Année universitaire : 2015-2016
Université Abderrahmane Mira de Bejaia
Faculté des sciences économiques, commerciales et
des sciences de gestion Département des Sciences Economiques
MEMOIRE
En vue de l'obtention du diplôme de
MASTER EN SCIENCES ECONOMIQUES
Option : Economie Appliquée et Ingénierie
Financière
Thème
Estimation et stabilité de la fonction de
demande de monnaie en Algérie sur la période allant de 1970
à 2014
Préparé par : Melle ATMANI Anissa Sous la direction
du : Dr ABDERRAHMANI
Fares
Date de soutenance : le 23/06/2016 Jury :
Président : ACHOUCHE Mohamed Examinateur : OUKACI Kamel
Rapporteur : ABDERRAHMANI Fares
SOMMAIRE
Introduction générale 1
Chapitre 01 : Revue de littérature
théorique et empirique 5
1. La demande de monnaie : un bref aperçu
théorique 5
2. Synthèse des travaux économétriques
sur la demande de monnaie 7
Chapitre 02 : Evolution
macroéconomique et politique monétaire en Algérie
19
1. Évolution macroéconomique en
l'Algérie 19
2. Aperçu de la politique monétaire en
Algérie et ses objectifs 21
3. La conduite de la politique monétaire ..24
Chapitre 03 : Présentation des données
et choix des variables .35
1. La forme fonctionnelle de demande de monnaie .35
2. Le choix des variables et sources des données
....39
Chapitre 04 : Méthodologie
d'estimation et présentation des résultats 51
1. Méthodologie d'estimation ..51
2. Analyse des propriétés statistiques des
données et estimation des paramètres 53
3. Validation du modèle 61
Conclusion générale 66
LISTE DES ABREVIATIONS
ADF Augmented Dickey Fuller
ARDL Autoregressive Distributed Lag
ASEAN Association of South East Asian
Nations
BIRD Banque Internationale pour la
Reconstruction et le Développement
BTA Bons du Trésor Assimilables
BTC Bons de Trésor à Court
terme
CCG Conseil de Coopération du Golfe
CUSUM Cumulative Sum
CUSUMSQ Cumulative Sum of Squares
DA Dinar Algérien
DTS Droits de Tirage Spéciaux
DZD Dinar Algérien
EUR Euro
FMI Fond Monétaire International
GDP Gross Domestic Product
INF Inflation
IPC Indice des Prix à la
Consommation
LMC La Loi sur la Monnaie et le
Crédit
OAT Obligation Assimilable du
Trésor
PAS Programme d'Ajustement Structurel
PIB Produit Intérieur Brut
PIP Programme d'Investissement Public
PNB Produit National Brut
RM Real Money
TCH Taux de Change
TCR Taux de Change Réel
TINT Taux d'Intérêt
TQM Théorie Quantitative de la
Monnaie
UECM Unrestricted Error Correction Model
USD United states Dollar
VECM Vector Error Correction Model
INTRODUCTION GENERALE
1 Lehmann P. J. (2011), La politique
monétaire : institutions, instruments et mécanismes,
Hermès Science publications, Paris.
Introduction générale
Si la politique monétaire a, toujours, donné
lieu à tellement de débats, c'est parce que l'objet de son
contrôle, la monnaie, est lui-même un sujet permanant de
controverses. L'un des exemples les plus célèbres du débat
concernant l'influence de la monnaie sur l'économie est la
réponse de Stuart Mill aux mercantilistes qui estimaient que la
détention de monnaie est le signe de la richesse : « Il n'y a
rien de plus insignifiant que la monnaie »1.
Les oppositions théoriques sur le rôle de la
monnaie génèrent nécessairement des conséquences
sue l'analyse des mécanismes de transmission des modifications du volume
de monnaie en circulation. Le contrôle de l'évolution de
l'agrégat monétaire est traditionnellement
considéré comme l'un des objectifs intermédiaires de la
politique monétaire alors que les objectifs finals sont fondés
sur la recherche des prix stables et d'une croissance ferme. Cette distinction
entre objectifs intermédiaires et finals repose sur le fait qu'il existe
une relation relativement stable entre les deux types d'objectifs au cours du
temps, la banque centrale peut agir plus aisément et plus directement
sur l'agrégat monétaire que sur l'inflation et/ou sur la
croissance (notamment par le biais des opérations d'Open Market
ou les réserves obligatoires).
Comme tout bien, la monnaie est offerte est demandée.
Si toutes les analyses considèrent que l'offre est exogène,
c'est-à-dire est fixé de façon indépendante par le
système bancaire, la demande de monnaie, elle, provient de tous les
citoyens dont il est impossible de suivre les comportements et les motivations
individuelles. La définition de la demande de monnaie diffère
selon les auteurs et les écoles auxquelles ils appartiennent. En effet,
certains ne prennent en considération que la monnaie au sens
étroit qui permet effectuer des transactions (Théorie
Quantitative de la Monnaie, Ecole de Cambridge), tandis que d'autre y
intègrent certains instruments d'épargne (l'approche
keynésienne). Aussi, lorsque l'on s'intéresse à sa mesure,
ses variables explicatives sont nombreuses, aussi bien objectives,
macroéconomiques comme le niveau général des prix et le
taux d'intérêt, et microéconomique comme le revenu, que
subjectives, par exemple l'incertitude et les risques de moins-values, de sous
rémunérations ou d'illiquidité.
Depuis les travaux pionniers de Friedman [1956], la fonction
de demande de monnaie a suscité l'attention des chercheurs, les
décideurs et les gouverneurs aussi bien dans les pays
développés et en développement. Selon Friedman et Schwartz
[1982], Laidler, [1982], la demande de monnaie est un élément
très important dans la formulation et la prise de décision
en matière de politique monétaire. De
même, d'après Goldfeld [1994]2, la relation entre la
demande de monnaie et ses principaux déterminants est un
élément important dans les théories
macroéconomiques et est un élément crucial dans la
conduite de la politique monétaire.
L'importance de la fonction de demande de monnaie a
mené plusieurs économistes à étudier empiriquement
la relation entre la demande de monnaie et ses déterminants. L'un des
objets des études empiriques est d'estimer la réaction de la
demande de monnaie aux variations du revenu, du taux
d'intérêt....etc. Au coeur de ces études sur la fonction de
demande de monnaie est la question de sa stabilité. Friedman [1956],
affirme que la demande de monnaie est stable, il stipule que « Les
fluctuations aléatoires de la demande d'encaisses sont faibles et son
évolution peut être prévue avec une précision
raisonnable au moyen de la fonction de demande de monnaie
»3. L'objectif d'étudier la stabilité de
fonction de demande de monnaie est basé sur le fait qu'elle a des
implications importantes sur la conduite de la politique monétaire et sa
mise en oeuvre. Si cette fonction s'avère instable, alors il n'y a plus
de politique monétaire assurée ni de possibilité de
ciblage monétaire crédible.
La modélisation économétrique de la
fonction de demande de monnaie a fait l'objet de nombreux travaux à la
fois théoriques et empiriques, la plupart de ces études sont des
variantes déduites de la courbe LM4 . On y régresse,
par exemple, les encaisses réelles (Md/p) sur l'output réel (Yi)
ou une autre mesure du volume des transactions dans l'économie, plus une
variable comme le taux d'intérêt à court terme qui capte le
coût d'opportunité de détention de la monnaie. Mais, de
telles approches sont implicitement ou explicitement assises sur un double
postulat de l'existence et de la stabilité d'une telle fonction.
L'économétrie des séries non stationnaires a connu de
nombreux développements à travers le temps notamment la
théorie de la cointégration, proposée par Granger et Weiss
[1983], formulée par Granger [1981] et développée par la
suite par Engel et Granger [1987] et Johansen [1988, 1991]5.
L'intérêt croissant de ce concept réside dans le fait qu'il
autorise l'estimation et les tests des relations d'équilibre de long
terme entres les variables. Cependant, la démarche classique peut
parfois produire des résultats peu satisfaisants car la non-prise en
compte des chocs majeurs dans la dynamique des données peut avoir des
répercussions négatives sur la qualité du modèle
ou
2 Kjosevski J. (2013), «The determinants and
stability of money demand in the Republic of Macedonia», Zb. rad.
Ekon. fak. Rij, vol. 31, pp. 35-54.
3 Mishkin F. et al. (2010), Monnaie,
banque et marchés financiers, Pearson, France.
4 Note sur la monnaie dans les modèles
macroéconomiques : Document de travail de l'université de
Montréal. Automne 2001.
5 J. Paul K. et al. (2013), «
Cointégration et modèle à correction d'erreur »,
LAREQ publications, vol. 8, n0 3.
6 Bouoiyour J. and Kuikeu O. (2007), «
Relevance of the CFA France devaluation in January 1994: An evaluation by the
real exchange rate equilibrium. The case of Cameroon », MPRA
Paper, n0 31357, pp. 1-35.
même conduire à rejeter à tort
l'hypothèse de coïntégration. En effet, Gregory, Nason et
Watt [1994] et Campos, Ericsson et Hendry [1996], montrent par simulation de
Monte Carlo que, la puissance asymptotique du test classique d'Engle et Granger
[1987], s'amenuise considérablement en présence de break
structurel dans la relation de cointégration6.
Problématique :
Inspirée des fondements théoriques d'origine
monétariste, l'utilisation d'un agrégat monétaire comme
objectif intermédiaire de la politique monétaire repose
crucialement sur l'hypothèse de l'existence d'une fonction d'encaisses
réelles stable à long terme, Friedman [1956]. Cette
hypothèse est aussi un élément important de la nouvelle
école classique (Sargent et Wallace [1975], Barro [1993]). Le gros de
notre travail consiste dans ce sens, à estimer et vérifier cette
hypothèse de stabilité de la fonction d'encaisses, dont l'enjeu
économique et théorique n'est plus à relever. De
manière spécifique, nous devrions :
1) Vérifier à l'aide d'outils
économétriques appropriés, l'existence ou non d'une
relation coïntégrante de demande de monnaie en Algérie ;
2) Déterminer de façon fiable un modèle
de prévision de la valeur de référence de l'agrégat
monétaire M2 en Algérie ;
3) Dégager un certain nombre de recommandations,
nécessaires à une meilleure orientation de la politique
monétaire.
De manière concrète, il a été
question de vérifier s'il existe une fonction stable de demande de
monnaie en Algérie. Cette stabilité constitue un critère
important pour la mise en oeuvre d'une politique monétaire efficace,
visant la stabilité des prix par le biais du contrôle d'un
agrégat monétaire. Deux hypothèses vont être
testées. La première, inspirée par McKinnon et al.
[1984] et Ambler et McKinnon [1985], considère comme source
d'instabilité économétrique l'omission d'une variable
importante de l'analyse, c'est-à-dire le taux de change. La
deuxième est l'existence, sur la période étudiée,
d'un ou plusieurs changements structurels au niveau de l'économie
Algérienne. Par exemple, en Algérie on peut recenser au moins
trois changements susceptibles d'avoir influencé, directement ou
indirectement, l'économie dans sa totalité. Ce sont le passage de
l'économie planifiée à l'économie de marché
; l'instauration de la nouvelle loi sur la monnaie et le crédit et
l'ajustement structurel de 1994. Ce genre de problème se
répercute directement sur la qualité de
l'estimation en biaisant des tests d'hypothèse et surtout ceux
concernant la stabilité de la relation estimée.
Le moyen principal utilisé pour tester ces
hypothèses est la cointégration, auquel s'ajoutent une
série de tests spécifiques nécessaires à la
détection d'un changement structurel. Cette approche, très en
vogue ces dernières années, permet de déterminer des
relations de long terme entre les variables. L'idée est très
simple : la plupart des variables économiques ne sont pas stationnaires
(c'est-à-dire leur premier et/ou deuxième moment dépendent
du temps) ; ceci entraîne que les méthodes d'estimation classiques
tels que les moindres carrés donnent lieu à des résultats
sans fondements statistiques.
Tout au long de ce travail, nous essayerons de répondre
au mieux aux différentes préoccupations ci-dessus posées.
Pour cela nous organisons notre travail en quatre chapitres, le premier
consiste en une brève revue de littérature théorique et
empirique sur la demande de monnaie afin d'y ressortir les principaux
déterminants de la demande de monnaie. Dans le second on
s'intéressera à l'évolution macroéconomique de
l'économie algérienne et de sa politique monétaire de 1990
jusqu'à ce jour. Dans le troisième chapitre on abordera les
sources des données utilisées dans la modélisation, le
choix des variables a été guidé par la littérature
(théorique et empirique), la disponibilité et la fiabilité
des données utilisées pour l'estimation de la fonction de demande
de monnaie.
Et enfin, le dernier chapitre consistera en l'estimation de
cette fonction par la méthode des Moindres Carrés Ordinaires
(MCO) en tenant compte de la possibilité d'une rupture structurelle sur
la tendance des séries macroéconomiques utilisées, compte
tenu des différents évènements et mutations qu'a
traversé l'économie algérienne sensés affecter
fondamentalement la structure des données. Nous considérons que
la prise en compte de breaks structurels dans l'estimation est
indispensable si l'on veut éviter le risque de rejeter à tort
l'hypothèse de cointégration. Nous pensons, cependant, que
l'intégration de ces ruptures, ou changements de régime, dans les
paramètres des relations de cointégration renforce le
caractère empirique de la modélisation et peut conduire à
des résultats ad hoc.
CHAPITRE 01
Revue de littérature théorique et
empirique
Introduction
Les biens économiques sont de deux sortes : ceux qui
ont une utilité directe (les biens de consommation en
générale) et ceux qui procurent un service productif (les biens
d'investissement) ou un rendement pécuniaire (les titres). Chaque bien
est demandé en fonction de cette utilité directe ou de ce service
appréciable en termes monétaires. Qu'en est-il pour la monnaie
?
La monnaie est traditionnellement définie à
partir de trois fonctions fondamentales : unité de compte,
réserve de valeur et intermédiaire d'échange. La monnaie a
une fonction spécifique en ce qu'elle est l'instrument unique de
l'échange. Elle seule a la propriété de liquidité
qui se définit comme « L'aptitude à servir
immédiatement d'instrument d'échange universel pour une valeur
d'échange comme avec certitude, sans coût de recherche, ni
coût de transaction »7. Toutefois cette
qualité de la monnaie ne justifie pas à elle seule une demande de
monnaie, une détention nette d'encaisse. De tels concepts sont à
la base d'un grand nombre de théories sur la demande de monnaie.
En effet, il existe un grand nombre de théories
différentes expliquant la demande de monnaie. Nous essayerons, dans ce
chapitre, d'exposer l'aspect théorique et empirique des
différents systèmes d'analyse proposés pour expliquer la
demande de monnaie.
1. La demande de monnaie : un aperçu
théorique
Par définition, la demande de monnaie est la
quantité de monnaie qu'un agent économique souhaite
détenir sur une période. C'est une encaisse monétaire
désirée.
Malgré les analyses pertinentes de Wicksel [1898], la
théorie monétaire se limite aux différents exposés
de la théorie quantitative que Fisher [1923] formalise en concernant
d'intégration de la monnaie dans le système économique et
sa relation avec les grandeurs réelles. C'est l'une des plus anciennes
analyses des phénomènes monétaire. Les variantes en sont
nombreuses mais, malgré la diversité apparente, elles
obéissent toujours à la même structure
générale.
La théorie quantitative de la monnaie a
été retrouvée chez Aristote, puis elle est reprise par
certains économistes français comme J. Bodin [1568] dans son
mémoire intitulé « Réponses aux paradoxes de M.
de Malestroit touchant l'enchérissement des choses
»8, ou il explique pour
7 De Mourgues M. (2000), Macroéconomie
monétaire, Economica, Paris.
8 Ibid., p. 293.
la première fois la hausse des prix par l'afflux de
métaux précieux en provenance du nouveau monde. Ces travaux
seront développés ultérieurement par Cantillon dans
(Essai Sur La Nature Du Commerce En Général, 1755), et
Hume (Political Discourses, 1752). Cantillon affirme dans son analyse
monétaire que toute variation de la masse monétaire fait
augmenter les prix de différents marchandises à différents
points dans le temps et à différents degrés. C'est «
l'effet Cantillon » des variations de la masse
monétaire9. Hume de son côté ajoute qu'une
augmentation de la quantité de monnaie génère un certain
dynamisme économique.
La première formulation de la théorie
quantitative de la monnaie est celle de Fisher présentée dans
(The Purchasing Power Of Money, 1912), que Patinkin [1965] qualifiera
d'approche par les transactions. L'auteur construit sa relation à partir
d'une équation des échanges selon laquelle toute transaction
mettant en relation un acheteur et un vendeur, à chaque vente correspond
un achat et le montant des ventes est égal au montant des achats pour
l'ensemble de l'économie. Cette équation des échanges
n'est pas une véritable fonction de demande, elle ne traduit pas une
encaisse monétaire désirée, mais une encaisse
nécessaire pour effectuer les transactions. En revanche, les adeptes de
l'école de Cambridge Pigou [1917], Marshall [1923], proposent
une fonction de demande de monnaie mettant l'accent sur la volonté des
agents économiques de détenir de la monnaie plutôt que sur
la nécessité de la détenir (formulation de Fisher). Telle
est la différence fondamentale entre la TQM de Fisher et
l'équation monétaire de Cambridge, cependant, l'analyse
aboutit à la même conclusion : le volume de la circulation
monétaire et le niveau des prix varient proportionnellement.
Keynes [1936], inspiré des travaux de l'école de
Cambridge, va montrer qu'en plus du revenu réel, le taux
d'intérêt est la deuxième variable clé de l'encaisse
des agents économiques. C'est l'innovation majeur que l'auteur a
introduit dans la théorie économique, son analyse repose sur la
diversification des motifs d'encaisses : à l'encaisse de transaction
s'ajoute celle de précaution et de spéculation. Un autre type
d'analyse, souvent appelée la théorie quantitative moderne avec
M. Friedman, précurseur du courant monétariste. L'auteur, dans un
cadre d'analyse de longue période, a mis en valeur les ajustements par
dépense grâce auxquels les agents économiques cherchent
à maintenir la part de liquidité dans leur patrimoine à un
niveau optimal. Une autre école de modélisation a utilisé
l'analyse de la gestion des stocks et la gestion de portefeuille en univers
incertain pour construire une fonction de demande de monnaie
9 Guido H. (2008), Histoire de la pensée
économique : les grands auteurs et leurs doctrines, Eyrolles,
Paris.
utilisant les méthodes de la microéconomie. Les
modèles de Baumol [1952], Tobin [1956] restent la
référence dans ce domaine.
2. Synthèse des travaux économétriques
sur la demande de monnaie
Les études empiriques sur la demande de monnaie sont
fondées sur les modèles théoriques qui viennent
d'être présentés. Elles utilisent des modèles
économétriques dynamiques afin de fournir plus de
compréhension sur les conditions et les caractéristiques de la
demande de monnaie.
De nombreuses études ont portées sur l'existence
d'une éventuelle relation stable entre de demande de monnaie et ses
déterminants tels que le taux d'intérêt, le revenu
réel (PIB) et le taux d'inflation, en utilisant une
variété de techniques empiriques et économétriques.
Ghartey [1998]10 et Kallon [1992] ont étudié la
demande de monnaie au Ghana en utilisant la technique de Co-intégration
d'Engle et Granger [1987] et Johansen [1988]. Les résultats ont
montré que la demande de monnaie au Ghana est stable. Goldfeld [1973],
Nell [1999], Mcgibany et Nourzad [1995]11 ont introduit
l'idée d'examiner l'effet de la signification de la volatilité
des taux de change sur la demande de monnaie aux États-Unis (1974-1990),
ils ont constaté que la volatilité des taux de change est
liée négativement à la demande de monnaie.
Khan [1990]12, étudie l'incidence des
réformes financières sur la demande de monnaie au Pakistan. En
effet, dans les années 1980 les autorités monétaires ont
pris un ensemble de mesures telles le passage du système de change fixe
au système de change flexible, le passage des instruments directs aux
instruments indirects de contrôle monétaire et la
libéralisation des taux d'intérêt. Le modèle
spécifié fait dépendre la demande de monnaie des variables
traditionnelles. L'analyse empirique, qui utilise les techniques de
cointégration et les modèles à correction d'erreurs,
confirme l'existence d'une relation stable de long terme entre M2, le revenu
réel, le taux d'inflation et le taux d'intérêt, ce qui
n'est pas le cas pour M1. D'où la nécessité de cibler M1
dans la formulation de la politique monétaire au Pakistan.
Adam [1992], a établi une série de fonctions
à équation unique pour la demande de monnaie (M0, M1, M2 et M3)
pour l'économie kenyane de 1973 à 1989. L'application de la
technique
10 Hamdi H. et al. (2015), «Empirical
Evidence on the Long-Run Money Demand Function in the Gulf Cooperation Council
Countries», International Journal of Economics and Financial
Issues, n0 5(2), pp. 603-612.
11 Hanafiah H. (2012), «Exchange rate
volatility and money demand in selected south east Asian countries»,
Economics and Finance Review, Vol. 2(10), pp. 1-7.
12Aboubakry G. (2000), Les déterminants
de la demande de monnaie dans l'UEMOA : cas du Sénégal,
D.E.A en macroéconomie appliquée, université de Cheikh
Anta Diop.
de Johansen a suggéré que
l'élasticité-revenu de la demande de monnaie était autour
de l'unité pour M0, et légèrement inférieure
à environ 0,8 pour les autres agrégats monétaires. Par
conséquent, l'auteur a conclu que la fonction de demande de monnaie (M1)
est stable. Des résultats similaires entourant Kenya pour la demande de
M1 ont été obtenus par Darrat [1986], bien que
l'élasticité-revenu fût étonnamment
élevée avec une valeur de 1,8. Cuthbertson et Brendin
[2001]13 analysent la demande de monnaie dans la République
tchèque pour la période 1992-1997, en utilisant la méthode
VECM. Les résultats de leur étude montrent que le niveau du PIB,
le taux d'inflation et le degré de dollarisation de l'économie
ont un impact sur la demande de monnaie. Les coefficients des
déterminants sont statistiquement significatifs et ont le signe attendu,
selon les hypothèses théoriques.
Anoruo [2002] a testé pour la stabilité de la
demande de M2 au Nigeria autour de la période du Programme d'Ajustement
Structurel (PAS), par l'application de la technique de JML avec des
données trimestrielles entre 1986 (Q2) et 2000 (Q1). Ses
résultats suggèrent que la fonction de demande de monnaie M2
était stable durant cette période et que l'offre de monnaie est
un outil viable de la politique monétaire au Nigeria. D'autres
études avec des conclusions semblables incluent Akinlo [2006], Owoye et
Onafowora [2007], Nwafor al. [2007], Kumar et al. [2010],
Iyoboyi et Pedro [2013]. Plusieurs travaux empiriques ont été
menés pour comprendre la dynamique de la demande de monnaie au Nigeria,
on peut citer : Tomori [1972], Ajayi [1974], Teriba [1974], Ojo et Odama
[1974], Oresotu et Mordi [1992], Nwaobi [2002], Omanukwue [2010]14.
Sterken [2004], a utilisé les données trimestrielles de
1966/Q4-1994/Q4 afin d'estimer la demande de monnaie (M1) pour
l'Éthiopie. En utilisant l'approche JML (Johansen Maximum Likelihood),
l'auteur identifie une relation entre la demande d'encaisses réelles,
PNB réel, la pénurie et le prix réel d'exportation de
café. L'élasticité-revenu dépasse l'unité,
il conclut ainsi l'instabilité de la demande de monnaie M1 durant la
période 1974 à 1975, en raison de changements dans les
régimes politiques et les catastrophes naturelles. Lee et Chien [2008],
Baharumshah et al. [2009] et Wu [2009]15 ont montré que la
demande de monnaie en Chine a un effet significatif sur la stabilité
économique et financière du pays.
13 Jordan K. (2013), «The determinants and
stability of money demand in the Republic of Macedonia», Zb. rad.
Ekon. fak. Rij, Vol. 31, pp. 35-54.
14 Sani D. et al. (2014), «Structural
Breaks, Cointegration and Demand for Money in Nigeria», CBN Journal of
Applied Statistics, Vol. 5, n0 1, pp. 15-33.
15 Hamdi H. et al., loc.cit., p.
604.
Padhan [2011]16, dans son étude sur l'Inde,
estime une fonction de demande de monnaie en utilisant l'approche ECM et les
données trimestrielles allant de 1996 à 2009. Dans la
spécification du modèle il retient le revenu réel comme
une variable d'échelle, le taux d'intérêt à court
terme comme le coût d'opportunité des encaisses réelles et
le taux de change réel. Les résultats obtenus
révèlent l'existence d'une relation de cointégration
à long terme entre la demande d'encaisses réelles et les
variables explicatives retenues.
Tang [2002]17, a analysé la demande de
monnaie (mesurée par l'agrégat M3) en Malaisie en utilisant une
version de l'approche ECM proposé par Pesaran et al. [2001], qui est le
modèle à correction d'erreur sans restriction (UECM). Les
données annuelles couvrant la période allant de 1973 à
1998 ont été utilisés. L'auteur a conclu qu'il y avait une
relation de cointégration à long terme entre la demande de M3 et
de ses déterminants à savoir les composantes de la dépense
(consommation globale, investissement et exportations), le taux de change
réel et les taux d'intérêt. La demande de M3 a
également été trouvé stable en Malaisie en
appliquant les tests CUSUM et CUSUMSQ habituels. Chsani [2010], a
examiné la demande de monnaie M2 en Indonésie en utilisant
à la fois l'approche ECM et l'approche ARDL de cointégration. Les
données trimestrielles pour la période 1990: 1 à 2008: 3
ont été utilisées. L'auteur suit dans son analyse Miyao
[1996] et Bahmani-Oskooee [2001] en postulant que la demande M2 est
déterminée par le revenu réel et le taux
d'intérêt réel.
Abdullah et al. [2010]18 ont examiné la
demande de monnaie pour cinq pays d'ASEAN (Association of South East Asian
Nations), également en utilisant l'approche (ARDL). Ils ont
constaté que l'élasticité-revenu et le coefficient du taux
de change sont positifs, tandis que l'élasticité de l'inflation
est négative. Cela indique que la dépréciation de la
monnaie nationale augmente la demande de monnaie, en raison de l'effet de
richesse.
Sichei et Kamau [2012]19 ont analysé la
demande pour différents agrégats monétaires au Kenya pour
la période de 1997 ; 4-2011 ; 2. L'équation de long terme
comprenait quatre mesures de la masse monétaire (M0, M1, M2, M3), le
niveau des prix (IPC), le revenu réel, le taux des bons du
Trésor, le taux de dépôt et le taux d'intérêt
étranger ajusté pour dépréciation
16 Abdulkheir A. (2014), «A survey of the
demand for money in Asian developing countries: Error correction models and
autoregressive distributed lag models», Net Journal of Social
Sciences, Vol. 2(1), pp. 17-23.
17 Ibid., p. 20.
18 Jafari S. (2013), «The Impact of Exchange
Rate on Demand for Money in Iran», International Journal of Business
and Development Studies, Vol. 5, n0 1, pp. 39-60.
19 Moses C.K. (2014), «Some empirical evidence
on the stability of money demand in Kenya», International Journal of
Economics and Financial Issues, Vol. 4, n0 4, pp. 849-858.
nominale du taux de change. L'élasticité-revenu
de la demande de l'argent a été trouvé supérieur
à l'unité.
Jyh-Lin Wu Yu-Hau et Hu [2007]20 ont
étudié la demande de monnaie dans le cas de Taiwan en appliquant
un modèle de correction d'erreur non-linéaire. L'étude met
l'accent sur le rôle crucial du taux de change réel dans la
fonction de demande de monnaie et conclus la stabilité de la demande de
monnaie (M2) de 1962 jusqu'à 2003. Les résultats de
l'étude indiquent l'existence d'une relation de cointégration
à long terme entre la demande d'encaisses réelles, le revenu
réel, taux d'intérêt et taux de change réel. Au
Bangladesh, Hossain [2010], étudie le comportement de demande de monnaie
au sens large en utilisant l'approche ECM et les données annuelles sur
la période de 1973 à 2008. Les variables déterminantes
retenues sont le PIB (variable d'échelle), le taux
d'intérêt à terme, ainsi que le taux des bons du
Trésor américain comme mesures du coût de la
détention de monnaie et le taux de change effectif nominal de la monnaie
locale. L'étude conclut qu'il existe une relation de
cointégration à long terme entre la masse monétaire et les
variables sélectionnées.
Dharmadasa et Makoto [2013]21 ont
étudié la fonction de demande de monnaie à long terme pour
le Sri Lanka de 1978 à 2010 en utilisant l'approche (ARDL) tout en
accordant une attention particulière à l'effet de la crise
financière internationale sur la demande de monnaie. Les conclusions de
l'étude ont souligné que la demande de monnaie M1 au Sri Lanka
est très cointégrée avec le revenu réel, le taux de
change réel et les taux d'intérêt domestiques et
étrangers à court terme. Le revenu réel et la crise
financière ont un effet positif, mais le taux de change réel, les
taux d'intérêt domestiques et étrangers ont un impact
négatif. Bahmani et Bahmani-Oskooee [2012] estiment une fonction de
demande de monnaie en utilisant les données annuelles de l'Iran (1979
à 2007). Les résultats indiquent clairement que la
volatilité des taux de change a à la fois à court terme
comme à long terme des effets négatifs sur la demande de monnaie
(M2) en Iran. Les trois autres variables : le revenu, taux d'inflation et le
taux de change ont effectivement des effets à court terme qui se
traduisent à long terme sur la demande de monnaie. Bahmani-Oskooee et
Malixi [1991] présente une fonction de demande de monnaie pour 13 pays
en développement en fonction de l'inflation, le revenu réel et le
taux de change effectif réel. Ils concluent que, la
dépréciation du taux de change effectif a un effet négatif
sur la demande de monnaie nationale.
20 Abdulkheir A., loc.cit., p. 20.
21 Jafari S., loc.cit., p. 45.
Dans son analyse, Valadkhani [2008]22 a
examiné la relation de court et long terme entre la demande de monnaie
et ses déterminants pour six pays d'Asie-du-Pacifique sur la
période allant de 1975 à 2002. L'auteur a conclu que la demande
de monnaie à long terme, répond positivement au revenu
réel et négativement au taux d'intérêt, l'inflation,
le taux de change effectif réel. Jawadi et Sousa [2013]23
estiment les fonctions de demande de monnaie pour la zone euro, les Etats-Unis
et le Royaume-Uni en utilisant un cadre de régression par quantile et
une régression de transition lisse. Le modèle de transition
fournit deux résultats intéressants concernant la dynamique non
linéaire associés à la fonction de demande de monnaie, et
l'élasticité de cette dernière par rapport aux variables
explicatives retenues qui varie non seulement en conformité avec le
régime considéré, mais aussi à travers les pays
sélectionnés.
Simmons [1992]24 a exploré la demande de
monnaie au sens étroit (M1) en utilisant un modèle de correction
d'erreur pour un échantillon de cinq pays africains, dont la
République démocratique du Congo, Côte-d'Ivoire, Maurice,
le Maroc et la Tunisie. Les résultats empiriques montrent que le taux
d'intérêt national a un impact significatif sur la demande de
monnaie à long terme, dans le cas de la Côte-d'Ivoire, Maurice et
le Maroc. Fielding [1994] construit une fonction de demande de monnaie pour le
Cameroun, Côte-d'Ivoire, Kenya et au Nigeria, à l'aide de
données trimestrielles. La demande de monnaie dans ces pays est
déterminée par la volatilité de l'inflation et des taux
d'intérêt. En outre, Ewing et Payne [1999] ont montré
l'influence des taux de revenu et du taux d'intérêt sur la
stabilité de la fonction de demande de monnaie à long terme en
Autriche, Australie, Finlande, Italie, États-Unis et au Royaume-Uni.
Bahmani-Oskooees et Rehman [2005]25, ont analysé la
stabilité de la demande de monnaie pour un groupe de pays asiatiques
émergents (Inde, Indonésie, Malaisie, Pakistan, Philippines,
Singapour et la Thaïlande), et leurs résultats ont montré
que dans la plupart de ces pays de véritables agrégats
monétaires M1 ou M2 sont Co intégrées avec leurs facteurs
et pourrait être instable. Inoue et Hamori [2008]26 trouvent
que les fonctions de demande de monnaie au sens M1 et M2 en Inde
présentent une relation de long terme avec les variables suivantes : le
revenu réel et le taux d'intérêt.
22 Ibid., p. 42.
23 Hamdi H. et al., loc.cit., p.
604. 24Ibidem.
25 Hanafiah H., loc.cit., p. 1.
26 Komain J. et Timothy P.O. (2014),
«Instability of Money Demand: Recent Evidence for Thailand»,
Modern Economy, Vol. 5, pp. 907-913.
De même, Bahmani-Oskooee et Gelan [2009]27 ont
abordé la stabilité de la demande de monnaie dans 21 pays
africains en utilisant des données trimestrielles sur la période
de 1971 jusqu'à 2004. Les auteurs ont conçu une fonction de
demande de monnaie standard, estimée en utilisant la technique de
cointégration et la modélisation de correction d'erreur, les
résultats ont montré que presque dans les 21 pays la demande de
monnaie est stable à long terme.
La même technique d'estimation a été
utilisée par Darrat et Mutawa [1996] pour mesurer la demande de monnaie
dans les Emirats Arabes Unis, selon eux l'influence du taux
d'intérêt est faible et statistiquement insignifiante en raison
des facteurs culturels et des valeurs islamiques en Arabie Saoudite. Stock et
Watson [1993]28 trouvent que la demande de monnaie des
États-Unis mesurée par l'agrégat monétaire M1 est
stable à long terme sur la période 1990 à 1989. Maravic et
Paliæ [2005]29 analysent la demande de monnaie en Serbie
à long terme et à court terme pour la période allant de
1996 à 2005, en utilisant la technique de cointégration de
Johansen et VECM. L'analyse de cointégration montre qu'il existe une
relation forte de cointégration entre la demande de monnaie (M1),
l'activité économique globale, l'inflation et des taux
d'intérêt sur les dépôts. Le modèle de court
terme (ECM) montre que les déterminants les plus importants de la
demande de monnaie sont l'inflation et le taux de change. Le taux
d'intérêt sur les dépôts est statistiquement
insignifiant et la fonction de demande de monnaie dans l'ensemble est
instable.
Basher et Fachin [2012]30 ont estimé la
fonction de la demande de monnaie à long terme au sens large au niveau
de la zone du CCG (Conseil de Coopération du Golfe) de 1980 à
2009. Les résultats ont confirmé la stabilité de la
demande de monnaie à long terme tant au niveau national et
régional. Bhatta [2011]31 étudie la demande de monnaie
au Népal en utilisant des données annuelles pour la
période 1975 à 2009. En utilisant l'approche (ARDL), ses
résultats indiquent l'existence d'une relation de Co intégration
de longue période entre la demande de monnaie, mesurée par
l'agrégat M2, le PIB réel et le taux d'intérêt.
Wolff [2013]32 estime la fonction de demande de monnaie standard
dans un cadre de cointégration en panel dans la zone euro, il a
constaté que l'élasticité du revenu réel est
significative alors que la semi-élasticité du taux
d'intérêt est négligeable.
27 Moses C.k., loc.cit., p. 849.
28 Komain J. et Timothy P.O, loc.cit., p.
908.
29 Jordan K., loc.cit., p. 38.
30 Hamdi H. et al., loc.cit., p.
605.
31 Abdulkheir A., loc.cit., p. 22.
32 Komain J. et Timothy P.O, loc.cit., p.
908.
Narayan et Mishrain [2009]33 estiment une fonction
de demande de monnaie pour un panel de cinq pays d'Asie du Sud. Ils trouvent
que la demande de monnaie (M2) et de ses déterminants, à savoir
le revenu réel, le taux de change, les taux d'intérêt
domestiques et étrangers à court terme sont
cointégrés pour chaque pays.
Das et Mandal [2000]34 considérant la masse
monétaire M3, ont affirmé que la fonction de demande de monnaie
de l'Inde est stable. Ils ont utilisé les données mensuelles pour
la période de 1981 à 1998, et effectué des tests de
cointégration. Les résultats révèlent que la
fonction de demande de monnaie est stable. Ramachandran [2004], aussi,
considérant la masse monétaire M3, estime une fonction de demande
de monnaie en utilisant des données annuelles sur la période
allant de 1951 à 2000. Une relation stable a été
trouvée entre la demande de monnaie, le PIB et le niveau des prix.
Mutluer et Barlas [2002]35 analysent la demande de
monnaie en Turquie entre 1987 et 2001, une période
caractérisée par un processus de libéralisation du secteur
financier, mis en oeuvre en utilisant diverses réformes structurelles et
dérégulations. Leurs résultats indiquent l'existence d'une
relation de long terme pour la demande de monnaie au sens large en Turquie,
avec une élasticité-revenu unitaire estimé. En outre, les
résultats montrent que, le taux de change et de taux d'inflation ont un
impact substantiel sur la demande de monnaie. De plus, Akcaolayan et Dommez
[2008] tentent de tester la stabilité de la fonction de demande de
monnaie pour quatre agrégats monétaires en Turquie. Ils utilisent
l'analyse de cointégration multivariée de Johansen sur la
période 1990(M1) à 2005(M12).
Les résultats indiquent qu'il existe une relation de
long terme stable entre les différents agrégats
monétaires, le revenu réel, le taux d'intérêt, et le
taux de change effectif réel.
Qayyum [2005]36 a estimé la fonction de
demande de monnaie au Pakistan, qui pourrait être utilisé pour
l'analyse des politiques. L'étude a utilisé des données de
séries chronologiques pour la période de 1960-1999 suivant la
technique de cointégration de Johansen. L'analyse a conclu que la
fonction de demande de monnaie est stable à long terme. Toujours pour le
cas du Pakistan, Khan et Sajjid [2005] ont étudié à long
terme comme à court terme la relation entre
33 A Jafari S., loc.cit., p. 43.
34 Inoue T. et Hamori S. (2008), «An Empirical
Analysis of the Money Demand Function in India», IDE Discussion
Paper, n0. 166.
35 Dritsaki C. et Dritsaki M. (2012), «The
Stability of Money Demand: Some Evidence from Turkey», The IUP Journal
of Bank Management, Vol. 11, n0 4, pp. 7-28.
36 Faridi Z. (2013), « An Estimation of Money
Demand Function in Pakistan: Bound Testing Approach to Co-integration »,
Pakistan Journal of Social Sciences (PJSS), Vol. 33, n0 1,
pp. 11-24.
les encaisses réelles, le revenu réel, le taux
d'inflation, le taux d'investissements étrangers et le taux de change
réel effectif. Ils ont utilisé les données couvrant la
période allant de 1982-2002 suivant une approche de latence
autorégressif distribué à l'estimation. L'auteur a conclu
que le PIB réel a eu des effets positifs sur les encaisses
réelles tandis que le taux d'inflation a été
négativement lié à ce dernier.
Rutayisire [2010]37 a étudié les
facteurs qui influent la fonction de demande de monnaie à la fois dans
le court terme ainsi que dans le long terme pour l'économie du Rwanda.
L'auteur a analysé des séries chronologiques en utilisant la
technique de cointégration de Johansen pour la période de 1980
à 2005. L'étude a conclu que le taux d'intérêt et le
taux de change au Rwanda, ont une influence négative sur la demande M2.
Suliman et DafaAlla [2011]38 ont tenté de tester l'existence
d'une fonction stable de demande de monnaie au Soudan. Leur étude a
conclu que le revenu réel a un impact positif sur la demande de monnaie
contrairement au taux d'inflation et le taux de change. Les auteurs ont
recommandé l'utilisation des agrégats monétaires
étroits comme des cibles de la politique monétaire au Soudan.
Concernant les travaux qui ont porté sur la
spécification et l'estimation de la fonction de demande de monnaie de
l'Algérie on peut se référer à l'étude
d'Abderrezak A. [2000]39, professeur associé
d'économie à l'université de Cumberland. L'auteur
présente une analyse de la demande de monnaie pour la période
post indépendance de l'Algérie de 1964 à 1995. En
utilisant la technique de cointégration, il estime une fonction de
demande de monnaie à long terme dont les variables explicatives sont le
revenu réel, le taux d'inflation et le taux de change. Selon l'auteur,
le taux d'intérêt en tant que déterminant de la demande de
monnaie ne peut pas jouer le rôle supposé d'une mesure du
coût d'opportunité de la détention d'encaisses
réelles. Les inefficiences et les distorsions qui caractérisent
les marchés financiers dans les pays en développement, dont
l'Algérie, remettent en question la pertinence du taux
d'intérêt par rapport aux encaisses réelles.
Ainsi, La relation de long terme s'écrit :
M t = k + á Y t + â ð t + ä Et .
(1) Avec :
Mt : représente le logarithme népérien des
encaisses réelles.
37 Ibid., p. 14.
38 Ibidem.
39 Abderrezak A. (2000), « The demand for
money in Algeria: an error correction approach », The Journal of North
African Studies, Vol. 5, n0 3, pp.75-84.
40 Menaguer N. (2010), La demande de monnaie en
Algérie, thèse de Doctorat en sciences économiques,
université de Tlemcen.
Yt : représente le revenu réel.
Ðt : représente le taux d'inflation.
Et : représente le logarithme népérien du
taux de change.
á, â, ä : représentent les
élasticités à long terme de la demande de monnaie par
rapport au
revenu réel, l'inflation et les devises
étrangères respectivement.
Globalement, les résultats empiriques obtenus sont
compatibles avec les fondements théoriques de la fonction de demande de
monnaie. En plus de revenu réel et l'inflation, la demande à long
terme d'encaisses réelles en Algérie est également
déterminée par les variations du taux de change.
MENAGUER N. [2009]40 présente une analyse de
la demande de monnaie transactionnelle en Algérie sur le plan
macroéconomique. Le modèle spécifié fait
dépendre la demande de monnaie des variables explicatives suivantes : le
produit intérieur brut (PIB), l'inflation, le taux d'escompte et le taux
de change. La forme fonctionnelle retenue s'écrit :
Mt - Pt = ì0 + ì1 Yt + ì2 INFt +
ì3 DRt + ì4 TCt .. (2)
Avec :
Mt : représente le logarithme du stock de monnaie à
la période t ;
Pt : représente le logarithme du déflateur d'une
composante de la demande ou du PIB ;
Yt : représente le logarithme du PIB réel ;
INFt : représente le taux d'inflation ;
DRt : représente le taux d'intérêt nominal de
court terme (le taux d'escompte) ;
TCt : représente le taux de change.
L'analyse empirique, qui utilise les techniques de
Co-intégration et les modèles à correction d'erreurs,
révèle les résultats suivants :
- Les encaisses réelles sont positivement
influencées par le volume réel des transactions
économiques, l'élasticité de la demande de monnaie par
rapport au volume de ces transactions est supérieure à
l'unité, donc il n'y a pas des économies d'échelle dans la
demande de monnaie en Algérie ;
- Pour ce qui est de l'inflation et le taux de change, ils ont
un impact négatif sur la demande de monnaie. Donc, on assiste à
une fuite devant la monnaie nationale remplacée par des devises ;
- Le coefficient associé au taux d'intérêt
porte un signe négatif. ce résultat est statiquement insignifiant
et peut être interprété par une faible contribution du taux
d'intérêt comme instrument du mécanisme de transmission de
la politique monétaire en Algérie.
La demande de monnaie en Algérie est donc
transactionnelle, et la théorie quantitative est confirmée.
L'auteur utilise en suite le test de Chow, pour tester la stabilité de
la fonction de la demande de monnaie. Pour ce faire, l'auteur a opté
pour deux points de changement structurel. Le premier point correspond à
la période de transition vers l'économie de marché et
l'apparition de loi de la monnaie et du crédit (1990). Le
deuxième point concerne le programme d'ajustement structurel
imposé par le FMI (1993). Les résultats obtenus confirment la
stabilité de la fonction de la demande de monnaie à long terme
sur la période allant de 1970 à 2005.
De même, Ayad F.
[2013]41 étudia en
Algérie, une relation Co intégrante entre la demande d'encaisses
réelles (Mt - Pt), le revenu réel (Yt), l'inflation (ðt) et
l'incertitude économique (?t). La méthodologie utilisée
fut celle de Johansen (1988), et la relation de long terme estimée est
représentée par l'équation suivante :
M(t) - P(t) = â0 + â1 Y(t) +â2 ð(t) +
â3 ?(t) ................................ (3)
Les résultats obtenus révèlent que les
signes des coefficients sont conformes à la théorie de la demande
de monnaie, et sont statistiquement significatifs. Ainsi, la demande
d'encaisses réelles est considérée comme étant
fonction du revenu réel, pris comme variable d'échelle, du taux
d'inflation et de l'incertitude économique, avec un effet positive du
revenu et l'incertitude économique et un effet négatif pour
l'inflation.
Entre autres, Kherbachi H., Achouche M. et Abderrahmani F.
[2006]42 étudient le cadre analytique de la demande de
monnaie en Algérie en tenant compte des caractéristiques
structurelles de l'économie algérienne : économie ouverte,
dépendante, où le secteur financier est peu
développé et le secteur informel occupe une place de choix. Les
principales variables retenues dans la modélisation de la fonction de
demande de monnaie sont la masse monétaire définie au sens large
(M2), le revenu national (variable d'échelle), le taux
d'intérêt et le taux
41 Ayad F. (2013), « The demand for money in
Algeria». Disponible sur https://books.google.dz/ (consulté
le 05/11/2015)
42 Abderrahmani F. et al. (2006), «
Estimation d'une fonction de demande de monnaie en Algérie »,
Cahiers du CREAD, n0 75, pp. 43-67.
d'inflation. Les auteurs s'investissent davantage dans la
recherche et ils publient en 2013 un autre article portant sur la fonction de
demande de monnaie en Algérie : existence et stabilité à
l'épreuve des grandes fluctuations, couvrant la période allant de
1964 à 2009.
Le modèle proposé pour l'analyse retient le PIB
réel, l'IPC (l'Indice des Prix à la Consommation), et le taux
d'escompte annuel pratiqué par la banque d'Algérie, comme
variables explicatives de la demande de monnaie (mesurée par
l'agrégat M2). Ils adoptent la technique de Co intégration pour
estimer un modèle VECM selon l'approche structurelle de Johansen ?1998?.
Quant à la stabilité paramétrique du modèle est
vérifiée à travers les tests du Chow, Split
Sample, BP (Break Point). La relation de long terme de la
fonction de demande de monnaie est écrite comme suit :
MM2(t) = T0 IPC(t) + T1 GDP(t) + T2 Tx int(t) + ?(t)
.................................... (4)
Au vu des résultats obtenus, les auteurs ont conclus
l'existence d'une relation de long terme entre la demande de monnaie et ses
déterminants dont les arguments sont représentés par les
variables revenu réel (GDP), taux d'intérêt et taux
d'inflation (mesuré par l'IPC dans ce cas). En effet, la fonction de
demande de monnaie en Algérie (1964-2009) est statistiquement
significative, et présente une stabilité paramétrique
appréciable. Les résultats confirment pleinement les
hypothèses de la théorie économique concernant la demande
de monnaie.
Conclusion
Durant les deux siècles qui ont
précédé, plusieurs théories économiques se
sont succédé pour essayer d'expliquer le rôle de la monnaie
dans l'économie d'un pays.
Si les classiques et les préclassiques ont
indirectement explicité la théorie quantitative de la monnaie, la
vraie formulation de cette théorie remonte aux néo-classiques, en
la formalisant mathématiquement, on se rapproche de plus en plus d'une
théorie de demande de monnaie, avec Marshall et Pigou les plus
éminents partisans de l'école de Cambridge. Keynes,
également issu de ce courant de pensée, propose une justification
totalement nouvelle de la demande de monnaie. Les théories de la demande
de monnaie sont ensuite perfectionnées dans deux voies, la
théorie keynésienne de sélection du portefeuille et la
nouvelle théorie quantitative des monétaristes.
Néanmoins, les théories de la demande de monnaie
ne donnent pas la même vision du rôle de la monnaie dans
l'économie. Quelle est celle qui correspond le mieux aux faits ? Les
études empiriques sur la demande de monnaie sont au centre des
préoccupations des autorités monétaires. Les études
empiriques, non seulement clarifient les théories de la demande de
monnaie en tant que telle, mais aussi sont supposées
indiquer les effets de la politique économique et en particulier de la
politique monétaire.
CHAPITRE 02
Evolution macroéconomique et
politique monétaire en Algérie
Introduction
Si le rôle de l'Etat au sein de la vie économique
est sujet à débats, il est un domaine où l'économie
ne peut se passer d'un acteur public : la mise à disposition d'une
monnaie commune à tous les agents économiques. Gérer les
besoins de l'économie en monnaie est une fonction de l'Etat : fournir
assez de monnaie, mais pas trop, tel est le dilemme de la politique
monétaire.
Les objectives de la politique monétaire sont
définis comme ceux qui ont un rapport naturel avec le bien être.
Ceci inclut le plein emploi, la croissance économique, la
stabilité des prix et la répartition équitable des
revenus. Pour la politique monétaire, l'objectif principal doit
être le maintien de la stabilité des prix43. «
Le rôle de la politique monétaire dans la lutte contre
l'inflation est assuré par la Banque d'Algérie, d'autant plus que
l'objectif d'inflation explicite a été institué en
août 2010 »44 a confirmé Mr Mohamed Lakcasi,
gouverneur de la banque d'Algérie. Pendant les années 90, la
politique monétaire a été un élément de la
stabilisation. L'objectif de la politique monétaire, aussi bien durant
la période de stabilisation et d'ajustement structurel (1994-1998) que
durant la période de développement qui a suivi, a toujours
été le maintien de la stabilité des prix, cela se
traduisant par des résultats satisfaisants dans la lutte contre
l'inflation depuis 1997.
Il s'agit, en première partie de ce chapitre, de
retracer l'évolution macroéconomique de l'économie
algérienne et les principales réformes économiques
initiées dans le cadre de la transition vers le marché. La
seconde partie, a mis l'accent sur la conduite de la politique monétaire
algérienne pendant deux intervalles importants, la première phase
concerne la politique monétaire pendant la période des
réformes économiques 1990-1998, et la deuxième
coïncide avec la phase de l'instauration de l'économie de
marché après le Programme d'Ajustement Structurel. Cette
transition qu'a connue l'économie algérienne a eu des effets
globalement positifs sur le plan macroéconomique.
1. Évolution macroéconomique en
l'Algérie
Jusqu'au milieu des années 1980, l'économie
algérienne s'est développée dans le cadre d'un
modèle de croissance privilégiant une forte industrialisation et
une gestion centralisée de l'économie.
43 Landais B. (2008), Leçons de
politique monétaire, De Boeck, Bruxelles.
44
http://www.hakimabedouanikernane.com/article-mohamed-laksaci-gouverneur-de-la-banque-d-algerie-121121146.html
(consulté le 11/02/2016)
45 HADJAR A. (2011), L'entreprise et la relance
économique, mémoire en Magister, université d'Oran.
Disponible sur :
http://www.memoireonline.com
(consulté le 24/04/2016)
Au lendemain de son indépendance, l'Algérie
parmi de nombreux pays en voie de développement, pour affirmer son
indépendance économique et sa souveraineté, a opté
pour un modèle de développement socialiste centré sur une
forte industrialisation afin de promouvoir la croissance économique. Le
but ultime de cette planification centralisée de l'économie est
de créer une stratégie de développement afin de
transformer l'économie en une économie dynamique productive et
plus performante permettant ainsi de financer les investissements
planifiés.
Après deux décennies d'économie
étatisée et administrée, la crise de 1986 a
révélé l'exigence de profondes réformes du
système économique et de son mode de fonctionnement. La chute
brutale du prix du pétrole, à laquelle s'ajoute celle du dollar,
non anticipées par le gouvernement, a paralysée
l'économie. De graves tensions financières et économiques
se sont engendrées par le rétrécissement de la
capacité d'importation, l'Etat Algérien a commencé
à s'effriter graduellement. La situation s'est dégradée et
la crise sociale a amplifié les émeutes d'octobre 1988 qui
déclenchent une double ouverture constitutionnelle, politique et
économique. Ceci a conduit à un programme de réformes
économiques tel que :
- En 1989, l'Algérie négocie un arrangement avec le
Fonds Monétaire
International et conclu un premier accord de
stand-by, d'une enveloppe estimé à 155.7 millions de
DTS, accompagné d'une facilitée du financement élargi d'un
montant de 315.2 millions de DTS45, sous conditions d'une politique
monétaire appelée à être plus austère, la
suppression du déficit budgétaire, la poursuite du glissement du
cours du dinar et l'introduction de la flexibilité des prix.
- En 1991, en dépit de la situation
d'instabilité politique accentuée, l'Algérie signe un
second accord plus renforcée d'une durée de dix mois. Cet
arrangement stipule une libéralisation du commerce extérieur, la
réforme du système financier en ce qui concerne son
fonctionnement, impliquant l'indépendance de l'institut
d'émission vis-à-vis du Trésor destinée à
crédibiliser les mesures de stabilisation, entre autres, la
dévaluation de la monnaie nationale, la libéralisation des prix
et la réforme du système fiscale et douanier.
- En 1994, en situation de cessation de paiement, le
gouvernement demande le rééchelonnement de sa dette
extérieure et doit négocier un autre accord avec le FMI et la
Banque Mondiale. Un arrangement fut conclu d'une durée de quatre ans et
négocié en
46 Talahite F. (2010), Réformes et
transformations économiques en Algérie, Economies et
finances, université Paris-Nord.
des circonstances défavorables,
précédé d'une rupture de dialogue avec le FMI et la BIRD.
En contrepartie, l'Algérie s'est engagé dans de profondes
réformes de structures et de stabilisation macro financière
à savoir, la réduction de l'inflation, dévaluation et
convertibilité du dinar dans les transactions commerciales avec
l'extérieur, libération des prix, libéralisation du
commerce extérieur et restauration des équilibres internes et
externes46.
La position économique extérieure du pays
s'améliore très nettement du fait de l'augmentation des prix du
pétrole entre 1995 et 1997. Cette hausse, conjuguée aux
ressources financières significatives accumulées, permet la
constitution d'un niveau de réserves très important. Mais,
à l'évidence, l'incohérence de la gestion
économique interne et les divergences sur des problèmes comme la
privatisation, la coopération avec les institutions financières
internationales, et l'investissement étranger ont conduit à
l'abaissement de la production et l'investissement.
Depuis la fin du PAS (1994 - 1998), l'Etat algérien a
adopté une attitude contradictoire par rapport à la question de
la transition vers le marché. Le discours sur la réforme
économique est officiellement maintenu, mais dans les faits, l'Etat
renoua avec sa conception dirigiste de l'économie.
De ce fait, l'économie algérienne se trouve
être prise entre plusieurs tenailles, d'un côté, elle
devient fortement centralisée au plan interne, mais exposée
à une concurrence externe exacerbée ; de l'autre, elle dispose de
ressources financières importantes thésaurisées sous forme
de réserves de change oisives dans des banques étrangères,
mais la production de ses secteurs industriels et agricoles est en
régression permanente. Cette situation a conduit à un
affaiblissement de l'offre locale, des politiques budgétaires et
monétaires permissives, une explosion des importations et une
dépendance de plus en plus accrue des exportations d'hydrocarbures.
2. Aperçu de la politique monétaire en
Algérie et ses objectifs
La politique monétaire d'un pays est une partie
intégrante de sa politique économique. La compréhension de
la conduite de la politique monétaire en Algérie ne peut
être comprise que si l'on a à l'esprit quelques repères
historiques et réalités institutionnelles. En
vérité, nous ne pourrons parler de l'existence d'une politique
monétaire au sens de l'analyse économique
qu'avec l'avènement de la loi sur la monnaie et le
crédit (la loi 90/10, du 14/04/1990)47. Cette loi a introduit
pour la première fois en Algérie, la rationalité et les
règles de l'orthodoxie bancaire universelle, depuis la promulgation de
cette loi, l'architecture de l'espace bancaire et financier s'est
progressivement modifiée. Des innovations importantes ont
été introduites à propos du rôle de la banque
centrale quant à la conception et la conduite de la politique
monétaire. Sur le plan historique, la conception de la politique
monétaire ne venait qu'en appoint d'un modèle de
développement et du rôle économique de l'Etat, le
rôle de la banque d'Algérie se limitait à venir au secours
du besoin de financement du Trésor et des entreprises publiques.
Sur la base du contrôle de l'inflation en contexte
d'excès structurel de liquidité sur le marché
monétaire, une situation que vit le système bancaire depuis 2001,
suite principalement aux retombées des ressources
pétrolières et subsidiairement aux débours du
Trésor public au profit des banques publiques pour leur
recapitalisation. Et pour son désendettement partiel envers elles, la
banque d'Algérie a institué la stabilité des prix comme
objectif explicite de la politique monétaire, et donc le contrôle
du rythme de l'inflation mesuré par le taux moyen de l'Indice des Prix
à la Consommation. En effet, la Banque d'Algérie a adopté
l'objectif d'inflation comme objectif prioritaire accompagné d'une cible
d'inflation numérique publiquement annoncée, «
L'objectif ultime de la politique monétaire exprimé en termes
de stabilité à moyen terme des prix, à savoir une
inflation inférieure à 3%»48. D'après
la figure n0 1, nous constatons l'indice des prix à la
consommation a évolué de façons différentes.
40
30
20
10
0
Figure n0 1: Evolution du taux d'inflation en
%
tx inf %
Source : Données du FMI
47 Boumghar M.Y. (2004), « La conduite de la
politique monétaire en Algérie : un essai d'examen »,
Cahiers du CREAD, pp. 1-19.
48 Rapport annuel de la banque d'Algérie,
2003.
49 Bedjaoui Z. (2013), La relation
monnaie-inflation dans le contexte de l'économie Algérienne,
thèse de doctorat, université Abou-Bekr Belkaïd,
Tlemcen.
? De 1991 à 1995 : cette
période a été marquée par un fort taux d'inflation,
la politique monétaire n'avait pas atteint son objectif quant à
la maitrise de la stabilité des prix. En effet, le taux d'inflation
passe de 23.3% à 25.84% (avec un pic en 1992 de 31.62%). Cette
augmentation est d'avantage liée à la demande solvable de plus en
plus importante, face à une offre rigide régulée en grande
partie par les importations, associée à une libéralisation
des prix.
? De 1996 à 2005: la mise en oeuvre
des programmes de stabilisation et d'ajustement structurel a permis la lutte
efficace contre l'inflation en Algérie dans la mesure où le taux
d'inflation est passé de 28,6% à 4,95% entre le début et
la fin de l'application des programmes. L'inflation semble à priori
maitrisée en terme d'objectif, au moins jusqu'à 2005, le taux
d'inflation est passé de 2,65% en 1999 à 1,6% en 2005, en recul
de deux points par rapport à celle réalisée en 2004. Cette
décélération s'explique par la baisse des prix de produits
alimentaires, et le retour des prix pétroliers à leur niveau
normal. En effet ce qui caractérise la période allant de 2000
à 2005, est bien, une austérité budgétaire, mais
aussi une politique monétaire restrictive. Lors de cette période
pour contrôler la liquidité globale, la banque d'Algérie
à augmenter le taux des réserves obligatoires et a repris
directement des liquidités sur le marché monétaire (2001),
La politique de contrôle de la liquidité qui avait pour but de
prévenir les pressions inflationnistes qui pourront être
générées et développées par
l'excédent de l'offre de monnaie, a eu des effets positifs vu le taux
d'inflation49.
? De 2006 à 2014 : en 2006,
l'inflation est contenue, se positionnant à un taux de 2,5% elle atteint
4.9 % en 2008, et 8.89% en 2012. Durant cette dernière période le
taux d'inflation est instable et va en s'augmentant avec deux pics importants
l'un en 2009 avec 5.74 % et l'autre 8.89% en 2012. Le taux de l'inflation de
l'année 2013, s'est situé à 3.26%, ce qui
représente une baisse notable par rapport au taux enregistrés en
2012. Cette décélération de l'inflation, qui ramène
la dynamique des prix à son niveau d'avant 2012, est le résultat
conjugué d'une politique monétaire prudente, de la consolidation
budgétaire mais aussi des actions des pouvoirs publics destinées
à maîtriser et à améliorer les circuits de
distribution des biens de grande consommation. En 2014, l'inflation annuelle
moyenne s'est établie à 2,92 %, confirmant la désinflation
qui a suivi le pic de l'année 2012. Elle est en phase avec la bonne
performance en matière de
50 Medaci N. (2013), « Evaluation de
l'efficacité de la politique monétaire pour la maitrise de
l'inflation cas de l'Algérie 1990-2013 », International Journal
Economics, Vol. 5.
tenue de l'inflation au cours des quinze dernières
années. La conduite de la politique monétaire par la Banque
d'Algérie qui est demeurée prudente, a contribué à
cette bonne tenue de l'inflation en contexte d'excès structurel de
liquidité sur le marché monétaire.
