THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I
*****
FACULTY OF ARTS, LETTERS AND SOCIAL
SCIENCES
*****
DEPARTMENT OF ARTS AND
ARCHAEOLOGY
*****
PERFORMING ARTS AND CINEMATOGRAPHY SECTION
*****
UNIVERSITE DE YAOUNDE I
*****
FACULTE DES ARTS, LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES
*****
DEPARTEMENT DES ARTS ET ARCHEOLOGIE
*****
SECTION DES ARTS DU SPECTACLE ET
CINEMATOGRAPHIE
*****
m²² `(
ESTHETIQUE DE LA CREATION THEATRALE CAMEROUNAISE DE
1990 A 2010.
MEMOIRE
PRESENTE ET SOUTENU PUBLIQUEMENT EN VUE DE
L'OBTENTION DU MASTER EN ARTS DU SPECTACLE ET CINEMATOGRAPHIE.
SPECIALITE : PRODUCTION THEATRALE
PAR :
PAULIN ESSAKO ELOUMOU
LICENCIE EN ARTS DU SPECTACLE ET CINEMATOGRAPHIE.
SOUS LA DIRECTION DE :
JACQUES RAYMOND FOFIE
MAITRE DE CONFERENCES
Année Académique 2013-2014
DEDICACE
A
Mr. Kono Kono Jules Crépin
Mme Kono née Mbia Christine, Menye Kono André,
mon frère ainé Ngono Eloumou Xavier, mes
frères et
soeurs de la grande famille Kono.
Puisse ce travail être une profonde gratitude pour vos
efforts consentis.
A la mémoire de
mon père feu Eloumou Paul
ma mère feue Ngono Brigitte
mon homonyme feue ESSAKO Pauline
mon grand père feu KONO Raymond
Dommage que vous soyez absents au moment de la floraison de
votre « plante ».
REMERCIEMENTS
La présente recherche n'aurait pu aboutir sans
l'accompagnement et le concours d'un certain nombre de personnes à qui
nous tenons à signifier notre parfaite reconnaissance.
Tout d'abord, qu'il nous soit permit de remercier très
sincèrement le Professeur Jacques Raymond Fofié qui a
accepté de nous diriger dans cette recherche et d'y consacrer de son
précieux temps.
Nous remercions également,
· Tout le corps enseignant de la section des Arts du
Spectacle et Cinématographie de l'Université de Yaoundé I,
notamment, les Professeurs Bole Butake, Jacques Raymond Fofié, les
Docteurs Donatus Fai Tangem, Emelda Ngufor Samba, ainsi que Mr.Guy Francis Tami
Yoba, Longin Colbert Eloundou, Jean Robert Tchamba qui n'ont pas failli
à leur mission de nous initier à l'art passionnant de la
production théâtrale.
· Nos camarades et amis, nous avons nommé Cyril
Juvénile Assomo, Calvin Boris Yadia, Patrick Roland Nstama, Jean Mba
Ndongo. Narcisse Wandji Ngassa.
A tous ceux dont les noms ne sont pas mentionnés ici et
qui se reconnaissent d'une façon ou d'une autre dans le présent
mémoire, nous disons infiniment merci pour tout.
SOMMAIRE
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
LISTE DES TABLEAUX
v
LISTE DES FIGURES
vi
LISTE DES ABREVIATIONS
vii
INTRODUCTION GENERALE
1
CHAPITRE
I :
RAPPELS SUR
L'HISTOIRE ET L'EVOLUTION DE L'ESTHETIQUE THEATRALE DANS LE MONDE ET AU
CAMEROUN
2
A. L'esthétique
théâtrale dans le monde
21
I. Origines et ambigüités du
concept
21
II. Des constituants esthétiques du
théâtre
29
III. Evolution de l'esthétique
théâtrale et stages majeurs
33
IV. Chronologie des esthéticiens du
théâtre et leurs travaux
37
B. Esthétique théâtrale
au Cameroun avant 1990.
43
I. Esthétique théâtrale
avant l'indépendance
44
II. Esthétique théâtrale
de l'indépendance à 1990.
47
CHAPITRE
II :
L'ESTHETIQUE
DE LA CREATION THEATRALE CAMEROUNAISE DE 1990 A 2010
2
A. La Rupture d'avec le réalisme
farcesque (1965-1990)
53
I. Les prémices de la rupture
53
B. Typologie des esthétiques à
grande visibilité entre 1990 et 2010
61
I. La décennie 1990-2000 : de la
distanciation textuelle et du naturalisme scénique
61
II. La décennie 2000-2010 : du
déconstructivisme dramaturgique et le syncrétisme
scénique
70
III. Esthétique contemporaine :
tentative de caractérisation
77
CHAPITRE
III :
IMPACT DE
L'ESTHETIQUE DANS L'EMERGENCE DU THEATRE AU CAMEROUN DEPUIS 1990
2
A. Impact sur l'environnement interne du
produit théâtral
85
I. Environnement interne du produit
théâtral
85
II. Impact sur les composantes de premier
deuxième et troisième ordre.
89
B. Impact sur l'environnement externe du
produit théâtral
99
I. Environnement externe du produit
théâtral
99
II. Impact sur les composantes
générales et spécifiques
102
CHAPITRE
IV :
FARCE
POPULAIRE, ATOUTS POUR L'ÉMERGENCE ET LA COMPÉTITIVITÉ DU
THÉÂTRE CAMEROUNAIS
2
A. Environnement actuel du produit
théâtral au Cameroun
114
I. Etat de réception du produit
théâtral
114
II. Interprétation des
résultats
123
B. Exploitation de la farce populaire
126
I. Tentative de définition
126
II. Les atouts de la farce populaire
128
III. Insuffisance de l'orientation
farcesque
133
IV. Modalités d'émergence et
de compétitivité
135
V. Résultats escomptés
139
CONCLUSION GENERALE
143
BIBLIOGRAPHIE
148
ANNEXES
155
TABLE DE MATIÈRES
160
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n°1 : Réponses du
public à la question : Savez vous que le théâtre
existe sous les deux formes que sont : le texte et le
spectacle ?
Tableau n°2 :
Réponses du public à la question : Savez vous que
la finalité du texte théâtral c'est le
spectacle ?
Tableau n°3 :
Réponses du public à la question : Regardez-vous
les spectacles de théâtre ?
Tableau n°4 :
Réponses du public à la question : Connaissez-vous
un lieu de diffusion du théâtre dans la ville de
Yaoundé ?
Tableau n°5 :
Réponses du publique à la question : Connaissez
vous d'autres moyens de diffusion du spectacle théâtral ?
Tableau n°6 :
Réponses du public à la question : Si oui lequel
préférez vous des suivants ?
Tableau n°7 :
Réponses du public à la question : Comment
avez-vous trouvé les trois derniers spectacles que vous avez
regardés ?
Tableau n°8: Réponses du
public à la question : Avez-vous compris le message ?
Tableau n°9 :
Réponses du public à la question : Vous identifiez
vous dans ces spectacles?
Tableau n°10 :
Réponses du public à la question : Quel
degré d'affection accordez vous au
spectacle de même type ?
Tableau n°11 :
Réponses à la question : Etes vous prêt
à regarder un spectacle de même type ?
Tableau n°12 :
Réponses du public à la question : Quel est
d'après vous l'objectif principal d'un produit
théâtral ?
Tableau n°13 :
Réponses du public à la question : Des genres
théâtraux suivants, lequel préférez vous ?
Tableau n°14 :
Réponses du public à la question : Pour quoi le
préférez-vous ?
Tableau n°15 :
Réponse du public à la question : Êtes-vous
satisfait de tout spectacle comique ?
Tableau n°16 :
Réponses du publique à la question : Que recherchez
vous personnellement dans un spectacle de théâtre ?
Tableau n°17 :
Réponses du public à la question : Lesquels de ces
loisirs pratiqués vous ?
LISTE DES FIGURES
Schéma No1 :
Interactions dans l'environnement normal du marché de spectacle
Schéma No2 :
Disfonctionnement et perte des constituants du marché de spectacle
théâtral
Schéma N°3 :
Dépendance financière des festivals de la zone
francophone
LISTE DES ABREVIATIONS
PIB : Produit Intérieur Brute
RIB : Revenu Intermédiaire
Bas
TIC : Techniques d'Information et de
la Communication
CRTV : Cameroon Radio Television
PT : Produit Théâtral
OTHNI : Objet Théâtral Non
Identifié
FP : Farce populaire
RT : Représentation
théâtral
TNP : Théâtre National
Populaire
CCF : Centre culturel Français
IFC : Institut
Français du Cameroun
DVD : Digital Versatile Disc
A- INTRODUCTION GENERALE
1. Présentation du sujet
Dans une perspective relativement singulière,
l'esthétique fait fondamentalement l'objet de toute expression
artistique. Ainsi : « L'esthétique s'occupe du
sensible, de l'imaginaire, du goût, d'une sorte particulière de
jugement, de diverses catégories comme le beau, le sublime, etc.1(*) ». Ces
propos semblent consolider la pensée précédente sur la
finalité même de la notion d'esthétique. Par contre, une
vision plus élargie ne saurait nier l'inévitable prise en compte
d'un nombre considérable d'éléments environnementaux et
immédiats qui influencent considérablement son
développement, notamment : l'espace (géographique), le
public et l'époque (temps). Il est donc plus pensable que,
l'esthétique soit intimement liée aux entités sus
citées. La tâche ne saurait donc être moindre pour
chercheurs, théoriciens, et hommes de théâtre de mettre sur
pied une esthétique théâtrale puis que c'est d'elle qu'il
s'agit, applicable à l'universelle. Elle semble plutôt fonction du
temps, du lieu et du public. Ceci dit, chaque contrée aurait ainsi ou
pratiquerait une ou des esthétiques théâtrales, mais dans
un style relativement singulier, soucieux d'une parfaite adéquation avec
les exigences de cet environnement direct. Dès lors, la
nécessité d'un courant esthétique à s'arrimer
à ces exigences environnementales, apparaît semble-t-il, comme un
centre d'intérêt à la traîne pour bon nombre de
théoriciens, metteurs en scènes et critiques bref, pour la
communauté internationale du théâtre en
général, et camerounaise en particulier depuis des années.
On s'en tient au simple fait qu'au fils des décennies, dans le monde,
les pensées artistiques en général et
théâtrales en particulier n'ont cessé de muter en faveur
des modèles de plus en plus philosophiques. On assiste au foisonnement
d'une pléthore de courants2(*) de pensée appliqués à l'art
théâtral, entre autres ; les prémices d'une
dramaturgie de l'absurde avec : Alfred Jarry, Samuel Becket, Eugène
Ionesco... Jacques Scherer dans Dictionnaire encyclopédique du
théâtre de Michel Corvin, pense aussi pareil lors qu'il
déclare : « il n'y a pas une esthétique
théâtrale mais plusieurs »3(*). C'est cependant sur le plan
scénique, que l'on en dénombre le plus, notamment: l'espace
vide de Peter Brook, le théâtre pauvre de Jerzy
Grotowski, la distanciation de Bertolt Brecht pour ne citer que
celles-là. Toutefois, si tant il est vrai que ces mouvements
ont entrainé des succès singuliers du théâtre et la
vulgarisation de leurs promoteurs sous d'autres cieux, on ne peut pas en dire
autant pour le Cameroun. Quoique théâtralement actif, il semble se
situer aux antipodes de cette réussite et tend à se
résoudre à une tergiversation quant à la définition
d'une esthétique théâtrale proprement dite camerounaise
contribuant à son développement. De ce fait, le présent
sujet : « Esthétique de la création
théâtrale camerounaise de 1990 à 2010 »,
s'engage résolument à l'exploration de ce domaine de connaissance
pourtant prisé de la sphère théâtrale mondiale, et
paradoxalement désuet pour le Cameroun. À ce sujet, Jacques
Raymond Fofie écrit : « Dans son
développement, le théâtre camerounais s'est occupé
moins de théorie esthétique que de réalisation
scénique [...] La théorisation ne semble pas être la
préoccupation essentielle de ce théâtre4(*). »
La lumière est ainsi faite sur la difficulté
relative à l'absence notoire des écrits théoriques
afférents, et ce, malgré la position de pivot en production
théâtrale qu'occupe le pays en Afrique en général et
dans la sous-région d'Afrique centrale en particulier. Il est dès
lors question ici d'une étude à deux volets d'abord, historique,
puis critique. Le volet historique se chargera notamment du recensement des
divers courants esthétiques ayant meublé la pratique
théâtrale durant ces deux décennies au Cameroun. Il sera
également chargé, de dégager le courant dominant tout en
ressortant ses données spécificités. Et ce, sans toutefois
reléguer à l'arrière-plan son aspect évolutif et
les raisons qui sous-tendent cette mutation. Le volet critique du travail, aura
lui aussi une teinte de recensement, en ceci qu'il est tenu de relever et
d'analyser les spécificités en terme de canons et normes de ce
courant esthétique dans un premier temps, et dans un second,
dégager son impact sur l'environnement théâtral
immédiat au Cameroun de cette période. C'est dans cette ambiance
ambivalente constituée d'un côté, de l'identification
difficile d'une esthétique proprement dite camerounaise et, de l'autre
un déphasage entre l'offre et la demande, sans pour autant omettre le
rang qu'occupe aujourd'hui le produit théâtral dans le
marché des loisirs au Cameroun que le présent sujet s'inscrit. Il
se veut faire autant ce peu, et ce, sans fausse modestie, contribuer à
la redynamisation surtout à la cohésion, qui pourrait
s'avérer être une clef de l'avenir de ce théâtre qui
autre fois fut la vitrine culturelle nationale. Cependant entreprendre pareil
investigation ne s'aurait relever d'une simple distraction, encore moins d'une
vulgaire envie de dénonciation de ce qui par d'autres a
déjà assez bien été dit, mais plutôt le
résultat d'un certain nombre de motivation, fortes et dignes
d'intérêt.
2. Motivations du choix du sujet
La motivation s'entend comme l'ensemble des raisons
justificatives d'une action, d'un choix, gouverné comme l'a si bien vu
Alex Mucchielli par les désirs, les aspirations, les passions, les
valeurs vécues et les représentations imaginaires. Dans le cas
échéant, la synthèse du Larousse 2007 est celle
qui semble mieux indiquée. Ainsi la motivation représente dans la
circonstance, l'ensemble des motifs ou raisons qui entraînent
l'enclenchement de la présente recherche. De ce fait, lesdites
motivations sont de deux ordres, aussi bien personnelles
qu'épistémologiques.
2.1. Motivations personnelles
Sous un angle purement personnel, il convient de mentionner,
la prise en compte de l'inévitable dépendance du
développement national vis-à-vis des secteurs technologiques et
industriels. Par ailleurs, elle n'est pas de pied levé, la force de
développement que revêt le secteur artistique notamment,
théâtral et cinématographique. La preuve le cinéma
le théâtre, font partie des moteurs de développement aux
Etats Unis d'Amérique (Hollywood, Broadway), le festival d'Avignon en
France, le festival de CAN et le FESPACO au Burkina-Faso. C'est dans la logique
d'espoir et de rêve, de pouvoir vivre cela au Cameroun que nous avons
été amenés à poser le présent diagnostique
sur l'esthétique du théâtre camerounais. Afin de
déceler l'un des maux qui serait à l'origine de l'effondrement de
ce théâtre, de son sous-développement, sa
sous-consommation, la distance et l'incompatibilité vis-à-vis du
public. Mener une carrière artistique, en qualité de metteur en
scène et de comédien professionnel faisant partie de nos
ambitions futures, la présente recherche relève tout simplement
d'une aspiration ardente de contribuer autant ce peu, et ce, sans fausse
modestie au développement de cet art à l'échelle nationale
et, pourquoi pas internationale. Or, cela est mission quasi impossible dans un
environnement théâtral meurtri comme cela est le cas. Et surtout
si ce problème relatif au goût ou à « l'horizon
d'attente » (Hans Robert Jauss), n'est pas pris à bras le
corps. Tout à côté, comme mentionné ci-dessus, les
motivations à caractère scientifique.
2.2. Motivations scientifiques
Aussi bien que les premières raisons, sur un plan
scientifique, nos études en Arts du Spectacle et Cinématographie,
jouent également un rôle important quant à notre
détermination dans cette recherche. Ceci dit, en qualité
d'étudiant, et futur chercheur en théâtre, l'une des
motivations phares du présent travail réside dans le souci de
découvrir, analyser, comprendre les motifs de la désertion des
salles de théâtre par le public d'une part, et de l'autre, la
baisse fulgurante du taux de consommation du produit théâtral au
Cameroun en deux décennies. Certes plusieurs recherches brandiront
l'absence d'infrastructures adéquates, d'autres n'hésiteront
point de brandir l'inexistence d'une politique culturelle qui, fraierait la
voie de ce secteur artistique au Cameroun. On parlera forcement aussi de
l'absence de financement, au même titre que l'éducation
culturelle. Cependant, il va sans dire que la tâche n'aura pas
été très difficile pour nous de comprendre, au regard des
travaux effectués par les chercheurs sur ce secteur artistique qu'en
marge de ce qui précède, un problème épineux a
souvent été rejeté du revers de la main : celui de
l'esthétique de la fabrication du spectacle théâtral
camerounais. Considéré dans ce travail comme une entorse
majeure à l'épanouissement de cette activité au Cameroun.
Sans toutefois prétendre sous-estimer les enclaves sus
évoquées, il est cependant clair que ce théâtre par
le passé a fonctionné et a connu son âge d'or en marge de
la politique culturelle, des salles sus mentionnées, et même de
l'éducation culturelle. Il va donc de soi que, le problème majeur
de ce théâtre réside ailleurs. Et l'urgence de la
résolution se fait de plus en plus sentir. Dès lors, ce dernier
type de motivation est essentiellement nourri d'une question : celle de
savoir qu'est ce qui explique la chute progressive du théâtre
camerounais depuis 1990 ?
3. Intérêt et objet de la
recherche
3.1. Intérêt
Si tant il est vrai que le taux de consommation d'un produit
quelque soit sa nature, est essentiellement relatif au goût, il n'est
donc point surprenant que ce goût détermine sa
pérennisation ou non sur le marché. Pourtant, la force qui comme
le pensent certains chercheurs dans le domaine, semble gouverner le goût,
est sans doute l'esthétique. Elle redimensionne et régularise la
pratique artistique, l'esthétique repense l'art au présent et
dans le futur. Catherine Naugrette semble partager cette vision des
choses : « D'une certaine façon, c'est
l'esthétique qui permet de penser la crise de l'art et peut être
la dépasser. A l'esthétique revient alors de théoriser sur
la vie et la mort de l'art5(*). » La présente recherche
trouve donc son intérêt, dans son souci d'esquisser quelques
principes de l'art théâtral et les associer aux exigences du
consommateur camerounais. La compilation de l'offre à la demande en
termes de qualité et de quantité. Ce travail est d'autant plus
intéressant qu'il permettra d'avoir des connaissances pointues sur la
question de l'esthétique dans le théâtre camerounais. Dans
le même ordre d'idée, la recherche conduira également vers
une visibilité globale sur la typologie des consommateurs camerounais du
théâtre, sur ses goûts et ses aspirations.
3.2. Objet de la recherche
Pour ce qui est de l'objet de cette étude, il comprend
trois volets. Le tout premier et le principal d'ailleurs, n'est sans doute
autre que, comprendre l'impact de l'esthétique sur la sous-consommation
du produit théâtral et la désertion des salles par le
public entre 1990 et 2010 au Cameroun d'une part, de l'autre, proposer une
orientation disposant des atouts nécessaires à la rentabilisation
de l'entreprise théâtrale. En fin, un autre aspect non moindre se
dissimule sous les deux premiers à savoir : soulever la
problématique sur l'objet du produit spectaculaire en
général et théâtral en particulier.
Dans cette même perspective, aboutir à un nombre
de résolutions capables de busquer le théâtre camerounais
de sa léthargie actuelle. Intéresser les investisseurs en
drainant à nouveau des foules importantes dans les salles.
4. Définition des concepts
Esthétique : Le mot esthétique
a été créé par Baumgarten à partir de la
distinction traditionnelle entre les noeta, faits d'intelligence, et les
aistheta faits de sensibilité. [...]. Baumgarten utilise cette
distinction dans une perspective leibnizienne ; il voit alors dans les
aistheta de vraies connaissances, mais
« sensitives » ; les images de l'art en feraient
partie par leur caractère concret et sensible ; et une
« science philosophique » en est possible lorsque le
philosophe réfléchit sur l'art6(*).
Selon le Larousse de poche 2007, l'esthétique
est la partie de la philosophie qui étudie le beau, son histoire et ses
principes. C'est l'ensemble des règles et principes selon lesquels on
définit le beau à une époque donnée. Le
dictionnaire universel quant à lui la définit comme la
science théorique du beau. Cependant, une conception plus
clarifiée est donnée par le Micro Robert de Poche,
1989, qui fait de l'esthétique la science du beau dans la nature et dans
l'art ; conception particulière du beau. Ce terme peut aussi
vouloir dire conception personnelle ou collective de la beauté. Nous
entendons par esthétique, une conception théorique et
particulière du beau dans l'art.
Création théâtrale : Le
terme tel que présenté, remet en surface l'ambigüité
quant à son inévitable dualité : texte et
représentation. Il est donc clair que toute tentative de
définition, dans le cadre de ce travail prend automatiquement en compte
ces deux aspects. Par ailleurs, procéder à une définition
du terme sans toutefois prendre en considération le fait qu'il est ici
question d'une définition associative, la rendrait encore plus complexe.
De là, s'impose la nécessité d'aborder distinctement les
différents constituants du terme. D'abord, création7(*) : c'est le fait de
créer, l'acte qui consiste à produire, à former un
être ou une chose qui, au paravent n'existait pas. C'est l'acte qui
consiste en la production de quelque chose de nouveau, d'original. Dans le
domaine artistique, il renvoie à la production d'une oeuvre. Ensuite,
théâtrale : le mot est un adjectif
dérivé de théâtre ici considéré dans
son double sens ; d'abord comme genre littéraire, en suite, comme
représentation scénique d'un fait par des personnages dans un
espace-temps et devant un public. Dans le cadre de ce travail, le terme renvoie
au processus qui s'étend de la production textuelle jusqu'à sa
matérialisation sur une scène.
5. Délimitation du sujet
Donner la délimitation revient en quelques sortes
à définir, déterminer une recherche dans un cadre
spatio-temporel où elle s'inscrit. Dans le cas d'espèce, il
s'agit de préciser l'espace et le temps dans lequel s'inscrira la
recherche.
5.1. Délimitation spatiale
Celle-ci touche notamment deux aspects dans la production
théâtrale camerounaise. D'abord, l'aspect texte. Ici la recherche
prend uniquement en considération les textes camerounais d'expression
française. Et ce du fait que, la partie anglo-saxonne du pays à
l'opposé de la partie francophone a moins connu de bouleversements
dramaturgiques. Ensuite, l'aspect pratique ; bon nombre d'ouvrages,
mémoires et thèses ont pris la peine de dresser des rapports de
classification qui démontrent que la seule ville de Yaoundé
regorge de plus de 90% de la pratique théâtrale nationale. Ceci
dit, l'étude menée se délimitera sur les consommateurs de
la ville de Yaoundé, d'âge supérieur ou égale
à 20 ans quelque soit le sexe.
5.2. Délimitation temporelle
Le sujet tel que présenté, soulève un
problème de délimitation temporelle. De prime à bord, la
recherche s'étend sur une durée de deux décennies qui
notamment va de 1990 à 2010. Le point de départ 1990 parce que
l'année est à la fois significative et représentative pour
le Cameroun tant sur le plan politique, économique que culturel et
même du point de vue de l'évolution des mentalités. En
effet, les bouleversements et mutations survenus ces années-là
ont inévitablement eu des répercussions sur tous ces secteurs
cités plus haut. L'arrivée 2010 pour deux motifs : d'abord
par souci d'équilibre relativement au temps. Ensuite, deux
décennies suffisent à fournir assez de matière pour la
présente étude. Enfin la même année 2010 marque,
l'apparition d'une nouvelle vague d'artiste qui renoue avec
l'esthétique de l'âge d'or du théâtre camerounais. De
manière brève, nous ne prendrons en compte que le matériau
disponible dans cette tranche de temps.
6. Corpus d'étude
Le corpus s'entend comme un recueil réunissant ou se
proposant de réunir, en vue de leur étude scientifique, la
totalité des documents disponible d'un genre donné. En
linguistique, le corpus représente ; l'ensemble de texte
établi selon un principe de documentation exhaustive, un critère
thématique exemplaire en vue de leur étude linguistique. En
synthèse, c'est l'ensemble de données exploitables dans une
analyse ou une recherche. Le corpus ici est constitué de quatre
oeuvres : dont deux pièces, deux spectacles. Il s'agit donc
de : de : Les Osiriades (Spectacle Sur support DVD)
2010, Martin Ambara ; Noir et blanc (texte) 2006,
Botomogne ; Trois prétendants...un mari (Spectacle
sur support DVD) 1993, Jacobin Yaro ; Un touareg s'est marié
à une pygmée : épopée pour une Afrique
présente. (Texte) 1992, Werewere Linking.
6.1. Justification du choix du corpus
Depuis deux décennies, à compter de 1990, ces
créations participent activement, tant du point de vue textuel que
scénique, à l'ameublement du paysage théâtral
camerounais. C'est d'ailleurs dans cet élan de grande production que
l'on lui a souvent réservé un rang8(*) distingué en Afrique en général,
et dans la sous-région en particulier. Il aurait été
utopique de s'appuyer sur l'intégralité des productions depuis
vingt ans, sous peine de mener une étude assez volumineuse et quasi
irréalisable à notre niveau. Par ailleurs, la
nécessité d'opérer un choix parmi ces multiples
productions s'est avérée déterminante. Et ce, en vue d'un
traitement minutieux du thème sus évoqué. Le choix
dès lors s'est heurté à de violentes obstructions dont le
dépassement a nécessité une division temporelle
précise. En effet, les deux décennies seront réparties en
deux périodes de dix ans, et chacune comportant deux oeuvres, dont un
texte et une représentation. Soit un total de quatre oeuvres,
lesquelles constitueront la charnière du corpus d'étude. Les
présentes oeuvres ont été choisies sur la base de
plusieurs motifs dont en voici l'essentiel.
De prime à bord, l'un des motifs principaux du choix
des oeuvres dans cette étude tient sans doute, de leur
herméticité textuelle et scénique. En effet, pour ces
créations, l'accession à la compréhension n'est point une
chose acquise. Elle est nécessairement semble-t-il ; la
résultante d'un bon dosage de connaissance y afférent. C'est ce
que semble dire cette formule dénonçant l'aspect
énigmatique des textes : « ...qui ne se livrent
pas facilement à l'acte de lecture, qui résistent au
résumé rapide [...] qui réclament du lecteur une vraie
coopération pour qu'émerge du sens9(*) ». Ce motif est d'autant plus à
l'origine du choix, vu que la pratique théâtrale des deux
dernières décennies est généralement taxée
de « théâtre contemporain ». Dont l'une des
principales caractéristiques demeure, la rupture d'avec le fond et la
forme ancienne du théâtre, c'est-à-dire la normalisation
aristotélicienne du théâtre.
La sélection a également été faite
sur la base de la notoriété des auteurs : dramaturges et
metteurs en scène de renommé. En effet, ceux-ci constituent sans
exagération la vitrine dramatique sur le plan national. Mener de ce fait
pareille étude, sans toutefois convoquer leurs oeuvres relèverait
de la légèreté et par ricochet du manque de
crédibilité dans notre démarche.
Tout autant que les autres, la visibilité
intègre ici les mêmes motifs de sélection. Or celle-ci
n'est possible que grâce au passage dans des salles reconnues du pays et
même à l'extérieur. Ladite visibilité est d'avantage
renforcée à travers le passage dans les festivals les plus
prestigieux, aussi bien nationaux qu'internationaux. Dans ce cas, nos travaux
nous ont conduits droit aux Rencontres Théâtrales Internationales
du Cameroun (RETIC)
6.2. Présentation du corpus :
6.2.1. Trois prétendants...un mari
C'est une dramatique sur support DVD de l'oeuvre de Guillaume
Oyono Mbia, selon la mise en scène de Jacobin Yaro
réalisée en 1993 au centre culturel français de
Yaoundé. L'oeuvre met approximativement 2h30 minutes. Et
représente la quasi-totalité des actions et de la
thématique développée. En claire le décor, les
personnages et la thématique demeure celle du dramaturge. L'action se
tisse au tour de Juliette, une jeune collégienne d'environ 17 ans et
dont la famille veut marier de force à un riche fonctionnaire de la
capitale. Seulement la jeune femme est amoureuse d'un autre.
6.2.2. Un touareg s'est marié à une
pygmée : épopée pour une Afrique présente
Il s'agit d'un texte dramatique de Werewere Linking,
méritant d'être classé dans le genre épique, dans la
mesure des actions héroïques entreprises par Firoun Ag Al Insaar.
Cependant du point de vue de la continuité, il faut dire que les
événements se suivent sans liaisons particulières. Par
ailleurs la fable reste aussi complexe que l'oeuvre elle-même à
en croire les premières paroles du protagoniste :
Il a osé travailler ce huitième jour de
huitième lune. Alors, le créateur la figé dans la pleine
lune [...] Toutefois, le monde sais combien la lune est bête [...] Elle
passe sa vie à monter et à descendre. Alors dès qu'elle
descend, Firoun s'échappe pour une aventure fantastique. Cette fois, il
parcourt l'Afrique en tan que pharaon de tous les Touareg sa mission est de
planter un grain d'espoir et de courage dans l'âme meurtrie de ses
fils...C'est durant ce voyage qu'il rencontre mystérieusement Ngolobanza
qui plus tard devient son épouse.10(*)
6.2.3. Noir et blanc11(*)
Noir et blanc est un texte dramatique
résultante d'une résidence de création. En effet il s'agit
dans cette oeuvre d'un recueille de doléance et de témoignage
présenté sous deux points de vue distincts, celui d'Helena et du
Fou. Ces deux personnages défendent la même cause sous de visions
vraisemblablement divergentes ; l'un dans le jardin et l'autre dans la
poubelle. Sur le plan dramaturgique l'oeuvre fait l'objet d'un concept peu
habituel, celui de la déconstruction. Ici les histoires narrées
suivent chacune des itinéraires différents.
6.2.4. Les Osiriades
C'est une dramatique sur support DVD selon la mise en
scène de Martin Ambara. Le spectacle dure pas moins de trois heures.
Avec trente comédiens, l'oeuvre est réalisée sur la base
d'une mixture de courant esthétique. Il s'agit d'une histoire à
plusieurs divisions spatiotemporelles, où les divinités de la
mythologie égyptienne partagent l'histoire d'un personnage qui agonisant
revoit défiler sous ses yeux toutes les erreurs de son existence.
7. Problématique
Le sujet tel que libellé : esthétique
de la création théâtrale camerounaise de 1990 à
2010, ne se prête guère à une problématique
à la ramassée. Elle est donc à construire. Ce n'est qu'au
prix d'une bonne élaboration que seront dégagés les points
saillants, constituant essentiel des axes de traitement de notre recherche. Il
est donc question de partir d'une réflexion approfondie sur la question
de l'esthétique appliquée à la création
théâtrale camerounaise en deux décennies. De là, sa
problématique se cristallise autour d'une interrogation à
savoir : la notion d'esthétique telle que définie à
la base, tient-elle toujours compte de ce qui autre fois fut son essence :
le beau ? Et qui parle du beau évoque de
manière sous-jacente la sensibilité donc les sens, le gout, le
jugement. Or tout ce qui précède entraine des singularités
collectives et/ou individuelles. La notion, dans sa version moderne s'est-elle
dérogée de sa mission fondamentale ? Car longtemps, le
concept est resté jaloux d'un certain nombre de valeurs cardinales,
nécessaires à son applicabilité sur la création
artistique, en occurrence le théâtre. Lesdites valeurs sont
notamment : le beau en grande partie, le gout, le jugement, l'inspiration
et le génie. Quels sont les motifs de cette dérogation ?
Pareille formulation de la problématique est le résultat
immédiat non d'une simple constatation des faits, mais mieux d'un
problème dont il convient ici de poser des bases en vue d'une
potentielle résolution.
7.1. Le Problème
Le problème que soulève ce travail comprend deux
volets. D'abord, la désertion des salles par le public, ensuite le
faible taux de consommation du produit théâtral au Cameroun.
Cependant quel rapport avec l'esthétique ? Ce rapport fera surface
suivant les angles de traitement définis, par les questions de
recherche.
7.2. Question principale.
Elle est celle de savoir si avant toute chose, il existe
une esthétique théâtrale proprement dite
camerounaise entre 1990 et 2010? Autrement dit, peut-on
systématiquement identifier l'esthétique dite camerounaise du
théâtre à cette période ? Quelles en sont ses
caractéristiques ?
7.3. Question secondaire n°1
Celle-ci vient logiquement se greffer à la suite de la
première. Elle vise notamment à savoir, quel a été
le rôle de l'esthétique dans la désertion des salles par le
public d'une part, et de l'autre, son implication dans le faible taux de
consommation du produit théâtral au Cameroun. En d'autres termes,
il s'agit concrètement de la question de son impact dans le processus
d'émergence et de pérennisation du théâtre au
Cameroun. Toutefois, cette interrogation peut bien aller en profondeur en
explorant le rapport entre l'offre et la demande dans le théâtre
camerounais.
7.4. Question secondaire n°2
Quelles pourraient être les modalités
esthétiques pour une entreprise théâtrale camerounaise
émergente, et compétitive ? Surtout dans un milieu où
le plaisir, le beau et le divertissement semble ouvrir les portes du
marché de loisir, tout porte à croire que la priorité de
cette question secondaire n°2 se focalise sur la possibilité de
proposition d'une esthétique en mesure d'harmoniser l'offre et la
demande en terme qualitatif et quantitatif. Ainsi cette interrogation pourrait
être reformulée de la manière suivante : Quelles sont
les conditions d'émergence et de compétitivité du
théâtre camerounais ?
8. Hypothèses
Ce point tout comme les précédents, trouve sa
pleine importance dans le souci de dévoiler un point de vue. Ceci l'est
d'autant plus qu'il porte et comporte la posture de la recherche. Et celle-ci
n'étant nul autre que celle de son auteur, seul le caractère
scientifique permettra ou non de l'affirmer.
8.1. Hypothèse principale
Celle-ci stipule : qu'il serait difficile d'identifier
une esthétique singulière du théâtre dite
camerounaise, mais plutôt une pléthore d'esthétiques
d'importation, que les créateurs tentent de domestiquer.
8.2. Hypothèse secondaire n°1
Cette ou ces esthétiques auraient non seulement
contribué à la désertion des salles par le public, mais
aussi à la baisse du taux de consommation du produit
théâtral, par ricochet à son effondrement.
8.3. Hypothèse secondaire n°2
En accordant du crédit à toutes ces formes de
théâtralité que regorgent les cultures africaines et
précisément camerounaises, la farce populaire vue sous un angle
esthétique, semble être la forme correspondante, et contribuerait
de ce fait à la redynamisation de l'art dramatique au Cameroun.
Autrement dit, l'orientation farcesque dans sa conciliation de l'offre à
la demande, serait une base de départ, à court terme pour
l'émergence, et à long terme, une option de
compétitivité du produit théâtral camerounais.
9. Revue de la littérature
La revue de la littérature se conçoit comme
l'ensemble des travaux menés par d'autres chercheurs, et dont le rapport
est plus ou moins étroit avec le sujet traité. Cette étape
pèse de toute son importance en ceci qu'elle représente une sorte
de marge, parce que, conscient du fait que cette recherche n'est pas la
première à investiguer sur la question de l'esthétique
dans le théâtre camerounais, et par souci de ne pas verser dans du
« déjà dit » il convient de réunir ces
travaux afin de choisir un angle de traitement différent sur la
question. À la suite des investigations menées, il en
résulte que plusieurs chercheurs ont centré leurs travaux sur le
théâtre camerounais.
Déjà en 1988 dans les actes du colloque tenu au
palais des congrès de Yaoundé, Gilbert DOHO, BOLE BUTAKE et bien
d'autres grands noms du théâtre camerounais ouvraient la
brèche avec : Le théâtre camerounais /Cameroonian
theatre,12(*). Ici
l'oeuvre traite comme l'indique son titre du théâtre camerounais
dans sa globalité. Mais plus en profondeur, elle scrute d'une part, ses
principaux supports : linguistiques, stylistiques, esthétique et
matériels, d'autres parts, ses principales entraves. C'est justement ce
dernier aspect, tel que traité qui nous conduit à l'axe de
travail choisi dans cette recherche ; c'est-à-dire
l'esthétique comme entorse majeur à l'épanouissement du
théâtre camerounais.
Plus tard en 2011, Jacques Raymond FOFIE fait paraitre aux
éditions L'Harmattan Paris l'ouvrage intitulé : Regards
historiques et critiques sur le théâtre camerounais. Ici,
comme l'indique le titre, l'auteur mène une étude à double
volet. D'abord le volet historique, puis celui critique. En effet, de
façon équivalente, l'oeuvre présente les causes de la
chute progressive de notre théâtre. Par ailleurs, les pans
historiques et critiques de notre recherche nous renvoient à la
consultation du livre. Ce, afin de canaliser différemment
l'argumentaire, ou mieux de s'en servir pour corroborer notre postulat.
ATEBA Simon dans le souci de présenter la
singularité créatrice du Cameroun, quoique dans le cinéma,
avait à son tour suivi le pas en 2011, dans son mémoire de Master
dont le thème est : Réalisation et style : esquisse
d'une esthétique du cinéma camerounais. A l'opposé
des premiers cités, il revendique une esthétique camerounaise et
en propose les jalons, c'est à dire le support et le matériau.
Afin de dégager une typologie des consommateurs
camerounais du théâtre, Angeline Solange BONO écrit en 1991
un mémoire sur, la réception des spectacles au Cameroun,
où elle souligne l'inévitable association des créations
dramatiques au public, qui en demeure le consommateur.
Sylvie TAMI WABETTE en 2007, emboite le pas à sa
prédécesseur sur la question de l'étude scientifique sur
le public de notre pratique dramatique, elle écrit notamment :
Le public du théâtre au Cameroun : cas de
Yaoundé. Ce mémoire est une version plus
élaborée du travail de Solange BONO.
Afin de déceler les préférences, les
goûts et les horizons d'attentes du consommateur local, FOUOFIE DJIMELI
rédige le mémoire sur : La critique de spectacle au
Cameroun. Il ne s'éternise cependant pas sur les aspects
précédemment évoqués, sa recherche
répertorie entre autre les qualités et les insuffisances de ce
théâtre. Tel que sont orientés, et développés
ces différents travaux, il est claire que l'angle jusqu'à
présent les moins exploité reste, celui de la
problématique de l'esthétique dans le théâtre
camerounais. Ce dernier est donc celui auquel ce travail est consacré.
10. Cadre théorique
La notion de cadre théorique, tout comme celle de la
méthodologie, nécessite beaucoup de recul de la part du
chercheur. En ceci qu'elle revêt d'une importance capitale dans la
démonstration scientifique des faits qu'incombent le domaine de
recherche choisi. A preuve, nombre de chercheurs se sont exprimés sur la
question, soulignant par ailleurs, comme nous l'avons mentionné plus
haut, son importance et surtout la question d'adéquation avec les
objectifs immédiats du chercheur. A ce sujet, Auguste Comte13(*), Pierre Arnaud y ont
consacré des ouvrages. En effet, ces deux chercheurs considèrent
la notion comme une étape incontournable dans un travail de recherche.
Toutefois, les objectifs immédiats dont il est ici question
s'étendent sur plusieurs domaines. Dès lors, il est
nécessaire de convoquer plusieurs théories, afin de
dégager les principaux centres d'intérêt
sus-évoqués. Le cadre théorique appliqué à
cette recherche comporte quatre approches théoriques.
En premier, nous aurons recours à la sémiologie
qui, s'entend globalement comme une discipline qui se donne pour objet de
comprendre comment le sens est délivré dans les oeuvres. En
claire, c'est la science qui se donne pour mission de comprendre la
signification du signe, toutefois, le sens contenu dans ces
éléments n'est perceptible qu'à la considération
d'un système de signifiant bien définit. Cela semble être
la raison pour laquelle, Georges Mounin la définit relativement au
système de communication. Il dit notamment de la sémiologie
qu'elle est : « une science générale qui
étudie tous les systèmes de communications14(*) ». Cependant au
théâtre, il existe principalement deux grandes branches de la
sémiologie : la sémiologie textuelle avec pour objet le
texte et la sémiologie de la représentation dont l'objet
d'étude est le spectacle. Le présent sujet prend dès lors
en compte cette dualité, du fait que le texte et la scène en font
justement partie intégrante.
La sémiologie textuelle permettra l'analyse minutieuse
des éléments à même de justifier une
esthétique théâtrale dans ce point de vue. La même
conduira à la distinction d'éléments matériels et
immatériels d'un texte dramatique. Afin d'y parvenir, nous
convoquerons : Gérard Gingembre, Robert Lafont, Françoise
Gardès-Madray et Georges Mounin.
Par ailleurs le théâtre se voulant avant tout une
représentation, la sémiologie de la représentation,
permettra d'effectuer une analyse des spectacles, afin d'y déceler les
caractéristiques dominantes sur la base de ses constituants
esthétiques. Cet objectif ne sera possible uniquement qu'à la
considération de l'approche des trois auteurs que sont : Anne
Ubersfeld, Patrice Pavis, André Helbo. Leurs différents
modèles opératoires sur l'analyse des spectacles permettront de
distinguer les composantes esthétiques du théâtre sur le
plan scénique.
Une autre division de la même discipline
s'avère également intéressante dans la vérification
du phénomène de communication dans les techniques dramatiques et
scénique en présence au Cameroun entre 1990 et 2010. Par la
même occasion nous pourrons vérifier l'hypothèse secondaire
N°1 de ce travail. Il s'agit de la sémiologie de la
communication.
La sémio-pragmatique, loin de se
présenter comme la seconde approche théorique à part
entière, vient plutôt se fondre dans la sphère de la
sémiologie de la communication, afin d'apporter plus de
compléments à la vérification des phénomènes
communicationnels dans l'art dramatique de ces deux dernière
décennies au Cameroun. Ainsi, Meunier et Peraya15(*) qui en sont les principaux
auteurs la conçoivent comme, une théorie qui touche les
généralités d'un processus de communication. Et permet le
décodage des données : c'est-à-dire : des mots,
des images, des tableaux et autres graphiques divers. Toutefois, quoique se
situant légèrement aux antipodes de cette approche du fait de sa
restriction au cinéma, Roger Odin16(*) y sera associé. Car malgré la dite
restriction, le mérite réside dans la mise en relief du rapport
entre l'objet du film, les connaissances et l'expérience socioculturelle
du spectateur et c'est ce dernier aspect qui nous intéresse. Nous ferons
cependant usage des deux conceptions, ceci pour deux raisons principales.
D'abord, parce que ce travail dans sa visée analytique des textes
choisis, sera contraint de décoder des données
c'est-à-dire, mots, phrases, et images en bref, la structure interne de
ces oeuvres. Ensuite, parce que, le théâtre et le cinéma
sont tous deux des arts visuels. De ce fait, le concept s'applique aussi bien
au théâtre qu'au cinéma.
La seconde approche théorique est vraisemblablement la
réception. Celle-ci tout comme la première, présente des
mutations en fonction des théoriciens. Les principaux sont : Hans
Robert Jauss et Wolfgang Iser. Leurs deux approches sont celles ayant
été choisis pour cette échéance. Par ailleurs,
quoique faisant partie intégrante des théories
littéraires, la réception intègre les grands rangs du
présent cadre théorique, du fait qu'elle seule nous permettra,
dans une certaine mesure de ressortir les réactions, les attitudes
et les attentes du récepteur (public) à la consommation d'un
produit théâtral ; texte, représentation. Elle nous
permettra d'examiner en profondeur l'ensemble des éléments et
effets produit dans le phénomène de réception à
court et à long terme. Dans le même ordre d'idée, cette
investigation ne saurait prendre à la pincette la question
d'identification. Au moment même où les spécificités
se dissolvent dans la machine infernale qu'est la mondialisation culturelle,
l'heure est donc, non seulement à la reconstruction, mais mieux encore,
à l'identification de la singularité. Dans cette mesure, la
réception nous permettra de déceler, les gouts et
préférences du public en termes de produits
théâtraux. De plus, vu que le phénomène de
réception prend en compte l'environnement immédiat du
récepteur, cette approche, entraînera un examen minutieux de la
notion de temps (période) et d'espace (géographique)
L'approche économique constitue le socle même de
cette recherche vue les objectifs et les orientations qui lui sont
donnés. Afin de dégager la pertinence et la
légitimité du choix de cette approche, il est convenable de
dégager l'objet de ce travail. De façon immédiate, nous
visons la redynamisation de l'entreprise théâtrale camerounaise,
à travers sa réorientation vers un théâtre de la
consommation, c'est-à-dire un théâtre formulé en
fonction des besoins et désirs du marché. En total opposition
avec le théâtre idéologique ou expérimental qui,
justifie ses besoins hors des frontières commerciaux et
monétaires ce type, vise plutôt l'approbation du public. En clair
un théâtre qui répond à la demande. Il va sans dire
que, le terme entreprise évoqué plus haut, laisse entrevoir des
perspectives de la production, de la distribution et de la consommation. De ce
fait, le marketing y sera associé pour des besoins quantitatifs de la
consommation.
Par ailleurs, le processus d'industrialisation du
théâtre qu'envisage cette étude ne pourra normalement
suivre son cours, qu'à condition d'une théorie
économique adéquate. Et ce pour plusieurs raisons. Car
partant déjà de la définition même du concept
théorique de l'économie : celle-ci désigne, selon le
dictionnaire Robert, la science qui rend compte des
phénomènes de la production, de la distribution et de la
consommation des biens matériels dans un groupe humain. S'il est certes
vrai que cette définition tente de cerner les trois aspects
fondamentaux de la notion, il n'en demeure pas moins qu'elle a un goût
d'inachevé. Car réduire le concept au simple bien matériel
serait nier l'existence de l'immatériel, dont les services, et partant
le théâtre constituent la principale composante. Par
conséquent, annulerait son usage dans cette recherche. Aussi il est
nécessaire de souligner que l'économie ne sera guère
utilisée dans sa généralité. Nous appliquerons une
approche de la micro économie notamment la « théorie du
consommateur17(*) » selon Jacques Le Caillon, un bien ou un
service n'ont de valeur que parce qu'ils servent à produire de
l'utilité. Celle-ci est donc le but de toute activité
économique. La théorie que développe ce chercheur
découle d'un certain nombre de principes. En fait depuis la fin du
XIXe siècle, l'économie admet que, l'utilité
d'un bien est tout aussi mesurable que le poids ou la longueur d'un objet.
Cette théorie soutien que le consommateur est capable d'exprimer par un
nombre le degré d'utilité qu'il assigne à chaque bien ou
service. En claire il dispose de la capacité lui permettant de
procéder à une mesure cardinale de l'utilité. Ainsi,
l'utilité peut donc s'exprimer en fonction de l'offre et la demande.
Cette théorie permettra donc d'affirmer ou d'infirmer l'hypothèse
secondaire N°2.
En complément, le marketing vient boucler la liste. En
effet, la perspective marketing apportera plus d'éclaircis sur :
les besoins et désirs de la demande grâce à l'étude
du marché, afin de formuler sur le plan dramatique une offre
correspondante aux besoins du marché.
L'un des motifs pour lequel la recherche adopte une
démarche économique est le souci de la rentabilité de
l'activité théâtrale au Cameroun. Aussi, la redynamisation
dont nous faisions allusion dans les prémisses, passe
nécessairement par sa rentabilité. Pour quoi l'esthétique
appliquée au théâtre camerounais n'est-elle pas
rentable ? Et en quoi est ce que la farce populaire moderne est-elle
profitable au théâtre camerounais ? Voilà des
interrogations auxquelles l'approche économique et marketing se donnent
pour objectif d'y apporter des arguments de réponse.
11. Méthodologie
Selon le dictionnaire Larousse de poche 2007,
édit mise à jour, la méthodologie s'appréhende
comme : l'étude des méthodes propres à une science.
C'est une manière de faire de procéder. Nous entendons donc la
méthodologie comme l'ensemble des procédés mis en oeuvre
afin de parvenir à un résultat. De ce, dans le but de
décrire, d'analyser, et d'interpréter les différentes
données obtenues, il convient de recourir à une
méthodologie efficace. Il est tout aussi nécessaire de suivre les
quatre articulations fondamentales dont la teneur suit : la phase de
conception, la phase de collecte des données, la phase d'analyse et en
fin la phase d'interprétation. Dans le cas présent, elle est
constituée de l'étude quantitative qui comporte entre autre, les
recherches documentaires. En effet, il s'agit de recourir aux ouvrages traitant
des théories du théâtre dans le monde en
général et au Cameroun en particulier. Il s'agira
également de consulter les documents et écrits en rapport direct
avec le sujet. Comme autre approche, nous aurons recours à l'observation
directe. Celle-ci consiste à se fondre dans le milieu d'étude,
afin de mieux appréhender les faits, directement liés au
problème central de la recherche. Ladite observation à ce niveau
est dans un premier temps ; la lecture des pièces de
théâtre constitutives du corpus. Ensuite, le visionnage des
spectacles du corpus. Toutefois, nous ne saurions mettre en marge l'individu
légitimement considéré comme le concepteur des
constituants du corpus. Cela nous conduit directement à la
troisième méthode. La méthode d'entretien ; celle-ci
revêt une double orientation. Elle est d'abord canalisée en ce
sens que le chercheur fait usage d'un questionnaire préétabli
pour le sujet. Ensuit, elle est semi-canalisée vue qu'elle propose des
questions ouvertes. Ces deux précédentes approches dans le
questionnaire permettent au chercheur de mieux comprendre l'individu ;
dans ses intentions et sa vision du monde. Des entretiens seront donc
organisés avec les auteurs de ces différentes oeuvres.
12. Plan de l'étude
Par définition, un plan s'appréhende comme le
canevas élaboré en vue d'une réalisation. Si telle est la
définition retenue, la réalisation de ce travail a exigé
une structuration à quatre chapitres interdépendants les uns des
autres. Mais traitant d'une difficulté précise et permettant
chacun de déblayer le terrain pour le chapitre suivant.
Le premier chapitre s'intitule : « Rappels sur
l'histoire et l'évolution de l'esthétique théâtrale
dans le monde et au Cameroun avant 1990. ». Il constitue un bref
aperçu de la sphère théâtrale internationale et
nationale notamment du point de vue esthétique. Sa perspective
historique exige de ce fait dans son traitement une démarche
particulière, englobant les origines, les ambigüités du
concept d'esthétique théâtrale ainsi que ses principaux
constituants. Le coté évolutif et ses principales articulations
ne sont cependant pas en reste. En fin, y sera examinée en deux phases,
cette notion d'esthétique théâtrale au Cameroun. D'abord
avant l'indépendance afin de ressortir les circonstances,
l'idéologie et les genres théâtraux en présence.
Puis sur le même canevas, examiner la période
post-indépendance dans l'intérêt de découvrir
l'esthétique dominante qui fera en grande partie l'objet du prochain
chapitre.
Celui-ci s'intitule : « l'esthétique
du théâtre camerounais entre 1990 et 2010 ». Il tente de
présenter dans un premier temps, la rupture d'avec l'esthétique
dominante. Pour ce faire, ce chapitre évoque ce qui peut être
considéré comme motifs de cette rupture. La seconde articulation
esquisse une typologie des esthétiques entre 1990 et 2010, sur la base
d'un corpus composé de quatre oeuvres. Une approche
sémio-pragmatique conduira en effet à la l'analyse des
constituant internes et externes du texte. Le but est de dégager une
esthétique dominante et la caractériser, tout en tenant compte de
l'essentielle dualité entre texte et représentation.
Le troisième chapitre intitulé :
« Impact de l'esthétique dans l'émergence du
théâtre au Cameroun depuis 1990 » quand à lui, se
propose de dresser le bilan de l'esthétique dominante en plus de deux
décennies. Pour ce faire, il sera question dans un premier temps, de la
présentation de cette influence sur l'environnement interne du produit
théâtral, mais avant, il faudra présenter les composantes
de cet environnement interne. L'aboutissement de cette démarche est un
résumé tridimensionnel de l'impact. La seconde division est
consacrée à l'impact sur l'environnement externe. Elle s'engage
à cet effet à dégager l'impact à deux niveaux
majeurs notamment : sur les composantes générales, et
spécifiques.
Le quatrième et dernier chapitre porte sur une
orientation disposant de qualités nécessaires à
l'émergence et à la compétitivité du
théâtre camerounais ainsi que l'indique son intitulé :
« Farce populaire, atouts pour l'émergence et la
compétitivité du théâtre camerounais ». Il
s'agira de présenter dans la première articulation
l'environnement actuel du produit théâtral à travers son
état de réception. La seconde partie s'attèlera à
l'exploitation de la farce populaire. Mais avant, il conviendra de
définir le concept de « farce populaire ». Par la
suite, dégager ses potentiels atouts ainsi que ses insuffisances. Et
pour finir, procéder à la présentation des conditions
d'accès à l'émergence et la compétitivité du
produit théâtral camerounais.
CHAPITRE I :
RAPPELS
SUR L'HISTOIRE ET L'EVOLUTION DE L'ESTHETIQUE THEATRALE DANS LE MONDE ET AU
CAMEROUN
La présente recherche tente de cerner dans une
perspective historique et critique, l'esthétique du théâtre
camerounais du début des années 1990 à 2010. Toutefois,
avant de se lancer dans le vif du sujet, il semble indiqué de fournir un
certain nombre de rappels sur l'esthétique théâtrale
dans le monde et au Cameroun. Ceci conduit immédiatement à la
présentation du premier chapitre. Celui-ci s'intitule,
« Rappels sur l'histoire et l'évolution de l'esthétique
théâtrale dans le monde et au Cameroun avant 1990 ». Le
chapitre ainsi formulé présente visiblement deux principales
articulations, chacune comportant des subdivisions nécessaires à
sa compréhension. Dans un premier temps, il sera question de
l'esthétique théâtrale dans le monde. Cette partie traite
tour à tour, des origines, des ambiguïtés, des constituants
et des différents stades d'évolution de l'esthétique
théâtrale. Dans un second temps, il s'agira de traiter de
l'esthétique théâtrale au Cameroun avant 1990. Les
subdivisions, porteront succinctement sur l'esthétique
théâtrale avant et après l'indépendance au
Cameroun.
A. L'esthétique
théâtrale dans le monde
I. Origines et
ambigüités du concept
1. Les origines
L'histoire des Idées a majoritairement
été influencée par la Grèce antique. Ladite
histoire a pu rendre compte des ramifications englobant la totalité des
savoirs de l'activité humaine. A cette réalité,
l'esthétique théâtrale en tant que résultante de
cette activité ne saurait se dérober. Il est donc légitime
de fouiller ses origines non dans le très vaste ensemble qu'est le
monde, mais plus dans cette unité dominatrice qu'est la Grèce
antique. Cependant, une interrogation demeure perceptible. Elle est celle de
savoir si l'esthétique théâtrale comme dramaturgie et mise
en scène a des origines communes ? La nécessité est
alors de définir précisément ces origines d'abord sur le
plan dramaturgique et ensuite scénique.
1.1. Sur le plan dramaturgique
Des siècles durant, l'humanité a
concédé la pratique théâtrale à l'unique
production du texte. Il n'est point surprenant que l'esthétique
théâtrale dans ses prémisses se consacre à la
dramaturgie (Ensemble des règles qui président à la
composition d'une pièce de théâtre)18(*). Et cette dernière a
fait l'objet de réflexions théoriques, philosophiques,
rhétoriques et même théologique. Voila sommairement les
éléments constitutifs des origines de l'esthétique
théâtrale dans sa dimension textuelle.
1.1.1. De l'origine philosophique
Au sein de la société grecque, les philosophes
rendent compte de plusieurs champs de connaissance entre autre, la
mathématique, la physique, la métaphysique de l'esthétique
et même du théâtre. Dans ce cas, le creuset de
l'esthétique théâtrale présente bel et bien des
origines philosophiques. Pour corroborer ce propos, Marie Claude Hubert
(2008 :8) souligne dans son ouvrage : « Les plus
anciens textes théoriques occidentaux traitant du théâtre
sont l'oeuvre de philosophe ». Ainsi, Platon et Aristote sont
considérés comme la première vague de chercheurs à
discourir sur le théâtre, et dans une perspective philosophique.
Plusieurs motifs contribuent à l'acceptation de cet état des
choses. Le toute premier est sans doute la réponse à cette
interrogation triple sur la nature du théâtre. Tel que la pose
Marie Claude Hubert : Quel rapport entretiennent le théâtre
et la réalité ? Quel impact sur le spectateur et
l'acteur ? Enfin, quelles sont les caractéristiques de
l'écriture dramaturgique par rapport à celle des autres genres
littéraires ? Ces questions sont une reformulation des centres
d'intérêt de la philosophie vis-à-vis du
théâtre. Cependant qu'en est-il de ses origines
rhétoriques ?
1.1.2. De l'origine rhétorique
La Grèce antique révèle un
intérêt particulier pour l'art de l'éloquence. En toute
circonstance, artistes, philosophes et hommes politiques rivalisent d'adresse
linguistique. Le souci est de persuader dans, l'agencement logique, fluide des
mots et des idées. En fait, le domaine artistique, pour être plus
précis, théâtral est strictement réservé aux
plus talentueux poètes19(*). Ceux-ci cultivent au mieux des aptitudes
linguistiques. Car leur rôle consiste à rendre compte des
réalités sociales de leur temps au moyen des mécanismes de
la « mimésis »20(*) pour parler comme Aristote. La
société grecque est par ailleurs d'idéologie
aristocratique, elle présente une prédominance de la classe des
nobles. Cela sous entend un raffinement des moeurs, perceptible au niveau de la
langue parlée et écrite, moyens d'expression du
théâtre. Tout porte donc à croire à ce niveau que,
l'esthétique théâtrale est fortement enracinée dans
le mécanisme de la rhétorique. Cette pensée peut
allée plus loin. En opérant un glissement de l'antiquité
au XVIIe siècle français vivement
considéré comme une pale copie du savoir faire grecque en
matière de dramaturgie, il est possible de déterminer un nombre
d'éléments qui justifient l'origine de l'esthétique
théâtrale au sein de l'art de l'éloquence, du moins en ce
qui est de l'écrit (dramaturgie). Parmi ces éléments, le
niveau élevé de la langue si l'on s'en tient à cette
réplique de Britannicus :
Madame, quel bonheur me rapproche de vous ?
Quoi ! je puis donc jouir d'un entretien si
doux ?
Mais parmi ce plaisir quel chagrin me
dévore !
Hélas ! puis je espérer de vous recevoir
encore ?
Faut-il que je dérobe avec mille
détours,
Un bonheur que vos yeux m'accordaient tous les
jours ?21(*)
Cette même strophe permet de dégager un autre
élément, la versification. C'est l'un des éléments
permettant de reconnaitre l'appartenance sociale d'un individu de la
Grèce antique jusqu'au XVIIe siècle en France. Ainsi,
le constat est que ces premiers dramaturges mettent l'emphase sur la
qualité de la langue élément prépondérant de
la noblesse.
1.1.3. De l'origine théorique
Ce point vient en complément aux deux
précédents. L'esthétique théâtrale, telle que
définit met en lumière, la prise en compte de dimension
théorique. Il est tout aussi vrai que la formulation même du
concept laisse en filigrane une idée théorique. Toutefois,
comment expliquer son origine dans le désir théorique ? Peut
être bien que c'est Marie Claude Hubert qui voit juste parlant non de
l'origine mais de la relation existant entre la théorie et la
pratique : « Toute pratique artistique se développe
à partir d'attendus théoriques implicites ou explicites. En
retour toute théorie se nourrit de la pratique qu'elle fonde...
»22(*).
Ainsi, à la question posée plus haut, un nombre
d'éléments conduit à la réponse. Il s'agit en effet
de, la disposition chronologique de la pratique et de la théorie.
Ensuite se greffent le désir d'uniformité et les
possibilités de lisibilité.
Le fait que la pratique se fonde sur la théorie,
entraine un problème d'ordre chronologique. Autrement dit, de la
pratique ou de la théorie qu'est ce qui vient avant ? Pour
répondre à cette question, il faut recourir aux travaux de Freud
sur la psychanalyse qui, stipule que l'être humain est
tridimensionnel23(*). Et
partant, une grande partie des actions humaines relève de l'inconscient
et mieux encore, les actions à caractère artistique. De ce fait,
la pratique est du domaine de l'inconscient. Inversement, la conscience
gouverne la théorie. Fort de ce qui précède, Thespis,
Sophocle, Eschyle et Aristophane en premier pratiquent le théâtre
avant une systématisation plus tard d'Aristote. Il en résulte que
l'esthétique théâtrale présente des origines
théoriques.
Elle nait également du souci de lisibilité et
d'uniformité du phénomène théâtral. En effet,
l'activité théâtrale en tant production littéraire a
besoin, de se distinguer parmi tant d'autres. L'urgence est donc de la
comprendre. Et pour ce faire, il lui faut l'uniformité. Celle-ci est
d'avantage perceptible chez les théoriciens du XVIe,
XVIIe et XIXe siècle. Le cas de Jean de La
Taille esquissant les principes de la règle des trois
unités de la bien séance et par ricochet de
l'uniformité:
« Il faut toujours représenter l'histoire
ou le jeu en un mesme jour, en un mesme temps, et en un mesme lieu ; aussi
se garder de ne faire chose sur la scène qui ne s'y puisse commodement
et honnestement faire, comme de n'y faire executer des meurtres et autres
morts...Que la tragédie soit bien entre-lassee, meslee, entrecoupee
reprise et surtout à la fin rapportee à quelque resolution et but
de ce qu'on avoit entrepris d'y traicter »24(*)
Aussi bien pour ce qui précède, que pour la
lisibilité, l'esthétique du théâtre a des origines
théoriques. En fait, l'uniformité entrainant la
lisibilité, il y a lieu de dire que, de manière sous-jacente, les
théoriciens du théâtre ont établi des normes servant
à la lecture de ce dernier. C'est cette lisibilité qui fait
naître d'autres aspects du théâtre le cas de la critique.
Car celle-ci se pratique sur des bases normatives bien connues. Lesquelles
répondent ainsi de l'objectivité et de la
crédibilité de la critique. Sur ce, une fois de plus la
lisibilité justifie l'origine théorique de l'esthétique
théâtrale.
1.2. Sur le plan scénique
Les origines de l'esthétique théâtrale sur
le plan scénique sont à la fois anciennes et modernes. Anciennes
parce que, depuis le culte du Dionysos25(*) et du « drame osirien »
l'esthétique théâtrale, bien qu'en l'absence du
terme « mise en scène » présente une origine
fondamentalement religieuse. Dans une considération plus récente,
la même esthétique théâtrale a des origines
liées à l'apparition de la « mise en
scène » en 1880 par André Antoine. Cette
dernière catégorie présente des causes bien nombreuses.
Cependant, là ne sera pas la porte d'entrée du traitement des
motifs des origines de l'esthétique théâtrale sur le plan
purement scénique. Il est plus question dans un premier temps, de
justifier l'origine religieuse de l'esthétique théâtrale.
Dans une seconde approche, montrer avec l'apparition de la mise en scène
qu'il existe une pléthore de raisons capable de justifier l'origine de
l'esthétique théâtrale.
1.2.1. L'origine religieuse
L'origine religieuse de l'esthétique
théâtrale peut se défendre à deux niveaux. Il s'agit
des rites et des mythes. En effet ces civilisations26(*) anciennes vouent un culte aux
personnalités divines, le cas d'Osiris (dieu égyptien), ou de
Dionysos pour la Grèce. L'acte théâtral sous son pan
représentatif subit dans ses prémisses l'influence d'une large
variété d'activités, en majorité rituelles et
mythiques. Dans le cas de l'Egypte ancienne, des représentations
à caractère religieux, sont à la base du
théâtre. Edouard Henri Naville cité par Peter
Ukpokodu27(*), soutient
qu'en 725 av. J.C, le « Drame osirien ou mystère
d'Osiris » et le « drame d'Edfou » furent les
deux principales illustrations des origines religieuses du théâtre
et par ricochet de son esthétique. En effet, la ferme croyance à
un nombre de phénomènes notamment, la résurrection, le
combat entre le bien et le mal est à l'origine de l'activité
théâtrale. Des origines identiques se retrouvent dans la
Grèce antique. Le culte du Dionysos en est le parfait exemple.
A la suite de ce qui précède, il semble que
l'esthétique théâtrale justifie mieux son origine
religieuse dans l'Egypte ancienne au moyen des rites. Inversement,
l'antiquité grecque développe une particulière affection
en faveur des mythes. Certes ceux-ci demeurent associés aux
divinités, mais plus encrés dans l'exhibition de la puissance
humaine.
1.2.2. Origine Circonstancielle
A l'opposé de l'origine religieuse, celle-ci se veut
à la fois récente et multiple. Toutefois, pareil
considération n'est véritablement possible qu'à partir
d'une intégration dans l'étude d'un nombre
d'éléments marquant de l'esthétique théâtrale
moderne. Il s'agit parmi ces éléments, de l'apparition de la mise
en scène à la fin du XXe siècle et, des deux
Guerres Mondiales. En effet, si l'on s'en tient à cette affirmation de
Marie Claude Hubert (2008 :244) parlant des sources des nouvelles
conceptions dramaturgiques et scéniques : «... ces
conceptions sont nées de la conjugaison d'un certain nombre de faits,
d'une part les deux grands conflits mondiaux et de l'autre, la
réévaluation de la mise en scène par André
Antoine... ». Si cette pensée semble ne pas exposer la
totalité des modalités impliquées dans ces
bouleversements, elle a tout de même le mérite d'avoir
réussi la mise en exergue de l'implication des deux
éléments mentionnés plus haut dans les mutations
esthétiques du théâtre. André Antoine donne une
orientation nouvelle au théâtre dans sa considération du
metteur en scène comme un créateur, au même titre que le
dramaturge. Dès cet instant, l'origine de l'esthétique
théâtrale dans sa conception moderne rime avec l'apparition de la
misse en scène.
Cette apparition et la considération du metteur en
scène comme créateur, entraîne la destruction de
l'uniformité. Désormais, les créations divergent en
fonction des metteurs en scènes, leurs idéologies. C'est donc
à croire ce que dit Jacques Scherer lors qu'il affirme :
« Notre époque ne croit plus à une forme unique de
beauté... 28(*)». Dans sa version moderne, l'esthétique
théâtrale cherche à s'affranchir d'anciennes
méthodes. La recherche de nouvelles formes de jeu ; Constantin
Stanislavski cf. (La formation de l'acteur), et de nouvelles
techniques d'éclairage ; Adolphe Appia (L'oeuvre d'art
vivant). Toujours à propos de l'origine circonstancielle, un
argument pas moindre est relatif aux deux Guerres Mondiales.
En admettant à un niveau acceptable que la mise en
scène a influencé l'esthétique du théâtre,
c'est dire par analogie qu'il en va de même pour ces conflits au
début du siècle dernier. La naissance d'un nombre important
d'esthétiques du théâtre après la seconde Guerre
Mondiale atteste de cet état des faits. Ces courants de pensée en
ce qui est du théâtre reflètent, les bouleversements
sociopolitiques et psychologiques de cette période. Des metteurs en
scène à l'instar de Bertolt Brecht (la distanciation ou
esthétique épique du théâtre), Meyerhold et les
principes de la biomécanique, Antonin Artaud (le
théâtre et son double) donnent un souffle nouveau à la
pratique du théâtre.
2. Les ambiguïtés du concept
L'esquisse des origines de l'esthétique
théâtrale laisse inévitablement transparaître le pan
pluridimensionnelle de la notion. De ce fait, ses orientations ont connu, dans
un aspect diachronique un essor aussi grandissant que la pléthore
d'auteurs ayant choisi pour objet, les méandres de la sphère
esthétique. Cependant, cette précédant
considération semble bien nier toute tentative de définition
univoque du concept. Cette situation n'est pour autant pas sans
conséquences. A preuve, depuis Platon et Aristote, le nombre d'auteurs
s'étant essayés à définir
« l'esthétique théâtrale » est sans
cesse croissant29(*). Ce
nombre témoigne de la nécessité d'interroger le
théâtre dans sa dualité, le texte et la scène. Ce
questionnement se cristallise autour de l'essence même du
théâtre, ses fondements et son fonctionnement. Un fait reste
cependant clair et pertinent, toute définition de
« l'esthétique théâtrale » est
condamnée à accepter sa bipolarité comprise entre le texte
et la scène.
Dès lors, l'intérêt d'une approche
plurielle face à cette fulgurante croissance s'avère
nécessaire. Ainsi selon certains auteurs, l'esthétique
théâtrale est circonstancielle, et par ailleurs dépendante
du temps, du lieu et de son auteur. Il existe des esthétiques
singulières plutôt qu'une universelle. Jacques Scherer semble
partager cette vision :
Il y aurait par exemple, et la liste est loin d'être
exhaustive, une esthétique shakespearienne qu'on appellerait peut
être aussi baroque, une esthétique classique ou pompeuse,
niée et prolonger à la fois par une esthétique romantique,
une réaliste, une symboliste, une brechtienne, une de l'absurde, une
quotidienne.30(*)
Partant, il est nécessaire de convoquer des approches
différentes pour des besoins de complémentarité. Et loin
d'une prétention à l'exhaustivité des auteurs, cinq
seulement dans ce cadre constitueront la source de la définition
adoptée de l'esthétique théâtrale, entre autre Louis
Becq de Fouquières, André Veinstein, Patrice Pavis, Jacques
Scherer et Catherine Naugrette.
2.1. Définition de Louis Becq de
Fouquières
Pour lui, « l'esthétique
théâtrale renvoie à l'étude des principes et lois
générales ou particulières qui régissent la
représentation des oeuvres dramatiques, et concourent à la
production du pathétique et du beau »31(*). Cette acception, semble
cependant se résoudre à une stricte considération à
sens unique du théâtre, celui de la mise en scène. Car si
l'on s'en tient à sa distinction faite entre, « l'art
théâtral » et « l'art dramatique ».
Il n'est pas compliqué de comprendre la restriction de Becq de
Fouquières à la manifestation scénique du
théâtre. Cependant, qu'en est-il de la conception d'André
Veinstein ?
2.2. Définition d'André Veinstein
Afin de dégager clairement sa pensée du concept
d'esthétique théâtrale, Veinstein, fait une distinction de
deux types d'esthétique théâtrale, d'une part,
l'esthétique théâtrale en générale qu'il
nomme : « esthétique dramatique ». Et de
l'autre, une « esthétique de la mise en
scène ». Ce distinguo est sans doute le facteur rapprochant au
mieux Veinstein de la définition de Becq de Fouquières. Il
appréhende ainsi l'esthétique théâtrale : c'est
une preuve pour les systèmes, des théories du jeu,
théories sociologiques. Pour être tout à fait explicite,
une définition associative rend mieux compte de l'entendement de
Veinstein. L'esthétique théâtrale est donc pour lui, une
étude des systèmes généraux fondés sur les
théories du jeu, de la sociologie et l'observation de
l'expérience de la pratique.32(*)
2.3. La définition de Patrice Pavis
A son tour Pavis fait une sorte d'approche synthétique
du concept d'esthétique théâtrale. Toutefois, sa ferme
volonté de prise en compte de la dimension diachronique vient à
point nommé et rend compte des caractères différents de
l'esthétique au sein de laquelle opère l'esthétique
théâtrale. De ce, il la définit
comme : «Les lois de composition et de fonctionnement du
texte et de la scène. Elles intègrent le système
théâtral plus vaste : genre, théorie de la
littérature, système des beaux arts, philosophie de la
connaissance33(*)
». De manière plus simple, Pavis établit la
similarité entre, le terme poétique et
« esthétique ». Sachant bel et bien que la
poétique est largement dominée d'un discours normatif
l'esthétique théâtrale vire alors vers une étude
normative des théories dramaturgiques, du beau et même la
philosophie appliquée.
2.4. Définition collective : Jacques
Scherer, Monique Borie et Martine de Rougemont
Dans cette approche collective, ces auteurs procèdent
à une simplification de l'esthétique théâtrale.
Ainsi, elle représente : « Une réflexion
sur les grands problèmes du théâtre, tels qu'ils ont
été vécus et exposés par des créateurs des
philosophes ou des écrivains. »34(*)Ils envisagent le concept comme
un système qui prend en compte tous les problèmes de la
sphère théâtrale, partant des créateurs
(dramaturges, metteurs en scène, comédiens, et même le
public) et philosophes
2.5. Définition de Catherine Naugrette
Cette dernière considération, semble
rassemblée, mais en sa manière propre la vérité du
fait théâtral. En ce sens qu'elle convoque la totalité des
constituants théâtraux. Elle l'appréhende en deux
phases :
Dans un premier temps, elle représente une
esthétique de la mise en scène. Puis elle désigne
l'ensemble des réflexions théoriques concernant le
phénomène théâtral qu'il s'agisse du texte ou de la
scène. Son champ d'application est donc très étendu :
il comprendre tous les éléments constitutifs du
théâtre, tel qu'il a été redéfinit en tant
pratique artistique au début du XXe siècle : le
lieu, l'architecture, le texte, la mise en scène, le décor,
l'acteur, la lumière, le costume...35(*)
Au demeurant, il résulte un certain nombre de
conclusions à retenir de ces multiples définitions. D'abord, le
dynamisme de la notion d'esthétique théâtrale qui
résiste à toute tentative de définition standard. Ensuite
vient, la complexité de notion et en fin, de dont en voici la
quintessence : Ces précédentes considérations mettent
sans doute en évidence, l'aspect évolutif du concept
d'esthétique théâtral qui plus tard fera l'objet d'une
articulation. Par ailleurs, elles permettent dans leurs divergences, d'entrer
de plein pied dans le point suivant qui traite, des constituants de
l'esthétique théâtrale.
II. Des constituants
esthétiques du théâtre
Ce point s'inscrit en faux relativement à la
perspective historique énoncée en prélude. Toutefois,
l'intérêt à son endroit réside dans, son souci de
mettre en lumière, les éléments composites du
théâtre, incontournables dans le traitement d'autres
articulations, le cas justement du deuxième chapitre de cette
étude. Dans sa considération bipolaire, le texte et la
scène, le théâtre présente dans sa composition des
éléments matériels et immatériels.
1. Eléments matériels du texte et de la
scène
1.1. Eléments matériels du
texte
Du point de vu conventionnel, le fondement
de la représentation demeure indéniablement le texte. Cependant,
ainsi considéré le texte est dépourvu de ses
éléments accompagnateur. Sa considération en tant que
oeuvre littéraire, aboutit à une conclusion fournissant des
réponses sur la question, des éléments matériels du
texte. Ladite considération permet donc de dégager, les
différents para-textes que sont, le para-texte autorial et
éditorial. Juste avant, au premier contacte d'une oeuvre, la
première et la quatrième de couverture sont assez physiquement
remarquables, et font de ce fait partie du premier groupe de constituants
matériel d'un texte.
Le second groupe quant à lui, est principalement
constitué du texte dans sa version physique (papier). Tout ce qui
précède actionne de manière latente ou manifeste, une
esthétique théâtrale du point de vue textuel bien entendu.
Si numériquement, le constituant matériel semble présenter
très peu d'éléments dans le texte, qu'en est-il de la
scène ?
1.2. Eléments matériels de la scène
Le fait de la transposition du texte théâtral sur
une scène, donc de sa matérialisation, lui confer
vraisemblablement plus de signes matériels. La présente voie
d'exploitation tente ainsi la mise en lumière de ces
éléments physiques dans une représentation. Anne
Ubersfeld36(*) propose une
classification des signes théâtraux selon l'appartenance au canal
acoustique, ou visuel, ou tout simplement selon la « matière
d'expression » pour parler comme Hjelmslev. C'est ainsi que cette
classification range d'un coté le son-bruit, la musique, et la parole.
De l'autre, les signes corporels et gestuels, les vêtements, les objets,
le décor et la lumière. Toutefois, elle semble ne
révéler qu'une partie des constituants matériels de la
scène. De ce fait, Patrice Pavis vient en complément et
propose : « les autres éléments
matériels de la représentation 37(*)». Il cite entre autre, le
décor, le costume, le corps, le visage et le maquillage. Ces deux
évidences sont sans doute intéressantes, mais peut-être
faut-il tenter un modèle de classification plus évident. Pour ce
faire, ces éléments sont classés en deux groupes
distincts. D'abord, les signes matériels directement liés au
personnage, puis, ceux constituant son environnement extérieur.
Pour ce premier groupe, plusieurs écrits modernes sur
le théâtre font mention, pour des raisons philosophiques,
politiques ou esthétiques du refus de l'existence du personnage. D'autre
par contre en affirment l'existence, mais dans une double38(*) considération. Le
personnage à « support humain », et les personnages
« tous support ». Ce travail a cependant plus
d'intérêt pour le premier type, le personnage à support
humain. Ce type dans la sphère de la représentation, constitue le
tout premier élément matériel, du fait d'être
physiquement reconnaissable. Sa présence entraine celle d'autres
éléments aussi palpables que lui-même, le cas de la
coiffure.
Il semble évident qu'au premier abord, la coiffure
renvoie selon l'expression empruntée à Gilles Girard,
à « ce qui sert à couvrir la tête ou
à l'orner ». Cette acception rend plus large la conception de
la coiffure au théâtre, en ceci qu'elle cerne, son aspect
ornemental et son caractère complémentaire vis-à-vis du
costume.
La conception vulgaire a très souvent réduit le
costume, au simple vêtement qu'arbore le comédien à son
entrée en scène. Cela oubliant de mentionner que ce costume, en
dehors de la coiffure dans son aspect ornemental et du maquillage, comprend non
seulement le vêtement, mais en plus les bijoux et les accessoires qui lui
confer tout son caractère de signe matériel dans la mise en
scène. Pour sortir de ce groupe, le maquillage vient compléter la
liste.
Envisager le maquillage comme l'ensemble des manipulations et
des procédés qui préparent et mettent en valeur le visage
du comédien, pour parler comme G. Vitaly (1955 : 15)39(*), c'est accepter que le
maquillage de théâtre ne s'occupe que du visage. Car, il peut
couvrir d'autres parties du corps et même tout le corps. Ce qui justifie
par ailleurs sa figuration dans le groupe d'éléments physiques de
la représentation, est sans doute sa capacité de
métamorphose du comédien en personnage. Ladite
métamorphose touche concrètement, les trais physiques. Dès
lors, selon la visée du metteur en scène, un personnage est soi
vieilli, soi rajeuni. De ce fait, le maquillage est mieux perçu de son
aspect matériel qu'abstrait.
Le deuxième groupe quant à lui comprend, les
éléments extérieurs au personnage dans une
représentation, il s'agit notamment, de l'objet scénique, du
spectateur, de la scène comme espace physique et le décor. En
rapport à ce dernier, l'objet scénique représente une de
ses divisions matérielles. Si cela est vrai que le costume du personnage
est matériellement perceptible, il en va de même pour le
décor, se comprenant selon Jouvet comme, le « costume de la
pièce ». La scène et le spectateur en font
également partie intégrante des données matérielles
d'une représentation théâtrale. En claire, les deux
précédentes catégories d'éléments sont
étroitement liées, de telle sorte que toute
éventualité aléatoire y soit évitée au
maximum, afin d'en délivrer un message et sur un pan esthétique
contribuer à la lisibilité et la visibilité du
théâtre. Toutefois, les constituants esthétiques
s'étendent bien hors des frontières du matériel, elles
touchent également l'immatériel.
2. Eléments immatériels du texte et de
la scène
2.1. Eléments immatériels du
texte
Le théâtre dans sa version scénique et
textuelle, comporte autant de données matérielles
qu'immatérielles. Leur mise en commun dans un système bien
défini, permet de comprendre les mécanismes d'une
esthétique théâtrale. Le texte théâtral
comporte un certain nombre d'éléments immatériels dont en
voici quelques uns. Au premier rang, la fable. Bien évidemment dans une
considération minimaliste de sa négation dans des oeuvres depuis
la fin du XIXe siècle. La fable se présente ainsi,
comme un résumé événementiel qui met en relief, les
forces en présence dans l'action que présente le dramaturge. Le
schéma dit actantiel proposé par Greimas, définit mieux
au biais d'un graphique ces forces et surtout l'objet déclencheur de
l'action. A elle seule, la fable regorge d'assez de matière, quoique
virtuelle mais, capable de donner des informations sur une esthétique
théâtrale. Et pour cette raison, il n'y a point d'anicroche
à la reconnaître comme constituant immatériel de
l'esthétique théâtrale. A son tour, la dramaturgie se
range au côté d'éléments constitutifs de
l'esthétique du théâtre.
L'approche conceptuelle de Marie Claude Hubert
l'appréhende comme, l'ensemble des règles qui président
à la composition d'une pièce de théâtre. Ceci dit,
avant d'aboutir à des principes de normalisation et de jugement du beau
dont l'esthétique en assure la responsabilité majeure, la
dramaturgie s'érige en première instance de normalisation de la
création théâtrale. Pour paraphraser Marie Claude Hubert,
et dégager le rôle déterminant que joue la dramaturgie dans
l'étude esthétique du théâtre, les
éléments essentiels de la dramaturgie sont impératifs et
catégoriques pour l'existence d'une esthétique
théâtrale. Ces différents éléments ne sont
nul autre que, la nature et le niveau de la langue, les types de dialogue le
tout contenu dans la structure interne de l'oeuvre. Cependant, il serait
maladroit de manquer de mentionner l'importance tout aussi particulière
de l'intrigue. Quoique faisant partie de la dramaturgie, la manière que
l'auteur choisit raconter son histoire, vue comme intrigue représente
une composante immatérielle du théâtre et par ricochet de
son esthétique. En admettant que le texte livre facilement son
coté immatériel avec autant d'éléments, en
sera-t-il de même pour la scène ?
2.2. Eléments immatériels de la scène
Cette étude en a relevé trois essentiels
éléments dans l'aspect immatériel de la
représentation, notamment, le jeu d'acteur, l'éclairage et
l'ensemble des effets sonores. Plusieurs approches sémiologiques en ce
qui est de la représentation relèveraient certes bien d'autres
éléments, mais ce travail se voit contraint d'accorder aux
éléments mentionnés en amont, un degré de
signification élevé relativement à ceux non
mentionnés. Et ce dans le but, de la mise en évidence de
l'esthétique théâtrale. Pour ce faire, leur
compréhension se veut mieux qu'une nécessité. Pour ce qui
est du jeu d'acteur, son analyse pourra reposée sur un nombre de signe
entre autres, le geste, la mimique au sens restreint du terme. En fin les
émotions le déplacement et même la diction y seront
examinés.
Depuis la mise en valeur de l'éclairage au
théâtre à la fin de la deuxième moitié du
XXe siècle par Adolph Appia, celui-ci s'est progressivement
fait une place de choix dans la mise en scène. Ladite mise en valeur
s'est érigée en premier contre le caractère encombrant de
l'élément décoratif. Ensuite contre l'anachronisme de
l'ancien système d'éclairage fait de lumière fixe ou
ambiante. Toutes ces mutations font place à de nouvelles lumières
mobiles capables de signifier et de suggérer de l'imagination tant chez
le comédien que chez le metteur en scène. L'approche de
l'éclairage en tant que composante esthétique du
théâtre exige toutefois d'examiner, ses diverses teintes et
positionnements.
Les différents effets sonores constituent le dernier
palier d'éléments immatériels du théâtre sous
son aspect scénique. Ces effets comportent la musique, le bruitage.
Avant son association à la l'éclairage par Appia, la musique fut
le souci majeur de Richard Wagner. Elle est alors prise pour un macro-signe,
disposant de suffisamment de force pour répondre du beau au
théâtre. En tant que macro-signe sur le point de vue
scénique, la musique exprime la durée, le temps, et contient dans
son implicite l'espace. Conjugué à la musique, le bruitage joue
pratiquement un rôle identique dans la situation spatio-temporelle et
même émotionnelle. Ce travail a aussi le souci de présenter
le caractère de ce qui se nome consciemment
« esthétique théâtrale » au
XXe siècle.
III. Evolution de
l'esthétique théâtrale et stages majeurs
Le théâtre et l'esthétique entretiennent
une relation de coexistence sur le plan temporel. C'est donc à dire que
les deux notions voient simultanément le jour à la même
période. Il est cependant clair que la visibilité du premier
empiète sur celle du second. Qu'est ce qui constitue cependant les
principales articulations de l'évolution de l'esthétique
théâtrale ? Voila de façon clarifiée ce
à quoi répond ce point. Mais avant d'y parvenir, une
précision est nécessaire. L'évolution dont il est ici
question concerne uniquement les principaux courants de pensée ayant
meublé l'histoire du théâtre.
1. L'aristotélisme
En s'éloignant un temps soit peu aux origines
primitives du théâtre, il ne fait aucun doute que, sur le plan
conventionnel « l'aristotélisme »
répond de la plus ancienne esthétique théâtrale. Le
classicisme grec se présente comme la toute première
esthétique du théâtre. Elle présente des fonctions
et des cannons bien précis. L'aristotélisme se présentant
comme le classicisme grec est basé sur des principes incontournables, la
« mimésis », la
« catharsis ». D'autres éléments aussi
intéressants que les premiers fondent le classicisme grec, les genres
théâtraux. Deux genres, la tragédie et la comédie
forment le socle de l'aristotélisme. Cependant dans cette
perpétuelle évolution, les créateurs trouvent du mal
à s'accommoder à la conception anachronique de
l'esthétique théâtrale. Ceci donne lieu à de
nouvelles acceptions répondant diachroniquement aux attentes.
2. L'esthétique
médiévale
L'esthétique médiévale se présente
sans doute comme l'une des plus fournies de l'histoire du théâtre.
Elle est la réaction directe à l'aristotélisme ce qui
explique la multiplicité des réactions qui la constituent. En
réalité, elle englobe la pratique théâtrale dans
tous les coins du monde du moins où elle a pu être
répertoriée. L'esthétique comprise dans le
théâtre asiatique principalement (1999 : 31-39)40(*),
le « no » et le
« kabouki » japonais, en chine le
« Kouen K'iu », le
« wayang-poerwa » de Bâli, le
« drame » indien et le
« mystère » tibétain constituent une
marche importante pour l'évolution de l'esthétique
théâtrale. Cependant il existe un lien entre ces
différentes pratiques. Le lien est en effet celui de la religion
bouddhiste qui semble régir la pratique théâtrale en ces
lieux. L'esthétique médiévale ne se réduit pas pour
autant à l'unique considération du théâtre
asiatique. Elle se poursuit du drame liturgique passant par les chants
ecclésiastiques jusqu'à la chute du mystère au
début du XVe siècle. Toujours dans le souci de
contemporanéité à leur temps, dramaturges et
théoriciens vont progressivement évoluer vers de nouvelles
façons de voir et de faire le théâtre.
3. L'esthétique de la renaissance
L'esthétique de la renaissance est moins une
réaction contre le moyen âge qu'une mise en marche d'un
système nouveau, visant, une expression nouvelle de la pratique
théâtrale. Elle présente par ailleurs divers niveaux de
manifestation, la « commedia » espagnole, le drame
« élisabéthain », la « commedia
dell'arte » et le « classicisme français».
L'influence religieuse en Europe au début du XVe
siècle, est perceptible en plusieurs domaines de l'activité
humaine, c'est le cas du théâtre.
La commedia espagnole à travers sa pratique a
renforcé, l'option d'une approche religieuse du théâtre.
Robert Pignarre voit juste lorsqu'il dit : « L'amour du
théâtre tourne bientôt à
l'idolâtrie41(*)». Cette conception entraine la
création théâtrale sur le « drame
sacré » selon l'expression de R. Pignarre inspiré de la
vie des saints, c'est ainsi le cas de : dévotion à la
croix de Calderon, le damné par manque de confiance de,
Tirso de Molina. En bref, la tendance met en jeu : l'honneur de l'amour
pour la religion.
Une autre marche est franchise en 1580, le drame
élisabéthain. Il détient selon Robert Pignarre
(1999 :65) d'un nombre d'innovations aussi bien sur le plan architectural
que scénique. Désormais, plutôt que d'un édifice
à ciel ouvert (Grèce), la pratique du théâtre se
fait dans une salle close. L'intérieur de la salle présente une
forme orthogonale entouré de trois étages. Les différents
étages ont une vue en plongé de la scène. Deux piliers
sont implantés de chaque coté de la scène afin de tendre
le rideau. Enfin, Un balcon surmonte l'arrière scène, voila en ce
qui est de l'innovation sur le plan architectural. La scène, quant
à elle est frappée par la suppression du choeur remplacé
par le « clown » remplissant d'abord, le
rôle d'un organe de communication entre la scène et l'assistance
et plus de son caractère comique. Ce dernier aspect sera à forte
dose exploité dans la « commedia
dell'arte ».
L'évolution de l'esthétique du
théâtre après le Moyen Age passe inévitablement par
le développement des spectacles ambulants (la commedia dell'arte) en
Italie. Partant de l'expressivité mimique et corporelle, la
plasticité et l'agilité de ses praticiens une interrogation
survient sur les techniques visant l'amélioration de l'art de
l'interprétation au théâtre.
Cette évolution est aussi marquée par le
classicisme français au XVIIe siècle. Il
représente une ferme volonté de réactualiser la
pensée grecque du théâtre. Il s'agit de l'idéal
d'une société stabilisée, soumise au magistère
intellectuel de la bourgeoisie. Vu que l'art théâtral prend
progressivement une teinte élitiste, il lui faut des règles bien
précises. C'est là l'introduction à la rigidité.
Toutefois à la suite, une autre esthétique va se
développer, l'esthétique du théâtre bourgeois.
4. L'esthétique du théâtre bourgeois
A la fin du XVIIe siècle, plusieurs
paramètres entrent en action en faveur de la mutation esthétique
du théâtre. En fait, la France devenue l'école
européenne, l'essor de l'art se lie étroitement à la
promotion sociale et politique de la bourgeoisie. La raison en est que
l'autorité religieuse, est en perte de son influence. De ce fait, la
bourgeoisie va imposer sa suprématie, son ordre moral et ses choix
esthétiques. Par ailleurs, des points essentiels vont marquer cette
articulation dans l'évolution de l'esthétique
théâtrale. En 1999, Robert Pignarre fait publier un ouvrage,
L'histoire du théâtre, où il constate le
déclin de la tragédie dans le théâtre bourgeois, le
glissement du « romantisme » au
« naturalisme ». Il ne s'en limite pas pour autant à
ce niveau. Le théâtre connait, des genres nouveaux, la
« comédie bourgeoise » canonisée à la
mesure de la classe bourgeoise. Le mélodrame, entre 1780 et 1789 le
drame envahit la comédie française, le souci de Sébastien
Mercier est de livrer le théâtre aux exigences du peuple
assoiffé de spectacle. Les drames romantiques et bourgeois font plus
tard leur apparition, entrainant une révolution sur le plan de
l'équipement et de la mise en scène. En effet, la forme des
salles en demi-ellipse engendrée ne tardera pas à se rependre
à travers le monde. Contrairement à l'esthétique de la
renaissance « réaliste », celle bourgeoise est une
version plus poussée et opère dans une tendance
« naturaliste ». Toujours en quête de plus de
liberté, l'esthétique théâtrale a continué sa
mutation en faveur du symbolisme.
5. Le symbolisme
Il n'est certes pas évident de distinguer la ligne de
partage entre certaines tendances de l'esthétique du
théâtre bourgeois et le symbolisme. Par contre, il n'est pas
difficile de remarquer que, la dénomination en elle-même en dit
assez. Après les idéologies bourgeoises du
théâtre, il se soulève une vague d'auteurs42(*). Leur souci est relatif
à une considération totalisante du drame. Il s'agit de convoquer
tous les arts au service d'une pensée ambitieuse qui brasse tous les
courants d'idée du monde contemporain. Ibsen Wagner incriminent
l'hypocrisie régnante par une profonde méditation sur la
condition humaine. Ces deux auteurs visent à sonder le mystère de
l'âme, à constituer un drame moderne. Cette vision ne tarde pas
à se rependre en Europe (Angleterre, Allemagne, Suède, Italie) et
dans le monde. Les partisans symbolistes parmi lesquels Paul Claudel,
introduisent dans le théâtre, des protestations intérieures
de l'homme face à un destin uniquement gouverné de Dieu. Autre
mutation majeur, la simplification technique dans la mise en scène. En
effet, l'art d'André Antoine s'exprime dans ce cadre, par les moyens les
plus simples sur un plateau pauvre et nu pour parler comme Robert Pignarre. De
manière brève, la manifestation symboliste, en ce qui concerne
l'évolution de l'esthétique théâtrale, se
détache des éléments matériels
prédéfinis pour des constituants abstraits capables de signifier
toute la dimension physique du théâtre. La permanente
évolution de la pratique théâtrale va conduire à,
une conception poussée du symbolisme.
6. L'esthétique contemporaine
Il est digne d'intérêt de constater que, chacune
des esthétiques précédentes présentent une ou deux
similitudes relativement aux autres. D'abord le fait de peindre son temps, en
suite, une ferme volonté de dépassement de la conception
précédente. La différence quant à elle se trouve
dans, la manière et les moyens mises en oeuvre par chacune, afin de
rendre compte des réalités de la pratique théâtrale.
Le symbolisme suit son cours jusqu'à la fin de la première
moitié du XXe siècle sous une manifestation plurielle,
l'absurdisme, le surréalisme, l'expressionisme, l'impressionnisme et la
liste n'est pas exhaustive. L'esthétique du théâtre migre
vers le contemporain au début 1950. A son tour à sa
manière et l'aide d'outils spécifiques, elle moule le
théâtre à la mesure des préoccupations de son temps.
Cependant, revendiquant l'étiquette
« avant-gardiste », le contemporain réclame de
l'univers immédiat du théâtre une véritable
coopération afin qu'émerge du sens. La tendance fait du texte un
instrument énigmatique, réfractaire à une facile lecture,
au résumé rapide. Il est désormais question de faire appel
à un nombre important d'outils de lecture aussi bien pour
l'émetteur que pour le récepteur.
IV. Chronologie des
esthéticiens43(*)
du théâtre et leurs travaux
La présente chronologie s'applique uniquement aux
esthéticiens se situant entre les prémisses antiques du
théâtre et le début de la décennie 1990. Partant
ainsi de la considération moderne du concept de l'esthétique,
Catherine NAUGRETTE (2007 : 12) a tôt fait une esquisse de
classification des théoriciens de l'esthétique. Ainsi, elle
distingue entre autre : trois catégories. Ladite
catégorisation est fondamentalement basée sur l'évolution
chronologique de la notion. A cet effet, elle distingue : les
théoriciens « pré-Garten » d'une part, les
« Garten » d'autre part et enfin les
« post-Garten ». La recherche prend ainsi appui sur ces
considérations afin de dégager, sur un plan purement
évolutif, les principaux précurseurs non de l'esthétique
en soi, mais mieux de l'esthétique théâtrale. Cependant,
une étude plus récente de Marie Claude Hubert datant exactement
de 2008, fait une classification chronologique plus précise des
esthéticiens du théâtre. Pour ce qui est de cette
échéance, une division en deux vagues sera faite selon que l'on
se situe avant ou après J.C.
1. La première vague (Siècles avant
J.C)
Elle est la moins fournit, non pas du fait de l'absence de
production, d'écrits consacrés à cet effet, mais
d'avantage à cause du nombre très limité d'auteur et de la
rareté44(*) d'une
documentation ayant surmonté l'usure du temps. En revanche, elle
constitue le socle d'une grande partie pour ne pas dire la totalité des
théories des arts mimétiques. Ce premier groupe a ceci de
particulier qu'il pratique de l'esthétique théâtrale sans
pour autant la nommer comme telle, Catherine NAUGRETTE (2007 :12) :
« Platon, Aristote, Horace, saint Augustin, Descartes, Diderot,
ou Lessing font de l'esthétique sans le savoir, ou tout au moins sans la
nommer ainsi ».. Toutefois, l'esthétique
théâtrale est grandement dominée par trois noms, Platon,
Aristote et Horace. Le mérite réside dans le fait d'avoir
tenté les premiers de toucher au plus prêt de sa
vérité profonde l'esthétique du théâtre au
moyen d'une réflexion sur le beau.
Entre 389-370 Platon, La république,
(livre III et X)
Entre 355-323 Aristote, La Poétique
Entre 23 et13 Horace, Epitre aux pisons
2. Deuxième vague (Siècles après
J.C)
Le présent groupe découle directement du
premier, indéniablement le plus élargi, aussi bien sur le plan de
la durée que des auteurs qui le constituent. En effet il englobe les
auteurs dont les travaux ont au maximum un siècle de notre ère.
1er siècle après J.C Quintilien,
Institution oratoire
IIèm siècle après J.C
Tertullien, Sur les spectacles
Vèm siècle après J.C St
Augustin, Confession (livre III et VI)
1498 Sans auteur, Traduction en latin
de la Poétique d'Aristote
1503 Sans auteur, Publication en grec de la
Poétique d'Aristote
1541 Peletier du Mans, Traduction en français de,
l'Epitre aux pisons
1548 Robortello, édition
commentée de la Poétique
1549 Du Bellay, Défense et
illustration de la langue française
1550 Maggi, seconde édition
commentée de la Poétique
1555 Peletier du Mans, Art
poétique
1561 Scaliger, deuxième traduction en latin de, la
Poétique
1561-1565 Grévin, Bref discours pour
l'intelligence de ce théâtre
1570 Castelvetro, Poética d'Aristotele
vulgarizzata
1572 Jean de la Taille, De l'art de
la tragédie
1605 Vauquelin de la Fresnaye, Art
poétique
1609 Lope de Vegas, L'art nouveau de
faire les comédies
1611 Heinsius, troisième
traduction en latin de la Poétique
1623 Chapelain, Préface
à l'Adonis de Marino
1628 Orgier, Préface au
Lecteur à Tyr et à Sidon de Jean de Schélandre
1630 Chapelain, Lettre sur les vingt
quatre heures
1631 Mairet, Préface de
Silvanire
1635 Chapelain, De la poésie
représentative
1637 Scudéry, Observations sur
le Cid
Scudéry,
Discours à Cliton sur les Observations du Cid
1638 Chapelain, Les sentiments de
l'académie française sur le Cid
1639 Sarasin, Discours sur la
tragédie
Scudéry, Apologie du
théâtre
La Mesnardière,
Poétique
1647 Vossius, Quatrième traduction
en latin, Poétique
1650 Corneille, Epitre
dédicatoire de Don Sanche d'Aragon
1657 D'Aubignac, Pratique du
théâtre
1660 Corneille, Discours de
l'utilité et des parties du poème dramatique
Corneille, Discours de la
tragédie et des moyens de la traiter selon le
vraisemblable et le
nécessaire
Corneille, Discours des
trois unités d'action de jour et de lieu
1663 Molière, La critique de
l'école des femmes
1664 D'Aubignac, Dissertation sur le
poème dramatique
1667 Nicole, Traité de la
comédie
Racine, Préface
d'Andromaque
1669 Racine, 1re
Préface de Britannicus
1671 1re Traduction en
français de la Poétique d'Aristote
Jean Racine, Préface
de Bérénice
1674 Boileau, l'Art
poétique
Rapin, Réflexion sur
la Poétique d'Aristote et sur les ouvrages anciens
et modernes
1676 Racine, 2e Préface
de Britannicus
1677 Racine, Préface de
Phèdre
1694 Bossuet, Maximes et
réflexion sur la comédie
1714 Houdar de la Motte, Discours sur
Homère
1719 Du Bos, Réflexion
critique sur la comédie, la peinture et la musique
1721-1730 Houdar de la motte, Discours et
réflexions
1731 Voltaire, Discours sur la
tragédie
1748 Voltaire, Dissertation sur la
tragédie ancienne et moderne
1757 Diderot, Entretien sur le fils
naturel
1758 Rousseau, Lettre à
d'Alembert sur les spectacles
Diderot, Discours sur la
poésie dramatique
1762 Diderot, Eloge de Terence
1764 Voltaire, Commentaires sur
Corneille
1767 Beaumarchais, Essai sur le genre
dramatique sérieux
1767-1768 Lessing, Dramaturgie de
Hambourg (en allemand)
1769-1773 Diderot, Paradoxe sur le
comédien (publié en 1830)
1773 Mercier, Du théâtre
au nouvel Essai sur l'art dramatique
1778 Mercier, De la
littérature et des littérateurs, suivit d'un nouvel examen sur
la tragédie française
1785 Traduction française de la
Dramaturgie de Hambourg
1787 Marmontel, Eléments de la
littérature
1792 Schiller, De l'art tragique
1793 Schiller, Sur le
pathétique
1794 Schiller, Du sublime
1803 Schiller, Sur l'emploi du choeur
dans la tragédie
1807-1813 Schlegel, Cours de la
littérature dramatique (trad. En 1813)
1809 Constant, Réflexion sur
la tragédie de Wallenstein et sur le théâtre
allemand
1810 Kleist, Sur le
théâtre des marionnettes
1814 Mme de Staël, De
l'Allemagne
1823 Stendhal, Racine et
Shakespeare (I)
Manzoni, Lettre à
M.C. sur l'unité de temps et de lieu dans la tragédie
1825 Stendhal, Racine et
Shakespeare (II)
1827 Hugo, Préface de
Cromwell
1829 Vigny, Lettre à Lord***
sur la soirée du 24 octobre 1829 et sur un système
Dramatique
1830 Hugo, Préface
d'Hernani
1832 Hegel, esthétique
1833 Hugo, Préfaces de Marie
Tudor et de Lucrèce Borgia
1838 Musset, De la
tragédie
Hugo, Préface de Ruy
Blas
1843 Préface des Burgraves
1848 Wagner, L'OEuvre d'art de
l'avenir
1851 Wagner, Opéra et
drame
1864 Hugo, William Shakespeare
1872 Nietzche, naissance de la
tragédie
Zola, Le naturalisme au
théâtre
Nos auteurs dramatiques
1884 Becq de Fouquières, L'art
de la mise en scène
1888 Strindberg, Préface de
Mademoiselle Julie
1890 Antoine, Le théâtre
libre
Maeterlinck, Menu
propos
1891 Quillard, De l'inutilité
absolue de la mise en scène exacte
1895 Appia, La mise en scène
du drame wagnérien
1896 Jarry, De l'inutilité du
théâtre au théâtre
1897 Mallarmé,
Divagations
1899 Appia, Musique et mise en
scène
1903 Rolland, Le théâtre
du peuple, essai d'esthétique d'un théâtre nouveau
Antoine, Causerie sur la
mise en scène
1904 Appia, Comment réformer
notre mise en scène
Craig, L'art du
théâtre
1908 Evreinov, L'Apologie de la
théâtralité
1910 Rouché, L'Art
théâtral moderne
1911 Craig, De l'art du
théâtre
1918 Apollinaire, Prologue des
Mamelles de Tirésias
1921 Appia, L'OEuvre d'art
vivant
1925 Stanislavski, Ma vie dans
l'art
1926 Baty, Le masque et
l'encensoir
1927 Schlemmer, Théâtre
et abstraction
1929 Piscator, Le
théâtre politique
1930 Claudel, Le Drame et la
musique
1938 Stanislavski, Formation de
l'acteur
Artaud, Le
théâtre et son double
Jouvet, Réflexions du
comédien
1941 Copeau, Le théâtre
populaire
1946 Mauriac, Le théâtre
et l'idée que je m'en fais
Dullin, Souvenirs et notes
de travail d'un acteur
1947 Genet, Comment jouer Les
Bonnes
1948 Brecht, Petit organon sur le
théâtre
1949 Baty, Rideau baissé
Pitoëff, Notre
théâtre
Barrault, Réflexions
sur le théâtre
1952 Jouvet, Témoignages sur
le théâtre
1953 Montherlant, Préface de
Port-Royal
1955 Camus, Conférence sur
l'avenir de la tragédie
Adamov, Note préliminaire
au tom II du théâtre
Vilar, De la tradition
théâtrale
1958 Genet, Pour jouer Les
Nègres
1962 Genet, Comment jouer Le
Balcon
1966 Claudel, Mes idées sur le
théâtre
Genet, Lettres à Roger
Blin
Ionesco, Notes et
contrenotes
1968 Grotowski, Vers un
théâtre pauvre (traduction en français : 1971)
1969 Dullin, Ce sont les dieux qu'il
nous faut
1970 Durrenmatt, Ecrits sur le
théâtre (version française)
1973 Sartre, Un théâtre
de situations
1973-1980 Meyerhold, Ecrits sur le
théâtre (version française)
1974 Novarina, Lettre aux
acteurs
Sarraut, Le gant
retourné
1974-1984 Copeau, Registres I, II, III, IV
1975 Vilar, Le théâtre,
service public
1977 Kantor, Le théâtre
de la mort (version française)
Brook, L'Espace vide
(paru en 1968 en Anglais)
1980 Strehler, Un
théâtre pour la vie (version française)
1982 Vinaver, Ecrits sur le
théâtre
1989 Novarina, Le
théâtre des paroles
1991 Vitez, Le théâtre
des idées
Au regard de ce qui précède, il y a lieu de dire
que le concept d'esthétique théâtrale dans son processus
d'évolution a connu au file du temps un nombre assez important de
théoriciens classé ainsi qu'il suit : d'un coté ceux
conscients de leur activité et la nommant comme telle. De l'autre, la
vague inconscient du moins du point de vue de la dénomination de
l'activité.
B. Esthétique
théâtrale au Cameroun avant 1990.
Dans la majeure partie des documents45(*) consultés, et traitant
de l'histoire du théâtre, il est établi que les origines de
cet art datent de plus de 2500 ans. Cette réalité s'applique
à l'Afrique et précisément au Cameroun, dans la mesure de
sa considération primitive. A cet effet, Jacques Raymond FOFIE
lève l'équivoque parlant des deux formes de théâtre
en présence au Cameroun. Il pense que, « Grosso modo on a
le théâtre de forme traditionnelle et le théâtre de
type occidental.46(*)» la présente investigation
s'intéresse justement au deuxième type. Ce dernier est vieux d'un
peu plus d'un siècle. Des recherches récentes ont pu prouver,
contrairement à la connaissance établissant la naissance du
théâtre camerounais entre 1959 et 1960 date de parution respective
de, I am vindicated de Sankie Maïmo et Trois
prétendants...un mari de Guillaume Oyono Mbia que, la
création théâtrale débute au Cameroun au seuil de
1900. Le théâtre de type occidental est donc vieux d'un peu plus
d'un siècle au jour d'aujourd'hui. Il en va de même pour son
esthétique. Il s'agira donc, de relever les réalités de
cette dernière avant et après l'indépendance et tenant
tout à fait compte de la circonscription temporelle.
I. Esthétique
théâtrale avant l'indépendance
1. Circonstance sociopolitique.
Le contexte sociopolitique camerounais est dominé au
début du XXe siècle d'une situation à double
volet ; d'une part la colonisation, et de l'autre l'indigénat. Les
deux agissent simultanément sur la création artistique de
l'époque. En effet, le début des années 1900 fut
principalement marqué d'une politique sous protectorat allemand. Ce qui
leur permit d'étendre leur domination dans tout le pays. Quelques
résistances furent observées ça et là de la part
des indigènes, mais cédèrent aussi tôt sous la
pression de l'armée allemande. Dès cet instant, le système
politique local est celui de l'administration allemande. Mais après
1914, la colonisation allemande perd du terrain face à des forces
alliées composées de plus du double des forces germaniques. A
leur tour, la France et l'Angleterre, installent leur domination. En claire, la
situation politique du Cameroun est dominée par trois puissances
colonisatrices, et dont la création théâtrale en est le
reflet.
Du point de vue social, le Cameroun à cette
période est loin d'atteindre son autonomie. Sa population est en grande
partie composée d'indigènes47(*), dont la caractéristique essentielle demeure,
la sous éducation. Pour remédier à la situation, le colon
met sur pied un système éducatif. Le but est loin celui de sortir
ces populations de l'ignorance, mais d'avantage former des substituts capables
de porter sur tous les fronts l'idéologie colonisatrice qui n'est rien
d'autre que, la valorisation de la culture occidentale. Au demeurant, le
contexte sociopolitique camerounais d'avant l'indépendance a
joué un rôle déterminant dans la pratique du
théâtre au Cameroun, et représente le pâle reflet de
ce contexte sociopolitique. C'est d'ailleurs ce qui rend compte des trois
grandes tendances de ce théâtre tel que présenter par
Jaques Raymond Fofie.
2. Le point de départ
Les prémisses de l'art théâtral
camerounais se rapportent aux auteurs dont les oeuvres ont pu être
identifiées. A cet effet, Hansel Ndumbe Eyoh, Bole Butake, Gilbert
Doho, Asheri Kilo, Clément Mbom, Jacques Raymond Fofié pour ne
citer que ceux là, ont consacré assez d'écrits sur
l'histoire de ce théâtre. Certains d'entre eux établissent
que, l'activité théâtrale au Cameroun remonte bien avant la
date de 1959. En effet, dans plusieurs48(*) articles et ouvrages publiés, Jacques Raymond
Fofié convoquant les travaux de Hansel Ndumbe Eyoh afin de
présenter les premiers pas du théâtre camerounais. Pour
lui, le point de départ est relatif non seulement à
Tolongi et Der Liebsieg de l'allemand G. Ridel, mais
également à plusieurs autres oeuvres d'auteurs camerounais. C'est
le cas de, Les dix vierges (en douala) de Tongoo Diboundou, Une
famille dans l'attente de Noël (en français) de Kingue Kwedi
(1912), L'annonce de l'enfant Jésus (anonyme, 1912).
Abenteuer Eines See Offiziers de Njoh Dibongue. Toutes ces productions
sont sous le contrôle de l'administration allemande.
Les débuts de l'art théâtral camerounais,
couvrent une période bien plus vaste. Il convient dès lors
d'examiner, le règne français et anglais au Cameroun. Un
jeune homme à la recherche d'une conjointe (1919), Yesu Mongo,
Le Diable dans la bouteille, Guignol joue sa femme, forment le premier
palier des oeuvres en langue française. Elles sont jouées pour
les trois dernières devant le gouverneur résident français
de la mission catholique de Mvolyé. Pour le second palier, White
Flows the Latex, Ho de Charles Low est la seule oeuvre ayant
été identifiée en langue anglaise selon Ndumbe Eyoh.
A partir des années quarante, une vague d'auteurs voit
le jour, et influence considérablement les débuts du
théâtre camerounais. Le cas de Jean Baptiste Obama qui
écrit, Harem du monogame et Mbarga Osono (1943),
Fada Jean (1944) d'Adalbert Owona, en fin La sandale de
Lamido et Le mariage camerounais (1952) de Prosper Benyé.
Voila sans complaisance le panoramique des débuts du
théâtre camerounais et par ailleurs de son esthétique. En
tout état de cause, une interrogation demeure, c'est celle de savoir
quelle était dans la plus part des cas l'idéologie
véhiculée ?
3. Idéologie véhiculée
Les circonstances politiques et sociales relevées en
amont conditionnent considérablement les doctrines contenues dans les
oeuvres de la période d'avant indépendance. De ce fait, l'examen
de l'idéologie de l'esthétique de ce théâtre passe
inévitablement par les doctrines des trois principales puissances
colonisatrices en présence au Cameroun. Il est visible que, le
théâtre d'expression allemande fut le plus prolifique, suivit de
celui d'expression française et anglaise si l'on s'en tient aux oeuvres
recensées à cette période. C'est donc à dire que,
pensée et culture germanique dominent largement la scène
dramaturgique du Cameroun colonial. En fait, le colonisateur use de l'art
dramatique comme un parfait moyen de répression culturelle. La
manifestation se mesure comme le dit Jacqueline Leloup citée par Ghonda
Nounga (2004 : 90)49(*) au : « ...Mépris pour
toute culture camerounaise, des colonisateurs qui pensaient accomplir par
là leur mission civilisatrice, leur toute puissance politique, a
relégué les rituelles et contes dans le grenier des objets et
pratiques sans intérêt, périmés ou même plus
ou moins honteux. ». Cela produit une pensée identique
à celle de Jacques Raymond Fofié commentant I am
vindicated de Sankie Maïmo. Il dit : « I am
Vindicated, est une oeuvre dont la version des années quarante
exalte le triomphe de la civilisation occidentale sur la civilisation africaine
traditionnelle ». L'esthétique qui en résulte a
pour fonction principale de refouler le caractère ancestral de la
culture locale afin de la substituer par la leur.
Dans un contexte inchangé, cette réalité
idéologique s'applique parfaitement aux deux autres, la France et
l'Angleterre. Durant cette période, selon Pierre Ngijol Ngijol, les
oeuvres dramatiques camerounaises sont composées sur l'histoire de
l'Angleterre, et son activité consulaire au Cameroun, d'autres sur
l'apologie de l'Allemagne ainsi que celle de la France. Au demeurant, la
pensée idéologique véhiculée dans l'art dramatique
camerounais d'avant indépendance diverge et converge à la fois.
Diverge parce qu'elle varie selon que le colonisateur est Allemand,
Français ou Anglais. Convergente dans la mesure où le but commun
vise la substitution idéologique.
4. Genres théâtraux et esthétiques
en présence
Le contexte précédemment
présenté et, la triple occupation dont le Cameroun en a fait
l'objet, entraînent le détachement complet de toute
hypothèse d'unanimisme dramatique dans la production
théâtrale au Cameroun. Partant de cette considération, le
Cameroun ne connaît pas semble t-il de genre théâtral unique
ou une esthétique relativement singulière. Et ce, parce que la
période coloniale comprise entre la deuxième moitié du
XIXe et le début XXe siècle correspond
étroitement sur le plan dramaturgique aux multiples mutations
observées sur le théâtre à travers le monde,
l'Europe en occurrence. Ces changements ne sont pas aussitôt
perçus en Afrique en général et au Cameroun en
particulier. Cependant, en ce qui est du genre, les dramaturges de l'heure
pratiquent sans anicroches les principaux genres théâtraux
(Tragédie et Comédie) connus depuis la normalisation50(*) française du
XVIIe siècle. Toutefois, ce théâtre, pour parler
comme Jacques Raymond Fofié, présente sur le plan historique une
prédominance comique. Ainsi dans son processus d'évolution, le
genre comique a gardé une prépondérance dans les
créations camerounaises. Pour attester cet état des choses, il
fait référence au, Répertoire du théâtre
camerounais de Wolfgang Zimmer publié aux éditions
L'Harmattan, Paris, en 1986. Par ailleurs, si le genre théâtral
à cette période ne connait pas la mouvance, son esthétique
en revanche se présente sous plusieurs facettes.
Sur le plan dramaturgique et scénique, le
théâtre camerounais de la période coloniale doit son
esthétique au classicisme français. Car cette conception
théâtrale domine le monde pendant des siècles et semble
logiquement avoir été l'une des premières
inculquées aux africains. Les textes sont donc des productions conformes
du classicisme, Trois prétendants...un mari n'échappe
pas à cette doctrine, il n'y a qu'à observer sa structuration
interne et externe. Pour les représentations, elles sont l'oeuvre des
missionnaires et des troupes scolaires, par conséquence, le respect de
la normalisation se revêt auprès de ces derniers une importance
capitale.
II. Esthétique
théâtrale de l'indépendance à 1990.
Une vision d'ensemble de
l'articulation antérieur laisse plus ou moins transparaître, dans
le contexte présenté, les prémisses du
théâtre camerounais et par ricochet la pensée
esthétique associée. Il en va de même pour
l'idéologie ainsi que le genre théâtral opératoire.
Par ailleurs, compte tenu des changements relatifs à la
post-colonisation, il est présentement question d'étudier les
nouvelles modalités qui régissent son esthétique.
1. Une nouvelle circonstance
Le fruit d'une lutte de près d'un siècle des
peuples africains n'est visible pour la grande majorité qu'au
début des années soixante. C'est le cas précis du
Cameroun. Sur le plan historique, cela représente l'indépendance.
Celle-ci entraine par ailleurs de multiples bouleversements aussi bien
politiques, économiques que sociales. Dès lors, les ramifications
relatives à ces bouleversements vont aussitôt toucher la
sphère artistique, le théâtre en occurrence. En terme de
date, 1960 représente donc, la date officielle de l'indépendance
du Cameroun. La circonstance est d'autant plus nouvelle qu'elle se situe
quasiment à l'opposé de la précédente. Sur le plan
politique, le pays s'affranchit de l'autorité coloniale, car celui-ci
est désormais doté d'une administration composée de
camerounais de souche. Les institutions qui suivent contribuent
également à la nouveauté de la circonstance.
L'économie et le social ne sont pour autant pas en
reste dans ce vent d'indépendance. Car il est dès cet instant
question dans un premier temps, d'entretenir ce « patrimoine
camerounais » du colon, dans un second, procéder à de
nouveaux systèmes de fructification des biens répondant aux
nécessités de la population. L'aspect social quant à lui
se centre sur le souci d'amélioration d'infrastructures publiques
à caractère social, les routes, les logements, les points de
santé et les écoles. En clair, cet état, de nation
affranchie, dans une certaine mesure enclenche le processus de
développement. La répercussion sur le domaine
théâtral ne tarde pas à révéler les premiers
signes.
2. Un état d'esprit nouveau
Après l'indépendance le 1er janvier
1960, dramaturge, metteur en scène et comédien camerounais
disposent d'un esprit à double revers. D'une part, la volonté
manifeste d'individu affranchi, de l'autre la continuation de l'oeuvre
coloniale par l'élite indigène formée à
l'école occidentale. Il est donc évident de remarquer sur le
plan formel, le glissement de la pensée collective au
bénéfice, notamment de l'engagement sociopolitique. Ce qui
n'aurait pas été le cas en période coloniale. Dès
lors, cet affranchissement dans l'esprit du créateur se manifeste sur
plusieurs fronts d'abord, la liberté vis-à-vis de ses anciens
maîtres. Il est dorénavant possible dans le théâtre
camerounais de traiter sans tabous des thèmes mettant en question le
système politique antérieur, résultat d'une volonté
ferme de l'état d'esprit libre des créateurs. Pour attester cet
état des choses, un regard croisé sur la production
théâtrale locale après 1960, laisse entrevoir une
fulgurante croissance de la production. A cet effet, Wolfgang Zimmer dans son
Répertoire du théâtre camerounais parle de 712
oeuvres pour 260 créateurs entre 1959 et 1979. Cependant dans un article
plus récent au travail de W. Zimmer, Clément Mbom51(*) relève une augmentation
de quarante auteurs pour un total de 1000 oeuvres en 1988, preuve d'un
intérêt et d'une liberté dans l'activité.
Le second front de manifestation de l'affranchissement de
l'esprit des créateurs n'est nul autre que l'orientation nouvelle de la
création théâtrale locale. En effet, il n'est plus question
d'une exaltation quelconque de la culture occidentale, plutôt le
traitement des problèmes immédiats à la
société camerounaise, le mariage forcé, les
difficultés d'accommodation au nouveau statut et le chômage. C'est
dans cet état d'esprit que bon nombre de créateurs se trouvent
à cette période, le cas justement de Daniel Ndo, Jean
Miché Kankan, Essindi Mindja, Dave. K. Moktoï, Stanislas Awona,
Gervais Mendo Ze, Guillaume Oyono Mbia, pour ne citer que ceux là.
3. Nouvelle portée idéologique
Il est moins aberrant, et plus tentant de
penser que, la production dramatique des trente années qui ont suivies
l'indépendance a été avide d'idéologie, si l'on
s'en tient à la rude critique52(*) dont elle en a fait l'objet. Cependant, pareille
acception serait nier outre mesure la pensée profonde de ce
théâtre, entreprenant son ascension dès la troisième
décennie après 1960. Certes durant les deux premières
décennies, la production dramatique nationale se trouve essentiellement
centrée sur une idéologie de divertissement et d'évasion.
En revanche, la décennie 1980 voit naître une pensée
nouvelle, aux visées autre que le divertissement. Celle-ci peint un
nouvel ordre social, questionne et critique le politique. Dans cette mesure,
deux types de théâtres rendent compte de cette nouvelle
portée idéologique, le théâtre historique dont parle
Jean Pierre Ghonda Nounga dans : « Sur l'incurie du
théâtre historique au Kamerun » et, le
théâtre politique dont parle Meyerhold.
Il est désormais question d'un théâtre
à base esthétique comique. Mais un comique pour le camerounais,
qui vise non seulement la promotion des deux langues officielles
léguées par le « maître » blanc, mais
plus encore une création linguistique (Cf. Création
linguistique dramatique au Cameroun de Jacques Raymond Fofié). La
même portée idéologique consiste à la mise sur pied
des formes nouvelles se détachant des prescriptions classiques. Le cas
notamment de, La puissance de Um de Werewere Linking,
Africapolis de R. Philombe qui, se voit ébranler les
unités de lieu et d'action, selon Bernard Mbassi. D'autres oeuvres
intègrent de la fantaisie dans le découpage, le cas justement de
Mr. Handlock de N. Tagne divisé en 7 tableaux. Au final, les
trois décennies qui suivent l'indépendance comportent une
idéologie dramatique multiforme articulée autour du comique, du
théâtre politique et historique aussi de la promotion de la
création linguistique. Par ailleurs, qu'est ce qui fait
l'esthétique dominante de cette période ?
4. Esthétique dominante
A la suite de ce qui précède il y a lieu de dire
que, deux décennies après le théâtre colonial,
dominé du classicisme français, il est observé comme un
léger prolongement de l'enseignement dramatique occidental sur le plan
esthétique. A la différence qu'il dispose désormais de son
idéologie, et les créateurs suite au nouveau contexte, disposent
à leur tour, de plus de liberté. Ladite liberté se
manifeste également par la multiplicité des esthétiques.
Dans ce sens, René Philombe (1984 :168) parlant des
différentes orientations esthétiques de cette période,
pense que :
Les principales orientations optées par les
dramaturges camerounais sont les suivantes : la distanciation, le
globalisme, le totalisme, le naturalisme, le réalisme, le
structuralisme, l'improvisionnisme, l'expressionnisme, etc... Ces philosophies
théâtrales portent soit sur la mise en scène, soit sur
l'éthique et l'esthétique, soit sur la prestation des acteurs,
soit sur la thématique et l'écriture53(*)...
Du point de vue historique et temporel, ces orientations
constituent moins des esthétiques à part entière, que de
simples manifestations esthétiques dans les créations. Dès
lors, parler de l'esthétique dominante revient à parler de ce qui
contestablement peut s'appeler « manifestation
esthétique ». Par ailleurs le théâtre camerounais
sortant du classicisme français, est davantage lié au
réalisme qu'à toute autre orientation. Ainsi, sur la base d'un
comique réaliste poussé à ses derniers retranchements par
la farce, il semble convenable de parler de la manifestation esthétique
dominante. Elle pourrait donc se formuler ainsi qu'il suit, « le
réalisme farcesque ».
Tout compte fait, il a été question dans cette
entame de présenter brièvement l'histoire et l'évolution
de l'esthétique théâtrale d'une part dans le monde et, de
l'autre au Cameroun. Pour y parvenir, il a fallu d'abord, présenter les
diverses origines du concept d'esthétique théâtrale.
Ensuite, vu la perpétuelle évolution du théâtre, et
par ailleurs de son esthétique, il s'est posé la
nécessité de redéfinition du concept.
L'intérêt résidait également dans la mise en
lumière des éléments constitutifs d'une esthétique
théâtrale. En ce qui est de la deuxième partie du chapitre,
elle a été consacrée au Cameroun, notamment le
théâtre colonial et postcolonial ou trente ans après
l'indépendance. Dès lors, plusieurs informations ou en de termes
plus modestes, plusieurs rappels remontent à la surface. Le tout premier
se rapporte aux origines multiples de la notion d'esthétique
théâtrale, attestant du caractère évolutif de cette
dernière, dans le même sillage, la difficulté d'une
approche définitionnelle univoque, ce qui explique la convocation de
plusieurs acceptions de cette notion. De cette partie il en résulte les
principales étapes qui constituent l'histoire de l'esthétique
théâtrale. Il s'est également dégagé ses
principaux constituants d'ordre matériel et immatériel. Dans une
seconde étape, l'étude a pu mettre en exergue dans le cas du
Cameroun, l'esthétique théâtrale dans deux circonstances
sociopolitiques, si bien qu'il se dégage parallèlement une
variation idéologique fonction du contexte. Pour finir, il se
dégage au Cameroun, une manifestation esthétique qui domine les
trente années qui ont suivies l'indépendance. Sur son aspect
historique et évolutif, cette manifestation s'appréhende dans
cette étude comme l'esthétique de l'âge d'or du
théâtre camerounais.
CHAPITRE II :
L'ESTHETIQUE DE LA CREATION THEATRALE CAMEROUNAISE DE 1990 A
2010
Suite au chapitre précédant où il a
été question de la brève présentation du concept
d'esthétique théâtrale dans le monde et au Cameroun, le
second chapitre intitulé : « l'esthétique de
la création théâtrale camerounaise de 1990 à
2010 », s'inscrit d'office dans une mouvance quasi identique à
la précédente. Toutefois, le chapitre entend mettre en exergue,
les éléments justificatifs du changement radical survenu au
début des années 90, et ayant conduit à l'abandon du
« réalisme farcesque54(*) » considéré dans ce travail
comme l'esthétique de l'âge d'or du théâtre
camerounais. Car semble t-il, et au regard du succès que connait ses
adeptes55(*), il a permis
de porter haut l'image de cet art non seulement à l'intérieur du
territoire national, mais aussi à l'international si l'on s'en tient au
prestige de l'art dramatique camerounais dont parle Polycarpe Oyié
Ndzié (1985 :344) à Libreville, Abidjan et Cotonou.
Cependant, en plus de faire une lumière sur ces changements, le
présent chapitre a entre autres objectifs, de répondre à
l'une des interrogations essentielles de tout ce travail, à
savoir : existe-t-il une esthétique proprement dite
camerounaise de 1990 à 2010? Autrement dit, peut-on
systématiquement identifier l'esthétique dite camerounaise du
théâtre à cette période? Pour ce faire, il
s'impose d'examiner tour à tour, la rupture d'avec le réalisme
farcesque, la typologie des esthétiques en présence, enfin,
présenter la nouvelle esthétique dominante ainsi que ses
caractéristiques.
A. La Rupture d'avec le
réalisme farcesque (1965-1990)
I. Les prémices de
la rupture
Le Cameroun fait le théâtre d'une vague
successive d'événements au début des années 1990.
Ces derniers ne vont pas sans conséquences dans les divers secteurs
d'activité. Dans le cas échéant le secteur artistique et
théâtral plus précisément n'a pu être
épargné. Cette petite articulation s'engage de ce fait à
présenter certains de ces événements, du moins les plus
marquants et le lien qu'ils entretiennent avec la chute de la conception
antérieur du théâtre camerounais.
1. La crise économique
Le fait que cette étude situe sur le plan temporel la
crise économique au début des années 90, ne signifie
aucunement l'affirmation de sa date de naissance à cette période.
C'est-à-dire que le phénomène en lui-même fait ses
premiers pas au Cameroun non en 1990 mais en 1985. Cependant, le
phénomène n'est encore perceptible qu'à l'échelle
du grand appareil, l'Etat. L'aggravation du phénomène se fait
plus manifeste à bas échelle dès 1990. C'est dans cette
mesure que cette date répond du début de la crise
économique camerounaise. Par ailleurs tenter de cerner la part de
responsabilité de la régression économique dans, ce qui
pourrait être à juste titre « la crise
dramatique » nationale exige, une fois de plus un bref rappel sur, la
situation économique durant la période de succès du
théâtre camerounais.
En fait, le Cameroun de cette période connait une
croissance économique strictement positive selon les dires de certains
chercheurs à l'instar de, Touna Mama et de Bouopda Pierre Kamé.
Cependant, les quinze années qui ont suivies l'indépendance
enregistraient un taux de croissance variant entre 1,2% et 6,5% pour une
moyenne annuelle de 3,4%. La croissance positive est relative à
l'exploitation pétrolière de 1977. Ainsi, le PIB passe de 3,4%
à 7,6% en moyenne annuelle. Plus tard en 1980, le PIB atteint un taux de
croissance à deux chiffres, respectivement, 10,2% et 17,1%,
plaçant le Cameroun au rang de, pays à revenu
intermédiaire56(*).
Ainsi, théoriquement il faut le préciser, chaque camerounais
pouvait utiliser en moyen 1210,5 dollars par an. De ce fait, il avait les
moyens financiers d'inclure dans son budget l'achat du loisir, catégorie
dans laquelle est placé le théâtre dans cette
échéance. Le caractère séducteur du réalisme
farcesque combiné à l'aisance matérielle du consommateur,
témoignent de l'essor de l'art dramatique camerounais de cette
période.
De ce qui précède, émerge le lien entre
la crise économique et le détournement de
« esthétique » dominante. En effet, dans la
deuxième moitié des années 80, le Cameroun fait face
à la chute brutale du cours mondial de ses principaux produits
d'exportation notamment, les produits agricoles et le pétrole. Dans ce
cas, le pays s'installe dans une crise économique profonde,
ainsi que le relève Touna Mama (2008 : 16)
De 1987 à 1994, le PIB chute continuellement avec
un taux de croissance moyen de -4,1% l'an. Le PIB par tête qui avait
atteint en 1986le sommet historique de 1020,278 dollars américains
constant de 2000 se retrouve à seulement 596 des mêmes dollars en
1994 (World Bank 2007, WDI), ramenant le niveau de vie des camerounais à
20 ans en arrière. Cette chute du PIB par tête, estimée
à 6,5% l'an, fait passer le Cameroun en 1994 du statut de ``pays
à revenu intermédiaire'' qu'il occupait depuis la
deuxième moitié des années 1980 à celui de ``pays
à revenu bas57(*)''
Les données que présente l'auteur
témoignent clairement de la chute du pouvoir d'achat des ménages
d'une part, et de l'impasse des pouvoirs publiques à soutenir
éventuellement ce secteur d'activité d'autre part. Il est certes
vrai que ces subventions par le passé sont quasi inexistantes, et que
l'art théâtral vit de l'adhésion du publique qui a un
statut financier acceptable, mais il n'est pas moins vrai que cette
régression économique vient évanouir d'éventuelles
possibilités de subvention. Dans cette mesure, le théâtre
camerounais peu à peu fait place aux exigences extérieurs en
échange de subvention. Lesdites exigences entrent en contradiction
direct avec l'idéologie de l'esthétique farcesque, ce qui fait de
la crise économique un indicateur de la chute de cette
esthétique. A la cause de cette chute, sont rattachés plusieurs
autres indicateurs dont les bouleversements politiques.
2. Les bouleversements politiques.
Au même titre que la crise économique, les
mutations politiques se font plus manifestes au seuil de la décennie 90.
Et à leur tour ne manquent pas d'impacter sur la sphère
théâtrale nationale. Par ailleurs un regard rétrospectif
sur la situation politique aux années concomitantes à la
période de gloire de l'art théâtral au Cameroun, permettra
par la suite de cerner, le rôle quoique latent, qu'a joué la
situation politique relativement au rayonnement du réalisme farcesque.
Le système du parti unique dont dispose le Cameroun
depuis la première république, révèle à la
fois atouts et inconvénients. Pour la circonstance uniquement les atouts
feront l'objet d'intérêt. A cet effet, la stabilité que
recherche le système constitue en trame de fond un atout pour ce
théâtre. Ceci du fait que sa ramification ne concerne pas
uniquement le domaine politique, mais également les autres secteurs dont
économique et socioculturel.
L'unité nationale et le patriotisme jouent un
rôle quasi identique, en ceci que ces deux dispositions semblent orienter
le créateur camerounais, d'abord vers la satisfaction du public local
avant toute prétention d'exportation. A preuve, ces hommes à
succès du théâtre camerounais, Dave K Moktoï, Jean
Miché Kankan, Daniel Ndo, Essindi Mindja connaissent d'abord du
succès auprès de leurs compatriotes, avant que celui-ci ne
s'étende dans la sous région et traverser les mers par la suite.
Guillaume Oyono Mbia en est tout aussi bien une preuve. Car la
notoriété qu'acquiert, Trois prétendants...un
mari dans le monde, il la doit en partie à l'amour que porte le
public national sur cette oeuvre. Voila en quelques sortes, les niveaux de
contribution de la situation politique dans le succès du réalisme
farcesque.
Mais à l'aube de l'année 1990, des disputes
politiques ébranlent le pays. En fait, les revendications des groupes
politiques gisant depuis le 6 avril 1984, aboutissent à la
démolition systématique du parti unique. C'est ce que semble
expliquer Bouopda Pierre Kamé (2007 : 125)58(*) lors qu'il présente les
forces antagonistes en présence :
Deux groupes distincts de militants politiques envisagent
en effet, depuis la fin des années 1989, d'exploiter les dispositions de
l'article 3 de la constitution du 2 juin 1972 pour lancer des partis
politiques, et rompre ainsi le régime du parti unique [...] il faut
contraindre le pouvoir publique à sortir du discours rhétorique
officiel sur la démocratisation pour rétablir concrètement
le multipartisme [...]
Par ailleurs, rompre cette stabilité dans le
milieu politique, entraine forcement dans le domaine dramaturgique,
l'évanouissement d'un état d'esprit propice à
l'émergence de l'art théâtral au Cameroun. Le temps de
divertissement qu'occupe l'art dramatique dans la vie populaire cède
immédiatement au profit des préoccupations d'ordre politique.
La pression relative à l'application du multipartisme,
met en péril d'un coté, l'unité nationale et de l'autre la
notion du patriotisme. Car les deux semblent gouverner d'une manière ou
d'une autre la disposition qu'a l'auteur à satisfaire en premier le
public local au dépend de l'extérieur. En revanche, dramaturges
et metteurs en scène dans ces circonstances, relèguent à
l'arrière plan cette primauté du public local sur le public
extérieur. En conséquence le théâtre camerounais
depuis le début de la décennie 90 s'est davantage extraverti.
3. Le challenge des autres loisirs
Avant toute chose, définissons le mot loisir ainsi que
ses constituants au Cameroun. De cette façon, il ressortira sans doute
en substance les orientations de traitement envisagées afin d'en
déduire du rang véritable du théâtre dans le
domaine des loisirs.
Le loisir s'entend comme : une distraction, amusement
auquel on se livre pendant ses moments libre selon, Grand usuel
Larousse (1997). Ainsi défini, le loisir par extension semble
désigner l'ensemble des activités dont la visée principale
intègre une distraction sans contrainte.
En 1999, soit neuf ans après la borne de
départ de cette étude, L'annuaire statistique du
Cameroun, mentionne dans son chapitre 9 : « sport et
loisirs ». Seulement, dans la rubrique loisirs, n'y figurent que des
données uniquement relatives au cinéma. Cela s'entend lorsque
l'on concède la clandestinité dans laquelle évolue
l'écrasante majorité de ces activités. Ce qui rend
à coup sûr difficile et imperceptible leurs études
statistiques. Car à proprement parler, le loisir se situe dans un champ
beaucoup plus vaste dans le contexte camerounais. De ce fait, la circonstance
lui attribut les activités ci-après : le visionnage, la
consommation d'alcool, les jeux de hasard, la dance, le sport, la lecture, la
music, le cinéma. La question fondamentale est cependant de savoir, en
quoi le développement de ces types de loisir a-t-il pu contribuer
à la chute du réalisme farcesque ?
Les moyen financiers dont dispose
« l'industrie » cinématographique au Cameroun
combiné à la logistique fait d'elle un parfait challengeur, et ce
malgré la crise qui la secoue au début des années 90.
N'empêche qu'elle continue de drainer des foules dans les nombreuses
salles dont elle dispose à travers le territoire national. Car en 1995,
cinq des dix provinces disposent de 28 salles de cinéma, pour une
capacité totale d'accueil de, 9350 places59(*), contre 0 pour le
théâtre, et connaissant les exigences de cet l'art en
matière de salles.
L'avènement de la télévision depuis 1985
au Cameroun et sa vulgarisation cinq ans plus tard représentent à
leur tour, une entrave pas moindre au déploiement de l'art
théâtral en terme de loisir. Car plus un loisir est attrayant, et
dispose d'un cadre physique bien déterminé, plus il est
compétitif relativement à d'autres. La Loi60(*) N° 90/52 du 19
décembre 1990 sur la liberté de la communication sociale,
modifiée et complétée par la Loi N° 96/04 du 4
janvier 1996, a au début des années 2000 busqué ce
secteur. En effet, le décret du Premier ministre du 3 avril 2000
(2000/158) a ouvert la voie à la création de dizaines de maisons
privées de la presse audiovisuelle au Cameroun le nombre de chaine passe
ainsi de 1 à 8, à en croire à l'enquête menée
tout juste en 2012 par, Enoh Tanjong, Jeanette Minnie et
Hendrik Bussiek (2012 : 27) : « Le Cameroun compte
près de 80 stations radios et sept chaînes de
télévision privées. ». Parallèlement
se développe le visionnage, un loisir hautement concurrentiel à
l'art dramatique, qui à l'opposé de ses concurrents n'a connu
aucune réforme en sa faveur tout au contraire.
Tenter d'établir une équivalence entre le
théâtre et l'alcool en terme de consommation, c'est volontairement
fermer les yeux sur la vertigineuse ascendance du second sur le premier, au vue
de ses innombrables points de distribution et stratégies marketing
mises en oeuvre par les industries brassicoles, afin d'assurer leur
visibilité et leur compétitivité.
La dance le sport ainsi que la music partent également
sur des bases de comparaison inégales. Depuis 1990, le sport, a
contribué à plus de visibilité du Cameroun sur
l'échiquier international. Dès lors l'implication des pouvoirs
publiques dans son développement en tan que loisir d'une part et source
de revenu de l'autre s'explique. Toute fois, à la déduction
annoncée en prélude, les arguments sus évoqués
permettent de comprendre la place de l'art dramatique dans le domaine des
loisirs camerounais. En effet, face à ses principaux rivaux,
bénéficiant du public et celui des pouvoirs publics, le
théâtre perd durant la décennie 90, le rang du leader dans
le secteur des loisirs au Cameroun.
4. Une critique multiforme
Après la crise économique, les bouleversements
politiques et le challenge des autres secteurs de loisir, l'examen de la chute
du réalisme farcesque s'intéresse à la vague de critique
s'étant abattue sur lui depuis le seuil de 1990.
4.1. Critique médiatique
Le théâtre camerounais de la décennie 90 a
simultanément connu, du point de vue médiatique,
l'adhérence et la contre-adhérence. Pour ce qui est de
l'adhérence elle fut de courte durée. Vu qu'elle se retrouva
aussitôt étranglée et réduite à une
catégorie de créateurs en quête de
« facilité financière » selon l'expression de
Roger Owona. Par ailleurs la contre-adhérence est cet aspect de la
critique médiatique ayant contribué à la décadence
de l'esthétique dominante du théâtre camerounais. A titre
illustratif, le quotidien national d'informations, Cameroon Tribune,
intègre les mécanismes linguistiques de ce théâtre
dans un premier temps notamment par l'introduction d'une rubrique
consacrée à cet effet, intitulée « L'Humeur de
l'homme de la rue61(*) ». Dans un second temps, le même
journal par le biais de ses journalistes va décimer cette technique dont
usent les pratiquants. De ces critiques journalistiques, Roger Owona est le
plus en vue. Ce dernier reproche à ce théâtre, sa
« facilité », l'absence de normalisation, et son
caractère risible. Tout compte fait, Owona Roger donne
déjà trois ans avant 1990, le ton de la pensée
médiatique à l'égard de cette conception farcesque du
théâtre camerounais. Il déclare que : « ...
La facilité s'est installée. N'importe qui se lève un
beau matin, crée on ne sait quoi et monte sur les planches ! Le
drame c'est que ces rigolos se font chaudement applaudir. Et c'est bien
dommage. Car le théâtre, ce n'est pas cela. Il est un art
« qui a des règles »62(*). Il continu, remettant tour
à tour en question « l'imagination
créatrice » et la popularité du réalisme
farcesque pour la postérité. L'interrogation qui le place en
tête des guerriers médiatiques en lutte contre ce
théâtre, reste sans doute celle de son article où il
demande : « Quel théâtre voulons-nous pour nos
enfants ?... ». Interrogation à laquelle il répond
lui-même : « ... Certainement pas ces farces, ces
plaisanteries souvent de fort mauvais goût, mais plutôt un
théâtre qui contribue à « élever le
niveau »63(*)... ». Telle est la
responsabilité de la critique médiatique vis-à-vis de
l'abandon du réalisme farcesque.
4.2. Critique littéraire
D'emblé, le parfait littéraire moulé
à l'école occidentale, éprouve pas mal de
difficultés à se libérer de cette chaîne
linguistique qui le lie à son ancien maitre. C'est dans ce contexte que
s'aligne la suivante critique. En faveur des cannons esthétiques
occidentaux, et au grand rejet de la pratique dramatique nationale Charles
Binam Bikoï (1985 : 105-135)64(*) écrit : « Par essence, la
littérature se veut reconstruction dialectique, esthétique de la
réalité... » Or, ajoute t-il :
... il nous est offert d'assister depuis quelques
années avec la naissance d'une expression détournée du
présent et sans enracinement dans un passé autre qu'ethnique,
avec la naissance aussi d'un théâtre facile, plus près du
vaudeville que de la littérature, puisque ce théâtre des
Otsama et autres Massa Kankan ne peut même pas définir un champ
linguistique qui soit intelligible au dictionnaire des nations ou tout au moins
compréhensible au bon sens.
Il est rejoint dans ses propos quelques trois ans plus tard
par un autre fidèle des lettres, Albert Azeyeh soucieux bien entendu
« d'élever son goût » du théâtre
au-delà de ce qu'il qualifie de, mercantilisme qui consiste à
entretenir de bas instincts sans aboutir à la catharsis
aristotélicienne. De ce fait, sa condamnation du théâtre
farcesque est sans appel il écrit notamment à ce sujet :
... Aujourd'hui, l'oncle Otsama et Massa
Batré interposés, on tourne en ridicule l'inadaptation sociale,
morale et culturelle du paysan et du sauveteur, lesquels ne se reconnaissent
pas dans cette caricature outrageuse d'eux-mêmes, prennent leurs
distances par le gros rire de distanciation. Aussi bien, les problèmes
de dot, du tribalisme, de la corruption, loin de trouver leur solution, restent
en l'état malgré le ronron des saynètes et autres sketches
à succès.65(*)
Dans le même sillage, se greffe Polycarpe Oyié
Ndzié, parlant justement du : « rire fou,
c'est-à-dire le rire vide de sens » dans lequel ces
créations plongent le spectateur. Jacques Raymond Fofié
(2007 : 66) apporte plus de clarté dans l'analyse de ces propos. Il
parle d'un : « ratage parce que non basé sur un
texte ». Voilà en panoramique, ce qui est de la critique
littéraire dans sa responsabilité proche ou lointaine de la chute
du théâtre farcesque Camerounais. Cependant il reste une
dernière catégorie de critique non négligeable.
4.3. Critique dramatique.
En plus de ce qui a déjà été
évoqué ci-dessus, les dramaturges à leur tour
présentent des doléances fondamentalement similaires à
celles des littéraires ou des médiats. Notamment, lors que David
Ndachi Tagne s'insurge contre le néologisme qu'engendre ce
théâtre farcesque en disant : «... la bouffonnerie
et le langage désarticulé [...] influencent les jeunes artistes
et même le langage du public66(*) ». Mais, d'autre iront plus loin dans
l'intransigeance vis-à-vis de cette pratique dramatique. En occurrence
Joseph Kengni, sous sa posture de dramaturge exprime clairement sa position
dans une interview citée par Jacques Raymond Fofié (2007 :
61)
J'ai horreur d'entendre traiter de langage dramatique
camerounais le langage non dramatique camerounais. Il faudrait qu'un jour les
critiques de théâtre camerounais comprennent que ces langages ne
peuvent pas être appelés « langage dramatique
camerounais » pour la simple raison que cela n'existe nulle part dans
ces oeuvres dramatiques. C'est un langage de circonstance des hommes
assoiffés d'argent ; lesquels mettent le métier des
enseignants en difficulté.
A ce niveau, le langage dont le dramaturge fait
référence est le mécanisme linguistique du réalisme
farcesque. Car ledit mécanisme échappe en grande partie à
la conformité langagière du français ou de l'anglais.
Bole Butake ne manque pas à son de pointer les mêmes
« tares » dans cette « dramaturgie ».
Notamment il s'attaque aussi comme le reste, à l'aspect comique de ces
oeuvres. En effet, dans un article il écrit: «...the so-called
comic plays produced in this country usually a lot to be desired. In an attempt
to cover up their ignorance the playwright-dramatists exploit the comic
techniques of incongruity of language and bizarre costumes67(*).»
Parmi les dramaturges ayant sérieusement
sanctionnés le rire fortement inclus dans la farce se trouve, Hubert
Mono Ndjana. Son désenchantement à l'égard de ce
théâtre est directement relatif aux exactions de la langue
lorsqu'il écrit :
Le français [...] se trouve pratiquement
massacré. En même temps que les Otsama, les Kankan et les
Batré amusent nos enfants en longueur de journée, ils les font
également intérioriser un style d'expression qui est une injure
au bon usage de la langue. [...] Nos comédiens ont pensés,
presque tous, qu'on ne pouvait amuser qu'en déformant la
langue.68(*)
Pour chuter à ce niveau, au regard de ce qui
précède, il convient de remarquer que, le théâtre
farcesque encore entendu dans cette circonstance comme réalisme
farcesque, a subit une pression énorme du point de vue critique. Dans ce
cas, sa mention en qualité de prémisse de la rupture se voit tout
à fait justifiée. Le fait est que, les situations sus
mentionnées ont progressivement depuis 1990 conduit, à la chute
du théâtre farcesque camerounais à plusieurs niveaux.
D'abord la chute de la création linguistique, au profit de la
fidélisation du langage, non pour des fins esthétiques, mais
académique. La chute du fond et de la forme, autrement dit, le style et
le genre. Tout cela a vraisemblablement déblayé du terrain,
favorisant en même temps, des idéologies multiformes du
théâtre au Cameroun. Dans cette multitude de conception
théâtrale et/ou esthétique, le point suivant tente sur la
base du témoignage de quelques ténors du théâtre
camerounais huit oeuvres, l'essai de classification typologique des
esthétiques théâtrales entre 1990 et 2010 dans un premier
temps. Dans un second, caractériser la nouvelle esthétique
dominante.
B. Typologie des
esthétiques à grande visibilité entre 1990 et
2010
I. La décennie
1990-2000 : de la distanciation textuelle et du naturalisme
scénique
1. De la distanciation textuelle
Comme la majeure partie des pensées artistiques
d'exportation, la distanciation bien que déjà présente
dans la pratique théâtrale occidentale ne peut justifier sa
visibilité au Cameroun qu'après 1990. Notamment à travers
la publication de textes annonçant visiblement le décès du
« théâtre dramatique » ou
aristotélicien. Cependant que signifie distanciation ? Un principe
esthétique qui selon Bertolt Brecht, vise « l'espace
médiateur entre le spectateur et le monde, la pédagogie sociale
où l'individu s'interroge en permanence sur les réalités
humaines69(*) ». Cependant cette
définition met à couvert bon nombre d'éléments
d'identification de l'esthétique de distanciation. Vaut donc mieux
adopter une définition qui prend en compte les principes moteurs. De ce
fait, cette étude conçoit la distanciation70(*) comme une manifestation
esthétique dont la base est la narration, le spectateur un observateur,
où les sentiments sont poussés jusqu'à devenir des
connaissances, où l'Homme est l'objet de l'enquête, où
chaque scène est indépendante en fin où l'Être
humain détermine la pensée et la raison. Toutefois, en quoi les
éléments esthétiques contenus dans la pratique
théâtrale de 1990 à 1995 forment-ils la
distanciation ? Peut être faudrait il commencer par examiner l'un
des textes les plus énigmatiques de cette période ; Un
Touareg s'est marié à une Pygmée :
épopée pour une Afrique présente71(*) . Cependant, il
semble nécessaire pour cet examen de passer par les
éléments textuels mentionnés en prélude à
cette étude à savoir, le paratexte autorial et
éditorial, la première et la quatrième de couverture pour
le premier groupe de composante matériel. Et le texte dans sa version
physique (papier) pour le second groupe.
1.1. Dans les paratextes
1.1.1. Paratexte autorial
Un Touareg s'est marié à une
Pygmée : épopée pour une Afrique
présente, au moyen de son premier groupe d'élément
matériel, livre au lecteur un certain nombre de signe et d'informations
tout en s'abstenant pour d'autres.
Le paratexte autorial, destiné à livrer des
informations sur l'auteur, et pouvant par ailleurs conduire à une
réflexion psychosociale ou psychanalytique sur ladite oeuvre, se trouve
inexistant dans notre cas d'espèce. Du point de vue
sémiologique, il se dégage de cette absence omise ou volontaire
deux hypothèses probables : soit l'auteur se situe dans une
perspective « avant-gardiste » et défit de ce fait
les lois préétablies, soit il est soumis aux contraintes de
l'éditeur. La première hypothèse semble cependant se
vérifier si l'on s'en tient à un certain nombre d'oeuvres du
même éditeur. C'est le cas de : Un homme ordinaire pour
quatre femmes particulières de Slimane Benaïssa ou, La
folle du Gouverneur de Laurent Owondo et
Récupération de Kossi Efoui...Ici les informations
relatives à l'auteur sont clairement mentionnées dans le para
texte autorial.
1.1.2. Para texte éditorial
Contrairement à ce qui précède, le
paratexte éditorial est plutôt pluriel, en ceci qu'il comporte la
maison d'édition, le titre de l'oeuvre, la date de parution, et pour le
cas échéant, le nom des producteurs associés. En ce qui
concerne la maison d'édition, une fouille minutieuse de son
site72(*) internet permet
de cerner simultanément, le genre littéraire le mieux
développé et, les préférences dramaturgiques
associées. En termes de chiffre, sur 100 éditions depuis 1988,
Lansman édité 87 oeuvres dramatiques, 9 Etudes sur le
théâtre et quatre essais toujours sur le théâtre. En
bref, c'est un éditeur dévoué à l'art dramatique.
Cependant un autre constat est fait relativement à la
préférence dramaturgique. Tous ces indices loin d'un degré
de signification zéro, dégage plutôt un discours qui pour
être mieux appréhender, nécessite d'être
combiné à d'autres éléments du texte.
Pour ce, quittons le volet paratexte, et revenons sur la
première de couverture. Ici seul le titre et les graphiques en filigrane
y sont examinés.
B- Titre
Un Touareg s'est marié à une
Pygmée : épopée pour une Afrique
présente, le titre à lui seul est révélateur
d'indice situationnels. Certes que les pygmées sont présents dans
d'autres pays d'Afrique, mais nous semble t-il pour cette circonstance qu'il
s'agit du pygmée camerounais au regard de la nationalité de
Werewere Linking. Ce groupe humain vivant dans les forêts
équatoriales d'Afrique se définit généralement
comme : des hommes de petite taille vivant de la chasse et de la
cueillette. Ce qu'il faut noter dans cette définition est sans doute le
caractère sous développé et même primitif de ces
derniers. Les touaregs en revanche, représentent une tribu venue
d'Afrique du nord et dont le degré de développement aujourd'hui
n'est plus à démontrer. En interprétant
sémiologiquement, ces indices révèlent visiblement une
relation déséquilibrée. De ce fait, les
précédents éléments paratextuels engendrent en
filigrane un style singulier, donc une esthétique. Où l'auteur
semble avoir le souci de ne point servir au lecteur un plat qui n'attend que la
consommation, où le lecteur n'a pas à fournir d'efforts. Ainsi,
consciemment ou non l'oeuvre obéit à l'éveille de
l'activité intellectuelle du lecteur, et l'oblige de ce fait à
des décisions. Or pareille démarche sied naturellement à
la distanciation.
1.1.2.1. Iconographie
Toujours en raison de faire du lecteur, non seulement un
observateur, mais mieux encore, éveiller son activité
intellectuelle afin de le pousser à la décision, les images et
graphiques à la première de couverture, considérés
comme des signes ne se livrent pas facilement à la compréhension.
Ces signes, semble-t-il, nécessitent pour s'entendre, des connaissances
socioculturelles particulières. Une' fois de plus, un principe
fondamental de la distanciation, celui de pousser le spectateur à la
connaissance. Si pour le moment ces éléments paraissent
insuffisants à légitimer la distanciation, peut être
vaudrait il mieux chercher cette crédibilité dans l'examen du
texte proprement dit.
1.2. Dans le texte
Un nombre important de chercheurs parmi lesquels Patrice Pavis
soulève depuis longtemps la problématique relative à une
analyse phénoménologique et universelle du texte dramatique. Du
point de vue pragmatique pense-t-il : il serait surdoué de
définir les spécificités dramaturgiques de manière
transhistorique et universelle. A cet effet, il continue en pensant que :
La seule chose que l'on puisse affirmer, c'est que
chaque moment historique, et chaque pratique dramaturgique qui lui correspond
possède ses propres critères de
dramaticité (façon de tendre un conflit) et de
théâtralité (manière d'utiliser la
scène). Au lieu de tenter une définition
phénoménologique, universelle et abstraite, de l'écriture
dramaturgique, mieux vaut en conséquence traiter historiquement chaque
cas particulier, c'est-à-dire examiner comment le texte a
été conçu en fonction de certaines pratiques de la langue
et procédés dramaturgiques mis en valeur73(*).
Il propose par ailleurs, des éléments d'analyse
d'un texte, notamment l'action, les actants, l'espace, le temps, l'articulation
et la fable. For conscient des difficultés d'universalité
évoquées plus haut, nous analyserons dans : Un Touareg
s'est marié à une Pygmée : épopée pour
une Afrique présente quatre éléments uniquement
notamment : La fable, les forces en présence, l'intrigue et le type
de dialogue.
1.2.1. La dramaturgie
1.2.1.1. La fable et les forces en
présence
- La fable
Il est moins évident de déterminer une fable de
manière formelle dans ce support. Ce manque d'évidence est la
conséquence directe d'un nombre d'éléments en abondance ou
rare. En occurrence, l'espace, sa pluralité constitue une
véritable entrave au résumé de l'oeuvre. En effet,
l'espace représente tour à tour la lune, la terre, la
forêt, le désert, la mer, et même le vide. Dans ce
même sillage, le temps, en aucun moment dans la pièce n'est
mentionnée une quelconque indication relative au temps. Du coup, il
semble abstrait, si non impossible de produire une fable dont on ignore tout
repère temporel. Néanmoins, en guise de fable, une voix off
introduit l'histoire de Firoun Ag Al Insaar : (1992 : 8)74(*)
Il a osé travailler ce huitième jour de
huitième lune. Alors, le créateur la figé dans la pleine
lune [...] Toutefois, le monde sais combien la lune est bête [...] Elle
passe sa vie à monter et à descendre. Alors dès qu'elle
descend, Firoun s'échappe pour une aventure fantastique. Cette fois, il
parcourt l'Afrique en tant que pharaon de tous les Touareg sa mission est de
planter un grain d'espoir et de courage dans l'âme meurtrie de ses
fils...C'est durant ce voyage qu'il rencontre mystérieusement Ngolobanza
qui plus tard devient son épouse.
Les procédés narratologiques utilisés ici
sont tout à fait propres au phénomène de distanciation tel
qu'énoncé par Brecht.
- Les forces en présence
Du point de vue dramaturgique il semble quasi impossible de
relever des forces qui s'affrontent dans un contexte narratologique. Car les
faits sont rapportés. L'assemblée mystique se présent
comme l'unique force antagoniste, constituée d'esprits malicieux errant
dans la forêt, dans le désert et sur la lune. Le reste des
personnages en réalité des forces eux aussi, sont
unidirectionnelle. Car, la plus part est constituée du, Conteur,
Patriarche, Choeur, Un femme etc., racontent et font des éloges de
Firoun Ag Al Insaar. Toutefois, nous pouvons remarquer que les forces en
présence sont passives et unidirectionnelle par conséquent ne
produisent pas de conflit.
1.2.1.2. L'intrigue, et le type de discours
- L'intrigue
L'intrigue ici prend la forme d'un flux d'idées
indépendantes les unes des autres. Aussi, les compartiments fondamentaux
de l'intrigue ne sont pas visiblement perceptibles. En guise d'exposition,
l'oeuvre présente une femme surnaturelle (Hina Ini) dont l'âge
reste inconnu et dont :
...les membres s'allongent et rétrécissent,
sans qu'elle ne puisse rien y changer. Certaines parties de son corps sont
atrophiées pendant que d'autres présentent une hypertrophie
impressionnante. Une main énorme mais trop courte n'arrive pas à
atteindre pour redresser, une trop longue jambe tordue. Hina Ini pousse des
vocalises déchirantes...
Dans une seconde partie, la même exposition
présente un jeune homme qui, prisonnier dans la lune, s'échappe
souvent pour des aventures fantastiques. Cependant, il est le fils de Hina Ini.
Cette exposition exhibe l'indépendance des histoires
présentées. La perception des péripéties et du
dénouement prennent le même chemin. Les péripéties
ne représentent pas les différents noeuds dramatiques, mais des
idées dégagées par les intitulés d'unités
scéniques. L'on peut lire de la page 5 à 39 les intitulés
suivants : Prélude : l'assemblée mystique ; La
prison des neuf frontières ; Yomoussoukro ; Le rêve
panafricain ; D'Agbomein à Ouidah ; La guerre ; La
forêt.
- Le type de discours
En majorité, les unités scéniques ne sont
pas animées de dialogue, les paroles prononcées par les
personnages sont des sortes de discours à visée
idéologique, où les divers manquements de l'espèce humaine
y figurent. Le discours du Premier conteur associé à celui de
Ngolobanza atteste cet état des choses :
Mais les frontières d'Etats ne s'ouvrent pas comme
les coeurs des peuples. Les frontières d'Etat sont là pour fendre
les peuples en plein coeur, et barrer la route à l'enthousiasme et
l'union... Comme si cela ne suffisait pas, les fils d'Adam ont
créé d'autres morts plus mortelles que la mort de Dieu,
épée, Kalachnikov, bombe à neutrons, évolution
spectaculaire bravo75(*).
Des dialogues à proprement parler ne surviennent
qu'à la huitième76(*) unité scénique entre : Ngolobanza,
Tolé, et Firoun. En termes de discours, ils sont moins narratifs et plus
épiques quelque peu de dialogues et aussi des monologues.
Avant de se déporter dans l'examen de la pratique
scénique en cette décennie, il est à mentionner que, la
période a encore du mal à s'affranchir du classicisme
aristotélicien. Si l'on tient rigueur aux dialogues, à la
division structurelle, y compris la fable et l'intrigue de la plus part des
oeuvres77(*) de cette
période, il en résulte que : sur le plan quantitatif,
l'ancienne dramaturgie est de loin supérieur à la distanciation.
Par contre, du point de vue de la visibilité, la distanciation domine
largement la période, à s'en tenir d'une part au nombre de
représentation et d'autre part aux instances culturelles internationales
associées. Si en termes de visibilité, cette esthétique
semble gouverner la production textuelle, qu'en est-il de la pratique
scénique ?
2. Le naturalisme scénique
La question à laquelle il convient de répondre
avant toute démarche de démonstration, est sans doute, qu'est ce
que le naturalisme ? Emile Zola78(*), l'une des figures de prou de cette
esthétique, la définit comme un reflet du monde réel,
où le souci principal dans la représentation est la
précision.
Ainsi donc, au regard des programmes du centre culturel
français, se présentant comme l'un des lieux79(*) théâtraux les
plus actifs de la ville en 1990, il en résulte que, Trois
prétendants...un mari de Guillaume Oyono Mbia est l'oeuvre qui a
connu le plus de visibilité au Cameroun au début de la
décennie 90. Car à la seule période 90-95, l'oeuvre,
malgré le contexte de décadence de l'entreprise
théâtrale nationale connait plus de huit représentations
dont « la plus célèbre demeure celle de 1993 au
CCF »80(*)
(Centre culturel français) selon Jacobin Yaro. Une interrogation
survient cependant, en quoi cette oeuvre est elle naturaliste ? Il est
donc préférable pour la démonstration du naturalisme dans
cette oeuvre, d'évaluer les constituants esthétiques que comporte
la scène.
2.1. Comédien et ses signes immédiats
S'il est vrai que le souci majeur du naturalisme est la
précision, il convient alors de rappeler que le camerounais à la
sortie des années 1980 et début 90 a du mal à s'accommoder
à l'évolution relative à la mondialisation. Du coup, le
processus d'éducation semble se situer loin du premier rang de ses
préoccupations. Ici la jeune fille connait une sous
scolarisation81(*). Et
constitue par ailleurs une source de revenu importante pour la cellule
familiale. L'esthétique naturalise est donc susceptible au moyen du
personnage et de ses signes immédiats de reproduire cette situation, au
plus près de sa réalité.
2.1.1. Comédien
La description sémiologique du comédien est donc
inévitablement liée, aux principales composantes du jeu
d'acteur. Selon Patrice Pavis (2005 : 60-61), la gestualité,
la voix, le rythme, la diction et les déplacements en tant que particule
du jeu d'acteur, permettent de toucher du doigt la réalité
socioculturelle sur le fondement du mécanisme de la vraisemblance pour
parler comme Anne Ubersfeld. Pour revenir à Trois
prétendants...un mari, la majeure partie des personnages fonctionne
sur la base du principe de vraisemblance, donnée incontournable de
l'esthétique naturaliste.
2.1.2. Ses signes immédiats
Le spectacle révèle des costumes peu
raffinés, des sortes de haillons à la villageoise, traduisant
parfaitement l'univers rural dans lequel se déroule l'action. L'aspect
naturaliste vient du fait que, le costume réussit à
caractériser: « le milieu social, l'époque, le
style, préférences individuelles82(*) » d'une
région du Cameroun bien connue : Mvoutessi. Et partant, le
phénomène d'identification propre au naturalisme, s'avère
plus accentué.
L'usage du maquillage et de la coiffure dépendamment du
costume dans cette oeuvre, entre également dans une logique de
réalité sociale et idéologique, où l'agent
féminin est contraint de se coiffer en présence du sexe
opposé pour des besoins de respect de la hiérarchie sociale. Le
premier s'entend comme : « un filtre, une pellicule, une
fine membrane collée sur le visage83(*) ». En dehors sa fonction primaire qui selon
Pavis est : de gonfler les traits expressifs du fait de la distance, afin
de refléter le naturel, ce « mince film » permet, de
procéder facilement à une distinction des classes sociales, elle
résultante d'une ferme volonté de précision.
2.2. Type de décor, éclairage, musique
et autre effets sonores
2.2.1. Type de décor
Commençons par définir le concept,
présenter son applicabilité dans une R.T (représentation
théâtrale), et en fin dégager le type de décore
dans : « Trois prétendant un... mari » de
Jacobin Yaro. En effet, le décor renvoie à l'habillage de la
scène, tout comme le costume pour le comédien. La
définition du grand Dictionnaire encyclopédique Larousse
semble la mieux indiquée : C'est l'ensemble des accessoires
utilisés sur une scène pour figurer un lieu de l'action.
Toutefois sa conception est, soit physique, virtuelle ou abstraite. De ce fait,
nous distinguons pour la circonstance, deux types de décor : le
décore ménager, c'est-à-dire celui existant
déjà dans la vie réel et qui correspond à la
conception naturelle. Le décore emménager quant à lui, est
le type à construire, et qui correspond à la conception
abstraite. Ainsi donc, la disposition des éléments
matériels qui constituent le décor dans cette oeuvre s'apparente
mieux à la conception naturelle.
2.2.2. Eclairage
Contrairement à ce qui précède,
l'éclairage dans cette création semble moins
significatif. Et livre de ce fait très peu d'indice
pour son interprétation. Toutefois, et de manière
hypothétique Jacobin Yaro par cette pauvreté en lumière,
pourrait aussi signifier l'enclavement de l'espace où prend place
l'action. Dans cette mesure, l'environnement naturel se justifie, et par
là l'esthétique naturaliste.
2.2.3. La musique et autre effets sonores
Partant du principe d'indentification donc, la mimésis
selon Aristote, l'esthétique naturalisme use sur le plan musical et
sonore de compositions capables de reproduire le réel du point de vue
conceptuel. « Trois prétendants...un mari »
n'échappe pas à cette vérité. En effet, tout au
long de la représentation, la musicalité n'est présente
que par l'intermédiaire d'instruments traditionnels, des refrains
harmonisés menés par des personnages féminins. Cette
situation s'emboîte parfaitement dans le processus d'identification
présent dans le naturalisme. Et comme autre effet sonore, les cris des
tourterelles et rossignoles. La combinaison de ces deux effets restitue
l'atmosphère sonore d'un espace rural à la tombée de la
nuit. Et là une fois encore, le mécanisme de la mimésis
justifie le naturalisme.
Il semble important de mentionner à nouveau que, la
présente articulation ne visait aucunement le recensement exhaustif des
esthétiques en présence dans la pratique théâtrale
camerounaise de la décennie 90. En revanche, disons qu'il était
question de ressortir durant la décennie 90 et sur la base de deux
oeuvres à fort taux de visibilité, les esthétiques en
présence. Il en résulte que le texte est dominé de la
distanciation et la scène du naturalisme. Le point suivant permettra de
voir au moyen de deux autres oeuvres, si les mêmes esthétiques ont
été reconduites ou non durant la décennie 2000 - 2010.
II. La décennie
2000-2010 : du déconstructivisme dramaturgique et du
syncrétisme scénique
1. Déconstructivisme dramaturgique
Dans le processus d'évolution du théâtre,
la disparition de l'aristotélisme a progressivement fait place à
de nouvelles tendances généralement taxées de
« post-dramatiques84(*) » partout dans le monde, le cas du
déconstructivisme au Cameroun au seuil de la décennie 2000-2010.
Mais qu'entend-on par déconstructivisme ? Peut être
vaudrait mieux commencer par définir le concept de
dérivation : le constructivisme. Il se conçoit comme :
« Un courant européen des années vingt
particulièrement représenté en Union soviétique
où il gagne le théâtre [...] Se définissant comme
fonctionnaliste et anti-artistique, il s'intéresse à
l'architecture, au design et au décor...85(*) ». Le
déconstructivisme se situe alors aux antipodes de cette
définition. Il vise plutôt la désorganisation des
éléments esthétiques d'une pièce de
théâtre. Toutefois, en quoi ces éléments
justifient-ils l'esthétique de la déconstruction dans la
dramaturgie camerounaise de la décennie 2000-2010 ? Pour plus de
clarté, examinons l'un des textes les plus en vue de cette
période, Noir et Blanc, passant naturellement par les
différents éléments esthétiques
considérés dans cette étude.
1.1. Dans les para-textes
1.1.1. Paratexte autorial
Noir et Blanc, quoique corollaire
d'une résidence de création, livre assez d'informations, ou tout
simplement de signes ; vue le domaine théorique dans lequel prend
forme cette étude. A cet effet, la quatrième de couverture
dévoile une brève biographie, au même titre que l'image de
l'auteur. Mais parallèlement, se greffe une
complémentarité inachevée, relative à la
bibliographie. En fait cette dernière permettrait de mieux enraciner le
lecteur dans la pensée de l'auteur. Or le mécanisme
déconstructiviste tend plutôt à égarer le lecteur
sur ce plan, en lui présentant des informations de diversion.
1.1.2. Paratexte éditorial
Dans le cas présent, il comporte tous les constituants
de la première de couverture ainsi que les pages de garde. Cependant
commençons par présenter la maison d'édition. C'est une
résultante de trois autres maisons d'édition que sont,
Proximité, Interligne et la Ronde des poètes. Le but est la
production du livre dans la sous région d'Afrique centrale. Leurs
préférences se concentrent autour des nouvelles et du roman,
l'Essai et la biographie, en fin la poésie et le théâtre.
Ce souci de globalisation a pour conséquence directe, une vision
nouvelle de la dramaturgie. De ce qui précède il en
découle que, Ifrikiya présente une préférence pour
une dramaturgie englobant ces divers secteurs d'intervention. Le
phénomène de déconstruction vu comme esthétique
n'est pourtant perceptible que dans l'association des divers signes
constitutifs de cette catégorie de paratexte.
C- Titre
Noir et Blanc sur un aspect purement morphosyntaxique
se présente sous une forme de phrase non verbale qui laisse planer
d'énormes sous entendus. Notamment en ce qui concerne la question de
race ainsi que ses corollaires directs. En fin la question du bien et du mal,
si l'on s'en tient au signifié du noir et du blanc. En effet, la
controverse, la spéculation et l'interprétation faisant partie
intégrante du phénomène de la déconstruction,
juste de par son titre, l'oeuvre comporte des indices capables de justifier
l'esthétique déconstructive au Cameroun dans sa décennie
de publication. Et revanche, comment l'iconographie justifie de cette
esthétique ?
1.1.2.1. Iconographie
L'Encyclopédie Larousse (2009 : 546) la
définit comme : l'étude des sujets et images
représentés dans une oeuvre d'art. Pour cette étude,
intéressons nous uniquement à l'image. Elle représente une
calebasse à deux extrémités disproportionnelles,
marquées non du nom de Botomogne mais de celui du dirigeant de la
résidence de création, Martin Ambara. Outre ce qui
précède, cette image ouvre une fausse piste relativement au titre
Noir et Blanc. Cette diversion est manifestement le refus de
linéarité dont le déconstructivisme en est le
justificatif. Dans cette mesure, l'image de la première
découverture semble épouser non sa signification légitime
encore moins réelle, mais mieux une interprétation discursive
relative à son interprète. L'iconographie concoure ainsi dans
une certaine mesure à la visibilité d'une esthétique qui
s'interdit la continuité ou l'explication logique des choses. Dès
lors, il est de moine en moins évident d'affirmer cette
esthétique à l'unique spéculation sur les informations
paratextuelles.
1.2. Dans le texte
Le texte renferme un nombre important d'éléments
à caractère esthétique, ils relèvent de
l'immatériel pour la plus part. Pour la circonstance, un nombre de pan
de la dramaturgie seront pris en compte, notamment la fable, l'intrigue, les
types de dialogue et la division structurelle de l'oeuvre. Cependant scruter la
fable c'est parallèlement accepter jeter un regard croisé sur les
forces en présence dans l'action
1.2.1. La dramaturgie
1.2.1.1. La fable et les forces en
présence
- La fable
Dans une approche beaucoup plus technique, la fable
est : « le contenu narratif, le signifié du
récit, l'action réduite à sa plus simple expression et
résumable en une seule phrase86(*) ». Si cette définition
semble confuse, il est donc avantageux de considérer la fable comme
résumé événementiel, relatant l'action de
manière chronologique, et mettant en exergue les forces vives qui
entrent en conflit pour un objet. Dans une tentative de construction de cette
dernière, le premier constat est qu'il n'en existe pas une seule fable
dans Noir et Blanc, mais deux principales. En effet il s'agit dans
cette oeuvre d'un recueil de doléances et de témoignages
présenté sous deux points de vue distincts, celui d'Helena et du
Fou. Ces deux personnages défendent la même cause sous de visions
vraisemblablement divergentes : l'un dans le jardin et l'autre dans la
poubelle. Cela relève déjà de la discontinuité
spatiale87(*) l'une des
clés esthétiques du déconstructivisme. Si à la
base la fable atteste la règle des trois unités, la technique de
déconstruction de l'espace ainsi que de l'action dans Noir et
Blanc de Botomogne ne semblent pas se soucier de répondre à
la question de : « Qu'est ce que ça
raconte » ? La conséquence immédiate est sans
doute, l'égarement du lecteur. Cependant que dire des forces en
présence en l'absence de l'action ?
- Les forces en présence
L'absence de l'action entraine logiquement celle des forces
qui l'engendrent. Ceci dit, la déconstruction dramatique consiste aussi
à évanouir ces forces pour des raisons visant la
désorientation du lecteur. Car plus elles sont facilement
repérables, plus le lecteur construit aisément l'histoire dans sa
tête. Il est donc à dire que le type de force inhérente
à l'action est plutôt rare dans Noir et Blanc. Par
contre, un autre type est plus usuel, la force abstraite. En l'absence du
premier type, le second oeuvre à dissimuler les informations au lecteur
en lui donnant un tas de fragments dont le sens général n'est
jamais unanime.
1.2.1.2. L'intrigue, et le type de discours
- L'intrigue
L'intrigue est l'enchaînement des
événements de la pièce selon Pavis (2002 : 16). Ce
qui veut dire qu'un événement est soit la suite logique de
l'autre ou sa conséquence. Ceci dans la mesure du respect de la
linéarité. Ou tout au moins dans la mesure du respect des quatre
étapes de l'action, l'exposition, le noeud, la péripétie
et le dénouement. Or Noir et Blanc ne se pli à aucun
moment à ces exigences. Il se présente plutôt sous forme
d'une désorganisation thématique où les Ecrans n'ont rien
avoir les une des autres ainsi que les discours. A titre illustratif, deux
personnages développant chacun une thématique singulière
dans le même tableau ; Hottenty, une mésaventure
amoureuse : « C'est parce que mon premier mec m'aurait
confondu à une pétasse qu'il s'est placé haut et a
chié son caca sur moi »88(*). Et Helena, le sens de la
responsabilité et l'espoir : « ...Que chacun s'occupe
de son travail dans le jardin. Entretenez la graine [...] Arrosez-la.
Engraissez la plante qui donnera les fruits et rendra notre jardin utile
à nous-mêmes et par delà utile pour l'humanité
entière89(*) ». Ces bouleversements intègrent les
principes de la déconstruction dramaturgique.
- Le type de discours
Le déconstructivisme use généralement
d'un type de discours appelé « faux dialogue » ou
« monologues alternés » que l'on retrouve
également dans l'esthétique du théâtre contemporain.
Par monologue Jean-Pierre Ryngaert entend, un texte pour un personnage. Leur
entrecroisement donne naissance aux monologues alternés. En effet, les
monologues proposent des points de vue multiples sur une même
réalité, reçues ou vécue différemment. C'est
exactement le cas dans Noir et Blanc. Soit la didascalie (Elle
balaie et va verser les ordures à la poubelle sur le fou qui sur
sursaute) de l'écran90(*) I et II, intègre dans la scène qu'elle
décrit les faux dialogues suivants :
Le fou : « Madame, ce lieu
m'appartient. Le titre foncier portera le nom de Fetsiné. Tu
entends ? Le dossier a été déposé depuis
longtemps. Tu entends ? »
Helena : « Le
grondement du tonnerre était assourdissant. J'ai vu des arbres voler et
s'entrechoquer en haut comme des papiers, pendant que la marrée montait
nettoyait les fleuves du jardin... »
On peut donc remarquer que ces répliques sont
conçues non sur la base d'une réponse logique à un
interlocuteur, mais d'avantage sur la base d'une choralité
thématique où chaque personnage feint de répondre à
l'autre. En bref, tous ces procédés contribuent à
l'éparpillement, formellement rattaché au
déconstructivisme. Si cette pensée esthétique semble,
à travers l'examen des points précédents régner
dans la dramaturgie camerounaise entre 2000 et 2010, qu'en est il du
coté de la scène ?
2. Le syncrétisme scénique
L'entame du traitement de cette articulation exige au
préalable, une définition du vocable, syncrétisme. Le
dictionnaire encyclopédique Larousse 20011 le conçoit
comme : un système philosophique ou religieux qui tend à
fondre plusieurs doctrines différentes. Cette approche peut
également s'appliquer sur la chose théâtrale. Dans cette
mesure, le syncrétisme scénique peut s'appréhender comme
un système artistique qui tend à fondre plusieurs
esthétiques de la mise en scène. Cependant, en considérant
le spectacle : Les Osiriades de Martin Ambara comme support,
quelles sont les esthétiques intervenantes, et par quels moyens les
perçoit-on ? La réponse à la première
interrogation n'est cependant possible que par les résultats de l'examen
des moyens de perception. Naturellement, ils ne sont nul autre que : le
comédien et ses signes directs, le décor, l'éclairage, la
musique et les autres effets sonores.
2.1. Le comédien et ses signes immédiats
Il est à rappeler que durant la décennie
2000-2010, le Cameroun connait une profonde mutation de sa pratique dramatique,
résultante d'une multitude de manifestations esthétiques
complexes.
2.1.1. Le comédien
Si les techniques qui visent à mouler le
comédien ont changé depuis la conception mimétique
d'Aristote, passant par La formation de l'acteur de Constantin
Stanislavski, les outils d'analyse du comédien eux, demeurent les
mêmes. Ainsi l'esthétique du jeu d'acteur contenue dans une mise
en scène s'appréhende sur la base de : la gestualité,
la voix, le rythme, la diction et les déplacements Patrice Pavis
(2005 : 60-61). Les Osiriades, sur le point de vue du nombre
comporte plus de trente comédiens dont la gestualité et les
déplacements sont tributaires du symbolisme si l'on s'en tient à
cette intermède de partie de football à trois
occurrences91(*). Selon
Martin Ambara :
La plus part des actions kinésiques même, les
plus insoupçonnées dans cette oeuvre symbolise quelque chose, qui
ma foi je le reconnais pose assez de difficultés à la
compréhension du publique. L'apparition à trois occurrences de
l'intermède de football ne signifie rien d'autre qu'un divertissement
pour beaucoup. Mais en réalité c'est le symbole de la
trinité, l'éternel recommencement92(*).
La voix le rythme et la diction font partie d'une tout autre
approche esthétique. Ils sont d'origine occidentale. Le
côté absurde de l'oeuvre vient du fait que la diction et la voix
recommandées par le metteur en scène soient tout étranger
au mythe égyptien du dieu Osiris.
2.1.2. Ses signes immédiats
Ils sont au nombre de trois les signes immédiats du
comédien notamment le costume, la coiffure et le maquillage. Dès
lors, quelle est l'esthétique qui justifie leur application sur le
comédien dans Les Osiriades ? Pour le cas des costumes ils sont
assez minimalistes. La plus part des comédiens dispose des costumes
légers, et constituent la tenue unique du début jusqu'à la
fin du spectacle. Il va sans dire qu'un signe qui opère dans une
Représentation théâtrale (R.T) est le résultat d'une
volonté consciente de son metteur en scène.
Le maquillage et la coiffure se situent dans la même
ligne d'expression minimaliste. Aucun comédien ne présente un
quelconque maquillage, permettant d'établir une différence entre
la personne et le personnage. Pareil procédé sied parfaitement
à la conception Grotowskienne93(*) du théâtre. Celle-ci se
caractérise par : « ...un dépouillement
absolu, par un refus massif de tous les éléments de spectacle, le
décor, la machinerie, jeux de lumière, costumes, maquillage,
musique, bruitage.94(*) ». En claire, les signes
immédiats du comédien semblent davantage traduire
l'esthétique du « théâtre pauvre ».
2.2. Type de décor, éclairage, musique
et autre effets sonores
2.2.1. Type de décor
Du point de vue purement conceptuel, on peut distinguer trois
types de décors dont la définition s'impose. Le
décor physique, il peut se définir comme l'ensemble des
éléments matériellement perceptibles disposés de
manière à représenter un lieu ou une action. Le
décor abstrait lui est, l'ensemble des éléments
épurés de la fonction physique et visuelle. Le décor
virtuel, représente l'ensemble des éléments visuels et
dont l'accessibilité matériel reste impossible. Le lieu
scénique du spectacle : Les Osiriades, est assez
dégagé, à peine trois ou quatre objets scéniques au
profit de plus de trente comédiens. Cela rejoint tout à fait la
volonté de l'esthétique du « théâtre
pauvre » qui exige un lessivage complet de la scène, pour ne
laisser que le comédien et sa voix. Cette conception, Ambara la fait
bien sienne. En effet, la scène ainsi dégagée
présente par le jeu abstrait des comédiens, des objets
scéniques invisibles. De ce fait, le décor de cette oeuvre est de
nature abstraite.
2.2.2. Eclairage
Fondamentalement, dans une
représentation l'éclairage occupe une place de choix. Il
détermine l'existence des éléments visuelles que
sont : l'espace, la scénographie, le costume, l'acteur, le
maquillage, en d'autres termes, les composantes matériels de la
scène. Par la même occasion, il leur confère une certaine
atmosphère. En claire, l'éclairage a pour fonction de rendre
compte d'abord de l'existence physique du spectacle, en suite lui
conférer une ambiance adéquate. Ceci dit, en l'absence des
éléments mentionnés en amont, l'éclairage subit un
changement de fonction. C'est cela le cas pour : Les Osiriades.
En effet, la pauvreté de la scénographie, des costumes, ainsi que
du maquillage contribue au changement de fonction de cette entité. En
outre, le « light design » ou plan de lumière est
conçu de façon à multiplier les ombres des
comédiens, rejoignant par là l'idée de réduite le
spectacle théâtral au comédien (théâtre
pauvre).
2.2.3. Musique et autres effets sonores
Il n'est pas question, vaudrait peut être le rappeler,
que nous n'examinons pas la musique et les autres effets sonores sur leur
aspect réceptif, mais la manière dont ils sont
utilisés dans la présente mise en scène. Ainsi seul, leur
fonction dramaturgique nous est utile. Mais avant qu'entend-on par
« musique » au théâtre ? Serait-ce
uniquement l'agencement de son agréable à l'oreille, ou
couvre-t-elle un environnement plus vaste ? A cette interrogation,
Nicolas Frize, apporte des éclaircis :
Il faut appeler musique l'ensemble de tous les
éléments et sources sonores : les son, les bruits,
l'environnement, les textes (parlés et chantés), la musique
enregistrée, (diffusée sur haut-parleur), etc. La musique doit
donc être entendue plus largement au sens de la somme organisée
et, si possible, volontaire des messages sonores qui parviennent à
l'oreille de l'auditeur95(*).
Cette approche détermine globalement toutes les
considérations sonores qui nous intéressent dans, Les
Osiriades. Cependant si l'on s'en tient à ce que Pavis
appelle « fonctions de la musique dans une création
théâtrale » constituée de : l'illustration,
la caractérisation de l'atmosphère, création des
émotions, il se dégage de cette oeuvre un paradoxe, entre la
légende du dieu Osiris et le Rap en fond sonore. De ce fait, ce
décor acoustique qui erre dans un univers finalement
indéterminé et vraisemblablement sans repère rime mieux
avec ce Jean-Pierre Ryngaert qualifie d' « esthétique de
l'absurde96(*) ».
A la question de savoir, quelles esthétiques
interviennent dans le syncrétisme scénique évoqué
plus haut, disons que l'analyse des divers moyens de perception
esthétique au théâtre permet de comprendre que la mise en
scène du spectacle Les Osiriades est comprise entre trois
pensées esthétiques à savoir : le symbolisme,
l'absurdisme et la distanciation. Toutefois, l'esthétique du
théâtre pauvre n'y est pas mentionnée du fait qu'elle est
incluse dans le symbolisme. Au demeurant, l'activité
théâtrale au Cameroun entre 1990 et 2010 en marge du naturalisme
constaté dans quelques rares créations, présente
d'énormes affinités avec les pensées avant-gardistes de
l'art dramatique. Par ailleurs, si tant il est vrai que le souci artistique de
ces dernières est de nouer, de rendre abstrait la compréhension
du produit artistique en général et dramatique en particulier,
ces 20 ans méritent d'être placés sous la domination du
grand ensemble qui est « l'esthétique du théâtre
contemporain » et dont les principales caractéristiques sont
données dans le point suivant.
III. Esthétique
contemporaine : tentative de caractérisation
Lecture et interviews ne suffisent pas à cerner la
notion de l'esthétique du théâtre contemporain, car
même les professionnels ont du mal à la définir si l'on se
réfère aux propos de Martin Ambara. Mes créations sont
l'expression pure de ma pensée, les autres la qualifient souvent
d'esthétique contemporaine, mais mois, je n'aime pas à lui donner
un nom, cela serait une profonde entrave dans la liberté de
création97(*). Cela dit, il faudrait l'accumulation
d'autre expérience telle que : le visionnage de spectacles au
même titre que la pratique. En fait, la notion est controversée au
point où son approche phénoménologique s'évanouit.
A proprement parler : Qu'est ce que le théâtre
contemporain ? Jean-Pierre Ryngaert s'était déjà
posé cette question en 2003. Et comme réponse à cette
interrogation, il pense que le théâtre contemporain
représente : « Les obscures clartés et les
incompréhensibles lumières ». De cette formule il
se dégage que, l'esthétique du théâtre contemporains
est réfractaire à la définition. Néanmoins
historiquement elle peut se comprendre comme une avant-garde dont le souci
majeur reste, l'affranchissement de la scolarité traditionnelle
(classicisme). La tentative de caractérisation dons nous faisons mention
s'appliquera bien entendu sur la dualité dramaturgique et dramatique. Le
souci de caractérisation d'une esthétique dite contemporaine dans
la pratique théâtrale camerounaise passe forcement par le compte
rendu du corpus, les interviews et l'expérience propre.
1. La dramaturgie
1.1. Une rhétorique de symboles
La plus part des oeuvres dramatiques produites à cette
période, a un caractère commun, celui de la recherche des niveaux
de langue, généralement contenus dans les images
rhétoriques. Prenons l'exemple de Noir et Blanc, qui entrelace
dans une réplique de neuf lignes un nombre important de symboles
rhétoriques. D'abord l'hyperbole : « J'ai vue les
arbres voler98(*)... ». Puis la
personnification : « ...la marrée montait nettoyer
les effluves du jardin99(*)... ». En suite, le chiasme :
« L'éclipse a imposé le jour en pleine
nuit100(*) ». Et en fin, la comparaison :
« Comme le soleil matinal, tu as surgi de la terre saint et
rayonnant101(*) ». Des exemples pareils il en
existe une panoplie dans l'esthétique contemporaine. Toujours dans
Noir et Blanc, l'on retrouve des images assez complexes, le cas de la
synecdoque : « Un bras solitaire descend des
hauteurs102(*)... ». Toutes ces expressions
imagées contribuent de façon manifeste, à une
rhétorique de symboles dans l'esthétique du théâtre
contemporain.
1.2. Un réseau thématique diffus
Partant de la considération contemporain du dramaturge,
il n'est pas d'une appartenance nationale, encore moins tribale. C'est le
citoyen du monde. Dès lors la pluralité thématique dans
les créations s'explique. En effet, il est question pour ces citoyens du
monde de traiter des thèmes du monde. Noir et Blanc reste le
support de notre démonstration. Spécifiquement il est utopique de
déterminer le thème central de cette oeuvre. Elle esquisse tour
à tour des bribes sur, l'immigration clandestine et ses
conséquences immédiates :
L'Horreur...Juste à sa droite le mignon petit
garçon. Je ne peux rien. Le robuste crocodile est insensible à
mes cris de sauvetage. Il avale d'abord la tête [...] Ne vous jetez plus
à l'eau le pays a besoin de vous pour demain... [...] Nous on veut se
sauver...[...] Pas en plongeant dans la voracité de la
mer103(*)...
Dans le même ordre d'idée se greffent les
catastrophes naturelles :
Le front inter tropical passe... Derrière
lui, un vent violent souffle. Quelques tornades. Dans la forêt tous les
arbres on volés à la renverse. Les herbes des champs ont
été piétinées et enterrées. A plusieurs
dizaines de kilomètres les roches glissaient et atterrissaient dans les
bas fonds. L'éboulement avait dépassé les normes requises.
Toute la montagne s'est affaissée104(*)...
Tout ce champ lexical contribue à nourrir la
thématique de la catastrophe naturelle. A ce listing ajoutons, la
guerre, et les rapports nord sud et la liste n'est pas exhaustive. Pour la
majorité de ces oeuvres dit Jean-Pierre Ryngaert, les thèmes
découlent de l'écriture et non l'inverse.
1.3. Destruction du schéma actantiel
Ladite destruction s'attaque en premier au savoir faire de la
fable en ses trois axes essentiels, le lieu, le temps et l'action, surtout le
dernier. Les actants agissants ou actifs font place aux actants passifs dont la
présence n'est plus tangible, ils vivent dans les souvenirs, du coup, le
personnage tenant le discours central se trouve confronté non à
un adversaire, mais à lui-même. En termes cohérents, il
concentre en lui tout seul, les constituants essentiels du schéma
actantiel. Dans cette mesure, le destinataire du discours multiforme que
produit le point de vue central n'est nul autre que lui-même. Par la
même occasion, une composante du schéma se résous à
disparaître, l'adjuvent. Après destruction, il est remplacé
par ce que Michel Vinaver
appelle : « parole-instrument » qui au lieu de
produire le mouvement comme : la «
parole-action » sert plus à transmettre des informations qui
sont loin d'engendrer un mouvement.
1.4. Une intrigue discursive
Plutôt que de se présenter sur les deux axes
habituels ; horizontal c'est-à-dire la succession des
événements racontés, et vertical ou les thèmes
abordés, l'intrigue de l'esthétique contemporaine évolue
structurellement en dent de scie où chaque sommet représente
moins un événement singulier qu'un point de vue du discours. Les
techniques narratologiques sont récurrentes. Ici, l'on assiste à
la primauté du discours sur l'action. En effet, la pluralité
thématique a pour revers, une dramaturgie à prédominance
discursive. En examinant de près la structuration de Noir et Blanc,
il se dégage que, 20 Ecrans sur 31 sont essentiellement
constitués de monologue intégrant plusieurs thèmes. Le
reste de la division, soit 11 Ecrans, est composé de 9 tableaux
à prédominance de monologues alternés (faux dialogues),
pour seulement 2 Ecrans de dialogue. De ce constat, il en résulte que,
le discours forme la base de l'intrigue du théâtre
contemporain.
1.5. Structure elliptique
Le caractère englobant du théâtre
contemporain ne lui permet pas d'emblé un traitement approfondi des
nombreux thèmes abordés. Toutefois, il recourt davantage à
l'exposition des clichés les plus marquants. Par ailleurs, la base
mécanique de cette structuration est, la présentation d'une
idée dans un tableau, par la suite une toute autre. A chaque fois, une
idée chasse la précédente et fait place à la
suivante. Le procédé elliptique, fondamentalement consiste
à passer outre les articulations dont l'absence n'entrave pas la
compréhension de l'action. La structure anachronique use de ce
procédé pour passer d'un thème au suivant et pareil pour
la suite des tableaux. Pour des besoins d'illustration, revenons à
notre corpus : Noir et Blanc, les quatre premiers Ecrans
développent chacun une idée singulière. Ainsi, le premier
aborde, les commodités associatives de la vie, le second le processus de
la création, le troisième la catastrophe naturelle imminente et
le dernier, la déchéance humaine. De ce fait, l'esthétique
contemporaine en ce qui est de la dramaturgie, intègre dans ses
caractéristiques, ce qui peut s'appeler : « ellipse
thématique105(*) »
2. La scène
Si l'on considère la dualité qui s'impose
à la manifestation théâtrale, l'on n'éprouvera
également aucune difficulté à constater que, le texte
présente plus de restrictions en ce qui est des éléments
qu'il intègre. Sa matérialisation par contre, dispose d'une
capacité d'accueil bien plus importante. Raison pour laquelle, en plus
des constituants essentiels du texte notamment, le dialogue, l'intrigue, la
fable, le thème ainsi que la présentation des unités
signifiantes, la représentation théâtrale contient bien
d'autres composantes à deux catégories, le visuel et le sonore.
2.1. Descriptif des constituants visuels
2.1.1. Accumulation de caractères
Outre Les Osiriades de Martin Ambara ; Les
dormeurs106(*) de
Jean Robert Tchamba permettront également une démonstration de
l'accumulation de caractère. Le texte fondamental de la deuxième
oeuvre compte huit personnages notamment : L'homme, La femme, La
mère, Le médecin, Le commissaire, Le religieux, Le
président de tribunal, et Le prince Thanas (sorcier) réduits
aussi tôt à trois par le phénomène d'accumulation.
En effet, l'interprète du rôle de La mère représente
tour à tour, Le médecin, Le commissaire, Le religieux, Le
président de tribunal, Le prince Thanas (sorcier). Il va sans dire que
ce phénomène nécessite de la part du comédien un
travail intense sur la base de quelques convictions107(*) du théâtre
pauvre de Grotowski. Cependant, il n'est pas moins important de remarquer
l'approximation et l'abstraction du jeu qui en découle.
Toutefois dans le même phénomène, l'on
pourrait également relever, la substitution du « personnage
agissant » par le « personnage objet ». Dans la
première oeuvre, l'on constate sur une scène, la présence
d'un spectre en lieu et place d'un personnage agissant (le dieu Osiris), dans
le tableau suivant il joue le rôle de Zeus (une divinité de la
mythologie grecque).
2.1.2. Le dépouillement des signes immédiats du
comédien.
Le regard critique sur des signes immédiats au
comédien, permet de comprendre et dégager les similitudes entre
l'esthétique du théâtre pauvre, et l'esthétique du
théâtre contemporain. En effet, la dernière a cette
singularité qui consiste à donner une valeur symbolique au
costume mieux qu'une considération ornementale. A cet effet, le
comédien arbore généralement un costume simplifié
et minimalisé des fois peu attrayant quelque soit son rang social. C'est
le cas des comédiens interprétant les rôles respectifs
de : Bob et Ramzi (Osiriades) qui trois heurs de spectacle
durant, incarnent d'autres personnages sous les mêmes costumes.
Ces signes se font de plus en plus rares pour ce qui est du
maquillage et la coiffure, sur 34 comédiens recensés pour les
deux spectacles, aucun n'a subi une modification faciale lui permettant de
s'affirmer sur le plan individuel. Il en est de même pour ce qui est de
la coiffure dans la mesure où elle est réduite à une
disposition artistique et ornementale des cheveux.
2.1.3. Un décor minimaliste
Le décor ici est traité sur
les deux pans que sont, le visuel et le sonore. Le visuel en effet comporte les
lumières en plus des objets scéniques. En majorité, les
créations dramatiques auxquelles nous avons assisté ou
visionné sur support DVD, présentent une similitude relative
à un décore visuel dont les composantes jouent par vectorisation
un rôle multiple. Le cas de Les dormeurs, où la Bible
perd sa fonction usuelle pour signifier une arme de guerre. En effet, la femme
luttant contre une force invisible (Prince Thanas) brandit la Bible en guise
d'arme à feux prêt à dégainer (Tableau III108(*)). Une situation pareille est
produite dans Les Osiriades où un box jouant le rôle
d'une chaise au paravent, prend les fonctions de sépulcre (Tableau V).
Le décore minimaliste vient donc de la réduction
considérable de ses composantes à travers, l'attribution de
multiples fonction à un objet scénique. En complément du
décore visuel vient les lumières. L'esthétique
contemporaine semble moins intéressée par la quantité des
constituants du décore. La lumière est davantage utilisée
à titre symbolique. Ainsi un seul pot de lumière malgré sa
teinte unique a une signification plurielle, le cas de l'éclairage de
Les Osiriades.
Tout comme les éléments
précédents, le décor sonore dans ce paysage
esthétique semble au regard de ses composantes dans les deux oeuvres
citées plus haut se réduire au stricte minimum de la voix du
comédien. Dans ces créations, le comédien par sa voix
mimes des bruits des chants et cries d'animaux. En bref, les créations
s'éloignent plus des artifices et donnent le plein pouvoir au
comédien. De ce fait, certaines composantes matérielles de la
scène se retrouvent absentes ou présentes mais en faible
quantité.
Pour finir, les préoccupations majeures de ce chapitre
étaient construites d'abord, autour des potentiels motifs justificatifs
de la chute du réalisme farcesque ayant visiblement dominé
l'esthétique du théâtre camerounais à la fin des
années 70 et début 80. Ensuite il a été question de
démontrer dans un premier temps, l'esthétique de la
création théâtrale camerounaise en 1990 et 2010, et dans un
second faire une esquisse de caractérisation de ladite
esthétique. Pour la première préoccupation, il en
découle que, la crise économique, les bouleversements politiques,
l'évolution des mentalités, le caractère concurrentiel des
autres secteurs de loisir et surtout la critique multiforme ont progressivement
conduit non seulement à la chute d'une esthétique, mais aussi de
son théâtre. Par ailleurs, un examen de vingt ans de pratique
théâtrale au Cameroun permet de comprendre sur un plan singulier,
que le Cameroun a été traversé de plusieurs manifestations
esthétiques, et dont le macrocosme esthétique est, le
contemporain. La tentative de caractérisation de ce dernier sur la base
analytique des constituants textuels, paratextuels et scéniques permet
de comprendre le caractère ambigu et complexe du théâtre
dit contemporain. L'étude de l'impact de ce caractère ambigu et
complexe de l'esthétique contemporaine est sans doute, le point
permettant d'entrer de plein pied dans le chapitre suivant.
CHAPITRE III :
IMPACT
DE L'ESTHETIQUE DANS L'EMERGENCE DU THEATRE AU CAMEROUN DEPUIS 1990
Chaque secteur de l'activité humaine qui subit de
bouleversements dans le temps et l'espace, engendre de manière relative
des conséquences sur un certain nombre de ses aspects. C'est dans cette
logique qu'intervient le présent chapitre intitulé :
« Impact de l'esthétique sur l'émergence du
théâtre au Cameroun depuis 1990 ». Il s'inscrit
toutefois à la suite d'une tentative de décryptage, dans une
première approche des motifs de la rupture de la création
théâtrale camerounaise d'avec l'esthétique farcesque, et
dans une seconde, les esthétiques en présence dans la pratique
théâtrale au Cameroun depuis deux décennies. De là,
une caractérisation de l'esthétique dominante. C'est donc ici, le
lieu de démonstration de la nature et des différents types
d'influences qu'a eu l'esthétique sur le processus d'émergence du
théâtre au Cameroun depuis 1990. Il s'agit en
réalité de répondre à l'une des questions ayant
engendrée cette recherche à savoir, quel a été
l'impact de l'esthétique dans l'émergence du théâtre
au Cameroun entre 1990 et 2010 ? Pour y parvenir, nous nous
déploierons sur deux grandes articulations, respectivement l'une sur
l'impact de l'esthétique sur l'environnement interne du produit
théâtral et l'autre sur son environnement externe. En effet, La
première division traitera, en profondeur, de l'influence
immédiate sur les composantes de premier ordre dont le dramaturge, le
metteur en scène et le comédien. La seconde division s'engagera
sur la même influence, mais sur les composantes externes au produit
théâtral.
A. Impact sur
l'environnement interne du produit théâtral
I. Environnement interne
du produit théâtral
Il semble convenable et peut être nécessaire, de
circonscrire l'environnement interne du produit théâtral dont est
ici question, avant l'entame véritable du travail proprement dit. A cet
effet, proposons une approche définitoire de la notion
d' « environnement interne » du produit
théâtral. C'est l'ensemble des composantes immédiatement
impliquées dans l'existence du produit théâtral. Il s'agit
notamment : du dramaturge, du metteur en scène du comédien
et toute sa suite technique. Ceux-ci sont présentés en trois
catégories de premier, deuxième et troisième ordre.
1. Les composantes de premier ordre
1.1. Le dramaturge
Au début disons-nous, il y a un
texte109(*)...
reformulons cette affirmation non moins pertinente de Pierre Larthomas faisant
du texte le point de départ de la création dramatique. Seulement,
faudrait-il le rappeler, le texte est la résultante, le produit de la
volonté d'un auteur. Pour cela, disons qu'au début il y a
l'auteur (dramaturge). Il représente le socle de toute création
dramatique conventionnelle ou non. Ou non parce que, même pour des
oeuvres à essence d'improvisation, le cas de la Commedia dell'
arte il existe un texte sous la couverture d'une pseudo-improvisation, le
canevas est bien déterminé par un auteur. Et cela, concoure
toujours à faire de lui le commencement de toute création
dramatique. La conception historique fait ainsi de lui, le concepteur. Puisque
c'est à lui que revient la tâche consistant à statuer sur
la structuration interne et externe de l'oeuvre. En effet, il présente
une action (la fable), mettant en relief des forces agissantes (les
personnages) qui est en suite chargé de caractériser, dans un
style particulier (l'intrigue). Dés lors, l'environnement interne sus
mentionné, comporte comme premier élément, le dramaturge.
Il est d'autant plus proche de l'oeuvre qu'il concoure à sa
compréhension. Le dynamisme et le modernisme dramatique n'ont fait que
renforcer cette position de déclencheur du processus de création
au théâtre, en conséquence il est encré dans
l'univers immédiat du produit.
1.2. Le metteur en scène
A l'occasion de la lecture publique de sa pièce :
Les Rhinocéros110(*), Eugène Ionesco déclare :
« ...si j'étais vous je ne serais pas venu, une
pièce est faite pour être représentée et non pour
être lue... ». La représentation en question
intègre la nécessité de l'intervention d'un
interprète, le metteur en scène. Avant André Antoine,
comme le rappelle Catherine Naugrette
(2007 :24) : « ...le mot mise en scène
existe...mais il est alors entendu dans un sens purement
matériel... » L'activité consiste
poursuit-elle : «...à prendre en charge ce qui
concerne la représentation scénique du texte : ce
qu'Aristote appelle, l'exécution technique du spectacle, et pour
Hegel : l'exécution extérieure de l'oeuvre d'art
dramatique...En fin de compte, cette exécution revient à l'auteur
ou au chef de troupe... ». Il est donc clair qu'avant 1880 date
de naissance de la mise en scène, le metteur en scène ne peut se
considérer comme créateur autonome, toutefois sa fonction est
assurée par le dramaturge qui constitue par cumulation l'unique
composante de la sphère interne du produit théâtral. Pour
ressortir l'étroitesse du lien entretenu avec le produit
théâtral, vaudrait peut être commencer par définir le
métier (la mise en scène).
Dans une double tentative, Jean Micquart111(*) dévoile sa
compréhension de la « mise en scène » et par
ricochet celle des attributs du métier de metteur en
scène qui fait l'objet de notre intérêt. A cet effet
il pense que la mise en scène :
...c'est la traduction visuelle et auditive d'un texte par
des moyen concrets multiples : des moyens humains d'une part,
c'est-à-dire des acteurs qui sont déjà pour chacun d'eux
une résultante d'éléments composants divers, et qui
ensemble créent quelque chose de différent qui n'est pas
l'addition des parties, des moyens techniques d'autre part,
c'est-à-dire décors, costumes, accessoires, lumières,
musiques, bruitages, projection, etc [...] Elle consiste en une sorte de
synthèse, une orchestration des composantes pratiques qui vont faire un
spectacle sensible à partir d'un texte écrit. Dans un
deuxième temps, la mise en scène c'est aussi et surtout un
discours, un propos, qui soit approfondit le texte en cherchant à
éclaircir sa vérité et son sens caché ; soit
oriente le texte dans une direction donnée et volontairement
réductrice, soit commente le texte par un système de
références culturels et techniques, soit se développe
parallèlement au texte...
Les détails ainsi donnés sur la question de la
relation très rapprochée qu'entretient le metteur en scène
et son produit(le spectacle), il en résulte qu'il se trouve au
même titre que le dramaturge dans la sphère immédiate du
produit théâtral.
1.3. Le comédien
L'une des conditions majeures de matérialisation du
texte dramatique reste le comédien. Martin du Gard semble partager cet
avis lors qu'il écrit : « Un auteur dramatique est
un malheureux artiste qui a fait une oeuvre, mais qui ne peut la montrer
qu'avec l'aide, l'entremise d'une troupe, d'un troupeau
d'acteurs112(*) ». De ce dernier aspect
émerge, la place de dérivation qu'occupe le comédien dans
une création dramatique. En effet, en quoi consiste la tâche du
comédien ? Le comédien en termes moins rigides est un
professionnel de l'interprétation plusieurs chercheur113(*) ont consacré des
réflexions entières à son sujet afin de fournir des
réponses à cette interrogation aussi vielle que le métier
lui-même. Au théâtre, il représente, l'armature
vivante à travers la visibilité et la lisibilité des
émotions. En plus comme le dirait Patrice Pavis, il est au centre de la
mise en scène et tend à ramener à lui le reste de la
représentation. Pour revenir à notre centre
d'intérêt, la composition environnementale immédiate du
« produit114(*) » théâtrale, disons qu'elle
ne saurait se restreindre à cette unique catégorie. Ce serait
nier tout le pan technique que comporte une représentation.
2. Composantes de deuxième et troisième
ordre
La création théâtrale des temps modernes
intègre de plus en plus les divers secteurs de l'activité
technologique. La présente catégorie fait ainsi l'objet d'un
intérêt particulier dans sa tentative de recensement d'une part,
des autres métiers directement impliqués dans la fabrication du
produit théâtral. D'autre part, les destinataires du même
produit quelque soit la nature (texte, Spectacle). Par ailleurs, vu le nombre
très large de métiers associés à la fabrication,
nous pensons judicieux d'en relever l'essentiel. Il s'agit des
régisseurs son et lumière. Le rôle du premier consiste en
la conception d'un univers sonore capable de rendre compte, et justifier les
actions du comédien en particulier dans le discours de la mise en
scène en général. Dans une perspective identique,
l'implication du second porte sur la visibilité du matériel
scénique y compris le comédien ses signes directs ainsi que ses
émotions. Ceci démontre la distance très réduite
entre le produit final et le poste de la régie au
théâtre.
Autres postes dont l'implication directe n'est point
négligeable, le costumier, le décorateur, le maquilleur et le
scénographe. Respectivement, le costumier conçoit, à
l'aide d'un nombre d'objet que revêt le comédien pour se
présenter sur une scène notamment : vêtements, bijoux,
en plus de certains accessoires. Ainsi, son rôle, quoique faisant partie
du second ordre des constituants de la sphère interne du produit
théâtral, n'a rien d'accessoire.
Selon l'expression de Denis Bablet 115(*) sur la fonction du
décorateur au théâtre : « il
assure l'organisation des éléments de l'espace
scénique » et ajoute d'ailleurs : « en
fonction du lieu de la fiction ». En élargissant le champ
visuel de Bablet, il va sans dire que le décorateur est en
réalité un tout autre créateur dans une
représentation théâtrale. De ce fait, sa liaison au produit
est beaucoup plus étroite qu'elle ne semble.
Faisons émerger de la définition du
métier de maquilleur, sa fonction. C'est :
« l'ensemble des manipulations et des procédés qui
préparent et mettent en valeur le visage du comédien pour
paraître en scène dans certaines conditions
lumineuses116(*) ». De là nous en déduisons
que, le métier de maquilleur consiste en l'élaboration des
techniques qui contribuent à la métamorphose du comédien
en personnage. Toutefois, son travail ne se réduit pas au simple visage,
mais plus de la tête au pied du comédien.
Les constituants de troisième ordre sont
essentiellement composés des types de consommateurs dont, le lecteur et
le spectateur. Davantage le spectateur, vu la tournure pragmatique que prend
ce mémoire. S'il n'est cependant pas à nier, que les
destinataires du produit théâtral sont nombreux, il est tout aussi
vrai que, le tout premier de la multitude demeure le spectateur, c'est lui qui
comme pense Pierre Larthomas, assure l'échec ou le succès du
produit théâtral. A cet effet, au même titre que les
précédentes, il constitue dans son milieu interne l'une des
composantes influençables par la qualité du produit. Dès
lors une tentative de réponse à la question du comment
l'esthétique contemporaine a-t-elle impactée sur ces
différentes composantes au Cameroun entre 1990 et 2010 est notre
centre d'intérêt à la suite de ce travail.
II. Impact117(*) sur les composantes de
premier deuxième et troisième ordre.
1. Impact sur les composantes de premier ordre
1.1. Sur le dramaturge
L'esthétique contemporaine entraîne une influence
à trois niveaux chez le dramaturge, notamment sur : sa
condition sociale, professionnelle et idéologique
Sur le plan social, le dramaturge subit une évolution
régressive relativement à la sous-consommation de son produit. Il
n'est plus à mesure de vivre uniquement de son métier, et la
conséquence directe est la pratique d'une activité dramaturgique
accessoire. Selon nos investigations, huit dramaturges sur dix écrivent
pour une circonstance bien précise. C'est ce que semble déclarer
Botomogne118(*) lors
qu'il dit : « Ce pays ne connait plus depuis fort longtemps
de dramaturges par essence, faute de quoi il ne nourrirait même pas sa
famille, l'urgence est donc de se faire une visibilité et
malheureusement au grand mépris de la demande locale. »
De ce fait, beaucoup de paramètres119(*) lui échappent ou tout simplement
décide délibérément de passer outre pour des
exigences de visibilité. Dès lors, sa position sociale en
référence à celle d'ancien succès à l'instar
de Guillaume Oyono Mbia, Severin Cécile Abega ou Gilbert Doho, est
d'autant plus régressive que son métier se trouve banalisé
dans la société.
Sur le plan professionnel, la ligne de démarcation avec
la situation précédente est très mince. Il existe de moins
en moins d'engouement pour les jeunes écrivains qui
préfèrent d'autres genres (roman, poésie) quoique pas
très prisés eux aussi. Le corollaire est sans doute, la
diminution considérable du nombre de dramaturge en 1990 et 2010. Ce
chiffre est perceptible par le nombre d'oeuvres publiées. A titre
illustratif, un grand nombre de créations à cet intervalle reste
non publiées. Pour clôturer, l'esthétique contemporaine sur
le plan professionnel, entraîne une carrière
stéréotypée. L'émigration des dramaturges
camerounais pas dans le but d'exhiber, non sa socio-culture, mais la recherche
des conditions de vie meilleurs.
Du point de vue idéologique, l'impact du contemporain
se fait encore plus manifeste. La plupart des
« dramaturges » versent dans des écritures
d'avant-garde, où il ne leur est pas aisé d'en définir les
contours. Référence faite aux propos de trois
dramaturges120(*)
peinant à préciser le cadre esthétique dans lequel ils
opèrent. Toujours dans le même sillage, le dramaturge camerounais
a brillé par son manque d'idéologie, absorbé par le
leitmotiv de l'esthétique contemporaine de « citoyen du
monde ».
1.2. Sur le metteur en scène
Vu les prédispositions pratiques du metteur en
scène, l'impact qui s'applique sur ce dernier rend également
compte des réalités plus pratiques. A travers trois
témoignages, notamment ceux d'Ambroise Mbia, Ousmanou Sali et Martin
Ambara, nous avons pu comprendre que, huit metteurs en scène camerounais
sur dix ne se retrouvent à ce poste ni par amour pour le métier
encore moins par conviction, mais par crainte d'une longue oisiveté
artistique. En effet, la rareté des projets a métamorphosé
les metteurs en scène en porteurs de projets. Toutefois le
caractère minimaliste du cadre esthétique entraine le
phénomène de cumul de fonction afin de réduire les
gonflements d'effectifs, et renforcer la triple dimension du metteur en
scène. Un regard sous trois angles tente de rendre compte de cet
état des faits.
Le « metteur en scène dramaturge »,
il conçoit généralement des textes dans le cadre d'une
résidence de création sous l'impulsion d'une commande ou d'une
échéance particulière. Il en est dès lors le
principal initiateur, mettant par ailleurs en mal le métier de
dramaturge dans la chaine de création d'une oeuvre dramatique. Quai
Nord Sud 121(*)en
est une illustration, où Etoundi Zeyang assure simultanément les
rôles de dramaturge et de metteur en scène.
Le « metteur en scène acteur », en
considérant cette pensée de la sphère
théâtrale qui dit : tout metteur en scène est avant
tout un bon acteur, l'on perçoit clairement la nécessité
de ce dernier d'avoir un background bien plus qu'acceptable dans le domaine. En
revanche, les deux fonctions, assignées à des missions bien
différentes ne sauraient fondre l'une dans l'autre. Faute de quoi, le
metteur en scène perdrait le recul nécessaire à
l'observation et à la direction du comédien. La notion du
« metteur en scène acteur » comme impact du
contemporain sur la pratique théâtrale au Cameroun trouve son
justificatif même au près des metteurs en scènes
camerounais chevronnés si l'on s'en tient à La
Chute122(*) mise en
scène et interprétée par Jacobin Yaro, renforcée
par le cadre esthétique au Cameroun au début des années 90
a plus tendance à la centralisation et rend de ce fait confuse la
dissociation entre le metteur en scène et l'acteur.
Le « metteur en scène
régisseur », la notion est visible à deux niveaux.
D'abord par une omission consciente du poste de régisseur dans la plus
part des documents conçus à cet effet (article de presse,
programmes des lieux théâtraux, et même les supports DVD). A
preuve, toutes les oeuvres citées plus haut ne mentionnent aucune
présence de régisseur. Ainsi cette omission est tout simplement
une réalité relative à l'absence du régisseur
autonome et explique en revanche l'implication directe du metteur en
scène dans le cumul de cette fonction. Le deuxième niveau de
visibilité est lui aussi lié à une omission de la
présentation du régisseur à la fin du spectacle par le
metteur en scène ce qui semble d'avantage corroborer notre pensée
sur le cumul de fonction par le metteur en scène.
1.3. Sur le comédien
En marge du cumul de fonction considéré comme
dénominateur commun aux deux précédentes composantes,
l'influence sur le comédien est tout autre. Mais avant de passer
à la spécificité de cette influence, revenons sur ce
phénomène cumulateur appliqué au comédien. A
proprement parler, dans leur majorité, les créations
réalisées dans le cadre esthétique évoqué au
chapitre deux sont soumises à la dure réalité de la
réduction extrême du nombre de ses comédiens. En effet, un
comédien incarne dès lors des rôles réservés
à quatre, cinq voire six autres comédiens, le cas justement de
Les dormeurs de Jean Robert Tchamba, où la comédienne
Alice Mahop interprète toute seule six rôles123(*).
La spécificité de l'impact quant à elle
est davantage liée à l'évanouissement du rêve des
jeunes comédiens. Bon nombre d'entre eux évoluant encore au sein
de quelques compagnies rescapées ont perdu l'espoir de fouler un jour la
scène. Car ces compagnies évoluant sans doute sur la base du
volontariat, ne disposent pas de moyen financier permettant de suivre plusieurs
projets. De ce fait, la concentration sur un projet a entraîné
à court terme, l'abandon et à long terme, « la crise du
comédien ».
Cet évanouissement est également lié il
faut le dire, au statut social du comédien engendré par
l'esthétique contemporaine au Cameroun. En effet, si l'esthétique
contemporaine bénéficie du doute d'avoir directement
dégradé le statut social du comédien au Cameroun, il n'est
pas à douter qu'elle a néanmoins renforcé la situation de
clochardisation de la catégorie au regard de quelques uns aujourd'hui
qui autre fois furent à l'abri du besoin.
2. Impact sur les composantes de deuxième et
troisième ordre
2.1. Décadence des autres métiers du
théâtre
L'ancienne école, il faut le reconnaître,
concentrait la totalité de la création sur l'auteur,
Molière en est le parfait exemple. Par ailleurs, la conception moderne
de la création théâtrale exerce dans des champs de
connaissance bien plus affranchis de la seule autorité de son metteur en
scène. L'objet d'intérêt à ce niveau consiste
à savoir, comment l'esthétique contemporaine a-t-elle pu
ébranler ces divers domaines de compétence ?
2.1.1. Le cas des régisseurs
Le contemporain en tant que cadre esthétique a
exercé une influence à plusieurs niveaux sur le métier de
régisseur au Cameroun. D'abord du point de vue psychologique. L'exercice
des fonctions du régisseur par quelques metteurs en scène, a
généré au près des professionnels de la
régie, une peur permanente relative à une suppression imminente
du métier de régisseur dans la création
théâtrale camerounaise. Le constat qui s'en suit n'est point
surprenant, la perte progressive de ces techniciens du théâtre au
grand bonheur d'autres catégories d'art, le cas justement du
cinéma ou la musique. En effet, les régisseurs sont reconvertis
selon les exigences du domaine choisi. Toujours sur l'impact psychologique, la
dévalorisation voir l'inutilité non de la régie, mais du
régisseur a à long termes contribué à la
décadence du métier.
Du point de vue historique, l'effondrement du métier de
régisseur est resté un véritable danger pour la
postérité du théâtre camerounais. Pour avoir
l'aperçu de l'ampleur du danger, nous avons sondé un
échantillon de 100 individus tous nés entre 1988 et 1990 et
étudiants de théâtre. La question est la suivante : Au
regard de quelques représentations professionnelles auxquelles vous avez
assisté qui selon vous assure la régie ? Les
résultats sont les suivants :
1) 20 ne donnent pas de réponse. On en déduit
qu'ils ne savent pas clairement qui assure la régie au
théâtre.
2) 48 pensent que c'est le metteur en scène, vu que
c'est lui le patron de la création ajoutent-ils.
3) 23 affirment que ce sont les régisseurs son et
lumière
4) 9 affirment qu'il s'agit du metteur en scène et des
techniciens de la régie.
L'association des deux premières catégories
d'individu montre par leur nombre élevé, la décadence du
métier de régisseur dans le théâtre camerounais.
2.1.2. Le cas du costumier, du décorateur et du
maquilleur
Quand on s'intéresse à l'étude des
métiers du théâtre, tout comme d'autres secteurs
artistiques au Cameroun, l'on en arrive vite à déplorer l'absence
de recherches ou de statistiques pertinentes. Toutefois, seul l'observation,
les entretiens et quelques oeuvres nous servent de documentation. Par ailleurs,
un regard minutieux sur quelques unes d'entre elles donne lieu aux aspects
significatifs de la chute de ces trois types de métiers dans le
théâtre camerounais.
Le costumier, il est l'un des premiers dont la perte de la
notoriété et d'habileté a progressivement tué le
géni créateur. En effet, la minimalisation du costume dans
l'esthétique contemporaine, a généré au Cameroun,
l'absence de conception de costumes significatifs nécessitant le
concours de personnes qualifiées. Ceci d'autant plus que le costume ne
fait pas parti des préoccupations essentielles du contemporain, Martin
Ambara affirme à cet effet déclare :
Le théâtre moderne, en tant que
conception qui revendique son autonomie et qui vise la représentation de
la nudité de notre humanité, trouve son intérêt hors
de l'aspect uniquement matériel. Par matériel je fais
référence, à tous ces artifices empruntés aux
autres arts notamment, le costume, les encombrements sonores qui vont avec les
effets lumineux à donner le vertige124(*).
Il va donc sans dire que le premier aspect significatif de la
chute certes progressive du métier de costumier dans le
théâtre camerounais, est le manque d'intérêt pour le
matériel et la priorisation de l'abstrait sur ce dernier par
l'esthétique contemporaine.
Quand au décorateur, il vit une situation quasi
différente à la précédente. De sorte que,
plutôt que se vouer à la disparition, son métier dans le
théâtre contemporain tend vers un jumelage ou se fond dans
d'autres, le cas de la scénographie. Ainsi, l'on constate mieux la
décadence du métier de scénographe au grand avantage du
décorateur. Toutefois, il se trouve à son tour soumis à
l'action du phénomène de cumulation. Par ailleurs, à long
terme le décorateur de profession s'est déconnecté de la
pratique théâtrale au Cameroun. En conséquence, l'on n'a
observé, des décors non pauvres, mais
« appauvris » sur un double aspect : matériel
et conceptuel.
Loin d'une négation de la fonction du maquillage
consistant à fournir une matérialisation de l'expression sociale
ou individuelle, le métier de maquilleur a connu une évolution
essentiellement régressive. Il a en effet perdu son aptitude à
métamorphoser le comédien en personnage. Dans la plupart des
oeuvres appartenant au champ esthétique contemporain, le comédien
subit rarement des transformations faciales. Il est, nous dit-on :
entraîné à métamorphoser son faciès sans
soutien d'artifices. En clair, l'ébranlement du métier de
maquilleur dans la pratique théâtrale au Cameroun résulte
de sa difficile intégration dans l'esthétique contemporaine.
2.1.3. Impact sur le spectateur alternatif125(*)
L'impact sur le « spectateur alternatif »
revêt d'entrée de jeu une dualité paradoxale, car à
la fois perceptible et non. Par ailleurs, afin de cerner dans sa
globalité l'aspect perceptible de l'impact de l'esthétique
contemporaine sur le censeur du P.T au Cameroun, il convient
méthodiquement nous semble-t-il, d'adopter une approche sociologique.
Ceci d'autant plus qu'elle touche en panoramique ses principales composantes
relationnelles.
Pour le premier palier de ce type de spectateur
notamment : les critiques et les journalistes culturels,
l'incompréhension des spectacles contemporains et leur
impopularité sur le plan national n'encouragent pas à y assister
ou d'y rédiger des articles. Selon les mots d'Augustin Charles
MBIA126(*), le lecteur
n'a pas uniquement besoin de cette pression relative à l'instruction, il
intègre tout aussi dans ses besoins, de la distraction et du plaisir. Du
coup il semble impossible de commenter sur ce qui jusqu'ici reste
incompréhensible. De ce fait, le journalisme culturel se trouve bien
contraint de verser dans des secteurs artistiques plus attrayant, le cas de la
dance, la musique ou le stylisme.
Aux antipodes du précédant groupe, les
académiciens ont plutôt été positivement
influencés au regard des richesses linguistique, stylistique et
syntaxiques que renferment ces oeuvres. En effet, le langage relevé
d'assaisonnement pour parler comme Aristote dont use l'esthétique
contemporaine est devenue une véritable source d'exploitation. Le niveau
de la langue a contribué à une façon nouvelle de concevoir
le texte ou le spectacle théâtral au sein de l'académie.
3. Bilan tridimensionnel de l'impact sur
l'immédiat du produit théâtral au Cameroun entre 1990 et
2010
3.1. La dimension psychologique
La première remarque importante et peut-être
nécessaire à faire sur l'immédiat du produit
théâtral, porte assurément sur son caractère humain.
Telle est la raison pour laquelle y figure au premier rang de cette triple
approche, la dimension psychologique. Cependant, la restitution de son bilan
présente des contingences en effet relatives à la circonscription
géographique de ce travail.
3.1.1. L'introversion des
créateurs
La tendance à ramener tout en soi, l'omission
consciente ou non de partager la réflexion, les tâches avec ses
collaborateurs immédiats, a engendré dans la durée, un
phénomène encore plus résistant à la
coopération et au partage professionnel,
« l'égocentrisme dramatique ».
3.1.2. L'extraversion des intérêts
idéologiques
La plupart de nos créateurs127(*), notamment les metteurs en
scène et les dramaturges, se considèrent davantage comme citoyens
du monde, et moins comme citoyens camerounais. Le fait est qu'il s'agit pour
ces derniers, de présenter les idéologies extérieures au
Cameroun, et non l'idéologie camerounaise à l'extérieur au
risque de baigner dans « l'anachronisme dramatique ».
3.1.3. Esprit de collaboration subjective
L'observation attentive du mode de fonctionnement de quelques
compagnies128(*) encore
en activité, mais généralement périodique, soutient
l'idée du manque d'objectivité dans le choix de la collaboration.
Dans les faits, le metteur en scène fait appel à ses
affinités, quoique ne répondant pas tout à fait au profil
du comédien ou du technicien voulu. La faible fréquence de la
demande a généré la dissimulation des informations
relatives à l'appel d'offre. Toutefois, l'information se partage entre
amis.
3.1.4. Conflit d'intérêt entre créateurs
et consommateurs
Si le créateur lui trouve son intérêt dans
l'accommodation à la mondialisation artistique et
précisément dramatique, c'est avant tout et surtout par
contrainte aux exigences du marché international ainsi que des
structures de financement. Ce procédé met directement en mal
l'intérêt du consommateur local, qui au regard de son
adhésion au « réalisme farcesque »,
réclame visiblement, plaisir et divertissement au premier rang des
fonctions du produit théâtral. Dès lors, s'installe une
véritable opposition, à l'issue de laquelle est fortement
méprisé le produit et son créateur par le spectateur.
3.2. La dimension professionnelle et humaine
En tant qu'activité humaine, la pratique du
théâtre entraîne immédiatement l'implication d'autres
métiers sur le plan strictement professionnel. Et qui parle
d'activité humaine impliquant en outre d'autres professions, envisage
l'implication sous-jacente d'un nombre important de personnes.
Néanmoins, aussi bien que la première, la dimension
professionnelle et humaine, résume en quatre points l'impact sur
l'immédiat du produit théâtral au Cameroun entre 1990 et
2010.
3.2.1. Disparition des spécialisations
Du point de vue professionnel il faut le reconnaître le
théâtre, dans sa version matérielle est moins
nécessiteux d'une connaissance globale et légère des
métiers qui lui sont associés, que d'une connaissance profonde et
spécifique. A cet effet, la disparition de spécialisation
représente une véritable entrave au professionnalisme. Pour la
circonstance, disons que, pour le théâtre camerounais des deux
dernières décennies, l'effet de concentration et de minimalisme
ont repoussé le phénomène de spécialisation au
point de le rendre imperceptible. L'on accorde plus de crédits à
cette idée quand on considère les
« nouveaux » métiers du théâtre au
Cameroun notamment : le « dramaturge, metteur en scène,
acteur » ou le « régisseur son, lumière,
décorateur, costumier ».
3.2.2. Réduction de l'expérience dans
l'exercice
L'expérience dans l'activité humaine s'acquiert
par l'exercice, le théâtre en tant qu'activité humaine
n'échappe pas à cette réalité. En revanche, ladite
expérience a fortement été réduite par la
rareté des projets à mesure d'intégrer un nombre
considérable de personnes à la fois. Toutefois, une
minorité dispose d'une expérience dont le partage avec la
nouvelle génération se complique de plus en plus. Au demeurant,
l'inexpérience par manque d'exercice a fortement influencé la
dimension professionnelle de l'impact.
3.2.3. Déconnection aux métiers associés
L'autonomie artistique du théâtre camerounais de
ces deux précédentes décennies repose sur sa
déconnection aux métiers associés. Dans les faits, la
pratique du théâtre au Cameroun présente un
caractère imbu, suffisamment visible à plus d'un niveau dans la
création, notamment : la faiblesse ou l'absence du décor,
des costumes, ainsi que l'ensemble des artifices qui accompagne le spectacle de
théâtre. Toutefois, l'acception physique du premier cas associe
des métiers tels la menuiserie, la sculpture et au même titre la
machinerie pour ne citer que ceux-là. Par ailleurs, l'abstraction du
décor dans les créations signifie la déconnection des
métiers cités en amont. Dans le même ordre de
pensée, les métiers associés à la confection du
costume et des artifices.
3.3. Dimension socioculturelle
Présentons à présent le dernier aspect de
l'impact sur l'immédiat du produit théâtral au Cameroun. Il
s'agit, des phénomènes de globalisation, d'acculturation d'un
coté, et de l'autre la réduction du rôle social du produit
théâtral, l'exhibition de la réalité sociale
extérieure et en fin la prédominance de la classe
élitiste.
3.3.1. Le phénomène de globalisation
La présentation de la dimension socioculturelle de
l'impact, implique le phénomène de globalisation. En effet, la
conception esthétique du contemporain en ce qui est du
théâtre s'inscrit davantage dans une logique de globalisation
culturelle, de sorte qu'une oeuvre singulière comporte plusieurs
matrices culturelles. L'exemple le plus patent pour la circonstance est sans
doute Les Osiriades. Le regroupement d'éléments de la
mythologie grecque associés à celle égyptienne, le tout
dans le contexte camerounais atteste de cette globalisation. Cependant, ladite
globalisation entraîne manifestement un tout autre
phénomène, l'acculturation.
3.3.2. L'acculturation
L'élévation de Certaines
nations au rang de nations développées aujourd'hui, tient certes
de la vente de leurs cultures aux autres, mais la ramification de cette
domination entraîne une conséquence directe, l'acculturation.
Celle-ci se voulant dans sa considération primaire comme :
assimilation ou mieux une copie des matrices culturelles extérieures,
son apparition dans la création théâtrale camerounaise
exerce une influence considérable dans l'expression culturelle locale.
En effet, l'esthétique contemporaine au Cameroun semble davantage viser
l'adoption des éléments culturels d'ailleurs au dépend des
locaux. Ce qui précède trouve sa justification à deux
niveaux : d'abord, du point de vue artistique, les musiques et autre
décor visuel sont pour la plupart du temps de la culture
étrangère si l'on se réfère à Les
Osiriades ; Bintou ; Le Don du
propriétaire mise en scène par Jean Mingele en 2003. Enfin,
le point de vue conceptuel, il faut le dire, se situe dans la même
lancée. Au demeurant, l'acculturation participe à la
compréhension de la dimension socioculturelle de l'impact
3.3.3. Réduction du rôle social du produit
théâtral
Il est clair que la reproduction des réalités
sociales étrangères sur une scène ou dans un texte conduit
à moyen terme à la perte d'efficacité quant aux objectifs
et au rôle social majeur du produit théâtral. Ce dernier
consiste justement à rassembler, instruire et divertir. Or la
prédominance des données métaphysiques dans la plupart des
créations qui forment l'esthétique contemporaine au Cameroun
dissolvent le rassemblement, mettent en difficulté le divertissement
pour faire place à l'instruction de la mouvance.
3.3.4. Renforcement des inégalités
sociales
Si l'on considère un temps soit peu le caractère
attractif et divertissant du produit théâtral, il n'est pas
difficile de déduire la mixture de couche et par ricochet les classes
sociales susceptibles de se retrouver dans un lieu théâtral.
Pourtant le point précédent a démontré la
destruction des possibilités de rassemblement dans le même lieu.
Ainsi ne se retrouvent dans un lieu théâtral qu'uniquement la
classe sociale dont l'intérêt se trouve contenu dans la
création. Il s'opère donc une sorte de division sociale. Pour
avoir une idée plus nette, il suffi de procéder à
l'exploitation du codage utilisé dans la plus part de ces oeuvres. Par
là, vient la localisation de l'élite intellectuelle comme
principal destinataire des messages délivrés, car suffisamment
outillé pour le décodage. L'immédiat n'est point
surprenant, théâtre élitiste.
Pour finir, les créations baignent dans une sorte de
neutralité où il semble impossible de définir avec
certitude la singularité sociale ou culturelle. Il est cependant temps
d'embrayer la seconde et dernière articulation majeure de ce chapitre,
qui traite du même impact, mais sur l'environnement externe du produit
théâtral.
B. Impact sur
l'environnement externe du produit théâtral
I. Environnement externe
du produit théâtral
Contrairement à la première partie où la
circonscription des composantes du milieu interne du produit
théâtral semblait plus restreinte, son environnement
extérieur offre un champ beaucoup plus large parce que constitué
d'innombrables éléments. Pour la circonstance nous nous limitons
à ceux dont l'influence est facilement perceptible. Mais avant toute
chose qu'entendons-nous par environnement externe ? C'est l'ensemble des
éléments indirectement liés à la fabrication et
à l'existence de l'oeuvre dramatique. Il s'agit notamment du lieu
théâtral, du spectateur, du marché de spectacle, quelques
marchés locaux et de leurs circuits, des partenaires financiers, du
pouvoir public, ces composantes seront présentées en deux
groupes, les composantes générales et les composantes
spécifiques.
1. Composantes générales
1.1. Le spectateur permanent129(*)
Il ne s'agit pas à ce niveau de procéder
à une définition univoque de la notion de « spectateur
permanent », mais davantage stimuler les approches. Néanmoins,
entendons par là une catégorie d'individu fidele au produit
théâtral. En revanche il faudra bien dire en quoi constitue t-il
l'environnement externe du produit théâtral afin de mieux
percevoir en aval l'influence esthétique sur ce dernier. Le spectacle
théâtral est en réalité une forme de socialisation
qui implique le spectateur non comme une variable mais comme une constante
selon les mots de Pavel Campeanu130(*). Il se résume lors qu'il
dit : « la présence du spectateur au
théâtre n'est pas alternative, mais
impérative131(*) ». Ainsi dans son processus de
socialisation, le produit théâtral doit son existence à
celle du spectateur à condition de la fidélité de ce
dernier. Cependant, son rôle encore indéterminé pose
problème afin de justifier son implication dans les premiers rangs de
l'environnement extérieur du produit théâtral.
Le rôle qu'on lui reconnait et sans doute le principal
d'ailleurs, est celui du consommateur. C'est lui qui en fonction de ses
besoins, accepte par achat ou rejette par abstention le produit
théâtral. Ses actions et réactions déterminent la
situation de l'entreprise théâtrale. Ce rôle lui
confère toute la proximité nécessaire pour faire partie
des composantes extérieures de premier ordre.
De la même manière, mais de degré
différent, lui revient le rôle de censeur. Certes, le metteur en
scène et autres critiques professionnelles sont à mesure
d'effectuer la même tâche, mais il est le principal sans l'aval
duquel s'évanouit le produit théâtral.
1.2. Le lieu théâtral
Contrairement à la composante antérieure, le
lieu théâtral du fait de son ambiguïté mérite
d'être préalablement redéfinit. Les vocables
« lieu » et « théâtral »
qui composent « lieu théâtral » soutiennent la
pensée qui d'entrée de jeu l'appréhende comme un lieu pour
le théâtre. Dans les faits, le lieu théâtral
constitue un lieu permanent qui abrite les représentations
théâtrales. Par ailleurs, la netteté de cette
définition a déjà été proposée par
des chercheurs132(*) au
début du siècle. A cet effet, Anne Ubersfeld pense que :
Le lieu théâtral est défini par son
rapport physique et architectural avec l'ensemble de la cité ou de la
ville (lieux théâtraux : (le théâtre grec,
l'amphithéâtre romain, le théâtre de Vicence,
l'Opéra de Paris) par ses caractéristiques matérielles de
rapport entre scène et salle, et par son rôle socioculturel
à chaque fois particulier dans la cité133(*).
Mais c'est l'approche de Denis Bablet qui semble mieux rendre
compte de ce qu'est véritablement un lieu théâtral. A ce
sujet il dit :
le lieu théâtral, il est banal de le
rappeler, ce n'est donc pas seulement le
« théâtre » auquel nous sommes
habitués, ce peut être la place publique où l'on dresse
temporairement une estrade autour de laquelle va se grouper une foule, le
parvis d'une cathédrale, le stade où se donne une
représentation, le mur auquel on adosse un tréteau, un parc, une
cour d'usine, un hall, un gymnase ou un terrain vague. C'est la
représentation qui donne au lieu son caractère
théâtral134(*)
Il va donc sans dire que tout lieu peut prendre l'appellation
de « lieu théâtral », à condition de
prendre en compte le déploiement des comédiens et la disposition
d'un public. Toutefois, ce n'est pas cela notre objet, par lieu
théâtral, nous faisons allusion à l'édifice public
ou privé géré par une administration. Il est donc clair
que toute représentation suppose un lieu théâtral
d'où sa nécessité. Par ailleurs, son appartenance à
l'environnement externe vient du fait qu'il est le contenant même du
produit théâtral. La question qui demeure est, comment a-t-il
été impacté par l'esthétique contemporaine ?
1.3. Le marché de spectacle
Dans son approche économique, le marché de
spectacle désigne l'ensemble des personnes physiques et morales
susceptibles d'acheter ses produits. Dans notre cas, il s'agit du produit
théâtral comme spectacle. De ce fait, il représente moins
un lieu ou un espace, mais mieux l'ensemble constitué de l'offre et de
la demande. Il fait partie de l'environnement externe car c'est à son
niveau que se passe l'échange entre l'offreur et le demandeur. Par
ailleurs les différents acteurs dans le processus d'échange
fixent la valeur financière du produit. Les marchés artistiques,
généralement s'articulent autour des festivals.
2. Les composantes spécifiques
2.1. Quelques marchés locaux et leurs circuits
Ils sont essentiellement constitués comme
mentionné en amont, de festivals. Au Cameroun il en existe une
multitude. Toutefois ils ne seront pas cités dans leur
exhaustivité. En effet, la rareté d'une documentation y
afférente pour l'écrasante majorité nous contraint au
choix d'un nombre très réduit :
1) Le tout premier est sans doute Les RETIC, du fait de son
ancienneté, son budget et sa notoriété dans la sous
région. A la base, c'est une plate forme d'expression des meilleurs
spectacles africains, mais dans son évolution, ce festival est devenu
une plate forme de sélection de spectacles pour le MASA de la Côte
d'Ivoire. Par ailleurs, le circuit s'est élargit dans le temps.
Son circuit135(*) comprend le Festival de Limoges (France) ;
Festival d'Avignon (France) ; festival Theater Del Welt (Allemagne) ;
Festival Racine (Benin) ; Le MASA (Côte d'Ivoire) ; JTC
(Tunisie) ; FITMO (Burkina Faso), Festival de Théâtre
expérimental (Egypte) ; FIADPUP (Tchad) ; FIA
(Kinshasa-RDC) ; Festival des Régions ( Canada) ; Festival de
Mono Théâtre d'Aboisso (Côte d'Ivoire) ; Festival des
Réalités (Mali) ; FITAB (Togo) ; FITHEB (Benin)...
2) Le second dont on dispose d'informations est le FATEJ. Il
prospecte, accueille et programme des spectacles de théâtre
destinés à un jeune public, tout en suscitant une collaboration
avec d'autres festivals et rencontres internationaux.
Bien moins dense que celui des RETIC, le circuit136(*) du FATEJ se réduit
au : RITEJ de Lyon (France) ; STREET ANIMATION de Teramo
(Italie) ; et pour finir au festival de Lausanne (Suisse).
3) Le troisième dans la liste est le FATEA de Bienvenu
MBALLA BENGOULA, il se conçoit autour de l'éducation pour enfant,
les droits de l'homme, la paix et la démocratie. Toutefois, son circuit
semble plus restreint.
2.2. Les partenaires financiers
Par partenaires financiers entendons, toute personne physique
ou morale qui apporte un appui spécialement financier à la
réalisation d'un produit théâtral. Il en existe cependant
deux types : les locaux et les internationaux. Pour le cas de locaux il
faut remarquer, ils se présentent en nombre très réduit
notamment : la CRTV, SNI, SNH, Guinness Cameroon. Les internationaux
quant à eux ne sont non plus en grand nombre. Néanmoins nous
pouvons citer : l'Agence Internationale de la Francophonie (AIF), l'Union
Européenne (UE), la France et la Belgique.
2.3. Les partenaires médiatiques
L'univers médiatique au Cameroun n'a
véritablement pu prendre son envol que vers la fin de la décennie
dernière. Dès lors la faiblesse du partenariat médiatique
trouve son explication. Toutefois, la CRTV, TV5, RFI, le Messager et Cameroun
Tribune se présentent comme les principaux.
2.4. Le pouvoir public
Parmi les composantes spécifiques de l'environnement
extérieur du P.T, le pouvoir public. Ici il représente, cet
organe investi d'un pouvoir à mesure de réglementer le
fonctionnement de l'entreprenariat dramatique, tout en stimulant la production
par ses moyens.
II. Impact sur les
composantes générales et spécifiques
1. Impact sur les composantes
générales
1.1. Le cas du spectateur permanent
Umberto Eco, dans Lector in fabula, tente
l'énumération des composantes permettant d'appréhender
l'influence sur le spectateur, et le spectateur dont parle le chercheur semble
être de même type que celui que nous étudions ici, le
«spectateur permanent ». Mais c'est à
Pavis137(*) que revient
le mérite d'avoir réussi leur application au
théâtre. Il parle entre autres, de la connaissance des codes et
des systèmes de signes, des compétences idéologiques qui
envisagent en outre les connaissances culturelles.
Au Cameroun, le manifeste de l'impact se perçoit
d'abord au niveau de l'ébranlement du processus d'identification qui
à son tour est perceptible à plusieurs niveaux, la destruction
de l'identité collective ou associative pour parler comme Pavis,
l'identification admirative, sympathique et enfin émotive. Dans le
premier cas, le spectateur est soumis aux forces dont le but principal est
l'effritement des la réalité collective. Dans le second, vue que,
la notion de héros se trouve détruite, le spectateur camerounais
n'éprouve ni admiration ni compassion sentimentale. A preuve, il a
été quasi impossible pour 67% de notre échantillon de
déterminer clairement qui est le « héros »
dans trois oeuvres contemporaines138(*). L'identification émotive se trouve d'autant
plus ébranlée qu'elle ne provoque rien de cathartique.
Toujours à propos de l'impact sur le spectateur,
relevons « l'effet des-esthétisant », entendons par
là, la dévalorisation esthétique du produit artistique en
général et théâtral en particulier. Au Cameroun elle
opère à travers l'agressivité des formes
esthétiques nouvelles qui constituent le contemporain.
Outre ce qui précède, le rejet du produit
théâtral. En effet le « spectateur permanent »
camerounais dispose d'une expérience esthétique (Cf. Chapitre I
« réalisme farcesque » P.30). Celle-ci comporte
notamment toute la matrice socioculturelle conséquente à toute
forme d'identification et par ricochet, « l'effet
esthétisant ». Visiblement, il ne trouve pas ladite matrice
dans l'esthétique contemporaine. Et cela a eu pour corolaire, la
désertion des salles dans une mesure et leur fermeture dans l'autre. La
justification de ce propos tient dans un premier temps, d'une comparaison entre
le nombre de lieu théâtraux existant avant et après 1990.
Il est clair que le passage de six salles avant 1990 à une après
signifie la fermeture du reste. Dans un deuxième, la même
comparaison réalisée cette fois sur le nombre139(*) de spectateurs
enregistrés par le CCF pour la seule année 1986 et le
début 1990, témoigne également de la
désolidarisation du public vis-à-vis du produit
théâtral et par conséquent la désertion des salles
par le public .
Chutons dès lors dans la présentation du choc
interculturel assez présent dans la tentative d'intégration des
contraintes esthétiques du théâtre contemporain. En fait,
le caractère globalisant du contemporain entraîne, à moyen
terme, une compétition entre les divers schèmes culturels qui le
constituent. La résultante au près des consommateurs est le
contraste qui intègre difficilement le background culturel de la
collectivité.
1.2. Le cas du lieu théâtral
Le présent impact s'applique sur deux principaux points
notamment : l'aspect architectural et le mode de fonctionnement. L'impact
tel qu'il sera présenté se construit autour de deux lieux :
l'IFC et l'Institut Goethe à vrai dire pas destinés à la
pratique théâtrale du moins sur le plan formel.
En effet, l'aspect architectural de ses lieux n'a
véritablement pas connu un changement majeur perceptible par un
potentiel public. Ceci étant une résultante directe de
l'hibernation de l'entreprise théâtrale au Cameroun, corolaire de
l'absence d'une volonté esthétique dont la visée serait
l'intérêt général. De manière quasi
identique, la contemporanéité dramatique, ses visées
sociales et son manque d'intérêt pour les masses a fortement
contribué à évanouir les velléités
d'amélioration ou de construction d'autres lieux destinés
à la pratique du théâtre. Plutôt a entrainé la
fermeture de certains lieux140(*) ayant abrité la pratique
théâtrale par le passé.
Certes un lieu théâtral par extension comme le
Centre Culturel français (à présent IFC) à la base
n'a pas vocation à promouvoir uniquement la pratique de l'art
dramatique. Par ailleurs sa polyvalence artistique et la volonté de
vouloir tout englober laisse cependant entrevoir l'inefficacité de son
fonctionnement. Dans le même sens, la recherche effrénée de
nouvelles formes dramatiques, la présentation de l'Homme dans toute sa
complexité et la tournure philosophique qui sied à
l'esthétique contemporaine, ont à leur tour solidifié le
choix esthétique de cette structure. Yves Olivier141(*) relève à ce
sujet : « l'une des préoccupations de
première ligne de notre structure est bien entendu, la promotion de la
culture française. Et sur le plan dramatique défendre les
créations contemporaines... ».
En ce qui est du Goethe Institut, la stratégie n'est
pas officiellement la promotion de la culture allemande au Cameroun, mais le
renforcement d'échange interculturel entre les deux nations. Cependant
cet inter-culturalité souffre depuis de la réduction de la
production par l'abandon de cet art par les créateurs et le public
camerounais. De ce fait, la relation culturelle bilatérale s'est
transformée en une relation unilatérale néanmoins en ce
qui est du théâtre. Dès lors, la construction d'un lieu
théâtral proprement dit trouve de moins en moins sa
nécessité.
1.3. Le cas du marché de spectacle
Autant il est vrai que le festival dans le contexte
camerounais constitue le principal marché de spectacle parce que
stimulant simultanément l'acte de la production et de la consommation.
Par ailleurs, ce marché est étroitement lié à un
environnement qui régit son activité. Toutefois,
l'appréhension de l'impact sur ledit marché n'est possible
qu'à la considération des éléments actifs de son
environnement. Ainsi se résume l'impact du contemporain sur le
marché du théâtre au Cameroun :
Festivals en aval
estivals en aval
Main d'oeuvre
Festival théâtral
iques
Lieux théâtraux
Entreprises culturelles
Compagnies théâtrales
Bailleurs de fonds
Schéma No1 :
Interactions dans l'environnement normal du marché de
spectacle142(*)
Compagnies théâtrales
Bailleurs de fonds
Lieux théâtraux
Festival théâtral
Le schéma ci-dessus illustre en effet les constituants
de l'environnement normal du marché de spectacle
(théâtral). Le prochain schéma présente en effet
l'impacte de l'esthétique contemporaine sur le marché à
travers les disfonctionnements liés à l'absence de certaines
composantes :
Schéma No2 : Disfonctionnement
et perte des constituants du marché de spectacle
théâtral
Dans cette figure l'on peut clairement constater l'absence de
plusieurs composantes ainsi que la destruction de plusieurs relations sur le
marché. De manière pratique et contextuelle, le schéma
N°1 présente un environnement de huit composantes avant
l'application de l'esthétique contemporaine sur le marché.
Après introduction du contemporain, le schéma N°2 montre que
sur huit composantes ne subsistent que la moitié. Il y a disparition des
pouvoirs publics, de la main d'oeuvre, des entreprises culturelles et des
marchés en aval qui assurent la circulation du produit
théâtral.
De la même manière l'on constate la fin des
relations : pouvoirs publics- Compagnies ;
Pouvoirs publics-entreprises culturelles ; pouvoirs publics-festival ainsi
que ses ramifications sur les lieux théâtraux et la main d'oeuvre.
En clair, le présent impact se mesure au nombre de relations
détruites et disparition d'un certain nombre de composantes dont la
présence meuble l'environnement du marché.
2. Impact sur les composantes spécifiques
2.1. Le cas de deux143(*) marchés locaux
2.1.1. Les rencontres théâtrales
Internationales du Cameroun (RETIC)
Il suffit pour en être convaincu de
l'impact quoi qu'indirect du contemporain sur ce marché, d'y accorder un
peu d'attention aux disfonctionnements survenus depuis sa première
édition. Le principal aspect impliqué reste en toute
évidence : le relationnel, autrement dit, le circuit chargé
d'assurer la commercialisation du produit après les RETIC et les
rapports avec les commanditaires. En effet, ce marché a perdu en termes
de pouvoir d'achat et ce à cause de la détérioration de
l'interaction entre lui et ses composantes. A preuve, en 2001 le marché
est rendu à sa 10e édition pourtant la prime de
participation se trouve considérablement réduite, l'Article 5 du
contrat de participation indique un forfait de deux cent mille francs CFA
(200.000 f), ceci pour certains dirigeants de compagnies reste insignifiant,
autant mieux ne pas prendre part aux RETIC.
Dès lors, la faible production, dû en partie
à une esthétique qui n'intègre pas forcement la
consommation comme une étape essentielle dans l'existence du produit
théâtral a réduit le nombre de commanditaire, ainsi que la
main d'oeuvre impliquée sur ce marché. L'un des point sans doute
à présenté est l'évanouissement des productions
dû à l'absence du relai des acheteurs. En effet, la
majorité des créations ne traverse pas le cadre des RETIC. C'est
là une conséquence de la destruction du circuit de ce
marché.
La désolidarisation du pouvoir public local, du
spectateur permanent et des compagnies au même titre que les promoteurs
culturels, a contraint le marché à un regard vers
l'extérieur où sa dépendance est de plus en plus
inévitable. En effet, sur 14 troupes qui participent au festival plus
de 8 viennent de l'extérieur ; cela dégage
déjà visiblement une faible motivation de la production de la
part des troupes locales. Cette dépendance est encore plus
accentuée sur le plan financier. Car au regard du graphique suivant, les
marchés de la zone francophone présentent les dépendances
financières suivantes :
La France 22%
AIF 20%
L'UE 11%
Autre Organes Internationales 18%
Apport personnel 6%
Apport de l'Etat 15%
Privé 8%
Graphique N°1 : Dépendance
financière des festivals de la zone francophone144(*)
Ce graphique oeuvre à mieux saisir distinctement d'une
part, les différents taux d'implication financière, et d'autre
part, l'évaluation du degré de dépendance
financière du marché du spectacle théâtral en
Afrique francophone. Ladite dépendance est bien plus
élevée dans le cas des RETIC, elle est de l'ordre de
86%145(*). Il va donc
sans dire que ce marché perd toute liberté créatrice vu
qu'il n'est indépendant qu'à 14%, un taux insignifiant pour son
fonctionnement.
2.1.2. Festival africain de Théâtre pour
l'Enfance et la Jeunesse (FATEJ)
En termes de porté, ce marché semble moins
important que le premier, toutefois, l'influence qu'il a subie de
l'esthétique contemporaine mérite une attention bien
particulière. Dès lors, les aspects influencés restent
quasi identiques à ceux du premier marché mais à de
degré différents, notamment : la réduction de
l'étendu du circuit, la forte dépendance financière en
plus de la restriction du type de produit ainsi que le public.
D'entrée de jeu, il est indéniable que le
circuit déjà pas vaste du FATEJ a subit une influence
considérable de la part de la pensée contemporaine du
théâtre. En effet les partenaires du circuit de ce marché
notamment : la Rencontre Internationale de Théâtre pour
l'Enfance et la Jeunesse (RITEJ) de Lyon en France n'a pas pu rester en marge
de la défense française de l'idéologie artistique
contemporaine dont parle Yves Olivier. Cependant, l'esthétique
contemporaine telle que présentée s'oppose de façon
directe aux types de productions initiées et soutenues par le FATEJ. De
même pour le STREET ANIMATION de Teramo en (Italie), un festival à
vocation contemporaine entre également en contradiction avec les
visées d'Etoundi ZEYANG à savoir, divertir et éduquer le
jeune public. La nécessité pour ces deux partenaires semble se
situer ailleurs autrement dit, dans l'examen psychique et philosophique de
l'Homme.
La dépendance financière n'est pas une
nouveauté pour le FATEJ, néanmoins, l'impact vient de la totale
dépendance. Car le faible pourcentage des apports personnels et locaux a
disparu en raison, des velléités contemporaines dans les
productions destinées aux enfants et aux jeunes. En Pratique, le
marché est à plus de 90% dépendant du financement
international146(*). Le
FATEJ fait dès lors face à un dilemme, satisfaire les
volontés esthétiques des commanditaires et rester dans le circuit
ou affirmer sa liberté aux dépends de ses sources de financement.
La première option semble avoir été la meilleure au regard
des derniers produits de ce marché.
2.2. Le cas des partenaires financiers
Déceler les différentes zones d'influence de
l'art dramatique contemporain sur le comportement des partenaires financiers
n'échappe pas à l'exploration de leurs attentes. Mais encore
faut-il faire mention que ces structures dans leur écrasante
majorité sont loin de la chose artistique ou culturelle et
précisément théâtrale, du moins en ce qui est des
nationales. Ainsi, pour le PMUC, Guinness Cameroun ou certains
établissements hôteliers l'objectif principal dans un
événement culturel reste la visibilité, et cette
dernière se mesure conséquemment à la
notoriété et à la popularité de
l'événement. Or, cela semble de plus en plus à
l'écart des marchés de spectacle au Cameroun. Les structures
hôtelières également visent un événement
culturel ou artistique à condition que ce dernier draine une grande
foule, qui constitue une potentielle clientèle.
Pour d'autres structures à l'instar de la SNI, la SNH,
la visibilité fait partie des acquis. De ce, la priorité
réside dans l'investissement. Toutefois le produit théâtral
a un faible taux de consommation. Il va de soit que toute investissement dans
le domaine représente une perte. L'attitude des partenaires oscille
entre méfiance et le resserrement de la ceinture budgétaire, car
le secteur du théâtre manque de rentabilité.
Les structures internationales notamment : l'AIF, L'UE et
le ministère français des affaires culturelles ont réduit
les subventions allouées à l'art théâtral en Afrique
en général et au Cameroun en particulier. La raison est,
disent-ils, l'amateurisme et le manque de maitrise des techniques modernes du
théâtre. Du coup la subvention est orientée vers quelques
leaders qui servent d'intermédiaire.
2.3. Le cas des partenaires médiatiques
Le milieu concurrentiel dans lequel évoluent les
médias exige la performance. Et la performance dans le média
audiovisuel en occurrence implique, l'élaboration des programmes divers
et attrayant sur une période bien déterminée. Dès
lors l'attitude des médias de ce type vis-à-vis de la production
théâtrale de la dernière décennie s'explique. En
effet, les productions d'envergure arborent une ossature philosophique ou
métaphysique qui décharge l'oeuvre du beau, du plaisir catalyseur
de l'attraction du public. Or en l'absence des précédents atouts
la CRTV au même titre que CANAL2 éprouve moins de
nécessité à diffuser pareilles productions. D'autres en
revanche, ont subi une influence plutôt méliorative, en mettant
sur pied des programmes destinés aux productions du type,
notamment : « Espace francophone » sur TV5 Afrique. En
effet, ce programme est une résultante de la production des spectacles
théâtraux de type contemporain dans la zone francophone d'Afrique.
La presse écrite n'est pas en reste. Dans la mesure
où, elle n'a plus véritablement accordé une importance
particulière à l'activité théâtrale au
Cameroun depuis la fin du règne de Jean Miché Kankan, Essindi
Mindja, Dave K Moktoï, ou du très controversé Oncle Otsama
dont les produits faisaient salle comble. La presse, plus furtive opte pour des
arts populeux : la musique, la dance, ou le cinéma dans le cadre
des « Ecrans Noirs ». Toutefois, cette furtivité
autorise néanmoins quelques lignes accessoires au théâtre,
le cas justement de Mutation ou de Cameroun Tribune évoquant en
transversal la qualité des spectacles et la chute de la
popularité du théâtre au Cameroun. A cet effet, pour les
deux, il s'agit de créer non pour affirmer sa singularité
artistique mais d'intégrer le public sans qui s'évanouit l'art
théâtral.
Quoique pas encore assez développée sur le
territoire national, la presse cybernétique pour des raisons identiques
manifeste plus d'hostilité. La priorité réside certes sur
la communication à distance, mais une communication ciblée, des
sujets et domaines connus du grand public. Dès lors, son rôle de
vitrine virtuelle et d'archive d'événements culturels en
général et théâtral plus précisément
perd d'efficacité. Il devient par ailleurs moins évident de
trouver des archives sur des événements théâtraux.
2.4. Le pouvoir public
Jack Lang (1968 :123) dans Etat et le
théâtre soutient que : « les
gouvernements africains ont des problèmes plus urgents à
résoudre que de consacrer des investissements dans des secteurs peu
porteurs comme la culture, néanmoins celle-ci reste une donnée
qui sommeille au fond de chacun ». Il va donc de soi que ces
pays, et plus particulièrement le Cameroun n'a pas mesuré
l'ampleur économique du secteur culturel et encore moins
théâtral, ceci d'autant plus que la production de cette
denrée au Cameroun a visiblement décliné sa
responsabilité sociale et culturelle.
Si l'un des aspects phare de la mission sociale du
théâtre est, satisfaire des besoins d'intérêt
général, alors, l'Etat naturellement s'implique aussi bien sur le
plan financier humain et même dans la législation. En
conséquence, il accorde au théâtre une attention
particulière. Ce qui en revanche mérite d'être redit, est
que l'Etat s'implique et accompagne des secteurs à condition qu'ils
contribuent à affirmer l'ordre social. Par ailleurs, ses actions et
réactions sont fonction de la portée communautaire du secteur.
Par contre, le théâtre contemporain subversif, ne lui est pas
d'une grande aide, la réaction naturelle est la rupture de toutes ses
formes de soutiens.
Du point de vue financier, l'Etat au Cameroun a
décliné ses responsabilités depuis longtemps. Cependant,
la situation a des conséquences sur l'un des pans essentiels de son
rôle passif, celui de facilitateur. En pratique, l'obtention du
financement pour un événement théâtral des
structures internationales mentionnées plus haut nécessite l'aval
de l'Etat du Cameroun. L'esthétique contemporaine jouissant de peu de
crédibilité au près du pouvoir public, ce dernier ne
ménage aucun effort afin de facilité son approbation. Ainsi en
termes d'impact du contemporain sur le pouvoir public, disons qu'il a
resserré les ouvertures de financement extérieur pour le compte
de cet art au Cameroun, affaiblissement des motivations et décisions
relatives à la construction des infrastructures destinées
à l'émergence de l'industrie théâtrale.
Saisir l'impact de l'esthétique contemporaine sur le
processus d'émergence du théâtre au Cameroun a exigé
au préalable un examen dont l'exhaustivité des paramètres
devra être complétée par d'autres études à
l'avenir. Toutefois pour ce faire, il a fallu questionner l'environnement du
produit théâtral à deux niveaux, d'abord les composantes du
milieu interne et par la suite celles de son environnement externe. En premier
pan de l'analyse, l'immédiat du produit théâtral tel que
présenté dans son interaction avec l'esthétique
contemporaine a subi depuis 1990 une influence qui visiblement s'est
défait de la double147(*) possibilité d'appréciation, de la
notion d'impact. A cet effet, l'environnement immédiat dévoile
sous une triple dimension, des disfonctionnements et imperfections qui loin de
favoriser le processus d'émergence de cet art dans notre pays, a
oeuvré au découragement de certains et à la disparition
d'autres ainsi que les fonctions y afférentes. Dans un second plan,
l'analyse s'est intéressée à l'externe du produit
théâtral. Il faut dire à ce sujet que, la ligne de
démarcation en termes de nature de l'influence est très mince.
Néanmoins, à l'opposé de l'immédiat du produit
théâtral essentiellement négatif, le milieu externe
dégage par moment des velléités d'une influence positive.
Au terme de ce chapitre dont la principale préoccupation s'est
meublée autour de la question de savoir le rôle qu'a joué
l'esthétique contemporaine sur l'émergence de l'activité
théâtrale au Cameroun depuis 1990, il en résulte que :
son herméticité sur le plan dramaturgique et scénique, son
minimalisme sur le plan technique et ses tendances psychanalytiques et
philosophiques ont plus été une entrave à son rayonnement.
Cependant si tel est l'état comateux de l'entreprise
théâtrale au Cameroun au cours des deux dernières
décennies, il survient une interrogation à savoir : quelle
pensée esthétique pour une entreprise théâtrale
nationale émergente et compétitive. Une tentative de
réponse à cette interrogation constitue sans doute en substance
le chapitre final de cette étude.
CHAPITRE IV :
FARCE
POPULAIRE : ATOUTS POUR L'ÉMERGENCE ET LA
COMPÉTITIVITÉ DU THÉÂTRE CAMEROUNAIS
Si l'on peut admettre que la culture et
précisément l'activité théâtrale sur le plan
économique joui d'un mérite identique à celui d'une
industrie agroalimentaire, mécanique ou tout autre du même genre,
vaudrait également accepter la conciliation entre le produit issu de
l'entreprise théâtrale et les différentes composantes de
son espace interne et externe. Le présent chapitre
intitulé : « Farce populaire : atouts pour
l'émergence et la compétitivité du théâtre
camerounais » tel que formulé, d'entrée de jeu se
veut une mission à double volet, celle d'exploiter les qualités
de la farce populaire et, de tenter une association des deux composantes
essentielles d'un marché, autrement dit : l'offre et la demande.
Car le succès ou l'échec d'une entreprise dépend
étroitement de ces paramètres. Il convient par ailleurs pour
l'émergence et la compétitivité de l'entreprise
théâtrale nationale de procéder dans cette dernière
partie aux suggestions concrètes sur la base des atouts de la farce
populaire vue sous un angle esthétique. Mais avant toute chose,
l'urgence réside préalablement dans la présentation de
l'environnement actuel du théâtre au Cameroun. En effet,
l'articulation traitera de l'état de la réception du produit
théâtral au Cameroun, la typologie du public, de là
émergera l'horizon d'attente. Par la suite, il s'agit de l'exploitation
de la farce populaire, passant avant tout par sa définition, la relation
qu'elle entretient avec le théâtre populaire, une esquisse de ses
normes et enfin une brève présentation de ses atouts. En dernier
lieu des grandes articulations, les résultats escomptés il s'agit
en occurrence de la réintégration des composantes du produit
théâtral, l'émergence et la compétitivité du
théâtre camerounais à une échéance proche.
A. Environnement actuel du
produit théâtral au Cameroun
I. Etat de
réception du produit théâtral
S'il faille procéder à une définition
totalisante de la notion, il faut dire que cela rendrait assez volumineux ce
travail. Car la quintessence même de la notion a déjà fait
l'objet d'étude de plusieurs chercheurs. Par ailleurs, nous nous en
tiendrons uniquement à deux ayant appliqués le concept au
théâtre, notamment Patrice Pavis et Michel Corvin.
Fondamentalement, la réception renvoie à l'acte, le fait ou
mieux la manière de recevoir. Dans une conception plus
spécifique, elle est : «...l'attitude et l'activité
du spectateur, la façon dont il utilise les informations fournies par la
scène pour déchiffrer le spectacle »148(*). Dans une autre mesure
c'est : « l'action exercée sur le spectateur par des
stimuli sensoriels efficaces ; elle implique aussi l'interprétation
de la conscience par ces stimuli. La réception du spectateur comprend
donc différents actes qui dans la réalité sont
confondus : la sensation, la perception, le jugement»149(*)
En plus de ce qui précède ci-dessus, notre
acception du concept de réception sera la résultante
d'une combinaison des approches d'Hans robert Jauss et Patrice Pavis. Selon ces
derniers, « c'est une opération à trois
dimensions » selon les mots de Patrice Pavis (1980 :329)
parlant ainsi de l'exposition, de la perception et enfin de l'horizon
d'attente dont parle Hans Robert Jauss. Ici l'on considère le
spectateur comme sujet-récepteur à un produit
théâtral. Dès lors, y seront examinées,
l'exposition, la perception que le sujet-récepteur donne à
l'appel à consommer un produit théâtral, l'horizon
d'attente au cours duquel, le sujet-récepteur doit pouvoir adjoindre son
expérience culturelle aux informations délivrées par le
produit théâtral afin de reconnaître, comprendre,
interpréter, en claire faire usage de ses acquis cognitifs pour ou ne
pas agir. Le premier niveau, celui de l'exposition, est considéré
comme la voie d'entrée du message. Le deuxième, celui du
processus perceptuel, est considéré comme celui où le
sujet-récepteur confronte le message reçu à ses avoirs
cognitifs afin de savoir s'il doit ou non accepter la proposition qui lui est
faite. Le troisième et dernier niveau est celui de l'horizon d'attente
qui conditionne le comportement (achat ou non achat).
1. Exposition du public aux produits
théâtraux
Il est ici question de juger de la proximité du
sujet-récepteur vis-à-vis des stimuli qui solliciteraient
certains de ses sens. Le teste sera ainsi appliqué sur un
échantillon de 100 individus des deux sexes. Cependant, la perception de
l'exposition n'est possible qu'à condition que le
sujet-récepteur soit au dessus d'un niveau minimal que nous appellerons
« seuil d'exposition150(*) ».
Tableau n°1 : Réponses du public
à la question : Savez vous que le théâtre existe sous
les deux formes que sont : le texte et le spectacle ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
Oui
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Non
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Ce tableau permet de constater que les 100% du public
permanant ont connaissance du théâtre sous ses deux formes. Il en
résulte donc que : la totalité de ce public connait les
deux formes essentielles du théâtre. Toutefois l'étape
suivante permettra de déceler le stimulus responsable de cette
connaissance.
Tableau n°2 : Réponse du public
à la question : Savez vous que la finalité du texte
théâtral c'est le spectacle ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
Oui
|
15
|
10
|
25
|
25%
|
Non
|
35
|
40
|
75
|
75%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Selon le tableau n°2 ci-dessus, 25% des
sujets-récepteur savent qu'un texte a pour finalité la
scène. A l'opposé, 75% de l'échantillon ignorent cette
finalité. En résumé, très peu de personne ont
connaissance du rapport entre le texte et la scène et, surtout de la
finalité du premier.
Tableau n°3 réponse du public à la
question : Regardez-vous les spectacles de théâtre ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
Très souvent
|
01
|
02
|
03
|
03%
|
Rarement
|
24
|
18
|
42
|
42%
|
Jamais
|
25
|
30
|
55
|
55%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Du tableau n°3 il se dégage le constat
suivant : très souvent 3 individus sur 100 regardent assez
régulièrement des spectacles de théâtre. Par
ailleurs, 42% représentent ceux qui le font rarement, tandis que 55% ne
le font même jamais.
Tableau n°4 Réponse du public à la
question : Connaissez-vous un lieu de diffusion du théâtre
dans la ville de Yaoundé ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
Oui
|
07
|
05
|
12
|
12%
|
Non
|
43
|
45
|
88
|
88%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Le tableau n°4 dévoile le faible taux de
connaissance des lieux de diffusion du théâtre dans la ville de
Yaoundé.
Tableau n°5 Réponse du public à la
question : Connaissez-vous d'autres moyens de diffusion du spectacle
théâtral ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
Oui
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Non
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Le cinquième tableau révèle, que 100% des
sujets-récepteur ont connaissance d'autres moyens de diffusion des
spectacles théâtraux.
Tableau n°6 Réponse du public à la
question : Si oui lequel préférez vous des
suivants ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
La télévision
|
22
|
30
|
52
|
52%
|
La radio
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
Internet
|
03
|
00
|
03
|
03%
|
Le support DVD
|
25
|
20
|
45
|
45%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Suite aux résultats qui précèdent, il
convient de déduire que le public camerounais, et
particulièrement celui de Yaoundé, considère trois moyens
de diffusions outre le lieu théâtral. Cependant, il accorde plus
d'importance à la télévision, surtout le public
féminin qui représente 30% des 52% qui considère la
télévision comme moyen de diffusion. Le second moyen le plus
prisé est sans doute le support DVD qui représente 45%
d'adhésion.
2. Perception et horizon d'attente
2.1. Perception
Fondamentalement, le caractère visuel et auditif du
spectacle théâtral débouche directement au processus de
décodage et d'interprétation donc perceptuel. Il désigne
ici, la façon dont est perçu l'essentiel des messages
délivrés par le PT. En d'autres termes, nous nous
intéressons au filtre par lequel un consommateur de théâtre
(sujet-récepteur) prend conscience des informations que véhicule
le produit théâtral. S'il faille se résumer, la perception
est le résultat de la synthèse des informations
délivrées par une double source, en amont, le stimulant sensoriel
représentés ici par le produit théâtral, et en aval,
la mémorisation. On peut donc voir sur le schéma ci-après,
les différentes articulations à questionner chez le
sujet-récepteur :
EXPOSITION
ATTENTION
COMPREHENSION
RETENTION
MEMORISATION
E
M
O
I
R
E
ACCEPTATION
STIMULANT SENSORIEL (PT)
Schéma n°3 : Processus
perceptuel151(*)
Ce schéma montre les différentes étapes
du processus de perception chez l'individu récepteur. Ainsi après
l'étape d'exposition, s'en suit l'attention. En effet, face à la
multiplicité des stimuli liés au loisir, leur totale
intégration par un seul récepteur relève de l'impossible.
Cette difficulté le contraint à porter une attention
singulière sur un.
La compréhension du message, elle correspond à
l'interprétation, au décodage du stimulus. Toutefois, ladite
interprétation se fait essentiellement par confrontation du stimulus aux
informations déjà détenues par le récepteur.
Cependant, pour le cas de l'acceptation, disons que dans le
processus de perception et des relations qui en résultent, la
compréhension du message peut se passer de l'acceptation du message.
Elle semble plus dépendante de la perception que le récepteur a
du message de son émetteur et de la crédibilité de ce
dernier. Ceci dit, ce schéma pourrait bien ignorer l'étape de
l'acceptation.
Tableau n°7 : Réponse du public
à la question : Comment avez-vous trouvé les trois derniers
spectacles que vous avez regardés ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
Attrayant
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
Hermétique
|
22
|
20
|
42
|
42%
|
Psychanalytique
|
03
|
06
|
09
|
09%
|
Philosophique
|
25
|
24
|
49
|
49%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Au sujet du processus perceptuel, aucun sujet-récepteur
ne trouve attrayant le stimulant sensoriel qu'est le spectacle
théâtral au Cameroun ces dernières années. En
revanche, 42% le trouvent hermétique c'est-à-dire difficile
à comprendre, contre 09% qui estiment plutôt qu'il est
psychanalytique et les 49% restant pensent qu'il est plus philosophique.
Tableau n°8: Réponse du public à la
question : Avez-vous compris le message ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
Oui
|
03
|
01
|
04
|
04%
|
Non
|
47
|
49
|
96
|
96%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Le tableau n°7 livre à très faible
pourcentage le degré de compréhension du message
délivré il est de 04% en totale opposition avec les 96% de la non
compréhension du même message.
Tableau n°9 : Réponse du public
à la question : Vous identifiez vous dans ces spectacles?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
Oui
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
Non
|
46
|
48
|
94
|
94%
|
Un peu
|
04
|
02
|
06
|
06%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Sur le tableau n°8, 94% des sujets-récepteur
affirment la difficulté de s'identifier culturellement dans cette oeuvre
qu'ils ont regardée. Pendant que 06% reconnaissent un peu de leur
identité culturelle.
Tableau n°10 : Réponse du public
à la question : Quel degré152(*) d'affection accordez
vous au spectacle de même type ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
0
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
1
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
2
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Du tableau n° 9, il en résulte
que le public n'accorde pas d'affection aux spectacles regardés ces
dernières années, car 100% ont un degré affectif nul
à l'égard des spectacles identique à celui dont les
caractéristiques ont été citées plus haut.
Tableau n°11 : Réponse à la
question : Etes vous prêt à regarder un spectacle de
même type ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
Oui
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
Non
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Comme on peut le voir sur ce tableau n°10, après
l'exposition du sujet-récepteur au produit théâtral,
l'essentiel de sa réaction est le manque d'affection total pour des
créations qu'il juge hermétiques ou philosophiques. Ainsi 100%
des individus exposés expriment le manque d'envie de revivre pareil
spectacle.
2.2. Horizon d'attente
L'exposition et l'acceptation à elles seules ne
semblent pas en mesure d'épuiser les divers aspects du processus de
réception chez le récepteur, car elles ne rendent pas
suffisamment compte de l'état de la réception. Mais avant de se
consacrer à l'étude proprement dite de l'horizon d'attente,
disons que nous étudions concrètement les
préférences du public, ses aspirations intellectuelles,
idéologiques matérielles, culturelles et surtout affectives. Hans
Robert Jauss va plus loin lorsqu'il fait émerger dans sa
définition l'aspect fondamental de la notion :
« ...l'horizon d'attente est celui du public à un moment
donné, du fait de l'état de la société, de sa
connaissance du genre théâtral, de ses intérêts du
moment.153(*) »
Ce qui fournira opportunément plus de renseignements
sur les aspirations sus évoquées est l'enquête que nous
avons menée sur le terrain avec le même échantillon.
Tableau n°12 : Réponse du public
à la question : Quel est d'après vous l'objectif principal
d'un produit théâtral ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
Plaire
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
Eduquer
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
Les deux à la fois
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
A la question de savoir quel l'objectif principal d'un
spectacle de théâtre, le tableau n°11 révèle
à 100% que le public de la ville de Yaoundé estime que l'objectif
principal d'un produit théâtral est double, plaire et
éduquer, tandis que 00% pour le seul objectif de plaire et pareil pour
l'éducation.
Tableau n°13 : Réponse du public
à la question : Des genres théâtraux suivants, lequel
préférez vous ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
Le drame
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
La tragédie
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
La comédie
|
48
|
50
|
98
|
98%
|
La tragicomédie
|
02
|
00
|
02
|
02%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Sur les quatre modalités proposées, il ressort
que le public manifeste 98% plus d'affection pour la comédie
contrairement à 02% pour la tragicomédie une association de la
comédie à la tragédie. Toujours est il que la
comédie semble visiblement exercer une certaine influence sur leurs
préférences. Quant au drame ou de la tragédie, la
préférence est de l'ordre de 00%.
Tableau n°14 : Réponse du public
à la question : Pourquoi le préférez-vous ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
C'est facile à comprendre
|
13
|
00
|
13
|
13%
|
C'est adapté à nos besoins
|
20
|
11
|
31
|
31%
|
C'est plus attrayant
|
17
|
39
|
56
|
56%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Le tableau n°14 donne les motifs de
préférence de la comédie et de la tragicomédie au
Cameroun. Il en résulte des données ci-après que :
13% de l'échantillon justifient leurs préférences du fait
du caractère facile et accessible de la comédie et la
tragicomédie. Leur adaptabilité aux besoins du moment
entraîne l'adhésion de 31% du public. En revanche, 56% des
préférences sont dues caractère attrayant des deux genres.
Tableau n°15 : Réponse du public
à la question : Êtes-vous satisfait de tout spectacle
comique ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
Oui
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
Non
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Le tableau n°15 montre clairement que l'unique
préoccupation du spectateur camerounais ne réside pas
essentiellement dans l'aspect comique d'un spectacle. Car 100% des individus
sondés déclarent ne pas être uniquement
intéressés du caractère comique d'un spectacle
théâtral. Dès lors il semble que les aspirations sont bien
au delà de nos spéculations.
Tableau n°16 : Réponse du public
à la question : Que recherchez-vous personnellement dans un
spectacle de théâtre ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
L'élévation de l'esprit
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
La réalité sociale
|
09
|
07
|
16
|
16%
|
Le divertissement
|
41
|
43
|
84
|
84%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Sur le tableau ci-dessus sont collectées les attentes
individuelles de la collectivité. L'on peut ainsi constater que 00%
n'attend point d'un spectacle de théâtre,
l'élévation de l'esprit au sens propre du terme. Toutefois,
pendant que 16% espèrent de la réalité sociale dans un
spectacle théâtral, les 84% donc l'écrasante
majorité souhaite trouver du divertissement.
II. Interprétation
des résultats
Si dans ce chapitre il s'avère important de
présenter les données actualisées du produit
théâtral au Cameroun de manière globale, et
précisément l'état de sa réception, il semble en
revanche nécessaire afin de jauger l'état de sa réception,
de procéder à l'interprétation des données obtenues
à chacun des niveaux de cette dernière.
1. Interprétation de l'exposition
Cinq interrogations ont fourni suffisamment d'informations sur
le niveau d'exposition du public camerounais aux spectacles
théâtraux. Vaudrait peut être déjà commencer
par le récepteur des deux sexes. En fait, la remarque est que : le
récepteur des deux sexes à proportion égale a
connaissance du théâtre sous ses formes fondamentales. Ils
semblent d'ailleurs savoir que la seconde forme est la finalité de la
première
Cependant, l'examen du troisième tableau par son
expression du contact laisse croire que le récepteur féminin est
plus exposé. Car, représentant 2% sur les 3 très souvent
en contact direct ou non avec le produit théâtral. Mais
paradoxalement, 30% des 55 n'ayant jamais eu de contact avec le spectacle
représentent le spectateur féminin.
Ce paradoxe paraît encore plus manifeste, lorsque sur le
tableau n°4 c'est le récepteur masculin qui cette fois
présente une connaissance nettement développées des lieux
de diffusion du théâtre. De là surgit une question :
par quel moyen le récepteur féminin est-il le plus
exposé ? La réponse à cette interrogation tient d'une
hypothèse, notamment que : la télédiffusion serait
l'unique moyen par lequel le récepteur féminin subit l'effet
d'exposition, quand on considère bien sûr sa grande
méconnaissance du lieu théâtral. Cependant, globalement les
lieux théâtraux semblent mal connus et par ricochet mal
fréquentés. Dès lors s'explique au tableau n°5
l'ignorance des lieux théâtraux
« légitimes » au grand bénéfice
d'autres moyens de diffusion inappropriés. Car, 100% des
récepteurs sondés acceptent ignorer les lieux
théâtraux, mais reconnaissent l'existence d'autres moyens.
Il s'en suit que, le processus de réception du produit
théâtral s'opère dans un contexte de faible, et même
très faible exposition.
2. Interprétation de la perception
Le fait qu'un sujet-récepteur trouve le produit
théâtral dépourvu du caractère attrayant, veut dire
dans le cas d'espèce, qu'il est contenu entre le pole hermétique
et philosophique qui se dressent comme obstacles au processus de perception.
Cela est d'autant plus pertinent et visible chez les sujets masculins au regard
des données recueillies dans le tableau n°6. En effet, des 42% qui
le trouvent hermétique, 22% représentent le récepteur
masculin outre les 25% qui le qualifient de philosophique. Il va donc sans dire
que cette considération est plus masculine en raison aussi de sa
présence sur les lieux théâtraux. Si telle est en substance
la canalisation de perception du spectacle théâtral au Cameroun,
il est moins étonnant que le « Non » l'emporte au
sujet de la compréhension du message contenu dans ces spectacles ces
temps derniers. Dans les faits, 96% certifient n'avoir pas compris le message.
Le mécanisme perceptuel intègre d'entrée
de jeu des contraintes relatives aux paramètres socioculturels, et dont
le récepteur pour une meilleure compréhension, tente de
s'identifier aux données du spectacle, ceci en opérant une
liaison entre ces données et son encyclopédie socioculturelle.
Par ailleurs, le sondage réalisé au niveau du tableau n°8
met en lumière le disfonctionnement de la perception, dû en partie
à la rupture du pont qui lie les données du spectacle aux
connaissances socioculturelles du récepteur. Les conséquences
immédiates sont celles révélées au niveau des
tableaux 9 et 10. Il s'agit du degré d'affection accordé à
un spectacle dont la compréhension reste insaisissable, et de la
fidélité qui en résulte.
Disons que la quasi-totalité des récepteurs
interrogés accorde une valeur nulle au produit théâtral et
sa fidélisation n'est qu'une résultante de cause à effet.
3. Interprétation de l'horizon d'attente
Dans le cas général, le public camerounais
contrairement aux appréhensions portées à son endroit,
dispose d'une éducation théâtrale assez standard,
c'est-à-dire basée sur l'importance simultanée, du ludique
et didactique dans l'art dramatique. Toutefois, l'existence d'un conflit,
« créateur-consommateur (récepteur) »
justifie la mise à mal de cette simultanéité qui à
proprement parler intègre l'horizon d'attente du récepteur local.
A preuve, aucun des individus interrogés dans le cadre de ce travail
n'accorde d'exclusivité au ludique, encore moins au didactique, mais
à l'association des deux.
Cependant, le genre qui semble porter dans son essence ces
deux caractéristiques est la comédie. En effet, 98% du public le
pensent fermement, contre 0% pour le drame ou la tragédie jugés
plus sérieux et essentiellement didactiques. A cet effet, le tableau
n°13 confirme cette hypothèse. Lorsqu'on examine attentivement les
réponses du public sur les raisons du choix de la comédie, il en
résulte que la comédie, est plus attrayante, adaptée aux
besoins locaux en plus d'être facile à comprendre. Cet état
des choses, en réalité confirme en substance la coexistence du
ludique et du didactique au sein du genre comique.
Dans la même lancée, les 84% ayant le
divertissement pour attente joint au 16% dont l'attente est la
réalité sociale, conduit à deux affirmations. La
première est que, l'horizon d'attente du public camerounais comporte
deux composantes : le didactique et le ludique. La seconde est bien
évidemment, leur indissociable liaison.
En résumé, l'état de réception du
produit théâtral au Cameroun ne parvient pas à passer outre
certaines résistances, notamment une faible exposition du
récepteur aux produits théâtraux. A cela s'ajoute un
processus de perception approximatif du message, affaibli par le
caractère hermétique et philosophique des créations.
Néanmoins, il en découle des révélations
préférentielles, le genre comique. Mais à condition d'une
intégration systématique du divertissement au premier plan et
l'éducation au second. Ces paramètres donnent à peu
près le ton de la prochaine articulation qui présente un genre
tout à fait similaire à la comédie, la « farce
populaire » comme une voie de l'émergence et de la
compétitivité de l'entreprise théâtrale nationale.
4. Rang actuel du PT dans le marché des
loisirs.
Tableau n°17 : Réponse du public
à la question : Lesquels de ces loisirs pratiqués
vous ?
Modalités
|
Public
|
Total
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
|
La musique
|
10
|
15
|
25
|
25%
|
La dance
|
10
|
11
|
21
|
21%
|
Les jeux de hasard
|
15
|
00
|
15
|
15%
|
Le cinéma
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
Le théâtre
|
00
|
00
|
00
|
00%
|
La consommation d'alcool
|
10
|
08
|
18
|
18%
|
La lecture
|
01
|
03
|
04
|
04%
|
Regarder la télévision
|
04
|
13
|
17
|
17%
|
Total
|
50
|
50
|
100
|
100%
|
Source : Notre enquête sur le
terrain
Selon le sondage réalisé dans le cadre de cette
étude, le tableau qui précède révèle un taux
de 100% d'individu qui n'intègre pas le théâtre comme
loisir. Cela se confirme de plus bel, lors que l'on soumet les individus au
test du choix de leur préférence parmi les loisirs
proposé, le spectacle théâtral y compris. Il en
résulte que les jeux de hasard, la dance, la musique, le visionnage, la
consommation d'alcool et dans la moindre mesure la lecture constituent les
priorités en matière de loisir au Cameroun. Il est donc clair que
le théâtre et le cinéma154(*) occupent le dernier pavé.
B. Exploitation de la
farce populaire
I. Tentative de
définition
Le titre en soi indique l'improbabilité d'une
définition carrée et préétablie sauf cas d'erreur.
C'est fort conscient de cette improbabilité que nous titrons ce point,
« tentative de définition », question d'accorder de
la concession à la définition à proposer qui à coup
sûr présentera des lacunes que d'autres études se
chargeront de compléter. Toutefois, elle comportera en quintessence
notre pensée sur le concept de farce populaire. Le terme tel que
présenté est une association de deux concepts dramatiques
déjà assez bien définis par des chercheurs. Il convient
donc nous semble-t-il, avant la définition proprement dite,
procéder aux définitions distinctes de chacun des termes
constitutifs de l'expression.
1. La farce
Le dictionnaire Larousse dans une définition
brève l'appréhende comme : une pièce de
théâtre d'un comique bouffon. Cette définition, selon le
but recherché demeurant incomplète, nous contraint à un
examen plus profond de la notion. Ainsi :
L'étymologie du mot « farce
» - l'aliment épicé qui sert à remplir (farcir) une
viande indique le caractère de corps étranger de ce type de
nourriture spirituelle à l'intérieur de l'art dramatique. A
l'origine, en effet, on intercalait dans les mystères
médiévaux des moments de détente et de rire: la farce
était conçue comme ce qui pimente et complète la
nourriture culturelle et sérieuse de la haute littérature. Ainsi
exclue du royaume du bon goût, la farce réussit du moins à
ne jamais se laisser réduire ni récupérer par l'ordre, la
société ou les nobles, comme la tragédie ou la haute
comédie. A la farce, on associe d'ordinaire un comique grotesque et
bouffon, un rire grossier et un style peu raffiné: autant de
qualificatifs condescendants et qui établissent d'entrée et
souvent abusivement que la farce est opposée à l'esprit, qu'elle
a partie liée avec le corps, la réalité sociale, le
quotidien. La farce est toujours définie comme une forme primitive et
grossière qui ne saurait s'élever au niveau de la comédie.
Quant à cette grossièreté, on ne sait pas toujours si elle
concerne les procédés trop visibles et enfantins du comique ou la
thématique scatologique.155(*)
Ce modèle définitoire permet la distinction
double de la notion. D'abord, l'aspect originel d'où émerge la
portée sociodramatique156(*). Ensuite sa considération condescendante qui
met en exergue son coté « primitif » : comique
grotesque, rire grossier dans un style peu raffiné. Conformément
à la visée de ce chapitre, la présente recherche la
considère comme une épice dramatique dont l'objet est, la
détente et le rire. Le tout contenu dans un comique de mots, de gestes
et de situations.
2. Populaire
Le terme tel qu'appréhendé ne saurait se
dérober de son orientation formellement, c'est-à-dire : qui
est à la faveur du plus grand nombre, qui s'adresse au public le plus
nombreux. A ce sujet, Jean Vilar va plus loin dans la conception plus
globalisante, ainsi populaire serait non ce qui est à la faveur du plus
grand nombre, mais une globalisation de toutes les classes sociales. Une prise
en compte qui va : « ...du plus petit ouvrier à
l'imposant magistrat, du paysan au professeur agrégé157(*)... »
Cependant pour le présent travail nous suivrons simultanément les
deux modèles d'approche. Les raisons principales étant la
conciliation de classes d'une part, et le souci du plus grand nombre de
l'autre.
3. Farce populaire
Il n'est pas réfutable que l'association de ces deux
vocables laisse planée un pléonasme apparent. Parce que le
premier mot, déjà du point de vue historique est un genre
fondamentalement populaire. De ce, il rejoint opportunément le second
d'où le pléonasme. Par la présente considération,
et non loin de celle que pourrait se faire la plus part de l'opinion, la farce
populaire s'entendra ici d'entrée comme, un genre au même titre
que la tragédie, la comédie ou le drame etc., disposant de son
intégrité esthétique. Autrement dit : un genre noble
dépourvu du grotesque et d'absence d'éducation, imbu de finesse
dans son comique de gestes, de situations et de mots, le tout dans le but de
divertir et de captiver. La farce populaire sera également le genre qui
vise sur le plan social une globalisation de classes.
II. Les atouts de la farce
populaire
Le théâtre en tant que art fait face aux enjeux
économiques, sociaux et artistiques. A cet effet survient une
interrogation. Ce pendant, en tant que art, par quels moyens la farce populaire
satisfait elle ces exigences ? La réponse à cette question
constitue en substance les motifs de la proposition de la farce populaire comme
une issue à l'émergence et à la
compétitivité de l'entreprise théâtrale nationale.
1. Les atouts économiques
Un produit quel qu'il soit en réalité n'a de
valeur économique que parce qu'il est rentable donc commercialisable.
Cependant pour y parvenir, il est soumis aux contraintes du marketing qui
assure, sa visibilité, sa crédibilité et travaille surtout
la concordance de la relation offre-demande. C'est justement de ces contraintes
marketings que part cette étude afin de ressortir les atouts
économiques de la farce populaire.
1.1. Le degré d'utilité
Partant de la théorie du consommateur
développée par Jacques Le Caillon dans les années 1986 et
qui aujourd'hui paraît toujours d'actualité, il faut dire que
l'économie a réussi à admettre que l'utilité d'un
bien ou d'un service est mesurable au même titre que le poids ou la
longueur d'un objet. On admet donc que le consommateur est en mesure d'exprimer
par un nombre le degré d'utilité qu'il assigne à un
produit et dans le cas d'espèce, la farce populaire. Ainsi selon
l'enquête menée sur le terrain, si nous prenons dans le secteur
dramatique des produits X1, X2, X3
correspondant respectivement à la tragédie, le drame et la farce
populaire, et de degré d'utilité respectif 5 ; 10 ; 25,
il en résulte que le produit X3 correspond au degré
d'utilité 25. Ce qui veut dire que le consommateur accorde 25 fois plus
d'importance à ce produit relativement aux autres. De ce fait, ce
degré d'utilité élevé représente un atout
économique pour le produit X3 en occurrence la farce
populaire.
1.2. Importante adhésion démographique
En déclarant : « qu'il faut luter
pour une politique à faire admettre que la culture ne peut pas
être possession de classes privilégiées158(*) » Jean
Vilar manifeste une ferme volonté d'admission d'un nombre important de
personnes au théâtre. Il pense cependant essentiellement proposer
les préceptes du Théâtre Populaire. Pourtant, par la
même occasion, il nourrit la volonté économique d'autres
conceptions dramatiques identiques au sien, le cas de la farce populaire. Il se
fait mieux comprendre lorsqu'il met en exergue le motif de la
nécessité d'intégration d'un public nombreux. A cet effet,
il va plus loin en disant : «...qu'un théâtre dans
une société actuelle, à l'intérieur de laquelle
tout métier, toute discipline artistique ou non est basée sur la
recette, ne peut ne pas faire appel au plus grand nombre possible de
participants, de clients, de spectateur, de payeurs159(*)... », et la
farce populaire semble parfaitement obéir à cette règle.
De ce fait le facteur démographique constitue un véritable atout
économique pour la farce populaire.
1.3. Un prix de masse
L'une des grandes difficultés que connait la
commercialisation des produits artistiques est sans doute le prix, car toujours
largement au dessus de la bourse du consommateur ordinaire. Dès lors, la
farce populaire dispose d'un avantage à ce niveau, parce que s'il est
vrai que l'un des objectifs de cette pensée dramatique demeure le nombre
important de personnes, alors il faut comprendre que cette popularité
elle la doit aussi à ses prix concurrentiels, autrement dit des prix
très peu élavés. Ainsi certains spectacles160(*) au Cameroun qualifiés
sans complaisance de farce populaire, doivent une part de leur
notoriété à leur faible prix. Car sur le plan
économique le souci est de multiplier le nombre afin de recouvrir les
dépenses. Il est donc à dire que la farce populaire
présentant un degré d'utilité élevé et
à faible prix draine une foule nombreuse. Dans ce cas, le prix constitue
un atout non en tant que constante, mais en tant que variable.
2. Les atouts sociaux
Pour une meilleure présentation, peut être
vaudrait-il mieux procéder à un léger crochet historique.
En effet, si l'on s'en tient à la capacité d'accueil161(*) des lieux
théâtraux grecques, outre les origines dionysiaques, il va de soi
que le théâtre en tant que manifestation, est avant tout
populaire. De ce fait, présente à coup sûr une
portée sociale. La farce populaire ne peut donc se définir en
dehors de cette portée. Cependant, ne seront présentées
ici que quelques uns des atouts relatifs au volet social de la farce populaire.
2.1. La cohésion sociale
De son caractère de regroupement de masse, il
émerge des liens sociaux nécessaires non seulement à
l'existence d'une future entreprise théâtrale nationale, mais
mieux encore à son décollage. Il s'agit en effet de
l'amitié, qui au sens propre du terme joue le rôle de catalyseur
des autres relations interpersonnelles, le cas justement de la
solidarité ou la camaraderie et la fraternité au sens large du
terme. Si tout cela semble concrètement ne pas contribuer à cette
cohésion, reconnaissons toutefois l'unanimité du moins le temps
que dure le spectacle. Car l'information semble être
appréhendée sous un angle unique et en marge de l'appartenance
sociale. De ce fait, la farce populaire a la capacité de mettre les
individus de classes sociales différentes à un piédestal
équivalent. Il est également vrai que le qualificatif
« populaire » affecté à la notion lui vaut du
point de vue politique ou institutionnel d'autres valeurs à l'instar, de
la citoyenneté et le patriotisme.
2.2. Refus de la classification sociale
Ce point représente en réalité une
continuité du précédent, en ce sens qu'il développe
son corollaire. En effet, dans sa quête à la cohésion
sociale, la farce populaire procède par le biais d'un certain
mécanisme au refus de la notion de classe sociale. Et ce conscient du
fait que la société actuelle met de plus en plus l'emphase sur
l'écart entre les classes. Il s'agit alors de briser par la
proximité cette distance afin d'inculquer aux spectateurs le
désir d'appartenir à une société unique, où
ses composantes sont égales au moins le temps que dure un spectacle. Cet
état des choses se perçoit davantage au niveau des lieux choisis
pour ce type de spectacle et des prix de place. Le fait est de ne perdre de vue
qu'il faut attirer au lieu théâtral, toutes les couches, toutes
les classes au même endroit à un prix acceptable d'abord par la
classe ouvrière. Si ce refus sonne davantage comme une qualité
pour ce type de théâtre sur le plan social, c'est aussi parce
qu'il veut unir les individus d'abord sur le plan national et pour quoi pas
international et bien entendu sans prétention de classe.
2.3. L'Education
Il est certes vrai qu'il existe des formes de
théâtre spécialisées non seulement dans
l'éducation, mais aussi la conscientisation et le développement.
Mais il n'est non plus faux que, les formes différentes à celles
qui précèdent ne comportent nullement d'aspects éducatifs.
Certes la farce populaire fait face à la difficulté relative au
manque de sérieux et de rigueur dont font preuve les genres dits plus
conventionnels, toutefois comme le pense Jean Vilar162(*) :
« ...aucune oeuvre dramatique aussi anodine parait-elle, aussi
risible et comique soit-elle n'est totalement dépourvue de la fonction
didactique... ». De là, il va sans dire que malgré
ses allures apparentes de théâtre essentiellement divertissant, la
farce populaire transporte des velléités éducatives qui
contribuent efficacement à la formation de l'individu. Le rire
apparemment vulgaire et grotesque provoqué par un spectacle de type
identique, n'est à vrai dire ni plus ni moins une voie de stigmatisation
des manquements humains aussi bien du point de vue comportemental que
relationnel. Le traitement sans tabou de l'ignorance, l'inadaptation et autres
travers sociopolitique ou économiques tient d'un véritable
processus éducatif qui convoque d'un côté la
conscientisation, et de l'autre la transcendance des individus.
3. Les atouts artistiques
L'un des charmes d'une oeuvre artistique tient sans doute de
la libération de l'imagination, donc de la libération
créatrice de son auteur. Mais, elle ne l'est vraiment que de
façade pour ce qui est de l'art dramatique depuis ses premiers pas. La
manifestation d'une libération créatrice véritable n'est
envisageable qu'après la chute des rigidités dramatiques du
XVIIe siècle. Notamment, les revendications
esthétiques des courants contemporains dits avant-gardistes. Cependant,
la réalité de cette liberté ne se vit pas pareil à
tout endroit. Ainsi, elle semble contingente pour le créateur occidental
plutôt à l'abri du besoin, et obligatoire pour le créateur
africain et camerounais précisément. Mais en marge des
contraintes avant-gardistes, la farce populaire dispose de suffisamment
d'éléments pour l'expression d'une liberté artistique.
3.1. Abondance du matériau
linguistique
Le vocable « liberté » sus
mentionné n'est en aucun cas envisagé comme le libertinage qui
incombe au dérèglement et au désordre. Car quoi qu'il en
soit, l'on peut admettre que, la liberté ne s'étend pas de
façon indéfinie. Elle se contient entre des bornes. Ainsi, dans
l'abondance du matériau linguistique qu'offre la farce populaire, le
choix se fait selon un itinéraire bien définit par les exigences
de l'horizon d'attente du public. Il s'agit pour le créateur de
sélectionner sur le plan linguistique des éléments de
masse et les jumeler à ceux des conventions. Cette large marge de
manoeuvre linguistique lui confère tout un potentiel artistique lui
permettant de s'ériger au dessus des autres genres dramatiques. En
effet, en plus du matériau conventionnel reconnu par les institutions de
la langue choisie, la farce populaire peut puiser ses ressources dans la
sociolinguistique locale.
3.2. Support socioculturel efficace
Au regard des efforts consentis dans l'intégration des
multiples unités linguistiques que compte le Cameroun, deux choses sont
à remarquer dans l'efficacité de la farce populaire vue comme
support : il s'agit de sa flexibilité et de sa maniabilité.
Elle est en effet en mesure de faire corps avec les exigences socioculturelles
d'une unité ethnique quelconque. Ainsi, elle peut servir de support pour
la culture Eton, Ewondo, Douala, Bassa etc, et ce sans risque de
condescendance. Dans son rôle de support, elle sera le reflet de
proverbes et d'autres oralités traduit dans une langue de communication.
Elle rend compte de la banalisation des valeurs intrinsèques et des
événements sacrés pour les cultures africaines,
notamment : la naissance, le mariage, la mort. Par là chaque
individu s'identifie. A travers ce procédé, ce type de
théâtre touche la majorité des composantes sociales,
d'où son efficacité.
3.3. Des comédiens de vocation
Dans le vide de l'espace scénique, seul le
comédien représente le mouvement, mais un mouvement vivant. C'est
donc le support vivant de la création, par conséquent son
rôle est capital. Il est de ce fait nécessaire qu'il soit
prédisposé à sa mission. Des nombreuses théories
rédigées sur lui, très peu évoquent ces
prédispositions. Or nous semble t-il, seul l'entraînement ne
suffit pas à faire de lui, ce support complet en mesure de porter tout
seul toute une création. Delà survient la notion de
« vocation », sans laquelle le comédien demeure un
être mécanique sans affection pour son métier. Dans cette
circonstance, la farce populaire se démarque par son comédien de
vocation. En effet, ce dernier se caractérise par un amour
inconditionné pour son métier, la maitrise naturelle des
techniques narratives, vue qu'il incarne parfois simultanément deux,
trois voire quatre personnages. De ce fait, il a la parfaite maitrise des
moyens expressifs de son corps c'est-à-dire : la bouche, les yeux,
les jambes, la voix, les bras. Par le biais d'une formation
associée, il représente un avantage artistique pour le metteur en
scène.
III. Insuffisance de
l'orientation farcesque
La proposition d'une orientation nouvelle pour le
théâtre camerounais entraîne certes des avantages, mais par
la même occasion des insuffisances que cette articulation se charge de
mettre au claire. Mais avant, c'est certainement le lieu de souligner un
paradoxe qui risque fort bien de surprendre dans le prochain argumentaire. En
effet, certains aspects de la farce populaire considérés comme
atouts, dans d'autres circonstances arborent des allures d'entraves,
notamment : le caractère mercantile, l'improvisation et le
caractère massif.
1. L'improvisation
Il est vrai qu'elle a toujours constitué une
qualité pour la majeure partie des arts de la scène, et l'art
dramatique en premier si l'on se réfère, à la
« commedia del arte » dont le succès reste redevable
à ce mécanisme. Ce dernier prend cependant la courbure d'une
insuffisance dans la mesure où l'on envisage passer outre certaines
préceptes comme :
« ... raconter une histoire, ne pas essayer
d'être bon ni intelligent, ne pas faire trop, être efficace et
l'auditoire te percevra comme excellent. Prendre des risques loin de la peur
de tomber en panne d'inspiration. Les principes de l'improvisation sont l'exact
contraire de ceux que l'on apprend dans la vie. La crainte de l'inconnu nous
fait faire les plus grossières erreurs, l'analyse de ces erreurs nous
permet de progresser163(*). »
Il est donc clair, que l'abus de l'improvisation conduit
immédiatement à l'assassinat de la base fondamentale de l'art
dramatique (le texte).
2. Le caractère mercantile
Ainsi qu'annoncé dès l'entame de cette
articulation, certains éléments vus comme avantages se
transforment en obstacle selon l'usage que l'on en fait. De ce fait, l'aspect
mercantile de l'orientation farcesque du théâtre engendre une
double facette, comportant d'une part l'avantage, et de l'autre
l'inconvénient. C'est par ailleurs ce dernier aspect qui suscite notre
intérêt. Parce que se préoccuper du désir de
rentabilité du théâtre camerounais est une chose, et
être avide d'argent en est une autre. Ce caractère prend tout son
sens nocif lorsqu'il s'assimile au désir maladif des artistes à
se faire un maximum de profit surtout financier. A cet instant, entrent en
scène d'autres paramètres qui risquent de fort belle
manière d'influencer négativement ce souci de rentabilité.
Il s'agit notamment : de la tendance conduisant de
l'excellence à la médiocrité. En effet, l'orientation
farcesque étant fondée sur des bases telle que : le rire, le
divertissement, peut aisément produire la recherche de la
facilité. Ce qui à son tour pourrait entraîner
l'effondrement du crédit accordé à l'orientation
farcesque.
Pour clore ce volet, ne manquons pas de souligner l'avatar
essentiel du mercantilisme. Cependant, remarquons avant, que tous domaines
à vocation purement mercantile n'impliquent pas toujours uniquement le
professionnalisme dans le milieu, mais aussi ce que nous qualifions sans
complaisance d'imposture. La farce populaire du mercantilisme risque donc
malheureusement de se confronter à ce phénomène. Le tout
n'est donc pas uniquement le gain effréné d'argent, mais un gain
réalisé sur les bases des préceptes esthétiques,
éthiques et professionnels envisagé par l'orientation farcesque.
3. Le caractère massif
Une fois encore émerge, le paradoxe
présenté plus haut. Il s'agit en effet de la mutation d'un
avantage en inconvénient. Ainsi, la masse publique de la farce
populaire, tôt envisagée comme atout, s'érige
également en véritable obstacle. Cependant cette
considération vient du fait en partie du manque d'éducation
théâtrale des ces masses, mais aussi l'absence d'infrastructures
adéquates.
Pour le premier cas, disons que l'éducation
théâtrale définit la conduite d'un individu dans le
processus de consommation du produit théâtral. Ainsi, il à
conscience de l'effet nocif de son bruit, de son rire intempestif, de l'usage
de gadgets produisant des contre-effets etc. Il est de fait difficile de tenir
en respect au Cameroun un public de 300 personnes, impossible serait alors d'y
penser avec 1500 comme le prévoit l'orientation farcesque en terme de
capacité d'accueil des lieux théâtraux.
Il se pose cependant un autre souci, ce lui de l'absence de
salles d'une telle capacité d'accueil. Dès lors, le
caractère massif de cette orientation, en présence du manque
d'infrastructure est une insuffisance.
4. Le conflit d'intérêt
En marge du double aspect que revêtent les
éléments mentionnés ci-dessus, le conflit
d'intérêt prend une orientation unidirectionnelle, à sens
strictement négatif. La difficulté qui survient est notamment
celle de l'affirmation du leadership du théâtre
subventionné. Pour cela les plus grands noms actuels du
théâtre camerounais ne semblent pas être prêts
à céder du terrain à l'orientation farcesque. De
là, la répercussion se perçoit à la fermeture des
portes du marché, ainsi qu'aux circuits associés. Tout cela
représente non une insuffisance inhérente à la farce
populaire, mais une conséquence. C`est dans cette mesure que ce conflit
intègre les insuffisances de cette orientation.
En fin de compte l'on s'aperçoit de l'ampleur de la
charge qu'a la farce populaire à poser les conditions de
l'émergence et de la compétitivité du théâtre
camerounais de demain. Car si des atouts dans certaines circonstances se
transforment en désavantages, il est peut être temps
d'épurer la farce populaire des éléments disgracieux
capables de l'effondrement de son projet, pour l'entreprise
théâtrale camerounaise.
IV. Modalités
d'émergence et de compétitivité
Ce point constitue en effet une preuve incontestable du refus
d'affirmation systématique de la farce populaire comme une solution
miracle à tous les maux qui minent actuellement l'univers
théâtral national. Le souci principal demeure, susciter au
près des hommes et femmes de théâtre au Cameroun une
attention particulière sur la farce populaire et son potentiel. Ceci
dans l'aspiration d'une émergence proche et par ricochet une production
compétitive. Par ailleurs, l'aspiration à l'émergence et
à la compétitivité a un coté conditionnel sans
lequel elle demeure une vaine utopie.
1. Théorisation de la farce populaire
Au sujet des causes de désaffection du public local
vis-à-vis du théâtre, Rachel EFOUA-ZENGUE164(*) pointe implicitement un
doigt accusateur sur l'absence d'une théorie dramatique digne de ce nom.
Jacques Raymond FOFIE165(*) semble également partager cette vision
lorsqu'il déclare que : « La théorisation ne
semble pas être la préoccupation essentielle de ce
théâtre... ». L'on peut ainsi comprendre par
là que parmi les entraves à l'émergence du
théâtre au Cameroun figure en bon place, le manque d'une
théorisation de la pratique théâtrale camerounaise. Par
ailleurs elle se présente moins comme une contingence et davantage comme
une nécessité. Parce que c'est elle qui se charge de penser l'art
dramatique et de prévoir ses crises. L'émergence vient donc de la
capacité des hommes de théâtre (dramaturges, metteurs en
scène et académiciens) à maîtriser eux-mêmes
les oeuvres à partir des bases bien définies. Ainsi, les
éclaircis résultant de la théorie, facilitent la
compréhension et par ricochet l'adhésion de nouvelles vagues.
Pour un produit artistique, seul son authenticité lui
garantit la capacité de captiver et de séduire un public au
départ antipathique. La théorisation permet à cet effet,
de prendre en compte toutes les valeurs socioculturelles, sociopolitiques et
socioéconomiques en mesure de mettre en exergue l'originalité
d'un art. Cette dernière permet au produit théâtral de
résister au phénomène de concurrence interne (la
sphère dramatique) et dans un rayon plus large (l'univers des loisirs)
d'où la compétitivité.
2. Adjonction et contextualisation des techniques
dramatiques modernes
Si la lecture des chapitres précédents donne en
substance l'impression du rejet immédiat de des techniques modernes de
la mise en scène166(*), il se peut qu'il soit temps d'apporter dans ce sens
une dénégation. Si l'on s'accorde du fait que la modernité
entraîne avec elle tous secteurs de l'activité humaine, Il est
évident d'imaginer la situation dans le domaine artistique. Fort
conscient de cette réalité, il est difficile, si non impossible
de demeurer en marge, surtout quand on aspire à l'émergence et
à la compétitivité. Le chalenge réside donc, d'une
part dans l'association de la modernité aux procédés
fondamentaux de la farce populaire, et de l'autre la contextualisation de
ladite modernité.
En effet, l'opération consistant en l'association des
fondamentaux à la modernité présente des avantages
exploitables à deux niveaux, d'abord chez le metteur en scène. En
fait pour des raisons pratiques, notamment relatives à
l'originalité, à la visibilité interne et externe, le
metteur en scène moderne de la farce populaire à tout
intérêt à s'accommoder. Faute de quoi il serait taxé
d'anachronique. Dès lors la bonne manipulation de ces techniques le met
à l'abri du rejet.
Le second niveau d'exploitation est celui du comédien.
A travers les techniques acquises et surtout les qualités physiques dues
à l'entraînement intensif du corps. Par le biais associatif de
principes biomécaniques, le comédien intègre sans
contrainte le travail physique non comme une contingence, mais comme une
nécessité vitale à l'exercice de sa fonction. Dans le cas
de la restitution des émotions il lui faut adjoindre à ses
connaissances les principes de la « mémoire
affective » de Stanislavski. Ce aboutit à un savoir faire de
qualité pour les comédiens, les rendant par la même
occasion compétitifs.
3. Réinsertion des composantes du produit
théâtral
Le dernier chapitre a oeuvré à comprendre qu'un
produit théâtral dispose de deux types de composantes les uns
aussi indispensables que les autres, notamment : ceux de l'environnement
interne et ceux de l'environnement externe. Leur déconnection du produit
théâtral contemporain conduit droit à de graves
disfonctionnements. La farce populaire, afin d'éviter de pareilles
difficultés, se propose de reconsidérer ces
éléments.
Mais avant, il apparait un besoin pressant de dissociation
fonctionnel d'éléments immédiat au produit
théâtral. Au sommet de la pyramide, le dramaturge et le metteur en
scène. L'association de leurs fonctions entraine en pratique
l'élimination systématique de l'un ou l'autre. Dans un rayon plus
large, entraine la suppression des techniciens de spectacle et autres artistes
associés. L'une des qualités de la farce populaire résulte
alors de la redynamisation de l'immédiat du produit
théâtral. De ce fait cela semble être l'une des conditions
essentielles en faveur d'une possibilité à l'émergence. De
ce qui précède, il en découle également un aspect,
l'emploi sélectif. Sur la base des qualités recherchées,
la production d'une farce populaire a des exigences de taylorisme où
chaque membre de l'équipage est assigné à une tâche
précise.
Il en va de même pour ce qui est des composantes de
l'environnement externe, quoique présentant quelques dissemblances sur
la spécificité des rôles à jouer. Sur un plan
purement économique seul la fidélisation de la clientèle
détermine l'essor d'un secteur d'activité. Pour la circonstance
le progrès de l'entreprise théâtrale nationale
dépend de la fidélisation du public d'où sa
réinsertion par la farce populaire.
4. Une thématique intéressante et
actualisée
L'un des aspects charmants du produit théâtral
découle aussi de la rigueur du choix thématique. Cependant, ce
choix obéit à deux principaux caractères,
notamment relatifs, au côté intéressant et
actualisé du thème. Dès lors, la proposition d'inclusion
d'un côté captivant et actualisé au sein de la
thématique est un aboutissement de l'impression ou mieux du constat fait
sur les oeuvres camerounaises de ces derniers temps. En effet, l'on a pu
remarquer une thématique diffuse, qui dans sa volonté
« d'élévation » de la pensée humaine,
la plonge davantage dans l'irrationnel, la dérision et
l'incompréhensible. La preuve en est, que 8 oeuvres sur 10,
écrites ou montées réalisent les peintures tristes et
sanglantes des exactions167(*) de l'Homme. En clair, ces oeuvres loin
d'intéresser suscitent méfiance, crainte et tristesse, et dans le
pire des cas, un formatage radicale des consciences.
De ce fait, la farce populaire dans sa contribution à
l'émergence et à la compétitivité du
théâtre camerounais, propose une thématique ordinaire,
c'est-à-dire en rapport direct avec le vécu quotidien, et des
situations bien connues. Ce qu'il y a certainement lieu de dire à ce
niveau, sachant que la thématique ne se construit qu'à partir des
réalités est, nous semble t-il, que la force de ce type de
théâtre ne réside pas dans le choix thématique, mais
dans son traitement. Car ainsi que nous le relevions plus haut, les formes de
théâtre opérant dans la sphère nationale ont
opté pour un angle de traitement mettant en relief la tristesse, la
peur et la méfiance. Loin de cette option, la farce populaire s'impose
un traitement comique de ces réalités, dans le parfait respect
des consciences impliquées.
5. Education de la jeune génération
Des nombreuses imperfections dont souffre le
théâtre au Cameroun, l'on peut relever comme le mentionne
déjà la plus part des chercheurs168(*) sur le théâtre
camerounais, l'absence de l'éducation du public. Dans son manque
d'éducation, il lui est précisément reproché :
des applaudissements intempestifs, du rire grotesque, et sa rareté dans
les lieux théâtraux (salles de théâtre). En claire,
une faible si non absence de culture théâtrale. Il faut cependant
remarquer dans ce phénomène, qu'il se fait plus manifeste au
près des générations vieillies. Ainsi, la tentative de
solution que propose la farce populaire tient, de la pensée qui
considère la jeune génération comme, l'avenir de la
prochaine entreprise théâtrale au Cameroun. Cette réflexion
trouve tout son sens quand on se fait l'idée de ce qu'est
l'éducation d'un adulte. Dans ces circonstances, le modèle
proposé s'applique sur le jeune.
Le mode opératoire à adopté pour des
raisons d'efficacité reste, l'introduction dans l'enseignement de base,
des programmes relatifs à l'éducation théâtrale.
Dans le même sillage, procéder à la même application
au niveau primaire, ainsi qu'aux premières années du secondaire.
Parvenu à ce niveau, l'individu intériorise, et dispose des
pré-requis lui permettant de forger un
« background », et par ricochet s'habitue au contact du
théâtre en tant qu'enseignement d'une part et comme produit
spectaculaire de l'autre. Une fois au niveau supérieur, l'individu
dispose des outils nécessaires lui permettant de juger de l'importance
et l'intérêt que revêt le théâtre. La
réalisation d'une pareille opération contribue sans aucun doute,
à ce qui fait l'un des objets essentiels de ce travail à savoir,
l'émergence et la compétitivité169(*) de l'entreprise
théâtrale au Cameroun.
V. Résultats
escomptés
Après présentation de la face populaire, ses
atouts, et les potentielles modalités lui permettant une contribution
efficace à l'émergence et à la compétitivité
de l'entreprise théâtrale au Cameroun, il est surement tant de
relever quelques résultats espérés suite à cette
démarche. Mais avant d'y parvenir il convient de dire, que jusqu'ici des
études170(*) ont
essayé de diagnostiquer avec précision, et proposées
parallèlement des traitements préventifs aux malaises de cet art
au Cameroun. Pourtant, des années plus tard, le malaise persiste et ne
semble pas faire partie du résultat attendu. C'est toujours la
même hibernation, dont il n'est pas évident d'en déterminer
l'issue. De ce fait, le caractère curatif de nos propositions nous
donne droit aux espérances raisonnables, réalisables à
court et à long termes.
1. Susciter un regard positif sur la farce
populaire
Si au sortir du sondage sur horizons d'attente
l'adhésion du spectateur permanant à ce type théâtre
parait chose faite, cela n'est pas tout à fait une évidence en
ce qui concerne le spectateur alternatif. Ce dernier, manifeste du
mépris et du manque de considération à l'égard de
la farce populaire. C'est donc lui la cible. Il s'agit de regarder la farce
populaire non comme une anomalie du théâtre conventionnel plus
dialectique, mais comme une formule dramatique en faveur des besoins du
consommateur. A travers cette vision, la farce populaire représente
certes une issue truffée d'imperfections, mais disposant
néanmoins du principal catalyseur de développement de
l'entreprise théâtrale : le public. Dès lors, l'enjeu
est moins l'éradication, que l'amélioration esthétique.
2. Elaboration des bases théoriques
L'attente de l'élaboration d'une théorie dans
les résultats escomptés à cette recherche tient de
l'interdépendance qu'entretiennent la théorie et la pratique. En
fait, si la pratique résulte de la théorie, en retour, toute
théorie découle logiquement de la pratique. Dans cette
circonstance, nous osons espérer pour la proposition dramatique faite
précédemment une élaboration théorique. Pour ce
faire, plusieurs raisons oeuvrent en faveur de cette idée.
L'association praticiens-académiciens trouve à
coup sûr l'urgence d'élaborer une théorie permettant
d'assurer d'une part la crédibilité de la pensée
dramatique camerounaise, et de l'autre sa transmission aux
générations futures.
Aujourd'hui plus que jamais, le théâtre
camerounais fait l'objet du manque de traçabilité. Il est donc
à penser qu'une prise de conscience générale donne des
raisons d'espérer la nécessité d'une base théorique
pour la farce populaire.
Outre ce qui précède, l'un des motifs qui
sous-tendent la matérialisation de cette idée demeure le besoin
d'identification. C'est par lui que partent tous principes consistant à
l'affirmation des singularités collectives. Par conséquent si
telle semble être l'une des préoccupations de la farce populaire,
il y a lieu d'espérer au préalable une base théorique.
3. Accommodation des dramaturges, metteurs en
scène et autres techniciens de la régie
Parvenu à ce niveau, il semble légitime que
certaines de nos attentes se tournent enfin vers des dramaturges ayant le souci
de s'arrimer aux normes dramaturgiques de la farce populaire. Car, le metteur
en scène encore plus que le dramaturge devrait être soumis
à cette exigence. Cette dernière détermine la performance
des autres techniciens qui concourent à la réalisation de sa
tâche.
Outre l'adaptation des deux premiers créateurs, l'on
attend également le retour sans complaisance de la totalité des
techniciens à l'acquisition des connaissances nécessaires aux
exigences techniques de la farce populaire. De ce fait, leur adaptation fait
totalement partie de notre escompte.
4. Redynamisation de l'entreprise
théâtrale
Redynamiser, cela sous-entend l'échec d'une dynamique
antérieur. Pour la circonstance, elle passe inévitablement par le
retour du public dans les salles. Toutefois, la condition du retour semble
déjà connue, l'intégration dans le produit
théâtral, du type et du degré d'affection accordé
par le public. Dans le même ordre de pensée, si nos
espérances s'accordent à la réoxygénation,
peut-être faut-il aussi incruster dans cette attente, la
réanimation des marchés de spectacle préexistant ainsi que
leurs circuits. Dans cette mesure, le produit n'a pas une durée de vie
réduite à une ou deux représentations, mais plusieurs avec
des dates bien connues.
Cependant, il faut dire que cette attente en voile une autre,
notamment : que l'art dramatique s'implique véritablement dans
l'économie nationale, à travers la création d'emploi. Que
l'on assiste enfin à l'entreprise productrice et
génératrice de fonds en mesure d'offrir une vie décente
aux personnes impliquées.
Chutons de ces prévisibilités notamment
relatives, aux moyens et systèmes de diffusion. Anciens et nouveaux, il
s'agit d'un travail de synergie où l'unique but est la promotion et la
vente massive du produit dramatique, ainsi que la visibilité de ses
créateurs. A cet effet, redynamiser le théâtre camerounais
incombe l'implication active des médias. Le but étant bien
entendu, de retenir l'attention du public, afin de maximiser les
entrées, et faire prospérer l'entreprise dramatique au Cameroun.
5. Susciter l'intéressement de
l'Etat
Les moyens rudimentaires, et l'agonie dans laquelle
évolue l'art dramatique au Cameroun depuis un peu plus de deux
décennies déjà, témoignent de l'absence de
volonté visant son amélioration. Cet état des choses
semble être en majeure partie dû, au manque d'intérêt
économique voire politique. Raison pour laquelle, au sortir des raisons
soulevées tout au long de ce travail, nous pensons susciter
l'intérêt de l'Etat, à condition d'entrevoir le
théâtre comme une source de création de richesse, un
produit de rente, une matière première qui mérite
d'être exploitée. Dès lors l'intéressement sera
perceptible sur deux plans.
Le plan financier, il est question pour le pouvoir public,
d'investir dans ce secteur, en introduisant de nouveaux systèmes de
financement efficaces capables de soutenir le secteur sur une longue
durée. Il s'agit aussi, de voir murir la loi du mécénat,
qui pourra entrainer, l'implication d'un nombre important d'investisseurs au
même titre que les structures privées.
Le plan infrastructurel, nous entrevoyons pour le
démarrage, la construction d'au moins, deux salles de spectacle de
qualité technique moyenne, d'une capacité de 1000 places chacune,
réparties sur les deux grandes métropoles du théâtre
camerounais, afin d'accueillir les flux massifs du public.
En guise de mot de fin pour ce chapitre qui se proposait de
présenter et d'exploiter la farce populaire afin d'aboutir aux
perspectives d'émergence et de compétitivité de
l'entreprise théâtrale nationale, il semble convenable de dire,
avant le rappel des grandes orientations que, cette réflexion s'inscrit
inévitablement à la suite des nombreuses autres, décriant
déjà la léthargie actuelle du théâtre
camerounais. Sa particularité vient toutefois de la volonté de
rentabiliser la pratique dramatique dans notre pays. Pour ce faire, il a
été question avant la proposition de l'orientation farcesque, et
pour des raisons essentiellement pratiques d'un sondage qui rendrait compte de
l'état actuel de la réception et de l'environnement du produit
théâtral au Cameroun. A cet effet, l'on a pu constater quelques
causes de désaffection du public camerounais vis-à-vis du produit
théâtral. Ainsi sur la base de ses préférences, la
farce populaire semble être la formule dramatique qui lui convient le
mieux. Cependant, envisager relancer l'activité théâtrale
camerounaise à partir de cette orientation implique un certain nombre de
challenges se résumant à son accommodation en d'autres
termes : adjonction et contextualisation des techniques
dramatiques modernes, ainsi que sa théorisation. Il se cache donc
derrière cette préoccupation mercantile, une volonté
manifeste de lier l'esthétique à l'éthique, le tout
gouverné par les normes professionnelles qu'exigent l'orientation
farcesque.
D- CONCLUSION GENERALE
« Esthétique de la création
théâtrale camerounaise de 1990 à 2010 » est ce
sur quoi portait la présente étude. Cette dernière avant
toute chose, s'est voulu une permanente investigation à vocation
théorique, dont l'intérêt était d'ouvrir une piste
de réflexion nouvelle sur le rôle de l'esthétique dans le
processus de création théâtrale en Afrique et
précisément au Cameroun. Il s'agit donc d'une argumentation
théorique qui considère l'art dramatique comme un moyen
d'expression collective, à travers lequel se manifestent,
l'idéologie, les préférences et la culture collective.
Cependant cette vision ne représente en réalité qu'un pan
du voile, parce qu'au-delà, s'est imposée une
interdisciplinarité qui pour des besoins scientifiques a
complété le discours afin d'aboutir à une méthode
d'analyse et d'interprétation des informations recueillies.
Si le point de départ de toute recherche reste le
constat d'un problème, c'est sans doute la désertion des salles
par le public, et par ricochet le faible taux de consommation du produit
théâtral entre 1990 et 2010 au Cameroun qui constitue la
charnière du problème dans cette étude. De ce fait, la
démarche vers la résolution dudit problème a donc
nécessité d'être scindée. Quatre chapitres ont
constitué la charnière de ce travail. Chacun traitant certes d'un
aspect précis, mais en rapport avec les reste. Ainsi pour interroger,
l'histoire et l'évolution de l'esthétique théâtrale
dans le monde et au Cameroun, le premier chapitre s'est donné un objet
double.
Dans un premier temps dévoiler les racines de
l'esthétique théâtrale et son caractère ambigu. Pour
le premier cas, c'est-à-dire l'origine, l'on a pu constater sa
tridimensionnalité du point de vue dramatique. Ainsi,
l'esthétique théâtrale a des souches philosophiques,
rhétoriques et théoriques. Par ailleurs sur le plan
scénique, cette origine reste une dualité entre religion et
contexte. Au final, l'origine de l'esthétique théâtrale est
plurielle. Cette pluralité originelle a conduit à l'examen du
côté définitionnel qui, en réalité
reflète une ambiguïté se refusant toute approche
systématique ou phénoménologique. Par la suite,
l'étude s'est attelée à présenter ce qui pourrait
être nommé de moyens d'identification d'une esthétique
dramatique. Ainsi, pour la double dimension de l'art dramatique, il en existe
deux types : les moyens matériels et immatériels. L'aspect
évolutif pour sa part n'a pas manqué de baliser les étapes
majeures, partant de l'aristotélisme à la version plus actuelle
du concept, sans oublier un listing chronologique des principaux
esthéticiens du théâtre.
Dans un second, nous nous sommes consacrés, à
l'esthétique du théâtre au Cameroun. Il a donc fallu une
présentation progressive de l'histoire de ce théâtre
camerounais durant la période coloniale et postcoloniale pour en arriver
à son esthétique. La remarque faite est que les circonstances
sociopolitiques ont largement influencé la pratique dramatique au niveau
idéologique et des genres théâtraux au même titre que
son esthétique. La situation en est tout à fait autre à la
sortie de l'indépendance, car l'influence est cette fois relative
à une circonstance nouvelle, du coup, l'état d'esprit, et la
portée idéologique épousent la pensée dominante.
C'est fort conscient d'une esthétique dominante ayant
à coup sûr conduit aux heures de gloire de cet art dans notre pays
entre l'indépendance et la fin des années 80, que le
deuxième chapitre s'est proposé d'étudier :
l'esthétique de la création théâtrale camerounaise
de 1990 à 2010. Mais avant, il s'est posé une urgence. Celle de
présenter les causes de la rupture avec ce que notre étude nomme,
« réalisme farcesque ». Il y a d'autant plus urgence
quant il s'agit de la présentation et la compréhension des motifs
de ladite rupture. L'on a à cet effet pu logiquement déduire de
la chute de cette option dramatique, les causes. Ainsi, La crise
économique, les bouleversements politiques, la concurrence des autres
loisirs et la critique multiforme sont à l'origine de l'abandon de ce
courant.
Dès lors, la création dramatique camerounaise
prend non une, mais de nouvelles orientations esthétiques. Parce que,
dans l'analyse des quatre oeuvres du corpus, les deux décennies
1990-2000 et 2000-2010 laisse entrevoir une diversité de choix
esthétiques tant, du point de vue textuel que scénique. Pour ce
qui est de la dramaturgie, le constat réalisé sur divers aspects
de : Un touareg s'est marié à une pygmée :
épopée pour une Afrique présente, intègre pour
sa part, l'esthétique de la distanciation. Noir et blanc quant
à lui obéit aux principes de la déconstruction. Pour le
cas de la mise en scène, Trois prétendants... un mari,
cumule les signes naturalistes, pendant que, Les Osiriades de Martin
Ambara se situe dans une tendance syncrétique, qui en
réalité ne doit son existence qu'à la combinaison de
plusieurs autres courants. Ceci conduit à la vérification de
l'hypothèse principale de la recherche. Celle-ci estime,
« qu'il est difficile d'identifier une esthétique
singulière du théâtre dite camerounaise, mais plutôt
une pléthore d'esthétiques d'importation, que les
créateurs tentent de domestiquer. ». A l'issue des
résultats de l'analyse du corpus, et de plusieurs autres
créations associées, il faut dire qu'il est moins évident
pour ces tendances de légitimer leurs origines africaines et à
plus forte raison camerounaises. Leur identité camerounaise semble donc
se dissiper, et confirme de ce fait l'hypothèse d'importation et la
volonté d'apprivoisement. La pluralité esthétique qui
meuble la création dramatique au Cameroun au cours des deux
dernières décennies confirme en partie l'autre pan de la
même hypothèse qui soutient, « qu'il est difficile
d'identifier une esthétique singulière du théâtre
camerounais ». Toutefois, la pluralité et le
syncrétisme qui dominent le théâtre camerounais de cette
période rime de mieux en mieux avec le courant contemporain, dont la
camerounité reste à démontrer.
Quel a donc été l'impact de l'esthétique
contemporaine sur le processus d'émergence du théâtre au
Cameroun depuis 1990 ? Telle est l'interrogation à laquelle s'est
engagé à répondre le chapitre trois de cette recherche. Il
a donc été question dans un premier temps, de la
présentation des constituants de l'environnement interne du produit
théâtral, à partir desquels l'on se devait de
dégager l'impact qu'a eu l'esthétique contemporaine. Il en
était de même pour le second volet du chapitre qui a bien
évidemment présenté, les composantes de l'environnement
externe du produit théâtral pour ensuite ressortir l'impact. Il
est donc à dire, qu'un examen minutieux des composantes de premier et
deuxième ordre de l'environnement interne, laisse entrevoir plusieurs
aspects de cette influence. Notamment, le cumul de fonction, la
dégradation de la condition socioprofessionnelle, la suppression des
métiers associés, extraversion idéologique et le
découragement des jeunes générations en sont les
principaux aspects de l'impact. Toutefois il a semblé nécessaire
de ramener ledit impact à trois niveaux de perception. D'abord la
dimension psychologique, elle a pu révéler, l'introspection des
créateurs, l'extraversion idéologique, la collaboration
subjective et le conflit d'intérêt entre créateur et
consommateur. La dimension professionnelle et humaine s'est attardée,
sur la disparition des spécialisations, la réduction de
l'expérience dans l'exercice et la déconnexion aux autres
métiers. La synthèse a chuté par la dimension
socioculturelle. Elle a pu mettre en lumière, le phénomène
de globalisation, d'acculturation, la réduction du rôle social du
produit théâtral ainsi que le renforcement des
inégalités sociales. Le cas de l'environnement externe n'est
cependant pas mieux.
Car, le spectateur permanant en tant que consommateur
essentiel du produit théâtral au Cameroun a négativement
été influencé. Ladite influence se manifeste par, la
désertion des salles, manque de considération pour le produit
théâtral, en bref une mauvaise réception. Comme autre
niveau d'impact, la décomposition des marchés à travers la
perte progressive de ses composantes essentielles, suivi de leurs circuits.
Dans le même sillage, la désolidarisation des partenaires
financiers, médiatiques et même du pouvoir publique. Tel a
été en substance l'influence du contemporain sur l'environnement
extérieur. C'est cependant ici le lieu de vérifier
l'hypothèse secondaire n°1 qui soutient que,
« l'esthétique ou les esthétiques dominantes du
théâtre camerounais depuis 1990 auraient non seulement
contribué à la désertion des salles par le public, mais
aussi à la baisse du taux de consommation du produit
théâtral, et par ricochet à son effondrement ».
La vérification de cette hypothèse passe nécessairement
par trois volets. Commençons par les deux premiers, c'est-à-dire,
la désertion des salles par le public et la baisse du taux de
consommation, qui est en réalité la conséquence
immédiate du premier. Il faut souligner au regard des résultats
de l'enquête menée, le courant contemporain a moins oeuvré
à retenir le public dans les salles plus qu'il ne les a refoulé.
En plus comme le dirait Martin Ambara : « ...ce n'est pas un
type de théâtre qui vise à plaire, donc les exigences du
public ne font pas partie de ses priorités171(*)... ». La
conséquence de l'absence d'intégration des exigences du
spectateur est immédiate, une consommation à la baisse. Toutefois
lorsque l'on valide comme influence, la désertion des salles par le
public, le faible taux de consommation du produit théâtral, il est
évident de deviner la suite, l'effondrement de l'entreprise
théâtrale. Ainsi donc peut-on passer à l'affirmative de
l'hypothèse précédente.
A partir du constat de l'échec du courant
esthétique contemporain, son manque de considération pour le
consommateur, et de surcroit sa forte implication dans la régression de
l'art dramatique au Cameroun, le quatrième et dernier chapitre se
présente comme une perspective. De ce fait il s'est donné une
mission, celle de proposer une orientation dramatique qui semble
déjà connue et bien prisée du public camerounais et
international, surtout lorsque l'on s'en tient au succès du
Théâtre National Populaire en France(TNP), du théâtre
populaire camerounais de la fin des années 70 début 80 ou de la
« commedia Del arte » italienne pour ne citer que ces
exemples. Les raisons étant bien entendu la rentabilité et la
redynamisation de l'industrie dramatique au Cameroun.
Afin de réduire les marges d'erreur, il a fallu
actualiser le diagnostique pour proposer par la suite un traitement
adéquat. Ainsi selon le diagnostique, l'environnement actuel du
théâtre n'a véritablement pas subi une évolution
majeure. Du coup, il partage beaucoup de similitudes avec les temps derniers.
En effet, l'exposition du public au produit théâtral semble de
plus en plus régressive, la mauvaise perception et une horizon d'attente
absente dans les créations, sont les résultats de
l'enquête. Cependant, la même enquête a pu
révéler un point essentiel, celui des préférences
dramatiques du public camerounais.
Sur la base de ces préférences, le chapitre
quatre s'est proposé d'exploiter la farce populaire, à travers
ses atouts économiques, sociaux et artistiques. Pour ce, il a fallu par
ailleurs évoquer ses insuffisances, afin de donner la condition
d'existence de l'émergence et à la compétitivité du
théâtre camerounais. Il en résulte que, l'un des premiers
challenges de cette orientation c'est sans doute sa théorisation, qui
lui assurera la crédibilité et la pérennisation. Il lui
faudra ensuite adjoindre et bien sûr contextualiser les techniques
dramatiques modernes, réinsérer toutes les composantes
rejetées par le contemporain et enfin, procéder à
l'éducation de la jeune génération. Le résultat
escompté se construit autour du regard positif vis-à-vis de la
farce populaire, élaboration des bases théoriques, redynamiser et
susciter l'attention de l'Etat. Ceci nous conduit à la
vérification de l'hypothèse secondaire n°2 selon laquelle,
« la farce populaire serait la forme de théâtre qui
correspond le mieux au public camerounais, elle contribuerait de ce fait,
à la redynamisation et à la compétitivité de l'art
dramatique au Cameroun. ». A cette hypothèse disons que,
l'orientation farcesque dispose certes d'atouts en mesure de busquer
positivement l'entreprise dramatique au Cameroun. Toutefois pour parvenir
à pareil résultat, la considération des modalités
d'émergence et de compétitivité reste inévitable.
Ce travail, qui est loin d'épuiser la
problématique relative, à la désertion des salles par le
public et à la sous consommation du théâtre au Cameroun, ou
en un mot à sa léthargie, offre et s'offre à d'autres
orientations, et il serait logique, dans une recherche ultérieure,
d'envisager la théorisation de cette orientation, non seulement à
partir de la synthèse des analyses de plusieurs oeuvres de ce types
ayant eu un grand succès au près du public mais aussi de
l'étude éthique et esthétique du spectateur camerounais
dans le but justement d'établir une base manifeste, qui serait utile sur
le plan fondamental de la création dramatique au Cameroun. La
conséquence de ce qui précède serait d'insuffler une
identité nationale et de là, le développement de
l'entreprise dramatique camerounaise, gage de la vulgarisation culturelle,
voire touristique. Car, il semble important d'avoir en tête aujourd'hui,
que la domination de demain sera fonction de la singularité et de
l'originalité culturelle.
E-
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http://www.afrimap. org
08/01/2014
http://
www.lansman.com
13/02/2014
http://www.multimania.com/fatej
16/03/2014
http : //www.visionarymarketing.com
20/04/2014
F-
ANNEXES
ANNEXE 1
QUESTIONNAIRE
Madame/ Monsieur,
Ce questionnaire est à l'intention de toute personne
âgée d'au moins 20 ans en 2010. Il vous est proposé par un
étudiant de la section des Arts du Spectacle et Cinématographie
de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines de
L'Université de Yaoundé I dans un but strictement
académique. En répondant objectivement aux questions ci
après, vous contribuez à une meilleure compréhension de la
situation théâtrale au Cameroun depuis 1990. C'est-à-dire
des causes de désaffection et de désertion des salles par le
public, et l'horizon d'attente du public camerounais.
Merci pour votre disponibilité et soyez assurés
de la considération de vos réponses.
NB : cochez uniquement la/les case(s)
utile(s)
I-IDENTIFICATION ET CATEGORISATION DES
INDIVIDUS
1- Sexe : masculin
féminin âge .................
2- Ville de
résidence...........................................................................
3- Individu averti Individu non
averti
II-RECEPTION DES PRODUITS THEATRAUX
A. EXPOSITION
1- Savez vous que le théâtre existe sous les deux
formes que sont : le texte et le spectacle ?
Oui ; Non
2- Savez vous que la finalité du texte
théâtral c'est le spectacle ?
Oui Non
3- Regardez-vous les spectacles de
théâtre ?
Oui ; Non
4- Connaissez-vous un lieu de diffusion du
théâtre dans la ville de Yaoundé?
Oui ; Non
5- Connaissez-vous d'autres moyens de diffusion du spectacle
théâtral ?
Oui Non
6- Si oui, le quel préférez-vous des
suivants ?
La télévision ; la radio
; L'internet ; Le support DVD
7- Percevez-vous clairement les messages qui en
découlent ?
Oui ; Non ; Pas assez ; Très
mal
Les spectacles regardés ou textes lus ces
dernières années obéissent ils à cet
objectif ?
Oui ; Non
B. PERCEPTION ET HORIZON D'ATTENTE
7- Comment avez-vous trouvé les trois derniers
spectacles que vous avez regardés ?
Attractifs ; Hermétiques ; Psychanalytiques
; Philosophiques
8- Avez-vous compris le message ?
Oui ; Non
9- Vous identifiez vous dans ces spectacles ?
Oui ; Non ; Un peu
10- Quel degré d'affection accordez-vous au spectacle
de même type ?
0 ; 1 ; 2
11- Êtes-vous prêt à regarder un spectacle
de même type ?
Oui ; Non
12- Quel est d'après vous l'objectif principal d'un
produit théâtral
Plaire ; Eduquer ; Les deux à la fois
13- Des genres théâtraux suivants, lequel
préférez vous ?
Le drame ; La tragédie ; La comédie
14- Pour quoi cette préférence ?
C'est plus attrayant ; C'est facile à comprendre ;
C'est adapté à nos besoins ;
15- Êtes-vous satisfait de tout spectacle comique ?
Oui
Non
16- Que recherchez-vous personnellement dans un produit
théâtral (texte et spectacle) en tant que production
artistique?
Le divertissement ; La réalité sociale
; La transcendance
III- RANG ACTUEL DU PT DANS LE MARCHE DES LOISIRS
17- Lequel préférez vous des loisirs
suivants : regarder la télévision ; la consommation
d'alcool , les jeux de hasard , La dance , Les spectacles de
théâtre , La lecture , La music , le
cinéma .
ANNEXE 2
PROTOCOLE D'INTERVIEW
Le présent protocole est conçu par un
étudiant de la section des Arts du Spectacle et Cinématographie
de la Faculté des Arts Lettres et Sciences Humaines de
L'Université de Yaoundé I, dans un but strictement
académique. Il est à l'intention d'une triple catégorie de
d'individu : dramaturge, metteur en scène ou observateur averti
ayant au moins 20 ans d'expérience en 2010. Le témoignage
recueilli permettra d'avoir une idée fiable sur les différentes
manifestations esthétiques en présence dans l'art dramatique
camerounais de 1990 à 2010.
Merci pour votre disponibilité et de l'assurance de vos
propos.
I- IDENTIFICATION DU TEMOIN
1- Qui est Ambroise Mbia ?
a. Sur le plan individuel
b. Sur le plan professionnel (théâtre)
2- Depuis combien de temps faites vous du
théâtre ?
3- Quelles ont été vos motivations ?
Ont-elles subi des modifications dans le temps ?
II- LA PERIODE 1990-1995
4- Au regard du contexte sociopolitique et de quelques
innovations en techniques scéniques au début des années
1990, peut on parler d'une approche esthétique différente de
l'ancienne ?
5- Durant les cinq premières années de la
décennie 90, quel est le spectacle camerounais qui vous a le plus
marqué en termes d'originalité esthétique ?
6- Quelles étaient les fonctions : du
comédien, de son costume, du maquillage, et de la coiffure ?
7- Quel était le type de décore le plus
usuel ; ménager ou aménager ?
8- Quel était le rôle dramaturgique de : la
lumière, la musique et les effets sonores ?
9- Du point de vue narratologique, les éléments
ci-dessus contribuaient ils à la construction ou la
déconstruction chronologique ?
10- Leur agencement était-il logique ou
idéologique ?
11- Au regard de quelques créations majeures de cette
période à votre connaissance, quelle est à votre avis,
l'esthétique dominante ? Est-ce le réalisme, le naturalisme,
le symbolisme, ou le contemporain ?
III- LA PERIODE 1995-2000
12- Durant les cinq années qui ont suivies 1995, y
a-t-il eu un changement véritable ?
13- Si oui, comment s'est il manifesté sur le plan
scénique?
14- Que pouvait-on relever de particulier au niveau: du
personnage, des costumes, du maquillage, de la coiffure ?
15- Le personnage de cette période est-il
différent ou identique à celui de la farce populaire ?
16- Dans la mesure de la différence, quelles
étaient sa nouvelle caractérisation ?
17- Du point de vue artistico-technique, le
théâtre a-t-il connu une quelconque évolution ?
18- Quelles étaient les fonctions de :
l'éclairage, la music et les effets sonores, les objets et le
décor ?
19- En quoi contribuaient-ils ou non à la
compréhension du spectacle ?
20- Quelle est à votre avis l'oeuvre qui a le plus
marquée la scène théâtrale nationale de cette
période en termes d'innovations des techniques scéniques ?
21- Pouvait-on identifier à cette période une
esthétique dominante ?
22- Si oui par quels moyens ?
IV- LA PERIODE 2000-2005
23- Existe-t-il une différence fondamentale du point de
vue esthétique entre la pratique théâtrale de la
décennie 1990 et celle des cinq années suivantes ?
24- A partir de quelle période se manifeste
l'esthétique contemporaine dans le théâtre
camerounais ?
25- Existe t-il entre 2000 et 2005 des créations dans
ce registre esthétique ?
26- Existe-t-il une différence entre la fonction
naturelle du costume, du maquillage, de la coiffure et celle qui leur est
assignée par l'esthétique contemporaine ?
