UNIVERSITE DE YAOUNDE II-SOA
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ECONOMIQUES ET DE GESTION
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FACULTY OF ECONOMICS AND
MANAGEMENT
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Tel.: (+237) 22 06 26 98/ Fax: 22 23 84
28
MEMOIRE PRESENTE EN VUE DE L'OBTENTION D'UN
MASTER
TERRITORIALES DECENTRALISEES
Par :
PROFESSIONNEL EN POLITIQUES URBAINES ET DES
COLLECTIVITES
MOUNTON CHOUAIBOU
Sous la Direction de : Dr. AUGUSTIN
NGOMSI CHARGE DE COURS A L'UNIVERSITE
DE YAOUNDE II SOA ANNEE ACADEMIQUE
2015-2016
1
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
2
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
SOMMAIRE
SOMMAIRE i
AVERTISSEMENT ii
DEDICACE iii
REMERCIEMENTS ...iv
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS v
LISTE DES GRAPHIQUES, SCHEMAS ET FIGURES viii
LISTE DES TABLEAUX ix
RESUME x
ABSTRACT x
INTRODUCTION GENERALE 2
PREMIERE PARTIE : ANALYSE DES LIENS ENTRE L'AMENAGEMENT DU
TERRITOIRE ET LA CROISSANCE URBAINE 7
CHAPITRE I : LA CROISSANCE URBAINE, UNE CONSEQUENCE DE
L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE 9
Section I : L'influence positive de l'aménagement du
territoire sur la croissance urbaine 9
A. Aménagement du territoire et croissance endogène
9
A.1. Dépenses publiques et croissance urbaine 9
A.2. Le foncier, la différenciation urbaine et la
croissance urbaine 15
B. Aménagement du territoire et économie
d'agglomération 17
B.1. Apport de l'économie géographique 17
B.2. Apport de la théorie des pôles de croissance
18
Section II : influence négative de l'aménagement du
territoire sur la croissance urbaine 21
A. Théorie de flux migratoires des facteurs de production
21
3
4
5
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
A.1. L'apport du modèle de Tiebout 21
A.2. L'apport du modèle d'Alonso 22
B. Théories marxistes 23
B.1. Analyse de Marx 23
B.2. Analyse des néo-marxistes 24
CHAPITRE II : LA CROISSANCE URBAINE, UNE CAUSE DE
L'AMENAGEMENT DU
TERRITOIRE 25
Section I : Influence de la croissance urbaine sur
l'aménagement du territoire 25
A. La théorie du développement 25
A.1. Croissance démographique et aménagement du
territoire 25
A.2. Foncier urbain et aménagement du territoire 26
B. La croissance démo-économique et
l'aménagement du territoire 27
B.1. Populations et richesse urbaine 27
B.2. Apport de la théorie de la modernisation 29
Section II : Lien empirique entre la croissance urbaine et
l'aménagement du territoire 29
A. Croissance du PIB et aménagement du territoire 30
A.1. Modèle de Catin, Hanchane et Kamal 30
A.2. ouverture internationale et aménagement du
territoire 30
B. Infrastructures, services publics et croissance
démographique 31
B.1. Infrastructures, services publics et efficacité
économique 31
B.2. Croissance démographique et aménagement du
territoire 35
DEUXIEME PARTIE : VERIFICATION DU LIEN DE CAUSALITE ENTRE
L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET LA CROISSANCE URBAINE AU
CAMEROUN 39
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
CHAPITRE III : LES PRATIQUES DE L'AMENAGEMENT DU
TERRITOIRE ET LA
CROISSANCE URBAINE AU CAMEROUN 41
Section I : Les caractéristiques de la croissance urbaine
dans les villes Camerounaises 41
A. Croissance urbaine et habitat urbain 41
A.1. Visage actuel des villes camerounaises 41
A.2. Villes camerounaises et quartiers précaires 44
B. Croissance urbaine et transports urbains 45
B.1. Villes camerounaises et embouteillages 45
B.2. Genèse du phénomène de «
mototaxis » 47
Section II : Les approches pratiques des dirigeants en
matière
d'aménagement du territoire 48
A. Les différentes formes d'organisation spatiale du
territoire 49
A.1. les scénarii d'aménagement du territoire
49
A.2. la vision du DSCE par rapport au territoire Camerounais
51
B. Les approches pratiques des dirigeants pour faire face aux
désordres
urbains 53
B.1. Interventions des délégués du
gouvernement dans les grandes villes 53
B.2. Intervention des pouvoirs centraux 56 CHAPITRE IV :
RESULTATS DE LA VERIFICATION EMPIRIQUE ET
RECOMMANDATIONS 62
Section I : Méthodologie et résultats de l'analyse
62
A. Modèles 62
A1. Spécification des modèles 62
A.2. Les variables 63
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
B. Estimation des modèles 64
B.1. Source des données 64
B.2. Méthode d'estimation 65
C. Les résultats 65
C.1. Présentation des résultats 65
C.2. Analyse des résultats 69
Section II : les recommandations de politiques économiques
ou urbaines 70
A. Recommandations d'ordre socioéconomique et politique
71
A.1. Recommandations d'ordre socio-économique 71
A.2. Recommandations d'ordre politique 73
B. Recommandations d'ordre pratique 74
B.1. Recommandation par rapport aux villes 74
B.2. Recommandation par rapport aux documents de planification
74
CONCLUSION GENERALE ..76
BIBLIOGRAPHIE ...78
ANNEXES 81
TABLE DES MATIERES ...83
6
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
AVERTISSEMENT/WARNING
L'université de Yaoundé II et la
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion n'entendent donner aucune
approbation ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire.
Ces opinions
doivent être considérées comme propres
à leur auteur.
The University of Yaoundé II and the Faculty of
Economics and Management will not give their approval or rejection on opinions
contained in this thesis. These opinions should be
considered as their author owner.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
DEDICACE
7
A mes parents
Monsieur Ngah Amadou et Madame Mbopuwouo Sanatou, pour tout
ce qu'ils ont du enduré
pour faire de moi ce que je suis devenu,
A ma grande soeur
Madame Mojap Amsétou, pour son soutien
inconditionnel, lequel a rendu possible cette
formation.
8
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
REMERCIEMENTS
Le présent mémoire ne serait jamais
arrivé à terme sans l'apport de nombreuses personnes physiques et
morales à qui nous adressons toute notre gratitude. Nos
remerciements
vont ainsi à l'endroit :
Du doyen de la faculté des Sciences Economiques et de
Gestion de l'Université de Yaoundé II pour m'avoir donné
une formation de qualité grâce à son
établissement,
Du Docteur Augustin Ngomsi, pour avoir accepté
d'assurer la direction de notre
mémoire,
Du coordonnateur du programme Master professionnel
Politiques Urbaines et des CTD, le professeur Isaac Tamba, pour le bon
encadrement dont il a fait montre à notre égard,
Du vice-coordonnateur, le Docteur Schouame Ebenezer, pour
ses conseils et sa
disponibilité,
De l'ensemble du corps enseignant de la Faculté des
Sciences Economiques et de Gestion en général, et du programme
Master professionnel Politiques Urbaines et des CTD en
particulier,
Du Ministre de l'Habitat et du Développement Urbain
pour nous avoir permis de compléter notre formation en acceptant notre
demande de stage, de Madame le directeur de la DEPC pour avoir encadré
notre stage au Ministère, de Madame le sous-directeur de la CEP et du C6
pour avoir facilité notre stage tout en nous assistant dans la
rédaction de notre mémoire,
De notre famille, et de tous ceux qui, de près ou de
loin, ont contribué au succès de notre
formation.
9
10
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
SIGLES ET ABREVIATIONS
AFD : Agence Française de Développement
AMA: Capital avancé Marchandise Argent
BEAC : Banque des Etats d'Afrique Centrale
BIP: Budget d'Investissements Publics
CEMAC: Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale
CERED: Centre de Recherche pour le Développement
CFC: Crédit Foncier du Cameroun
CTD: Collectivité territorial
Décentralisée
CP: Contrats Plans
DF: Documentation Française
DSCE: Document de Stratégie pour la Croissance et
l'Emploi
DSRP: Document de Stratégie pour la Réduction de
la Pauvreté
DSRPU: Document de Stratégie pour la Réduction
de la Pauvreté Urbaine
ECAM: Enquête Camerounaise Auprès des
Ménages
INS : Institut National de la Statistique
MAETUR: Mission d'Aménagement et d'Equipement des
Terrains Urbains et Ruraux
MAM : Marchandise Argent Marché
MINHDU : Ministère de l'Habitat et du
Développement Urbain
NAS: National Academic of Sciences
OCDE Organisation pour la Coopération et le
Développement Économique
ODD: Objectifs pour le Développement Durable
OMD: Objectifs du Millénaire pour le
Développement
ONU : Organisation des Nations Unies
ONU-HABITAT : Organisation des Nations Unies pour l'Habitat
PDU : Plan Directeur d'Urbanisme
PIB : Produit Intérieur Brut
PLADDT : Plans Locaux d'Aménagement et de
Développement Durable du Territoire
PME : Petite et Moyenne Entreprise
POS : Plan d'Occupation des Sols
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
PPP : Partenariats Publics-Privés
PS : Plans de Secteur
PSU : Plan Sommaire d'Urbanisme
PUD : Plans d'Urbanisme Directeurs
R& D : Recherche et Développement
SDAU : Schéma Directeur d'Aménagement Urbain
SNADDT : Schéma National d'Aménagement et de
Développement Durable du Territoire SRADDT : Schémas
Régionaux d'Aménagement et de Développement Durable du
Territoire
SS : Schémas Sectoriaux
UNFPA: United Nations Population Fund
11
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
LISTE DES GRAPHIQUES, SCHEMAS ET FIGURES
Graphique 1A : Evolution du BIP, de la POPTOTAL et de la
POPURB
entre 1986 et 2015 42 Graphique 1B : Evolution du BP de la
POPTOTAL et de la POPURB
entre 1986 et 2015 42
Image 1 : Infrastructures et transports 20
Schéma 1 : du budget des dépenses publiques aux
services publics 10
Schéma 2 : Le polycentrisme maillé du territoire
camerounais 52
Schéma 3 : Arbre à problèmes/ transports
urbains...................................................57 Schéma 4 :
Arbre à problèmes / gouvernance
urbaine...............................................58 Schéma 5 :
Arbre à Problèmes / Urbanisme-Habitat-Cadre de
vie..................................59
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
LISTE DES TABLEAUX
12
Tableau 1 : Données socio-économiques sur le
Cameroun
|
.. ..81
|
Tableau 2 : Forme logarithmiques des données
socio-économiques sur le Cameroun
|
82
|
Tableau 3 : régression du premier modèle dans
Eviews
|
65
|
Tableau 4 : régression du deuxième modèle
dans Eviews
|
57
|
Tableau 5 : Sens de causalité entre les variables
|
68
|
13
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
RESUME
Ce travail voudrait savoir si les politiques urbaines sont la
cause ou la conséquence de la croissance urbaine au Cameroun.
La recherche documentaire et le test de causalité au
sens de Granger laissent penser que non seulement il existe un lien entre les
politiques urbaines en matière d'aménagement du territoire et la
croissance urbaine, mais aussi, la croissance urbaine est la cause de la mise
en oeuvre des politiques urbaines.
Nous recommandons donc la mise en place des instruments de
planification urbaine de nature à améliorer le cadre et le niveau
de vie des populations urbaines.
Mots-clés : aménagement du territoire, croissance
urbanisme, Cameroun.
14
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
ABSTRACT
This work would like to know if urban policies are the cause or
the consequence of the urban growth in Cameroon.
Documentary research and the Granger causality test show that not
only there is correlation between territory layout and urban growth but also,
urban growth causes territory layout.
So we recommend the elaboration of the urban planning instruments
which can ameliorate the surround and the life conditions of the urban
populations.
Key words: territory layout, urban growth, Cameroon.
15
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
16
17
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
CONTEXTE
Le concept de l'aménagement du territoire s'est
imposé en langue française dans les années 1960
grâce à des auteurs tels que Lajugie (1964), Gottmann (1966),
Labasse (1966) ou Rochefort et al. (1970). Il se définit d'abord par sa
finalité que l'on peut, comme Piveteau (1979) assimiler à une
réponse à des contradictions spatiales, contradictions qui ont
cru avec le temps en raison de la multiplication des dysfonctionnements, des
déséquilibres spatiaux et des destructions (notamment de
l'environnement écologique et du patrimoine). Il s'explique aussi par le
changement d'attitude des pouvoirs publics et par les nouvelles
compétences de ces derniers en matière de gestion de l'espace.
Les géographes tels que Brunet et al., (1998)
définissent ce concept comme l'action volontaire et
réfléchie d'une collectivité sur son territoire, soit au
niveau local (aménagement urbain, rural, local), soit au niveau
régional (grands aménagements régionaux, irrigations),
soit au niveau national (aménagement du territoire). Pour eux, le
territoire est une maille de la gestion de l'espace, un espace approprié
avec sentiment ou conscience de son appropriation et relevant d'un Etat.
Avec la montée en puissance de la mondialisation,
l'aménagement du territoire devrait occuper le centre des
préoccupations aussi bien des chercheurs que des décideurs. La
majorité des villes à travers le globe fait déjà
face à la hausse considérable du taux de chômage, la
multiplicité des flux migratoires inter et intracontinentaux. Elle
présente aussi une désarticulation de son territoire et une
désintégration économique. Ces villes vivent au quotidien
les réalités que sont le désordre et l'anarchie
urbaine.
La mondialisation implique la libre circulation, le brassage
économique, social et culturel. De ce fait, elle peut être un
handicap pour les territoires mal aménagés et les
économies mal structurées. Ce dynamisme qui se traduit localement
par une forte pression sur le processus d'urbanisation est source d'une
explosion des besoins en infrastructures urbaines et en services collectifs,
lesquels sont exacerbés par l'importance des retards accumulés et
par l'accroissement de la pauvreté en zone urbaine (AFD, 2005).
La tendance actuelle de l'aménagement du territoire est
à la décentralisation. Depuis plus d'une dizaine d'années,
les politiques d'aménagement du territoire s'intéressent aux
politiques de décentralisation. Ces politiques s'accompagnent d'un
transfert de responsabilité vers les CTD destinées à
devenir progressivement des acteurs majeurs dans les domaines du
développement
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
économique, de la fourniture des services essentiels et
de la lutte contre la pauvreté. Mais alors, elles sont souvent peu
expérimentées et peu préparées à la gestion
de la ville. Cette nouvelle configuration conduit les bailleurs de fonds
à faire évoluer leurs modes d'intervention1. Ainsi,
les politiques d'aménagement du territoire doivent être
fondées sur la réciprocité2, doivent être
un instrument de compétitivité nationale de l'économie,
doivent être placées au coeur des priorités, et doivent
promouvoir le développement endogène et des modes d'urbanisation
modernes.
En effet, les modes d'urbanisation sont aussi un des enjeux
majeurs de l'aménagement du territoire. Le territoire est au coeur des
stratégies visant à renforcer la compétitivité et
l'attractivité économique. Il incarne les nouveaux ressorts de la
compétitivité : la mobilisation du savoir des hommes, leurs
capacités d'organisation productive, la valorisation des
singularités.
La performance des entreprises ne s'entend plus sans un
environnement de qualité que seule une communauté d'acteurs (le
capital social) peut organiser et maintenir dans ses dimensions technologiques,
mais aussi sociales, culturelles et environnementales. Le besoin d'innovation
réclame aujourd'hui le développement de systèmes où
inter-réagissent unités de production et services
d'accompagnement. De tels systèmes exigent de fortes convergences entre
stratégie d'entreprises et projets de territoires.
Les nouvelles dynamiques d'emploi s'appuient largement sur le
développement de nouveaux services de proximité. Ils
requièrent des systèmes d'organisation collective et le
développement de fonction de stimulation et d'expérimentation.
Ces systèmes ne sauront se construire et durer qu'en s'organisant
à partir d'espaces vécus.
Ainsi, l'initiative locale et collective, en valorisant les
composantes de la proximité (voisinage, esthétique,
échange, quotidienneté...) est en mesure de s'affirmer comme
précurseur de nouvelles solidarités complémentaires des
mécanismes traditionnels. Ces mécanismes apparaissent de plus en
plus dans leurs insuffisances. Le territoire est l'instrument de la
modernisation des politiques publiques. Il impose la transversalité
à ces politiques, leur
1 Il s'agit en particulier de passer de
financements jusqu'ici principalement attribués à l'Etat
(financement souverain) à des financements attribués aux communes
directement (financement sous-souverain) ou par le biais d'institutions
spécialisées. L'enjeu est également de faciliter
l'accès des municipalités au marché financier, grâce
à la mise en place de mécanismes spécifiques
(émission des titres, emprunts obligataires).
2 La réciprocité est le fait de fonder
une pratique sur le principe d'équilibre, le principe d'harmonie.
18
19
20
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
décloisonnement. Il impose aussi l'enjeu d'une
démarche qui doit faire converger la légitimité des
politiques publiques sectorielles et les initiatives locales des acteurs
économiques et sociaux. Cette démarche doit favoriser la
rencontre entre un processus ascendant global, complexe, nourri de la
mobilisation de ses acteurs locaux et un processus descendant qui
équilibre et qui intègre au nom de l'équité
républicaine. in fine, il est le lieu d'ancrage de nos
institutions locales, reste le domaine de l'action exclusive de l'État
qui dispose à travers « la compétence de la
compétence » de degrés de liberté non affectés
par les effets de la mondialisation. Ces libertés lui permettent toutes
les initiatives pour améliorer l'efficacité économique
tout autant que démocratique du système d'administration publique
(Lipietz, 2001).
Ainsi, les politiques d'aménagement du territoire
doivent donc être en mesure d' « aménager le territoire
plutôt que de déménager les hommes » tout en essayant,
autant que faire se peut, de maîtriser la croissance urbaine.
PROBLEMATIQUE.
L'aménagement du territoire est un art au service de la
puissance publique, qui vise à travers une planification physique
pertinente, à favoriser la réduction autant que faire se peut des
disparités inter ou intra régionales. Il est l'une des missions
régaliennes de l'Etat, qui cherche à atteindre les objectifs de
cohésion territoriale et la solidarité nationale de
manière à créer des synergies entre le
développement économique et la protection de l'environnement.
Cela passe par la réalisation du souci du « détenteur de la
compétence de la compétence » de créer des conditions
de vie décente dans un cadre décent, de permettre l'accès
égal à tous les points du territoire à ses populations. En
bref, les politiques d'aménagement du territoire visent à
maîtriser la croissance urbaine tout en garantissant le bien être
des populations.
Le Cameroun est marqué par deux faits incontestables.
D'un côté, l'Etat essaye depuis l'indépendance de
maîtriser la croissance urbaine en mettant sur pied plusieurs
instruments3 en matière d'aménagement du territoire,
de l'autre côté, la croissance urbaine explose4
entraînant avec qu'elle de nombreux problèmes parmi lesquels le
désordre et l'anarchie urbaine.
3 Lois, SDAU, PUD, PDU, POS, PS, PSU
4 52% de taux d'urbanisation selon l'INS
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Malgré le dynamisme des pouvoirs publics en
matière d'aménagement du territoire, les réalités
au Cameroun montrent plutôt une fragilité accentuée de
l'économie, une désintégration du territoire et des
systèmes productifs. On note que les dirigeants ont d'énormes
difficultés à apporter des solutions adaptées aux
problèmes que sont la crise économique, le chômage, le
manque de compétitivité économique, l'anarchie urbaine, la
non maîtrise du foncier et la poussée démographique en
milieu urbain, bref, la non maîtrise de la croissance urbaine.
On peut donc s'interroger de la relation entre la croissance
urbaine et l'aménagement du territoire au Cameroun. Est-ce que c'est
l'aménagement du territoire qui est à l'origine de la croissance
urbaine ou bien c'est la croissance urbaine qui incite à
l'aménagement du territoire au Cameroun ? En d'autres termes, est-ce que
ce sont les politiques publiques en matière d'aménagement du
territoire qui impactent la croissance urbaine ou bien c'est la croissance
urbaine qui amène les pouvoirs publics à mettre en oeuvre ces
politiques? Quelle relation existe-il entre l'aménagement du territoire
et la croissance urbaine au Cameroun ?
OBJECTIFS
L'objectif principal de ce travail est de connaitre le sens de
la causalité entre l'aménagement du territoire et la croissance
urbaine au Cameroun. Plus précisément, nous voulons savoir si les
politiques publiques en matière d'aménagement du territoire sont
justifiées ou expliquées par la croissance urbaine ou bien c'est
la mise en place de ces politiques qui sont à l'origine de cette
croissance urbaine.
HYPOTHESES
Nos objectifs nous amènent à la formulation des
hypothèses suivantes :
- L'aménagement du territoire influence positivement la
croissance urbaine au Cameroun. - La croissance urbaine influence
négativement l'aménagement du territoire au Cameroun.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
METHODOLOGIE
Notre analyse se fera grâce à la recherche
documentaire et l'analyse économétrique. A partir des
données de l'INS et de la Banque Mondiale, nous effectuerons des tests
de corrélation et de causalité au sens de Granger afin de savoir
si d'une part, il existe une relation entre les politiques d'aménagement
du territoire et la croissance urbaine et d'autre part le sens de cette
relation et donc de la causalité entre ces deux variables.
INTERET
Les résultats de notre analyse permettront aux
autorités de mettre en place des politiques urbaines efficaces qui
prennent en compte la dynamique urbaine et les moyens dont disposent les
acteurs concernés.
PLAN DU TRAVAIL
Notre travail s'organise autour de deux grandes parties :
La première partie met en exergue la relation
potentielle entre l'aménagement du territoire et la croissance urbaine
;
La deuxième partie procède à la
vérification empirique dans le cas du Cameroun.
21
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
PREMIERE PARTIE :
ANALYSE DES LIENS ENTRE
L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
ET LA CROISSANCE URBAINE
22
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
INTRODUCTION
L'objectif de cette partie est de présenter les liens
éventuels entre l'aménagement du territoire et la croissance
urbaine. La méthodologie déployée est la recherche
documentaire.
La partie s'organise autour de deux chapitres :
- Le premier met en exergue l'influence de
l'aménagement du territoire sur la croissance urbaine ;
- Le deuxième met en exergue l'influence de la
croissance urbaine sur l'aménagement du territoire.
23
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
CHAPITRE I : LA CROISSANCE URBAINE, UNE CONSEQUENCE DE
L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
L'objectif de ce chapitre est d'analyser l'influence de
l'aménagement du territoire sur la croissance urbaine. La
littérature laisse penser que cette influence peut être positive
ou négative. Notre chapitre s'organise autour de deux principales
sections :
- la première section met en exergue l'influence
positive de l'aménagement du territoire sur la croissance urbaine ;
- la seconde section met en exergue l'influence
négative de l'aménagement du territoire sur la croissance
urbaine.
Section I : L'influence positive de
l'aménagement du territoire sur la croissance urbaine.
Diverses théories tentent de mettre en exergue
l'influence positive de l'aménagement du territoire sur la croissance
urbaine. Nous nous intéresserons aux théories liées aux
modèles de croissance endogène (A) et celles liées aux
économies d'agglomération (B).
A. Aménagement du territoire et croissance
endogène
Les politiques publiques d'aménagement du territoire
présentent des atouts indéniables lorsqu'elles sont
véritablement mises en oeuvre. Leurs succès passent par la
réalisation des infrastructures importantes, les services publics, la
maîtrise du foncier ainsi qu'une différenciation du territoire.
24
25
26
27
28
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
A.1. Dépenses publiques et croissance
urbaine
SCHEMA 1 : DU BUDGET DES DEPENSES PUBLIQUES AUX SERVICES
PUBLICS.
BUDGET DES DEPENSES PUBLIQUES
BUDGET
D'INVESTISSEMENT
BUDGET D'INVESTISSEMENTS COURANTS
CAPITAL PUBLIC
INFRASTRUCTURES PUBLIQUES
TARIFICATION UNIFORMISEE
SERVICES PUBLICS GRATUITS
SERVICES PUBLICS
SERVICES PUBLICS
SERVICES PUBLICS AVEC CONGESTION
Source : Charlot (1996) et traitement de l'auteur
SERVICES PUBLICS PAYANTS
Le schéma ci-dessus décrit le budget des
dépenses publiques. Il montre l'importance de ces dépenses dans
la relance des activités économiques grâce à la mise
en oeuvre des infrastructures et des équipements indispensables pour les
agents économiques.
Meade (1952) considère que le capital public a deux
rôles dans la sphère économique : il peut être un
facteur de production non-rémunéré mais, aussi, une
variable d'environnement qui
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
contribue à augmenter la productivité du capital
privé et du travail. Ceci peut être traduit en termes
d'externalités. Les services publics sont à la base de deux
grandes catégories d'externalités technologiques.
Ils sont tout d'abord source d'externalités
technologiques directes. Ils sont en effet des facteurs de production
non-rémunérés (Barro, 1990) ou
rémunérés à un taux inférieur à leur
productivité marginale. Les services tels l'utilisation de
réseaux électriques ou de canalisations rentrent dans la fonction
de production des entreprises sans engendrer de coût
supplémentaire.
Outre cette externalité directe, les services publics
engendrent des externalités technologiques indirectes. L'existence de
services de transport et communication, même s'ils sont payants,
améliore la circulation des sources de progrès technique comme
les innovations, la connaissance. Les produits joints de la production
circuleront plus rapidement entre les agents, si les infrastructures sont
développées. Les infrastructures de transport et communication
constituent un support de transmission des externalités directes
procurées par le capital humain, les innovations, le progrès
technique. Elles favorisent donc les externalités de "spillover" (Artus
et Kaabi, 1993) et développent les organisations de type
réseaux.
Que l'externalité soit directe ou indirecte, les
services publics sont complémentaires aux facteurs privés. Ils
accroissent en effet la productivité du capital privé et du
travail, et améliorent les combinaisons productives. Ils peuvent
accroître le nombre de combinaisons productives possibles et modifier les
complémentarités et/ou substitutions existant entre les autres
facteurs. Par exemple, dans l'analyse de la croissance de Kaldor (1959), la
substitution entre travail et capital n'est pas élevée pour un
processus donné mais varie avec les infrastructures qui transforment ce
processus de production.
L'offre publique de services aux entreprises permet
également d'obtenir des gains par l'allongement du détour de
production. Cet allongement stimule la division du travail et la
spécialisation des tâches (Kaldor, 1970). Il s'agit
également d'effets que les agents ne contrôlent pas
individuellement et qui vont pourtant accroître leur utilité
future, en transformant la structure des coûts de production. Ces effets
peuvent être décrits en termes d'externalités
pécuniaires (Charlot, 1996).
Les politiques de développement économique des
territoires peuvent permettre de tirer le meilleur parti de leurs atouts,
même s'ils sont modestes, et d'enrichir leur base productive. Au
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
besoin, des politiques de redistribution sont susceptibles de
compenser partiellement les inégalités de revenus qui, dans
certains cas, sont même susceptibles de servir de moteur de croissance
par un effet de caractère keynésien (Prager et Thisse, 2009).
De même, les théories économiques modernes
ont élargi le paradigme de la croissance de façon à rendre
endogène la capacité d'innovation. Cette action s'est faite par
la mise en exergue de la relation entre la croissance et les composantes
institutionnelles au travers de la motivation à investir dans
l'innovation (Aghion, 2002). Ainsi, une meilleure protection des droits de
propriété intellectuelle, un contexte entrepreneurial favorable
aux activités innovantes et une plus grande efficacité
institutionnelle de la recherche sont perçus comme étant de
nature à stimuler la croissance.
Cette approche offre un solide cadre théorique
permettant d'expliquer les différences institutionnelles entre les pays
faisant l'expérience d'une croissance économique soutenue et ceux
qui stagnent. Les premiers sont ceux où le système juridique et
le système d'éducation permettent aux entrepreneurs de profiter
de la diffusion des connaissances, faisant ainsi évoluer le pays vers la
frontière technologique. Par contre, les pays manifestant une forte
instabilité dans les règles du jeu économique dissuadent
les élites d'investir dans des activités innovantes et les
orientent vers la lutte pour la capture de la rente publique
(«rent-seeking»). Cette lutte se fait alors au détriment de la
rente d'innovation (Baumol, 2002).
Les modèles de croissance endogène tiennent
compte de ces externalités positives dans l'analyse de
l'évolution de long terme des taux de croissance des économies.
Les premiers modèles se sont centrés sur la connaissance
(Römer, 1986, 1990) et la formation (Lucas, 1988), puis les
dépenses publiques au sens large ont été
évoquées (Barro, 1990 ; Artus et Kaabi, 1993). Ces derniers
travaux mettent en avant la nécessité de la production par l'Etat
de certains services source d'externalités. Le rôle
économique de l'Etat est alors clair: produire des services qui vont
accroître la productivité (Barro, 1990) et/ou accroître
l'utilité des ménages (Artus et Kaabi, 1993), sans être
directement financés par les agents mais par une taxe, et permettre
à l'économie de se positionner sur une trajectoire de croissance
optimale (Charlot, 1996).
Selon Lucas (1993), la formation et la croissance des villes
s'expliquent par la présence de rendements croissants liés
à la spécialisation industrielle et à la formation d'un
marché local du travail, mais également au potentiel de la
demande finale localisée, c'est-à-dire au potentiel de
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
marché que représente une agglomération.
Il initie, par-là, un ensemble de modèles de croissance
endogène qui prennent en considération les dynamiques
d'agglomération engendrées par la formation d'un capital humain
localisé.
La théorie générale de l'emploi de
l'intérêt et de la monnaie a été popularisée
par John Maynard Keynes dans les années 30. Elle montre qu'on peut
stimuler la croissance économique par la consommation, l'investissement
ou les dépenses publiques.
Keynes stipule que le chômage est le résultat
d'une insuffisance de la demande effective. L'Etat peut agir sur les deux
composantes de la demande globale :
- sur la consommation : l'Etat peut augmenter les revenus
disponibles en réduisant la fiscalité. Plus directement, l'Etat
peut accroître sa propre consommation (la consommation publique).
- sur l'investissement : en réduisant les taux
d'intérêt, l'Etat va réduire le coût des emprunts
pour les ménages et le coût de financement des investissements
pour les entreprises.
Dans les faits, l'action de l'Etat se traduira par une
politique budgétaire expansive. L'impact sur l'économie sera plus
que proportionnel, c'est ce que l'on appelle l'"effet multiplicateur".
La théorie de la base exportatrice est une
transposition territoriale des modèles post-keynésiens de
croissance par la demande. Les activités d'exportation sont
l'élément principal de la dynamique économique
régionale, alors que la croissance des branches productrices des biens
et services pour le marché local dépend des revenus
distribués par le secteur d'exportation. L'approche en termes de
clusters5 lui est associée et est devenue un
élément incontournable des doctrines de développement
régional, malgré sa fragilité aussi bien théorique
qu'empirique. C'est le bon mélange des clusters, aussi bien dans leur
nombre, et leur importance que dans leur variété qui fait la
richesse d'un territoire.
5 Un cluster est une concentration géographique
d'entreprises et d'organismes divers (associations, banques,
sociétés de conseil, infrastructures de formation,...) se
rattachant à une activité. Il permet donc à chacun de ses
membres de bénéficier d'économies d'échelles en
gardant la souplesse d'une PME (Porte 2001). Les clusters peuvent être
décrits et analysés de trois manières
complémentaires qui se réfèrent chacune à un «
type idéal » correspondant à une perspective
particulière de l'agglomération (Gordon et Mc Cann, 2000) :
· le modèle traditionnel du « complexe
industriel », concentration géographique d'activités
reliées dans une même chaîne de valeur, autour, en
général, d'une ou plusieurs grandes entreprises directrices
(automobile, aéronautique, chimie, ..) ;
· l'agglomération d'entreprises - le plus souvent
des PME -, relevant de la même activité, induite par la division
du travail et les avantages liés à la spécialisation
locale d'inputs humains, physiques ou immatériels, l'ensemble
étant le fruit d'arbitrages entre coûts de transaction et
économies d'échelle ;
· le modèle du tissu économique et social,
des réseaux sociaux, formels ou informels, qui contribuent à
renforcer la confiance et à faciliter la circulation des connaissances
dans une aire géographique déterminée, la proximité
géographique restant un facteur de réduction des incertitudes et
des coûts de transactions dans les activités innovantes.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
La théorie de la base inverse la théorie
traditionnelle faisant dépendre la croissance des variables internes
telles la croissance démographique ou l'accumulation du capital. Cette
théorie avait l'intuition majeure de faire dépendre la croissance
de petits ensembles territoriaux aux variables exogènes en l'occurrence
les exportations. Selon cette théorie, la croissance urbaine est due
principalement à des facteurs extérieurs à la ville, en
particulier par la demande d'exportations. Sa formulation la plus simple part
d'un constat clair : « seuls les ensembles économiques de grande
dimension, sont maîtres de leur développement au point que
celui-ci dépend de variables internes, de proportions qui leurs sont
propres. Si l'on considère des « morceaux d'espace »
infranationaux incomplets, spécialisés, ils ne peuvent plus tirer
de leurs efforts ni de leurs aptitudes propres les moyens de leur croissance.
Celle-ci dépend des signaux venus de l'extérieur». Cette
théorie d'inspiration mercantiliste, keynésienne et même
néoclassique (le modèle de l'échange international) a
inspiré un grand nombre de travaux (Hoyt, 1954 ; North, 1955). La
théorie a des racines mercantilistes puisqu'elle repose sur le
rôle primordial des échanges commerciaux de la ville avec le monde
extérieur; son appartenance au keynésianisme est apparente : la
théorie permet la définition du coefficient multiplicateur. Quant
à la filiation néoclassique; on peut établir le
coefficient de localisation à partir de la notion d'intensité
relative d'une activité dans l'espace.
Selon cette théorie, les activités d'exportation
sont l'élément principal de la dynamique économique
régionale, alors que la croissance des branches productrices des biens
et services pour le marché local dépend des revenus
distribués par le secteur d'exportation.
Des auteurs comme Czamanski (1964) ont essayé d'aboutir
à un schéma dynamique qui développe les propos de la
théorie ; ils ont proposé que le processus de
développement urbain se succède selon des phases au cours
desquelles certaines activités auront un rôle moteur de la
croissance et des phases où ces mêmes activités seront
liées par d'autres. Ces auteurs proposent d'expliquer les
différentes étapes de la croissance urbaine selon un
schéma d'ensemble qui n'est pas sans rappeler celui de Walt Rostow
(1963) pour le développement économique général.
29
30
31
32
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
A.2. Le foncier, la différenciation urbaine et la
croissance urbaine
Malthus (1815) et Smith (1776) considèrent que la rente
foncière est un don gratuit de la nature récupérée
par les propriétaires fonciers en vertu de leur pouvoir monopole de
détention de la terre. La terre constitue un capital, voire une valeur
refuge sur laquelle investissent les urbains au profit de leurs enfants ou pour
accroître leur propre richesse (pratiques spéculatives). Ces
dynamiques - anciennes - s'accélèrent aujourd'hui en raison de
l'augmentation très importante de la valeur des parcelles, notamment en
milieu péri-urbain où les champs se transforment en terrains
à bâtir. Cette évolution s'accompagne de pratiques
clientélistes : les élites économiques ou politiques
nationales et locales utilisent le foncier comme moyen de rétribution et
de consolidation de leur base sociale et de leur clientèle politique
(Mansion et Broutin, 2012).
La théorie des places centrales de Christaller (1955) a
connu plusieurs extensions dont celles proposées par Losch (2002). Losch
a montré « qu'il y a avantage à ordonner les ensembles de
réseaux urbains en un paysage économique où des secteurs
riches en villes, ..., alternent avec des secteurs plus pauvres en
agglomérations ».
Le caractère centrifuge des mouvements
d'activités a fait l'objet de diverses enquêtes qui l'ont rendu
évident. Ces enquêtes ont été à la base de
plusieurs constructions théoriques qui empruntent une idée
très ancienne selon laquelle : derrière l'acquisition d'un bien
foncier, il y a aussi la disponibilité d'un type d'accès au
centre.
Différents travaux ont été menés
à partir du modèle d'Alonso (1964) aux Etats-Unis et en France.
Selon ces travaux, pour minimiser les dépenses de transport et
accroître ainsi la surface de son logement, un individu recherchera une
localisation proche du centre. Le prix de l'unité de sol central
s'élèvera, ce qui dissuadera certains de s'y rapprocher.
Finalement, le prix du sol décroîtra du centre vers la
périphérie parallèlement à la croissance des
dépenses de transport. Un double arbitrage intervient donc : entre
dépenses de transport et de logement ; entre prix de l'unité
d'espace et quantité d'espace.
Dans le même ordre d'idée, l'importance du
modèle élaboré par Mayer (2001) est qu'au lieu de partir
du centre pour expliquer la décroissance des prix du sol plus on
s'approche de la périphérie; « c'est l'évolution du
prix du sol périurbain qui se transmet en ville : la hausse des prix
fonciers urbains dépend de la hausse du prix du sol aux limites de
l'urbanisation ».
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
En ce qui concerne la différenciation du territoire,
les stratégies de différenciation horizontale ou verticale des
territoires sont des réponses pertinentes pour mobiliser et valoriser
les atouts particuliers de chaque région dans un pays. Les
autorités publiques de différents territoires ont
intégré, du moins partiellement, avec la mondialisation, les
enjeux de la concurrence internationale. Elles ont aussi intégré
le fait que la compétitivité territoriale peut se gagner avec des
spécialisations adaptées.
Les stratégies de différenciation verticale
accordent une priorité au renforcement du système éducatif
à tous les niveaux et à l'amélioration des
compétences dans tous les secteurs de l'activité
économique. Les universités apparaissent comme les moteurs et les
catalyseurs du développement des régions les plus
avancées, les collèges technologiques et les centres techniques
sont les instruments privilégiés d'accès à la
connaissance dans des régions qui se situent encore loin de la
frontière technologique. Ces stratégies verticales jouent sur le
développement des capacités d'innovation de l'ensemble des
entreprises par l'élévation du niveau d'ensemble du capital
humain de la région, le renforcement des interactions des PME avec les
grandes entreprises, les collèges techniques, les centres de recherche
et les universités. Elles passent également par
l'amélioration des infrastructures de la région et de son
accessibilité. Toutes ces actions supposent l'élaboration et la
bonne mise en oeuvre de stratégies d'innovation adaptées à
la situation de chaque territoire (Madiès et Prager, 2008).
B. Aménagement du territoire et économie
d'agglomération.
L'aménagement du territoire peut être source de
croissance économique d'un territoire dans la mesure où,
lorsqu'il est une réussite, on arrive à la formation des
économies d'agglomération.
B.1. Apport de l'économie
géographique
Les nouvelles théories de l'économie
géographique mettent l'accent sur le rôle de
l'agglomération. « L'agglomération peut être un
facteur de croissance, permettant de stimuler les autres facteurs de
productions de façon directe grâce à l'innovation,
grâce aux infrastructures de transport...et indirecte par le biais des
économies de l'agglomération » (Cureaux, 2000).
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Ainsi, pour l'économie géographique (Scott,
Storper, 2003), la concentration d'acteurs économiques induit une
surproductivité globale (Krugman, 1991 ; Combes et al., 2009 ; Martin et
al., 2010) ou une croissance supérieure (Paci, Usai, 2008) en raison des
externalités positives induites par l'agglomération des firmes.
Cette règle vaut pour les externalités de type
Marshall-Arrow-Romer qui retracent la relation croissante entre les
interactions et le degré de spécialisation des firmes et les
externalités de type Jacobs (Massard, Riou, 2002) qui soulignent que les
interactions sont d'autant plus importantes que les firmes
agglomérées se caractérisent par un fort degré de
diversification des activités. Dans l'un et l'autre cas, la
densité urbaine exerce un effet positif sur les échanges et, par
conséquent, sur la dynamique économique (Dreier et al., 2001).
Le mouvement de métropolisation est un facteur puissant
d'efficacité et de croissance économique qu'il serait
contreproductif de vouloir contrecarrer. L'aménagement du territoire
doit avant tout viser à libérer les initiatives des territoires.
Pour cela, le cadre institutionnel doit évoluer dans le sens
amorcé par l'intercommunalité et, plus largement, vers une
recomposition de l'architecture des collectivités territoriales. Quant
à l'indispensable souci d'équité territoriale,
l'instrument le plus puissant pour y répondre réside de fait dans
la redistribution horizontale, par le canal de la fiscalité nationale,
de la protection sociale et d'un certain nombre de services collectifs
(Maurice, 2001).
Cependant, une très forte concentration spatiale peut
renforcer l'effet de concurrence dans les régions centre et peut
conduire à une délocalisation d'activités vers les
périphéries. Cette tendance se confirme d'autant plus que les
facteurs qui favorisent la localisation tels que l'infrastructure, la
main-d'oeuvre bon marché ou la demande des biens produits existent aussi
bien au centre qu'aux régions périphériques. La mutation
des espaces urbains est le résultat direct de la mobilité des
activités. Les activités pour se localiser « sont
amenées à retenir l'emplacement urbain le mieux adapté
à leurs besoins ou celui qui leur est imposé par les contraintes
auxquelles elles font face » (Aydalot, 1985).
Sans aucun doute, les principes de l'économie
géographique et urbaine font - ou devraient pouvoir faire - consensus en
fournissant aux décideurs un cadre de référence et des
concepts nouveaux susceptibles d'être mobilisés dans leurs
travaux. Ainsi, est-il nécessaire de reconnaître la
prévalence des rendements d'échelle croissants dans la formation
des espaces économiques (Prager et Thisse, 2009).
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
B.2. Apport de la théorie des pôles de
croissance
Perroux (1958) a proposé sa théorie des
pôles de croissance qu'il présentait à la fois comme
théorie de la croissance sectorielle déséquilibrée
et comme théorie de la croissance régionale
déséquilibrée.
La théorie part d'un constat selon lequel la vie
économique résulte de l'action spécifique d'unités
économiques et non pas de l'action des agents isolés en situation
de concurrence. Ainsi, la croissance n'est pas une progression linéaire
mais plutôt un processus qui se propage dans le
déséquilibre sous l'impact de l'action de certains agents que
Perroux nomme « Unités Motrices». C'est la localisation des
activités motrices qui donne à la théorie des pôles
de croissance son contenu spatial. Les activités additionnelles
dépendantes des activités motrices ne se dispersent pas sur tout
le territoire, mais au contraire elles manifestent un comportement de
regroupement aux alentours de la production dominante. Selon la théorie,
il y a polarisation lorsque les activités additionnelles se multiplient
et que les bénéfices de la croissance du pôle se diffusent
à son arrière-pays. Ainsi, Perroux présente une
théorie qui explique la concentration spatiale de la croissance.
