cela commencera par la suppression des droits de douane sur la
première catégorie des lignes tarifaires (1726 au
total) pour 25%. Le tableau ci-après fait le
point sur le niveau de liberalisation par noyau d'importation des produits du
Cameroun.
Tableau2: Niveau de liberalisation du
marché camerounais par noyau d'importation de produits.
Noyau d'importation
|
Libéralisé
|
Groupe exclu
|
Total.
|
Alimentaires-boissons tabacs
|
8,2
|
91,8
|
100
|
Energie et lubrifiants
|
100
|
00
|
100
|
Produits bruts animaux et
végétaux
|
63,5
|
36,5
|
100
|
Produits bruts minéraux et autres
|
93
|
07
|
100
|
Demi-produits
|
94,5
|
5,5
|
100
|
Materiel de transport
|
95,2
|
4,8
|
100
|
Equipements agricoles
|
92,3
|
7,7
|
100
|
Equipements industriels
|
100
|
00
|
100
|
Consommation des ménages
|
64,4
|
33,6
|
100
|
Consommation des entreprises
|
87,5
|
12,5
|
100
|
Total
|
79,94
|
20,06
|
100
|
Source142(*): Edoa, 2014.
L'accès libre au marché de l'UE pour les
exportations du Cameroun sonne à la fois comme une motivation de ce pays
à signer l'APE intérimaire et comme un enjeu de cette signature.
L'accord consacre également les engagements de l'UE et de ses Etats
membres d'aider les exportateurs du Cameroun à satisfaire les normes de
l'UE afin de ne pas faire face aux barrières non tarifaires. Enfin, cet
accord porte sur des filières stratégiques pour lesquelles le
Cameroun a voulu privilégier son accès préférentiel
sur le marché européen. Il s'agit, à titre illustratif des
filières telles : banane, aluminium, cacao
transformé, fruits frais, etc.
Pour le ministre camerounais de l'économie, la
ratification par le Cameroun d'un APE intérimaire avec l'UE doit
être perçue comme « une approche stratégique
qui traduit l'ambition du Cameroun de conquérir des parts de
marchés sur la scène internationale, et surtout de
préserver l'accès préférentiel de ses produits
d'exportation sur le marché européen ».143(*) Cet APE
intérimaire est un accord qui couvre essentiellement le commerce des
marchandises. Il a permis au Cameroun de garder un accès
préférentiel de ses exportations sur le marché de l'UE
depuis le 01er janvier 2008. Dans cet accord, il
convient de noter que le démantèlement tarifaire va
s'opérer de manière progressive.144(*) Le tableau suivant fait le
point sur le groupe de produits ainsi que le calendrier de
démantèlement tarifaire de l'offre du Cameroun.
Tableau3 : Groupe de produits et
calendrier de démantèlement tarifaire de l'offre du
Cameroun
Groupe de Produits.
|
Nombre de lignes tarifaires.
|
Poids ligne.
|
Poids importation.
|
Période de libéralisation.
|
Libéralisation rapide pour lutter contre la
pauvreté et assurer le bien être.
|
1631
|
31,2%
|
24,88%
|
2010-2013
|
Libéralisation lente pour encourager la production
locale
|
971
|
18,6%
|
25,41%
|
2011-2017
|
Libéralisation très lente pour protéger
la production locale et les recettes fiscales
|
1405
|
26,9%
|
29,64%
|
2014-2023
|
Exclusion de la libéralisation.
|
1217
|
23,3%
|
20,07%
|
Exclus
|
Source : MINEPAT, la lettre
économique du Cameroun, no 0025, août 2014,
p.5.
Au vu de ce qui précède, il en ressort que le
Cameroun adopte une démarche prudente dans la mise en oeuvre de l'APE
intérimaire. Dans cet accord, il a accepté d'ouvrir son
marché à hauteur de 80% aux importations de
l'UE. Cette libéralisation s'étalera sur quinze (15) ans avec
une période moratoire de deux ans et se fera par groupe de produits.
Trois groupes de produits145(*) à libéraliser ont été
identifiés en fonction de la nature des biens concernés.
Le premier groupe de produits comprend les biens de
première nécessité destinés à la
consommation des ménages afin de pallier le problème de la
pauvreté. Ce sont les matières premières ainsi que
certains biens d'équipements pouvant permettre aux entreprises
de limiter leurs coûts de production.
Le deuxième groupe concerne les machines et
autres produits d'équipements, les machines, les demi-produits et
autres matières premières destinées à
soutenir l'industrie locale. La libéralisation de ce domaine vise
à soutenir l'investissement en permettant aux entreprises de mettre
à niveau leurs équipements et d'être plus
compétitives.
Le troisième groupe enfin concerne les produits
à tarifs élevés à l'instar des demi-produits, des
produits finis non fabriqués localement, ainsi que les
matières premières et autres biens d'équipements qui
contribuent fortement aux recettes douanières. L'objectif
escompté de cette libéralisation tardive est de permettre
l'émergence d'un tissu industriel dans les secteurs concernés.
· Critères et modèle de
viabilité économique de l'APE intérimaire Cameroun-UE.
Dans un article fort instructif d'Assen SLIM146(*), les
critères objectifs pour mesurer la viabilité d'un accord de
libre-échange sont clairement exposés. Quatre critères
peuvent être utilisés pour évaluer la viabilité
économique de l'APE intérimaire:
- il doit rassembler les pays à niveau de
développement comparable;
- les pays doivent avoir des économies à fort
degré de concurrence et de spécialisation;
- les pays doivent avoir un commerce mutuel important entre
les membres et une forte complémentarité;
- l'accord doit être en adéquation avec le
contexte économique mondial en vigueur et prévisible.
Or, sur le terrain, la réalité est toute autre.
Les importations du Cameroun en provenance de l'UE sont plus
diversifiées et concernent essentiellement des produits
manufacturés tels que les machines et les appareils mécaniques,
les machines et les appareils électriques, les véhicules
automobiles et les tracteurs ainsi que les produits pharmaceutiques. Selon la
logique des échanges en zone de libre-échange, le Cameroun aura
tendance à se spécialiser dans la production des matières
premières et produits de base alors que l'UE le sera dans les produits
manufacturés ou transformés. Cette configuration est
défavorable pour l'avenir et les perspectives de l'économie du
Cameroun.
De plus, l'APE n'est pas en adéquation avec le contexte
économique mondial marqué par une dynamique forte à
l'intégration régionale qui se traduit par un taux
élevé du commerce intra-régional dans chacun des
différents continents à l'exception de l'Afrique. Relevons que le
commerce intra-régional se situe à 60% en
Europe, 40% en Amérique, 30% en Asie
contre seulement 12% en Afrique.147(*)
L'Afrique doit opérer une transformation dans ce sens
pour rattraper ce retard, et pour le Cameroun et les pays d'Afrique Centrale,
l'APE n'est pas une réponse pertinente. En outre, l'évolution du
leadership économique mondial vers l'Asie à l'horizon
2030 et encore plus en 2060
caractérisée par un bouleversement radical de la structure de la
production et des échanges de l'Occident vers l'Asie et établie
dans un rapport récent de l'OCDE n'est pas prise en compte par
l'APE.148(*)
Au stade actuel, l'APE est un accord incomplet car il ne
comporte pas de volet développement et reste ambigu sur la question du
financement des mécanismes d'ajustement. Pour les pouvoirs publics
camerounais, il n'est ni porteur de croissance, ni de développement
durable qui constitue l'un des objectifs poursuivis par l'APE tel qu'il ressort
de l'esprit de l'Accord de Cotonou. Pour qu'il puisse atteindre l'objectif
précité, il y a lieu d'engager des concertations en vue de
négocier les questions en suspens et d'identifier de manière
consensuelle les mécanismes d'ajustement ou les besoins d'assistance de
l'UE au Cameroun149(*).
Il convient à cet égard de noter que les seuls engagements
contraignants et opposables entre les parties seront ceux contenus dans un
accord.
2ème
Partie : L'APE INTERIMAIRE ET SES ENJEUX
POUR LE CAMEROUN : RISQUE ECONOMIQUE OU AMBITION REALISTE POUR SON
DEVELOPPEMENT ?
Le débat sur la pertinence des APE aujourd'hui est
aussi vieux que la coopération UE-ACP elle-même. Aussi, le choix
du Cameroun, à la différence des autres pays d'Afrique Centrale,
de conclure un APE bilatéral avec l'UE connait une appréciation
variée qui oppose les acteurs optimistes aux
analystes pessimistes.
Pour les optimistes, c'est en s'ouvrant aux
autres qu'on est à même de décoller
économiquement ; car, le libre échange est porteur de
concurrence et de compétitivité qui sont des leviers d'innovation
et de croissance. De plus, l'on se découvre et se réhabilite
lorsqu'il se confronte à l'obstacle. Selon ce schéma, le choix
opéré par le Cameroun est tout simplement stratégique et
correspond aux impératifs internes de restructuration et de
reconfiguration de son économie dans la perspective de son
émergence à l'horizon 2035. Cette lecture est
largement défendue par les pouvoirs publics camerounais,150(*) même si l'on peut
questionner la nature et le niveau de compétitivité des produits
du Cameroun sur le marché international en général et
celui de l'UE en particulier.
Pour les pessimistes, 151(*)en revanche, l'ouverture
à l'UE sans mesures d'accompagnement adéquates va plutôt
perpétuer l'asymétrie économique qui prévaut
déjà entre les parties en présence, notamment du fait des
indicateurs macroéconomiques qui restent médiocres au Cameroun.
Autrement dit, ce nouvel accord qui va modifier fondamentalement les relations
commerciales entre le Cameroun et l'UE va être un plomb dans l'aile de
l'économie camerounaise qui est incontestablement jeune, fragile,
désarticulée et inapte à affronter avec faste une
compétition de grande envergure et de niveau international.
Des voies favorables et défavorables
s'élèvent ici et là sans véritablement mettre en
lumière leur dynamique de fond. Ces voies n'ont pas seulement en commun
un positionnement corporatiste en deçà des défis
collectifs de développement que posent les APE, mais aussi une
médiocrité analytique dans l'étayement et l'explicitation
des grands défis des APE par rapport au développement de
l'Afrique. Au lieu de mettre en exergue une analyse multi variée et un
regard de long terme, les avocats lorgnent sur une extension possible de leur
clientèle inhérente au nouvel essor probable du droit des
affaires, les hommes d'affaires pondèrent plus les possibles
joint-ventures que les effets sociétaux, et les politiciens regardent
plus du côté des dividendes politiques sous formes de financement
de l'UE que vers la dynamique globale d'une société africaine
dans une économie mondialisée.
Au-delà de ces controverses, les APE ne doivent pas
être exaltés ou diabolisés a priori.152(*) Ils apparaissent comme un
levier de développement qu'il convient de capitaliser en minimisant au
maximum les risques de déviation que cet accord offre.153(*) Pour ce faire, cette seconde
partie va s'articuler autour de deux (02) axes majeurs
à savoir : l'Impact de l'APE intérimaire sur le Cameroun
(Chapitre3) et les Perspectives pour une Redynamisation de
l'APE intérimaire dans la Coopération Cameroun-UE
(Chapitre4).
Chapitre 3 : L'IMPACT DE L'APE INTERIMAIRE SUR LE CAMEROUN.
Il est indubitable que l'APE intérimaire du fait de son
caractère essentiellement libéral et novateur, a des incidences
sur le développement du Cameroun. De ce fait, l'APE est un régime
commercial dont les vertus ou les aléas sont fonction de la
capacité de chaque pays à s'arrimer à ses exigences pour
capitaliser les opportunités qu'il offre tout en minimisant les dangers
qu'il recèle.154(*) Il ne doit pas être diabolisé de
façon intégrale dans la mesure où un pays qui
présente des indicateurs macroéconomiques satisfaisants va
appliquer avantageusement les APE tandis qu'un pays dont le tissu
économique est fragile va subir l'effet inverse.155(*) A ce titre, bien que l'APEI
n'ait été signé que depuis 2014, nous
pouvons nous faire une idée sur l'impact de ce dernier sur les
exportations, les importations, les recettes douanières et autres
indicateurs économiques du Cameroun. Loin d'adopter une lecture
pessimiste des APE, il faut tout au moins reconnaitre que ces
répercussions peuvent se catégoriser aussi bien en termes
d'opportunités (Section1) qu'en termes de menaces
(Section2).
Section1 : l'APE
intérimaire et ses opportunités potentielles pour le
Cameroun.
L'APE regorge de nombreux avantages que le Cameroun a saisis
pour booster son développement socio-économique.156(*) Ces bénéfices
sont visibles à court et à moyen terme selon Philippe
HUGON et Olivier STINTZY.157(*) A cet effet, l'impact
positif de l'APE intérimaire est perçu en terme d'accroissement
des exportations du Cameroun d'une part (P.1) et en terme
d'amélioration du bien être des consommateurs d'autre part
(P.2).
p1. Un accroissement
substantiel des exportations du Cameroun.
L'APE intérimaire depuis sa signature et son
effectivité sur le marché européen, a permis une
amélioration des exportations du Cameroun avec des possibilités
qu'offre la banane dont la production est en pleine croissance.158(*) En effet, ce sont davantage
les produits de l'agriculture qui étaient caractérisés par
une forte protection au sein de l'UE. L'on se souvient que la Politique
Agricole Commune (PAC) a toujours été considérée
par la communauté européenne comme un domaine
non-négligeable, faisant ainsi subir aux importations agricoles de
nombreuses restrictions et barrières non-tarifaires sur le marché
de l'UE. Cette situation avait pour inconvénient de limiter fortement
les exportations des produits agricoles du Cameroun et partant des pays
ACP.159(*) Du fait de
leurs inaptitudes à respecter les normes qualité, sanitaires et
phytosanitaires auxquelles les produits sont assujettis avant l'entrée
sur le marché de l'Union Européenne.
De façon concomitante, la libéralisation
commerciale permet une réduction des coûts des échanges et
constitue une aubaine pour les entreprises camerounaises dont
50% des importations en provenance de l'UE sont des biens
d'équipements ou des intrants intermédiaires.160(*) En conséquence, la
réduction des coûts de production due à l'acquisition bon
marché des intrants et équipements importés se traduit par
un accroissement de la production destinée au marché domestique
et à la baisse des prix des produits locaux. Aussi, l'élimination
des droits de douanes sur les importations des équipements industriels
en provenance de l'UE a permis de réduire non seulement les coûts
de production, mais aussi d'améliorer de manière substantielle,
les technologies locales, la rentabilité et la
compétitivité des entreprises locales fortement utilisatrices des
biens d'équipement et des biens intermédiaires.
En outre, l'accès à un vaste marché comme
celui de l'UE offre des opportunités d'économie d'échelle
et agit positivement sur la croissance économique ainsi que sur les
exportations des biens et des services. Toutefois, cet accroissement de la
compétitivité du pays dépendra davantage de sa
capacité à améliorer son offre exportable et à
surmonter les obstacles techniques au commerce ainsi que les mesures sanitaires
et phytosanitaires dans les pays importateurs. L'APE d'étape doit pour
cela être perçu, tel que l'a souligné le ministre
Emmanuel NGANOU DJOUMESSI, comme : « une
approche stratégique qui traduit l'ambition du Cameroun de
conquérir les parts de marché sur la scène internationale,
et surtout de préserver l'accès préférentiel de ses
produits d'exportation sur le marché
européen ».161(*)
p2. Une
amélioration du bien être des consommateurs
camerounais.
Il est indubitable qu'à la faveur de la
libéralisation des flux entre le Cameroun et l'UE, les importations de
produits en provenance de l'UE accroissent en même temps que leurs prix
connaissent une baisse selon la loi de l'offre et de la demande. Par voie de
conséquence, les consommateurs verront leur pouvoir d'achat
s'améliorer et les commerçants verront leurs revenus augmenter. A
ce sujet, un rapport de travail élaboré en 2013
sous l'égide du Ministère des Finances (MINFI)162(*) note que l'APE du Cameroun
va entrainer une baisse de 3,5% des prix des produits
importés de l'UE à la fin du calendrier de
démantèlement.163(*) Le tableau suivant met en relief les gains que
pourraient obtenir le consommateur camerounais grâce à la mise en
oeuvre de l'APE.
Tableau4 : Effet de
l'APE sur le bien être des consommateurs (en milliers de
dollars).
PAYS
|
surplus (bien être) des
consommateurs.
|
Cameroun
|
30260,214
|
Congo
|
16047,979
|
Gabon
|
16116,391
|
Guinée Equatoriale
|
6231,219
|
RCA
|
1050,21
|
Tchad
|
4348,18
|
Source : Simulations CEA,
WITS /SMART, cité par Yves Paul MANDJEM, Le Cameroun face aux
APE : risque ou opportunité ?, Friedrich Ebert Stiftung,
Yaoundé, 2015, p.11.
Section2 : l'APE
Intérimaire et ses Menaces pour le Cameroun.
Il convient d'emblée de souligner que depuis le
1er janvier 2008, l'APEI est entrée en
vigueur de façon unilatérale, permettant ainsi au Cameroun
d'exporter ses produits sur le marché de l'UE sans subir ni taxes ni
quotas, et sans accorder la réciprocité à l'UE. Telle est
la principale raison pour laquelle les menaces de l'APE seront analysées
à la lumière des études d'impact. Toutefois, dans la
relation ACP-UE, il existe un triple déséquilibre en
matière de rapports de force.
D'abord au niveau du développement, la
relation met en présence des Etats européens intégralement
développés et puissants pour la plupart face à un groupe
de pays dont le sous-développement socioéconomique n'est plus
à démontrer.
Ensuite, la nature des échanges entre
les parties. Alors que l'UE exporte massivement les produits
manufacturés à très forte valeur ajoutée, les pays
ACP pour leur part sont limités à exporter les produits bruts qui
n'ont pas grande incidence sur leur décollage économique.
Enfin, le caractère compétitif des biens
échangés. Les produits européens respectent le
rapport qualité-prix tout en engrangeant les parts importantes de
marché à travers le monde ; ce qui n'est pas le cas des pays
ACP dont les produits ont connus de réelles difficultés au cours
des conventions préférentielles de Lomé
(1975-2000) du fait des contrôles relatifs au respect des normes
qualités, esthétiques et phytosanitaires.
De ce qui précède, il apparait que l'APE
intérimaire conclu entre l'UE et le Cameroun laisse peser de
véritables menaces sur ce dernier. Ces menaces sont aussi bien d'ordre
économique et social (P.1) que politiques et
diplomatiques (P.2).
p1. Les Menaces
Economiques et Sociales de l'APE intérimaire.
· Chute des recettes
budgétaires et hausse des besoins de financement de l'Etat.
L'un des aléas des APE intérimaires au Cameroun
concerne les pertes de revenus découlant de l'application du principe
de réciprocité et de la levée tous azimuts des
barrières tarifaires en accord avec les prescriptions de l'OMC. Les
droits de douane représentent ce que les économistes appellent
les barrières tarifaires à l'échange international. Ce
sont des taxes que les pays prélèvent sur les importations qui
entrent chez eux dont celles de l'UE. Les droits de douane peuvent être
ad valorem, c'est-à dire exprimés sous forme de
pourcentage du prix déclaré des biens importés, ou alors
fixés en référence aux produits nationaux substituts des
produits importés de façon à ce que les prix de ces
derniers soient plus élevés que ceux de leurs substituts
nationaux.164(*) Cette
dernière technique est désormais interdite par l'OMC.
En effet, le législateur assigne une double fonction
aux recettes douanières : une fonction budgétaire
et une fonction économique et
sécuritaire. La fonction budgétaire
stipule que les recettes douanières constituent la principale ressource
budgétaire de l'Etat ou qu'elles servent en priorité à
financer le budget public.165(*) La fonction économique et
sécuritaire quant à elle réside dans le fait que
l'Etat se sert de la douane pour déterminer sa politique
économique d'une part, et pour préserver son tissu
socioéconomique d'autre part.166(*)
Dans le même ordre d'idées, il est vrai que le
Cameroun est le principal bénéficiaire des Accords de Partenariat
Economique dans la sous-région Afrique Centrale du fait de la
densité de ses échanges avec l'UE et les indicateurs
macroéconomiques qui se trouvent plus élevés
comparés à ceux de ses homologues de la
sous-région.167(*) Toutefois, il n'en demeure pas moins vrai que ce
dernier est le plus affecté parmi tous les pays-membres de ladite
communauté CEMAC ; les chiffres officiels font état
notamment de 69,6% de pertes de revenus tarifaires,168(*) soit 149 millions de
dollars US de pertes annuelles estimées en valeur
absolue.169(*) Selon
l'Association pour la Sensibilisation sur les Accords ACP-UE (ASAC), l'APE
implique une diminution significative des recettes douanières et
fiscales avec une incidence notoire sur le revenu de l'Etat camerounais. La
perte de ces revenus est estimée à environ 201 milliards
par an pour l'ensemble des Etats de l'Afrique centrale, dont
83 milliards de FCFA pour le seul Etat du Cameroun.170(*)
Les chiffres du Ministère des Finances (MINFI)
soulignent qu'à la faveur du démantèlement tarifaire, le
manque à gagner se situe entre 04 milliards de FCFA en
2010 à 129 milliards de FCFA en
2023, soit un cumul de 895 milliards de FCFA
en 2023 et plus de 2156 milliards de FCFA en
2030.171(*) Toutefois, les gains de recettes à
l'ouverture sont modestes et ne peuvent pas compenser les pertes. Ces gains
sont chiffrés à 191, 5 milliards de FCFA de
manière cumulative pour la période de
démantèlement.172(*)
Selon le Document de Stratégie pour la Croissance et
l'Emploi (DSCE), le démantèlement tarifaire va induire des pertes
cumulées à 547,7 milliards de FCFA de recettes
non-pétrolières sur la période 2010-2020,
dont 459,6 milliards de FCFA entre 2015 et
2020. Ce gap représente 0,4 % du PIB
sur cette dernière période.173(*) Le tableau ci-dessous fait ressortir les pertes de
recettes douanières liées à l'entrée en vigueur des
APEI au Cameroun.
Tableau5: Estimation des
pertes de recettes douanières liées à l'entrée en
vigueur des APE au Cameroun.
Organismes
|
Pertes de recettes (en milliards de FCFA)
|
Période
|
MINFI
|
2470
|
2010-2030
|
DOUANES/ GICAM
|
100
|
Annuel
|
DSCE
|
547.7
|
2010-2020
|
ASAC
|
340
|
Annuel
|
Source : Synthèse de
l'auteur.
De ce qui précède, tous les analystes sont
unanimes et s'accordent a reconnaître que les APE intérimaires
sont nocifs pour l'économie locale camerounaise ; du moins en ce
qui concerne les recettes douanières174(*) qui constituent la première source des
revenus de l'Etat. Face à ce désagrément, l'on devra
s'attendre à des « effets domino » qui
pourront altérer les autres pans de la vie socioéconomique
nationale. Pour cela, à cette perte des recettes douanières, deux
(02) autres conséquences subsidiaires sont à redouter.
· D'une part, pour atténuer ces pertes, l'Etat
va se trouver dans l'obligation d'entreprendre des reformes endogènes
visant à revoir à la hausse la fiscalité
intérieure ; d'où un risque d'aggravation de la
pauvreté des populations dont le pouvoir d'achat est déjà
assez médiocre.
· D'autre part, les recettes douanières
étant la principale source des recettes publiques de l'Etat, le
déficit budgétaire résultant du
démantèlement tarifaire va compromettre la mise en oeuvre des
différents programmes économiques sur financement public et donc
saper les performances macroéconomiques du Cameroun. 175(*)
Comme autre effet d'entrainement majeur, le déficit
budgétaire induit par le démantèlement tarifaire engendre
une hausse significative des besoins de financements du Cameroun, soient de
216,3 milliards en 2010
à 1167, 5 milliards en 2020.176(*) Le tableau suivant fait le point sur cette
situation depuis l'entrée en vigueur de l'APE intérimaire
jusqu'en 2016.
Tableau6: Besoin de financement du Cameroun (en
milliards de FCFA)
Années
|
2014
|
2015
|
2016
|
Besoin de financement avec APE (1)
|
194,8
|
382,6
|
265,4
|
Besoin de financement sans APE (2)
|
52,4
|
177,4
|
5,9
|
(1) - (2)
|
142,5
|
205,1
|
259,5
|
Source : MINFI.
· Difficultés
d'écoulement des produits jadis bénéficiaires de
subventions.
Le sucre et la banane sont
deux (02) produits qui bénéficiaient des
subventions de l'UE pendant le régime préférentiel de
Lomé (quotas réservés, prix d'achat garanti au
dessus du cours mondial, etc.). Le protocole relatif aux bananes par
exemple garantissait un accès exempt de droit de douanes au
marché de l'UE pour des quotas spécifiques de banane et a permis
au Cameroun ainsi qu'à bon nombre d'Etats ACP, de prendre place sur le
marché international.177(*) Avec la cessation de ces facilités qui sont
qualifiées de discriminatoires par les normes de l'OMC, la banane
camerounaise connait de réelles difficultés suite au nouveau
climat concurrentiel qu'il affronte sur l'échiquier international du
fait de la banane latino-américaine.178(*)
En plus, il a été prouvé que la banane
produite par le Cameroun est moins compétitive que celle produite par
les pays latino-américains (Brésil, Nicaragua, Mexique,
etc.), qui sont eux aussi exportateurs de denrées alimentaires
sur le marché de l'UE.179(*) Conscient de cette difficulté, l'UE a
institué un soutien financier destiné à faciliter la
modernisation de la filière banane et sa diversification ou son
adaptation aux standards internationaux.180(*)
Hormis l'épineuse question de la banane, il y a lieu de
redouter les difficultés d'écoulement des produits des
entreprises locales dans d'autres secteurs. A ce propos, une étude faite
par le MINFI181(*) note
que les industries agro-alimentaires, les industries textiles et
confections et les industries de substitution aux importations (notamment les
industries chimiques et plastiques) sont les secteurs qui vont
être les plus affectés par la mise en oeuvre des APE. A
côté des barrières tarifaires, il existe aussi dans
l'échange international ce qu'on appelle des barrières non
tarifaires sous formes de normes d'hygiène, normes de
sécurité, normes de calibrage que doivent respecter de nombreux
produits et services pour être admis sans restriction dans les
marchés de l'UE. Dans la mesure où les APE n'éliminent pas
ces barrières non tarifaires et sachant que de nombreux pays ACP n'ont
pas la capacité institutionnelle pour les respecter. Il apparaît
immédiatement que les marchés ACP sont ouverts aux produits et
services européens alors que les marches européens continueront
à être fermés aux produits ACP à cause de la
continuité des barrières non tarifaires : l'ouverture des
marchés n'est donc pas symétrique mais asymétrique entre
l'UE et les pays ACP. Les conséquences de cette situation peuvent
être désastreuses pour les économies ACP.
· Eviction des
producteurs locaux et renforcement de la
désindustrialisation.
Les perturbations survenues à la faveur de
l'entrée massive et incontrôlée des poulets
congelés sur le marché camerounais ont permis aux
Organisations de la Société Civile (OSC) de montrer l'incidence
que la libéralisation commerciale peut occasionner sur la production
locale.182(*) Selon ces
dernières, l'APE est facteur de détérioration des
filières agricoles, avicoles et aviaires. Il faut y adjoindre le risque
de la déstructuration du tissu industriel et artisanal local suite
à une « inondation » du
marché camerounais par les produits européens. Une analyse
macroéconomique permet de constater que les entreprises et les
industries nationales dont les activités sont concernées par
l'APE ne sont pas capables de soutenir une compétition commerciale
équitable avec les entreprises et les industries de droit
européen.183(*)
La raison tient du fait que l'importation massive des produits
manufacturés d'origine européenne va engendrer la
désindustrialisation du pays. Par conséquence, la fermeture des
embryons industriels camerounais va causer une hausse du chômage
et rétrécir le bien être escompté dans l'APE.
De façon pratique et opérationnelle, prenons les
cas du Cameroun. Les agriculteurs, les pêcheurs et les artisans subissent
la concurrence des produits européens sans qu'en retour ils soient
capables d'exporter leurs produits au sein de l'UE où il existe des
barrières non-tarifaires. Qui plus est, l'agriculture est
subventionnée au sein de l'UE grâce à la Politique Agricole
Commune. Comment est-ce que les paysans et l'agriculture africains vont-ils
faire le poids ? Quelle est l'avenir des paysanneries et de l'agriculture
africaine dans ces conditions ? Ces questions rhétoriques montrent
à suffisance que l'UE reste protectionniste alors que les APE ont
tendance à dire que ses marchés vont s'ouvrir sans restriction
à ceux des pays ACP.184(*) Ainsi, les APE augmentent encore plus la
vulnérabilité des économies africaines, des agriculteurs,
des paysans et des artisans africains déjà soumis à
l'offensive chinoise.
Dans le secteur productif camerounais, on dénombre
90% de PME sur un total de 96.000 entreprises camerounaises
répertoriées sur l'ensemble du territoire national.185(*) Du fait de la
vulnérabilité des PME, l'APE va entrainer des pertes importantes
des parts de marché interne des entreprises nationales avec une
dégradation de leur compétitivité dont le niveau est
déjà assez faible.186(*)
p2. Les Menaces Politiques
et Diplomatiques.
Trois (03) faits majeurs sont révélateurs des
menaces politico-diplomatiques des APE pour le Cameroun. Il s'agit en
l'occurrence de l'ébranlement de la solidarité du groupe
ACP ; le blocus de l'intégration
régionale et la perte par le Cameroun de sa liberté de
choix de ses politiques économiques internes.
·
L'ébranlement de la solidarité du groupe ACP ;
La Commission européenne a joué sur la
fragilisation des capacités de négociation des pays ACP187(*) en les divisant en six
groupes, et sur la fameuse date butoir du 31 décembre
2007. L'organisation de ces négociations APE a tout simplement
consacré le déséquilibre de pouvoir économique
entre l'UE et les ACP. Ces derniers, morcelés en blocs, font face
à la plus puissante et la plus expérimentée des structures
de négociation, la Commission européenne. Cette division au sein
du groupe ACP lui retire toute légitimité.
Les APE sont des accords entre des blocs régionaux et
l'UE. Pis, le rôle de coordonnateur du secrétariat des ACP est
déjà mis à mal par cette nouvelle répartition des
pays dans les blocs régionaux. Loin de réorganiser les relations
économiques et commerciales pour stimuler le développement, les
APE enferment les États ACP dans des schémas
d'inégalité et de marginalisation et
« biaise » davantage le système
commercial multilatéral au détriment des pays en
développement.
· Blocus à
l'intégration régionale en Afrique Centrale ;
S'agissant du frein à l'intégration
régionale, Cotonou a introduit un Traitement Spécial et
Différencié (TSD) entre les pays ACP en vertu duquel les PMA
bénéficient d'un traitement plus favorable - il s'agit du
traitement Tout Sauf les Armes (TSA) - que les non PMA. Ainsi, le gain des non
PMA à entrer dans les APE avec l'UE semble quasi-négligeable.
Depuis plus de trente ans, les pays africains, convaincus du fait que seuls des
espaces économiques importants sont viables à terme, mettent en
place des organisations interétatiques pour promouvoir
l'intégration régionale.
Ce handicap est loin d'être achevé et le commerce
intra régional en Afrique centrale représente moins de
10 % du volume total des échanges, contre plus de
60 % en Europe.188(*) La libéralisation imposée par les APE
accentue cette extraversion des économies africaines et annihile les
efforts titanesques entrepris par les organisations sous-régionales,
pour consolider un marché régional en cours de construction. Les
pays comme la Côte d'Ivoire, le Ghana ou le Cameroun, qui ont
signé individuellement des accords intérimaires avec l'UE, sont
régis actuellement par différents régimes commerciaux. Ce
qui peut avoir des retombées au niveau régional.
En s'intéressant à la CEMAC, l'on note que sur
les six (06) membres, trois (03) sont des PMA
(Tchad, RCA et Guinée Equatoriale) et trois
(03) sont des non PMA (Gabon, Congo et
Cameroun).189(*) Cette différenciation entre PMA et
non-PMA crée un problème politique préjudiciable à
l'intégration régionale dans la mesure où l'unité
des membres de la CEMAC est mise à mal dans le processus de
négociation. Cette situation peut changer à condition que l'UE
consente d'alléger les coûts des APE par un nouveau
mécanisme compensatoire, ou alors que les perdants (les
non-PMA) exigent des gagnants (les PMA) des
incitations sous forme de compensation pour continuer à appuyer le
processus de construction communautaire.
En outre, l'APE constitue un recul pour le processus
d'intégration en Afrique centrale dans la mesure où il provoque
un « détournement de commerce »190(*) ;
c'est-à-dire une baisse des échanges intracommunautaires au
profit des échanges entre les pays de la CEMAC et l'UE. Pour cause, les
pays de l'Afrique centrale liés par un APEI ou par le TSD, ont plus
intérêt à commercer avec l'UE où ils ont un
accès libre et en franchise des droits de douanes, plutôt que
d'échanger entre eux au sein d'une communauté où la
circulation des marchandises reste assujettie à des barrières
tarifaires. Plus encore, l'entrée en vigueur de l'APE intérimaire
au Cameroun est un plomb dans l'aile de la communauté en ce sens que
l'on va assister à un chevauchement entre deux Tarif Extérieur
Commun (TEC) au sein de la seule sous-région Afrique centrale, soient un
TEC liant le Cameroun à l'UE et un autre TEC liant le Cameroun avec ses
homologues de la sous-région.
En somme, dans le cas de l'Afrique prise de façon
globale, les APE, dans leur logique initiale, avaient pour objectif de
renforcer la marche vers la consolidation de l'UA. Il avait ainsi
été prévu que les négociations pour leur
ratification et leur adoption allaient se faire, non entre l'UE et chaque pays
africain, mais entre l'UE et les antennes de l'UA que sont les
Communautés Économiques Régionales (CER) et/ou les
Groupements Économiques Régionaux (GER). Autrement dit, les APE
actuellement en voie de ratification au Cameroun devaient être
négociés entre la CEMAC et l'UE afin d'encourager
l'intégration régionale et garder la cohérence avec la
dynamique d'ensemble de l'UA.
Cette stratégie initialement adoptée
était extrêmement importante car non seulement la dynamique de
l'UA doit être renforcée, mais aussi la négociation est
plus équilibrée quand l'UE a en face d'elle l'UA que lorsque l'UE
négocie avec un seul pays africain. Cette voie a été
cassée à la fois par la stratégie de division pour mieux
régner de l'UE et les stratégies individualistes des
présidents africains qui, chacun en catimini, sont allés
négocier seuls avec l'UE afin de bénéficier des
traitements de faveur sur le plan politique en contrepartie de leur
ratification des APE.
L'UE en a profité pour sortir complètement de
la logique de négocier avec l'UA pour une logique où chaque pays
africain ne fait pas le poids face à elle. D'où des Accords
automatiquement d'autant plus déséquilibrés que les
dictatures en face de l'UE ne peuvent oser être trop exigeantes sans
entendre évoquer leur illégitimité de fait. Le salut de
l'Afrique en termes économiques est pourtant étroitement
lié à la consolidation de l'UA. La preuve en est que les APE sont
adossés sur l'UE et non sur un seul pays européen. Face à
cela, les pays Africains ratifient sans l'UA. L'on peut légitimement
s'interroger sur leur avenir dans une économie dominée par de
grands ensembles (USA, UE, ASEAN, Chine, Inde, Russie,
MERCOSUR...).
· Perte par le
Cameroun de la liberté de choix de ses politiques économiques
internes.
La dernière menace politique concerne la perte de
l'espace politique dont a besoin le Cameroun pour concevoir et
implémenter ses politiques de développement.191(*) On ne peut comprendre la
dynamique idéologique, épistémologique et politique de
fond des APE si on n'explique pas l'effet confluent des innovations
institutionnelles internes aux rapports UE/ACP et au sein des institutions
économiques internationales sur le profil de la coopération entre
l'UE et les pays ACP.
Il convient de souligner que les APE répondent aux
exigences et aux logiques de libéralisation économique et
commerciale, avec tout ce qu'ils renferment comme avatars sur l'agenda des PVD.
Au plan international, le Cameroun est à peine admis à
l'initiative PPTE (mai 2006) qu'il se trouve dans le cycle des
négociations à Doha et il est tenu de rendre les dispositions des
APE compatibles aux normes de l'OMC.192(*) Il lui faut donc relever le défi
d'élaborer une stratégie qui concilie l'agenda international
à sa propre vision de développement ; laquelle doit prendre
en compte non seulement les intérêts étatiques mais aussi
ceux des secteurs privés, de la société civile, des ONG et
des populations locales. Faute de tout ceci, le Cameroun court le risque de
subir le diktat de la stratégie européenne du
développement.
L'Afrique fait le commerce avec les pays européen
depuis au moins le 12ème siècle sans se
développer parce que le commerce international, contrairement ce que dit
la théorie des avantages comparatifs, est un rapport de pouvoir
où les plus forts gagnent plus que les plus faibles et s'autorisent des
choses interdites aux faibles.193(*) La preuve, les USA sont le pays le plus
endetté au monde mais on n'y a jamais vu un programme d'ajustement
structurel. Les APE sont un instrument commercial, mieux de modernisation de ce
commerce entre l'UE et les pays ACP dans une économie
mondialisée. Les problèmes que nous avons mis en lumière
montrent que la discussion de fond sur les APE est de les négocier de
façon à en faire, non un simple instrument commercial en soutien
au libre-échange global, non un simple instrument de modernisation au
service de l'occidentalisation du monde, mais un instrument commercial qui
soutient et entraîne le développement de l'Afrique avec ce que ce
continent a de spécifique sur le plan culturel et économique : le
commerce n'est pas le développement mais un instrument qui peut le
soutenir.194(*)
Or, les limites sus évoquées montrent que les
APE sont très loin du compte lorsqu'on examine leur intention
idéologique, leurs bases épistémologiques, les aspects
budgétaires, la réciprocité dans l'ouverture des
marchés, l'intégration régionale africaine, la question
monétaire et celle de la démocratie. De tels Accords auraient
beaucoup gagné à être négociés par les Etats,
l'UA et la société civile africaine avant leur ratification. Quid
des APE sur la mobilité des Africains vers l'UE ? Quid des APE sur
l'environnement et le développement durable ? Le capitalisme chaotique
et son modèle de société ultra individualiste est ce qu'il
y a derrière les APE. L'Afrique a-t-elle la moindre chance dans cet
univers sans l'UA comme grand ensemble politico-économique et culturel ?
Telles sont les interrogations et bien d'autres qui traduisent
l'impérieuse nécessité de revisiter les APE dans sa
version actuelle, question de préconiser les APE alternatives et les
alternatives aux APE qui viendront atténuer avantageusement les
aléas multiformes que nous avons décliné plus haut.
Chapitre 4 : PERSPECTIVES POUR UNE REDYNAMISATION DE L'APE DANS LA
COOPERATION CAMEROUN-UE.
Comme nous l'avons noté dans le chapitre
précédent, l'APE intérimaire en vigueur au Cameroun
recèle des effets à géométrie variable
principalement sur le commerce extérieur, la production locale,
l'emploi, les finances publiques et l'intégration régionale en
Afrique Centrale. De ce fait, il convient de préconiser des mesures de
soutien ou d'accompagnement idoines pour atténuer les chocs induits par
la mise en application des APE au Cameroun. Il y a lieu de préconiser
quelques stratégies qui introduiront plus de souplesse et de
flexibilité compte tenu de la vulnérabilité potentielle de
l'économie camerounaise. Car, les APE interviennent dans un contexte
international marqué par le vent de libéralisation commerciale et
de mondialisation systématisée par l'OMC.
Pour mettre en relief les Perspectives pour une Redynamisation
de l'APE dans La Coopération Cameroun-UE, il importe de distinguer les
perspectives relatives à la reconfiguration des termes de la
coopération (Section 1) de celles
inhérentes aux mesures de restructuration économique interne au
Cameroun (Section2).
Section1 : Pour une
Reconfiguration des termes de la coopération Cameroun-UE : entre
« APE alternatifs » et « Alternatives aux
APE ».
Plusieurs scenarii ont été envisagés pour
rendre plus flexible les APE et améliorer les chances de leur mise en
oeuvre sans que cela entraine des dysfonctionnements préjudiciables aux
pays ACP. Il s'agit en l'occurrence du scenario d'un APE allégé
et celui d'un Accord de Partenariat pour le Développement (APD)
(P.1) et les autres stratégies alternatives aux APE
(P.2).
p1. Le scenario d'un
« APE allégé » et d'un « Accord de
Partenariat pour le Développement ».
Ces deux (02) scenarii ont été respectivement
préconisé et défendu par l'Ile Maurice et
par l'ex-président sénégalais, Abdoulaye
WADE. Le scenario d'un « APE
allégé » postule que les pays ACP doivent
conserver et améliorer leur accès au marché de l'UE, tout
en s'attelant à limiter les effets négatifs d'une
libéralisation intégrale. Ainsi, en vertu de ce scenario les
pays ACP en général et le Cameroun en particulier ne doivent
éliminer les tarifs que sur 50 à 60% seulement
de leurs importations sur une période de vingt (20)
ans.195(*) Il est de
notoriété acquise que le Cameroun est un pays essentiellement
agricole, avec près de 80% de la population active qui
vit de l'agriculture.196(*) En outre, dans un contexte où le secteur
industriel reste médiocre du fait de l'insuffisance des moyens financier
et le manque d'expertise qualifiée, il va de soi que l'activité
agricole reste l'un des seuls leviers du développement du Cameroun dans
la conjoncture des APE.
C'est pour souligner le bien fondé de l'agriculture
dans la mouvance de la libéralisation économique que le
président Paul BIYA déclare : « l'agriculture
est l'atout maître pour assurer notre développement (...) nous
devons absolument mener notre révolution agricole à bon terme
(...) Pour y arriver, il faut moderniser nos méthodes, mieux former nos
agriculteurs, tirer profit des atouts des progrès scientifiques, trouver
des financements innovants, en d'autres termes, passer à l'agriculture
de 2ndegeneration (...) L'agriculture de 2ndegeneration
nous permettra non seulement de consolider notre autosuffisance alimentaire,
mais aussi de transformer nos matières agricoles, exporter nos produits,
réduire nos importations de certaines denrées, et enfin
créer des dizaines de milliers d'emplois ».197(*) Une ouverture
brusque et totale de son marché à l'UE pourrait causer de graves
préjudices sur son tissu socio-économique. Le scenario d'un
« APE allégé » trouve toute
sa pertinence dans le fait qu'il prend en compte le niveau de
compétitivité économique des parties en présence
qui se trouve déséquilibré ; car les pays ACP
produisent peu, ne transforment pas leurs ressources localement et exportent
majoritairement les produits bruts qui n'ont aucune valeur ajoutée dans
la perspective d'une croissance économique durable et soutenable.
Dans le même ordre d'idées, le président
Abdoulaye WADE198(*) a proposé en lieu et place des APE,
ce qu'il appelle les Accords de Partenariat et de Développement
(APD). Ces derniers s'articulent autour de certains principes tels que
la constitution d'un espace mixte permettant des investissements
budgétaires de l'Europe en Afrique ; avec une dissociation entre le
commerce et l'aide au développement. En outre, il préconise un
accord Europe-Afrique global et non un partenariat parcellisé en cinq
(05) accords régionaux. De même, l'Europe devra procéder
à une délocalisation industrielle en Afrique et un financement
des infrastructures dans le continent. Les APD permettraient, selon son auteur,
d'instaurer un développement équitable et mutuellement
enrichissant pour les deux (02) parties, plutôt que les APE dans lesquels
« le démantèlement des tarifs douaniers revient
à consacrer et accentuer un déséquilibre de fait et
à livrer totalement les marchés africains aux produits
européens subventionnés ».199(*) Les APD permettront de
contrecarrer la ruine de l'agriculture, le démantèlement du tissu
industriel local, la perte des recettes douanières et autres
difficultés de toutes sortes (chômage
généralisé, explosion sociale, troubles politiques,
immigration massive vers l'Europe, déstabilisation du continent,
etc.).200(*)
p2. Les autres
stratégies alternatives aux APE.
Du fait de leur lien historique et de leur proximité
géographique, l'Europe et l'Afrique gagnent à créer un
pôle économique et commercial fort, certes. Mais, encore
faudrait-il que chaque partenaire apporte sur la table ce qu'elle a de mieux
à offrir. L'Afrique recèle un grand potentiel en ressources
naturelles à offrir. L'Europe pour sa part regorge de
possibilités de délocalisations d'activités
industrielles.201(*)
Pour rendre les APE mutuellement bénéfiques entre les deux
parties, ces dernières doivent réunir leurs potentialités
et leurs atouts respectifs afin de mettre en branle un partenariat
gagnant-gagnant qui bénéficie durablement à leurs
différents peuples. En procédant à des
délocalisations d'activités d'origine européenne, le
Cameroun va tirer un double avantage. D'abord, cette délocalisation va
accroitre les gisements d'emploi et donc résorber le chômage au
plan local. Ensuite, avec la pression concurrentielle sur le marché
local, les entrepreneurs seront obligés d'être plus
compétitifs pour maintenir leurs positions. Cet apprentissage de la
concurrence au niveau local leur sera ensuite bénéfique sur les
marchés étrangers.202(*)
A l'heure où notre continent doit relever des
défis d'envergure pour tirer parti des mutations de l'économie
mondiale, les enjeux de l'intégration régionale se sont
démultipliés et tendent à s'imposer avec acuité.
Aussi, les organisations patronales membres de l'Union des Patronats d'Afrique
Centrale (UNIPACE) et celles de la Fédération des Organisations
Patronales d'Afrique de l'Ouest (FOPAO) se sont rencontrées à
Douala les 09 et 10 octobre 2015 pour jeter les bases d'une
implication davantage proactive dans la concrétisation de
l'intégration sous régionale et régionale.
Dans le même son de cloche, pour que l'APE atteigne les
objectifs escomptés concernant l'intégration régionale en
Afrique Centrale, il faudra procéder par étapes :
renforcer d'abord le marché sous régional puis penser par
la suite, une fois le premier objectif atteint, à l'ouverture
significative du marché communautaire face aux produits de
l'UE. Ainsi, pour sauvegarder l'unité des membres de la CEMAC
dans le processus de négociation, un arrangement est urgent pour
qu'à l'intérieur de la communauté les non PMA,
bénéficiaires de la clause TSA, amènent les PMA
(confronté à l'asymétrie de la situation de
négociation avec l'UE) à demeurer dans le processus. De
façon pratique et opérationnelle, deux (02)
options pourront être envisagées :
· Soit, les pays-membres de la CEMAC doivent chercher
à obtenir de l'UE le financement des coûts des APE par un nouveau
mécanisme compensatoire de façon à atténuer les
pertes de gains que les non-PMA vont accuser ;
· Soit, à l'intérieur de la CEMAC, les
perdants (non PMA) doivent exiger des gagnants (PMA) des incitations sous forme
de compensation pour continuer à appuyer le processus.
Section2 : Les Mesures de
Restructuration Economique Interne au Cameroun
Les APE pourront, à long terme, renforcer la
compétitivité économique du Cameroun, à condition
que la mise en oeuvre de ces derniers soit adossée sur des
reformes structurelles importantes ; des politiques
macroéconomiques saines ; de l'amélioration du dispositif
institutionnel, d'une approche de gouvernance participative impliquant les
organisations de la société civile et des stratégies pour
construire des avantages comparatifs. Le tout consiste à
maitriser les mutations induites par les APE et à évoluer dans la
libéralisation avec progressivité et méthode, en
étalant la durée de l'ouverture des frontières, en mettant
en place des mesures de sauvegarde pour les produits agroalimentaires dits
sensibles ou stratégiques, ainsi que les initiatives de soutien à
la mise en oeuvre des industries locales.
En un mot, pour se prémunir efficacement des affres des
APE, le Cameroun doit opérer une double révolution à
savoir : d'une part, la promotion des reformes politico-institutionnelles
(P.1) et, d'autre part, l'opérationnalisation du plan
de modernisation de l'économie camerounaise dans la perspective de
l'entrée en vigueur de l'APE (P.2).
p1. L'adoption d'un plan
d'adaptation et de modernisation de l'économie camerounaise face
à la mondialisation.
· L'exigence d'une
bonne gouvernance administrative
Comme cela a été souvent rappelé, le
rythme et le taux d'exécution des reformes issues des recommandations du
Cameroon Business Forum (CBF) constituent une préoccupation constante.
Au final, les chefs d'entreprises sont confrontés aux mêmes soucis
que sont : le cadre juridique et réglementaire, les infrastructures, les
procédures administratives, la concurrence déloyale,
l'accès au financement pour les PME, les freins à
l'intégration régionale. Sur l'année
2014, à coté des problèmes structurels qui
plombent l'attractivité du pays, sont venus s'ajouter les sempiternelles
coupures d'électricité et la congestion du port de
Douala.203(*) En effet,
si le Cameroun met en oeuvre les réformes nécessaires pour
rendre son espace économique plus attrayant, il va accueillir plus
d'Investissements Directs Etrangers (IDE), ce qui va contribuer à
densifier et diversifier son tissu économique.
Dans le souci de maximiser les avantages des APE et travailler
à gommer ses effets négatifs de manière à n'avoir,
au final, que du positif pour notre économie, il faudrait que le
partenariat prenne en compte le volet développement de l'APE en
intégrant les compensations liées à la diminution des
recettes douanières résultant de l'ouverture des
frontières, la construction de nombreuses infrastructures, la mise
à niveau de plusieurs milliers d'entreprises et la consolidation de
l'intégration régionale, de façon à permettre aux
pays ACP de garder une économie plus compétitive.
En somme, une prise de conscience et un changement de
paradigme sont indispensables. Notre conviction est que les réformes
doivent continuer. Cette exigence interpelle prioritairement l'administration
qui doit se départir de ses vieux réflexes pour traduire en
résultats, la volonté affichée au niveau politique. Le
regard porté sur l'entreprise doit notamment évoluer pour passer
du soupçon et de la méfiance affichés vis-à-vis des
entrepreneurs à un rapport de confiance. Nous pensons que ce changement
d'approche devra se traduire par des engagements plus ambitieux et mieux
ciblés qui pourront faire l'objet d'évaluations précises
impliquant tous les acteurs.
Aujourd'hui, l'approche est plus parcellaire et manque d'un
véritable fil d'Ariane suffisamment fédérateur pour
canaliser l'ensemble des efforts. A titre d'exemple : nous n'avons pas de
référentiel clair qui précise notre volonté
à progresser sur les échelles de comparaisons internationales en
matière de climat des affaires. Ceci passe par une prise en compte
systématique de chaque critère du « Doing
Business » pour définir les actions à mettre en oeuvre
afin d'améliorer le classement national en matière de
compétitivité et d'attractivité des IDE.
L'Etat devrait adopter une bonne loi sur les incitations
à l'investissement privé au Cameroun, laquelle devrait
définir plus d'avantages fiscaux et douaniers accordés aux
entreprises existantes et pour les investissements dans certains secteurs, de
façon à inciter les entreprises existantes à investir.
· La
nécessaire contribution de la société civile dans la
coopération Cameroun-UE
Les acteurs non-étatiques, en particulier les
Organisations de la Sociétés Civiles (OSC), sont censés
jouer un rôle très important dans le processus de
négociation des Accords de Partenariat Economique (APE) ACP-UE et
notamment sa mise en oeuvre en Afrique Centrale et au Cameroun.204(*) En effet, dans le monde
global-libéral actuel où la mondialisation a accru la
compétitivité internationale, la participation des acteurs
non-étatiques au processus de développement est devenue une
nécessité parce qu'elle est susceptible d'améliorer la
gouvernance dans la mise en oeuvre des projets et de garantir une meilleure
prise en compte des bénéficiaires finaux que sont les
populations.205(*) Dans
le cas spécifique des relations ACP-UE, le GICAM semble être l'OSC
la plus imprégnée et la plus impliquée dans les fora de
négociation. Il faut noter qu'en tant que membre du Comité
chargé de la mise en oeuvre de l'APE bilatéral UE-Cameroun, le
GICAM a contribué au niveau national à l'élaboration d'un
Plan de modernisation de l'économie camerounaise, et au niveau
régional, à l'élaboration du Programme Régional
pour l'Amélioration et le Développement Agricole (PRADA) en vue
de limiter les effets de l'APE et permettre aux pays de la sous-région
de saisir les opportunités qui s'offrent a eux, notamment
l'accès au marché de l'UE en franchise des droits de douanes. Il
assure par ailleurs la Présidence de l'Union des Patronats d'Afrique
Centrale (UNIPACE) et entend saisir cette position privilégiée
pour interpeller les pouvoirs publics, la communauté de la
sous-région Afrique Centrale et de l'Union européenne sur les
conséquences de la non mise en oeuvre du PRADA et du Plan de
modernisation de l'économie camerounaise.206(*)
Acteur de référence pour la défense et la
représentation des entreprises au Cameroun, le GICAM promeut un APE
régional, équilibré et complet qui comprend le volet
développement. En outre, il a toujours exprimé ses
inquiétudes quant aux changements qui interviendront au plan
économique, fiscal et social avec l'ouverture des marchés
à l'UE, a l'instar de : concurrence des produits agricoles
subventionnés de l'UE ; faible capacité d'exportation des
entreprises de la sous-région ; non-compétitivité des
produits de la sous-région en raison des coûts prohibitifs des
facteurs de production (infrastructure, etc.) ; difficultés
d'exportation face aux normes sanitaires et phytosanitaires de l'UE ;
faible intégration dans la sous-région et du commerce
intra-communautaire ; environnement peu propice au développement
des affaires ; renchérissement de la fiscalité
intérieure consécutive à la suppression de la
fiscalité de porte ; chômage,
pauvreté, migration vers l'UE, etc.207(*)
Dans le même ordre d'idées, le GICAM poursuit le
plaidoyer pour un APE régional en Afrique Centrale et qu'un accent
particulier soit mis sur le volet développement dans la poursuite des
négociations. Il organise plusieurs rencontres pour sensibiliser les
opérateurs économiques aux enjeux et défis de l'APE. Les
3èmes assises des Universités du GICAM ont
été entièrement consacrées à l'APE et ses
défis pour la compétitivité des entreprises. De
même, les 4ème assises des Universités du GICAM
ont également abordé l'APE dans le sens de donner aux
opérateurs économiques des outils nécessaires pour
être offensifs à l'international.
Le GICAM encourage les entreprises notamment les PME à
se mettre à niveau dans le cadre du programme du Bureau de Mise en
Niveau des Entreprises au Cameroun. Il a signé les conventions avec
l'Agence des Normes et de la Qualité (ANOR) et l'Agence de
Régulation des Marchés Publiques (ARMP) pour la sensibilisation
et la formation des opérateurs économiques à la
normalisation et aux procédures de marchés publiques. En
2014, il a organisé la première rencontre des
patronats d'Afrique Centrale et d'Afrique de l'Ouest (FOPAO) avec en toile de
fond le renforcement de l'intégration régionale et
l'accroissement des opportunités d'investissement et des
capacités des entreprises dans la région. Le GICAM contribue au
quotidien à la promotion d'un climat des affaires assaini, de la
compétitivité du secteur productif, de l'industrialisation par la
transformation des produits de base, de l'attrait des IDE au Cameroun, etc. La
contribution des OSC à la compétitivité économique
dans les pays ACP est indéniable. Leur apport dans l'APE a permis de
mieux appréhender les enjeux et défis auxquels les pays ACP sont
confrontés les pays africains face à la mondialisation. Il a
également permis de sensibiliser les populations sur les questions y
relatives.
De ce qui précède, il apparait sans l'ombre
d'aucun doute que les OSC peuvent jouer un rôle capital allant dans le
sens d'améliorer la mise en oeuvre de l'APE, à limiter les effets
négatifs sur les populations tout en leur permettant de saisir les
opportunités qu'il offre. Cependant, la contribution des OSC reste
déterminante à la poursuite des négociations
régionales et à mise en oeuvre de l'APE. En particulier, elle va
améliorer son évaluation et sa révision.
· Une meilleure
communication autour des APE
Depuis le début du processus de conclusion d'un Accord
de Partenariat Economique Bilatéral (APEB) entre le Cameroun et l'UE, le
sujet est resté toujours hermétique, car étant le fait des
initiés recrutés pour la majorité au sein de la haute
administration et, dans une moindre mesure, au sein de la société
civile (cas du GICAM).208(*) Il est donc pertinent d'éclairer l'opinion
publique sur les APE et leur processus de négociation car c'est cette
masse populaire qui est concerné au premier chef et qui devra subir les
effets néfastes de l'accord dans la pratique.
La communication traduisant l'image de la forme
d'organisation, une meilleure communication devrait pouvoir dissiper les
appréhensions atour des APE et préparer résolument
l'entreprise camerounaise et l'architecture paysanne sur les sentiers de la
compétitivité dans un monde globalisé où les
économies sont tenues de s'arrimer à la mouvance de la
mondialisation.
p2. Le Plan de modernisation de l'économie
camerounaise dans la perspective de l'entrée en vigueur de l'APE.
Afin d'anticiper les effets négatifs, et de
préparer l'économie à tirer profit de toutes les
opportunités liées à l'entrée en vigueur de l'APE,
l'élaboration et l'opérationnalisation rapide d'un plan
d'adaptation de l'économie camerounaise s'avèrent indispensables.
Le Plan d'adaptation à adopter s'inspire des orientations des
différents cadres de référence de l'action
gouvernementale.209(*)
Il a été conçu sous la houlette du MINEPAT pour
atténuer au maximum les effets néfastes et redoutables des APE
sur les fondations du tissu socioéconomique camerounais. Sa mise en
oeuvre effective s'avère impérieuse si l'on s'en tient aux
risques de l'APE intérimaire que nous avons répertorié
dans le chapitre précédent.
Ledit plan de modernisation est un mécanisme essentiel
dont la mise en oeuvre favorise la réussite de toutes les autres
politiques gouvernementales concernées par l'APE.
Ce plan se décline en 03 grands axes correspondant
chacun à une batterie de reformes à entreprendre comme le laisse
transparaitre le tableau récapitulatif ci-après:
Tableau7 : Axes relatifs au plan de
modernisation de l'économie camerounaise dans la perspective de
l'entrée en vigueur de l'APE.
Les principaux axes à refonder
|
Les actions à entreprendre.
|
Axe 1 : renforcement des capacités
d'offre
|
(i) la mise à niveau des entreprises ;
(ii) le renforcement des capacités de
production;
(iii) le renforcement du système de
normalisation et de qualité.
|
Axe 2 : développement des capacités
d'exportation
|
(i) le développement des infrastructures
d'accompagnement liées au commerce ;
(ii) le développement des capacités de
négociation et de prospection commerciales;
(iii) l'amélioration du système
d'information commerciale
(iv) le financement et la garantie des exportations.
|
Axe3: réformes fiscales et institutionnelles
liées à la mise en oeuvre de l'APE
|
(i) les réformes fiscales (fiscalité de
porte et intérieure) ;
(ii) les réformes institutionnelles
(préservation de l'intégration).
|
Source : MINEPAT.
Ce plan national d'adaptation est conçu pour être
mis en oeuvre suivant une approche inclusive impliquant divers acteurs. Il
s'agit notamment des diverses instances regroupées autour des niveaux
d'orientation politique, d'orientation stratégique et du niveau
d'exécution comprenant les différentes administrations publiques
concernées, les collectivités territoriales
décentralisées, les entreprises des secteurs public, parapublic
et privé ; sans oublier les organisations de la société
civile et les partenaires au développement. Par ailleurs, le
Gouvernement doit mettre en place le Conseil National de Coordination et de
suivi/évaluation (CN/APE) de la mise en oeuvre du plan, chargé
d'assurer la coordination de la mise en oeuvre et du suivi et évaluation
dudit plan.
Concernant le financement de la mise en oeuvre du plan,
l'orientation forte repose sur le fait que celui-ci est presque
entièrement financé sur les ressources internes du Cameroun, afin
de s'assurer notamment de l'atteinte des objectifs retenus. Un plan de
financement pour la mise en oeuvre a également été
proposé. Une estimation non exhaustive du coût de mise en oeuvre
du plan d'adaptation, en s'appuyant essentiellement sur les programmes
d'Actions Prioritaires (PAP) des différents départements
ministériels concernés, a débouché sur un montant
d'environ 2.512 milliards de FCFA sur la période
2014 -2016.210(*)
CONCLUSION GENERALE
De Yaoundé à Cotonou en passant par Lomé,
le Cameroun a entretenu une longue relation de coopération avec l'UE
dans le cadre global des relations ACP-UE. Adossées au départ sur
le libre échange (au cours des conventions de Yaoundé), les
conventions de Lomé vont instituer le régime des
préférences commerciales non-réciproques qui vont
structurer la relation pendant 25 ans (1975-2000). Mais, le
bilan mitigé de ce régime spécial a permis de montrer que
les seules concessions tarifaires n'étaient pas la belle option pour
soutenir les pays ACP dans le développement et la diversification de
leurs exportations. Au contraire, la part des pays ACP dans le marché de
l'UE n'a cessé de décroitre, passant de 6,7% en
1976 à 3,11% en 2002211(*).
De plus, face à un contexte international marqué
par la libéralisation commerciale et la mondialisation, l'OMC,
poussée par les pays latino-américains exportateurs de banane sur
le marché européen, va amener l'UE à revoir les clauses
commerciales conclues avec les pays ACP au cours des conventions successives de
Lomé. C'est fort de ce fait que l'on va assister à une
« mondialisation » de la relation ACP-UE avec en
toile de fond la consécration de l'accord de Cotonou du 23 juin
2000 instituant les APE. Ces derniers ont pour objectif de favoriser
le développement des ACP ainsi que leur insertion efficiente dans
l'économie mondialisée, en accord avec les deux principes
fondamentaux qui régissent le commerce international à savoir la
réciprocité et la non-discrimination.
Si la survenance des APE a eu des appréciations
différenciées au sein du grand ensemble des ACP, c'est
certainement parce que ce nouveau régime commercial recèle non
seulement des atouts, mais aussi des risques redoutables pour l'économie
du Cameroun. En l'état actuel, le gouvernement camerounais amorce les
APE de façon prudente eu égard à l'incidence qu'ils vont
avoir sur le tissu socio économique local. Certes, l'accès au
marché de l'UE des produits agricoles et l'amélioration du
surplus des consommateurs vont constituer les principales retombées des
APE pour le Cameroun. A côté de ces bénéfices
superficiels, il y a lieu cependant de redouter des aléas qui vont
affecter l'économie camerounaise dans ses fondations à l'instar
des pertes de revenus liées au démantèlement
tarifaire, le détournement de commerce intra-régional, la
désindustrialisation, l'éviction des producteurs locaux ainsi que
la réduction des avantages des pays ACP sur le marché de l'UE
suite à l'application de la clause de la NPF et à la
conformité aux règles de l'OMC.
Face à cette impasse, les APE vont mettre le Cameroun
dans une situation de non retour s'il ne s'inscrit pas dans la perspective
d'une redynamisation de sa coopération avec le partenaire
européen. Dans le cas d'espèce, des mesures d'accompagnement ont
été préconisées pour pallier à cette
asymétrie économique entre le Cameroun et l'UE. Il est question
d'abord d'activer les leviers financiers, techniques et institutionnels
en vue de rehausser la compétitivité des entreprises
locales. Celles-ci sont à 90%
constituées par les PME selon les chiffres du MINEPAT212(*) et ne pourront pas affronter
une concurrence de grande envergure avec les entreprises européennes.
Ensuite, des APE alternatifs ainsi que des alternatives aux
APE devront être mis sur pied dans l'optique de
rééquilibrer les capacités entre les différentes
parties engagées dans le partenariat. Nous pensons à ce titre
à l'APD proposé par le Sénégal
pour atténuer les effets de l'APE par une délocalisation dans les
pays ACP des industries européennes pourvoyeuses d'emplois et porteuses
de croissance économique. Enfin, la consolidation de
l'intégration régionale en Afrique Centrale s'avère plus
que jamais urgente car, elle doit permettre aux Etats concernés
d'ériger une ZLE susceptible de contrebalancer la forte
compétitivité économique de l'UE, éviter le
détournement de commerce et impulser la libre circulation des personnes
et des biens.
Dans le domaine commercial, l'UE reste à ce jour le
principal partenaire extérieur du Cameroun avec une moyenne de
60% de ses échanges. En revanche, la part du Cameroun
reste marginale dans les échanges extérieures de l'UE, soit
0,4%. Pis encore, les principaux produits exportés par
le Cameroun en direction de l'UE sont principalement des produits primaires qui
ne recèlent pratiquement aucune valeur ajoutée
(pétrole brut, cacao, café, banane, aluminium, etc.)
tandis que ses importations en provenance de l'UE sont
constituées des produits industriels. Les relations entre le Cameroun et
l'UE sont riches et variées. Les défis qui se présentent
aujourd'hui sont à la dimension du nouvel accord de Cotonou où le
pays est tenu de s'acclimater des exigences de la mondialisation.
Pour finir, l'APE est le principal outil qui structure la
coopération entre l'UE et les pays ACP en général et
particulièrement avec le Cameroun. Il reste incontestable que sa mise en
oeuvre va accroître le bien-être des consommateurs camerounais
grâce à un accès bon marché aux produits
européens et aussi à une facilité d'accès aux biens
d'équipement dont les entreprises locales sont fortement utilisatrices.
En revanche, ces bénéfices au plan microéconomiques sont
bien maigres si l'on s'en tient aux aléas macroéconomiques des
APE sur les fondations de l'économie camerounaise. Il est donc urgent
d'adopter une démarche responsable et réformatrice qui va
consister à minimiser les coûts tout en maximisant les avantages
de ce régime commercial. Les APE alternatifs et les autres
stratégies alternatives que nous avons répertoriées plus
haut vont permettre aux différentes parties en présence de
reconfigurer leur partenariat commercial dans le sens de leurs
intérêts réciproques.
