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Les changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière

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par BA Gorgui Aly
Université de Strasbourg - Diplôme des Hautes Etudes des Pratiques Sociales 2015
  

Disponible en mode multipage

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    Directrice de recherche :

    Maya COLLOMBON,

    Maître de conférences Sciences Po de Lyon

    Présenté par :

    Monsieur Gorgui Aly BA

    STRASBOURG 2015

    LES CHANGEMENTS COMPORTEMENTAUX DES ACTEURS
    DELA PECHE MARITIME SENEGALAISE POUR UNE GESTION
    DURABLE DE LA FILIERE

    Mémoire présenté en vue de l?obtention du
    Diplôme des Hautes Etudes des Pratiques Sociales
    D.H.E.P.S.

    LES CHANGEMENTS COMPORTEMENTAUX DES ACTEURS
    DELA PECHE MARITIME SENEGALAISE POUR UNE GESTION
    DURABLE DE LA FILIERE

    Mémoire présenté en vue de l?obtention du
    Diplôme des Hautes Etudes des Pratiques Sociales
    D.H.E.P.S.

    Directrice de recherche :

    Maya COLLOMBON,

    Maître de conférences Sciences Po de Lyon

    Présenté par :

    Monsieur Gorgui Aly BA

     
     

    STRASBOURG 2015

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière

    Les opinions exprimées dans ce mémoire sont celles de l?auteur et ne sauraient en aucun cas engager le Collège Coopératif Provence Alpes Méditerranée, ni la directrice du mémoire.

    REMERCIEMENTS

    Je remercie vivement Maya COLLOMBON maître de conférences Sciences Po de Lyon, pour avoir assuré la direction de ce travail, et pour m'avoir apporté la rigueur scientifique nécessaire à son bon déroulement.

    Je remercie Messieurs Jean Pierre LENZI, Directeur du Collège Coopératif Provence Alpes Méditerranée et Philippe NECTOUX, Responsable de la formation, pour m'avoir accepté dans la formation, malgré mes difficultés financières.

    Je remercie Monsieur Babacar Banda DIOP, Chef Service régional des pêches et de la surveillance de Dakar, pour ses conseils et soutien moral.

    J'adresse mes plus sincères remerciements à tous mes collègues de la formation DHEPS-DEIS, pour leur collaboration et l'Habitat Alternatif Social.

    Je veux aussi remercier Madame Anne SYBILLE D'HANES, pour sa générosité et son soutien inlassable à mon endroit.

    Aussi, j'adresse mes remerciements à tous ceux qui ont participé à l'élaboration de ce mémoire, pour leur engagement et leur dévouement.

    Enfin, je dédicace ce travail à ma mère, mon épouse, mes enfants, mes frères et soeurs qui m'ont toujours encouragé et soutenu dans les difficultés.

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière

    SOMMAIRE Pages

    Remerciements

    Sommaire

    Liste des sigles et abréviations

    Introduction 1

    Partie I : La pêche au Sénégal 11

    Chapitre I : Le secteur de la pêche au Sénégal, une activité économique et ancestrale 12

    Chapitre II : Une activité professionnelle soumise à la diminution des ressources halieutiques 31

    Chapitre III : L'apport de la sociologie de la traduction 43

    Partie II : L'Etat et la pêche 53

    Chapitre I : Une organisation étatique spécifique et une administration sous contraintes 54

    Chapitre II : Les tentatives de changement et la confrontation avec les pêcheurs 60

    Chapitre III : La corruption dans la pêche et les pratiques frauduleuses 66

    Partie III : Vers un développement durable des pêches au Sénégal 73

    Chapitre I: L'accompagnement au changement 74

    Chapitre II : Résultats de la recherche 86

    Conclusion générale 95

    Références bibliographiques 101

    Annexes 106

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS- 2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.

    Photo/ Source : Ecotours-Sénégal

    La mer serait-elle l'avenir de l'homme ? Ce n'est pas sûr ; mais on peut penser que les incroyables richesses qu'elle contient peuvent aider les hommes à vivre, s'ils apprennent à les respecter et les gérer durablement.

    Gorgui Aly BA

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS- 2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.

    AFP : Agence France-Presse

    ANSD : Agence Nationale de la Statistique et du Développement

    AMP : Aires Marines Protégées

    ASEPEX : Agence Sénégalaise de Promotion des Exportations

    CAMP : Centre d'Assistance pour la Motorisation des Pirogues

    CAEP : Centre d'Assistance, d'Expérimentation pour la Pêche Artisanale

    CLPA : Comités Locaux de Pêche Artisanale

    CMR : Centre Mareyage de Rufisque

    CSRP : Comité Sous Régional des Pêches

    CRODT : Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye

    CONIPAS : Conseil National Interprofessionnel de la Pêche Artisanale au Sénégal

    CNPS : Collectif National des Pêcheurs Artisanaux du Sénégal

    COMHAFAT : Conférence Ministérielle sur la Coopération Halieutique entre les états

    Africains riverains de l'Atlantique

    DGEFM : Direction de la Gestion et de l'Exploitation des Fonds Marins.

    DMM : Direction de la Marine Marchande

    DPM : Direction des pêches Maritimes

    DPC : Direction de la Pêche Continentale

    DPSP : Direction de la Protection et de la Surveillance des Pêches

    DITP : Direction des Industries de Transformation de la Pêche

    FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS- 2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.

    FENAGIE-PECHE : Fédération Nationale des Groupements d'Intérêts Economiques des

    Pêches

    FENAMS : Fédération Nationale des Groupements d'Intérêts Economiques de Mareyeurs

    FENATRAMS : Fédération Nationale des Femmes Transformatrices

    GAIPES : Groupement des Armateurs et Industriels de la Pêche maritime au Sénégal

    GIE : Groupement d'Intérêt Economique

    ICCAT : Commission International pour la Conservation des Thonidés de l'Atlantique

    IRD : Institut de Recherche et de Développement

    OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique

    ONU : Organisation des Nations Unies

    PIB : Produit Intérieur Brut

    SCA : Stratégie de Croissance accélérée

    SNCDS : Société Nationale des Conserveries du Sénégal

    U E : Union Européenne

    UNAGIEMS : Union Nationale des Groupements d'Intérêts Economiques de Mareyeurs

    ZEE : Zone Economique Exclusive

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS- 2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.

    INTRODUCTION

    Quels poissons éviter de consommer ? Plusieurs espèces de consommation courante sont en

    péril et il faut renoncer à les consommer : thon rouge, saumon atlantique sauvage, turbot, sole,

    merlu, empereur, cabillaud, raie, flétan...

    WWF

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 1

    Après avoir travaillé depuis 1992 dans l'administration publique des pêches maritimes, j'ai ressenti le besoin d'investir ma réflexion sur le thème du développement durable de la pêche, en essayant de promouvoir les changements comportementaux des acteurs qui conduiront à la gestion durable de la ressource halieutique. La formation reçue du Collège Coopératif Provence Alpes Méditerranée pour l'obtention du Diplôme des Hautes Etudes des Pratiques Sociales (DHEPS), associée à mes compétences professionnelles, m'ont aidé à mener à bien ce travail de recherche.

    Dans le monde, la pêche fait vivre plus de 250 millions de personnes et d'activités liées à la pêche. Le poisson assure à plus de 2,6 milliards d'individus à l'échelle mondiale, au moins 20% de leur apport en protéines. La production mondiale annuelle de poisson est d'environ 142 millions de tonnes, dont 94 millions proviennent des captures et 48 millions des poissons d'élevage. Malheureusement du fait de l'action de l'homme, cette ressource se raréfie. Il est même possible de constater la disparition de certaines espèces de poisson. Aussi, en raison de la surpêche industrielle, le volume de poissons capturés en mer stagne1.

    La moitié des groupes d'espèces sont exploités au maximum, 24 % surexploités et les plus grandes zones ont atteint ou dépassé leurs limites naturelles. Au niveau européen, la Commission européenne indique que la majorité des espèces marines de l'Atlantique Nord-Est évaluées est surexploitée.

    La pêche industrielle est cause d'une surexploitation des stocks, d'une destruction de fonds marins, réserves de biodiversité loin d'être encore explorées, de destruction accidentelle d'espèces qui sont prises dans les chaluts (tortues, dauphins, oiseaux de mer...).

    L'aquaculture industrielle permet à la production de poissons et de crevettes d'augmenter. Mais elle est polluante, aggrave la surpêche pour fabriquer la farine animale, et détruit des écosystèmes vitaux, comme les mangroves.

    1 Source : FAO, 2005

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 2

    La surpêche est la pêche pratiquée par l'homme sur certains poissons, crustacés, mollusques. C'est une tendance observée dans presque toutes les pêcheries de la planète, c'est une menace très grave pour la sécurité alimentaire et les équilibres écologiques marins.

    En effet, les problèmes de la pêche dans le monde et au Sénégal sont à peu prés les mêmes. Cependant, une politique commune de la pêche visant à encadrer les pratiques de pêche dans le monde est attendue pour lutter contre le pillage organisé de la ressource marine.

    Au Sénégal, le secteur de la pêche est une composante essentielle du développement rural. Il joue un rôle stratégique et de soutien à la croissance de l'économie nationale en contribuant notamment à la réduction de la pauvreté, du déficit de la balance des paiements et du chômage.

    Les nombreux pêcheurs pratiquant la pêche de capture sont souvent confrontés à des difficultés d'exploitation et à des problèmes délicats qu'ils devront surmonter pour que les pêches de capture restent une source constante d'aliments et de revenus. L'accès aux ressources halieutiques marines, et leur utilisation sont les principaux sujets de controverses.

    L'usage a montré que les ressources halieutiques renouvelables comme les stocks de poissons disparaissent, faute de gouvernance rationnelle, dès que la demande effective pour un poisson particulier dépasse la capacité biologique du stock concerné. Cette gouvernance rationnelle vise à mettre en place des modes de pilotage et de régulation plus souples, répondant mieux aux besoins des sociétés actuelles et fondés sur un réel partenariat entre les différents acteurs (administration, politiques, société civile) et aux différents niveaux (local, national et international). Elle véhicule aussi un ensemble de valeurs et de principes sociétaux comme l'accès à l'information, la lutte contre la corruption, la gestion efficace des ressources, le développement durable pour les générations actuelles et à venir et le dialogue entre les différents acteurs pour asseoir la décision, etc.

    Dans le secteur de la pêche de capture, l'exploitation des ressources halieutiques ne peut être optimale et à long terme que si les intervenants garantissent une gouvernance rationnelle. Pour être en phase avec les institutions internationales, le Sénégal a adopté une approche participative impliquant tous les acteurs pour une gestion durable des ressources halieutiques.

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 3

    Aujourd'hui se pose avec acuité le problème de la gestion saine et durable de la ressource halieutique en général et particulièrement celle ciblée par la pêche artisanale, une menace sur la contribution à la sécurité alimentaire, induit indubitablement par l'absence d'un système d'aménagement des pêcheries, fondé sur des mesures techniques, sociales et économiques cohérentes articulées autour d'objectifs clairs de gestion des pêcheries.

    Le développement durable est un « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs », citation de Mme Gro Brundtland2. En 1992, le Sommet de la Terre à Rio, tenu sous l'égide des Nations Unies, officialise la notion de développement durable et celles des trois piliers (économie/écologie/social) : un développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable. Selon Brundtland, « le développement durable amorce des processus de changements dans lesquels l'exploitation des ressources, l'orientation des investissements, l'orientation du développement technologique et les changements institutionnels sont faits en fonction des besoins d'aujourd'hui et de demain ; permet aux sociétés de satisfaire les besoins humains en augmentant le potentiel équitable de production et en assurant un potentiel équitable et des chances égales à tous ; définit la croissance économique en termes de limites de régénération et de croissance naturelles3 ».

    Pour atteindre les objectifs du développement durable dans le secteur de la pêche, il est nécessaire que tous les acteurs comprennent mieux les enjeux du secteur, afin de fournir ensemble des efforts considérables. La collaboration entre tous les acteurs peut constituer un support à cet effet.

    1- L'objet de la recherche

    Le but de ce mémoire est de mesurer les degrés de perception des différents acteurs de la pêche sur la dégradation des ressources halieutiques du Sénégal et comment y faire face

    2 Gro Brundtland= Premier Ministre norvégien en 1987.

    3 Rapport Brundtland, Notre avenir à tous, Oslo, 20 mars 1987, 349 pages

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    actuellement pour gérer durablement les stocks de poissons par un changement de comportement dans les pratiques de tous les acteurs de la filière pêche.

    Les objectifs sont :

    ? Identifier les mesures à mettre en oeuvre pour améliorer les relations de confiance entre les différents acteurs de la filière pêche ;

    ? Construire des relations de confiance entre les différents acteurs permettant des changements comportementaux qui conduisent à la durabilité des ressources halieutiques.

    J'essayerai de définir le changement comme étant un ensemble de transformations structurelles de la société. C'est un phénomène collectif daté dans le temps et qui s'inscrit dans la moyenne ou longue durée.

    « Le comportement est l'ensemble des réactions objectivement observables qu'un organisme généralement pourvu d'un système nerveux exécute en réponse aux stimulations du milieu, elles-mêmes objectivement observables »4. En fait les changements comportementaux ne sont pas simplement une question de connaissances et de compétences.

    Par exemple la campagne sur le port du gilet de sauvetage aurait pu diminuer les nombreux accidents en mer chez les pêcheurs qui augmentent de jour en jour. De même : l'interdiction des mono-filaments et la pêche à la dynamite qui ont des conséquences néfastes sur les ressources halieutiques auraient pu être abandonnées sans contestations ni refus.

    Malheureusement, l'administration publique des pêches échoue à créer un changement durable du comportement des différents acteurs de la pêche (pêcheurs, mareyeurs, transformatrices), provoquant une situation d'absence de relation de confiance entre l'administration et les professionnels.

    Cette situation a des incidents négatifs sur le comportement des acteurs, en termes d'application de la réglementation et des difficultés à les mobiliser pour gérer durablement la

    4 Watson J.B. in Bloch, 1994, p.153

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    pêche. Un changement radical dans les relations entre tous les acteurs, pour restaurer la confiance et l'Etat de droit, s'impose donc.

    Globalement, les attentes de la profession vis-à-vis de l'Etat concernent :

    ? Le respect des engagements ;

    ? La formation et la recherche, qu'il conviendrait de dynamiser, compte tenu de leur rôle fondamental pour un développement durable du secteur ;

    ? La conscientisation des acteurs à des solutions innovantes pour le renouvellement des stocks de poissons ;

    ? L'introduction d'une gestion durable de la ressource halieutique au Sénégal.

    Le secteur de la pêche au Sénégal connait des difficultés depuis plusieurs années à cause de la surexploitation des ressources marines halieutiques, de la rareté des ressources, de la disparition de certaines espèces de poissons, de nombreuses pertes en vies humaines des pêcheurs , du non respect des décisions gouvernementales pour ce qui concerne le port du gilet de sauvetage, du repos biologique, de l'utilisation des filets mono-filaments, etc.

    2- Méthodologie :

    La méthode préconisée pour mener à bien mon projet de recherche est d'établir un panorama de la situation générale de la pêche au Sénégal, son impact socio-économique, en menant des enquêtes exploratoires dans différents centres d'activités de pêche (centres de débarquement, les plages, les marchés et les ateliers de transformation, etc.). J'ai pour cela réalisé neuf entretiens de membres de l'administration publique des pêches chargés de faire respecter la réglementation en vigueur et de mettre en oeuvre des programmes de développement du gouvernement en matière de pêche maritime. J'ai aussi réalisé douze entretiens auprès de pêcheurs, mareyeurs et transformatrices, et ensuite, cinq entretiens auprès des chercheurs dans le domaine des ressources marines.

    Pour mener à bien ce travail, j'ai aussi procédé à une analyse d'ouvrages divers, sites internet, enquêtes (auprès des pêcheurs, mareyeurs, transformateurs, services étatiques). Dans un premier temps, j'ai utilisé les résultats d'études quantitatives sur la sensibilité et les pratiques des acteurs de la pêche vis-à-vis de la gestion durable des pêcheries, sur les décès des pêcheurs en mer, le port du gilet de sauvetage et des rapports (statistiques de pêche, travaux

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

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    de biologie et socio-économie des pêches) faits par l'administration des pêches du Sénégal, d'ouvrages relatant la gestion rationnelle des pêches, en mettant le tout en perspective avec des travaux de sociologies.

    De même, j'ai effectué une série d'entretiens de groupe et semi-directifs, de façon à voir quelles pourraient être, pour chaque acteur, les raisons de son immobilisme face au problème de la baisse des captures de poissons, des nombreuses pertes en vies humaines en mer, de la disparition de certaines espèces halieutiques, le rôle des acteurs dans les processus d'aménagement et de gestion des pêches, la pêche responsable, les licences accordées aux navires étrangers et les contraintes liées à l'aménagement des pêches.

    Pour cela, j'ai abordé plusieurs thèmes relatifs aux perceptions, et aux pratiques vis-à-vis de la problématique des changements des habitudes des professionnels du secteur de la pêche. Les entretiens ont été effectués par l'intermédiaire de connaissances, ou bien selon une technique de porte à porte. J'ai dans la mesure du possible essayé de diversifier les profils (âge, sexe, activités socioprofessionnelles, origine géographique...) des interviewés. Ces discussions étant constituées par des entretiens semi-directifs ont visé également des personnes travaillant dans l'administration publique des pêches et de la recherche halieutique. Les entretiens exploratoires ont été réalisés dans la période du 20 janvier au 31 janvier 2014 et du 05 janvier au 30 janvier 2015 à l'occasion de deux voyages au Sénégal, et la liste des personnes interviewées se trouvent dans le tableau 2 des annexes.

    Les zones enquêtées se trouvent être les régions de Dakar, Thiès, Saint-Louis et Ziguinchor qui sont les plus grands centres de pêche du Sénégal. Les entretiens ont ciblé les différentes catégories socioprofessionnelles suivantes :

    Entretien de groupe :

    ? les pêcheurs qui sont les professionnels de la pêche

    ? les mareyeurs qui sont les professionnels de l'achat et vente du poisson

    ? les transformateurs qui sont les professionnels de la transformation des ressources halieutiques.

    Entretiens semi-directifs :

    ? les fonctionnaires qui sont les experts politiques de la pêche

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

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    > les chercheurs qui sont les experts scientifiques de la pêche

    Ces entretiens se sont déroulés sur rendez-vous, dans les lieux de travail (plages, marchés, bureaux, domiciles) des personnes rencontrées et les interviews ont été retranscrits afin de procéder à leur analyse. Il est important de préciser que toutes les personnes interviewées ont accepté sans réticence que leurs propos soient retranscrits sur papier. Cependant, il n'existe pas d'enregistrement sonore, faute de matériel adéquat pour les enregistrements.

    Au cours de cette étude, l'ensemble des données a été recueilli dans le cadre d'entretiens de recherche. J'ai aussi pris la précaution d'avoir les consentements libres et éclairés des interviewés en prenant le temps d'expliquer le but de notre rencontre et en précisant chaque fois qu'ils ne sont pas obligés de participer à cette recherche.

    En effet, cette technique m'a permis de recueillir le discours des interviewés figurant dans le tableau 2 des annexes, sur un certain nombre de thèmes prédéfinis. Celle- ci est spécifique à la technique d'entretien de recherche, laissant la possibilité aux personnes rencontrées d'élaborer librement et d'aborder spontanément d'autres dimensions que celles de la grille.

    Les entretiens que nous avons réalisés avaient comme principaux objectifs :

    > Evaluer pour chaque interviewé le degré de connaissance de la problématique de la baisse des captures de poissons et de la disparition de certaines espèces ;

    > Mettre en évidence les changements de comportement en introduisant de nouvelles méthodes de pêche qui conduiront à la gestion durable de la ressource halieutique ;

    > Essayer d'appréhender dans quel état d'esprit les professionnels abordent la question de changement dans les pratiques de pêche ;

    > Comprendre quelles sont les raisons, selon la personne interviewée, qui expliquent qu'il ou elle n'est pas prête à modifier son comportement pour lutter contre la pêche illicite ;

    > Mesurer le degré de perception des acteurs de la pêche sur les licences de pêche accordées aux navires étrangers.

    Ces principaux objectifs nous ont permis de mettre en évidence des thèmes à aborder lors de nos entretiens. Nous avons donc formulé pour chacun de ces thèmes une série de questions.

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 8

    J'ai procédé parfois dans chaque zone à des entretiens de groupe (entretiens de groupe, car quand on interroge un pêcheur au niveau de la plage, tous les autres viennent assister et répondent aux questions de façon dispersée) qui nous ont permis d'aborder l'ensemble des thèmes figurant dans le tableau 1 des annexes, tout en laissant aux interviewés une liberté dans la manière de donner leurs réponses. Ces questions sont formulées de façon suffisamment large pour que les interviewés puissent s'exprimer de manière spontanée. Cette liberté dans les réponses permet à mon avis de mieux faire apparaître les représentations.

    J'ai reformulé certaines questions lorsqu'elles nous semblaient avoir mal été comprises, ainsi qu'à certaines relances pour encourager la personne interviewée à nous donner davantage de précisions ou d'explications à propos des réponses formulées. Bien que l'objectif de ces entretiens ne soit pas d'apporter des informations et de sensibiliser les interviewés à la problématique du changement des habitudes, il nous est apparu nécessaire, dans certains cas, d'apporter dans la discussion certains éléments de clarification afin de pouvoir poursuivre l'échange.

    En général, chaque entretien avait une durée d'une demie- heure approximativement et quatre- vingt trois personnes furent interviewées5.

    Cette étude pour les problématiques de la gestion durable du secteur et les changements comportementaux des différents acteurs, s'intéresse aussi à l'adaptation des pratiques de pêche et la durabilité des ressources.

    L'intérêt de cette recherche est donc d'une part, d'identifier des interventions pratiques capables de répondre aux préoccupations actuelles des captures de pêche au Sénégal et d'autre part, de déterminer quelles sont les mesures à envisager pour gérer durablement les stocks de poissons disponibles et renouveler les espèces disparues ou en voie de l'être.

    Ainsi, mes questions de recherches sont :

    ? Comment introduire une gestion durable de la ressource halieutique au Sénégal ?

    5 Les 26 entretiens sont compris dans les quatre-vingt trois personnes interviewées

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

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    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 10

    ? Comment expliquer, compte tenu de la dégradation de la ressource halieutique, l'ensemble des acteurs de la filière pêche ne coopère pas plus afin d'apporter des solutions innovantes ?

    Hypothèse:

    A titre d'hypothèse, je pense que la dégradation de la ressource halieutique au Sénégal est motivée par l'absence de confiance ou absence d'information et de moyen permettant de construire des liens de confiance nécessaires à la prise en compte de la gestion durable.

    La crise que traverse la pêche est la conséquence d'un écart entre la capacité excessive de pêche (navires, engins de pêche) et l'aptitude des ressources halieutiques à se renouveler. Des mesures douloureuses, à court terme, pour les acteurs des pêches sont à mettre en oeuvre sans délais. Le prix de l'immobilisme, à long terme, serait plus lourd.

    Pour éviter le pire, comment faire accepter et y adhérer à tous les acteurs, ces douloureuses mesures dans le changement de leur comportement pour arriver à une gestion durable du secteur de la pêche au Sénégal ?

    La présente étude est orientée vers l'identification des principales difficultés du secteur, de la dégradation des ressources halieutiques marines et de formuler des mesures, certes douloureuses mais, visant à résoudre ces difficultés. Ce mémoire comportera trois parties : Dans la première j'ai évoqué le secteur de la pêche au Sénégal, comme une activité économique et ancestrale mais aussi comme activité professionnelle soumise à la diminution des ressources halieutiques et l'apport de la sociologie de la traduction dans la pêche.

    Dans la deuxième, j'ai abordé l'organisation étatique spécifique et une administration sous contraintes ; les tentatives de changement et les confrontations avec les pêcheurs ; la corruption dans la pêche et les pratiques frauduleuses dans les eaux maritimes sénégalaises.

    Dans la troisième, j'ai parlé de l'accompagnement au changement pour une gestion durable des ressources halieutiques au Sénégal ; et j'ai indiquerai quelques résultats de la recherche qui pourraient conduire vers un développement durable des pêches maritimes au Sénégal.

    PARTIE I : LA PECHE AU SENEGAL

    16125

    C'est le nombre d'espèces animales et végétales menacées d'extinction selon la liste rouge établie par l'Union internationale de la nature (IUCN).

    Espèces animales : 40%

    Plantes à fleurs et fougères : 34% Bryophytes : 42%

    Lichens : 41%

    « La biodiversité ne sera pas sauvée par les seuls spécialistes de l'environnement, il suffit qu'elle devienne la responsabilité de chacun d'entre nous et que nous ayons les moyens et les ressources pour agir ».

    A .STEINER, Directeur général de l'IUCN.

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 12

    Le Sénégal se trouve dans la partie Nord-ouest de l'Afrique où il marque une pointe avancée du continent dans l'océan atlantique.

    Il est limité au Nord et au Nord-est par le fleuve Sénégal qui constitue une frontière naturelle avec la République Islamique de Mauritanie, au Sud-est par la rivière Falémé qui sert de frontière naturelle avec la République du Mali, au Sud, les frontières de la Guinée Bissau et de la République de Guinée. La Gambie est une enclave de 10 000 km2, s'avance à l'intérieur du territoire. La superficie totale du Sénégal est de 196 722 km2.6

    Chapitre 1 : Le secteur de la pêche au Sénégal, une activité économique et ancestrale 1- Les méthodes traditionnelles de pêche

    Bien avant l'introduction des filets modernes synthétiques et des pirogues motorisées, la pêche artisanale maritime sénégalaise était et demeure encore de nos jours une activité traditionnelle, techniquement insuffisante, un mode de production où les rapports de production s'expriment à travers le langage de la parenté. Dans les unités de pêche, le père travaille avec ses enfants ou neveux auxquels seront destinés l'héritage. Généralement le métier de pêcheur se transmet de père en fils mais avec les crises enregistrées ces dernières années dans le monde rural, plusieurs agriculteurs se sont reconvertis dans la profession7.

    L'histoire de la pêche au Sénégal est inséparable de la pêche piroguière qui utilisait la voile ou la pagaie comme force motrice. Afin d'accroître la production de la pêche artisanale qui pourrait fournir à la fois le marché national et les entreprises européennes installées au Sénégal pour le traitement du poisson, les pouvoirs publics ont pris l'option de motoriser les pirogues. Cette motorisation est, en outre, censée conduire naturellement l'adoption ultérieure d'embarcations motorisées (de type européen) et faciliter l'organisation des pêcheurs en

    6 Voir carte Sénégal dans les annexes

    7 Au Sénégal, le monde rural traverse une crise depuis 1972 avec une période de sécheresse. L'exploitation agricole familiale qui est la forme la plus répandue n'arrive plus à faire vivre les agriculteurs. C'est pourquoi, certains agriculteurs se sont reconvertis dans la profession de pêcheurs, mareyeurs et transformatrices de poisson.

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    coopératives contrôlables par l'administration et les services techniques. Autre avantage, l'essor de la pêche artisanale permet de vulgariser la technique motorisée à moindre coût en faisant supporter l'essentiel du financement aux pêcheurs par des prêts remboursables.

    Ce programme de motorisation des pirogues a permis à l'Etat du Sénégal et aux pêcheurs, l'acquisition de revenus souvent plus importants que ceux obtenus par la pratique des activités agricoles. En plus, traditionnellement, la pêche utilisait des techniques locales dans le cadre d'une organisation domestique. Elle était destinée essentiellement à l'alimentation familiale et, avec le surplus des mises à terre disponible.

    La diffusion de ces produits restait limitée aux zones immédiatement contigües aux lieux de pêche au travers de circuits d'échanges très courts et mal équipés en moyen de transport et de conservation ; par là même, les débouchés de cette production artisanale étaient restreints aux seules perspectives régionales pour la satisfaction d'une clientèle à faible pouvoir d'achat.

    Très tôt cependant, même avant l'indépendance du Sénégal survenue le 4 avril 1960, cette activité a connu des débuts de modernisation avec la motorisation des pirogues et, par là, l'amélioration des conditions d'exploitation. « Le discours sur le développement des pêches dans les pays sous-développés sont déterminés par l'assimilation abusive entre richesse nationale et les exportations ; par la croyance à une efficacité supérieure des formes industrielles de pêche ; par sa réduction hâtive de la pêche artisanale à ses seuls effets sociaux »8. En effet, nous remarquons que la plus efficace des deux formes de pêche n'est pas celle qui repose sur une technologie lourde. Sur le plan des investissements les pêcheurs artisans travaillent avec plus de 70% des fonds propres contre 4 à 5% pour la pêche industrielle laquelle bénéficie des avantages substantiels du code des investissements, du crédit maritime, de l'aide des banques et organismes financiers.

    On voit ainsi que la pêche artisanale gagne 50 à 70% par franc investi contre 3 à 7% pour la pêche industrielle. L'industrie emploie 2700 travailleurs et l'artisanat 27000. Sur le plan de la

    8 Jacques Weber et André Fontana, Aperçu de la situation de la pêche maritime sénégalaise, déc. 82, 34 pages

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    protection de la faune marine, l'artisanat prend le pas sur l'industrie. Bref, on peut s'apercevoir que la pêche artisanale est plus adaptée à l'économie sénégalaise mais aussi à la création d'emplois ; ce qui demande une bonne étude pour les nouvelles orientations.

    Au Sénégal, la pêche maritime est subdivisée en deux filières qui sont : la filière artisanale et la filière industrielle.

    1-1- La filière artisanale

    Cette filière est pratiquée par des pêcheurs artisans utilisant le plus souvent des embarcations en bois construites par des charpentiers. Elle est occupée par plusieurs communautés de pêcheurs s'adonnant à plusieurs techniques de pêche dont les principales sont les suivantes :

    ? La pêche au filet dormant, où le filet est maintenu tendu par le fond grâce à un poids lourd pour la recherche d'espèces démersales9;

    ? La pêche au filet maillant, basé sur une nappe de filet placée entre deux ralingues, l'une étant plombée, l'autre flottante;

    ? La ligne simple qui est le type de pêche utilisant des appâts et des hameçons reste la plus pratiquée au Sénégal;

    ? La ligne glacière qui utilise la même technique que la ligne simple mais regroupe les pirogues de marée avec des lignes, elle nécessite l'utilisation de glace à cause du nombre de jours restés en mer;

    ? La senne tournante qui nécessite l'utilisation de deux grandes pirogues, l'une porteuse du filet de plusieurs mètres de long contenant l'équipage et l'autre servant à stocker les captures;

    9 Espèces démersales vivent au dessus du fond. Elles sont très mobiles mais très dépendantes du fond d'où elles tirent leur nourriture.

