2.5. Facteurs encourageant
la mise en valeur des PFNL en RD Congo
Selon la FAO (1992), la valorisation des PFNL dans les pays en
développement a été principalement favorisée par la
détérioration des facteurs économiques intérieurs
et extérieurs et par les efforts faits pour conserver les forêts
tropicales et la biodiversité. Cette détérioration a
été le frein de certaines importations et a permis aux
populations de ces pays d'aller puiser davantage dans leurs propres ressources
naturelles pour la survie. Les médicaments sont un exemple de produit
importé coûteux qu'il faut maintenant remplacer par des plantes
médicinales locales dont le coût financier est insignifiant.
Par ailleurs, certaines administrations nationales se
rendent de plus en plus compte que le bien-être d'une partie des
communautés locales dépend des ressources forestières non
ligneuses, et que l'utilisation rationnelle de ces ressources peut en
améliorer régulièrement le niveau de vie. Il a
été démontré que les femmes engagées dans la
vente des principaux PFNL (Dacryodes edulis, Irvingia spp. Cola
acuminata, Ricinodendron heudelotii.....), ont vu leur situation
économique s'améliorer positivement (Ndoye et al.1998, Biloso
2003, Biloso et Lejoly 2006).
La demande des plantes médicinales des
forêts tropicales par les industriels pharmaceutiques crée de
nouveaux débouchés à travers le monde. Cette demande a
relevé les prix de certains produits au détriment des produits de
synthèse.
Jadis marginalisés, beaucoup des PFNL participent
aujourd'hui aux échanges internationaux. L'accroissement
démographique des immigrés du Sud dans des pays européens
a ouvert la porte aux marchés des PFNL tropicaux
(considérés pour certains comme des « produits biologiques
»), dont la demande est restée croissante pendant ces
dernières années (Tabuna, 2000).
Un autre facteur qui motive la valorisation des PFNL
est la pertinence de diversification des produits, qui favorise la
création d'emplois et de revenus dans les zones rurales, ainsi que la
protection des valeurs environnementales et culturelles.
2.6. Effets négatifs
de l'exploitation des forets face aux AST
L'agriculture itinérante sur brûlis,
l'exploitation forestière, la chasse commerciale sont des
activités anthropiques majeures, responsables de l'amenuisement ou de
l'appauvrissement des AST en milieu forestier.
En RDC par exemple, plus de 70% de la population
pratiquent essentiellement l'agriculture de subsistance, cultivant annuellement
près de 5 à 6 millions d'hectares. Les techniques culturales
(défrichement, sarclage, brûlis, etc.) sont préjudiciables
au maintien des forêts, surtout en zones de 17 fortes densités
où le raccourcissement de la période de jachère ne permet
plus à la forêt de se reconstituer (MINAF-ET 2003).
L'exploitation forestière présente
également un impact tant présent que futur sur les
récoltes des AST. Elle peut conduire à un appauvrissement de
certaines espèces (par exemple Baillonella toxisperma) et de la
diversité structurale de la forêt, ainsi qu'à une faible
croissance du sous-bois, suite à la destruction des semis, des jeunes
arbres, de la surface du sol ainsi que des réseaux de drainage (Djomo
2001). Les engins lourds utilisés (tracteurs à chenilles pour le
débusquage, tracteur à chenilles ou sur pneus pour le
débardage) causent beaucoup de dommages au niveau du sol et du
peuplement des PFNL. Les routes forestières et l'installation des
campements dans des zones d'exploitation forestière ne font qu'augmenter
la pression sur les AST en les rendant accessible.
La chasse fut pratiquée depuis le temps
immémoriaux par les populations forestières ; mais cette
activité n'est plus durable pour plusieurs raisons : la
modification de l'environnement social, l'apparition de nouveaux besoins
à cause de l'accroissement démographique, la
sédentarisation, l'urbanisation, l'immigration intensive,
l'évolution des méthodes de chasse avec l'apparition du fusil et
des câbles en acier, etc. (Mathot 2002).
La viabilité de cette chasse dans les
forêts tropicales, en particulier en Afrique, suscite de grandes
préoccupations pour la faune sauvage des forêts. Par exemple, la
quantité de viande d'animaux sauvages (gibier ou viande de brousse)
récoltée chaque année dans le bassin du Congo est
évaluée à 5 millions de tonnes (Fa et al.2002), ce qui
indique que le taux d'exploitation est deux fois plus élevé que
le taux de production.
A titre de comparaison, en Amazonie, on récolte
environ 0,15 million de tonnes de gibier, ce qui correspond à un taux
d'exploitation de 0,08 % par rapport au taux de production, un ratio 30 fois
inférieur à celui du bassin du Congo (FAO 2003). Bien que ces
chiffres soient indicatifs, ils confirment les graves menaces qui pèsent
sur la faune sauvage des forêts tropicales africaines et congolaises en
particulier.
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