3. La conduite de la politique
monétaire
3.1. Les objectifs intermédiaires et rôle
accordé à l'agrégat monétaire M2
Comme nous l'avons déjà évoqué,
les autorités monétaires se donne comme objectif
intermédiaire de contrôler les agrégats monétaires.
De ce fait, si l'objectif intermédiaire est la quantité de
monnaie, de quel agrégats s'occupera-t-elles ?
La banque d'Algérie, afin d'atteindre l'objectif ultime
de sa politique monétaire, à savoir l'objectif explicite
d'inflation à moyen terme, un objectif
intermédiaire doit être poursuivi à savoir l'agrégat
monétaire M2 qui devrait contribuer à la concrétisation de
l'objectif d'inflation, à mesure qu'il existe une relation
étroite entre l'inflation et l'agrégat monétaire M2.
Cibler l'inflation ne revient pas à écarter (forcément)
l'ensemble des autres objectifs qui peuvent être d'intérêt
pour la Banque d'Algérie. La politique monétaire
algérienne poursuit des objectifs intermédiaires
monétaires en raison de la volatilité persistante des
agrégats monétaire engendrée par les mutations du
système financier50.
La mise en oeuvre d'une politique monétaire visant la
stabilité des prix par le biais du contrôle d'un agrégat
monétaire repose crucialement sur l'hypothèse de stabilité
de la demande de monnaie.
Le terme stabilité en général, et celle
de la demande de monnaie en particulier, renvoie à une situation
où les comportements des agents non financiers et leurs anticipations en
matière de détention d'actifs monétaires, restent
suffisamment constants dans le temps, ou au moins prévisible à
long terme. La politique monétaire est efficace si la demande de monnaie
est peu élastique au taux d'intérêt. Dans le cas contraire,
une baisse du taux d'intérêt se traduira par une hausse de la
détention monétaire qui n'aura pas d'impact sur l'activité
économique.
La politique monétaire, lorsque son objectif est
d'influencer l'activité économique, suppose de bien
connaître la forme de la fonction de demande de monnaie, pour savoir, par
exemple, quels effets une augmentation de la masse monétaire aura sur
les variables stratégiques pour lesquelles la détention de la
nouvelle quantité de monnaie sera désirée. De plus, il
sera
également indispensable pour mesurer avec
précision l'impact des instruments de politique monétaire de
savoir si la fonction de demande de monnaie est stable, en ce sens qu'il y a
une régularité dans les comportements des détenteurs de
monnaie. Si la demande de monnaie est instable, l'effet de toute intervention
sur le marché monétaire peut se voir amoindri ou même
entraîner des conséquences inattendues.
Ci-après, Figure n0 2 nous montre clairement
l'évolution du taux d'inflation mesuré par l'évolution de
l'IPC par rapport à l'évolution du taux de croissance de
l'agrégat M2.
40
50
30
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1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Figure n0 2: Evolution du taux d'inflation et
du taux de croissance de l'agrégat M2
tx inf % M2 %
Source : fait par nous-même à
partir des données de la banque d'Algérie
D'après Figure n0 2, nous constatons que
l'inflation semble à priori maitrisée en terme d'objectif, entre
2000 et 2005. En effet ce qui caractérise cette période, est
bien, une austérité budgétaire, mais aussi une politique
monétaire restrictive. Entre 2002 et 2014, le taux d'inflation est de
3,8 % en moyenne annuelle, tout en enregistrant un pic de 8,89 % au titre de
l'année 2012 suivi par une décélération. Ce
résultat dépasse l'objectif de contenir l'inflation, et remet en
cause les instruments de la politique monétaire et le système
bancaire.
Dans un premier temps, donc, la politique monétaire se
présente comme un élément de la politique de stabilisation
et du PAS (1990-1994). Ainsi, la politique d'ajustement structurel menée
en étroite collaboration avec le FMI s'est traduite par l'encadrement de
la masse monétaire et une baisse significative de la liquidité
dans l'économie au cours de la période 1992-1994, comme
l'illustre la figure n0 3 ci-après.
Figure n0 3: Les variations annuelles des
agrégats monétaires M1 et M2 en pourcentage (montants en
Millions de dinars)
50
% M1 % M2
40
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20
10
0
-10
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Source : la banque d'Algérie.
L'agrégat pertinent, à savoir la masse
monétaire M2 s'est accrue 1990 à 1991 de 343 005 millions de
Dinars à 415 270 millions de Dinars soit une augmentation de 21,1 %,
pour passer ensuite en 1992 à 515 902 millions de Dinars donc une
croissance de 24,23 % et à 627 427 Millions de Dinars en 1993 soit un
pourcentage de 21,61 % ceci est due à la stabilisation du taux de
change51.
Quant à l'agrégat monétaire M1,
après une augmentation de 20,33 % en 1991, il passe de 270 082 millions
de Dinars à 324 993 millions de Dinars en 1991, soit une augmentation de
13,76%, et 20,87 % pour l'année suivante.
A la fin des années 1993, la situation
économique été marquée par une
détérioration de la balance des paiements et l'accumulation de la
dette extérieure d'où l'adoption du programme d'ajustement
structurel du FMI en 1994 en signant l'accord de Stand-by. De 1993
à 1995, nous remarquons un recul sensible quant à
l'évolution de la masse monétaire M2. Au cours de la
période 1994-1997, la croissance de la masse monétaire est
passée de 15,31% à 18,19% et 47,24% en 1998, en effet, à
partir de 1997, l'accroissement de la masse monétaire est dû aux
avoirs extérieurs du fond monétaire international.
Avec l'avènement d'une conjoncture favorable sur les
marchés pétroliers, suite au net raffermissement des cours du
brut à partir de 1999, l'Algérie passe d'une situation de
pénurie de liquidité à une situation d'excès
d'offre de liquidité sur la marché monétaire, sous l'effet
de l'accumulation soutenue des réserves officielles de change. Les
agrégats monétaires de l'économie algérienne
connaissent une certaine évolution régulière notamment la
croissance de
51 Bedjaoui Z., loc. cit., p. 236.
la masse monétaire M2 qui évolue de 12,36% en
1999 à 17,3% en 2002. Une situation de stabilité monétaire
s'installe entre 2003 et 2005, dont on remarque une diminution du taux de
croissance monétaire de 15,6% à 11,22% avec une reprise
d'accroissement en 2006.
L'analyse de la situation monétaire consolidée,
constituée des agrégats monétaires et de crédit,
montre que l'évolution de la situation monétaire est tirée
de celle de l'agrégat des avoirs extérieurs nets, comme facteur
instrumental. D'autant plus que depuis 2005, les avoirs extérieurs nets
dépassent largement les liquidités monétaires de
l'économie nationale à savoir la masse monétaire M2
(figure n0 4), et ils constituent l'unique source de création
monétaire pour la banque d'Algérie.
Figure n0 4: Evolution des contreparties de
la masse monétaire (en Milliards de dinars)
-5,000
avoirs extérieurs nets crédits intérieurs
crédits à l'économie
crédits à l'Etat M2
20,000
15,000 10,000 5,000 0
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Source : la banque d'Algérie
Le parachèvement de la conduite soutenue de la
stratégie de désendettement extérieur (20042006) a
débouché sur une accumulation plus importante des réserves
officielles de change au cours des années 2007-2008, source principale
de l'expansion monétaire.
Après un trend baissier en la matière,
l'année 2009, sous l'effet du choc externe inhérent à la
grave crise économique mondiale, s'est caractérisée par
des rythmes de croissance modérés des agrégats de monnaie,
voire même une contraction de la masse monétaire M2. Elle passe de
6 955,9 millions de dinars à 7 173,05 millions de dinars, soit une
augmentation de 3,12 %. La situation de croissance monétaire s'accentue
en 2010 et 2012 pour atteindre respectivement 15,44% et 11%, résultant
de l'augmentation d'épargne financière et les avoirs
extérieurs des exportations hydrocarbures. La
décélération du rythme de l'expansion monétaire
observée en 2012 s'est poursuivie en 2013. Ainsi, pour 2013, le taux de
croissance de la masse monétaire
M2 a été de 8.41 % contre 11% en 2012. Cette
variation à la baisse résulte des effets conjugués d'une
baisse de la part relative des dépôts bancaires à vue,
d'une augmentation de celle des dépôts aux comptes courants
postaux (CCP) et au Trésor, ainsi que celle de la quasi monnaie, le tout
dans un contexte de stabilisation de la part relative de la circulation
fiduciaire52.
Au cours de l'année 2014, on note une augmentation de
12,42% pour l'agrégat M2 contre une augmentation de 3,37% pour le P11B.
La figure n0 5 ci-après nous montre l'évolution de la
masse monétaire M2 par rapport au P11B en pourcentage.
-10
-20
40
60
50
20
30
10
0
Figure n0 5: Evolution de la masse
monétaire (M2) par rapport au PIB (en %)
PIB % M2 %
Source : la banque d'Algérie
Durant la décennie 90, le système bancaire, qui
assurait le financement de l'économie, se caractérisait par une
illiquidité structurelle qui le faisait dépendre totalement du
refinancement de la Banque d'Algérie. Entre 1994 et 1996 le taux
d'accroissement de la masse monétaire M2 est nettement moindre que celui
du produit intérieur brut. Par contre, dans un contexte de stabilisation
du taux de change, la période de 1997à 1998, la tendance est
inversée. Le taux d'accroissement de la masse monétaire M2 a
augmenté plus vite que celui du produit intérieur brut. Le taux
de liquidité dans l'économie a atteint 56% en 1998.
A partir de l'année 2000, l'économie
algérienne se caractérise par de bonnes performances macro
financières notamment l'amélioration de la liquidité
bancaire, qui ont débouché en 2002 sur un rythme de croissance
appréciable. Le surplus commence à apparaître à
partir de 2000 (on note une légère tendance à la baisse
entre 2002 et 2005), cette augmentation résulte des opérations
d'assainissement, la recapitalisation des banques opérées par le
trésor, suite à un
52 Benbahmed T., Lohoues H. (2014), «
Algérie 2014 », Perspectives économiques en
Afrique, pp. 2-15.
afflux des ressources extérieurs nets (très
accentué en 2002), d'une politique budgétaire plus expansionniste
et des retombées du plan de relance de l'activité
économique.
La fragilité de l'économie algérienne
à la volatilité des prix pétroliers est très
élevée. La conjonction de cette volatilité des prix avec
d'autres difficultés de gestion économique s'est traduite par un
impact négatif sur la productivité et la croissance. A l'origine,
le pays a connu une période de performances raisonnables durant la
période 1961-1985, la croissance du PIB était en moyenne
respectivement de 5.3 %. Entre 1986 et 1994, l'Algérie affiche un taux
de croissance annuel un peu supérieur à zéro 0,2 %. Ces
taux de croissance étaient dus à des sources d'influences
externes défavorables.
-1
-2
-3
4
8
7
6
5
3
0
2
1
1990
1991
1992
1993
1994
Figure n0 6: Taux de croissance du PIB en
%
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Source : données de l'ONS
L'aggravation de la situation économique et
financière en 1994 a conduit les autorités à mettre en
place un programme de réformes qui ont jeté les bases d'une
reprise de la croissance, stabilisation de l'économie et
réduction du chômage en forte augmentation. Les résultats
de l'application du (PAS) sont apparus évidents à partir de 1997.
Le taux de croissance est passé de (-2,1) % en 1993 à 1% en 1997
pour atteindre 3,1 % en 1998 (figure n0 5). Les autres années
suivantes la croissance économique était tirée surtout par
les recettes des hydrocarbures suite à l'augmentation du prix du
pétrole en 1999. On enregistre une croissance annuelle moyenne de 3.3%
entre 1996-2000.
La période 2001 à 2005, une période
d'accélération de la croissance, était
caractérisée par des taux de croissance élevés
liés surtout à l'explosion des cours du pétrole. Les taux
de croissance se situaient en moyenne à 5 %. La croissance du Produit
Intérieur Brut est passée de 4,61% en 2001 à 5,6% en
2002.
La croissance du P11B réel s'est nettement
rétablie après le ralentissement observé en 2000. D'une
croissance économique de 2,2%, le taux est passé à 4,61%
en 2001. Le P11B hors secteur des hydrocarbures a connu une croissance
réelle de 5,3%. En 2004, le produit intérieur brut s'est
établi, en valeur courante, à 6 149,12 milliards de DA, la
croissance économique s'est située à 4,3%, suite au
ralentissement de la croissance de la production d'hydrocarbures et de la
baisse de la production agricole par rapport à 2003 (qui avait
été une année marquée par des récoltes
exceptionnelles). Le PIB réel hors hydrocarbures a été de
4,7%. en 2005, la croissance économique a enregistré un taux
global de 5,1%. L'année 2006 a enregistré une croissance
économique de 1,7%, suite à une baisse de la production
d'hydrocarbures occasionnée par des travaux d'entretien. Hors
hydrocarbures, la croissance du P11B se situe à 5,6%, Au cours de la
période 2000-2006, l'expansion du PIB en volume et en moyenne annuelle
est estimée à 4,8 %. En fin 2007, est annoncé 9352
milliards de DA.
Le taux de croissance économique a été de
3,4% en 2007 et de 2% en 2008 et 1,6% en 2009. La croissance du PIB hors
hydrocarbures a atteint 9,3 % en 2009, soutenue par une bonne performance des
secteurs des services et du bâtiment tirés par le Programme
d'Investissement Public (PIP)53. Cependant, une baisse sensible de
la production d'hydrocarbures (- 6 %) a réduit la croissance globale
à environ (21/2) %, un taux légèrement inférieur
à celui de 2008. En 2010, la croissance du P11B s'est
accélérée atteignant 3,6 % en volume contre 1.6 % au cours
de l'année précédente. Le PIB hors hydrocarbures a
progressé plus rapidement à hauteur de 6 % contre 9,3 %
l'année précédente. En valeur, la hausse du P11B atteint
20,1 %. C'est avec un rythme de croissance plus proche que le P11B progresse
l'année qui suit, il passe de 2,8 % en 2011 à 3,3 % en 2012.
Néanmoins, l'activité économique s'est ralentie en 2013,
en raison du tassement de la croissance de la demande globale et de la baisse
de la production d'hydrocarbures, la croissance en volume du produit
intérieur brut se limite à 2,8 %, en recul de 0,5 point et celle
du PIB hors hydrocarbures demeure stable à 7,1 %54. Avec 4,1
% de hausse du produit intérieur brut en volume en 2014,
l'activité économique renoue avec la croissance. Cependant, hors
hydrocarbures, elle fléchit de 1,5 point de pourcentage à 5,6 %
et le PIB par habitant progresse de 1,65 % contre 1,14 % en 2013.
3.2. La mise en oeuvre de la politique monétaire
Pour gérer au plus juste l'évolution de la
quantité de monnaie en circulation, la Banque Centrale dispose de deux
outils : l'encadrement de la création monétaire par les banques
et la
53 Rapport du FMI, 2010.
54 Rapport annuel de la banque d'Algérie,
2013.
55
http://elbassair.net/Centre%20de%20téléchargement/maktaba/5ÓíÌ1420%claLu/séminaire/cJI20%.flsa1120%ì
11
20%...20% V120%,
11ÓÇíÓtelmsan/19.pdf (consulté le
24/12/2015)
définition du taux d'intérêt à
court terme sur le marché monétaire. La Banque d'Algérie
régule le marché monétaire par ses interventions de mise
ou de prise en pension en stimulant les opérations dont la
maturité est supérieure à 24 heures. Elle intervient
également sur le marché monétaire au moyen des
opérations d'appels d'offres sous forme d'adjudications de
crédit.
Contrairement aux pratiques anciennes où le taux
monétaire se déterminait administrativement par la Banque
Centrale, sa détermination s'inscrit désormais comme nouvelle
attribution du marché monétaire grâce aux confrontations
quotidiennes des quantités de monnaie offertes et demandées. Le
taux d'intérêt, en termes réels était négatif
et ce jusqu'à la mi-94. La détermination et son maintien à
un ce niveau bas n'était ni favorable à la mobilisation des
ressources de l'épargne ni rationnelle quant à la prise en compte
du coût réel du crédit. Tout le problème de la
cohérence du système bancaire est mis à nu à
travers la détermination et la fixation administrative du taux
d'intérêt55.
En l'occurrence, le taux d'intérêt à court
terme, fixé sur le marché monétaire national, qui se
répercute ensuite sur les taux de plus long terme. Lorsque la Banque
Centrale élève les taux d'intérêts, et si cette
décision est jugée crédible par les marchés, cela
se traduit par un afflux de capitaux en direction de la monnaie nationale,
puisque les placements libellés dans cette devise sont mieux
rémunérés qu'ailleurs. Alors, la monnaie nationale, plus
demandée, s'apprécie. Inversement, à la suite d'une
réduction des taux d'intérêt, la monnaie nationale tend
à se déprécier.
A fin 2014, la structure des taux d'intérêt se
présente de la manière suivante :
- Les taux d'intérêt et les taux de rendement
annuels moyens pour les différentes catégories des titres de
l'Etat ont varié de 0,33% à 0,37% pour les BTC 13 et 26 semaines,
de 1,44% à 1,78% pour les BTA 1 à 5 ans et de 2,40% à
3,82% pour les OAT 7 ans à 15 ans en fin de période.
- Les taux appliqués aux opérations de reprise
de liquidité à 7 jours, 3 mois et 6 mois et de la facilité
de dépôt à 24 heures rémunéré par la
Banque d'Algérie restent fixés respectivement à 0,75%,
1,25%, 1,50% et 0,30%.
- Les taux d'intérêts au marché
monétaire interbancaire se sont négociés dans une
fourchette comprise entre 0,34375% et 2,50% pour des maturités allant de
24 heures à 91 jours56.
Autre mission de la politique monétaire est d'assurer
un équilibre des échanges avec l'extérieur. La monnaie
nationale sert aussi pour les échanges avec l'extérieur,
après opération de conversion dans une autre monnaie, pour un
prix (un taux de change) donné. La banque centrale doit tenir compte de
cet aspect dans sa politique monétaire. Des variations du taux de change
ainsi amorcées permettent à la Banque Centrale de favoriser des
échanges équilibrés entre l'économie nationale et
le reste du monde.
L'Algérie a connu, dans le cadre d'une économie
planifiée, une politique de taux de change fixe. A partir de 1974, le
dinar algérien était lié à un panier de devises
dont la principale monnaie était le dollar américain en raison de
sa position dans les revenus issus des exportations d'hydrocarbures. Ce
système a été choisi dans le but de protéger la
monnaie nationale contre les effets néfastes d'un rattachement
uni-monétaire.
A la suite du deuxième choc pétrolier qui a
provoqué en 1986 un crash des prix de l'or noir, l'économie
algérienne a commencé à afficher une sévère
détérioration de ses fondamentaux. De 1986 à 1988, le
dinar algérien s'est déprécié de 31 % par rapport
à son panier de monnaies.
Au cours de la période 1991- 1994, le taux moyen de
dépréciation nominale annuelle a été de 4 %, ce qui
a porté la valeur du dinar algérien à environ 24 dinars
par dollar EU sur les marchés officiels de change. Le dinar
algérien s'est donc apprécié de 50 % en termes
réels entre octobre 1991 et la fin de 1993.
La convertibilité du dinar a commencé en 1994
avec la libéralisation des importations, l'accès à la
devise est devenu libre pour tout agent économique solvable et les
banques étaient les fournisseurs des importateurs en devise. Depuis
1995, la politique de change de l'Algérie a pour objet de maintenir un
taux de change stable par rapport à un panier de monnaies
pondérées selon l'importance relative des principaux
compétiteurs et partenaires commerciaux. Un marché interbancaire
des changes a été établi en 1996 pour permettre une libre
détermination du taux de change. Le but essentiel du système du
taux de change flottant était d'éviter toute entrave face au
développement des exportations et de diminuer l'inflation en
parallèle avec la politique monétaire menée. Il visait
également à encourager la diversification de l'économie et
à réduire les effets de chocs extérieurs.
56
http://www.bank-of-algeria.dz/html/marche3_janvier2015.htm
(consulté le 11/02/2016)
Conformément à la conduite de la politique
monétaire visant à maintenir un niveau d'inflation faible
(inférieur à 3%), la Banque d'Algérie a continué la
politique de stabilisation du taux de change réel effectif du dinar. Ce
dernier a atteint son niveau d'équilibre en 2004, année à
partir de laquelle la position financière nette a enregistré une
amélioration soutenue, du moins jusqu'à l'avènement du
choc externe de grande ampleur en 2009 suite à l'intensification de la
crise financière internationale, cette conjoncture internationale a mis
en avant l'acuité de la volatilité des cours de change des
principales devises. Le cours du dinar s'est stabilisé contre le dollar
américain fluctuant dès février 2009 entre un minimum de
72,2223 dinars pour un dollar et un maximum de 73,1690 dinars pour un dollar,
soit une variation de 1,31 % avec une moyenne annuelle de 72,646 dinars pour un
dollar57.
Six ans après le début de la crise
économique et financière internationale, les marchés
financiers connaissent une volatilité liée aux problèmes
inhérents à la situation difficile de l'économie mondiale
en transition en 2013. Cette volatilité des cours de change s'est
également étendue à travers le monde, affectant
particulièrement certaines économies émergentes et en
développement. Pour ce qui est de la monnaie nationale, son cours moyen
annuel vis-à-vis du dollar américain s'est établi à
80,5606 USD/DZD en 2014 contre 79,3809 USD/DZD en 2013, correspondant à
une dépréciation de 1,49 %. Parallèlement, le cours de
change annuel moyen du dinar contre l'euro s'est déprécié
de 1,39 % en 2014 par rapport à 2013, passant de 105,4374 EUR/DZD en
2013 à 106,9064 EUR/DZD en 2014, après s'être
déprécié de 2,78 % au cours des neuf premiers mois de
l'année 201458.
Au total, Dans l'objectif de conduite de la politique de taux
de change effectif du dinar à proximité de son niveau
d'équilibre fondamental, l'intervention de la Banque d'Algérie
sur le marché interbancaire des changes a permis d'atténuer
l'impact de la volatilité accrue sur les marchés des changes
internationaux.
Conclusion
La politique monétaire vise à agir de
façon globale sur les variables économiques : prix, niveau
d'activité, emploi et équilibre externe. Cette action s'exerce
par le truchement de variables monétaires elles-mêmes
imparfaitement contrôlables et qu'elle se donne pour mission de
maitriser. Ce sont ces variables appelées « objectifs
intermédiaires » qui sont l'objet de la
57 Rapport annuel de la banque d'Algérie,
2009.
58 Rapport annuel de la banque d'Algérie,
2014.
politique monétaire. Les objectives
intermédiaires sont les taux d'intérêt, les agrégats
monétaires et de crédit et les taux de change.
Depuis 2002, la banque d'Algérie mène une
politique active visant à résoudre le problème de
surliquidité essentiellement dû au gonflement des réserves
de change. Afin de contrôler la liquidité globale, la banque
d'Algérie a eu recours à la manipulation du taux des
réserves obligatoires et à la reprise directe de
liquidité. Elle a introduit durant le second semestre de 2005 deux
nouveaux instruments indirects : la reprise de liquidité à
fréquence trimestrielle et la facilité de dépôt
rémunérée. L'année 2013, a été
marquée par l'introduction des reprises à six mois dès
janvier. Les taux appliqués aux opérations de reprise de
liquidité à 7 jours, 3 mois et 6 mois et de la facilité de
dépôt à 24 heures rémunéré par la
Banque d'Algérie restent fixés respectivement à 0,75%,
1,25%, 1,50% et 0,30%.
Grâce à ces différents instruments, la
banque d'Algérie parvient à stabiliser la situation
monétaire. La masse monétaire au sens large (M2) a cru en 2013 au
rythme de 8,41% contre 11% en 2012 et 20% en 2011. Néanmoins, on
remarque accroissement de 6 points en 2014, le taux de croissance de M2 est de
14,42%. Au cours de la période 1990/2000, l'inflation a cru de 17%. La
poussée inflationniste de 2013 (3,26%) a été
résorbée en partie et l'inflation n'a atteint que 2,92% en 2014.
ce qui témoigne de l'efficacité des instruments indirects de la
politique monétaire, Cette situation monétaire s'accompagne d'une
politique de « flottement contrôlé » du dinar visant
à stabiliser le taux de change réel (TCR), autour de son niveau
d'équilibre de long terme.
La politique monétaire est délicate à
mettre en oeuvre. L'utilisation d'un agrégat monétaire comme
objectif intermédiaire de la politique monétaire,
nécessite qu'il soit un bon indicateur de l'évolution des prix.
En plus de sa propriété de contrôlabilité, sa
demande devrait être suffisamment stable et aussi moins sensible que
possible au taux d'intérêt.
CHAPITRE 03
Présentation des données et choix des
variables
Introduction
Après la phase d'investigation théorique et
empirique, menée dans les chapitres précédents, il est
intéressant et nécessaire de procéder à une
évaluation économétrique des déterminants de la
demande de monnaie en Algérie durant la période allant de 1970
jusqu'à 2014.
La fonction de demande de monnaie exprime un ensemble de
relations existant entre la masse monétaire et quelques agrégats
économiques. La première difficulté qui se pose à
la formalisation de la demande de monnaie concerne l'identification de cette
fonction. En effet, le choix de la mesure appropriée de la monnaie, la
variable d'échelle et de la variable de coût d'opportunité
est très important.
La fonction de demande de monnaie doit permettre de mettre en
vigueur les liens stables dans le temps entre la quantité de monnaie et
les grandeurs macroéconomiques tels que le produit intérieur brut
(PIB), le produit national brut (PNB), le taux d'intérêt, le taux
inflation, le taux de change ...ect. Ainsi, toutes les fonctions de demande de
monnaie ont convergé sur les spécifications d'un modèle
avec comme variable d'échelle : le revenu, variable de rendement ou
d'opportunité : le taux d'intérêt et le taux
d'inflation.
Comme nous l'avons vu, cette fonction est un
élément essentiel dans la formulation de la politique
monétaire. En outre, une fonction de demande de monnaie stable est une
condition nécessaire pour exercer une influence prévisible sur
l'économie de sorte que le contrôle des agrégats
monétaires peut être un instrument utile de la politique
économique. Elle permet aux dirigeants de mieux prévoir les
conséquences de leurs politiques monétaires, mieux les planifier,
et mieux les utiliser. Ainsi, une estimation robuste et fiable est
impérative.
Dans ce chapitre, nous procéderons dans un premier
temps à la spécification du modèle de la demande de
monnaie, le point de départ dans toute recherche
économétrique. Cette spécification implique la
détermination de la variable expliquée et des variables
explicatives du modèle, les signes des paramètres et la forme
mathématique du modèle. Puis nous intéresserons à
la source des données qui seront mises en application dans le cadre de
ce travail.
1. La forme fonctionnelle de demande de monnaie
Comme nous avons vu, il existe différentes
théories de demande de monnaie, soulignant différentes
considérations et impliquant différentes hypothèses
théoriques testables.
La demande de monnaie, dans une première analyse, est
déterminée par l'équation dite de Cambridge qui
résulte des travaux d'A. Marshall ?1923? et A. C. Pigou ?1917? et qui
est telle que :
Md = K. P. Y ......... .......... (5)
Où P représente le niveau général des
prix et Y le revenu nominal réel.
Une motivation majeure de la détention d'encaisses
monétaires est le besoin de réaliser des transactions,
c'est-à-dire d'acquérir et de vendre des biens et des services.
Ce que les gens apprécient dans la monnaie, c'est son pouvoir d'achat.
La demande de monnaie s'exprime donc en termes réels et non
nominaux59.
Masse monétaire réelle = M/P
................................. (6)
Où M est la masse monétaire nominale et P le niveau
général des prix.
La masse monétaire réelle reste inchangée
lorsque la masse nominale augmente exactement dans les mêmes proportions
que le niveau des prix. Toutes autres choses étant égales par
ailleurs, si l'offre de monnaie et le niveau des prix doublaient, il n'y aurait
aucun impact sur l'économie réelle.
M. Friedman ?1956? va, à son tour, reformuler une
théorie de la demande de monnaie et, contrairement à Keynes, dans
la Théorie Générale, celle, entre autres, de
l'instabilité de la préférence pour la liquidité,
il va en faire une fonction stable et déterminée par un certain
nombre de variables.
Selon Friedman, le revenu mesuré ne peut être un
déterminant crédible de la demande de monnaie, car il crée
une antinomie des comportements de la vitesse de circulation de la monnaie
à long et court terme60. Il pense alors, à une autre
variable explicative, la richesse : il conçoit un nouveau concept qui
combine revenu et richesse, le revenu permanent. En effet, si l'on prend en
considération ce dernier, la contradiction disparait, donc la demande de
monnaie apparait très stable. Il apparait, ainsi, comme
l'élément explicatif le plus important de la demande
d'encaisses.
Le revenu permanent ne peut, cependant, à lui seul,
expliquer la demande de monnaie. Friedman prend en considération
d'autres variables le niveau des prix et le taux d'intérêt. La
59 Burda M. et Wyplosz C. (2003),
Macroéconomie : une perspective européenne, De Boeck,
Bruxelles.
60 Lehmann P. J. (2011), La
politique monétaire : institutions, instruments et mécanismes,
Hermès Science publications, Paris.
fonction de demande d'encaisses monétaire
réelles peut s'écrire sous la forme simplifiée
suivante61 :
Md / P = f (Yp, r, j(a), c)
................................... (7)
Où Yp représente le revenu permanent
utilisé comme approximation de la richesse, r représente le
rendement des actifs financiers, j(a) représente le taux d'inflation
anticipée et c représente des goûts et les
préférences des individus.
Cette analyse conclut que la demande de monnaie est d'autant
plus élevée que le niveau des richesses est grand, que le
rendement des autres actifs est bas, que le taux d'inflation anticipée
est faible.
Entre autres, la théorie keynésienne de la
demande de monnaie est fondée sur trois motifs : de précaution,
de transaction et de spéculation. Ce dernier motif est lié au
taux d'intérêt qui apparait comme un élément central
pour calculer le cout d'opportunité de la détention d'une
encaisse monétaire.
Cependant, toutes les théories traitant de la demande
de monnaie partagent des éléments communs importants. Elles
suggèrent que la quantité de monnaie désirée
dépend essentiellement d'un petit groupe de variables : une variable
d'échelle, et le coût d'opportunité de détention de
monnaie. On peut écrire cette relation sous la forme d'équation
comme suite :
M / P = f (R, Y) ............... ...... (8)
Où (M / P) représente la demande d'encaisses
réelles, Y une variable d'échelle, et R un vecteur de rendement
anticipé des actifs monétaires ou alternatifs à la
monnaie, représentant le coût d'opportunité de la
détention de la monnaie. Cette spécification tient à la
fois compte des trois rôles que joue la monnaie au sein de
l'économie : instrument des échanges, réserve de valeur et
unité de compte.
En outres, les variables standards identifiés dans la
littérature macroéconomique, plusieurs études empiriques
ont inclus d'autres variables jugées pertinentes et susceptibles
d'affecter la demande de monnaie selon l'approche envisagée ou les pays
concernés. Par exemple, Goldfeld [1973], Nell [1999], Mcgibany et
Nourzad [1995]62 ont souligné la nécessité de
reconnaître la volatilité du taux de change comme facteur
affectant la demande de monnaie aux Etats-Unis.
61 Manoury J. (2009), Des délices de
l'inflation aux affres de la déflation : une lecture keynésienne
de la crise, Publications de l'Université de Rouen et du Havre,
Paris.
62 Hanafiah H. (2012), loc.cit., p 1.
Busari [2004163 a met l'accent sur le rôle
des innovations financières et la croissance technologique comme
facteurs affectant la demande de monnaie au Nigeria. De même, Ayad F.
[2013]64, dans son étude sur la demande d'encaisses
réelles et ses déterminants en Algérie, a conclu que
l'incertitude économique est un facteur déterminant de la demande
de monnaie.
L'économie algérienne est
caractérisée par un système financier très peu
développé où les agents économiques ne disposent
pas d'autres types de placements en actifs financiers alternatifs à la
monnaie. Le marché monétaire algérien existe depuis
quelques années seulement et seules les banques et quelques particuliers
y interviennent.
Ainsi, dans cette étude, nous retiendrons
l'agrégat M2 comme mesure de la masse monétaire, le PIB
réel (variable d'échelle) et le taux d'intérêt qui
mesure le rendement d'une partie des composantes de M2. Nous incluons
également deux autres variables qui sont jugées importantes dans
les économies en développement : le taux d'inflation et le taux
de change.
De ce fait, conformément aux théories
précédemment passées en revue, nous retenons une
spécification de l'équation de long terme de la forme :
M = f (PIB, TINT, TCH, INF) . (9)
Toutes les séries d'origine ont été
transformées en logarithme. Cette spécification à
l'avantage d'éviter les problèmes
d'hétéroscédasticité, ce qui revient à
écrire :
Log RMt = J30 + J31 log PIBt + J32 log TINTt + J33 log TCHt +
J34 log INFt + ?t . (10)
Avec:
- Log RMt : le logarithme de la masse monétaire M2 qui
constitue la variable à expliquer ;
- Log PIBt : le logarithme du produit intérieur brut
réel ;
- Log TINTt : le logarithme du taux d'escompte de la banque
d'Algérie ; - Log TCHt : le logarithme du taux de change ;
- Log INFt : le logarithme du taux d'inflation mesuré par
l'IPC ; - J30, J31, J32, J33, J34 sont les paramètres à estimer
;
63 Doguwa S.I. (2014), «Structural breaks,
cointegration and demand for money in Nigeria», CBN Journal of Applied
Statistics, Vol. 5, No.1, pp. 15-33.
64 Ayad F. op.cit., p. 88.
2.1. L'agrégat monétaire
- ?t : le terme d'erreur qui tient compte de toutes les
variables quantitatives ou qualitatives non intégrées dans le
modèle. C'est l'erreur d'estimation.
L'équation (10) comme un modèle de demande de
monnaie ne peut être pertinent pour l'élaboration de politiques
efficaces que si la relation entre les variables soit stable sur une longue
période de temps. Sur le plan pratique, il faut souligner que cette
question a des implications très importantes pour la conduite de la
politique monétaire. Pour autant, la connaissance du caractère
stable ou non de la demande de monnaie reste primordiale. En effet,
l'utilisation d'un agrégat de monnaie comme objectif
intermédiaire de la politique monétaire dépend, entre
autres choses, de la stabilité de la fonction de demande qui l'unit aux
variables explicatives.
2. Le choix des variables et sources des données
Notre étude se base sur les séries temporelles
ayant pour objectif d'analyser l'évolution des différentes
variables dans le temps. Dans notre application économétrique, en
se basant sur les études qui ont été
réalisées dans le sens de la relation entre la demande de monnaie
(M2) et ses déterminants, nous avons repris les variables capitales
expliquant la demande de monnaie en Algérie.
Le modèle précédemment
spécifié appelle quelques commentaires d'ordre
méthodologique, notamment du point de vue de la collecte des
données.
La plupart des données proviennent essentiellement de
la Banque d'Algérie et couvrent les périodes allant de 1970
à 2014. Le taux de change est exprimé en nombre de dinars
algérien pour un dollars américain. On a utilisé l'Indice
des Prix à la Consommation pour mesurer l'inflation. La masse
monétaire est représentée par l'agrégat M2. Le PIB
est intégré dans le modèle comme une mesure de la
croissance économique, nous avons pris le PIB réel corrigé
des effets de l'inflation. Concernant le taux d'intérêt, il est
représenté par le taux d'escompte annuel pratiqué par la
banque d'Algérie. Toutes les données sont annuelles.
Le choix de la période de temps dans ce travail a
été subordonné à la disponibilité des
données de séries chronologiques sur toutes les variables
incluses dans le modèle.
La majeure partie des travaux empiriques a limité les
définitions employées, dans le choix de l'agrégat
monétaire aux espèces plus les dépôts à vue,
ou aux espèces plus les dépôts à vue plus les
dépôts à terme. Il est tout-à-fait justifié
de limiter les définitions de la monnaie car les théories
empiriques, non seulement clarifient la théorie de la demande de monnaie
en tant que telle, mais aussi sont supposées indiquer les effets de la
politique économique et en particulier de la politique
monétaire65.
Notre choix de l'agrégat monétaire se fonde sur
la masse monétaire au sens large M2, constituée de la masse
monétaire au sens strict M1, et de la quasi monnaie c'est-à-dire
les dépôts à terme. M1 est égal à la somme
des billets, des pièces en circulation, et des dépôts
à vue. Les billets et les pièces en circulation constituant la
monnaie fiduciaire. Dans ce travail, la masse monétaire est
exprimée en terme réel déflaté par l'indice des
prix à la consommation de base 2010.
En raison de sa plus directe contrôlabilité par la
banque centrale, l'agrégat M1 aurait pu être
considéré, mais le choix de M2, nous semble plus judicieux
à partir du moment où c'est cette variable qui est suivie par la
banque d'Algérie, comme indicateur de la politique monétaire.
Tableau n0 1 : Evolution de la masse monétaire M2 de
1970 à 2014
En milliards de Dinars
Année
|
1970
|
1971
|
1972
|
1973
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
Masse monétaire
|
13,08
|
13,93
|
18,14
|
22,93
|
25,77
|
33,75
|
43,61
|
51,95
|
67,46
|
Année
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
Masse monétaire
|
109,15
|
137,89
|
165,93
|
194,72
|
223,86
|
227,02
|
257,90
|
292,96
|
308,15
|
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
Masse monétaire
|
343,01
|
415,27
|
515,90
|
627,43
|
723,51
|
799,56
|
915,06
|
1081,52
|
1592,46
|
Année
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Masse monétaire
|
1789,35
|
2022,53
|
2473,52
|
2901,53
|
3354,42
|
3738,04
|
4157,59
|
4933,74
|
5994,61
|
Année
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
|
Masse monétaire
|
6955,97
|
7173,05
|
8280,74
|
9929,19
|
11015,10
|
11941,50
|
13663,90
|
Source : la banque d'Algérie
Figure n07 : Evolution de la masse
monétaire réelle
65 Lailder D. (1974), La demande de monnaie :
théories et vérifications empiriques, Dunod, Paris.
12,000 10,000 8,000
6,000 4,000 2,000
0
|
RM2
Source :
|
|
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
réalisé
sur la base du logiciel Eviews 8.1
La figure n0 7 montre bien une tendance globale
haussière de la masse monétaire réelle. Pendant la
période de gestion planifiée 1970-1989, la masse monétaire
M2 a connu un accroissement significatif. En effet, pendant cette
période, l'offre de monnaie doit s'ajuster impérativement
à la demande de monnaie, le rôle assigné au système
bancaire national consiste à répondre à la demande de
crédit, exprimée par le secteur productif. De 1993-1996,
période d'ajustement structurelle, la masse monétaire, en terme
réelle, a subi une baisse remarquable avec une forte dégradation
du taux de liquidité. A partir de 2002, le contexte macro financier
s'est amplifié, les réserves officielles de change
détenues par la Banque d'Algérie garantissent la masse
monétaire de l'économie nationale. Depuis 2002, la masse
monétaire s'est vue doublé, elle passe de 1659,68 M Da à
6906,67 M Da. Cette croissance est plutôt alimentée par la hausse
des avoirs extérieurs nets, suite à l'augmentation des recettes
pétrolières. Néanmoins, en 2009, l'agrégat M2 a
subi une progression inférieure aux forts rythmes de croissance des
années précédentes, sous l'effet du choc externe 2009.
2.2. La variable d'échelle (le PIB)
La facilité des transactions est le principal motif de
la détention de monnaie. Le volume réel de l'activité
économique devrait donc influencer la demande de monnaie et induire une
relation positive entre le P11B réel et la masse monétaire
réelle.
La variable d'échelle dans la fonction de demande de
monnaie est utilisée comme une mesure des transactions relatives
à l'activité économique. Les théories de
transactions de demande de monnaie soulignent le niveau de revenu comme la
variable d'échelle la plus appropriée tandis que les
théories d'actifs mettent davantage l'accent sur la richesse. Le P11B
est la variable
66 Avouyi D.S. et al. (2003), «
Estimation d'une fonction de demande de monnaie pour la Zone Euro : une
synthèse des résultats », Bulletin de la banque de
France, n° 111, pp. 47-72.
d'échelle la plus courante dans les études
empiriques en dépit de ses lacunes connues, notamment les non-prises en
compte des transactions intermédiaires et financières, ainsi que
des transferts, ou la prise en compte de facteurs ne donnant pas lieu à
des transactions66.
Plusieurs recherches, ces dernières années se
sont concentrées sur la construction des variables d'échelle
basées sur des mesures de transactions plus générales,
d'autres variables d'échelle ont été proposées
(PNB, consommation, etc.), mais elles ont aussi un caractère partiel. La
seule alternative est constituée par des variables de stock (richesse ou
revenu permanent, etc.), mais elles ne sont pas toujours aisées à
évaluer.
Donc, c'est le PIB qui demeure la variable d'échelle la
plus largement utilisée, en raison de sa plus grande
accessibilité. Ici, nous utilisons le PIB réel comme proxy de la
variable de transaction. Conformément à la théorie
économique, nous anticipons un signe positif pour le coefficient ?1.
L'élasticité de la demande de monnaie par rapport au PIB mesure
l'accroissement en pourcentage de la demande de monnaie suscité par une
augmentation de 1% du PIB. Dans le long terme une fois les encaisses
monétaires totalement ajustées les élasticités sont
aussi souvent supérieures à l'unité.
Tableau n0 2 : Evolution du PIB réel de
1970 à 2014 En milliards de Dinars
Année
|
1970
|
1971
|
1972
|
1973
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
1979
|
PIB réel
|
86,69
|
75,94
|
92,82
|
99,19
|
115,38
|
120,7
|
130,72
|
137,72
|
150,35
|
161,36
|
Année
|
1980
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
PIB réel
|
162,5
|
167,46
|
178,09
|
187,78
|
195,47
|
205,76
|
204,37
|
197,96
|
185,75
|
196,04
|
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
PIB réel
|
212,92
|
215,33
|
220,14
|
214,5
|
207,76
|
217,8
|
225,11
|
227,57
|
237,47
|
246,85
|
Année
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
PIB réel
|
250,77
|
264,84
|
274,5
|
298,49
|
310,94
|
330,11
|
336,13
|
349,07
|
353,96
|
359,62
|
Année
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
|
PIB réel
|
372,57
|
383
|
395,64
|
406,72
|
422,17
|
Source : la banque d'Algérie
67 Talabong H. (2012), « Demande de monnaie en
zone CEMAC : une modélisation par coïntégration avec
ruptures structurelles », L'Actualité économique,
Vol. 88, n° 4, p. 429-458.
Figure n0 8 : Evolution du PIB
réel
PIB r
450 400 350 300
250 200 150 100
50
|
|
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Source : réalisé sur la base du
logiciel Eviews 8.1
Le P11B a connu une évolution sensible en
Algérie. Comme le montre la figure n0 8, alors qu'il
n'était que de 86,69 milliards de dinars en 1970, celui-ci a atteint
204,37 milliards de dinars en 1986, ceci résulte des recettes
générées par la fiscalité pétrolière.
On remarque que le P11B réel a subi une décroissance entre
1985-1988 (contre choc pétrolier de 1986), une autre régression
de la production entre 1992-1994, pour connaitre après une hausse
considérable à partir de 1996 ou la situation économique
algérienne a connu une amélioration de la performance
macroéconomique. En 2002, le pays a atteint un nouveau pallié de
croissance, lié aux performances du secteur des hydrocarbures, le P11B
en terme réel va connaitre une augmentation progressive continue.
2.3. Le taux d'intérêt
Le taux d'intérêt intervient en matière de
demande de monnaie parce qu'il constitue, pour les ménages et les
entreprises, le coût d'opportunité de la détention de la
richesse sous la forme peu ou pas rémunératrice de la monnaie.
Afin de mieux comprendre l'influence du taux
d'intérêt sur la demande d'encaisses monétaires, il
faudrait se détourner du rôle de monnaie comme moyen de paiement
et la considérer comme un actif financier à part entière.
Sa détention dépend alors de son prix relatif par rapport aux
actifs alternatifs67. La théorie indique que, toutes choses
égales par ailleurs, les gens préfèrent les actifs qui
offrent un rendement supérieur. Toute augmentation du taux
d'intérêt constitue une augmentation du taux de
rendement des actifs peu liquides par rapport à celui de la monnaie, de
ce fait, s'il augmente, les particuliers vaudront détenir une plus
grande partie de leurs avoirs en actifs non monétaires à cause de
leur intérêt, et une moindre fraction en encaisses. Donc une
augmentation du taux d'intérêt provoque une baisse de la demande
de monnaie.
Les approches empiriques de transactions de la demande de
monnaie, utilisent dans la spécification de leur modèle des taux
d'intérêt à court terme (par exemple le taux de
dépôt d'épargne), tandis que les approches qui adoptent une
approche des actifs de la demande de monnaie utilisent
généralement des taux d'intérêt à long terme.
Cependant, il est important de savoir lequel de ces taux est plus
étroitement 1ié à la demande de monnaie.
D'une part, certains économistes disent que le taux
à long terme est préférable parce qu'il est plus
représentatif du taux moyen de la rémunération du capital
à tout moment dans l'économie. Il est donc un meilleur indicateur
du coût d'opportunité global de la monnaie que le rendement des
dettes commerciales à court terme. D'autre part, certains
économistes pensent que ces derniers qui ont une courte
échéance sont de meilleurs substituts à la monnaie que ne
le sont les obligations à plus long terme, si bien que leur rendement
est particulièrement intéressant parmi toutes les
possibilités qui sont exclues par les encaisses68. Dans notre
étude, le taux de référence est le taux d'escompte de la
banque d'Algérie, et le signe attendu du coefficient ?2 est
négatif.
Tableau n0 3 : Evolution du taux d'escompte
de 1970 à 2014
Année
|
1970
|
1971
|
1972
|
1973
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
1979
|
1980
|
1981
|
Taux d'escompte en %
|
2,5
|
2,5
|
2,5
|
2,5
|
2,5
|
2,5
|
2,5
|
2,5
|
2,5
|
2,5
|
2,75
|
2,75
|
Année
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
Taux d'escompte en %
|
2,75
|
2,75
|
2,75
|
2,75
|
5
|
5
|
5
|
7
|
10,5
|
11,5
|
11,5
|
11,5
|
Année
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Taux d'escompte en %
|
15
|
14
|
13
|
11
|
9,5
|
8,5
|
6
|
6
|
5,5
|
4,5
|
4
|
4
|
Année
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
|
Taux d'escompte en %
|
4
|
4
|
4
|
4
|
4
|
4
|
4
|
4
|
4
|
Source : données du FMI
68 Lailder D. (1974), La demande de monnaie :
théories et vérifications empiriques, Ed. Dunod, Paris.
69 Bordes C. et al. (2001), « Une
Europe monétaire à plusieurs vitesses ? La demande de monnaie
dans les grands pays de la Zone Euro 1979-1999 », Economie &
prévision, n0 147, pp. 51-71.
Figure n0 9 : Evolution du taux
d'escompte
TINT
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Source : réalisé sur la base du
logiciel Eviews 8.1
En Algérie dans le cadre des mises en oeuvre des
réformes, le taux d'intérêt a été
libéré et le taux d'escompte a été
réévalué. Nous observons un pic autour des années
1990, 1995 contrairement aux années 1970 et 1979, où les taux
d'escompte sont stables. A partir des années 1995, on remarque une
tendance baissière qui finit en stabilité les 10 années
dernières.
2.4. L'inflation
Durant une phase d'expansion, on assiste à un
gonflement de l'émission monétaire accompagnant le mouvement
général. Si cette création monétaire gonfle
conjointement à la demande qu'elle tend à satisfaire,
c'est-à-dire si les encaisses réelles désirées des
agents s'équilibrent, le stock monétaire va évoluer au
même rythme que la croissance réelle de l'économie. Par
contre, si les encaisses désirées et réelles ne peuvent
pas s'ajuster, une réduction de la demande de monnaie va se prolonger en
un excès de liquidité : la surabondance des liquidités va
se reporter non seulement sur les actifs financiers mais aussi sur les biens
réels, pouvant à terme créer une hausse injustifiée
des prix.
La prise en compte du taux d'inflation dans la fonction de
demande de monnaie est à l'origine d'une controverse. Dans les
modèles théoriques, il n'affecte pas la valeur
désirée à long terme des encaisses réelles.
Toutefois, on estime parfois que sa prise en compte est nécessaire. Les
arguments avancés en faveur de ce choix sont les suivants69
:
Source : données du FMI
- Il permet une nouvelle para-métrisation du
modèle en termes d'encaisses réelles et de taux d'inflation ;
celle-ci permet de conserver l'hypothèse
d'homogénéité de la demande de monnaie par rapport au
niveau général des prix dans le long terme tout en n'imposant pas
cette hypothèse dans le court terme ;
- Il permet une simplification intéressante dans
l'estimation économétrique du modèle si les encaisses
nominales et le niveau général des prix sont I(2) tandis que les
encaisses réelles sont I(1) ;
- Il a été démontré que dans les
situations caractérisées par un mécanisme d'ajustement
à court terme et la persistance de l'inflation, le taux d'inflation peut
figurer dans la modélisation de demande de monnaie même s'il
n'apparaît pas dans la demande d'encaisses désirées de long
terme.
Cette question de l'inclusion ou non du taux d'inflation dans
l'équation de demande de monnaie est l'un des enjeux majeurs de tout
travail économétrique.
Dans les pays en développement en
général, en l'absence de marchés financiers viables
où les agents peuvent disposer de placements en actifs financiers
alternatifs à la monnaie, l'acquisition des actifs réels
apparaît souvent comme un moyen de se protéger contre les effets
de l'inflation. Plus le taux d'inflation est élevé, moins les
individus détiennent de monnaie en termes réels. Etant
donné que la détention d'encaisses réelles rend des
services, les individus sont d'autant moins satisfaits que le taux d'inflation
est plus élevé. De ce point de vue, il existe une relation
négative entre le taux d'inflation et la demande de monnaie, nous
estimons un signe négatif du coefficient associé au taux
d'inflation ?3.
Tableau n0 4 : Evolution du taux d'inflation
de 1970 à 2014
Année
|
1970
|
1971
|
1972
|
1973
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
1979
|
IPC %
|
6,6
|
2,63
|
3,66
|
6,17
|
4,7
|
8,23
|
9,43
|
11,99
|
17,52
|
11,35
|
Année
|
1980
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
IPC %
|
9,52
|
14,65
|
6,54
|
5,97
|
8,12
|
10,48
|
12,37
|
7,44
|
5,91
|
9,3
|
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
IPC %
|
16,65
|
25,89
|
31,67
|
20,54
|
29,05
|
29,78
|
18,68
|
5,73
|
4,95
|
2,65
|
Année
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
IPC %
|
0,34
|
4,23
|
1,42
|
4,27
|
3,96
|
1,38
|
2,31
|
3,67
|
4,86
|
5,73
|
Année
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
|
IPC %
|
3,91
|
4,52
|
8,89
|
3,25
|
2,92
|
Figure n0 10 : Evolution du taux
d'inflation
INF
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Source : réalisé sur la base du
logiciel Eviews 8.1
L'expansion de la masse monétaire, sans contrepartie
productive en biens et services, durant la période 1970-1986, s'est
traduite par un taux d'inflation en progression permanente. Les mesures prises
dans le cadre de réformes économiques notamment, celles relative
au plan d'ajustement structurel, ont touché le taux d'inflation lequel
est resté au stade de deux chiffres en quelques années. Nous
observons une évolution qui a connu en 1990, une augmentation brusque,
et à partir de 1996 une baisse drastique. Entre 1998 et 2000, on observe
une légère baisse du taux d'inflation.
2.5. Le taux de change
Le marché des changes est basé sur les achats et
les ventes d'une monnaie contre une autre, ou transactions des devises. Le
cours de change est en quelque sorte le prix de la monnaie nationale en monnaie
étrangère.
L'approche monétaire de détermination des cours
de change propose une relation entre cours de change et taux
d'intérêt : dans une optique, les cours de change varient pour
égaliser les returns attendus des actifs
financiers70. Les banques centrales utilisent souvent leurs
réserves de change pour influencer le cours de change. Si elles veulent
éviter une dépréciation nominale, elles achètent
leur propre monnaie en échange d'une partie de leurs avoirs sur
l'étranger.
A l'inverse, pour éviter une appréciation elles
vendent leur propre monnaie en acquérant des actifs étrangers.
Ainsi, les mouvements de change par rapport aux fluctuations
économiques
70 Dupriez P. (1996), L'économie en
mouvement : outils d'analyse de la conjoncture, De Boeck, Bruxelles.
dépendent non seulement des facteurs qui
déterminent les cours de change, mais également des mesures de la
politique monétaire.
Plusieurs études empiriques de la demande de monnaie
ont reconnu et intégré le phénomène de change dans
leurs modèles de demande de monnaie. Le taux de rendement
espéré des actifs étrangers est sélectionné
en tant que proxy pour le coût d'opportunité de la
détention d'actifs libellés en devises étrangères.
Dans une situation de forte inflation et qui est persistante, les agents
économiques peuvent également détenir la monnaie
étrangère au lieu de la monnaie nationale. On assiste au
phénomène de dollarisation de l'économie, qui consiste
à un remplacement partiel ou total de la monnaie nationale par une
devise étrangère, et dans ce cas le taux de change joue un
rôle important dans ce processus de prise de décision. Le signe
attendu de son coefficient dans la fonction de demande de monnaie (?4 ) est
donc négatif.
Tableau n0 5 : Evolution du taux de change
officiel de 1970 à 2014
Année
|
1970
|
1971
|
1972
|
1973
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
1979
|
Taux de change
|
4,94
|
4,91
|
4,48
|
3,96
|
4,18
|
3,95
|
4,16
|
4,15
|
3,97
|
3,85
|
Année
|
1980
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
Taux de change
|
3,84
|
4,32
|
4,59
|
4,79
|
4,98
|
5,03
|
4,70
|
4,85
|
5,91
|
7,61
|
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
Taux de change
|
8,96
|
18,47
|
21,84
|
23,35
|
35,06
|
47,66
|
54,75
|
57,71
|
58,74
|
66,57
|
Année
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Taux de change
|
75,26
|
77,22
|
79,68
|
77,39
|
72,06
|
73,28
|
72,65
|
69,29
|
64,58
|
72,65
|
Année
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
|
Taux de change
|
74,39
|
72,94
|
77,54
|
79,37
|
80,58
|
Source : la Banque Mondiale
Figure n0 11 : Evolution du taux de
change
TCH
90 80 70 60
50 40 30 20 10
0
|
|
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Source : réalisé sur la base du
logiciel Eviews 8.1
En Algérie, afin de soutenir le processus de
libéralisation du commerce extérieur et établir la
convertibilité du dinar sur toutes les transactions courantes, le dinar
a subi une dévaluation intensive à partir de la mise en
application des réformes. Nous constatons que le taux de change a subi
une augmentation conséquente entre 1990 et 2000. Entre 2002 et 2008, on
observe une baisse légère.
Conclusion
Face à une offre exogène contrôlée
par les autorités monétaires, la demande de monnaie constitue une
entité beaucoup plus complexe à analyser.
L'apport des théories économiques peut nous
éclairer sur ce point, car elles permettent de mieux comprendre ce qui
détermine les besoins de la monnaie et la façon dont ceux-ci
s'insèrent dans le fonctionnement de l'économie. L'aperçu
passé en revue au cours de ce chapitre nous a permis de mieux cerner les
déterminants clés de la demande de monnaie à savoir: le
taux d'intérêt et d'inflation, niveau de revenu, mais aussi
anticipations sur les cours de change, si on songe que l'internationalisation
des économies a fait de la demande de monnaie une demande
internationale.
La prime attendue sur le cours de change d'une monnaie
intervient dans l'estimation du coût d'opportunité de la
détention d'encaisses, quant à l'anticipation de taux des titres
(considérés comme actifs financiers alternatifs), elle intervient
dans le choix des agents entre la détention de ces actifs et
détention d'encaisses. Parce qu'il détermine le montant des
transactions à
effectuer, le niveau de revenu apparait également come
déterminant de la demande de monnaie. Cette dernière se
modifié pour chaque variation des prix, les fluctuations des prix
modifie la valeur réelle des encaisses. Pour maintenir cette valeur, la
demande va devoir compenser la variation des prix.
Notre choix a porté sur un modèle ayant comme
principale préoccupation la prise en compte des principaux
déterminants de la demande de monnaie en Algérie qui sont le
produit intérieur brut, l'inflation, le taux d'intérêt et
le cours de change. Le choix d'un tel modèle nous a été
imposé par la disponibilité et la nature des données
statistiques existantes.
CHAPITRE 04
Méthodologie d'estimation et
présentation des résultats
Introduction
Après avoir exposé les différents
éléments théoriques et empiriques expliquant la relation
entre la demande de monnaie et les agrégats économiques : PIB
réel, taux d'escompte, taux d'inflation et taux de change, nous allons
essayer de faire une application empirique. Il s'agit de déterminer
d'éventuelles relations entre la demande de monnaie et les
différentes variables explicatives retenues, sur une période
allant de 1970 jusqu'à 2014.
L'économétrie des séries non
stationnaires a connu de nombreux développements à travers le
temps, notamment la théorie de la cointégration, proposée
par Granger et Weiss [1983], formulée par Granger [1981] et
développée par la suite par Engel et Granger [1987] et Johansen
[1988, 1991]71. L'intérêt croissant de ce concept
réside dans le fait qu'il autorise l'estimation et les tests de
relations d'équilibre de long terme entres les variables.
De nombreux économistes considèrent que certains
évènements tels que les guerres et les politiques
monétaires peuvent affecter les différentes variables
macroéconomiques d'où la prise en compte des ruptures
(breaks) structurelles dans les séries temporelles est devenu
une nécessité. A titre d'exemple, on peut citer les travaux de
Lumsdaine et Papell [1997], Wang et Zivot [2000] qui considèrent le test
de racine unitaire en présence de break dans la tendance du
processus. D'autre part, Marriot et Newbold [2000]72 traitent le cas
de présence de break dans la moyenne du processus.
Ainsi, notre présent chapitre se compose de deux
parties. Dans la première, nous présentons la démarche
méthodologique que nous allons suivre pour déterminer les
principales variables explicatives de la demande de monnaie en Algérie,
et l'estimation des différentes variables des données
recueillies. La deuxième partie rend compte des résultats
empiriques et à leur discussions et les interprétations des
différentes relations estimées. Sur la base des résultats
obtenus, il sera envisagé des propositions en matière
d'orientation de la politique monétaire nationale.
1. Méthodologie d'estimation
Afin d'éviter le problème de la
régression fallacieuse, l'ordre d'intégration des variables est
étudié en utilisant les tests de racine unitaire de Dickey Fuller
(ADF) et Phillips-Perron (PP). Nous étudions l'existence d'une relation
coïntégrante de demande de monnaie en tenant compte
71 Jean Paul K. et al. (2013),
«Cointégration et modèle à correction d'erreur»,
LAREQ publications, vol. 8, n0 3.
72 Khorsi R. (2011). Inférences
bayésiennes en séries chronologiques, Mémoire de Magister,
université de Tizi Ouzou.
73 Ibidem.
de la possibilité des ruptures structurelles sur la
dynamique des séries macroéconomiques utilisées.
Dans la littérature actuelle, on trouve un bon nombre
de travaux qui traitent les modèles de séries temporelles avec
changement structurel lié aux évènements
macroéconomiques majeurs tels que les chocs pétroliers, les
guerres, les crises financières et les changements de régime
politique, etc. L'analyse des changements structurels a suscité un grand
intérêt surtout après l'apparition de l'article de Perron
[1989].
Perron [1989]73, montre que l'évidence de
l'existence d'une racine unitaire dans plusieurs variables
macroéconomiques pourrait être due à la présence
d'un important changement structurel dans la tendance des séries qui est
ignoré. Dans ce cas, les tests habituels de racine unitaire (test ADF)
sont biaisés en faveur de l'hypothèse nulle. Les tests Phillips
et Perron s'appuient sur une approche non-paramétrique de correction des
erreurs qui tolère aussi bien
l'hétérogénéité qu'une certaine
dépendance temporelle au sein de la série résiduelle. De
plus, les statistiques de test qu'ils calculent ont la propriété
d'être tabulées selon les mêmes tables que celles d'ADF.
Dans notre étude, afin d'étudier efficacement
les propriétés statistiques des variables, nous recourrons
judicieusement au test de Zivot et Andrews [1992], qui permet d'accorder une
plus grande flexibilité à la modélisation de la composante
déterministe du processus générateur des données.
Ils considèrent que sous l'hypothèse nulle le processus temporel
étudié est I(1) sans changement structurel exogène, alors
que sous l'alternative, il peut être représenté par un
processus TS avec un unique changement structurel dans le niveau ou la
tendance. Le point de rupture survient à une date a priori inconnue,
date déterminée par la procédure de test. Le point de
rupture est choisi de telle sorte qu'il minimise la statistique de test ADF
associée. Puis, nous procédons à l'estimation de la
relation de long terme de la fonction de demande de monnaie avec prise en
compte des ruptures structurelles. Si les résidus issus de l'estimation
s'avèrent stationnaire, un modèle dynamique (court terme) sera
estimé.
Une série de tests statistiques est effectuée
afin de pouvoir valider le modèle : test de stationnarité des
résidus, test de normalité, et le test
d`hétéroscédasticité. Enfin, la stabilité
des paramètres du modèle est étudiée en utilisant
les tests de CUSUM et CUSUM of SQUARES. Le test de CUSUM
teste la présence ou non de l'instabilité
systématique et le test CUSUM of
SQUARES teste quant à lui la présence
ou non de l'instabilité aléatoire. Si notre modèle est
validé, il pourra ainsi être utilisé à des fins de
prévisions.
2. Analyse des propriétés statistiques
des données et estimation des paramètres
Avant tout traitement économétrique, il convient
de s'assurer de la stationnarité des variables retenues car la
stationnarité constitue une condition nécessaire pour
éviter les relations fallacieuses.
Une première idée sur le caractère
stationnaire ou non des variables est donné par l'analyse du
corrélogramme. On examine celui de la masse monétaire
réelle en niveau (annexe n0 2) puis en variation (annexe
n0 3). Le corrélogramme de la masse monétaire
réelle montre des autocorrélations lentement décroissantes
tandis que seule la première autocorrélation partielle est
significative. Cette forme de corrélogramme est typique des
séries non stationnaires. On peut donc supposer que la série log
RM est non stationnaire. Le corrélogramme de la série en
variation est d'une forme très différente. Il ne présente
pas d'allure particulière, on peut donc dire que la série en
différence est stationnaire. Le corrélogramme des séries
log PIB, log TCH, log TINT et log INF, donne les mêmes indications (voir
annexe n0 2 et 3). Pour confirmer ces suppositions, nous
procédons aux tests de racine unitaire.
Tableau n0 6 : Résultats des tests de
stationnarité d'ADF et PP
|
ADF
|
PP
|
Ordre
d'intégration
|
Variable
|
En niveau
|
1st diff.
|
En niveau
|
1st diff.
|
Log RM
|
4,864428
|
-2,819398
|
3.227294
|
-2.819398
|
I(1)
|
Log PIB
|
4.475461
|
-4.785113
|
4.475461
|
-5.299650
|
I(1)
|
Log INT
|
0.031989
|
-4.757178
|
-0.208405
|
-4.793485
|
I(1)
|
Log INF
|
-2.788521
|
-9.443371
|
-2.815550
|
-9.483791
|
I(1)
|
Log TCH
|
2.518361
|
-3.594629
|
1.316269
|
-3.703237
|
I(1)
|
Les valeurs critiques sont considérées au seuil
5%.
Les valeurs des statistiques ADF et PP obtenues pour les
variables en niveau sont toutes supérieures à la valeur critique
au seuil critique de 5%. Les séries ne sont pas stationnaires en niveau.
Pour les rendre stationnaires nous avons procédé aux tests de
racine unitaire sur les variables exprimés en différence,
l'hypothèse nulle de non-stationnarité est rejetée de
façon significative. Les statistiques ADF calculées sur les
variables sont toutes inférieures à la valeur critique au seuil
de 5%. On en conclut donc que les séries sont toutes
intégrées d'ordre un I(1).
Néanmoins les tests ADF et PP peuvent être
suspects lorsque l'échantillon analysé comporte des
événements majeurs (crise financière, choc
pétrolier, etc.) qui sont susceptibles de créer des ruptures dans
les séries. Afin de vérifier ceci et donc de prendre en compte
les possibles changements de régimes, nous allons réaliser des
tests de racine unitaire avec rupture de Zivot et Andrews [1992]. Nous
présentons, dans le tableau n0 5, les résultats de ce
test.
Tableau n0 7 : Résultats du test de
stationnarité avec rupture Zivot Andrews [1992]
Variable
|
Modèle A
|
Modèle B
|
Modèle C
|
Ordre
d'intégration
|
t ZA
|
v. crit
|
t ZA
|
v. crit
|
t ZA
|
v. crit
|
Log RM
|
-3,91
(1989)
|
-4,93
|
-3,55(1996)
|
-4,42
|
-3,53
(1989)
|
-5,08
|
I(0)
|
Log PIB
|
-6,69
(1987)
|
-4,93
|
-5,02(2001)
|
-4,42
|
-5,19
(2003)
|
-5,08
|
I(0)
|
Log INT
|
-6,08
(1986)
|
-4,93
|
-4,33(1992)
|
-4,42
|
-6,26
(1986)
|
-5,08
|
I(0)
|
Log INF
|
-5,76
(1997)
|
-4,93
|
/
|
/
|
-5,64
(1997)
|
-5,08
|
I(0)
|
Log TCH
|
-4,95
(1991)
|
-4,93
|
-2,64(2001)
|
-4,42
|
-5,03
(1991)
|
-5,08
|
I(0)
|
Les valeurs critiques sont considérées au seuil 5%
; (.) : Date de rupture
Selon les résultats de ce test (tableau n0
7), toutes les variables sont intégrées d'ordre zéro I(0),
et donc stationnaires. Les valeurs de la statistique t ZA
sont supérieures aux valeurs critiques au seuil de 5% pour les
séries log RM, log PIB, log INF.
On retient pour les 3 séries le modèle A qui met
en évidence un point de rupture dans la constante en 1989 pour la
série log RM. Cette date correspond à la réforme du
système monétaire et fiscal qui allait dès lors s'appuyer
sur quelques mesures fortes destinées à enrayer l'inflation
monétaire et rééquilibrer les comptes des agents
économiques, et du Trésor en ménageant une transition de
l'économie d'endettement vers une économie s'appuyant davantage
sur les marchés monétaire et financier. Les dates de ruptures
retenues pour les séries log PIB et log INF sont 1987 et 1986
respectivement, elles correspondent au contre choc pétrolier de 1986 qui
avait des conséquences négatives sur la croissance et
l'inflation. (Pour combler le déficit budgétaire, les
autorités utilisaient la planche à billets, ce qui avait pour
effet mécanique d'alimenter l'inflation).
Pour ce qui est es série log TINT et log TCH, on
retient le modèle C qui présente une rupture dans la constante et
la tendance à la fois en 1986 et 1991 pour la série log TCH.
Cette dernière correspond à l'adoption du régime de change
flottant.
2.1. Estimation de la relation de long terme de la
fonction de demande de monnaie De l'équation (10), la fonction
de demande de monnaie à long terme estimée sans rupture
structurelle est sous la forme suivante :
Log RMt = -2,55 + 2,03 log PIBt - 0,26 log TINTt - 0,03 log
TCHt - 0,02 log INFt ... (11)
2.1.1. Interprétation statistique et
économétrique du modèle
- ?0 = -2,55 représente le logarithme
de la demande de monnaie M2 lorsque le PIB, INT, TCH et l'INF sont à
l'unité ;
- ?1 = 2,03 représente
l'élasticité de la demande de monnaie par rapport au PIB. Une
hausse de 1% du PIB entraine une augmentation de 2,03% de la demande de
monnaie.
- ?2 = -0,26 représente
l'élasticité de la demande de monnaie par rapport au taux
d'escompte. Lorsque le taux d'escompte augmente de 1%, la demande de monnaie M2
baisse de 0,26%.
- ?3 = -0,03 représente
l'élasticité de la demande de monnaie par rapport au taux de
change. Pour un accroissement de 1% du taux de change, la demande de monnaie
décroit de 0,03%.
- ?4 = -0,02 représente
l'élasticité de la demande de monnaie par rapport au taux
d'inflation. L'inflation influe négativement et légèrement
la demande de monnaie, en effet, cette dernière baisse de 0,02% lorsque
le taux d'inflation augmente de 1%.
Les résultats d'estimation montrent que les
coefficients associés à la constante, log PIB et log TINT sont
d'un point de vue statistique et économétrique significatifs, car
les statistiques de Student associées sont largement
supérieurs aux valeurs critiques au seuil de 5%, ce qui n'est pas le cas
pour les séries log TCH et log INF. Les valeurs de la statistique de
student sont inférieurs à la valeur critique ce qui nous
conduit à rejeter l'hypothèse de significativité du taux
de change et du taux d'inflation au seuil de 5%.
En complément des coefficients de la régression,
la méthode des moindres carrés permet d'obtenir d'autres
statistiques en particulier l'écart type des résidus ou
l'écart type résiduel. Il est intéressant car il donne une
indication sur l'étroitesse d'ajustement entre la droite calculée
et les points expérimentaux, puisque les résidus
représentent la distance entre les valeurs observées et les
valeurs théoriques. Dans notre cas, sa valeur est de 0,13
ceci nous permet d'avancer que la précision de l'ajustement est
appréciable.
La qualité de l'ajustement correspond au rapport entre
l'information totale sur la demande de monnaie et l'information effectivement
reconstituée à partir des connaissances procurées par la
combinaison des variables explicatives. Cette qualité d'ajustement varie
entre 0% (les variables
D'après ces résultats, nous remarquons d'une
part que la significativité du modèle est limitée par la
présence d'erreurs autocorrélées, d'autre part, la valeur
du coefficient de détermination
sélectionnées n'apportent aucun
élément de prévision sur la demande de monnaie) et 100%
(la connaissance des valeurs variables explicatives permet de prévoir
intégralement les valeurs de la demande de monnaie) et dépend de
l'intensité de la corrélation entre la demande de monnaie et ses
déterminants. Elle peut se calculer ou se mesurer directement à
l'aide du coefficient de détermination, c'est-à-dire du
carré du coefficient de corrélation. D'après les
résultats d'estimation le R2 est
égale à 0,9752, la qualité d'ajustement
est donc bonne.
Selon le test de Fisher qui se fonde sur
l'équation d'analyse de variance, il existe bien une relation entre les
variables explicatives et la demande de monnaie. La statistique de Fisher
obtenue de la régression (394,53) est largement
supérieure à la valeur critique au seuil de 5%.
Pour vérifier l'auto corrélation des
résidus, nous utiliserons le test de Durbin Watson qui
détecte l'auto corrélation d'ordre 1. Cette statistique varie
entre 0 et 4 et nous avons DW=2 lorsque ñ = 0,
elle dépend de deux valeurs d1 et d2 tabulées en fonction du
nombre d'observations et le nombre de variables explicatives, constante exclue.
Dans notre modèle, la statistique de DW égale à
0,68 est comparait aux valeurs d1 et d2 au seuil de 5%, soit
1,34 et 1,72 respectivement. Ceci nous permet de conclure une
autocorrélation positive des erreurs.
2.1.2. Interprétation économique du
modèle
On peut observer que les signes des coefficients issues de
l'estimation sont conformes à ceux attendus et ceux que postule la
théorie de la demande de monnaie. L'encaisse monétaire
réelle est positivement influencée par le volume réel des
transactions économiques, Effectivement, suite à une augmentation
du revenu réel, les gens effectuent plus de transactions ce qui augmente
la demande de monnaie. L'élasticité de la demande de monnaie par
rapport au PIB réel est supérieure à l'unité, donc
il n'y a pas des économies d'échelle dans la demande de monnaie
en Algérie.
Pour ce qui est de l'inflation et le taux de change, les
résultats montrent un impact négatif sur la demande de monnaie.
Donc, on assiste à une fuite de la monnaie nationale remplacée
par des devises.
Si on prend un changement de 1% de taux
d'intérêt, il génère une diminution de 0.26% de la
masse monétaire M2. Cette relation négative de taux
d'intérêt vers la demande de la monnaie indique que le taux
d'intérêt peut être considéré comme instrument
du mécanisme de transmission de la politique monétaire an
Algérie.
R2 est supérieure à la valeur de la statistique
de DW et selon la règle de Granger, il s'agit d'une fausse
régression.
De plus, le test de CUSUM SQ (Cumulative
Sum) montre que la relation entre la demande de monnaie et les
déférentes variables retenue sont instables au cours de la
période 1991-2001. La figure n0 12 montre bien que pendant
cette période la valeur de la statistique est en dehors de l'intervalle
de confiance.
Figure n0 12 : Résultats du test de
CUSUM of Squares
1.4 1.2 1.0 0.8
0.6 0.4 0.2 0.0 -0.2
-0.4
|
|
|
1985 1990 1995 2000 2005 2010
|
CUSUM of Squares 5% Significance
|
Source : réalisé sur Eviews
8.1
Ceci peut être expliqué par la non-prise en
compte des ruptures structurelles dans le modèle estimé.
Autrement dit, les variables déterminantes de la demande de monnaie que
nous avons introduites dans notre modèle ont connu des changements
brusques pouvant mettre profondément en cause la demande de monnaie.
Parfois le changement structurel peut être attribué à des
forces extérieures ou à des variations de politiques
économiques.
2.2. Estimation de la relation de long terme avec
ruptures structurelles
En tenant compte des breaks structurels, le modèle
à estimer s'écrit sous la forme suivante :
Log RMt = /30 + /31 log PIBt + /32 log INTt + /33 log TCHt +
/34 log INFt + /35 log PIBt *DUPIB + /36 log INTt *DUINT + /37 log TCHt *DUTCH
+ /38 log INFt *DUINF + St ......(12)
Où DU est une variable indicatrice qui prend la valeur 1
quand t > t0 (date de rupture) et 0 sinon. Les résultats d'estimation
sont résumés dans le tableau suivant :
Tableau n0 8 : Résultats d'estimation
de la relation de long terme
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
LOG(PIB)
|
1.824338
|
0.080267 22.72825
|
0.0000
|
LOG(TINT)
|
-0.448612
|
0.071030 -6.315831
|
0.0000
|
LOG(INF)
|
0.012534
|
0.028249 0.443691
|
0.6598
|
1-DURM
|
-1.497877
|
0.412912 -3.627596
|
0.0009
|
DURM
|
-1.390248
|
0.442422 -3.142356
|
0.0033
|
LOG(PIB)*DUPIB
|
0.070473
|
0.019168 3.676598
|
0.0007
|
LOG(TCH)*DUTCH
|
-0.065182
|
0.023536 -2.769436
|
0.0087
|
LOG(INF)*DUINF
|
0.015468
|
0.036645 0.422097
|
0.6754
|
R-squared
|
0.985057
|
Mean dependent var
|
7.788948
|
Adjusted R-squared
|
0.982230
|
S.D. dependent var
|
0.817046
|
S.E. of regression
|
0.108916
|
Akaike info criterion
|
-1.436675
|
Sum squared resid
|
0.438917
|
Schwarz criterion
|
-1.115490
|
Log likelihood
|
40.32518
|
Hannan-Quinn criter.
|
-1.316940
|
Durbin-Watson stat
|
1.316992
|
|
|
|
|
|
|
Source : réalisé sur Eviews
8.1
Selon les résultats de l'estimation, on remarque que
toutes les variables ont une signification statistique et
économétrique au seuil de 5%, (les probabilités du
t-statistique de Student sont inférieure à 0,05)
excepté l'inflation. Les statistiques de Student
associée à l'inflation et la date de rupture associée sont
inférieures à la valeur tabulée au seuil de 5% (1,96).
La valeur du coefficient de détermination R2
est de 98,5. Cela montre que des variables explicatives
choisies ont bien une influence sur les encaisses monétaires
réelles. La valeur de l'écart type des résidus est de
0,10. La précision de l'ajustement est
appréciable.
Le modèle est globalement satisfaisant,
néanmoins, l'inflation n'apparait pas comme variable explicative de la
demande de monnaie. Ceci est dû à l'utilisation des variables en
terme réel sans référence au taux d'inflation. Le
modèle ayant été estimé avec les variables
corrigées de l'effet d'inflation.
En éliminant les variables non significatives on
obtient une autre spécification de la relation de long terme, comme suit
:
Log RMt = /30 + /31 log PIBt + /32 log TINTt+ /33 log PIBt
*DUPIB + /34 log TCHt *DUTCH
+ ?t (13)
Les résultats d'estimation sont présentés
dans le tableau ci-après :
Tableau n0 9 : Résultats d'estimation
de la relation de long terme retenue
Dependent Variable : LOG(RM)
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
LOG(PIB)
|
1.842502
|
0.074570 24.70841
|
0.0000
|
LOG(TINT)
|
-0.439210
|
0.047835 -9.181696
|
0.0000
|
1-DURM
|
-1.571029
|
0.390599 -4.022106
|
0.0003
|
DURM
|
-1.459324
|
0.421462 -3.462525
|
0.0013
|
LOG(PIB)*DUPIB
|
0.068092
|
0.017107 3.980344
|
0.0003
|
LOG(TCH)*DUTCH
|
-0.065992
|
0.020445 -3.227796
|
0.0025
|
R-squared
|
0.984810
|
Mean dependent var
|
7.788948
|
Adjusted R-squared
|
0.982862
|
S.D. dependent var
|
0.817046
|
S.E. of regression
|
0.106960
|
Akaike info criterion
|
-1.509157
|
Sum squared resid
|
0.446178
|
Schwarz criterion
|
-1.268268
|
Log likelihood
|
39.95603
|
Hannan-Quinn criter.
|
-1.419356
|
Durbin-Watson stat
|
1.272145
|
|
|
|
|
|
|
Source : réalisé sur Eviews
8.1
D'après les résultats de cette estimation, la
relation de long terme retenue s'écrit de la manière suivante
:
Log RMt = -1,57 + 1,84 log PIBt - 0,43 log TINTt + 0,06
log PIBt*DUPIB - 0,06 log TCHt
(1970-1988) (1987) (1986) (1987) (1991)
*DUTCH ............................... (14)
Log RMt = -1,45+1,84 log PIBt - 0,43 log TINTt+ 0,06 log
PIBt *DUPIB - 0,06 log TCHt
(1989-2014) (1987) (1986) (1987) (1991)
*DUTCH ........................ (15)
2.2.1. Interprétation statistique du
modèle
A la lecture des résultats, nous constatons que
l'influence de la combinaison des variables explicatives est bien
significative. Toutes les variables sont d'un point de vue statistique et
économétrique significatives (la probabilité
associées à chaque variable est inférieure à
0,05).
La constante du modèle prend deux valeurs en fonction de
la date de rupture identifiée sur la série log RM :
- Entre 1970-1988, ?0 = -1,57 ;
- Entre 1989-2014 ?0= -1,45.
Dans les deux cas la constante représente le logarithme de
la demande de monnaie M2 lorsque le PIB, le taux d'escompte et le taux de
change sont à l'unité. C'est la base monétaire.
- Un accroissement de 1% du PIB provoquerait une
augmentation de 1,9% de la demande de monnaie sur M2 ;
- Si le taux d'escompte augmente de
l'unité, la demande de monnaie se réduit de 0,43% ; -
Pour une augmentation de 1% du taux de change, la demande de monnaie
baisse de 0,06%.
La valeur de R2 (98,48 %) indique que
la qualité de la régression du modèle de long terme est
bonne. C'est-à-dire que les fluctuations de la demande de monnaie sont
expliquées à 98% par les variables explicatives
retenues dans le modèle.
L'écart type résiduel (0,10) qui
est une estimation de l'erreur faite sur la mesure de la variable
dépendante, indique que notre modèle est d'une précision
d'ajustement est bonne. Une valeur de 0 indiquerait un ajustement parfait.
Le corrélogramme des résidus d'estimation (annexe
n0 4) montre que les résidus sont des bruits blancs. Le test
de stationnarité sur les résidus conduit aux résultats
suivants :
Tableau n0 10 : Résultats du test de
racine unitaire sur les résidus
|
ADF
|
PP
|
Variable
|
ts
|
v crit.
|
prob
|
ts
|
v crit.
|
prob
|
Résidus
|
-4.471089
|
-1.948495
|
0.0000*
|
-4.485503
|
-1.948495
|
0.0000*
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values
Les valeurs critiques sont considérées au seuil
5%
Les résultats du test ADF et PP nous conduit à
rejeter l'hypothèse nulle de présence de racine unitaire. Les
résidus d'estimation stationnaires.
2.2.2. Interprétation économique du
modèle
Les coefficients de la relation de long terme estimée
ont leurs signes tels que postulés par la théorie de la demande
de monnaie. Le volume des transactions a un effet positif sur la demande de
monnaie M2. À long terme, pour une augmentation de la valeur de 1% du
revenu, les agents économiques effectuent plus de transactions ce qui
augmente la demande de monnaie. L'élasticité du PIB par rapport
à la demande de monnaie (1,9%) reste importante et
supérieur à l'unité. Donc, il n'y a pas d'économies
d'échelle dans la fonction de demande de monnaie en Algérie.
L'impact négatif du taux d'intérêt sur la
demande de monnaie peut être confirme la contribution du taux
d'intérêt comme instrument du mécanisme de transmission de
la politique monétaire en Algérie. Une augmentation du coût
d'opportunité de détention de la monnaie par rapport à la
détention d'actifs porteurs d'intérêt réduit la
quantité de la monnaie demandée.
L'analyse d'une longue période des liens entre le taux
de change et la masse monétaire M2 repose sur une relation
négative selon laquelle une augmentation du taux de change provoque la
dévaluation de la monnaie nationale, ce qui conduit à une baisse
de la masse monétaire.
3. Validation du modèle
La validation du modèle se réfère
à divers tests statistiques de spécification pour vérifier
si le modèle est congru c'est-à-dire qu'il ne peut être mis
à défaut.
3.1. Tests sur les résidus
Ces tests statistiques consistent à tester la
qualité des résidus à savoir
l'homoscédasticité et la normalité.
3.1.1. Test de normalité des résidus
Si le modèle est idéalement bon, alors les
écarts que l'on constate entre les valeurs prédites et les
valeurs observées (les résidus) sont entièrement
imputables à des erreurs de mesure. De ce fait, les résidus
doivent posséder les propriétés classiques d'une
distribution normale, symétrique autour de la valeur prédite, Le
test de Jarque-Bera va nous permettre de mieux apprécier la
normalité des résidus.
Figure n0 13 : Résultats du test de
normalité des résidus
7
Series: Residuals
Sample 1970 2014
Observations 45
Mean 1.78e-15
Median 0.001069
Maximum 0.201089
Minimum -0.195913
Std. Dev. 0.100700
Skewness -0.074674
Kurtosis 2.395755
Jarque-Bera 0.726406
Probability 0.695445
6
5
4
3
2
1
0
-0.20 -0.15 -0.10 -0.05 0.00 0.05 0.10 0.15 0.20
Source : réalisé sur Eviews
8.1
La probabilité associée à la statistique
de Jarque-Bera 0,69 est supérieure à
0,05. L'hypothèse de normalité des résidus est donc
vérifiée. Nous pouvons donc conclure que les résidus de
l'estimation du modèle de long terme sont stationnaires. La
normalité de leur distribution est confirmée. Cela nous affirme
qu'il y a possibilité d'estimer une relation de court terme.
3.1.2. Test
d'hétéroscédastidité
Il s'agit d'un test important puisqu'il repère non
seulement de l'hétéroscédastidité mais
également une mauvaise spécification du modèle.
L'homoscédasticité s'observe lorsque la dispersion des
résidus est homogène sur tout le spectre des valeurs
prédites. C'est une propriété souhaitable puisque si les
résidus correspondent bien à des aléas de mesure, il n'y a
pas de raison que la dispersion de ces résidus change en fonction des
valeurs prédites.
Pour réaliser ce test nous utilisons le test de
White. D'après le tableau n0 16, nous acceptons
l'hypothèse l'homoscédasticité des erreurs au seuil de 5%
car les probabilités sont supérieures à 0,05. Donc les
estimations obtenues sont optimales.
Tableau
|
n0 11 : Résultats du test
d'hétéroscédasticité
|
|
Heteroskedasticity Test : White
|
|
|
|
F-statistic
Obs*R-squared Scaled explained SS
|
1.847938
20.83725
10.92255
|
Prob. F(14,30)
Prob. Chi-Square(14) Prob. Chi-Square(14)
|
0.0775
0.1059
0.6921
|
|
|
|
|
Source : réalisé sur Eviews
8.1
3.2. Test d'hypothèse de la neutralité de la
monnaie
On appel la neutralité de la monnaie,
l'incapacité de la monnaie à influencer les variables
réelles. Pour tester cette hypothèse, nous allons effectuer le
test de Wald qui nous permet de tester des restrictions sur les
coefficients de la régression. Dans notre cas, le coefficient qui
lié la demande de monnaie au PIB c'est ?u, l'hypothèse
nulle admet le principe de neutralité de la monnaie contre
l'hypothèse alternative d'élasticité unitaire de la
demande de monnaie au PIB.
Tableau n0 12 : Résultats du test de
Wald
Wald Test :
|
|
|
Test Statistic Value
|
df
|
Probability
|
t-statistic 24.70841
F-statistic 610.5055
Chi-square 610.5055
|
39
(1, 39)
1
|
0.0000
0.0000
0.0000
|
Null Hypothesis: C(1)=0 Null Hypothesis Summary:
|
|
|
Normalized Restriction (= 0)
|
Value
|
Std. Err.
|
C(1)
|
1.842502
|
0.074570
|
Source : réalisé sur Eviews
8.1
Les résultats du test de Wald sur le
coefficient ?1 permettent d'accepter, au seuil de 5 %,
l'hypothèse d'une élasticité unitaire du PIB à la
demande de monnaie, du fait que les probabilités associés aux
statistiques de Fisher et Chi-square sont inférieures
à 0,05. Cela nous permet de conclure que chaque pièce de monnaie
émise par la banque centrale a sa contrepartie dans la sphère
réelle, sans risque d'inflation.
3.3. La stabilité de la demande de monnaie
Lorsqu'on utilise un modèle de régression sur
des séries chronologiques, il se peut qu'apparaissent un changement
structurel dans la relation entre la variable dépendante et les
variables explicatives, tel est le cas dans ce travail. Par changement
structurel nous entendons que les valeurs des paramètres du
modèle ne restent pas identiques sur toute la période
d'étude. Afin de se prononcer sur une éventuelle stabilité
de notre modèle, le test de CUSUM SQ sera
exécuté. Ce test est fondé sur la somme cumulée du
carré des résidus récursifs. La valeur de la statistique
doit alors évoluer, sous l'hypothèse nulle de stabilité de
la relation, entre deux droites représentant les bornes de
l'intervalle.
Figure n0 14 : Résultats du test
CUSUM SQ
1.4 1.2 1.0 0.8
0.6 0.4 0.2 0.0 -0.2
-0.4
|
|
|
92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14
|
|
|
|
|
CUSUM of Squares 5% Significance
|
|
|
|
|
|
|
Source : réalisé sur Eviews
8.1
Sur la base des résultats de test CUSUM SQ,
nous pouvons dire que le modèle estimé est stable. La demande de
monnaie M2 en Algérie est prévisible et peut être
utilisé pour la mise en oeuvre effective de la politique
monétaire, l'agrégat monétaire M2 apparait comme un bon
indicateur de formulation de la politique monétaire et de contrôle
pour la banque centrale.
3.4. Prévision
L'un des objectifs majeurs de l'économétrie est
d'effectuer des prévisions. Notre modèle étant
validé, nous pouvons nous attendre à une bonne reconstitution de
la demande de monnaie de 1970 à 2014.
Figure n0 15 : La demande de monnaie
reconstituée par le modèle avec l'intervalle
de confiance
14,000
12,000
10,000
4,000
2,000
8,000
6,000
0
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
RMF #177; 2 S.E.
Forecast: RMF
Actual: RM
Forecast sample: 1970 2014
Included observations: 45
Root Mean Squared Error 462.4432
Mean Absolute Error 284.8740
Mean Abs. Percent Error 8.075584
Theil Inequality Coefficient 0.053676
Bias Proportion 0.015776
Variance Proportion 0.268215
Covariance Proportion 0.716010
Source : réalisé sur Eviews
8.1
D'après les statistiques de la figure n0 14
notamment le coefficient de Theil qui varie toujours entre 0 et 1,
nous pouvons conclure à une bonne qualité de la prévision.
Le Theil égal à 0 étant synonyme de parfaite
prévision.
Conclusion
Au terme de notre analyse, on peut confirmer qu'il existe bien
dans le long terme une fonction de demande de monnaie stable en Algérie
durant la période allant de 1970 jusqu'à 2014.
L'analyse que nous avons faite sur les
propriétés statistiques des variables montre qu'il était
très important de tenir compte des breaks dans la tendance des
variables. En effet, pour le cas de l'Algérie, les tests classiques de
racine unitaire (ADF et PP) que nous avons utilisés ont montré
que toutes les variables étaient I(1). Contrairement à ces
résultats, les tests de racine unitaire avec breaks permettent de
conclure que toutes ces séries sont I(0) avec break dans la constante ou
dans la tendance. Cette prise en compte des ruptures dans la
spécification du modèle nous a permet de trouver une fonction de
demande de monnaie globalement plus stable.
D'après les résultats d'estimation les variables
déterminantes de la fonction de demande de monnaie en Algérie
sont le PIB réel, le taux d'escompte de la banque d'Algérie et le
taux de change. Les encaisses réelles sont influencées
positivement par le revenu et il n'existe pas d'économie
d'échelle dans la détention des encaisses. Le taux de change et
le taux d'intérêt ont un impact négatif sur les encaisses
réelles. Une augmentation du taux d'intérêt réduit
la demande de monnaie de 0,43%. L'hypothèse de
neutralité de la monnaie à long terme n'est pas
vérifier pour le cas de l'Algérie. Ces
résultats confirment que nous sommes devant une fonction de demande de
monnaie de transaction.
Par ailleurs, nous constatons également que le
coefficient de détermination R2 est élevé, Il
est de l'ordre de 98,48%. Ceci nous pousse à dire que
le différentiel d'équilibre est expliqué à
98% par les variables du modèle et le modèle est
globalement bon. Aussi, la valeur des erreurs standards de la régression
pour notre équation estimée est inférieure à
l'unité. Le test de CUSUM SQ basé sur les résidus
récursifs révèle que le modèle est relativement
stable au cours du temps. D'après les simulations faites à partir
de valeurs observés, notre modèle semble bien prédit les
valeurs, le modèle estimé se révèle
économétriquement et économiquement validé et peut
être utilisé à des fins de prévision.
CONCLUSION GENERALE
Conclusion générale
L'objectif de cette étude était d'identifier une
relation de long terme entre la demande de monnaie M2 et quelques
agrégats macroéconomiques à savoir le PIB, l'inflation, le
taux d'intérêt et le taux de change an Algérie entre
1970-2014. Il s'agissait aussi d'identifier une fonction stable des encaisses
réelles dans le temps. Tels étaient les objectifs principaux du
présent travail intitulé « Estimation et stabilité de
la fonction de demande de monnaie en Algérie sur la période
allant de 1970 jusqu'à 2014 ».
La fonction de demande de monnaie est aujourd'hui un outil
commode de direction de la politique monétaire à tous les
niveaux. Mais loin de n'être qu'une simplification de la théorie
économique littéraire, elle met en évidence les besoins
d'un perfectionnement de la recherche économique fondamentale. La
détermination des facteurs explicatifs de la demande de monnaie et une
connaissance précise des mécanismes par lesquels elle s'ajuste
à l'offre deviennent des priorités pour les autorités
monétaires.
L'analyse théorique de la demande de monnaie, nous a
permet de cerner la nature de la fonction de demande de monnaie tant dis que
l'étude empirique que nous avons réalisée a met en
évidence l'existence d'une relation de long terme de demande de monnaie
en Algérie, en tenant compte d'une possibilité de changements
structurels affectant les agrégats macroéconomiques
utilisés. Les ruptures structurelles, correspondant à des
changements majeurs (ajustement structurel, choc pétrolier) qui
modifient la tendance déterministe du modèle (changement de
niveau ou/et de pente), mais ne changent pas les soubassements
théoriques. Les breaks structurelles ne changent pas le
modèle, elles en modifient seulement les conditions de
validité.
À partir d'une méthodologie bien
élaborée et des sources de données fiables, nous sommes
parvenus à des résultats globalement satisfaisants. La
première hypothèse suggérée par MacKinnon est
vérifiée pour la demande de monnaie M2. Le taux de change influe
sur la demande d'encaisses à partir de 1991, le coefficient du taux de
change est significatif et négatif, cela indique que lorsque le taux de
change augmente (dépréciation de la monnaie nationale), les gens
augmentent leur demande sur les devises qui provoque la baisse de demande de
monnaie nationale afin d'éviter la réduction de leur pouvoir
d'achat. En ce qui concerne l'hypothèse de la présence d'un
changement de structure dans la demande de monnaie, on peut noter que le contre
choc pétrolier de 1986 et la promulgation de la Loi sur la Monnaie et le
Crédit (LMC) en 1990, ont eu quelques répercussions ponctuelles
sur les comportements de
demande de monnaie en Algérie. Quant aux autres
variables explicatives, les comportements de demande de monnaie sont
essentiellement influencés par l'activité économique.
L'hypothèse d'élasticité unitaire du revenu ne peut
être rejetée pour le cas de l'Algérie. De même, le
taux d'intérêt s'avère un déterminant important de
la demande de monnaie en Algérie. Concernant l'influence du taux
d'inflation, elle demeure faible (1%) et statistiquement non significative, les
variables utilisées dans la modélisation étaient prise en
terme réel. Les résultats obtenus à l'aide des tests de
stabilité indiquent une stabilité de demande de monnaie à
long terme. Cela nous permet d'avancer que l'agrégat monétaire M2
comme objectif intermédiaire de la politique monétaire, permet de
mieux contrôler l'offre de monnaie. Au vu des résultats de
l'analyse, nous pouvons conclure qu'il existe bien une fonction stable de
demande de monnaie M2 en Algérie pendant la période 1970-2014.
Ceci en fait un moyen d'information important lors de la mise en place de toute
politique monétaire, permettant de prévoir efficacement l'effet
d'une variation de l'offre de monnaie sur les variables réelles de
l'économie. De plus, autres résultats issues de cette
étude devraient être pris en compte dans la conduite de la
politique monétaire :
- La programmation monétaire devrait dans le cadre de
la détermination des objectifs de croissance de M2, tenir compte de
quelques instabilités ponctuelles de la fonction de demande de monnaie
mise en évidence pour le cas de l'Algérie ;
- L'agrégat monétaire M2 est un indicateur qui
peut servir de référence aux autorités monétaires
en vue de prendre des décisions sur la croissance de la masse
monétaire ;
- La non neutralité de la monnaie approuvée par
les tests statistiques montre que la stabilité des prix devrait rester
l'objectif majeur de la politique monétaire.
Cependant, malgré les enseignements de cette
étude il est nécessaire de souligner que ces conclusions peuvent
avoir des limites provenant principalement de la nature des données
statistiques utilisées. La diversité des sources d'information
dans les analyses peut contrecarrer les attentes relatives à ce travail.
Un petit nombre d'observations peut parfois influencer les résultats
obtenus, un échantillon plus large peut donner des résultats plus
précis. En conséquence une recherche future doit prendre en
considération ces modestes observations et, mieux, elle devrait inclure
d'autres agrégats monétaires tels que M1 et M3, en plus de la
masse monétaire M2. Il serait également loisible d'élargir
la gamme des variables susceptibles de mieux expliquer la demande de monnaie en
Algérie tels que : le taux d'intérêt sur les
dépôts, le prix du pétrole et le taux de change du secteur
informel car le secteur informel joue de plus en plus un rôle à ne
pas négliger dans l'économie Algérienne.
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41. Les différents rapports de la banque
d'Algérie
42. Les rapports du FMI.
ANNEXES
Annexe n0 01 : Les graphes des séries en
logarithme
LOG(TINT) LOG(TCH)
2.8
2.4
2.0
1.6
1.2
0.8
4.5
4.0
3.5
3.0
2.5
2.0
1.5
1.0
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
LOG(PIB)
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
LOG(RM)
6.4
6.0
5.6
5.2
4.8
4.4
4.0
9.5
9.0
8.5
8.0
7.5
7.0
6.5
6.0
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
LOG(INF)
Annexe n0 02 : Les corrélogrammes des
séries en logarithme
Annexe n0 03 : Les corrélogrammes des
séries en différence
Annexe n0 04 : Le corrélogramme des
résidus d'estimation
Sample: 1970 2014 Included observations: 45
|
|
|
|
|
|
|
|
Autocorrelation
|
Partial Correlation
|
|
AC
|
PAC
|
Q-Stat
|
Prob
|
. |**
|
|
|
. |**
|
|
|
1
|
0.335
|
0.335
|
5.3899
|
0.020
|
. |*.
|
|
|
. |*.
|
|
|
2
|
0.184
|
0.081
|
7.0628
|
0.029
|
. | .
|
|
|
.*| .
|
|
|
3
|
-0.015
|
-0.112
|
7.0744
|
0.070
|
. | .
|
|
|
. | .
|
|
|
4
|
-0.051
|
-0.034
|
7.2070
|
0.125
|
. | .
|
|
|
. | .
|
|
|
5
|
-0.055
|
-0.008
|
7.3653
|
0.195
|
.*| .
|
|
|
.*| .
|
|
|
6
|
-0.124
|
-0.108
|
8.1941
|
0.224
|
.*| .
|
|
|
. | .
|
|
|
7
|
-0.123
|
-0.062
|
9.0393
|
0.250
|
. | .
|
|
|
. |*.
|
|
|
8
|
0.010
|
0.107
|
9.0449
|
0.339
|
. | .
|
|
|
.*| .
|
|
|
9
|
-0.063
|
-0.100
|
9.2807
|
0.412
|
.*| .
|
|
|
.*| .
|
|
|
10
|
-0.143
|
-0.165
|
10.517
|
0.396
|
.*| .
|
|
|
.*| .
|
|
|
11
|
-0.204
|
-0.115
|
13.101
|
0.287
|
**| .
|
|
|
.*| .
|
|
|
12
|
-0.250
|
-0.155
|
17.098
|
0.146
|
.*| .
|
|
|
. | .
|
|
|
13
|
-0.132
|
-0.027
|
18.246
|
0.148
|
.*| .
|
|
|
.*| .
|
|
|
14
|
-0.203
|
-0.175
|
21.064
|
0.100
|
. | .
|
|
|
. | .
|
|
|
15
|
-0.045
|
0.028
|
21.207
|
0.130
|
. | .
|
|
|
.*| .
|
|
|
16
|
-0.059
|
-0.112
|
21.456
|
0.162
|
. | .
|
|
|
. | .
|
|
|
17
|
0.054
|
-0.006
|
21.674
|
0.198
|
. |*.
|
|
|
. | .
|
|
|
18
|
0.081
|
0.001
|
22.187
|
0.224
|
. | .
|
|
|
. | .
|
|
|
19
|
0.055
|
-0.053
|
22.437
|
0.263
|
. |*.
|
|
|
. |*.
|
|
|
20
|
0.157
|
0.113
|
24.533
|
0.220
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Annexe n0 05 : Les résultats du test ADF
Annexe n0 06 : Les résultats du test PP
Annexe n0 07 : Les résultats de test de
Zivot-Andrews
Résumé
L'objectif de cette étude est d'examiner, pour le cas
de l'Algérie, si l'existence d'une relation de long terme de demande de
monnaie peut être établie en tenant compte de possibilités
de rupture dans la structure de tendance des variables utilisées dans la
modélisation. Nous prenons en compte ainsi, les différents
événements que le pays a connu pendant la période
d'étude choisie (1970-2014). Les résultats confirment la
convergence des déterminants à long terme de la demande de
monnaie (le revenu réel, le taux d'escompte et le taux de change). En
outre, le test CUSUM et CUSUMSQ montrent clairement la stabilité de la
relation de long terme au cours de la période d'estimation la demande de
monnaie et les différentes variables explicatives retenues.
Mots-clés : Demande de monnaie, ruptures
structurelles, Algérie, relation de long terme.
Abstract
This study estimates the money demand function in Algeria
during the period from 1970 to 2014.Specifically, the existence of a stable
long-run demand for money function, while accounting for the possibility of
structural breaks is investigated. The estimation results indicate that long
run relationship exists between money demand, real income, interest rate and
exchange rate in Algeria, while taking account of a possibility of structural
changes affecting the macroeconomic aggregates used. The CUSUMSQ test provides
evidence of a stable money demand function. The paper infers that since the
relationship among the variables holds over a fairly long period of time, the
estimated money demand model provides important foundations for monetary policy
setting in Algeria.
Keywords: Money demand, Algeria, structural
breaks, stability.
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