Les changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière( Télécharger le fichier original )par BA Gorgui Aly Université de Strasbourg - Diplôme des Hautes Etudes des Pratiques Sociales 2015 |
ANNEXESPréserver la diversité de la vie marine. Les aires marines protégées sont des réservoirs de biodiversité. Elles constituent des refuges pour de nombreuses espèces et préservent des zones vitales pour leur alimentation et leur reproduction. Gorgui Aly BA, BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 106 SOMMAIRE DES ANNEXES Types Pages Annexe 1 : tableaux (1et 2) grille d?entretien et liste des personnes interviewées 108 Annexe 2 : Carte du Sénégal 112 Annexe 3 : Photographie des pêcheurs en mer larguant un filet mono-filament 113 Annexe 4 : Photographie du mérou 114 Annexe 5 : Photographie activités des différents acteurs de pêche /plage de Mbour 115 Annexe 6 : Photographie bateau russe arraisonné 116 Annexe 7 : Les entretiens 117 Table des matières 147 BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 107
BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 108 Tableau 1 : Grille d'entretien :
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BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 110 BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 111 Tableau 2 : Liste des personnes interviewées.
BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 112 Annexe 2 : Carte du Sénégal Source : http://senegalie.wifeo.com/cartes-du-senegal.php Annexe 3 : Photographie de pêcheurs en pleine mer larguant un filet mono-filament Source : www.xalima.com BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 113 Annexe 4 : Photographie du mérou Source : www.aprapam.org BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 114 Annexe 5 : Photographie activité des différents acteurs de pêche/ plage de Mbour Source : www.aprapam.org BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 115 Annexe 6 : Photographie du Bateau russe Oleg Neydanov, arraisonné par le Sénégal Source : www.pressafrik.com BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 116 BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 117 Annexe7 : Les entretiens Entretien : 1
Question : Quel est votre parcours professionnel ? Réponse : J'ai terminé mes études universitaires en 1994, j'ai fais mon stage de perfectionnement au Service régional des pêches maritimes à Saint-Louis. Après trois mois de stage, je suis affecté au Service régional des Pêches Maritimes de Thiès, comme adjoint au chef de Service régional. En fait, le Chef régional des pêches maritimes de Thiès est l'une des plus grandes régions de pêches au Sénégal de part l'importance des produits débarqués et du nombre important de pêcheurs y exerçant leurs activités. Ce service régional est subdivisé en trois départements ayant chacun à sa tête un chef de Service départemental. Chaque Service départemental est lui aussi composé de plusieurs postes de contrôle ayant chacun à sa tête un chef de poste. Les agents de ces postes de contrôle sont en contact direct avec les acteurs de la pêche que sont les pêcheurs, les mareyeurs, les mareyeurs, les transformatrices et les micro-mareyeurs. Ils sont chargés également de la collecte des données statistiques, de confectionner les BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 118 rapports statistiques, du contrôle sanitaire des poissons. Ils veillent au bon respect des règles de bonne conduite pour une pêche responsable et durable. Ils sont en quelque sorte les relais entre les autorités supérieures et les professionnels. Question : Le Sénégal a signé cette année des accords de pêche avec l'Union européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales. Qu'en pensez-vous ? Réponse : Actuellement, je ne vois pas l'opportunité de signer ces accords. Les eaux sénégalaises sont devenues très pauvres en poissons. Je suis contre de la signature de ces accords. Les politiques prennent des décisions sans pour autant consulter les fonctionnaires qui maîtrisent bien la situation actuelle de nos ressources. Même les pays étrangers ne sont pas sérieux, ils savent pertinemment que nos eaux se sont appauvries et ils continuent de nous appauvrir. De plus, tous les acteurs de la pêche se plaignent de n'avoir pas été impliqués dans les négociations. Question : Avec la baisse des captures de poissons, cet accord est-il opportun ? Réponse : Non, la crise du secteur de la pêche est une réalité indiscutable. Mais, c'est la corruption qu'il faudra éradiquer dans le secteur de la pêche. Il faut que les politiciens laissent les fonctionnaires travailler. Ces politiciens ne s'intéressent qu'à leur intérêt, et des scandales répétitifs sont notés depuis 1992 et les personnes impliquées ne sont jamais traduites devant la justice. Ils s'enrichissent sur le dos des sénégalais et appauvrissent nos eaux maritimes. Question : Faut-il poursuivre ces accords ou non ? Réponse : Je dirai non. Pourquoi ces accords ? Les sénégalais ne peuvent plus avoir du poisson de qualité pour leur alimentation, si ce poisson est disponible, de par sa cherté, il n'est pas accessible à tout le monde. De même, nos pêcheurs dépensent beaucoup de carburant pour chercher le poisson dans les zones lointaines et reviennent souvent bredouille. Question : La corruption empêche-t-elle la surveillance de la pêche au Sénégal ? BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 119 Réponse: La surveillance de la pêche au Sénégal est principalement rendue impossible du fait de la corruption. Le problème du pillage des ressources halieutiques est là. La difficulté principale de la surveillance de pêche, c'est la corruption. Si on parvient à l'éradiquer, la reconstitution des stocks de poissons pourra être faite. Actuellement au Sénégal, il y a tout sauf de la bonne gouvernance dans la pêche. C'est un secteur qu'il faut repenser et réorienter, car c'est un devoir de l'Etat de protéger les ressources. Les professionnels sénégalais sont mécontents des pouvoirs publics et des navires étrangers qu'ils qualifient de corrupteurs, de pilleurs et de bradeursleurs des ressources halieutiques nationales. C'est pourquoi, nous demandons aux nouveaux dirigeants du pays de lutter énergiquement contre ce bradage et pillage de nos ressources. Nous avons appris que des tractations au plus haut niveau pour la signature de nouveaux accords de pêche. Ce n'est à mon avis une bonne chose et je partage cet avis avec mes autres collègues de l'administration. Question : Le Sénégal parvient-il à surveiller ses côtes maritimes ? Réponse : Le Sénégal a de la peine pour surveiller ses côtes maritimes. A ma connaissance, le Sénégal dispose d'un avion de surveillance et de six navires. Faute de moyens, les sorties pour la surveillance ne sont pas fréquentes. Il y'a surtout l'armée française basée qui nous offre cinq heures par mois pour la surveillance aérienne. Il faut également lutter contre les nombreuses fraudes en mer, surtout pour ce qui concerne les types de licences de pêche que détiennent les bateaux. Mais aussi, il faut contrôler les maillages des filets utilisés, car il existe un grand trafic sur ce côté. De même, les autorités qui accordent frauduleusement des licences de pêche sans consulter la commission d'attribution de ces licences. Il est souvent constaté qu'un bateau prenne une licence pour des poissons qui n'ont aucune valeur commerciale, et qu'il pêche d'autres espèces pour lesquelles, la redevance est beaucoup plus onéreuse. BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 120 Des trafics également sont constatés du côté de quelques acteurs sénégalais qui prennent des licences à leur nom alors que les bateaux appartiennent à des étrangers. Question : Le gouvernement vous n'avait-il pas demandé aux pêcheurs artisanaux de diminuer l'effort de pêche ? Réponse : Bien sur, le conseil interministériel de juin 2013 avait pris la décision de demander aux pêcheurs nationaux de diminuer la pêche sur le merlu. Actuellement, ils autorisent des bateaux étrangers à venir pêcher ces espèces de poissons, c'est énormément contradictoire. Nous avions tous dénoncé à l'époque, que le régime de WADE ait octroyé des autorisations de pêche à des navires étrangers pour que de telles pratiques ne se reproduisent plus. En 2012, les autorisations de pêche accordées à des chalutiers russes capturant les pélagiques avaient suscité des mécontentements des organisations des professionnels de la pêche, qui ont eu à organiser beaucoup de manifestations de protestation à Dakar. Question : Etes-vous prêts pour sauvegarder les ressources marines ? Réponse : Nous sommes conscients qu'il urge de protéger nos ressources marines. Question : Pourquoi est-elle (Listao) revenue dans nos eaux ? Réponse : Cette espèce est gérée par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'atlantique nord, c'est important. Cette commission fixe des quotas de pêche de ces espèces à tous les états côtiers. Ce qui a permis la reconstitution et le renouvellement de ces thons à l'échelle mondiale. Question : Quel est votre dernier mot Réponse : Je suis très content de t'avoir livré à coeur ouvert tout ce qui me fait mal, dans le secteur de la pêche au Sénégal. Nous voulons tous une réorganisation du secteur de la pêche mais, lutter contre la corruption au sommet de l'Etat. Depuis 1992, divers scandales sont notés et malfaiteurs restent toujours impunis, il faut que cala cesse. Il faut débusquer les trafiquants et les traduire devant la justice. Aujourd'hui, les espèces sont surexploitées et le niveau de prélèvement actuel est supérieur à la capacité de reconstitution de certaines espèces. Notre espèce emblématique dite « thiof » au Sénégal et mérou en français, reviendra sur les plats des sénégalais ? FIN. BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 121
BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 122 Question : Quel est votre parcours professionnel ? Réponse : J'ai terminé mes études universitaires en 1985, j'ai fais un stage d'un an à la Direction de l'Océanographie et des Pêches Maritimes (DOPM), devenue Direction des Pêches Maritimes (DPM) actuellement. En fait, la DOPM était constituée d'une seule direction et, elle était chargée de gérer toutes les activités de pêches maritimes au Sénégal. Elle cordonnait aussi, tous les programmes de développement de la pêche au Sénégal. Elle contrôlait également tous les fonctionnaires des pêches maritimes. Elle avait à sa tête, un directeur qui nommait et affectait tous les agents qui étaient à sa disposition. Malheureusement, cette direction a été éclatée en plusieurs autres directions et avec une dispersion des ses agents mais aussi de ses forces et à mon avis ça n'a pas été une bonne chose. En 1986, je suis recruté au Centre de Recherche Océanographique de Dakar Thiaroye comme Chercheur, économiste. BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 123 Nos missions : > L'évaluation des ressources halieutiques ; > Le suivi des ressources halieutiques et des systèmes d'exploitation ; > La fourniture de bases techniques des mesures d'aménagement des pêcheries pour une exploitation durable des ressources halieutiques. Nos réalisations : > Meilleure compréhension du mécanisme d'enrichissement des eaux sénégalaises appelé upwelling > Mise en évidence la variabilité spatio-temporelle des ressources halieutiques en fonction des paramètres de l'environnement. > Détermination de la croissance, la moralité et la reproduction des principales espèces > Identification des principales ressources potentiellement exploitables et détermination du niveau d'exploitation des stocks et les potentialités de captures > Introduction de la senne tournante coulissante > Introduction des caissons isothermes dans la pêche artisanale > Meilleure connaissance des comptes d'exploitation des principaux types de pêche artisanale, des effets induits des exportations des produits halieutiques et du mécanisme socio-économique de l'approvisionnement des marchés, grâce à des études socio économiques Nos programmes : Gestion durable des écosystèmes et des ressources : > Variabilité de la circulation et des températures de surface océanique dans le système d'upwelling sénégalo-mauritanien aux échelles intra-saisonnières à interannuelles > Réactualisation des caractéristiques de l'upwelling sénégalais et son influence sur les ressources marines BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 124 > Evaluation des ressources halieutiques > Réactualisation des paramètres biologiques essentiels des espèces exploitées > Développement d'un système d'information sur la Pêche et l'Aquaculture > Etudes des mortalités de poissons sur la Petite Côte > Diagnostic de la situation du stock de crevettes profondes à partir d'exercices de modélisation > Bases scientifiques pour l'élaboration des plans d'aménagement des ressources halieutiques > Intégration des aires marines protégées dans l'aménagement des pêches au Sénégal. Nous faisons également des enquêtes statistiques. Faire des enquêtes en allant à la rencontre d'une pirogue pour recueillir un certain nombre de renseignements tels que : > l'origine de la pirogue > l'heure de départ en pêche > la position > l'heure de retour de pêche > la profondeur de pêche > le type de pêche (puissance du moteur ou voile) > le temps de route > Nombre de pêcheurs à bord L'arrivée de la pirogue est à signaler au préalable sur la feuille des efforts qui spécifie le type de pêche et la tranche horaire. L'enquêteur attend que la pirogue soit remontée à terre pour demander ces renseignements. Il note ensuite toutes les espèces débarquées, en poids ou en nombre puis fait des mensurations au besoin. Dans le cas d'une senne tournante il est à noter, le nombre de coups effectués pour arriver à cette prise. Tout ceci ne peut se faire sans problèmes. En effet, on enregistre une perte de temps considérable lors de l'échantillonnage de la pirogue. Il faut attendre que les BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 125 transactions soient terminées et le poisson vendu aux mareyeurs pour pouvoir commencer à faire les mensurations. Depuis lors j'ai pu faire plusieurs recherches et publications et obtenu une certaine expérience dans l'économie des pêches maritimes au Sénégal qui est mon domaine de formation. Nos locaux sont bien fonctionnels et nous avons du matériel nécessaire à la réalisation de nos missions mais cependant, la recherche a un coût. Suivant le budget disponible, nous essayons quand même d'atteindre nos objectifs, bien que beaucoup d'efforts doivent être faits pour financer nos recherches. Cependant, avec l'avancée technologique, il n'est apparu utile de doter le CRODT d'un navire de recherches océanographiques très sophistiqué et de nautiles comme le Victor 6000 qui permet de faire des recherches jusqu'à 6000 mètres de fond. Ce centre gère également d'autres chercheurs travaillant dans des domaines différents notamment, les recherches océanographiques pour l'évaluation des stocks des différentes espèces de poisson disponibles dans les côtes sénégalaises. Nous servons également de conseillers dans la prise des décisions des pouvoirs publics surtout ce qui concerne la signature des licences et accords de pêche. Je suis également consultant dans différents de projets de pêche au Sénégal, car avant toute mise en place d'un projet, mon avis est souhaité. Question : Le Sénégal a signé cette année des accords de pêche avec l'Union européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales. Qu'en pensez-vous ? Réponse : La confusion qui en a suivi est un signe annonciateur que ces accords ne sont pas dans notre intérêt : le ministre de la Pêche soutient que ce n'est qu'un renouvellement d'accords signés en 2006 tandis que son prédécesseur dément que des accords n'aient jamais BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 126 été signés pendant cette période. Qui croire ? De plus, tous les acteurs de la pêche se plaignent de n'avoir pas été impliqués dans les négociations. Pourquoi n'ont-ils pas été impliqués ? Ces types d'accords ne sont jamais signés par un pays qui veut être émergent dans ce monde moderne de compétition et de sophistication. Ce sont des accords du passé : nous donnons ce que nous avons de meilleur chez nous, à l'état brut de matières premières non transformées, et nous recevons de toutes petites compensations financières (6 milliards, c'est 0,002% de notre budget ou 461 FCFA pour chacun des 13 millions de Sénégalais, le prix approximatif d'un « Yabooy » aujourd'hui). Nous devrions nous placer dans un ordre totalement nouveau, en phase avec nos aspirations de développement. Des accords de pêche en notre faveur devraient prendre en compte trois dimensions : l'emploi, des technologies dont nous bénéficions et l'optimisation de nos ressources. Toutes ces dimensions sont absentes de ces accords. Question : Avec la baisse des captures de poissons, cet accord est-il opportun ? Réponse : La crise du secteur de la pêche est une réalité indiscutable que l'on peut mesurer à l'échelle de la rareté des ressources dont se plaignent deux catégories importantes de Sénégalais : les pêcheurs et les ménagères. Doit-on en rajouter ? Question : Faut-il poursuivre ces accords ou non ? Réponse : A notre humble avis, il faut surseoir à ces accords, impliquer tous les acteurs du secteur dans une concertation constructive et prospective qui réoriente nos relations d'affaires maritimes avec l'Union européenne dans le sens de la valeur ajoutée et des trois dimensions mentionnées plus haut. Question : Pourquoi le ministre parle-t-il de régularisation? Il parle d'une situation qu'il a trouvée car, le ministre du gouvernement précédent avait autorisé ces bateaux à venir pêcher illégalement dans nos eaux. Donc, il fallait qu'il régularise cette situation et en tirer le maximum de recettes pour le Sénégal. Réponse: Je donnerai mon avis sans aucune motivation politicienne. L'actuel Ministre de la pêche ne connait pas bien le secteur ou alors à tout le moins, il a été mal renseigné. Ce BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 127 département étant trés important pour notre économie nationale, l'argumentation du Ministre de la pêche est spécieuse, car ne méritant pas le terme de régularisation. Et d'y aller de sa propre explication de ce que le ministre appelle régularisation. Il y a ce que l'on appelle dans le milieu de la pêche, les «canneurs», et qui se consacrent à la pêche au thon.Ils sont en général ou espagnols ou français, auxquels le gouvernement du Sénégal a accordé la possibilité de pêcher le thon, et de débarquer les captures au Sénégal pour alimenter les industries de transformation des produits halieutiques. Il n'en existait alors qu'une de fonctionnelle, en l'occurrence la société nationale des conserveries du Sénégal, qui depuis a été rachetée par des partenaires coréens, et fait l'objet d'une inauguration en grandes pompes par le Président de la république en personne. Donc, le gouvernement a toujours, sous certaines contradictions, à ces «canneurs» le droit de pêcher. Question : Le gouvernement n'avait-il pas demandé aux pêcheurs artisanaux de diminuer l'effort de pêche ? Réponse : Effectivement le conseil interministériel de juin 2013 avait sorti comme décision de demander aux pêcheurs nationaux de diminuer la pêche sur le merlu et aujourd'hui, ils autorisent des bateaux étrangers à venir pêcher ces espèces de poissons, c'est absurde. Question : Selon vous, quelles peuvent être les conséquences de ces accords sur la ressource halieutique ? Réponse : On nous a dit que ces bateaux ne pêcheront que le thon. C'est faux ! Ils ne se limiteront pas à pêcher seulement le thon, ils viseront d'autres espèces car il sera impossible de les contrôler. En plus de l'exploitation de nos ressources, ces bateaux déversent toute sorte de déchets dans la mer. L'Etat doit revoir ces accords, il doit nous protéger, sauvegarder nos ressources et protéger l'environnement marin. Question : les acteurs ne devraient-ils pas changer leur comportement pour une gestion durable des pêcheries ? Réponse : Selon vous qui sont les acteurs ? BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 128 Question : Je parle de tout le monde. L'Etat, les pêcheurs, les mareyeurs, les transformatrices et même les consommateurs, pourquoi pas ! Réponse : Vous avez raison, nous devrions tous changer dans la manière d'exploiter les ressources marines car il y va de notre intérêt. Si les captures baissent, nos revenus baissent aussi. Nous aurons des problèmes pour entretenir nos familles et nous courons des risques de famine et pertes d'emplois. Donc si nous voyons des irrégularités dans la gestion de nos ressources, nous devons nous battre pour que cela cesse le plus rapidement possible. De même le panier de la ménagère verra son coût augmenter car plus le poisson est rare, plus son coût est élevé. Question : Etes-vous prêts pour sauvegarder les ressources marines ? Réponse : Nous sommes évidemment prêts pour protéger l'océan et son contenu car il y va de notre intérêt sinon notre avenir restera précaire. Par exemple, les pêcheurs artisanaux ont commencé à attraper le listao qui est un thon se trouvant dans les fonds des océans et que seuls les grands bateaux pouvaient les attraper. Il y a plus de 70 ans qu'on ne voyait plus cette espèce. Question : Pourquoi est-elle (Listao) revenue dans nos eaux ? Réponse : Je pense que la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'atlantique nord y a joué un rôle très important. Car, l'attribuant des quotas de pêche à tous les états côtiers pour l'exploitation de ces thons a permis certainement leur renouvellement à grande échelle. A mon avis, l'ICCAT qui avait pris en charge la gestion des thons, certainement cette espèce a eu le temps de se reproduire et de réapparaitre de nouveaux dans nos eaux. Il m'est donc apparu important que l'Etat du Sénégal et les autres acteurs, devront tous avoir de nouveaux comportements dans la gestion des pêcheries. Pour l'Etat : arrêt de la signature des accords de pêche par exemple BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 129 Pour les autres : diminution de l'effort exercé sur la ressource et respect du repos biologique par exemple. Question : Nous allons aborder un autre point. Que pensez-vous aussi de l'utilisation des filets mono-filaments ? Réponse : Ces filets sont non biodégradables et causent des dégâts énormes en mer. Ils doivent être bannis car une fois dans l'eau lorsqu'ils se désagrègent, libèrent des matières toxiques dans l'écosystème. Certaines communautés de pêcheurs ne sont prêtes à abandonner ces filets au prix de leur vie notamment à Thiaroye où des affrontements se font noter entre pêcheurs et les agents de l'administration chargés de faire respecter la réglementation. Il y a dans d'autres localités comme Kayar et Yoff, les pêcheurs n'utilisent plus ces filets mono-filaments. Cela veut dire qu'on peut bien s'en passer de ces engins destructeurs. Il suffit d'un peu de volonté et de vouloir changer des méthodes et petit à petit, nous y arriverons. Seulement, il y a un couac au sein de l'administration qui semble encourager l'incivisme de certains pêcheurs artisanaux qui s'entêtent à utiliser ce matériel interdit. Alors que le ministère de la pêche maritime en interdit l'utilisation, le ministère du commerce en autorise la commercialisation. Malheureusement, l'importation de ce filet et sa commercialisation n'étant pas interdites, les pêcheurs peuvent se l'approprier facilement. Néanmoins, son utilisation comme filet de pêche est prohibée, sa détention à bord d'une embarcation, d'un navire est interdite. Question : L'administration des pêches a-t-il les moyens de contrôler l'interdiction de l'utilisation des filets mono-filaments ? Réponse : A mon avis les fonctionnaires chargés de faire respecter cette interdiction font des efforts énormes pour que ces filets disparaissent totalement dans le secteur des pêches, malheureusement ils ne peuvent pas être partout et leur effectif est limité. BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 130 D'ailleurs, le service régional des pêches de Sédhiou a saisi ctte année, dans une opération de sécurisation des ressources halieutiques cinquante (50) filets mono filaments interdits à la pêche. Ces filets à petite maille sont jugés dévastateurs des ressources halieutiques en ce qu'ils prennent les jeunes générations de poissons. Ces filets par les agents du ministère de la pêche maritime sont incinérés et les contrevenants présentés au procureur de la République pour pillage organisé des ressources halieutiques. Dans le lot des accusés, des Sénégalais mais surtout des Maliens grands prédateurs dans ce domaine. Du coup, l'effectif du personnel des agents de la pêche doit être renforcé pour leur permettre de mener à bien leur travail. Ce qui va contribuer à coup sur à lutter contre la pêche destructrice des ressources marines. Question: Avec les nombreux accidents en mer se soldant par des pertes énormes en vies humaines, ne devrions-nous pas rendre obligatoire le port du gilet de sauvetage? Réponse: Effectivement le port du gilet de sauvetage doit être rendu obligatoire car on a constaté ces derniers temps de nombreuses pertes en vies humaines. D'ailleurs, le ministère de la pêche a pris un arrêté rendant obligatoire le port du gilet de sauvetage à bord des embarcations non pontées. Cet arrêté fixe les règles rendant obligatoires l'embarquement et le port du gilet en vue de sécuriser les conditions de travail en mer des pêcheurs artisans et des autres usagers. Toute embarcation doit disposer d'un nombre de gilets de qualité et en quantité supérieure au nombre de pêcheurs à bord. Question : Pouvez-vous nous l'utilité du port de ce gilet de sauvetage ? Réponse : La conséquence la plus visible de ce phénomène nouveau est le lourd tribut annuellement payé en pertes de vies humaines: aujourd'hui, la plupart des unités de pêche évoluent très loin de leurs bases et à des distances de la côte supérieures à 20 milles nautiques sans les mesures de sécurité requises, notamment l'usage des gilets de sauvetage. BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 131 Le gilet de sauvetage constitue un moyen de préservation des vies humaines ou, à la rigueur, un élément aidant à retrouver les corps des pêcheurs en cas d'accident. Ces mêmes constats sont valables pour les pirogues qui effectuent des activités de transport de passagers et de marchandises. Cet outil est d'autant plus nécessaire qu'il est constaté, sous l'effet persistant de la sécheresse, l'arrivée massive d'agriculteurs, d'éleveurs dans le secteur de la pêche artisanale, ce nouveau type de pêcheurs sans expérience, ni formation adéquate, est particulièrement exposé, sans grands moyens de défense, aux risques liés à la navigation maritime et fluviale à destination ou en provenance des lieux de pêche. Question : L'Etat n'est-il pas responsable de la sécurité des personnes et des biens ? Réponse : Bien sur, c'est l'Etat qui a en charge de la sécurité de tous. D'ailleurs, chaque année l'administration des pêches organise chaque année, la journée nationale de sensibilisation sur la sécurité en mer des pêcheurs artisanaux. Le focus est mis sur le port du gilet de sauvetage avec comme slogan 'un pêcheur, un gilet et aller en mer sans mort''. Les fonctionnaires du ministère appellent les pêcheurs au port du gilet de sauvetage mais aussi le renouvellement du parc piroguier en bois par des embarcations en fibre de verre, non sans inviter les pêcheurs à mettre fin à la capture des espèces immatures ou juvéniles.. Question : Pourriez-vous faire une évaluation du nombre de victimes de ces accidents ? Réponse : Ah, oui. Chaque année des dizaines de victimes, des morts et des disparus sont décomptés avec des pertes matérielles estimées à des millions de F Cfa, suite à des accidents en mer. Le premier semestre de 2014 semble confirmer la tendance avec 89 morts suite à 37 accidents, occasionnant des pertes matérielles estimées à 85 millions de F Cf. A l'endroit des pêcheurs, l'Administration des Pêches a invité à mettre fin à la capture des juvéniles pour une bonne régénération de la ressource. FIN. BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 132 BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 133 Entretien: 3 Objectif : Identifiant : Personne interviewée : Lieu de résidence : Dakar Situation matrimoniale : Marié et cinq enfants Profession : Fonctionnaire Question : Le Sénégal a signé cette année des accords de pêche avec l'Union européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales. Qu'en pensez-vous ? La confusion qui en a suivi est un signe annonciateur que ces accords ne sont pas dans notre intérêt : le ministre de la Pêche soutient que ce n'est qu'un renouvellement d'accords signés en 2006 tandis que son prédécesseur dément que des accords n'ont jamais été signés pendant cette période. Qui croire ? De plus, tous les acteurs de la pêche se plaignent de n'avoir pas été impliqués dans les négociations. Pourquoi n'ont-ils pas été impliqués ? Ces types d'accords ne sont jamais signés par un pays qui veut être émergent dans ce monde moderne de compétition et de sophistication. Ce sont des accords du passé : nous donnons ce que nous avons de meilleur chez nous, à l'état brut de matières premières non transformées, et nous recevons de toutes petites compensations financières (6 milliards, c'est 0,002% de notre budget ou 461 FCFA pour chacun des 13 millions de Sénégalais, le prix approximatif d'un BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 134 « Yabooy67 » aujourd'hui). Nous devrions nous placer dans un ordre totalement nouveau, en phase avec nos aspirations de développement. Des accords de pêche en notre faveur devraient prendre en compte trois dimensions : l'emploi, des technologies dont nous bénéficions et l'optimisation de nos ressources. Toutes ces dimensions sont absentes de ces accords. Avec la baisse des captures de poissons, cet accord est-il opportun ? La crise du secteur de la pêche est une réalité indiscutable que l'on peut mesurer à l'échelle de la rareté des ressources dont se plaignent deux catégories importantes de Sénégalais : les pêcheurs et les ménagères. Doit-on en rajouter ? Faut-il poursuivre ces accords ou non A notre humble avis, il faut surseoir à ces accords, impliquer tous les acteurs du secteur dans une concertation constructive et prospective qui réoriente nos relations d'affaires maritimes avec l'Union européenne dans le sens de la valeur ajoutée et des trois dimensions mentionnées plus haut. FIN. 67 Yabooy= sardinelles
Objectif : Identifiant : Personne interviewée : Lieu de résidence : Dakar Situation matrimoniale : Marié et trois enfants Profession : Fonctionnaire BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 135 Question : Le Sénégal a signé cette année des accords de pêche avec l'Union européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales. Qu'en pensez-vous? Je donnerai mon avis sans aucune motivation politicienne. L'actuel Ministre de la pêche ne connait pas bien le secteur ou alors à tout le moins, il a été mal renseigné. Ce département étant très important pour notre économie nationale, l'argumentation du Ministre de la pêche est spécieuse, car ne méritant pas le terme de régularisation. Et d'y aller de sa propre explication de ce que le ministre appelle régularisation. Il y a ce que l'on appelle dans le milieu de la pêche, les «canneurs», et qui se consacrent à la pêche au thon. Ils sont en général ou espagnols ou français, auxquels le gouvernement du Sénégal a accordé la possibilité de pêcher le thon, et de débarquer les captures au Sénégal pour alimenter les industries de transformation des produits halieutiques. Il n'en existait alors qu'une de fonctionnelle, en l'occurrence la SNCDS, qui depuis a été rachetée par des partenaires coréens, et fait l'objet d'une inauguration en grandes pompes par le Président de la république en personne. Donc, le gouvernement a toujours, sous certaines contradictions, à ces «canneurs» le droit de pêcher. Dans quelles conditions l'exportation est permise? Je poursuis en vous déclarant: «l'exportation n'est autorisée que dans le cas où la SNCDS ne peut pas payer les produits pêchés(tel n'est pas le cas pour le moment), el ces canneurs sont alors autorisés à les réexporter». Pourquoi le ministre parle-t-il de régularisation? Donc, je dis que parler de régularisation par le Ministre n'est pas dire la vérité. FIN. BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 136
BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 137 Le Sénégal a signé cette année des accords de pêche avec l'Union Européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales. Qu'en pensez-vous? Curieusement, nous avons appris que l'Etat du Sénégal a signé des accords de pêche en autorisant 38 bateaux des pays de l'union Européenne à venir pêcher dans les eaux maritimes sous juridiction sénégalaise. Nous sommes bien d'accord avec cette décision prise courageusement par le ministre de la pêche Ali HAIDAR. Le véritable probléme dans ce probléme, est que le ministre Ali HAIDAR a pris la ferme volonté de mettre fin aux agissements de ces sénégalais bon teint, qui servent de prête-noms à des compagnies étrangéres alors qu'ils n'ont pas l'argent nécessaire pour l'acquisition de bateaux qui valent des centaines de millions voire des milliards d'euros. Ces sénégalais encaissent à eux seuls des centaines de millions simplement parce que les licences sont à leurs noms. Connaissez-vous ces sénégalais qui s'adonnent à ces pratiques? Oui, on connait ces quelques sénégalais qui se servent depuis plus de vingt ans sur le dos du trésor publique, parce que le tonage débarqué au port de Dakar leur rapporte beaucoup. Monsieur Ali HAIDAR, ministre de la pêche et le gouvernement doivent s'attendre à une vaste campagne de dénigrement contre le ministre, campagne orchestrée par des sénégalais qui ne veulent pas qu' Ali HAIDAR leur enléve les centaines de milliards de francs CFA qu'ils touchent en TTC! Les patriotes doivent soutenir Ali HAIDAR dans son combat contre ces prévaricateurs qui sont souvent installés dans des instances sportives, politiques, religieuses et autres depuis de sannées. Pourquoi êtes-vous d'accord avec cette mesure? Nous sommes d'accord pour plusieurs raisons dont je vous donnerai parmi celles-ci deux:
Pourquoi le ministre parle-t-il de régularisation? C'est une situation qu'il a trouvé car le ministre du gouvernement précédent avait autorisé ces bateaux à venir pêcher illégalement dans nos eaux. Donc, il fallait qu'il régularise cette situation et en tirer le maximum de recettes pour le Sénégal. BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 138
Objectif : Identifiant : Personne interviewée : Lieu de résidence : Mbour Situation matrimoniale : Marié et trois enfants Profession : Fonctionnaire BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 139 Question : Le Sénégal a signé cette annéedes accords de pêche avec l'Union européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales. Qu'en pensez-vous? Ces bateaux qui viennent pêcher chez nous ne font que nous ruiner,car ces bateaux balaient tout sur leur passage.Donc tous nos poissons seront attrapés par ces bateaux! On paie à l'Etat du Sénégal des centaines de millions d'euros mais nous les pauvres citoyens ne voyont pas cet argent car, le plus souvent est détourné et va dans la poche des politiciens. Et nous remarquons depuis des années l'argent tiré des accords de pêche est souvent scandaleux et les principaux responsables se rejettent la balle. Nous n'avons rien, même de quoi à manger et on laisse ces bateaux nous rendre encore plus pauvres en exploitant toutes nos ressources ! Nous ne comprenons rien de ces nouveaux accords, car on nous dit que ce sont des accords de régularisation, et si on doit régulariser, ce sont 8 bateaux au lieu de 38 bateaux. Et pourtant, nous avons appris que ces accords ont concerné 38 bateaux. Pourquoi 38 bateaux ? Le gouvernement vous n'avait-il pas demandé de diminuer l'effort de pêche ? BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 140 Effectivement le conseil interministériel de juin 2013avait sorti comme décision de demander aux pêcheurs nationaux de diminuer la pêche sur le merlu et aujourd'hui, ils autorisent des bateaux étrangers à venir pêcher ces espèces de poissons, c'est absurde. Selon vous, quelles peuvent être les conséquences de ces accords sur la ressource halieutique ? On nous a dit que ces bateaux ne pêcheront que le thon. C'est faux ! Ils ne se limiteront pas à pêcher seulement le thon, ils viseront d'autres espèces car il sera impossible de les contrôler. En plus de l'exploitation de nos ressources, ces bateaux déversent toute sorte de déchets dans la mer. L'Etat doit revoir ces accords, il doit nous protéger, sauvegarder nos ressources et protéger l'environnement marin. Ne devriez-vous pas changer vos comportements pour une gestion durable des pêcheries ? Vous avez raison, nous devrions changer dans la manière d'exploitation des ressources car il y va de notre intérêt. Si les captures baissent, nos revenus baissent aussi. Nous aurons des problèmes pour entretenir nos familles et nous courons des risques de famine et pertes d'emplois. Donc si nous voyons des irrégularités dans la gestion de nos ressources, nous devons nous battre pour que cela cesse le plus rapidement possible. Etes-vous prêts pour sauvegarder les ressources marines ? Nous sommes évidemment prêts pour protéger l'océan et son contenu car il y va de notre intérêt sinon notre avenir restera précaire. Nous avons commencé à attraper le listao qui est un thon qui se trouve dans les fonds des océans et que seuls les grands bateaux pouvaient les attraper. Il y a plus de 70 ans qu'on ne voyait plus cette espèce. Pourquoi est-elle (Listao) revenue dans nos eaux ? Je pense depuis que l'Etat a imposé le repos biologique, le gel de la signature des licences de pêches, certainement cette espèce a eu le temps de se reproduire et de réapparaitre de nouveaux dans nos eaux. Cela veut dire que l'Etat et nous-mêmes devront tous avoir de nouveaux comportements dans la gestion des pêcheries. Pour l'Etat : arrêt de la signature des accords de pêche par exemple et pour nous : diminution de l'effort exercé sur la ressource et respect du repos biologique par exemple. FIN. BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 141
BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 142 Le Sénégal a signé cette année des accords de pêche avec l'Union Européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales. Qu'en pensez-vous? C'est vous qui me l'avez appris, si cela est vrai, c'est normal! Je déplore la gestion du Ministre Khoureychi sous la présidence de Abdoulaye WADE. Ce ministre avait signé en 2006 un protocole thonier avec des navires étrangers, espagnols, français de pêcher et de débarquer 15000 tones de thon par an au port de Dakar. Pourquoi êtes-vous d'accord avec cette décision? Nous avons depuis 2006 décrié cette situation, nous ne pouvons rien faire, parce que ce sont les autorités qui décident et qui font tout à notre place et sans nous consulter.Le nouveau ministre est un écologiste, donc il se souci de la gestion rationnelle de nos ressources halieutiques et de l'environnement marin. Avant son entrée dans ce gouvernement,il était toujours à nos côtés et défendait nos causes. Donc, c'est trés nornal qu'il revient sur ces BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 143 accords avec l'Union Européenne en exigeant une compensation financiére pour débarquer ce thon. Paraît-il qu'il a régularisé 38 bateaux aulieu de 08 normalement? Je ne le crois pas! Aussi, ce n'est pas du tout normal car ces bateaux risquent de prendre tous nos poissons. Ce sont des bateaux qui ont de grandes capacités de captures, ils raclent tout à leur passage. On risque de tout perdre et de devenir très pauvre,car sans le poisson, nous n'existerons plus. D'ailleurs,c'est lui même qui nous demandait de réduire nos efforts de pêche ( limitation du nombres de pirogues et interdiction de pêcher certaines espèces). Le gouvernement vous n'avait-il pas demandé de diminuer l'effort de pêche ? Oui, le conseil interministériel de juin 2013 nous demandé de diminuer le nombre de sorties en mer, de réduire le nombre de nos pirogues, d'arrêter de pêcher le merlu et aujourd'hui, ils autorisent des bateaux étrangers de pêcher ces espèces de poissons. Selon vous, quelles peuvent être les conséquences de ces accords sur la ressource halieutique ? Ces accords peuvent être bénéfique pour le Sénégal d'un côté car ils permettent de régulariser une situation anormale qui a été décriée par tout le monde, de faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat. D'un autre côté, avec 38 bateaux, on risque de perdre tous nos poissons. Actuellement nos ressources ne peuvent plus supporter un grand nombre de bateaux, il n'y a plus de poissons sur les côtes sénégalaises. Ne devriez-vous pas changer vos comportements pour une gestion durable des pêcheries ? Vous avez raison, nous devrions changer nos pratiques dans la manière d'exploitation des ressources car il y va de notre intérêt. Ces dernières années nous souffrons tous du manque de poissons dans les côtes sénégalaises. Nous effectuons des dépenses énormes pour aller en mer et dés fois, nous revenons bredouille, aucun poisson attrapé ou peu. C'est une perte énorme pour nous et beaucoup d'entre nous veulent se reconvertir à une autre activité professionnelle plus rentable. Etes-vous prêts pour sauvegarder les ressources marines ? Nous sommes obligés de protéger l'océan et son contenu car il y va de notre intérêt sinon nous ne pourrons plus entretenir nos familles. Avec le repos biologique, nous avons commencé à attraper le listao qui est une espèce qui se déplace dans les océans (Sénégal, Mauritanie et Côte d'Ivoire). Pourquoi est-elle (Listao) revenue dans nos eaux ? C'est une espèce qui se déplace en haute mer de la Mauritanie à la Côte d'Ivoire en passant par le Sénégal. Et cette espèce même si elle n'est pas pêchée au Sénégal, elle le sera dans d'autres pays. En plus, nos pêcheurs n'ont pas les moyens de les attraper. FIN. BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 144
Objectif : Identifiant : Personne interviewée : Lieu de résidence : Thiaroye Situation matrimoniale : Marié et deux enfants Profession : Fonctionnaire BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 145 Question : Le Sénégal a signé cette année des accords de pêche avec l'Union européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales. Qu'en pensez-vous? Les accords de pêche avec l'Union Européenne appauvrissent les sénégalais. Je ne suis pas du tout d'accord avec ces accords. L'Etat du Sénégal doit aider les pêcheurs sénégalais à avoir leur propre flotte qui pourra accéder aux zones lointaines pour l'exploitation des ressources halieutiques nationales. Quelles peuvent être les conséquences sur
le plan social ? On n'interdit aux jeunes de Kayar, de Thiaroye, de N'dar, de Yoff ou de Soumbédioune de prendre la mer (immigration clandestine) et de rester au Sénégal pour travailler. Paradoxalement, au même moment, on brade nos ressources halieutiques. La seule alternative pour ces pêcheurs traditionnels est de subvenir aux besoins de leurs familles. L'émergence ne se fera pas en appauvrissant une certaine tranche de la population. Le Sénégal, économiquement, un des pays les plus pauvres de la planète, brade ses eaux territoriales à l'Union Européenne au détriment de la population. En effet, le gouvernement du Sénégal a mis en location pour les cinq années à venir nos eaux pour un montant dérisoire. Avec la complicité de nos autorités, des navires européens pourront surpêcher en toute tranquillité, avec une modique somme (1,5 milliard FCFA / An), sous nos eaux. Il n'y n?a aucune légitimité dans ces accords de pêche. On veille aux intérêts de l'Europe tout en trompant son peuple. Selon vous quelle est l'importance socio-économique de la pêche au Sénégal ? La pêche artisanale est un des piliers de l'économie sénégalaise. Elle emploie des centaines de milliers de personnes, elle est aussi le premier secteur d'exportation du Sénégal. Pour signer des accords, les acteurs de la pêche devraient être consultés. Il nous faut redéfinir cette politique de distribution des licences de pêche. Quelle gouvernance vertueuse ! La rupture n'est pas pour demain. FIN. BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 146 TABLE DES MATIERES BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 147 BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 148 REMERCIEMENTS SOMMAIRE LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS INTRODUCTION 1
PARTIE I : LA PECHE AU SENEGAL 11 Chapitre I : Le secteur de la pêche au Sénégal, une activité économique et ancestrale 12
3-1- Contribution au Produit Intérieur Brut 28 3-2- Contribution à la balance commerciale 28 3-3- Contribution au budget de l'Etat 28 3-4- Contribution à la sécurité alimentaire 29 3-5- Contribution à l'emploi 29 BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 149 Chapitre II : Une activité professionnelle soumise à la diminution des ressources halieutiques 31
Chapitre III : L'apport de la sociologie de la traduction 43
PARTIE II : L'ETAT ET LA PECHE 53 Chapitre I : Une organisation étatique spécifique et une administration sous contraintes 54
Chapitre II : Les tentatives de changement et la confrontation avec les pêcheurs 60
BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015 Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 150 1- Les pratiques actuelles des pêcheurs
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