Selon le théorème de George-Hotelling-Vickrey
(1977), lorsque la taille de la population est optimale, le total des
dépenses requises pour l'implantation d'un équipement public
coïncide avec la rente différentielle totale donnant la
valorisation du sol en chaque point du territoire. Un nombre d'individus trop
élevé (petit) par rapport à l'optimum se traduira par un
loyer du sol trop important (petit) en chaque point. La rente foncière
urbaine peut alors constituer un instrument de l'aménagement en
équipements publics (Guigou et al., 2001).
De même, au fur et à mesure que s'accroît
la taille de la population, le nombre de firmes opérant dans le secteur
intermédiaire augmente, permettant ainsi une division plus fine et
poussée des tâches et, par conséquent, un accroissement
concomitant de la production globale (Abdel-Rahman et Fujita, 1990). Autrement
dit, une plus grande spécialisation du secteur intermédiaire a un
effet multiplicateur sur la productivité du secteur final, ce qui rend
une grande ville plus productive qu'une petite. A son tour, cette
productivité plus élevée permet au salaire de
croître avec la taille de la force de travail locale (Glaeser et
Maré, 2001). Si les entreprises du secteur final se concentrent dans une
région, la demande de biens intermédiaires y est très
élevée, ce qui attire les producteurs de biens
intermédiaires. En retour, ces biens étant fournis à un
coût
33
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
moindre dans la région centrale, les entreprises du
secteur final y sont également attirées. Un processus
d'agglomération de nature cumulative va donc s'enclencher (Krugman et
Venables, 1995) correspondant à des compétences plus pointues
(Kim, 1989).
L'hétérogénéité croissante
des formations professionnelles des travailleurs et des besoins des firmes
favorise alors leur regroupement géographique. A cause du nombre
élevé d'opportunités qu'elles engendrent, les grandes
villes permettent de réduire les difficultés d'appariement entre
firmes et travailleurs : un employeur cherchant à pourvoir un emploi
vacant a une plus forte probabilité de trouver un salarié
doté des compétences requises et, réciproquement, les
travailleurs ont une plus forte probabilité de trouver un emploi
permettant de valoriser au mieux leurs compétences lorsque le
marché du travail présente une taille suffisante (Kim, 1989 ;
Hamilton et al., 2000 ; Zenou, 2009). De nouveau, le niveau moyen de
productivité s'accroît avec le nombre de firmes et de travailleurs
installés au sein du même territoire (Prager et Thisse, 2009).
Image 1 : Infrastructures et transports
Source : Magazine d'information sur la formation professionnelle
en Lorraine | n° 56 | Avril 2012
34
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
L'image 1 présente les avantages dont dispose un
territoire qui, grâce à la mise sur pied des infrastructures, met
en oeuvre la multi-modalité, intégrant ainsi l'ensemble des
moyens de communication et créant au passage une mine d'emplois. La mise
sur pied de la multi-modalité passe par l'intégration de
l'ensemble des inter- modalités existantes sur le territoire. Ce
schéma montre ainsi que ce sont les politiques en matière
d'aménagement qui doivent précéder la croissance urbaine
afin de pouvoir la contrôler et l'orienter.
Les politiques d'infrastructures peuvent aider au
développement des régions les plus en retard si elles se
concentrent en leur sein, mais avec le risque de voir l'amélioration de
la convergence s'exercer au détriment de la croissance nationale. En
effet, si la baisse des coûts de transaction à l'intérieur
des régions les plus en retard aide à leur développement,
les effets d'agglomération y sont moins favorables à la
croissance globale que dans les régions plus avancées (Martin,
2000). Par contre, des politiques d'innovation assurées par le canal
d'aides financières en faveur de la recherche et du développement
peuvent à la fois favoriser une meilleure répartition de
l'activité dans l'espace et un supplément de croissance
économique. Ceci est possible car la baisse des coûts de
l'innovation a un effet positif d'ensemble supérieur à l'effet
négatif dû à la moindre croissance des activités
dans les régions où les effets d'agglomération sont les
plus faibles (Prager et Thisse, 2009).
Section II : Influence négative de
l'aménagement du territoire sur la croissance urbaine.
Deux groupes de théories seront évoqués
dans cette section : celui des théories relatives aux flux migratoires
des facteurs (A) et celui des théories relatives au marxisme (B).
A. Théorie de flux migratoires des facteurs de
production.
Cette théorie s'analyse à partir de deux
principaux travaux : les travaux de Tiebout (1956) et ceux d'Alonso (1964).
A.1. L'apport du modèle de Tiebout
Le modèle développé par Tiebout (1956)
explique la différenciation communale selon l'offre de biens et services
publics locaux. En considérant un consommateur-électeur
parfaitement mobile, il suppose que l'information sur les dépenses et
les taxes locales est disponible, qu'il n'y
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36
37
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
a pas de rendements croissants ni décroissants et qu'il
existe une taille optimale du fait de la rareté de ressources
foncières. Le choix du consommateur -électeur se fait en fonction
de la collectivité qui offre des biens et services qui satisfont le
mieux ses préférences ; sa mobilité dépend de sa
demande en biens publics et sur les ressources dont disposent les
collectivités. Les collectivités sont alors appelées par
la loi de la concurrence tout comme les entreprises à produire le plus
efficacement leurs biens collectifs locaux, à inciter les ménages
à révéler leurs préférences réelles
pour ces biens collectifs afin d'aboutir à une répartition des
ménages en collectivités homogènes. Les élus locaux
séduisent les entreprises en s'investissant dans une bataille «
marketing » dont l'enjeu est de vendre au mieux leurs territoires.
En France, par exemple, les décideurs ont pris
conscience que le développement des services collectifs avait de
l'influence sur l'évolution des activités économiques. Le
développement urbain n'était plus condamné à suivre
le développement économique, mais pouvait espérer
l'orienter. Les villes commencent à se mettre ouvertement en
concurrence. Les maires consacrent de plus en plus de temps à la
promotion économique de leur Cité (Oblet, 2003).
Néanmoins, l'attractivité d'une ville repose
à terme sur son urbanité, c'est-à-dire la capacité
de faire d'une ville un lieu qui favorise les échanges et les rencontres
entre les agents économiques qui en dépendent.
A.2. L'apport du modèle d'Alonso
Le modèle monocentrique élaboré par la
nouvelle économie urbaine est fondé sur les travaux d'Alonso
(1964). Ce modèle a permis d'expliquer un grand nombre de
caractéristiques urbaines telles que la centralité de l'emploi,
la décroissance de la densité de la population et des prix
fonciers avec la distance au centre. Le modèle de base reprend
l'hypothèse monocentrique de Von Thünen (1826), avec l'existence
d'un Central Business District et système de transport radial
générant un coût des déplacements. Les agents
économiques maximisent leur utilité sous contrainte de budget en
cherchant la localisation la plus optimale. C'est en fait, répondre aux
exigences que postule la rationalité du raisonnement marginaliste. Le
principal résultat du modèle est d'établir la
décroissance de la rente foncière. Ainsi les agents qui occupent
les localisations les plus loin du centre et qui supportent par la suite un
coût de transport plus lourd, bénéficient en
récompense d'une faible rente foncière. La
périurbanisation résidentielle devint donc parmi les causes de
l'étalement urbain qui, selon cette optique, se traduit par une baisse
des
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
densités centrales au profit de la
périphérie et donc par un éloignement des
frontières de la ville. En reformulant le modèle de base,
l'économie urbaine a pu analyser l'étalement urbain : le Centre
des affaires devient un pôle urbain qui concentre les emplois et qui
enregistre la densité de populations la plus élevée. Le
modèle permet en outre d'analyser l'effet de la population, du revenu et
des coûts de transport sur l'étalement urbain.
La croissance démographique engendre une croissance
urbaine en taille et en densité. L'accroissement de la population
conduit à une augmentation de la demande de sol ; en considérant
que le coût de déplacement est indépendant du revenu alors
si l'élasticité-revenu de la consommation de sol est
supérieure à zéro, une augmentation de revenu engendre
nécessairement une augmentation de la demande de consommation de sol et
les ménages se trouvent incités à se localiser plus loin
du centre. La ville s'étale davantage. L'analyse économique a
longtemps essayé de démontrer que la hausse des revenus et la
baisse des coûts de transport sous-tendent le mouvement de
périurbanisation qui apparaît comme le résultat de la
croissance économique. Le maintien de cette croissance est le souci de
tout décideur. Dès lors, il faut accompagner la
périurbanisation par une politique raisonnable qui visera entre autre la
minimisation de ses effets négatifs.
Ainsi, l'aménagement du territoire peut être
source de déséquilibre territorial. En favorisant
l'étalement urbain, il induit des coûts supplémentaires
pour les entreprises de distributions et pour les ménages. Cela
réduit les profits des firmes, augmente les dépenses
ménagères ainsi que les coûts pour l'environnement
(augmentation du volume des gaz à effet de serre, transformation des
forêts en zones d'habitation).
B. Théories marxistes
Les théories marxistes regroupent entre autre les
travaux de Marx et ceux des néo-marxistes.
B.1. Analyse de Marx (1864)
Le courant marxiste s'oppose à la théorie
libérale en démontrant que l'organisation capitaliste de la
société aboutit à l'exploitation de la plus grande partie
de la population par les
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
détenteurs des moyens de production. La
société se divise donc en deux grandes classes qui s'affrontent :
le prolétariat (qui détient la force de travail) et la
bourgeoisie (qui détient le capital).
L'affrontement de ces classes s'effectue dans le cadre du
processus de production. Marx distingue deux sphères importantes : celle
de l'échange de marchandises et du cycle MAM (marchandises, argent,
marchandises) ; celle de la production et du cycle AMA (capital avancé,
marchandise, produit obtenu).
L'existence de la ville suppose que la société
est redistributrice. « Le capitalisme, cependant, légitime
l'urbanisation en termes de contribution à l'accumulation du capital et
à la croissance plutôt qu'en termes de fonctions magiques ou
religieuses » (Ahmed, 1999). D'abord, les problèmes spatiaux sont
apparus au second rang de l'analyse marxiste qui s'intéressait
plutôt à l'étude des crises du capitalisme.
Enracinée dans l'histoire et basée sur l'étude des
mécanismes du capitalisme industriel, l'étude des villes repose
sur la division du travail entre ville et compagne qui constitue à
l'oeil du marxisme une force dialectique de transformation de la
société. Marx a démontré comment le capitalisme
industriel impose la concentration urbaine. Il a cherché comment les
mécanismes de la concentration urbaine constituent, avec
l'industrialisation, le facteur qui détermine la transformation sociale
de son temps. La ville, selon l'analyse de Marx, devient le lieu
privilégié des mutations révolutionnaires.
D'un autre coté, Marx a mis en évidence le lien
entre l'espace et les stratégies du capital. Ce dernier, en cherchant le
profit dépasse l'espace lorsqu'il atteint un degré d'accumulation
supranational, impérial. D'autres travaux qui ont inspiré Marx,
ont essayé d'étudier les problèmes de la « ville
socialiste». Leurs apports ont enrichi la pensée marxiste et ont
permis l'émergence de plusieurs théories basées sur
l'étude de l'espace. La théorie de la rente est l'une de ces
théories. Elle essaie d'expliquer les fluctuations des prix du sol
urbain et du prix du logement. En général, l'analyse marxiste
considère l'espace comme rapport social ; l'espace est le produit de
l'histoire du développement du capitalisme. «L'espace prend forme
dans les villes, lieux par excellence de la lutte des classes, point de
jonction de la production des marchandises et de la reproduction de la force du
travail » (Aydalot, 1985).
38
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
B.2. Analyse des néo-marxistes
L'apport de Marx au problème de la rente
foncière en milieu urbain est resté médiocre ; mais,
l'observation des faits et la richesse des modèles
développés, ont poussé les néo-marxistes à
essayer de dépasser cette insuffisance théorique de leur
précurseur. Ainsi, Lipietz (1974), parle de tribut foncier urbain. Il
part d'un constat simple : le logement est différent du blé
supposé homogène et reproductible dans la théorie
d'origine et que le sol urbain lorsqu'il est vendu, il l'est une fois pour
toute. Il propose la notion de tribut relevé une fois pour toute au lieu
de la rente annuelle traditionnelle. Dans son analyse, Lipietz aboutit à
ce que « le prix du sol intègre un tribut foncier
créé par l'usage qui sera fait du sol, lui-même
découlant de la division sociale de l'espace. Le tribut foncier est la
redistribution au profit d'une catégorie parasitaire de la plus-value
sociale déterminée par cette division sociale de l'espace ».
Le point faible de ces apports néo-marxiste c'est que la
propriété foncière ne diffère pas de l'espace.
« Ce faisant, ce n'est pas l'espace comme rapport social, mais la
propriété du sol comme rapport social qui a été mis
en avant de manière sans doute excessive » (Aydalot, 1985).
Pour les marxistes, les villes, qui sont les résultats
des politiques d'aménagement du territoire, sont des « bombes
à retardement ». Elles créent des fractures sociales
obligeant une partie de la population urbaine à se soumettre à
une autre. Cela justifie le fait que la majorité des révolutions
a eu pour point de départ les villes.
En somme, il était question dans ce chapitre de mettre
en exergue l'influence de l'aménagement du territoire sur la croissance
urbaine. Nous avons pu voir véritablement que l'aménagement du
territoire influence aussi bien positivement que négativement la
croissance urbaine.
Cependant, l'aménagement du territoire, en dehors du
fait qu'il influence beaucoup plus positivement que négativement la
croissance urbaine, est indispensable pour la maîtrise de la croissance
urbaine.
Si l'influence de l'aménagement du territoire sur la
croissance urbaine est établie, qu'en est-il de celle de la croissance
urbaine sur l'aménagement du territoire ?
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Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
CHAPITRE II : LA CROISSANCE URBAINE, UNE CAUSE DE
L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
L'objectif de ce chapitre est d'analyser l'influence de la
croissance urbaine sur l'aménagement du territoire. La
littérature fait ressortir cette influence, mais aussi des travaux
empiriques qui la mettent en exergue. Notre chapitre s'organise autour de deux
principales sections :
- la première section met en exergue l'influence de la
croissance urbaine sur l'aménagement du territoire ;
- la seconde section s'intéresse aux travaux empiriques
qui mettent en exergue cette influence de la croissance urbaine sur
l'aménagement du territoire.
Section I : Influence de la croissance urbaine sur
l'aménagement du territoire
Diverses théories mettent en exergue l'influence de la
croissance urbaine sur l'aménagement du territoire. Dans le cadre de
cette section, nous nous pencherons sur la théorie du
développement (A) et sur la théorie démo-économique
(B).
A. La théorie du développement
La théorie ci-dessus s'intéresse à la
croissance démographique mais aussi au foncier urbain.
A.1. Croissance démographique et
aménagement du territoire
Selon Perroux (1950), le développement est «
l'ensemble des transformations des structures économiques, sociales,
institutionnelles et démographiques qui accompagnent la croissance, la
rendent durable et, en général, améliorent les conditions
de vie de la population. ». Cependant, la croissance non
contrôlée en milieu urbain peut être source de nombreuses
difficultés. En effet, la majorité des théoriciens du
développement sont unanimes à reconnaître que la croissance
rapide de la population et l'élévation de son taux posent de
graves problèmes, surtout lorsque l'évolution économique
n'arrive pas à suivre ce rythme.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
L'accroissement rapide de la population occasionne une
diminution des ressources susceptibles d'améliorer les conditions de vie
de la population. Un pays à forte natalité et à faible
mortalité est amené obligatoirement à consacrer des
ressources importantes à la construction d'écoles,
d'hôpitaux, de logements et d'autres services dont a besoin la
population. Ces fonds investis dans ces opérations sont socialement
indispensables, mais ne sont pas immédiatement productifs. Ainsi, on
constate bien qu'il existe une relation importante entre la croissance
démographique et le développement économique surtout pour
un pays en développement.
Les résultats décevants des plans de
développement peuvent être attribués en grande partie
à l'expansion rapide de la population. D'après certains
spécialistes, un taux d'accroissement démographique
élevé tend à baisser le taux d'épargne et des
investissements, à ralentir la croissance économique, aggraver le
chômage et à alourdir les dépenses de formation (scolaire,
professionnelle...).
Dans ce contexte, la population se fragmente et, la partie de
la population qui « fonde» la ville et son développement est
celle qui est capable d'y attirer du revenu en provenance de l'extérieur
; ce sont « le roi qui collecte des taxes, le propriétaire qui
perçoit des loyers, le marchand qui bénéficie de ses
échanges avec l'extérieur, un artisan ou un industriel qui vend
ses biens à l'extérieur, un romancier dont les livres sont
achetés hors de la ville, un médecin qui a des clients à
la campagne, un étudiant vivant de l'argent de parents vivant ailleurs,
etc.». Le reste de la population vit grâce à ces revenus
venus de l'extérieur.
Dans une économie nationale sous la loi de l'offre, les
économies locales et régionales sont encore largement
dépendantes des lois de la demande keynésienne. C'est le revenu
des résidents, qui est redistribué via l'échange marchand
vers le secteur domestique. Ce revenu permet de fixer le niveau final d'emploi.
Il est aussi le revenu de cohésion spatiale et territoriale.
Développer le territoire, faire de l'« aménagement du
territoire » comme on le dit, vise ce même objectif de
cohésion par le revenu et l'emploi (Davezies, 2001).
A.2. Foncier urbain et aménagement du territoire
La croissance urbaine entraîne la consommation de
plusieurs ressources naturelles. La transformation de terres agricoles en
logements ou en routes tend à être permanente et n'est
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
réversible qu'avec des coûts très
élevés. L'étalement urbain implique aussi le transport de
matières premières utilisées pour la construction,
l'ouverture de carrières à proximité de réserves
naturelles, une extraction excessive des graviers des lits de rivière.
Il modifie les propriétés des sols en réduisant leurs
fonctions essentielles (perméabilité, puits de carbone). Il
modifie les interactions entre eaux superficielles et eaux souterraines.
L'artificialisation des sols s'accompagne de leur
imperméabilisation, donc d'une amplification du ruissellement des eaux
de pluies, augmentant donc le niveau des crues. Celles-ci deviennent d'autant
plus dangereuses du fait de l'augmentation du nombre de logements construits
dans des zones inondables (Laugier, 2012).
B. La croissance démo-économique et
l'aménagement du territoire.
La théorie démo-économique met en
relation les populations et leurs richesses. Elle permet aussi de comprendre la
relation qui existe entre les populations et leur environnement.
B.1. Populations et richesse urbaine
La croissance démographique urbaine couplée
à l'exode rural met d'énormes pressions sur les politiques
publiques d'aménagement du territoire mais aussi sur les ressources
disponibles. En effet, La théorie démo-économique
malthusienne et ses prolongements contemporains situent, a priori, la relation
entre population et richesse dans un univers fini. Dans cet univers, la
progression de la population est positivement liée au niveau de vie et
se heurte à la contrainte des ressources qu'elle contribue
elle-même à exacerber. Le modèle malthusien et ses
prolongements directs se sont concentrés sur la relation entre la
population et les ressources naturelles et alimentaires. Sous
l'hypothèse de rendements marginaux décroissants de la
progression démographique, ils concluent que la croissance de la
population exerce une pression négative directe sur l'accumulation,
considérée alors comme le seul facteur de la progression des
niveaux de vie.
La liaison dynamique entre croissance démographique et
accumulation de capital est décrite par les analyses pionnières
de Coale et Hoover (1958). Ils identifient, sur une double base
théorique et empirique, une série d'effets démographiques
négatifs sur les conditions de l'accumulation.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
L'effet de diversion détourne l'investissement
d'emplois directement productifs vers des emplois non directement productifs;
l'effet de dilution du capital résulte arithmétiquement de la
dynamique d'un rapport macroéconomique dont le dénominateur est
la taille croissante de la population; et l'effet de dépendance relie
négativement la capacité d'épargne d'un ménage ou
de l'économie avec la part des inactifs par rapport à la
population active.
Dans l'agriculture, la relation positive qui existe entre la
densité et la productivité (choix des techniques,
économies d'échelle, infrastructures) semble se transformer en
relation négative (rendements décroissants) pour des
densités trop importantes (supérieures à 100 habitants au
km2). Dans l'éducation, le ralentissement de la croissance
démographique est associé avec des dépenses par
élève supérieures, de même que pour les
dépenses par tête de santé ou de nutrition au sein du
ménage.
Dans le court terme, une moindre croissance
démographique diminuerait l'inégalité de la
répartition des revenus, dans le cas toutefois où les politiques
de population seraient orientées vers les groupes à revenu le
plus faible. Dans le long terme, l'avantage potentiel résulterait de
l'accroissement du prix du facteur travail relativement aux autres facteurs de
production. Bien que la plupart des problèmes liés au
développement urbain (pression sur les services et ralentissement du
développement du secteur moderne) aient été
amplifiés par la forte croissance démographique, le
ralentissement de cette croissance ne les réglera vraisemblablement
pas.