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    ? La senne de plage est aussi un filet généralement placé au large de la plage en cas de période faste (bancs de Guiss10, de Tassergal11 ou de Sardinelles par exemple), pas très loin et ne nécessite pas de pirogue mais beaucoup de bras pour tirer le filet;

    ? Le casier, destiné à la capture de crustacés ou de mollusques comme les poulpes et les seiches;

    ? La palangre, ensemble de hameçons d'une centaine grandeur choisie, noués sur des cordes intermédiaires qui sont fixés avec une certaine distance à une seule corde.

    1-2- La filière industrielle

    L'exercice de la pêche industrielle, dans les eaux maritimes sous juridiction sénégalaise est subordonné à la possession d'une licence de pêche en cours de validité, délivrée par le ministre chargé de la pêche maritime, après avis de la commission consultative d'attribution des licences. Il existe quatre types de licences à l'intérieur desquelles existent des options de pêche : licence de pêche démersales côtières, licence de pêche démersales profondes, licence de pêche pélagique côtière, licence de pêche pélagique hauturière.

    On distingue au niveau de cette filière les différents types de pêche suivants :

    ? La pêche sardinière dakaroise, de type semi-industriel

    ? La pêche des thoniers (canneurs essentiellement) lorsqu'ils effectuent leur approvisionnement en appât vivant.

    En effet, ces deux filières contribuent de façon importante au développement économique et social du Sénégal. Elles jouent un rôle capital dans les domaines vitaux tels que la sécurité alimentaire, la création d'emplois et de richesses. Actuellement elles occupent directement ou indirectement plus de 600 000 emplois dont 400 000 dans la pêche traditionnelle. Avec une

    10 Bancs de « Guiss » en français, Bancs de Mulet jaune

    11 Bancs de « Tassergal » en français Bancs de poisson bleu

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    production qui atteint un chiffre d'affaire estimé à 278 milliards par an, la pêche joue un rôle crucial pour les populations et l'économie nationale12 au Sénégal.

    2- Importance culturelle et économique de la pêche pour le Sénégal

    Le Sénégal est situé dans l'une des zones les plus poissonneuses de l'Afrique. La pêche y est une activité ancienne et traditionnelle qui a une grande importance sur les plans culturel, social et économique et joue un rôle primordial dans l'alimentation humaine.

    2-1- Culturelle

    2-1-1- Croyances et mythes liés aux éléments naturels

    En empruntant la définition du mot croyance donnée par Nelly Bidot- Bernard Morat, le mot « croyance » est la forme substantivée du verbe croire13. Si l'on se réfère à l'utilisation que l'on fait du mot croire, il est amusant de constater que nous pouvons lui donner trois sens différents, voire contradictoires: croire dans le sens d'avoir confiance, croire dans le sens de tenir pour sûr et croire dans le sens de douter.

    A partir de cette définition, je tenterai de comprendre certaines croyances mystiques des pêcheurs dont les départs pour les marées s'accompagnent de nombreux faits anecdotiques liés à une préparation teintée de croyances mystico-religieuses. Et ceci, depuis la nuit des temps. Dans leur immense majorité, les pêcheurs n'échappent pas à cette attitude.

    De même avec leurs croyances, les pêcheurs ont convenu ensemble dans certaines zones de pêche, quand la marée est haute, ils ne vont pas pêcher car craignant pour leur sécurité; ils se disent toujours qu'une marée haute est due à la volonté divine ou à des forces surnaturelles.

    12 Source: Monographie sur la pêche et la forêt et la Stratégie de la croissance Accélérée, grappe pêche et aquaculture, 2007.

    13 Nelly Bidot- Bernard Morat, « Agir ou Subir ? Des clefs pour vivre le changement imposé », 1996, Inter Editions, 184 pages.

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    Durant les clairs de lune, les pêcheurs ne vont pas en mer, car durant cette période, ils ne peuvent pas détecter les bancs de poissons.

    Un autre pêcheur Y ayant soixante dix années au village pêcheur de Yoff, m'a confirmé les propos du premier interviewé.

    Il ajoute que si des accidents en mer se soldent parfois par des pertes en vies humaines, c'est parce que la communauté de pêcheurs ne fait pas régulièrement les offrandes qui les protègent des calamités naturelles.

    A Yoff, j'ai rencontré des messieurs dont Monsieur Z, qui a fait pratiquement les mêmes appréciations que celles recueillies à Thiaroye sur les marées hautes, l'agitation de la mer provoquée par les vagues houleuses et les clairs de lune.

    Il a abordé le sujet des offrandes qui sera davantage commenté par Monsieur H qui est né en 1950, et qui est sans doute le plus âgé de cette localité. Il m'a fait comprendre que cette localité avait un « rap» qui s'appelle «Mam N'diaré», qui exige aux villageois une cérémonie appelée «Ndeup» (cérémonie rituelle), qui se fait annuellement et qui est gérée par deux familles à tour de rôle.

    Cette cérémonie se fait autour d'un grand puits qui se trouve à Thongore (village de pêcheurs à Yoff). Les pêcheurs s'y regroupent, versent du lait et du sang aux « Khamb », endroits où l'on trouve les génies. Ils préparent des bouillies qu'ils partagent avec les habitants, et dont une grande partie est versée dans la mer avec du lait. On notera également que durant cette cérémonie, ils tuent des boeufs. Ils font ces sacrifices pour que les reines de la mer les protègent des mauvais esprits vivants dans la mer.

    Cette cérémonie se déroule une seule fois pendant l'année, et ce sont deux familles du village (Soumbari et de Mame Guissance DIOUF) qui s'en occupent, avec l'aide financière et matérielle des pêcheurs. Parmi les interdictions, il y a le vendredi qui est un jour saint, et le lendemain de la «Thamkharite», jours durant lesquels les pêcheurs ne vont pas en mer. A part cette cérémonie collective, il y a également des pêcheurs qui vont chercher des prières et des gris-gris (amulettes) pour se protéger de cette mer qui est si mystérieuse.

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    J'ai rencontré un autre pêcheur nommé N, âgé de 40 ans. Je lui ai posé plusieurs questions liées aux relations entre l'homme et la mer. A la question : « existe-t-il des mythes liés à la mer ? », il m'a dit qu'il existe bien des mythes, car ils font des sacrifices. Selon lui, tout le monde doit faire des sacrifices ici.

    Selon le pêcheur XY rencontré, «les activités de pêche se caractérisent par la croyance en une force vitale cosmique, Dieu, qui énmane à la fois des esprits de la nature, des ancêtres et des chefs de tribu». En continuant toujours ses propos, il affirme qu'ils doivent toujours respecter les traditions en les consolidant: y renoncer, c'est aller contre l'ordre sacré et social établi par les ancêtres, signifie aussi limiter la force vitale, voire la détruire.

    Il m'a expliqué que si la ressource se raréfie, c'est parce que certains d'entre eux ne respectent plus la tradition et croient plutôt à la modernité. Dans certaines localités de pêche, les professionnels ne respectent plus les différentes formes de cultes que sont les prières, les sacrifices et les danses sacrées.

    Par conséquent, c'est avec ces croyances que la plupart des pêcheurs résistent aux changements dans les pratiques et méthodes de travail, annoncés plus haut car, ils considérent que ces changements vont à l'encontre de leurs intérets.

    2-1-2- Compétences des pêcheurs

    Ici, il s'agit de compétences des pêcheurs sénégalais qu'on attribut le nom «de bretons de l'Afrique». Depuis des temps immémoriaux, ils naviguent et repérent des bancs de poisson sans instruments de navigation grâce à leur intelligence et bravoure.

    C'est dans cette optique que j'ai rencontré un pêcheur X qui raconte lors de l'entretien :

    « Les pêcheurs ne vont pas à la mer quand il y a des vents forts, surtout pendant l'hivernage » et « Parfois, il y a des eaux transparentes et des eaux non transparentes mais, en général les eaux moins transparentes portent plus de poissons que les eaux transparentes ».

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    On peut avoir comme explication à ces deux assertions que de décembre à juillet, la pêche est la principale occupation des pêcheurs. Mais, dés les premières pluies de l'hivernage, les gros poissons migrateurs disparaissent et les pirogues sont au repos. En plus, quand les vents forts (alizés) soufflent dans le nord du pays, la navigation devient extrêmement dangereuse. Ces vents sont sources de nombreux accidents en mer.

    « Les pêcheurs ne pêchent pas seulement sur leur côte, ils effectuent des déplacements vers d'autres ».

    « Pendant la saison sèche, les poissons sont plus nombreux contrairement à la saison des pluies. Il existe des zones dans la mer auxquelles les pêcheurs donnent des noms pour se repérer ».

    Pendant cette saison sèche correspondant à la morte-saison agricole, et où la pêche est parfois fructueuse, les pêcheurs se déplacent volontiers d'un point du littoral à l'autre, à la poursuite des bancs les plus poissonneux.

    Selon les résultats des entretiens ci-dessus sur les croyances, il est apparu nécessaire de constater que la pêche artisanale maritime sénégalaise reste encore sujette à d'énormes croyances à certains génies capables de répandre diverses espèces de poissons que les piroguiers viennent pêcher sans effort exagéré. Ces croyances aux esprits d'ancêtres tutélaires et bienfaiteurs auxquels l'on peut s'accorder des faveurs sur simple demande collective, sont bien ancrées dans l'esprit des populations qui possédent une longue tradition dans un village de pêcheurs. En effet, les vieux pêcheurs ont une croyance absolue aux génies ainsi qu'à leurs désservants: Féticheurs, Djins et les Voyants qui déploient des forces surnaturelles d'obtention du poisson.

    Cette catégorie d'anciens pêcheurs reste encore majoritaire par conséquent, les croyances aux génies demeurent vivaces même si leurs activités sont quantitativement en recrudescence. Ces pratiques mythico-religieuses sont suffisamment enrancinées pour être en mesure de survivre auprès de la population de jeunes pêcheurs surtout que les conditions matérielles actuelles semblent guère favorables à la démystification des pratiques mythico-religieuses.

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    En effet, il faut ajouter que la croyance aux esprits en général et à la sorcellerie en particulier hantent les pêcheurs et leurs voisins à tel point qu'il n'est pas encore temps de prétendre les enrayer par quel moyen que ce soit. Ces croyances fonctionnent dans le milieu pêcheur comme des idéologies dans cette société où les lois coutumières coexistent avec les lois de la société moderne.

    En plus, selon les réponses des pêcheurs, la raréfaction du poisson peut-être expliquée par le fait que les génies protecteurs sont en colère contre les communautés de pêcheurs qui n'organisent pas régulièrement de cérémonies aux génies de la nature. Selon les pêcheurs, ses génies en colère retirent les poissons pour répandre la famine qui leur obligera peut-être à rendre à nouveau des cultes aux ancêtres.

    Dans une autre dimension, la religion joue un rôle dans la régulation de la société sénégalaise qui reste très attachée à celle-ci. Les différentes religions pratiquées au Sénégal sont l'Islam, le Christianisme et l'Athéisme. Le cadre religieux est d'une grande richesse qui correspond à la variété de la population. Les religions au Sénégal participent d'un modèle unique, avec une base commune caractérisée par le culte des ancêtres, la croyance en la réincarnation, un aspect initiatique et, dans la majorité des cas, la matriarcat, le totémisme et l'impartialité de Dieu. Les religions au Sénégal incluent la croyance aux forces, ensemble d'intermédiaires entre Dieu et l'homme, animant l'univers sous la forme de génies, d'esprits souvent nommés «djins» dans l'Islam, ou les ancêtres. Ils incluent aussi le totémisme, expression de la communication homme-animal, et l'ancestrisme, avec les ancêtres intercesseurs auprès de Dieu. Mais avec le fétichisme, la manipulation sacrée peut respecter la magie du verbe par rapport aux forces, mais aussi la superstition et les attitudes magiques.

    La société sénégalaise est un mélange de tout, certains ont des croyances mythiques, d'autres ont des rites qui leur sont propres, certains mélangent tout. Il y'a ceux qui ont à la fois des croyances mythico-religieuses et la logique des choses. Il esiste un autre groupe qui ne croit pas aux «djins», aux fétiches et aux voyants, car selon eux tout provient de l'ordre divin et que la religion musulmane leur interdit toutes pratiques féticheuses et rituelles.

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    2-2- Economique

    Autrefois, l'économie sénégalaise s'est reposée sur l'arachide et les phosphates. Mais suite, à des années successives de sécheresse et la détérioration des termes de l'échange due au choc pétrolier, la pêche occupe désormais la première place dans l'activité socio-économique.

    Les résultats généraux de la pêche maritime ont montré, que les captures totales débarquées en 2012, s'élèvent à 447 961 tonnes pour une valeur commerciale estimée à 152 milliards de francs CFA (soit environ 231 722 506 euros)14.

    Graphique 1 : Débarquements par type de pêche

    Source : DPM

    14 Source : DPM, Rapport 2012

    Ce graphique montre que les captures de la pêche maritime artisanale sont de loin plus importantes que celles de la pêche industrielle. En 2012, la pêche artisanale représente plus de 91% du volume total débarqué par la pêche maritime sénégalaise. Par rapport en 2011, elle a augmenté de d'environ de 9%. Globalement, les débarquements de la pêche artisanale et industrielle confondues ont augmenté de 6% par rapport à l'année 2011, passant ainsi de 420 879 tonnes à 447 961 tonnes. La région de Thiès réalise à elle seule plus de la moitié des poissons débarqués au Sénégal.

    En 2012, on dénombrait au niveau de la filière artisanale 58 116 pêcheurs et 10455 pirogues. Le volume total des captures estimé à 405 974 tonnes contre 372 956 tonnes en 2011, soit 89% de la production totale débarquée au Sénégal en 2012.

    En plus de son rôle d'approvisionnement du marché national en produits frais, elle approvisionne aussi en produits frais les ateliers et usines de transformation du Sénégal. Ces produits transformés sont destinés à la consommation locale ou à l'exportation.

    En 2011, la pêche industrielle disposait d'une flotte nationale et étrangère composée au total de 129 navires dont les captures s'élèvent à 119 330 tonnes. Parmi ces captures, 60 694 tonnes ont été débarqués au port de Dakar. Elle dispose d'une flotte nationale et d'une flotte industrielle.

    La flotte nationale est composée de 98 navires, dont 91 chalutiers, 1 sardinier et 6 thoniers. Ses débarquements sont estimés à 48 456 tonnes. La flotte étrangère est composée de 31 navires, dont 23 chalutiers pélagiques opérant dans le cadre du protocole thonier signé avec les armateurs français et espagnols.

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    Source : DPM

    La répartition des poissons débarqués par la pêche artisanale par région, montre que de Thiès demeure la plus grande région maritime du Sénégal. Cela s'explique par la présence d'un plus grand nombre de pirogues et de pêcheurs artisans, d'une zone de pêche très étendue, et par la présence de grands centres de pêche comme Mbour, Kayar et Joal.

    En 2011, la valeur commerciale au débarquement de la pêche nationale industrielle est de 39,5 milliards de FCFA, dont 36,7 milliards de F CFA pour la pêche chalutière et 2,8 milliards de F CFA pour la pêche thonière15.

    Par ailleurs, l'évolution de la production de la pêche industrielle sur la période 2005-2011 connait une tendance à la baisse alors que la valeur des captures est en hausse. Cette hausse s'explique par le fait que ces captures sont exportées sur le marché européen, très rémunérateur.

    Dans cette partie, il s'agira de faire l'état de la commercialisation des produits de pêche mais aussi de montrer l'impact socio-économique de la pêche au Sénégal.

    15 Source : DPM, Rapport 2012

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    2-2-1- La commercialisation des produits de la pêche

    La commercialisation des produits halieutiques vise les marchés intérieurs et extérieurs. ? Le marché intérieur

    Le poisson est un produit traditionnellement apprécié des populations sénégalaises. La consommation de cette denrée alimentaire qui jadis s'est limitée aux zones côtières se répand progressivement à l'intérieur du pays avec la construction des voies de communication facilitant ainsi la distribution rapide de cette denrée très périssable.

    Les produits frais sont commercialisés localement (dans les marchés par les micro-mareyeurs le plus souvent) ou vers l'intérieur du pays par des mareyeurs qui viennent s'approvisionner sur place au niveau des centres de débarquement du poisson (plages).

    Ces mareyeurs, pour la plupart, sont issus du milieu rural et ont quitté leur lieu d'origine par suite de la sécheresse, pour venir s'employer sur les plages. Sans accès aux crédits bancaires, ils travaillent le plus souvent avec des matériels d'occasion vétustes. Ces mareyeurs encourent des risques car le matériel de transport dont ils disposent n'est pas idéal à la commercialisation des poissons par manque de système d'isolation adéquat, mais aussi par l'utilisation d'importantes quantités de glace (15 kg de poisson pour 15 kg de glace). Dés fois, la moindre panne entraîne la perte de toute la cargaison.

    En 2011, 191 236 tonnes de poissons issus presque des débarquements de la pêche artisanale ont été commercialisés au Sénégal. Depuis quelques années on constate une baisse importante des quantités de poissons vendus sur le marché national, passant de 248 500 tonnes en 1997 à 191 236 tonnes en 201116.

    16 Ministère de la pêche et des affaires maritimes, Conseil interministériel sur la pêche, document introductif, 2013, p.40

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    Cette baisse est liée à la part croissante des exportations de poissons destinées notamment aux pays de la sous-région. La création de marchés centraux au poisson à Dakar et à Kaolack qui jouent un rôle important dans la collecte et la distribution du poisson a favorisé l'essor du mareyage.

    Toutefois dans certaines zones, notamment la partie méridionale du pays, le mareyage reste faiblement développé à cause des problèmes d'enclavement et du manque d'infrastructures (fabrique de glace, chambre de stockage, route et piste de production,...).

    L'activité est exercée par deux types d'acteurs : les mareyeurs et les micro-mareyeurs. Elle subit actuellement d'importantes mutations marquées par l'arrivée massive de ressortissants des pays de la sous-région dans cette filière.

    ? Le marché extérieur17

    L'exportation du poisson au Sénégal est une activité pratiquée par des mareyeurs - exportateurs. Ces mareyeurs sont des professionnels qui s'adonnent régulièrement à la commercialisation des produits de la pêche et qui disposent d'installations et de matériels de travail conformes à la réglementation en vigueur.

    Depuis de nombreuses années, les produits marins sont commercialisés à l'extérieur du pays par des commerçants qui viennent s'approvisionner sur place, notamment pour l'exportation vers des pays africains et asiatiques. La demande extérieure est croissante et s'oriente vers des produits qui ne sont pas consommés au Sénégal (sali, poissons fumés). Cette tendance d'évolution du marché est très prometteuse car la transformation artisanale n'entre pas en concurrence avec la consommation en frais et constitue un marché

    17 Ministère de la pêche et des affaires maritimes, Conseil interministériel sur la pêche, document introductif, 2013, p.40

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    spécifique pour la pêche artisanale. Les produits frais sont destinés le plus souvent vers les pays européens contrairement aux poissons transformés artisanalement.

    Depuis 2007, l'Afrique est devenue la première destination des exportations des produits halieutiques en termes de volume, supplantant l'Europe. Les exportations des produits halieutiques en 2011 s'élèvent à 110 867 tonnes pour une valeur commerciale estimée à 143,2 milliards de FCFA. L'évolution à moyen et long terme des exportations révèle une tendance baissière en volume et en valeur.

    Ainsi en 2011, la part respective de l'Afrique et de l'Union européenne dans les exportations en volume est de 51 % et 32 %. Toutefois, en termes de valeur, la part de l'Union européenne dans les exportations reste prépondérante. La réorientation géographique des exportations s'explique aussi par la raréfaction croissante de groupes d'espèces habituellement exportés vers le marché européen ( mérous, daurades, crevettes, céphalopodes...), ce qui a entraîné un report des exportations vers des espèces jusqu'ici destinées au marché national (sardinelles, chinchards, ceintures,...). L'essentiel des exportations est composé de produits congelés, suivis par les produits frais.

    En 2011, les proportions de congelés et de frais représentent respectivement 89 % et 6 %. En outre, les produits halieutiques sont exportés à 80 % en entier, sans aucune transformation.

    2-2-2- La transformation des produits halieutiques

    La transformation artisanale des produits halieutiques est dominée à 90 % par les femmes sénégalaises qui travaillent dans ce domaine. Ces femmes ou transformatrices, très dynamiques dans cette activité sont regroupées en Groupements d'intérêts économiques. Le Groupements d'intérêts économiques est une association qui se définie comme une personne morale ayant pour but exclusif de mettre en oeuvre pour une durée déterminée, tous les moyens propres à faciliter ou à développer l'activité économique de ses membres, à améliorer ou accroître les résultats de cette activité. En effet, la transformation artisanale absorbe à peu prés les 30 à 40 % des captures et jusqu'à 75 % dans certaines régions et permet de mettre sur les marchés divers produits. Aujourd'hui, on note, même qu'une bonne partie des produits

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    transformés artisanalement (fumage, braisage, séchage, salage, tambadiang18) sont exportés en grande quantité vers les pays de la sous-région, notamment le Mali, le Burkina-Faso, le Ghana et le Togo. Cependant, cette activité est en train d'être reprise petit à petit par les étrangers, notamment les ghanéens et les Burkinabés qui se chargent de l'amélioration et de la commercialisation des produits transformés vers leurs pays d'origines dont ils maîtrisent les goûts et les préférences.

    La transformation artisanale des produits halieutiques est facilitée par l'existence d'une multitude de sites de débarquements où sont implantées l'essentiel des unités de transformation artisanale. Elle est aussi simplifiée par l'existence de plusieurs espèces utilisées comme matière première.

    La transformation artisanale des produits halieutiques contribue à la création d'emplois car elle utilise plus de 700019 transformatrices qui embauchent à peu prés 5 personnes chacune. Elle revêt un caractère culturel car mettant sur le marché des produits qui participent aux habitudes culinaires des sénégalais. Elle permet également aux populations locales qui ne peuvent pas avoir du poisson frais du à leur éloignement des zones côtières, de s'approprier en protéines animales, car ces produits sont plus faciles à conserver. Mais ces dernières années, avec la dégradation des ressources les produits transformés par manque de matières premières, deviennent rares et onéreux.

    3- L'impact socio-économique de la pêche

    Le Sénégal est situé dans une des zones les plus poissonneuses de l'Afrique. La pêche y est une activité ancienne et traditionnelle qui a une grande importance sur les plans culturel, social et économique et joue un rôle primordial dans l'alimentation humaine. La pêche joue un rôle stratégique dans l'économie nationale à travers sa contribution importante au

    18 Le braisage correspond au poisson braisé-séché. Le tambadiang est une variété de poissons fermentés séchés.

    19 Apa, publié le 27/06/2013

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    Produit Intérieur Brut, l'apport en devises, le nombre important d'emplois générés, la sécurité alimentaire. Les produits de la pêche constituent aussi une des principales ressources d'exportation.

    3-1- Contribution au Produit Intérieur Brut

    En 201120, cette contribution se situe à 1,3 %. Il est utile de noter que l'évaluation de ce Produit Intérieur Brut ne tient pas en compte les activités post-captures, notamment le mareyage, la transformation artisanale et industrielle.

    Mais celle-ci a connu une baisse entre 2005 et 2011, et des travaux de la FAO ont montré que la pêche artisanale, le mareyage et la transformation représentent 4,8 % du PIB.

    3-2- Contribution à la balance commerciale

    En 2011, la pêche a contribué à la hauteur de 12,5 % aux exportations totales du Sénégal occupant ainsi la troisième place derrière les produits pétroliers et l'acide phosphorique. Ce troisième rang dans les exportations est due à la surexploitation des principales ressources destinées à l'exportation mais par les résultats obtenus des autres secteurs en matière d'exportation.

    3-3- Contribution au budget de l'Etat

    Grâce aux accords de pêche avec les pays étrangers, la pêche contribue aux recettes de l'Etat. En sus des redevances perçues, les accords de pêche donnent lieu à une série de contreparties économiques, commerciales et techniques. En plus de la compensation financière directe, s'ajoutent les redevances perçues lors de l'octroi de licence de pêche aux bateaux, les amendes occasionnées par les infractions à la réglementation et les diverses taxes

    20 Ministère de la pêche et des affaires maritimes, Conseil interministériel sur la pêche, document introductif, 2013, p.40

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    Par ailleurs en 2011, la contribution financière de la pêche au budget de l'Etat s'élève à 691 865 353 FCFA au titre de la vente des licences de pêche industrielle aux nationaux, la vente des permis de pêche aux pêcheurs se chiffre à 3,09 millions de FCFA, et la contrepartie financière liée aux autorisations exceptionnelles accordées aux chalutiers pélagiques est de 839 265 469 FCFA (1 279 452 euros)21.

    3-4- Contribution à la sécurité alimentaire

    Le poisson représente une importante source de protéines animales pour les populations du Sénégal. En raison du déclin de l'agriculture et de l'élevage, pourvoyeurs traditionnels de protéines végétales et animales, la pêche contribue à la satisfaction des besoins en protéines animales sénégalaises. Elle est une composante essentielle de la politique de l'Etat en matière de sécurité alimentaire pour la lutte contre la pauvreté et la famine. Ce secteur couvre une part importante des besoins en protéines animales des populations et à des prix relativement bas. Dans toutes les régions du Sénégal la part du poisson dans la consommation de protéines animales est supérieure à 70 %. Ainsi la consommation per capita au Sénégal est de 26 kg et se situe au dessus de la moyenne mondiale qui est de 16,8 kg. Aussi, le Sénégal fait partie des plus gros consommateurs de poisson en Afrique, comparé à la Tunisie (10,1 kg), la Mauritanie (10 kg) et le Maroc (7,5 kg).

    3-5- Contribution à l'emploi22 :

    Traditionnellement, la pêche occupe une place prépondérante dans la politique de création d'emplois. Elle joue ainsi un rôle important dans la lutte contre le chômage avec la création environ de 600 000 emplois directs ou indirects. Mais ce chiffre doit être revu à la baisse ces

    21 Ministère de la pêche et des affaires maritimes, Conseil interministériel sur la pêche, document introductif, 2013, p.40

    22 Ministère de la pêche et des affaires maritimes, Conseil interministériel sur la pêche, document introductif, 2013, p.40

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    dernières années avec la fermeture des usines de transformation due à la rareté des ressources halieutiques.

    Ces dernières années, on constate avec l'effondrement des ressources halieutiques, une diminution des revenus des différents acteurs de la pêche, le coût onéreux du poisson pour les consommateurs et à la fermeture des industries de transformation qui ont entrainé des pertes d'emplois considérables.

    Avec la rareté des ressources halieutiques, les pêcheurs professionnels qui ne peuvent plus subvenir à leurs besoins quotidiens, ont préféré, au risque de leur vie, prendre leurs pirogues de pêche pour immigrer clandestinement vers les pays de l'Europe.

    Effectivement, ces pêcheurs qui sont dans le désespoir, ont choisi avec la complicité de leurs parents, d'immigrer clandestinement pour vivre mieux ailleurs. Néanmoins l'immigration clandestine ou légale a toujours été considérée comme une source de revenus pour les familles sénégalaises. Longtemps considérée banale, elle visait à trouver un moyen pour vivre mieux ailleurs. Le secteur de la pêche est alors sinistré avec le départ de la majeure partie de ses pêcheurs professionnels vers l'Espagne.

    Face à la mauvaise gestion des ressources halieutiques et le départ des pêcheurs expérimentés, on constate dans tous les centres de pêche au Sénégal, ceux qui n'ont pas immigré se plaignent d'une baisse substantielle de leur chiffre d'affaires.

    En plus, on peut voir en mer, des dizaines de pirogues qui sont attachées à leur port, par manque de pêcheurs expérimentés.

    De même, les mareyeurs et les transformatrices se plaignent de voir leurs revenus baisser, faute de matières premières nécessaires à leurs activités.

    D'après quelques pêcheurs rencontrés au niveau des centres de débarquement, ils se disent tous prêts à rejoindre les côtes européennes au prix de leur vie car, il n'y a que la misère et la survie, malgré le durcissement de l'accès à l'espace européen.

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    Sur le plan social, au Sénégal, les clandestins en Europe ne sont pas mal vus. Ils sont considérés comme des personnes qui ont bravé la mer, la faim, la soif, qui ont risqué leur vie pour un objectif noble, celui d'accéder au marché du travail et de chercher à sortir sa famille de la pauvreté. Il y a donc plusieurs raisons pour émigrer : le chômage, la pauvreté, la faible rémunération, la crise des pêcheries, le manque d'épanouissement pour les jeunes, etc.

    Depuis 2006, des milliers de sénégalais ont risqué leur vie pour émigrer en Europe. Le phénomène, appelé par les sénégalais «Barça ou Barsakh» (Barcelone ou la mort), a causé des milliers de victimes sénégalaises.

    Pour l'Espagne qui est le premier point de chute, cette immigration permet une main d'oeuvre dans le domaine agricole, un secteur où les espagnols ne souhaitent pas travailler. Le pays n'est pas totalement contre le phénomène. Sa politique d'immigration est considérée comme ambigüe par certains experts. Les autorités espagnoles affirment que l'économie relative à ces immigrants clandestins serait de 20 % du PIB23 du pays. L'Espagne est reconnue pour fermer les yeux sur les immigrants qui réussissent à franchir les frontières illégalement. Le pays a peu de mesures de réprimande pour le travail clandestin, certains disent même qu'il est toléré.

    Chapitre II: Une activité professionnelle soumise à la diminution des ressources halieutiques

    L'économie sénégalaise qui s'est reposée depuis de longues années sur l'exploitation des ressources halieutiques est confrontée ces dernières années à une crise aigue liée à une dégradation et surexplotation de ces ressources et, aussi à une surcapacité de capture et de traitement à terre. Les conséquences de cette situation sont la baisse des revenus des acteurs

    23 Viviane Joëssel, analyste en formation, Ecole de politique appliquée, Faculté des lettres et sciences humaines, université de Sherbrooke, l'Espagne dépassée par le phénomène de l'immigration clandestine, février 2007.

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    du secteur, une chute de l'emploi et une baisse de la contribution économique et financière du secteur.

    En effet, la pêche satisfait des exigences nutritionnelles essentielles car, prés de la moitié de la population sénégalaise dépend de l'océan atlantique pour son alimentation. De nos jours, la pêche maritime sénégalaise utilise des techniques de plus en plus perfectionnées. Aussi, des bateaux ( nationaux et étrangers) de plus en plus grands et nombreux, les navires-usines, capturent de plus en plus de poissons et de plus en plus profondément, conduisant ainsi à une surpêche.

    1- Les difficultés actuelles du secteur de la pêche au Sénégal

    Aujourd'hui, le secteur de la pêche artisanale rencontre, entre autres, un certain nombre difficultés notamment liées à la raréfaction de la ressource, la surexploitation de la ressource (aussi bien par les nationaux que les étrangers), les insuffisances et l'absence ou la mauvaise application de la réglementation en vigueur, la mauvaise gouvernance des ressources, les difficiles conditions de vie des professionnels (pêcheurs, mareyeurs et transformatrices), l'accès libre à la ressource pour la pêche artisanale, des politiques de pêche conçues avec une faible implication des acteurs et plus orientées à résoudre des problèmes qu'à planifier le développement de la pêche à moyen et long terme, la gestion étatique des ressources halieutiques.

    En effet, nous constatons que beaucoup d'efforts sont consentis par l'Etat pour promouvoir une politique des pêches dont les populations au même titre que les autres parties prenantes du secteur sont les porteurs. Cette option a été consolidée par, le gouvernement du Sénégal par la mise en oeuvre d'une approche de cogestion (CLPA) mais aussi des programmes et projets pour accompagner et appuyer les initiatives des acteurs.

    En plus des raisons évoquées ci-dessus, cette surpêche entraînant une diminution des ressources halieutiques est aussi occasionnée par:

    1-1- Les accords de pêche

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    Dans le cadre des accords de pêche, le Sénégal signe des accords avec les pays développés et à des pays en voie de développement. Les accords avec les pays voisins permettent aux pêcheurs sénégalais de pêcher dans leurs eaux maritimes moyennant le paiement des licences. Par contre, les accords signés avec les pays développés permettent aux navires de ces pays de venir pêchées dans les eaux territoriales sénégalaises moyennant une compensation financière.

    Avec la précarité du secteur de la filière pêche aujourd'hui, faut-il arrêter de dénoncer les accords de pêche entre les pays étrangers et le Sénégal? Non, ce secteur souffrant des maux qui sont: surpêche, concurrence des chalutiers étrangers, trop grand nombre de pirogues, l'avenir de cette activité qui donne du travail à environ 600 000 personnes ( 17% de la population active du pays), dont de nombreuses femmes, reste trés précaire. En fait, les femmes jouent un rôle prépondérant dans le secteur de la pêche et interviennent notamment dans la transformation, la conservation et la distribution du poisson à l'intérieur du pays. Elles occupent une place importante dans la filière de la pêche car dirigeant le plus souvent toutes les opérations. Ce sont des revendeuses indépendantes ou travailleuses à la commission pour les pêcheurs. En plus, certaines pirogues dépendent d'une organisation familiale: le mari pêche et la femme se charge de la vente et du traitement du poisson capturé. Elles travaillent aussi dans les industries de conserveries et de traitement des produits de pêche.

    Cependant depuis 1979, le gouvernement du Sénégal permet l'accès de ces ressources halieutiques aux pays de l'Union européenne à travers la signature des accords de pêche. Ces accords autorisent les navires de l'Union européenne venus principalement d'Espagne, du Portugal, de Grèce et d'Italie à pêcher dans les eaux sénégalaises à hauteur d'un volume de 8000 tonnes par an, dont 1500 tonnes d'espèces côtières. Ces accords ont permis à l'Union européenne de redéployer un grand nombre de navires de pêche de ses zones de pêche surexploitées vers le Sénégal et d'autres pays africains.

    En contrepartie des captures opèrées en principe sous la surveillance d'observateurs sénégalais, le gouvernement du Sénégal perçoit des droits, négociés à 48 millions d'euros par an pour la période de 1997-2001.

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    Cette enveloppe a été portée en 2002 à 64 millions d'euros (1,15 % du PIB du pays) et les négociations ont repris, avant d'être de nouveau rompues en juin 2006. Depuis, la pêche européenne a cessé, faute d'accord entre Dakar et Bruxelles tant sur le montant des droits de pêche que sur les volumes autorisés24.

    Malgré les dispositifs en matière de lois, la pêche illicite non déclarée et non réglementée reste une véritable catastrophe. Elle contribue à appauvrir les stocks de poissons et à détruire les habitats marins. Elle est source d'une distorsion de concurrence pour les pêcheurs honnêtes et responsables. La pêche est perçue comme un facteur d'affaiblissement des communautés côtières et surtout dans les pays en voie de développement.

    Il est attendu de l'Union européenne un rôle majeur dans la lutte contre ce fléau . Les mesures proposées par rapport à cela sont du type à autoriser l'accès au marché de l'Union européenne, aux seuls produits de la pêche certifiés conformes à la réglementation par l'Etat du pavillon ou par l'Etat d'exportation concerné.

    L'établissement d'une liste noire européenne des navires s'adonnant à la pêche illicite non déclarée et non réglementée et des Etats complaisants à leur égard est le second palier. Les attentes par rapport à la démarche restent la prise de sanctions dissuasives au niveau des acteurs le pratiquant dans les eaux de l'Union européenne et des opérateurs la pratiquant dans les autres parties du monde.

    D'une certaine manière, la lutte contre la pêche illégale est campée dans un cadre plus large de la politique de l'Union européenne en faveur de l'exploitation durable des mers.

    Pour ce qui concerne ces accords, on note que l'Union européenne pour la restructuration de ses pêcheries, principalement à l'avantage des compagnies de pêche françaises, portugaises et espagnoles, a exporté le problème de surpêche du nord vers le sud. C'est pourquoi, en 2002, le gouvernement du Sénégal avait momentanément interdit l'accès de ces eaux territoriales

    24 Déclaration de la directrice de l'océanographie et des pêches maritimes dans « Seneweb » du 21 juillet 2006

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    aux chalutiers européens. Ce fût un geste médiatique qui avait accompagné sa décision de suspendre les négociations sur le renouvèlement des accords de pêche passés en 1980 avec Bruxelles. Ce gel des accords avait été salué par les pêcheurs sénégalais et leurs partenaires associatifs européens, engagés dans la longue date dans une lutte contre des accords qui contribuent à une surexploitation des ressources dont souffrent les artisans locaux.

    Le Sénégal avait l'habitude de conclure avec l'Union européenne un accord de pêche depuis 1979 et, cet accord a été renouvelé 17 fois. Le dernier renouvellement qui datait de 2004 pour une durée de 4 ans, n'a pas été renouvelé en 2011.

    1-2- Le pillage des ressources halieutiques

    Depuis quelques années, on constate une chute libre des captures dans tous les centres de débarquements de poissons du Sénégal. La pêche traverse une crise sans précédent, en raison d'une surexploitation de la plupart des stocks halieutiques et de la présence récurrente dans les eaux sénégalaises de navires pirates s'adonnant à la pêche illicite, non déclarée, non réglementée.

    Les bateaux russes pêchant illégalement dans les eaux territoriales sénégalaises sont devenus un véritable fléau. Selon le diagnostic du plan d'aménagement de la pêcherie des sardinelles, leur présence accentue la baisse des ressources halieutiques et contribue au déclin d'un secteur important de l'économie sénégalaise. Il est aussi établi aujourd'hui, que le pillage des ressources halieutiques est imputable aux navires asiatiques qui exploitent ces ressources illégalement et sans contre partie financière25.

    Les pêcheurs sénégalais ne cessent de nourrir des craintes depuis que des bateaux étrangers ont commencé à piller les ressources halieutiques du pays. Selon les statistiques disponibles, entre 2011 et 2012, 26 bateaux chalutiers russes ciblant les espèces pélagiques ont opéré dans

    25 Forum civil, Rapport, Gouvernance et corruption dans le domaine des ressources naturelles et de l'environnement au Sénégal, novembre 2006.

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    la Zone Economique Exclusive (ZEE) du Sénégal. Le diagnostic du plan d'aménagement de la pêche des sardinelles présenté le 26 novembre 2013, pour son adoption, vient confirmer les craintes de ces pêcheurs.

    Le document conclut en effet que les activités de pêche menées par ces bateaux étrangers s'ajoutent à la mauvaise gestion des pêcheries traditionnelles pour induire une baisse sensible des ressources et des revenus dans le secteur. Cette tendance affecte principalement la pêche artisanale, particulièrement la pêche à la sardinelle.

    Avec prés de 70% des débarquements de la pêche artisanale, la sardinelle est aujourd'hui menacée. Le constat fait par la Direction des pêches maritimes montre que l'accroissement de l'effort de la flottille artisanale très dynamique aux niveaux national et sous-régional et d'une flottille industrielle chalutière étrangère constitue un danger pour les ressources halieutiques du pays. La conjonction de ces deux types de pêche accentue la pression exercée sur cette ressource partagée entre le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal et la Gambie et constitue une menace pour la durabilité de la pêcherie et toutes les fonctions socio-économiques qui y sont associées, alerte les spécialistes de la pêche.

    Cependant, cette diminution des ressources halieutiques montre que la pêche maritime sénégalaise connait actuellement des difficultés, dont les manifestations apparaissent à tous les niveaux du système.

    2- Les conséquences de la gestion irrationnelle des ressources halieutiques

    Au Sénégal, les ressources halieutiques sont considérées traditionnellement comme inépuisables et jouant ainsi un rôle primordial dans la vie économique, sociale et culturelle. C'est pourquoi, l'exploitation de ces ressources s'est faite de manière anarchique et aujourd'hui, les progrès technologiques et l'accroissement des besoins en protéines animales des populations sont des pressions énormes exercées sur les ressources marines disponibles. Ce qui a entraîné une dégradation des ressources ayant des conséquences sur l'environnement socio-économique, sur le stock de poissons (baisse des captures et disparition de certaines espèces de poissons).

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    Depuis de longues années avec l'abondance du poisson, le gouvernement du Sénégal ne se préoccupe pas de la pêche non répertoriée et non réglementée (libre accès à la mer). Aujourd'hui, des quotas (pour la pêche industrielle) de pêche ont été instaurés pour renouveler les stocks de poisson sans imager que cela encouragerait les navires à pratiquer de plus en plus la pêche illicite. La plupart des poissons pêchés illégalement sont destinés dans les pays industrialisés sans que les populations locales n'en tirent profit. Le plus souvent aussi, ces bateaux ne respectent pas les quotas qui leur sont alloués. Or, le Sénégal ne dispose pas de moyens de contrôle efficaces. Il y a donc un risque important de surexploitation, en particulier sur les juvéniles, et donc de disparition de certains stocks. Cette disparition a des conséquences désastreuses sur la vie socio-économique des populations locales (manque de protéines animales, baisse des revenus des ménages, etc.).

    La surexploitation des ressources halieutiques est, dans un premier temps, un risque majeur de réduction des stocks d'espèces, visées ou non, et de destruction par effet indirect de l'écosystème marin. La pêche excessive, combinée à la surpêche fait perdre à l'économie sénégalaise plusieurs recettes.

    Aujourd'hui, certaines espèces de poissons et de mammifères marins sont en voie d'extinction : le thon rouge, les baleines, les espèces profondes (mérous par exemple). Demain d'autres le seront. Si cela continue à ce rythme, il n'y'aura plus de poissons dans les eaux maritimes sénégalaises dans quelques années.

    A cet effet, un changement de comportements des autorités gouvernementales s'avère utile aujourd'hui dans la manière d'administrer le secteur de la pêche. Une telle action s'impose pour stabiliser aussi bien les ressources halieutiques que le secteur de la pêche.

    Ce changement doit nécessairement entraîner des réflexions aux alternatives et mesures compensatoires tout en prenant en compte toutes les composantes (environnementale, socio-économique, politique, culturelle...) afin de trouver une solution durable à la gestion du secteur.

    3- La disparition de certaines espèces (l'exemple du mérou)

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    Les eaux au large du Sénégal se sont vidées de leurs mérous. Comment ce poisson emblématique du pays a-t-il pu quasiment disparaître ? Une équipe franco- sénégalaise vient de montrer que l'effondrement des stocks est dû à l'essor de la pêche artisanale vue en général comme une alternative durable aux pêcheries industrielles. En 30 ans, le nombre de pirogues a quadruplé.

    La technologie augmente sans cesse la puissance de pêche de la flotte. Pour réduire la pression sur la ressource, les chercheurs préconisent de mettre en place une gestion des petites pêcheries et de réguler l'exportation, qui fait grimper les prix au kilo et fait du mérou une denrée toujours très rentable malgré la rareté du poisson.

    Depuis dix ans, le « mérou blanc »26 manque cruellement au Sénégal. Poisson emblématique du pays, il constituait encore récemment la base du plat national, le « thiéboudiène27 ». Aujourd'hui, il se fait très rare sur les étals des marchés et affiche un prix au kilo exorbitant.

    Sous la pression de la demande mondiale, en particulier européenne, le nombre de pirogues a été multiplié par quatre (l'attrait pour la pêche au mérou a été amplifié par la hausse de son prix local, accélérée par la dévaluation de 50 % du franc CFA en 1994). Grâce aux données du CRODT, les chercheurs ont montré la corrélation entre cet essor de la petite pêcherie et la chute du mérou, au cours des dernières décennies.

    En fait, les décisions portant sur la conservation et l'aménagement dans le domaine de la pêche devraient être fondées sur des données scientifiques les plus fiables disponibles, en tenant compte également des connaissances traditionnelles relatives aux ressources et à leur habitat, ainsi que des facteurs environnementaux, économiques et sociaux pertinents. Le Sénégal devrait accorder la priorité à la conduite de recherches et à la collecte de données, pour améliorer les connaissances scientifiques et techniques sur les pêcheries, y compris sur les interactions avec l'écosystème.

    26 Voir photographie 10 des annexes.

    27 Thiéboudiène, en français riz au poisson

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    4- La surveillance des côtes maritimes

    Surexploitées par l?industrie de la pêche, les ressources halieutiques du Sénégal sont en danger. Au Sénégal, par manque de moyens, les autorités peinent à faire respecter la ZEE28. Pourtant la protection des poissons et autres ressources est vitale pour la majeure partie du pays, et pourrait rapporter gros à l?Etat qui perd chaque année entre 50 et 250 milliards de FCFA ( entre 76 et 380 millions d?euros)29.

    Mais aujourd?hui, les stocks de poissons sont surexploités. Le niveau de prélèvement actuel est supérieur à la capacité de reconstitution de certaines espèces. Si les requins et les raies sont en danger, l?espèce emblématique reste le thiof? ( mérou en français) qui est au centre des débats actuels. Certaines espèces se raréfient et si l?on continue à les pêcher à ce rythme, on risque de voir l?extinction de ces espèces. Il faut donc laisser le temps aux espèces de se reconstituer, au lieu de les prélever sans limites. Pourtant des limites, le gouvernement en impose selon un fonctionnaire rencontré. L?octroi des licences de pêche est le principal mode de contrôle des ressources.

    L?Etat contrôle aussi les filets, pour permettre aux espèces de grandir, et donc de se reproduire. Les pêcheurs ont une taille minimale à respecter, en dessous de laquelle ils encourent une amende. Enfin, des zones de protection existent, dans lesquelles les navires ne peuvent pas pêcher afin de permettre aux poissons de se reproduire.

    Pour la surveillance des côtes, le Sénégal dispose d?une flotte composée d?un avion et de six navires, «un seul navire sort tous les jours, parfois deux, mais rarement plus», faute de moyens. Même s?ils sont en pannes, l?administration éprouve des difficultés à les réparer. La surveillance aérienne se résume à quelques heures mensuelles «offertes» par l?armée française pour constater la présence ou non de bateaux dans la ZEE.

    28 Une Zone Economique Exclusive(ZEE) est, d?après le droit de la mer, un espace maritime sur lequel un Etat côtier exerce des droits souverains en matière d?exploration et d?usage des ressources. Elle s?étend à partir de la ligne de base de l?Etat jusqu?à 200 milles marins (environ 370 km) de ses côtes au maximum, au-delà il s?agit des eaux internationales.

    29 Sébastien Renouil, Médiapart, Pêche ouest-africaine en danger, le cas du Sénégal, publié le 21/08/2013

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    Face au manque de moyens, les autorités sénégalaises ont mis en place un système de cogestion et de surveillance participative en collaboration avec les pêcheurs. Ces pêcheurs sont élus par leurs pairs pour surveiller l'activité de pêche. En cas de non respect des règles, ces élus peuvent rappeler à l'ordre leurs confrères, ou les signaler à l'administration des pêches.

    Cependant, il faut faire attention à la délation, le milieu de la pêche, c'est une multitude de rivalités à gérer. On se méfie aux délations qui seraient dues à la jalousie d'un pêcheur qui ramène moins de prises que son voisin.

    Ces pêcheurs surveillent aussi les chalutiers qui prélèvent massivement le gagne-pain des artisans pêcheurs. Pour ce faire, ils observent les gros navires, et lorsqu'ils voient des irrégularités depuis leurs pirogues, les pêcheurs n'hésitent pas à prendre des notes et même des photos, pour les transmettre à l'administration.

    Ce système de surveillance fonctionne bien et se révèle parfois très efficace. Ainsi en 201230, ce sont 47 navires de pêche qui ont été arraisonnés pour des infractions plus ou moins graves. Il reste tout de même absolument insuffisant. Ce système a permis de renflouer les caisses du trésor public en 2012 de 436 millions de FCFA ( 660 000 euros) d'amende. C'est une somme importante, mais qui reste marginale face aux pertes estimées à 381 000 000 euros. Cette perte énorme est le résultat du manque de moyens du Sénégal pour réellement contrôler ses côtes maritimes.

    5- Le niveau de rentabilité des revenus en baisse31.

    30 Entretien réalisé avec un fonctionnaire de la DSPS, le 12/01/2015, Dakar.

    31 Ministère de la pêche et des affaires maritimes, Conseil interministériel sur la pêche, document introductif, 2013, p.40

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    Pourtant, la pêche artisanale fournit un emploi direct à environ à 60 000 pêcheurs artisanaux dont les 20%, soit prés de 12 000 pêcheurs, relèvent la seule pêcherie de sardinelles. Aujourd'hui, ce secteur voit ses performances économiques se réduire au fil des ans. Cela se traduit par une baisse drastique des revenus:

    Le coût de création d'emplois passe ainsi de 453 500 francs CFA en 1993 à 656 000 fracs CFA en 2011 pour l'unité de la senne tournante contre 465 742 francs et 942 857 francs CFA pour l'unité de filet maillant encerclant, relèvent les spécialistes de l'administration des pêches maritimes.

    Il est apparu dans cette recherche, toute suppression de quelque forme que ce soit pour les unités de pêche artisanales de pélagiques ne fera qu'augmenter la dégradation des formes d'exploitation des pêcheurs et conséquemment rendre le poisson bon marché de moins en moins accessible pour les populations locales et accentuer par la même occasion le déficit en protéines reporté à l'intérieur du pays.

    Le plan d'aménagement de la sardinelle a été ainsi élaboré par le renforcement des capacités dans les domaines de la gouvernance des pêches, de la lutte contre la pêche illégale, et l'accroissement de la valeur ajoutée des produits halieutiques.

    Ainsi les professionnels de la pêche déclarent que l'Etat du Sénégal doit durcir la législation du secteur de la pêche pour rendre beaucoup plus stricte à l'encontre des bateaux pirates. Le gouvernement fait la pression sur nous et laisse les étrangers qui ont plus de moyens que nous piller nos ressources. Il doit lutter énergiquement contre la pêche illégale en renforçant le dispositif législatif, martèlent les professionnels.

    Depuis 2010, selon les professionnels de la pêche rencontrés, 10 bateaux russes pêchent illégalement dans les eaux territoriales sénégalaises. Ces bateaux ayant des capacités de prélèvement de 250 tonnes chacun par jour, contribuent sans doute à la raréfaction de la ressource halieutique et pire la sardinelle pêchée est transformée par ceux-ci en farine de poisson pour l'alimentation de bétail, alors qu'elle reste au Sénégal une denrée de consommation de premier ordre.

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    Ainsi, dans la nuit du 4 au 5 janvier 2014, un bateau russe du nom de Oleg Neydanov a même été séquestré avec son équipage dans une zone militaire à Dakar. Cette fois-ci les autorités ont bien joué le jeu en arraisonnant ce bateau et sa cargaison, et en réclamant une amende.

    D'après les textes actuels du Sénégal, la sanction maximale pour la pêche illicite dans les eaux sénégalaises, est la saisie de l'engin de pêche, la saisie de la cargaison et une amende maximale de 200 millions de FCFA ( prés de 350 000 euros), montant qui peut être doublé en cas de récidive. Une étude de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) a établi que le Sénégal perdait tous les ans cent cinquante milliards de FCFA ( prés de 228,7 millions d'euros) du fait des bateaux qui pillent les ressources du pays. L'arraisonnement du bateau russe Oleg Neydanov a été salué par tous les acteurs de la pêche.

    En effet, lors d'une conférence de presse à l'AFP, le 22/01/2014, le ministre russe des affaires étrangères, Serguei Lavrov avait fait état d'un progrès dans les négociations. Ils ont aussi bénéficié du soutien de partenaires étrangers qui ont des relations particulières avec les autorités sénégalaises pour régler définitivement le problème.

    Ainsi, la partie russe a proposé une somme d'un million de dollars qui a satisfait la partie sénégalaise pour la levée du séquestre du chalutier arraisonné. Cette transaction a été confirmée par le ministre sénégalais de la pêche qui déclare que l'amende a été versée au trésor public au titre de deux bateaux russes accusés par le Sénégal de pêche illégale, le bateau Oleg Neydanov32, qui a été arraisonné et placé sous séquestre au port de Dakar et le capitaine Bogomodov, qui lui était en fuite.

    Tout cela confirme que les eaux maritimes sénégalaises sont régulièrement piratées par des bateaux qui y pêchent illégalement, c'est pourquoi, les autorités publiques sénégalaises doivent tout mettre en oeuvre pour surveiller la Zone Economique Exclusive d'où dépend la survie de la pêche artisanale, la survie de l'économie nationale.

    32 Voir photographie 14 des annexes.

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    Le poisson joue un rôle central dans l'héritage économique et culturel du Sénégal. Le secteur de la pêche n'a cependant pas encore atteint son plein potentiel. En conséquence de quoi, toute une série d'initiatives sont en cours dans le pays avec pour objectif d'améliorer la gouvernance et d'adopter des pratiques durables encourageant la croissance de l'industrie de la pêche, notamment par la collaboration de tous les acteurs de la pêche. Les potentialités du secteur se voient toutefois limitées par une gouvernance insuffisante et une augmentation de la surpêche, ce qui représente une menace non seulement pour les recettes et l'emploi mais aussi pour l'alimentation, le poisson étant une importante source de protéines animales pour les populations.

    Chapitre III: L'apport de la sociologie de la traduction

    Pour appréhender le terrain sous un angle sociologique, en plus des outils de l'accompagnement au changement mentionnés dans cette étude, j'ai utilisé une forme de pensée tirée de la sociologie de la traduction qui est un courant théorique développé par Michel Callon et Bruno Latour.

    La théorie de la traduction représentée par Akrich, Callon et Latour, met l'accent sur les notions de négociations et de médiation pour démontrer la dimension sociale de l'innovation technique. Ils ont développé un autre modèle qui repose sur l'observation de l'appropriation sociale des éléments qui alimentent le débat scientifique. Leur théorie s'appuie sur la constitution d'un réseau. Elle convient parfaitement dans l'éclaircissement des comportements des différents acteurs de la pêche au moment de l'établissement des innovations dans les pratiques et donc dans des situations de changement.

    Cherchant à comprendre le concept de l'innovation j'ai utilisé cette citation de Philippe Bernoux33»: une innovation scientifique est le résultat d'une rencontre entre des acteurs dont les enjeux sont différents et qui, pour une action donnée, se sont mis en relation et ont agi ensemble sur un point particulier. Ils ont constitué un réseau, création d'un lien à

    33 Philippe Bernoux, Comment innover et se comprendre ? La théorie de la traduction. Théories sociologiques et transformation des organisations, Cnrs- Université Lyon 2

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    travers des relations d'échange suffisamment fortes pour faire vivre une sorte d'entité contractuelle. C'est un intermédiaire entre la hiérarchie et le marché».

    L'exemple emblématique de la théorie de la traduction est celui des coquilles Saint Jacques. Au début des années 1970, Michel Callon34 et Brun Latour ont fait une étude sur la surexploitation des coquilles Saint Jacques due à une consommation importante de ces coquilles. Cette étude a montré que ces coquilles sont pêchées en France, dans trois endroits:

    au large des côtes normandes, en rade de Brest et en baie de Saint- Brieuc. Ce sont des espèces toutes différentes. A Brest, certaines sont coraillées toute l'année, tandis qu'à Saint-Brieuc, elles perdent leur corail pendant le printemps et l'été. Les consommateurs préfèrent plus celles qui ont le corail à celles qui ne l'ont pas.

    Le stock de Brest s'éteint progressivement du fait de l'action de l'homme et des prédateurs ( étoile de mer), du froid imposé par plusieurs hivers rigoureux, et des marins-pêcheurs qui pour satisfaire les consommateurs à longueur d'année sans laisser le temps de se reproduire.

    Par contre, à Saint- Brieuc, la production décline régulièrement, les prédateurs y sont moins abondants et la préférence des consommateurs pour les coquilles Saint- Jacques coraillées contraint les marins-pêcheurs au repos forcé pendant la moitié de l'année favorisant ainsi la reproduction du stock.

    Ce phénomène a permis d'organiser un colloque en 1972, à Brest, réunissant ainsi des scientifiques ainsi que des représentants des marins-pêcheurs pour examiner ensemble la possible maîtrise de la culture des coquilles Saint-Jacques afin d'augmenter la production.

    En m'inspirant de ce cadre théorique pour proposer un nouveau mode de gestion des ressources halieutiques du Sénégal par le changement des comportements des acteurs, je

    34 Callon M., 1986, Elément pour une sociologie de la traduction. La domestication des coquilles Saint-Jacques et des marins- pêcheurs dans la baie de Saint- Brieuc, L'année sociologique, n°36, pp. 170- 208.

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    souhaite mettre en évidence l'implication de traducteurs pour construire la relation de confiance entre les acteurs de la pêche maritime sénégalaise.

    Au terme de cette recherche, il apparaît clairement que l'implication des chefs religieux dans le règlement des conflits entre les acteurs devient une nécessité car, l'analyse a montré que ces personnes qui comptent par devers eux de nombreux fidèles peuvent servir de courroie de transmission entre les acteurs. C'est un système qui fonctionne ainsi dans la société sénégalaise et elles ont une grande marge de manoeuvre pour conduire le changement dans les pratiques. A cet effet, ils sont les mieux placés pour servir de traducteurs.

    1- De chefs religieux aux rôles de traducteurs

    Au Sénégal, les chefs religieux se sont impliqués très tôt dans la lutte contre le sida, ce qui a permis au pays d'avoir le taux de prévalence le plus bas au monde.

    Sur le plan politique, le Président Abdou Diouf ( 1981-2000) a beaucoup utilisé leur influence pour calmer le front social à chaquefois qu'il est embrasé car, ils sont mieux écoutés par les populations.

    C'est pourquoi, dans le secteur de la pêche, il semble que ces personnes pourraient s'impliquer dans le règlement des conflits entre les différents acteurs de la pêche et l'établissement de la relation de confiance entre ces derniers.

    Ces chefs religieux sont très influents au Sénégal et chaque professionnel se soumet au voeu de son guide religieux. Si certaines réticences aux décisions prises par l'administration publique des pêches sont constatées, c'est parce que les chefs religieux ne sont pas impliqués au moment de la prise de décision. Au Sénégal, ces acteurs religieux dits « khalifes » généraux et « marabouts » jouent un rôle de premier ordre dans la politique locale que nationale. Pour montrer l'importante place qu'occupent ces religieux, on constate, dans le but de recueillir les suffrages des électeurs ou d'atteindre un objectif au plan social, les autorités politiques ont souvent fait appel aux dignitaires religieux sénégalais.

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    Ces chefs religieux sont considérés par la société sénégalaise, comme des personnes « modèles » ou « référentielles » qui sont chargées de veiller au bon comportement de leurs fidèles et à la bonne marche de la société. Des fois, si les différents partis politiques de l'opposition et les syndicats des travailleurs ne s'entendent pas avec le gouvernement, ils demandent aux chefs religieux d'intervenir en leur faveur auprès des gouvernants.

    C'est pourquoi, mon travail s'intéresse à ces chefs religieux et coutumiers qui jouent un rôle régulateur dans la société sénégalaise. Ces personnes comptent en leur sein de nombreux fidèles ou « talibés » qui n'écoutent que leur « ndiguel35 ».

    Je pose la question à savoir est ce qu'il ne serait pas nécessaire avant de mettre en oeuvre toute politique de développement d'informer d'abord ces chefs religieux ? Ces derniers, une fois qu'ils ont compris et accepté les décisions de l'administration, se chargeront de donner le « ndiguel » à leurs fidèles.

    2- Hypothèse

    La crise dans la pêche génère un état d'incertitude et présente des menaces importantes sur l'avenir des relations de confiance entre les acteurs intervenant dans le secteur. La question posée est de savoir comment peut-on construire et maintenir des relations de confiance dans cette situation de manière à en construire collectivement le sens, étape majeure dans la voie qui peut mener à sa résolution?

    C'est pourquoi, j'ai posé comme hypothèse: il se produit un phénomène d'absence de confiance ou d'absence d'informations et de moyens, qui permettrait de construire des liens de confiance nécessaires à la prise en compte de la gestion durable.

    La théorie de la traduction offre un cadre d'analyse de l'innovation technologique qui envisage celle-ci comme un construit social. Mais, l'activité de construction n'est plus seulement le fait des seuls utilisateurs, que le modèle du déterminisme social a eu en quelque

    35 « Ndiguel », veut dire en français mot d'ordre

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    sorte le mérite de réhabiliter. Avec la théorie de la traduction, l'innovation apparaît comme le résultat, toujours provisoire, de l'interaction entre les partenaires d'un réseau.

    A partir de ces concepts, Latour et Callon proposent une méthode pour traduire un réseau et tenter de le modifier. Cette méthode est très utile en sociologie des organisations.

    Les négociations qui vont s'instituer auront lieu entre chaque porte-parole de chacune des entités de la situation. En fait, le micro-réseau (ici les dahiras) ne s'agrandira que si les entités qui le composent parviennent à se diffuser. Toutes les entités humaines et non-humaines doivent être représentées dans les espaces de négociations à partir desquels les réseaux s'élaborent. Les porte-paroles rendent alors possible la prise de parole et l'action concertée.

    3- Enrôlement des acteurs

    Les chefs religieux ou «marabouts» ont pris une place considérable dans la vie politique sénégalaise pendant les différents régimes politiques qui se sont succédés au pouvoir, et leur emprise n'a cessé d'augmenter. Peut-on cependant dire que nous sommes en face du même type de marabout aujourd'hui? Les marabouts se succèdent de père en fils au Sénégal et, actuellement, ce sont les petits-fils qui sont au pouvoir avec la disparition de leurs parents.

    Aussi, chaque «marabout» est à la tête d'une confrérie et la fonction de «marabout» prend le dessus sur tout le reste. En général, chaque sénégalais appartient à une confrérie, c'est pourquoi l'enrôlement des acteurs sera facilité par l'organisation socio-religieuse déjà existante.

    C'est ainsi que chaque confrérie possède son réseau de dahiras: organisation socio-religieuse où les regroupements se font sur la base d'affinités villageoises, ethniques et de quartier. Les liens avec les terroirs d'origine n'étant jamais totalement rompus. Cette affinité qui joue vraiment, comme principe de base du dahira, est confrérique. Elle donne donc aux relations un caractère trans-ethnique et antidiscriminatoire, conformément aux enseignements du Coran prônant la paix, l'égalité et la solidarité entre tous les êtres humains. Ajoutons que les réseaux des dahiras sont d'une ampleur telle qu'à l'intérieur des confréries chaque chef religieux en dispose. D'où la nécessité pour les confréries d'encourager le regroupement des dahiras en

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    fédérations. Cette structuration fédérale devant favoriser leur meilleure coordination et confère d'avantage de poids et de visibilité à leurs actions, celles-ci étant diverses et variées.

    Parmi ces actions, il y a, en priorité, l'action religieuse rythmée, pour l'essentiel, par des prières, des conférences sur l'Islam, les enseignements du prophète Muhammed, ceux du fondateur de la confrérie et par l'envoi, chaque année autant que les fonds disponibles le permettent, de pèlerins à la Mecque. Lors des conférences religieuses, l'occasion est également saisie pour parler de sujets d'actualités comme la lutte contre la dégradation des moeurs, l'attachement aux valeurs socio-culturelles et éthiques fondatrices de l'identité sénégalaise et tant d'autres thèmes en rapport avec l'harmonie, la cohésion sociale et l'entente fraternelle devant régir les relations entre les diverses composantes de la nation.

    Alors que les confréries religieuses sont généralement diurnes et ont eu lieu les week-end notamment, pendant le mois du ramadan. Les séances de chants à la gloire des guides de la confrérie se déroulant plutôt la nuit et peuvent aller jusqu'à l'aube.

    Outre les manifestations strictement religieuses, les dahiras mènent des activités lucratives destinées à leur procurer des ressources financières. Une partie des ressources provient des cotisations des membres, ainsi que des tontines36. Les fonds ainsi recueillis sont redistribués aux membres desdites tontines, selon le système de rotation bien rodé. Et ceux d'entre eux qui, sans emploi, désirent s'adresser, s'adonner à des activités génératrices de revenus, peuvent solliciter et obtenir des prêts.

    Les dahiras s'affirment donc comme des espaces communautaires où prévaut une certaine convivialité, avec une double dimension religieuse est socio-économique qui est leur marque principale et qui les conduit à être présents dans presque tous les secteurs d'activités. Ces dahiras existent aussi dans les établissements scolaires et universitaires jusqu'aux entreprises et aux marchés, en passant par le secteur des médias et l'administration publique. Les grandes manifestations religieuses telles que les «gamous37» et les «magals38» sont l'occasion pour

    36 Tontines : ce sont des formes d'épargne très prisées dans le milieu des femmes sénégalaises.

    37 Le terme Gamou, en wolof, marque la commémoration de l'anniversaire de la naissance du prophète Mohammad (psl). La célébration de la naissance du prophète (psl) se fait chaque année dans toutes les cités religieuses du Sénégal, particulièrement à Touba.

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    eux, non seulement pour renouveler leur allégeance à leurs guides au cours des séances appelées ziarras, mais aussi de faire une véritable démonstration de force illustrant la place centrale qu'ils occupent dans la stratégie de massification et de rayonnement des confréries.

    La problématisation du développement durable de la pêche est assurée par un traducteur dont le rôle est accepté par tous les acteurs du réseau. Il s'agit des chefs religieux. Au départ de cette étude, je n'avais pas pris en compte ces chefs religieux. Ainsi, au cours des entretiens, je me suis aperçu que ces personnes pourraient jouer le rôle de traducteur et faciliter la construction des relations de confiance entre les groupes d'acteurs.

    4- La relation de confiance entre les acteurs

    L'intéressement, c'est l'ensemble des actions par lesquelles un groupe d'acteurs s'efforce d'imposer et de maintenir l'identité des autres acteurs qu'elle a défini par sa problématisation. Il s'efforce de mobiliser les acteurs identifiés et de les faire adhérer dans sa logique. Cela passe par l'établissement de relation de confiance entre les acteurs par l'abandon d'anciennes pratiques de pêche.

    En effet, pour créer la confiance, il suffit de gérer les conflits entre les groupes d'acteurs et en tirer les conséquences. Pour cela, il faut écouter tout le monde sans exception et considérer les avis des uns et des autres. Le rôle des chefs religieux est de fournir aux décideurs publics et aux autres acteurs concernés, les outils d'aide à la décision. Mais ces données sont rendues publiques au cours des cérémonies religieuses comme les gamous et les magals, ou dans les dahiras, afin de permettre à chacun de s'approprier des recommandations du guide.

    D'après les acteurs, les principaux éléments qui facilitent la relation de confiance concernent une bonne communication, tandis que les décideurs politiques insistent sur des facteurs liés au contexte physique dans lequel se déroule l'annonce, à leurs connaissances scientifiques du problème et aux acteurs eux-mêmes.

    38 Le magal de Touba, en wolof, est la commémoration du départ en exil de Ahmadou Bamba au Gabon. Cette fête religieuse, célébrée à Touba, chaque année.

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    C'est ainsi que les pouvoirs publics décident de convoquer des concertations nationales sur la pêche pour étudier le problème en profondeur. Le constat est unanime, le secteur de la pêche au Sénégal va mal en point, et à tous les niveaux. En dépit de ses innombrables potentialités, il traverse depuis au moins deux décennies, une crise socio-économique et biologique sans précédent liée à de nombreux facteurs. Parmi ces derniers, il est primordial de citer: la mauvaise gouvernance dans la gestion des ressources halieutiques, la prolifération des pratiques de pêche illégale, ou encore la faible valorisation des pratiques de pêche.

    C'est pourquoi, il est opportun de s'arrêter pour trouver des solutions aux différents maux qui gangrènent la pêche par l'organisation de concertations nationales sur le développement durable de la pêche. Ces concertations visent à doter de la pêche maritime sénégalaise d'un système respectueux des valeurs de la nation, sans exclure aucune de ses composantes. Elles permettront de construire des relations de confiance entre les acteurs pour une meilleure prise en compte de la gestion durable.

    Pour y parvenir, comme l'exemple de la lutte contre le sida, il faut intéresser les chefs religieux sur le thème du développement durable de la pêche au Sénégal. Le point commun qui intéresse à tous les acteurs, c'est la rareté du poisson du fait de l'action de l'homme. La réponse à cette question permettra de créer un dialogue entre tous les acteurs impliqués dans le processus du changement dans les pratiques de pêche. Ce dialogue aboutira à la création d'un réseau composé des professionnels de la pêche, des chercheurs, des pouvoirs politiques et des chefs religieux. Ces acteurs devront travailler en étroite collaboration et dans la transparence. Il est nécessaire de consolider et de développer ce réseau à travers les dahiras ou fédérations de dahiras au Sénégal, en attribuant à chaque acteur un rôle. En les impliquant, chaque acteur apporte une réponse allant dans le sens de la résolution du problème. Ce réseau est consolidé et rendu irréversible par les chefs religieux qui l'étendent à d'autres acteurs. Ils se chargent également de donner toutes les informations et accords issus des concertations, à l'occasion des cérémonies religieuses qui drainent chaque année des centaines de milliers de fidèles venus les écouter et de cueillir leurs bénédictions. En plus, à chaque cérémonie religieuse, le gouvernement du Sénégal envoie une délégation officielle sous la conduite du ministre de l'intérieur. De même, tous les partis politiques, les syndicats et les organisations socio-professionnels sont présents à ces cérémonies.

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    Pour ce qui est du contexte de l'annonce, les porte-paroles s'entendent sur l'importance de rencontrer le traducteur et ses collaborateurs dans sa résidence, de sorte qu'ils reçoivent tous la même information en même temps et ont la possibilité d'avoir des réponses à leurs questions. Des représentants des acteurs sont d'avis qu'un discours cohérent entre toutes les catégories socio-professionnelles aide à maintenir une relation de confiance satisfaisante.

    Certains types d'acteurs affirment que leur expérience professionnelle et la connaissance du secteur de la pêche ont contribué à faciliter leur compréhension du déroulement de l'annonce des mesures envisagées pour construire une relation de confiance durable.

    Les acteurs politiques trouvent plus facile d'annoncer ces mesures qui viennent d'eux et, par conséquent visant à éviter les nombreux conflits.

    La communication permet aussi, l'identification et la formulation des programmes de développement, de dialoguer avec tous les acteurs afin de faire connaître et de prendre en charge ses problèmes et son avenir. Elle permet aussi l'épanouissement et la participation de façon active de tous les acteurs permettant une meilleure qualité de travail par le renforcement du sentiment de fierté et d'appartenance au groupe.

    Elle constitue le principal facteur facilitant les relations entre les professionnels et pouvoirs publics. Les professionnels désirent une mesure claire, franche, honnête et suffisante pour éradiquer le gaspillage des ressources halieutiques. Ils souhaitent que les acteurs politiques prennent le temps de leur expliquer le problème du gaspillage, du pillage des ressources et de préciser la démarche à entreprendre. Les attitudes occupent une place importante dans leur degré de satisfaction. Les acteurs professionnels s'entendent à une attitude d'écoute, d'ouverture et de disponibilité de la part des pouvoirs publics. Ils veulent être compris, soutenus, reconnus dans leurs compétences. Les acteurs publics conviennent qu'un climat positif et de confiance avec les professionnels s'impose pour annoncer la déficience. Ils s'attendent à de la confiance et à de la collaboration de la part des professionnels, à une attitude réaliste face à l'avenir de leur activité de pêche, à une attitude non défensive et à une adaptation à la situation. Les acteurs publics soulignent aussi l'importance d'être disponible pour confirmer aux acteurs professionnels qu'ils ont bien compris la situation et le problème de la pêche. Enfin, ils sont conscients qu'il faut répéter plusieurs fois la même information au moment de l'annonce, car les professionnels de la pêche sont dans l'incertitude de leur avenir.

    Les pouvoirs publics s'attendent à ce que les professionnels soient ouverts et réceptifs à ce qu'ils ont à dire et qu'ils soient sensibles à leur intervention.

    Quant aux scientifiques, ils désirent que des moyens financiers et matériels suffisants leur soient accordés pour la poursuite de leurs actions de recherche. Ils veulent que les professionnels respectent les mesures mises en place pour le renouvellement des stocks de poissons.

    Les investigations ont montré que l'administration publique des pêches et les autorités politiques sénégalaises doivent impliquer tous les chefs religieux et traditionnels dans les négociations et discussions. De même, les avis de l'ensemble des acteurs impliqués dans les interactions liés au changement et au développement doivent être pris en compte. Les problèmes de la pêche dans tous les pays du monde sont similaires: la surpêche, la pêche illégale et non réglementée, baisse des stocks de poissons.

    Il est très important avant d'exécuter une quelconque décision ou de mettre en place des programmes de développement en matière de pêche maritime au Sénégal, de prendre en compte l'avis de tous les acteurs impliqués dans le changement et au développement sans ignorer aussi les chefs religieux qui jouent un rôle régulateur important dans la société. Ces personnes ont très souvent pesé de leur poids pour faire pencher la balance du côté de la personnalité qui s'est montrée la plus apte et la plus déterminée à défendre leurs privilèges et leurs intérêts. A partir de ce moment, elles sont associées à la propagande électorale. Tous les hommes politiques et même le Président de la République négocient avec les chefs religieux pour bénéficier du suffrage électoral de leurs fidèles.

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    PARTIE II: L?ETAT ET LA PECHE

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    La gestion des ressources halieutiques est une prérogative de l'Etat qui définit à cet effet, une politique visant à protéger, à conserver et à prévoir leur exploitation durable de manière à préserver l'écosystème marin.

    Le secteur de la pêche est en crise depuis 1990 au Sénégal en raison de la surpêche, une surexploitation par les pêcheurs artisans, les pêcheurs industriels mais surtout la présence très inquiétante de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.

    Les autorités sénégalaises considèrent le secteur de la pêche comme une rampe de lancement de l'économie et qu'il occupe une place prépondérante dans la politique de redressement économique. De ce point de vue, la pêche artisanale elle-même est considérée comme un élément essentiel de ce redressement, conjuguant la dimension alimentaire (pour les populations locales) et la dimension financière (apport financier dans les caisses de l'Etat). C'est là un thème relativement nouveau dans l'histoire de l'intervention extérieure ou étatique sur le secteur.

    Chapitre I: Une organisation étatique spécifique et une administration sous contraintes 1- Structure et organisation administrative de la pêche maritime sénégalaise

    Le secteur des pêches est géré par le Ministère de la pêche et des affaires maritimes. Le texte de loi qui l'organise est la loi n° 98-32 du 14 avril 1998 portant code de la pêche maritime et le décret 98-498 qui fixe les modalités d'application. Cette loi qui régie toute activité de pêche maritime dans les eaux sénégalaises, complétée par d'autres dispositions réglementaires (arrêtés, circulaires, etc.).

    Le secteur des pêches est sous-divisé en six directions techniques : la Direction des Pêches Maritimes (DPM), la Direction des Industries de Transformation de la Pêche (DITP), la Direction de la Protection et de la Surveillance des Pêches (DPSP), la Direction de la Pêche Continentale (DPC), la Direction de la Marine Marchande (DMM), la Direction de la Gestion et de l'Exploitation des Fonds Marins (DGEFM).

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    Il existe des structures décentralisées et déconcentrées à travers les services régionaux et départementaux des pêches et de la surveillance dans toutes les régions administratives du pays. Cependant, la pêche artisanale est directement administrée par la Direction des Pêches Maritimes.

    Une des grandes missions de la Direction des pêches maritimes est la mise en oeuvre de la politique de la pêche maritime aussi bien industrielle qu'artisanale ainsi que les différentes activités qui s'y rattachent notamment, la transformation et la commercialisation des produits.

    A ce titre, elle est chargée: de l'élaboration et la mise en oeuvre des plans d'aménagement des pêcheries maritimes, en relation avec les structures publiques et les organisations professionnelles privées concernées ; d'assurer la gestion des pêcheries maritimes exploitées conformément au plan d'aménagement ; de promouvoir la coopération en matière de pêche ; de veiller à l'élaboration à l'application de la réglementation relative à l'exercice de la pêche maritime ; d'instruire les dossiers de demande d'autorisation de pêche ; de veiller à l'élaboration et à l'exécution des projets et programmes de développement des pêches maritimes ; d'assurer la collecte, le traitement, la publication des statistiques de pêche ; de contrôler la salubrité et la qualité des produits de la pêche artisanale ; d'assister les organisations professionnelles du secteur ; de veiller au perfectionnement des professionnels de la pêche artisanale maritime ; d'assurer l'expérimentation, la vulgarisation des équipements, des techniques et des résultats de la recherche dans le domaine de la pêche maritime.

    En effet, l'exploitation des ressources halieutiques dans les eaux sénégalaises est le fait de pêcheries artisanales (maritime et continentale), semi-industrielles et industrielles. La principale caractéristique du système d'exploitation est la prédominance, en termes de débarquement, du sous-secteur artisanal qui est à l'origine des deux tiers des mises à terre.

    La pêche artisanale est pratiquée par plusieurs communautés de pêcheurs utilisant plus d'une vingtaine de techniques de pêche suivant des stratégies qui varient selon les saisons en fonction des facteurs biologiques et socio-économiques.

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    En fait la pirogue de mer est une embarcation composée d'un corps pris dans un tronc d'arbre en bois léger, prolongé à chaque extrémité par un éperon pouvant atteindre le cinquième du corps ; le corps est surmonté par des bordés en planches de sapin, les éperons servent de brise-lames en mer et, à terre, ils servent de balanciers pour le hissage des pirogues à terre.

    Les contraintes

    Au plan institutionnel, un des faits marquants est l'absence de relation de confiance entre l'administration et les professionnels de la pêche. Cette situation a des incidences négatives sur le comportement des acteurs, en termes d'application de la réglementation et des difficultés à les mobiliser pour gérer durablement la pêche. Un changement radical dans les relations entre tous les acteurs, pour restaurer la confiance et l'Etat de droit s'impose.

    Par ailleurs, la faiblesse des relations de confiance entre l'administration des pêches et les autres administrations, alors que de nombreux problèmes relèvent de la compétence de ces administrations reste très contraignante.

    Mais aussi des difficultés énormes existent dans l'administration des pêches maritimes pour mener à bien sa mission de gestionnaire des eaux territoriales sénégalaises. Le manque crucial de moyens de fonctionnement, la vétusté du parc automobile et l'absence de personnel sont les principaux motifs de dysfonctionnement pour la conduite d'une bonne politique de gouvernance rationnelle des ressources marines. Au niveau de la surveillance, la faiblesse des crédits alloués ne permet pas aux navires de contrôle et l'avion de surveillance de faire des sorties régulières en mer. Et, ces appareils le plus souvent restent cloués au sol ou à leur port d'attache pour diverses raisons : soit sont en panne faute de moyens pour la réparation ou soit, par manque de carburant car la dotation mensuelle en carburant est insuffisante.

    On note également la guerre entre fonctionnaires pour l'occupation d'un poste juteux empêchant ainsi une collaboration sincère entre les agents, ce qui entraine un blocage dans les différents services, allant jusqu'à la rétention d'informations. Les nominations aux

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    différents postes se font souvent par des critères académiques et des expériences professionnelles. Parfois ces nominations répondent à des critères d'amitié, de politique (sont dans le même parti) ou de cooptation. Ce qui entraîne des frustrations au sommet de l'administration. A ce niveau aussi beaucoup de choses sont à faire pour motiver les fonctionnaires en leur octroyant des moyens matériel et humain qui leur permettent de mettre en place les conditions d'un véritable changement des comportements conduisant à protéger et à gérer durablement les ressources halieutiques.

    2- Les organisations professionnelles impliquées dans la pêche maritime 2-1- Dans la pêche artisanale

    Les professionnels de la pêche sont regroupés en plusieurs catégories socioprofessionnelles que sont les pêcheurs, les mareyeurs, les micro-mareyeurs, les transformatrices, les haleurs, les usiniers et les importateurs. Cependant dans la pêche artisanale maritime, ces professionnels ont créé avec l'aide de l'administration publique, plusieurs organisations39 dont il convient d'étudier le fonctionnement et les aptitudes en tant qu'institutions partenaires de la puissance publique et fortement impliquées dans les actions de développement durable de la pêche.

    Ils se sont réunis dans des groupements dont les plus représentatifs sont la Fédération Nationale des Groupements d'Intérêt Economique de Pêcheurs (FENAGIE-PECHE), la Fédération Nationale des Groupements d'Intérêt Economique de Mareyeurs (FENAMS), l'Union Nationale des Groupements d'Intérêt Economique de Mareyeurs (UNAGIEMS) et le Collectif National des Pêcheurs artisanaux du Sénégal (CNPS), la Fédération Nationale des Femmes Transformatrices (FENATRAMS). Ces structures sont décentralisées au niveau des

    39 Selon Crozier, la sociologie des organisations peut se définir comme une branche de la sociologie qui étudie comment les acteurs construisent et coordonnent des activités avec leur environnement, et qui applique les méthodes sociologiques à l'étude de ces entités. Elle est l'insertion de plusieurs disciplines, dont l'économie des organisations, le management et la théorie des organisations.

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    régions, départements et localités maritimes. Diverses associations ou GIE cohabitent aves ses organisations.

    Une organisation professionnelle est un regroupement de personnes exerçant une activité déterminée. Au Sénégal, il n'y a pas une définition spécifique de l'organisation professionnelle. A la différence des architectes, experts comptables, médecins, avocats, etc., dont l'organisation et l'exercice de la profession sont définis par des textes de loi et des décrets d'application spécifiques. Les organisations professionnelles de la filière pêche au Sénégal sont régies par leurs propres statuts et règlement intérieur élaborés par leurs membres. Ce sont des associations ou des Groupements d'Intérêts Economiques (G.I.E). L'accès à la profession est libre. Nous rappelons que la fédération est une organisation nationale des travailleurs de la pêche. L'union locale est une organisation de base qui est constituée par un ensemble de GIE qui décident de se regrouper, de cotiser enfin d'atteindre des objectifs communs et d'être plus dynamiques afin de développer leur localité. Ces regroupements ne sont pas des syndicats mais ont des rôles similaires.

    Il est possible de noter un nombre important de pêcheurs en dehors du mouvement associatif. Ces organisations oeuvrent principalement à la défense des intérêts de leurs membres. Cependant, elles devraient jouer un rôle de plus en plus important dans l'aménagement des pêches. Elles sont regroupées au sein du Conseil National Interprofessionnel de la Pêche Artisanale au Sénégal (CONIPAS).

    Par ailleurs, les pêcheurs sont les plus grands intervenants de la pêche artisanale maritime sénégalaise car ce sont eux qui assurent la production. Aussi de par leur nombre, ils sont très importants et l'effectif varie d'une région à une autre. Ensuite, viennent les mareyeurs qui participent au financement de la pêche artisanale, à l'achat des produits à la plage, au conditionnement des poissons et leur transport vers les usines et les marchés de l'intérieur. L'activité de mareyage est dominée par les hommes et le micro-mareyage par les femmes qui assurent la distribution et la vente des poissons dans les marchés. Après les mareyeurs, un autre groupe que sont les usiniers, assure l'exportation des poissons vers les pays de l'étranger, comme la France, l'Italie et le Japon.

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    2-2- Dans la pêche industrielle

    Deux principaux regroupements sont notés : il s'agit du Groupement des Armateurs et Industriels de la Pêche Maritime au Sénégal (GAIPES) et l'Union Patronale des Mareyeurs Exportateurs du Sénégal (UPAMES).

    3- Les institutions de coopération internationale

    Dans le cadre de la gestion durable des pêcheries, le Sénégal est ouvert à la coopération internationale, pour l'exploitation de ses ressources halieutiques. Les accords passés avec ses différents partenaires sont orientés pour l'essentiel vers la capture, l'évaluation des stocks et l'appui institutionnel au développement de la pêche pour une gestion durable de ses ressources marines. Les institutions internationales dont le Sénégal est membre sont :

    3-1- la Commission Sous Régionale des Pêches (CSRP) qui est un organisme intergouvernemental créé le 29 mars 1985 par voie de convention. Elle regroupe sept Etats membres que sont le Cap Vert, la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau, la Mauritanie, le Sénégal et la Sierra Leone. Le Sénégal abrite le siège de la CSRP. Cette commission joue un rôle important dans la gestion des pêches et de l'environnement marin dans les eaux ouest africaines, le contrôle, le suivi et la surveillance des pêches.

    3-2- la Conférence Ministérielle sur la Coopération Halieutique entre les Etats Africains riverains de l'Atlantique (COMHAFAT). C'est une organisation intergouvernementale créée en 1989 qui regroupe 22 pays allant du Maroc à la Namibie. Le siège de l'organisation est basé à Rabat, au Maroc. Elle vise le renforcement de la solidarité à l'égard des Etats Africains sans littoral et des Etats de la région géographiquement désavantagés par le renforcement de la formation professionnelle, le développement de la recherche halieutique et des sciences de la mer et la mise en oeuvre des lois réglementant la pêche responsable.

    3-3- la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l'Atlantique (ICCAT). C'est une organisation intergouvernementale chargée de la gestion et de la conservation des espèces de thon et des thonidés dans l'océan atlantique et des

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    mers adjacentes. Elle a été créée en 1969, à une conférence à Rio de Janeiro, au Brésil. Ses principales missions sont : la collecte de toutes les données statistiques provenant des pays membres et de toute autre entité pêchant ces espèces dans la zone couverte par l'organisation, coordonner la recherche, notamment pour l'évaluation des stocks de thons, disposer des conseils de gestion élaborés sur la base d'analyses statistiques, formuler des avis pour la gestion et les promouvoir auprès de ses membres et produire des publications scientifiques.

    3-4- L'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO). Elle est créée en 1945 à Québec et son siège se trouve à Rome. Son objectif est « Aider à construire un monde libéré de la faim ».

    Chapitre II : Les tentatives de changement et les confrontations aves les pêcheurs

    1- Les pratiques actuelles des pêcheurs 1-1- L'utilisation des filets mono-filaments

    A la fin des années quatre-vingt, l'utilisation des filets fabriqués avec des alèzes en mono-filaments a été introduite dans les pêcheries par le biais d'armements ou de projets de développement. A partir des années quatre-vingt-dix, le mono-filament a progressivement remplacé les filets en nylon (polyamide en fils câblés), car son efficacité et sa facilité d'utilisation, démontrées dans d'autres pays, allaient rapidement convaincre les pêcheurs artisans sénégalais40.

    Ce filet a eu un succès très rapide et le développement anarchique de son utilisation lui a valu beaucoup de critiques : surexploitation de certaines espèces, longueur des filets mis à l'eau très importantes, non biodégradables, pêche fantôme par des filets perdus en mer, pollution des sites de débarquement etc. Suite à ces méfaits constatés et aux multiples analyses d'experts qui ont tiré la sonnette d'alarme sur la menace que constituent les filets

    40 Voir photographie 7 des annexes.

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    mono-filaments, les autorités publiques ont décidé d'interdire son utilisation pour une meilleure protection des ressources halieutiques.

    Mais cette décision a déplu à un bon nombre d'acteurs de la pêche. Certains récalcitrants ont même menacé d'aller en grève si cette mesure devenait effective. Pourtant, ces pêcheurs devraient être les premiers à accepter cette politique de protection des ressources halieutiques nationales. Le plus dangereux des filets est le mono-filament en nylon qui n'est pas biodégradable. Ainsi à la dérive lors qu'il est perdu, il va y rester et continuer à pêcher pendant longtemps.

    Aussi tous ces filets, une fois dans l'eau lors qu'ils se désagrègent, libèrent des matières toxiques dans l'écosystème. Les filets prennent six cents ans pour une désagrégation complète. Les filets à la dérive pêchent le poisson qui meurt une fois piégée, pourrit et attire d'autres prédateurs qui seront également piégés.

    La mesure d'interdiction des filets mono-filaments a amené les pêcheurs artisanaux, mareyeurs, charpentiers, transformatrices et vendeurs détaillants de poisson à se réunir pour décrier la mesure des autorités étatiques qui interdit systématiquement l'utilisation des filets dormants ou mono-filaments.

    Ils ont tous décidé de se dresser vigoureusement contre cette mesure pour empêcher son application. Selon eux, ces mono-filaments n'ont causé aucun dégât et ne peuvent nullement détruire ni les poissons ni la mer. Les autorités administratives de la pêche entendent arracher de force les filets mono-filaments. Cette loi s'appliquera à tous les pêcheurs, disent les fonctionnaires de la pêche.

    Pour éviter le pire, les pêcheurs invitent les autorités étatiques à la table des négociations pour une issue heureuse, disent les pêcheurs, qui soupçonnent l'administration de vouloir signer des accords de pêche avec les russes, qu'ils accusent d'avoir pillé toutes les eaux poissonneuses du Sénégal.

    Toutes ces réactions laissent supposer que ces mesures ont peu de chances de connaitre les résultats escomptés car on ne change pas pour changer. Ils posent la question à savoir

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    comment l'administration des pêches peut imposer des changements à des professionnels qui se retrouveront inévitablement au chômage ou à une baisse incontestable de leur revenu. Cette réticence au changement peut être étayée par Danièle Linhart dans son article « Qu'il s'agisse de technique, d'organisation du travail, d'éducation ou de bien d'autres domaines, l'innovation est un processus permanent, au coeur de la dynamique des sociétés modernes. Comprendre et maîtriser ses mécanismes sont désormais des enjeux majeurs. Or ceux-ci sont beaucoup plus complexes qu'on le pense41 ». C'est pourquoi, cette interdiction a connu des incidents entre les différents acteurs comme ceux, décrits ci-dessous.

    1-2- Des incidents nés de l'utilisation des filets mono-filaments

    L'interdiction d'utiliser des filets mono-filaments, a déclenché une véritable bataille entre les gendarmes de la brigade de l'environnement, le personnel de la Direction de la protection et de la surveillance des pêches et des pêcheurs de Thiaroye sur mer, le jeudi 29 mai 2014. Ce qui a occasionné la destruction de biens matériels et des blessés de part et d'autres.

    En effet, Thiaroye sur mer est sortie de sa quiétude ce 29 mai 2014, en ayant vécu une chaude journée, suite à des affrontements ayant opposé un groupe de pêcheurs à des forces de l'ordre. Le bilan des échauffourées est lourd : un bus de transport national et un autre appartenant à des privés ont été incendiés, même la mairie de la commune d'arrondissement n'a pas été épargnée.

    Prise d'assaut par les insurgés, la mairie est saccagée par les pêcheurs, protestant contre l'interdiction qui leur est faite par les gardes côtes d'utiliser les filets mono-filaments qui ont arrêté et blessé un des leurs. Les bureaux de la mairie ont été mis en sac, entièrement vandalisés.

    41 Danièle Linhart, 2002, Les logiques de l'innovation, Editeur la Découverte, 288 pages.

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    Atteignant plusieurs mètres, la fumée des flammes était encore visible sur les lieux de la manifestation alors que de grosses pierres jonchaient la route nationale 1. La circulation était bloquée dans les deux sens, obligea les véhicules à faire de grands détours dans la commune de Guinaw-rail.

    Ces pêcheurs ont déversé leur courroux sur la route nationale à cause de l'agression de l'un d'eux, qui aurait été battu, torturé par les gardes-côtes, au large de Gorée. Selon un pêcheur qui a secouru le blessé, ce sont les gardes- côtes qui l'ont battu jusqu'à l'évanouissement, et ont tiré à balles réelles sur le moteur de notre embarcation. « Nous étions partis secourir notre frère, heureusement, les balles ont juste bousillé le moteur hors-bord de l'embarcation. On l'a récupéré et l'on a amené à l'hôpital de Pikine, le plus proche. Il avait été même menotté42 ».

    Interpellé sur l'interdiction des filets mono-filaments pour leur activité de pêche, il répond : « nous ne laisserons jamais cet outil de travail qui nous permet de vivre, même s'il est interdit ». Et d'ajouter : « dans d'autres localités, on utilise les mêmes filets. Pourquoi l'acharnement sur les pêcheurs de Thiaroye » ?

    Les gendarmes alertés ont répliqué pour disperser les manifestants à coup de grenades lacrymogènes afin de rétablir l'ordre, et de permettre la reprise normale de la circulation. Pendant ce temps, au quartier « Ndiobène » de Thiaroye sur mer, l'adrénaline va monter d'un cran. Décidés d'en découdre, une vingtaine de pirogues remplies de pêcheurs vont à l'assaut des gardes côtes. Ils reviennent avec une vedette de l'administration qu'ils ont incendiée sur la plage en guise de représailles devant leurs femmes et leurs enfants qui les haranguaient par des cris de victoire. Pendant ce temps, Thiaroye sur mer donne l'impression d'avoir basculé dans un état d'urgence. Les forces de l'ordre quadrillent la zone pour veiller au grain.

    D'après mes investigations, ces pêcheurs ne sont pas prêts pour le changement de leur comportement car, refusant d'abandonner l'usage des filets mono-filaments. Ces filets ravageurs et destructeurs ne seront pas abandonnés par les pêcheurs de cette localité qui disent

    42 Source : Sud Quotidien, 31 mai 2014

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    même si ces filets sont interdits par l'administration, ils continueront toujours à les utiliser, au prix même de leur vie.

    En plus de l'interdiction de ce filet mono-filament, on doit veiller scrupuleusement au respect des règles relatives à la dimension des maillages des filets (tous types de filets). L'utilisation d'explosifs ou de substances toxiques à des fins de pêche ou leur transport à bord des embarcations de pêche artisanale sans autorisation font partie des interdits.

    Un entretien réalisé le 15/01/ 2014 avec un groupe de pêcheurs pour mieux comprendre, cette situation d'agressivité, il en est sorti comme explications par le fait qu'il n'y a pas de relation de confiance entre l'administration et les professionnels de la pêche. Ces professionnels disent que l'administration ne respecte pas ses promesses et l'accusent de signer des accords secrets avec les navires étrangers qui utilisent toute sorte d'engins de pêche destructeurs. « Pourquoi cette administration s'en prend uniquement à nous, déclarent un groupe de pêcheurs? Ces étrangers pêchent n'importe comment et ont ravagé toutes nos ressources. Actuellement cet Etat veut nous empêcher de vivre, nous et nos familles, pourquoi ? Et au prix de notre vie, nous sommes prêts à tout.»

    De l'autre côté, au niveau de l'administration, on dit que ces pêcheurs sont têtus, ils sont toujours contre des décisions administratives, si celles-ci ne les arrangent pas. Ils s'en foutent de la réglementation, ils font ce qu'ils veulent et c'est pourquoi, il faut appliquer sans faiblesse la réglementation et leur montrer que l'Etat est puissant. De même, ils ne maîtrisent pas bien les dommages que peuvent causer ces engins de pêche. « On leur explique tout, mais ils ne veulent pas comprendre et s'accrochent toujours à leurs pratiques, déclare un fonctionnaire». Ne serait-il pas intéressant d'impliquer dans le règlement des conflits, d'autres régulateurs de la société comme les chefs religieux ou les « khalifes généraux des confréries » ?, déclare un fonctionnaire dans un entretien43.

    1-3- La sécurité en mer

    43 Entretien réalisé avec un fonctionnaire, le 18/01/2015

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    La mer est devenue avec 718 km de côte un véritable cimetière pour les pêcheurs. Durant le premier semestre 2013, trente cas d'accidents en mer se sont soldés par cinquante neuf pêcheurs décédés ou portés disparus, et environ 80 000 000 de francs CFA (121 959 euros) de dégâts matériels ont été notés44.

    Aussi en 2014, 37 cas d'accidents ont fait 89 pêcheurs morts ou disparus avec des dégâts de matériels estimés à 30 millions de Francs CFA (45 735 euros)45.

    1-4- Le rôle de l'administration publique des pêches

    Le rôle de l'administration publique pour ce qui concerne la sécurité en mer des pêcheurs est : l'organisation de campagne de sensibilisation sur la sécurité de la pêche maritime ; la formation des pêcheurs à travers les classes de sensibilisation des données météorologiques, les normes de sécurité en mer et les techniques de navigation ; d'appeler les pêcheurs au respect de port du gilet de sauvetage en mer car, depuis plus d'une décennie l'Etat du Sénégal a subventionné les gilets de sauvetage qui sont cédés aux pêcheurs artisans à moindre coût ; l'élaboration d'un plan de réduction des pertes en vies humaines et matérielles au niveau de la pêche artisanale et de mettre en place un système de géo- localisation des embarcations ; le respect strict des règles de sécurité en mer, la coopération dans la gestion des conflits entre les pêcheurs se soldant toujours par des blessures graves et des pertes de matériels (confiscation de matériel par l'une des parties en conflits).

    Un conflit peut naître dans ce secteur à tout moment entre plusieurs pêcheurs ayant comme objet commun la mer qu'ils exploitent tous. Ce sont des conflits qui arrivent souvent entre des pêcheurs issus de zones différentes et c'est souvent dans l'utilisation des méthodes de pêche qui empoisonnent les relations, car dans certaines zones de pêche, les résidents de ces lieux interdisent par exemple les filets maillants dormants et ceux qui sont venus

    44 Source : Le populaire, publication du 23/08/2013.

    45 Source : Propos Ministre de la pêche et des affaires maritimes, Sénégal Blackrainbow du 24/12/2014

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    pêcher disent que la mer est un patrimoine national, donc ils ont droit de pêcher n'importe où dans les eaux sous juridiction sénégalaise.

    Pour le règlement de ces conflits, on se réfère souvent aux adultes qui ont une attitude susceptible de freiner l'utilisation de la violence dans la résolution des conflits. Dans cette optique, l'Etat doit développer des compétences nécessaires, utiliser la médiation comme processus de gestion des conflits.

    En citant Véronique Guérin, les deux compétences suivantes sont essentielles dans la gestion des conflits : d'une part, la capacité à anticiper sur les conséquences, d'autre part, la capacité à imaginer des alternatives à l'agression ou la soumission.

    Les pêcheurs artisanaux ne maîtrisent pas la réglementation en matière d'exploitation maritime. La plupart du temps, ils ne se signalent pas leurs engins à l'eau, les embarcations ne sont pas dotés de signaux lumineux et le matériel de sécurité est inexistant à bord, leur proximité avec les chalutiers dans une pêcherie donnée entraîne des collisions se soldant généralement par des pertes en vies humaines ou des dégâts matériels importants.

    Pendant l'hivernage, les pêcheurs se perdent en mer et l'Etat est obligé de dégager des moyens importants pour effectuer des recherches qui, hélas, se terminent souvent par des constats de décès ou de disparitions.

    Pourtant l'administration organise des séances de formation en direction des pêcheurs sur les thèmes suivants : le gilet de sauvetage (port et utilité) et les principaux types d'accidents en mer dans la pêche artisanale maritime sénégalaise (causes et remèdes), les cas des destructions des filets par accidents en mer (précautions et mesures à prendre), la sécurité d'une embarcation avec le minimum de matériel.

    Chapitre III : La corruption et les pratiques frauduleuses

    Les ressources halieutiques du Sénégal sont dans une situation de corruption endémique depuis 1992. Ce pendant, avec l'avènement du nouveau régime, le 25 mars 2012, des actes

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    forts ont été posés, allant dans le sens de lutter efficacement contre ce phénomène qui continue de gangréner l'économie du pays et de dégrader les ressources marines.

    1- La corruption

    Au cours de mes recherches sur la gestion durable des ressources halieutiques au Sénégal, j'ai été frappé par le pillage «organisé» des ressources halieutiques par les hauts dignitaires des différents gouvernements qui se sont succédés depuis 1992. C'est pourquoi, je ne peux pas terminer cette recherche sans pourtant parler de ce problème. Bien que les nouvelles autorités ne sont pas encore impliquées à ce problème, la vigilance doit rester la priorité.

    1-1- Sous le régime du Président Abdou DIOUF

    En 1992, un haut dignitaire du régime du Président Abdou DIOUF a été accusé de détournement de deniers publics dans l'affaire dite «licences de pêche de 1992». Ce sont des licences qui ont été accordées à des navires russes de manière frauduleuse.

    Lorsque l'affaire a été découverte, le président Abdoulaye WADE, successeur de Abdou DIOUF a demandé que cette affaire soit tirée au clair et les personnes impliquées traduites devant la justice.

    La personne mise en cause dans cette affaire s'est justifiée en disant que ces licences ont été accordées aux navires russes pour permettre à l'Etat du Sénégal de disposer d'argent pour faire face à l'organisation de la Coupe d'Afrique des Nations de foot-ball en 1992 au Sénégal. Il a laissé entendre qu'il n'y avait pas de détournement de deniers publics et soutient que toutes les transactions financières ont été faites avec l'accord de l'Etat du Sénégal et en toute transparence.

    Cette personne a déclaré: "Je constate qu'à l'approche de chaque élection, on revient sur ce dossier. En son temps, j'ai donné toutes les explications nécessaires. L'argent a été versé dans les fonds politiques sur demande de l'Etat et du Président Abdou Diouf. Je me demande comment on peut remettre en cause une décision de l'Etat. Je suis un légaliste, je ne fais jamais des choses contraires à la législation administrative. La gestion des fonds politiques est

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    discrétionnaire. Par conséquent tout ce raffut est de l'intimidation. Je ne suis pas quelqu'un qu'on intimide. Je dirai ce que je pense dans le respect mais en toute indépendance"46.

    Les acteurs de la pêche ont toujours décrié le bradage des ressources halieutiques par les navires russes avec l'autorisation des politiciens de 1992 à 1999. Ces bateaux ont pêché sous le fameux cadre appelé l'époque des «accords secrets».

    C'est sous ce rapport que les professionnels de la pêche sont toujours en situations conflictuelles avec les différents gouvernements en place car, ils disent que les politiques ont vendu toute la mer pour préparer leurs campagnes électorales ou détourné l'argent issu des licences de pêche à d'autres fins.

    Ainsi le régime du Président WADE qui avait promis de mettre fin à ce bradage des ressources et de traquer les malfaiteurs, lui aussi a pris la même voie que ses prédécesseurs et que les personnes impliquées sous la présidence DIOUF, vaguent toujours à leurs activités.

    1-2- Sous le régime du Président Abdoulaye WADE

    Ce pillage des ressources halieutiques s'est accentué de 2010 à 2012 avec le régime du Président Abdoulaye WADE. Un fonctionnaire sous l'anonymat a accepté de me livrer quelques confidences: «de hauts dirigeants du régime du président WADE ont délivré illicitement «des autorisations illicites» de pêche concédées à des bateaux étrangers47. Ce sandale a débuté en 2010 pour l'exploitation des sardinelles. Une série d'arrêtés ministériels illégaux pris par ces dignitaires, auraient permis à des chalutiers industriels étrangers de pêcher dans la ZEE du Sénégal. Ainsi, 29 des 44 chalutiers qui ont reçu une autorisation entre octobre et novembre 2011, ont effectivement exercé une activité de pêche dans la ZEE du Sénégal entre décembre 2011 et avril 2012. Il est important de noter, ces autorisations qui ne

    46 Source : Seneweb du 10 juillet 2006, l'affaire des licences de pêche de 1992 : « l'argent a été versé dans les fonds politiques sur décision de l'Etat ».

    47 Entretien réalisé avec un fonctionnaire P, le 23/1/2015, à son domicile à Dakar.

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    reposent sur aucune base légale sont des actes de mal gouvernance, de corruption et de concussion.

    Pour accéder aux ressources halieutiques du Sénégal, les armateurs devaient s'acquitter de 35 dollars (27 euros) par tonne pêchée auprès des caisses du trésor de l'Etat. Cet accord est considéré à un bradage des ressources halieutiques.

    Mes autres investigations ont révélé que deux armateurs russes ont indiqué avoir payé 120 dollars (93 euros) par tonne, soit 85 dollars de plus que le tarif fixé par le trésor public sénégalais, ce qui laisse supposer d'énormes montants de droits de pêche non déclarés et non perçus par le trésor public. Cette différence estimée à plusieurs millions de dollars est allée dans la poche de ces hauts dignitaires de l'Etat sous la présidence WADE. En plus du problème du prix, il est difficile de savoir avec exactitude la quantité de poisson réellement capturée par ces bateaux.

    Après le départ du Président WADE, son successeur, le Président Macky SALL, conformément à l'une de ses promesses électorales, a annulé ces autorisations de pêche controversées, le 30 avril 2012. Le nouveau gouvernement est lui aussi, attendu pour faire la lumière sur ce dossier et poursuivre les personnes impliquées dans le pillage organisé des ressources halieutiques du Sénégal et de publier la liste des sociétés impliquées. A présent ce dossier ne semble pas avancer, car le principal instigateur est libre de tous ses mouvements. Selon un pêcheur rencontré: «Le peuple sénégalais accepte mal que ce dossier soit mis aussi dans les tiroirs, car les WADE ont commis toute sorte de crimes et de bassesses sur le dos des pauvres sénégalais»48.

    De nombreux fonctionnaires rencontrés au cours des investigations m'ont affirmé à voix basse, leur volonté de vouloir que cette affaire soit élucidée. L'un d'entre eux, souhaite le débusquage de tous les complices de l'intérieur et de l'étranger de cet ignoble pillage des

    48 Entretien avec un mareyeur-exportateur, le 20/1/2015, Port Autonome Dakar, Dakar

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    ressources halieutiques et de détournement d'une bonne partie de l'argent que le trésor public devait effectivement encaisser.

    Au Sénégal, la pratique de l'impunité est la règle comme le souligne dans ses travaux Giorgio Blundo: «Des interlocuteurs divers, tant du côté des fonctionnaires que du côté des usagers, décrient le contexte d'impunité généralisée des malversations et autres pratiques illicites au sein de l'administration. Aux allégations et accusations contenues dans la presse ou propagées par la rumeur font rarement suite aux enquêtes approfondies, encore moins des sanctions»49.

    Ces bateaux étrangers ciblant les pélagiques, sillonnent les côtes ouest-africaines et particulièrement du Sénégal, depuis mars 2010 jusqu'en mars 2012 avec les scandales des autorisations clandestines dans un premier temps puis, légalisées au plus haut niveau par le Président Adoulaye WADE.

    Beaucoup d'acteurs de la pêche et l'opinion sénégalaise assimilent cette situation à un bradage systématique des ressources marines et un enrichissement illicite de beaucoup de personnes tapies dans les rouages de l'administration publique des pêches maritimes et des sphères privées. De nombreux actes frauduleux sont constatés le plus souvent avec la complicité de certains fonctionnaires. Certains observateurs sénégalais montés à bord des navires étrangers pour le contrôle des activités de ces navires, ferment leurs yeux, moyennant une rémunération de l'armateur. Ces observateurs qui sont sous-payés, procèdent à des arrangements avec les armateurs qui leur rétribuent des salaires plus substantiels pour qu'ils ne dénoncent pas leurs activités nébuleuses de pêche.

    2- Les pratiques frauduleuses

    Souvent des filets non réglementaires et des pêches en zones interdites font parties des différentes infractions notées sur les côtes maritimes sénégalaises.

    49 Blundo Giorgio, « Une administration à deux vitesses Projets de développement et construction de l'Etat au Sahel », Cahiers d'études africaines, 2011/2 N°202- 203, p.427-452

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    Selon les termes d'un fonctionnaire de l'administration des pêches maritimes: « Il est fréquent qu'un bateau prenne une licence de pêche pour des petits poissons qui ne coûte pas cher, et qu'il pêche des espèces telles que le thon ou l'espadon, pour lesquelles la redevance est beaucoup plus onéreuse50».

    En plus, les tailles minimales des mailles des filets ne sont pas non plus respectées: «Certains pêcheurs utilisent des filets de moins de deux millimètres, qu'ils mettent dans les filets légaux pour passer inaperçu, avec des mailles aussi fines, même le sable a du mal à passer, alors imaginez les poissons!» Ce sont des phénomènes qui touchent aussi bien les petits navires locaux que les grands bateaux étrangers. Il existe des bateaux qui viennent dans la zone de pêche exclusive sans autorisations. «Certains ont une licence de pêche en Gambie, un pays voisin du Sénégal, et viennent la nuit dans les eaux sénégalaises pour profiter illégalement de nos ressources halieutiques»51.

    D'autres bateaux de pêche ont une licence en Guinée Bissau et en Mauritanie, et profitent du trajet entre les deux eaux territoriales des deux pays pour pêcher dans les zones qui leur sont interdites, quasi-impunément au vue de la difficulté des contrôles. La fraude existe, et ce, malgré les mesures de surveillance et de nombreuses tentatives pour essayer d'endiguer ce phénomène qui menace à terme l'économie sénégalaise et les ressources halieutiques de la région.

    Des arrêtés pris par «K», ancien ministre de l'économie maritime du Sénégal de l'époque, donne toutefois une apparence de légalité à ces activités pourtant proscrites par la loi sénégalaise. Les documents en question, non publiés au journal officiel de le République du Sénégal, ont été pris sans consultation d'une commission nationale d'attribution des licences de pêche, ce qui fit souffler un vent de révolte parmi les acteurs nationaux. Une colère aggravée par la décision, en mars 2011, de Monsieur «K» d'attribuer avec le soutien du

    50 Entretien avec un fonctionnaire de l'administration publique des pêches, le 25/1/2015, à Mbour

    51 Entretien avec un fonctionnaire de l'administration publique des pêches, le 25/1/2015, à Mbour

    Président Abdoulaye WADE, 11 nouveaux protocoles d'autorisation, d'abord pour quelques 21 chalutiers étrangers, puis 44 en fin d'année 2011.

    Pendant longtemps, les acteurs professionnels sénégalais se plaignaient de la corruption et des pratiques frauduleuses qui gangrènent profondément le secteur de la pêche depuis plus de deux décennies.

    Il est de la responsabilité de l'Etat de mettre fin à la corruption et aux pratiques frauduleuses dans les eaux maritimes sénégalaises. Il y a manque de volonté manifeste de la part de l'Etat du Sénégal qui doit mettre tous les moyens dans la prise en charge des préoccupations des professionnels de la pêche. Selon les professionnels, ce manque de volonté se manifeste par le non-respect des engagements pris vis-à-vis d'eux, ne permettant pas une relation de confiance entre les acteurs. Pour la pérennisation des ressources marines, il est urgent de construire une relation de confiance entre les acteurs.

    De même, la Commission Sous Régionale des Pêches qui est la vitrine des bonnes pratiques de pêche de ses Etats membres, devrait lutter énergiquement contre les pratiques de pêche illégale.

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    PARTIE III : VERS UN DEVELOPPEMENT

    DURABLE DES PECHES AU SENEGAL

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    Le développement durable de la pêche passe par un changement des pratiques de pêche illégale. Aujourd'hui, ces pratiques ne laissent plus aucune chance au poisson de s'échapper avec le développement des technologies modernes (sondeurs multifaisceaux, GPS, imagerie satellitaire) qui permet de prospecter sur de grandes étendues et de disposer d'engins de captures de plus en plus performants pour pêcher à toutes les profondeurs et sur tous les types de fonds.

    C'est pourquoi, il est apparu important dans cette recherche, au Sénégal et dans le reste du monde, comment ne pas penser de la même manière pour que les conséquences de la dégradation des ressources halieutiques puissent aller jusqu'à conduire à des changements dans les pratiques des acteurs sur leurs méthodes d'exploitation des océans et de leur contenu ?

    Aussi, compte tenu de la rareté de la ressource halieutique, ne pourrait-on pas coopérer plus à l'échelle mondiale afin d'apporter des solutions innovantes et durables?

    Pour Collerette52, le changement organisationnel est « toute modification relativement durable dans un sous-système de l'organisation, pourvu que cette modification soit observable par ses membres ou les gens qui sont en relation avec ce système ».

    Chapitre I : L'accompagnement au changement

    De façon générale, le changement est défini par le fait de changer ou par le passage d'un état à un autre, et il est synonyme de modification et de transformation53.

    En effet, comme le définit Gérard-Dominique Carton54 le terme « changement » couvre à la fois des actions et leurs résultats et inclut des modifications concrètes ou abstraites portant sur des choses, des personnes ou des situations ».

    52 Collerette Pierre, G.D. (1997). « Le changement organisationnel : théorie et pratique. » Presse de l'université de Québec.

    53 Source : Dictionnaire Universel Francophone en Ligne.

    54 Gérard-Dominique Carton, Eloge du changement, Méthodes et outils pour réussir un changement individuel et professionnel, 2e édition, Pearson Education France, Paris, 2006, 253 pages.

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    La question du changement est effectivement, encore de nos jours, d'actualité :

    ? Elle nous interroge sur l'ensemble des questions morales, sociales, juridiques que soulèvent les progrès techniques et scientifiques de la biologie et de la science ;

    ? Elle oblige les entreprises à évoluer sous la pression de nouveaux enjeux : pression d'objets commerciaux et financiers sur le court terme ; évolution des métiers, des organisations et des modes de travail ; développement de nouvelles technologies ;

    ? Elle fait l'objet de cours spécialisés dans toutes les écoles de management, d'une production pléthorique d'ouvrages et fait le bonheur de cabinets conseils florissant chaque jour.

    Bien qu'il soit inhérent à la vie, il semble cependant être craint de beaucoup. Est-ce à dire que le changement serait souvent à considérer comme un problème ?

    Dans le champ de la sociologie des organisations, Crozier et Friedberg55 nous indiquent que « le problème du changement avait déjà été fixé par les théories marxistes d'une part, et libérales d'autre part, en tant qu'étape logique d'un développement inéluctable ou bien comme l'imposition d'un modèle organisationnel social meilleur car plus rationnel ou bien comme le résultat naturel d'une lutte entre les hommes». En fait, ils précisent plus loin : « c'est parce que le changement n'est pas naturel, mais avant tout, création, invention, découverte et construction humaine qu'il constitue en fait un problème56.

    Le changement serait donc avant tout une aventure humaine où la finalité serait la recherche de nouvelles coopératives.

    1- Les changements comportementaux

    55 Michel Crozier, Erhard Friedberg « L'acteur et le système : Les contraintes de l'action collective », Edition du Seuil, 1981, Première parution en 1977, dans la « Sociologie politique ».

    56 Aymard Jean Christophe, licence professionnelle de gestion des établissements de santé, Université de Nice Sophia Antipolis, 2003/2004.

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    Le changement de comportement d'un individu est donc caractérisé par la modification d'une action et d'une façon de se comporter57. Lorsqu'on s'intéresse au changement de comportement d'un individu, on observe surtout la démarche avec laquelle celui-ci modifie ses actions, en regardant les étapes qu'il suit pour arriver à son but : soit passer du comportement actuel non-désiré au comportement souhaité.

    Ce changement au niveau des professionnels de la pêche doit commencer par la restauration de la confiance entre l'administration et tous les acteurs du secteur. Cette situation a des incidents négatifs sur le comportement des acteurs, en termes d'application de la réglementation et de difficultés à les mobiliser pour gérer durablement la pêche.

    Un changement radical dans les relations entre tous les acteurs, pour restaurer la confiance et l'état de droit, s'impose donc. Par ailleurs, la faiblesse des relations entre les administrations des pêches et les autres administrations publiques, alors que de nombreux problèmes relèvent de la compétence de ces administrations (ministère des finances, ministère du commerce, etc.) reste très contraignante. Globalement, les attentes de la profession vis-à-vis de l'Etat concernent la réglementation, qu'il conviendrait d'appliquer quand elle est pertinente (interdiction de la pêche à la dynamite, répression de la pollution, etc.) de mieux expliquer les méfaits dévastateurs des filets mono-filaments et d'actualiser ou de modifier en tant que de besoin les textes en vigueur relatifs à la chasse sous-marine, à la pêche artisanale en général, du code du travail pour les activités saisonnières, du statut et rôle des observateurs à bord des bateaux, et plus généralement l'ensemble du code des pêches.

    Le management du changement représente un large éventail de processus et de spécialités professionnelles dont le but est de permettre au changement de se mettre en place dans les meilleures conditions.

    Dés qu'il s'agit d'être capable de faire changer des comportements, d'éviter des résistances, le savoir-faire en management du changement nous sera d'une aide clé. Dans le secteur de la

    57 Ajzen et Fishbein, 1980 ; cités dans Mc Cormack Brown, 1999 a

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    pêche artisanale, la difficulté principale est de changer les habitudes dans les pratiques quotidiennes des pêcheurs.

    Alors que le management dans le secteur de la pêche vise à mettre en place d'objectifs clairs et précis, le management du changement des comportements des acteurs cible les conditions d'adhésion et de la transformation des organisations professionnelles en profondeur. Si les acteurs veulent qu'il aboutisse réellement et apporte les bénéfices escomptés, ce changement doit être conduit et piloté par le gouvernement

    Le rôle du gouvernement est de renforcer l'équipement de la pêche artisanale pour lui permettre une amélioration mais aussi et surtout d'encourager la création de structures modernes susceptibles de donner à ce secteur des bases solides d'expansion. D'après certains acteurs rencontrés au cours des entretiens, les autorités publiques mettent en oeuvre eux-mêmes chez les pêcheurs et autres acteurs, des programmes qu'elles leur enseignent. Le renforcement de l'équipement de pêche vise à motoriser toutes les pirogues et à la construction d'infrastructures adéquates pour la conservation des produits issus de la pêche, la mise à disposition des gilets de sauvetage suffisants qui augmenteraient la sécurité en mer du pêcheur et l'élargissement du recrutement des équipages hors du spectre familial.

    2- Les différentes étapes du changement

    Pendant plus de deux décennies, Prochaska et DiClemente (1982) ont étudié le processus de changement de comportement, en examinant toutes les variables qui y sont associées et en comparant les résultats avec ceux de nombreuses recherches effectuées dans ce domaine. Le grand nombre de théories développées en psychothérapie et sur le changement a incité Prochaska à en faire le bilan, en consultant les dix-huit théories qu'il considérait les plus pertinentes parmi celles qui existaient. Il a ainsi complété par une analyse comparative de ces théories, parmi lesquelles se trouvaient les idées d'auteurs de grande renommée tels Freud, Skinner et Rogers. Cette analyse a donné naissance au modèle développé avec DiClemente, qu'ils ont adéquatement appelé le modèle transthéorique du changement, également connu sous le nom de modèle des stades du changement.

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    En voulant promouvoir les changements comportementaux des acteurs de la pêche, le modèle transthéorique proposé par Prochaska58 et DiClemente convient le mieux pour conduire ces changements. Dans ce modèle Prochaska et DiClemente (1982) ont suggéré que le changement de comportement s'effectue au cours d'une démarche constituée de différentes étapes ordonnées de façon chronologique qui sont :

    ? Etape 1, le pré contemplation (ou pré réflexion) : A ce niveau, la personne ne se sent absolument pas concerné par le problème de gestion durable des pêches. Il est très difficile de lui faire changer le comportement car elle sera d'emblée réticente à tout changement (port obligatoire du gilet de sauvetage par exemple), ayant tendance à nier le problème ou à rejeter la faute aux autres.

    ? Etape 2, la contemplation (ou réflexion) : A ce stade, l'intérêt pour la question de gestion durable des pêcheries est un peu fort, le problème est reconnu, et l'importance d'un changement commence à être admise. Mais le niveau de connaissance est encore partiel, et le besoin d'être convaincu est encore fort avant de passer à l'acte.

    ? Etape 3, la préparation/décision : A présent, la personne est mûre pour un changement qu'elle va d'ailleurs engager par elle-même, en identifiant des objectifs et des moyens pour y parvenir (respecter les consignes de la météorologie nationale, porter son gilet de sauvetage avant tout départ en mer, abandon de la pêche à la dynamite ou changer de mode de pêcher, par exemple). Il est important de bien identifier l'objectif que l'on se fixe, et surtout les moyens adaptés pour parvenir à cet objectif (au risque sinon d'un découragement).

    ? Etape 4, cette phase correspond au passage à l'acte (action) : La personne se lance, elle teste différentes options, différentes possibilités... Son appréciation au changement se fait plus précise car elle est basée sur son propre ressenti : ce qui fonctionne, ce qui ne

    58 James O. Prochaska, Ph. D. est directeur du Cancer Prevention Research Center et professeur du Clinical and Heath Psychology à l'Université de Rhode Island. Il est l'auteur de plus 300 publications dont les ouvrages changing for good and the transthereocal approach. Reconnu mondialement pour avoir développé les six étapes de changement de comportement, il a effectué de nombreuses recherches sur la prévention du cancer.

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    fonctionne pas, les alternatives, les changements qu'il faudrait faire, etc. A ce stade les habitudes sont donc bouleversées, mais les nouveaux réflexes ne sont pas définitivement adaptés.

    ? Etape 5, le maintien : les changements de comportement ont eu lieu, mais ils doivent à présent être maintenus dans le temps pour devenir de véritables habitudes. Il faut éviter les situations susceptibles de provoquer des « rechutes »...

    ? Etape 6, la terminaison(ou intégration) : A cet étape, les risques de rechute sont à peu prés nuls. Les nouveaux comportements ont été totalement intégrés, et ne sont plus du tout considérés comme des contraintes. Ce sont des habitudes devenues des évidences, des automatismes complètement intégrés au comportement : « je porte mon gilet de sauvetage sans même me poser la question (d'ailleurs je vais en acheter d'autres pour toute l'équipage) », « je vais à la plage toutes les semaines pour sensibiliser mes autres collègues pêcheurs de l'utilité du gilet de sauvetage et du respect des consignes de sécurité », etc. Comme tous les automatismes, ils deviennent alors difficiles à changer.

    Selon les sociologues et les psychothérapeutes le changement ne se décrète pas mais en revanche, il peut être encadré et organisé, en faisant notamment appel à des mesures d'accompagnement qui peuvent aider les individus à franchir les différentes étapes. Cela signifie que les stratégies doivent être adaptées à des publics très différents, dont les degrés de conscientisation et de préparation au changement sont hétérogènes.

    Dans le secteur de la pêche maritime plus encore que dans d'autres domaines, la personne qui désire changer de comportement doit donc faire face à de nombreux obstacles, et franchir ces différentes étapes. Le processus de changement s'opère toujours dans un contexte marqué par de fortes différences de « maturité » entre individus. Certains sont prêts et ont anticipé le changement, alors que d'autres y sont au contraire très réticents.

    En fait c'est cette question d'un accompagnement au changement des professionnels qui nous intéresse tout au long de cette partie. Ce phénomène semble de plus en plus utilisé, et au regard de la littérature à ce sujet, il semble pourtant qu'il reste encore du chemin à faire avant d'aboutir à un accompagnement efficace, du fait notamment de la grande complexité que

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    représente la mise en oeuvre d'une innovation. Souvent utilisé pour qualifier la nouveauté, l'invention, la découverte scientifique ou encore le développement technique, ce terme même se révèle être une notion complexe, faisant intervenir de nombreux enjeux.

    Selon l'Organisation de Coopération et de Développement Economique «l' innovation est la mise en oeuvre d'un produit (bien ou service) ou d'un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d'une nouvelle méthode commercialisable ou d'une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques de l'entreprise, l'organisation du lieu de travail ou les relations extérieures59».

    En d'autres termes, une innovation serait alors une idée mise en forme, réalisée, répondant à un besoin, et dont l'efficacité a été avérée par l'acte de commercialisation. Il semble en effet que c'est seulement l'objet ou le service créé représente un marché exploitable que la réponse à un besoin exprimé peut être considérée comme acquise.

    L'accompagnement des acteurs de la pêche au Sénégal, qu'il soit technique ou organisationnel, s'est longtemps limité à des tâches administratives ( gestion des programmes) et à l'organisation d'actions de formation et de communication dans un ensemble intitulé «gestion de projet». La notion de conduite du changement était réservée à des missions sociologiques qui consistaient, sur de petits groupes, à analyser les causes de résistances et les manières de les traiter.

    Trop préoccupés par la réalisation des objectifs, les grands projets privilégiaient une dimension technique au détriment des enjeux organisationnels et humains jugeant ces derniers secondaires. Souvent, l'accompagnement au changement est perçu comme la réalisation d'un plan de formation, au mieux encadré par un plan de communication.

    59 OCDE, 2005, Manuel d'Oslo, Principes directeurs pour le recueil et l'interprétation des données sur l'innovation, 3e édition, 188 pages.

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    Or, cela ne suffit pas pour concrétiser durablement les projets de transformation que les professionnels souhaitent mener: la gestion du changement ne peut pas se limiter à une action (top down) qui consisterait à donner l'information et les connaissances supposées nécessaires à la réalisation d'un changement.

    Les conséquences du facteur humain sont à la fois la nécessité absolue d'impliquer les personnes concernées dans la démarche, ainsi que de prévoir un dispositif d'accompagnement approprié.

    La conséquence de la variabilité est la nécessité de piloter étroitement les actions de changement avec une démarche itérative ( recherche de solution) qui permette de réadapter rapidement la nature et la portée des actions nécessaires à l'arrivée à bon port.

    Depuis plusieurs années, des projets de développement de la pêche ont été conçus par le gouvernement du Sénégal et les bailleurs de fonds pour promouvoir le développement économique et social. Tous ces projets ont été financés par des pays donateurs comme le Japon et le Canada dans le cadre de la motorisation des pirogues, de l'amélioration de la qualité des pirogues traditionnelles et la distribution du poisson à l'intérieur du pays. Ces projets sont le plus souvent pilotés par des fonctionnaires détachés bénéficiant d'indemnités mensuelles en sus de leur salaire de fonctionnaire. Les pays donnateurs ont également un droit de regard sur les activités du projet et de vérifier si les objectifs du projet ne sont pas détournés.

    Mes enquêtes de terrain qui se sont déroulées le 5 janvier 2015, m'ont permis de constater que tous les projets n'ont pas eu les résultats escomptés car ils sont considérés comme «vaches laitières» des autorités gouvernementales. Les ressources des projets sont détournées pour payer des frais de missions des hauts fonctionnaires de l'administration, à prêter les véhicules des projets aux politiciens pour leurs campagnes électorales, à payer les salaires des politiciens recrutés dans les projets, etc.

    Les projets attirent également les fonctionnaires dont leur souhait est de manager un projet. D'après ma propre expérience, j'ai toujours travaillé dans des projets de développement notamment le Centre d'Assistance pour la Motorisation des Pirogues, le Centre d'Assistance

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    et d'Expérimentation pour la Pêche et le Centre de Mareyage de Rufisque. Au niveau de ces différents projets j'ai pu bénéficier des indemnités, en plus de mon salaire de fonctionnaire, mais aussi l'accès à des formations à l'étranger. C'est ce que Giorgio Blundo appelle dédoublement des pouvoirs et de l'administration60. Au niveau du projet Centre de Mareyage de Rufisque, j'ai éprouvé beaucoup de difficultés avec des sollicitations qui venaient de toute part de mes supérieurs hiérarchiques, puisque je gérais de l'argent. Parfois des inspecteurs du cabinet ministériel se présentaient pour me demander de l'argent parcequ'ils devaient aller pour des missions d'inspection à l'intérieur du pays. Selon ces inspecteurs, c'est le ministre qui leur a dit que c'est le Centre qui doit payer les frais de mission et, sans justifications. Mes propos seront confirmés par cette citation de Giorgio Blundo: «A partir du moment où les projets se transforment en source de mécénat pour l'administration, ils deviennent les instruments de sa mise en dépendance: Parfois nous faisons de petites courbettes au niveau des différents projets, des requêtes pour nous appuyer un petit peu pour mieux faire notre travail, me disait le chef d'une brigade mobile au Niger (Niamey, 21/07/2005)61».

    Cette disparité que Giorgio Blundo appelle une administration à deux vitesses, crée une situation de malaise dans l'administration publique sénégalaise car, le service traditionnel manque de moyens matériels et financiers qui l'empêche d'avoir un rendement optimal face aux critères d'exigence publique et de performance. Ce pendant, les projets disposant suffisamment de moyens financiers et matériels, ne donnent pas toujours les résultats attendus. Cette distorsion doit disparaître pour permettre aux acteurs bénéficiaires d'en tirer profit de la puissance publique sans être souvent des victimes.

    3- La conduite du changement

    60 . Giorgio Blundo, Négocier L'Etat au quotidien : Agents d'affaires, courtiers et rabatteurs dans les entreprises de l'administration sénégalaises, Presses de Sciences Po/ Autrepart, 2014/ n°4-20 Pages 75 à 90.

    61 Blundo Giorgio, « Une administration à deux vitesses, Projet de développement et construction de l'Etat au Sahel », Cahiers d'études africaines, 2011/2, N° 203-203, p. 427- 452.

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    En économie d'entreprise, la conduite du changement, parfois appelée «Accompagnement du changement», vise à maîtriser le processus de transformation de l'entreprise dans un contexte de changement, qu'il soit désiré ou non.

    En sociologie, la conduite du changement vise à maîtriser une mutation ou une évolution des structures et du fonctionnement de l'organisation sociale affectant les rapports sociaux (modes de vie, mentalités...). Les transformations ne sont pas provisoires ou éphémères et modifient la structure ou le fonctionnement de l'organisation sociale d'une collectivité donnée, ce qui influence le cours de l'histoire.

    En psychologie, la conduite du changement vise à permettre à une personne d'évoluer dans ses comportements et ses perceptions du monde et des situations.

    L'objectif de la conduite du changement consiste à faire ce lien méthodologique entre des volontés de changement et la mise en oeuvre de ce même changement dans les manières de faire quotidiennes. Le passage du discours à l'action de changer met en évidence de nombreux facteurs dont il faut tenir compte: le changement ne fait pas l'unanimité, les acteurs ont la possibilité de montrer qu'ils changent sans le faire réellement, une entreprise est un territoire politique où chacun tente de préserver ses avantages acquis, le changement entraîne une remise en cause souvent dérangeante, le nécessaire effort d'adaptation n'est pas naturel, etc. Tous ces facteurs peuvent conduire à des comportements de résistance plus ou moins actifs remettant en cause tout l'effort de transformation entrepris.

    4- La résistance au changement

    «Qui dit changement, dit résistance au changement62» voilà comment le journal des employés soulignait l'introduction récente d'un changement, comment le rapporte Bareil et Baffo (2003, p.543). Ce concept est dorénavant reconnu tant dans le langage populaire que scientifique.

    62 Définition de la résistance au changement : Pour Kurt Lewin (1943), « toute action exercée sur un individu afin de modifier ses propres normes, entraîne l'apparition de forces qui neutralisent les effets de cette pression. L'équilibre est maintenue au prix d'un accroissement de la tension interne de l'individu ».

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    La terminologie» résistance au changement» remonte aux auteurs Coch et French, qui en 1947, publiaient un article dans la revue Human Relations, devenu un classique en la matière. Il s'intitulait «Overcoming resistance to change». Deux questions étaient adressées: pourquoi les gens résistent-ils si fortement au changement et qu'est ce qui peut-être fait pour surmonter cette résistance.

    «Les gens acceptent mieux le changement lors qu'ils participent à la conception de celui-ci car la résistance au changement est d'abord un problème de motivation63.

    Dans le secteur de la pêche, le changement peut entraîner chez les acteurs un sentiment d'anxiété lié au passage d'une situation habituelle à une situation nouvelle qui n'est pas connue. Par exemple l'abandon de l'utilisation des filets mono-filaments a entraîné une situation conflictuelle entre les acteurs allant même jusqu'aux actes de vandalisme. Et comment, en sont-ils arrivés? C'est parce que ces filets ont donné des résultats satisfaisants aux pêcheurs depuis de longues années. C'est pourquoi, ils sont réticents à l'abandon de ces filets destructeurs au prix de leur vie. Tous les pêcheurs interrogés lors des entretiens ont souligné le fait que les filets mono-filaments sont plus légers et plus faciles à travailler et peuvent rester mouillés pendant toute la saison.

    Un des plus grands problèmes à la résistance dans la pêche est l'abandon des filets mono-filaments qui a conduit le 29/05/214 à des confrontations entre les pêcheurs de Thiaroye et les fonctionnaires de la Direction Surveillance et Protection du Sénégal et les gendarmes. Ces propositions ont rencontré certaines résistances de la part des professionnels qui utilisaient ces engins de pêche.

    Dans un esprit d'analyse global, nous pourrions souligner qu'il fallait impliquer les chefs religieux qui serviraient d'intermédiaires entre l'administration publique et les professionnels dans le but de réduire les résistances au changement que je tenterai d'expliquer.

    63 Infoqualité, lettre d'information du management par la qualité, N° 17 du 1 juin 2007.

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    Dans le secteur de la pêche, la plupart des professionnels se plaignent auprès des autorités chargées de faire respecter l'interdiction de l'utilisation des filets mono-filaments, les changements qui leur sont imposés. Ils disent que ces changements n'auront que des impacts négatifs dans leur vie quotidienne, entrainant même la baisse de leurs revenus. Ils ont l'habitude d'utiliser ces mono-filaments pendant plusieurs années et pourquoi vouloir leur arracher de force cet outil d'exploitation qui leur a donné des résultats si satisfaisants.

    Le changement dans les méthodes de pêche dans ce cas, présente perpétuellement une réticence qui se manifeste couramment par une résistance: une ferme opposition qui se traduit par un sentiment et un mécanisme de défense des intérêts des pêcheurs et de leurs organisations.

    En réalité, le changement devient pour ces professionnels, une chose possible mais pas souhaitable. L'administration publique des pêches maritimes doit alors manager le changement en l'aménageant, pour le rendre agréable.

    En fait, les pressions qui pèsent sur les organisations pour qu'elles changent sont permanentes. Il est également inévitable que les individus résistent au changement, du moins dans une certaine mesure. Les causes de la résistance au changement sont diverses. La résistance au changement est un des problèmes les plus déroutants qu'affrontent les managers car elle prend les formes les plus diverses.

    Pour être en mesure d'anticiper le changement, il est essentiel de connaître les facteurs de risque et en particulier les causes du frein au changement. Outre les causes individuelles, devant faire l'objet d'une attention particulière au cas par cas, la résistance au changement est souvent intimement liée à des causes plus globales, structurelles et conjoncturelles ou bien collectives.

    4-1- Causes collectives

    Les employés d'une organisation partagent des valeurs communes, une culture d'entreprise et des acquis sociaux pouvant être mis en question par modification de l'organisation de

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    l'entreprise. La conduite du changement doit prendre en compte ces valeurs et mettre en place un dispositif d'écoute permettant d'identifier les craintes collectives.

    4-2- Causes structurelles et conjoncturelles

    Elles dépendent des conditions de travail, du fonctionnement organisationnel ( par exemple, le degré de bureaucratisation), le climat de l'entreprise et la manière d'introduire le changement. Les causes structurelles et conjoncturelles représentent le tissu culturel de l'entreprise, c'est à dire les conditions de travail dans l'entreprise (horaire, routine, etc.) et l'organisation fonctionnelle de l'entreprise ( structure par bureau, organisation pyramide, etc.). Ces mesures visent surtout à sauvegarder les ressources halieutiques par le respect des mesures mises en place par les pouvoirs publics.

    4-3- Causes individuelles

    Elles relèvent de la personnalité de l'acteur, de l'anxiété qu'il ressent, de la méfiance qu'il développe, des questions inévitables qu'il se pose, de la perte de ses repères et des transactions qu'il réalise dans un contexte de changement. Le changement induit une modification de l'environnement de l'individu pouvant provoquer l'anxiété due à la modification des repéres habituels (temporels,spatiaux, émotionnels, comportementaux, etc.) et à la remise en cause de son activité, du devenir de son emploi, etc.

    Les investigations ont montré que l'administration publique des pêches et les autorités politiques sénégalaises doivent impliquer tous les chefs religieux et traditionnels dans les négociations et discussions. De même, les avis de l'ensemble des acteurs impliqués dans les interactions liés au changement et au développement doivent être pris en compte. Les problèmes de la pêche dans tous les pays du monde sont similaires: la surpêche, la pêche illégale et non réglementée, baisse des stocks de poissons.

    Chapitre II: Résultats de la recherche

    1- Impact de la confiance sur la gestion des ressources marines

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    Le Sénégal dispose d'un environnement marin et aquatique riche en ressources susceptibles de contribuer au développement durable du pays. Cependant, il a été montré précédemment que ces ressources sont surexploitées.

    Sur le plan économique, la diminution des ressources halieutiques qui présentent une grande valeur commerciale, peut porter atteinte au développement du pays.

    Sur le plan social, une telle situation peut se traduire par l'insécurité alimentaire et le chômage de la plupart des acteurs du secteur. Les acteurs sont certes conscients de ces problèmes, mais, si aujourd'hui tous s'accordent sur le caractère fragile de ces ressources, les attitudes et les stratégies développées sont très insuffisantes pour renverser la tendance actuelle.

    Cependant, l'épuisement des ressources marines laisse à penser aujourd'hui que les poissons sont menacés. Si la conscience des problèmes s'améliore lentement, les sénégalais ne sont pas prêts pour autant à changer leurs pratiques pour faire face à cette menace de rareté et voire même la disparition de certaines espèces de poissons (l'exemple du mérou) qui sont devenus introuvables dans les plats quotidiens des sénégalais.

    Le changement de comportement, qu'il soit individuel ou collectif, nécessite un profond bouleversement auquel peu semblent encore véritablement prêts. Les (stades) six étapes du changement auxquelles nous avons fait référence dans ce document peuvent aider à évoluer les choses, mais à condition toutefois de ne pas se tromper de cible ; et de ne pas oublier par exemple que, sur ces questions de gestion durable, la majorité des professionnels est peut être dans une phase de pré-contemplation ou de contemplation, c'est à un niveau de conscientisation qui est insuffisant pour enclencher un changement radical. L'information et la sensibilisation sont donc encore primordiales.

    Les actes d'engagement ne concernent encore bien souvent qu'une minorité déjà convaincue, mais qu'il est important d'aider et sur laquelle il convient de fonder des retours d'expériences pour convaincre les plus réticents : « les pionniers », peuvent ainsi servir de modèle aux autres et aider à faire basculer le modèle dominant, et donc l'ensemble des représentations sociales liées au comportement des professionnels.

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    Le secteur de la pêche maritime joue un rôle extrêmement important dans l'économie sénégalaise au regard d'un certain nombre d'indicateurs économiques, financiers, sociaux. Ces différents atouts et résultats ne doivent pas cacher l'existence de nombreux problèmes qui, si on n'y prend pas garde très rapidement, risquent d'hypothéquer dangereusement son développement. D'où la nécessité pour l'ensemble des acteurs, des partenaires au développement, de l'administration compétente, de se concerter régulièrement en vue de pouvoir trouver des solutions durables aux difficultés auxquelles le secteur est régulièrement confronté.

    Cependant, ces concertations devraient pouvoir s'appuyer sur une véritable politique des pêches qui permettrait de donner une vision à court, moyen et long terme. Les résultats issus de ces concertations sur la pêche sous la conduite des chefs religieux ont indiqué quelques propositions permettant de construire une relation de confiance durable entre les différents protagonistes qui conduiront à la gestion rationnelle des ressources halieutiques.

    Parmi celles-ci, il est primordial de citer :

    1-1- Le gel de la signature des accords de pêche

    Les avis des différents acteurs de la pêche au Sénégal sont partagés pour ce qui concerne les accords de pêche. Certains ont la crainte de pillage des ressources halieutiques avec les accords de pêche que signe le gouvernement du Sénégal avec l'Union européenne ou avec d'autres pays étrangers.

    Les professionnels disent que ces accords font venir des bateaux étrangers qui pillent toutes les ressources halieutiques du pays et, la mer s'appauvrit tous les jours de ses ressources et certaines espèces de poissons se raréfient ou sont en voie de disparition.

    Par contre d'autres sont pour le maintien de ces accords. Ils disent que les bateaux européens aideront le Sénégal à mieux surveiller ses côtes maritimes. Ils participeront à ce que l'on appelle la surveillance participative qui est spécifiquement mentionnée dans les accords. Les bateaux thoniers autorisés à pêcher dans les eaux sénégalaises fourniront des informations aux autorités sénégalaises dès qu'ils auront rencontré en mer des bateaux soupçonnés d'être

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    illégaux. Les navires européens qui pêchent dans le cadre des accords de partenariat de pêche sont soumis à diverses obligations qui, toutes, concourent à une plus grande transparence de leurs activités.

    1-2- L'immatriculation des pirogues

    L'immatriculation des pirogues consiste à maîtriser le parc piroguier sénégalais et facilite l'intervention en mer, en cas d'accidents ou de disparition de celles-ci. Il permet la maîtrise et la gestion des capacités de pêche maritime en adéquation avec les potentiels de captures permissibles. Le contrôle du parc piroguier contribue sans doute, à la gestion durable des ressources halieutiques et à la réhabilitation des habitats naturels.

    1-3- La responsabilisation des acteurs professionnels

    Le gouvernement, conscient des limites de la gestion centralisée a opté pour le principe de la cogestion visant à impliquer et à confier des responsabilités aux acteurs dans la gestion des ressources halieutiques. Plusieurs initiatives de cogestion ont été instituées dans certaines localités de pêche. Ces initiatives de cogestion ont consisté à responsabiliser les pêcheurs dans l'élaboration, l'application et le suivi des mesures de gestion telles que le repos biologique, l'amélioration de la sélectivité des engins de pêche, la régulation de l'effort de pêche. Aussi, cette responsabilisation des professionnels permettra la mise en place des comités locaux de pêche artisanale.

    Ces comités locaux de pêche artisanale sont des organes de concertation et ont pour mission de contribuer à la gouvernance locale des pêches, à l'exploitation durable des ressources halieutiques et au développement du secteur de la pêche maritime. Les comités locaux de pêche artisanale permettent aux professionnels de la pêche de s'impliquer dans la gouvernance locale des pêcheries côtières actuellement confrontées aux insuffisances de la gestion centralisée de type "top down". En effet, cette dernière s'est traduite par l'exploitation anarchique des ressources halieutiques aggravée par une surveillance des pêches inadéquate, avec comme conséquence la surexploitation des ressources démersales

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    (côtières). Ces organes de concertations contribueront à une amélioration des relations entre les acteurs et l'Etat qui leur a cédé une partie de ses prérogatives.

    De même, le même constat est recueilli auprès des scientifiques qui souhaitent des efforts supplémentaires de l'Etat pour appuyer financièrement les professionnels, pour changer les équipements de pêche, l'introduction de récifs artificiels, la réalisation d'aires marines protégées et l'élargissement de la dimension des mailles des filets. Certaines espèces de poissons sont à cibler pour leur reconstitution, notamment le thiof, le poulpe, le cymbium, etc.

    Il est important de noter que la cogestion ne pourra pas être généralisée dans toutes les localités de pêche au Sénégal, certains pêcheurs ne semblent pas adhérer à cette mesure. Ils disent ne jamais avoir confiance à l'Etat qui leur a toujours créé des difficultés. Pour ces acteurs, la dégradation des ressources marines n'est pas due à leurs pratiques mais, aux forces surnaturelles.

    2- L'impact des résultats de la collaboration

    Pour l'accompagnement au changement des acteurs de la pêche, il est ressorti des résultats d'analyses de mes entretiens, d'élaborer un plan dont le cheminement suivra ces cinq points:

    2-1- Renouer les relations de confiance entre les pêcheurs, les scientifiques et les décideurs

    politiques: les décideurs politiques doivent rester à l'écoute des professionnels pour promouvoir un développement durable des pêches au Sénégal. Les professionnels se plaignent souvent de manque d'informations et de moyens pour apporter des solutions innovantes à la gestion durable des pêcheries au Sénégal. Pour cela, il faut initier la concertation et le consensus et développer la communication entre tous les acteurs de la filière pêche.

    2-2- Donner aux professionnels de la pêche les moyens d'être les acteurs et gestionnaires d'une pêche responsable et durable, en arrêtant la surexploitation et acceptant les repos biologiques obligatoires, en abandonnant les filets mono-filaments ou tout autre engin destructeur, en limitant l'accès à la mer à tout le monde, en acceptant l'instauration des quotas de pêche à tous et en luttant contre les fraudes. Il existe des tentatives de

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    changement de la part des autorités politiques car, maintenant on a quitté la pratique de la gestion participative à une gouvernance partagée. L'Etat a décidé d'abandonner une partie de ses prérogatives régaliennes aux professionnels de la pêche. Ces professionnels ayant pris conscience de l'épuisement des ressources s'organisent dans leurs localités respectives pour essayer d'amener des solutions durables.

    Ils se chargent également de la surveillance des côtes maritimes pour aider l'Etat qui manque de moyens de contrôle et de surveillance. Des résultats sont constatés, car avec la collaboration des professionnels, l'Etat a pu arraisonner des navires pirates dans la ZEE.

    En plus, dans certaines localités, les professionnels ont décidé à l'unanimité d'aller en mer à tour de rôle pour diminuer l'effort de pêche et éviter le gaspillage du peu de ressources qui leur restent.

    2-3- Les pouvoirs publics qui exercent leurs prérogatives de contrôle, arrêtent de délivrer des licences de pêche à des navires étrangers ou de signer des accords secrets sans tenir compte de l'avis des scientifiques et de tous les autres acteurs impliqués dans la pêche. Les autorités politiques sont appelées à changer leur comportement en arrêtant de délivrer des licences de pêche sans concertations avec les professionnels et les scientifiques. Elles doivent aussi appliquer la loi sans légèreté et réprimander si besoin les corrupteurs sans pitié. Ici, tous les acteurs sont d'accord qu'il existe une réglementation mais c'est l'application de la loi qui fait défaut.

    Au Sénégal, il est très difficile de sanctionner, c'est la société qui marche ainsi. Celui qui sanctionne est victime de tous les maux, il est souvent considéré comme quelqu'un de méchant. Il existe des personnes intègres qui veulent changer ce qui ne marche pas, mais elles sont souvent victimes d'incompréhension de la part de leurs supérieurs hiérarchiques qui les virent dans d'autres postes sans responsabilités. C'est pourquoi, il est très difficile de mettre fin à certaines pratiques comme les fraudes et la délivrance des licences de pêche frauduleuses. Certains fonctionnaires se fâchent souvent car, ils font de gros efforts pour arraisonner des bateaux en infractions en mer, ils font des procès verbaux pour les traduire en justice mais, ils se rencontrent que ces problèmes sont arrangés au plus haut niveau sans qu'ils

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    ne soient consultés. Ils pensent que si le problème est réglé dans le plus grand secret, c'est parceque des pots-de-vin ont été certainement versés.

    2-4- Mise en place des systèmes de quotas pour assurer un avenir à la pêche maritime sénégalaise. Ici de nombreux acteurs sont unanimes sur le fait que les décideurs politiques doivent mettre en place des systèmes de quotas de pêche pour sauver nos ressources et à certaines espèces de se reconstituer. Comme l'exemple de l'ICCAT qui attribue des quotas de pêche des thons à chaque état côtier. Il faut aussi encourager les professionnels qui instaurent en leur sein des systèmes de rotations, ils ne vont pas tous en mer le même jour, quand un groupe pêche aujourd'hui, l'autre pêchera le lendemain. On comprendra par là, un système de quota à leur manière. Un pêcheur rencontré le 20 janvier 2015 raconte: « avec nos différentes organisations professionnelles, nous sommes rendus compte que les sardinelles et certaines autres espèces sont pêchées en quantités inestimables par nous-mêmes. Quand, elles sont pêchées en grande quantité, il y'a toujours des méventes et les prix de vente des poissons très bas. Donc, ils sont confrontés à deux problèmes: ils travailleront à perte à cause des bas prix et les produits invendus sont rejetés en mer. C'est un gaspillage énorme des ressources halieutiques.»Mais ce système n'est pas généralisé dans toutes les localités de pêche au Sénégal car, certains acteurs refusent le changement quoi qu'il advienne, ils sont intéressés plutôt par la recherche de profit du jour le jour. Quand, j'ai interrogé un d'entre eux, il m'a dit ceci: «je vis le jour le jour, et ce qui m'intéresse c'est d'avoir la dépense quotidienne pour subvenir aux besoins de ma famille, et demain c'est le bon Dieu qui me la donnera même si je n'attrape pas du poisson, c'est le bon Dieu qui nous nourrit».

    2-5- Mieux informer les citoyens pour les rendre responsables, qu'ils puissent choisir des poissons affectant moins la ressource, de la taille légale, en favorisant des initiatives de la pêche durable mises en place avec les pêcheurs, sans oublier de réduire l'impact de la pêche sportive qui ne doit pas être sous-estimée. Au Sénégal, la surpêche pratiquée par des bateaux de pêche industriels et les pirogues traditionnelles détruit considérablement les stocks de poissons, comme le mérou qui est une espèce fortement demandée par les consommateurs sénégalais. Cette espèce est surexploitée

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    du fait de sa forte demande et de sa haute valeur commerciale. C'est pourquoi, il faut que tout le monde se sent concerné et responsable de l'agression des ressources halieutiques pourqu'une solution durable soit trouvée. Les consommateurs en tant qu'acteurs, doivent aussi accompagner le changement pour une gestion durale des ressources marines en modifiant leurs habitudes alimentaires. Pour ce faire, des campagnes de communication dans les écoles, dans les quartiers doivent être organisées auprès des consommateurs pour les inviter à acheter des produits issus de la pêche durable. Des spots télévisés et audiovisuels doivent être mis à profit pour toucher le plus grand nombre de personnes.

    Aussi, ne faudrait-il pas intégrer dans le code de la pêche du Sénégal, une autre activité désignée sous le nom de «pescatourisme64 pour reconvertir les acteurs vers d'autres activités porteuses de revenus? Mais, il sera difficile de le mettre en place au Sénégal avec la configuration actuelle des pirogues sénégalaises. Des efforts à ce niveau doivent être faits pour l'amélioration de ces pirogues afin qu'elles puissent répondre aux critères d'embarquer à leur bord des touristes. Cette activité si, elle est mise en pratique dans les conditions qu'exige ce concept, on arriverait à réduire la surpêche occasionnée par la pêche artisanale dans un premier temps et, dans un second cas, les pêcheurs artisanaux pourront avoir des revenus substantiels leur permettant de vivre. Cette activité devra également impliquer le ministère chargé du tourisme au Sénégal pour l'élaboration des textes réglementaires et la formation des pêcheurs pour l'accueil des touristes. Ces pêcheurs seront au premier plan pour expliquer aux passagers les réalités de leur profession. Sur le plan sociologique, il pourrait contribuer dans une moindre mesure à la gestion durable des pêcheries par une reconversion des pêcheurs et une diminution de l'effort de pêche (car le nombre de pirogues est très élevé au Sénégal actuellement).

    64 Le pescatourisme est une nouvelle forme d'activité touristique au service du développement durable local. Elle permet aux pêcheurs d'accueillir à bord de leurs embarcations des touristes pour leur faire découvrir les réalités de leur profession. De cette façon, le pêcheur diversifie son activité comme cela se produit depuis 40 ans avec l'agritourisme. Enfin, il témoigne auprès du grand public de son métier d'aujourd'hui. Cette activité touristique innovante est née en Italie en 1998, à l'initiative de la LEGAPESCA, branche des coopératives de pêche, affiliée à la Fédération italienne des coopératives, la LEGACOOP. cf: Projet Pescatourisme 83, Bilan du projet 2009-2011.

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    D'autres activités porteuses de revenus doivent être mises en place pour diminuer le nombre de pêcheurs vers une reconversion à ces activités. Il faut reconvertir surtout les jeunes pêcheurs vers d'autres métiers comme dans le tourisme solidaire65

    65 Le tourisme solidaire s'inscrit dans les principes du tourisme responsable et du tourisme équitable, il est un type de tourisme alternatif. Il s'inscrit dans une logique de développement des territoires.

    CONCLUSION GENERALE

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    Dans cette étude, les objectifs étaient de voir les degrés de perception des acteurs de la pêche sur la gravité de la dégradation des ressources halieutiques du Sénégal et comment y faire face en gérant durablement les stocks de poissons par un changement des comportements des principaux acteurs de la filière pêche.

    Les résultats des enquêtes de terrain ont permis de savoir que les acteurs sont tous unanimement conscients de la dégradation de la ressource halieutique et de l'effondrement des stocks de poisson du Sénégal qui disposait autrefois d'un environnement marin et aquatique riche en ressources susceptibles de contribuer au développement durable du pays.

    Il a été donné comme explications par les pêcheurs que les raisons de cette dégradation sont : le chalutage de fond effectué par les bateaux industriels étrangers, le non respect de la réglementation avec l'utilisation des engins de pêche prohibés (comme les mono-filaments), la pêche illégale et illicite, le libre accès à la ressource. Cette dégradation des ressources a entrainé des conséquences :

    ? Sur le plan économique, la diminution des ressources halieutiques qui présentent une grande valeur commerciale, peut porter atteinte au développement du pays.

    ? Sur le plan social, une telle situation peut se traduire par l'insécurité alimentaire et le chômage de la plupart des acteurs du secteur de la pêche. Les décideurs et les acteurs sont certes conscients de ces problèmes, mais, si aujourd'hui tous les acteurs s'accordent sur le caractère fragile de ces ressources, les attitudes et les stratégies développées sont très insuffisantes pour renverser la tendance actuelle.

    Cependant, l'épuisement des ressources marines laisse à penser aujourd'hui que les poissons sont menacés. Si la conscience des problèmes s'améliore lentement, nous sommes prêts pour autant à changer nos pratiques pour faire face à cette menace de rareté et voire même la disparition de certaines espèces de poissons ( l'exemple du mérou ou thiof) qui sont devenues introuvables dans les plats quotidiens des sénégalais.

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    Le changement de comportement, qu'il soit individuel ou collectif, nécessite un profond bouleversement auquel peu d'entre nous semblent encore véritablement prêts. Les six étapes du changement auxquelles nous avons fait référence dans ce document peuvent aider à faire évoluer les choses, mais à condition toutefois de ne pas se tromper de cible ; et de ne pas oublier par exemple que, sur ces questions de gestion durable, la majorité des professionnels est peut être dans une phase de pré-contemplation ou de contemplation, c'est à un niveau de conscientisation qui est insuffisant pour enclencher un changement radical. L'information et la sensibilisation sont donc encore primordiales.

    Les actes d'engagement ne concernent encore bien souvent qu'une minorité déjà convaincue, mais qu'il est important d'aider et sur laquelle il convient de fonder des retours d'expériences pour convaincre les plus réticents : « les pionniers », peuvent ainsi servir de modèle aux autres et aider à faire basculer le modèle dominant, et donc l'ensemble des représentations sociales liées au comportement des professionnels.

    Le secteur de la pêche maritime joue un rôle extrêmement important dans l'économie sénégalaise au regard d'un certain nombre d'indicateurs économiques, financiers, sociaux.

    Ces différents atouts et résultats ne doivent pas cacher l'existence de nombreux problèmes qui, si on n'y prend pas garde très rapidement, risquent d'hypothéquer dangereusement son développement.

    D'où la nécessité pour l'ensemble des acteurs, des partenaires au développement, de l'administration compétente, de se concerter régulièrement en vue de pouvoir trouver des solutions durables aux difficultés auxquelles le secteur est régulièrement confronté.

    Cependant, ces concertations devraient pouvoir s'appuyer sur une véritable politique des pêches qui permettrait de donner une vision à court, moyen et long terme.

    Concernant les mesures réglementaires et leur perception, il apparait que certains professionnels ont reconnu la nécessité de les respecter et d'abandonner certains de leurs comportements culturellement et traditionnellement inappropriés pour le développement durable de la pêche maritime sénégalaise.

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    Ces mesures visent surtout à sauvegarder les ressources halieutiques par le respect du repos biologique, à limiter le libre accès à la mer, le port du gilet de sauvetage et l'abandon de tout engin de pêche destructeur comme les filets mono-filaments.

    Parmi les stratégies du gouvernement sur la gestion des ressources halieutiques, celle qui retient le plus est l'instauration du permis de pêche artisanale qui suppose désormais que les pêcheurs artisanaux payent d'abord une redevance pour avoir un droit d'accès à la ressource halieutique. Ce permis de pêche a été accueilli positivement par tous les pêcheurs, car selon eux, c'est un moyen de réguler l'accès à la profession et de diminuer l'effort de pêche.

    D'après mes investigations, pour satisfaire une demande en poisson de plus en plus importante, les pêcheurs artisanaux n'hésitent pas à enfreindre la réglementation, au vu et au su de tous. Les mesures de prévention sont de plus en plus nécessaires et doivent être intensifiées par l'application stricte de la loi, la conscientisation et la mobilisation de tous les acteurs de la pêche contre ces pratiques ainsi qu'un contrôle permanent des activités de pêche. Aussi, quand il s'agit de parler du pillage des ressources halieutiques, l'on pense souvent aux bateaux étrangers. Mais, cette recherche m'a permis de constater, les pêcheurs nationaux sont aujourd'hui, les véritables pilleurs de la ressource halieutique car 91%66 des produits débarqués au Sénégal proviennent de la pêche artisanale.

    En ce qui concerne le code de la pêche, il est apparu une sorte de désintéressement de la part des pêcheurs dont la majeure partie avoue ne pas être au courant de son existence.

    La perception du repos biologique du poulpe par les pêcheurs n'est pas tout à fait positive. Pour eux, c'est la période de repos en elle-même qui pose problème.

    Concernant les mesures d'autogestion, l'initiative qui consiste en la mise en place d'un code de conduite local basé sur le consensus et le projet d'aménagement de l'Aire de Marine Protégée montrent que les acteurs sont bien conscients de la responsabilité de la pêche artisanale dans la surexploitation des ressources halieutiques.

    66 Source : DPM, 2012

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    En dernière analyse les pêcheurs, ont bien approuvé la mise en oeuvre de ces mesures de gestion durable des poissons comme l'instauration des permis de pêche qui demeure selon eux un véritable moyen de limiter l'accès à la profession. Cependant ils semblent ne pas être en phase totalement avec les méthodes de gestion comme le repos biologique et le code de la pêche qui restreignent leurs capacités de captures.

    Toutefois, la perception de ces stratégies de gestion par les pêcheurs laisse apparaître un sentiment qui montre que ceux-ci ne sont pas réellement convaincus par toutes les options prises pour une meilleure gestion des ressources halieutiques.

    En réalité, il ressort de l'analyse des entretiens semi-directifs et de groupe que les accords de pêche continueront à rendre pauvres les sénégalais et ce d'autant plus que la mer s'est vidée de ses ressources suite à l'action de l'homme. Aujourd'hui, l'Europe qui a un important déficit de produits halieutiques se tourne vers le Sénégal qui est un grand pays producteur de poissons et ayant encore comme avantage sa proximité avec l'Europe.

    Il est bien vrai que le Sénégal consent à accorder, sans réciprocité, des droits de pêche aux navires de l'Union européenne, en échange de ces droits de pêche, verse une compensation financière au Sénégal à laquelle s'ajoutent les redevances de licences de pêche payées directement par les armateurs.

    La mer est devenue très malade et pour y amener des soins pour une gestion durable de son contenu, il ressort des entretiens:

    ? Accorder la priorité de pêcher aux nationaux pour l'exploitation et le traitement des ressources ;

    ? Limiter le nombre de navires étrangers, en tenant compte du potentiel exploitable ; ? Faire payer des redevances pour l'obtention des licences de pêche ;

    ? Exiger la contrepartie financière pour appuyer le développement de la pêche artisanale.

    En dernière analyse, selon les chercheurs, le plus grand défi est de réduire les inégalités entre les pays du nord et les pays du sud. Aujourd'hui, le dérèglement des écosystèmes

    marins touche le sud de plein fouet, aggravant un peu plus ces inégalités. Il est urgent de passer d'une pêche dite intensive à une pêche durable en réglementant le maillage des filets, en respectant les quotas, en limitant la taille des animaux prélevés ou encore en élaborant des techniques de pêche sélectives. Il faudrait déjà respecter les réglementations existantes et surtout mobiliser les volontés politiques.

    Des solutions existent, comme créer plus d'aires marines protégées. En protégeant les espèces et leurs zones de reproduction, elles participent au renouvellement des stocks de poissons. La protection des océans doit devenir une priorité, car c'est aussi une immense source de revenus pour les Etats côtiers et leurs populations.

    Enfin, il est apparu fondamental que les objectifs du développement durable pourront être atteints au Sénégal que si les changements comportementaux dans les pratiques sont managés par les acteurs politiques avec l'implication des guides religieux au moment de la prise des décisions sans casser les mécanismes de croyances des acteurs professionnels.

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    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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    pages.

    OCDE, 2005, Manuel d?Oslo, Principes directeurs pour le recueil et l'interprétation des données sur l'innovation, 3e édition, 188 pages.

    OLIVIER DE SARDAN Jean- Pierre, 1995, Anthropologie et développement, Essai en socio-anthropologie du Changement social, APAD-KARTHALA, 221 pages.

    GUERIN Véronique, A quoi sert l'autorité ? S'affirmer-respecter-coopérer ,2e édition (Edition Chronique Sociale), 219 pages.

    RIST Gilbert, 2007, Le développement, Histoire d'une croyance occidentale, 3e édition revue et augmentée, Sciences PO, 483 pages.

    Stratégie de Croissance Accélérée, Document final de la Grappe « Pêche et Aquaculture », 2007, 70 pages.

    Sites web :

    www.aprapam.org

    www.cr-thies.sn

    www.pressafrik.com

    www.xalima.com

    www.senegalie.wifeo.com/cartes-du-senegal.php

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    ANNEXES

    Préserver la diversité de la vie marine.

    Les aires marines protégées sont des réservoirs de biodiversité. Elles constituent des refuges pour de nombreuses espèces et préservent des zones vitales pour leur alimentation et leur reproduction.

    Gorgui Aly BA,

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    SOMMAIRE DES ANNEXES

    Types Pages

    Annexe 1 : tableaux (1et 2) grille d?entretien et liste des personnes interviewées 108

    Annexe 2 : Carte du Sénégal 112

    Annexe 3 : Photographie des pêcheurs en mer larguant un filet mono-filament 113

    Annexe 4 : Photographie du mérou 114

    Annexe 5 : Photographie activités des différents acteurs de pêche /plage de Mbour 115

    Annexe 6 : Photographie bateau russe arraisonné 116

    Annexe 7 : Les entretiens 117

    Table des matières 147

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 107

    Annexe 1 : Grille d'entretien et liste des personnes interviewées

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    Tableau 1 : Grille d'entretien :

    Thèmes

    Objectifs

    Questions

    Causes et conséquences

    Degré de connaissance de la

    De manière générale qu'est

     

    problématique du change-

    ce qu'il vous vient à l'esprit

     

    ment et de la gestion durable

    quand l'on vous parle de

     

    des pêcheries.

    changements comportementaux pour une gestion ration-elle des ressources halieutiques marines ?

     
     

    Que pensez-vous des accords de pêche Sénégal/ U E ?

     
     

    Quelles sont selon vous, les causes et les conséquences de la baisse des

    captures de poisson actuellement au Sénégal?

     
     

    Selon vous, pourquoi les pêcheurs

    ne respectent l'interdiction de

    l'utlisation des filets mono-
    filaments, le repos biologique, et le

    port obligatoire des gilets de
    sauvetage?

     
     

    Avez-vous déjà entendu parler des

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 109

     
     

    nouvelles normes d'hygiène de

    conservation des produits pour

    assurer la santé des
    consommateurs?

    Lien entre activités quotidien-

    nes et diminution des captures de poissons.

    Responsabilité des pêcheurs.

    Perception de la relation

    entre comportement individuel et changement d'habitudes.

    Savez-vous que vous êtes

    responsables( pêcheurs) de par vos

    pratiques quotidiennes _

    (surpêche, utilisation des mono-
    filaments, pêche à la dynamite) de la baisse de vos revenus?

    Est-ce qu'à votre niveau, vous vous sentez responsables de ce problème?

    Perception de la gravité Peur/ confiance/ pessimisme

    Etat d'esprit

    Est-ce que problème vous

    préoccupe, voire vous fait peur?

    Vous sentez-vous confiants face à l'évolution du problème?

    Pensez-vous que l'on va vous

    trouver des solutions?

    Changement de comportement

    déjà entrepris.

    Changement de comportements envisagés.

    Comportements et changement de comportements.

    Depuis que vous avez eu

    connaissance de la baisse des
    captures de poissons, avez-vous modifié certaines de vos pratiques

    quotidiennes _
    (habitudes,comportement).

    Seriez-vous prêts à modifier votre

    comportement en acceptant

    d'adhérer aux décisions
    gouvernementales?

     
     

    Est-ce que ces changements de comportements représentent pour vous des craintes?

    Question de la contrainte de ces comportements

     
     

    Craintes internes

    Mise en évidence des contraintes

    Quelles sont les raisons qui

    expliquent que vous n?êtes pas

    prêts à vous séparer de vos
    habitudes?

    Contraintes externes

     
     

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    Tableau 2 : Liste des personnes interviewées.

    Personne interviewée

    Age

    Sexe

    Activités

    professionnelles

    Zone enquêtée

    Pêcheur X1

    29

    M

    Pêcheur

    Kayar (zone de débarquement du poisson)

    Pêcheur X2

    44

    M

    Pêcheur

    Mbour

    Pêcheur X3

    33

    M

    Pêcheur

    Saint-Louis

    Pêcheur X4

    28

    M

    Pêcheur

    Rufisque

    Pêcheur X5

    23

    M

    Pêcheur

    Ziguinchor

    Pêcheur X6

    26

    M

    Pêcheur

    Joal

    Mareyeur X1

    51

    M

    Mareyeur

    Marché Central au Poisson de Dakar

    Mareyeur X2

    62

    M

    Mareyeur

    Yarakh (zone de débarquement du

    poisson)

    Fonctionnaire X1

    35

    M

    Fonctionnaire

    Service Régional des pêches à Dakar

    Fonctionnaire X2

    42

    M

    Fonctionnaire

    Direction des pêches maritimes à Dakar

    Fonctionnaire X3

    50

    M

    Fonctionnaire

    Service régional des pêches à Saint-Louis

    Fonctionnaire X4

    39

    F

    Fonctionnaire

    Service départemental des pêches à Mbour

    Fonctionnaire X4

    42

    F

    Fonctionnaire

    Chef de poste de contrôle à Thiaroye

    Chercheur X1

    43

    M

    Chercheur

    CRODT- Dakar

    Chercheur X2

    40

    M

    Chercheur

    CRODT- Dakar

    Chercheur X3

    39

    M

    Chercheur

    Institut de recherche et de

    Développement(IRD)

    Economiste X1

    52

    M

    Economiste

    CRODT- Dakar

    Economiste X2

    44

    M

    Economiste

    Direction des pêches maritimes à Dakar

    Economiste X3

    42

    M

    Economiste

    I R D, Dakar

    Transformatrice X1

    32

    F

    Transformatrice poisson

    Guet Ndar Saint-Louis (atelier de transformation artisanale du poisson)

    Transformatrice

    X2

    41

    F

    Transformatrice poisson

    Pinthioum Sénégal (atelier de

    transformation

    artisanale du poisson)

    Mareyeuse X1

    35

    F

    Mareyeuse

    Marché central de Tamba

    Vendeuse X1

    29

    F

    Vendeuse de

    poisson

    Marché à Thiaroye sur mer

    Vendeuse X2

    32

    F

    Vendeuse de

    poisson

    Marché quartier Guinaw-rail sud

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    Annexe 2 : Carte du Sénégal

    Source : http://senegalie.wifeo.com/cartes-du-senegal.php

    Annexe 3 : Photographie de pêcheurs en pleine mer larguant un filet mono-filament

    Source : www.xalima.com

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    Annexe 4 : Photographie du mérou

    Source : www.aprapam.org

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    Annexe 5 : Photographie activité des différents acteurs de pêche/ plage de Mbour

    Source : www.aprapam.org

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 115

    Annexe 6 : Photographie du Bateau russe Oleg Neydanov, arraisonné par le Sénégal

    Source : www.pressafrik.com

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    Annexe7 : Les entretiens

    Entretien : 1

    Monsieur `FK' est fonctionnaire Diplômé depuis 1994

    Date de l'entretien : Le 24 janvier 2015 Lieu de l'entretien : privé

    Question : Quel est votre parcours professionnel ?

    Réponse : J'ai terminé mes études universitaires en 1994, j'ai fais mon stage de perfectionnement au Service régional des pêches maritimes à Saint-Louis. Après trois mois de stage, je suis affecté au Service régional des Pêches Maritimes de Thiès, comme adjoint au chef de Service régional.

    En fait, le Chef régional des pêches maritimes de Thiès est l'une des plus grandes régions de pêches au Sénégal de part l'importance des produits débarqués et du nombre important de pêcheurs y exerçant leurs activités.

    Ce service régional est subdivisé en trois départements ayant chacun à sa tête un chef de Service départemental. Chaque Service départemental est lui aussi composé de plusieurs postes de contrôle ayant chacun à sa tête un chef de poste.

    Les agents de ces postes de contrôle sont en contact direct avec les acteurs de la pêche que sont les pêcheurs, les mareyeurs, les mareyeurs, les transformatrices et les micro-mareyeurs. Ils sont chargés également de la collecte des données statistiques, de confectionner les

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    rapports statistiques, du contrôle sanitaire des poissons. Ils veillent au bon respect des règles de bonne conduite pour une pêche responsable et durable. Ils sont en quelque sorte les relais entre les autorités supérieures et les professionnels.

    Question : Le Sénégal a signé cette année des accords de pêche avec l'Union européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales. Qu'en pensez-vous ?

    Réponse : Actuellement, je ne vois pas l'opportunité de signer ces accords. Les eaux sénégalaises sont devenues très pauvres en poissons. Je suis contre de la signature de ces accords. Les politiques prennent des décisions sans pour autant consulter les fonctionnaires qui maîtrisent bien la situation actuelle de nos ressources. Même les pays étrangers ne sont pas sérieux, ils savent pertinemment que nos eaux se sont appauvries et ils continuent de nous appauvrir. De plus, tous les acteurs de la pêche se plaignent de n'avoir pas été impliqués dans les négociations.

    Question : Avec la baisse des captures de poissons, cet accord est-il opportun ?

    Réponse : Non, la crise du secteur de la pêche est une réalité indiscutable. Mais, c'est la corruption qu'il faudra éradiquer dans le secteur de la pêche. Il faut que les politiciens laissent les fonctionnaires travailler. Ces politiciens ne s'intéressent qu'à leur intérêt, et des scandales répétitifs sont notés depuis 1992 et les personnes impliquées ne sont jamais traduites devant la justice. Ils s'enrichissent sur le dos des sénégalais et appauvrissent nos eaux maritimes.

    Question : Faut-il poursuivre ces accords ou non ?

    Réponse : Je dirai non. Pourquoi ces accords ? Les sénégalais ne peuvent plus avoir du poisson de qualité pour leur alimentation, si ce poisson est disponible, de par sa cherté, il n'est pas accessible à tout le monde. De même, nos pêcheurs dépensent beaucoup de carburant pour chercher le poisson dans les zones lointaines et reviennent souvent bredouille.

    Question : La corruption empêche-t-elle la surveillance de la pêche au Sénégal ?

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 119

    Réponse: La surveillance de la pêche au Sénégal est principalement rendue impossible du fait de la corruption. Le problème du pillage des ressources halieutiques est là. La difficulté principale de la surveillance de pêche, c'est la corruption. Si on parvient à l'éradiquer, la reconstitution des stocks de poissons pourra être faite.

    Actuellement au Sénégal, il y a tout sauf de la bonne gouvernance dans la pêche. C'est un secteur qu'il faut repenser et réorienter, car c'est un devoir de l'Etat de protéger les ressources. Les professionnels sénégalais sont mécontents des pouvoirs publics et des navires étrangers qu'ils qualifient de corrupteurs, de pilleurs et de bradeursleurs des ressources halieutiques nationales.

    C'est pourquoi, nous demandons aux nouveaux dirigeants du pays de lutter énergiquement contre ce bradage et pillage de nos ressources.

    Nous avons appris que des tractations au plus haut niveau pour la signature de nouveaux accords de pêche. Ce n'est à mon avis une bonne chose et je partage cet avis avec mes autres collègues de l'administration.

    Question : Le Sénégal parvient-il à surveiller ses côtes maritimes ?

    Réponse : Le Sénégal a de la peine pour surveiller ses côtes maritimes. A ma connaissance, le Sénégal dispose d'un avion de surveillance et de six navires. Faute de moyens, les sorties pour la surveillance ne sont pas fréquentes. Il y'a surtout l'armée française basée qui nous offre cinq heures par mois pour la surveillance aérienne. Il faut également lutter contre les nombreuses fraudes en mer, surtout pour ce qui concerne les types de licences de pêche que détiennent les bateaux. Mais aussi, il faut contrôler les maillages des filets utilisés, car il existe un grand trafic sur ce côté. De même, les autorités qui accordent frauduleusement des licences de pêche sans consulter la commission d'attribution de ces licences. Il est souvent constaté qu'un bateau prenne une licence pour des poissons qui n'ont aucune valeur commerciale, et qu'il pêche d'autres espèces pour lesquelles, la redevance est beaucoup plus onéreuse.

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 120

    Des trafics également sont constatés du côté de quelques acteurs sénégalais qui prennent des licences à leur nom alors que les bateaux appartiennent à des étrangers.

    Question : Le gouvernement vous n'avait-il pas demandé aux pêcheurs artisanaux de diminuer l'effort de pêche ?

    Réponse : Bien sur, le conseil interministériel de juin 2013 avait pris la décision de demander aux pêcheurs nationaux de diminuer la pêche sur le merlu. Actuellement, ils autorisent des bateaux étrangers à venir pêcher ces espèces de poissons, c'est énormément contradictoire. Nous avions tous dénoncé à l'époque, que le régime de WADE ait octroyé des autorisations de pêche à des navires étrangers pour que de telles pratiques ne se reproduisent plus.

    En 2012, les autorisations de pêche accordées à des chalutiers russes capturant les pélagiques avaient suscité des mécontentements des organisations des professionnels de la pêche, qui ont eu à organiser beaucoup de manifestations de protestation à Dakar.

    Question : Etes-vous prêts pour sauvegarder les ressources marines ?

    Réponse : Nous sommes conscients qu'il urge de protéger nos ressources marines. Question : Pourquoi est-elle (Listao) revenue dans nos eaux ?

    Réponse : Cette espèce est gérée par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'atlantique nord, c'est important. Cette commission fixe des quotas de pêche de ces espèces à tous les états côtiers. Ce qui a permis la reconstitution et le renouvellement de ces thons à l'échelle mondiale.

    Question : Quel est votre dernier mot

    Réponse : Je suis très content de t'avoir livré à coeur ouvert tout ce qui me fait mal, dans le secteur de la pêche au Sénégal. Nous voulons tous une réorganisation du secteur de la pêche mais, lutter contre la corruption au sommet de l'Etat. Depuis 1992, divers scandales sont notés et malfaiteurs restent toujours impunis, il faut que cala cesse. Il faut débusquer les trafiquants et les traduire devant la justice. Aujourd'hui, les espèces sont surexploitées et le

    niveau de prélèvement actuel est supérieur à la capacité de reconstitution de certaines espèces. Notre espèce emblématique dite « thiof » au Sénégal et mérou en français, reviendra sur les plats des sénégalais ?

    FIN.

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 121

    Entretien: 2

    Monsieur X est économiste chercheur Diplômé depuis 1986

    Date de l'entretien : Le 24 janvier 2014 Lieu de l'entretien : Privé

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    Question : Quel est votre parcours professionnel ?

    Réponse : J'ai terminé mes études universitaires en 1985, j'ai fais un stage d'un an à la Direction de l'Océanographie et des Pêches Maritimes (DOPM), devenue Direction des Pêches Maritimes (DPM) actuellement.

    En fait, la DOPM était constituée d'une seule direction et, elle était chargée de gérer toutes les activités de pêches maritimes au Sénégal. Elle cordonnait aussi, tous les programmes de développement de la pêche au Sénégal. Elle contrôlait également tous les fonctionnaires des pêches maritimes. Elle avait à sa tête, un directeur qui nommait et affectait tous les agents qui étaient à sa disposition.

    Malheureusement, cette direction a été éclatée en plusieurs autres directions et avec une dispersion des ses agents mais aussi de ses forces et à mon avis ça n'a pas été une bonne chose.

    En 1986, je suis recruté au Centre de Recherche Océanographique de Dakar Thiaroye comme Chercheur, économiste.

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    Nos missions :

    > L'évaluation des ressources halieutiques ;

    > Le suivi des ressources halieutiques et des systèmes d'exploitation ;

    > La fourniture de bases techniques des mesures d'aménagement des pêcheries pour une exploitation durable des ressources halieutiques.

    Nos réalisations :

    > Meilleure compréhension du mécanisme d'enrichissement des eaux sénégalaises appelé upwelling

    > Mise en évidence la variabilité spatio-temporelle des ressources halieutiques en fonction des paramètres de l'environnement.

    > Détermination de la croissance, la moralité et la reproduction des principales espèces

    > Identification des principales ressources potentiellement exploitables et détermination du niveau d'exploitation des stocks et les potentialités de captures

    > Introduction de la senne tournante coulissante

    > Introduction des caissons isothermes dans la pêche artisanale

    > Meilleure connaissance des comptes d'exploitation des principaux types de pêche artisanale, des effets induits des exportations des produits halieutiques et du mécanisme socio-économique de l'approvisionnement des marchés, grâce à des études socio économiques

    Nos programmes :

    Gestion durable des écosystèmes et des ressources :

    > Variabilité de la circulation et des températures de surface océanique dans le système d'upwelling sénégalo-mauritanien aux échelles intra-saisonnières à interannuelles

    > Réactualisation des caractéristiques de l'upwelling sénégalais et son influence sur les ressources marines

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 124

    > Evaluation des ressources halieutiques

    > Réactualisation des paramètres biologiques essentiels des espèces exploitées

    > Développement d'un système d'information sur la Pêche et l'Aquaculture

    > Etudes des mortalités de poissons sur la Petite Côte

    > Diagnostic de la situation du stock de crevettes profondes à partir d'exercices de

    modélisation

    > Bases scientifiques pour l'élaboration des plans d'aménagement des ressources

    halieutiques

    > Intégration des aires marines protégées dans l'aménagement des pêches au Sénégal.

    Nous faisons également des enquêtes statistiques. Faire des enquêtes en allant à la rencontre d'une pirogue pour recueillir un certain nombre de renseignements tels que :

    > l'origine de la pirogue

    > l'heure de départ en pêche

    > la position

    > l'heure de retour de pêche

    > la profondeur de pêche

    > le type de pêche (puissance du moteur ou voile)

    > le temps de route

    > Nombre de pêcheurs à bord

    L'arrivée de la pirogue est à signaler au préalable sur la feuille des efforts qui spécifie le type de pêche et la tranche horaire.

    L'enquêteur attend que la pirogue soit remontée à terre pour demander ces renseignements.

    Il note ensuite toutes les espèces débarquées, en poids ou en nombre puis fait des mensurations au besoin.

    Dans le cas d'une senne tournante il est à noter, le nombre de coups effectués pour arriver à cette prise. Tout ceci ne peut se faire sans problèmes. En effet, on enregistre une perte de temps considérable lors de l'échantillonnage de la pirogue. Il faut attendre que les

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 125

    transactions soient terminées et le poisson vendu aux mareyeurs pour pouvoir commencer à faire les mensurations.

    Depuis lors j'ai pu faire plusieurs recherches et publications et obtenu une certaine expérience dans l'économie des pêches maritimes au Sénégal qui est mon domaine de formation.

    Nos locaux sont bien fonctionnels et nous avons du matériel nécessaire à la réalisation de nos missions mais cependant, la recherche a un coût.

    Suivant le budget disponible, nous essayons quand même d'atteindre nos objectifs, bien que beaucoup d'efforts doivent être faits pour financer nos recherches.

    Cependant, avec l'avancée technologique, il n'est apparu utile de doter le CRODT d'un navire de recherches océanographiques très sophistiqué et de nautiles comme le Victor 6000 qui permet de faire des recherches jusqu'à 6000 mètres de fond.

    Ce centre gère également d'autres chercheurs travaillant dans des domaines différents notamment, les recherches océanographiques pour l'évaluation des stocks des différentes espèces de poisson disponibles dans les côtes sénégalaises.

    Nous servons également de conseillers dans la prise des décisions des pouvoirs publics surtout ce qui concerne la signature des licences et accords de pêche.

    Je suis également consultant dans différents de projets de pêche au Sénégal, car avant toute mise en place d'un projet, mon avis est souhaité.

    Question : Le Sénégal a signé cette année des accords de pêche avec l'Union européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales. Qu'en pensez-vous ?

    Réponse : La confusion qui en a suivi est un signe annonciateur que ces accords ne sont pas dans notre intérêt : le ministre de la Pêche soutient que ce n'est qu'un renouvellement d'accords signés en 2006 tandis que son prédécesseur dément que des accords n'aient jamais

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 126

    été signés pendant cette période. Qui croire ? De plus, tous les acteurs de la pêche se plaignent de n'avoir pas été impliqués dans les négociations. Pourquoi n'ont-ils pas été impliqués ?

    Ces types d'accords ne sont jamais signés par un pays qui veut être émergent dans ce monde moderne de compétition et de sophistication. Ce sont des accords du passé : nous donnons ce que nous avons de meilleur chez nous, à l'état brut de matières premières non transformées, et nous recevons de toutes petites compensations financières (6 milliards, c'est 0,002% de notre budget ou 461 FCFA pour chacun des 13 millions de Sénégalais, le prix approximatif d'un « Yabooy » aujourd'hui). Nous devrions nous placer dans un ordre totalement nouveau, en phase avec nos aspirations de développement. Des accords de pêche en notre faveur devraient prendre en compte trois dimensions : l'emploi, des technologies dont nous bénéficions et l'optimisation de nos ressources. Toutes ces dimensions sont absentes de ces accords.

    Question : Avec la baisse des captures de poissons, cet accord est-il opportun ?

    Réponse : La crise du secteur de la pêche est une réalité indiscutable que l'on peut mesurer à l'échelle de la rareté des ressources dont se plaignent deux catégories importantes de Sénégalais : les pêcheurs et les ménagères. Doit-on en rajouter ?

    Question : Faut-il poursuivre ces accords ou non ?

    Réponse : A notre humble avis, il faut surseoir à ces accords, impliquer tous les acteurs du secteur dans une concertation constructive et prospective qui réoriente nos relations d'affaires maritimes avec l'Union européenne dans le sens de la valeur ajoutée et des trois dimensions mentionnées plus haut.

    Question : Pourquoi le ministre parle-t-il de régularisation? Il parle d'une situation qu'il a trouvée car, le ministre du gouvernement précédent avait autorisé ces bateaux à venir pêcher illégalement dans nos eaux. Donc, il fallait qu'il régularise cette situation et en tirer le maximum de recettes pour le Sénégal.

    Réponse: Je donnerai mon avis sans aucune motivation politicienne. L'actuel Ministre de la pêche ne connait pas bien le secteur ou alors à tout le moins, il a été mal renseigné. Ce

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    département étant trés important pour notre économie nationale, l'argumentation du Ministre de la pêche est spécieuse, car ne méritant pas le terme de régularisation. Et d'y aller de sa propre explication de ce que le ministre appelle régularisation. Il y a ce que l'on appelle dans le milieu de la pêche, les «canneurs», et qui se consacrent à la pêche au thon.Ils sont en général ou espagnols ou français, auxquels le gouvernement du Sénégal a accordé la possibilité de pêcher le thon, et de débarquer les captures au Sénégal pour alimenter les industries de transformation des produits halieutiques. Il n'en existait alors qu'une de fonctionnelle, en l'occurrence la société nationale des conserveries du Sénégal, qui depuis a été rachetée par des partenaires coréens, et fait l'objet d'une inauguration en grandes pompes par le Président de la république en personne. Donc, le gouvernement a toujours, sous certaines contradictions, à ces «canneurs» le droit de pêcher.

    Question : Le gouvernement n'avait-il pas demandé aux pêcheurs artisanaux de diminuer l'effort de pêche ?

    Réponse : Effectivement le conseil interministériel de juin 2013 avait sorti comme décision de demander aux pêcheurs nationaux de diminuer la pêche sur le merlu et aujourd'hui, ils autorisent des bateaux étrangers à venir pêcher ces espèces de poissons, c'est absurde.

    Question : Selon vous, quelles peuvent être les conséquences de ces accords sur la ressource halieutique ?

    Réponse : On nous a dit que ces bateaux ne pêcheront que le thon. C'est faux ! Ils ne se limiteront pas à pêcher seulement le thon, ils viseront d'autres espèces car il sera impossible de les contrôler. En plus de l'exploitation de nos ressources, ces bateaux déversent toute sorte de déchets dans la mer. L'Etat doit revoir ces accords, il doit nous protéger, sauvegarder nos ressources et protéger l'environnement marin.

    Question : les acteurs ne devraient-ils pas changer leur comportement pour une gestion durable des pêcheries ?

    Réponse : Selon vous qui sont les acteurs ?

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 128

    Question : Je parle de tout le monde. L'Etat, les pêcheurs, les mareyeurs, les transformatrices et même les consommateurs, pourquoi pas !

