I-1- La situation des acteurs de production agricole
La situation socio-économique de la zone CEMAC est
caractérisée par la pauvreté et l'insécurité
alimentaire. Ces deux phénomènes sociaux déjà
très répandus dans la CEMAC se sont aggravés durant les
dix dernières années à cause des crises
socio-économiques qui se sont révélées comme
étant la cause et la conséquence des problèmes
militaro-politiques qui ont secoué la plupart des pays membres de la
CEMAC et les pays voisins.
Le niveau de revenu moyen par habitant pour la zone CEMAC est
comparable à celui des autres zones moins avancées, et on
constate une forte variation entre les pays et les différents groupes
sociaux au sein de chaque pays. Les données sur le PIB moyen par
habitant montrent qu'elles variaient entre 250 US $ et 498 US $ durant la
période 2000-2003. La répartition de ce revenu entre les groupes
sociaux dans les différents pays membres est presque similaire. Environ
20% des plus pauvres dans ces pays ont moins de 5% de revenu, tandis que 20%
des plus riches contrôlent plus de 60% de revenu.
En dépit de la bonne tenue que présentent les
indicateurs macroéconomiques des Etas de la CEMAC, la situation sociale
ne cesse de se dégrader. La pauvreté reste importante. Elle
touche plus de 30% de la population de la région.
I-2- La situation de la production agricole
Le secteur agricole de la zone CEMAC a été fort
intimidé tant en terme de croissance de la production qu'en terme de
productivité de main d'oeuvre et celle de la terre au cours de la
période allant de 1966-2007.
La production agricole totale dans la zone CEMAC a connu un
taux de croissance modeste passant de 0,09% par an durant la période
1990-1993 à 0,92% par an durant la période 2000-2003. Le taux de
croissance de la production végétale est remonté de -0,37%
par an entre 1966-1992 à 0,65% en 2000-2007. On constate
également que le taux de croissance de la production agricole
enregistré dans la zone est de loin inférieur au taux de
croissance démographique de l'ordre de 3,0% par an et au taux de
croissance de la production agricole de 6,0% par an retenu par la
déclaration du millénaire comme étant nécessaire
pour la réduction de la pauvreté et de la faim. Toutefois, le
taux de croissance de la production agricole varie fortement entre les
différents pays membres de la communauté économique et
monétaire de l'Afrique centrale. Avant 1993, le taux de croissance de la
production agricole variait entre 2,40% au Cameroun à -2,97% en
Guinée Equatoriale. Après cette année il était de
4,30% au Tchad contre -2,45% en Guinée Equatoriale. La modeste
performance de l'activité agricole explique dans une large mesure
l'aggravation de la pauvreté et de l'insécurité
alimentaire observée dans la sous-région CEMAC
caractérisée par une forte croissance démographique.
Parlant de la sécurité alimentaire, elle est
devenue une des préoccupations majeures de l'humanité d'autant
plus que la lutte contre la pauvreté et la faim est un des objectifs du
millénaire pour le développement. La faim demeure un grand
problème pour l'humanité, en particulier pour les pays de la
CEMAC.
Tableau 1 :
Données démographiques
|
Cameroun
|
RCA
|
Congo
|
Gabon
|
Guinée Equat.
|
Tchad
|
CEMAC
|
Population totale (millions)
|
15,0
|
3,4
|
2,8
|
1,2
|
0,5
|
7,6
|
30,5
|
Taux de croissance (%)
|
2,8
|
2,5
|
3,2
|
2,0
|
2,4
|
2,5
|
2,7
|
Population rurale (millions)
|
9,3
|
2,2
|
1,5
|
0,3
|
0,3
|
6,0
|
19,6
|
Source : BEAC
Cet accroissement de la population urbaine comporte deux
aspects contradictoires : le principal avantage est le fait que cette
population constitue pour les producteurs agricoles un débouché.
Son accroissement devrait donc profiter aux ruraux qui doivent accroître
la production et satisfaire les besoins des consommateurs urbains et
répondre à la pression supplémentaire sur les
denrées alimentaires. Par contre, l'urbanisation croissante se fait au
détriment de la population rurale qui se voit privée de ses bras
les plus solides, l'exode rural étant d'avantage alimenté par les
jeunes qui rêvent d'une vie meilleure en ville.
Tableau 2 :
Évolution de la part de l'agriculture dans le PIB
des pays de la CEMAC
|
1996
|
2002
|
Cameroun
|
32,88
|
28,21
|
RCA
|
52,58
|
54,93
|
Congo
|
9,40
|
6,14
|
Gabon
|
7,94
|
7,42
|
Guinée Equat.
|
39,14
|
4,32
|
Tchad
|
38,83
|
35,09
|
Source : BEAC
Figure 1 :
Évolution de la part de l'agriculture dans le PIB de la
CEMAC
Source : CEMAC, 2003
Dans le graphique ci-dessus, on constate que l'agriculture n'a
pas vraiment contribué à la formation du PIB au Congo (6,14%),
Gabon (7,42%) et Guinée Equatoriale (4,32%) en l'an 2002.
S'agissant de la productivité de la main d'oeuvre
agricole et de la terre, il convient de préciser que le coût de
transaction constitue trois paramètres importants qui déterminent
la compétitivité et la rentabilité de l'agriculture et, de
ce fait, le succès de la lutte contre la faim et la pauvreté. En
acceptant que la productivité de céréale, racine et
tubercule occupe l'essentiel du temps alloué aux activités
agricoles, le niveau de la productivité moyenne de la main d'oeuvre
agricole reste largement faible et de loin inférieur à la moyenne
africaine et mondiale. Concernant la productivité de la terre, le niveau
de rendement des cultures reste très bas dans la zone CEMAC
comparé au niveau moyen dans le monde.
La faible productivité de l'agriculture des pays
membres de la CEMAC est la résultante d'une politique inadéquate
en matière d'investissement dans tous les facteurs contribuant à
l'amélioration de la productivité agricole. Parmi ces facteurs,
l'utilisation négligeable des engrais chimiques, le manque de maitrise
de l'eau, l'utilisation fort limitée des semences
améliorées, et la prédominance des pratiques culturales
non éprouvées, constituent la principale cause de la faible
productivité de l'agriculture dans la zone CEMAC.
II. LA CONSOMMATION AGRICOLE EN ZONE CEMAC
Ici, nous nous focaliserons sur la situation des
échanges et la transformation des produits agricoles en zone CEMAC.
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