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LISTE DES
ANNEXES
Annexe1 : Fiche d'information sur
l'Accord de Partenariat Economique d'étape UE - Afrique Centrale
(Cameroun) ;
Annexe2 : Intervention du
Président de la République du Cameroun S.E.M. Paul BIYA lors du
7ème sommet des pays ACP, Malabo, 13-14
décembre 2012 ;
Annexe3 : Interview du sous-
secrétaire général du Groupe ACP, Achille
Bassilekin ;
Annexe4 : Aperçu
chronologique de la coopération UE-ACP.
TABLE DES
MATIERES
SOMMAIRE
i
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
SIGLES ET ABBREVIATIONS
iv
LISTE DES TABLEAUX
vii
RESUME
viii
ABSTRACT
ix
INTRODUCTION GENERALE
1
1. Contexte et Justification de l'Etude.
2
2. Clarification des Concepts.
5
3. Intérêt de l'Etude.
8
4. Délimitation de l'Etude.
9
5. Revue de la Littérature.
11
6. Problématique.
18
7. Hypothèses.
18
8. Cadre Théorique.
19
9. Cadre Méthodologique.
22
10. Articulations et Justification du
Plan.
24
1ère partie : SOCIOGENESE ET
DYNAMIQUE FONCTIONNELLE DES APE DANS LA COOPERATION CAMEROUN-UE
26
Chapitre 1 : CONTEXTE HISTORIQUE DE
L'AVENEMENT DE L'APE AU CAMEROUN.
28
Section1: Les débuts de la
coopération : Rome et les conventions dites de Yaoundé.
28
p1. Le Traité de Rome, ancêtre de la
coopération Cameroun-UE.
29
p2. Les Conventions dites de Yaoundé.
29
Section2. Les conventions de Lomé et
l'accord de Cotonou.
33
p1. Les Conventions de Lomé (1975-2000) ou
la coopération d'un nouveau type.
34
p2. L'accord de Cotonou (2000-2020), gage de la
mondialisation des relations ACP-UE
41
Chapitre 2 : PRESENTATION GENERALE ET ETAT DES
LIEUX DE L'APE AU CAMEROUN
45
Section1 : Présentation
Générale des APE.
45
p1. Fondements et Objectifs des APE.
46
p2. Les Bases et les Principes des APE.
51
Section2 : Etat des Lieux des APE au
Cameroun.
53
p1. L'APE intérimaire et le Cameroun.
55
p2. L'étendue des domaines couverts par
l'APE intérimaire au Cameroun.
59
2ème
Partie : L'APE INTERIMAIRE ET SES ENJEUX POUR LE CAMEROUN : RISQUE
ECONOMIQUE OU AMBITION REALISTE POUR SON DEVELOPPEMENT ?
65
Chapitre 3 : L'IMPACT DE L'APE INTERIMAIRE SUR
LE CAMEROUN.
68
Section1 : l'APE intérimaire et ses
opportunités potentielles pour le Cameroun.
68
p1. Un accroissement substantiel des exportations
du Cameroun.
69
p2. Une amélioration du bien être des
consommateurs camerounais.
70
Section2 : l'APE Intérimaire et ses
Menaces pour le Cameroun.
71
p1. Les Menaces Economiques et Sociales de l'APE
intérimaire.
71
p2. Les Menaces Politiques et Diplomatiques.
77
Chapitre 4 : PERSPECTIVES POUR UNE
REDYNAMISATION DE L'APE DANS LA COOPERATION CAMEROUN-UE.
82
Section1 : Pour une Reconfiguration des termes
de la coopération Cameroun-UE : entre « APE
alternatifs » et « Alternatives aux APE ».
82
p1. Le scenario d'un « APE
allégé » et d'un « Accord de Partenariat pour
le Développement ».
82
p2. Les autres stratégies alternatives aux
APE.
84
Section2 : Les Mesures de Restructuration
Economique Interne au Cameroun
85
p1. L'adoption d'un plan d'adaptation et de
modernisation de l'économie camerounaise face à la
mondialisation.
86
p2. Le Plan de modernisation de l'économie
camerounaise dans la perspective de l'entrée en vigueur de l'APE.
90
CONCLUSION GENERALE
93
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
97
LISTE DES ANNEXES
105
TABLE DES MATIERES
106
* 1 Claude ABE,
« L'Afrique à l'épreuve de la mondialisation : A
propos d'une peur », in Cahier de l'UCAC, no 6,
Presses de l'UCAC, 2002, pp. 313-332, p.317. Pour plus de détails, lire
aussi Daniel ABWA, Le Cameroun : histoire d'un nationalisme,
Paris, Harmattan, 2011.
* 2L'Europe des six (06)
comprenait alors : la France, la République Fédérale
d'Allemagne, la Belgique, le Luxemburg, les Pays-Bas et l'Italie.
* 3 Avant les
indépendances, on parle des Pays et Territoires d'Outre-mer
(PTOM). Juste après les indépendances dans les années
60, ces derniers vont prendre la dénomination d'Etats Africains et
Malgaches Associés (EAMA). Plus tard en 1975, avec
l'élargissement des EAMA aux jeunes Etats indépendants des
caraïbes et du pacifique, l'on va adopter la dénomination de pays
Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP).
* 4 Intervention du
Président de la République du Cameroun S.E.M. Paul BIYA lors du
7ème sommet des pays ACP consacré sur le
thème : « L'avenir du groupe ACP dans un monde en
mutations : défis et opportunités », Malabo,
13-14 décembre 2012, p.1.
* 5Article 136 du
Traité de Rome du 25 mars 1957 portant création de la CEE.
* 6 Commission
Européenne, Livre vert sur les relations entre l'UE et les pays ACP
à l'aube du 21ème siècle, Luxembourg :
Office des publications officielles des Communautés Européennes,
1997. p.12.
* 7 Ibid.
* 8 Ibid.
* 9 Cf. article XXIV du
statut de l'OMC.
* 10 Raymond EBALE, Les
Accords de Partenariat Economique (APE), Tapuscrit Cours, 2012, p.21.
* 11 Cet accord
intérimaire devrait à terme ouvrir la voie à un texte plus
complet, notamment avec la signature d'un APE régional.
* 12 Madeleine GRAWITZ,
Méthode de sciences sociales, Paris, Dalloz,
11ième édition, 2001, p.385.
* 13 Ibid.
* 14Emile Durkheim, Le
Suicide, PUF, Paris, 1973, p.1.
* 15 Raymond EBALE, Les
Accords de Partenariat Economique... op. cit, p.21.
* 16 ASAC, Note
d'information sur l'APE à l'attention des honorables
députés de l'Assemblée Nationale du Cameroun, novembre
2007, p.2.
* 17 Jean-Christophe BOUNGOU
BAZIKA, « les APE : atouts et freins à
l'intégration régionale des pays membres de la CEMAC »,
intervention lors du colloque organisé par Pluriagri, Notre Europe et
FARM sous le thème : Quel Cadre pour les politiques agricoles,
demain, en Europe et dans les pays en développement ?, 27-29
novembre 2006, p.1.
* 18 Hilaire De Prince
POKAM, Les Concepts Fondamentaux en Sciences Politique, Dschang,
édition de l'Espoir, 2002, p.23.
* 19Adamou NDAM NJOYA,
Le Cameroun dans les relations internationales, Paris, 1976, p.233.
* 20 Hilaire De Prince
POKAM, Les Concepts Fondamentaux....... . , op. cit. pp. 40-41.
* 21 Raoul DELCORDE, Les
Mots de la Diplomatie, Paris, Harmattan, 2005, p.37.
* 22 Pierre BECKOUNCHE et
Yves RICHARD, Atlas d'une nouvelle Europe, Paris, 2005, p.10.
* 23 C'est le cas de la
Politique Agricole Commune (PAC), le Politique Commerciale Commune (PCC) et la
Politique Européenne de Sécurité Commune (PESC).
* 24 BOUKOVSKY, l'Union
Européenne, une nouvelle URSS ?, Le Rocher, 2005, p.9.
* 25 David BLANC,
l'Union Européenne, Paris, Ellipses, 2006, p.18.
* 26 ASAC, Note
d'information sur les APE...... op. cit., p. 3.
* 27 Ibid.
* 28 INS, 2011.
* 29 MINREX,
« Cameroun : terre d'accueil et
d'opportunités », document publié lors de la
10e édition des journées d'amitié
Cameroun-Europe, juillet 2013, p.3.
* 30David BLANC,
l'Union Européenne,... op.cit, p.18.
* 31 Il s'agit de :
Allemagne, Autiche, Belgique, Bulgarie , Chypre, Danemark, Espagne,
Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lituanie,
Lettonie, Luxemburg, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République
Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie, la
Suède et la Croatie.
* 32 Raymond EBALE, Les
Accords de Partenariat Economique ..., op. cit., p. 19.
* 33 Nous pensons notamment
au Groupement Inter patronal du Cameroun (GICAM), au Mouvement des
Entrepreneurs du Cameroun (MECAM), au Groupement des Femmes d'Affaires du
Cameroun (GFAC) et à l'Association pour la Sensibilisation sur
les Accords ACP-UE (ASAC). Au niveau régional on a l'Union des
Patronats d'Afrique Centrale (UNIPACE) et le Réseau pour
l'Intégration des Femmes des ONG Africaines (RIFONGA).
* 34 Il s'agit de
l' « Afrique Centrale
géographique » qui regroupe les six (06)
pays-membres de la CEMAC auxquels il faut adjoindre la RDC et Sao Tomé
et Principe. Pour en savoir plus, lire KUAM KRUASSI in Les Organisations
Internationales Africaines, la Découverte, 1998.
* 35 Raymond EBALE,
Initiations aux méthodes et techniques de l'histoire
économique, édition Clé, Yaoundé, 2011,
p.1.
* 36 Ibid.
* 37 Yves Alexandre CHOUALA,
« Désordre et ordre dans l'Afrique centrale actuelle :
démocratisation, conflictualisation et transition stratégique
régionale », thèse de doctorat 3e
cycle en relations internationales, IRIC, U.Y.2, 1999, p. 39.
* 38 Jean Pierre FRANGNIERE,
Comment réussir un mémoire ?, Paris, Dunod, 1986,
P.75.
* 39Yves Paul MANDJEM,
Le Cameroun face aux APE : risque ou opportunité ?,
Friedrich Ebert Stiftung, Yaoundé, 2015.
* 40 Joseph MBITA,
l'Afrique face aux accords de partenariat avec l'Europe, Paris,
Harmattan, 2015.
* 41 Raymond EBALE, Les
Accords de Partenariat Economique (APE), Tapuscrit Cours, 2012.
* 42 Raymond EBALE,
Comprendre les Accords de Partenariat Economique (APE) entre l'UE et les
pays ACP, Paris, Harmattan, 2015.
* 43 Raymond EBALE,
« La mondialisation comme facteur de marginalisation des pays
économiquement faibles : le cas des pays ACP sur le marché
européen de la banane », in Cahier de l'UCAC, No
006, presses de l'UCAC, 2002.
* 44Sandrine Anick OKENGA
II, « La coopération économique entre le Cameroun
et l'UE (1960-2011) : un partenariat décisif pour le Cameroun
», mémoire de master 2 en Banque, Monnaie et Finance
Internationale (BMFI), IRIC, Université de Yaoundé 2, 2011.
* 45Jean MEYNAUD,
« Sciences politiques et sciences sociales», Genève, Institut
des Hautes Etudes Internationales, 1980. Cité par Dieudonné
OYONO, l'«apport de l'histoire dans l'enseignement des relations
internationales», in Revue Camerounaise de Relations Internationales
(RCRI), décembre 1982, p.23.
* 46 Ibid.
* 47 Rodrigue MAYO,
« les APE et l'intégration régionale : le cas de
l'Afrique Centrale», mémoire de master 2 en Diplomatie, IRIC,
Université de Yaoundé2, 2013.
* 48Laurent Bertrand MESSOMO
NSIMI, « La compétitivité des entreprises
camerounaises dans le cadre des Accords de Partenariat Economique
UE-ACP », mémoire de master2 en Marketing International,
IRIC, Université de Yaoundé2, 2013.
* 49Salomon Richard NDO
MINLA'A, « La participation des ONG à la
coopération UE/Cameroun », mémoire de master 2 en
Diplomatie, IRIC, Université de Yaoundé2, 2002.
* 50 Judith NABUM NGWA,
«An evaluation of the performance of Cameroon banana exports with
UE-ACP agreements», mémoire de master 2 en Marketing
International, IRIC, Université de Yaoundé2, 2010.
* 51 Pour en savoir plus,
lire Raymond EBALE, « La mondialisation comme facteur de
marginalisation des pays économiquement faibles : le cas des pays
ACP sur le marché européen de la banane », in
Cahier de l'UCAC, No 006, presses de l'UCAC, 2002.
* 52 Yannick Lionel
AFFESSIE, l'« Impasse des négociations de l'Accord de
Partenariat Economique (APE) Afrique Centrale-UE »,
mémoire de master 2 en Diplomatie, IRIC, Université de
Yaoundé2, 2012.
* 53 Michel BAUD, l'Art
de la thèse, Paris, La Découverte, 1985 p.47.
* 54 Ibid.
