Université de Nantes
Institut d'Economie et de Management (IAE-IEM)
MASTER II, Recherche
Sciences de Gestion
Guy Etienne DONGMO
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires
Mémoire dirigé par Monsieur Benoit
JOURNE
Jury :
M. Benoit JOURNE Maître de conférences à
l'IAE de Nantes
M. Mathieu DETCHESSAHAR Professeur à l'IAE de Nantes
L'évaluation de la performance de la recherche et
de l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Remerciements
Qu'il me soit permis d'exprimer ma profonde
reconnaissance envers tous ceux qui m'ont apporté leur soutien et leur
confiance - personnes et institution -pendant la réalisation de ce
travail de recherche.
Je voudrais citer en premier lieu mon Directeur de
Mémoire, Monsieur
Benoit JOURNE, grâce à qui cette
recherche a pu se réaliser et qui a accepté de la diriger
jusqu'à son terme et surtout, me donner des conseils pour mon initiation
à la recherche. Même si nous avons eu une grande liberté
d'action, reconnaissons tout de même que la vigilance et le recadrage
constant de ça part nous a permis de rester plus ou moins dans la
problématiques de l'étude.
Mes remerciements s'adressent aussi à Monsieur
Guy OUVRARD Directeur de l'IMN (Institut des Matériaux de Nantes) et son
Adjoint ; qui nous ont permis de disposer du terrain nécessaire pour la
réalisation du travail.
Nous allons remercier doublement Professeur Mathieu
DETCHESSAHAR pour le temps qu'il nous a consacré pour l'entretien
relatif à la partie terrain de notre travail et le fait qu'il ait
accepté également de faire partie du Jury.
Enfin je pense à ma famille, à mes amis
et surtout une pensée forte à mon père malade. Merci de
votre soutien.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 3
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
TABLE DE MATIERES
Remerciements...........................................................................................2
INTRODUCTIONGENERALE..................................................................9
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET DEFINITION
DES
CONCEPTS GENERAUX DE L'ETUDE 14
CHAPITRE I : 18
THEORIES DU MANAGEMENT DE LA RECHERCHE ET DE
L'INNOVATION. 18
Section I- Définition et enjeux de l'innovation.
19
A- Les mythes autour de l'approche de
l'innovation 21
Section II- Les typologies des processus d'innovation.
24
A- Une approche sociotechnique du processus
d'innovation 25
A1- Le modèle de l'innovation poussée par
la science et la technologie, et
le modèle de l'innovation tirée par le
marché 26
1-1- Le modèle de l'innovation poussée par
la science et la technologie 26
1-2- Le modèle de l'innovation tirée par le
marché. 28
B- L'innovation comme processus politique complexe.
29
C- Innovation : processus d'apprentissage collectif et
approche cognitive. 30
C1- La théorie C/K 34
Section III - L'Innovation dans les organisations.
35
Section IV- Les obstacles empiriques à
l'innovation constatés par la théorie. .... 41
1- L'orientation de la R&D vers
l'innovation 41
2- Les ressources humaines inadaptées
42
3- Un financement difficile. 43
Section V- Management de la recherche et des projets
d'innovation 46
A- Perception de la R&D et de l'innovation.
46
A1- Le projet comme forme d'innovation ? 49
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
A2- Vers un lien entre innovation et projet.
50
Section VI - Quelques principes directeurs de gestion
des projets d'innovation 56
A- Elaboration d'un programme de recherche et conception
d'une innovation 59
B- Conclusion du chapitre 60
CHAPITRE II : 63
LES ENJEUX DES CRITERES D'EVALUATION DE LA
PERFORMANCE
DES LABORATOIRES DE RECHERCHE 63
Section I - Notion de performance 64
A- Généralités sur
l'évaluation de la performance. 65
B- Caractéristiques de l'organisation et
performance : les conséquences du
changement (violent ou modéré).
65
C- Le rôle complexe et domaine d'évaluation
de la performance. 66
Section II- Les critères d'évaluation de la
performance des chercheurs. 68
A- Cohérence des objectifs et de
l'évaluation des chercheurs académiques. 69
B- Dépendance entre critère de performance
d'un chercheur
académique et méthode
d'évaluation. 70
C- Vers la construction d'un référentiel
multicritère d'évaluation de la
performance. 73
Section III- Critères de performance d'un
laboratoire de recherche. 76
A- Comment évaluer la performance d'une
organisation ? 77
B- Une approche managériale de
l'évaluation de la performance d'une
organisation 78
C- Conclusion du chapitre 82
Conclusion de la première Partie 83
DEUXIEME PARTIE: REFERENTIELS THEORIQUES
ET
METHODOLOGIQUES 85
CHAPITRE I : 87
LA CONSTRUCTION DU PROJET DE RECHERCHE ET DE LA
QUESTION
DE RECHERCHE. 87
Section I- Démarche et choix
méthodologiques 91
A- Démarche scientifique et position
épistémologique 94
1. Posture épistémologique
constructiviste. 94
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l'innovation dans les laboratoires universitaires.
2. La collecte des données. 96
2.1. Caractère exploratoire de la recherche
97
B- Conclusion du chapitre 97
CHAPITRE II : 99
METHODOLOGIE ET DEMARCHE DE L'ETUDE. 99
Section I- Méthode de recueil des données
101
A- Traitement des données 103
B- Conclusion du chapitre 104
Conclusion de la deuxième partie
105
TROISIEME PARTIE: ANALYSE DES CRITERES D'EVALUATION ET
IMPACT
SUR GESTION DE LA RECHERCHE ET L'INNOVATION
104
CHAPITRE I : 110
CONSTATS GENERAUX DE L'ETUDE 110
Section I- Etudes relatives au lien entre critère
d'évaluation de la performance et
gestion de la recherche et de l'innovation.
112
B- Les projets scientifiques et leur évaluation
116
Section II- L'étude de l'Institut des
Matériaux Jean Rouxel (IMN). 117
A- La prise de contact. 117
A1- le choix du laboratoire. 117
B- L'Entretien Avec le directeur de l'IMN.
117
C- Les résultats de ce contact 118
C1- Le laboratoire et son activité
118
1- La Structure organisationnelle. 118
2- L'activité du groupe et ses
conséquences sur l'organisation interne du
laboratoire. 118
- Les grands principes de l'évaluation de la
performance d'un laboratoire de
recherche. 118
1) Les responsabilités des équipes
119
2) La performance à réaliser
119
3) Le financement et l'évaluation des
résultats 119
Section II- La vérification des propositions de
recherche 120
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
A- Vérification de la proposition 1: 120
1. La nature des objectifs. 120
2. L'évaluation 120
B- Vérification de la proposition 2 :
122
C- Conclusion du chapitre 124
CHAPITRE II : 126
CONFRONTATION DES DONNEES DE TERRAIN ET DU
CADRE
THEORIQUE 126
Section I- Confrontation avec le cadre théorique
127
A- Regard critique des paramètres
bibliométriques. 128
B- Les conflits dans les organisations innovantes
129
C- L'évaluation de l'activité de recherche
: quelques solutions ? 131
Section II- Apports et limites de la recherche
132
A- Apports pratiques 133
B- Les limites de la recherche 136
~ Les limites théoriques
136
~ Les limites pratiques 137
C- Conclusion de la troisième partie
140
CONCLUSIONGENERALE .139
ANNEXES : 146
BIBLIOGRAPHIE: 148
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
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INTRODUCTION
GENERALE
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
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G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
La production des connaissances nouvelles
dans les laboratoires est destinée a répondre aux besoins
cognitifs et concrets des êtres humains. L'économie de
pénurie à prévalue pendant des millénaires pour une
grande majorité de l'humanité. Ainsi, toute création
nouvelle quelle que soient ses imperfections trouvait des preneurs. Le parc
informatique par exemple malgré la finalité incertaine des
premiers modèles, en dépit du volume énorme et notamment
de la faible capacité de calcul, et l'absence de convivialité des
premiers ordinateurs, il a connu un énorme succès.
Cependant depuis quelques années avec l'éclosion
et l'expansion de la recherche et de l'innovation qui entrainent une production
effrénée des produits et des services répondant de
façon induite ou réelle aux besoins des consommateurs, la
tendance s'est inversée, tout au moins pour une bonne fraction de la
population des pays riches et émergents. Bien plus, du fait de la
globalisation qui est suivie par une concurrence féroce notamment avec
les pays émergents à faible coût de mains d'oeuvre, les
enjeux économiques, techniques et technologiques ne sont plus les
mêmes que ceux qui ont permis la prolifération de l'offre au cours
des « trente glorieuses », pour assurer la survie des entreprises et
répondre en même temps aux exigences des « consommateurs
devenus rois ». Des actions fortes ont de ce fait été
entreprises, il s'agit d'une part de l'investissement massif en R&D dans le
but d'apporter toujours et très souvent par anticipation des
réponses aux besoins (fussent-ils latents) des consommateurs, et
l'innovation d'autre part pour améliorer et séduire encore et
toujours les consommateurs. Il s'agit en fait d'un contexte de conception des
produits et services nouveaux (Hatchuel la théorie C/K1) qui
revêt un enjeu stratégique majeur. Ainsi les organisations ne se
battent plus pour mieux produire, mais au contraire « pour mieux concevoir
» (Navarre, 1992).
Par ailleurs, la recherche et l'innovation constituent des
moteurs de compétitivité, surtout lorsqu'ils sont soutenus par
des institutions publiques ou privées avec transparence et
clarté. Depuis quelques années le management des projets
innovants s'oriente davantage vers la conception, ceci en dépassant
autant que possible « l'horizon de produits isolés »,
l'activité de conception devenant ainsi les « lieux d'innovation
». Toutefois, la place croissante de ce conception dans le processus
d'innovation ne réduit pas le risque lié à
1 Nous la développerons dans la chapitre I en
C1 du paragraphe C.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 11
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
l'incertitude et à l'inconnu qui sont extrêmement
importants, rendant de ce fait le processus d'innovation incertain quant
à son issue. Cependant « les rationalisations de la conception
» deviennent déterminantes par rapport à la réussite
du projet d'innovation (Lenfle, 2001, 2004).
En revanche tout projet est porté par un ensemble
acteurs qui ont des objectifs individuels, mais qui agissent ensemble pour
nourrir l'activité collective. Activité qui ne prend tout son
sens que lorsqu'elle est soumise à une évaluation censée
traduire la pertinence et la performance de celle-ci. Cette évaluation
qui se base sur un certain nombre d faits scientifiques des organismes de
recherche, va les classer en fonction de des plus performantes. Performance qui
est en fait le fruit de la quantité des publications scientifiques et de
la reconnaissance par les pairs au travers des citations index. Nous
comprenons dès lors que la recherche et l'innovation ne se
résument pas au simple fait de créer de nouvelles
opportunités explorables et finalement exploitables par la
société. Elle doit et cela est très important, être
publiée dans des supports de qualités2 pour
espérer exister dans la communauté scientifique. Ce «
fétichisme numérologique » n'est pas sans avoir un impact
sur les orientations stratégiques des laboratoires de recherches, dont
le projet porté est conditionné par la qualité du support
de vulgarisation qui remplace de façon subtile le jugement critique des
évaluateurs. Autrement dit, l'activité scientifique ne peut avoir
une seule représentation et ne pourrait en conséquence se
résumer en quelques critères pour donner de façon
objective les contenus qui sont pourtant aussi nombreux que variés des
productions scientifiques. Une question se pose dès lors à la
recherche : « Quel lien entre critères d'évaluation
de la performance et les modalités de gestion de la recherche et de
l'innovation dans un laboratoire ? ». Les travaux que nous
exposerons vont tenter d'y apporter une réponse. Ils s'inscrivent dans
le courant de la recherche qui s'intéresse :
> Aux théories du management de la recherche et de
l'innovation notamment en s'appesantissant davantage sur la notion de projet
qui est « la forme stabilisé de l'innovation » (Journé,
2008).
2 Pour avoir une idée sur les supports qui sont
classés et dont à chacun des ces support correspond une mesure
bien précise dont nous ne connaissons pas les mobiles objectifs des
classements je vous demande de voir le dossier scientifique du Laboratoire
d'Economie et de Management de Nantes.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
> A l'évaluation de la performance des laboratoires et
plus particulièrement aux critères d'évaluation de cette
performance.
Le mémoire est ainsi structuré en trois parties
:
La première partie est
consacrée à examiner les théories du management de la
recherche et de l'innovation. Nous exposerons ici les problématiques de
représentation de l'innovation, puis les enjeux, les obstacles, le
management des projets d'innovation et la situation des laboratoires face
à l'innovation. Nous consacrerons une bonne partie de notre
réflexion à la notion de conception qui se situe au coeur du
processus d'innovation. Ainsi nous définirons à travers un
certain nombre d'auteurs l'activité de conception. Il s'agit de la
théorie C/K et des auteurs comme Nonaka et Takeuchi, Lenfle , Midler
etc. tout ceci dans un premier chapitre que sera suivit par un second qui
traitera de l'évaluation de la performance de la production
scientifique. Et comme tout activité est les fait des acteurs, on verra
comment ces acteurs de la recherche sont évalués et finalement
par extension le cadre dans lequel ils exercent à savoir les
laboratoires. Les théories et les « faits mis en forme » que
nous aurons finalement à notre disposition, nous servirons de points
d'encrage permettant d'aborder la suite de la recherche.
La deuxième partie est
consacrée quand à elle à la méthodologie et
à la démarche épistémologique que nous avons
choisis par rapport à nos convictions et surtout nos objectifs pour
guider notre collecte de données et leur traitement. Afin d'aboutir
à la construction des propositions de recherche qui vont cadrer
l'analyse des cas dans la troisième partie.
La troisième partie enfin est
dédiée à l'analyse des critères d'évaluation
de la performance et leur impact sur la gestion de la recherche et de
l'innovation. Nous ferons dans un premier chapitre des constats
généraux sur le travail effectué et puis nous
confronterons le cadre théorique et conceptuel aux données
empiriques. Ceci fera émerger les apports et les limites de notre
recherche, tant sur le plan théorique que pratique.
Notre conclusion générale
reviendra en de façon globale sur l'ensemble du travail
effectué. Par ailleurs, la thèse que nous soutiendrons pour finir
et ouvrir une brèche à un
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
autre commencement, est que les modes actuels
d'évaluation ont des effets pervers sur l'activité scientifique.
Après avoir soutenu ce point de vue, nous proposerons un changement de
regard et nous inviterons à investir des nouveaux chantiers
d'évaluation de la performance en vue d'enrichir la gestion des projets
d'innovation dans les laboratoires.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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CADRE THEORIQUES ET
DEFINITIONS DES CONCEPTS
GENERAUX DE LA RECHERCHE.
PREMIERE PARTIE :
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
L'évaluation des performances réalisées
peut être analysée dans un laboratoire au moins à trois
niveau :
1. Au niveau des chercheurs du laboratoire
2. Au niveau d'une unité de recherche ou équipe de
recherche dans le laboratoire
3. Au niveau de globalité du laboratoire.
Ce troisième aspect est le plus couramment
utilisé, puisque de la nature de ses objectifs, découlent les
attentes envers ses chercheurs et envers ses unités ou groupe de
recherche.
Ainsi, les performances des trois niveaux vont s'influencer
mutuellement. De ce fait, les critères mobilisés pour
l'apprécier doivent être cohérentes. Autrement dit, nous
pouvons considérer que la cohérence de ses évaluations est
effective, lorsque la performance des chercheurs et celle des équipes
participent à la réalisation effective des objectifs du
laboratoire.
Toutefois, l'étude de l'évaluation de la
performance d'un laboratoire de recherche nécessite la prise en compte
des activités qui font la vie d'un laboratoire.
Dans un premier chapitre, nous traiterons des
théories du management de la recherche et de l'innovation.
Dans une première section
consacrée aux généralités nous
mentionnerons :
- Les difficultés à définir le concept
d'innovation
- La nécessité de tenir compte des enjeux et
surtout des repères cognitifs des chercheurs pour donner un sens
à la notion d'innovation.
Il existe cependant plusieurs approches théoriques du
processus d'innovation. Et cela va en fonction de la construction de ce
processus déterminer les orientations stratégiques de
l'organisation. Ces typologies constituent le sujet de la
deuxième section du chapitre.
Les attentes d'un laboratoire n'étant à priori
pas identiques, chaque laboratoire mobilise des savoirs qui lui permettent de
construire de façon raisonnable une structure
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
organisationnelle nourrie par les influences de toute nature.
Et parfois même, faisant Co-émerger la flexibilité et la
rigidité. Ainsi, nous traiterons dans une troisième
section de l'équivoque liée à l'innovation au
sein des organisations ; en interrogeant les difficultés à la
fois d'adaptation de l'idée innovante à la structure et la
structure à l'idée innovante.
Par ailleurs, il faut souligner que tout ce qui est dit plus
haut, n'est pas sans rencontrer des difficultés. Ces dernières
peuvent compromettre un projet ou même détourner la nature de la
mission première d'un laboratoire de recherche dont la fonction
première est la création des connaissances nouvelles. Pour avoir
une idée au moins théorique, nous traiterons dans la
quatrième section du chapitre des obstacles empiriques
de l'innovation.
Les notions de recherche, de projet étant importantes
pour comprendre le fonctionnement d'un laboratoire, nous verrons comment ces
paramètres sont mobilisés ou mieux pilotés pour
créer du sens au sein des équipes de recherche et par extension
des laboratoires. Bien plus, « le projet est la forme stabilisée de
gestion de l'innovation » ; permettant ainsi de faire interagir les
concepts apparemment distincts dans la cinquième section
afin de proposer quelques principes directeurs de la gestion des
projets « Innovation » dans les laboratoires dans la
sixième section.
Le deuxième chapitre est consacré
à l'étude des difficultés de construction des
critères d'évaluation de la performance d'un laboratoire de
recherche.
La première section définit
brièvement la notion de performance, avant d'aborder les critères
d'évaluation de la performance des chercheurs, ce qui nous semble
tout-à-fait logique puisqu'il est question pour nous de comprendre les
mobiles qui entourent l'évaluation de la performance d'un laboratoire.
Et comme un laboratoire est un système dont le fonctionnement va
dépendre de l'activité collective des chercheurs, nous
étudierons la performance du personnel chercheur. Cela nous permettra de
voir les variables qui guident (peuvent guider) cette évaluation.
En outre, nous allons nous appesantir sur la mesure de la
performance d'un laboratoire en considérant le niveau de
réalisation des objectifs. Nous évoquerons dans cette
deuxième
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
section la théorie des buts de
l'organisation et nous traiterons bien plus leur cohérence avec la
réalisation des chercheurs dans une organisation. Même si les jeux
de pouvoir au sein de l'organisation nous font comprendre que les buts d'une
organisation et d'un (ou des) chercheur ne sont pas de même nature ; il
faudra avoir un regard plus nuancé par rapport à cela.
En somme, ce détour par les théories est
essentiel pour comprendre pourquoi nous mobilisons un concept/notion et pas un
autre. Ainsi manager un laboratoire de recherche suppose de bien connaitre, 1)
ce qu'est la recherche, 2) l'innovation, et bien plus, quelle 3) organisation
qui est derrière tout cela. Par ailleurs la notion de projet qui est la
forme stabilisée de la gestion de l'innovation nous permettra de
concilier les différents concepts qui nourrissent la vie d'un
laboratoire.
En outre, l'évaluation de la performance est
essentielle et cela passe par la compréhension non seulement des buts et
des objectifs d'un laboratoire, mais aussi de voir le lien entre ces buts et
objectifs de l'organisation et les réalisations des chercheurs.
Il est donc indispensable de partir de ces théories
générales pour construire un cadre théorique et conceptuel
qui conviendront à notre problématique de recherche.
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
CHAPITRE I :
THEORIES DU MANAGEMENT DE LA RECHERCHE ET DE
L'INNOVATION.
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Section I- Définition et enjeux de l'innovation.
La multitude d'appréhensions confère au mot
«innovation » une complexité de définitions qui varient
en fonction des points de vue et du contexte dans lequel on l'utilise. A la
suite de Daltman, Duncan et Holbek (1973); (Barreyre, 1980) classifie la notion
en trois concepts qui dans l'utilisation correspond à trois approches
contextuelles possibles: 1) processus global de création, 2) adoption
d'une nouveauté par une société, ou ; 3) une
nouveauté en elle-même.
La première approche de l'innovation correspond presque
à l'invention. Elle s'applique alors au « processus de
création »qui consiste en la mise en oeuvre de manière
à obtenir une configuration nouvelle deux ou plusieurs concepts.
Selon Fenerz-walsh.F & Romon.F (2006, P10) il s'agit d'un
processus qui va de la conceptualisation d'une idée nouvelle à la
construction de la solution et par conséquent à sa
matérialisation par l'utilisation d'une nouvelle entité ayant une
« valeur économique et sociale ».
La deuxième approche du mot met plutôt en exergue
le processus par lequel un objet nouveau s'intègre partiellement (ou
totalement) dans la culture et le comportement des individus du groupe qui
l'entérinent.
Enfin, la troisième approche de l'innovation met en
évidence le résultat d'une invention considérée
comme nouvelle sans s'occuper de son processus de mise en oeuvre.
Mais Alter.N (2002), attire l'attention sur deux façons
d'aborder toute réflexion portant sur l'innovation. Il s'agit, 1) de
distinguer l'invention qui n'est que création de l'innovation qui donne
in fine « sens et effectivité » à l'invention. Bien
plus, 2) il faut considérer que l'utilisation finalement tirée de
la création n'est ni prévisible, ni perceptible: « il est la
réalisation du possible ». On peut comprendre que pour Alter.N
(2002) il n'existe pas de
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Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 19
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
relation déterminée entre une découverte
et son usage, car l'invention n'aurait que peu de chose avec la
création.
Schumpeter (1935) pour qui l'innovation est « une
destruction créatrice », il faut distinguer cinq cas d'illustration
de l'innovation: a) la fabrication d'un bien nouveau; b) l'introduction d'une
méthode de production nouvelle; c) l'ouverture d'un
débouché nouveau; d) la conquête d'une source de
matière première ou de produit semi-ouvré et e) la
réalisation d'une nouvelle organisation, la création d'une
situation de monopole entre autres par exemple. Cette démarche
Schumpetérienne est essentiellement économique donc très
déterministe. Car, elle ne tient pas compte du caractère «
recherche » qui est une activité à l'issue incertaine.
L'innovation peut être classée en fonction de
l'ampleur des changements qu'elle engendre. C'est dans ce sens que Freeman et
Perez (1988, cités par Boldrini, 2005, P26) parlent :
- Des innovations incrémentales qui
relèvent d'un ensemble continu de petites actions qui s'articulent des
opportunités techniques dans le cadre de trajectoires déjà
définies. La demande et le jeu du marché y jouent un rôle
essentiel.
- Des innovations radicales sont associées
à une idée de rupture par rapport au cadre technique
défini. Elles sont beaucoup plus dépendantes des initiatives de
R&D que de la pression de la demande.
- Des systèmes techniques qui combinent les
innovations radicales et incrémentales.
- De la révolution technique qui provoque un
changement du système technique, qui déstabilise tous les
secteurs de l'économie en modifiant la structure des coûts ; les
conditions de production ; de distribution etc.
Toutefois, les différentes représentations au
sujet de l'innovation sont pertinentes, car elles déterminent sans doute
la façon dont sont modélisés les processus et
managés les projets d'innovation dans les laboratoires de recherche.
Nous verrons plus loin l'importance des paramètres d'évaluation
de la performance des projets de recherche innovants dans les laboratoires.
Bien plus, nous savons que les laboratoires sont perçus
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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L'évaluation de la performance de la recherche et
de l'innovation dans les laboratoires universitaires.
comme étant le « temple de la raison », de la
science qui est un modèle de civilisation très particulier
où les dogmes sont en principe inexistants dans le processus de
création des connaissances. En revanche, ce temple de la
rationalité est investi par des mythes aussi divers que variés.
Alors que l'anthropologie nie les mythes, puisqu'il s'agirait des faits
sociétés primitives, prélogiques.
A- Les mythes autour de l'approche de
l'innovation
Un laboratoire est l'incarnation de la rationalité,
pourtant, il y a des acteurs qui estiment que l'innovation est construite
autour des mythes (des données pré-rationnelles), il y ainsi un
retour à une logique qui pourrait écraser même la raison.
Autrement dit ; là où on fait la science, où
s'élaborent les derniers technologies de l'industrie, des connaissances
pour des sociétés modernes, on trouve des modes de raisonnement
pas ou peu rationnels (qu'on attribuerait à des sociétés
primitives au sens anthropologique du terme).
C'est mythes sont d'autant plus importants qu'ils fondent une
image (représentation) où une définition à la fois
des processus et des acteurs. De telle manière que ceux qui les portent
(parfois sans s'en apercevoir) sont guidés dans leurs choix
décisionnels et par conséquent sur leur façon de
manager.
Ainsi, selon certain auteurs ; l'innovation est construite
autour de deux mythes. Le premier stipule que la théorie
précède la pratique, alors que le second, les bonnes idées
changent le monde, instantanément et irrémédiablement.
Gaudin (1998 ; P 13, 15) décline les deux approches, puisqu'il examine
les faits en montrant par la suite qu'en général c'est la
pratique qui précède la théorie. Il appuie son
argumentaire sur la machine à vapeur qui a précédé
de plusieurs décennies la thermodynamique. Autrement dit, le changement
de technique provient très souvent de l'initiative des acteurs
extérieurs au mouvement scientifique. Le deuxième mythe stipule
qu'il suffit qu'une théorie soit bonne pour éclairer le monde de
sa « vérité et le transformer ».
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 22
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
En fait, ces deux mythes qui peuvent être vus comme
étant contradictoire, sont à notre sens mutuellement inclusifs.
Même s'il faut souligner que « les connaissances pour l'action ne
peuvent être construites que dans l'action et par l'action »
(Avenier, 2000, P 20). Il faut en somme reconnaitre tout de même avec
E.Kant que « la théorie sans la pratique est vaine, la pratique
sans théorie aveugle ». Ce qui veut dire à notre avis que
les deux mythes ne sauraient être séparés, ils
s'entremêlent au contraire.
Selon M. Callon (1994) en revanche, dans une approche
sociologique, trois mythes centraux régissent les construits de
l'innovation : a) le mythe des origines ; b) la séparation du social et
du technique ; et ; c) l'improvisation romantique.
Le mythe des origines postule qu'il existe un
inventeur génial, marginal, visionnaire, obstiné et incompris par
ses pairs et d'une façon générale par son entourage.
Cependant, les travaux consacrés à l'innovation montrent qu'elle
est le fait d'une activité collective, des multiples acteurs qui
agissent en symbiose, non une action individuelle qui la mettrait en forme. Par
ailleurs, avec le développement des collaborations et des
coopérations entre les laboratoires, les entreprises..., le
traçage des frontières entre les contributions devient
extrêmement difficile. Partant de cette problématique, il est
convenable d'admettre que l'innovation résulte des acteurs d'un
système qui capitalisent les travaux d'une myriade d'autres acteurs,
d'un autre système. (M.Callon).
De plus, le second mythe qui est la séparation du
technique et du social, est vue de deux manières : en opposant
d'une part la phase de conception d'une innovation à celle de sa
diffusion et en distinguant le contenu de l'innovation du contexte au sein
duquel elle prend forme et se diffuse. Cette disjonction est impossible, car
une innovation ne réussira que lorsque l'inventeur au sens «
callonien » du terme, c'est-à-dire d'être collectif, doit
intéresser d'autres acteurs au dispositif proposé. Pour susciter
leur intérêt, et se faire d'avantage des alliés, il faut
que leurs demandes, attentes et observations soient traduites « dans le
dispositif » et sous la forme de choix techniques adéquats.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page
23
L'évaluation de la performance de la recherche et
de l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Dès lors, nous observons que « la technique n'a
pas plus d'impact sur la société que la société n'a
d'impact sur la technique : les deux forment un tissu sans couture »
(M.Callon ; 1994 ; P13).
L'improvisation romantique qui est le
troisième mythe stipule que l'innovation est spontanée, sauvage,
qu'elle n'est ainsi pas planifiée. Or, aucun mythe n'est plus
inadmissible scientifiquement, ni funeste que celui-ci car, l'innovation ne
peut être conçue indépendamment d'une organisation
(M.Callon) aussi minime soit-elle.
Toutefois, les acteurs, l'inventeur, le groupe... qui la
mettent en oeuvre font partie intégrante du monde dans lequel,
l'innovation est censée prendre forme et s'enrichir. Donc « il est
le porte-parole et la représentant de réseaux avec lesquels, il
interagit. La diffusion d'une innovation peut donc être vue comme un
« processus social » » (Boldrini, 2005 P27).
En conséquence, dans un premier temps, l'idée
nouvelle suscite des échanges d'informations perçues de
façon subjective. Ainsi à travers un processus de construction
social, le sens de l'innovation s'élabore graduellement. Selon Alter
(2002 ; P13) l'approche sociologique de l'innovation a pour objectif de
comprendre un comportement hors normes qui devient progressivement un
comportement normal (habituel) puis normatif (obligatoire). Ainsi, est-ce que
les problèmes posés dans les laboratoires de recherche se
résolvent uniquement par la science, donc la raison ?
A partir de ces différentes approches de l'innovation,
on peut se s'interroger sur les variables qui favorisent la construction ou
l'orientation de la recherche sur un projet innovant dans les laboratoires de
recherche. Est-ce en fonction des exigences internes c'est-à-dire, des
ressources disponibles (humaines avec leur différents jeux de pouvoir,
et matérielles) ; et /ou externes (en fonction de la stratégie
publique de recherche ou des appels d'offres des particuliers) ? Nous verrons
plus en détail dans la suite du travail l'influence des ces
paramètres environnementaux sur management des projets d'innovation dans
un laboratoire de recherche et par extension sur sa performance.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Section II- Les typologies des processus d'innovation.
La notion de processus d'innovation qui n'est sans doute pas
moins complexe que l'innovation. Il faut noter que une approche globale de
l'innovation nous sera plus utile; puisque notre recherche sur le management de
l'innovation et de la recherche dans les laboratoires peut se
concrétiser quel que soit le type d'innovation (elle peut être:
produit, process, commerciale et/ou organisationnelle). Donc la nature
intrinsèque de l'innovation n'est pas la variable clé, elle
apparaît comme un moyen de comprendre « le lien entre critère
de performance et management d'un laboratoire de recherche » que comme une
fin.
