Dédicaces
A mon père, M. BIBENE MAKITA Jacques
et
ma mère Mme BIBENE née MASSALA
Simone
Résumé
Les médias congolais dont
l'histoire remonte aux années 1950 sont des médias singuliers
parce que depuis leurs origines, ils ont été et, sans doute
restent un instrument de propagande politique et religieuse ou simplement des
supports de relations publiques. Rattachés directement aux partis
politiques avant l'indépendance, les organes de presse,
créés et placés sous le contrôle des
différents régimes de l'époque, ont
bénéficié des financements publics (ou du parti-Etat) pour
réaliser des tirages dépassant 10 000 exemplaires pour un
quotidien. Une aventure dont l'unique exemple de succès est aujourd'hui
le quotidien les Dépêches de Brazzaville, fortement financé
par le régime en place. Ainsi peut-on dire, à cause de la
nationalisation des entreprises et d'une administration directe traduite par le
monopole de l'information exercé par l'État, l'initiative
privée, dans le secteur de la presse particulièrement, va
être longtemps étouffée. Seul le bihebdomadaire catholique
du père De Gall (la Semaine africaine), bénéficiant d'une
sorte d'immunité religieuse, sera épargné. Pour les
médias congolais des années 1960 à 1990, tout
dépendait de l'État : les rédactions, la ligne
éditoriale (marxiste ou révolutionnaire
généralement) ou les charges qui étaient
entièrement supportées par le trésor public. Les organes
d'information pouvaient ainsi se contenter de produire des idées et des
comptes rendus aux goûts des dirigeants, sans jamais se soucier des
bénéfices ou des pertes. Aujourd'hui, c'est tout le contraire.
Suite à la dévaluation du franc CFA survenue en 1994, à la
libre entreprise, mais aussi à l'ouverture politique, le
désengagement de l'État oblige les médias congolais
à concilier dépenses et bénéfices pour produire
l'information, parce que la presse doit cesser d'être un instrument au
service d'un pouvoir pour elle-même s'ériger en « garant
(grâce au pluralisme de l'information) et régulateur (comme
manifestation de la liberté d'information et comme lieux de
débats) de la démocratie », pour ne pas dire en groupe de
pression, mais également en entreprise capable de faire du profit. Mais
comment alors y parvenir si la question du financement des médias n'est
pas résolue ? Ainsi, la pléthorique presse congolaise
libéralisée depuis 1991 vivote. On constate par exemple que le
tirage des médias écrits, de façon générale,
a baissé tandis que le nombre de titres ne fait qu'augmenter. Bien que
dynamique, cette presse se cantonne dans les grandes villes où elle
trouve facilement à public à qui l'information politique
déclinée aujourd'hui sur un registre spectaculaire est
proposée pour capter son attention (c'est la logique de
l'économie de l'attention). Cependant, malgré la
consécration de la liberté d'information, cette presse reste
assujettie aux pouvoirs économiques. C'est donc à une presse
domestiquée qu'on a affaire en République du Congo ; une presse
dépendant fortement des pouvoirs économiques. D'où
l'importance pour les promoteurs des médias de trouver des
modèles économiques viables à leurs entreprises et, la
nécessité pour l'État de financer la presse afin de
protéger le pluralisme de l'information et promouvoir les valeurs
démocratiques.
Mot-clefs Presse congolaise, financement,
indépendance, modèle économique, pluralisme de
l'information
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