* 55PIRETTE RONGERE,
Méthodes des sciences sociales, Dalloz, Paris, 1979, p. 12.
* 56Marcel MERLE,
Sociologie des Relations internationales, 3e éd.,
Paris, Daloz, 1982, p.68.
* 57 Joseph NYE, Soft
power: the means to success in world politics, New York, public affairs,
2004, p.191.
* 58 Voir Alain BINDJOULI
BINDJOULI, l'Afrique face aux pièges de la mondialisation,
Paris, éditons la Découverte, 2005.
* 59 Voir Jean Jacques
Roche. Théorie des relations internationales,
3ème édition, Montchrestien, p. 26.
* 60 Idem.
* 61 Dans son ouvrage
intitulé : Recherche sur la nature et les causes de la richesse
des nations, 1776.
* 62 Dans son ouvrage
intitulé : Principes de l'économie politique et de
l'impôt, 1817.
* 63André CABANIS,
Jean- Marie CROUZATIER, Ivan ROUXANDRA et Jacques SOPELSA,
« Méthodologie de la recherche en droit international,
géopolitique et relations internationales », Agence
Universitaire de la Francophonie, 2010, p. 51.
* 64 Cf. Dario
BATTISTELLA, Théories des relations internationales, Paris,
Presse de science Pô, 2006, p. 211 et suivantes.
* 65 Madeleine GRAWITZ,
Méthode de recherche en sciences sociales, Paris, Dalloz,
11e éd. 1993, p.3.
* 66 Gaston BACHELARD,
La formation de l'esprit scientifique. Contribution à la
psychanalyse de la connaissance objective, Paris, librairie philosophique
F. Vrin, 11e éd., 1980, p.17.
* 67 Antoine GAZANO,
Mémento des relations internationales, Edition Karthala, 2005,
p.129.
* 68 Pierre DE SENARCLENS,
La mondialisation : théories, enjeux et débats,
Armand Colin, 2005, p.259.
* 69 Christiane TAUBIRA :
Rapport sur les Accords de Partenariat Economique entre l'Union
Européenne et les pays ACP, juin 2008, p.16.
* 70 Ibid.
* 71 Lire « Les
grandes étapes historiques des relations entre le Cameroun et
l'UE », article disponible sur internet à l'adresse
"http://ec.europa.eu/trade/policy/countries-and-regions/regions/africa-caribbean-pacific/",
consulté le dimanche 13 décembre à 18 heures 19
minutes.
* 72 En Afrique centrale, le
Cameroun est le premier partenaire commercial de l'UE. L'UE est à la
fois le premier partenaire du Cameroun pour les importations du pays (35 %) et
pour ses exportations (46 %). Les principales exportations de l'UE vers le
Cameroun sont les biens industriels, les véhicules, les produits
chimiques, les médicaments. Les principales exportations du Cameroun
vers l'UE sont les produits pétroliers, l'aluminium, le bois et les
produits agricoles. Les exportations agricoles sont diversifiées et
concernent des produits bruts (cacao, café, banane, caoutchouc) ou
transformés (produits à base de cacao, légumes et fruits
transformés, etc.).
* 73 A travers le libre
échange, la métropole pouvait recevoir de ses colonies, sans
droits de douanes, les matières 1ères requises pour
ses industries et les grands produits tropicaux demandés par son
marché national. Inversement, les marchés de ses colonies et
dépendances étaient protégés et
réservés aux productions et à tous ses produits de traite.
Cette clause de libre échange aura cours jusqu'en 1975, date à
laquelle la 1ère convention de Lomé va venir consacrer
les préférences commerciales non réciproques.
* 74 Pamphile SEBAHARA,
la coopération politique entre l'UE et les pays ACP. Bilan des
politiques et des pratiques sous les quatre conventions de Lomé,
Maastricht, ECDPM, 2004, P.5.
* 75 Pamphile SEBAHARA,
la coopération politique entre l'UE et les pays ACP. Bilan des
politiques et des pratiques sous les quatre conventions de
Lomé,...... Op. cit., p.7.
* 76 Ibid.
* 77 Gildas WALTER GNANGA,
« Les Accords de Partenariat Economique (APE) et les enjeux pour la
CEMAC », ISSEA, 2008, in
www.mémoire.online,
consulté le mercredi 10 décembre 2015 à 15h
15min.
* 78 Le Courrier,
« 50 ans de Coopération au développement entre l'Union
Européenne et les pays ACP, Ed. Spéciale », mars 2008,
p.4.
* 79 Déclaration de
Claude CHEYSON, Commissaire européen, cité dans Commission
Européenne, Orientations en vue de la négociation de nouveaux
accords de coopération avec les pays d'Afrique, des Caraïbes et du
pacifique (ACP), Bruxelles, 1997, p. 26.
* 80 Il s'agissait notamment
d'un conseil d'association, d'un comité d'association, d'une
conférence parlementaire et d'une cour arbitrale.
* 81 ASSOLA,
l' « Apport de l'Union Européenne aux initiatives locales
de développement au Cameroun : cas du Projet Pôle de
Développement Rural (PPDR) de Ntui », 1986-2004,
mémoire de maitrise en Histoire, Université de Yaoundé I,
2006, p.16.
* 82 Raymond EBALE,
« L'Europe et l'Afrique : de la décolonisation à
la coopération pour le développement. L'exemple des relations
économiques entre le Cameroun et la CEE, 1960-1990 », thèse
de doctorat NR, Université de Paris VII, 1996, p.170.
* 83 Ibid.
* 84 Ibid.
* 85 ECPDM, Histoire et
Evolution de la coopération UE-ACP, Maastricht, 2004, P.23.
* 86 Pamphile SEBAHARA,
La coopération politique entre l'UE et les Etats ACP...... op.
cit., P. 5.
* 87 Le Courrier, ... op.
cit., p.8.
* 88 Ibid.
* 89 Ibid.
* 90 C'est l'accord de
Georgetown signé en 1975 qui institue le groupe des Etats dit
Afrique Caraïbes Pacifique (ACP), suite à l'accession des
Etats des caraïbes et du Pacifiques à la souveraineté
internationale.
* 91 Le STABEX est un
mécanisme original de compensation des pertes de recettes d'exportation
des produits agricoles en cas de fluctuations des prix sur les marchés
mondiaux. Le mécanisme de compensation se déclenche lorsque les
recettes diminuent d'au moins 5% (par rapport à la norme fixée
à la moyenne des quatre années antérieures) sur un produit
qui doit concerner 5% des exportations totales de l'Etat concerné vers
l'Europe. La Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Cameroun ont
été parmi les principaux bénéficiaires.
* 92 Commission
Européenne, Le Cameroun et l'Union Européenne,
Bruxelles, 1996, p.17.
* 93 Thierry AMOUGOU,
« APE en ratification au Cameroun: le Cercle de Réflexions
Economiques, Sociales et Politiques (CRESPOL) explicite les enjeux vitaux pour
l'Afrique », in Bulletin du CRESPOL No1, 2015,
p.2.
* 94 Ibid.
* 95 Le SYSMIN est un
mécanisme de soutien à la production et à l'exportation
des produits miniers des pays ACP. Pour être éligible, il faut que
soit le produit constitue 15% au moins des recettes d'exportation (pendant deux
des quatre années antérieures à la demande), soit que
l'ensemble des produits miniers représente 20% au moins des exportations
totales. Ces deux mécanismes étaient financés par le FED
qui versait des avances aux pays ACP.
* 96 Marien Thierry ANDEME
MEDJO, « Les Accords de partenariat économique, une
opportunité ou une menace pour les pays de la CEMAC »,
Mémoire de Master en analyse des politiques économiques,
Université de Yaoundé II, 2011, p. 33.
* 97 Marien Thierry ANDEME
MEDJO, « Les Accords de Partenariat Economique, une opportunité ou
une menace pour les pays de la CEMAC ? », op. cit. p. 33.
* 98 Les PVD
bénéficiaires de l'APD faisaient face à une double
réalité. Primo. Il leur était devenu quasi-impossible de
rembourser leur créance auprès des bailleurs de fond du fait d'un
endettement devenu assez lourd. Secundo. Les projets pour lesquels les
prêts avaient été contractés étaient
inexistants pour la plupart du fait de la mal gouvernance sur fond de
détournement des deniers publics. Pour plus de détails à
ce sujet, lire l'ouvrage de Pierre PEAN intitulé Affaires
africaines, Paris, Fayard, 1983.
* 99 Paule BOUVIER,
L'Europe et la politique de Coopération pour le Développement
de l'Afrique, Paris, Harmattan, 1992, p. 12.
* 100 Ibid.
* 101 Ibid.
* 102 Daniel
BACH, « L'Europe et le Tiers monde : la convention de
Lomé, un ancrage à la dérive », in
problèmes économiques, N° 23276, 18 mai 1994, p.
2.
* 103 Ibid.
* 104 Ibid.
* 105 Paule BOUVIER,
L'Europe et la politique de Coopération pour...... op. cit.,
p.8.
* 106 La CEE devient l'UE
par le Traité de Maastricht du 07 février 1992 et s'engage
à créer un marché unique qui aboutira à une union
économique voire monétaire.
* 107 Commission
Européenne, Livre vert sur les relations entre l'UE et les pays ACP
à l'aube du 21ème siècle. Défis pour un
nouveau partenariat, Bruxelles, Luxembourg, 1997, P. 62.
* 108 Ibid.
* 109 CEA/BSR-AC «
Les questions de l'OMC, les APE et le développement du commerce en
Afrique Centrale », 2004, p. 25.
* 110 Pour plus de
détails sur l'épineuse question de la détérioration
des termes de l'échange à laquelle les produits des pays ACP se
butent sur le marché international, lire Jean NGANDJEU dans son livre
intitulé le Cameroun et la crise, Paris, Harmattan, 1998.
* 111 Philippe HUGON,
les accords de libre-échange avec les pays du Sud et de l'Est de la
méditerranée au regard du nouveau régionalisme,
séminaire Emma-Réseau intégration Nord-Sud (RINOS), Paris,
2003, p.13.
* 112 Ibid.
* 113 Commission
Européenne, Accord de Partenariat ACP-CE, signé à Cotonou
le 23 juin 2000, révisé à Luxembourg en 2005, p.18.
* 114 Ces cinq (05) piliers
sont : le renforcement de la dimension politique et institutionnelle de la
coopération ; la promotion des approches participatives avec
l'ouverture du partenariat à la société civile, au secteur
privé et aux collectivités locales ; la stratégie
globale centrée sur l'objectif de lutte contre la pauvreté ;
la reforme de la coopération financière ; et
l'établissement d'un nouveau cadre économique et commercial
constitué par les APE.
* 115 Fiche d'information
sur l'APE Intérimaire UE-Afrique Centrale (Cameroun), septembre 2014,
p.5.
* 116 Pamphile SEBAHARA,
« le partenariat entre l'UE et les Etats ACP. Regards
rétrospectif et défis à relever »,
GRIP, 2007, P.2.
* 117 Ibid.
* 118 Pierre DE SERNACLENS,
la mondialisation : acteurs, principes et enjeux, ...., Op. cit.,
p. 98.
* 119 Ibid.
* 120 En effet, entre la
signature de Lomé I (1975) et l'expiration de Lomé IV bis (2000),
la part des pays ACP sur le marché européen a diminué de
plus de moitié, passant de près de 6,7 % a environ 2,8% ; et
ce au profit d'autres pays en développement, notamment ceux d'Asie du
Sud-est, qui bénéficiaient pourtant d'un niveau d'accès au
marché européen moins favorable que Lomé.
* 121 Raymond EBALE,
Comprendre les APE..., Op. cit., p.27.
* 122 Raymond EBALE,
Comprendre les APE..., Op. cit. p.27.
* 123 On entend par Zone de
Libre Echange (ZLE), un groupe de deux (02) ou plusieurs territoires douaniers
entre lesquels les droits de douanes et les restrictions commerciales sont
éliminées pour l'essentiel des échanges commerciaux
portant sur les produits originaires des territoires constitutifs de ladite
zone. Pour plus de détails, lire le statut de l'OMC en son article XXIV,
paragraphe 8-b).
* 124 RIFONGA, L'Accord
de Partenariat Economique ACP-UE : Quel sort pour les femmes
béninoises?, Friedrich Ebert Stiftung (FES), Cotonou, 2007,
p.12.
* 125 Qatar,
4ème conférence ministérielle de l'OMC qui
préconise le lien entre le commerce et le développement des Pays
en Voie de Développement (PVD) dans les politiques de
coopération.
* 126 Cfr. Art. 36. 1 et
37. 2 de l'accord de Cotonou du 23 juin 2000.
* 127 Ladite initiative
stipule que « les produits originaires des PMA, à l'exception
des armes, ont un libre accès non réciproque au marché
communautaire européen en franchise des droits de douanes et
contingents ».
* 128 Le traitement NPF
stipule qu'un pays membre de l'OMC, en accordant un avantage à un autre
pays membre, doit automatiquement étendre cet avantage à tous les
pays membres de l'organisation.
* 129 Jeanine FANKAM,
« ouverture des marchés : les engagements pris par le
Cameroun et l'UE », in Cameroon Tribune du lundi 19 janvier
2009, p.5.
* 130 Pour plus de
détails à ce sujet, lire Jeanine FANKAM,
« ouverture des marchés : les engagements pris
par.... », op. cit. Voir aussi Raymond EBALE, « Accord
de Partenariat Economique (APE). Pourquoi et Comment le Cameroun a
signé ? », in Le Jour, No 95 du jeudi
07 février 2008, pp. 8-9.