«La revue de la recherche postérieure à
1986, bien que ne suggérant pas de distances radicales par rapport aux
résultats du rapport de la NAS6 de (1986), conduit à
une conclusion quelque peu appuyée concernant les effets négatifs
de la croissance démographique sur les potentialités de
développement des pays en développement» (ONU, 1993)
Cassen et al. (1994) identifient, dans un certain nombre de
travaux récents, une perception nouvelle des conséquences de la
croissance démographique, moins neutraliste et insistant sur un certain
nombre de mécanismes négatifs :
Dans un premier temps, la forte croissance
démographique a ainsi, à moyen terme, et sous des conditions de
forte fécondité, des effets négatifs évidents aux
niveaux des individus et des
6 National Academy of Sciences
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
ménages, particulièrement sur la santé et
les opportunités économiques des femmes et des jeunes.
Dans un deuxième temps, la forte croissance
démographique constitue également une contrainte importante pour
la provision de services publics adéquats en éducation et
santé, et diminue l'assurance d'opportunités d'emplois pour une
force de travail croissante. De façon à alléger ces
pressions qui exacerberont les problèmes dans le long terme, il est
nécessaire d'agir rapidement sur les problèmes de population
(Cassen et Bates, 1994).
Le consensus qui semble caractériser les années
quatre-vingt-dix, tel qu'il émane des débats et des travaux de la
Conférence Mondiale sur la Population et le Développement du
Caire de 1994, s'organise donc autour de plusieurs traits
caractéristiques. Ces traits sont fédérés par
l'idée dominante selon laquelle la croissance démographique est
un obstacle majeur à un développement soutenu (Amalric et Banuri,
1994).
B.2. Apport de la théorie de la modernisation
Une branche de la théorie de la modernisation affirme
que la croissance démographique est un problème à tous les
niveaux d'agrégation. Au niveau local, le problème est
défini, comme il l'est par les analyses qui alimentent le nouveau
consensus des années quatre-vingt-dix, en termes de santé des
femmes et des enfants, de capacités parentales à pourvoir aux
besoins de base de leur progéniture. Pour l'ouvrage collectif
édité par Cassen (1994), elle est un problème en termes
d'externalités.
Au niveau national, le problème se pose plus en termes
de liaison macroéconomique entre accroissement démographique et
développement économique. Les focalisations particulières
sont faites en ce qui concerne les conséquences sur la formation de
capital, l'emploi et la capacité des Etats à pourvoir en services
publics (éducation, santé et infrastructures) une population
croissante.
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Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Section II : Lien empirique entre la croissance
urbaine et l'aménagement du territoire.
Plusieurs travaux mettent en exergue le lien entre la
croissance urbaine et l'aménagement du territoire. Dans cette section,
nous analyserons ceux relatifs à la croissance du P11B (A) et ceux
relatifs à la croissance démographique (B).
A. Croissance du PIB et aménagement du
territoire.
L'étude du lien entre la croissance urbaine et
l'aménagement du territoire peut se faire à travers l'analyse
d'un modèle. Elle peut aussi se faire à travers l'ouverture
internationale d'un pays, laquelle impacte son économie.
A.1. Modèle de Catin, Hanchane et
Kamal
Catin, Hanchane et Kamal(2008) ont proposé un
modèle pour analyser, par période quinquennale de 1950 à
2000, les principaux déterminants du taux d'urbanisation et du
degré de primatie urbaine dans 56 pays en développement. Ce
modèle arrive aux résultats qui révèlent que la
croissance de la part de l'emploi non agricole et la croissance du P11B par
habitant encouragent le processus d'urbanisation. La part de l'emploi non
agricole dans la population active a un effet positif et significatif sur
l'urbanisation. L'exode agricole semble constituer un important
déterminant de l'urbanisation, indépendamment même de la
croissance du PIB par habitant. Lorsque la part relative de l'emploi dans les
secteurs secondaire et tertiaire s'accroît, le taux d'urbanisation s'en
trouve renforcé.
Ainsi, la croissance du PIB par tête a aussi un impact
positif et significatif sur l'urbanisation et peut exercer en
conséquence un effet de « boule de neige ». L'accumulation
capitalistique dans les zone urbaines contribue au développement d'un
marché final et intermédiaire, donc au développement
d'activités induites et complémentaires (effets de revenu et de
demande). Cette accumulation peut générer des économies
d'échelle internes et des économies externes
d'agglomération (effets de productivité) (Catin, 1995).
Pour les pays en développement, la relation entre
urbanisation et développement économique s'avère non
monotone : l'urbanisation augmente de manière sensible au cours des
phases initiales du développement, pour ensuite progresser moins
vite.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
A.2. ouverture internationale et aménagement du
territoire
Il est montré dans de nombreux pays en
développement en particulier en Chine que l'insertion progressive de
l'économie d'un pays en développement dans le commerce
international est une des recommandations fortes de nombreux auteurs. Elle
contribue en principe à la croissance selon la vision traditionnelle des
avantages comparés ; mais elle a également pour
conséquence immédiate une polarisation des activités
économiques sur le territoire et une forte augmentation des
inégalités régionales (Kanbur et Venables, 2007).
Toutefois, on peut s'attendre à terme à une plus grande
dispersion géographique des activités, idée
confirmée par Ades et Glaeser (1999).
De même, L'intégration économique entre
pays voisins contribue à une meilleure spécialisation
économique et à des niveaux de croissance plus
élevés. On constate toutefois que les accords commerciaux
bilatéraux ou régionaux sont susceptibles d'avoir des effets
positifs sur les relations politiques des pays concernés. Le commerce
entre deux pays augmente le coût d'opportunité d'un conflit, alors
que si ces deux pays sont très ouverts au commerce avec de nombreux pays
tiers, leur dépendance commune est réduite et le coût
d'opportunité d'un conflit entre eux est plus faible (Martin et al.,
2008).
Mais, l'effet de l'intégration régionale sur le
commerce international est ambigu. Si elle est susceptible de renforcer le
développement des pays appartenant à l'aire régionale,
cela peut se faire au détriment de ceux qui restent à
l'écart de l'accord (Coulibaly, 2006 ; Madiès, 2007). La mise en
oeuvre des accords régionaux peut avoir pour effet, du moins dans un
premier temps, de favoriser une croissance plus rapide des territoires les
mieux dotés en infrastructures et en capital humain. Ces accords
commerciaux régionaux ne peuvent profiter aux pays enclavés et
faibles que si leurs voisins adoptent des politiques dynamiques et «
amicales » (Collier, 2007b).
Les forces du marché, l'ouverture internationale et des
institutions économiques efficaces sont à l'évidence des
constituants majeurs du développement économique. Toutefois, le
libre jeu des forces de marché ne suffit pas à valoriser au mieux
les capacités des territoires et leur croissance économique. Par
exemple, une étude récente de la Banque Mondiale vient de
montrer, sur un échantillon de 11 500 entreprises dans 27 pays
émergents de l'ex-bloc soviétique, que l'ouverture à la
concurrence, contrairement aux idées reçues, peut avoir un effet
négatif sur la capacité d'innovation des entreprises
(Gorodnichenko et al., 2009). Dans le même esprit, les
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
forces d'agglomération ne peuvent être
laissées complètement à elles-mêmes. Leur
développement peut être utilement stimulé par des
instruments appropriés et bien choisis (Scott, 2002).
B. Infrastructures, services publics et croissance
démographique
Il est intéressant d'étudier l'impact des
infrastructures et services publics sur la croissance urbaine, mais aussi
d'étudier l'impact de la croissance démographique urbaine sur
l'aménagement du territoire.
B.1. Infrastructures, services publics et
efficacité économique
Un certain nombre de travaux empiriques cherchent à
mesurer les effets des services publics dans le système
économique. Ashauer (1989) affirme que la faiblesse de l'offre de
services publics, dans les années 1970 aux Etats-Unis, est cruciale dans
l'explication du déclin du taux de croissance de la productivité.
Sa méthodologie a été remise en cause, mais d'autres
travaux concernant différentes nations confirment l'impact plus ou moins
direct des dépenses publiques sur la productivité. Femald (1990),
Rubin (1991), Ford et Prorret (1991) contestent l'absence de contrôle du
biais de simultanéité, c'est-à-dire du double sens de la
relation dépenses-publiques-revenus, par Ashauer, mais aboutissent au
même résultat.
Munell (1992) trouve que le capital public a un effet
significatif et positif sur la croissance de l'emploi. Artus (1991) montre que
le niveau des dépenses publiques a un effet sur la
Recherche-Développement et sur le taux de croissance du PIB, en
France.
Declercq (1996) conclut, après une étude par
branches sectorielles portant sur la période 19521989, que « le
capital public a un impact sur l'évolution du coût variable des
entreprises des branches marchandes non financières de l'économie
française». Les dépenses publiques sont donc des instruments
de politique économique importants. Pour un pays en
développement, un niveau d'investissements trop faible peut accentuer
les écarts initiaux de revenu entre l'économie et le reste du
monde et créer des effets d'hystérésis7.
7 Retard dans le développement d'un
phénomène physique par rapport à un autre.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Une économie ayant de faibles capacités
productives initiales et ne bénéficiant pas d'externalités
positives ne peut combler son retard. Elle risque de tomber dans une
«trappe de sous-développement » (D'Autume-Michel, 1993), de se
positionner sur une trajectoire de croissance irrémédiablement
faible. Dans ces conditions, la convergence des taux de croissance des nations
n'est plus assurée comme elle l'était dans les modèles
néoclassiques traditionnels de croissance (Solow, 1956) et
d'économie internationale.
Les services publics peuvent constituer des avantages
comparatifs à part entière et permettre à la région
d'attirer de nouvelles activités. Les services et infrastructures
publics jouent sur la croissance régionale de deux façons : ils
produisent des externalités technologiques et pécuniaires et
engendrent une croissance nette et ils créent des avantages comparatifs
qui vont attirer les agents dans la région et amplifier les
économies d'échelle. Ainsi, les infrastructures et services
publics peuvent être un catalyseur de développement. Ils
permettent, dans un premier temps, aux entreprises localisées sur place
d'obtenir des gains de productivité, puis ces bénéfices
vont attirer d'autres firmes dans la région et générer une
activité économique importante, donnant lieu à de fortes
possibilités de division des tâches, de circulation de la
connaissance et de technologies. Cette interdépendance conduit à
un processus de développement auto-entretenu et cumulatif. Murphy et
al., (1989) préconisent une injection exogène de capital public
pour lancer ce processus cumulatif.
D'autres travaux empiriques ont traité de ces
questions. Duffy-Deno et Eberts (1991) montrent que les investissements et le
stock d'infrastructures publiques ont un effet positif significatif sur le
revenu individuel par tête dans 28 unités urbaines de 1980
à 1984. De même, Ralle (1991) montre sur la période
1970-1989 que le capital public accroît la productivité du secteur
privé dans les régions françaises. Des auteurs tels Eberts
et Fogarty (1987) ou Munell (1990) testent la relation entre capital ou
investissements publics et investissements privés et constatent une
influence positive du capital public sur les investissements privés.
Richardson (1973) et Lever, Legler et Shapiro (1970) mettent
en avant l'interdépendance entre la distribution partiale du capital
public et les investissements privés. Les infrastructures de transport
et communication vont diminuer les coûts de transport des biens, des
capitaux, des hommes et de l'information entre les régions. Ces
infrastructures vont permettre aux entreprises de développer leurs aires
de marché, de réduire les monopoles spatiaux et donc de renforcer
les effets de la concurrence. Elles sont donc à l'origine
d'externalités spatiales qui vont profiter à
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
l'ensemble de la communauté (Quinet, 1992). Cependant,
elles ont un effet ambigu sur la croissance d'une région. La
répartition des gains peut être défavorable aux
régions les plus faibles.
Les modèles de localisation (Martin et Rogers, 1995) et
les études empiriques (Johansson, 1993; Rietvield, 1989; William et
Mullen, 1992) s'intéressent plus spécifiquement aux
infrastructures et en particulier aux infrastructures de transport et
communication. L'importance des coûts de transport dans l'analyse
géographique des activités économiques les place au
premier plan des discussions sur les conséquences des dépenses
publiques sur le développement régional. Elles ont
également des conséquences spatiales spécifiques. "Les
transports comportent une dimension de plus que la plupart des autres
activités : ils sont localisés dans l'espace, leur impact est
déjà géographique, avant d'être
macro-économique" (Quinet, 1992).
Hansen (1965) a construit une typologie des régions
allant dans ce sens. Pour lui, il existe trois types de régions :
- les régions "congestionnées" dans lesquelles
il y a une forte concentration de population, d'activités industrielles
et commerciales et un stock important d'infrastructures. Dans ces
régions, l'effet marginal positif d'investissements publics
supplémentaires sera absorbé par l'effet négatif de
pollution et la congestion supplémentaire.
- Les régions intermédiaires, où il y a
abondance de main-d'oeuvre formée et de matières
premières. Les investissements publics peuvent avoir dans ce cas un
effet marginal supérieur aux coûts.
- Les régions pauvres, où le niveau de vie est
faible : ce sont généralement des régions agricoles peu
développées ou possédant une industrie déclinante.
Ces régions sont peu attractives pour les entreprises et les
investissements publics ont peu d'effets sur leur dynamisme.
Les tests effectués par Williams et Mullen (1992) sur
48 Etats américains, pour les années 1970, 1980 et 1986, nuancent
l'hypothèse d'Hansen : les investissements publics en infrastructures
routières ont un effet stimulant sur l'ensemble des régions,
même les plus « en retard ».
Le jeu des répartitions d'activités entre les
régions dépend des caractéristiques initiales de chacune,
en particulier de leur position, les unes par rapport aux autres. La croissance
de la région peut être reliée positivement avec le stock
d'infrastructures de transport et communication
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
qu'elle possède si les gains nets qu'elle tire de ces
infrastructures sont supérieurs à ceux que les autres
régions en tirent. La plupart des modèles s'intéressent
à ces gains en termes de baisse de coûts de transport des biens
(Martin et Rogers, 1995) et de leurs conséquences sur la
répartition des entreprises. Or, si le déploiement des
infrastructures de transport et communication a des effets directs sur le
coût de transport des biens, il en a aussi sur la circulation des
personnes et de l'information. Il est donc simplificateur de restreindre
l'impact des infrastructures de la région à une baisse des
coûts de transport.
Ces infrastructures facilitent également les
échanges de main-d'oeuvre, de connaissance, de technologie entre
différentes régions. Elles amplifient les externalités que
peuvent se procurer les agents à se localiser près d'une
région où les économies d'échelle sont fortes
(Kubo, 1995).
L'intervention publique dans la sphère
économique peut alors être positive. Cependant, l'étude du
rôle des dépenses publiques dans les mécanismes de
croissance doit tenir compte de deux caractéristiques capitales, au
niveau régional.
En premier lieu, la région est ouverte sur le reste du
monde. Les facteurs de production peuvent quitter la région ou affluer
des autres régions. Les barrières culturelles et
institutionnelles étant plus limitées, la région peut
entrer dans un processus cumulatif de croissance qui peut être
impulsé par les dotations initiales ou par des facteurs exogènes
tels les externalités générées par la
proximité de régions riches (Kubo, 1995) ou celles
générées par des investissements publics importants
(Murphy et al., 1989).
Ensuite, les dépenses publiques en infrastructures de
transport et communication transforment l'espace et vont être
essentielles pour comprendre les schémas de croissance régionaux.
Elles baissent les coûts de transport, elles favorisent
l'externalité de spillover et, au sein de la région,
développent les complémentarités entre espaces urbains et
espaces ruraux (Charlot, 1996).
Dans une étude s'intéressant aux effets des
travaux publics sur la croissance du revenu réel dans 195 petites
municipalités du Missouri, les auteurs ont estimé que les
investissements de travaux publics contribuaient à 30 % de
l'augmentation du revenu réel entre 1963 et 1966. La construction
d'autoroutes, de ports maritimes, d'établissements d'enseignement
professionnel et de structures récréatives participeraient le
plus à la croissance du revenu (Charlot, 1996).
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Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Au total, c'est d'abord le montant des ressources publiques
consacrées aux infrastructures de transport et la qualité de la
gestion des modes de transport qui contribuent à l'efficacité
économique de la ville (Perrot, 2004). Dans l'ensemble, les
infrastructures de transport comme les autres services publics sont une
condition majeure du développement et du bien-être des populations
(Prager et Thisse, 2009).
B.2. Croissance démographique et aménagement
du territoire
La croissance démographique de la Colombie a
entraîné une multiplication par quatre de la population en un
demi-siècle (FIórez, 2000 : Dureau et Flórez, 1996).
Même si la population rurale a presque doublé sur cette
période, l'essentiel de cet accroissement a profité aux villes
qui ont connu un formidable essor. Cette croissance urbaine très rapide
a été alimentée à la fois par un afflux migratoire
massif et par un accroissement naturel très élevé dû
aux caractéristiques de la transition démographique en Colombie,
en particulier la jeunesse et la natalité élevée des
populations citadines. La répartition du peuplement sur le territoire
national ainsi que la configuration générale du réseau
urbain s'en sont trouvées modifiées de façon
irréversible.
L'impact positif de l'emploi non agricole, en pourcentage de
la population active, sur la primatie urbaine indique que l'exode rural
s'oriente d'abord vers la grande ville. L'exode rural renforce aussi bien le
taux d'urbanisation que le degré de primatie. La faiblesse des
infrastructures, d'autant plus pour les pays à bas revenus, renforce la
polarisation de la population dans la ville principale. D'ailleurs, l'impact
négatif de la variable population montre que la croissance
démographique s'accompagne en général d'un mouvement
d'urbanisation profond qui profite plus aux autres villes qu'à la ville
principale (Catin et al., 2008).
Dans un contexte de forte natalité, c'est au contraire
l'absence d'exode rural qui peut expliquer l'urbanisation. Les habitants se
déplacent peu et viennent constituer de petites concentrations urbaines,
sans forcément émigrer dans la capitale ou les grandes villes.
L'urbanisation prend alors la forme d'une prolifération de petites et
moyennes agglomérations comme c'est le cas au Nigeria. L'accroissement
très rapide de la population engendre une pression importante sur les
terres en milieu rural comme urbain. La croissance horizontale des grandes
métropoles et l'émergence des villes secondaires entraînent
une compétition importante sur le foncier situé à la
périphérie des villes (Mansion et Broutin, 2012).
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
D'après le CERED, la population du Maroc augmente de
450 mille personnes par an. Cette croissance importante de la population par
rapport aux ressources disponibles constitue une entrave au progrès et
un obstacle à l'amélioration du niveau de vie. Ceci parce que
l'économie n'est pas suffisamment développée pour faire
face au problème d'alimentation, de logement, de santé,
d'éducation, et d'emploi de la population.
Dans le même ordre d'idée, une étude
réalisée sur l'agglomération rennaise a montré que
les coûts d'aménagement diminuent avec l'augmentation de la
densité. D'autres études ont démontré le
surcoût de l'étalement urbain sur les réseaux
d'infrastructures (électricité, eau potable, eaux usées,
voirie). Au niveau des ménages, l'étalement urbain a d'abord un
coût dans les déplacements (frais d'automobile notamment, prix du
carburant en augmentation). De plus, les prêts immobiliers constituent
une part importante de leur endettement.
L'étalement urbain et le développement des
réseaux de transports génèrent une dégradation et
une fragmentation des habitats, engendrant isolement des populations, perte de
diversité génétique et homogénéisation des
espèces.
De même, les faits décrits par les données
des enquêtes ECAM, montrent au Cameroun, l'impact négatif qu'une
croissance démographique forte peut avoir sur les conditions de vie des
populations, en affectant le taux de croissance du PIB par tête. Une
croissance démographique relativement élevée peut
également avoir un impact négatif sur les conditions de vie des
ménages à travers la pression qu'elle peut exercer sur les
infrastructures de base existantes liée à l'augmentation de leur
demande. (UNFPA, 2013)
Somme toute, il était question dans ce chapitre
d'analyser l'influence de la croissance urbaine sur l'aménagement du
territoire à travers une analyse théorique et empirique relative
à la recherche documentaire. Nous avons vu que la croissance
démographique urbaine impacte négativement les ressources
disponibles, limite les efforts des politiques d'aménagement du
territoire. Nous avons aussi vu qu'il existe un lien empirique entre la
croissance économique et l'aménagement du territoire.
Deux constats émergent ainsi de cette analyse : la
croissance démographique urbaine influence négativement
l'aménagement du territoire ; il existe une corrélation positive
entre l'aménagement du territoire et la croissance urbaine.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Au terme de cette partie, il était question d'analyser
les liens entre l'aménagement du territoire et la croissance urbaine.
Nous avons vu que la mise en oeuvre des politiques publiques en matière
d'aménagement du territoire était un préalable pour
assurer la croissance économique d'un territoire ; nous avons aussi vu
que la croissance démographique incontrôlée pouvait
être un handicap pour les politiques d'aménagement du
territoire.
Il ressort de cette analyse qu'il existe effectivement un lien
étroit entre l'aménagement du territoire et la croissance
urbaine, ce lien peut être une corrélation positive s'il s'agit de
la croissance économique ou une corrélation négative s'il
s'agit de la croissance démographique urbaine.
Ainsi, la mise en oeuvre des infrastructures et des
équipements, la densification urbaine sont des facteurs qui favorisent
la croissance économique ainsi que l'efficacité
économique. Ces efforts des pouvoirs publics pour satisfaire les
demandes croissantes des agents économiques permettent à ces
derniers de contrôler et d'orienter la croissance urbaine.
La croissance démographique se traduit par l'anarchie
dans l'occupation des sols, la naissance des quartiers précaires. Elle
se traduit aussi par les besoins croissants en logements sociaux. Elle pousse
les pouvoirs publics à mettre en oeuvre les instruments de planification
urbaine et d'aménagement du territoire mais aussi, de nouvelles mesures
pour orienter et encadrer les activités humaines.
Au final, la croissance urbaine cause sans aucun doute la mise
en oeuvre des politiques publiques d'aménagement du territoire et par
conséquent, cause l'aménagement du territoire.
Ceci étant, cette double corrélation est-elle
perceptible dans le contexte camerounais ? Existe-il un lien entre les
décisions de mise en oeuvre des politiques publiques en matière
d'aménagement du territoire et la croissance urbaine empiriquement
vérifiable?
Seule une étude empirique du contexte camerounais
permettra de répondre à ces questions.
VERIFICATION EMPIRIQUE DU LIEN DE
CAUSALITE ENTRE L'AMENAGEMENT
DU TERRITOIRE ET LA CROISSANCE
URBAINE AU CAMEROUN
DEUXIEME PARTIE :
53
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
54
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
INTRODUCTION
L'objectif de cette partie est de faire une
vérification empirique des liens de corrélation ou de
causalité entre l'aménagement du territoire et la croissance
urbaine dans le cadre du Cameroun. La méthodologie
déployée est la recherche documentaire et l'analyse
économétrique.
La partie s'organise autour de deux chapitres :
- Le premier met en exergue les caractéristiques de la
croissance urbaine dans les établissements urbains du Cameroun ;
- Le deuxième fait une analyse
économétrique sur les potentiels liens entre l'aménagement
du territoire et la croissance urbaine dans le contexte camerounais.
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Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
CHAPITRE III : LES PRATIQUES DE L'AMENAGEMENT DU
TERRITOIRE ET LA CROISSANCE URBAINE AU CAMEROUN.
L'objectif de ce chapitre est double : présenter les
politiques et pratiques d'aménagement du territoire au Cameroun, d'une
part, d'autre part, les éléments caractéristiques de la
croissance urbaine dans ce pays. Le chapitre s'organise alors autour de deux
sections
- La première présente les caractéristiques
de la croissance urbaine dans les villes camerounaises ;
- La seconde présente les approches pratiques des
dirigeants camerounais en matière d'aménagement du territoire.
Section I : Les caractéristiques de la croissance
urbaine dans les villes camerounaises
Cette section présente les caractéristiques de la
croissance urbaine relatives à l'habitat urbain (A) et celles relatives
aux transports urbains (B).
A. Croissance urbaine et habitat urbain.
La manifestation de la croissance urbaine au Cameroun peut
s'apprécier à travers l'analyse de la situation actuelle des
villes de ce pays.
A.1. Visage actuel des villes camerounaises
La pression démographique 8pose la
problématique de l'habitat comme enjeu majeur pour le
développement du pays. Ces taux de croissance élevés
drainent avec eux une foultitude de problèmes qui se posent en termes de
qualité et de quantité d'habitats sociaux.
Les graphiques qui suivent illustrent l'évolution de la
population totale et urbaine du Cameroun pendant les trois décennies
passées, tout comme l'évolution du BIP.
.
8 Le Cameroun est marqué par un taux de
croissance démographique de 2.5% et un taux d'urbanisation au-dessus de
52%,
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Graphique 1A : Evolution du BIP de la POPTOTAL et de la POPURB
entre 1986 et 2015.
Source : INS et traitement de l'auteur
Graphique 1B : Evolution du BIP, de la POPTOTAL et de la POPURB
entre 1986 et 2015.
Source : INS et traitement de l'auteur.
Ces deux graphiques montrent une tendance croissante des trois
variables. La population totale et la population urbaine présentent une
forte croissance, ce qui confirme le fait que la
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
population camerounaise a beaucoup évolué ces
dernières décennies tout comme la population urbaine dont la
croissance a été fortement influencée par l'exode rurale.
On note également que le BIP croit mais à un rythme beaucoup plus
lent. Cependant, la tendance croissante de la population et du BIP cache une
réalité que le graphique ne permet pas de voir, celle du lien de
corrélation négative entre la croissance démographique et
la croissance du BIP. Cela explique la carence des logements sociaux au
Cameroun, vu les ressources limités dont dispose l'Etat à travers
la SIC et le CFC pour financer ce secteur.
En effet, les villes camerounaises sont confrontées aux
problèmes de :
> L'insuffisance des revenus des ménages ;
> Le déficit qualitatif et quantitatif des cadres
d'habitation ;
> La faiblesse des fonds mobilisés en faveur de
l'habitat ;
> La présence importante de l'informel dans le secteur
de l'habitat ;
> Le vieillissement des tissus bâtis ;
> Le désordre urbain ;
> L'insuffisance, la méconnaissance et la non
implémentation des documents de planification urbaine existants ;
> La méconnaissance des procédures
liées à l'acte de construire et le non respect des
règles
de construction.
Il en découle une anarchie très marquée
dans l'occupation de l'espace urbaine, la prolifération des quartiers
précaires, la dégradation des conditions de vie et de
sécurité des personnes dans les habitations et les
bâtiments en milieu urbain.
A cause de la crise urbaine des années 80, il y a eu
fragilisation de l'équilibre ville-campagne. Les migrations en direction
des villes se sont intensifiées car ce sont elles qui créent les
richesses. L'accumulation des difficultés a abouti à
l'intensification de l'exclusion des pauvres dans les villes, mais aussi au
façonnement de villes duales. Il s'agit de la juxtaposition de plusieurs
espaces qui correspondent à différents niveaux
d'intégration et de pratiques de la ville.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
On note ainsi la coexistence d'une ville légale, celle
qui correspond aux normes établies et qui regroupe les centres
administratifs, les quartiers résidentiels et les quartiers populaires
centraux. À côté de cette ville légale, on trouve
une ville illégale, résultat des développements
périphériques irréguliers, illégaux,
sous-équipés. C'est celle où les habitants parleront
d'aller en ville, lorsqu'ils doivent quitter leur quartier.
A.2. Villes camerounaises et quartiers précaires
Les quartiers précaires sont la manifestation la plus
flagrante du manque de planification et de contrôle de la croissance des
villes. Ces quartiers s'étendent en raison de l'urbanisation croissante,
de la pénurie du logement abordable dans les villes, mais
également à cause de multiples autres raisons telles que la
pauvreté, les déplacements liés à des conflits,
à des catastrophes naturelles.
Le phénomène de quartier précaire est
devenu une particularité des pays d'Asie, d'Afrique, et
d'Amérique Latine. Ces trois sous-ensembles concentrent la
quasi-totalité du milliard d'habitants des quartiers précaires
dans le monde. Les pays développés concentrent environ 10
millions d'habitants dans les quartiers précaires, contre 550 dans les
pays d'Asie et du Pacifique, 250 dans les pays d'Afrique, ou encore 150
millions en Amérique Latine et dans les Caraïbes. Cette situation
est le résultat de la combinaison de plusieurs facteurs qui tiennent
à la fois aux situations démographiques, à la place des
villes, et aux différentes formes de gouvernance qu'on rencontre dans
les différents pays ( Diagane, 2019).
Cette situation amène à distinguer :
-Le bidonville stricto-sensu : Ce type de quartier
précaire concentre toutes les formes d'exclusions, c'est-à-dire
une exclusion sociale, une exclusion urbaine et une exclusion foncière.
Les populations qui y vivent subissent les contraintes d'une double
précarité; celle physique des abris de fortune mais aussi celle
juridique des statuts d'occupation. Ce qui caractérise ce type de
quartiers tient à plusieurs facteurs. Le premier d'entre eux est
l'installation sur les zones à risque, c'est-à-dire que ces
quartiers s'installent souvent sur les plus mauvais terrains des villes.
La seconde caractéristique tient à la nature des
matériaux utilisés pour les constructions. Il s'agit souvent de
matériaux de récupération, qu'il s'agisse de tôle,
de toile ou de bois, qui sont utilisés pour la confection des
habitations précaires. La troisième caractéristique est
l'absence d'équipement et d'infrastructure de base.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
-La sous-intégration à la ville. D'abord
l'éloignement par rapport à la ville, mais également la
déconnexion par rapport aux structures formelles de la ville, se traduit
par de mauvaises liaisons en termes de transport, mais également en
termes de service. Enfin, parce que ces quartiers occupent souvent
illégalement le terrain, ils restent sous la menace d'éviction et
cela empêche les populations dans la consolidation de leur habitation.
-Les quartiers irréguliers déjà
consolidés ou en voie de l'être : Il s'agit souvent de quartiers
anciens, qui finissent par être tolérés parce qu'ils
connaissent une consolidation de leur bâtit en dur et font l'objet d'une
amélioration d'un niveau d'équipement. Les autorités
finissent en effet, même si c'est timidement, à y consentir
quelques investissements ne serait-ce que pour assurer la
sécurité des biens et des personnes. Parce qu'ils sont anciens,
ces quartiers atteignent également un niveau de mixité sociale
par l'arrivée progressive de populations diversifiées.
-Les quartiers centraux laissés à l'abandon et
qui se transforment en taudis : Ce sont des quartiers formels qui subissent un
processus avancé de dégradation au point de constituer des
ghettos qui cumulent plusieurs handicaps et ne retiennent que des populations
captives, celles qui n'ont pas une grande liberté en matière de
choix de leur lieu de résidence. De façon générale,
il s'agit de quartiers qui ont mal vieillis au point d'accuser également
un retard important dans l'adaptation des équipements et infrastructures
tels que la voirie, les approvisionnements en eau potable et en
électricité, mais aussi des services. La dégradation de
ces quartiers peut aussi être une conséquence d'un processus de
gentrification9 en cours qui affecte des portions entières
des villes et souvent des centres-villes.
B. Croissance urbaine et transports urbains
La croissance urbaine peut s'apprécier aussi à
travers la mobilité des agents au sein des villes et les moyens de
transport utilisés par ces derniers.
B.1. Villes camerounaises et embouteillages
Il devient de plus en plus difficile de se rendre à son
lieu de travail dans les grandes villes tentaculaires du Cameroun. Cette
situation est due en grande partie à l'invasion des minibus et
motocyclettes qui sont parvenus à prendre la place d'un transport public
par autobus défaillant.
9 La gentrification est la transformation des
espaces due à une intensification des investissements, de
l'accroissement de la valeur immobilière des constructions et de
l'attrait d'activités à fortes valeurs ajoutées
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Les raisons de ce dysfonctionnement du transport urbain ne
sont pas difficiles à comprendre. Les régies affaiblies,
fragmentées et sous-financées ont été incapables
tant de maintenir les services existants que de faire des plans de
développement. Les autobus tombent en ruine après des
années de surcharge sur des routes défoncées et
d'entretiens mécaniques rapidement interrompus par le manque de
pièces de rechange. Les tarifs sont trop bas et les subventions trop
irrégulières pour assurer des exploitations soutenables. Les
habitants des banlieues marchent ou ont recours à des services
informels, largement non réglementés, sales, dangereux,
inconfortables et peu fiables (mototaxis, cargos, etc.).
Dans la plupart des villes (Yaoundé, Douala), les
régies ont eu des difficultés à satisfaire les demandes de
service des nouveaux habitants urbains, les pauvres en particulier. L'absence
de politiques d'utilisation des terres et de développement
économique ont débouché sur l'extension tentaculaire des
villes. La baisse de la densité associée à une extension
anarchique a fait augmenter les distances et poussé à la hausse
le prix du transport public. Ces développements affectent souvent les
pauvres de manière disproportionnée, les excluant de l'emploi et
des services sociaux. Pendant ce temps, l'utilisation accrue des
véhicules privés a entraîné l'engorgement des
routes, menaçant la sécurité des piétons et la
santé des citadins qui inhalent les gaz d'échappement.
Les villes camerounaises partagent certaines
caractéristiques communes :
- une population urbaine en croissance, mal servie par le
système des transports ; - un déclin des normes du transport
public ;
- des chevauchements et des conflits entre les agences
chargées de la planification et de la mise en oeuvre des solutions en
matière de transport ;
- une forte croissance de l'utilisation du transport par minibus
et par motocycles ;
- une dépendance croissante vis-à-vis du transport
privé (voitures et motocyclettes) ; - une absence et dégradation
des infrastructures de transport ;
- des mauvais aménagements pour le transport non
motorisé (marche et bicyclette).
L'engorgement des routes est un problème dans toutes
les villes. Les causes en sont la mauvaise gestion du flux de la circulation,
l'absence d'aires de stationnement et la médiocre application
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
des règles. Le développement anarchique des
villes les a rendues incapables de faire face à l'augmentation du nombre
des véhicules. Moins de la moitié des routes sont revêtues,
ce qui réduit l'accessibilité des autobus aux faubourgs
éloignés et quartiers périphériques
densément peuplés. Les routes revêtues représentent
juste le tiers de la moyenne correspondant aux villes dans le monde en
développement. Dans toutes les villes, le réseau routier est
inférieur aux normes. La capacité est insuffisante, il n'y a ni
bandes d'urgence ni voies de service, le revêtement est
dégradé et l'éclairage des rues réduit au minimum.
Le mauvais état des routes limite la vitesse des véhicules,
réduit considérablement la productivité du parc d'autobus
et alourdit les coûts d'entretien des véhicules. Il favorise
également l'utilisation des minibus, taxis et motocyclettes qui
présentent une plus grande maniabilité que les grands autobus
mais ne sont pas aussi efficaces en tant que moyen de transport public
urbain.
La plupart des routes ont été construites
lorsque les villes n'avaient qu'un seul centre, et avant la rapide croissance
de formes personnalisées de transport motorisé. Le réseau
routier primaire part en étoile du centre ville vers les zones
environnantes et manque de liaisons orbitales ou circulaires. La
majorité des routes n'ont qu'une seule bande de circulation dans chaque
direction. Lorsqu'elles sont plus larges, une des voies est souvent
occupée par les piétons et les véhicules en stationnement.
Les carrefours sont peu espacés et mal conçus pour changer de
direction.
En plus de ces défauts généraux, peu
d'attention a été accordée à d'autres facteurs qui
facilitent les opérations des systèmes de transport public. Les
voies réservées aux autobus sont rares ou carrément
inexistantes. Les arrêts d'autobus, les abribus et autres
aménagements destinés aux passagers sont rares et en mauvais
état. Les terminaux d'autobus sont légèrement plus grands
que les aires de stationnement surencombrées, sans aménagements
pour les passagers.
La plupart des villes ignorent les besoins des piétons.
Une grande partie du réseau routier manque de trottoirs, les
piétons et véhicules motorisés doivent partager le
même espace. Lorsqu'ils existent, les trottoirs sont mal entretenus,
comportent des caniveaux à ciel ouvert, et sont grignotés par les
propriétés qu'ils bordent. Il n'y a ni passages pour
piétons ni ponts, sauf dans les centres villes. À cause de la
mauvaise gestion de la circulation, les accidents sont fréquents. Les
piétons représentent le gros des victimes d'accidents mortels.
62
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
B.2. Genèse et ampleur du phénomène de
« mototaxis »
L'utilisation des motocyclettes pour le transport commercial
s'est développée très rapidement au cours des
dernières années, en raison du mauvais état des routes et
de l'incapacité des compagnies d'autobus de satisfaire la demande
croissante. À l'origine, les services offerts par les motocyclettes
permettaient de relier les zones résidentielles aux grands axes routiers
où les passagers pouvaient trouver des taxis ou des autobus.
Actuellement, on retrouve les motocyclettes sur les routes principales et
même dans le centre ville. Les conducteurs des motocyclettes sont souvent
jeunes et inexpérimentés. Les accidents sont fréquents et
souvent mortels.
Un transport public urbain efficace requiert une attention
coordonnée à la planification urbaine, à la construction
et à l'entretien des infrastructures ainsi qu'à l'organisation
des services de transport. Malheureusement, ces fonctions sont rarement
combinées. Même lorsqu'elles sont toutes les trois assurées
par les pouvoirs publics centraux, plusieurs ministères
différents sont généralement impliqués. Dans la
plupart des villes camerounaises, de nombreuses institutions à tous les
niveaux du gouvernement (services centraux, communautés urbaines,
communes, entreprises publiques, gendarmerie nationale, police nationale,
armée nationale) sont impliquées dans la planification, la
réglementation, l'octroi des permis et le contrôle du transport
urbain. L'effet net de cette confusion généralisée des
rôles se traduit par une mauvaise responsabilisation, un manque de
coordination et la dilution à tous les niveaux de l'engagement
vis-à-vis de la mise en oeuvre de stratégies de transport au
service des besoins de la population.
En bref, « on constate une réglementation
inefficace et une absence presque totale de planification
intégrée, ce qui explique le désordre urbain permanent
» (Kumar et Barrett, 2008).
Section II : Les approches pratiques des dirigeants en
matière d'aménagement du territoire.
Cette section présente les différentes formes
d'organisation spatiale du territoire (A) et les pratiques des dirigeants pour
faire face au désordre urbain (B).
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Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
A. Les différentes formes d'organisation spatiale
du territoire
L'appréciation des différentes formes
d'organisation spatiale du territoire permet de voir dans quelle logique se
situe la vision du Cameroun en matière d'aménagement du
territoire.
A.1. les scénarii d'aménagement du
territoire
Le processus d'urbanisation distingue les territoires
connectés au monde, en complémentarité et en
compétitivité des territoires et d'espaces marginalisés ou
carrément exclus de ces dynamiques.
Quatre scénarios d'organisation spatiale se distinguent :
? Le scénario de l'archipel éclaté
Ce scénario est un scénario tendanciel,
puisqu'il appelle pour l'essentiel l'approfondissement de mécanisme
déjà à l'oeuvre. La globalisation accentue la
primauté de l'économie sur les autres dimensions de la vie
collective. Au sein de l'économie, l'hégémonie des forces
de la concurrence et du paradigme libéral entraîne un mouvement de
dérégulation de grande ampleur. Celui-ci accroît le volume
des échanges internationaux, libérant certaines forces
productives et aussi stimulant la croissance économique selon de
nouvelles modalités et dans de nouveaux champs d'activité.
La traduction spatiale de ce scénario est logiquement
l'accentuation de la polarisation des foyers d'activités par
agglomération. Ce qui n'exclut pas totalement l'apparition de nouveaux
pôles, portés par des activités innovantes, mais dont le
nombre ne pourra être que très limité. La géographie
liée à ce scénario correspond donc à une structure
avec des pôles économiques et technologiques (villes, pôles
d'activités, entreprises) connectés entre eux à
l'échelle nationale ou régionale sur la base de projets
partagés, mais sans effet de diffusion ni de contagion sur les autres
régions.
Le corollaire de cette organisation spatiale est le maintien,
voire l'accentuation, des écarts de développement entre les
« territoires qui gagnent » et les autres et ce, aux diverses
échelles. Les manifestations les plus critiques de cette fracture
territoriale résident, d'une part, dans certaines parties des
périphéries des villes et, d'autre part, dans certains espaces
ruraux désertifiés, mais la
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
fragilisation pourrait également gagner de nombreuses
villes petites et moyennes à l'économie largement tributaire des
transferts sociaux.
? Le scénario du local
différencié
Dans ce scénario, ce ne sont plus des forces
économiques qui jouent leur carte en participant à la
constitution de véritables « villes-État », mais des
pouvoirs locaux assis sur des régions ou des communautés, qui
tendent à se construire sur des logiques identitaires et
communautaristes.
Ce scénario est celui de la constitution de nouvelles
féodalités. Il est également, comme le
précédent, producteur d'inégalités entre les
territoires, convenablement dotés, qui sauront tirer profit de la
nouvelle donne, et ceux, moins attractifs, qui ne parviendront pas à
développer les alliances et les partenariats nécessaires à
leur développement.
Ce scénario peut notamment naître d'une
période de trop long atermoiement de l'État pour trancher sur la
question des articulations et des priorités entre les différentes
entités territoriales, dont la plupart constituent davantage un reflet
de l'histoire qu'une vision de l'avenir.
? Le scénario du centralisme
rénové
Dans ce scénario, l'État est au coeur de toutes
les initiatives en matière d'aménagement du territoire. Le
partage des responsabilités et le pluralisme des initiatives dans le
domaine du développement territorial pourraient alors venir buter sur la
prétention tutélaire de l'État à incarner à
lui seul l'intérêt général.
Le mode d'intervention privilégié des pouvoirs
publics demeure de type allocatif. Les objectifs consistent à mieux
intégrer les espaces périphériques ou
délaissés, à limiter le développement anarchique
des flux, à parfaire le traitement social des territoires.
Dans ce contexte, le monopole retrouvé de l'État
aurait deux conséquences : favoriser le corporatisme en permettant
à des intérêts coalisés de bénéficier
d'avantages ; développer les réflexes d'assistanat à
travers le maintien d'une sphère publique excessive, bloquant ainsi les
mécanismes des changements nécessaires, l'initiative et
l'innovation, notamment à travers un ferme encadrement des initiatives
locales.
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Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
? Le scénario du polycentrisme
maillé
Ce scénario est celui d'une approche polycentrique du
territoire en grands bassins de peuplement, approche qui devrait approfondir
l'intégration en mettant l'accent sur les valeurs de cohésion, de
solidarité et de responsabilité, y compris vis-à-vis des
générations futures.
Au sein de ces ensembles, des réseaux de villes
seraient appelés à se développer autour de pôles
urbains dynamiques, compétitifs aux niveaux sous régional et
mondial et intégrés dans des ensembles territoriaux
solidaires.
Des coopérations, se tissant entre
agglomérations d'un même grand bassin de peuplement sous forme de
métropole polycentrique avec un partage des compétences et des
infrastructures, permettraient un véritable système de villes
maillées entre elles, complétant le dynamisme national
grâce à une combinaison optimale entre qualité du cadre de
vie et performances de la gamme des biens et services disponibles.
De nouveaux modes de régulation territoriale seraient
en mesure d'ouvrir le champ à des stratégies locales
différenciées, sans pour autant être
déconnectées les unes des autres. Le rôle prégnant
de l'État central et l'importance accordée à la
définition de stratégies nationales ne seraient pas remis en
cause, mais se construiraient désormais différemment. On devrait
assister à une redéfinition des missions de la puissance publique
centrale, au profit de la régulation des conflits, de l'organisation des
cadres territoriaux et de la prévention des risques.
Dans cette nouvelle donne, le niveau régional
apparaîtrait comme le plus à même de valoriser les
réseaux de croissance et de solidarité, rendant possible une
différenciation des politiques publiques permettant de prendre en compte
la diversité des territoires, la variété de l'armature
urbaine, notamment au niveau des villes moyennes et petites, de leurs profils,
de leur spécialisation. (Guigou, 2001)
A.2. la vision du DSCE par rapport au territoire
Camerounais
Le Cameroun semble s'inscrire dans la vision d'organisation
des villes décrite par le scénario du polycentrisme
maillé, dans la mesure où le DSCE intègre en son sein la
logique sous-entendue par ce scénario10 tout comme la loi
d'orientation pour l'aménagement et le
10 Selon le MINHDU, la réalisation de la
vision 2035 passe par la rationalisation de l'occupation de l'espace urbain,
l'amélioration du cadre et des conditions de vie des populations, la
maîtrise de la croissance urbaine à 57.4% en
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
développement durable du territoire au Cameroun. Cette
vision pousse à réfléchir sur la structure de l'Etat,
laquelle structure doit favoriser l'action publique et la structuration de
l'économie.
Schéma 2 : Le polymorphisme maillé du territoire
camerounais
Taille des villes
Plus de 100 000 habitants
Plus de 10 000 habitants
Plus de 500 000 habitants
Plus de 1 000 000 habitants
Source : traitement de l'auteur.
Le schéma ci-dessus traduit l'image du territoire
camerounais lorsque ce dernier aura mis en oeuvre le polymorphisme
maillé. On note une intégration des différentes villes
avec des effets de contagion, de diffusion du développement, de la
technologie d'une ville, d'une partie du territoire vers les autres.
2020, l'entretien et/ou la mise en place des infrastructures
urbaines, la maîtrise de la gestion foncière en milieu urbain, la
mise en réseau des villes , l'aménagement de nouvelles trames
foncière.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
B. Les approches pratiques des dirigeants pour faire face
aux désordres urbains.
Deux principales interventions visent à mettre fin au
désordre urbain. Celle des délégués du gouvernement
auprès des communautés urbaines et celles des services centraux
(MINHDU).
B.1. Interventions des délégués du
gouvernement dans les grandes villes
Dans leurs approches, les délégués du
gouvernement auprès des communautés urbaines ont essayé
plusieurs opérations de planification urbaine parmi lesquelles le
déguerpissement la réhabilitation/restructuration et la
résorption intégrale.
- Le déguerpissement.
Jusqu'en 1960, la pauvreté se concentrait dans les
espaces très circonscrits des villes. Les quartiers précaires
étaient alors considérés comme la manifestation d'une
transition urbaine, et devaient rapidement disparaître. Et lorsqu'on
s'est aperçu qu'il ne s'agissait pas d'un phénomène
passager, des réponses ont été apportées souvent
sous la forme de déguerpissement, une façon d'affirmer
l'autorité de la puissance publique.
Les déguerpissements ont en effet montré leurs
limites. Ils induisaient des coûts élevés sur les plans
social, économique et sécuritaire, et étaient souvent
à l'origine de troubles sociaux. C'est ce qui explique qu'à la
fin des années 60 des courants de pensée se sont affirmés.
John Turner en était la figure emblématique pour soutenir une
approche qui privilégie, plutôt que la démolition,
l'amélioration de l'environnement des pauvres et leur implication
directe dans les projets qui les concernent.
- La réhabilitation/restructuration.
Le consensus a été fait autour de la
réhabilitation/restructuration. Du point de vue des bailleurs de fonds,
il s'agit de la nécessité d'une intervention vigoureuse, dans ces
quartiers précaires, lieux de concentration de la pauvreté, dans
le but d'enclencher un cercle vertueux, qui conduira à
l'évolution, tant physique que sociale, des quartiers. Pour les
autorités, il s'agit d'intervenir pour éliminer les divers
risques sanitaires, environnementaux, sécuritaires et sociaux auxquels
sont exposées les populations, la nécessité de soigner
l'image de la ville en éliminant ce
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
qui pourrait l'entacher, vu de l'extérieur, lutter
contre la pauvreté, l'exclusion, et la recherche d'une
amélioration des conditions difficiles d'existence dans ces
quartiers.
- La résorption intégrale des quartiers
précaires.
Comme dans les déguerpissements, le but
recherché dans la résorption intégrale est
l'élimination pure et simple du quartier. Dans cette situation, les
quartiers précaires occupent soit des terrains publics, soit des
terrains privés. L'intervention peut avoir une légitimité
lorsqu'ils occupent des terrains privés alors que dans le cas du squat
des terrains publics, il est plus difficile de justifier les
déguerpissements. Dans tous les cas de figure, il s'agit d'interventions
risquées surtout lorsqu'aucune solution d'accompagnement n'est
proposée comme c'est malheureusement souvent le cas. La nouvelle donne
aujourd'hui est la restructuration in-situ.
- La restructuration in situ.
C'est celle qui vise l'amélioration du quartier sur
place, en minimisant les déplacements de populations. Même si les
projets sont tous différents, les démarches conduisant à
la restructuration sont identiques.
Elles comprennent, dans une première phase, la
préparation et l'état des lieux ; dans une seconde phase, les
travaux de viabilisation ; et dans une troisième phase, les travaux
d'ingénierie sociale, sous forme d'accompagnement et de soutien des
populations à se réinstaller dans le nouveau quartier.
La restructuration in situ des quartiers précaires est
une opération complexe, qui imbrique plusieurs tâches et exige
souvent l'intervention coordonnée de plusieurs structures. Elle a
cependant l'avantage de maintenir le quartier et ses populations sur place,
pour un traitement parfois sur de longues années. Cela diffère
naturellement les résultats dans le temps, et rend moins visible
l'impact d'une action souvent lourde qui nécessite une
préparation minutieuse et des moyens importants dont on n'a souvent pas
l'entière maîtrise.
Cette approche est celle encouragée par les bailleurs
des fonds parmi lesquels la Banque Mondiale. Pour elle en effet, les
interventions n'ont de sens que si elles permettent de rendre les villes plus
compétitives et d'améliorer les conditions de vie des plus
pauvres. Autrement dit, il s'agit de cibler les actions dont la mise en oeuvre
permettra d'accroître la compétitivité des villes, de
dégager des ressources durables, qui donneront les moyens
d'équiper les quartiers précaires et de les intégrer dans
les structures des villes. Toujours pour la Banque Mondiale, la forte
concentration des populations, dans les grandes villes du Sud, est
inéluctable et peut constituer
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
une chance de développement pour les pays, même
si elle se fait, dans un premier temps, de façon
désordonnée et incontrôlée.
Pour la Banque Mondiale, l'urbanisation est inévitable.
Elle est essentielle pour le maintien de la croissance économique,
construite sur l'effet d'agglomération. Les villes sont, en effet, le
moteur de la croissance économique. Elles se spécialisent et
interagissent pour soutenir l'économie nationale, et les quartiers
précaires ne sont qu'une conséquence du dysfonctionnement du
marché foncier. Cette idée maîtresse est lancée par
la Banque Mondiale, et renforcée par une succession de paradigmes, dans
l'objectif d'assister les pays, pour créer des richesses, qui seront
équitablement partagées.
La Banque Mondiale considère en effet, que même
si la concentration urbaine peut constituer un atout, la non maîtrise des
flux de migration vers les villes peut constituer un danger, surtout lorsque
les demandes sociales ne sont pas satisfaites.
Depuis l'an 2000, la Banque Mondiale s'est engagée
énergiquement dans la lutte contre la pauvreté. Elle
reconnaît ainsi les insuffisances des stratégies fondées
sur les politiques d'ajustement structurel (PAS), credo des années
80-90. Sa nouvelle stratégie, la réduction de la pauvreté
doit tenir compte des conditions économiques spécifiques, et de
la situation sociale de chaque pays. C'est cela qui aboutit à la
définition des stratégies nationales de réduction de la
pauvreté, élaborée par les différents groupes
sociaux, dans le cadre d'une démocratie participative. Les objectifs
économiques et les objectifs sociaux sont désormais placés
sur un même plan.
Cet engagement nouveau de la Banque Mondiale s'est traduit par
la définition d'objectifs du millénaire pour le
développement (OMD), lesquels ont été remplacés par
les objectifs de développement durable (ODD). Au départ, 8
objectifs, 18 cibles et 40 indicateurs avaient ainsi été retenus,
cela correspondait à un engagement de la communauté
internationale, pour améliorer la situation des habitants des quartiers
précaires, réduisant de moitié la pauvreté à
l'horizon 2015. Depuis le 25 septembre 2015, un nouvel ensemble d'objectifs
mondiaux pour éradiquer la pauvreté, protéger la
planète et garantir la prospérité pour tous, a
été adopté dans le cadre d'un nouveau programme de
développement durable. Chaque objectif a des cibles à atteindre
d'ici les 15 prochaines années.
70
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
B.2. Intervention des pouvoirs centraux
Dans son approche, le MINHDU a effectué en 2013, un
diagnostic urbain afin de faire ressortir les problèmes dont souffre le
secteur urbain au Cameroun dans les composantes que sont les transports
urbains, gouvernance urbaine et urbanisme-habitat-cadre de vie.
Dans la composante transports urbains, il ressort l'arbre
à problèmes suivant : Schéma 3 : Arbres à
problèmes/transports urbains.
Insuffisance des financements alloués à
l'aménagement des voiries
Formes d'extension urbaine peu favorables au développement
des transports collectifs
Insuffisance de la politique et de la stratégie de
construction et d'entretien des voiries urbaines
Chevauchement des interventions des acteurs publics sur le
terrain et absence d'un cadre de concertation
Augmentation des dépenses de transport
pour les usagers
Insuffisance de la couverture des villes par un
réseau viaire principal
Inadaptation des
infrastructures au transport en commun (absence de couloirs de
circulation réservés aux bus et aux taxis collectifs)
Allongement du temps d'attente d'un moyen de
transport
Mesures fiscales et réglementaires peu incitatives
pour les
entreprises de transports collectifs
Chevauchement des missions et absence d'un cadre de
concertation
Faiblesse quantitative et qualitative de l'offre de
transports collectifs et semi collectifs
Politique peu incitative de développement
du transport urbain de masse
Insuffisance de la signalisation routière
Conditions d'exploitation difficiles du fait des encombrements
Coût élevé
d'acquisition des matériels roulants neufs et absence
de réglementation
relative à l'importation des véhicules
Fréquence élevée des accidents,
encombrement des voies
Insuffisante application de la réglementation sur
l'occupation de la voie publique
Faible fluidité du trafic
Absence de voies de contournement des grands centres urbains
Inadéquation des caractéristiques
géométriques des voiries
Chevauchement des missions et absence d'un cadre de
concertation
Insuffisance d'aménagement des marchés de vivres
frais
Absence de plans de déplacement
Prolifération des
mototaxis
Source : Stratégie de Développement du Sous-secteur
Urbain au Cameroun, MINHDU, 2013
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Cet arbre à problème montre clairement que
« La faiblesse quantitative et qualitative de l'offre de transports
collectifs et semi-collectifs accessibles au plus grand nombre dans les grandes
villes », est le problème central en matière de transports
urbains au Cameroun.
Il apparaît que l'urbanisme n'est pas suffisamment
réglementé, et les textes en vigueur sont mal
maîtrisés ou mal appliqués ; la mobilité urbaine est
réduite, notamment du fait de l'insuffisance quantitative et qualitative
d'un réseau viaire adapté au transport collectif et
semi-collectif; l'insuffisance des aménagements à
caractère socio-économique entraîne des désordres
urbains, et amoindrit l'apport économique attendu des villes.
Dans la composante gouvernance urbaine, l'arbre à
problèmes se présente comme suit :
Schéma 4 : Arbre à problèmes /
gouvernance urbaine
Difficultés de transfert de compétences
Etat-CTD
Faible appui des CTD aux populations urbaines
Faiblesse des appuis structurel et organisationnel des
services déconcentrés de l'Etat
Faiblesse de planification, programmation
et exécution
Difficulté de la mise en cohérence de tous
les leviers novateurs d'une gestion optimale de la cité
Insuffisances organisationnelles, financières, humaines ;
faible productivité des villes
Insuffisances de la coordination entre services étatiques,
entre Etat et CTD, et entre les CTD
Nombreuses
insuffisances dans la
gestion des
communes, tant au
plan organisationnel
que financier
Capacités des services de l'Etat limitées, en
raison d'une insuffisance qualitative et quantitative des ressources
humaines
Insuffisance des moyens financiers et humains des communes
Faible respect des textes, éclatement des
compétences, absence d'approche concertée
Forte résistance de la plupart des administrations
à déconcentrer leurs activités
Insuffisances diverses au niveau des OSC
Faible ancrage des notions d'imputabilité et de
transparence, du fait à la fois des insuffisances d'un cadre formel,
mais aussi du non-respect des dispositions en vigueur tant par les CTD que par
les services de l'Etat
Faible participation des populations de communes aux
activités de l'Etat, méconnaissance des procédures et
fonctionnement des services étatiques
71
Source : Stratégie de Développement du
Sous-secteur Urbain au CAMEROUN, MINHDU, 2013.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Cet arbre à problème fait apparaître
clairement que le problème central de la gouvernance urbaine est la
difficulté de la mise en cohérence de tous les leviers novateurs
d'une gestion optimale de la cité. Cette situation est due au fait que,
les mécanismes de la gouvernance urbaine sont insuffisants et ne jouent
pas leur rôle de manière satisfaisante, du fait en particulier du
faible niveau des capacités techniques et organisationnelles des
acteurs.
Dans la composante urbanisme-habitat-cadre de vie, nous avons
:
Schéma 5 : Arbre à Problèmes /
Urbanisme-Habitat-Cadre de vie
Caractère peu ordonné des installations
humaines et absence de réserves
Un habitat indécent s'est
développé de façon anarchique et inorganisée dans
l'essentiel des zones urbaines au Cameroun
Urbanisation de zones inconstructibles et impropres
à l'installation de l'habitat
Autoproduction de l'habitat par la grande majorité
des ménages (plus de 90%.)
Aggravation de la situation sanitaire de la population
qui affecte directement son développement
Lotissements domaniaux et communaux sommairement
aménagés et faible professionnalisation de la promotion
foncière et immobilière privée.
Insuffisance
d'espaces urbanisés
Absence ou non
application des documents d'urbanisme et de la
réglementation de l'occupation et de l'usage
des sols
Séparation des responsabilités
en matière de droit foncier et d'urbanisme
Insuffisance quantitative et qualitative de l'offre de
logements décents et de terrains à bâtir
Insuffisance de
l'offre quantitative
du secteur privé
formel
Existence d'un droit foncier archaïque par rapport
à la réalité de l'urbanisation
Désengagement de
l'Etat dans le
l'habitat planifié
Absence d'accompagnement,
d'orientation, de
soutien budgétaire à
canalisation, d'incitation et de contrôle de la
part
des pouvoirs
publics
professionnalisati
Faible
PME de la
on des artisans et
construction
Absence d'un
système de crédit
et/ou de garanties d'emprunts adaptés aux besoins des
promoteurs
d'approvisionne
matériaux de
construction
Difficultés
ment en
pour les
Absence
l'espace et de
réserves foncières
équipements et les VRD
d'organisation de
d'urbanisation non
consommatrice
Fourniture insuffisante des services urbains de
base
structurée et
fortement
d'espace
Forme
quartiers périphériques où le réseau
est essentiellement en terre
Enclavement des
réseaux très
Coût des
extensions de
élevé
Inadaptation
ménagères
des méthodes
de collecte des
ordures
72
Source : Stratégie de Développement du Sous-secteur
Urbain au Cameroun, MINHDU, 2013
73
74
75
76
77
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Cet arbre à problèmes laisse apparaître
clairement que, le problème central de la sous-composante urbanisme est
l'insuffisance d'espaces aménagés, celui de la sous-composante
habitat est l'insuffisance de l'offre de logements décents et de
terrains à bâtir et celui de la sous-composante cadre de vie est
une fourniture insuffisante des services urbains de base.
Les leçons que nous pouvons tirer du sous-secteur
urbain au Cameroun relatifs aux composantes transports urbains, gouvernance
urbaine et urbanisme-habitat-cadre de vie sont les suivants :
> L'urbanisme n'est pas suffisamment
réglementé, et les textes en vigueur sont mal
maîtrisés ou mal appliqués ;
> La crise économique a raréfié les
ressources allouées à l'aménagement urbain, et en
particulier aux opérations de restructuration et de rénovation
des quartiers dans les villes ;
> L'offre de logements décents accessibles au plus
grand nombre est insuffisante. Il en est de même pour la fourniture des
services urbains de base ;
> L'insuffisance des aménagements à
caractère socio-économique entraîne des désordres
urbains, et amoindrit l'apport économique attendu des villes ;
> La mobilité urbaine est réduite, notamment
du fait de l'insuffisance quantitative et qualitative d'un réseau viaire
adapté au transport collectif et semi-collectif ;
> Les difficultés d'accès aux financements,
couplés à l'insuffisance de la réglementation ou à
sa mauvaise application, freinent l'exercice des professionnels des
métiers urbains ;
> Les mécanismes de la gouvernance urbaine sont
insuffisants et ne jouent pas leur rôle de manière satisfaisante,
du fait en particulier du faible niveau des capacités techniques et
organisationnelles des acteurs ;
> Les données statistiques disponibles sur les
questions urbaines sont très globales et insuffisantes pour permettre de
bien cerner les problématiques du sous-secteur.
Ainsi, en tant que acteur central en matière
d'aménagement du territoire en milieux urbains, le MINHDU participe
à la mise en oeuvre de tous les projets d'infrastructures et
d'équipements urbains ; il assiste aussi les CTD dans
l'élaboration de leurs documents de planification (PDU, POS, PSU, PS) en
finançant les études.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Somme toute, il était question dans ce chapitre de
présenter les politiques et les pratiques d'aménagement du
territoire au Cameroun, d'une part, d'autre part, les éléments
caractéristiques de la croissance urbaine dans ce pays. Il ressort de
cette analyse que, malgré les efforts consentis par les dirigeants,
l'urbanisation n'est pas maitrisée et, au lieu de constituer le levier
de la croissance économique, elle s'est traduite par l'expansion
anarchique de l'habitat, l'insuffisance des infrastructures et services urbains
de base.
Le corollaire de cette situation est la promiscuité,
l'insalubrité et la fracture sociale. Les nombreux dysfonctionnements
auxquels nos villes sont confrontées conduisent à un contexte
urbain marqué par la régression de la production, la stagnation
voire la baisse du revenu urbain, l'exposition des populations aux risques
divers et à l'aggravation de la pauvreté. En un mot, la
pauvreté urbaine et les désordres socioéconomiques qui en
découlent se sont considérablement accrus, en obérant par
là même la triple fonction économique, culturelle et
résidentielle des villes11.
Ainsi, l'ampleur des problèmes urbains demande une
réflexion plus poussée afin d'apporter des solutions
adaptées pour faire face aux désordres urbains. Cela est d'autant
plus vrai que les mesures mises en oeuvre interviennent dans un contexte
où le laxisme des dirigeants a déjà permis à
l'anarchie de précéder la planification urbaine.
Néanmoins, nous avons aussi vu que la Banque Mondiale
et les dirigeants camerounais sont d'accord sur le fait que
l'aménagement du territoire y inclue la densification urbaine est un
facteur qui influence positivement la croissance économique.
L'aménagement du territoire nécessite des moyens
colossaux, lesquels doivent provenir d'une source viable. Cela demande à
analyser les liens entre l'aménagement du territoire et la croissance
urbaine quantitativement.
11 DECLARATION DE S. E. JEAN CLAUDE MBWENTCHOU,
MINISTRE DE L'HABITAT ET DU DEVELOPPEMENT URBAIN DU CAMEROUN, Quito, Equateur,
18 octobre 2016
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
CHAPITRE IV : RESULTATS DE LA VERIFICATION EMPIRIQUE ET
RECOMMANDATIONS
L'objectif de ce chapitre est de présenter les
résultats de la vérification empirique et de faire des
recommandations à l'intention des pouvoirs publics. Notre chapitre
s'organise autour de deux principales sections :
- La première présente la méthodologie dont
nous avons fait usage ainsi que les résultats ; - La seconde fait des
recommandations à partir des résultats obtenus par l'analyse.
