Agriculture et croissance économique dans les pays de la CEMAC( Télécharger le fichier original )par AZAKI MAHAMAT Université de Ngaoundéré - Master II 2014 |
II.OBJECTIFS DE LA RECHERCHEObjectif principal Cette étude a pour objectif principal d'évaluer l'impact du sous-secteur agricole sur la croissance économique des pays de la CEMAC. Objectifs spécifiques Pour aboutir à l'objectif principal, les objectifs spécifiques fixés dans le cadre de cette étude sont au nombre de deux (2) et se résument comme suit : Ø analyser la contribution de l'agriculture à la croissance du PIB ; Ø estimer la corrélation entre l'agriculture et le secteur industriel. III.HYPOTHESES DE RECHERCHELes deux hypothèses suivantes sont posées : Hypothèse 1 : l'agriculture contribue positivement à la formation du PIB des pays de la CEMAC ; Hypothèse 2 : la dynamique du secteur agricole influence positivement celle du secteur industriel. IV.REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
Nous organisons cette revue de la littérature en deux parties. La première partie s'intéresse à la revue de la littérature théorique, et la deuxième partie passe en revue la littérature empirique. Revue de la littérature de la première hypothèse Avant les années 1950, certains auteurs ont estimé que la croissance agricole a précédé celle de l'industrie. C'est ainsi que les historiens de la révolution industrielle ont affirmé que la révolution agricole a précédé la révolution industrielle par un décalage de cinquante à soixante années. En 1767, à l'aube de la révolution industrielle, Mill affirmait que la productivité de l'agriculteur limite la taille du secteur industriel1(*). A partir de 1950, les économistes considéraient de plus en plus le secteur agricole comme un secteur retardé dans l'économie, générateur d'un surplus de main d'oeuvre tel que l'a formalisé Lewis (1955). L'intérêt était porté sur la croissance résultant du secteur non agricole. Le secteur agricole devait fournir à ce dernier les éléments nécessaires à son expansion. À cet effet, les physiocrates reconnaissaient que l'importance d'un surplus agricole était essentielle pour la bonne santé des finances publiques et le niveau de l'activité économique. Pour Lewis (1955), l'agriculture est source de formation du capital. Elle libère la main d'oeuvre faiblement productive pour alimenter les autres secteurs notamment l'industrie en constituant ainsi un marché pour les produits industriels fournisseurs des devises permettant de financer les importations. Selon Bella (2009), le secteur agricole, de par son potentiel de profits, attire des Investissements Directs Etrangers (IDE), créant de ce fait des emplois et ouvrant de nouveaux créneaux d'investissements au profit des entrepreneurs locaux pour une augmentation de la production locale. Dans ce même ordre d'idée, la Banque Mondiale (2008) estime que l'agriculture contribue au développement de plusieurs manières. D'abord, en tant qu'activité économique, « l'agriculture peut alimenter la croissance de l'économie nationale, offrir des opportunités d'investissement au secteur privé et être le principal moteur des industries apparentées et de l'économie rurale non agricole ». Ensuite, les industries et les services associés à l'agriculture dans les chaînes de valeur contribuent souvent pour plus de 30 % au PIB dans les pays en mutation et les pays urbanisés. Enfin, elle pense que l'agriculture constitue un instrument de développement unique en tant qu'activité économique, moyen de subsistance et fournisseur de services environnementaux. Pour la B.M. (2008), la manière dont l'agriculture favorise le développement diffère d'un pays à un autre selon la façon dont chaque pays l'utilise pour alimenter la croissance et réduire la pauvreté. Dans les pays à vocation agricole à l'instar des pays d'Afrique sub-saharienne, l'agriculture est le principal moteur de la croissance. Dans les pays en mutation tels que la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Maroc et la Roumanie, elle n'est plus un facteur primordial de la croissance économique ; elle contribue en moyenne pour seulement 7 % à l'augmentation du PIB. Dans les pays urbanisés, la contribution directe de l'agriculture à la croissance économique est encore plus réduite (5 % de l'augmentation du PIB, en moyenne). Kuznets (1964) pour sa part, distingue quatre voies par lesquelles l'agriculture concourt au développement économique. D'abord, à travers ses produits, l'agriculture est source de nourriture. Elle permet d'alimenter la main d'oeuvre des autres secteurs. Elle procure à l'industrie les matières premières. Un secteur agricole productif fournira des produits bon marché. D'où une amélioration du niveau de rémunération réelle et donc une possibilité d'accumulation pour les autres secteurs. De plus, l'augmentation de la production agricole a un effet sur la croissance du PIB. Ensuite, le secteur agricole peut constituer une demande de biens industriels et des services. Une amélioration de la productivité dans ce secteur devrait permettre l'amélioration des revenus du monde paysan et par conséquent l'accroissement de leur consommation. Le secteur agricole peut ainsi faciliter l'émergence de nouveaux débouchés pour les industries. En outre, l'agriculture est source de devises pour l'ensemble de l'économie à travers l'exportation de ses produits. Ces devises peuvent permettre d'importer des machines et matières premières dont a besoin l'industrie pour se développer. Enfin, l'agriculture dégage le plus souvent un surplus de main d'oeuvre qui est considérée comme un important facteur de production aux autres secteurs, notamment l'industrie. Bako (2011) s'est intéressé aux problèmes de financement de l'agriculture burkinabé en mettant en exergue les potentialités et les défis de cette agriculture afin d'appréhender les besoins de financement du secteur et d'analyser les problèmes de son financement. Une analyse économétrique réalisée à partir d'un modèle à correction d'erreur a révélé qu'il existe une relation de long terme entre la production agricole et les financements publics et que ces financements ont un impact positif à court et à long terme sur la croissance agricole. Les simulations réalisées montrent qu'à partir d'un taux de croissance des financements publics agricoles de 9% sur la période 2009-2015, le pays pourrait atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en matière de réduction de la faim. Revue de la littérature de la deuxième hypothèse Peu d'études empiriques ont porté sur la corrélation entre le sous-secteur agricole et le secteur industriel, de même qu'avec le PIB. Ces quelques études qui ont été réalisées établissent une corrélation positive entre l'agriculture (en amont), le secteur industriel et le PIB (en aval). C'est ainsi que Yao (2000) a démontré par la méthode de cointégration qu'en Chine, l'agriculture a entraîné la croissance du secteur industriel, et la croissance du secteur non agricole n'a pas d'effet sur le secteur agricole. Katircioglu (2006) a mené les mêmes études dans la partie nord de Chypre afin d'établir le sens de causalité selon Granger entre les taux de croissance du PIB réel et du PIB réel agricole. Dans une deuxième étude, il a recherché la cointégration et les relations causales entre les différents secteurs d'activité de Chypre du nord. En utilisant les valeurs en logarithme du PIB réel, du PIB réel agricole, du PIB réel industriel et du PIB réel des services, il trouve que l'agriculture reste encore l'épine dorsale de l'économie de ce pays et qu'elle a une relation d'équilibre à long terme avec la croissance économique et donne la direction du développement de l'industrie. Bella (2009) a abouti aux résultats contraires à ceux de Katircioglu (2006) pour le Cameroun. Par l'estimation d'un modèle vectoriel à correction d'erreur (VECM), il trouve qu'il existe une relation de long terme entre les taux de croissance du PIB réel par tête, des PIB réel agricole, industriel et des services. Cette relation de long terme montre qu'une hausse du PIB réel agricole a eu en moyenne une baisse du PIB réel par tête. Les estimations révèlent également que le développement du secteur agricole n'a pas causé celui des autres secteurs. * 1 Confère Bella (2009). |
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