Section II : les recommandations de politiques
économiques ou urbaines.
Dans cette section, nous ferons des recommandations d'ordre
socio-économique et politique (A) et des recommandations d'ordre
pratique (B), en nous appuyant sur les résultats obtenus dans le cadre
de notre analyse, mais aussi sur des enseignements tirés des
observations des pratiques courantes.
A. Recommandations d'ordre socioéconomique et
politique.
Les pouvoirs devraient mettre en oeuvre des mesures
concrètes susceptibles d'améliorer le contexte économique
du pays ainsi que le cadre et le niveau de vie des populations.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
A.1. Recommandations d'ordre
socioéconomique
Notre analyse a permis de mettre en exergue le lien qui existe
entre l'aménagement du territoire et la croissance urbaine. Les
dirigeants devraient prendre conscience de ce fait et mettre en place des
politiques économiques qui créent un cercle vertueux de
développement, un cercle où l'aménagement du territoire
permet à l'économie de prospérer, laquelle va donner plus
de possibilité de réaction aux dirigeants grâce à
ses fruits.
La programmation économique doit favoriser la mise en
oeuvre des politiques qui boostent la croissance économique,
étant entendu que celle-ci tire l'aménagement du territoire
positivement en lui apportant plus de ressources.
En ce qui concerne la corrélation négative entre
l'aménagement du territoire et la croissance urbaine, les dirigeants
devraient mettre en oeuvre des politiques qui, loin de chercher à
limiter la croissance démographique, vont plutôt en faire un
instrument de croissance économique. Cela est possible.
En effet, en communiquant avec les populations, en amenant
celles-ci à comprendre son importance dans la construction de la nation,
en mettant sur pied des mécanismes d'éducation de masse, les
dirigeants peuvent rendre chaque mètre carré du territoire urbain
productif. Cela passe par à une politique foncière transparente
et bien encadrée. Le contrôle du foncier urbain permettra de
limiter l'étalement urbain, d'encourager la densification urbaine tout
en permettant à l'Etat de gagner en ressources.
En ce qui concerne les transports urbains,
l'amélioration du transport urbain dans les villes dépendra d'une
stratégie de mesures coordonnées visant l'aménagement des
infrastructures, la gestion de la circulation, la qualité des services
et le développement du réseau. Parmi les mesures à court
terme figurent l'augmentation du financement des routes, l'application des
réglementations existantes, le contrôle de la surcharge et le
renforcement des contrôles techniques. Les mesures à moyen terme
incluent la réhabilitation des routes, l'amélioration de la
gestion de la circulation, la définition et mise en application de
normes pour le service (tarifs, horaires), la conception d'une nouvelle
structure d'itinéraires et la rationalisation du service à
travers une concurrence contrôlée.
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Cameroun
L'objectif à long terme est de consolider les gains
dans tous ces domaines grâce à la création d'une
régie métropolitaine du transport ayant autorité sur les
infrastructures et les véhicules. Pour être compétente,
cette régie doit coordonner la planification du transport,
l'aménagement des infrastructures et la réglementation des
services. Son budget doit être suffisant pour attirer et retenir le
personnel qualifié, et ne doit pas faire l'objet de changements
arbitraires lorsque le département d'appui est sous pression. Les
coûts pour les utilisateurs - en particulier les permis d'exploitation ou
les frais de franchise perçus sur les opérateurs - constituent
l'option de financement privilégiée. Ils ne doivent pas
être onéreux ni avoir un effet important sur les tarifs.
Toutefois, pour exploiter leur potentiel, les villes doivent
réparer leurs chaussées, améliorer leurs pratiques de
gestion de la circulation et assurer la viabilité économique des
services des grands véhicules à travers le recouvrement des
coûts à l'aide soit de boîtes de perception soit de
subventions prévisibles.
La réintroduction des grands autobus dépendra
non seulement des améliorations physiques et institutionnelles mais
également d'un ferme engagement politique en faveur d'une exploitation
soutenable. Peu d'opérateurs privés sont en mesure de mobiliser
le capital nécessaire pour acquérir de grands autobus. Pour lever
les barrières à l'investissement, il faudra un contrôle de
la concurrence sous la forme de droits d'exploitation exclusive des services
d'autobus sur des itinéraires désignés. Une concurrence
contrôlée peut être introduite à travers la
consolidation du secteur informel en de plus grandes unités ou
associations capables d'obtenir des contrats exclusifs sur des
itinéraires. L'élimination de la concurrence non rentable
permettrait de réduire la congestion et d'améliorer la vitesse du
transport, rendant ainsi les grands autobus commercialement
intéressants. Cette approche est fondée sur une durée des
contrats calquée sur la durée de remboursement de
l'investissement et sur un système de réglementation tarifaire
qui garantit une récupération raisonnable des coûts et
protège les opérateurs et régulateurs des pressions
politiques éphémères.
Les villes camerounaises doivent rapidement évoluer
vers le modèle de régie métropolitaine des transports
adopté avec succès dans nombre de villes à travers le
monde. Cette évolution permettra de coordonner la planification, la
réglementation, l'octroi des permis, le contrôle technique, le
suivi et l'application des règles.
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