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Une agriculture urbaine durable à  Kigali (Rwanda)

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par Felicien SEBUHINJA
Universite du Maine (France) - Masterà¢â‚¬â„¢s degree en politiques territoriales et developpement durable 2010
  

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V.5. PROTECTION DES ESPACES AGRICOLES

V.5.1. Pourquoi protéger les espaces agricoles ?

Liés à un niveau de richesse et à une conscience environnementale renforcée, des arguments ont été avancés pour protéger les espaces agricoles au titre d'enjeux économiques, esthétiques et environnementaux (AFT, 2003 cités par Dissart, 2006).

Selon l'argument économique, les espaces agricoles devraient être protégés car il s'agit de maintenir la base du système agroalimentaire, important pour les économies en termes de balance commerciale, de création d'emploi et de revenu. Le maintien des espaces agricoles permet d'accompagner l'augmentation de la demande globale liée à l'augmentation de la population et des revenus et à l'ouverture des marchés. Les produits locaux sont les mieux placés pour répondre à la demande de qualité et de traçabilité, sans oublier le principe de la souveraineté alimentaire, selon lequel la population doit avoir accès à la production alimentaire de sa région. Outre son rôle primaire de produire des denrées alimentaires, l'agriculture urbaine gagnerait à se diversifier en exploitant des niches économiques liées à la proximité de l'agglomération, comme la gestion de déchets verts (compostage et épandage des déchets) et la production d'énergie renouvelable à l'aide de la paille issue de la grande culture ou de copeaux de bois.

Les espaces agricoles et naturels devraient également être protégés pour des raisons fiscales : un développement urbain éparpillé se traduit par des coûts d'équipement élevés qui sont financés par des impôts accrus ; de manière générale, les espaces naturels sont sources d'aménités qui augmentent les valeurs des propriétés et les revenus issus du tourisme (Brabec, 1994 cité par Dissart, 2006).

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La valeur des espaces agricoles et naturels, toutefois, va au-delà de critères économiques : exploitations agricoles et paysages attrayants contribuent à la singularité d'une communauté, fournissant des repères dans l'espace et augmentant la qualité de vie locale.

Dans une perspective environnementale, les espaces agricoles et naturels fournissent aussi des services écologiques comme le maintien de la biodiversité, la protection des zones humides, le filtrage des eaux résiduaires, le rechargement des nappes phréatiques, la séquestration de carbone, la résorption des pollutions agricoles et une contribution à la qualité de l'air. Les sols devraient être économisés au titre de ressource finie et non renouvelable.

Le monde agricole peut être un partenaire des collectivités pour la gestion de risques naturels comme les feux de forêt (lutte contre la friche), les inondations (gestion des zones d'expansion des crues), les risques d'avalanches en montagne (pâturages, estives)... L'agriculture peut avoir un rôle central pour la production de biomasse et la lutte contre l'effet de serre (bois-énergie et cultures énergétiques) ainsi que pour la valorisation des déchets urbains (épandage des boues de station d'épuration, méthanisation, co-compostage)...

Aussi, est-il que l'activité agricole s'accommode mal de la proximité de zones habitées, la présence de riverains compliquant le fonctionnement des exploitations et constituant un frein potentiel à leur développement. Pour son fonctionnement, l'activité agricole doit en effet disposer de bâtiments et d'un matériel importants. La bonne circulation entre le siège de l'exploitation et les terrains exploités est également un élément vital.

Par ailleurs, l'élevage engendre naturellement diverses nuisances, bruits, odeurs, circulation des cheptels, épandage des effluents, qui peuvent générer des conflits de voisinage susceptibles de se multiplier, en particulier dans les espaces périurbains. Il s'agit alors d'assurer aux entreprises agricoles des conditions optimales de fonctionnement, en maintenant les zones d'urbanisation à distance des sièges d'exploitation, en réservant un dégagement suffisant de la zone cultivée, lorsque l'exploitation est adossée à une zone construite, en conservant des circulations adaptées et dégagées pour accéder aux terres cultivées.

En outre, pour fonctionner, l'exploitation doit bénéficier non seulement d'un espace agricole préservé, mais aussi de conditions favorables pour évoluer et se développer. L'espace exploité est affecté à un usage strictement agricole, pour en garantir la pérennité. Il s'agit d'éviter des installations et implantations d'activités annexes, voire concurrentes, de

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l'agriculture, qui contribuent au mitage de l'espace agricole et renforcent la pression sur le foncier.

Des exigences, parfois trop sévères aux yeux des entreprises agricoles les plus proches de l'agglomération (qui limitent leurs projets de construction) sont imposées par certaines municipalités : hangars, caves, changement d'affectation de bâtiments agricoles, etc.

L'ensemble des espaces agricoles et naturels autant que l'activité agricole sont donc menacés par l'urbanisation, dans les zones d'urbain dense comme dans les zones d'urbain dispersées. L'enjeu devient alors d'assurer une préservation à long terme de l'espace agricole, dont une partie non négligeable présente un intérêt écologique.

En revanche, des arguments ont également été avancés contre la protection des espaces agricoles (Gordon & Richardson, 1998 cités par Dissart, 2006). D'abord, les niveaux de productivité actuels sont tels que la perte d'espace agricole ne constitue pas une menace pour l'offre alimentaire nationale. Ensuite, l'agriculture ne crée pas autant d'emplois que les autres secteurs économiques, si bien que la protection de ce secteur se traduit par un gaspillage de ressources. Les critiques font également remarquer les coûts environnementaux de l'agriculture liés à la pollution diffuse. Enfin, en matière d'aménagement, il est reproché à la plupart des programmes de protection d'être coûteux et inefficaces parce qu'ils ne font que rediriger l'urbanisation et, dans certains cas, contribuent à l'étalement des zones bâties.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon