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i
Session 2015-2016
FORMATION PREPARATOIRE AU
DIPLOME D'ETAT D'INGENIERIE
SOCIALE
EPREUVE DE CERTIFICATION DF3
Communication et Ressources Humaines
Nom : BA
Prénom : Gorgui Aly
Titre : L'innovation pour le
développement durable de la pêche au Sénégal :
Comprendre les pratiques traditionnelles des pêcheurs
artisanaux
Public : Cet article est destiné aux
acteurs de la pêche : professionnels, élus
Mots clés/ Keywords :
Sénégal, Croyances et mysticismes, Innovation,
Développement durable pêche, Pratiques traditionnelles des
pêcheurs
RESUME :
En matière d'innovation du secteur de la pêche
maritime sénégalaise, les plus grands spécialistes
s'accordent pour reconnaître une indéniable relation entre les
pratiques traditionnelles des pêcheurs, leurs croyances
mythico-religieuses et les tentatives par les pouvoirs publics de modernisation
ce secteur.
Or, paradoxalement, on constate un
désintérêt des professionnels pour les problèmes de
moderniser la pêche. Il est donc urgent de remédier à cette
situation. Mais on se heurte à des problèmes multiples et
complexes : notamment la résistance au changement de leurs pratiques
ancestrales et ne sont pas prêts à abandonner leur
identité. Il ne s'agit pas aux pouvoirs publics de résoudre un
problème, mais de travailler ce problème, de nouer un dialogue
où il soit possible de « faire avec » l'autre sans exclure
l'un des deux.
Si le développement est au profit des acteurs et non
contre eux, ne conviendrait-il pas de souligner ainsi l'importance du respect
de leurs valeurs culturelles ?
C'est pourquoi, les solutions générales sont
très difficiles ou impossibles à établir.
ABSTRACT:
In the innovation sector of the Senegalese maritime fisheries,
leading specialists agree in recognizing an undeniable relationship between
traditional practices of fishermen, their mythical-religious beliefs and
attempts by the government to modernize the sector. Paradoxically, there is a
lack of interest of professionals to the problems of modernizing fishing. It is
therefore urgent to remedy this situation. But it faces many complex problems
including resistance to change from their traditional practices and are not
ready to give up their identity. It is not the public authorities to solve a
problem, but to work this problem, establish a dialog where it is possible to
"make do" with each other without excluding any of the two.
ii
Therefore, general solutions are very difficult or impossible to
establish.
iii
SOMMAIRE PAGES
Introduction 4
Méthode et enquête auprès des acteurs
sociaux de la pêche 5
Les enjeux de l'introduction de nouvelles innovations au
niveau de la pêche au Sénégal 8
Les enjeux culturels de la pêche 10
Discussion sur le lien entre ingénierie sociale et les
résultats 10
Croyances et mysticismes liés aux
éléments naturels 12
Compétences des pêcheurs 13
Accueillir l'innovation 15
Conlusion 17
Références bibliographiques 19
Annexes 23
1
INTRODUCTION
En ce début du XIXème siècle,
les conditions de développement mondial évoluent
profondément. La montée en puissance des pays émergents,
la forte et rapide ouverture internationale de l'économie
sénégalaise et l'évolution des technologies amènent
les pouvoirs publics à se situer aux avant-postes de
l'innovation1. Dans le secteur de la pêche, l'innovation sous
toutes ses formes est devenue un facteur essentiel de
compétitivité et d'attraction des territoires. Pour autant les
acteurs de la pêche traditionnelle et notamment les petits producteurs
ont du mal à modifier leurs pratiques. Pour innover dans ce secteur,
l'administration ne devrait-il pas s'appuyer sur d'autres acteurs ?
L'instauration d'une culture d'innovation dans la pêche maritime
sénégalaise est une autre condition du succès menant
à l'implantation de nouvelles technologies ainsi qu'à la mise en
place de mesures répondant aux besoins du secteur. En ce sens, tous les
acteurs doivent être ouverts au changement en développant une
vision à plus long terme, et favorisant la relation de confiance entre
eux.
En effet, le Sénégal est situé dans l'une
des zones les plus poissonneuses de l'Afrique. La pêche y est une
activité ancienne et traditionnelle qui a une grande importance sur les
plans culturel, social et économique et joue un rôle primordial
dans l'alimentation humaine. Du fait de la résistance de ces acteurs, il
m'a semblé nécessaire d'aller à leur rencontre afin de
mieux comprendre les raisons qui les amenaient à ne pas aller dans le
sens de cette politique de développement local.
1/ Méthode et enquête auprès des
acteurs sociaux de la pêche
La méthode préconisée pour mener à
bien cet article est d'établir un panorama de la situation
générale de la pêche au Sénégal, son impact
socio-économique, en présentant les résultats
1 Dans son Guide de l'innovation sociale (2013), la Commission
européenne définit l'innovation sociale de la manière
suivante : « Le développement et la mise en oeuvre de nouvelles
idées (produits, services et modèles) pour répondre
à des besoins sociaux et créer de nouvelles relations ou
collaborations sociales ». La Commission ajoute que ces innovations «
sont sociales à la fois dans leurs finalités et dans leurs moyens
».
2
d'entretiens semi-directifs individuels et de groupe
menés dans le village de pêcheurs de Yoff2, terrain
d'étude de cette enquête3.
Pour cela, j'ai abordé plusieurs thèmes relatifs
aux perceptions, et aux pratiques vis-à-vis de la problématique
de moderniser le secteur de la pêche par l'introduction de nouvelles
technologies et l'abandon de certaines croyances et mysticismes. Les entretiens
ont été effectués par l'intermédiaire de
connaissances, ou bien selon une technique de porte à porte. J'ai dans
la mesure du possible essayé de diversifier les profils (âge,
sexe, activités socioprofessionnelles, origine géographique...)
des interviewés. Ces discussions étant constituées par des
entretiens semi-directifs ont visé également des personnes
travaillant dans l'administration publique des pêches et de la recherche
halieutique4.
Ainsi, ma question de recherche est :
Comment expliquer, compte tenu de la dégradation de la
ressource halieutique, et la volonté des pouvoirs publics d'apporter des
solutions innovantes au secteur que l'ensemble des professionnels de la
pêche reste toujours lié à leurs pratiques traditionnelles
?
Et comme hypothèse:
2 En effet, Yoff est la 16e commune
d'arrondissement de la région de Dakar et sa population est
estimée à 59675 habitants2.
3 Ces entretiens se sont déroulés au
niveau des centres de débarquement des poissons, des plages, des
marchés et des ateliers de transformation, etc. J'ai pour cela
réalisé neuf entretiens de membres de l'administration publique
des pêches chargés de faire respecter la réglementation en
vigueur et de mettre en oeuvre des programmes de développement du
gouvernement en matière de pêche maritime. J'ai aussi
réalisé douze entretiens auprès de pêcheurs,
mareyeurs et transformatrices, et ensuite, cinq entretiens auprès des
chercheurs dans le domaine des ressources marines. Les entretiens ont
ciblé les différentes catégories socioprofessionnelles
suivantes :
Entretien de groupe :
? les pêcheurs qui sont les professionnels de la
pêche
? les mareyeurs qui sont les professionnels de l'achat et vente
du poisson
? les transformateurs qui sont les professionnels de la
transformation des ressources halieutiques.
Entretiens semi-directifs :
? les fonctionnaires qui sont les experts politiques de la
pêche
? les chercheurs qui sont les experts scientifiques de la
pêche
Ces entretiens se sont déroulés sur rendez-vous,
dans les lieux de travail des personnes rencontrées et les interviews
ont été retranscrits afin de procéder à leur
analyse. Il est important de préciser que toutes les personnes
interviewées ont accepté sans réticence que leurs propos
soient retranscrits sur papier. Cependant, il n'existe pas d'enregistrement
sonore, faute de matériel adéquat pour les enregistrements.
En général, chaque entretien avait une durée
d'une demie- heure approximativement et quatre- vingt trois personnes furent
interviewées3.
4 Les entretiens ont été réalisés
dans la période du 20 janvier au 31 janvier 2014 et du 05 janvier au 30
janvier 2015 à l'occasion de deux voyages au Sénégal.
3
Je pense que la la réticence des professionnels
à l'introduction de nouvelles innovations dans la pêche au
Sénégal est motivée par l'absence de confiance ou absence
d'information et de moyen permettant de construire des liens de confiance
nécessaires à la prise en compte de la modernisation du
secteur.
Pour comprendre la question de l'innovation, il m'a
semblé que la sociologie de la traduction5
développée par Callon et Latour pouvait nous apporter des
concepts pertinents, notamment à partir de leur recherche
élaborée dans la baie de St Brieuc autour des coquilles
St-Jacques6.
Cette théorie a été
élaborée dans un contexte similaire en France à propos de
la surexploitation de la coquille Saint-Jacques ; l'essentiel de cette
théorie porte sur la prise en compte de l'innovation technique comme un
construit social. En fait, l'innovation est toujours le résultat
provisoire d'une interaction et d'une négociation entre les acteurs d'un
même réseau.
En effet, la mise en place au Sénégal d'une
nouvelle politique publique d'innovation du secteur de la pêche s'inspire
de la théorie de la sociologie de traduction. Cette théorie
considère l'innovation comme un construit social et technique.
L'originalité de cette théorie est la prise en compte, dans son
analyse, d'acteurs humains et non-humains (objets) contrairement aux
théories sociologiques classiques qui ne prennent en compte que les
humains. La prise en compte de ces entités non-humaines est importante
car, en raison de leurs propriétés, elles influencent le
processus d'innovation. D'autre part, acteurs humains et non-humains
interagissent entre eux au
5 La « traduction » est une métaphore pour
désigner la manière dont certains acteurs s'érigent en
« porte-parole » d'autres acteurs qu'ils cherchent à mobiliser
afin de les associer d'un réseau sociotechnique.
6 L'exemple emblématique de
la théorie de la traduction est celui des coquilles Saint Jacques. Au
début des années 1970, Michel Callon6 et Bruno Latour
ont fait une étude sur la surexploitation des coquilles Saint Jacques
due à une consommation importante de ces coquilles. Cette étude a
montré que ces coquilles sont pêchées en France, dans trois
endroits:
au large des côtes normandes, en rade de Brest et en
baie de Saint- Brieuc. Ce sont des espèces toutes différentes. A
Brest, certaines sont coraillées toute l'année, tandis
qu'à Saint- Brieuc, elles perdent leur corail pendant le printemps et
l'été. Les consommateurs préfèrent plus celles qui
ont le corail à celles qui ne l'ont pas.
Le stock de Brest s'éteint progressivement du fait de
l'action de l'homme et des prédateurs ( étoile de mer), du froid
imposé par plusieurs hivers rigoureux, et des marins-pêcheurs qui
pour satisfaire les consommateurs à longueur d'année sans laisser
le temps de se reproduire.
Par contre, à Saint- Brieuc, la production
décline régulièrement, les prédateurs y sont moins
abondants et la préférence des consommateurs pour les coquilles
Saint- Jacques coraillées contraint les marins-pêcheurs au repos
forcé pendant la moitié de l'année favorisant ainsi la
reproduction du stock.
Ce phénomène a permis d'organiser un colloque en
1972, à Brest, réunissant ainsi des scientifiques ainsi que des
représentants des marins-pêcheurs pour examiner ensemble la
possible maîtrise de la culture des coquilles Saint-Jacques afin
d'augmenter la production.
4
sein d'un réseau sociotechnique et développent
l'innovation. Dans le cas du secteur de la pêche, il s'agit de traduire
un réseau en trouvant parmi les acteurs des « traducteurs »
qui sont reconnus par tous comme légitimes pour mener des
négociations.
La modernisation du secteur a connu une farouche
réticence de la part des professionnels jusqu'à entrainer des
conflits politiques et économiques qui transforment l'innovation en
enjeux.
Cherchant à comprendre le concept de l'innovation, j'ai
utilisé cette citation de Philippe Bernoux7 : « une
innovation scientifique est le résultat d'une rencontre entre des
acteurs dont les enjeux sont différents et qui, pour une action
donnée, se sont mis en relation et ont agi ensemble sur un point
particulier. Ils ont constitué un réseau, création d'un
lien à travers des relations d'échange suffisamment fortes pour
faire vivre une sorte d'entité contractuelle. C'est un
intermédiaire entre la hiérarchie et le marché ».
Dans le cas de la pêche au Sénégal, le
passage du traditionnel à la modernité entraîne une
dépossession des croyances et mysticismes des pêcheurs. Il s'agit
alors de comprendre la configuration particulière des pratiques
traditionnelles de pêche pour appuyer les actions d'innovation dans ce
secteur stratégique de l'économie sénégalaise. En
effet, la littérature scientifique nous révèle bien des
situations où le passage de tradition à l'innovation entraine une
dépossession des pratiques rituelles et mystiques des pêcheurs,
des techniques et avantages économiques qui peuvent en découler :
la mouture en Afrique de l'ouest, quand elle passe de la meule au moulin ; la
cuisine en France quand elle sort de la maison ou de la production familiale
pour offrir des aliments marchands.
2/ Les enjeux de l'introduction de nouvelles innovations
au niveau de la pêche au Sénégal
Bien avant l'introduction des filets modernes
synthétiques et des pirogues motorisées, la pêche
artisanale maritime sénégalaise était et demeure encore de
nos jours une activité traditionnelle, un mode de production où
les rapports de production s'expriment à travers le langage de la
parenté. Dans les unités de pêche, le père travaille
avec ses enfants ou neveux auxquels seront destinés l'héritage.
Généralement le métier de pêcheur se transmet de
père en fils mais avec les
7 Philippe Bernoux, Comment innover et se comprendre ?
La théorie de la traduction. Théories sociologiques et
transformation des organisations, Cnrs-Université Lyon 2.
5
crises enregistrées ces dernières années
dans le monde rural, plusieurs agriculteurs se sont reconvertis dans la
profession, ce qui augmente l'effort de pêche et une rivalité
entre les anciens et les nouveaux venus.
Aussi, l'histoire de la pêche au Sénégal
est inséparable de la pêche piroguière qui utilisait la
voile ou la pagaie comme force motrice. Afin d'accroître la production de
la pêche artisanale qui pourrait fournir à la fois le
marché national et les entreprises européennes installées
au Sénégal pour le traitement du poisson, les pouvoirs publics
ont pris l'option de motoriser les pirogues. Cette motorisation est, en outre,
censée conduire naturellement l'adoption ultérieure
d'embarcations motorisées (de type européen) et faciliter
l'organisation des pêcheurs en coopératives contrôlables par
l'administration et les services techniques. Autre avantage, l'essor de la
pêche artisanale8 permet de vulgariser la technique
motorisée à moindre coût en faisant supporter l'essentiel
du financement aux pêcheurs par des prêts remboursables.
![](Linnovation-pour-le-developpement-durable-de-la-pche-au-Senegal-comprendre-les-pratiques-tr2.png)
Photo 1 : La pirogue traditionnelle
sénégalais
Cependant, ce programme de motorisation des pirogues a permis
à l'Etat du Sénégal et aux pêcheurs, l'acquisition
de revenus souvent plus importants que ceux obtenus par la pratique des
activités traditionnelles. Alors que, traditionnellement, la pêche
utilisait des techniques locales dans le cadre d'une organisation domestique.
Elle était destinée essentiellement à l'alimentation
familiale.
8 Au Sénégal, la pêche artisanale est celle
pratiquée par une grande variété de groupes qui se
distinguent par certaines caractéristiques telle que le type d'engin, le
type de pêche, la catégorie professionnelle, les sources de
revenus, le statut de migrant, le genre, la culture.
6
En effet, la modernisation du secteur contribue de
façon importante au développement économique et social du
Sénégal. La pêche joue un rôle capital dans les
domaines vitaux tels que la sécurité alimentaire, la
création d'emplois et de richesses. Actuellement, elle fait occuper
directement et indirectement à plus de 600 000 emplois dont 400 000 dans
la pêche traditionnelle. Avec une production qui atteint un chiffre
d'affaire estimé à 278 milliards de francs CFA par an, la
pêche maritime sénégalaise joue un rôle crucial pour
les populations et l'économie nationale9.
Cette modernisation du secteur de la pêche s'est faite
avec les organisations socioprofessionnelles qui se sont constituées en
Groupement d' Intérêts Economiques (GIE)10 car toute
tentative de changement ou d'innovation passe par des porteurs de paroles. Ces
propos peuvent être étayés par cette citation de
Jean-Pierre Olivier de Sardan11 « Toute proposition
d'innovation, transite par des porteurs sociaux, qui occupent une place dans
une structure sociale locale ». Ces porteurs de paroles sont
chargés de négocier avec les pouvoirs publics et d'expliquer
à leurs mandants, toute politique publique d'innovation en
matière de pêche. Ainsi, à travers ces GIE, les
professionnels bénéficient des facilités de crédits
auprès des banques et subventions publiques pour l'achat du
matériel de production avec des facilités de remboursements.
Cette innovation permet aussi aux pouvoirs politiques de lutter contre la
pauvreté et le chômage par la création d'emplois.
3/ Les enjeux culturels de la pêche
Le développement de la pêche maritime artisanale
au Sénégal reste confronté à de nombreuses
contraintes d'ordre culturel liées à des pratiques
mythico-religieuses. En effet, certains pêcheurs de peur d'être
considérés comme un non initié refusent toutes formes
d'innovation venues de l'administration publique des pêches maritimes,
comme le refus de port du gilet de sauvetage occasionnant des pertes de vies
humaines nombreuses en cas d'accident en mer.
4/ Discussion sur le lien entre ingénierie
sociale et les résultats
9 Source : Monographie sur la pêche et la forêt et la
stratégie de la croissance accélérée, grappe
pêche et aquaculture, 2007.
10 Le GIE est constitué par deux ou
plusieurs personnes physiques ou morales et met en oeuvre pour une durée
déterminée, tous les moyens propres à faciliter ou
à développer l'activité économique de ses membres,
à améliorer ou à accroître les résultats de
cette activité.
11 Jean-Pierre Olivier de SARDAN, Anthropologie et
développement, Essai en socio-anthropologie du changement social,
Editions Karthala, 1995, p.224.
7
Le déroulement du processus de diffusion fait remarquer
que l'offre d'innovation, est une initiative exogène au milieu des
pêcheurs.
Bien qu'il semble que des modifications aient
été apportées au modèle initial des pratiques de
pêche, on assiste depuis son introduction, à un processus
d'adaptation et de réinvention de la technique et de la méthode
qui ont connu de vives résistances de la part des pêcheurs
débouchant ainsi à des conflits.
En effet, après l'analyse des résultats des
données des entretiens et en s'appuyant sur le cadre théorique de
la sociologie de la traduction, il m'est apparu indispensable de créer
une relation de confiance entre les différents acteurs impliqués
dans la gestion des pêcheries.
En citant Vincent de Gaulejac, Michel Bonetti, Jean
Fraise12 dans l'ingénierie sociale « Les conflits sont
inhérents à toute vie sociale, ils contribuent même
à son développement, ils ne sont donc pas nécessairement
positifs. Une situation devient réellement problématique
lorsqu'il n'existe pas de système de régulation de conflits, de
règles partagées par les membres d'une collectivité et
d'instances de négociation des problèmes, d'institutions ou des
personnes pouvant jouer un rôle de médiation entre les parties
sont en présence ». Cette assertion me parait assez
intéressante, car on sait qu'un projet, qu'une politique publique, c'est
un système d'action. Cela demande qu'un ensemble d'acteurs ayant des
intérêts (même différents) à ce que ça
fonctionne : les bénéficiaires, les agents du projet, la tutelle,
les bailleurs, etc.
Par ailleurs, pour créer la confiance, il suffit de
gérer les conflits entre les groupes d'acteurs et en tirer les
conséquences de l'innovation. Dans certains cas, surtout lorsqu'on
propose des choses innovantes, c'est le projet lui-même qui doit
permettre de réaliser l'intéressement et l'enrôlement des
acteurs.
Pour cela, il me parait nécessaire d'écouter
tout le monde sans exception et considérer les avis des uns et des
autres. Le rôle des chefs religieux peut alors de fournir aux
décideurs publics et aux autres acteurs concernés, des outils
d'aide à la décision. Mais ces données sont rendues
12 Vincent de Gaulejac, Michel Bonetti, Jean Fraise,
L'ingénierie sociale, Alternatives, 1989, 177 pages.
8
publiques au cours des cérémonies religieuses
comme les gamous13 et les magals,14 ou dans les dahiras,
afin de permettre à chacun de s'approprier des recommandations du
guide.
En partant de mes premières analyses, je
privilégie ici une interrogation qui fut aussi la trame de mes
entretiens : les articulations entre les différents acteurs intervenant
dans ce secteur et la cohabitation entre l'administration et les
pêcheurs.
De peur d'être dépossédés de leurs
croyances et mysticismes, les pêcheurs s'opposent à toute
innovation dans leur secteur, c'est pourquoi j'ai tenté de comprendre
leurs pratiques culturelles en allant à leur rencontre.
5/ Croyances et mysticismes liés aux
éléments naturels
Cette étude a révélé que
l'introduction d'une nouvelle innovation dans la pêche a déplu
à un bon nombre d'acteurs qui ne sont pas prêts pour le changement
car, refusant d'abandonner l'usage de leurs croyances et mysticismes
liés aux éléments naturels et qui leur ont laissé
par leurs ancêtres. Ils disent que ces innovations viennent bouleverser
l'ordre du monde symbolique construit par les ancêtres. Selon eux, ils
sont protégés par le legs des ancêtres, ils n'ont pas
besoin de le changer.
Néanmoins, les pêcheurs partagent un certain
nombre de croyances mythico-religieuses négociées pour justifier
leurs pratiques de pêche. Les pêcheurs ont convenu ensemble dans
certaines zones de pêche, que lorsque la marée est haute, ils ne
vont pas pêcher car ils craignent pour leur sécurité; ils
se disent toujours qu'une marée haute est due à la volonté
divine ou à des forces surnaturelles. Les pêcheurs ont
expliqué que le village traditionnel de Yoff a un
«rap15» qui s'appelle «Mam
N'diaré16.
13 En wolof langue la plus parlée au
Sénégal, le terme Gamou marque la commémoration de
l'anniversaire de la naissance du prophète Mohammad.
14 En wolof, le terme Magal de Touba est la
commémoration du départ en exil au Gabon de Cheikh Ahmadou
Bamba.
15 Ce «rap» exige aux villageois
une cérémonie15 rituelle appelée
«Ndeup». Cette cérémonie se fait annuellement et est
gérée par deux familles à tour de rôle. En effet,
les villageois lui rendent hommage à travers le
«Tuur»15 et lors de ce Tuur chacun doit contribuer
financièrement ou matériellement.
16 «Mam Ndiaré» est le
génie du village de Yoff, elle a signé un pacte avec les
ancêtres, raison pour laquelle elle a le devoir de protéger tous
les yoffois ou qu'ils puissent se trouver, d'assurer la
prospérité, la paix et la fertilité au village
9
Par conséquent, c'est avec ces croyances que la plupart
des pêcheurs résistent aux changements dans les pratiques et
méthodes de travail, annoncés plus haut car, ils
considérent que ces innovations vont à l'encontre de leurs
intérets.
En outre, il m'est paru important de souligner les
compétences des pêcheurs qui sont nées à partir de
plusieurs années d'expériences leur permettant de comprendre
certains phénoménes naturels de la mer.
6/ Compétences des pêcheurs
Ici, il s'agit de compétences des pêcheurs
sénégalais qu'on attribut le nom «de bretons de
l'Afrique». Depuis des temps immémoriaux, ils naviguent et
repérent des bancs de poissons sans instruments de navigation
grâce à leur intelligence et surtout leur expérience. En
effet, ce sont des compétences en terme de combinatoire
d'habiletés, de connaissances sur le climat, d'observation empirique, de
capacités et bravoure. Ce qui leur a permis de développer des
compétences dans la maitrise des éléments naturels
liés à la mer et son contenu. Par conséquence, il semble
exister une certaine pratique construite sur
l'expérience17.
17 Durant les clairs de lune, les pêcheurs ne
vont pas en mer, car durant cette période, ils ne peuvent pas
détecter les bancs de poissons. Les
pêcheurs ne vont pas à la mer quand il y a des
vents forts, surtout pendant l'hivernage et parfois, il y a des eaux
transparentes et des eaux non transparentes mais, en général les
eaux moins transparentes portent plus de poissons que les eaux transparentes.
En fait, ces compétences sont acquises grâce à leur
maitrise de l'environnement marin par l'observation des
phénomènes naturels mais aussi, de par les connaissances
transmises de génération en génération par leurs
parents.
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10
Photo 2 : Pratiques animistes autour d'un arbre :
Danses et chants
Avant l'arrivée de l'Islam, les croyances animistes
étaient partagées par toutes les ethnies, même si chacune
d'elles avaient aussi des croyances traditionnelles propres. L'animisme
attribue une âme à toute partie de l'univers : êtres et
objets, nature et univers. Aussi se retrouve t-on dans un monde où
esprits et génies cohabitent avec des hommes au quotidien. Nombreux sont
les Sénégalais musulmans ou chretiens qui adoptent des
éléments de ces religions traditionnelles dans leurs pratiques.
En fait, l'animisme se mélange aux religions monothéistes,
créant des systèmes religieux, des croyances nouvelles qui
s'ajustent et se redéfinissent. Le sacré est accessible
qu'à certaines personnes, des intermédiaires, qui se chargent de
faire le lien avec les êtres humains. Les ancêtres du village, de
la famille sont des intermédiaires privilégiés. Pour
correspondre, les animistes font appel à leurs marabouts18 et
griots19.
Les rites animistes sont très nombreux et
différents selon les peuples. Une des pratiques communes et visibles,
également la plus répandue, est le port du gris-gris, fait par
exemple à partir de cauris et de lanières de cuir. Le gris-gris
permet de se protéger d'une personne qui nous veut du mal, des accidents
ou bien encore des sorts qui peuvent nous être jetés par des
sorciers.
18 Au Sénégal, les marabouts ont toujours
joué un rôle très important, au niveau spirituel, et
parfois temporel et politique. Généralement, les marabouts sont
considérés comme des intercesseurs des hommes auprès de
Dieu. Grâce à leur savoir, leur sainteté, leurs
prières ils permettent aux hommes de les conduire sur le droit chemin et
de réaliser certaines de leurs demandes relevant de la vie ici-bas.
19 Les griots sont le verbe de l'Afrique, son
histoire, sa bibliothèque. Au paravent, en l'absence d'écriture,
le griot (qui peut être autant un homme qu'une femme) était
là et agissait (et le fait toujours) en tant qu'historien, conteur et
chroniqueur. C'est le dépositaire de la mémoire collective, d'un
peuple, d'une communauté, d'une famille. C'est un personnage à
multiple facettes : dans le village, il est à la fois musicien, conteur,
poète et accessoirement, généalogiste. Le griot est aussi
un homme un peu en marge de la société, car il a fait partie
à l'origine d'une caste. Il apprend son métier au sein de la
famille, puis auprès d'un maître.
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11
Photo 3:Pratiques animistes dans une
forêt
7/ Accueillir l'innovation:
D'après un fonctionnaire de l'administration des
pêches20, les principaux éléments qui facilitent
la relation de confiance consistent à mettre en place un
médiateur qui est accepté par toutes les parties comme
légitime et qui puisse amener les acteurs et les décideurs
politiques à négocier autour d'une table.
Pour y parvenir, comme l'exemple de la lutte contre le sida au
Sénégal, il a fallu intéresser les chefs religieux comme
médiateurs qui ont eu à jouer ce rôle, ce partenariat avait
permis au Sénégal d'avoir le taux de prévalence de sida le
plus bas au monde (0,5%)21. Cet intéressement aboutira
à la création d'un réseau composé de professionnels
de la pêche, de chercheurs, des pouvoirs politiques et des chefs
religieux. Tous les acteurs devront travailler en étroite
20 Entretien réalisé avec un
fonctionnaire de l'administration des pêches, le 25/1/2015, à
Dakar
21 Source: CIA World Factbook - Version du Janvier 1,
2014
12
collaboration et dans la transparence. Il est
nécessaire de consolider et de développer ce réseau
à travers les dahiras ou fédérations de dahiras au
Sénégal, en attribuant à chaque acteur un rôle. En
les impliquant, chaque acteur apporte une réponse allant dans le sens de
la résolution du problème. Ce réseau est consolidé
et rendu irréversible par les chefs religieux qui le diffusent à
d'autres acteurs. Ils se chargent également de donner toutes les
informations et accords issus des négociations22.
Il semble que les investigations ont montré que
l'administration publique des pêches et les autorités politiques
sénégalaises impliquent tous les chefs religieux et traditionnels
dans les négociations et discussions. De même, les avis de
l'ensemble des acteurs impliqués dans les interactions liés au
changement et au développement doivent être pris en compte. Les
problèmes de la pêche dans tous les pays du monde sont similaires
: la surpêche, la pêche illégale et non
réglementée, baisse des stocks de poissons. L'innovation
peut-être vécu par les pêcheurs comme une ingérence
des pouvoirs publics dans leur vie professionnelle mais aussi privée
puisqu'elle remonte à des siècles.
Alors, les pouvoirs publics ne comprennent-ils pas ce qu'ils
"touchent" en modernisant, mécanisant ces pêcheurs ? Il ne s'agit
pas de résoudre un problème, mais de travailler le
problème, de nouer un dialogue où il soit possible de "faire
avec" l'autre sans exclure l'un des deux.
CONCLUSION
J'ai évoqué dans cet article à plusieurs
reprises l'innovation23 à propos de modernisation du secteur
de la pêche au Sénégal.
22 À l'occasion des
cérémonies religieuses qui drainent chaque année des
centaines de milliers de fidèles venus les écouter et de cueillir
leurs bénédictions. En plus, à chaque
cérémonie religieuse, le gouvernement du Sénégal
envoie une délégation officielle sous la conduite du ministre de
l'intérieur. De même, tous les partis politiques, les syndicats et
les organisations socio-professionnels sont présents à ces
cérémonies. En effet, la négociation permet aussi,
l'identification et la formulation des programmes de développement, de
dialoguer avec tous les acteurs afin de faire connaître et de prendre en
charge ses problèmes et son avenir. Elle permet aussi
l'épanouissement et la participation de façon active de tous les
acteurs permettant une meilleure qualité de travail par le renforcement
du sentiment de fierté et d'appartenance au groupe. Les acteurs
politiques s'attendent à de la confiance et à de la collaboration
de la part des professionnels, à une attitude réaliste face
à l'avenir de leur activité de pêche, à une attitude
non défensive et à une adaptation à la situation. Les
acteurs publics soulignent aussi l'importance d'être disponibles pour
confirmer aux acteurs professionnels qu'ils ont bien compris la situation et le
problème de la pêche. Quant aux scientifiques, ils désirent
que des moyens financiers et matériels suffisants leur soient
accordés pour la poursuite de leurs actions de recherche. Ils veulent
que les professionnels respectent les mesures mises en place pour moderniser le
secteur de la pêche.
23 Pour le justifier, on se référera à
cette définition de Rogers et Shoemaker (1971), cités par
Treillon (1993), une innovation est une idée, une pratique, ou un objet
considéré comme nouveaux par un individu ou un groupe. Il importe
peu que cette appréciation de nouveauté soit
Il conviendra enfin de considérer désormais,
avant d'exécuter une quelconque décision ou de mettre en place
des programmes de développement en matière de pêche
maritime au Sénégal, de prendre en compte l'avis de tous les
acteurs impliqués dans le changement et au développement sans
ignorer aussi les chefs religieux qui jouent un rôle régulateur
important dans la société. Ces personnes ont très souvent
pesé de leur poids pour faire pencher la balance du côté de
la personnalité qui s'est montrée la plus apte et la plus
déterminée à défendre leurs privilèges et
leurs intérêts. A partir de ce moment là, elles sont
associées à la propagande électorale. Tous les hommes
politiques et même le Président de la République
négocient avec les chefs religieux pour bénéficier du
suffrage électoral de leurs fidèles.
De plus, en utilisant le cadre d'analyse théorique de
la sociologie de la traduction, il semble que les chefs religieux et coutumiers
pourraient contribuer à l'abandon de certaines croyances et mysticismes
des pêcheurs qui constituent un obstacle à toute forme
d'innovation du secteur de la pêche. Ces personnes qui comptent par
devers eux de nombreux fidèles peuvent servir de courroie de
transmission entre les acteurs.
13
objective ou non mesurée en termes de délais par
rapport à une découverte ou un premier usage. C'est la
nouveauté telle est perçue par l'individu ou le groupe qui
détermine son comportement. Si l'idée semble nouvelle par
l'individu et le groupe, c'est l'innovation.
14
ANNEXES :
Tableau 1 : Présentation du public
interwievé
Personne interviewée
|
Age
|
Sexe
|
Activités
professionnelles
|
Zone enquêtée
|
Pêcheur X1
|
29
|
M
|
Pêcheur
|
Yoff (zone de débarquement du poisson)
|
Pêcheur X2
|
44
|
M
|
Pêcheur
|
Yoff
|
Pêcheur Y
|
33
|
M
|
Pêcheur
|
Yoff
|
Pêcheur Z
|
50
|
M
|
Pêcheur
|
Yoff
|
Pêcheur N
|
60
|
M
|
Pêcheur
|
Yoff
|
Pêcheur X6
|
26
|
M
|
Pêcheur
|
Joal
|
Mareyeur XY
|
51
|
M
|
Mareyeur
|
Marché Central au Poisson de Dakar
|
Mareyeur X2
|
62
|
M
|
Mareyeur
|
Yoff (zone de débarquement du poisson)
|
Fonctionnaire X1
|
35
|
M
|
Fonctionnaire
|
Service Régional des pêches à Dakar
|
Fonctionnaire X2
|
42
|
M
|
Fonctionnaire
|
Direction des pêches maritimes à Dakar
|
Fonctionnaire X3
|
50
|
M
|
Fonctionnaire
|
Service régional des pêches à Saint-Louis
|
Fonctionnaire X4
|
39
|
F
|
Fonctionnaire
|
Service départemental des pêches à Mbour
|
Fonctionnaire X4
|
42
|
F
|
Fonctionnaire
|
Chef de poste de contrôle à Thiaroye
|
Chercheur X1
|
43
|
M
|
Chercheur
|
CRODT- Dakar
|
Chercheur X2
|
40
|
M
|
Chercheur
|
CRODT- Dakar
|
Chercheur X3
|
39
|
M
|
Chercheur
|
Institut de recherche et de
Développement(IRD)
|
Economiste X1
|
52
|
M
|
Economiste
|
CRODT- Dakar
|
Economiste X2
|
44
|
M
|
Economiste
|
Direction des pêches maritimes à Dakar
|
Economiste X3
|
42
|
M
|
Economiste
|
I R D, Dakar
|
Transformatrice X1
|
32
|
F
|
Transformatrice poisson
|
Yoff (atelier de
transformation artisanale du poisson)
|
Transformatrice
X2
|
41
|
F
|
Transformatrice poisson
|
Yoff (atelier de transformation artisanale du poisson)
|
Mareyeuse X1
|
35
|
F
|
Mareyeuse
|
Yoff (Marché )
|
Vendeuse X1
|
29
|
F
|
Vendeuse de
poisson
|
Yoff (Marché )
|
Vendeuse X2
|
32
|
F
|
Vendeuse de
poisson
|
Yoff (Marché du village)
|
15
Tableau 2 : Analyse de contenu thématique
des entretiens semi-directifs de tous les acteurs rencontrés
Thèmes
|
Objectifs
|
Questions
|
Causes et conséquences
|
Degré de connaissance de la
|
De manière générale qu'est ce qu'il
|
|
problématique des enjeux de
|
vous vient à l'esprit quand l'on
|
|
l'introduction de nouvelles
|
vous parle d'innovation et de
|
|
innovations au niveau de la pêche
|
changements dans les méthodes et
|
|
au Sénégal.
|
techniques de pêche
|
|
|
Que pensez-vous des tentatives de moderniser le secteur?
|
|
|
Quelles sont selon vous, les causes et les conséquences
des tentatives de modernisation du secteur de la pêche.
|
|
|
Selon vous, pourquoi les pêcheurs
ne respectent l'interdiction de
l'utlisation des filets mono- filaments, le repos biologique,
et le
port obligatoire des gilets de sauvetage?
|
|
|
Selon vous, pourquoi les
professionnels sont réticents à
l'introduction de nouvelles technologies?
|
Lien entre activités quotidiennes et
|
Perception de la relation entre
|
Savez-vous que vous êtes
|
diminution des captures de
|
comportement individuel et
|
responsables( pêcheurs) de par vos
|
poissons.
|
changement d'habitudes.
|
pratiques quotidiennes (surpêche,
utilisation des mono-filaments, pêche à la
dynamite) de la baisse de vos revenus?
|
Responsabilité des pêcheurs.
|
|
|
|
|
Est-ce qu'à votre niveau, vous vous
sentez responsables de ce problème?
|
16
|
|
|
Perception de la gravité Peur/ confiance/ pessimisme
|
Etat d'esprit
|
Est-ce que problème vous
préoccupe, voire vous fait peur?
Vous sentez-vous confiants face à l'évolution du
problème?
Pensez-vous que l'on va vous
trouver des solutions?
|
Changement de comportement déjà entrepris.
Changement de comportements
envisagés.
Question de la contrainte de ces comportements
|
Comportements et changement de comportements.
|
Depuis que vous avez eu
connaissance de l'interdiction de
l'utilisation des filets mono-
filaments, avez-vous modifié
certaines de vos pratiques
quotidiennes _ (habitudes,comportement).
Seriez-vous prêts à modifier votre
comportement en acceptant
d'adhérer aux décisions gouvernementales?
Est-ce que ces changements de comportements représentent
pour vous des craintes?
|
Craintes internes
Contraintes externes
|
Mise en évidence des contraintes
|
Quelles sont les raisons qui
expliquent que vous n'êtes pas
prêts à vous séparer de vos
habitudes? De vos pratiques anciennes?
|
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BIBLIOGRAPHIE
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développement de la culture arabo-islamique dans le bassin du fleuve
Sénégal, Paris, Université de Paris IV (thèse
de 3e cycle).
Callon M., 1986, Eléments pour une sociologie de la
traduction. La domestication des coquilles Saint-Jacques et des
marins-pêcheurs dans la baie de Saint-Brieuc, L'année
sociologique, n°36, pp. 170-208.
Fontana André et Weber Jacques, Aperçu de la
situation de la pêche maritime sénégalaise,
déc. 82, 34 pages.
Nelly Bidot- Bernard Morat, « Agir ou Subir ? Des
clefs pour vivre le changement imposé », 1996, Inter Editions,
184 pages.
Olivier De Sardan de Jean-Pierre de Anthropologie et
développement, Essai en socio-anthropologie du changement social,
Editions Karthala, 1995, p.224.
Philippe Bernoux, Comment innover et se comprendre ? La
théorie de la traduction. Théories sociologiques et
transformation des organisations, Cnrs-Université Lyon 2.
République du Sénégal, Ministère
de l'Economie et des Finances, Monographie de la pêche artisanale et la
forêt, Rapport final sur la pêche artisanale, 2008, p.55
Treillon (R), 1992. L'innovation technologique dans le pays du
Sud. Le cas de l'agro-alimentaire, Paris, 268 p.
Vincent de Gaulejac, Michel Bonetti, Jean Fraise,
L'ingénierie sociale, Alternatives, 1989, 177 pages.
Sites Web :
www.seneweb.com- 16 juillet, 2012.
www.wikipédia.org/wiki/religion_et_croyances_au_Sénégal
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