Section I : L'analyse de la relation entre
l'aménagement du territoire et la croissance urbaine
Cette section présente le modèle d'analyse
usité (A) et son estimation (B), ainsi que les résultats et leurs
interprétations (C).
A. La présentation du modèle d'analyse
La présentation du modèle d'analyse passe par sa
spécification et la présentation de ses variables.
A1. Spécification du modèle
Deux modèles de régression linéaire
multiple12 ont été utilisés dans le cadre de
notre analyse empirique. Ceci pour apprécier la relation
étudiée dans le cadre du champ défini, mais aussi pour
voir la manifestation de ce phénomène au niveau national.
- Le premier modèle met en relation le Budget
d'Investissement Public (BIP), le Produit Intérieur Brut(PIB) et la
Population Total du Cameroun(POPTOTAL) et s'écrit :
LogBIPit = áo + á1LogPIBit
+á2LogPOPTOTALit +åit (1)
12 Les hypothèses suivantes doivent être
vérifiées pour la validation des résultats d'une
régression linéaire multiple
H1 : les xit sont observées sans erreur
H2 : E(åit) =0
H3 : E(åit 2) = óå
(homoscédasticité )
H4 : E(åt, åt') =0, si t?t'(erreurs
indépendantes)
H5 : cov(xit, åt') =0
H6 : absence de colinéarité entre les variables
explicatives
H7 : X'X/n tend vers une matrice finie non singulière
H8 : n> k+1, le nombre d'observations est supérieur au
nombre de séries explicatives (Bourbonnais, 2009)
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Où áo est le terme constant, åit
est le terme d'erreur (iid); i [1, 30] et t [1986,2015], á1t et
á2t les pentes liées aux variables respectives.
131t et
- Le deuxième met en relation le Budget d'Investissement
Public, le Produit Intérieur Brut et la Population Urbaine(POPURB) du
Cameroun et s'écrit :
LogBIPit = âo + â1LogPIBit
+â2LogPOPURBit +uit (2)
Où 13o est le terme constant, õit est le
terme d'erreur (iid) ; i [1, 30] et t [1986,2015],
132t les pentes liées aux variables respectives.
Suivant les théories relatives aux potentiels
économiques et sociaux qu'offrent les investissements publics, on
s'attend à une valeur positive de á1 traduisant la
corrélation positive
entre le Budget d'Investissement Public et le Produit
Intérieur, et une valeur négative de á2 traduisant la
corrélation négative entre Budget d'Investissement Public et la
Population Totale du Cameroun.
Suivant les mêmes théories, on s'attend à
une valeur positive de 131 traduisant la corrélation positive entre le
Budget d'Investissement Public et le Produit Intérieur tout comme dans
le
premier modèle et une valeur négative de 132
traduisant la corrélation négative entre Budget d'Investissement
Public et la Population urbaine du Cameroun.
A.2. Les variables
Deux catégories de variables seront utilisées
dans notre analyse : la variable expliquée BIP et les variables
explicatives PIB, POPTOTAL et POPURB.
BIP : Budget d'Investissement Public,
PIB : Produit Intérieur Brut,
POPTOTAL : Population Totale du Cameroun, POPURB : Population
Urbaine du Cameroun.
Etant donné que nous étudions des
phénomènes dynamiques, il nous est paru évident de retenir
plutôt le logarithme népérien des valeurs des variables
supra au lieu des valeurs brutes, vu que la
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
dérivée du logarithme donne immédiatement
le taux de croissance de la variable. Ainsi, nous aurons comme variables :
LBIP, LPIB, LPOPTOTAL et LPOPURB. Le tableau 2 en annexe donne les valeurs de
ces variables.
LBIP : Logarithme népérien du Budget
d'Investissement Public,
LPIB : Logarithme népérien du Produit
Intérieur Brut,
LPOPTOTAL : Logarithme népérien de la Population
Totale du Cameroun, LPOPURB : Logarithme népérien de la
Population Urbaine au Cameroun.
Afin d'arriver à un modèle significatif qui, non
seulement nous permettra de faire notre vérification mais qui rend
compte également de l'évolution socio-économique du
Cameroun pendant les périodes de crise et en dehors des périodes
de crise, notre analyse s'est focalisée sur les trois décennies
qui partent de 1986 à 2015.
Cet intervalle de temps nous permet ainsi de prendre en compte
le premier, le deuxième et le troisième recensement de la
population au Cameroun pour plus de lisibilité dans l'analyse des
données.
B. Estimation des modèles
Pour effectuer une bonne estimation, il est nécessaire
d'avoir des données issues d'une source viable, mais aussi de faire
usage d'une méthode bien spécifique.
B.1. Source des données
Les données utilisées dans le cadre de notre
analyse sont essentiellement des données socio-économiques. Dans
la mesure où l'aménagement du territoire qui est une mission
régalienne de l'Etat se traduit par des investissements importants en
infrastructures et en équipements, nous avons choisi de capter
économiquement cette action par le BIP.
En ce qui concerne la croissance urbaine, celle-ci est
considérée dans le cadre de notre analyse comme la croissance
économique en milieu urbain et la croissance de la population urbaine.
Nous capterons la croissance économique urbaine par le Produit
Intérieur Brut (PIB national), vu la difficulté de
déterminer le PIB urbain dans le PIB national. Nous nous appuyons
néanmoins
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
sur le fait qu'il est établi13 que la grande
partie du PIB national est produite par les établissements urbains. La
croissance démographique urbaine sera captée par la population
urbaine au Cameroun.
Ces données ont été obtenues à
partir des données de l'INS, des lois de finance sur les années
considérées et les données de la Banque Mondiale. Le
tableau 1 en annexe présente ces différentes données.
B.2. Méthode d'estimation
Notre analyse fait des régressions linéaires
multiples avec la méthode des MCO, ainsi qu'un test de causalité
au sens de Granger.
Les régressions cherchent à mettre en exergue la
relation entre l'aménagement du territoire et la croissance urbaine,
tandis que le test de causalité de Granger cherche à savoir le
sens de la causalité entre ces deux concepts.
C. Les résultats
L'estimation des modèles permet d'arriver à des
résultats dont l'analyse permet de prendre une position claire par
rapport aux hypothèses émises.
C.1. Présentation des
résultats
L'estimation des modèles grâce au logiciel
Eviews.3 nous a permis d'arriver aux résultats suivants.
Pour le premier modèle, nous avons :
78
13 Selon le diagnostic du sous-secteur urbain au
Cameroun effectué par le MINHDU en 2013, les villes ont contribué
au PIB national pour 65,5% en moyenne sur la période 2003-2007
79
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Tableau 3 : régression du premier modèle
dans Eviews.
Dependent Variable: LBIP
Method: Least Squares
Sample: 1986 2015
Included observations: 30
White Heteroskedasticity-Consistent Standard Errors &
Covariance
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
LPIB
|
1.922391
|
0.248148
|
7.746948
|
0.0000
|
LPOPTOTAL
|
-2.659402
|
0.613227
|
-4.336731
|
0.0002
|
C
|
14.65191
|
3.915810
|
3.741731
|
0.0009
|
R-squared
|
0.839941
|
Mean dependent var
|
|
5.773603
|
Adjusted R-squared
|
0.828085
|
S.D. dependent var
|
|
0.613579
|
S.E. of regression
|
0.254406
|
Akaike info criterion
|
|
0.194871
|
Sum squared resid
|
1.747509
|
Schwarz criterion
|
|
0.334991
|
Log likelihood
|
0.076938
|
F-statistic
|
|
70.84381
|
Durbin-Watson stat
|
0.918766
|
Prob (F-statistic)
|
|
0.000000
|
Source : traitement de l'auteur dans le logiciel Eviews.
Le tableau 3 présente les résultats de l'estimation
du premier modèle. Sa lecture, notamment les valeurs des
probabilités, permet de dire que tous les paramètres sont
significatifs.
Pour le deuxième modèle, nous avons :
Tableau 4 : régression du deuxième
modèle dans Eviews.
Dependent Variable: LBIP
Method: Least Squares
Sample: 1986 2015
Included observations: 30
White Heteroskedasticity-Consistent Standard Errors &
Covariance
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
LPIB
|
1.360392
|
0.134827
|
10.08992
|
0.0000
|
LPOPURB
|
-0.957616
|
0.250229
|
-3.826957
|
0.0007
|
C
|
2.460929
|
1.466592
|
1.677992
|
0.1049
|
R-squared
|
0.828233
|
Mean dependent var
|
|
5.773603
|
Adjusted R-squared
|
0.815510
|
S.D. dependent var
|
|
0.613579
|
S.E. of regression
|
0.263547
|
Akaike info criterion
|
|
0.265466
|
Sum squared resid
|
1.875333
|
Schwarz criterion
|
|
0.405586
|
Log likelihood
|
-0.981992
|
F-statistic
|
|
65.09485
|
Durbin-Watson stat
|
0.887289
|
Prob (F-statistic)
|
|
0.000000
|
Source : traitement de l'auteur dans le logiciel Eviews.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Le tableau 4 présente les résultats de l'estimation
du deuxième modèle. Il montre clairement que tous les
paramètres sont significatifs.
En ce qui concerne le test de causalité de Granger, notre
analyse nous a permis d'arriver aux résultats suivants relatifs aux
modèles précédents :
Pour ce qui est du premier modèle, nous avons :
Tableau 5 : Sens de causalité entre les variables
LBIP, LPIB et LPOPTOTAL.
Pairwise Granger Causality Tests Sample: 1986 2015
Lags: 2
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
LPIB does not Granger Cause LBIP LBIP does not Granger Cause
LPIB
|
28
|
5.63216
1.45800
|
0.01021
0.25342
|
LPOPTOTAL does not Granger Cause LBIP LBIP does not Granger
Cause LPOPTOTAL
|
28
|
6.07809
1.65334
|
0.00760
0.21336
|
Source : traitement de l'auteur dans le logiciel Eviews.
Le tableau 5 présente les résultats du test de
causalité au sens de Granger des variables du premier modèle. Il
laisse aussi apparaître la significativité de certaines
hypothèses par rapport aux autres.
Pour ce qui est du deuxième modèle, nous avons :
Tableau 6 : Sens de causalité entre les variables
LBIP, LPIB et LPOPURB.
Sample: 1986 2015 Lags: 2
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
LPIB does not Granger Cause LBIP LBIP does not Granger Cause
LPIB
|
28
|
5.63216
1.45800
|
0.01021
0.25342
|
LPOPURB does not Granger Cause LBIP LBIP does not Granger
Cause LPOPURB
|
28
|
8.49956
2.82346
|
0.00172
0.08007
|
80
Source : traitement de l'auteur dans le logiciel Eviews.
81
82
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Le tableau 6 présente les résultats du test de
causalité au sens de Granger des variables du deuxième
modèle. Il laisse aussi apparaître la significativité de
certaines hypothèses par rapport aux autres.
C.2. Analyse des résultats
La lecture des résultats de l'estimation du premier
modèles permet de constater que :
Le coefficient de détermination R2 = 0.839941
est supérieur à 75%, ce qui évoque une présomption
à la causalité entre la variable expliquée LBIP et les
variables explicatives LPIB et LPOPTOTAL.
La statistique de Fischer calculée Fcal = 70.84381 est
supérieure à la statistique de Fischer tabulée,
F0.05(3 , 28) = 2.95, ce qui signifie que le modèle est
globalement significatif.
Interprétation des paramètres :
- U1
Suivant le test des hypothèses : H0 : U1
= 0 contre H1 : U1 ? 0, nous avons :
La statistique de Student liée à
U1, t1 = 7.746948 est supérieure à la
statistique de Student tabulée t0.05(27) =2.052, ce qui
signifie que le paramètre U1 est
significativement différent de 0.
Suivant le test des hypothèses : Ho' : U1
<0 contre H1' : U1 >0, nous avons :
La statistique de Student t1' = 7.746948 est aussi
supérieure à la statistique de Student tabulée
t0.025(27) =1.703, ce qui signifie que le paramètre
U1 est significativement supérieur à 0,
donc positif.
Nous concluons que le PIB influence positivement le BIP.
- U2
Suivant le test des hypothèses : H0 : U2
= 0 contre H1 : U2 ?0, nous avons :
La statistique de Student liée à
U2, t2 = -4.336731 est supérieure en valeur
absolue à la statistique de Student tabulée t0.05(27)
= 2.052, ce qui signifie que le paramètre U2
est significativement différent de 0.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Suivant le test des hypothèses : H0' : U2
<0 contre H1' : U2 >0, nous avons :
La statistique de Student t2' = -4.336731 est inférieure
à la statistique de Student tabulée donnée par
t0.025(27) =1.703, ce qui signifie que le paramètre
U2 est significativement inférieur à 0, donc
négatif.
Il ressort que la taille totale de la population camerounaise
influence négativement le BIP.
La lecture des résultats relatifs à l'estimation du
deuxième modèle permet de constater aussi que :
Le coefficient de détermination R2 = 0.828233
est supérieur à 75%, ce qui évoque une présomption
à la causalité entre la variable expliquée LBIP et les
variables explicatives LPIB et LPOPURB.
La statistique de Fischer calculée Fcal = 65.09485 est
supérieure à la statistique de Fischer tabulée
donnée par F0.05(3 , 28) = 2.95, ce qui signifie que le
modèle est globalement significatif.
Interprétation des paramètres :
- P1
Suivant le test des hypothèses : H0 : P1
=0 contre H1 : P1 ?0, nous avons :
La statistique de Student liée à
P1, t1 = 10.08992 est supérieure à la
statistique de Student tabulée t0.05(27) = 2.052, ce qui
signifie que le paramètre P1 est significativement
différent de 0.
Suivant le test des hypothèses : H0' :
P1<0 contre H1' : P1 >0, nous avons
:
La statistique de Student t1' = 10.08992 est supérieure
à la statistique de Student tabulée donnée par
t0.025(27) = 1.703, ce qui signifie que le paramètre
P1 est significativement supérieur à 0, donc
positif.
Il en ressort que le PIB influence positivement le BIP.
- P2
Suivant le test des hypothèses : H0 : P2
= 0 contre H1 : P2 ? 0, nous avons :
83
84
85
86
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
La statistique de Student liée à
P2, t2 = -3.826957 est supérieure en valeur absolue
à la statistique de Student tabulée t0.05(27) = 2.052,
ce qui signifie que le paramètre P2 est
significativement différent de 0.
Suivant le test des hypothèses : H0 : P2
< 0 contre H1 : P2 > 0, nous avons :
La statistique de Student calculée t2' = -3.826957 est
inférieure à la statistique de Student tabulée
donnée par t0.025(27) = 1.703, ce qui signifie que le
paramètre P2 est significativement inférieur
à 0, donc négatif.
Il en ressort que la taille de la population urbaine influence
négativement le BIP.
La lecture des résultats relatifs aux tests de
causalité au sens de Granger permet d'apprécier le sens de ces
causalités.
- Sens de causalité entre le BIP et le PIB. Suivant le
test des hypothèses :
H0 : LPIB ne cause pas LBIP au sens de Granger H1 : LPIB cause
LBIP au sens de Granger
Nous avons :
La statistique calculée de Fischer Fcal = 5.63216 est
supérieure à la statistique tabulée de Fischer,
donnée par F0.05(1 , 26) = 5.23.
Ainsi, LPIB cause LBIP au sens de Granger, ce qui nous
amène à dire que le PIB est la cause du BIP.
Suivant le test des hypothèses :
H0' : LBIP ne cause pas LPIB au sens de Granger H1' : LBIP cause
LPIB au sens de Granger Nous avons :
La statistique calculée de Fischer Fcal' = 1.45800 est
inférieure à la statistique tabulée de Fischer,
donnée par F0.05(1 , 26) = 5.23. Ceci signifie que LBIP ne
cause pas LPIB.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
En définitive, seul le PIB cause le BIP.
- Sens de causalité entre BIP et la population totale.
Suivant le test des hypothèses :
H0 : LPOPTOTAL ne cause pas LBIP au sens de Granger H1 :
LPOPTOTAL cause LBIP au sens de Granger Nous avons :
La statistique de Fischer calculée Fcal = 6.07809 est
supérieure à la statistique de Fischer tabulée
F0.05(1 , 26) = 5.23, ce qui signifie que LPOPTOTAL cause LBIP au
sens de Granger.
Suivant le test des hypothèses :
H0' : LBIP ne cause pas LPOPTOTAL au sens de Granger H1 : LBIP
cause LPOTOTAL au sens de Granger
Nous avons :
La statistique de Fischer calculée Fcal' = 1.65334 est
inférieure à la statistique tabulée de Fischer,
donnée par F0.05(1 , 26) = 5.23, ce qui signifie que LBIP ne
cause LPOPTOTAL au sens de Granger.
En définitive, la population totale cause le BIP au sens
de Granger. - Sens de causalité entre le BIP et la population urbaine.
Suivant le test des hypothèses :
H0 : LPOPURB ne cause pas LBIP au sens de Granger
H1 : LPOPURB cause LBIP au sens de Granger
Nous avons :
La statistique de Fischer calculée Fcal = 8.49956 est
supérieure à la statistique de Fischer tabulée
donnée par F0.05(1 , 26) = 5.23.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Ceci signifie que LPOPURB cause sans aucun doute LBIP au sens de
Granger.
Suivant le test des hypothèses :
H0' : LBIP ne cause pas LPOPURB au sens de Granger
H1' : LBIP cause LPOPURB au sens de Granger
Nous avons :
La statistique de Fischer calculée Fcal' = 2.82346 est
inférieure à la statistique de Fischer tabulée
donnée par F°.°5(1 , 26) = 5.23. Ce qui signifie
que LGBIP ne cause pas LPOPURB au sens de Granger.
En définitive, seule la population urbaine cause le BIP au
sens de Granger.
Il ressort de notre analyse que, non seulement il existe un
lien entre l'aménagement du territoire et la croissance urbaine, mais
aussi, la croissance urbaine cause l'aménagement du territoire. Ce
résultat est vrai en ce qui concerne la population urbaine mais aussi en
ce qui concerne la population totale du Cameroun.
Les résultats obtenus ainsi que les enseignements
tirés de la revue de la littérature nous amènent à
formuler quelques recommandations de politiques économiques ou urbaines,
à l'attention des dirigeants politiques ainsi que des chercheurs.
Section II : les recommandations de politiques
économiques ou urbaines.
Dans cette section, nous ferons des recommandations d'ordre
socio-économique et politique (A) et des recommandations d'ordre
pratique (B), en nous appuyant sur les résultats obtenus dans le cadre
de notre analyse, mais aussi sur des enseignements tirés des
observations des pratiques courantes.
A. Recommandations d'ordre socioéconomique et
politique.
Les pouvoirs devraient mettre en oeuvre des mesures
concrètes susceptibles d'améliorer le contexte économique
du pays ainsi que le cadre et le niveau de vie des populations.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
A.1. Recommandations d'ordre
socioéconomique
Notre analyse a permis de mettre en exergue le lien qui existe
entre l'aménagement du territoire et la croissance urbaine. Les
dirigeants devraient prendre conscience de ce fait et mettre en place des
politiques économiques qui créent un cercle vertueux de
développement, un cercle où l'aménagement du territoire
permet à l'économie de prospérer, laquelle va donner plus
de possibilité de réaction aux dirigeants grâce à
ses fruits.
La programmation économique doit favoriser la mise en
oeuvre des politiques qui boostent la croissance économique,
étant entendu que celle-ci tire l'aménagement du territoire
positivement en lui apportant plus de ressources.
En ce qui concerne la corrélation négative entre
l'aménagement du territoire et la croissance urbaine, les dirigeants
devraient mettre en oeuvre des politiques qui, loin de chercher à
limiter la croissance démographique, vont plutôt en faire un
instrument de croissance économique. Cela est possible.
En effet, en communiquant avec les populations, en amenant
celles-ci à comprendre son importance dans la construction de la nation,
en mettant sur pied des mécanismes d'éducation de masse, les
dirigeants peuvent rendre chaque mètre carré du territoire urbain
productif. Cela passe par à une politique foncière transparente
et bien encadrée. Le contrôle du foncier urbain permettra de
limiter l'étalement urbain, d'encourager la densification urbaine tout
en permettant à l'Etat de gagner en ressources.
En ce qui concerne les transports urbains,
l'amélioration du transport urbain dans les villes dépendra d'une
stratégie de mesures coordonnées visant l'aménagement des
infrastructures, la gestion de la circulation, la qualité des services
et le développement du réseau. Parmi les mesures à court
terme figurent l'augmentation du financement des routes, l'application des
réglementations existantes, le contrôle de la surcharge et le
renforcement des contrôles techniques. Les mesures à moyen terme
incluent la réhabilitation des routes, l'amélioration de la
gestion de la circulation, la définition et mise en application de
normes pour le service (tarifs, horaires), la conception d'une nouvelle
structure d'itinéraires et la rationalisation du service à
travers une concurrence contrôlée.
87
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
L'objectif à long terme est de consolider les gains
dans tous ces domaines grâce à la création d'une
régie métropolitaine du transport ayant autorité sur les
infrastructures et les véhicules. Pour être compétente,
cette régie doit coordonner la planification du transport,
l'aménagement des infrastructures et la réglementation des
services. Son budget doit être suffisant pour attirer et retenir le
personnel qualifié, et ne doit pas faire l'objet de changements
arbitraires lorsque le département d'appui est sous pression. Les
coûts pour les utilisateurs - en particulier les permis d'exploitation ou
les frais de franchise perçus sur les opérateurs - constituent
l'option de financement privilégiée. Ils ne doivent pas
être onéreux ni avoir un effet important sur les tarifs.
Toutefois, pour exploiter leur potentiel, les villes doivent
réparer leurs chaussées, améliorer leurs pratiques de
gestion de la circulation et assurer la viabilité économique des
services des grands véhicules à travers le recouvrement des
coûts à l'aide soit de boîtes de perception soit de
subventions prévisibles.
La réintroduction des grands autobus dépendra
non seulement des améliorations physiques et institutionnelles mais
également d'un ferme engagement politique en faveur d'une exploitation
soutenable. Peu d'opérateurs privés sont en mesure de mobiliser
le capital nécessaire pour acquérir de grands autobus. Pour lever
les barrières à l'investissement, il faudra un contrôle de
la concurrence sous la forme de droits d'exploitation exclusive des services
d'autobus sur des itinéraires désignés. Une concurrence
contrôlée peut être introduite à travers la
consolidation du secteur informel en de plus grandes unités ou
associations capables d'obtenir des contrats exclusifs sur des
itinéraires. L'élimination de la concurrence non rentable
permettrait de réduire la congestion et d'améliorer la vitesse du
transport, rendant ainsi les grands autobus commercialement
intéressants. Cette approche est fondée sur une durée des
contrats calquée sur la durée de remboursement de
l'investissement et sur un système de réglementation tarifaire
qui garantit une récupération raisonnable des coûts et
protège les opérateurs et régulateurs des pressions
politiques éphémères.
Les villes camerounaises doivent rapidement évoluer
vers le modèle de régie métropolitaine des transports
adopté avec succès dans nombre de villes à travers le
monde. Cette évolution permettra de coordonner la planification, la
réglementation, l'octroi des permis, le contrôle technique, le
suivi et l'application des règles.
88
89
90
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
A.2. Recommandations d'ordre politique.
Le contexte camerounais est tel que le désordre urbain
a précédé l'aménagement du territoire en milieux
urbains. Dans ce contexte, les opérations d'aménagement que
prône la loi d'urbanisme ont une portée limitée. Ces
opérations se contentent uniquement d'apporter de « l'aide à
la pierre » et s'intéressent peu à « l'aide à la
personne » ou contribuent résiduellement à celle-ci. De
plus, la brutalité liée à leur mise en oeuvre a
été telle qu'elles ont causé plus de mal que de bien aux
populations et, n'ont contribué qu'à la réplication des
quartiers précaires. Sans mesures d'accompagnement, la restructuration
des quartiers précaires n'a eu pour effets que de déplacer les
populations des quartiers précaires au centre ville vers la
périphérique où de nouveaux quartiers précaires
sont crées.
Ainsi, la loi portant urbanisme au Cameroun ainsi que ses
décrets d'application devraient évoluer, afin d'intégrer
les nouvelles donnes que sont la restructuration in situ, et l'approche devra
être celle d'économie sociale et solidaire, où « les
trois pieds de la marmite »14 doivent jouer chacun son
rôle. Les dirigeants devraient trouver des stratégies de
communication afin d'informer la masse populaire sur la nécessité
de connaître l'ensemble des lois relatives à la planification
urbaine, l'ensemble des documents de planification urbaine ainsi que leur
respect. Il est coûteux pour les pouvoirs publics de mettre sur pied des
opérations de restructuration/réhabilitation ; les mesures
préventives qui passent par l'acquisition des documents de planification
urbaine par chaque CTD et leur respect et mise en application par l'ensemble de
la population sont prioritaires et l'Etat devrait travailler sans relâche
dans ce sens.
Dans cette visée, il est nécessaire de
vulgariser la loi d'orientation pour l'aménagement et le
développement durable du territoire ainsi que la loi portant urbanisme
au Cameroun. Les pouvoirs publics devraient aussi mettre en cohérence
toutes les lois et décrets qui ont traits à l'aménagement
du territoire, coordonner leurs interventions avec celles des CTD en ce qui
concerne la mise en oeuvre des infrastructures ou la réalisation de
certains projets pour plus d'efficacités.
14 Secteur public, secteur
privé, société civile.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
B. Recommandations d'ordre pratique.
Les pratiques en aménagement du territoire au Cameroun
doivent intégrer un certain nombre de réalités
incontournables pour une bonne orientation de la croissance urbaine.
B.1. Recommandation par rapport aux villes
Les pouvoirs publics devraient procéder à une
hiérarchisation légale des villes camerounaises, à la
constitutionnalisation des lois relatives au foncier, à la mise sur pied
d'un tribunal spécialisé dans les affaires foncières et
d'habitat. Ils doivent aussi implémenter l'expérience des
pratiques israéliennes en matière de logements sociaux. Ceci
passe par la communication, le rapprochement entre tous les acteurs et une
bonne coordination des actions des uns et des autres.
B.2. Recommandation par rapport aux documents de
planification
Les pouvoirs publics devraient aussi accélérer la
mise sur pied des schémas d'aménagement
du territoire que sont :
- Le Schéma National d'Aménagement et de
Développement Durable du Territoire ;
- Les Schémas Régionaux d'Aménagement et de
Développement Durable du Territoire ;
- Les Schémas Sectoriaux ;
- Les Plans Locaux d'Aménagement et de
Développement Durable du Territoire ;
- Les Contrats Plans,
Afin que les documents de planification urbaine que sont le
PDU, le POS, le PSU et le PS
puissent s'incorporer à ces schémas et que le
territoire camerounais arrive effectivement à une
intégration comme celle décrite par le
modèle du polycentrisme maillé.
Pour conclure, dans ce chapitre, il était question de
présenter les résultats de la vérification empirique et de
faire des recommandations à l'intention des pouvoirs publics. Nos
résultats montrent qu'il existe un lien entre l'aménagement du
territoire et la croissance urbaine. Ce lien peut être une
corrélation positive ou une corrélation négative.
Le résultat relatif à l'influence de
l'aménagement du territoire confirme notre première
hypothèse. Il montre qu'il existe effectivement un lien entre
l'aménagement du territoire et la croissance urbaine.
L'aménagement du territoire influence ainsi positivement la croissance
urbaine.
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Le résultat relatif à l'influence de la
croissance urbaine sur l'aménagement du territoire confirme aussi notre
deuxième hypothèse. La croissance démographique urbaine
influence négativement l'aménagement du territoire.
Enfin, les tests de causalité au sens de Granger
montrent dans leur globalité que la croissance urbaine est à
l'origine de la mise en oeuvre des politiques publiques en matière
d'aménagement du territoire et donc, cause l'aménagement du
territoire.
91
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE.
Au terme de cette partie, il était question de faire
une vérification empirique des liens de corrélation ou de
causalité entre l'aménagement du territoire et la croissance
urbaine dans le cadre du Cameroun. Nous avons pu mettre en exergue les
caractéristiques de la croissance urbaine dans les établissements
urbains du Cameroun ; nous avons aussi effectué une analyse
économétrique sur les potentiels liens entre l'aménagement
du territoire et la croissance urbaine dans le contexte camerounais.
Il est apparu que l'aménagement du territoire est au
coeur des politiques gouvernementales, ce qui explique les nombreux efforts
consacrés pour en faire un instrument de croissance économique,
qu'il influence positivement la croissance économique urbaine, et que la
croissance démographique urbaine influence négativement ce
dernier.
Nos résultats, lesquels ont confirmé nos
hypothèses, nous ont montré clairement que, non seulement, il
existe un lien entre l'aménagement du territoire et la croissance
urbaine, mais aussi, la croissance urbaine cause l'aménagement du
territoire. Ces résultats sont vrais en ce qui concerne la population
urbaine mais aussi en ce qui concerne la population totale du Cameroun.
Au final, comme mentionné supra, il existe un lien
entre l'aménagement du territoire et la croissance urbaine et, la
croissance urbaine cause sans aucun doute la mise en oeuvre des politiques
publiques d'aménagement du territoire et par conséquent, cause
l'aménagement du territoire.
92
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
93
94
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Au terme de notre analyse, il était question de mettre
en exergue la relation entre l'aménagement du territoire et la
croissance urbaine d'une part, et d'autre part, le sens de cette relation. Nous
avons vu aussi bien dans notre analyse théorique que dans notre analyse
empirique que l'aménagement du territoire influence positivement la
croissance économique urbaine, et que la croissance démographique
urbaine influence négativement l'aménagement du territoire.
Il est apparu très clair qu'il existe un lien entre
l'aménagement du territoire et la croissance urbaine, mais aussi que, la
croissance urbaine cause l'aménagement du territoire. Ce résultat
est vrai en ce qui concerne la population urbaine mais aussi en ce qui concerne
la population totale du Cameroun.
In fine, l'aménagement du territoire
apparaît non seulement comme étant un facteur de
développement urbain à travers la mise en oeuvre effective des
politiques y relatives, mais aussi comme un préalable pour une
intégration et une organisation efficace du territoire.
Sa mise en oeuvre obéit à une double approche,
selon que celle-ci se fait ex-ante au processus d'urbanisation, ce qui
nécessite une planification rigoureuse, ou selon que celle-ci se fait
ex-post à l'urbanisation anarchique, ce qui nécessite
des mesures concertées dans une approche d'économie sociale et
solidaire pour plus d'efficacités.
Le sens de la causalité qui va de la croissance urbaine
vers l'aménagement du territoire explique en partie les attitudes des
dirigeants camerounais en matière d'aménagement du territoire.
L'approche des dirigeants est une approche réactive destinée
à répondre à des problèmes déjà
existants. Ce fait avéré est regrettable et traduit l'impuissance
des pouvoirs publics qui semblent débordés par les
problèmes urbains. Pour inverser cette causalité, les dirigeants
devraient mettre en oeuvre des politiques ambitieuses qui permettront de
rattraper la croissance urbaine et de la dépasser.
Ce n'est que lorsque les pouvoirs publics seront à
mesure de prévoir avec exactitude l'évolution des variables
macroéconomiques ainsi que les solutions à apporter à ces
dernières en cas de chocs exogène ou endogène que le
Cameroun dira qu'il contrôle sa croissance urbaine.
Cela est possible dans la mesure où le Cameroun dispose
des ressources importantes pour faire face aux problèmes urbains. Le
retard résiderait dans l'incapacité des dirigeants qui
n'arrivent
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
pas à faire des stratégies
élaborées des réalités concrètes, mais aussi
de la tournure de l'économie mondiale. Cela pourrait aussi être
lié aux risques de déstabilisation liés aux conflits
armés.
Malgré tout, une chose incontestable est le fait qu'au
Cameroun, il n'existe malheureusement aucune ville fonctionnelle. Il existe
plusieurs villes légales qui jusqu'ici n'arrivent pas à assurer
les trois principales fonctions d'une véritable ville.
Cette analyse bien qu'étant non exhaustive, nous pousse
à nous intéresser au lien de causalité qui pourrait
exister entre l'aménagement du territoire et la croissance urbaine
à l'échelle de la sous-région d'Afrique centrale, mais
aussi à nous interroger sur les stratégies à mettre en
oeuvre pour arriver à une intégration territoriale et
économique des pays de la zone CEMAC.
95
96
97
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
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2004 d'orientation de la décentralisation.
· Loi no 2004/017 du 22 juillet 2004 portant
orientation à la décentralisation.
· Loi n°2014/026 du 23 décembre 2014 portant
loi de finances de la République du Cameroun pour l'exercice 2015.
98
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
ANNEXES
Tableau 1 : Données
socio-économiques sur le Cameroun
Année
|
BIP en milliards
|
PIB en milliards
|
Population en millions
|
Population urbaine en millions
|
1986
|
310,00
|
3416,00
|
10197,9
|
2906,4
|
1987
|
340,00
|
3189,00
|
10493,7
|
3966,6
|
1988
|
250,00
|
3093,00
|
10920,9
|
5329,4
|
1989
|
225,00
|
3014,00
|
11226,6
|
5478,6
|
1990
|
175,00
|
3005,00
|
11541,0
|
5632,0
|
1991
|
186,00
|
3319,00
|
11864,1
|
5789,7
|
1992
|
166,00
|
3230,00
|
12196,3
|
5951,8
|
1993
|
136,00
|
3049,00
|
12537,8
|
6118,5
|
1994
|
136,00
|
2799,00
|
12888,9
|
6289,8
|
1995
|
184,00
|
3264,00
|
13249,8
|
6465,9
|
1996
|
286,00
|
4008,00
|
13620,8
|
6646,9
|
1997
|
147,00
|
4291,00
|
14002,1
|
6833,0
|
1998
|
166,00
|
4590,00
|
14394,2
|
7024,4
|
1999
|
229,00
|
4875,00
|
14797,3
|
7221,1
|
2000
|
295,00
|
5194,00
|
15211,6
|
7423,2
|
2001
|
339,00
|
7104,00
|
15637,5
|
7631,1
|
2002
|
294,00
|
7005,00
|
16075,3
|
7844,8
|
2003
|
264,00
|
7330,00
|
16525,5
|
8064,4
|
2004
|
271,00
|
7741,00
|
16988,2
|
8290,2
|
2005
|
289,00
|
8119,00
|
17620,0
|
8522,4
|
2006
|
348,00
|
8984,00
|
17252,3
|
8971,2
|
2007
|
496,00
|
9230,00
|
17735,7
|
9222,6
|
2008
|
574,41
|
10443,83
|
18214,6
|
9471,6
|
2009
|
640,34
|
11040,35
|
18706,4
|
9727,3
|
2010
|
421,19
|
11699,69
|
19406,1
|
10091,2
|
2011
|
677,20
|
20124,09
|
20124,1
|
10464,5
|
2012
|
792,20
|
13389,20
|
20687,6
|
10757,5
|
2013
|
957,00
|
14346,80
|
21266,8
|
11058,7
|
2014
|
1000,00
|
15193,26
|
21862,3
|
11368,4
|
2015
|
1150,00
|
16074,48
|
22474,4
|
11686,7
|
Source : INS, Lois des finances (1986-2015) et traitement de
l'auteur.
99
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
Tableau 2 : Forme logarithmiques des
données socio-économiques sur le Cameroun
Année
|
LOGBIP
|
LOGPIB
|
LOGPOPTOTAL
|
LOGPOPURB
|
1986
|
5.736572
|
8.136226
|
9.229938
|
7.974672
|
1987
|
5.828946
|
8.067463
|
9.258526
|
8.285665
|
1988
|
5.521461
|
8.036897
|
9.298430
|
8.580990
|
1989
|
5.416100
|
8.011023
|
9.326045
|
8.608605
|
1990
|
5.164786
|
8.008033
|
9.353660
|
8.636220
|
1991
|
5.225747
|
8.107419
|
9.381275
|
8.663835
|
1992
|
5.111988
|
8.080237
|
9.408890
|
8.691450
|
1993
|
4.912655
|
8.022569
|
9.436506
|
8.719066
|
1994
|
4.912655
|
7.937017
|
9.464121
|
8.746681
|
1995
|
5.214936
|
8.090709
|
9.491736
|
8.774296
|
1996
|
5.655992
|
8.296048
|
9.519351
|
8.801911
|
1997
|
4.990433
|
8.364275
|
9.546966
|
8.829526
|
1998
|
5.111988
|
8.431635
|
9.574581
|
8.857141
|
1999
|
5.433722
|
8.491875
|
9.602197
|
8.884757
|
2000
|
5.686975
|
8.555259
|
9.629812
|
8.912372
|
2001
|
5.826000
|
8.868413
|
9.657427
|
8.939987
|
2002
|
5.683580
|
8.854379
|
9.685042
|
8.967602
|
2003
|
5.575949
|
8.899731
|
9.712657
|
8.995217
|
2004
|
5.602119
|
8.954286
|
9.740272
|
9.022832
|
2005
|
5.666427
|
9.001962
|
9.767888
|
9.050448
|
2006
|
5.852202
|
9.103200
|
9.755701
|
9.101774
|
2007
|
6.206576
|
9.130214
|
9.783335
|
9.129408
|
2008
|
6.353344
|
9.253767
|
9.809979
|
9.156052
|
2009
|
6.461999
|
9.309312
|
9.836621
|
9.182695
|
2010
|
6.043082
|
9.367318
|
9.873343
|
9.219416
|
2011
|
6.517967
|
9.437133
|
9.909673
|
9.255747
|
2012
|
6.674814
|
9.502204
|
9.937289
|
9.283362
|
2013
|
6.863803
|
9.571282
|
9.964904
|
9.310977
|
2014
|
6.907755
|
9.628607
|
9.992519
|
9.338592
|
2015
|
7.047517
|
9.684988
|
10.02013
|
9.366208
|
Source : traitement de l'auteur.
100
101
102
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE i
AVERTISSEMENT ii
DEDICACE iii
REMERCIEMENTS iv
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS v
LISTE DES GRAPHIQUES, SCHEMAS ET FIGURES viii
LISTE DES TABLEAUX ix
RESUME x
ABSTRACT x
INTRODUCTION GENERALE 2 PREMIERE PARTIE : ANALYSE DES LIENS
ENTRE L'AMENAGEMENT DU
TERRITOIRE ET LA CROISSANCE URBAINE .7
CHAPITRE I : LA CROISSANCE URBAINE, UNE CONSEQUENCE DE
L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE 9
Section I : L'influence positive de l'aménagement du
territoire sur la croissance urbaine 9
A. Aménagement du territoire et croissance endogène
9
A.1. Dépenses publiques et croissance urbaine 9
A.2. Le foncier, la différenciation urbaine et la
croissance urbaine 15
B. Aménagement du territoire et économie
d'agglomération 17
B.1. Apport de l'économie géographique 17
B.2. Apport de la théorie des pôles de croissance
18
Section II : influence négative de l'aménagement du
territoire sur la croissance urbaine 21
A. Théorie de flux migratoires des facteurs de production
21
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
A.1. L'apport du modèle de Tiebout 21
A.2. L'apport du modèle d'Alonso 22
B. Théories marxistes 23
B.1. Analyse de Marx 23
B.2. Analyse des néo-marxistes 24
CHAPITRE II : LA CROISSANCE URBAINE, UNE CAUSE DE
L'AMENAGEMENT DU
TERRITOIRE 25
Section I : Influence de la croissance urbaine sur
l'aménagement du territoire 25
A. La théorie du développement 25
A.1. Croissance démographique et aménagement du
territoire 25
A.2. Foncier urbain et aménagement du territoire 26
B. La croissance démo-économique et
l'aménagement du territoire 27
B.1. Populations et richesse urbaine 27
B.2. Apport de la théorie de la modernisation 29
Section II : Lien empirique entre la croissance urbaine et
l'aménagement du territoire 29
A. Croissance du PIB et aménagement du territoire 30
A.1. Modèle de Catin, Hanchane et Kamal 30
A.2. ouverture internationale et aménagement du
territoire 30
B. Infrastructures, services publics et croissance
démographique 31
B.1. Infrastructures, services publics et efficacité
économique 31
B.2. Croissance démographique et aménagement du
territoire 35
DEUXIEME PARTIE : VERIFICATION DU LIEN DE CAUSALITE ENTRE
L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET LA CROISSANCE URBAINE AU
CAMEROUN 39
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
CHAPITRE III : LES PRATIQUES DE L'AMENAGEMENT DU
TERRITOIRE ET LA
CROISSANCE URBAINE AU CAMEROUN 41
Section I : Les caractéristiques de la croissance urbaine
dans les villes Camerounaises 41
A. Croissance urbaine et habitat urbain 41
A.1. Visage actuel des villes camerounaises 41
A.2. Villes camerounaises et quartiers précaires 44
B. Croissance urbaine et transports urbains 45
B.1. Villes camerounaises et embouteillages 45
B.2. Genèse et ampleur du phénomène de
« mototaxis » 47
Section II : Les approches pratiques des dirigeants en
matière
d'aménagement du territoire 48
A. Les différentes formes d'organisation spatiale du
territoire 49
A.1. les scénarii d'aménagement du territoire
49
A.2. la vision du DSCE par rapport au territoire Camerounais
51
B. Les approches pratiques des dirigeants pour faire face aux
désordres urbains 53
B.1. Interventions des délégués du
gouvernement dans les grandes villes 53
B.2. Intervention des pouvoirs centraux 56 CHAPITRE IV :
RESULTATS DE LA VERIFICATION EMPIRIQUE ET
RECOMMANDATIONS 62
Section I : Méthodologie et résultats de l'analyse
62
A. Modèles 62
A1. Spécification des modèles 62
A.2. Les variables 63
B. Estimation des modèles 64
103
Aménagement du territoire et croissance urbaine au
Cameroun
B.1. Source des données 64
B.2. Méthode d'estimation 65
C. Les résultats 65
C.1. Présentation des résultats 65
C.2. Analyse des résultats 69
Section II : les recommandations de politiques économiques
ou urbaines 70
A. Recommandations d'ordre socioéconomique et politique
71
A.1. Recommandations d'ordre socio-économique 71
A.2. Recommandations d'ordre politique 73
B. Recommandations d'ordre pratique 74
B.1. Recommandation par rapport aux villes
|
74
|
B.2. Recommandation par rapport aux documents de planification
|
74
|
|
CONCLUSION GENERALE
|
76
|
BIBLIOGRAPHIE
|
78
|
ANNEXES
|
.81
|
TABLE DES MATIERES
|
..83
|
|