27- Comment se présentait le décore relativement
au nombre d'élément qui le constituait
28- Les signes utilisés dans la mise en scène
étaient ils matériels ou symboliques ?
29- A votre avis, quelle était l'idéologie
globale de ces créations ?
V- LA PERIODE 2005-2010
30- Quelle était la remarque particulière
relativement au nombre de comédien par spectacle ?
31- Les spectacles nécessitaient ils plus ou moins de
comédiens par apport à l'époque antérieure ?
32- Quelles étaient les spécificités au
niveau du jeu d'acteur ?
33- Quel était le type de décore dominant :
naturel, symbolique, ou pauvre ?
34- Quelles étaient les exigences esthétiques
vis-à-vis du comédien, de son costume, sa coiffure et son
maquillage ?
35- Les fonctions de costumier, décorateur, coiffeur,
et maquilleur sont ils assurées par des personnes de métier ou
simplement par le metteur en scène ?
36- Quel rôle jouent l'éclairage, la musique et
le bruitage ?
37- Ce rôle était il nécessaire ?
38- Peut-on parler d'une domination du mono
théâtre à cette période ?
39- Comment se caractérise-t-il ?
TABLE DE MATIÈRES
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
LISTE DES TABLEAUX
v
LISTE DES FIGURES
vi
LISTE DES ABREVIATIONS
vii
INTRODUCTION GENERALE
1
1. Présentation du sujet
1
2. Motivations du choix du sujet
3
2.1. Motivations personnelles
3
2.2. Motivations scientifiques
3
3. Intérêt et objet de la
recherche
4
3.1. Intérêt
4
3.2. Objet de la recherche
5
4. Définition des concepts
5
5. Délimitation du sujet
6
5.1. Délimitation spatiale
6
5.2. Délimitation temporelle
6
6. Corpus d'étude
7
6.1. Justification du choix du corpus
7
6.2. Présentation du
corpus :
8
6.2.1. Trois prétendants...un
mari
8
6.2.2. Un touareg s'est marié
à une pygmée : épopée pour une Afrique
présente
9
6.2.3. Noir et blanc
9
6.2.4. Les Osiriades
9
7. Problématique
10
7.1. Le Problème
10
7.2. Question principale.
10
7.3. Question secondaire n°1
10
7.4. Question secondaire n°2
11
8. Hypothèses
11
8.1. Hypothèse principale
11
8.2. Hypothèse secondaire
n°1
11
8.3. Hypothèse secondaire
n°2
11
9. Revue de la littérature
12
10. Cadre théorique
13
CHAPITRE
I :
RAPPELS
SUR L'HISTOIRE ET L'EVOLUTION DE L'ESTHETIQUE THEATRALE DANS LE MONDE ET AU
CAMEROUN
20
A. L'esthétique
théâtrale dans le monde
21
I. Origines et ambigüités du
concept
21
1. Les origines
21
1.1. Sur le plan dramaturgique
21
1.1.1. De l'origine philosophique
22
1.1.2. De l'origine rhétorique
22
1.1.3. De l'origine théorique
23
1.2. Sur le plan scénique
24
1.2.1. L'origine religieuse
25
1.2.2. Origine circonstancielle
26
2. Les ambiguïtés du concept
26
2.1. Définition de Louis Becq de
Fouquières
27
2.2. Définition d'André
Veinstein
28
2.3. La définition de Patrice
Pavis
28
2.4. Définition collective :
Jacques Scherer, Monique Borie et Martine de Rougemont
28
2.5. Définition de Catherine
Naugrette
29
II. Des constituants esthétiques du
théâtre
29
1. Eléments matériels du texte
et de la scène
29
1.1. Eléments matériels du
texte
29
1.2. Eléments matériels de la
scène
30
2. Eléments immatériels du
texte et de la scène
31
2.1. Eléments immatériels du
texte
31
2.2. Eléments immatériels de
la scène
32
III. Evolution de l'esthétique
théâtrale et stages majeurs
33
1. L'aristotélisme
33
2. L'esthétique
médiévale
34
3. L'esthétique de la renaissance
34
4. L'esthétique du
théâtre bourgeois
35
5. Le symbolisme
36
6. L'esthétique contemporaine
37
IV. Chronologie des esthéticiens du
théâtre et leurs travaux
37
1. La première vague (Siècles
avant J.C)
38
2. Deuxième vague (Siècles
après J.C)
38
B. Esthétique théâtrale
au Cameroun avant 1990.
43
I. Esthétique théâtrale
avant l'indépendance
44
1. Circonstance sociopolitique.
44
2. Le point de départ
44
3. Idéologie
véhiculée
45
4. Genres théâtraux et
esthétiques en présence
46
II. Esthétique théâtrale
de l'indépendance à 1990.
47
1. Une nouvelle circonstance
47
2. Un état d'esprit nouveau
48
3. Nouvelle portée
idéologique
49
4. Esthétique dominante
50
CHAPITRE
II :
L'ESTHETIQUE
DE LA CREATION THEATRALE CAMEROUNAISE DE 1990 A 2010
52
A. La rupture d'avec le réalisme
farcesque (1965-1990)
53
I. Les prémices de la rupture
53
1. La crise économique
53
2. Les bouleversements Politiques.
55
3. Le challenge des autres loisirs
56
4. Une critique multiforme
58
4.1. Critique médiatique
58
4.2. Critique littéraire
59
4.3. Critique dramatique.
60
B. Typologie des esthétiques à
grande visibilité entre 1990 et 2010
61
I. La décennie 1990-2000 : de la
distanciation textuelle et du naturalisme scénique
61
1. De la distanciation textuelle
61
1.1. Dans les paratextes
62
1.1.1. Paratexte autorial
62
1.1.2. Paratexte éditorial
63
1.1.2.1. Titre
63
1.1.2.2. Iconographie
64
1.2. Dans le texte
64
1.2.1. La dramaturgie
64
1.2.1.1. La fable et les forces en
présence
64
1.2.1.2. L'intrigue, et le type de
discours
65
2. Le naturalisme scénique
67
2.1. Comédien et ses signes
immédiats
67
2.1.1. Comédien
68
2.1.2. Ses signes immédiats
68
2.2. Type de décor, éclairage,
musique et autre effets sonores
68
2.2.1. Type de décor
68
2.2.2. Eclairage
69
2.2.3. La musique et autre effets
sonores
69
II. La décennie 2000-2010 : du
déconstructivisme dramaturgique et le syncrétisme
scénique
70
1. Déconstructivisme
dramaturgique
70
1.1. Dans les para-textes
70
1.1.1. Para-texte autorial
70
1.1.2. Para-texte éditorial
71
1.1.2.1. Titre
71
1.1.2.2. Iconographie
71
1.2. Dans le texte
72
1.2.1. La dramaturgie
72
1.2.1.1. La fable et les forces en
présence
72
1.2.1.2. L'intrigue, et le type de
discours
73
2. Le syncrétisme scénique
74
2.1. Le comédien et ses signes
immédiats
74
2.1.1. Le comédien
74
2.1.2. Ses signes immédiats
75
2.2. Type de décor, éclairage,
musique et autre effets sonores
76
2.2.1. Type de décor
76
2.2.2. Eclairage
76
2.2.3. Musique et autres effets sonores
76
III. Esthétique contemporaine :
tentative de caractérisation
77
1. La dramaturgie
78
1.1. Une rhétorique de symboles
78
1.2. Un réseau thématique
diffus
78
1.3. Destruction du schéma
actantiel
79
1.4. Une intrigue discursive
80
1.5. Structure elliptique
80
2. La scène
80
2.1. Descriptif des constituants visuels
81
2.1.1. Accumulation de caractères
81
2.1.2. Le dépouillement des signes
immédiats du comédien.
81
2.1.3. Un décor minimaliste
82
CHAPITRE
III :
IMPACT
DE L'ESTHETIQUE DANS L'EMERGENCE DU THEATRE AU CAMEROUN DEPUIS 1990
84
A. Impact sur l'environnement interne du
produit théâtral
85
I. Environnement interne du produit
théâtral
85
1. Les composantes de premier ordre
85
1.1. Le dramaturge
85
1.2. Le metteur en scène
86
1.3. Le comédien
87
2. Composantes de deuxième et
troisième ordre
87
II. Impact sur les composantes de premier
deuxième et troisième ordre.
89
1. Impact sur les composantes de premier
ordre
89
1.1. Sur le dramaturge
89
1.2. Sur le metteur en scène
90
1.3. Sur le comédien
91
2. Impact sur les composantes de
deuxième et troisième ordre
92
2.1. Décadence des autres
métiers du théâtre
92
2.1.1. Le cas des régisseurs
92
2.1.2. Le cas du costumier, du
décorateur et du maquilleur
93
2.1.3. Impact sur le spectateur
alternatif
94
3. Bilan tridimensionnel de l'impact sur
l'immédiat du produit théâtral au Cameroun entre 1990 et
2010
95
3.1. La dimension psychologique
95
3.1.1. L'introversion des
créateurs
95
3.1.2. L'extraversion des
intérêts idéologiques
95
3.1.3. Esprit de collaboration
subjective
95
3.1.4. Conflit d'intérêt entre
créateurs et consommateurs
96
3.2. La dimension professionnelle et
humaine
96
3.2.1. Disparition des
spécialisations
96
3.2.2. Réduction de
l'expérience dans l'exercice
96
3.2.3. Déconnection aux
métiers associés
97
3.3. Dimension socioculturelle
97
3.3.1. Le phénomène de
globalisation
97
3.3.2. L'acculturation
97
3.3.3. Réduction du rôle social
du produit théâtral
98
3.3.4. Renforcement des
inégalités sociales
98
B. Impact sur l'environnement externe du
produit théâtral
99
I. Environnement externe du produit
théâtral
99
1. Composantes générales
99
1.1. Le spectateur permanent
99
1.2. Le lieu théâtral
100
1.3. Le marché de spectacle
101
2. Les composantes spécifiques
101
2.1. Quelques marchés locaux et leurs
circuits
101
2.2. Les partenaires financiers
102
2.3. Les partenaires médiatiques
102
2.4. Le pouvoir publique
102
II. Impact sur les composantes
générales et spécifiques
102
1. Impact sur les composantes
générales
102
1.1. Le cas du spectateur permanent
102
1.2. Le cas du lieu
théâtral
104
1.3. Le cas du marché de
spectacle
105
2. Impact sur les composantes
spécifiques
106
2.1. Le cas de deux marchés
locaux
106
2.1.1. Les rencontres
théâtrales Internationales du Cameroun (RETIC)
106
2.1.2. Festival africain de
Théâtre pour l'Enfance et la jeunesse (FATEJ)
108
2.2. Le cas des partenaires financiers
109
2.3. Le cas des partenaires
médiatiques
109
2.4. Le pouvoir public
110
CHAPITRE
IV :
FARCE
POPULAIRE, ATOUTS POUR L'ÉMERGENCE ET LA COMPÉTITIVITÉ DU
THÉÂTRE CAMEROUNAIS
113
A. Environnement actuel du produit
théâtral au Cameroun
114
I. Etat de réception du produit
théâtral
114
1. Exposition du public aux produits
théâtraux
115
2. Perception et horizon d'attente
117
2.1. Perception
117
2.2. Horizon d'attente
120
II. Interprétation des
résultats
123
1. Interprétation de l'exposition
123
2. Interprétation de la
perception
124
3. Interprétation de l'horizon
d'attente
125
4. Rang actuel du produit
théâtral dans le marché des loisirs.
126
B. Exploitation de la farce populaire
126
I. Tentative de définition
126
1. La farce
127
2. Populaire
128
3. Farce populaire
128
II. Les atouts de la farce populaire
128
1. Les atouts économiques
128
1.1. Le degré d'utilité
129
1.2. Importante adhésion
démographique
129
1.3. Un prix de masse
130
2. Les atouts sociaux
130
2.1. La cohésion sociale
130
2.2. Refus de la classification sociale
131
2.3. L'éducation
131
3. Les atouts artistiques
132
3.1. Abondance du matériau
linguistique
132
3.2. Support socioculturel efficace
132
3.3. Des comédiens de vocation
133
III. Insuffisance de l'orientation
farcesque
133
1. L'improvisation
133
2. Le caractère mercantile
134
3. Le caractère massif
134
4. Le conflit d'intérêt
135
IV. Modalités d'émergence et
de compétitivité
135
1. Théorisation de la farce
populaire
136
2. Adjonction et contextualisation des
techniques dramatiques modernes
136
3. Réinsertion des composantes du
produit théâtral
137
4. Une thématique intéressante
et actualisée
138
5. Education de la jeune
génération
138
V. Résultats escomptés
139
1. Susciter un regard positif sur la farce
populaire
140
2. Elaboration des bases
théoriques
140
3. Accommodation des dramaturges, metteurs
en scène et autres techniciens de la régie
141
4. Redynamisation de l'entreprise
théâtrale
141
5. Susciter l'intéressement de
l'Etat
142
CONCLUSION GENERALE
143
BIBLIOGRAPHIE
148
ANNEXES
155
TABLE DE MATIÈRES
160
* 1
Marie-Anne LESCOURRET, 2002, Introduction
à l'esthétique, Paris Flammarion, p.25.
* 2 La
référence faite à ce niveau est relative aux grandes
théories post-dramatiques.
* 3 Jacques
SCHERER, « Esthétique
théâtrale », Dictionnaire encyclopédique du
théâtre, dir, M. Corvin Larousse- Bordas, 1998, vol 2
(3e éd.) PP.598-599.
* 4
Jacques Raymond FOFIE, 2011, « De la
spécificité de l'histoire du théâtre
camerounais », Université de Yaoundé I P.15
* 5 Catherine
Naugrette, 2007, Esthétique théâtrale,
Paris, Armand Colin, P.6
* 6Marie, Anne,
LESCOURET, Introduction à l'esthétique, Paris
Flammarion, 2002, P.9
* 7Larousse de
poche, 2007, P.210
* 8MEGNENG MBA-ZUE
Géneviève, 2008, La société dans le
théâtre d'Afrique centrale : les cas du Cameroun du Gabon et
du Congo, Pour une sémiotique de l'énonciation
théâtrale, thèse de Doctorat, Université de
CERGY-PONTOISE.
* 9 Jean
Pierre Ryngaert, 1993, Lire le théâtre
contemporain, Paris, DUNOD
* 10 Werewere
Linking, 1992, Un Touareg s'est marié à une
Pygmée : épopée pour une Afrique
présente, Montréal, Editions Lansman.
* 11
Botomogne, 2007, Noir et Blanc, Yaoundé,
Edition Ifrikiya,
* 12BUTAKE,
BOLEet DOHO, Gilbert, 1988, Théâtre
Camerounais / cameroonian theatre, actes du colloque de Yaoundé,
Bet& Co.
* 13Pierre
ARNAUD, Sociologie de Comte, Paris, Presses Universitaires de
France. P.81 Ici l'auteur développe un argumentaire en faveur de la
transposition des hypothèses dans un cadre précis de
connaissance, permettant au chercheur de faire des déductions et
vérifications justifiées.
* 14 Georges
Mounin, 1970, Introduction à la sémiologie,
Paris, Edition de Minuit, P.7
* 15D.
Peraya et J.P Meunier, 2004 Introduction aux
théories de la communication, Bruxelles, Ed. De Boeck
Université, la présente version nous l'avons eu sur le
site :http : //www.recherche.aix-mrs.iufm.fr
* 16Roger
ODIN, 2000, De la fiction, Bruxelles, De Boeck
Universités, 183 pages.
* 17 Jacques Le
Caillon, 1989, Analyse micro-économique, Paris,
Edition Cujas.
* 18 Marie Claude
Hubert, 2008, Les grandes théories du
théâtre, Paris, Armand Colin, P.257
* 19 L'antiquité
grecque assigne la fonction actuelle du dramaturge au poète. En effet,
le poète et la dramaturge sont assimilables. Cette étude prend
ainsi en compte les plus grands tragiques et comiques de cette période.
Pour ce qui est des grands tragiques, il s'agit par ordre chronologique de,
Thespis VI è siècle av.
J-C, Eschyle525 av. J.-C. - 456 av.
J.-C, Sophocle : vers 495 av.
J.-C. 406 av. J.-C, Euripide :
80 v. J.-C. -406 av. J.-C. Pour les grands comiques le plus connu
et dont les oeuvres ont été accessible pour ce travail est, Aristophane : vers 445 - v.
386 av. J.-C.
* 20 Ce terme
représente le fondement même du phénomène de
l'imitation au théâtre, dans un sens plus large de la
représentation. Ce commentaire est déduit de
l'appréhension de la mimésis par Marie Claude
Hubert dans : Les grandes théories du
théâtre.
* 21 Jean Racine,
1971, Britannicus, imprimerie Herissey P.66
* 22 Jean-Jacques
Roubine, 1990, Introduction aux grandes théories du
théâtre, Paris, Bordas. P.8
* 23 Selon Sigmund
Freud, les actions de l'être humain ont trois explications
relatives à sa dimension ternaire, le conscient, l'inconscient et le
subconscient. Il agit toujours en fonction de l'un de ces états
* 24 Jean de La
Taille, « De l'art de la tragédie
» In Esthétique théâtrale textes de
Platon à Brecht, SEDES, P. 44
* 25 Il représente
une divinité grecque. Les Dionysies sont en revanche des
représentations carnavalesques en l'honneur de Dionysos (Dieu de la
fête du vin et des illusions)
* 26 Le
terme ici employé, fait référence à la
réserve émise quant à la paternité partagée
du théâtre. Communément celle-ci est reconnue à la
Grèce antique. En revanche, certains chercheurs notamment, Peter
Ukpokodu, estime que le théâtre a largement sa naissance
dans l'Egypte ancienne. A cet effet il déclare :
« D'après les écrits d'anciens historiens, on trouve en
abondance matière à étayer la thèse voulant que
l'ancienne Egypte ait été le berceau du théâtre et
de la culture de la Grèce antique. » Cette
information est tirée de l'article : « Origines
égyptiennes du théâtre occidental : obscurantisme
scolastique ou ignorance coupable »,
http://id.erudit.org/iderudit/041193ar.
* 27
« Origines égyptiennes du théâtre occidental
: obscurantisme scolastique ou ignorance coupable »,
http://id.erudit.org/iderudit/041193ar
P. 12-13
* 28 Ces mots pèsent
de tout leur poids lorsque Jacques Scherer tente de
définir l'esthétique théâtrale dans son contexte
moderne. Il est justement question d'une considération contextuelle de
l'esthétique théâtrale, qui n'obéit plus à
une forme unique. Cette conception est de Jacques Scherer
cité par Catherine Naugrette, 2007,
Esthétique théâtrale, Paris, Armand Colin. P.36
* 29 Dans une page
entière consacrée à cet effet, Catherine Naugrette
souligne le fait qu'après Baumgarten, « l'esthétique
devient en Allemagne dès la moitié du XVIIIe
siècle, un objet de réflexion pour de nombreux philosophes et
écrivains ainsi qu'un terme nouveau auquel ils se rallient. »
* 30 J.
Scherer, « Esthétique
théâtrale », Dictionnaire encyclopédique du
théâtre, dir, M. Corvin, Larousse-Bordas, 1998, vol. 2 (3e
éd.), PP. 598-599.
* 31 C. P.
9
* 32 Nous déduisons
cette définition du discours que tient André Veinstein sur la
notion de « l'esthétique théâtrale dans son
oeuvre : La mise en scène et sa condition
esthétique, Paris, Librairie théâtrale, 1992.
(3e éd.).
* 33 Patrice
Pavis, cité par Catherine Naugrette, 2007,
Esthétique théâtrale, Paris, Armand Colin, P. 33
* 34 Cette perspective est
tirée de l'avertissement de l'anthologie que les trois auteurs publient
en 1982, intitulée Esthétique théâtrale texte de
Platon à Brecht, SEDES, P.7
* 35 Catherine
Naugrette, 2007, Esthétique théâtrale,
Paris Armand Colin, P. 39
* 36 Anne,
Ubersfeld, 1996, Lire le théâtre II, l'école
du spectateur, Paris, Belin. P.23
* 37 Patrice
Pavis, 2005, L'analyse des spectacles, Paris, Armand Colin.
P.158-159.
* 38 Cf. Gilles
Girard, Réal Ouellet, Claude Rigault, 1986, L'univers du
théâtre, Paris, PUF.
* 39 Maquillage de
théâtre, Paris, Ed. de l'amical, Librairie
théâtrale.
* 40 Ces éléments
sont répertoriés dans l'étude menée par
Robert Pignarre intitulée, Histoire du
théâtre, Paris, Puf, Collection : Que sais-je ?
* 41 Robert
Pignarre, 1999, Histoire du théâtre, Paris,
Presse universitaire France, Collection : Que sais-je, P. 55.
* 42 Il s'agit principalement
de Richard Wagner et d'Henrik Ibsen, selon la
considération faite par Robert Pignarre, ils sont les
pères fondateurs du symbolisme théâtral à partir de
la deuxième moitié du XIXe siècle.
* 43 Marie Claude
Hubert, 2008, Les grandes théories du
théâtre, Paris, Armand Colin, P.259-262
* 44 Ni de Platon,
ni d'Aristote, nous ne possédons un traité sur le Beau, et Leurs
idées sont éparses en divers ouvrages. Platon parle
principalement du Beau dans le Banquet, le Premier Hippias, le Gorgias et dans
plusieurs livres de la République. Aristote nous avertit, à la
fin de sa Métaphysique, qu'il reviendra sur le Beau dans une oeuvre
spéciale; mais celle-ci, si jamais elle fut écrite, ne nous est
pas parvenue.
* 45 Cf. Robert
Pignarre, Histoire du théâtre, Dabdab
Trabulsi José Antonio. « Du nouveau sur le
théâtre antique ». In: Dialogues d'histoire
ancienne. Vol. 14, 1988. pp. 350-352. Maurice de Wulf.
« L'histoire de l'esthétique et ses grandes
orientations ». In: Revue néo-scolastique. 16°
année, N°62, 1909. pp. 237-259. Peter Ukpokodu
« Origines égyptiennes du théâtre occidental :
obscurantisme scolastique ou ignorance coupable? » In, L'Annuaire
théâtral : revue québécoise d'études
théâtrales, n° 15, 1994, p. 9-20.
* 46 Jacques Raymond
FOFIE, « Racines, diversités et éclectisme
dans les arts du spectacle au Cameroun » In Annales de la
FALSH, YU1, Numéro spécial, Actes des « Mercredis
des Grandes conférences » 2006-2007. P.324.
* 47 Indigène ici n'a
rien à voir avec sa définition usuelle, de personne née
dans le pays qu'elle habite selon Larousse. Plutôt prend une
connotation de primitif ou de sauvage selon le colonisateur.
* 48 Pour ce qui est des
articles, « De la spécificité de l'histoire du
théâtre camerounais » inédit et approximativement
écrit en 2010, « Théâtre et histoire au
Cameroun » In La littérature camerounaise depuis
l'époque coloniale. Figures esthétiques et
thématiques, Presses Universitaires Yaoundé. Pour les
ouvrages, Regards historiques et critiques sur le théâtre
camerounais, qui comporte tout une étude sur « l'esquisse
de l'histoire et l'évolution du théâtre
camerounais » La Création linguistique dramatique au
Cameroun publiée en 2007 aux Presses Universitaires de
Yaoundé
* 49 « Sur
l'incurie du théâtre historique au Cameroun », In,
La littérature camerounaise depuis l'époque coloniale.
Figures esthétiques et thématiques, Presses Universitaires
Yaoundé.
* 50 L'usage de cette
expression nécessite vraisemblablement des éclaircissements. La
normalisation dont est-il ici question renvoie au « Classicisme
français ». Il influence considérablement la pratique
théâtrale dans toute l'Europe. C'est ce qui explique son
application sur les deux autres nations « civilisatrices »
en présence au Cameroun.
* 51 Clément
Mbom,1988, « Le théâtre camerounais ou le
reflet d'une société en pleine mutation » In,
Théâtre camerounais /Cameroonian theatre
P.181-201
* 52 Dans son article,
« Le théâtre populaire camerounais
d'aujourd'hui » Hubert Mono Ndjana entreprend une
désintégration de ce théâtre. Notamment lors qu'il
parle de « l'inexpérience » des créateurs
paradoxalement célèbres à l'instar de Jean Miché
Kankan, Daniel Ndo, Dave K. Moktoï et de la démission de la langue
française dans leurs oeuvres.
* 53 Le Livre
camerounais et ses auteurs, Editions Semences Africaines, Cité par
Jacques Raymond Fofie In « De la spécificité de
l'histoire du théâtre camerounais » non publié.
* 54 L'usage de cette
expression fait référence dans le cadre de cette étude,
à ce qui se conçoit, comme la manifestation esthétique
dominant la sphère théâtrale nationale entre 1965 et la fin
des années 80.
* 55 Dave K. Moktoï,
Oncle Otsama, Jean Miché Kankan, Kouakam Narcisse, Essindi Mindja,
Massa Batré, et par extension Guillaume Oyono Mbia. Certes ce dernier se
distingue par le soin minutieux de la langue, mais il ne demeure pas moins vrai
que le paysage, les personnages et même l'intrigue de Trois
prétendants...un mari le classe dans cette catégorie.
* 56 Les pays à
revenu intermédiaire bas sont ceux là dont le RIB est compris
entre 481 et 1940 dollars par individu. Cette clarification est tirée
de, L'économie camerounaise : pour un nouveau départ,
de Touna Mama publié à Africaine d'Edition,
2008, P. 16
* 57 Les pays à
revenu bas, font parti de cette catégorie dont le RIB (Revenu
intérieur brut) par tête était inferieur ou égal
à 480 dollars en 1987 selon le site de la banque mondiale,
http://siteressources.worldbank.org/DATASTATISTICS/OGHIST.xls,
cité par Touna Mama.
* 58 Cameroun les crises
majeurs de la présidence Paul Biya, Paris, L'Harmattan.
* 59 Direction de la
Statistique et de la Comptabilité Nationale, 2000, Annuaire
statistique du Cameroun 1999 P.146
*
60 Dr. Enoh Tanjong
(chercheur), Jeanette Minnie et Hendrik
Bussiek (co-rédacteurs), 2012, Les organisations
audio visuelles publics en Afrique, Johannesburg, Open society Fondations,
P. 18-27. Ce document est disponible sur le site : www.afrimap. org
* 61 C'est une rubrique
à caractère satirique dans le journal national d'informations.
Elle fait ses débuts avec le N°4983 du mercredi 2 octobre 1991 dans
un sujet : le « Ndamba » ou Football.
* 62 Roger
Owona, 1987, « Théâtre : la banqueroute de
l'imagination » in Cameroon Tribune N°3961,, vendredi
4 septembre 1987, Cité par Jacques Raymond Fofié, 2007, La
création linguistique dramatique au Cameroun,Presse Universitaires
de Yaoundé , P.19
* 63 Ibid.
* 64 « La
Dimension littéraire de l'identité culturelle au
Cameroun », in L'Identité culturelle camerounaise, MINFOC,
Yaoundé, P.93-104, Débats, P.105-135.
* 65 Albert
Azeyeh, « Théâtre et éducation du
goût : succès populaire et attente des lettres »,
in Menola N°0004, 1er février 1993, P. 15.
* 66 David Ndachi
Tagne, 1987, interview. Cité par Jacques Raymond
Fofié dans Création linguistique dramatique au
Cameroun, P. 61.
* 67 Bole
Butake, 1988, « Play Production in Cameroon » , in
Théâtre camerounais /Cameroonian theatre, Actes du colloque de
Yaoundé, Edited by Bole Butake et Gilbert Doho, Bet & Co ( Pub) Ltd,
Yaoundé, Cameroon, PP. 67-79.
* 68 Hubert Mono
Ndjana, 1988, « Le théâtre populaire
d'aujourd'hui » in Théâtre camerounais/ Cameroonian
theatre, PP. 144-157.
* 69 Bertolt
Brecht, Ecrits sur le théâtre (Textes de 1930 à
1954) cité par Monique Borie, Martine de Rougemont et
Jacques Scherer in Esthétique théâtrale textes
de Platon à Brecht, SEDES, P.289
* 70 Cette définition
est inspirée du schéma de la forme épique du
théâtre, proposé par Monique Borie, Martine de
Rougemont et Jacques Scherer. Ce schéma met en lumière
les principaux éléments du théâtre épique
autrement dit de la distanciation.
* 71 Werewere
Linking, 1992, Un Touareg s'est marié à une
Pygmée : épopée pour une Afrique
présente, Montréal, Editions Lansman.
* 72
www.lansman.com Une étude
statistique intitulée : « production dramatique
contemporaine » menée par Pierre Rodrigue
Smozkine en 1994, dévoile les préférences de
cette st ructure d'édition.
* 73Patrice
Pavis, 2005, L'analyse de spectacles, Paris, Armand Colin, P.
190.
* 74 Un Touareg s'est
marié à une Pygmée : épopée pour une
Afrique présente, Montréal, Editions Lansman
* 75 Un Touareg s'est
marié à un Pygmée : épopée pour une
Afrique présente
* 76 Ibid. P. 34-38.
* 77 Gervais Mendo
Ze, 1990, Le retraité, Douala, Messapresse ;
Abdou Karim Fautah, 1990, Par quatre chemins,
Yaoundé, CLE ; Gervais Mendo Ze, 1991, Japhet
et Jinette, Paris, ABC ; Séverin Cecil Abega,
1993, Le Sein t'est pris, Yaoundé Edition CLE ;
Gilbert Doho, 1995, Le crâne, Yaoundé,
Edition CLE ; Paul Tchakouté, 1995, Morts
sans parler, Yaoundé, Ed. C.U.S.P. ; Pierre Koung
à Bepe et al. , 1995, Le Sida au village,
Yaoundé, Edition CLE ; Gervais Mendo Ze, 1990,
Le revenant, Paris, ABC, pour ne citer que celles qui ont put
être disponibles.
* 78 Cité par
Marie Claude Hubert In Les grandes théories du
théâtre P.195-205
* 79 Les lieux
théâtraux au Cameroun connaissent une entrave relative à la
conservation des archives, surtout en ce qui concerne le visuel.
Généralement l'unique preuve d'un spectacle reste mentale, et la
reconstitution d'une époque n'est possible que grâce à la
collecte de ces témoignages. Cependant, l'un des rares lieux à
conserver ces traces est l'ex Centre Culturel français aujourd'hui IFC
(Institut Français du Cameroun).
* 80 Propos que nous avons
recueillis dans une interview réalisée le 15/10/2013 à
16h20 à l'Institut français de Yaoundé
* 81 Selon la banque
mondiale :
http://siteressources.worldbank.org/DATASTATISTICS/OGHIST.xls
le Cameroun connait à cette période, un faible taux de
scolarisation et plus particulièrement pour la jeune fille. Selon les
sources de cette structure, 11 filles sur 100 ont accès à
l'éducation.
* 82 Roland
Barth, 1964, « Les maladies du costume de
théâtre », Essais critiques, Paris, Seuil P.
61
* 83 Patrice
Pavis, 2005, L'Analyse de spectacle : théâtre,
mime dance, dance théâtre, cinéma, Paris, Armand
Colin, P.167
* 84 Cette appellation
résulte d'une volonté de différenciation entre : le
théâtre épique de Brecht dont la narration prime sur
l'action et le théâtre dramatique d'Aristote où l'action
est prioritaire. De ce fait, toutes les tendances qui voient le jour
après le théâtre dramatique sont qualifiées de
post-dramatiques.
* 85
C. Sirejols-Hamon, 1983, « Le constructivisme dans le
théâtre soviétique des années 20 et ses
prolongements en Europe », Vol.2 Thèse paris, in
Dictionnaire encyclopédique du théâtre, Paris,
Bordas. P. 201-202
* 86 Patrice
Pavis, 2002, Le théâtre contemporain : Analyse
des textes de Sarraut à Vinaver, Paris, Nathan, P. 17
* 87 Par
discontinuité spatiale nous faisons allusion à la divergence des
espaces relativement à l'action présentée dans la fable.
Cette remarque résulte des exigences de la fable dramatique qui lie les
espaces par apport à l'action.
* 88
Botomogne, 2007, Noir et Blanc, Yaoundé,
Edition Ifrikiya, P. 53
* 89 Ibid.
* 90 Ibid. P.76
* 91 En effet cette
intermède revient trois fois de suite d'abord, à la
22èm minute, en suite à la 102èm et
en fin à la 182èm minute.
* 92 Propos recueillis dans
une interview que nous avons réalisée le 20/09/2013 à
14h20 au Laboratoire de théâtre de OTHNI (Objet
théâtral Non Identifié)
* 93 Cette conception
prône le « théâtre pauvre »,
c'est-à-dire, un théâtre épuré de tous ses
artifices, au profit du comédien, sa voix et la scène.
* 94 Marie Claude
Hubert, 2008, Les grandes théories du
théâtre, Paris, Armand Colin, P.237
* 95 Nicolas
Frize, 1993, « La musique au
théâtre » in, Une esthétique de
l'ambiguïté, J. Pigeon éd, Lyon, Les cahiers du soleil
débout, P54. Cité par Patrice Pavis.
* 96 Jean-Pierre
Ryngaert, 2003, Lire le théâtre contemporain, Paris,
Nathan/VUEF, P. 173.
* 97 Propos recueillis dans
une interview que nous avons réalisée le 10/09/2013 à
14h20 à l'Institut français de Yaoundé.
* 98 Noir et Blanc,
réplique d'Helena, P. 76-77.
* 99 Ibid.
* 100 Ibid.
* 101 Ibid.
* 102 Ibid. P. 42.
* 103 Ibid. réplique
d'Hottenty, P. 45-46.
* 104 Ibid. réplique de
Yensen, P. 56
* 105 Nous entendons par ce
terme, une technique de la dramaturgie contemporaine consistant, à
présenter une suite d'unités scéniques ou de tableaux
n'ayant véritablement de lien commun que la pensée globale du
dramaturge. Parce qu'au fond, les personnages n'ont pas de véritables
liens, vue que chacun développe un discours que lui seul semble
comprendre.
* 106 C'est une dramatique
(spectacle filmé). La version dont nous disposons sur support DVD, a
été filmée et montée par l'auteur lui-même en
2010 dans le cadre De Scène d'Ebène d'Afrique centrale au CCF de
Yaoundé.
* 107 Grotowski dans
l'esthétique du « théâtre pauvre »
pense que le théâtre sur le plan technique et artificiel, n'est
pas prêt d'égaler certain domaine comme le cinéma. Alors au
tant le dépouiller de tout superflu et essentiellement faire place au
comédien et sa voix. Pour cette raison son corps représente une
machine destinée à un travail intense.
* 108 Cf. La dramatique :
Les dormeurs sur support DVD réalisée en 2010 Par J. R.
Tchamba.
* 109 Pierre
Larthomas, 1985, Technique du théâtre, Paris, PUF,
P.7.
* 110 Eugène
Ionesco Cité par Anne Ubersfeld, 1996,
Lire le théâtre I, Paris, Ed BELIN, P. 11.
* 111 Jean
Micquart cité par G. F. Tami Yoba, 2004,
Problématique de la mise en scène théâtrale au
Cameroun : le cas de la ville de Yaoundé, UYI, P. 2-3.
(Mémoire de maitrise)
* 112 Martin du
Gard cité par Pierre Larthomas, op.cit, P. 11.
* 113 Voire : La
formation de l'acteur de Constantin Stanislavski ;
Le paradoxe du comédien de Denis
Diderot ; ou les travaux de Strasberg
* 114 La redondance du
terme fait suite à sa double appréciation. Dans un premier temps
il fait référence au texte et à la scène. Dans un
deuxième temps, il s'agit de la représentation en tant que
résultat final du processus de création dramatique.
* 115 Denis
Bablet, 1965, Esthétique générale du
décor de théâtre, de 1870 à 1914, Paris, CNRS,
P.5-45.
* 116 Georges
VITALY, 1955, Maquillage de théâtre, Paris, Ed.
de l'Amicale, Librairie théâtrale, P.15. Cité par Gilles
Girard (1978 : 15)
* 117 La principale source
d'information nous permettant de dégager les différents aspects
de l'impact de l'esthétique contemporaine sur l'environnement
immédiat du théâtre camerounais reste, l'observation et
l'enquête menée auprès de quelques metteurs en
scènes et hommes de théâtre camerounais. De ce fait,
quelques pants de cet impact tel que présentés par nos sources
resteront discutables pour certains, et peut être peu perceptibles par
d'autres.
* 118 Propos que nous avons
recueillis à la suite d'un entretien avec Botomogne (Dramaturge,
metteur en scène et président de l'association « Le
jeune auteur ») le 15/10 /2013 à 13h30 à l'IFC de
Yaoundé.
* 119 Il
s'agit en effet, des paramètres liés principalement au x horizons
d'attente. Ceci n'est pas à dire qu'il y a absence d'horizon d'attente,
tout au contraire, mais nous semble- t-il, dans une version extravertie.
* 120 Martin
Ambara, Botomogne et Junior Esseba
tous dramaturges expérimentés.
* 121 Cf. Programme de
l'IFC, novembre-décembre 2012, P. 9.
* 122 Ibid. P. 14.
* 123 Cf. support DVD de
Les dormeurs
* 124 Interview du 20/ 09 /
2013 à 14h 20 au laboratoire d'OTHNI Yaoundé.
* 125 Par ce
terme nous faisons allusion à cette catégorie de public
composée, des « critiques », des
« journalistes culturels », des académiciens et
surtout de l'entourage immédiat du metteur en scène, du
comédien ou du dramaturge. Ce type de spectateur à proprement
parler, ne consomme pas le produit théâtral, par sa
présence alternative dans des lieux théâtraux. En revanche,
s'érige en instance de censure pour le premier palier et en public sous
contrainte pour l'entourage du créateur. Dans le cas du dernier groupe,
sa présence dans un lieu théâtral est non relative au P.T
(produit théâtral), mais aux affinités avec les
différents artistes. Sans toutefois aller vite en besogne, il convient
d'informer que, pour la question de typologie du public camerounais, nous y
reviendrons en détail dès l'entame du prochain chapitre.
* 126 Journaliste culturel
à la CRTV-FM 94 Yaoundé Cameroun.
* 127 Il n'est point
question ici de l'ensemble national, mais du sous ensemble qui constitue notre
corpus, et des autres dont les créations sont mentionnées dans ce
travail.
* 128 Il s'agit de,
« The Zoomers » de Zigoto Tchaya
Tchameni ; « Les Blue Leaders » de
Jean Robert Tchamba ; « Les Lobis »
de Stéphane Tchonang et « Le
Théâtre universitaire » de l'Université de
Yaoundé I Cf. Regards historiques et critiques sur le
théâtre camerounais, P.47.
* 129 Ce deuxième
type vient librement au spectacle et en fonction de la qualité du
produit survient sa réaction. Il recherche, le plaisir, le beau, et la
distraction, à cet effet, sa présence est permanente et sans
condition.
* 130 « Un
rôle secondaire : le spectateur » in Sémiologie
de la représentation, Bruxelles, Edition Complexe, P.96-111.
* 131 Ibid. P. 96.
* 132 Le cas de Pierre
Larthomas, Denis Bablet, Patrice Pavis et Anne Ubersfeld pour ne citer que ceux
là.
* 133 Anne
UBERSFELD, 1996, Lire le théâtre II l'école du
spectateur, Ed. Belin, p.50.
* 134 Denis
BABLET, 1969, « La remise en question du lieu
théâtral au 20è siècle », in
Le lieu théâtral dans la société moderne,
Paris, Editions du CNRS, P.13.
* 135 Ces précisions
sont disponibles sur le site :
http://www. Mygale. org / 09 / esanja / retic.
Htm
* 136 Ces informations sont
disponibles sur le site :
www.multimania.com/fatej
cependant, les mêmes informations sont contenues dans le
mémoire : Le marché des spectacles en Afrique : le
cas du Cameroun, soutenu par EWANE José Charles en 2002
à l'Université de Yaoundé I P.38-40.
* 137 Patrice
Pavis, 2005, Analyse de spectacles, Paris, Armand Colin,
P.232
* 138 Trésors
cachés de J. R. Tchamba, Les Osiriades de
Martin Ambara, et Les chaises d'Eugène
Ionesco (mise en scène par Junior Esseba).
* 139 En l'absence d'un
document capable de chiffrer avec précision le nombre de spectateurs
enregistrés, nous partons de la considération du rapport entre le
nombre de spectacles joués cette année là et la
capacité d'accueil de la salle, pour ainsi faire il faut le rappeler,
une estimation du nombre de spectateurs enregistrés en 1986 au CCF. Si
l'on accorde un minimum de crédit aux témoignages de Yves
Olivier, d'Ambroise Mbia, de Martin Ambara, de Daniel Ndo et de Botomogne, il
en résulte que, le Centre Culturel français faisait deux
programmations/mois en marge des locations, et la salle était toujours
comble. Par ailleurs, pour une salle de 300 places et 24 représentations
par an nous estimons le nombre de spectateurs à 7200.
* 140 Il s'agit
nommément du Centre Culturel camerounais, du Cinéma
Théâtre Abia, le Centre Culturel Francis Bébé. Pour
le Cas du palais des congrès la disponibilité est devenue de
moins en moins évidente.
* 141 Directeur de l'IFC
se confiant à nous dans une interview réalisée au sein de
la structure le 08/10/2013 à 15h 30.
* 142 Ce schéma est
inspiré de celui proposé par BOURGEON-RENAULT, et
Al. dans, Marketing de l'art et de la culture. Paris :
Ed. Dunod, 2009. P.130. Ce schéma s'applic par ailleurs dans un contexte
où le produit théâtral est suffisamment consommé du
public.
* 143 Nous prenons deux par
crainte d'aboutir à un impact identique. La raison étant la
similitude entre la plupart de ces marchés aussi bien au niveau de la
dépendance internationale des finances que la destruction de leur
environnement immédiat.
* 144 Les données de
ce graphique tel que présentées par le Rapport final de la
commission européenne ne demeurent pas statiques dans le temps et par
conséquent sont sujet à discussion. En réalité,
elles varient en fonction du degré d'activité
théâtrale et du niveau de développement de la nation
bénéficiaire.
* 145 Rapport final-
Commission Européenne / AFAA- BICFL / KYRNEA INTERNATIONAL / ODAS
AFRICA, Les festivals de théâtre en Afrique subsaharienne :
Bilan, impact et perspectives, mars 2003, P.50.
* 146 Ibid. P.50.
* 147 Etudier l'impact
revient fondamentalement à dégager les différents aspects
positifs et/ ou négatifs
* 148Patrice
PAVIS, Dictionnaire du théâtre. Termes et concepts de
l'analyse théâtrale, Paris, Ed. Messidor, 1980, p.329.
* 149Michel
CORVIN, Dictionnaire encyclopédique du
théâtre, Paris, Ed. Bordas, 1991, p.579.
* 150 Il est égal
à au moins un spectacle théâtral regardé par le
récepteur.
* 151 Ce
schéma est une réadaptation de celui propose
par, Benjamin LERNOULD en 2002 dans,
Marketing fondamental, IUP Sciences de Gestion, P.18,
disponible sur : http : //www.visionarymarketing.com
* 152 Ce sont des valeurs
numériques allant de : 0 à 2 que nous affectons au sentiment
d'attachement que le sujet récepteur a en vers le PT afin de le
quantifier. Ainsi, 0 = valeur nul du sentiment d'attache ; 1 = valeur
moyenne du sentiment d'attache ; et 2 = valeur maximale du sentiment
d'attache.
* 153 Hans Robert
JAUSS, cité par Patrice PAVICE, 2005, L'analyse des
spectacles, Paris, Armand Colin, P.244.
* 154 Cela
peut paraî tre invraisemblable, le fait que le cinéma se retrouve
dans cette situation quand on sait le nombre de films diffusés à
travers les chaines de télévision. Seulement il faut garder
à l'esprit que le cinéma se déroule dans une salle
conçue à cet effet. Ainsi, l'on ne peut parler du cinéma
qu'en présence des salles. Pour le cas d'espèce, l'absence de
celle-ci proscrit sur le plan formel toute idée de loisir au nom du
cinéma. C'est certainement la raison pour laquelle il se retrouve dans
la même situation que le théâtre, car les mêmes causes
produisent les mêmes effets.
* 155 Patrice
PAVIS, 1996, Le dictionnaire du Théâtre, Paris,
éd. DUNOD, P.137.
* 156 Par cette expression
nous faisons en effet allusion à un objectif à deux
niveaux : le social et le dramatique. Le social parce que la farce a une
mission sociale, c'est de rassembler, abolir la division de classe par la
résistance aux prescriptions de la noblesse. Dramatique parce qu'elle a
un objectif dramatique qui consiste à la détente, au rire afin
d'agrémenter une représentation théâtrale
jugée trop sérieuse.
* 157 Jean VILAR,
1986, Le théâtre service public et autres
textes, Editions Gallimard, P. 178.
* 158 Jean
VILAR, Ibid. P.280
* 159 Jean
VILAR, Ibid. P.278.
* 160 Nous faisons
référence à « Mon blanc à
moi » de Major Asse, plus de 30
représentations en prix moyen de 1000 FCFA plutôt que 5000 FCFA
pour d'autres représentations dites contemporaines le cas de
« Jazz Me Down » en Février 2013 par la compagnie
Ngoti, ou de « Cartographie » en Octobre 2013 pour ne citer
que ceux là.
* 161 En effet, à la
suite de plusieurs études sur le théâtre antique,
Silvain CORNUAU, dans son mémoire de Master II,
« Le théâtre populaire a-t-il un sens
aujourd'hui ? » soutenu à l'Université de Lyon2,
mentionne des capacités d'accueil de plus de 15.000 places de ces
théâtres anciens. P.10
* 162 Ibi. P.281.
* 163 Johnstone,
KEITH, 1999, Impro for Storytellers. Faber and Faber,
p.375.
* 164 « Causes de
désaffection à l'égard des pièces dramatiques
camerounaises : une recherche sur les niveaux de langue » In
Théâtre camerounais/ Cameroonian theatre, PP.165-171.
* 165 « De la
spécificité de l'histoire du théâtre
camerounais » rédigé en 2006, mais jamais paru. P.15.
* 166 Nous aurions
simultanément bien pu parler des techniques de la mise en scène
et de la dramaturgie, et cela aurait été juste. Mais nous avons
arbitrairement choisi la focalisation sur les techniques de la mise en
scène en raison de leur nombre pléthorique ces temps derniers.
* 167 Par ce terme,
l'allusion faite est relatives aux grands conflits qu'a connu
l'humanité, notamment : les deux Guerres Mondiales, le
génocide de la race juive, le génocide Ruandais. En claire
l'Homme dans « toute sa sauvagerie et sa
pétulance » pour reprendre l'expression de Levy
BRUEL.
* 168 Hubert MONO
NDJANA, dans son article : « Le théâtre
populaire camerounais d'aujourd'hui » ; Rachel
EFOUA-ZENGUE, dans son article : « Causes de
désaffection à l'égard des pièces dramatiques
camerounaises : une recherche des niveaux de langue » ;
John TIKU TAKEM, Theatre and Environnemental Education in
Cameroon ; Jacques Raymond FOFIE, Regards
historiques et critiques sur le théâtre camerounais ;
Polycarpe OYIE NDZIE, « Problématique du
théâtre », pour ne citer que ceux là.
* 169 Il s'agit d'une
compétitivité à deux niveaux, d'abord sur le plan interne,
il est question de faire face à la concurrence des autres secteurs de
loisir. Puis sur le plan externe, il est question de rivaliser avec les autres
productions, du moins du point de vue de l'originalité.
* 170 Hubert MONO
NDJANA, 2003, « La dramaturgie camerounaise est-elle en
crise ? » in Patrimoine, Marcelin VOUNDA
ETOA, Hors série n°002 Février 2003, P.20-21 ;
Bernard MBASSI, 1998, « Propositions pour une revitalisation du
théâtre camerounais » in Théâtre
africain : de l'écriture dramatique au jeu scénique,
Actes de colloque de Yaoundé, du 27 au 31 mai 1997, édités
par Nicole LECLERCQ et al. P119-124. ; Martin
KINKEU, 1994, L'Etat et le théâtre camerounais,
Thèse de Doctorat d'Etat Université de Sorbonne nouvelle, Paris
III ; Gilbert DOHO, 1992, La vie
théâtrale au Cameroun de 1940 à non jours,
Thèse de Doctorat d'Etat, Université de la Sorbonne nouvelle,
Paris III, cité par Jacques Raymond FOFIE.
* 171Propos recueillis dans
une interview que nous avons réalisée le 10/09/2013 à
14h20 à l'Institut français de Yaoundé.
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