* 131 MINEPAT, op cit.
p.9.
* 132 Ibid.
* 133 Pour plus de
détails, voir Daniel ABWA, « Cameroun, moteur essentiel du
processus d'intégration en Afrique Centrale ? » in Daniel
ABWA et als., Dynamiques d'intégration régionale en Afrique
centrale, PUY, 2001, tome2, pp. 499-512.
* 134 Corine KOUM,
« le Cameroun signe l'accord d'étape », in
La Nouvelle Expression No 2131 du 18 décembre 2007,
p. 4.
* 135 Ibid.
* 136 Ce quota était
de 162.000 tonnes en 1998 et de 293.000 tonnes en 2003.
* 137 Fiche d'information
sur l'APE ..., op. cit., p.7.
* 138 Raymond EBALE,
Comprendre les APE...... op. cit., p. 129.
* 139 Ibid.
* 140 Il s'agit en
l'occurrence de la RCA, de la RDC de Sao Tomé et Principe et de la
Guinée Equatoriale.
* 141 Le SPG est un
système d'accès aux marchés accordés de
façon discrétionnaire par les Pays développés
à certains PVD. Ce régime est appliqué en RDC. Il est
moins favorable que le régime non réciproque de l'accord de
Cotonou.
* 142 Edoa G. D.,
présentation et mise en oeuvre de l'APE d'étape entre le Cameroun
et l'UE, communication au séminaire « APE Cameroun-UE. Un
nouveau partenariat pour le commerce et le
développement », organisé par la commission
européenne et le MINEPAT dans le cadre du salon PROMOTE 2014,
décembre 2014.
* 143 Extrait de
l'interview de M. Emmanuel NGANOU NDJOUMESSI, Ministre de l'Economie, de la
Planification et de l'Aménagement du Territoire (MINEPAT) du Cameroun,
in la Lettre Economique du Cameroun, No 0025,
août 2014, p.2.
* 144 Ibid.
* 145 La Lettre
Economique du Cameroun, op. cit. p.3.
* 146 Assen SLIM ,
« Une Zone de Libre-échange dans les Balkans a-t-elle un sens
? », Balkanologie VII, pp. 171-188, 2003.
* 147 OCDE (2012), p.
7.
* 148 KARINGI et al.
(2004),......op. Cit, p. 49.
* 149 C'est ce qu'il en
ressort du plan de modernisation de l'économie camerounaise dans la
perspective de l'entrée en vigueur de l'Accord de Partenariat Economique
(APE), publié par le MINEPAT en octobre 2013.
* 150 DSCE, p.120.
* 151 Nous pensons
notamment au Groupement Inter patronal du Cameroun (GICAM), du Mouvement des
Entrepreneurs du Cameroun (MECAM), du Groupement des Femmes d'Affaires du
Cameroun (GFAC) et l'Association pour la Sensibilisation sur les Accords
ACP-UE (ASAC). Au niveau régional on a l'Union des Patronats d'Afrique
Centrale (UNIPACE) et le Réseau pour l'Intégration des Femmes des
ONG Africaines (RIFONGA).
* 152Pour plus de
détails, lire Achille BASSILEKIN, L'APE entre le Cameroun et la
Communauté Européenne : le pragmatisme européen à
la rencontre d'une ambition stratégique camerounaise,
Genève, décembre 2008.
* 153 Yves Paul MANDJEM,
Les APE et le Cameroun, ..... op. cit., p.4.
* 154 OXFAM INTERNATIONAL,
Partenaires inégaux : comment les Accords de Partenariat
Economique UE-ACP pourraient nuire aux perspectives de
développement, Londres, 2012, p.21.
* 155 Ibid.
* 156 Ibid
* 157 Philippe HUGON et
Olivier STINTZY, « Etude sur l'évaluation
synthétique des études d'impact de l'APE réalisées
pour les pays membres de la CEMAC, Sao Tomé et Principe et la
République Démocratique du Congo (RDC) », rapport
final, cité par Yves Paul MANDJEM, in Les APE et le Cameroun,
risque ou opportunités, ..... op. cit., p.7.
* 158 Laurent ZANG,
« les enjeux initiaux des Accords de Partenariat Economique (APE)
pour les pays de la CEMAC », in Revue Camerounaise
d'Etudes Internationales (RCEI), No 002, septembre 2009, pp.
63-86, p.77.
* 159 Jean-Christophe
BOUNGOU BAZIKA, « les APE : atouts et freins à
l'intégration régionale des pays membres de la CEMAC »,
intervention lors du colloque organisé par les ONG Pluriagri, Notre
Europe et FARM sous le thème : Quel Cadre pour les politiques
agricoles, demain, en Europe et dans les pays en
développement ?, ... op. cit., pp. 8-9.
* 160 Raymond EBALE,
Les Accords de Partenariat Economique... op. cit, p.52.
* 161 MINEPAT, la
Lettre Economique du Cameroun, no 0025, août 2014,
p.2.
* 162 MINIFI,
« impact sur le budget, de l'APE intérimaire vers l'APE
complet entre l'UE et les pays de l'Afrique Centrale », 2013.
* 163 Pour plus de
détails, voir supra, notamment le tableau1 sur le groupe des produits et
calendrier de démantèlement tarifaire de l'offre du Cameroun.
* 164 Thierry AMOUGOU,
APE en ratification au Cameroun : le CRESPOL explicite les enjeux vitaux
pour l'Afrique, ..... op. cit. p.4.
* 165Cfr. Art 12, al.1 de
la loi no 2007/006 du 26 décembre 2007 portant
régime financier de l'Etat.
* 166 Au plan
économique, il est question d'appliquer les droits de douanes
élevés sur les activités d'importation ou d'exportation
susceptible de nuire à un secteur de la vie économique nationale
ou communautaire. Au plan sécuritaire, les droits de douanes servent
à l'éviction ou à la lutte contre l'importation des
marchandises considérées comme toxiques ou dangereuses. Tel est
par exemple l'objet de des missions de lutte contre la contrebande et la
contrefaçon.
* 167 Pour plus de
détails, voir supra, notamment le tableau4 qui présente l'effet
de l'APE sur le surplus (bien être) des consommateurs.
* 168 Jean-Christophe
BOUNGOU BAZIKA, « les APE : atouts et freins à
l'intégration régionale des pays membres de la
CEMAC », intervention lors du colloque organisé par
Pluriagri, Notre Europe et FARM sous le thème : Quel Cadre pour
les politiques agricoles, demain, en Europe et ... op. cit., p.12.
* 169 Ibid.
* 170 ASAC, note
d'information sur l'APE, ... op. cit., p.3.
* 171 Estimations du MINFI,
cité par Yves Paul MANDJEM, op. cit. p.15.
* 172 Ibid.
* 173 DSCE, p.120.
* 174 Les droits de douanes
s'inscrivent dans le cadre des Prélèvements Publics Obligatoires
(PPO). Selon la doctrine juridique, la douane est une prestation
pécuniaire exigée principalement lors de l'entrée ou
à la sortie des marchandises du territoire douanier national ou
communautaire.
* 175 Yves Paul MANDJEM,
op. cit., p.15.
* 176 DSCE, op. cit.
* 177 RIFONGA, l'Accord
de Partenariat Economique (APE) ACP-UE : Quel sort pour les femmes
béninoises ?, Op. cit, p.10.
* 178 Raymond EBALE,
« La mondialisation comme facteur de marginalisation des pays
économiquement faibles : le cas des pays ACP sur le marché
européen de la banane », in Cahier de
l'UCAC,.... op. cit, p. 36.
* 179 Ibid.
* 180 Commission
Européenne, « l'UE reforme de fond en comble son secteur
sucrier afin d'offrir aux producteurs des perspectives d'avenir a long
terme », Communiqué de Presse No IP/05/1473 du 24
novembre 2005.
* 181 MINIFI,
« impact sur le budget, de l'APE intérimaire vers l'APE
complet entre l'UE et les pays de l'Afrique Centrale », op. cit.
p.9.
* 182 Pour plus de
détails, lire les rapports de l'Association Camerounais pour la
Défense des Intérêts des Consommateurs (ACDIC) et la League
Camerounaise des Consommateurs (LCC).
* 183 L'indice de
compétitivité élaboré par le World Economy Forum
(WEF) classe le Cameroun au 111e rang sur 139 pays figurant dans le
classement 2010-2011 de la compétitivité mondiale. C'est dire
combien la compétitivité des entreprises camerounaises est assez
médiocre et pourrait connaitre une aggravation. En outre, selon l'indice
de facilité générale des affaires publié chaque
année par la Banque Mondiale, le Cameroun occupe le 169e rang
sur 181 économies évaluées en 2010.
* 184 Thierry AMOUGOU,
APE en ratification au Cameroun: le CRESPOL explicite les enjeux vitaux
pour l'Afrique, ..... op. cit. p.4.
* 185 MINEPAT, La
Lettre Economique du Cameroun, ... op. cit., p.7.
* 186 Laurent Bertrand
MESSOMO NSIMI, « La compétitivité des entreprises
camerounaises dans le cadre des Accords de Partenariat Economique
UE-ACP », mémoire de master 2,......op. cit. p.30.
* 187 A ce jour,
l'état d'aboutissement des négociations est le suivant : la
région des caraïbes a conclu un accord complet avec l'UE depuis le
15 octobre 2008 ; vingt (20) pays ont conclus un régime commercial
transitoire portant notamment sur le volet marchandise ; et 43 pays,
soient plus de la moitié du groupe ACP, n'ont rien paraphé.
* 188 ECDPM, les
accords de partenariat économique régionaux, info kit
Cotonou n°14, ..... Op. cit., p.8.
* 189 Laurent ZANG,
« les enjeux initiaux des Accords de Partenariat Economique pour
les pays de la CEMAC », in Revue Camerounaise d'Etudes
Internationales (RCEI), op. cit.,. p.81.
* 190 Fiche d'information
sur l'Accord de Partenariat Economique d'étape UE-Afrique
Centrale,...op. cit.
* 191 Laurent ZANG,
« les enjeux initiaux des Accords de Partenariat Economique pour
les pays de la CEMAC », in Revue Camerounaise d'Etudes
Internationales (RCEI), op. cit., p.81.
* 192 Ibid.
* 193 Jean GANDJEU, Le
Cameroun et la Crise, .... Op. cit., p. 54.
* 194 Samuel YEMENE, «
Etude complémentaire des contraintes d'accès au marché
européen: une évaluation de l'impact du SPG européen sur
l'économie camerounaise », PASAPE, mai 2012, p. 19.
* 195 ECDPM, APE
alternatifs et alternatives aux APE, rapport n°11, Maastricht, 2006,
p.6.
* 196 MINRESI, Sciences
& Développement, No 011, mai 2014, p. 9.
* 197 Discours du
Président de la République Paul BIYA du 31 décembre 2012,
cité par Madeleine TCHUINTE in Sciences &
Développement, No 011, mai 2014, p.7.
* 198 Abdou AZIZ DIEDHIOU,
« WADE, porte-étendard des anti-APE », in
Les Cahiers Panafricains, éd. spéciale, No
13, janvier 2008, p.11.
* 199 Abdou AZIZ DIEDHIOU,
« WADE, porte-étendard des anti-APE », in
Les Cahiers Panafricains, op. cit.,..... p.11.
* 200 Ibid.
* 201 Abdou AZIZ DIEDHIOU,
« les APE en question », in Les Cahiers
Panafricains, ..., op. cit., p.9.
* 202 Ibid. p.10.
* 203 Il faut relever que
l'une des causes de l'engorgement au port de Douala est le déficit
d'infrastructures d'accueil qui n'a pas suivi la croissance du trafic des
marchandises au fil des années. L'entrée en fonction du port en
eau profonde de Kribi permettra certainement de résoudre le
problème de la saturation du port de Douala. Toutefois, il faudra
planifier à l'avenir pour éviter de telles situations dont les
conséquences sont extrêmement dommageables pour notre pays et pour
la sous région.
* 204 Alain ROBYNS et
Véronique GEOFFROY, Influence des ONGs internationales sur les
politiques publiques, Groupe U.r.d., Septembre 2009, p. 12.
* 205 Hermann NDADJO MBA,
« la contribution des Associations de Solidarité
Internationale (ASI) dans la gestion des catastrophes en Afrique
Centrale : le cas de la Croix Rouge Camerounaise »,
Rapport de Stage Académique en IRMIC, IRIC, Université de
Ydé2-Soa, 2014, p.17.
* 206 Alain Blaise
BATONGUE, APE UE-Afrique Centrale : le rôle des organisations de la
société civile, 14ème Séminaire
Régional des milieux économiques et sociaux UE - ACP, GICAM,
2015, pp.8-9.
* 207 Ibid.
* 208 Raymond EBALE,
Comprendre les Accords de Partenariat Economique (APE) entre les pays
..., op. cit., pp.11-12.
* 209 Il s'agit
principalement de la Vision 2035, du DSCE et des Stratégies sectorielles
de relèvement de l'économie camerounaise.
* 210 MINEPAT, op. cit.
p.11.
* 211 Livre vert de la
Commission Européenne sur la coopération entre l'UE et les pays
ACP, cité par Yannick Lionel AFFESSIE, ... op. cit., p.3.
* 212 Voir supra.
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