Fenez-walsh et Romon(2006) partent du principe que le
processus d'innovation peut être perçu sous plusieurs points de
vue et présentent huit approches conceptuelles qui influeraient sur le
management de l'innovation:
· processus de valorisation du progrès technique;
· processus d'adaptation d'une nouveauté;
· processus tourbillonnaire
· séquence marketing;
· processus politique;
· processus de transfert d'un système technique;
· projet;
· processus d'apprentissage.
Dans le cadre de notre travail nous n'allons pas examiner les
huit approches, puisque nous estimons qu'elles ont déjà
été suffisamment développées dans des nombreuses
recherches. Par contre, expliciter quelques unes que nous estimons
indispensable pour la bonne marche de notre travail. Ceci dans l'optique de
préciser quelques observations qui peuvent paraître
contradictoires de prime abord; mais qui sont parfois très
complémentaires. De plus notre souci majeur est de comprendre toujours
l'impact des
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 24
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 25
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
différentes avoir les différentes
représentations de la recherche et l'innovation sur les outils
d'évaluation de la performance d'un laboratoire.
A- Une approche sociotechnique du processus
d'innovation
Selon Callon et Latour (1985) dans une approche
sociotechnique « l'innovation est un processus tourbillonnaire »
(fenez-walsh et Romon), une interprétation provisoire de l'état
de la nature des possibilités techniques, des stratégies
concurrentes du marché et des intérêts,... la
réalisation progressive d'un objet technique est une activité
collective qui apporte enfin de parcours seulement, les qualités de
rentabilité, d'efficacité et de nécessité et qui
déforme continument l'objet au fur et à mesure que
l'intérêt s'agrège ou se désagrège autour de
lui . Nous comprenons dès lors que l'innovation n'est rien d'autre
qu'une inter-organisation ou chaque acteur a une spécificité.
Mais il existe une espèce de partenariat entre les différentes
parties, constituant ainsi un « réseau d'innovation », ou un
« ensemble coordonné d'acteurs hétérogènes;
laboratoires; centres de recherche technique; entreprises; organismes
financiers; usagers; pouvoirs publics; (...) entre lesquels; circulent des
documents écrits (articles scientifiques, rapports, brevets, modes
d'emploi ), de compétences incorporées (chercheurs en
mobilité); (...) d'argent (contrat de coopération); d'objets
techniques plus ou moins élaborés( prototypes; machines;
échantillons...) » (Callon et Latour, 1985).
Toutefois, il faut noter que d'autres recherches aboutissent
à des pistes plus tranchées : Le modèle de l'innovation
poussée par la science et la technologie, et le modèle de
l'innovation tirée par le marché.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
A1- Le modèle de l'innovation poussée
par
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la science et
|
la
|
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technologie, et le modèle de l'innovation
tirée par le marché.
1-1- Le modèle de l'innovation poussée
par la science et la technologie
Ce « modèle de l'innovation
hiérarchique et linéaire » (Perrin ; 2001)
c'est-à-dire poussée par la science (science
push) ou la technologie ( technological
push) semble toujours de mise de nos jours
malgré de nombreuses critiques dont il fait l'objet. C'est en fait
l'expression du mythe selon lequel « la théorie
précède la pratique » dénoncé par
T.Gaudin.
Recherhe fondamentale
Recherche appliquée
Invention
Développement
Production
Marché
Innovation
Figure 1 : Modèle hiérarchique et
linéaire de l'innovation (Perrin, 2001 ; P11)
Dans ce modèle, l'innovation est
précédée de nombreuses étapes dont la recherche
fondamentale est le fondement. Ainsi, les progrès scientifiques et
technologiques ont une
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
logique et un rythme propre à eux
indépendamment de la demande du marché. Mais l'innovation «
poussée par l'offre », il se peut qu'une fois sur le marché
ne corresponde pas aux attentes des clients (perception fausse du besoin,
arrivée tardive etc.). Par ailleurs, certaines innovations se sont
avérées « explosives » alors que les inventeurs
n'avaient pas la moindre idée au départ de leurs utilisations.
C'est le cas par exemple de la découverte par Fleming du champignon du
genre penicillium en 1928 ; et dont c'est à l'issue des travaux de, E.
Chain et H. Florey en 1939 que cette découverte connût un
succès comme médicament antibiotique. Par conséquent le
modèle est assez limité pour pouvoir montrer quand et pourquoi le
marché se crée (Flichy ; 1995, P 43). On peut noter aussi le fait
que le premier appareil de photo numérique a été
développé en laboratoire en 1980 par Sony.
En outre, une autre extension non moins pertinente du
modèle science push est proposée par Rogers (1995). Ce
modèle est d'autant plus intéressant que l'ordre des six phases
de déroulement qui constituent n'est pas important. Ce même si le
modèle présenté est linéaire comme le
précédent. Son intérêt majeur est de
considérer que l'innovation se poursuivrait au-delà de la mise
sur le marché du produit ou du service innovant. En effet il est
indispensable d'étudier la diffusion et les conséquences de
l'innovation après sa réalisation.
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Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 27
L'évaluation de la performance de la recherche
et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.
5. Diffusion et adoption
4.
Commercialisation
1. besoin/problème
3. Développement
6. Conséquences
2.
Recherche
l(fondamentale
et
appliqueé)
Figure 2 : Processus de développement d'une
innovation. Rogers (1995. P33) 1-2- Le modèle de l'innovation
tirée par le marché.
Encore appelé marketing de la demande
(market pull) ; il stipule que le marché
a une influence déterminante, puisqu'elle est
développée majoritairement en réponse à une
demande sociale. Ainsi l'innovation relève essentiellement de la de la
responsabilité des experts en marketing. Bien plus, la technique n'est
alors qu'une caractéristique du produit comme bien
d'autres (prix, forme de promotion etc.) (Boldrini ; 2005). Ce
qui est critique puisque ce modèle a été construit
à partir des succès commerciaux, c'est-à-dire a
postériori du processus d'innovation.
Nous constatons clairement que les deux
modèles s'ex cluent mutuellement contrairement au modèle
de l'innovation tourbillonnaire. Il serait donc plus enrichissant d'avoir un
regard inclusif de ces deux modèles puisque l'innovation est toujours la
rencontre entre deux partie, ou au contraire, voir
l'innovation comme un processus tourbillonnaire.
Finalement, le modèle de Callon et Latour
renvoient à des jeux d'acteurs (Crozier et Freiberg, 1973), à un
processus politique complexe où les acteurs agissent en
fonctions
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Gestion- Institut d'Administration des Entreprises, Nantes,
France
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
des intérêts qu'ils peuvent tirer des actions
entreprises individuellement et surtout collectivement dans le
système.
B- L'innovation comme processus politique
complexe.
La décision d'innovation peut être perçue
comme un « processus politique complexe » (Fenez-walsh et Romon;
2006) puisqu'il met en rapport des acteurs poursuivant des objectifs
conflictuels et espérant des résultats hypothétiques, et
exerçant simultanément un pouvoir. Il s'agit d'un ensemble
d'acteurs ayant des aspirations à la fois contradictoires et
complémentaires évoluant dans un système où il sera
question de se réaliser et de réaliser l'objectif
d'innovation.
Selon Alter(2002) le choix d'une innovation doit très
souvent être en cohérence avec l'ensemble de l'organisation; ceci
dans l'optique de ne pas déstabiliser les orientations de l'entreprise
puisqu'elle ne peut les supporter. De ce fait, ces contraintes des «
systèmes régulés » (Simon, 2001) peuvent conduire un
décideur à mettre de coté une idée novatrice
pourtant pertinente par ailleurs. C'est ainsi une contrainte que le dirigeant
s'impose (Alter, 2002; Fenez-walsh et Romon, 2006).
Autrement, il est question d'une situation ambiguë ou il
va falloir opérer un choix à l'issue incertaine.
C'est-à-dire, entre d'une part le projet d'innovation et d'autre part la
déstabilisation partielle (parfois même totale) de l'organisation
ou de la stratégie préalablement définie. (Alter,
2005).
A cause d'une telle complexité de gestion, des
orientations différentes des chercheurs par rapport à la
stratégie globale de l'entreprise. Nous pouvons penser comme Romelaer
(2002) que le type de structure influe sur la capacité à innover.
Car, « chaque type de structure a des effets spécifiques sur
l'innovation ». Mais, ce lien ne saurait être absolu ou «
mécaniste ». Ainsi tout preneur de décision (dirigeant;
acteur; manager...) d'innovation
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 30
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
doit tenir compte du paramètre structurel pour
examiner la viabilité et/ou ajuster éventuellement son mode de
management.
En outre, les innovations incompatibles avec la structure ne
sont pas impossibles; car; leur développement peut permettre «
d'amorcer une évolution de la structure » (Romelaer et Alter
,2002). C'est le cas des structures fondées sur la connaissance dont
parle Mintzberg (1982). Cela peut nous permettre, d'évaluer et
d'éviter les dysfonctionnements relatifs à la mise en oeuvre du
management de l'innovation ou pour prendre en compte les exigences de toutes
les parties prenantes.
Enfin de compte, il y a des modèles managériaux
qui ont retenus et intégrés certains aspects des modèles
précédents. Mais ils vont plus loin en prenant en
considération, le fait que les acteurs dans l'activité collective
ont des capacités cognitives plus ou moins différentes.
L'activité devient ainsi un processus d'apprentissage collectif. Puisque
la conception des connaissances nouvelles (Hatchuel & Weil dans la
théorie C/K) et la production des connaissances créatrices
(Nonaka et Tekeuchi, 1995) requièrent la dynamique du système et
des acteurs. Alors tout ceci est-il pris en compte dans les outils
d'évaluation de la performance des laboratoires ?
C- Innovation : processus d'apprentissage
collectif et approche cognitive.
Hatchuel(1994) définit l'innovation comme un «
processus d'apprentissage collectif », une « création
collective organisée dans le temps et l'espace, en vue d'une demande
» OCOSIP (1993, cité par Fernez-walsh et Romon, 2006). Bien plus,
il s'agit selon Garel et Midler (1995), d' « une heuristique ouverte qui
met aux prises d'une part des individus tendus vers la finalité,
projetant des valeurs et des représentations, et d'autre part un
contexte physique et social; transformé par l'intervention mais qui
répond, surprend et transforme en retour la trajectoire du concepteur
». Nous pouvons envisager le processus
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 31
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
d'innovation comme une production et diffusion des
connaissances nouvelles qui peuvent être de nature tacite et/ou explicite
(Nonaka et Takeuchi; 1995).
La production et le transfert des connaissances
nouvelles peuvent être perçus comme une stratégie
de développement continuellement reproduites qui pourraient à
terme permettre (aux organisations de toute nature ayant les moyens de saisir
les opportunités) d'être en phase avec les exigences de la
compétitivité, dans une économie mondiale guidée
par l'innovation, donc des connaissances sans cesse nouvelles
(actualisées). Ainsi nous pouvons qualifier cet état de fait par
ce que (Garel, Giard et Midler, 2006) appellent « stratégie
d'offres innovantes (SOI) ». Cette « bataille sur le terrain de
l'esprit » (E. Morin) nécessiterait une refonte des critères
de performance des laboratoires universitaires pour être d'avantage en
adéquation avec la « compétitivité de l'intelligence
». Ceci nous pousse vers un questionnement sans doute pertinent concernant
la gestion des connaissances créées:
· Comment manager les connaissances produites dans
l'optique de les approfondir, les perfectionner et/ou les réutiliser
pour la création des connaissances nouvelles?
· Comment tirer le meilleur parti possible des
connaissances créés(ou même des idées nouvelles)
indispensable à la R&D et à l'innovation?
Toutes ces interrogations pouvant faire l'objet de moult
réflexions sans doute intéressantes. Mais, que nous n'entendons
pas aborder dans le cadre de ce travail. Cependant nous en ferons
brièvement allusion dans le travail.
Selon Nonaka et Takeuchi(1995), la création des
connaissances organisationnelles est la clé par laquelle les
organisations se distinguent en matière d'innovation. En
conséquence, les deux aspects sont mutuellement inclusifs à
savoir la création des connaissances et son «
évolutivité »et jouent un rôle
prépondérant dans la SOI. Il serait de ce fait paradoxal de ne
pas maitriser une approche dynamique de la capitalisation de ces connaissances.
Autrement, la mise en place ou l'amélioration des dispositifs
organisationnels susceptibles de faire avancer ces connaissances paraît
indispensable (Garel; Giard et Midler, 2006)
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 32
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Toutefois, dans une organisation, la création des
connaissances intervient à trois niveaux (individuel, groupe et/ou
organisation) et ce à travers quatre mode de conversion (socialisation,
articulation, combinaison, intériorisation) Nonaka et al. Par ailleurs,
dans la même perspective, ils affirment que, la quintessence de la
création de connaissance serait le « processus
d'extériorisation » puisqu'il s'agit de construire de nouveaux
concepts en mettant ensemble deux ou plusieurs concepts différents.
«Ce processus cognitif, créatif se poursuit lorsque nous
identifions entre deux concepts un déséquilibre, une
inconsistance ou une contradiction dans leur association conduisant à la
découverte de nouvelles significations ou même à la
formation d'un nouveau paradigme ». L'analogie permettra ainsi de faire la
part entre ce qui est connu et ce qui ne l'est pas.
Dans une démarche cognitive de l'innovation,
l'investissement en connaissance et en compétences
(capabilities) semble se caractériser aujourd'hui par des
rendements croissants, ce qui ouvre de bonnes perspectives selon D.
Blondel(2002), pour le management de la recherche et de l'innovation dans les
laboratoires.
La place du savoir émanant de la recherche
scientifique est vue sous plusieurs aspects, et tous concourent à
renforcer ou à trouver les bonnes perspectives au service de la
création des connaissances dans les laboratoires et par extension des
richesses pour une société:
· Know why: La production et la reproduction
des savoirs sont très souvent le fait des institutions
spécialisées telles que l'université etc. Par ailleurs,
l'accès à la connaissance ne se fait pas aussi facilement par une
simple transmission d'informations. Encore faut-il une formation
préalable de telle manière que l'organisation qui souhaite les
« utiliser » ait au moins organisé des systèmes de
« traduction » de ces savoirs par des vrais scientifiques. Enfin
le know why est ainsi le domaine privilégié de
l'activité scientifique. Ainsi, la mise à jour et la
formalisation des principes et lois régissant les
phénomènes naturels et sociaux (D.Blondel, 2002)
· Know what: C'est la connaissance de fait
c'est-à-dire d'une réalité d'information clairement
définie. Ce type de connaissances peut porter sur plusieurs champs
L'évaluation de la performance de la recherche
et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.
différents, et peut être divisé et
transmis en unités d'informations (bits). Le regard est ici moins
systémique, puisqu'il s'agit notamment d'une transmission par tous les
nouveaux moyens de communication. Ainsi, dans certains domaines ces
connaissances constituent des construits perçus comme des bases
d'expertises, alors qu'elles sont aussi bien des matériaux
nécessaires à la construction des savoirs plus complexes (nous
pouvons penser à Hatchuel et Weil et la théorie C/K). Selon
D.Blondel (2002), « c'est le domaine d'excellence de la codification et de
la communication multimédia, il ouvre un grand champ d'activité
économique correspondant aussi aux procédures de normalisation,
de standardisation et de contrôle de qualité ».
· Know how: il s'agit en fait d'aptitudes et
compétences, bref de la capacité à accomplir certaines
tâches. Cette notion traduit un type de savoir dont le
référentiel fondamental est la fonctionnalité pratique.
C'est le cas de l'artisan ou de l'ouvrier. Mais, ces savoirs sont
également importants selon des études plus récentes, pour
la construction des activités intellectuelles. C'est dans ce sens
certainement que Nonaka (1995) identifie dans ses travaux des connaissances
dites tacites ; et explicites.
· Know who: il est question d'aptitudes
indéfinie et variées, elles incluent aussi des aptitudes que l'on
pourrait qualifier de sociales. Cette perspective se traduit par des
préoccupations telles que ; « qui sait quoi, qui fait quoi, et qui
sait comment faire... » c'est « l'information sur les
possibilités d'acquérir les autres savoirs, mais aussi et surtout
l'aptitude à la coopération dans la mesure où celle-ci
devient de plus en plus importante dans un monde où les capacités
s d'expertises très pointues sont largement disséminées,
et où les structures partenariales et réticulaires paraissent de
plus en plus efficaces » (D.Blondel, 2005).
Ces quatre aspects des connaissances se combinent aussi bien
dans la gestion de la recherche fondamentale que celle d'une démarche de
gestion des projets d`innovation. Mais, il faut souligner que les
pondérations et les rôles sont probablement différents. Il
n'est pas question de maitriser ces types de savoirs, puisqu'ils sont
constitués de plusieurs voies entremêlées d'acquisition de
ces connaissances. Ce qui est sans doute un système
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de
Gestion- Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France
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G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
certes très complexe mais dynamique d'accumulation et
de diffusions des connaissances utiles dans tous les aspects de la vie sociale
et économique.
Notons bien plus que, le Know how qui est de plus en
plus accessible par la pratique (learning by doing), qu'on peut
considérer comme un acquis puisque reconnu depuis longtemps, mais
peut-être aussi par « learning by using » et par le «
learning by interacting » qui mettent en relation « les
détenteurs des compétences principales avec les usagers et des
partenaires ou collègues » (Blondel, 2002). Noyons dès lors
que les scientifiques ne sauraient être considérés comme
les seuls pourvoyeurs de connaissances. Ce qui permet à notre avis de
faire un lien avec la notion de mythe (présentée ci-dessus) dans
la construction des connaissances nouvelles dans les laboratoires. Toutefois,
qu'est ce qui guide la construction et la gestion même des connaissances
dans les laboratoires censés être les tempes de la
rationalité, est-ce la raison essentiellement ou la les mythes tels que
décrits par M.Callon et bien d'autres auteurs ? Certaines auteurs
jettent un autre regard sur le processus de construction des connaissances
c'est le cas de Hatchuel & Weil et la théorie C/K.
C1- La théorie C/K3
Hatchuel et Weil dans la théorie C/K vont un peu plus
loin dans l'optique de donner plus de visibilité à l'approche de
Nonaka. Ils pensent que l'acteur dispose d'une base de connaissances (K)
composée de savoir hétérogène, alors le processus
de conception ou de création de nouvelles connaissances commence avec
une problématique qui ne peut être résolue à
l'instant To des savoirs. De ce fait l'élément stimulateur du
processus de construction d'une connaissance nouvelle est dicté par le
concept (C) , « un objet répertorié dans la base de
connaissances que l'on veut définir pour qu'il possède des
propriétés non présentes dans K », cette «
disjonction sémantique » entre d'une part « l'univers des
concepts » et d'autre part celui des savoirs est l'énoncé
d'une problématique en principe irréalisable à
l'état actuel des connaissances c'est-à-dire à
3 Pour plus de connaissance concernant la théorie C/K
(Concept/knowledge) voir « Les processus d'innovation ; Conception
innovante et croissance des entreprises » de Le Masson.P, Weil.B et
Hatchuel.A, (2006)
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 35
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
l'instant To et dont on espère trouver une solution
à T1; T2...ou peut-être pas du tout. C'est le point de
départ du processus de conception pour construire ou développer
les nouvelles connaissances « utiles » et « utilisables ».
Nous y reviendrons plus loin de façon un peu plus
détaillée dans la suite du travail.
En somme, la définition de l'innovation ou du
processus d'innovation n'est pas une démarche évidente. Puisque
selon la posture qu'on adopte et probablement la formation reçue,
l'innovation prend un autre sens sans être nécessairement faux.
Ainsi par de multiples négociations, des hésitations, des
itérations ; l'innovation se construit aux travers
d'intéressements. De plus à chaque boucle de l'itération,
l'innovation change d'aspect en redéfinissant ses
propriétés et son public (Boldrini ; 2005). Bien plus le
processus d'innovation, la modélisation du processus d'innovation
dépend profondément de ce l'on considère être le
facteur dominant. Ainsi selon que le facteur qui nous intéresse soit la
science ou la technologie, le marché ou les acteurs de l'innovation
etc. la modélisation sera
différente. De ce fait, les obstacles sont nombreux selon la posture
prise et le champ d'innovation dans lequel on se trouve. Finalement, si on a
ces différentes représentations possibles de la recherche et de
l'innovation, dans les laboratoires, alors, quel impact ces
représentations devraient avoir sur les critères
d'évaluation de la performance ?
Section III - L'Innovation dans les organisations4.
L'innovation étant le fruit d'un acteur collectif,
elle est étroitement liée à un système
organisé. Mais on constate très souvent que l'innovation est ou
devient plutôt rare dans les systèmes organisés. A cause
d'une volonté inouïe de réduire l'incertitude, où
règne une certaine stabilité, des barrières et des
résistances au changement. E.Rogers relève ce paradoxe. En
réalité l'innovation est un des processus fondamentaux en
mouvement dans toutes les organisations. Même si les structures
organisationnelles ne s'y prêtent pas
4 Le laboratoire est une organisation comme une
autre. Mais, certes ambigüe. On s'intéresse là
brièvement à l'influence que pourrait avoir une idée
novatrice sur les transformations structurelles du laboratoire.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 36
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
suffisamment bien à cause très souvent d'une
résistance ou pas aux changements organisationnels que cela peut
engendrer.
Bien plus, Colombo.G met l'accent sur la notion de
flexibilité des organisations par rapport à l'innovation. La
flexibilité est souvent considérée comme une
caractéristique fondamentale des organisations innovantes. Il faut noter
tout de même qu'en général « la flexibilité
perçue et l'attitude de l'organisation et des sujets qui l'animent,
modifient leurs flexibilités et leurs actions stratégiques en
même temps que les structures et les mécanismes de l'organisation.
» (Colombo dans son article intitulé « Pilotage
stratégique des organisations innovantes »). Ainsi pour être
innovante, l'organisation doit être flexible selon se raisonnement.
Dès lors la flexibilité devient une condition sine qua none
quoique rarement suffisante, de l'innovation. On constate de ce fait
très souvent dans la gestion des entreprises, des efforts
déployés dans l'optique d'accroitre la flexibilité sans
pour autant augmenter le niveau de l'innovation ou même sans introduire
la moindre innovation ni dans la finalité ni dans l'action
stratégique c'est-à-dire, pas de modification de la performance
globales. Par conséquent les actions stratégiques innovantes ne
se dégagent pas de façon automatique ou par enchantement des
organisations flexibles. Comme le montre cet exemple de Parolini-Carnevale
(1995 cité par Colombo) selon lequel :
Dans la première moitié de cette
décade, dans l'industrie tant des microordinateurs que du transport
aérien, un très grand nombre d'entreprises ont joué la
carte de la flexibilité organisationnelle tous azimuts. Les structures
ont été aplaties, les tâches ont été
enrichies et diversifiées, le temps partiel et l'emploi de vacataires se
sont développés. Ces actions ayant pour but d'accroître la
flexibilité de l'organisation ont rarement abouti à de
véritables innovations stratégiques. Lorsqu'elles ont
été menées correctement, dans le meilleur des cas, elles
ont favorisé la maîtrise des coûts qui, faute de couplage
avec une innovation stratégique, a poussé ces industries vers une
accélération de l'hypercompétition (D'Aveni, 1994). En
autres termes, beaucoup d'entreprises dans ces secteurs n'ont su augmenter ni
la valeur créée à l'adresse de leurs clients, ni la part
de valeur dont elles bénéficient à l'intérieur de
leur réseau de création de valeur.
L'évaluation de la performance de la recherche
et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Notons en outre que la rigidité (vs
flexibilité) de l'organisation au moins dans le sens de la
volonté de préserver des caractéristiques dont elle ne
peut se débarrasser ( il s'agit ici de certains éléments
de finalité ou d'identité de l'organisation) pourrait bien
être un facteur déclencheur de l'innovation. Ainsi selon colombo
:
Au début des années 90, une Ecole de
management a assisté à la réduction de son marché
de la formation continue standard (formation interentreprises) ainsi que de la
demande de cours de MBA. L'impact de cette évolution de l'environnement
sur les ressources a été dramatique au point qu'il a compromis
tant la capacité de lancer de nouveaux projets de recherche que la
garantie des niveaux de rémunération des chercheurs et des
professeurs. La direction de l'école s'est posé le
problème de chercher un groupe de sponsors parmi les grandes entreprises
privées et publiques du pays pour assurer une base de financement pour
son activité (par exemple la recherche). Au contraire, au sein du
directoire a prévalu la volonté de préserver l'autonomie
de l'école vis-à-vis à la fois de la
Faculté-mère que des sponsors potentiels. Ces attitudes rigides
sur quelques valeurs de fond ont donné lieu au développement du
«sur mesure» dans la formation continue et la recherche. Cette
activité représente de nos jours plus de 50% du chiffre
d'affaires de l'école.
Il nous est raisonnable de considérer la
flexibilité des organisations comme une entrée contingente
puisqu'elle peut dans certains cas faciliter l'innovation et dans d'autres
constituer une entrave (ici la rigidité de l'organisation joue un
rôle important dans la bonne marche de l'action stratégique
innovante) et aussi comme un facteur nécessaire du processus
d'innovation. Nous résumons comme suit les deux notions sous forme d'un
schéma.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de
Gestion- Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France
Page 37
Rigidité organisationnelle
Flexibilité
organisationnelle
Actions stratégiques innovantes
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Figure 3 : action combinée de la
flexibilité et de la rigidité organisationnelle sur
l'innovation
Nous pouvons aussi parler de l'innovation et vision
stratégique qui inclurait l'environnement (interne et externe) dans
la réflexion concernant les interactions entre ces trois variables
(flexibilité, rigidité et vision stratégique) et leur
impact sur l'innovation. Mais nous pensons que développer cela n'est pas
important puisqu'il s'agit des faits déjà moult fois
étudiés par des chercheurs à la suit des travaux de
Normann (1997). Nous dirons comme Colombo et Depperu (1995 conférence de
l'AIMS) qu'il existe un lien étroit voire incontournable entre vision
stratégique et innovation. Revenons au sein de l'organisation pour
approfondir certaines notions.
La bureaucratie mécaniste, structure rigide au
processus stabilisés, aux activités répétitives et
au centre opérationnel isolé de l'extérieur est bien
inadaptée à la production standardisée. Bien plus,
même si tout le monde est presque d'accord dans la recherche à
l'idée selon laquelle « il existe une par d'auto-organisation,
d'organisation informelle, de régulation plus ou moins clandestines qui
permettent de faire mieux son travail qu'en appliquant les règles de la
prescription... » (Alter, 2005 ; P55). Il faut souligner également
que les acteurs prennent en compte concrètement la réalité
des contraintes de travail et d'organisation.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 38
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Autrement, la bureaucratie mécaniste n'offre pas le
terrain favorable à l'innovation alors que la structure adhocratique
convient le mieux aux organisations innovantes (Mintzberg ; 1995). Ceci
étant, les dirigeants devraient(ou devront) tirer profit de cet
état de faits, en réduisant éventuellement « le poids
de leurs investissements en matière d'activité organisatrice pour
laisser plus de place et d'ouverture aux compétences » mais aussi
aux initiatives des « acteurs opérants ». Par ailleurs, Rogers
(1995, P379) insiste sur trois types de variables qui conditionnent la
capacité à innover d'une organisation : a) les
caractéristiques personnelles d'un leader, b) les
caractéristiques de la structure organisationnelle et c) les
caractéristiques externes de l'organisation.
Les signes entre parenthèses indiquent si la variable
est corrélée positivement ou négativement à l'
« innovativité » (Innovativeness) de
l'organisation.
Figure 4. Variables liées à l'«
innovativité » de l'organisation (Rogers, 1995,
p. 380).
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 39
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 40
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Deux caractéristiques organisationnelles
prépondérantes ont été mises en évidence par
Brown et Eisenhardt (1997 ; p29, cité par Lenfle, 2008) concernant les
organisations innovantes :
· Les « semi-structures » c'est-à-dire
des organisations dont les caractéristiques sont
déterminées (les responsabilités, les
périodicités de lancement de projet etc.) alors que d'autres ne
le sont pas. Les acteurs ayant ainsi une grande marge de manoeuvre.
· Il existe des liens temporels : les pratiques
organisationnelles lient de façon concomitante (passé,
présent, futur) et créent des passerelles entre ces
différentes variables. Le suivi de ses organisations s'envisage via des
sondages pour le futur même si elles se concentrent sur des projets
courant.
Notons cependant que les notions d'exploration et
d'exploitation sont indispensables à l'approfondissement de la
compréhension, mais aussi de la portée des ces
caractéristiques dans l'innovation. Soulignons tout simplement que selon
J.March (1999) « l'exploration de nouvelles possibilités et
l'exploitation de vieilles certitudes » qui sont deux approches
mutuellement inclusives, car il est nécessaire de maintenir
l'équilibre. Ainsi, elles induisent les stratégies, des
caractéristiques et des comportements différents, qui ont chacun
à leur manière, un impact sur la performance globale de
l'entreprise. Nous ne nous appesantirons pas sur les notions sans doute
intéressantes mais à notre avis pas indispensables pour la suite
du travail. Nous constatons en fait, qu'innover revient à construire et
gérer tout un système, d'acteurs dans un environnement qui lui
aussi exerce des pressions sur les décisions et les choix
stratégiques dans l'organisation. Par conséquent ne pas tenir
compte du lien entre les déterminants (les déterminants
liés à l'environnement et les déterminants internes
à l'organisation) et les processus (Nonaka et Takeuchi, 1995) est un
obstacle majeur aux différentes étapes du processus de
création des connaissances dans les projets d'innovation. Une
observation des cette approche ne laisse transparaitre que des aspects
rationnels de la construction des connaissances dans les laboratoires. Alors
qu'il est à notre avis important de voir le rôle des mythes qui
entourent la construction des connaissances dans les laboratoires.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Section IV- Les obstacles empiriques à
l'innovation
constatés par la théorie.
Si le processus d'innovation est d'un enjeu important pour la
compétitivité des organisations aussi bien des nations que des
grands ensembles économiques, des nombreuses barrières
l'entravent. Elles peuvent être examinées à
l'échelle régionale, d'une catégorie d'organismes comme
les entreprises et de façon plus précise à une
catégorie d'entre elles dont le rôle essentiel est la production
(la création) des connaissances nouvelles et surtout innovantes : il
s'agit des laboratoires de recherche. Les principaux obstacles et handicaps
concernent la coordination des efforts, les ressources humaines, le financement
privé et public, et l'environnement juridique et réglementaire,
sont répertoriés dans « Le livre vert sur l'innovation
» (Commission européenne, 1995 ; Pp 25-35) :
1- L'orientation de la R&D vers l'innovation
L'Europe connait quatre handicaps flagrants face à la
R&D qui est une composante fondamentale de l'innovation :
· Un effort insuffisant : Relativement aux
Japon et aux Etats-Unis, l'UE consacre une part inférieure de son PIB
(2% pour l'UE contre 2,7% pour le Japon ; et les EU en 1993)
· Une dispersion des efforts : contrairement au
Japon et aux EU qui consacrent leurs efforts de financement sur des axes
prioritaires, essentielles pour la compétitivité ; l'UE dispache
ses efforts sur un grand nombre de domaines. Ainsi, le financement des
priorités apparait très souvent comme une réaction
à la concurrence.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 41
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
· Trop peu de recherche industrielle : la
recherche industrielle, réalisée et fiancée par les
entreprises de l'UE est inférieures à celle des principaux
concurrents.
· Un manque d'anticipation : même si les
progrès ont été réalisés dans le domaine des
technologies nouvelles, l'UE n'anticipe pas cependant « suffisamment les
évolutions, les techniques ainsi que les contraintes et les conditions
que représente l'exploitation des technologies nouvelles ».
2- Les ressources humaines inadaptées.
· Des systèmes d'éducation et de
formation encore inadaptés
Même si les efforts incommensurables sont faits pour
adapter l'enseignement aux nécessités d'un monde qui change, par
les enseignants, les universitaires et les responsables de formation, les
systèmes d'éducation oscillent trop fréquemment encore
entre une trop grande priorité donnée aux connaissances
académiques (y compris dans le domaine scientifique) et une formation
technique très spécialisée. Autrement dit, tous ces
problèmes relatifs au niveau et à la diffusion de
l'éducation technique sont dus à de nombreuses raisons
:
> Les disciplines techniques ne sont pas suffisamment
reconnues. Ainsi elles sont parfois considérées comme des
disciplines de repli.
> Une pédagogie laissant encore peu de place
à la démarche personnelle de recherche, d'expérimentation
et de découverte, à l'acquisition de compétences
transversales (travail sur projet et en équipe, communication ...) ainsi
que l'adaptation de la formation aux contraintes concrètes de production
des entreprises donc de l'offre et de la demande.
· Une mobilité faible et contraignante.
Puisque l'innovation se nourrit d'échanges, des
confrontations, d'interactions, des mélanges, la mise ensembles des
« paradigmes cognitifs »
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 42
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
différents à travers la mobilité des
personnes crée et diffuse des connaissances nouvelles. Ceci
particulièrement entre le monde de la recherche et de l'enseignement
supérieur.
Cependant l'Europe ne générale et la France en
particulier malgré de nombreux efforts pour faciliter la mobilité
des marchandises, des capitaux et de services ; les personnes et la
connaissance ont paradoxalement du mal à circuler. A cause non seulement
des rigidités administratives des systèmes éducatifs, la
difficulté d'un recrutement diversifié, mais aussi l'accent mis
sur la diplôme comme mode de connaissance et des compétences
industrielles crée des rigidités.
3- Un financement difficile.
· Le système de financement de l'innovation va
conditionner l'efficacité et la capacité à innover de
l'UE.
Puisque les éventuels partenaires sont
réticents à l'idée d'investir dans l'innovation,
l'autofinancement constitue naturellement une source importante de cet
investissement (surtout quand cette capacité d'autofinancement existe en
quantité suffisante).
Ainsi, le caractère aléatoire de l'innovation
fait que le système financier ne s'y implique pas nécessairement.
Ce qui se traduit par des « difficultés intrinsèques »
dont la croissance est proportionnelle à l'évolution des
exigences très souvent économiques :
> La composante immatérielle pose un
problème crucial. Il s'agit de la dissimilitude entre les garanties
demandées pour les projets à risque par les investisseurs et la
capacité des entreprises à asseoir ces exigences sur des
investissements plus concrets en termes de rentabilité.
> Bien plus, la mondialisation et la libéralisation
des marchés financiers devraient faciliter l'accès aux capitaux.
Mais les détenteurs des fonds
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 43
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
préfèrent très souvent investir dans des
projets à court terme, moins risqués et surtout rentable
(même si c'est peu) dans un bref délai, au détriment des
investissements à long terme. Ce qui pénalise terriblement la
recherche et l'innovation.
· Incertitude et limites du financement public.
D'après les données de l'UE sur l'innovation le
financement public de celle-ci, force est de constater que dans certains
secteurs et non de moindre, l'industrie se trouve désavantagées
par rapport à son concurrent nord-américain. A cause d'un soutien
public à la recherche plus réduit (le volume de soutien à
la recherche aux entreprises aux EU est sensiblement le triple, et son
intensité moyenne le double).
· L'environnement juridique et réglementaire peu
favorable.
Les règles qui assurent la protection et la diffusion
de l'innovation à savoir : le droit de propriété
intellectuelle, et industrielle sont sous-utilisées ; les
règlementations, les normes et certification ... peuvent selon les cas
être un accélérateur ou tout au contraire un frein pour la
promotion de la recherche et donc de l'innovation. Bien plus, les
formalités administratives très lourdes ne peuvent être
qu'une entrave aux initiatives de R&D.
Nous constatons à tout prendre que les obstacles
évoqués ci-dessus montre que l'innovation dans l'UE « marque
un pas ». Mais, il existe un problème à notre avis complexe
qui rend difficile l'efficacité de l'innovation. Il s'agit entre autres
de la « diffusion insuffisante des méthodes d'organisation et de
gestion ouvertes, participatives, frilosité dans la quête de
l'information et des connaissances nouvelles sont des traits marquants.
Autrement dit, la dispersion des efforts de la recherche, la complexité
des formalités, des actions publiques pas toujours cohérentes
rendent assez fragiles la recherche. Nous comprenons dès lors que la
promotion de l'innovation nécessite
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 44
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
l'intégration de tous les aspects cités plus
haut (technologique, financiers, juridiques, éducatifs etc.).
Toutefois les contraintes peuvent découler de la
complexité de l'innovation. Il s'agit par exemple de l'incertitude, de
l'aspect multidimensionnel (produit ou service, processus, acteurs,
financement...) sans oublier l'interdépendance des nombreuses variables
à prendre en considération. De ce fait J .Girin (2000, P.131-138)
précise les formes de complexité spécifiques aux
systèmes en y incluant des acteurs :
· La complexité de coordination : les
acteurs ont très souvent des objectifs divergents et même
contradictoire, qui peuvent nuire à l'efficacité de
l'activité collective. Bien plus, même si les acteurs peuvent
avoir le souci de parvenir à un résultat commun, ils ont à
contrario des informations partielles sur les moyens d'y parvenir. Nous pouvons
noter enfin des effets pervers qui font assez souvent surface, à savoir
le suivi de certains objectifs par des acteurs individuels, conduit le
système d'acteurs à des fins contraires à ceux attendus
par chacun.
· La complexité cartographique : il
existe un ensemble de ressources symboliques (documents,
schémas, archives, plans etc.) dont les activités industrielles,
de gestion, de recherche ... servent à la construction des connaissances
nouvelles. Cependant, ces ressources sont souvent reprises par d'autres acteurs
pour d'autres usages avec toute la contradiction et le compromis que cela peut
engendrer. Mais l'abondance des ressources symboliques est telle que la seule
capacité cognitive des utilisateurs ne suffit plus pour collecter et
traiter.
· La complexité contextuelle :
même si les représentations symboliques sont nombreuses, elles ne
suffisent pas cependant à réaliser une activité car,
la carte n'est pas le territoire (Korzybski). Ainsi dans
l'activité collective les acteurs mobilisent des savoirs qui ne sont pas
toujours explicitables entièrement, il s'agit des connaissances tacites
(Nonaka et al).
· La complexité de cadrage : il faut
savoir décrypter, les événements et les comportements qui
n'ont très souvent pas de signification singulière. Il est
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 45
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
question de savoir établir lors des réunions
par exemples des opinions soumises à discussion et celles qui marquent
l'exercice de l'autorité par la hiérarchie. Sachant
néanmoins qu'une différence syntaxique n'est pas toujours
perceptible de prime abord.
Ces obstacles ainsi définis, comprendre le management
des organisations est important pour notre travail. De ce fait, nous allons
nous appesantir sur de nouvelles problématiques, de nouveaux potentiels
pour l'innovation et la performance, mais aussi les nouvelles
difficultés, notamment dans les laboratoires de recherche. Car,
l'évaluation d'une activité de recherche est par essence
complexe. Puisqu'un outil n'arrive jamais à restituer
l'intégralité du contenu d'un contexte. Ainsi, la
complexité étant a notre sens contextuelle, on est plus en droit
de se demande si l'évaluation de la performance d'un laboratoire
n'attache pas plus d'importance à évaluer la « carte qui
n'est pas le territoire » ? Autrement, cette complexité n'est pas
méconnue volontairement par les comités d'évaluation
scientifique ?
Section V- Management de la recherche et des
projets
d'innovation
A- Perception de la R&D et de l'innovation.
L'emploi du binôme R&D pour désigner les
activités de conception de nouveaux produits /services conduit
très souvent à un amalgame dommageable pour une bonne
appréhension des problèmes de management spécifiques
à ces différents moments du processus d'innovation (Lenfle,
2008). Les recherches du Centre de Gestion stratégique (Chapel, 1997 ;
Le Masson, Hatchuel et Weil, 2001) nous permettront de démêler les
concepts et les problématiques qui y sont associés :
.. Le « Développement » de produit consiste
en la coordination des différentes fonctions de la firme pour la
conception, la production et la commercialisation d'un produit /service, ceci
étant, les caractéristiques doivent être clairement
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 46
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
définies afin de respecter les contraintes
liées aux : coûts, qualité et délais. Cette
perspective rejoint celle de l'organisation projet telle que conçue par
Clark, Fujimoto et Midler.
.. La « Recherche » nous ramène au contraire
à une problématique différente. En fait, il est question
de produire des connaissances nouvelles à partir des concepts
définis en interne et/ou en externe. Ainsi selon Le Masson et al «
la gestion de la recherche comprends deux volets :
> Gestion des ressources permettant la production de
connaissances : capacité, expertises, outils, langue de données,
bibliothèque, séminaires... > Gestion du traitement des
questions soulevées.
Dans ces deux aspects la gestion de la recherche est
très proche de la gestion d'un service ou d'un bureau de consultant
travaillant pour d'autres services de la société ». Nous
pouvons nous référer aux travaux de Le Masson (2001) pour mettre
en évidence l'évolution des modalités de management de la
recherche (organisations par compétences etc.)
Tableau 1 : Recherche, Développement &
Innovation selon Le Masson & al (2001)
|
Recherche
|
Innovation
|
Développement
|
Sujet
|
Des questions de recherche ouvertes ou imposées
|
Champs d'innovation
(CI)
|
Spécification d'un
produit et d'un processus
|
Cible
|
Maîtrise la connaissance
|
Stratégie de conception
(lignées, connaissances, questions de recherche
...)
|
Maîtrise de la
performance du projet (Qualité, Coût
délai...)
|
Horizons
|
Liés à la question posée à la
recherche
|
Contingents
|
Le délai du projet
|
Ressources
|
Compétences, laboratoires, bibliothèques
|
Des équipes innovantes en
compétition ou en coopération
|
Equipe
interfonctionnelle
|
Valeurs
|
Valeur de la question
|
Profit des produits aboutis
|
Rentabilité du Produit-
|
|
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 47
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
économiques
|
|
et réutilisation des
connaissances créées
|
process
|
Stratégie de
gestion
|
Distribution des ressources
de production des
connaissances et des questions de Recherche
|
Comités, transfert de
savoir, liste des champs d'innovation
|
Management de projet
|
Principe d'organisation
|
Equipes pluridisciplinaires
fondées sur les compétences
|
Equipes innovantes duales
|
Equipes de projets,
matrice, conception participative
|
|
Ce tableau de Le Masson nous permet de mieux comprendre les
sens qu'il donne au concept d'innovation qui renvoie à un processus
bidimensionnel (Lenfle, 2008).
> Processus de définition de valeur
> Processus d'identification des nouvelles
compétences.
Ainsi, ce moyen de création de création de
connaissances est susceptible de réorienter complètement
l'exploration des solutions envisagées. Bien plus, selon Lenfle et
Midler , l'intensité d'apprentissage est fonction de la capacité
des acteurs à générer, réaliser et explorer un flux
continu d'épreuves pendant un laps de temps précis. Il s'agit ici
comme le pense aussi Hatchuel (1999) de souligner la nécessité de
l'action en l'absence de préférence claire, action qui va
permettre de mettre en évidence progressivement les problèmes et
les solutions.
Le processus bidimensionnel cité ci-dessus est
indispensable à l'action innovante car selon (Le Masson, Hatchuel et
Weil, 2006, P224), « le rôle de la fonction de conception innovante
est de conduire simultanément ces deux processus qui constituent un
unique processus de conception afin d'alimenter le développement avec
des valeurs et des nouvelles compétences et de soumettre à la
recherche des nouvelles questions. »
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 48
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Figure 5 : Relation entre R, I et D (Le Masson et
al)
Malgré ces quelques réflexions sur la recherche
le développement et aussi sur l'innovation nous constatons qu'il est
toujours difficile de répondre à question de savoir, comment
manager la recherche ? Et quels sont les enjeux et les perspectives du
management de la recherche dans les laboratoires universitaires ? Bien plus est
ce que les critères d'évaluation de la performance des projets
d'innovation sont compatibles avec les exigences managériales de la
recherche au sein d'un laboratoire ? Nous allons essayer dans la suite du
travail d'apporter quelques réponses sans doute pas exhaustives à
ces questions.
A1- Le projet comme forme d'innovation ?
Avant toute réflexion il nous convient de
préciser certaines nuances sémantiques concernant la notion de
projet et d'innovation.
Selon la norme ISO 10006 (1998) un projet peut être
défini comme « un processus, qui consiste en un ensemble
d'activités coordonnées et maitrisées comportant des dates
de début et de fin entreprise afin d'atteindre un objectif conforme
à des exigences spécifiques telles que les contraintes de
délais, de coûts, et de ressources ». Ainsi, l'innovation
marquée par l'incertitude, ne s'épanouit pas dans les
organisations trop stables définies sur la séparation des
fonctions et des métiers (Boldrini, 2005). Bien plus,
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 49
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
dans le développement d'un produit/service nouveau par
exemple, que ce soit une approche d'exploration ou d'exploitation de
l'innovation, il y a quatre prémisses fondamentales sans lesquelles, il
est impossible de parler de projet aux dires de J.P Boutinet ( 1999, Pp
256-258) à savoir, a) l'unicité de l'élaboration et de la
réalisation, b) la singularité de la situation à
aménager, c) la gestion de la complexité et de l'incertitude et
d) l'exploration d'opportunités dans un environnement ouvert.
De ce fait un projet est caractérisé par un
ensemble d'exigences telles que la satisfaction d'un besoin spécifique
(singulier) ou particulier (non répétitif) une organisation
temporaire (date de début et de fin), un caractère novateur le
souvent, une complexité fréquente et de l'incertitude (AFITEP,
1998).dès lors le management de projets devient intéressant
puisqu'il permet :
· une rigueur d'organisation alliée à une
souplesse d'adaptation,
· un travail en équipe projet qui favorise une
perception globale et une représentation commune du problème
à traiter,
· une plus grande créativité et une forte
motivation des acteurs qui y sont impliqués,
· l'instauration de lieux d'échanges propices
à de nouveaux apprentissages,
· une valorisation des personnes qui constitue, en
retour, un outil d'évolution des organisations.
Pour la plupart des auteurs, il est plus convenable
d'étudier le projet avec un regard « multiréférentiel
». C'est certainement une des raisons qui font du projet une notion
fondamentale de modélisation systémique et complexe (Le Moigne,
1994 ; 1995). Alors que pour D.Leroy (1996, cité par boldrini, 2005), il
faut distinguer trois niveaux de lecture : instrumental, politique,
cognitif.
A2- Vers un lien entre innovation et
projet.
Il semble à priori avoir une convergence entre
l'innovation et le projet malgré le caractère complexe de la
relation (Lenfle, Midler ; 2003). Les projets sont en fait une forme
particulière du fonctionnement « organique »
caractéristique des organisations
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 50
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 51
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
innovantes selon Burns & Stalker (1961 ; cité par
Benhamou & Le Garrec, 2005). La représentation d'un espace de
conception innovante peut nous permettre de prime abord de nous interroger sur
l'adaptation de l'organisation par projet au management de l'innovation dans
les laboratoires de recherche universitaire. Lenfle (2001) distingue cinq
caractéristiques d'un projet « innovation » qui vont le
différencier d'un projet de développement :
· Des projets émergents et
stratégiquement ambigus : ils donnent des repères et des
indicateurs pour piloter efficacement de manière active le processus,
ceci malgré le fait que dans les projets les plus innovants, et parfois,
les plus réussis, l'innovation permet ou susciter des évolutions
de la visée initiale. Soulignons tout de même avec Lenfle (2008)
que « l'histoire du projet montre que les blocages et les bifurcations du
projet vont préciser et durcir le discours stratégique, montrant
les différences de ces scénarios et permettant à
l'entreprise de préciser ses choix.
· Une démarche proactive : Elle est
caractérisée par un ensemble de problématiques traduisant
la complexité de l'innovation. Etant donné qu'il est question de
contourner l'une des difficultés majeures de toute innovation qui est la
formulation ex ante de l'objectif. C'est d'autant plus complexe qu'il s'agit de
trouver le lien entre l'absence d'une demande explicite et le marché
clairement identifié.
Il s'agit dans un premier temps d'un processus d'allocation
des ressources. Cette allocation de ressources est d'autant plus difficile que
l'existence d'une clientèle préalable conditionne très
souvent son obtention.
En plus, dans un deuxième temps, il est question
d'identifier les futurs clients dans le marché clairement défini
(sans oublier que une innovation peut être souvent utile à un
marché ou une clientèle parfois différente de celle
définie ex ante, ainsi on se pose des questions telles que : qui
sont-ils ? que veulent-ils ? comment les impliquer dans le processus de
conception ?...)
· La difficulté à spécifier le
résultat des projets : Ici la notion de « résultat
» d'un projet d'offre innovante est problématique, faute d'une
demande clairement définie et précise d'une clientèle
(Hatchuel & Weil ; 1999).
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Ainsi, l'enjeu de ces projets est de construire des
connaissances qui participeront à l'élaboration de
décisions de développements futurs. L'issue d'un projet
dès lors difficile à définir. Du fait du caractère
abstrait et diffus tant du résultat que des enjeux. On se prive du
puissant moteur de mobilisation des acteurs que constitue un projet clair,
concrétisé par la réalisation d'un objet à une date
précise et sous contrainte de ressources disponibles (Moisdon et Weil
,1998).
· L'exploration des nouvelles poches de
connaissances : Les projets d'offre innovante concernant une innovation
technique qui par définition, n'est pas stabilisée.
L'équipe projet à la nécessité d'explorer et de
développer des nouvelles connaissances, relatives au projet
d'innovation, à son utilisation et à ses conséquences chez
les clients. Dès lors, l'incertitude technique et économique
risquent de transformer en une culture de précaution qui irait à
l'encontre des principes d'anticipation du modèle de l'ingénierie
courante (Lenfle, 2008)
· Une temporalité particulière :
Ici, le processus guidé par les jalons et borné par les
impératifs commerciaux est caractéristique du
développement de nouveaux produits dans le cadre des projets de
développement. Ainsi l'urgence est organisée et constitue un
puissant outil de mobilisation des hommes autour de l'activité
collective.
Par contre, un projet d'innovation revêt une approche
différente. L'innovation obtenue doit être reprise et
intégrée dans les projets de développement. De ce fait,
puisqu'il s'agit d'une superposition des projets, la lisibilité des
échéances temporelles devient ainsi difficile. C'est ce que
Lenfle qualifie d' « urgence masquée », puisque les acteurs
pensent disposer du temps nécessaire pour la réalisation de
l'objectif. La difficulté est d'autant plus profonde que, les acteurs
doivent s'organiser et se mobiliser dans ce contexte tout en gardant à
l'esprit la clairvoyance, d'explorer des pistes nouvelles qui, elles, pourront
être utiles pour la conception des projets ultérieurs. C'est une
caractéristique des situations d'innovation (voir tableau 1) que
Hatchuel qualifie d' « horizon contingent ».
En conséquence le mode de la recherche et des
avant-projets sont progressivement orientés vers les rationalisations de
la conception, qui étaient partie intégrante des
métiers
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 52
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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L'évaluation de la performance de la recherche et
de l'innovation dans les laboratoires universitaires.
du développement. Selon Lenfle (2001, Pp 242-243), pour
répondre à cette problématique suggère pour le
management des projets d'innovation trois principes :
> Le management des connaissances dans et entre les
projets : les projets génèrent des connaissances qu'ils n'en
utilisent, situation problématique pour les projets d'innovation puisque
la problématique de réussite des différentes études
effectuées est très souvent faible. De la sorte, il est important
d'avoir un dispositif de pilotage qui collecte et réutilise les
connaissances nouvelles dans des nouveaux projets
> Donner un rythme pour lutter contre l'urgence
masquée : puisque le projet d'innovation n'est soumis à
aucune contrainte temporelle précise à priori,
l'établissement d'un calendrier devient difficile. Alors il devient plus
risquer de marquer les opportunités du marché (si le projet n'est
pas en phase avec l'évolution du marché). Bien plus, le «
chef projet », doit créer à partir de rien des
échéances pour dynamiser le projet.
> La Co-exploration fournisseur-client : nous
savons que une caractéristique primordiale des projets d'innovation est
l'impossibilité de définir ex ante la cible à atteindre.
Il est donc nécessaire d'établir les nouvelles
coopérations qui d'une part, se situeraient en amont du processus de
conception (il ne s'agit pas de Co-développement, mais d'explorer
ensemble des problématiques pertinentes et les moyens d'y
répondre), d'autre part, mettre en commun des compétences
mutuellement inclusives qui sont déjà existantes. Et ainsi,
mobiliser les efforts de façon à ce qu'ils convergent vers un
objectif qui serait la Co-exploration qui est un processus tridimensionnel
(exploration des possibles, sélection des pistes, développement
de demi-produits).
Nous remarquons ainsi la difficulté de gérer les
projets d'innovation dans les laboratoires. Puisqu'ils sont soumis à des
contraintes, temporelles ; de délais etc. puisque leur mode
opératoire est conditionné de plus en plus par des appels
d'offres. Autrement, l'horizon temporel est restreint à cause bien
évidemment de la compétitivité et vraisemblablement des
critères de performance des laboratoires. On peut s'interroger sur
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 54
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
la restructuration de la gestion des laboratoires de recherche en
harmonie avec les impératifs de délai, de coûts... et les
exigences de performance.
Toutefois, les projets « innovation » présentent
à quelques nuances près les mêmes caractéristiques
que tous les projets (Midler, 1996). (Voir le tableau 2)
Les caractéristiques des projets (Midler,
1996)
· Une démarche finalisée par un but et
fortement contrainte. Un projet se définit d'abord par l'objectif
à atteindre, décliné en termes de performance, de
délai et de coût, et disparaît avec sa réalisation
· Une prise en compte de la singularité de la
situation. L'atteinte des objectifs assignés au projet suppose
d'intégrer sa singularité ce qui remet le plus souvent en cause
les modes de fonctionnement des acteurs métiers de l'entreprise ;
· Une affaire de communication et
d'intégration de différentes logiques. La logique des
projets suppose, à l'opposé des principes tayloriens de division
du travail, la combinaison des expertises des différentes acteurs
(recherche, marketing, production...) de la définition de la cible,
jusqu'à la mise sur le marché du produit. L'organisation de la
coopération entre les acteurs est alors un point clé de
l'efficacité du projet.
· Un processus d'apprentissage dans
l'incertitude. Un projet est, par essence, une activité
risquée. Il faut s'engager dans le projet pour savoir s'il ira
jusqu'à son terme et où ce terme se situera exactement. Les
acteurs découvrent chemin-faisant problèmes et solutions selon
une logique décrite par Schön comme une « conversation avec la
situation » qui répond aux acteurs, les surprend et les oblige
à lancer de nouveaux apprentissages.
· Une convergence dans une temporalité
irréversible. Contrairement à l'horizon des métiers,
celui des projets est clairement borné par une fin annoncée
ex-ante. Entre le début et la fin du projet se déploie un
processus d'apprentissage que Midler(1993) décrit comme une dynamique
irréversible où l'on passe d'une situation on l'on ne sait rien
mais où tout est possible, à une autre où le niveau de
connaissance a atteint son maximum mais où toutes les marges de
manoeuvre ont été utilisées.
· Un espace ouvert et fluctuant. Il n'est pas
possible de définir a priori les frontières du projet qui
mobilise différents métiers dans l'entreprise mais
également différentes entreprises (un constructeur automobile et
ses fournisseurs, par exemple).
Encadré donnant quelques
caractéristiques du projet selon Midler(1996)
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 55
L'évaluation de la performance de la recherche et
de l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Nous pouvons noter qu'il n'est pas question dans les projets
« Innovation » de gérer la convergence vers un objectif
défini ex ante. C'est donc « l'organisation de l'exploration d'un
nouvel espace de conception dans lequel ni les concepts, ni les connaissances
ne sont clairement définie (Hatchuel & Weil, 2006), dans un cadre
temporel lui aussi pas précisé.
Ceci a deux conséquences :
> Les objectifs à atteindre vont se préciser
peu à peu à la fois en terme de produits à lancer en
développement et de concept et/ou connaissances à explorer ;
> Le pilotage est de type « stop or go » (ECOSIP,
1993) : chaque jalon est l'occasion de s'interroger sur la trajectoire suivie
par le projet. » (Lenfle, 2008). Autrement, Boutinet (1993, cité
par JP Brechet, 2006) nous rappelle que la notion de projet qui puise ses
racines dans des nombreux univers disciplinaires ne peu se réduire
à « quelques contenus d'évidence, conformément aux
vertus de la rigueur analytique » (Bréchet & Scheib-Bienfaits,
2006). Ainsi on peut définir le projet selon Bréchet, «
comme anticipation à caractère opératoire, de type flou,
d'un future désiré. Le projet articule les dimensions qui
permettent de se saisir de l'action, il met notamment en jeu la question du
sens et la question plus pragmatique de l'agir en associant l'ordre des fins et
celui des moyens. »
Par ailleurs, observons à coté des sciences
naturelles et de la philosophie, notamment existentialiste (Bréchet,
2006), que le projet est mis au coeur de l'humain. De plus, la psychologie
cognitive, dans les travaux les plus récents, montre que, ce ne serait
pas la raison, même associée aux émotions qui expliquerait
l'action. Mais plutôt « la dimension de mémoire et
d'anticipation que la physiologie du cerveau dissocierait.» (Bertoz,
1993)
Ainsi le projet est non seulement « effort
d'intelligibilité (un travail sur les savoirs à caractère
plus ou moins collectif ou partagé) » mais aussi, « un effort
de construction de l'action (un travail de prescription des savoirs et donc de
contrôle des comportements, à caractère aussi plus ou moins
collectif ou partagé) » (Bréchet & scheib-Bienfait,
2006).
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Si le « projet collectif » peut se comprendre comme
« un processus de rationalisation de l'action collective fondé sur
l'anticipation » (Bréchet et Desreumaux, 2004, 2005), nous pouvons
penser dès lors comme Hatchuel et Weil (2000, 2005) que le projet comme
toute rationalisation met en jeu une dynamique bidimensionnelle, de savoir et
de relation dans sa conception et son procession. En outre, force est de
constater que cette façon certes pertinente de voir est
nécessaire, mais pas suffisante à notre sens, puisqu'elle
n'inclut pas les mythes qui subsisteraient dans les organisations et qui
auraient un impact considérable sur le comportement des acteurs et donc
leur mode de prise de décision et de gestion des organisations (dans
notre cas des laboratoires de recherches). N'est-il pas plus approprié
de dynamique tridimensionnelle, de savoir ; de mythes et de relations ?
Nous verrons de façon un peu plus précise le
pilotage des projets « Innovation », à la fois leur impact sur
l'organisation, le projet d'innovation et la gestion stratégique des
projets innovants. En somme il s'agit pour nous de voir les principes qui
cadrent le management des projets d'innovation dans un laboratoire de recherche
d'une part ; et d'autre part de comprendre ce qui fonde les critères
d'évaluation de la performance des laboratoires de recherche.
Section VI - Quelques principes directeurs de gestion des
projets d'innovation
La conduite de ce type de projet diffère
fondamentalement de celui d'un projet de développement. La
difficulté majeure est d'explorer de façon synchronique les
éventualités techniques et les valeurs d'usages d'une innovation,
sans oublier quelques fois la problématique de son intégration
à laquelle il faut faire face. Autrement dit, l'incertitude
technologique ; et économique ne sont pas la seule
caractéristique des projets d'innovation. Elles sont aussi
organisationnelles, car ; les tâches à accomplir ne sont pas
précisées à l'avance. Ainsi, l'affectation des ressources
st suffisamment maitrisée par la hiérarchie.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 56
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 57
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
En outre, puisqu'il est question en principe de
développer des connaissances et des compétences nouvelles,
l'incertitude prend également un aspect cognitif. Il faut souligner bien
plus que tout cela ne saurait être essentiellement rationnel,
étant donné que ; un certain nombre de mythes cadreraient les
repères cognitifs des acteurs. Nous comprenons au moins pourquoi le
pilotage des projets innovants ne doit pas se faire par la méthode
classique du management, puisqu'on est face à un conteste
différent d'une part et d'autre part il faut s'investir dans une
dynamique de gestion de l'incertitude.
Lenfle (2001), propose à l'inverse des
préconisations de M.Porter ; pour répondre au menaces de
l'environnement (interne et externe), il est indispensable de combiner
plusieurs stratégies (domination par les coûts,
différentiation...), c'est ce qu'il qualifie par la notion «
d'endossement stratégique ». Cela permettra de repartir le risque
financier notamment, de diffuser aussi les connaissances et transférer
les apprentissages.
Cette incertitude bouleverse selon Lenfle (2008) les
méthodes de management et met en exergue trois problèmes relatifs
au projet d'innovation : 1) quelle est sa légitimité dans
l'organisation ? 2) Quels sont les modes d'action adaptés ? 3) Comment
le piloter ? Nous pouvons ajouter un quatrième problème relatif
aux mythes qui gouvernerait les choix stratégiques (montrant les limites
de la raison dans la construction de l'action collective) sans oublier les
critères d'évaluation de la performance des laboratoires qui ne
sont eux aussi pas très scientifiques.
En nous appuyant sur ces éléments et toute une
littérature pertinente, nous pouvons présenter avec Lenfle (2001)
quelques « principes susceptibles de fonder un système de gestion
des projets d'innovation» :
> Construire un référentiel
d'évaluation spécifique.
La première difficulté que rencontrent les
projets d'innovation est sa légitimité. Comme
énoncés plus haut, les caractéristiques des projets
innovants, ceux-ci doivent trouver leur place dans le système, car,
stratégiquement ambigus, sans clients les justifiant, ils sont en
perpétuel recherche des ressources. Il est donc indispensable comme le
montre les travaux sur le management de l'innovation et des projets de
développement (voir le tableau 2, ci-dessous) de mettre des
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
structures ad hoc. Il peut s'agir « d'une équipe
pluridisciplinaire », jouissant d'une autonomie opérationnelle, ce
qui permettra de dynamiser le processus de création des connaissances
(Nonaka, 1994).
Tableau 2 comparaison des recherches sur le
management de
l'innovation (Lenfle, 2008)
Burns & Stalker, 1963
|
Freeman, 1974
|
Nonaka & al.,
1985 - 1994
|
Van de Ven & al.,
1986-1999
|
Burns & Stalker sont les premiers à
caractériser le fonctionnement « organique » adapté aux
situations d'innovation. On retient habituellement 6 points :
1. Continuelle redéfinition des tâches
individuelles en fonction des objectifs à atteindre qui sont eux
très clairs.
2. . Ajustement continu entre les différents membres de
l'organisation. Chacun intervient bien au-delà de son rôle «
officiel ».
3. Contrôle plus souple. Autour des problèmes
à résoudre et pas de l'organigramme.
4. Multiplication des échanges informels et
latéraux sur le mode de la consultation, de l'échange
d'informations.
5. On reconnaît la répartition des connaissances
entre les différents acteurs.
6. Valorise l'engagement sur des programmes qui permettent le
développement de l'entreprise
|
En comparant des paires de projet d'innovation dans le secteur de
la chimie et des instruments scientifiques,
C. Freeman met en évidence trois variables discriminantes
pour expliquer le succès (ou l'échec) des projets innovants. Si
les deux premières traitent des relations à l'environnement, la
dernière renvoie directement au management du projet :
1. La compréhension des besoins des utilisateurs T et
l'intégration de la question des usages à toutes les
étapes du processus d'innovation
2. L'existence de relations avec le monde scientifique
extérieur
3. Le niveau hiérarchique de «
l'innovateur-gestionnaire ». Celui qui gère le projet doit
être un « general manager » expérimenté
ce qui lui permet de recruter les bonnes personnes, de mobiliser des ressources
importantes et de trouver les appuis nécessaires dans l'organisation.
|
L'article fondateur d'Imaï, Nonaka & Takeuchi (1985) se
concentre lui sur la question du fonctionnement des équipes projet et
identifie 6 facteurs qui contribuent à un processus de
développement innovant, rapide et flexible :
1. «Top management as catalyst»
2. «Self-organizing project teams»
3. «Overlapping development phases»
4. «Multilearning»
5. «Subtle control»
6. «Organizational transfer of learning»
Le point 1 renvoie au rôle de la DG qui impulse et
supervise le processus, alors que les points 2 à 6 concernent le
fonctionnement de l'équipe. Ils correspondent tout à fait au
fonctionnement « organique » décrit par Burns et Stalker, mais
le cadre est cette fois explicitement le projet.
|
Le Minnesota Innovation Research Program, piloté par A.
Van de Ven, a donné lieu à de nombreuses publications. L'article
fondateur de 1986, après avoir identifié les problèmes
centraux du management de l'innovation, décrit 4 principes pour
concevoir une organisation innovante :
1. «Self-organizing autonomous unit»
2. «Redundant functions»
3. «Requisite variety»
4. «Temporal linkage»
Nous retrouvons donc, à partir de cas différents de
ceux étudiés par les auteurs précédents (projets
très innovants étudiés sur longue période), des
caractéristiques tout à fait similaires. Les idées
d'auto-organisation, d'autonomie de l'équipe, de
plurifonctionnalité (requisite variety) ou de redondance sont toutes
présentes chez Nonaka.
|
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 58
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
> Le rôle de l'expérimentation: valeur des
produits et connaissances accumulées. La deuxième
difficulté à laquelle les acteurs doivent faire face est
l'incertitude. Puisque le mode classique d'action de l'acteur projet est en
partie incompatible à cause entre autres de la difficulté
à fixer les jalons, absence de planning, découpage en
tâches délicats, difficulté d'insérer le projet
innovant dans un réseau d'acteur etc.
A- Elaboration d'un programme de recherche et
conception d'une innovation
Par ailleurs, l'élaboration d'un programme de recherche
doit être perçue comme une structuration temporaire du champ
à explorer, il est question essentiellement de tester les
premières idées, ce qui est l'essence même de la
théorie de la conception et de l'innovation (Nonaka (1995) ; Hatchuel
& Weil (1999) etc.) qui met en exergue l'importance de l'action en
l'absence de préférence claires ; action qui va stimuler la
découverte des problèmes et éventuellement les solutions
aux problèmes. Ainsi, l'épreuve5 qui est «
évènement créateur de connaissances et d'outils de
coordination des acteurs » étant donné qu'elle permet de
créer des échéances. Elle doit être l'unité
d'oeuvre au centre du dispositif de pilotage. A tout prendre,
l'intensité de l'apprentissage va dépende de la capacité
du groupe à produire, réaliser et exploiter un flux continu
d'épreuves au cours d'une période de temps (Iansiti, 1998 ;
cité par Lenfle (2008)). C'est le rôle central de l'épreuve
dans le dispositif de pilotage d'un processus d'innovation.
> La focalisation temporelle de l'exploration :
Ici il est question de constater l'évolution du projet dans un
environnement extrêmement dynamique. Ainsi, les variables de
contrôle qui cadre la dynamique d'un projet ne sont pas statiques. Elles
(valeurs d'usage, stratégies, technologies etc.) ne doivent pas
être traitées
5 Pour mieux comprendre la nature des épreuves
(essais, stimulations etc.) et les problèmes d'organisations qu'elles
mettent en lumière voir Lenfle (2001)
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
séquentiellement. Ceci permet de réduire le
risque qu'une réponse partielle et pertinent ne soit plus lorsqu'on a
résolu les autres dimensions du problème.
> La reformulation de la problématique
chemin-faisant : Selon H. Simon la conception c'est à la fois
construire un problème et trouver une solution à ce
problème. Cette démarche classique, du problème vers la
solution n'est pas évidente à mettre en application, car, on est
incapable au départ de « bien poser le problème » d'une
part ; et d'autre part ; le problème posé au départ, la
probabilité dune solution est très faible puisqu'on raisonne avec
un problème parfois superficiellement défini.
> La nature de la performance : valeurs des
connaissances accumulées.
Chaque situation d'innovation est construite dans un cadre qui
met en jeu un processus de production des connaissances à un processus
de création de chiffre d'affaire. On est confronté à une
ambigüité qui s'explique de plusieurs façons ; ainsi, une
recherche peut déboucher sur le plan commercial, sans créer des
nouvelles connaissances. Et inversement, une étude peut ne pas aboutir
sur le plan commercial ; mais apporter des connaissances pertinentes sur la
compréhension de la technique. Par conséquent, on réduit
les incertitudes techniques grâce aux connaissances accumulées, on
réduit de ce fait les coûts et les risques d'échec.
B- Conclusion du chapitre
En somme, ces principes soulignent la nécessité
de constituer une équipe transversale dès « l'amont »
du processus d'innovation. Or le problème de prescription
réciproque6 (Hatchuel, 1994) qui caractérise les
situations de conception est en effet présent à tous les
6 Puisqu'il est impossible de définir ex-ante la division
du travail entre les acteurs. Ils entrent dans une
perspective de prescription réciproque. « Chacun
va indiquer à l'autre les prescriptions qu'il doit respecter pour que
leurs deux interventions soient compatibles et aboutissent à telle ou
telle performance
d'ensemble » (Hatchuel, 1994)
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 61
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
niveaux du processus d'innovation. Mais il n'est pas facile de
coordonner à ce niveau la conception. Bien plus, il faut aller dans le
sens d'un renforcement de la coordination en considérant le projet
« Innovation » (Lenfle, 2008) comme système. Ainsi, chaque
étude est conduite pour elle-même, mais aussi et surtout pour
l'ensemble. Il est nécessaire d'intégrer dans le dispositif
d'exploration à la fois la dimension technique et des
usages7. De la sorte, une désynchronisation des solutions
développées peut être évitée (Le Masson,
2001). Autrement, la prise en compte de l'interdépendance des
différentes dimensions de l'apprentissage et aussi le fait que celui-ci
ne pourrait se gérer comme une juxtaposition des projets et/ou des
expertises indépendantes8. Il est clair que quelque soit le
cas, les dispositifs tels que décrits par les différentes
recherches laissent transparaitre des difficultés 9(la
gestion des relations avec le reste de l'organisation, la difficulté
à trouver un équilibre entre la Recherche d'une part, et le
Développement d'autre part) de gestion des projets Innovation.
Nous pouvons penser sans crainte au fait que la vie dans les
laboratoires de recherche soulève des problématiques complexe qui
ne trouvent pas facilement de réponse dans une approche essentiellement
rationnelle. Ce qui nous ramène à intégrer une autre
difficulté peu explorée, mais pas moins importante à
savoir les mythes pour saisir plus ou moins le processus de
création des connaissances et de gestion des projets Innovation dans les
laboratoires. Ceci ne laisse pas en marge la compréhension des
critères d'évaluations de la performance des laboratoires qui
déterminent (sans penser à un déterminisme absolu) les
orientations stratégiques de ceux-ci.
En revanche, étant donné que la recherche et
l'innovation sont de moins en moins perçues comme le mythe de «
l'acteur tout puissant » qui construit des théories dans sa «
petite bulle » isolée, la gestion de la recherche et de
l'innovation n'est à notre sens rien d'autre que la gestion des projets
(au sens de Midler, Lenfle, Garel etc.). Projet qui doit ici être
perçu comme le forme stabilisée de l'innovation (Journé).
Puisqu'il permet le pilotage dans le temps de ces deux paramètres
(recherche et innovation). Autrement dit, le projet est hyper
intéressant parce qu'il s'agit en fait de l'activité (action
collective
7 Les connaissances/phénomènes
et les concepts/fonctionnalités.
8 Comme on pourrait le penser pour justifier
une série d'organisations projets classiques.
9 Pour en savoir plus lire Lenfle (2008) « peut-on
gérer l'innovation par projet ? »
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
comme le di Bréchet) et notre porte d'entrée
dans ce travail de recherche n'est autre que l'évaluation de la
performance de l'activité de recherche des laboratoires.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
CHAPITRE II :
LES ENJEUX DES CRITERES D'EVALUATION
DE
LA PERFORMANCE DES LABORATOIRES DE
RECHERCHE
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Section I - Notion de performance
Etymologie du mot performance en latin est « perfomare
» qui signifie « donner entièrement forme à quelque
chose ». En anglais « To perform » se comprend comme
étant l'accomplissement d'une tâche avec régularité,
méthode et application, l'accomplissement d'une manière
convenable, c'est-à-dire, accomplir quelque chose qui exige de
l'habilité ou une certaine aptitude. Ainsi en français le terme
désigne :
· Le résultat obtenu dans une épreuve de
course, par un animal (cheval etc.), par un athlète ;
· Un exploit, un succès ;
· L'ensemble des résultats obtenus dans
l'accomplissement d'une tâche encadrée par des normes dites
objectives.
C'est le sens au dernier alinéa qui sera retenu dans
notre recherche. Comment la circonscrire ?
La performance peut résulter d'une meilleure gestion
des liens entre groupe de projet ou encore projets. Elle est issue d'une
meilleure coopération entre les services généraux, et
entre services, et entre services généraux et activités
projets : « le référentiel des acteurs doit être
commun » (Azan.W, 2001). Mais, si nous prenons aussi en compte entre
autres ; la complexité du travail de recherche en laboratoire, les
différentes représentations théoriques possibles de ce
qu'est la recherche et l'innovation, nous pouvons nous interroger en toute
quiétude sur les critères et les outils d'évaluation de
l'activité de recherche dans les laboratoires.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
A. Généralités sur
l'évaluation de la
performance.
Il est nécessaire d'insister sur
l'ambigüité du rôle de l'évolution de la performance.
En montrant que le domaine d'évaluation, notamment ses
conséquences, dépend des grades du « chercheur
académique10 » (Le Maitre.D, 1993). Toutefois,
l'évaluation de la performance d'un chercheur a pour but
d'apprécier les réalisations, ceci dans l'optique de l'aider de
manière sous-jacente à améliorer sa performance
ultérieure et par extension de l'organisation. Il est question pour nous
de voir le rôle, le domaine et les conséquences de
l'évaluation.
B. Caractéristiques de l'organisation et
performance : les conséquences du changement (violent ou
modéré).
Selon Bouquin, la performance d'une organisation se peut
perçoit sous le tritype, efficience, efficacité et
économie simultanément. Or une variation de façon brutale
ne peut conduire qu'à l'inefficience et l'inefficacité dans une
organisation où la performance s'appuie essentiellement sur l'engagement
des acteurs. Ainsi Nonaka & Takeuchi (1995) attire davantage l'attention en
disant que la performance est directement liée à l'acceptation du
changement par les acteurs qui sont très souvent des « ressource
critiques ».
Autrement la cohérence des métiers et des
savoirs permet une performance basée sur les compétences
techniques. L'organisation innovante est riche en savoir et en expertises qui
stabiliseraient la pratique des acteurs. Les connaissances sont donc sources en
amont du tritype. Bien plus, « la performance [d'un laboratoire]
résulte de la permanence dans les interactions et tout bouleversement
dans les mécanismes en place contrevient aux
10 Terminologie désignant l'ensemble des professionnels
exerçant une activité de recherche et /ou d'enseignement dans un
établissement d'enseignement supérieur.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
équilibres. La permanence des reflexes, des
solidarités, et de certains savoirs tacites collectifs se prêtent
mal à une mise en question liée à des
réorganisations » (Nonaka & al). Mais aussi, les experts font
savoir constamment à l'organisation qu'ils sont eux-mêmes à
l'origine de son existence la pérennité (Simon.H & March,
1999). Toutefois, la recherche de la cohérence vise à
réduire l'incertitude des réponses locales, en opposant aux
ravages causés pas l'instabilité d l'environnement « la
force du tout ». On peut constater comme le souligne Azan.W (2001, Pp50)
que la dimension changement et la dimension cohérence sont «
Co-émergentes » et percevoir l'une revient à entrevoir
l'autre. La performance se caractérise ainsi par un « sentier
étroit » où il faut changer pour être plus performant
et pour lequel, trop changer dénaturerait les savoirs, la
cohérence et ruinerait par conséquent l'organisation. Pour mieux
comprendre les critères d'évaluation de la performance dans les
laboratoires, nous allons procéder par étape, d'abord les
critères d'évaluation du personnel chercheur, puis ceux du
laboratoire.
C- Le rôle complexe et domaine
d'évaluation de
la performance.
L'évaluation de la performance du personnel de
recherche est une obligation statutaire et constitue, pour les
universités (les laboratoires pour ce qui est de notre étude) la
pierre angulaire de tout dispositif de gestion du personnel. Toutefois,
l'évaluation constitue un outil pour la gestion des itinéraires
professionnels (embauche, suivis d'activités, promotions...). Il
participe dans le même temps à des processus globaux
destinés à inciter, récompenser, sanctionner,
sélectionner, orienter etc. Barré.R, De Laat.B et Theys.J (2007,
p90), ajoute que des paramètres tels que « les questions de
formation continue, de mobilité, de rapport entre trajectoire
individuelle du chercheur et insertion dans un projet collectif,
d'évaluation des compétences nécessaires et
au-delà, les questions de gestion prévisionnelles des emplois et
des compétences ».
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 66
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 67
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
En outre, nous remarquons à travers la
littérature que très souvent, les objectifs affichés par
l'institution11 et les critères d'évaluation des
chercheurs académiques tels qu'ils sont in fine opérés ;
contradictions majeures parfois entre ce qui est affiché comme une bonne
pratique de la recherche et qui est reconnu par les instances
d'évaluation. On en arrive à ce que Barré & al
qualifie de « situation d'injonction paradoxale12 ».
Même si l'évaluation doit garantir le respect
d'une certaine intégrité13 dans l'entreprise (Le
Maitre.D, 1993 ; p18), il faut reconnaitre qu'elle est une prérogative
de la hiérarchie, traduisant ainsi le fait qu'elle peut être
arbitraire et partiale dans certains cas. Ceci est dû au fait que les
éléments pris en compte pou construire les critères
d'évaluation ne sont pas toujours objectifs, et les méthodes
utilisées bien que acceptées unanimement sont souvent floues.
Selon Iribarne.A (2006, p92, 94), la reconnaissance d'une
pluralité de métiers complémentaires au sein d'un
organisme et à la pondération des critères définis
en fonction du positionnement choisi par le chercheur académique,
constitue de ce fait un référentiel d'évaluation
multidimensionnelle. Notons par ailleurs que l'évaluation constitue
très souvent une passerelle entre le travail réalisé et la
situation future du chercheur académique d'une part, mais aussi, elle
est source de pouvoir pour l'évalué. Ainsi, les droits
générés par une évaluation nourrissent davantage la
notoriété d'un Professeur d'université que d'un
Maître de conférences (du moins si ce dernier à encore une
carrière à enrichir).
Enfin de compte une bonne évaluation constitue aussi
une sorte « d'autorestriction » par les supérieurs de son
pouvoir sur le subordonné (Crozier & Freiberg, 1977)
évalué. Une bonne évaluation finit toujours par rapprocher
de plus en plus le subordonné et le supérieur. Entrainant de
nouvelles situations de collègue et/ou de concurrent.
11 Ces institutions sont le CNRS, ANR... qui sont très
souvent les sources de financement des activités de recherche.
12 Situation où il n'est pas possible (par rapport
justement aux données dont on dispose) de trouver une solution
satisfaisante au problème tel qu'il se présente (Iribarne, 1999,
2004).
13 Puisqu'elle permet de différencier et valoriser les
chercheurs les plus méritants surtout si les critères mis en jeux
sont clairement et objectifs.
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Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 68
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Section II- Les critères d'évaluation de la
performance des chercheurs.
Au sein d'une organisation la performance du chercheur
permanent, soumis à une hiérarchie est en principe
évaluée de façon formalisée14. Il existe
certainement des évaluations informelles de la performance qui seraient
plus liées à la fois à l'activité et au
comportement des chercheurs (mutuellement). Selon qu'on use d'une ou des autres
méthodes, on aboutit à des résultats rarement
identiques.
Puisque, les laboratoires comme toutes les organisations sont
soumis à la concurrence, il est nécessaire de trouver des
critères formels d'évaluation de la performance. Ainsi, cette
situation de compétitivité requiert des exigences accrues au
niveau :
· Du contrôle de tous les moyens matériels et
humains utilisés
· La motivation du personnel chercheur. De ce fait, la
gestion et l'évolution des salaires ne sont plus les principales
préoccupations de la hiérarchie. Puisqu'il est de plus en plus
question de faire savoir au facteur humain son influence sur la performance.
L'objectif de notre étude ici n'est pas de traiter de
la globalité des problèmes15 de l'évaluation du
personnel chercheur, mais de mettre en exergue :
1. L'unité d'une étude de l'évaluation
de la performance des chercheurs pour appréhender celle des laboratoires
(cela revient à reconnaitre que les chercheurs sont
évalués en fonction de leur grade).
2. La dépendance de l'évaluation de la
performance à plusieurs paramètres.
14 Nous entendons par évaluation formalisée de la
performance du chercheur, une appréciation qui est cadrée par un
document qui harmonise les critères de façon objective.
15 Les problèmes d'évaluation de la performance des
chercheurs constituent un sujet très vaste puisqu'il
fera intervenir tout un ensemble de paramètres qui
rendront un peu long notre travail, mais qu'il conviendrait de
considérer comme piste de recherche.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 69
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
A- Cohérence des objectifs et de
l'évaluation des
chercheurs académiques.
La tendance des pratiques des chercheurs, s'appuie
essentiellement sur la publication dans les revues de « rang A »,
conduisant ainsi à une contradiction par rapport aux objectifs
assignés à un chercheur. Bien plus, les activités de
recherche de plus en plus abondantes grâce à l'augmentation du
nombre des chercheurs doivent être évaluées. Cela conduit
en fait à privilégier des critères quantitatifs
basés sur le nombre de publications dans les revues16 (de
rang A, B, C...), complétés par le nombre de citations au «
citation index ». Autrement dit le chercheur académique doit
adapter non seulement ses pratiques de recherche à un
réseau17 (Latour : théorie de l'acteur réseau)
; mais aussi à l'émergence « d'un nouveau paradigme de la
production de connaissances18 » lié aux
impératifs de tels que répondre au mieux aux besoins de la
société. Iribarne.A ajoute que pour transcender cette situation
d'injonction paradoxale, il est nécessaire de gérer les
activités et les carrières des chercheurs en tenant compte de la
multitude de critères qui sont associés à des logiques de
métiers19. Toutefois, le fait d'exiger les supports que les
jugements nous laissent septique. On se pose la question de savoir quelle
représentation tacite de l'activité de recherche se font ceux qui
exigent des supports régis par ce que M.Espagne qualifie de «
fétichisme numérologique » ?
16 Les revues sont classées en fonction de leur
notoriété et de leur taux de visibilité et
d'accessibilité.
17 Pour plus d'explication voir, la théorie de l'acteur
réseau (ANT) de Latour.B.
18 Il s'agit d'une nouveau mode de production de connaissances
qui est en cours d'émergence, ceci en relation avec l'émergence
d'un nouveau paradigme scientifique ; ce paradigme est lui aussi inclus dans un
nouveau paradigme productif lié à l'émergence de ce qui
serait une « société de connaissance ».
19 Nous décrirons plus ou moins en profondeur cette
approche au paragraphe C du même chapitre.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 70
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
B- Dépendance entre critère de
performance d'un chercheur académique et méthode
d'évaluation.
Nous traitons ici de la dépendance entre
l'évaluation de la performance du chercheur académique et les
méthodes d'évaluation la qualité des méthodes
d'évaluation et des critères de performance. Puisqu'on peut se
demander si l'évaluation peut être objective ou doit même
l'être. En effet, il s'agit d'une relation entre individus
(supérieur et évalué).
Cette relation est selon Le Maitre.D (1993, p38) par nature
subjective, même si son but est d'évaluer essentiellement la
tâche effectuée par l'évalué. Mais, la
subjectivité ne saurait justifier en outre, la particularité de
l'utilisation des « méthodes d'évaluation irrationnelles
». Ainsi, une évaluation de la performance du chercheur
académique n'est crédible que si les méthodes
utilisées pour fait sont fiables, valides, transparentes, impartiales et
surtout explicables20
1. Une méthode d'évaluation
est dite valide si elle permet essentiellement de ne garder que
les personnes susceptibles de contribuer au succès actuel et futur de
l'organisation. Il est donc crucial de voir les qualités
métriques et l'utilité d'une méthode
d'évaluation.
~ les qualités métriques d'une
évaluation. Une méthode d'évaluation pour être
valide doit fournir des informations indépendantes (de celui qui
l'utilise) et constantes (si elle est utilisée plusieurs fois pour les
mêmes personnes). Par conséquent, son fondement premier est sa
fidélité, qui, évite la remise en cause de la
méthode et de son mode d'usage. Ajoutons
20 Puisqu'on assiste à un développement et l'usage
des méthodes irrationnelles : la morphologie, l'astrologie, la voyance,
la numérologie, la graphologie etc. Levy-Leboyer. C dans «
Evaluation du personnel : quelles méthodes choisir ? » (1990), p9
écrit que ces méthodes « reposent sur une démarche
non objective où la croyance et l'affirmation tiennent lieu de preuve et
d'objectivité ».
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 71
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
aussi doit avoir d'autres qualités telles que : 1) la
discrimination et l'étalonnage, 2) la pertinence, 3) un pouvoir
prédictif21 :
· l'utilité d'une méthode
d'évaluation. Il est question toujours dans toute évaluation
de parvenir à une meilleure adaptation entre les caractéristiques
d'un individu et les exigences du travail sur lequel on est
évalué. Ainsi, une évaluation correcte permettra
d'éviter simultanément d'octroyer aux individus des tâches
supérieures à leur capacité et mettre en évidence
un potentiel inexploité.
Les différentes méthodes d'évaluation ne
retiennent pas toutes les mêmes critères pour apprécier la
performance du chercheur académique.
2. La qualité des critères
d'évaluation de la performance. Une méthode
d'évaluation est valide si le pronostic établi correspond
à la réussite future22. Ceci exige le respect de
certains principes et le choix relatif au nombre et à la nature des
critères utilisés.
· les critères de performance utilisés
doivent amener le chercheur académique à s'engager dans la
satisfaction des intérêts de l'organisation.
De telles pratiques vont contribuer à
l'internationalisation des champs disciplinaires et à la constitution,
au niveau international, des communautés de référence qui
leurs sont associées, les rendant ainsi capables de se faire reconnaitre
comme des disciplines incontournables par les gouvernements et les responsables
des politiques scientifiques 23 (Dubois, 2004). Autrement dit, dans un champ
scientifique donné, la création d'une revue de
référence avec son comité de lecture, ses « referees
» et sa sélection d'articles constitue pour la communauté
scientifique un des moyens les plus efficaces de participer à
l'élaboration de la codification des savoirs. Et contribue ainsi, au
fondement des paradigmes correspondants (D'Iribarne, 2004).
21 Pour plus d'explication, ces paramètres sont
définis par Le Maitre.D (1993, p39)
22 Cela signifie en d'autres termes que la
validité d'une méthode d'évaluation peut être
perçue en comparant le diagnostic d'une évaluation et la
réalité future.
23 Les sociologues de la science décrivent les
luttes autour de la création des revues scientifiques et du
contrôle de leur comité par les scientifiques voir par exemple
Dubois(2004).
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Dès lors, on comprend pourquoi, la communauté
scientifique de « pairs » à la recherche de l'excellence dans
un contexte de compétitivité internationale et de
sélectivité sans cesse accrue, on besoin de disposer des
critères « objectifs » d'évaluation pour «
réguler les allocations de ressources à l'intérieur d'un
champ disciplinaire, et, pour cela, ont mis l'accent, sur les
évaluations individuelles, sur les capacités à publier
dans les revues scientifiques de référence, au niveau national
[et/ou] international, comparables en termes de nombre de citations au
citation index (Gadille & al, 2002) » (D'Iribarne, 2007,
p102).
Par ailleurs ces critères sont pertinents, puisque
admis hors même du milieu des pairs comme des bons critères pour
rationnaliser les processus et aussi les procédures d'évaluation
utilisées, par ailleurs, comme base pour les allocations des ressources
et bien plus comme critère d'avancement en grade pour les
enseignants.
Nous constatons qu'un accent marqué est mis sur deux
paramètres (publications et citations) qui sont sans doute pertinents.
Mais qui ne sauraient constituer les seules variables. Puisque nous savons tous
qu'un chercheur académique remplit plusieurs fonctions
scientifiques24 aussi importantes les unes que les autres.
D'où la nécessité d'une évaluation de la
performance qui intègre tous les paramètres qui jalonnent la vie
d'un chercheur contrairement à celui utilisé
actuellement25.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 72
24 Nous nous intéressons uniquement à
l'aspect scientifique du chercheur académique dans le cadre de cette
étude même si nous reconnaissons à travers nos
enquêtes que l'enseignement est très peu et parfois pas du tout
valorisée dans le cadre de l'évaluation de la performance de
celui-ci.
25 Voir en annexe 1 la fiche d'évaluation d'un
chercheur.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France
Page 73
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Publications scientifiques
Vulgarisations
Evaluation de la performance du chercheur académique.
Figure 6 : Evaluation de la performance via deux
critères (modèle en vigueur).
C- Vers la construction d'un
référentiel
multicritère d'évaluation de la
performance.
Ce modèle permet d'inscrire les
paramètres les plus retenus dans un ensemble plus large
qui met en évidence à la fois les limites et permet en même
temps d'en explique la signification au regard des objectifs affichés.
Il s'agit d'un aspect important à respecter, puisque ces critères
permettront aux autorités « scientifiques »
chargées d'évaluation d'avoir une meilleure, connaissance des
compétences individuelles et collectives dont il a la charge de
gérer. Ceci de façon à légitimer et à
pouvoir les valoriser en fonction du degré de diversification retenu par
le comité scientifique.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Directeur
d'école
doctorale
Direction de thèses
Directeur de
laboratoire
Jury de thèse
Formation
professionnelle
Evaluation
de la
performance
du
chercheur.
Publications scientifiques
Expertise
Brevets
Consultance
li
Vulgarisation
Gestion
de la
science
Figure 7 : Une évaluation multidimensionnelle de
la performance d'un chercheur
(modèle de D'Iribarne
modifié).
Le modèle ci-dessus parait plus complet
puisqu'il prend en compte toutes les variables (du moins l'essentiel des
variables) qui pourraient encadrer le comportement des acteurs dans un
laboratoire de recherche. Ceci nous permet de voir que les deux critères
privilégiés plus-haut appartiennent à un
ensemble plus large de paramètres dont la pertinence des uns et des
autres ne saurait être négligée si on souhaite construire
un référentiel objectif et fiable.
Notons tous de même que la difficulté ne
résiderait pas à l'identification de ses
critères, pour sa mise en oeuvre, mais aux jeux
des différents acteurs dans l'établissement des
différents critères d'évaluation des
chercheurs académiques. Ainsi favoriser une instrumentation pour
l'évaluation des activités professionnelles des chercheurs
s'inscrit dans un effort de sortir de cette situation
d'injonction paradoxale qu'Iribarne (2007) résume par la figure
ci-dessous.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France
Page 74
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Normes associées à la qualité de la science
venant de la tradition
Normes collectives des chercheurs académiques
Hors de la Dans la
Société
Disciplinaires inter/transdisciplinaires
mono-critères, multicritères
« Revues académiques »
Société
Critères d'évaluation
élargis
Normes pour les gestionnaires de la science
Normes associées au nouveau paradigme de la science
Figures 8 : le jeu des acteurs26 dans
l'établissement des critères d'évaluation
des
chercheurs (Barré & al, 2007, p 114).
Nous venons de voir la difficulté des intenses
dirigeantes à élaborer un système d'évaluation de
la performance des chercheurs qui prend en considération la multitude de
« métiers » qui font partie de la vie d'un chercheur au cours
de sa carrière. Cependant nous savons que l'évaluation d'un d'une
organisation dépendra de la somme des performances individuelles, on est
en droit de savoir quels sont les critères qui entre cette fois dans
l'évaluation des d'un laboratoire de recherche. Et finalement aboutir
pour ce qui est de notre étude, au lien qui existerait entre les
critères d'évaluation de la performance d'un laboratoire et les
modalités de management de la recherche et de l'innovation.
26 Ce jeu d'acteurs n'est pas sans ignorer les
influences des institutions américaines qui tendent à imposer
leur modèle en un modèle universel.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 75
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 76
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Section III- Critères de performance d'un
laboratoire de recherche.
La performance s'envisage comme la réussite collective
d'une transformation. Elle est un réglage complexe de l'organisation
face à un processus de création de valeur très
spécifique. Puisque la performance de l'organisation peut être vue
(et doit même être vue) comme la somme des performances
individuelles, elle n'est donc possible que dans le cas où les acteurs
conçoivent ce qui est accessible, ce qui déclenche un changement
(une innovation) et accéder par conséquent à ce qui est
conçu. La performance peut résulter d'une meilleure gestion des
liens entre groupe de projet ou encore entre projets. Elle est issue d'une
meilleure coopération entre les services généraux, et
entre services généraux et activités projets. Ainsi, le
« référentiel des acteurs doit être commun »
(Azan.W, 2001).
Selon Bouquin (1999), la performance d'une activité,
d'une personne, [d'un laboratoire], et/ou d'un produit se mesure par l'impact
qu'ils ont sur le résultat global. De ce fait, la performance se
décompose en l'efficience27, la
rentabilité28, l'économie29 et
l'efficacité30, la productivité31. Cette
vision de la performance certes intéressante nous parait
inachevée puisqu'elle ne tient pas compte de certains paramètres.
Ceci dit, pensons avec Bessire (1999) que la performance peut être
perçue à partir de plusieurs axes d'évaluation dont
certaines variables sont difficilement cernables. Il s'agit en fait d'une
interaction nourrie et continue entre les entités, sujet, objet et
projet, c'est ce qu'il qualifie de « trialectique » pour
traduire les interpénétrations entre les trois variables. Ainsi,
la performance fait partir de la dimension objective et mesure la progression
dans la dimension identifiée
27 Le fait de maximiser la quantité obtenue de
produit ou de service à partir d'une quantité donnée de
ressources.
28 Rapport entre le bénéfice et les
capitaux investis.
29 Le fait de se procurer des ressources à
moindres coûts
30 Mesure la réalisation des objectifs
(économiques ou tout autre) et les finalités poursuivies par une
organisation.
31 Rapport entre volume de production obtenue et le
volume consommé.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 77
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
comme le bon sens. C'est le progrès vers l'objectif
fixé, où la pertinence est la dimension subjective ; et
la cohérence représente la dimension rationnelle. Donc
la cohérence est en somme définie par deux variables à
savoir ; la cohérence et la pertinence (Bessire ; 1999). On comprend
bien que la performance ne peut s'identifier non plus seulement à une
mesure, fut-elle subjective, mais aussi à la production de sens. Il
s'agit là d'une rupture qui nous permet de mieux appréhender les
critères de performance.
Bien plus « la performance [d'un laboratoire]
résulte de la permanence dans les interactions et tout bouleversement
dans les mécanismes en place contrevient aux équilibres. La
permanence des reflexes, des solidarités, et de certains savoirs tacites
collectifs se prêtent mal à une mise en question liée
à des réorganisations » (Nonaka et Takeutchi). Mais aussi,
les experts font savoir constamment à l'organisation qu'ils sont
eux-mêmes à l'origine de son existence et de sa pertinence (Simon
H & March, 1991). La performance est ainsi directement liée à
l'acceptation du changement par les acteurs qui sont souvent des ressources
critiques (Nonaka & al). Par conséquent la cohérence des
métiers et des savoirs permet une performance basée sur les
compétences techniques.
A- Comment évaluer la performance d'une
organisation ?
La difficulté d'évaluer la performance d'une
organisation et l'étendue des données qu'elle concerne, conduit
les acteurs à restreindre les critères de performance à
certaines données. Ainsi, qu'elle que soit la posture adoptée on
va distinguer d'une façon générale, la performance
stratégique, financière, économique, sociale, interne,
externe etc. de l'organisation.
Essayons de voir l'influence de l'approche sur la
définition des critères d'évaluation de la performance.
Pour notre cas, nous nous limiterons, à l'approche
managériale32. Nous
32 Selon Le Maitre D (1993), on distingue plusieurs
approches (économique, financière et managériale) dont en
fonction de l'angle sous lequel les choses sont vues ses approches
revêtent plusieurs visions.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 78
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
voulons ici voir tout simplement que la quantité des
personnes qui réalisent l'évaluation et celles des personnes pour
lesquelles les critères sont élaborés influence le mode
d'analyse de la performance.
Par ailleurs si la réalisation des objectifs est un
critère de performance, nous ajouterons avec Mintzberg33,
l'intérêt d'une approche de la performance par l'examen du
degré de réalisation des objectifs. Contrairement à
certains auteurs qui pensent qu'une organisation n'a pas de buts
spécifiques.
B- Une approche managériale de
l'évaluation de la performance d'une organisation.
Cette approche tend très souvent à vouloir
indiquer aux responsables d'entreprises ce qu'ils doivent ou devrons faire pour
obtenir un haut niveau de performance. Le Maitre.D parle du caractère
pédagogique de l'approche. Cependant notons qu'il n'est pas simple de
définir une entreprise performante ou non, puisqu'il n'est pas
aisé d'établir une liste exhaustive et précise des
critères de performance utilisés et utilisables. Les auteurs
utilisent des critères similaires et souvent considérés
comme facilement manipulables et finalement standardisés.
·
· Le degré de
réalisation des buts
Pour certains auteurs une organisation est dite performante
lorsqu'elle atteint ses buts. Dès lors, on peut s'interroger sur la
notion de but et même la nature. Ainsi, les buts peuvent être
compris comme étant « les intentions précédant les
décisions ou les actions, l'état d'esprit qui pousse les
individus ou les groupes d'individus appelés organisations à
faire ce qu'ils font34 ».
33 Dans « Le pouvoir dans les organisations
», Interéditions, 1986.
34 Mintzberg.H (1986) ; « Le pouvoir dans les
organisations », Intéraction P40.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 79
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Bien plus, il se distingue de la vocation ou la mission qui
décrit quant à elle « les fonctions essentielles de
l'organisation » ou coeur de métiers. Mieux encore, de l'objectif
qui est « un but exprimé en terme de réalisation mesurable
(Mintzberg, 1986).
Par conséquent, les objectifs réels d'une
organisation sont difficilement connus à priori, ceci à cause
vraisemblablement, du discours portant sur la finalité de l'organisation
qui n'exprime pas toujours les finalités réelles (à cause
de l'environnement peu stable et surtout très concurrentiel quel que
soit le domaine d'activité dans lequel évolue l'organisation).
Autrement, les déclarations des décideurs sont sujettes à
interprétation, ceci « comme les inventions [innovations]
lancées par une organisation afin de justifier, d'expliquer ou de rendre
compte de sa raison d'être aux yeux d'un public particulier
».Warringer.C, 1965 ; Cité par Le Maitre.D, 1993, P99). Nous
comprenons de ce fait la nécessité d'analyser l'ensemble des
actions d'une organisation pour connaitre les buts poursuivis et par
conséquent évaluer la performance dans sa globalité.
Toutefois, les théories économiques classiques
pour analyser les buts d'une organisation, attribuent à celle-ci un seul
but : la maximisation du profit. Mais la prise en compte des travaux
sociologiques nous amène à interroger la littérature
managériale sur la nature même des buts, sur la place
réservée aux différents acteurs dans la définition
d'une part, et la réalisation des buts d'autre part de l'organisation
(Le Maitre.D, 1993).
·
· Les buts de l'organisation et des
agents
Nous n'allons pas nous appesantir sur la théorie
économique classique de la maximisation du profit. Puisqu'elle se
caractérise par, 1) l'existence d'un agent rationnel35, 2)
l'unicité de ses buts (maximisation des profits). Ainsi, ce
modèle s'intéresse à deux paramètres : la
maximisation du profit assignée à l'organisation, et le fait que,
ces actions répondent essentiellement aux contraintes du marché.
Ce qui est sans doute contestable car, les profits ne sont pas
maximisés, bien plus, « la maximisation des profits est soit
impossible, soit irrationnelle » (Mintzberg.H, 1986, p342).
35 Qui possède seul les pouvoirs et prend les
décisions.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 80
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
> Pour certains auteurs, par contre l'organisation est
considérée comme un système sur lequel s'imposent des buts
multiples. Ces buts passent cependant par un seul agent qui est le
supérieur hiérarchique. Introduisant de ce fait la notion d'agent
extérieur qui intervient dans la procédure de définition
des buts. La condition essentielle de cette approche est la capacité du
dirigeant à définir de façon précise sa fonction de
préférence36 et à pondérer les
différentes variables de cette fonction.
> Simon.H (1964, p 1-22) ne remet pas en cause
l'idée de l'agent unique ou du seul centre de pouvoir, puisqu'il
décrit l'organisation comme un système hiérarchisé
de moyens et d'objectifs définis à partir du sommet de la
pyramide. Mais pour Banard.C (1938), les agents impliqués dans le
fonctionnement d'une organisation acceptent ses buts, non pas de façon
automatique, mais à un certain prix. Ainsi, le fonctionnement d'une
organisation supposerait une sorte d'équilibre entre les apports et les
bénéfices des différentes parties
prenantes37.
On comprend en fait que les buts des agents (employés,
chercheurs etc.) peuvent être (et le sont très souvent d'ailleurs)
distincts de ceux de l'organisation (du laboratoire pour notre cas).
> Bien plus selon l'analyse de Mintzberg, une organisation
quelle qu'elle soit poursuit des buts multiples et spécifiques.
En effet, il est question dans une organisation, d'un
système d'acteurs agissant les uns par rapport aux autres (et
vice-versa). Ainsi, comme elle poursuit un but, il existe une cohérence
entre :
· l'intention stratégique de l'organisation qui
est une orientation claire, qui assure la cohérence à long terme
des actions, mais qui est suffisamment large pour permettre à divers
projets ou expérimentations de se développer. Autrement, elle
fournit l'énergie intellectuelle et affective pour que la le personnel
se mette en action et ait le désir de se dépasser.
· et les décisions ou les actions de ses
participants.
36 Elle formalise le choix de l'organisation qui est
au moins partiellement une résultante des influences (conscience et
inconscience) qu'il subit.
37 Mintzberg (P51) parle de la théorie de
l'équilibre de Banard.C
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Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 81
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Le but poursuivit ne saurait être unique. La
spécificité des buts poursuivis par une organisation ne
débouche pas automatiquement sur une contradiction entre buts et
réalisation de ses acteurs.
+ Des buts multiples aux réalisations des acteurs
: quelle cohérence ?
Il est tout à fais acceptable que les buts des
organisations et ceux même des acteurs sont ainsi, « Aucune
organisation... ne peut se concentrer pour un seul but » (Mintzberg, 1986,
P351). Cependant, on recense des contradictions liées à une
multiplicité des buts et traitées par la littérature de
quatre manières :
> Des buts différents se combinent en une seule
fonction d'utilité ou de préférence ; > Les buts sont
traités comme contraintes, des niveaux minimum à atteindre ;
> Un but est choisi pour être
maximisé38 et tous les autres sont traités comme
des
contraintes.
> Différents buts sont poursuivis de manière
consécutive dans le temps.
Ainsi pour Mintzberg (1986, P352), la conciliation des buts
entrant en conflit passent par l'étude plutôt des trois
dernières approches39.
Toutefois, la cohérence entre les buts d'une
organisation et les réalisations des acteurs est mise en évidence
par Mintzberg à travers quatre situations :
> Le cas où tous les membres de l'organisation
partagent un ensemble de croyances. Nous savons que les buts des acteurs
ne sont pas toujours similaires à ceux de l'organisation. mais il faut
noter que lorsque ces acteurs intègrent l'organisation, ils incluent au
moins en très grande partie les buts de celle-ci dans leurs
réalisations. Ce que Mintzberg qualifie ces buts d' «
idéologiques » puisque les acteurs croient à la
mission40 de l'organisation.
38 Minztberg montre (P355) que un but est
maximisé s'il tend à absorber toute la latitude possible de
l'organisation aussitôt que toutes les contraintes sont remplies. Et
comme des nouvelles contraintes apparaissent et existe en permanence, est-il
vraiment possible ?
39 La théorie de l'utilité ne peut
survivre dans un monde aux choix changeants et surtout multiples.
40 La mission de l'organisation devient graduellement
ce que Mintzberg (1986, P365) qualifie de « buts de système
».
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
> Le cas où un détenteur d'influence est
capable d'imposer ses buts formels à l'organisation en recourant
à l'autorité. Ainsi, les buts propres du décideur
sont les buts de l'organisation. De ce fait, même si les buts de
l'organisation sont distincts finalement de ceux des acteurs, ils les acceptent
cependant puisqu'ils en tirent un profit « soit sous forme de compensation
matérielle, soit par identification calculée avec l'organisation
» (Mintzberg, 1986).
> Le cas où les individus se rassemblent autour
d'une organisation parce qu'elle leur permet de poursuivre des buts personnels
communs. Dans ce cas aucune idéologie ou système de
contrôle n'est requis pour souder les besoins de chaque acteur et ceux de
l'organisation.
> Les cas où les individus partagent les buts
de l'organisation car ils y trouvent un intérêt. Les
individus profitent de l'existence de l'entreprise et se rassemblent autour
d'un ensemble de « buts de système » permettant de faire vivre
l'organisation.
C- Conclusion du chapitre
Nous constatons en somme que ces analyses mettent en
évidence le fait que la cohérence des buts de l'organisation avec
les réalisations des acteurs s'explique essentiellement par les acteurs
qui usent de l'activité de l'organisation pour réaliser leurs
buts ou servir les intérêts individuels. Même si nous ne
partageons pas entièrement cette analyse, elle nous semble très
pertinente surtout pour le cas de notre étude puisque la performance
d'un laboratoire va dépendre des réalisations certes collectives,
mais aussi et surtout individuelles des chercheurs qui aspirent à leurs
réalisations professionnelles. Alors comment construire des outils qui
prennent en compte la totalité de l'activité des chercheurs
académiques, donc des laboratoires auxquels ils appartiennent ; ceci
sans imposer des critères qui auraient des effets pervers sur la
qualité de l'activité de recherche et de l'innovation et par
conséquent à l'évaluation de la performance ?
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 82
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Conclusion de la première Partie
Cette partie nous permet de mettre en relation les
évaluations constatées du mode de décision avec les modes
d'interaction entre le pouvoir public (évaluateur) et la recherche
pourvoyeuse d'expertise.
Alors, il a été question pour nous d'analyser
ce qui caractérise la recherche et l'innovation dans les laboratoires.
Les résultats des études sur le management de la recherche et de
l'innovation d'une part, et les critères d'évaluation de la
performance d'autre part, apparaissent fructueux pour appréhender le
lien entre les critères d'évaluation de la performance et les
modalités de gestion de la recherche et de l'innovation dans un
laboratoire.
Toutefois, ces analyses ont mis en lumière les
insuffisances des méthodes d'évaluation, et les obstacles
engendrés par l'incohérence des paramètres
utilisés. Ainsi, la façon dont sera géré le
laboratoire est fortement influencée par les variables
d'évaluation telles que :
> La nature des éléments
évalués
En fonction des organisations, la nature des attentes va
déterminer non seulement les critères d'évaluation
à privilégier, mais aussi l'étendue du domaine retenu pour
l'analyse.
L'évaluation d'un laboratoire de recherche, montre
l'évaluation des chercheurs académiques sur un certain nombre de
paramètres sans doute pertinents, mais pas suffisants vu
l'étendue des variables qui peuvent justifier ça vie dans un
laboratoire.
> Les critères et la qualité des
méthodes utilisés.
Notons qu'il n'est pas possible d'avoir une liste exhaustive
des critères d'évaluation, ainsi, il serait absurde de penser
à de critères d'évaluation uniques et incontestables.
L'une des preuves évidentes, est par exemple ; les limites de
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 83
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 84
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
l'utilisation des publications, et des « citations
index» pour appréhender la performance d'un laboratoire.
Le recours à des indicateurs non moins pertinents et
souvent écartés, présentent des avantages : ils permettent
de valoriser tous les aspects de la recherche académiques, il est moins
préjudiciable d'utiliser conjointement ces indicateurs et ceux
cités plus haut.
Bien plus, les réseaux les « copinages »
etc. peuvent influencer fortement la qualité de l'évaluation.
> Le niveau d'appréhension et le
référentiel retenu.
En matière d'évaluation de a performance des
organisations, il est nécessaire de s'interroger sur la nature des
paramètres utilisés. Ça nature dépend ainsi de
l'objectif attribué à l'évaluation, de la formation de
l'évaluateur, et surtout de la l'utilisation qui pourra être faite
du niveau d'évaluation obtenu.
Autrement, une évaluation va supposer une comparaison
entre plusieurs activités a postériori. De fait, le niveau de
l'évaluation est conditionné par le référentiel
choisi et « l'unité de mesure » retenue pour la
comparaison.
Les initiatives internationales et surtout internationales se
sont multipliées ces dernières années pour classer les
universités, identifier les centres d'excellence, repérer les
pôles de compétitivité ; mesurer les performances en
matières de RID (Esterle.L, 2007). Ainsi, comme nous le verrons dans la
suite de notre travail, la mesure de la performance est devenue un des outils
clés de la stratégie des décideurs politiques. Ces dans ce
cadre certainement que l'OST41qui aux cotés de du
ministère en charge de l'éducation et de la recherche,
réalise des grandes enquêtes de R&D sur les ressources
financières et les ressources humaines (qui sont des inputs), et ;
concevoir et produire des indicateurs sur l'activité scientifique et
technique.
41 Observatoire des sciences et techniques
créé en 1990.
DEUXIEME PARTIE:
REFERENTIELS THEORIQUES
ET METHODOLOGIQUES
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 85
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Nous avons commencé notre étude en
présentant les problématiques de l'innovation, et la construction
de l'activité collective au coeur de tout processus de recherche et
d'innovation. Bien plus, nous avons présenté les enjeux de la
R&D et la place des projets « innovation » dans les laboratoires.
Nous l'avons poursuivie en décrivant les laboratoires de recherche, les
dispositifs d'évaluation de la performance de ceux-ci qui constituent le
terrain de notre recherche. Ainsi, nous disposons actuellement des outils pour
:
· Comprendre la façon dont les questions
été élaborées à partir de ce terrain.
· Pour concevoir notre méthodologie. Par
ailleurs, il est nécessaire d'indiquer tout d'abord, le cheminement qui
nous à conduit à ce terrain et aux questions de recherche.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 86
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
CHAPITRE I :
LA CONSTRUCTION DU PROJET DE RECHERCHE ET DE LA
QUESTION DE RECHERCHE.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 87
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 88
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Au cours de notre année académique (2007-2008),
notre conscience s'est accrue au sujet de l'importance et surtout l'influence
des critères d'évaluation de la performance sur la
qualité/quantité de la RID. Les recherches
académiques à notre connaissance ne sont pas assez nombreuses
voire avancées42. Nous avons cependant alerté les
travaux entre autres de Midler, Lenfle, Hachuel, Garel, Bréchet etc.
pour définir et montrer l'importance de la conception, des projets
innovants. Ceux d'Iribarne, Le Maitre, Boldrini, Azan,... pour analyser la
performance des acteurs et celle de l'organisation (laboratoire).
Nous souhaitons en outre, nous intéresser à
l'étude de la construction, du pilotage de la recherche et de
l'innovation. Grâce au fait que les disciplines à mobiliser
peuvent recouvrir l'anthropologie, la psychologie, la sociologie, les sciences
de gestion etc. nous pouvons penser que la discipline est au carrefour d'autres
disciplines (Le Moigne, 1993, P123). Ainsi, les sciences de gestion sont pour
nous une discipline opportune pour notre étude.
Malgré l'importance et l'acuité des
réflexions soulevées, nous allons nous appesantir sur deux
sujets. Ceci du fait du nombre et de la variété des acteurs dans
l'action collective et la pertinence des changements qu'ils peuvent entrainer
dans les laboratoires et au-delà. Il s'agit de la
compétitivité des universités à travers la
dynamique de création des connaissances nouvelles. L'objet n'est pas ici
de reconstituer l'émergence de ces mouvements ni de faire une
synthèse des écrits et des débats qu'ils ont
suscités. Il est question tout simplement pour nous de fixer quelques
repères permettant de mieux appréhender en quoi cela concerne
notre travail en sciences de gestions.
Toutefois, « l'objet d'une recherche est la question
générale (ou encore la problématique) que la recherche
s'efforce de satisfaire, l'objectif que l'on recherche à atteindre
». Cette réflexion de Thietart (1999, P34) nous oblige à
repréciser la problématique que nous tenterons de traiter tout au
long de cette étude, et qui sert naturellement de point de départ
et de fil conducteur non seulement aux choix méthodologiques qui seront
présentés par la suite mais aussi, nourrit l'ensemble du travail
que nous souhaitons construire.
42 Notons que au cours de nos lectures nous nous
somment énormément nourris des travaux très pertinentes de
D'Iribarne. Theys, De Laat et Barré qui traite de ce sensiblement du
même sujet mais pour le CNRS.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 89
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
En outre « dans la vie scientifique, les problèmes
ne se posent pas d'eux-mêmes. C'est précisément ce sens
du problème43qui donne la marque du véritable
esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une
réponse à une question. S'il n'y a pas de question, il ne peut y
avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné.
Tout est construit »44. Ainsi, nous pouvons comprendre
Allard-Poesi & Maréchal qui pense que construire un objet de
recherche est un facteur clé du processus de recherche. Autrement dit,
il s'agit de « formuler une question articulant les objets
théoriques, empiriques, ou méthodologiques, question qui
permettra de créer ou découvrir d'autres objets
théoriques, empiriques, ou méthodologiques, pour expliquer,
prédire, comprendre ou changer une réalité »
(Allard-poesi & Maréchal, 1999, P38). Puisque la formulation de
cette question de recherche est un processus, nous avons souhaité ne pas
« mettre la charrue avant les boeufs ». Nous avons laissé
émerger la problématique au fur et à mesure de notre
« Co-construction » du cadre théorique et des entretiens. De
plus nous souhaitions aborder en arrivant sur le terrain, la situation sans
hypothèses a priori a l'instar d'autres chercheurs (Brown &
Eisenhardt, 1997 ; Segrestin, 2003 ; cité par Boldrini, 2001, P95).
Enfin nos entretiens sont que de nos entretiens et recueils d'informations,
émergent des questions de recherche pertinentes. Cela peut paraitre
surprenant, voire paradoxal puisque nous avons au moins soumis à
l'endroit du responsable de notre master le thème de notre recherche en
dégageant de façon peut être superficielle des questions de
recherche. Notons en outre que dans notre esprit, les suggestions
théoriques devraient en principe nous permettre d'observer tout au moins
en « borgne » (plutôt qu'en aveugle) et nous donner ainsi la
possibilité d'exercer notre vigilance voire notre «
sérendipidité »45. Ces prémisses nous
serviraient de théorie que nous garderons à l'esprit pendant la
phase expérimentale. Ceci est d'autant vrai puisque « c'est
toujours une théorie qui définit ce qui est observable même
si elle est approximative en début du processus d'observation ».
Ainsi, contrairement à certaines recherches qui vont procéder par
la détection d'écarts entre les « théories en
tête » et les résultats du terrain, nous avons
commencé notre processus d'élaboration des
43 Souligné par l'auteur
44 G.Bachelar dans « La formation de l'esprit
scientifique ».
45 Capacité de transformer des détails a
priori insignifiants en indices ayant du sens afin de rendre intelligible a
posteriori ce qui ne l'était pas.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 90
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
connaissances par des hypothèses nourries par plusieurs
recherches (Hatchuel, Weil, Le Masson, Garel, Giard, Midler, Lenfle, Latour,
Callon, Bessire, Girin, Nonaka etc.)46.
En somme, ces outils et ces approches méthodologiques
doivent constituer en principe, des points de départ intéressants
pour la recherche comme le disent Allard-poesi & Maréchal (1999,
P38).
Question de recherche : Quels liens entre
critères d'évaluation de la performance et modalités de
gestion de la recherche et de l'innovation dans un laboratoire
?
Nous donnerons successivement deux formes à la
réponse :
1. Analyser le modèle d'évaluation existant, et
proposition d'un modèle conceptuel multicritère plus accompli
(qui prend en considération l'essentiel des paramètres qui cadre
la vie d'un chercheur académique)
2. Tester le dispositif47 pour savoir s'il est
effectivement efficace.
Ce dispositif nous permettra 1) de construire nos
propositions de recherche et 2) de faire le rapprochement entre les
données collectées dans la recherche en vue d'apprécier la
pertinence et la cohérence de nos résultats exploratoires, et la
revue de littérature.
Pour y parvenir, c'est-à-dire répondre à
notre problématique, il nous est indispensable :
· d'intervenir en entreprise pour la méthode
(modèle qui ne peut être testé par des entretiens) ;
· de choisir une ou plusieurs organisations qui pourront
répondre d'application de la méthode ;
· spécifier la nature des enquêtes à
effectuer (c'est-à-dire, des enquêtes susceptibles d'aider
à la formulation d'une réponse exacte à notre question de
recherche ;
· de ne pas influencer d'une façon ou d'une autre
les interviewés ;
· de collecter des informations par divers moyens
appropriés ;
46 Il s'agit d'un courant de recherche
particulièrement centré terrain, ce qui signifie que la
construction des connaissances se fait avec un appui fort sur
l'expérimentation.
47 N ne pourra à notre niveau le faire que
par des entretiens auprès des chercheurs académiques pour avoir
leur avis sur la fiabilité ou non de ce modèle
multicritère d'évaluation de la performance.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
· d'utiliser des techniques adéquates pour
exploiter les informations de toute nature obtenues ;
· de fixer enfin une restriction ou frontière
à notre travail de recherche.
Tout ceci n'a de sens ou ne prendra corps que si nous
définissons un cadre méthodologique et
épistémologique pour guider notre raisonnement.
Section I- Démarche et choix
méthodologiques
Nous pouvons qualifier de « stratégie hybride
» (Weingart, 1997) notre approche. En effet, au départ, nous avions
une idée assez large du travail à faire ; mais au fil des du
temps et surtout avec la confrontation au terrain, et ceci en permanence, nous
avons fait des « allers-retours » entre connaissances
théoriques et les faits empiriques. Ainsi, nous avons eu recours
à l'utilisation des trois démarches, déductive, inductive
et abductive ; certainement en fonction de l'étape de la recherche. De
prime abord, l'analyse de la revue de littérature nous a permis
d'établir un cadre conceptuel provisoire. Bien plus la démarche
déductive a guidé nos choix méthodologiques : un
pré-entretien et une collecte des données (1)48. En
plus la récolte des données, qui par induction a enrichi et
alimenté notre cadre conceptuel (2). Cet aller-retour entre
conceptualisation et interviews, alliant induction et déduction, nous a
permis de préciser et d'orienter nos construits. Par conséquent
cette démarche abductive constitue sans doute, une base pour l'analyse
des cas (3). Nous le résumons comme suit :
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 91
48 Ces chiffres indiquent les flèches sur le
schéma qui suit et le sens de sa lecture.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Déduction
Induction
Conceptualisation (A), Entretiens (B)
Cadre conceptuel
Cadre théorique
(A) (B)
(1)
(3)
(2)
Choix méthodologique
Analyse des cas
Figure 9 : Démarche de recherche
Le choix d'adopter une démarche plutôt qu'une
autre influence fortement les choix méthodologiques sans pour autant les
déterminer. Elle tend pour notre cas à préconiser une
méthodologie qualitative. Cependant notons tout de même que c'est
surtout la cohérence entre la (ou les) question (s) de recherche et la
stratégie d'accès au réel [ou mieux à « une
représentation du réel » (Bréchet.JP)] qui guide les
choix. De ce fait, pour une illustration, notre questionnement sur les
organisations créatrices de connaissances nouvelles, en partie
exploratoire suppose une méthode qualitative basée sur
l'étude des cas. Ainsi, la représentation et le nombre de cas
constituent un élément d'évaluation de la
possibilité de généralisation de la recherche et par
ailleurs de la pertinence de notre stratégie d'accès au
réel ou à une représentation qu'on pourra se faire du
réel.
L'ensemble de ce chapitre nous permettra de préciser le
cadre méthodologique dans lequel nous construisons notre recherche. Nous
l'avons organisée en plusieurs paragraphes, en fonction des choix
effectués pour notre étude.
De prime abord, le choix d'une démarche scientifique
qualitative, constructiviste à caractère exploratoire fait partir
des lignes directrices de l'architecture de la démarche de
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 92
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
recherche. Nous consacrerons cette autre partie au choix du
contexte d'observation, le plan de recueil d'observations et les techniques
exploratoires des informations collectées. Nous passerons en revue
l'ensemble des moyens de la collecte d'observations auxquels nous avons eu
recours (l'entretien, l'analyse des documents,...). Ainsi pour rendre davantage
fiable les informations recueillies, il est utile d'employer plusieurs
techniques d'investigations.
Nous illustrons par le schéma suivant la
structure générale de notre design de recherche.
Posture
constructiviste
Question de recherche
Type de recherche
Méthode de recherche :
Qualitative
Explorer Tester
Recherche quantitative Recherche qualitative
Théories enracinées
Recherche quantitative Recherche qualitative
Etude des cas
Méthodes qualitatives
pour la collecte
des
données
(Collecte d'observations) Terrain de recherche
Technique d'analyse des données
|
Interaction
|
Impression et réaction
du chercheur
|
Demandes
|
Interviews
|
Analyse
lexicale
Analyse de contenu
Analyse du processus
Fieldwork
Entretien
Laboratoires (IMN et LEM)
-Recherche action Intervention
Figure 10 : Structure de la démarche de recherche
inspirée par Lesca.N (2002)
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 93
L'évaluation de la performance de la recherche
et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.
A- Démarche scientifique et position
épistémologique
Notre méthode de recherche sans être
exceptionnelle nous parait particulière. Du fait de l'objet
étudié et aussi de l'objectif poursuivi. Ce qui nous oriente vers
une étude à caractère exploratoire, de nature qualitative
et évolutive ; selon une posture épistémologique
constructiviste.
1. Posture épistémologique
constructiviste.
Nous avons opté pour une position
épistémologique constructiviste, puisque l'objectif de notre
étude est d'aboutir à une conclusion directement
vérifiable au plan pratique. Autrement dit il est question de produire
des connaissances actionnables du type savoir-faire (ou amélioration
d'un savoir-faire). Ceci dit, selon la théorie constructiviste,
l'épistémologie est considérée comme l'étude
de la production des connaissances valables (Piaget, 1967). Bien plus, «
l'épistémologie désigne les principes relatifs à la
connaissance et à la manière dont elle peut être obtenue
» (Avison & Ayers, 2002).
Toutefois on peut penser aux hypothèses
intentionnalistes, car, la manière d'obtenir une connaissance est
basée en fait sur la nature d'une réalité où le
monde est fait de possibilités. Etant donné que, « la
réalité reste inconnaissable dans son essence, puisqu'on n'a pas
la possibilité de l'atteindre directement... cette réalité
ne sera jamais indépendante de l'esprit, de la conscience de celui qui
l'observe... il n'y a donc pas de connaissances objective de la
réalité. Chercher à connaitre la réalité est
une utopie. On ne peut que se la représenter voire la construire. »
(Thietart, 1999, 19).
Ainsi, le constructivisme va se traduire à la fois par
une croyance forte à la « réalité » de la notion
(ou concept) de vérité ou de réel, contrairement au
positivisme, la posture constructiviste ne considère pas l'idée
que la réalité telle qu'elle est perçue puisse avoir une
existence indépendante du chercheur, ou de la « communauté
des chercheurs qui la décrit » (Baumard, 1997, P2). La
théorie développée par le constructivisme, stipule, que
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 94
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 95
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
la connaissance ne reflète pas la réalité
ontologique objective, mais concerne essentiellement l'ordonnancement et
l'organisation du monde constitué par notre expérience. De ce
fait, nous représentons notre expérience du « réel
considéré », ce qui signifie que la connaissance est la
quête de la façon de penser et de comporter, qui convient. Par
ailleurs, la connaissance est engendrée ainsi par la construction dont
le sujet et l'objet sont dépendants. Bien plus l'interaction entre les
deux, va assembler la construction de la connaissance (David, 2000, P96). Par
conséquent, le chemin pour parvenir à la réalité
scientifique ne peut avoir de ce fait qu'un statut qui privilégie la
construction. Dès lors, nos expériences du réel sont
modélisables et la vérité va procéder de cette
exactitude des modèles de notre expérience du monde par rapport
à cette expérience (David, 2000).
Autrement nous construisons un univers, et nous
représentons un monde en l'organisant. Nous nous appuyons en effet, sur
les travaux de Thiertard (1999) pour qui le monde social n'est fait que
d'interprétations, qui se construisent grâce aux interactions
entre acteurs, dans des « contextes toujours particuliers ».
Quel que soit le cas, les acteurs sont pourvus des
capacités cognitives, affectives et stratégiques qui leurs permet
de créer leur environnement par leur pensée et leurs actions
guidés par leurs finalités49. La connaissance produite
est alors subjective et contextuelle (Thietard, 1999 ; Koenig, 1994) et le
« réel » y est construit par l'acte de connaitre plutôt
que donner par la perception objective du monde (Le Moigne, 1995, P71-72).
Dès lors, le processus de construction de connaissance sous l'angle du
constructivisme est nécessairement animé par
l'intentionnalité ou la finalité du « sujet connaissant
». Ce n'est alors pas tant le statut de « vérité »
de la réalité observée qui intéresse le
constructivisme, mais les conditions et les processus sociaux de son
émergence (Baumard, 1997, P3).
49 Selon David (2000, P 100), « le chercheur contribue,
directement ou indirectement, à la construction de la
réalité au sens où cette réalité
gestionnaire n'est précisément pas `naturelle', mais
composée d'artéfacts. La réalité, en gestion, est
construite dans nos esprits, parce que nous n'en avons que des
représentations ; et construite parce que, en sciences de gestion, les
différents acteurs - y compris des chercheurs- la construisent ou aident
à la construire ».
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 96
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Notons en somme que notre ambition n'est pas de produire des
connaissances « générales et universelles ». Nous
produisons des connaissances qui peuvent être « progressivement
consolidées »50.
Ajoutons aussi que dans une démarche constructiviste,
il existe deux modes de contribution du chercheur à la construction de
la réalité :
- Un mode indirect qui se fonde sur la conception de
représentations
- Un mode direct qui se fonde plutôt sur l'intervention
du chercheur directement dans la construction de la réalité
(David, 2000, P100).
Nous choisissons la deuxième qui est le mode direct
puisque nous pensons avec conviction que les Sciences de Gestion sont au
service de l'action et non de la conception comme l'affirmait Professeur J-P
Bréchet, mais aussi Argyris (1996) auteur de l'expression «
connaissances actionnables » et H.Simon (1986) Prix Nobel, auteur de
l'expression « connaissances procédurales ».
2. La collecte des données.
La méthode qualitative que nous adoptons concourt
à explorer un phénomène en profondeur, à en
comprendre la structure et le rôle du contexte sur son fonctionnement.
Ainsi, notre objectif de compréhension du lien en les critères
d'évaluation de la performance et les modalités de gestion de la
recherche et de l'innovation dans un laboratoire s'inscrit dans cette
dynamique, et nécessite la mise en oeuvre d'une méthodologie
qualitative.
Le choix de l'approche qualitative (versus approche
quantitative) est dans le but de comprendre les phénomènes
sociaux. Cette approche permet selon Burns & Bush (1998) d'observer et de
modifier des comportements organisationnels et humains, et de leurs aspects
subjectifs et flous, il s'agit entre autres de la perception, des valeurs, les
représentations, le sens, les symboles etc.
50 Voir la « Rationalité limitée
» de Simon (1986).
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 97
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Cependant, il convient de préciser ici la
différence entre la recherche quantitative et la recherche qualitative.
Elle s'observe principalement dans le rôle du chercheur.
- En recherche quantitative, les chercheur est
idéalement un « observateur objectif », extérieur, qui
non seulement ne participe pas à l'objet d'étude, mais aussi,
n'influe pas sur celui-ci.
- Bien plus le type de recherche que nous choisissons à
savoir la recherche qualitative, permet au cherche d'apprendre par immersion et
participation. De ce fait, la méthode de collecte des données est
fortement influencée par le choix entre l'une ou l'autre mode de
recherche
2.1. Caractère exploratoire de la
recherche
Comme nous avons vu plus- haut, il existe deux grands
processus de construction de connaissance : le test et l'exploration.
- Tester, revient à vérifier c'est-à-dire
la mise à l'épreuve de la réalité d'un objet
théorique existant. Ici le chercheur vérifie une
idée claire et établie.
- A contrario, la démarche exploratoire qui
caractérise la construction théorique, fait que, le chercheur
ignore ce qu'il découvre ou approfondit des concepts nouveaux.
B- Conclusion du chapitre
En somme, nous pouvons dire que notre démarche de
recherche à des caractéristiques relativement proches de celles
préconisées par Cozier et Friedberg (1977) dont la logique
inductive51 est mise en avant. Pour rendre plus fiable le recueil
d'informations qualitatives, nous avons opté pour une approche de
collecte de données « multi-méthodes ». Toutefois,
traditionnellement, une opposition est faite entre la démarche
hypothético-déductive et la démarche inductive, mais pour
cela Bréchet (1994)52 nous
51 Logique que nous avons décrite plus-haut et
illustrée par la figure 8.
52 Brechet.JP, (1994), « Quelques éléments
de réflexion à propos des sciences de gestion »,
Cahiers du CEREGE, n°130, p.15.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
rappelle que : « la production de connaissances
scientifiques emprunte simultanément, dans la plupart des cas, des
démarches inductives et déductives. Dans les sciences sociales,
une recherche empirique s'inscrit toujours dans un cadre théorique ; et
la recherche empirique ne se borne pas non plus à vérifier des
hypothèses issues d'une théorie dans le cadre d'une
démarche hypothéticodéductive; elle suscite, elle
réoriente ou clarifie la théorie. »
Avant de présenter les méthodes de collecte, il
convient de préciser la nature des observations.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 98
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
CHAPITRE II :
METHODOLOGIE ET DEMARCHE DE L'ETUDE.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 99
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 100
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Les données en adéquation avec la question de
recherche constituent l'un des choix essentiels que le chercheur doit
effectuer. De ce fait, le traitement des données par une instrumentation
méthodique adéquate va produire des résultats et
améliorer, ou renouveler par la suite les théories existantes.
Ceci passe par une recherche et un rassemblement des données qui
constituent en réalité une prémisse des théories
(Baumard & Ibert, 1999, P82).
Bien plus, des interprétations dans le souci de
produire des conclusions pour une étude dépend de la
donnée. En outre, la collecte des données dans une
démarche de recherche se fait primo lors de la mise en application de
l'expérimentation ; « il s'agit d'une phase qui doit susciter (on
dirait provoquer) la génération de données provenant de
sources diverses et concernant l'outil dans la globalité, mais aussi
chacun des éléments conceptuels qu'il comprend » (Blanco,
1998, P160 ; cité par Janissek-Muniz, 2004, P188).
Il est question dans ce contexte des représentations
des données observées. Ainsi la réalité ne peut
être traduite ni empiriquement, ni théoriquement ; puisque la
réalité ne peut se réduire à celle-ci. Baumard
& Ibert (1998, P83) ajoute que « le fait d'avoir vécu une
réalité ne signifie pas que l'on est porteur de celle-ci, mais
qu'on en a étreint certains aspects, avec une intensité plus ou
moins grande ». En conséquence, « une donne donnée est
une représentation qui permet de maintenir une correspondance
bidirectionnelle entre une réalité empirique et un système
de symboles » (Stablein, 1996, P514, cité par Baumard & Ibert,
1998).
Dans notre approche qualitative, l'essentiel des
données collectées sont de type qualitatif. Toutefois, nous nous
intéressons en priorité à des données de type
primaire (de première main) qui offrent la possibilité au
chercheur de se confronter au terrain qu'il choisit d'étudier
directement.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 101
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Section I- Méthode de recueil des données
Après avoir clarifié plus ou moins la nature des
données à collecter nous indiquons à présent le
plan de recueil utilisé.
Il s'agit d'une méthode où nous ne partons pas
d'une rationalité à priori, mais des données recueillies
du terrain pour induire des connaissances.
Les données quantitatives obtenues après des
entretiens ou d'autres phases de collecte, peuvent apporter des
éclairages différents, mais aussi concerner une
réalité commune. Toutefois la perception recueillie lors d'un
entretien met souvent en exergue les écarts substantiels avec les
comportements observés53. Pour l'explication des
écarts entre réalité et perception, il est convenable
à notre sens de faire recours à une combinaison de
méthodes.
- Les entretiens non-directifs
L'entretien est une méthode de collecte d'information
ou de données discursives, « réalisé en
face-à-face », reflétant les opinions et les perceptions de
l'interviewé par rapport au sujet ou à l'univers
étudié, dans la perspective de leur analyse (Fankfort-Nachmias
& Nachmias, 1996 ; cité par Janissek-Muniz, 2004, P190).
L'entretien peut être non directif ou directif, en
groupe ou individuel. Ainsi dans le cadre de notre étude nous avons
opté pour des entretiens individuels et non-directifs. Selon Baumard
& Ibert (1999, P225), « la non-directivité implique
également une attitude d'empathie de l'investigateur,
c'est-à-dire d'acceptation du cadre de référence du sujet
en termes d'émotion ou de signification, comme si l'investigateur
était à la place du sujet interrogé ». Bien plus une
attention positive et inconditionnelle de « l'investigateur »,
nourrit le principe de la non-directivité. Par ailleurs, chaque mot du
discours de l'individu
53 Reconnaissons que nous nous sommes
intéressés plus aux entretiens compte tenue du temps que nous
disposions pour l'étude.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 102
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
interviewé prend une valeur certaine et renvoie
à des indices d'analyse du sujet d'étude (Evard & al, 2003).
Même si ces entretiens portent essentiellement sur des composantes
contextuelles de notre cadre théorique et conceptuel, d'une part et sur
le processus de mise en application et sur les finalités d'autre part,
ils demeurent néanmoins très peu structurés. Cependant ils
permettent d'apprécier la façon dont les critères
d'évaluation de la performance sont appréhendés par les
chercheurs académiques et leur impact sur la gestion du laboratoire en
général.
Toutefois, cette technique de collecte des données
s'inscrit dans le cadre de l'étude de cas. Celle-ci majoritairement
mobilisée dans les Sciences de gestion dans le cadre de la
méthode qualitative. En effet, sa finalité et ses
modalités sont plus adaptées aux problématiques
organisationnelles et managériales pour la recherche en gestion.
L'étude de cas est de ce fait la méthodologie
privilégiée pour explorer un phénomène complexe
(Wacheux, 1996, cité par Fillol54) en intégrant un
grand nombre de facteurs. En fait, la méthodologie met en
évidence une théorie ou des propositions en dégageant des
pistes de généralisation théorique et est «
appropriée pour saisir les caractéristiques complexes de
phénomènes sociaux ». Selon Fillol en supposant que «
les conditions de validité et de pertinence de l'étude de cas
sont soulignées par les théoriciens, les préconisations
sur le choix et la frontière des cas demeurent plus floues. Un individu,
un groupe, un projet, une organisation, voire un ensemble d'organisations
peuvent recouvrir la terminologie de « cas ». Le recours à
cette méthodologie nécessite de préciser la notion de
« cas » dans la recherche ».
Par ailleurs, la validité de la recherche par la
méthodologie de l'étude de cas implique deux choix essentiels :
le nombre et le choix des cas. Ainsi, si le nombre de cas n'est pas
prédéfini, le cas unique (ou le très peu de cas) est
préconisé dans trois situations spécifiques : pour tester
une théorie, pour la confirmer, la réfuter ou compléter,
pour révéler un phénomène non rare mais qui est (ou
parait) difficilement accessible ou peu explorer par la communauté
scientifique (Fillol). Ces conditions sont celles de notre
54 Laboratoire CREPA, Centre de Recherche en Management &
Organisation, Dauphine Recherches en Management - CNRS UMR 7088
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
étude, qui ne nécessite pas a priori une
multitude de cas. Bien plus le nombre de cas, doit être cohérent
avec la durée de l'étude. Notre étude de cas a
porté sur deux laboratoires (IMN et LEM). Ce nombre nous semble
acceptable compte tenu du temps assez limité et l'important volume des
données à manipuler. Ainsi, on est appelé à travers
cette approche à traiter un matériau empirique très
varié (David, 2004, P4). Les limites du potentiel de
généralisation statistique sont composées par la richesse
des données obtenues.
Les supports de l'étude de cas ont été
pour notre recherche, en complément des entretiens validés et des
notes d'observations. Nous avons eu aussi besoin de la documentation, des
dossiers de restructuration de solution et d'évaluation des
laboratoires, des comptes rendues des réunions.
A- Traitement des données
L'étape du traitement des données doit
être clairement et précisément exposée dans la
recherche qualitative afin de fonder la validité scientifique des
résultats (Drucker-Godar, 1999). Nous procéderons à un
traitement de données au cours de notre étude, en deux
étapes successives : l'analyse de contenu thématique des
entretiens, d'une part, puis l'analyse transversale de l'ensemble des documents
d'autre part. Alors, nous pouvons constater que cela met en exergue une
finalité double : comprendre non seulement en profondeur, mais aussi de
façon globale le phénomène étudié en se
servant autant que possible des données collectées. Cela nous
permet en fait de prendre finalement du recul et aboutir à une «
proposition d'action managériale relativement concrète »
(Fillol). Il est par conséquent question pour nous de proposer un
modèle multicritère d'évaluation de la performance d'un
laboratoire afin de voir son influence sur la gestion de la recherche et de
l'innovation.
> L'analyse de contenu est utile au traitement des
matériaux qualitatifs tels que : les entretiens, les documents etc.
largement mobilisés dans la recherche (Bardin,
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 103
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
2003). Il est en principe dans cette analyse de repérer
puis de coder toutes les fractions de la communication recouvrant un
thème commun.
Il faut de ce fait définir l'unité de codage
dans cette démarche d'analyse. Cette unité de codage qui est
aussi l'unité d'enregistrement est « l'élément
(critère, dimension) en fonction duquel le chercheur va procéder
au découpage de ses données et à l'extraction
d'unités qui seront classées dans les catégories retenues
» (Allard-Poesi, 2003, P252). Elle va néanmoins varier en fonction
des objectifs du chercheur et de la nature même de la communication. Il
peut s'agir des mots, des phrases ou encore des groupes de phrases
(Allard-Poesi, 1999). Afin de ne pas tronquer le discours de répondant
et surtout prendre en considération le contexte des propos, nous avons
optés pour le choix de groupes de phrases.
B- Conclusion du chapitre
Par conséquent, l'analyse transversale met en
évidence la dynamique de socialisation et l'interaction entre
différents acteurs. Ainsi, l'objectif est de comprendre les interactions
éventuelles entre les acteurs, l'influence d'un certain nombre de
paramètres tels que : le contexte du projet, les outils
déployés, bien plus l'analyse de contenu thématique en
prenant pour base l'analyse de critères d'évaluation de la
performance du laboratoire doit être également approfondie.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 104
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 105
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Conclusion de la deuxième partie
En somme, l'intérêt et l'apport managérial
étant devenus indispensables, notre travail vise sans prétention
aucune à produire des connaissances actionnables pour les praticiens.
Nous nous sommes proposé dans cette partie de préciser les choix
méthodologiques. Ceux-ci propices à cette production de savoirs
que nous souhaitons opérationnels. Nous avons mis en relief, afin
d'optimiser le caractère actionnable des connaissances produites,
plusieurs leviers d'action. Il s'agit entre autres de la démarche
(épistémologique), la collecte, le traitement et la restitution
des données. Puisque l'objectif est essentiellement de proposer et
illustrer par la recherche le processus d'évaluation de la performance
le plus à même de contribuer à une amélioration de
l'activité collective d'un laboratoire de recherche, il est important de
mettre en relief la cohérence entre les choix méthodologiques
prônés et la validité scientifique de la recherche
qualitative (Allard-Poesi, 1999). Par ailleurs, l'évaluation de la
rigueur méthodologique du chercheur tout au long de son travail est
cadrée par trois critères qui sont : la
crédibilité, la « transférabilité » et la
fiabilité. Les critères permettent via vers la viabilité
et la fiabilité d'assurer le caractère scientifique de la
démarche adoptée.
Cette démarche doit être construite dès le
départ pour deux raisons fondamentales : 1) la contribution
théorique et 2) la finalité managériale. Dès lors,
il est conséquent de formuler dans cette perspective une question de
recherche purement managériale à laquelle on devra apporter une
réponse55.
Toutefois, cette problématique va constituer l'enjeu de
la recherche et des tentatives d'explication vont faciliter relativement
l'arrimage parfois difficile de la théorie et la pratique. C'est ce qui
nous a guidé vers une démarche abductive, qui nous semble
être
55 Une réponse certes mais certainement pas
exhaustive puisque la réalité dépends de notre
construction rendant ainsi l'exhaustivité impossible.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
source des connaissances actionnables et de convergence entre
les construits théoriques et les entretiens.
En outre, la collecte des données, on aurait
souhaité procéder par les principes de triangulation des
données et des sources ; et la représentativité
théorique des cas étudiés pour une bonne visibilité
de notre. Mais compte tenu du temps, nous nous sommes résolus à
faire des entretiens (semi-directs-centrés) et les documents internes
comme décrit plus haut, en choisissant par la même occasion deux
cas (LEM et IMN). Nous avons interrogé de ce fait les chercheurs
à différents niveaux de la hiérarchie.
Finalement, nos propositions s'appuient sur une modeste
recherche qui possède des spécificités
méthodologiques à savoir ; une méthode qualitative par
étude de cas. Toutefois il faut noter que, ces caractéristiques
vont restreindre la portée de notre analyse. Mais elles peuvent
constituer de la même manière autant de pistes de recherche : nous
pourrons élargir la démarche à d'autres recherches
qualitatives ou même quantitatives. Ainsi, cela permettra de confirmer et
approfondir les choix méthodologiques adéquats à la
production des connaissances opérationnelles.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 106
TROISIEME PARTIE : ANALYSE
DES CRITERES D'EVALUATION ET
L'IMPACT SUR LA GESTION DE LA
RECHERCHE ET L'INNOVATION
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
L'objet de cette partie est de faire le point sur les
investigations de terrain. Bien plus, il est exactement question de faire
apparaitre les résultats relatifs à notre problématique de
recherche. Autrement dit, il s'agit de comparer ses données au corpus
théorique sur lequel s'est appuyée notre étude.
Par ailleurs, le domaine de l'évaluation de la
performance d'un laboratoire est extrêmement étendu et complexe.
De ce fait il n'existe pas à notre connaissance des études
empiriques traitant de l'ensemble de ce sujet.
Dans un premier chapitre traitant du cadre de notre analyse,
nous avons retenu des études qui peuvent être regroupées
comme suit :
1. Les études portant sur la relation entre
critère d'évaluation de la performance et la gestion de la
recherche et de l'innovation.
2. Les études portant sur le lien entre réseau
d'acteurs et performance de la recherche
3. Les études portant enfin sur la relation entre
prise de décision et performance de la recherche universitaire.
L'étude des travaux allant dans ce sens montre qu'il
est quasi-impossible d'appréhender par l'analyse empirique la
totalité du problème de l'évaluation de la performance
d'un laboratoire de recherche. Nous ferons surtout cas des constats
généraux de notre recherche au cours des investigations
empiriques.
Dans un second chapitre, nous présenterons les
résultats des études réalisées dans le cadre de
notre approche expérimentale. Etudes qui ont été
menées dans deux laboratoires de recherche universitaire. Ce qui nous a
permis une étude en profondeur du problème de l'évaluation
de la performance. Ainsi, nous avons pu recueillir des informations en
provenance des responsables de laboratoires et des chefs d'équipes.
Autrement dit, il s'agit de présenter en toute objectivité ce qui
ressort de notre étude en termes d'apport et d'apories à la fois
scientifiques et pratiques de la recherche.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Ce qui nous a permis de construire des propositions de
recherche qui se vérifieront au fur et à mesure de notre
investigation :
Proposition 1 : l'appréciation de la
performance d'un laboratoire se fonde essentiellement sur les publications
scientifiques dans les grandes revues.
Proposition 2: La gestion de la recherche est
conditionnée par les orientations scientifiques nationales et par les
effets de réseaux.
Proposition 3 : Les critères
d'évaluation de la performance influent sur la qualité de la
gestion des projets de recherche et d'innovation56.
Toutes nos hypothèses peuvent être
rattachées au problème de la gestion de la recherche et de
l'innovation dans un laboratoire ; puisque leur réalisation ou non
influe fortement l'évaluation effective de la performance.
Nos construits de recherche n'ont pas émergé
d'un seul laboratoire. Reconnaissons toute de même qu'ils n'ont pas pu
être tous vérifiés quel que soit le laboratoire de
recherche. Bien plus ces propositions de recherche 1 et
2, peuvent être considérées au moins
partiellement comme une manifestation des effets pervers découlant de
l'évaluation des laboratoires de recherche.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 109
56 Cette proposition de recherche nous n'allons pas la
vérifier dans cette partie, son contenu va émerger clairement au
cours de notre dernier chapitre, et servira ainsi de lien entre nos questions
de recherche et notre problématique.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
CHAPITRE I :
CONSTATS GENERAUX DE L'ETUDE
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
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L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Nous essayons dans ce chapitre de présenter des
études empiriques abordant chacune un aspect différent du
problème de l'évaluation de la performance des laboratoires de
recherche.
Toutefois nous traitons dans ce chapitre, les résultats
relatifs aux enquêtes de terrain. La première étape de
notre enquête a été consacrée de manière
globale aux évaluations de la recherche et de projets d'innovation ; et
des critères dévaluation de la performance. Nous mettrons en
exergue les tendances observées dans les laboratoires et les avis
concernant le sujet. Nous traiterons par la suite, l'impact des critères
d'évaluation sur la gestion des projets de recherche et de l'innovation
; et sur la performance des laboratoires.
Dans une section première, nous traiterons, des
constats généraux qui apparaissent des investigations de terrain,
en décrivant autant que possible les observations
générales résultant des enquêtes.
Puis en présentant les résultats précis
découlant des questions qui ont nourri notre problématique de
recherche dans une section deuxième.
Enfin, la troisième section, traitera de la relation
entre la prise de décision et la performance d'un laboratoire de
recherche universitaire. En effet, la manière d'orienter la
stratégie de recherche d'un laboratoire, influence la performance de
celui-ci. Nous insisterons cependant sur l'importance et surtout l'insuffisance
des différentes techniques décisionnelles ; et la mise en
évidence des modèles multicritères pour une
évaluation plus pertinente prenant en considérations toutes les
variables ou l'essentiel des variables.
A la suite de ces constats généraux, dans le
chapitre qui va suivre, nous nous attarderons plus amplement sur certains
aspects spécifiques de notre problématique de recherche, de
manière à conforter certains éléments
précisés dans la partie précédente.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 112
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Section I- Etudes relatives au lien entre critère
d'évaluation de la performance et gestion de la recherche et de
l'innovation.
Selon Le Maitre.D (1993), la nature des critères
retenus pour l'évaluation influence fortement le niveau de performance
d'une organisation quelle qu'elle soit.
Ainsi, les investigations nous ont permis de faire apparaitre
clairement des constats généraux. Bien plus, elles nous ont
permis d'orienter l'étude vers des questionnements plus précis
à notre sens, apportant de ce fait un petit plus aux travaux
précédemment menés.
Par ailleurs, après les enquêtes de terrain,
l'orientation de la recherche est devenue plus «
configurationnelle57 ». Et nous avons pu voir émerger
des faits pouvant être recensés de la manière suivante :
- Les organisations se construisent en général
de façon à stabiliser leur configuration d'action. Ainsi, en
fonction des constats et des objectifs que l'organisation se fixe, elle adopte
très souvent une structure fonctionnelle et en tire des comportements
stratégiques appropriés58
- Chaque projet qui est une forme stabilisée de
l'innovation va s'inscrire dans une dynamique de temporalité relative.
Elle est perturbée par des incertitudes de tout genre dont
environnementales, qui mettent en cause sans cesse la structure, et
accompagnent le processus de transformation.
- Les fonction-clefs de l'organisation vont participer
à cette évaluation « structuro-stratégique ».
Ainsi, elles prendront des formes tantôt stabilisées, tantôt
instables ;
57 Au sens des théories configurationnelles en
stratégie, voir Mintzberg etc.
58 La structuration fonctionnelle d'un laboratoire
dans notre cas va dépendre de la nature du projet de recherche auquel un
certain nombre d'acteurs adhèrent.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 113
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
ceci suivant un processus qui s'inscrit dans le temps de
changements à travers lesquels, les missions, les contenus et les poids
stratégiques des laboratoires vont se transformer59.
Toutefois, l'évaluation est une étape
fondamentale de toute activité de recherche. La base de toute
évaluation ou sa fonction première doit être de faire le
point sur l'activité du chercheur en la confrontant à un regard
extérieur. Autrement la base de toute évaluation est l'avis
collégial, formulé de façon contradictoire par une
assemblée de spécialistes élus et/ou
nommés60.
Ce pendant, sur les avis sont partagés entre ceux qui
pensent que, les évaluations actuelles sont plutôt satisfaisantes
et permettent de ce fait de donner une évaluation claire et globale de
l'activité d'une part, et ceux qui qualifient ces évaluations de
trop parcellaires, trop axées sur les publications, les citations et,
passer assez sur certains services tout aussi pertinents et par extension la
globalité de l'entité évaluée.
Bien plus, ces difformassions ou « perversions » vont
s'apprécier à plusieurs niveaux.
- La notion d'impact bibliométrique chiffrée qui
va viser à donner à chaque chercheur une note qui tient compte du
nombre d'articles publiés, d'un coefficient attribué selon des
critères qu'Espagne.M (2007) qualifie de parfois obscures par des
commissions mal connues, à la revue dans laquelle ils sont
publiés et du nombre de citations de ces articles. Autrement, cette
évolution vers un « fétichisme numérologique »,
ne tient pas compte véritablement des livres, d'autre part, les
principales innovations sont très peu prises en comptes et exigent des
très longues phases de latence.
Par conséquent une évaluation
bibliométrique peu apparaitre comme une invitation assez radicale au
« conformisme intellectuel » (Espagne.M)
59 Comme nous l'avons assez-bien décrit en
section III plus haut intitulée : l'innovation dans les
organisations
60 Ce principe connait de plus en plus des
altérations et des modifications en vue de lever certaines
équivoques.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 114
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
- L'atteinte de la collégialité61.
Ceci s'explique par le fait que le ministère nomme les responsables, qui
désignent des délégués, qui nomment des sous
délégués... qui nomment des évaluateurs de base (on
peut qualifier cela de « top down radical »)
- Elle s'intéresse davantage aux projets qu'aux
réalisations, aux effets d'annonce qu'au bilan. Autrement dit,
l'attention se concentre surtout sur des promesses dont la
crédibilité augmenter selon l'importance préalable des
laboratoires qui font la proposition.
A tout prendre l'absurdité des grandes entreprises de
classement comme celui de Shanghai, a été reconnue (Godlieu.M),
puisque ce classement repose sur des données aussi sommaires que
discutables62. Ainsi il faut une grande clarté pour
évaluer an subjectivité les résultats de la recherche.
Autre le profil qui est au service du laboratoire, est plus grand et plus
riche, il ne se résumer en quelques variables exceptionnellement
choisies et quantifiables.
Bien plus certaines réflexions non consensuelles
mettent en avant l'évaluation d'un laboratoire à travers des
retombées directes des recherches sur la
société63. Mais notons tout de même qu'il est
raisonnable de considérer que les laboratoires de recherche doivent
être évalués sur des critères purement scientifiques
et non sur des critères qui sont diamétralement opposés
à la fonction première d'un laboratoire qui est la
création des connaissances.
61 Collégialité qui résulte d'un
remplacement des commissions, groupes élus, par des personnalités
nommées.
62 Il n'empêche cependant que certaines
institutions d'enseignement en non des moindres se modifient en profondeur pour
gravir les échelons d'un classement dont de plus ou moins tout le monde
s'accorde à reconnaitre qu'il est fantasmatique.
63 C'est l'aspect que met en exergue Madame la
Ministre Valerie Pecresse, sur le rôle de la recherche universitaire.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 115
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
A- Le comité d'évaluation et
l'évaluation des laboratoires
Le mode d'évaluation des laboratoires dépend
étroitement de leurs tutelles. Ce qui nous faire croire que, les
laboratoires ne sont pas soumis à des critères identiques. Ainsi,
il est essentiel que les laboratoires soient évalués par la
même structure et de façon équivalente. Dès lors un
comité national d'évaluation s'il existe doit acquérir une
plus grande indépendance par rapport aux organismes comme le CNRS.
Toutefois, évaluer un laboratoire dépasse le
simple cadre de sa production scientifique. Puisque, si seul objectif devrait
être atteint, il est clair qu'un simple ratio publication/nombre de
chercheurs suffirait64. Bien plus, l'évaluation, permet de
dégager des disfonctionnements ou d'améliorer les performances du
laboratoire. Nous pouvons nous poser la question de savoir si un regard
d'experts (sociologues des organisations) dans une analyse du fonctionnement
des structures, ne serait pas bénéfique à
l'évaluation d'un laboratoire aussi bien en termes d'organisation que
d'utilisations des ressources, puisqu'ils sont habituellement présents
dans tout audit d'organisation. Nous n'évoquerons pas ici l'implication
d'un laboratoire dans l'enseignement supérieur65. Même
s'il faut reconnaitre qu'il ne s'agit pas d'évaluer globalement des
enseignants, dont les universités procèdent notamment via des
enquêtes auprès des étudiants. Mais aussi de plus en plus
de l'investissement des enseignants chercheurs dans un projet
pédagogique. Cela représente un besoin fort pour les chercheurs
académiques. Etant
64 OMP, MIDI-PYRENEES, Deuxième réunion
réalisée à l'Observatoire Midi Pyrénées sur
l'Evaluation mis en ligne le 21 avril 2004 par Responsable collectif
Toulouse.
http://cip-etats
generaux.apinc.org/article.php3?id_article=428.
65 Puisque les laboratoires sont très souvent
constitués des chercheurs académiques qui font en plus de leurs
activités scientifiques la tâche d'enseignement qui n'est
absolument pas pris en compte, ni même au point de leur carrière
personnelle, ni même sous l'angle du projet de formation que devrait
porter un laboratoire qui a une université parmi ses tutelles.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 116
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
donné qu'elle mettrait en exergue l'importance de
l'investissement humain au service de la formation des étudiants.
Il semble enfin que les rapports d'évaluation soient
très souvent adoucis relativement au nombre de remarques faites au cours
des entretiens entre le comité d'évaluation et le laboratoire. Ce
qui laisse a notre avis aux directeurs de ces laboratoires peu aisance à
s'appuyer convenable sur un document écrit pour rectifier les
disfonctionnements ou même repenser les restructurations partielles. Ce
problème peut être lié au fait qu'il existe une «
proximité rationnelle » entre les membres du comité et ceux
du laboratoire. Ainsi on peut estimer que la participation des experts anonymes
à l'évaluation parait indispensable, rôle à accorder
essentiellement aux experts internationaux66.
B- Les projets scientifiques et leur
évaluation
La possibilité pour le chercheur d'obtenir des fonds
relatifs aux appels d'offre est primordiale pour la bonne marche des
laboratoires. Puisque le budget actuel de fonctionnement ne permet pas de
soutenir financièrement toutes les activités scientifiques.
La sélection d'un projet scientifique repose sur des
paramètres dont le mode de fonctionnement est différent d'un
programme à l'autre. Mais, le manque de transparence résulte de
l'absence de règles prédéfinies, la manière dont
les comités scientifiques sont constitués est d'autant plus
critiquée, puisque la cooptation qui semble être la règle
en la matière ne permet pas l'équité et est par
conséquent pénalisante pour la qualité de la recherche.
66 Reconnaissons quand même que l'existence des
réseaux et la mondialisation rendent moins crédibles les experts
internationaux. Puisque les acteurs de la recherche sont évalués
aussi via leur capacité à organiser les conférences
internationales (dissemination process).
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 117
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Section II- L'étude de l'Institut des
Matériaux Jean Rouxel (IMN)67.
A.La prise de contact.
A1- le choix du laboratoire.
Nous avons choisi ce laboratoire de recherche pour trois
raisons essentielles.
> La taille ; il était question pour nous d'avoir
dans notre échantillon un laboratoire plus grand. Ce laboratoire a
été créé en 1988 par Jean ROUXEL68. Il
emploi plus de 150 chercheurs et personnels et constitue de ce fait l'un des
principaux centres de recherche en matériaux de France.
> La diversité des équipes de recherche dans
des domaines différents et parfois très
complémentaires.
B.L'Entretien Avec le directeur de l'IMN.
L'objectif de notre entretien est multiple :
> Il s'agit déjà d'obtenir des informations
sur gestion de l'activité de recherche, et la structure du laboratoire
d'une part ; et d'autre part sur les critères d'évaluation de la
performance du laboratoire. Alors ces informations nous les considérons
comme officielles, l'analyse de cette interview nous a permis de dégager
de dégager quelques grands principes de l'évaluation des
laboratoires.
> Affiner un peu plus en détail les domaines de
notre étude.
> Déboucher sur les noms des responsables
d'équipes que nous souhaitions rencontrer.
67 Laboratoire rassemblant chimistes, physiciens et
ingénieurs des matériaux du CNRS et de l'Université de
Nantes.
68 Personnalité reconnue internationalement
pour son apport dans le domaine de la chimie de solide.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
C- Les résultats de ce contact
Rappelons que les informations donc nous faisons état
ne résultent pas du seul contact, elles sont complétées
par des notes tirées des interviews ex post.
C1- Le laboratoire et son activité
1- La Structure organisationnelle.
Le laboratoire comprend différentes entités,
qui peuvent se valoir les une les autres, mais aussi peuvent avoir plus de
poids selon la stratégie mise en place par les organismes de tutelle.
La direction générale du laboratoire
gère la totalité du laboratoire et est secondé par son
Adjoint. Il suit et aider à la mise en place de la stratégie
et
exerce auprès des instances de tutelle, le rôle
d'arbitre et d'expert.
2- L'activité du groupe et ses
conséquences sur l'organisation interne du laboratoire.
Le laboratoire est connu pour la densité des ses
résultats scientifiques à travers ses publications, et la
participation des ses chercheurs à des conférences
internationales. Nous pouvons souligner aussi, la diversité des champs
de recherche scientifique. Mais il faut reconnaitre que les toutes les
activités de recherche n'ont pas la même importance étant
donné que le laboratoire fonctionne sur des contrats quatriennaux qui
sont nourris par une dynamique de classification des priorités
scientifiques.
- Les grands principes de l'évaluation de la
performance d'un laboratoire de recherche.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 118
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 119
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
1) Les responsabilités des
équipes
Les équipes concernées par une activité
scientifique sont présumées coresponsables des résultats.
Même si son activité ne peut être confondue avec celle des
équipes. Ainsi, chaque équipe à sa façon
c'est-à-dire, en fonction des ses compétences à la
réalisation du projet collectif.
2) La performance à réaliser
La définition des objectifs des équipes
découle de la capacité des acteurs à répondre
essentiellement aux contrats ; ANR, Européen, Industriel etc. De ce
fait, la performance du laboratoire est plus ou moins renforcée et son
évaluation au sein des réseaux sera liée à ses
capacités à contracter dans différents endroits. Par
ailleurs, la performance à réaliser sera définie en termes
de résultat global69
Cependant, la performance du laboratoire ne se définit
pas seulement en termes de résultats, elle tient compte aussi de
l'écart par rapport à l'objectif défini ex ante.
3) Le financement et l'évaluation des
résultats
Pour obtenir les financements nécessaires, le directeur
du laboratoire élabore avec son équipe un dossier scientifique,
décrivant de façon détaillée le projet scientifique
de l'ensemble du laboratoire qui doit notamment suivre les lignes
définies par la haute hiérarchie pour une période de
quatre ans. Bien plus, le laboratoire répond à des appels d'offre
de l'ANR... Le financement quadriennal doit être la valorisation d'un
plan d'action et de ce fait, tout dérapage doit être
analysé. Ainsi, pour appréhender de façon claire la
réalisation entre la réalisation et les prévisions ; les
éléments maitrisables sont séparés des
éléments non-maitrisables.
A des fins de consolidation et de contrôle, les
instances administratives (CNRS, ANR, Ministère de l'Education etc.),
demandent les résultats et les commentaires de son évolution. En
cas de problème les explications doivent être données. Si
elles ne sont pas
69 Toutes les publications des différentes
équipes et leurs participations aux différents colloques
internationaux.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 120
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
convaincantes les instances de « labellisation » en
tiendront compte lors de l'évaluation de la performance.
Les objectifs des équipes sont périodiquement
réactualisés pour cerner si la stratégie globale du
laboratoire peut encore être atteinte.
Section II- La vérification des
hypothèses
A- Vérification de la proposition 1:
l'évaluation de la performance d'un laboratoire se fonde essentiellement
sur des publications scientifiques dans les grandes revues.
1. La nature des objectifs.
Le laboratoire occupe une place importante dans le classement
des meilleurs organismes de recherche dans ces différents domaines de
compétence70. Donc le directeur définit les objectifs
en tenant compte de la place qu'occupe le laboratoire et notamment en fonction
de son positionnement par rapport à ces concurrents.
Le directeur de l'IMN connait le niveau global des objectifs
fixés aux différentes équipes. Ainsi, elles peuvent
procéder par des comparaisons aussi sérieuses que pertinentes
entre le niveau de leurs objectifs et ceux des autres équipes de
recherche.
2. L'évaluation
L'objectif défini aux cinq équipes de recherche
est prioritairement un niveau de résultat global et la pression pour sa
réalisation est conséquente.
· Les critères de performance.
70 On en distingue cinq (Physiques des
Matériaux et Nanostructures-PMN- ; Plasmas Couches Minces - PCM- ;
Conversion et Stockage de l'Energie Solaire : Photovoltaïque et
Photobatteries-CESES- ; Matériaux Innovant pour l'Optique et le
Stockage-MIOPS- ; Stockage et Transformation Electrochimiques de
l'Energie-ST2E-.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 121
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
L'évaluation de la performance de chaque équipe
scientifique est mesurée essentiellement à partir d'une
comparaison entre l'objectif antérieur et la réalisation
effective. Il s'agit là d'une évaluation interne. Toutefois,
l'évaluation effective du laboratoire par les comités
scientifiques est régie par des critères donc l'objectif est de
couvrir et donner plus de visibilité à l'essentiel des
innovations du laboratoire. Le comité se focalise sur les publications
et la qualité des revues, et sur l'intérêt que suscitent
les recherches dans la communauté scientifique d'une façon
générale (à travers les citations, les invitations aux
conférences et colloques etc.)
· La diffusion des résultats
réalisés
Les résultats réalisés doivent
être diffusés, ainsi chaque équipe de recherche connait de
façon exhaustive les résultats des réalisations de leur
unité de recherche. Mais le directeur connait les résultats des
cinq équipes puisque c'est à lui de les défendre devant le
comité scientifique des évaluateurs.
Toutefois les équipes travaillent sur les
thématiques différentes, il n'est pas nécessaire de les
mettre en collaboration scientifique. Quoique les passerelles existent dans ce
sens pour promouvoir l'interdisciplinarité.
Mais, l'essentiel de la diffusion des travaux se fait
à travers :
· Les revues71
· La présentation des travaux lors des
conférences et des colloques
· Les citations des travaux par les pairs.
On constate que la vie d'un laboratoire repose ainsi sur la
publication des travaux pour une grande visibilité et surtout,
l'importance des productions scientifiques dans le réseau des
chercheurs. Toutefois reconnaissons que les critères fondamentaux
sont
71 Celles les plus visées sont les revues les
plus cotées, il s'agit des revues telles que science, etc.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 122
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
essentiellement ceux que nous avons mis en exergue plus haut
à savoir les publications et les citations par les
pairs72.
Constatons tout de même enfin de compte que, la
production scientifique n'acquiert une notoriété que lorsqu'elle
est acceptée par les pairs à travers les citations, et surtout
lorsqu'elle est publiée dans les grandes revues du monde scientifique et
surtout celles qui traitent de la discipline concernée. Ainsi, les
comités scientifiques d'évaluation s'en servent pour mesurer le
niveau de performance du laboratoire par extension la capacité à
créer des connaissances nouvelles utilisées et utilisables.
La proposition 1 nous semble de se fait
vérifiée dans ce laboratoire, son effectivité parait
normale. Puisque si un industriel sollicite les services du laboratoire en
exigeant à celui-ci de garder l'anonymat par rapport aux travaux
effectués, il est extrêmement difficile d'accepter. Etant donner
que les chercheurs du laboratoire aspirent à un avancement de
carrière, une telle offre ne pourra pas entrer dans la package qui
constitue l'ensemble soumis à l'évaluation de la performance du
laboratoire.
B- Vérification de la proposition 2 : La gestion
de la recherche est conditionnée par les orientations scientifiques
nationales et par les effets de réseaux.
Pour vérifier cette proposition de recherche, nous allons
nous servir à la fois des données du Laboratoire d'Economie et de
Management(LEM) et celles de l'IMN. a. Autonomie des centres
Tout en permettant aux différentes équipes de
prendre des initiatives73, le directeur veille ce que laces
initiatives ne conduisent pas à un amenuisement des résultats
définis ex ante, et réglementés par les contrats
quadriennaux. Ainsi le contrôle des activités du laboratoire nous
apparait extrêmement sérieux. Même si les responsables des
équipes scientifiques
72 Soulignons que les publications seules ne suffisent
pas il faut encore le faire dans des revue de grande qualité.
73 Même si les moyens sont limités «
à cause d'une réduction drastique des fonds propres »
alloués à la recherche fondamentale)
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 123
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
se disent libres de leurs actions à court, moyen et/ou
long terme. Ils peuvent aller peuvent aller à leur guise, reconnaissons
tout de même que le champ de leur évolution est bien clos, et le
directeur les amène autant que possible, à aller là ou il
est préférable pour l'ensemble de l'organisme scientifique.
b. La recherche, les réseaux et l'objectivité de
l'évaluation.
Il faut noter que les critères d'évaluation ne
sont pas exempts de toute contestation, « même si on n'en parle
presque pas » il existe certes des effets pervers.
Toutefois, il existe un classement des revues pas parfait,
mais perfectible. Il faut « avoir un outil qui existe, qui soit pratique
et facilement manipulable, on les a, et on l'utilise comme outil
d'évaluation de la performance ». Ainsi, les contestations à
l'égard du principe de classement des revues n'est presque pas
recevable, puisque « tout le monde scientifique est d'accord presque
d'accord, il y a un accord dans la communauté scientifique ».
c. Réseaux pour la vulgarisation des connaissances
produites.
L'évidence est qu'il y a « les réseaux,
dans le milieu qui fonctionne sur la base de groupes, de clans, des gens qui
ont l'habitude de travailler ensemble, qui s'appellent, qui se croisent
constamment dans les colloques etc. chacun d'entre nous pensons que c'est
censé être intégré dans la formation du chercheur
». Ainsi, un chercheur doit avoir compris effectivement qu'être dans
les lieux où on se fait des réseaux fait partir du travail.
d. Conditionnement de la pensée scientifique ou «
formalisme intellectuel »
Il est en effet clair qu'on est obligé d'avoir une
certaine façon de construire ou même, de choisir les
thématiques de recherche pour « exister » scientifiquement.
Ainsi il ya des contraintes qui apparaissent pour ce qui est du choix de
thématiques de réflexion74. Il y a donc des groupes,
des réseaux, il faut avoir une orientation ou des projets
74 Thématiques de réflexion qui acquiert
de plus en plus un caractère mode.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 124
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
scientifiques qui cadrent avec les aspirations des pairs et
des réseaux auxquels ils sont plus ou moins liés.
En somme, l'évaluation ne doit pas être «
massacrante » ; elle se doit au contraire d'être formative d'aider
les chercheurs ou le laboratoire à la progression. En fonction non pas
d'indicateurs, puisque l'évaluation n'est pas une mesure mais un
critère. Ainsi lorsque les différents niveaux
d'évaluations de la performance ont fonctionné, il faut mettre
cela tout simplement de façon à tenir compte du niveau des
individus, jusqu'au niveau de l'organisme de recherche en passant par les
équipes. Par conséquent quels sont les critères de
fonctionnement collectifs que nous pouvons prendre en considération ?
Autrement quels sont les critères retenus ; est-ce en fonction des
critères de l'ANR75etc. ? si nous pouvons répondre
à cette question un seul instant par l'affirmative, nous sommes en droit
de nous poser une autre question qui serait celle de savoir : à quoi
sert-il d'évaluer ailleurs alors que la recherche se fait de nos jours
pour l'essentiel par projet et non par laboratoire ?
Nous constatons que la proposition de recherche 2
est vérifiée même si nous pouvons sans aucun
risque nuancer l'affirmation. Puisque ce conditionnement de la gestion de la
recherche ne doit pas être perçu comme un déterminisme. Les
chercheurs disposent encore des marges de manoeuvres aussi infimes soient-elles
qui leurs permettent de construire des savoirs fondamentaux.
D- Conclusion du chapitre
Nous pouvons conclure en disant que pour donner à
l'évaluation tout son sens, il convient de reconnaitre que tous les
modes d'évaluation sont perfectibles, cette réflexion est nourrie
par nos enquêtes.
Même si leurs conséquences ne sont pas tout
à fait discernées. Autrement dit, les moyens qui peuvent
être mis en oeuvre pour améliorer le fonctionnement des
laboratoires. Notons
75 L'ANR, tient compte du bon sujet, du bon
réseau, avec des gens solides sur le sujet, mais dispersés dans
les quatre coins de l'hexagone.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
à juste titre qu'il y en a assez peu, et le statut de
fonctionnaire de chercheurs académiques ne permet pas de se
séparer aussi facilement des éléments les moins
performants.
On peut en outre se poser la question de savoir si à
cet effet, le système américain n'est pas plus efficace et plus
compétitif de part le statut des chercheurs académiques ? Nous
pouvons croire que l'intégration dans des équipes des
éléments remarquables tire l'ensemble de ses membres vers le
haut. Car « l'exemple quotidien de l'excellence est source d'autocritique
pour chaque individu»76. Nous pouvons penser que
l'amélioration du mode de recrutement des chercheurs est un
élément clé du perfectionnement de la recherche et
l'innovation. Bien plus, les résultats issus de l'enquête que nous
avons réalisée suivant notre méthodologie de recherche
exposée plus haut. Alors se résumer à cela serait laisser
croire que les critères d'évaluations sont convenablement
définis, ainsi, nous pouvons en outre nous poser la question non moins
pertinente suivante : est ce que juger la production scientifique par le
support ne revient pas en quelque sorte à considérer la
qualité de comme propriété émergente non seulement
de la quantité, mais aussi de la réputation ?ce qui signifie
qu'on compose des hiérarchies académiques et même
économiques par la simple mise en relation de ce qui existe
déjà.
Nous nous appuierons sur les résultats exposés
dans la littérature ainsi que sur des exemples fournis par
différents supports.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 125
76
http://cip-etats-generaux.apinc.org/article.php3?id_article=428.
Mis en ligne le 21 avril 2004
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
CHAPITRE II :
CONFRONTATION DES DONNEES DE TERRAIN ET DU CADRE
THEORIQUE
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 126
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Dans les parties et chapitres précédents, nous
avons fait ressortir diverses caractéristiques fondatrices de notre
recherche, propres à notre question de recherche, à la
méthodologie de recherche optée et aux résultats de
terrain.
Notre dernier chapitre nous permettra dans la mesure du
possible de confronter les données recueillies avec le cadre
théorique présenté dans la première partie, de
façon à valider ou non les tendances décrites.
Ainsi, nous sommes évidemment conscients du fait que
l'analyse effectuée est vaste, et que le domaine d'investigation ne peut
se résumer à une recherche pour un mémoire,
c'est-à-dire, sur une période relativement restreinte. En outre
nous voulons insister dans ce chapitre sur les apports tout autant que les
limites de notre étude ; pour faire transparaitre le fait que nos
résultats s'inscrivent d'une part dans la continuité des travaux
déjà entrepris par ailleurs, et d'autre part, pour proposer des
pistes de réflexion susceptibles de nourrir et d'enrichir la
compréhension de l'objet d'étude. En espérant si possible
de continuer en thèse à peaufiner notre recherche pour un apport
plus considérable à la communauté scientifique.
Section I- Confrontation avec le cadre théorique
Il est question ici de rapprocher les paramètres de
terrain avec le cadre théorique établi ex ante. De ce fait, de
nos enquêtes de terrain, nous pouvons dresser des constats. Il convient
dès lors de les rapprocher le plus possible du cadre théorique
que nous avons privilégiés dans notre recherche.
Soulignons que notre but n'est pas enfin de compte de faire
une lecture exhaustive des bases théoriques qui ont nourries notre
étude, mais au contraire d'apporter des infirmations ou confirmations
par rapport aux aspects, aussi partiels soient-ils, utilisés pour les
besoins et l'intérêt de notre travail de recherche.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 127
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 128
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
A- Regard critique des paramètres
bibliométriques.
La première conclusion à apporter ici est de
confirmer la nature des connaissances et des compétences détenues
par un laboratoire doit représenter un avantage pour celui-ci. Ainsi
l'évaluation doit prendre en compte tous les aspects et non quelques uns
facilement quantifiables. Alors l'évaluation de la production
scientifique s'appuie essentiellement sur les variables
bibliométriques.
Toutefois, la définition bibliométrique des
ratios des construits scientifiques à publier au sein des entités
évaluées tend à déplacer « le centre de
gravité de l'expertise en direction du support matériel qui est
de la publication », ceci au détriment de l'acte de jugement requis
de tout évaluateur. Autrement, la catégorisation des supports,
distingue divers supports de publication 77(livre, recueil d'acte,
article, etc.). Mais, à l'intérieur de ces supports de
publication, il existe une hiérarchisation de ceux-ci. Ainsi, les revues
de rang réputées inégales ; plus, ou moins bonne (A, B,
C...) sont d'une inégalité qui est supposée rejaillir au
niveau des articles évaluer. Nous sommes en effet en droit de nous poser
la question de savoir si ce sont les bonnes revues qui font les bons articles ;
ou les bons articles qui font les bonnes revues ? Répondre à
cette question nous rendrait plus facile la compréhension et la
pertinence de l'importance des supports dans l'évaluation des
productions scientifiques.
En revanche, on assiste à une automatisation de
l'évaluation qui avec ses effets pervers menace fortement la gestion de
la recherche et de l'innovation dans les laboratoires.
Pour revenir aux « définitions
bibliométriques », nous disons avant tout que les questionnements
ci-dessus ont jalonné notre recherche. En fait, sans croire à une
exhaustivité des pistes examinées, nous posons une autre question
tout aussi pertinente,
77 Voir l'extrait du rapport d'évaluation du
LEM (Laboratoire de l'Economie et de Management)
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
mais embrassant des paramètres différents : en
quoi une définition bibliométrique des publiants d'un laboratoire
va-t-elle nous garantir une évaluation de meilleure qualité ?
Bien plus, qu'est ce qui rend aussi nécessaire la promotion de
l'évaluation des supports au détriment d'une évaluation
des travaux en eux-mêmes ? Autrement dit, d'où vient l'idée
selon laquelle on ait absolument trouvé urgent d'augmenter « la
part d'une évaluation de classement » en diminuant celle de «
l'évaluation de jugement » ?
Soulignons sans crainte que la recherche et l'innovation sont
perverties par les systèmes et les supports d'évaluation qui sont
sous l'emprise d'un comité d'évaluation scientifique très
souvent nommé (alors quelle objectivité dans les nominations ?).
A travers ces supports, il y a une entrave forte du jugement, du sens critique.
Ainsi, elle permet aux évaluateurs de se libérer du fado d'une
« liberté responsabilité ». Responsabilité qui
s'attache in fine aux connaissances produites. Ce fado certainement trop lourd
à porter devra être équilibré par la reconnaissance
que pourrait lui conférer le choix. C'est-à-dire,
l'élection préalablement opérée par la
communauté scientifique à laquelle il appartient.
A tout prendre, nous remarquons que nous somme fac à
une situation pouvant être perçue comme un « fait de
civilisation »avec cette anxiété du critère qui tend
sans cesse à privilégier ; la fiabilité de «l'outil
» plutôt que le talent de l'évalué, « la grille
d'évaluation sur l'acte de jugement ». Tout ceci rejoint ce que
D'Iribarne qualifie de « danger des listes des critères
d'évaluation par des comités restreints ».
B- Les conflits dans les organisations innovantes
Suite à notre enquête, il nous est
révélé que les tensions (conflits) sont des piliers de la
vie organisationnelle. Ceci nous permet de conclure qu'il n'est pas
d'organisation qui fonctionne sans un minimum de conflit, d'opposition entre
les acteurs.
C'est oppositions sont permanentes et émergent
très souvent dans les situations bien particulières. Comme par
exemple ; lors de l'introduction d'une idée innovante ou d'un
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 129
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 130
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
projet « Innovation ». Il n'est ainsi pas
indispensable pour voir paraitre cette résurgence des conflits, que le
projet émis soit d'une envergure particulièrement importante.
Certains projets vont provoquer chez certains chercheurs académiques des
reflexes de défenses, alors que d'autres resteront sans
réaction.
En fait, la psychologie du travail nous permet de comprendre
que le comportement des acteurs concernés va être codé par
la façon dont ils perçoivent les enjeux concrets du projet dans
l'organisme scientifique notamment du changement qu'il pourrait engendrer. Ce
qui signifie que les réactions découlent de la perception des
avantages et/ou des inconvénients que le projet apporter comme valeur
ajoutée dans leur situation professionnelle78. Malgré
cette fragilité les critères d'évaluation tiennent d'abord
compte de la quantité des productions scientifiques des chercheurs et du
laboratoire finalement et met souvent un accent fort sur les supports de
publications et la vulgarisation des connaissances créées.
Toutefois un système d'évaluation dépend
beaucoup de ceux qui fixent les règles. De ce fait, les critères
mis en avant sont généralement ceux qui avantagent et facilitent
la tâche au comité scientifique d'évaluation. Avec ce flou
dans la construction des critères d'évaluation on peut aussi ce
demander qui évalue ? Il nous revient après enquête que les
évaluateurs sont naturellement les pairs d'une part et le comité
scientifique d'autre part.
Les agences telles que l'ANR, le CNRS etc. n'interviennent pas
généralement pour une éventuelle modification des les
critères retenus par les pairs79 ou la communauté
scientifique (une communauté aux membres souvent très
restreints).
78 Notons aussi que le non renouvellement des postes
à cause de reformes de l'enseignement supérieur rend beaucoup
plus conflictuel les rapports entre les chercheurs dans un laboratoire surtout
si les thématiques à la mode pour une période
donnée les marginalisent.
79 Les agences nomment les membres du comité
d'évaluation en fonction d'une liste de propositions du CNRS, CPU,
l'université... ils doivent choisir parmi eux des personnes «
compétentes » qui ont des publications connues et reconnues (ce qui
est déjà problématique puisque la variable retenue est
unique et ne rend pas à notre sens compte de la compétence
globale du chercheur académique). Autrement la sélection doit se
rassurer qu'il y ait pas à l'intérieur du comité
scientifiques des lobbyings (ce qui est extrêmement compliqué
étant donné que les chercheurs fonctionnent d'une façon
générale en réseaux d'amis qui travaillent ensemble, pour
des publications des conférences etc. (M. Detchessar))
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 131
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
C- L'évaluation de l'activité de
recherche : quelques
solutions ?
L'action d'innover selon Callon et al (1997) n'a de sens que
lorsqu'une nouvelle production ou offre rencontre son public. Les laboratoires
étudiés innovent sans cesse, mais la valeur ajoutée
produite n'est pas toujours bien appréhendée par le comité
scientifique. Puisque l'outil par lequel cette production scientifique est
divulguée est très important, parfois plus important que le
contenu. Ainsi l'évaluation ne doit ètre un moyen de
détecter et de sanctionner les agents les moins actifs. Bien plus, une
réflexion sérieuse et profonde, doit être faite sur les
moyens d'améliorer les éléments se révélant
insatisfaisants et intégrer notamment ceux qui sont aussi pertinent et
incontournable pour une évaluation plus large et certainement plus
objective des chercheurs académiques. Ce qui signifie que tous les
paramètres de l'activité doivent être
évalués80. Un examen de l'ensemble des tâches
des chercheurs académiques nous constatons qu'elles sont très
lourdes pour leurs permettre d'accomplir de manière satisfaisante les
missions qui leurs sont assignées convenablement. Il faut par
conséquent tirer les conclusions de cette évaluation pour
éviter l'abandon (et même le refus) de certains activités
tout en privilégiant celles qui pourront entrent dans leur «
package » lors de l'évaluation.
L'évaluation doit se faire par plusieurs personnes
compétentes pour plus de
transparence ceci dans l'optique de prendre en compte à la
fois l'évaluation :
- Des enseignants,
- Des chercheurs,
- Des directeurs d'équipes et des laboratoires.
80 Les tâches d'administration et d'enseignement
qui sont peu ou pas du tout connues doivent être évaluées
et rendre compte surtout de leur ampleur.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 132
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Par exemple : l'encadrement des mémoires, des
thèses jusqu'à la soutenance par le comité de thèse
et le directeur devraient être évalué. Ainsi,
l'évaluation du directeur de mémoire et/ou de thèse ou
l'évaluation de sa participation au comité devrait en
réalité constituer un acte additif, voire, remplacer même
l'HDR sous sa forme actuelle.
L'évaluation doit mettre l'accent sur l'aspect
qualitatif plutôt que quantitatif des tâches effectuées.
Ainsi les Etats Généraux de recherche doivent s'intéresser
et réfléchir un peu plus sur l'évaluation de
l'enseignement81 supérieur étant donné que :
- On a à faire au chercheurs académiques au sens
d'Iribarne dans la mesure où les chercheurs sont essentiellement et
exclusivement le produit de l'enseignement supérieur qui reste
jusqu'à preuve du contraire le socle de la formation intellectuelle et
de la culture scientifique.
Section II- Apports et limites de la recherche
Comme toute recherche scientifique, les résultats
émanant de nos enquêtes de terrain doivent être
appréciées en prenant en considération, les contraintes et
les limites inhérentes aux choix conceptuels et méthodologiques
qui ont guidés notre travail. Ainsi l'objet de cette section est de
faire le point sur notre travail. Ceci en mettant en évidence en mettant
en évidence les richesses et les apories de notre étude, car il
ne serait pas cohérent, ni même correct de clore la recherche sans
faire apparaitre à la fois les apports et les failles
afférentes.
En outre, le travail présenté dans le cadre de
ce mémoire relate les résultats recueillis sur le terrain et mis
en parallèle des bases théoriques pertinentes pour saisir
davantage l'objet de notre réflexion. Toutefois, la partie
précédente du chapitre a été consacrée
à la discussion des résultats et fait sortir diverses
interprétations intéressantes de sujet étudié.
Reconnaissons tout de même que mettre en évidence, la richesse
d'une recherche est un exercice extrêmement délicat. Etant
donné que le chercheur peut percevoir l'entièreté des
failles du travail qu'il a accompli autant que les forces. En revanche le
lecteur reste, en
81 Il s'agit là du premier laboratoire qui
forme les intelligences à un moment donné à la recherche
et par la recherche.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 133
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
effet le plus en même, en fonction justement de ses
critères, intérêts, compétences, motivations propres
d'évaluer le travail soumis à sa lecture.
A- Apports pratiques
L'issue classique de toute recherche en sciences
de gestion est obligatoirement en termes de résultats la
formation des implications managériales. Ainsi, même si la
recherche en gestion se doit d'apporter des solutions managériales, elle
se doit notamment d'apporter un plus à l'édification de la
connaissance dans un domaine en particulier.
La mise en évidence des différentes
représentations de la recherche et de l'innovation ; des critères
d'évaluation de la performance d'un laboratoire, nous a permis
d'analyser l'impact des ces derniers sur la gestion des projets «
Innovation » dans les laboratoires. En cela ce mémoire se rapproche
de l'objectif initialement fixé et ceci à plusieurs niveaux.
· Une meilleure connaissance des missions des
organismes de recherche.
En fonction des organisations et des missions de recherche, on
peut percevoir ces organismes sous aux moins six angles différents :
> La recherche fondamentale, notamment dans des domaines
que les instances estiment stratégiques (la santé82,
l'énergie...)
> La recherche et la technologie, en appui aux politiques
publiques pouvant aller jusqu'au contrôle des influences de cette
politique (politique de l'environnement etc.)
> Le développement technologique et l'innovation en
support aux activités socioéconomiques. Cela se fait lorsque le
coût et le risque de ces projets ne peuvent être assurés par
les entreprises.
> La recherche prénormative, la standardisation et
la certification. Ces projets sont confiés très souvent par les
gouvernements à des
82 La recherche sur le cancer, les maladies dues au
vieillissement...
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 134
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
établissements publics indépendants dans l'optique
de garantir l'impartialité et la sécurité publique.
~ ...
Au fait, la plupart des organismes de recherche exerce
plusieurs de ces fonctions, et ce pour de bonnes raisons : « les
organismes en charge des missions d'appui aux politiques ou de certification
ont besoin de développer des recherches fondamentales pour accomplir
leur mission.
Notons aussi que la notion de formation organisationnelle a
occupé une place importante de notre travail. Puisque l'introduction
d'une idée nouvelle implique toujours des changements, aussi minimes
soient-ils. Ainsi en reprenant les travaux de Mintzberg, Chandler, Simon et
autres, dont les problématiques de recherche ont
intéressés notre étude. Nous avons pu à travers des
schémas et surtout des explications aider autant que possible le lecteur
dans la compréhension du phénomène de structuration et
d'évaluation des organisations innovantes.
· Un renouveau des pratiques
d'évaluation des laboratoires
Après avoir parcouru tous les aspects de
l'évaluation, après avoir également mis en évidence
les effets pervers d'une évaluation qui non seulement ne tient compte
que deux variables, mais aussi d'un conseil scientifique dont
l'objectivité des membres peut être remis en cause, il est
toutefois possible de faire de suggestions pouvant concilier des exigences
d'efficacité procédurales avec celles de grande rigueur dans les
pratiques d'évaluation des activités réelles des
chercheurs et une variété dans les pratiques de production des
connaissances scientifiques. Ainsi la mise en place d'un dispositif devra
favoriser l'épanouissement de divers talents83 et la
reconnaissance de leur valeur par les institutions, aussi bien sur le plan
symbolique que financier. Nous nous allions à Joliot (2001, cité
par Barré, 2007, P106) pour dire que : « plutôt que dans
la science qui présente un patrimoine
83 Puisque le « monde » universitaire quel
qu'il soit est une entité où « s'affronte »
implicitement deux ensembles de professeurs. Les uns « dont la
légitimité s'acquiert via une production [scientifique]
destinée aux pairs et ayant obtenu leur reconnaissance », les
autres dont « la légitimité s'acquiert non seulement via une
production [scientifique] destinée aux pairs, mais également ...
visant à répondre à la demande sociale des connaissances
et ouverte à l'évaluation par des acteurs non universitaires
» (Albert et Benard, 2000, P75, cité par F.Lesemann (2003))
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 135
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
commun partagé par l'ensemble de
l'humanité, c'est la pratique de la recherche, source de toute
connaissance nouvelle, que se manifeste les pratiques culturelles propres
à chaque nation. La recherche est fondée sur une approche
créative et représente pour moi une forme d'activité
artistique. Elle requiert de ceux qui la pratiquent le goût du risque et
de la contestation et, comme toute activité créatrice, ne se
prête à aucune tentative d'uniformisation84.
Le principal danger menaçant actuellement la
recherche française est l'émergence d'un système hybride
qui ne peut que cumuler les faiblesses des appareils de recherche
français et étrangers. Les meilleurs chercheurs français
sont poussés à se plier aux critères dominants de la
communauté scientifique
internationale. Ils ne profitent pas de la chance
exceptionnelle qui leur est
offerte, qui les autorise à prendre des
risques scientifiques en abordant des sujets nouveaux dont le succès
n'est jamais assuré.
Deux logiques peuvent être envisagées. La
première est de se plier à l'idéologie dominante qui
prévaut dans la plupart des grands pays industrialisés [...]. Une
autre solution est d'assurer sans complexe nos différences, en tirant
pleinement partie des possibilités offertes par notre mode
d'organisation de la science, tout en tentant d'en limiter d'en limiter les
défauts les plus flagrants.
Certains d'entre nous [...] ne mesurent pas les
conséquences désastreuses que pourrait entraîner un
écroulement des traditions qui ont façonné depuis deux
siècles le paysage scientifique français ».
~ Le rôle de l'acteur et l'importance des
facteurs sociologiques
En général, la prise de décision par la
communauté scientifique à l'égard des chercheurs et de
leurs productions scientifiques, ignore très souvent l'influence des
conséquences qu'elle peut avoir sur ces derniers en tant que acteurs
ayant des
84 Au lieu de s'arrimer aux indicateurs de
performance de Shanghai qui ne rendent pas vraiment compte de la
complexité de la recherche et des différentes
représentations qui en découlent. Voilà les variables
retenues pas Shanghai en 2004 pour évaluer la performance :
1) Le nombre de prix Nobel ou médailles Fields obtenus
par les étudiants diplômés de l'université
(indicateur choisi pour mesurer la qualité de l'enseignement) ; 2) le
nombre de prix Nobel et de médailles Fields obtenus par les chercheurs
de l'université ; 3) le nombre de chercheurs de l'université dont
les publications sont largement citées pour 21 domaines scientifiques ;
4) le nombre d'articles dans Nature et Science ; 5) le nombre
d'articles dans les bases bibliographiques du Science citation index
et du social Science citation index ; 6) et, enfin, quand cela
était possible, le nombre de chercheurs travaillant dans
l'université.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 136
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
attentes, des intérêts individuels, des
affectivités... pourtant, nous constatons que ces paramètres
individuels sont indispensables pour « la vie d'un laboratoire » et
son bon fonctionnement. Et cela est d'autant plus évident que l'on est
dans une phase d'introduction des projets nouveaux susceptibles de provoquer
des changements, où une remise en cause des acquis intellectuels devient
aussi évidente.
Ainsi, il est clair que les aspects sociologiques des
chercheurs académiques ne doivent pas être ignorés. Ils
doivent être intégrés dans le processus de prise de
décision dans la mesure où les organisations en
général et les laboratoires en particulier sont pensés
pour être des « organisations apprenantes». Il s'agit en fait
d'une organisation qui prend en compte les suggestions des un et des autres,
qui laissent une place aux questions et aux réponses, laissent une place
à la formation, à l'autoformation et à l'interformation
(Yatchinovsky, 1999)85.
Dans cette perspective, on ne peut pas envisager une bonne
évaluation de la recherche et une compatibilité entre les
aspirations des chercheurs académiques et les besoins du laboratoire
sans prise en considération de certains paramètres
déterminants.
B- Les limites de la recherche
· Les limites
théoriques
Quel que soit le domaine de recherche, les limites sont
à la fois pratiques et théoriques. Ainsi, un travail de
recherche, ne peut avoir la prétention d'exhaustivité. En effet,
pour ce qui est de l'évaluation de la performance, et les
modalité de gestion de la recherche et de l'innovation, nous ne pouvons
avoir qu'une vision parcellaire de la réalité des
activités de recherche dans la mesure où tous les laboratoires
sont caractérisés par leur singularité avec les
différentes représentations de l'activité projet, et
que
85 Pour savoir plus sur « l'organisation
apprenante » voir Yatchinovsky.A dans « l'approche systémique
: pour gérer l'incertitude et la complexité »,1999.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
nous pouvons faire apparaitre à travers des
enquêtes de terrain que des tendances, pas finalement
généralisables à ce qui se passe concrètement sur
le terrain. Cela ne nous empêche en revanche pas d'avoir comme objectif
entre autres d'apporter notre contribution à l'édification de la
connaissance dans un domaine précis.
Autrement, notre recherche sur le lien entre les
critères d'évaluation de la performance et les modalités
de gestion de la recherche et de l'innovation dans un laboratoire
vient certainement en complément de certains travaux
déjà entrepris sur des sujets proches, tout en restant originale
de part non seulement notre méthodologie mais aussi le cadre
théorique auquel nous avons eu recours basé sur des corpus
différents dans un esprit de complémentarité.
Toutefois, dans cette optique qui est la notre, il est
toujours possible d'aller plus loin dans l'étude en expliquant des faits
par des théories. Ce qui nous pousse par conséquent à
formuler deux reproches à notre méthode :
1 Le fait de rester superficiel dans l'utilisation du cadre
théorique et conceptuel sur lequel nous avons fondé notre
recherche ;
1 L'absence d'exploitation de certaines théories qui
auraient pu nous aider à expliquer tout au moins partiellement notre
problématique de recherche.
· Les limites pratiques
> Pas de possibilité de vérification du
modèle multicritère
d'évaluation.
Un des aspects clés de notre travail a
été de vouloir observer l'impact des du modèle
multicritère d'évaluation de la performance. Il est clair que les
laboratoires connaissent des difficultés profondes par rapport au
modèle bidimensionnel d'évaluation. Ce qui implique notamment une
grande influence de la gestion de l'activité de recherche.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 137
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 138
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Ce dont nous pouvons être sûr, c'est qu'ils
modifieraient le mode de coordination, et les modes de gestion de
l'activité de recherche dans sa globalité. Bien plus, ils
engendrent les nouvelles formes d'organisation de travail (NFOT), en
général et de la recherche et de l'innovation dans les
laboratoires en particuliers. Cependant, sur un aspect beaucoup plus palpable,
il n'est pas évident de vérifier qu'ils aient un tel poids de
transformation.
Une pistes de réflexion prochaine de cette recherche
consisterait de mettre au point une évaluation comparer avec ou sans les
modèles multicritères86. Ceci de manière
à mettre en évidence de façon plus précise et
satisfaisante le véritable impact des modèles
multicritères d'évaluation de l'activité projet.
Cette étude nous a permis de comprendre les
différentes représentations de l'activité de recherche et,
d'identifier les éléments qui peuvent influencer son management
parmi lesquels les indicateurs d'évaluations de la performance
définis par la communauté scientifique.
> Problématique de généralisation
des résultats
Nous considérons comme principales limites de notre
travail, le fait que les résultats soient présentés comme
pouvant être généralisables. Alors que ce n'est pas tout
à fait le cas. Puisque l'échantillon sur lequel se base nos
conclusions n'est pas suffisamment vaste et représentatif pour
prétendre à cette extrapolation.
Ainsi, il peut ètre difficile, voire délicat
pour le « lecteur manager » de se positionner par rapport aux
constats généraux que nous avons tirés de nos
investigations, et des propositions de réflexion que nous avons
émises dans le cadre de son analyse.
86 Au pluriel parce que les représentations de
la recherche et de l'innovation ne revêtent pas les mêmes
paramètres dans tous les laboratoires.)
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Toutefois, l'objectif a contrario est de fournir aux lecteurs
managers et bien d'autres un outil pouvant leurs permettre de se positionner
relativement à leur contexte spécifique, mais espérons
bien qu'ils n'auront pas du mal à le faire. Etant donné qu'il y a
forcement des biais qui peuvent se glisser dans une recherche, ceci i bien que
les « hommes de terrain » pourrons trouver notre vision assez
éloignée des faits étudiés.
> Une étude essentiellement qualitative
Nous savons que la prise de décision est fortement
influencée par les « chiffres », même si notre recherche
qualitative fournie des explications intéressantes et
compréhensibles par les lecteurs de tout bord. Ainsi, on aurait pu
fournir des données chiffrées pour contenter et nourrir les
fantasmes cognitifs des adeptes des chiffres, et peut-être donner aussi
une meilleure lisibilité de l'objet étudié.
En revanche, il fallait faire un choix méthodologique
comme dans tout travail de recherche et nous avons choisi de mener notre
réflexion par le biais d'une méthode qualitative, correspondant
de ce fait à nos convictions et notamment aux perceptions que nous
avions de l'analyse, que nous souhaitassions mener.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 139
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
C- Conclusion de la troisième partie
Cette troisième partie nous a permis d'exposer
clairement notre position par rapport au travail et de constater par la
même occasion les difficultés liées à la
généralisation des résultats à cause souvent de
l'échantillon d'investigation. Bien plus nous avons montré les
apports théoriques et pratiques probables de notre travail. Cependant
nous reconnaissons que les traductions des connaissances scientifiques ne se
résument pas seulement à une focalisation sur les faits qu'elles
dévoilent, estiment, G. de Pourvourville et E.Minvielle (1995). Il faut
en plus de cela parler de ce qui reste à l'ombre. Ceci soit par manque
de temps, soit parce qu'une analyse scientifique n'est pas possible à
cet instant à cause souvent d'un matériau peu fourni. Ainsi
quelques thématiques intéressantes ont été
laissées dans l'ombre pour plusieurs raisons dont nous allons en citer
deux : primo, le temps de notre recherche est de six mois et cela est
extrêmement court pour aborder en profondeur toutes les
thématiques. Secundo, et je suis certain que vous me ferez des remarques
dans ce sens, il s'agit du fait que notre travail commence à prendre de
l'embonpoint et le laisser devenir obèse ne nous semble pas raisonnable.
L'heure est par conséquent à la conclusion de l'étude.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 140
CONCLUSION GENERALE
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 141
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 142
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Au regard des conclusions établies à la fin de
chapitres et parties, notre conclusion générale sera davantage
tournée vers la description des éléments
déterminants de notre travail. En outre, il s'agira aussi
d'élargir le champ de l'étude vers des nouvelles perspectives non
seulement par rapport à des objectifs personnels, mais aussi pour des
chercheurs s'intéressant à des thématiques proches de la
notre.
Ainsi, notre recherche a consisté à comprendre
le lien entre critères d'évaluation de la performance et
les modalités de gestion de la recherche et de l'innovation dans un
laboratoire. Il en ressort que la production des connaissances
nouvelles pour les Etats est une source de richesse, et disposer d'un potentiel
de recherche et d'innovation pour maîtriser les capacités
technologiques est un outil primordial de puissance économique. De ce
fait dans le contexte de mondialisation actuel, il est clair que la
compétitivité qui en résulterait, n'est plus le fait
exclusif des Etats, il est davantage entre les institutions et des laboratoires
de recherche. Autrement, un Etat disposant des institutions de recherche de
meilleure qualité (université, cadre d'excellence) est capable
d'attirer les projets des grandes entreprises et même les cerveaux de
part le monde. Bien plus la visibilité des activités entreprises
par ces centres et institutions avec les supports de vulgarisation,
préoccupe de plus en plus les décideurs et surtout les acteurs de
la recherche. Ainsi des initiatives régionales, nationales et
mêmes internationales apparaissent de tout bord pour classer les
universités (au travers de leurs productions scientifiques) en mesurant
via certains critères bien polis, la performance de ces entités
en matière de recherche et d'innovation. Ces variables utilisées
sont choisies comme nous avons pu le constater de façon abusive,
fragilisant parfois la mesure de l' « excellence scientifique ». De
ce fait, l'évaluation de la performance est de nos jours un des outils
clés de l'orientation stratégique des laboratoires. Ils ont
nonobstant laissé transparaitre des failles pertinentes. Il est vrai que
tout outil de travail est perfectible, mais il faut reconnaitre que
l'évaluation est très souvent basée sur la production
d'indicateurs quantitatifs dont le choix, la construction et l'analyse sont
extrêmement délicats 87(Esterle, 2007).
Il faut admettre que tout est perfectible, cela signifie que
disposer d'une batterie d'indicateurs, qui peuvent être normalisés
et permettre des comparaisons à l'échelle
87 L.Esterle est directrice se l'observation des
sciences et des technologies, chercheurs au CERMES
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 143
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
nationale, voire internationale est nécessaire. Cela
permet de situer et de caractériser l'activité de recherche.
Toutefois, on sait par ailleurs qu'elles ne peuvent être restreintes
à la production de connaissances, encore moins à la seule
production d'articles scientifiques. Notons tout de même que les
institutions nationales et internationales ne peuvent s'affranchir d'un
débat sérieux sur l'usage et l'intérêt des
indicateurs pour expliquer la qualité d'un projet. Il est
nécessaire enfin de construire des outils (comme nous avons
essayé de faire au long de notre travail) fiables et appropriés.
Puisque la performance est difficile à cerner au moyen de quelques
variables. Autrement dit l'évaluation doit prendre en compte les
différences liées aux disciplines88. Finalement, il
doit en permanence s'agir d'un processus la construction des critères
d'évaluation. Et comme tout processus, il est caractérisé
par des essais et des erreurs qui font effectivement que la réflexion
progresse au sein des institutions, permettant notamment au laboratoire de
vibrer en permanence au diapason de la concurrence mondialisée par leurs
innovations continues.
En revanche nous pouvons nous interroger sur l'innovation en
permanence. C'est-à-dire : l'innovation
répétée et de la rationalisation quels
conséquences?
Notre société actuelle est une
société (Erkman, 1998) non pas post industrielle, mais
plutôt « hyper-industrielle », où les flux de
matière et d'énergie accroissent sans cesse. Ainsi, une
organisation innovante doit être capable de maintenir un flux persistant
et répété d'innovation (Le Masson et al, 2001, p280). Bien
que, tous les chercheurs soient au courant du fait que l'innovation permanente
entraine l'épuisement progressif des matières premières,
le mythe de l'innovation source de progrès perdure. Mais la recherche et
l'innovation sont pourtant comme toute chose, il en faut ni trop ni trop peu.
[les] vouloir à tout prix peut être aussi nocif que de [les]
refuser » (T.Gaudin ; 1998). Nous voyons dès lors que la
rationalité de l'homme soi-disant rationnel dans les théories
économiques est en réalité limitée (H.Simon). Pour
ce qui est du fonctionnement des organisations, M.Crozier et H.Friedberg (1992,
P41) estime que la rationalité est également
surévaluée. Ce qui n'ébranle pas la foi en la
rationalisation. Nous avons
88 On n'utilisera pas les mêmes
paramètres pour évaluer la performance en physiques, biologie,
chimie en sciences sociale etc. pour recourir aboutir à des
résultats significatifs à cause entre autres des
différentes représentations qui peuvent être faits du
projet.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 144
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
montré dans notre travail les efforts de
rationalisation des projets d'innovation. Rationalisation qu'A.Hatchuel et Weil
(1992, P121) définissent comme un objet mythique, figure du
progrès des organisations, qui donne pour un temps « les moyens
conceptuels et pratiques d'un programme d'action » ; elle vise notamment
une efficacité accrue, ce qui incite à la réflexion pour
une réduction de certaines crises de l'action collective (ibid., 159).
Reconnaissons avec ces auteurs, que toute rationalisation constitue peu ou prou
une difficulté majeure pour les phénomènes auxquels elle
s'applique. Ainsi l'évaluation de la performance serait régit par
cette rationalisation qui consiste à couper tout ce qui n'obéit
pas à sa démarche89. Ainsi elle peut conduire à
négliger ce qui est vital (Ibid. P30). Alors un processus de
rationalisation de l'activité collective ne serait donc cohérent
et surtout créateur que s'il a pensé à la fois des
nouvelles représentations et de nouveaux rapports sociaux en
adéquation avec le contexte historique et plus acceptable pour des
acteurs (ibid. p32). Cette rationalisation de conception en Amont (soutenue par
Weil, Hatchuel, Lenfle, Midler ...) peut être perçue comme
dangereuse voire devenir une « fuite en avant » irresponsable de
l'activité intellectuelle. Ainsi E. Morin (1990, P144) présente
la rationalisation comme « une construction d'une vision cohérente,
totalisante de l'univers, à partir de données partielles, d'une
vision partielle ou d'un principe unique ». C'est finalement « une
pathologie de la raison (...) qui enferme le réel dans un système
d'idées cohérent, mais partiel et unilatéral90
» (E. Morin, 1996, p 23-24). Il faut par conséquent faire un
distinguo entre raison et rationalisation, puisque « la vraie »
rationalité doit être la lutte contre la rationalisation. Sans
vouloir assimiler l'approche de rationalisation d'Hatchuel et Weil à
celle de Morin nous pensons par contre que, si l'envie de maîtriser le
temps chez les acteurs de l'innovation, devenait un objectif absolu,
démesurément envahissant, cela signifierait à notre avis,
une restriction du réel, cohérent mais unilatérale. Ce qui
est dangereux pour la recherche car, « aussi judicieux que se
présente une idée, elle devient atroce si elle règne sans
partage » (Serres, 1991, 188, cité par Boldrini, 2001).
89 La phrase d'A. Hatchuel et Weil se rapproche de celle d'E.
Morin selon laquelle « la rationalisation est une logique close et
démentielle qui croit pouvoir s'appliquer sur le réel et, quand
le réel refuse de s'appliquer sur cette logique, on le nie ou bien on
lui met les forceps pour qu'il obéisse (Morin, 1990, p. 104).
90 C'est le cas également des
critères d'évaluation qui enferment la recherche et l'innovation
dans deux indicateurs.
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Quels prolongement ou pistes pour la recherche
?
Nous savons qu'il existe des sujets qui restent dans l'ombre,
il en est d'autres auxquels, il est indispensable de consacrer des recherches
complémentaires.
En examinant dans la troisième partie l'importance de
la construction des nouveaux critères d'évaluation de la
performance d'un laboratoire, et aussi, l'importance de l'évaluation de
l'activité (quand cela se fait) plutôt que le support. Nous
croyons fortement que cette étude enrichissante, ne sera davantage
enrichie que lorsqu'on aura de façon concrète testé le
modèle multicritère en l'adaptant aux représentations que
chaque laboratoire où se fait de l'activité de recherche.
En outre, nous avons constaté que les enseignants
chercheurs ne sont évalués que sur leur activité de
recherche. Et dans cette activité de recherche, on cible une seule
à savoir les publications scientifiques. Ce qui est sans doute
problématique, nous amenant ainsi à nous poser la question de
savoir : Quelle serait l'influence de l'évaluation de la performance des
enseignants chercheurs sur la compétitivité des
universités françaises ? Ceci nous semble fort explorable pour un
travail sur une période plus longue, en thèse si l'occasion nous
est donnée de poursuivre en doctorat.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 145
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de
Gestion- Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France
Page 146
ANNEXES :
L'évaluation de la performance de la recherche
et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.
FIGURES ET TABLEAUX
Figure 1 : Modèle hiérarchique et
linéaire de l'innovation (Perrin, 2001 ; P11) 26
Figure 2 : Processus de développement d'une
innovation. Rogers (1995. P33) 28
Figure 3 : action combinée de la
flexibilité et de la rigidité organisationnelle sur l'innovation
38
Figure 4. Variables liées à l'«
innovativité » de l'organisation (Rogers, 1995, p. 380).
39
Figure 5 : Relation entre R, I et D (Le Masson et al)
49
Figure 6 : Evaluation de la performance via deux
critères (modèle en vigueur). 73
Fig ure 7 : Une évaluation multidimensionnelle de
la performance d'un chercheur (modèle
d'Iribarne modifié). 74
Figures 8 : le jeu des acteurs dans
l'établissement des critères d'évaluation des chercheurs
(Barré
& al, 2007, p 114). 75
Figure 9: Démarche de recherche 92
Figure 10 : Structure de la démarche de
recherche inspirée par Lesca.N (2002) 93
Tableau 1 : Recherche, Développement &
Innovation selon Le Masson & al (2001) 47
Tableau 2 : Encadré donnant quelques
caractéristiques du projet selon Midler (1996) 50
Tableau 3 comparaison des recherches sur le
management de l'innovation (Lenfle, 2008) 54
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de
Gestion- Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page
147
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
Bibliographie :
> Ouvrages
· ALLARD-POESI.F & MARECHAL.C, (1999), «
Construction de l'objet de recherche » in THIETART, R.-A.
Méthode de recherche en management, Paris, Dunod, pp. 34-56.
· ALLARD-POESI.F, DRUCKER-GODARD.C & EHLINGER.S,
(2003), «Analyse de représentations et de discours
», dans THIETART R-A.,
Méthodes de recherche en management, pp.
127-148, Dunod, Paris.
· ALLARD-POESI.F, (2003), « Coder les données
», dans GIORDANO Y,
« Conduire un projet de recherche - une perspective
qualitative »,
Editions EMS, Paris
· AKTOUF.O, (1992), « Méthodologie des
sciences sociales et approche
qualitative des organisations », Presses de
l'Université du Québec.
· AVENIER.M.-J. (2000). « Ingénierie des
pratiques collectives », Paris,
L'Harmattan, collection Ingenium.
· BACHELARD.G. (1999). « La formation de l'esprit
scientifique », Paris,
Librairie philosophique J. Vrin, 16ième tirage
(1ière éd. 1938).
· BARRE.R, De Laat.B & Theys.J ; (2006) ; «
Management de la
recherche : Enjeux et perspectives », collection
méthode & recherche,
Bruxelles, Ed. De boeck.
· BAUMARD.P & IBERT.J, (1998), «
Méthodologie de la recherche en
gestion : Quelles approches avec quelles
données ? Chapitre IV » in :
R.A. Thiétart (Ed), Nathan.
· BELLUT.S; (2002), « Les processus de
décision, démarches, méthodes et
outils », Afnor, Paris
· BEN MAHMOUD-JOUINI.S. & CALVI.R. (2004) «
Les coopérations
interentreprises dans les projets de
développement» in GAREL, G. ;
G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion-
Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 148
L'évaluation de la performance de la recherche et de
l'innovation dans les laboratoires universitaires.
GIARD.V & MIDLER.C. « Faire de la recherche en
management de projet », Paris, Vuibert, pp. 161-186.
· CALLON.M, (1994), « L'innovation
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