    Réponse : Vous avez raison, nous devrions tous changer dans la manière d'exploiter les ressources marines car il y va de notre intérêt. Si les captures baissent, nos revenus baissent aussi. Nous aurons des problèmes pour entretenir nos familles et nous courons des risques de famine et pertes d'emplois. Donc si nous voyons des irrégularités dans la gestion de nos ressources, nous devons nous battre pour que cela cesse le plus rapidement possible. De même le panier de la ménagère verra son coût augmenter car plus le poisson est rare, plus son coût est élevé.

    Question : Etes-vous prêts pour sauvegarder les ressources marines ?

    Réponse : Nous sommes évidemment prêts pour protéger l'océan et son contenu car il y va de notre intérêt sinon notre avenir restera précaire. Par exemple, les pêcheurs artisanaux ont commencé à attraper le listao qui est un thon se trouvant dans les fonds des océans et que seuls les grands bateaux pouvaient les attraper. Il y a plus de 70 ans qu'on ne voyait plus cette espèce.

    Question : Pourquoi est-elle (Listao) revenue dans nos eaux ?

    Réponse : Je pense que la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'atlantique nord y a joué un rôle très important. Car, l'attribuant des quotas de pêche à tous les états côtiers pour l'exploitation de ces thons a permis certainement leur renouvellement à grande échelle.

    A mon avis, l'ICCAT qui avait pris en charge la gestion des thons, certainement cette espèce a eu le temps de se reproduire et de réapparaitre de nouveaux dans nos eaux. Il m'est donc apparu important que l'Etat du Sénégal et les autres acteurs, devront tous avoir de nouveaux comportements dans la gestion des pêcheries.

    Pour l'Etat : arrêt de la signature des accords de pêche par exemple

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 129

    Pour les autres : diminution de l'effort exercé sur la ressource et respect du repos biologique par exemple.

    Question : Nous allons aborder un autre point. Que pensez-vous aussi de l'utilisation des filets mono-filaments ?

    Réponse : Ces filets sont non biodégradables et causent des dégâts énormes en mer. Ils doivent être bannis car une fois dans l'eau lorsqu'ils se désagrègent, libèrent des matières toxiques dans l'écosystème.

    Certaines communautés de pêcheurs ne sont prêtes à abandonner ces filets au prix de leur vie notamment à Thiaroye où des affrontements se font noter entre pêcheurs et les agents de l'administration chargés de faire respecter la réglementation. Il y a dans d'autres localités comme Kayar et Yoff, les pêcheurs n'utilisent plus ces filets mono-filaments. Cela veut dire qu'on peut bien s'en passer de ces engins destructeurs. Il suffit d'un peu de volonté et de vouloir changer des méthodes et petit à petit, nous y arriverons.

    Seulement, il y a un couac au sein de l'administration qui semble encourager l'incivisme de certains pêcheurs artisanaux qui s'entêtent à utiliser ce matériel interdit.

    Alors que le ministère de la pêche maritime en interdit l'utilisation, le ministère du commerce en autorise la commercialisation. Malheureusement, l'importation de ce filet et sa commercialisation n'étant pas interdites, les pêcheurs peuvent se l'approprier facilement.

    Néanmoins, son utilisation comme filet de pêche est prohibée, sa détention à bord d'une embarcation, d'un navire est interdite.

    Question : L'administration des pêches a-t-il les moyens de contrôler l'interdiction de l'utilisation des filets mono-filaments ?

    Réponse : A mon avis les fonctionnaires chargés de faire respecter cette interdiction font des efforts énormes pour que ces filets disparaissent totalement dans le secteur des pêches, malheureusement ils ne peuvent pas être partout et leur effectif est limité.

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    D'ailleurs, le service régional des pêches de Sédhiou a saisi ctte année, dans une opération de sécurisation des ressources halieutiques cinquante (50) filets mono filaments interdits à la pêche. Ces filets à petite maille sont jugés dévastateurs des ressources halieutiques en ce qu'ils prennent les jeunes générations de poissons.

    Ces filets par les agents du ministère de la pêche maritime sont incinérés et les contrevenants présentés au procureur de la République pour pillage organisé des ressources halieutiques. Dans le lot des accusés, des Sénégalais mais surtout des Maliens grands prédateurs dans ce domaine.

    Du coup, l'effectif du personnel des agents de la pêche doit être renforcé pour leur permettre de mener à bien leur travail. Ce qui va contribuer à coup sur à lutter contre la pêche destructrice des ressources marines.

    Question: Avec les nombreux accidents en mer se soldant par des pertes énormes en vies humaines, ne devrions-nous pas rendre obligatoire le port du gilet de sauvetage?

    Réponse: Effectivement le port du gilet de sauvetage doit être rendu obligatoire car on a constaté ces derniers temps de nombreuses pertes en vies humaines. D'ailleurs, le ministère de la pêche a pris un arrêté rendant obligatoire le port du gilet de sauvetage à bord des embarcations non pontées.

    Cet arrêté fixe les règles rendant obligatoires l'embarquement et le port du gilet en vue de sécuriser les conditions de travail en mer des pêcheurs artisans et des autres usagers. Toute embarcation doit disposer d'un nombre de gilets de qualité et en quantité supérieure au nombre de pêcheurs à bord.

    Question : Pouvez-vous nous l'utilité du port de ce gilet de sauvetage ?

    Réponse : La conséquence la plus visible de ce phénomène nouveau est le lourd tribut annuellement payé en pertes de vies humaines: aujourd'hui, la plupart des unités de pêche évoluent très loin de leurs bases et à des distances de la côte supérieures à 20 milles nautiques sans les mesures de sécurité requises, notamment l'usage des gilets de sauvetage.

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 131

    Le gilet de sauvetage constitue un moyen de préservation des vies humaines ou, à la rigueur, un élément aidant à retrouver les corps des pêcheurs en cas d'accident.

    Ces mêmes constats sont valables pour les pirogues qui effectuent des activités de transport de passagers et de marchandises.

    Cet outil est d'autant plus nécessaire qu'il est constaté, sous l'effet persistant de la sécheresse, l'arrivée massive d'agriculteurs, d'éleveurs dans le secteur de la pêche artisanale, ce nouveau type de pêcheurs sans expérience, ni formation adéquate, est particulièrement exposé, sans grands moyens de défense, aux risques liés à la navigation maritime et fluviale à destination ou en provenance des lieux de pêche.

    Question : L'Etat n'est-il pas responsable de la sécurité des personnes et des biens ? Réponse : Bien sur, c'est l'Etat qui a en charge de la sécurité de tous. D'ailleurs,

    chaque année l'administration des pêches organise chaque année, la journée nationale de sensibilisation sur la sécurité en mer des pêcheurs artisanaux. Le focus est mis sur le port du gilet de sauvetage avec comme slogan 'un pêcheur, un gilet et aller en mer sans mort''. Les fonctionnaires du ministère appellent les pêcheurs au port du gilet de sauvetage mais aussi le renouvellement du parc piroguier en bois par des embarcations en fibre de verre, non sans inviter les pêcheurs à mettre fin à la capture des espèces immatures ou juvéniles..

    Question : Pourriez-vous faire une évaluation du nombre de victimes de ces accidents ?

    Réponse : Ah, oui. Chaque année des dizaines de victimes, des morts et des disparus sont décomptés avec des pertes matérielles estimées à des millions de F Cfa, suite à des accidents en mer. Le premier semestre de 2014 semble confirmer la tendance avec 89 morts suite à 37 accidents, occasionnant des pertes matérielles estimées à 85 millions de F Cf.

    A l'endroit des pêcheurs, l'Administration des Pêches a invité à mettre fin à la

    capture des juvéniles pour une bonne régénération de la ressource.

    FIN.

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    Entretien: 3

    Objectif :

    Identifiant :

    Personne interviewée :

    Lieu de résidence : Dakar

    Situation matrimoniale : Marié et cinq enfants

    Profession : Fonctionnaire

    Question : Le Sénégal a signé cette année des accords de pêche avec l'Union européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales.

    Qu'en pensez-vous ?

    La confusion qui en a suivi est un signe annonciateur que ces accords ne sont pas dans notre intérêt : le ministre de la Pêche soutient que ce n'est qu'un renouvellement d'accords signés en 2006 tandis que son prédécesseur dément que des accords n'ont jamais été signés pendant cette période. Qui croire ? De plus, tous les acteurs de la pêche se plaignent de n'avoir pas été impliqués dans les négociations. Pourquoi n'ont-ils pas été impliqués ?

    Ces types d'accords ne sont jamais signés par un pays qui veut être émergent dans ce monde moderne de compétition et de sophistication. Ce sont des accords du passé : nous donnons ce que nous avons de meilleur chez nous, à l'état brut de matières premières non transformées, et nous recevons de toutes petites compensations financières (6 milliards, c'est 0,002% de notre budget ou 461 FCFA pour chacun des 13 millions de Sénégalais, le prix approximatif d'un

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 134

    « Yabooy67 » aujourd'hui). Nous devrions nous placer dans un ordre totalement nouveau, en phase avec nos aspirations de développement. Des accords de pêche en notre faveur devraient prendre en compte trois dimensions : l'emploi, des technologies dont nous bénéficions et l'optimisation de nos ressources. Toutes ces dimensions sont absentes de ces accords.

    Avec la baisse des captures de poissons, cet accord est-il opportun ?

    La crise du secteur de la pêche est une réalité indiscutable que l'on peut mesurer à l'échelle de la rareté des ressources dont se plaignent deux catégories importantes de Sénégalais : les pêcheurs et les ménagères. Doit-on en rajouter ?

    Faut-il poursuivre ces accords ou non

    A notre humble avis, il faut surseoir à ces accords, impliquer tous les acteurs du secteur dans une concertation constructive et prospective qui réoriente nos relations d'affaires maritimes avec l'Union européenne dans le sens de la valeur ajoutée et des trois dimensions mentionnées plus haut.

    FIN.

    67 Yabooy= sardinelles

    Entretien : 4

    Objectif :

    Identifiant :

    Personne interviewée :

    Lieu de résidence : Dakar

    Situation matrimoniale : Marié et trois enfants

    Profession : Fonctionnaire

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 135

    Question : Le Sénégal a signé cette année des accords de pêche avec l'Union européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales.

    Qu'en pensez-vous?

    Je donnerai mon avis sans aucune motivation politicienne. L'actuel Ministre de la pêche ne connait pas bien le secteur ou alors à tout le moins, il a été mal renseigné. Ce département étant très important pour notre économie nationale, l'argumentation du Ministre de la pêche est spécieuse, car ne méritant pas le terme de régularisation. Et d'y aller de sa propre explication de ce que le ministre appelle régularisation. Il y a ce que l'on appelle dans le milieu de la pêche, les «canneurs», et qui se consacrent à la pêche au thon. Ils sont en général ou espagnols ou français, auxquels le gouvernement du Sénégal a accordé la possibilité de pêcher le thon, et de débarquer les captures au Sénégal pour alimenter les industries de transformation des produits halieutiques. Il n'en existait alors qu'une de fonctionnelle, en l'occurrence la SNCDS, qui depuis a été rachetée par des partenaires coréens, et fait l'objet d'une inauguration en grandes pompes par le Président de la république en personne.

    Donc, le gouvernement a toujours, sous certaines contradictions, à ces «canneurs» le droit de pêcher.

    Dans quelles conditions l'exportation est permise?

    Je poursuis en vous déclarant: «l'exportation n'est autorisée que dans le cas où la SNCDS ne peut pas payer les produits pêchés(tel n'est pas le cas pour le moment), el ces canneurs sont alors autorisés à les réexporter».

    Pourquoi le ministre parle-t-il de régularisation?

    Donc, je dis que parler de régularisation par le Ministre n'est pas dire la vérité.

    FIN.

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 136

    Entretien : 5

    Objectif :

    Identifiant :

    Personne interviewée :

    Lieu de résidence : Saint-Louis

    Situation matrimoniale : Marié et cinq enfants

    Profession : Fonctionnaire

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 137

    Le Sénégal a signé cette année des accords de pêche avec l'Union Européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales.

    Qu'en pensez-vous?

    Curieusement, nous avons appris que l'Etat du Sénégal a signé des accords de pêche en autorisant 38 bateaux des pays de l'union Européenne à venir pêcher dans les eaux maritimes sous juridiction sénégalaise. Nous sommes bien d'accord avec cette décision prise courageusement par le ministre de la pêche Ali HAIDAR. Le véritable probléme dans ce probléme, est que le ministre Ali HAIDAR a pris la ferme volonté de mettre fin aux agissements de ces sénégalais bon teint, qui servent de prête-noms à des compagnies étrangéres alors qu'ils n'ont pas l'argent nécessaire pour l'acquisition de bateaux qui valent des centaines de millions voire des milliards d'euros. Ces sénégalais encaissent à eux seuls des centaines de millions simplement parce que les licences sont à leurs noms.

    Connaissez-vous ces sénégalais qui s'adonnent à ces pratiques?

    Oui, on connait ces quelques sénégalais qui se servent depuis plus de vingt ans sur le dos du trésor publique, parce que le tonage débarqué au port de Dakar leur rapporte beaucoup.

    Monsieur Ali HAIDAR, ministre de la pêche et le gouvernement doivent s'attendre à une vaste campagne de dénigrement contre le ministre, campagne orchestrée par des sénégalais qui ne veulent pas qu' Ali HAIDAR leur enléve les centaines de milliards de francs CFA qu'ils touchent en TTC! Les patriotes doivent soutenir Ali HAIDAR dans son combat contre ces prévaricateurs qui sont souvent installés dans des instances sportives, politiques, religieuses et autres depuis de sannées.

    Pourquoi êtes-vous d'accord avec cette mesure?

    Nous sommes d'accord pour plusieurs raisons dont je vous donnerai parmi celles-ci deux:

    1. L'Etat du Sénégal gagnera de l'argent pour renflouer ses caisses, car l'argent qui allait dans les poches de ces prévaricateurs sera récupéré par le trésor public.

    2. Les pêcheurs sénégalais n'ont pas de gros bateaux pour aller dans les zones lointaines où se trouvent les poissons. Si ces espèces ne sont pas pêchées, elles seront perdues par le Sénégal car elles vont migrer dans d'autres zones ou pays. Donc, le Sénégal perdra de l'argent, mais aussi du poisson.

    Pourquoi le ministre parle-t-il de régularisation?

    C'est une situation qu'il a trouvé car le ministre du gouvernement précédent avait autorisé ces bateaux à venir pêcher illégalement dans nos eaux. Donc, il fallait qu'il régularise cette situation et en tirer le maximum de recettes pour le Sénégal.

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    Entretien: 6

    Objectif :

    Identifiant :

    Personne interviewée :

    Lieu de résidence : Mbour

    Situation matrimoniale : Marié et trois enfants

    Profession : Fonctionnaire

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 139

    Question : Le Sénégal a signé cette annéedes accords de pêche avec l'Union européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales.

    Qu'en pensez-vous?

    Ces bateaux qui viennent pêcher chez nous ne font que nous ruiner,car ces bateaux balaient tout sur leur passage.Donc tous nos poissons seront attrapés par ces bateaux! On paie à l'Etat du Sénégal des centaines de millions d'euros mais nous les pauvres citoyens ne voyont pas cet argent car, le plus souvent est détourné et va dans la poche des politiciens. Et nous remarquons depuis des années l'argent tiré des accords de pêche est souvent scandaleux et les principaux responsables se rejettent la balle. Nous n'avons rien, même de quoi à manger et on laisse ces bateaux nous rendre encore plus pauvres en exploitant toutes nos ressources ! Nous ne comprenons rien de ces nouveaux accords, car on nous dit que ce sont des accords de régularisation, et si on doit régulariser, ce sont 8 bateaux au lieu de 38 bateaux. Et pourtant, nous avons appris que ces accords ont concerné 38 bateaux. Pourquoi 38 bateaux ?

    Le gouvernement vous n'avait-il pas demandé de diminuer l'effort de pêche ?

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 140

    Effectivement le conseil interministériel de juin 2013avait sorti comme décision de demander aux pêcheurs nationaux de diminuer la pêche sur le merlu et aujourd'hui, ils autorisent des bateaux étrangers à venir pêcher ces espèces de poissons, c'est absurde.

    Selon vous, quelles peuvent être les conséquences de ces accords sur la ressource halieutique ?

    On nous a dit que ces bateaux ne pêcheront que le thon. C'est faux ! Ils ne se limiteront pas à pêcher seulement le thon, ils viseront d'autres espèces car il sera impossible de les contrôler. En plus de l'exploitation de nos ressources, ces bateaux déversent toute sorte de déchets dans la mer. L'Etat doit revoir ces accords, il doit nous protéger, sauvegarder nos ressources et protéger l'environnement marin.

    Ne devriez-vous pas changer vos comportements pour une gestion durable des pêcheries ?

    Vous avez raison, nous devrions changer dans la manière d'exploitation des ressources car il y va de notre intérêt. Si les captures baissent, nos revenus baissent aussi. Nous aurons des problèmes pour entretenir nos familles et nous courons des risques de famine et pertes d'emplois. Donc si nous voyons des irrégularités dans la gestion de nos ressources, nous devons nous battre pour que cela cesse le plus rapidement possible.

    Etes-vous prêts pour sauvegarder les ressources marines ?

    Nous sommes évidemment prêts pour protéger l'océan et son contenu car il y va de notre intérêt sinon notre avenir restera précaire. Nous avons commencé à attraper le listao qui est un thon qui se trouve dans les fonds des océans et que seuls les grands bateaux pouvaient les attraper. Il y a plus de 70 ans qu'on ne voyait plus cette espèce.

    Pourquoi est-elle (Listao) revenue dans nos eaux ?

    Je pense depuis que l'Etat a imposé le repos biologique, le gel de la signature des licences de pêches, certainement cette espèce a eu le temps de se reproduire et de réapparaitre de

    nouveaux dans nos eaux. Cela veut dire que l'Etat et nous-mêmes devront tous avoir de nouveaux comportements dans la gestion des pêcheries. Pour l'Etat : arrêt de la signature des accords de pêche par exemple et pour nous : diminution de l'effort exercé sur la ressource et respect du repos biologique par exemple.

    FIN.

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    Entretien: 7

    Objectif : Accompagnement au changement pour une gestion durable de la pêche artisanale maritime sénégalaise.

    Identifiant :

    Personne interviewée :

    Lieu de résidence : Mbour

    Situation matrimoniale : Marié et quatre enfants

    Profession : Pêcheur

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 142

    Le Sénégal a signé cette année des accords de pêche avec l'Union Européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales.

    Qu'en pensez-vous?

    C'est vous qui me l'avez appris, si cela est vrai, c'est normal! Je déplore la gestion du Ministre Khoureychi sous la présidence de Abdoulaye WADE. Ce ministre avait signé en 2006 un protocole thonier avec des navires étrangers, espagnols, français de pêcher et de débarquer 15000 tones de thon par an au port de Dakar.

    Pourquoi êtes-vous d'accord avec cette décision?

    Nous avons depuis 2006 décrié cette situation, nous ne pouvons rien faire, parce que ce sont les autorités qui décident et qui font tout à notre place et sans nous consulter.Le nouveau ministre est un écologiste, donc il se souci de la gestion rationnelle de nos ressources halieutiques et de l'environnement marin. Avant son entrée dans ce gouvernement,il était toujours à nos côtés et défendait nos causes. Donc, c'est trés nornal qu'il revient sur ces

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    accords avec l'Union Européenne en exigeant une compensation financiére pour débarquer ce thon.

    Paraît-il qu'il a régularisé 38 bateaux aulieu de 08 normalement?

    Je ne le crois pas! Aussi, ce n'est pas du tout normal car ces bateaux risquent de prendre tous nos poissons. Ce sont des bateaux qui ont de grandes capacités de captures, ils raclent tout à leur passage. On risque de tout perdre et de devenir très pauvre,car sans le poisson, nous n'existerons plus. D'ailleurs,c'est lui même qui nous demandait de réduire nos efforts de pêche ( limitation du nombres de pirogues et interdiction de pêcher certaines espèces).

    Le gouvernement vous n'avait-il pas demandé de diminuer l'effort de pêche ?

    Oui, le conseil interministériel de juin 2013 nous demandé de diminuer le nombre de sorties en mer, de réduire le nombre de nos pirogues, d'arrêter de pêcher le merlu et aujourd'hui, ils autorisent des bateaux étrangers de pêcher ces espèces de poissons.

    Selon vous, quelles peuvent être les conséquences de ces accords sur la ressource halieutique ?

    Ces accords peuvent être bénéfique pour le Sénégal d'un côté car ils permettent de régulariser une situation anormale qui a été décriée par tout le monde, de faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat.

    D'un autre côté, avec 38 bateaux, on risque de perdre tous nos poissons. Actuellement nos ressources ne peuvent plus supporter un grand nombre de bateaux, il n'y a plus de poissons sur les côtes sénégalaises.

    Ne devriez-vous pas changer vos comportements pour une gestion durable des pêcheries ?

    Vous avez raison, nous devrions changer nos pratiques dans la manière d'exploitation des ressources car il y va de notre intérêt. Ces dernières années nous souffrons tous du manque de poissons dans les côtes sénégalaises. Nous effectuons des dépenses énormes pour aller en mer

    et dés fois, nous revenons bredouille, aucun poisson attrapé ou peu. C'est une perte énorme pour nous et beaucoup d'entre nous veulent se reconvertir à une autre activité professionnelle plus rentable.

    Etes-vous prêts pour sauvegarder les ressources marines ?

    Nous sommes obligés de protéger l'océan et son contenu car il y va de notre intérêt sinon nous ne pourrons plus entretenir nos familles.

    Avec le repos biologique, nous avons commencé à attraper le listao qui est une espèce qui se déplace dans les océans (Sénégal, Mauritanie et Côte d'Ivoire).

    Pourquoi est-elle (Listao) revenue dans nos eaux ?

    C'est une espèce qui se déplace en haute mer de la Mauritanie à la Côte d'Ivoire en passant par le Sénégal. Et cette espèce même si elle n'est pas pêchée au Sénégal, elle le sera dans d'autres pays. En plus, nos pêcheurs n'ont pas les moyens de les attraper.

    FIN.

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 144

    Entretien: 8

    Objectif :

    Identifiant :

    Personne interviewée :

    Lieu de résidence : Thiaroye

    Situation matrimoniale : Marié et deux enfants

    Profession : Fonctionnaire

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    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 145

    Question : Le Sénégal a signé cette année des accords de pêche avec l'Union européenne sur cinq ans pour un montant de six milliards de francs CFA permettant à trente-huit navires européens de pêcher dans nos eaux territoriales.

    Qu'en pensez-vous?

    Les accords de pêche avec l'Union Européenne appauvrissent les sénégalais. Je ne suis pas du tout d'accord avec ces accords. L'Etat du Sénégal doit aider les pêcheurs sénégalais à avoir leur propre flotte qui pourra accéder aux zones lointaines pour l'exploitation des ressources halieutiques nationales.

    Quelles peuvent être les conséquences sur le plan social ?
    Il ne peut y avoir de développement, de croissance, d'émergence sans un respect strict des droits fondamentaux des citoyens.

    On n'interdit aux jeunes de Kayar, de Thiaroye, de N'dar, de Yoff ou de Soumbédioune de prendre la mer (immigration clandestine) et de rester au Sénégal pour travailler. Paradoxalement, au même moment, on brade nos ressources halieutiques. La seule alternative pour ces pêcheurs traditionnels est de subvenir aux besoins de leurs familles. L'émergence ne se fera pas en appauvrissant une certaine tranche de la population.

    Le Sénégal, économiquement, un des pays les plus pauvres de la planète, brade ses eaux territoriales à l'Union Européenne au détriment de la population. En effet, le gouvernement du Sénégal a mis en location pour les cinq années à venir nos eaux pour un montant dérisoire. Avec la complicité de nos autorités, des navires européens pourront surpêcher en toute tranquillité, avec une modique somme (1,5 milliard FCFA / An), sous nos eaux. Il n'y n?a aucune légitimité dans ces accords de pêche. On veille aux intérêts de l'Europe tout en trompant son peuple.

    Selon vous quelle est l'importance socio-économique de la pêche au Sénégal ?

    La pêche artisanale est un des piliers de l'économie sénégalaise. Elle emploie des centaines de milliers de personnes, elle est aussi le premier secteur d'exportation du Sénégal. Pour signer des accords, les acteurs de la pêche devraient être consultés. Il nous faut redéfinir cette politique de distribution des licences de pêche. Quelle gouvernance vertueuse ! La rupture n'est pas pour demain.

    FIN.

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    TABLE DES MATIERES

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    REMERCIEMENTS

    SOMMAIRE

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

    INTRODUCTION 1

    1- L'objet de la recherche 4

    2- Méthodologie 6

    PARTIE I : LA PECHE AU SENEGAL 11

    Chapitre I : Le secteur de la pêche au Sénégal, une activité économique et ancestrale 12

    1- Les méthodes traditionnelles de pêche 12

    1-1- La filière artisanale 14

    1-2- La filière industrielle 15

    2- Importance culturelle et économique de la pêche pour le Sénégal 16

    2-1- Culturelle 16

    2-1-1- Croyances et mythes liés aux éléments naturels 16

    2-2- Economique 21

    2-2-1- La commercialisation des produits de la pêche 24

    2-2-3- La transformation des produits halieutiques 26

    3- Impact socio-économique de la pêche 27

    3-1- Contribution au Produit Intérieur Brut 28

    3-2- Contribution à la balance commerciale 28

    3-3- Contribution au budget de l'Etat 28

    3-4- Contribution à la sécurité alimentaire 29

    3-5- Contribution à l'emploi 29

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 149

    Chapitre II : Une activité professionnelle soumise à la diminution des ressources

    halieutiques 31

    1- Les difficultés actuelles du secteur de la pêche au Sénégal 32

    1-1- Les accords de pêche 32

    1-2- Le pillage des ressources halieutiques 35

    2- Les conséquences de la gestion irrationnelle des ressources halieutiques 36

    3- La disparition de certaines espèces (l'exemple du mérou) 37

    4- La surveillance des côtes maritimes 39

    5- Le niveau de rentabilité des revenus en baisse 40

    Chapitre III : L'apport de la sociologie de la traduction 43

    1- De chefs religieux au rôle de traducteurs 45

    2- Hypothèse 46

    3- Enrôlement des acteurs 47

    4- La relation de confiance entre les acteurs 49

    PARTIE II : L'ETAT ET LA PECHE 53

    Chapitre I : Une organisation étatique spécifique et une administration sous contraintes 54

    1- Structure et organisation administrative de la pêche maritime sénégalaise 54

    Les contraintes 56

    2- Les organisations professionnelles impliquées dans la pêche maritime 57

    4-4- Dans la pêche artisanale 57

    4-5- Dans la pêche industrielle 59

    3- Les institutions de coopération internationales 59

    Chapitre II : Les tentatives de changement et la confrontation avec les pêcheurs 60

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 150

    1- Les pratiques actuelles des pêcheurs

     
     

    60

    1-1- L'utilisation des mono-filaments

     

    60

    1-2- Des incidents nés de l'utilisation des mono-filaments

     

    62

    1-3- La sécurité en mer

     

    64

    1-4- Le rôle de l'administration publique des pêches

     

    65

    Chapitre III : La corruption et les pratiques frauduleuses dans la pêche

     

    66

    1- La corruption :

     

    67

    1-1- Sous le régime du Président Abdou DIOUF

     

    67

    1-2- Sous le régime du Président Abdoulaye WADE

     

    68

    2- Des pratiques frauduleuses dans les eaux maritimes sénégalaises

    70

     

    PARTIE III : VERS UN DEVELOPPEMENT DURABLE DES PECHES AU

    SENEGAL

    Chapitre I : L'accompagnement au changement

    73

    74

    1-

    Les changements comportementaux

    75

    2-

    Les différentes étapes du changement

    77

    3-

    La conduite du changement

    82

    4-

    La résistance au changement

    83

     
     

    4-1- Causes collectives

    85

     

    4-2- Causes structurelles et conjoncturelles

    86

     

    4-3- Causes individuelles

    86

    Chapitre II : Les résultats de la recherche 86

    1- Impact de la confiance sur la gestion des ressources marines 86

    1-1-Le gel de la signature des accords de pêche 88

    1-2- L'immatriculation des pirogues 89

    1-3- La responsabilisation des acteurs professionnels 89

    2- L'impact des résultats de la collaboration 90

    CONCLUSION GENERALE 95

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 101

    ANNEXES 106

    SOMMAIRE DES ANNEXES 107

    BA Gorgui Aly- Mémoire DHEPS-2015

    Les Changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime sénégalaise pour une gestion durable de la filière.Page 151

    NOM : BA

    Prénom: Gorgui Aly

    Session de soutenance : Septembre 2015

    FORMATION : Diplôme des Hautes Etudes en Pratiques Sociales

    Mention « Responsable d'Etude et de Projet Social » (DHEPS)

    TITRE : Les changements comportementaux des acteurs de la pêche maritime

    sénégalaise dans les pratiques pour une gestion durable de la filière pêche

    RESUME (250 à 350 mots) :

    Cette recherche s'inscrit dans une démarche visant à appréhender le degré de perception des

    acteurs de la pêche maritime sénégalaise sur la dégradation de la ressource halieutique et

    comment y faire face actuellement par un changement de comportement des acteurs, pour gérer durablement les stocks de poissons disponibles.

    Depuis 1990, en dépit de ses innombrables potentialités, les ressources halieutiques du Sénégal

    traversent une crise socio-économique et biologique sans précédent. Cette crise va de la mal

    gouvernance dans la gestion à la prolifération des pratiques de pêche illégale, en passant par la faible valorisation de la pratique de pêche.

    Ce mémoire de recherche s'est intéressé dans un premier temps à l'utilisation des

    résultats d'études quantitatives sur la sensibilité et les pratiques des acteurs, à l'étude des

    rapports élaborés par les services étatiques du Sénégal et d'ouvrages en relation avec le

    thème, en mettant le tout en perspective avec des travaux de sociologie.

    Cette étude a révélé que tous les acteurs sont unanimement conscients de la dégradation de la

    ressource halieutique et que des mesures urgentes doivent être prises. Par contre, certains ne

    sont pas prêts et refusent tout changement. Elle a aussi révélé que la corruption et des pratiques frauduleuses gangrènent la pêche au Sénégal.

    Dans le règlement des conflits, ce mémoire permet de constater que les chefs religieux

    qui comptent parmi eux de nombreux « talibés » ou fidèles, doivent être impliqués dans conception et la mise en oeuvre des décisions.

    Si cette étude a, en outre, apporté des éléments de réponse à la dégradation de la

    ressource halieutique au Sénégal, elle laisse toutefois la question de la relation de confiance entre les acteurs non encore élucidée.

    MOTS CLES : développement durable pêche, changements comportementaux, pillage des ressources halieutiques au Sénégal

    NOMBRE DE PAGES : 151 Volume(s) annexé(s) : 0 1 2

    CENTRE DE FORMATION :

    Collège Coopératif Provence Alpes Méditerranée

    Europôle Méditerranéen de l'Arbois, BP 50099

    13793 AIX-EN-PROVENCE cedex 3






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon