Année académique
2012-2013
1
|
REPUBLIQUE DU NIGER
MES/R/I
UNIVERSITE ABDOU MOUMOUNI DE
NIAMEY
Faculté des Lettres et Science
Humaines
Département de
Géographie
|
Milieux et Sociétés des Espaces
Arides et Semi-arides :
Aménagement-Développement
Option :
Aménagement et Gestion des Espaces Ruraux Incidences
foncières du développement de l'irrigation sur
les espaces pastoraux dans les vallées des
dallols Maouri, Fogha et du fleuve (Région de
Dosso)
Mémoire de Master II
Présenté et Soutenu par :
AMADI Maman Abass
Avec l'appui de la coopération Lux dev et le
conseil régional de Dosso
Sous la direction de :
Pr YAMBA Boubacar Président de
jury : Pr BOUREIMA UAM /
FLSH /Département de Géographie
Amadou, UAM / FLSH /
Département de
Géographie
Assesseur : Dr
DAMBO Lawali
UAM /FLSH/Département de Géographie
2
Table des matières
Table des matières 1
Table des graphiques 4
Table des cartes 4
Table des photos 4
Table des figures 4
Dédicace 5
Remerciements 6
Sigles et abréviations 7
Résumé 8
Summary 8
INTRODUCTION GENERALE 9
CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE .
11
1.1 Cadre théorique de l'étude 11
1.1.1 Revue de la littérature 11
1.1.2 Problématique de la recherche 13
1.1.3 Les hypothèses de la recherche 15
1.1.4 Les objectifs de la recherche 16
1.1.4.1 Objectif général 16
1.1.4.2 Objectifs spécifiques 16
1.1.5 Définition des termes et concepts 16
1.2 Outils et méthodes de la recherche 17
1.2.1 Recherche bibliographique 17
1.2.2 Observation et délimitation de la zone
d'étude 17
1.2.3 Fiche et méthode d'enquête sur le terrain
17
1.2.4 Analyse des données collectées 18
1.2.5 Outils et traitements des données 18
CHAPITRE 2 : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 19
2.1: Présentation et localisation de la zone
d'étude 19
2.2: Les caractéristiques physiques de la zone
d'étude 22
2.2.1 : Le relief 22
2.2.2 : Le climat 23
2.2.3 : L'hydrogéologie 24
2.2.4 : Les sols 25
2.2.5 : La végétation 27
2.3: Les caractéristiques démographiques et
activités socio-économiques 27
2.3.1 : Caractéristiques démographiques 27
3
2.3.2 : Les activités socio économiques 29
2.3.2.1 : l'agriculture 29
2.3.2.2 : l'élevage 30
2.3.2.3 : les activités secondaires 31
CHAPITRE 3 : LE DEVELOPPEMENT DE L'IRRIGATION SUR LES
ESPACES
PASTORAUX 32
3.1 : Le potentiel irrigué dans les vallées des
dallols et du fleuve 32
3.1.1 : Les périodes du démarrage des
activités maraîchères 35
3.1.2 : Les problèmes que rencontrent les maraîchers
35
3.2 : Le potentiel irrigable dans les vallées des dallols
et du fleuve 36
3.3: Mode d'accès aux périmètres
irrigués 36
3.4 : le système d'élevage dans la zone des dallols
et de la vallée du fleuve Niger 40
3.5 : les incidences du développement de l'irrigation sur
les rapports sociaux 42
3.5.1 Situation de l'élevage et avis des éleveurs
42
3.5.2 : Les rapports sociaux entre les éleveurs et les
maraîchers 43
3.6 : Les avantages liés au développement de
l'irrigation 44
3.6.1 : Production de bourgou en irrigué : quelle
appréciation ? 45
3.7 : Les inconvénients et les risques liés au
développement de l'irrigation sur les espaces
pastoraux 46
3.8 : Les difficultés liées à l'accès
aux ressources pastorales et à la mobilité pastorale 48
3.9 : Les difficultés liées à l'application
des textes en vigueur, recompositions et
mutations du statut foncier. 50
3.9.1 : Méconnaissance du code rural et des ses
structures de démembrement (COFO)
50
3.9.2 : les avis des acteurs ruraux 50
3.10 : Entre recomposition et mutations foncières : quel
avenir pour l'élevage et le
pastoralisme aux dallols et sur la vallée du fleuve Niger
? 51
3.11: Discussions des résultats 53
CONCLUSION GENERALE 56
BIBLIOGRAPHIE 58
ANNEXES 61
4
Table des graphiques
Graphique 1: modes d'accès à la terre dans la
zone d'étude (enquête, 2013) 37
Graphique 2: modes d'accès à la terre dans
Département de Dogondoutchi (enquête, 2O13) 38
Graphique 3: modes d'accès à la terre dans le
Département de Tibiri (enquête, 2013) 38
Graphique 4 modes d'accès à la terre dans le
Département de Dioudjou (enquête, 2013) 39
Graphique 5: modes d'accès à la terre dans le
département de Gaya (enquête, 2013) 40
Graphique 6 : les effectifs du cheptel par systèmes
d'élevage et par départements dans la
région de Dosso (enquête, 2013) 41
Table des cartes
Carte 1 : présentation de la zone d'étude 20
Carte 2 : le potentiel irrigué de la zone d'étude
34
Table des photos
Photo 1 : les champs de la canne à sucre et du moringa
(Enquête, 2013) 33
Photo 2 : la culture de bourgou en irrigué à
Dolé dans la commune rurale de Tounouga
(Enquête, 2013) 45 Photo 3 : image d'un site
clôturé et d'un point d'eau ceinturé par les cultures
(enquête, 2013)
48
Table des figures
Figure 1 : profil topographique des vallées des dallols
Maouri et Fogha 23
Dédicace
5
Je dédie ce travail à ma grand-mère
:
Zeinabou GALADIMA
Remerciements
Au terme de cette étude, nous adressons nos vifs et
sincères remerciements à tous ceux qui ont de près ou de
loin contribué à l'élaboration de ce mémoire dans
le cadre du Schéma d'Aménagement Foncier (SAF) de la
région de Dosso avec l'appui de la coopération Lux
Développement/Niger.
Il s'agit particulièrement de Pr. YAMBA Boubacar, Pr.
BOUREIMA Amadou et Dr DAMBO Lawali, pour le choix qu'ils ont porté sur
notre personne pour la réalisation de ce travail; mais aussi pour
honneur qu'ils nous ont fait en dirigeant cette étude. Merci pour vos
encadrements.
C'est le lieu ici pour nous de remercier aussi, le conseil
régional de Dosso pour avoir a eu la clairvoyance et la hauteur d'esprit
d'initier de ce SAF avec le soutient des partenaires1 aux
développements.
Nos remerciements, vont également à l'endroit
des tous les cadres de différents services techniques et
autorités administratives et coutumières de la région de
Dosso. Qu'ils trouvent ici, toute notre profonde gratitude pour l'accueil
chaleureux qu'ils nous ont réservé et la promptitude avec la
quelle, ils nous ont aidé à travailler sur le terrain.
Nous adressons aussi, nos remerciements, à tous les
maraîchers et éleveurs pour nous avoir accordé des
entretiens malgré leurs multiples occupations.
Une pensée singulière aussi, à tous ceux
qui nous ont accompagné à pieds ou à motos à la
rencontre des producteurs ruraux.
Nous souhaitons remercier en fin, tous les membres de
l'équipe avec la quelle nous avons traversé la zone des dallols
et de la vallée du fleuve Niger.
6
1 Coopération Lux Dev, Département de
Géographie/UAM
7
Sigles et abréviations
ANPIP : Association Nationale pour la
Promotion de l'Irrigation Privée
CNCR : Comité National du Code
Rural
COFO : Commission Foncière
COFOCOM : Commission Foncière
Communale
COFOB : Commission Foncière de Base
COFODEP : Commission Foncière
Départementale
DDA : Direction du Développement
Agricole
DEIA/DM: Direction de l'Elevage et des
Industries Animales
FAO: Fonds des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture
FLSH: Faculté des Lettres et Sciences
Humaines
GPS: Global Position System
HA: Hectare
HBT: Habitants
IGUL : Institue de Géographie
Universitaire de Lausanne
INS: Institut Nationale des Statistiques
ONAHA : Office Nationale des
Aménagements Hydro- Agricole
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ORSTOM: Office de la Recherche Scientifique
et Technique d'Outre - mer
PDES : Plan de Développement
Economique et Social
PUCI : Programme d'Urgence pour le Culture
Irriguée
RECA : Réseau National des Chambres
d'Agriculture
RGP/H: Recensement Générale de
la Population et de l'habitat
RN : République du Niger
SPCR: Secrétaire Permanent du Code
Rural
KM : Kilomètre
M : Mètre
8
Résumé
La présente recherche porte sur les incidences
foncières du développement de l'irrigation sur les espaces
pastoraux dans les vallées des dallols (Maouri, Fogha) et du fleuve
(Gaya). L'objectif de ce travail est d'étudier ces incidences
foncières dans cette zone. Une méthode d'enquête semi-
directive a été privilégiée. A cet effet trois
guides d'entretiens ont été conçus. Ainsi, l'analyse de
nos résultats sur le terrain, a permis de révéler que le
développement de l'irrigation limite aux éleveurs et leurs
bétails l'accès aux ressources pastorales. Avec, le
développement et l'extension des superficies irriguées, on
assiste de plus en plus à la recomposition et aux mutations du statut
foncier. Cette situation a conduit à la dégradation des rapports
sociaux entre les maraîchers et les éleveurs. Ce qui a
poussé, certains éleveurs a quitté la zone des dallols et
du fleuve.
En plus de cela, il se pose dans cette région, des
problèmes de gestion des espaces liés aux difficultés
d'application des textes du code rural. Cela s'explique d'une part à
travers la méconnaissance du code rural n'ont pas seulement aux niveaux
des producteurs ruraux, mais aussi et surtout par certains cadres techniques en
charge de la vulgarisation de cet outil et de l'autre par des dérives en
matière de la gestion foncière.
Mots clés : Incidences, foncier,
espaces pastoraux, irrigation, recomposition
Summary
This research focuses on land development impacts of
irrigation on pastoral areas in the valleys dallols (Maouri, Fogha) and river
(Gaya).
The objective of this work is to study these effects in this
area. A method of semi-structured survey was privileged. For this purpose three
interview guides were designed.
Thus, the analysis of our results on the ground has revealed that
the development of irrigation limited to farmers and their livestock access to
pastoral resources. With the development and expansion of irrigated areas,
there is more to the restructuring and changes in land status. This has led to
the degradation of social relations between growers and ranchers.
Which prompted some farmers left the area dallols and river.
In addition to this, there arises in this region of space management problems
related to difficulties in applying the texts of the Rural Code. This is
explained partly through the ignorance of the Rural Code have not only at rural
producers, but also and especially by some technical staff in charge of the
extension of this tool and other abuses by on land management.
Keywords: Impact, land, grazing land,
irrigation, redial.
9
INTRODUCTION GENERALE
Le Niger est un pays sahélien situé dans la
frange semi-aride qui sert de transition entre le désert au Nord et les
zones plus humides au Sud. Ce pays, fait face à des contraintes
écologiques depuis plus de trois décennies. Il présente
à l'image des autres pays sahéliens une situation
socio-économique très difficile.
Cela, s'explique par la baisse chronique des
précipitations, ainsi que la forte pression démographique et la
dégradation des ressources naturelles (baisse de la fertilité des
sols). Cette situation a engendré la baisse des productions agricoles
qui ont conduit les paysans à une crise alimentaire sans
précédent et une pauvreté caractérisée.
C'est dans ce contexte, que les autorités nigériennes sont
engagées à l'adoption de l'irrigation comme stratégie de
développement agricole à fin de combler les déficits
alimentaires qui secouent le pays à tous les niveaux.
Au regard du potentiel des terres irrigables au Niger, environ
270.000 ha (RN : 2005a : 51), le développement de l'irrigation est
considéré comme un facteur clé pour améliorer la
situation alimentaire du pays et augmenter les revenus agricoles (JOANNE C,
2007).
Toutes ces terres irrigables, se situent dans les zones
humides où se pratique aussi l'élevage à cause des ses
fortes potentialités pastorales. Ainsi, la cohabitation de ces deux
activités dans un même espace a certes des atouts, mais aussi des
contraintes. Cette question se présente avec plus d'acuité dans
la région de Dosso particulièrement dans la zone des dallols et
de la vallée du fleuve Niger.
Ainsi, cette situation nous a poussé à mener
cette étude dans le cadre du schéma d'aménagement foncier
de la région de Dosso sur les incidences foncières du
développement de l'irrigation sur les espaces pastoraux dans les
vallées des dallols Maouri, Fogha et du fleuve (Gaya).
Ce travail de recherche comporte trois (3) chapitres.
Le premier, porte sur le cadre théorique et
méthodologique de cette recherche. Il parle de la mise en contexte et de
justification du choix de sujet avant de s'interroger et de s'exposer sur la
pertinence de la problématique, ainsi que les outils et méthodes
qui nous ont permis d'aboutir à la collecte des données et
à la réalisation de ce travail.
Le deuxième chapitre, situe et présente la zone
d'étude dans toutes ses dimensions. Il s'agit là de la
présentation des caractéristiques physiques, ainsi que les
aspects socio-économiques de la population. Elle couvre quatre
départements à savoir : Dogondoutchi, Tibiri, Dioundiou et
Gaya.
10
Le troisième, traite du développement de
l'irrigation sur les espaces pastoraux. Ce chapitre parle du potentiel
irrigable et irrigué de la zone d'étude ainsi que les
activités maraîchères, ses contraintes et les modes
d'accès aux périmètres irrigués. Après ce
point, nous avons cherché à décrire le système
d'élevage dans le contexte des dallols et de la vallée du fleuve
Niger. Il est aussi question de montrer les avantages, les inconvénients
dus au développement de l'irrigation sur les espaces pastoraux ainsi que
les risques que peut engendrer cette situation. En fin quelques
difficultés liées à l'application des textes sont
évoquées.
11
CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA
RECHERCHE
Pour bien comprendre et cerner ce sujet, nous avons
prévu de faire le point de la problématique avant de poser
véritablement le problème. Ce chapitre traitera donc du cadre
théorique de cette étude ainsi que, la méthodologie qui
nous a permis à réaliser ce document.
1.1Cadre théorique de l'étude
1.1.1 Revue de la littérature
La pratique des cultures irriguées a fait l'objet de
nombreuses études réalisées à des niveaux
différents. La préoccupation première des pays
sahéliens en général et du Niger en particulier est de
subvenir aux besoins alimentaires de leurs populations. Le Niger peine encore
à répondre aux grands défis qui se posent à lui.
L'un de ces défis est surtout La souveraineté alimentaire. C'est
dans cette logique, que le gouvernement nigérien s'est lancé dans
la généralisation et l'intensification de la pratique de
l'irrigation aux différentes échelles (PDES, 2012). Depuis lors,
une attention particulière est mise sur les cultures de contre saison
particulièrement les cultures maraîchères en raison de leur
multiple contribution à la sécurité alimentaire en
comblant surtout les déficits alimentaires par les revenus
générés.
Les travaux de DAMBO, (2007) ont abondé dans le
même sens en montrant l'importance de ces cultures liées à
la sécurité alimentaire dans le département de Gaya. Ces
cultures sont sensées résoudre au moins en partie le
déficit alimentaire devenu chronique engendré par les
sécheresses répétitives et les autres calamités
naturelles. Il a aussi par la suite, montré les contraintes liées
à la cohabitation de deux secteurs (agriculture et élevage) dans
le contexte des dallols et la vallée du fleuve.
Dans cette zone, l'extension des superficies irriguées
a accentué l'exacerbation des tensions entre acteurs ruraux.
Parlant toujours de l'avenir de la cohabitation entre
l'élevage et l'irrigation privée dans le sud du
département de Gaya JOANNE C, (2007), tire la conclusion suivante «
éleveurs et agriculteurs se côtoient sur un même espace,
aujourd'hui principalement occupé par l'agriculture dont la pratique a
tendance à s'intensifier. Cela se traduit par une extension des terres
mises en cultures entraînant donc nécessairement une
réduction de l'espace disponible pour l'élevage.
C'est ainsi que, dans une note adressée aux
décideurs en 2007, la réflexion des groupes de chercheurs sur
l'avenir de l'élevage et du pastoralisme au sahel et en Afrique de
l'Ouest s'est
12
résumée en ces termes : La réduction
drastique de pâturage due à l'extension des surfaces
cultivées, l'occupation agricole des espaces pastoraux
stratégiques (ressources alimentaires de saison sèche) et «
l'oubli » de l'élevage dans les grands aménagements hydro -
agricoles nuisent à l'accès du bétail aux ressources. Ce
qui subsiste des difficultés et des conflits liés au
déplacement des troupeaux dans la région.
Les travaux de Bertrand G et al, (2011), ont abondé
dans le même sens. En effet, dans une étude réalisée
dans la partie orientale, méridionale et centrale en milieu rural
Tchadien, ils ont fait ressortir les contraintes que subie l'élevage et
le pastoralisme liée à l'extension des cultures irriguées
: l'extension des superficies cultivées provoque la complexification
dans le déplacement des animaux. Les axes de transhumance sont assez
très restreints, parfois carrément obstrués et c'est sur
des kilomètres. Les troupeaux sont ainsi pris au piège et cette
situation dégrade les relations agriculteurs et éleveurs. Cela se
traduit progressivement par une précarisation des droits d'accès
aux ressources pastorales.
A cet effet, l'explosion démographique est à
l'origine du défrichement incontrôlé des espaces jadis
considérés comme aire de pâturage, de séjour des
animaux (ABDOUL K, 2012).
Au-delà de l'explosion démographique, les
analyses de HAMBALY, (2006) dans la région de Gaya ont relevé
deux autres facteurs pouvant expliquer l'ampleur et la persistance des conflits
fonciers. Il s'agit de l'exploitation partagée des ressources naturelles
au tour des bas fonds, de la contestation des anciens modes d'accès
à la terre et des problèmes de grignotage des limites des
terres.
C'est dans le même ordre d'idée, que NDOYA-ALLAH
Bantiga, (2013), a tiré la conclusion suivante en parlant des dynamiques
des cultures maraîchères aux abords des ouadis à l'est du
Tchad : aujourd'hui, les problèmes fonciers se posent avec une urgence
nouvelle. En effet, même si par endroit l'on constate que les espaces
sont infinis, il apparait clairement que la pression sur les terres commence
à se faire sentir. Cette pression est particulièrement
marquée là où (abords des ouadis) l'agriculture et
l'élevage occupent une place dans l'économie de ces populations.
Pratiquant pour l'essentiel une agriculture et un élevage extensif,
agriculteurs et éleveurs de cette localité sont en concurrence
sur certaines terres. Le risque de saturation foncière pourrait aussi
multiplier les conflits autour de la terre : c'est le cas entre pasteurs et
agriculteurs par exemple pour l'accès à l'eau et au
pâturage.
Ainsi, la dynamique du front pionnier a progressivement
modifié les relations tissées entre l'agriculture et
l'élevage : si des formes de complémentarités ont
été développées, les concurrences spatiales se sont
accrues (ALEXIS G et al, 2011). Le pastoralisme, l'agro-pastoralisme et
l'agro-élevage trouvent une inscription spatiale de plus en plus
concurrentielle
13
pour l'accès aux ressources naturelles. Dans une
étude menée dans l'Ouest du Burkina Faso, sur les relations
agriculture-élevage et recomposition des territoires ruraux, ces auteurs
ont montré les problèmes que rencontrent les éleveurs et
leurs troupeaux face à l'envahissement des espaces pastoraux et aux
difficultés liées à l'accès à l'eau et aux
pâturages faute du développement de l'irrigation. Il s'agit
là, des espaces périphériques et des bas-fonds qui sont
longtemps délaissés par les agriculteurs. Ce sont des terres
lourdes et saisonnièrement inondées donc, impropres à la
culture.
On constate ainsi, les mêmes préoccupations dans
la zone des dallols et de la vallée du fleuve Niger au Niger.
La plupart des espaces auparavant dévolus à
l'élevage comme pâturage ont ainsi été mis en
culture. L'élevage a été la grande victime de la «
course à la terre » (TERSIGUEL P, 1995). Des pistes à
bétail ont été aménagées pour
sécuriser les cultures face aux dégâts des animaux. Cet
aménagement est un bon exemple pour le changement de la fonction des
espaces pastoraux (Alexis G et Bernard T, 2012).
Ce cas de figure se présente avec une certaine
acuité dans la zone du fleuve. En effet, dans la région de Dosso,
ces zones constituent le sanctuaire des conflits entre les éleveurs et
les agriculteurs. En saison sèche, les vallées des dallols et du
fleuve constituent les endroits les mieux adaptés pour l'exploitation
des ressources pastorales au regard de ses fortes potentialités. Mais,
ces dernières années, le développement de l'irrigation sur
ces espaces a exacerbé la multiplication des conflits entre les
producteurs ruraux.
1.1.2 Problématique de la recherche
Dès l'indépendance, le développement
durable a été au coeur des préoccupations des
autorités nigériennes. Face à la croissance
démographique galopante et aux sécheresses qui frappent durement
le pays de façon récurrentes, le sous secteur de l'irrigation est
vite apparu aux yeux des dirigeants comme une priorité en matière
de politique agricole en vue d'intensifier et sécuriser la production
vivrière face aux aléas climatiques (DAMBO et al, 2011).
Cette volonté politique a vu le jour, dès le
début des années 1930 à travers la poursuite
d'études des possibilités d'aménagement du fleuve Niger
initiée depuis la période coloniale et le développement
des grands périmètres irrigués.
Au regard du potentiel des terres irrigables au Niger, environ
2700002 ha, l'extension de l'irrigation est considérée
comme un facteur clé pour améliorer la situation alimentaire et
augmenter les revenus agricoles. Bien que le pays soit au trois quarts (3/4)
désertique, il
2 DAERA, 2006
14
dispose en effet d'importantes réserves
inexploitées en eaux souterraines et de surface (fleuve, mares, nappes
peu profondes etc.) utilisables à des fins agricoles (Beck et Girardet,
2003).
La majorité des terres irrigables de notre pays se
situent dans la vallée du fleuve Niger (52%) sous réserve d'une
régulation du cours d'eau et dans les dallols (41%), anciennes
vallées fluviatile aujourd'hui fossiles à savoir le Sud Ouest du
pays (JOANNE C, 2007).
Par ailleurs, dans ces dernières décennies, des
changements profonds dans les relations agriculture et élevage ont
été relevés. L'espace pastoral s'est restreint en
même temps que son occupation se densifie. Ainsi, les conflits entre
agriculteurs et pasteurs aboutissent à la rupture de l'ancienne
complémentarité entre agriculture et élevage.
Au cours de dernières décennies, la perte de
l'accès aux terres pour les pasteurs a été
supérieure à celle subie par presque tous les autres utilisateurs
des ressources, ce qui a gravement compromis l'option de subsistance (BRUCE H
Moore, 2008).
La réduction et la dégradation des espaces
pastoraux ont confiné les éleveurs sur des terres marginales
souvent inaptes à l'élevage. Outre les pertes animales que cette
situation occasionne, la productivité du bétail s'en est
trouvée sérieusement atteinte.
De ce fait, une partie des éleveurs s'est
sédentarisée, ou a abandonné l'élevage de certaines
espèces souvent très sensibles à la sécheresse. La
conséquence sociale la plus immédiate a été la
redéfinition du contrôle sociale de l'espace. La question
foncière est devenue un « fait social ». La terre devient un
enjeu et des nouvelles stratégies d'occupation de l'espace sont entrain
de voir le jour (Giancarlo PINI et Vieri T, 2007).
Cette situation, se présente avec plus d'acuité
dans la région de Dosso au niveau des vallées du dallol surtout
avec la mise en cultures des espaces pastoraux. Ainsi, à l'instar des
autres régions du Niger, la zone des dallols abrite une population
essentiellement rurale qui tire des activités d'exploitation des
ressources naturelles, les moyens de sa subsistance.
L'extension de la culture irriguée a exacerbé la
compétition pour l'accès aux terres surtout des vallées
qui sont désormais clôturées et donc inaccessibles aux
pasteurs et à leurs troupeaux (Mahaman L Danda et al, 2006). Il se pose
souvent des problèmes de gestion des espaces destinés à
l'agriculture et à l'élevage. Il y'a de ce fait, une certaine
compétitivité qui se manifeste par le désir des pasteurs
d'avoir libre accès aux ressources et le souci de protection des
cultures par les agriculteurs qui clôturent les sites pour
prévenir les dégâts (Waziri Mato, 2000, 204).
15
Pourtant, l'élevage dans la zone des dallols est
également pratiqué sous une forme extensive et qui consiste dans
un système de cueillettes et d'exploitations des ressources
végétales par l'animal.
Dans ces conditions, la compétition pour y avoir
accès est de plus acharnée, ce qui ne va pas sans
conséquences souvent soldées par des conflits meurtriers entre
acteurs. Face à tous ces problèmes d'usages accrus autour des
ressources naturelles en particulier (l'eau, la terre) et de gestions des
espaces il est donc important de poser ces questions :
Quels sont les potentiels irrigués et irrigables dans la
zone d'étude ?
Quels sont les avantages, les inconvénients et les
risques liés au développement de l'irrigation sur les espaces
pastoraux ?
L'application des textes en vigueur, ne
présente-t-elle pas des limites dans
la zone d'étude ?
Ainsi, la prise en compte de ces interrogations permettra
d'apporter notre modeste contribution à la gestion des ressources
naturelles et aux questions foncières dans une zone où ces
problèmes se posent avec acuité.
Cette étude s'inscrit dans le cadre du schéma
d'aménagement foncier de la région de Dosso qu'a initié le
conseil régional avec l'appui de la coopération luxembourgeoise
et la collaboration de la Faculté d'Agronomie (FA) et le
département de Géographie de l'Université Abdou Moumouni
de Niamey (UAM). A cet effet, plusieurs thématiques ont
été attribuées aux étudiants pour bien
compléter et renforcer les travaux réalisés par les
enseignants chercheurs dans le même cadre afin de fixer la vocation des
terres.
C'est ainsi que notre sujet se présente comme suit :
« Incidences foncières du développement de l'irrigation sur
les espaces pastoraux dans les vallées des dallols Maouri, Fogha et du
fleuve (Région de Dosso) ».
1.1.3 Les hypothèses de la recherche
? Le développement de l'irrigation dans les
vallées des dallols et du fleuve réduit l'accessibilité
aux ressources pastorales et la mobilité du bétail.
? L'application des textes en vigueurs relève des
insuffisances au niveau de la zone d'étude.
16
1.1.4 Les objectifs de la recherche 1.1.4.1 Objectif
général
L'objectif général visé à travers
cette recherche est d'étudier les incidences foncières du
développement de l'irrigation sur les espaces pastoraux dans les
vallées des dallols Maouri, Fogha et du fleuve.
1.1.4.2 Objectifs spécifiques
Les objectifs spécifiques de cette étude cherchent
à:
? Localiser les potentiels irrigués et irrigables de la
zone d'étude.
? Identifier les avantages, les inconvénients et les
risques liés au développement de
l'irrigation sur les espaces pastoraux;
? Identifier les difficultés liées à
l'application des textes afin de faire des propositions.
1.1.5 Définition des termes et concepts
Incidence : selon le dictionnaire LAROUSSE,
ce terme désigne la répercussion plus ou moins directe de quelque
chose : conséquence. Cette définition nous semble explicite dans
le cadre de cette étude.
Foncier : « C'est l'ensemble des terres
vues sous l'angle de leur appropriation et de leur occupation », R .B et
al, 1982
Irrigation : du point de vue
étymologique et historique, irriguer et irrigation sont empruntés
au latin « irrigare » et « irrigatio », qui exprime
l'action de faire couler dans une certaine direction (liquide ou sorte
de courant) d'où arroser, baigner (un lien, un objet)
dérivé du verbe rigare à peu prés le même
sens.
Ainsi, le terme irrigation à
été propulsé au début du 20e
siècle, époque où les grands équipements
hydrauliques se sont développés pour combler les pénuries
d'eau, permettre l'intensification de l'agriculture et engendrer une nouvelle
révolution agricole (Mollard E et Walter A, 2008). C'est donc,
l'opération consistant à apporter artificiellement de l'eau
à des végétaux cultivés pour augmenter la
production, et permettre leur développement normal en cas de
déficit pluviométrique, un drainage excessif ou une baisse de
nappe en particulier dans les zones arides.
Espaces pastoraux : selon l'ordonnance
n° 2010-29 du 20 mai 2010 relative au pastoralisme du Ministère de
l'Agriculture et de l'Elevage, ce sont des espaces destinés à
l'élevage
17
supportant une ou plusieurs ressources pastorales3
pouvant être librement utilisées par les pasteurs et leurs
troupeaux au cours de leur parcours.
Dans le cadre de cette étude, sont
considérés comme espaces pastoraux, les mêmes espaces
destinés à l'agriculture qui sont utilisés par les
éleveurs après la campagne agricole dans le contexte des
dallols.
Il s'agit des affluents du fleuve, aujourd'hui fossiles
disposants d'énormes potentialités en ressources naturelles
(terres, eau, fourrages, sel, natron) favorables aux cultures et à
l'élevage. Vallée : c'est une dépression
de forme géographique généralement de configuration
allongée et façonnée dans le relief par un cours d'eau ou
un glacier.
1.2 Outils et méthodes de la
recherche
1.2.1 Recherche bibliographique
Pour mener à bien ce travail de recherche scientifique,
une étude des séries documentaires s'avère
nécessaire. Il s'agit de réunir un certain nombre d'ouvrages
généraux ayant abordés les questions foncières,
ensuite, de consulter tous les documents disponibles relatifs à la
thématique. Cela, nous permettra de situer et de comprendre sans
ambiguïté le sujet à étudier. Ces recherches
documentaires ont été réalisées dans les
bibliothèques, les différents services techniques, à
l'internet et auprès des personnes ressources qui ont des connaissances
approfondies sur le domaine.
Sur le terrain, nous étions intéressés
aux différents centres des documentations et aux personnes
ressources.
1.2.2 Observation et délimitation de la zone
d'étude
La deuxième étape consiste à
l'observation directe sur terrain d'étude. Cela nous a permis d'avoir
une idée du terrain d'étude et d'être en contact avec.
Cette visite nous a permis de photographier certains aspects du terrain et de
le situer géographiquement avec les outils appropriés. Ces outils
sont entre autres les appareils numériques, les GPS (Global position
system) pour les prises des coordonnées géographiques.
1.2.3 Fiche et méthode d'enquête sur le
terrain
Pour la réalisation de cette étude, une fiche
d'enquête a été conçue pour servir de support
d'entretien avec la population cible. Il a été important de
choisir une méthode d'enquête semi-
3 Ensembles des ressources naturelles et artificielles
nécessaires à l'alimentation du bétail. Elles sont
constituées notamment de l'eau, de pâturage, des sous produits
agro-industriels et des terres salées.
18
directive. Elle permet de recueillir les informations
qualitatives sans influencer les personnes enquêtées. Un guide
d'entretien a été élaboré à cet effet.
C'est un document qui donne des idées sur les questions
à discuter avec l'interlocuteur. Ce qui est important avec ce canevas,
c'est de faire en sorte que rien d'essentiel ne soit omis. Trois guides
d'entretien ont été élaborés aux maraîchers,
aux éleveurs et aux cadres de services techniques et personnes
ressources telle que les associations des maraîchers, éleveurs, et
les organisations paysannes.
Sur l'ensemble des dix neuf communes, nous nous sommes
intéressés aux villages où l'irrigation est beaucoup plus
développée. En général, trois à quatre
villages ont été visités par commune. En moyenne, deux
maraîchers par village sont choisis au hasard et administrés en
dehors des autres acteurs.
Dans le cadre de cette étude, cent cinquante trois
(153) personnes ont été questionnées dans soixante
huit(68) villages dont quatre vingt treize (93) maraîchers, vingt trois
éleveurs (23) et trente sept cadres de différents services
techniques (37). Il s'agit des services de l'agriculture, de l'élevage,
de génie rural et celui de commission foncière.
1.2.4 Analyse des données collectées
C'est le dépouillement des travaux effectués sur
le terrain et de la recherche bibliographique. Ce qui a permis d'analyser les
données et de procéder à l'élaboration et à
la rédaction du document.
1.2.5 Outils et traitements des données
? Word et Excel pour les traitements des textes,
les tableaux et les graphiques;
? ArcViewGIS3.2a pour la conception et la
réalisation des cartes de localisation et d'occupations des sols.
19
CHAPITRE 2 : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
Il s'agit dans ce chapitre, de présenter
essentiellement la zone d'étude ainsi que ses principales
caractéristiques physiques et socio-économiques.
2.1: Présentation et localisation de la zone
d'étude
La région de Dosso est drainée par le bassin
versant moyen du Niger. Du point de vue spatiale, les vallées des
dallols Maouri, Fogha traversent la partie Est de cette région sur une
direction Nord-Sud dans les Départements de Dogondoutchi, Tibiri,
Dioundjou et Gaya où ils confluent avec la vallée du fleuve Niger
à Dolé dans la commune rurale de Tounouga. La partie
concernée par cette étude couvre, les quatre départements
cités plus haut. Ils sont limités au Nord par le
département de Filingué et Illéla, au Sud par la
république du Bénin, à l'ouest par le département
de Loga et la commune urbaine de Dosso et à l'Est par la
république fédérale du Nigéria.
20
Carte 1 : présentation de la zone
d'étude
21
Ainsi, dans sa partie orientale, le Dallol Maouri constitue un
élément hydrographique important de la zone. Il est situé
à 200 km au Sud-Est de Niamey, et draine le flanc oriental de l'Ader
Doutchi et rejoint le fleuve Niger avant son entrée au Niger.
Cette vallée fossile présente un
écoulement saisonnier se limitant à la saison des pluies. Il
s'associe au Dallol Fogha qui est son affluent principal avant de se jeter dans
le fleuve en aval de Gaya (Dolé). Selon la monographie de la
région de Dosso, cette vallée morte du fleuve a une longueur de
350 km et une largeur moyenne de 4,75 km. Sa superficie est de l'ordre de 1710
km2. Le niveau statique de la nappe varie de 0 à 20 m par
endroits (Guéro A, 2003) Quant à la vallée du Dallol
Fogha, elle est moins large que la première avec de ramifications
importantes vers l'amont. Elle se jette dans le Dallol Maouri au confluent de
Bana vers Bara. Elle se présente sous forme d'une nappe fortement
minéralisée; ce qui rend l'agriculture moins favorable surtout
les cultures irriguées à cause de la présence du sel.
La vallée du Dallol Fogha traverse les communes de
Dioundiou au Sud, Yélou, Bana puis Gaya. Elle a une longueur de 267 km
et une largeur moyenne de 2,5 km. Sa superficie est estimée à 660
km2. Le niveau statique de la nappe varie comme au Dallol Maouri de
0 à 20 m par endroits.
Ces deux Dallols totalisent une superficie de 2370
km2, à l'intérieur de Dosso, sur une superficie de
31000 km2 soit 7,64%.
Quant à la vallée du fleuve, elle traverse la
zone d'étude dans sa partie plus au sud au niveau du département
de Gaya. Elle arrose le département sur plus de 100 km. Les eaux du sous
sol sont aussi abondantes, car cette zone dispose de sept systèmes
aquifères importants dont les plus utilisés par les habitants
sont celles du fleuve, la nappe phréatique du dallol Maouri (profondeur
30 cm) et les nappes alluviales des dallols Maouri et Fogha (Géoconseil,
1998, cité par Dambo, 2001).
Ainsi, dans l'ensemble, la zone du fleuve et ses affluents
sont le domaine de système de production avec maîtrise de l'eau
rencontrés sur les aménagements hydro-agricoles sur une
superficie de 9000 hectares exploitables dont 7000 ha exploités par an
en deux campagnes consacrées à la riziculture.
A côté de ce système, se pratique un
système de production semi intensif sous irrigation traditionnelle sur
quelques 15000 ha et des cultures de contre saison par 30000 familles sur
environ 10000 ha. Ce qui fait la spécificité de
la zone des dallols et du fleuve, ce sont ses fortes potentialités en
ressources naturelles notamment, les terres irrigables, la disponibilité
en eau et en fourrages.
A cela, s'ajoute d'autres atouts favorables à
l'élevage : la présence de sel et du natron.
22
2.2: Les caractéristiques physiques de la zone
d'étude
2.2.1 : Le relief
Le relief de la zone des dallols et de la vallée du
fleuve est constitué de trois principales unités topographiques.
Il s'agit :
? Un plateau gréseux généralement
recouvert d'une carapace latéritique fissurée dont le pendage
dans la partie orientale du Dallol est de direction Nord-Est Sud-Ouest. Ce
plateau est caractérisé par du sable d'origine éolienne.
Cet ensemble morphologique est limité par des falaises plus ou moins
raides entaillées par les affluents fossiles du fleuve Niger qui sont le
Dallol Maouri et Fogha (Dambo, 2001).
Ces deux niveaux de plateaux provenant des séries du
Continental Terminal (CT3), constituent les plus hautes terres du sud de la
zone d'étude dominant de 20 à 30m les vallées des dallols
Maouri et Fogha qui les entaillent (cf figure n°1).
23
Figure 1 : profil topographique des vallées des
dallols Maouri et Fogha
? Un niveau intermédiaire constitué de terrasses
sableuses.
? Une plaine alluviale à faible pente, d'orientation
Nord-Sud occupée par les lits résiduels des deux Dallols.
C'est sur ces terres que se développe la pratique de
l'irrigation.
2.2.2 : Le climat
Du Nord au Sud, la zone d'étude est partie du 14e
parallèle jusqu'au 11e parallèle à
l'extrême sud dans le département de Gaya. Ainsi, les
caractéristiques géographiques placent ce vaste
24
ensemble synclinal dans la zone sahélo-soudanienne.
Cependant, il existe des variations au sein de la zone. A cet effet trois (3)
types de climat se distinguent :
Au Nord, dans le département de Dogondoutchi, le climat
est de type sahélo saharien subdésertique avec une
pluviométrie annuelle de l'ordre de 300mm ;
La zone sahélo soudanienne au centre avec une
pluviométrie annuelle inférieure à 600mm par an. elle
couvre le sud du département de Dogondoutchi, jusqu'au nord Yélou
en passant par Tibiri et Dioundiou ;
Du Sud de la commune de Yélou jusqu'au
département de Gaya, le climat est de type soudanien avec une
pluviométrie annuelle supérieure à 800 mm. C'est la zone
la plus arrosée sur le territoire national.
Globalement, le climat est marqué par une saison des
pluies allant de Mai en Septembre, et une saison sèche d'octobre en
Avril. Les pluviométries moyennes se situent entre 300 mm au nord et de
800 mm au sud.
Les principaux vents influant la zone sont l'harmattan et la
mousson. L'harmattan est un vent d'origine continentale d'orientation Nord-Est
- Sud-Ouest. Quant à la mousson, elle est d'origine océanique
d'orientation Sud-Ouest - Nord-Est. Ainsi, plusieurs cultures
maraîchères sont sensibles aux dégâts
provoqués par le vent surtout l'harmattan qui est un vent chaud et sec
souvent chargé des poussières qui soufflent pendant la saison
sèche.
Les températures maximales varient de
41°C en avril à 32°C au mois d'août. Les
températures minimales varient elles aussi de 27°C en août
à 18°C en novembre. L'évapotranspiration potentielle
annuelle est de 2356 mm à Gaya (MH/E, 2001). Ainsi, les
températures peuvent avoir des effets positifs et indésirables
sur les plantes. Elles peuvent être trop élevées ou basses
pour assurer la croissance ou la production satisfaisante d'une culture
donnée. Les températures basses peuvent endommagées les
tissus immatures. A cet effet, on peut dire que chaque culture requiert une
température optimale pour croitre ou se développer de
façon satisfaisante.
2.2.3 : L'hydrogéologie
La zone d'étude dispose d'un réseau
hydrographique composé essentiellement du fleuve, des dallols (Maouri et
Fogha) et des mares le long de ces vallées fossiles.
? les eaux souterraines : elles sont constituées des
nappes du Continental Terminal assez profonde au nord du département de
Dogondoutchi et celle en charge du Continental Intercalaire avec des
affleurements en surface assez importants dans les communes du sud de la zone
d'étude.
25
? les eaux de surface sont composées des eaux du
fleuve, les cours d'eau saisonniers des dallols et les mares permanentes et
semi permanentes.
y' Il faut noter que le fleuve Niger est le seul cours d'eau
permanent du pays traversant la partie sud de la zone d'étude dans le
Département de Gaya. Ces hautes eaux s'étalent de Janvier
à Février et la période des basses eaux se situant de Mai
en Juin avec un débit variant de 3000m3/s à 140m3/s.
Il traverse le Département de Gaya dans sa partie
sud-ouest et sud sur une distance de 106km, soit le 1/5 de sa
longueur dans le territoire nigérien (Dambo, 2007).
y' Le Dallol est un cours d'eau à écoulement
saisonnier traversant les départements de la partie Est de la
région de Dosso. Sur les dix neuf communes, seule la commune rurale de
Dogonkiria n'est pas drainée par cette vallée. Cependant, il
existe de bras morts de cette vallée présent dans ladite commune.
Il traverse le Sud de la commune de Dioundiou, Yélou, Bana rejoignant le
Fogha avant que ce dernier se jette dans la vallée du fleuve Gaya
à Dolé.
En plus de ces cours d'eau permanents et saisonniers,
s'ajoutent de nombreuses mares permanentes et semi permanentes
concentrées surtout au centre de Dogondoutchi et surtout dans les
communes du sud des dallols. Les mares sont utilisées pour les cultures
de contre saison, l'abreuvement des animaux, et d'autres activités comme
la fabrication des briques et la pisciculture. Mais, ces mares sont
affectées par l'ensablement, les fortes pressions humaines et
animales.
2.2.4 : Les sols
De façon générale, il existe trois types
des sols dans la zone des Dallols : y' Les sols de terrasses et de talus en bas
de falaises qui démarquent la bordure des Dallols. Ces sols riches en
argile et minerais sont issus de l'érosion des falaises et des
dépôts d'alluvions en saison de pluie, des koris se
déversant dans les Dallols.
y' Les sols des bordures des Dallols constitués de
sable d'origine alluviale avec faible teneur en éléments
fertilisants; ces sols sont par contre facile à exploiter. Ils sont donc
cultivés intensivement en raison de la pluviométrie et de la
forte densité.
y' Les sols hydromorphes dans les fonds dallols et autour des
mares. Ce sont des sols lourds, mais riches en argile et en matières
organiques. Ces sols sont cependant fragiles et s'épuisent
rapidement.
Par ailleurs, les travaux de DAMBO, 2007 ont montré que
ces sols hydromorphes sont localisés aussi sur la vallée du
fleuve, ils sont par contre halomorphes dans la vallée du dallol
26
Fogha où le taux en chlorure de sodium est très
élevé. Il s'agit des sols argileux et lourds donc difficiles
à travailler. Ces types des sols excepté le risque de
salinisation, plusieurs cultures peuvent être pratiquées
(riziculture, maraîchage, canne à sucre...). Ils sont de nos jours
surexploités et l'apport en matière organique est
nécessaire au vue de l'intensification des cultures irriguées.
Entre le dallol Maouri et le fleuve, sont rencontrés
sur les plateaux ensablés du Sud les sols ferralitiques sur argiles
sableuses, parfois associés à des sols ferrugineux
lessivés. Ils offrent une grande capacité de stockage d'eau
(Dambo, 2007).
Les travaux réalisés dans le cadre de la mise en
valeur du dallol Maouri en 1970 par la FAO (pp55-56) ont identifié huit
types des sols :
( Les sols minéraux bruts (lithosols) ou peu
évolués (régosols): les affleurements de cuirasses et de
grés ferrugineux du Dallol forment le groupe des lithosols. Les placages
colluviaux sur dalles anciennes et les colluvions
hétérogènes stratifiés de glacis forment le groupe
des régosols. Ces sols sont pauvres et présentent aucune valeur
agronomique.
( Les sols steppiques: ce sont des sols à l'horizon
supérieur humidifié, brun reposant sur un horizon rouge.
( Les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés en fer:
ce sont des sols à couleur brun jaune devient jaune vif en profondeur.
Les ergs récents avec modelé en petites buttes en constituent le
groupe de ces sols.
( Les sols ferrugineux tropicaux lessivés en fer: ces
sols se rencontrent sur ensablement épais à bon drainage vertical
ou sur les plateaux avec une faible alimentation en eau.
( Les sols ferrugineux tropicaux lessivés en fer,
à concrétion: on les rencontre sur:
- Les ergs anciens à modelé peu accusé
avec termitières arasée et concrétionnement de nappe
à la base du profil.
- Sur les sables grossiers de la vallée à
alluvions sableuses remaniées en buttes basses et concrétions par
action de la nappe actuelle.
( Les sols ferrugineux tropicaux lessivés: on les
trouve sur matériau sablo-argileux des petites vallées et des
placages sur versants à faible pente.
( Les sols ferralitiques: on les trouve sur les argiles
sableuses à profil tronqué par l'érosion.
( Les sols hydromorphes: on les trouve dans la basse
vallée du Dallol. Ce sont des sols à Gley de profondeur,
associés à des sols à alcalis avec engorgement de la
nappe.
27
2.2.5 : La végétation
Elle est fonction de la pluviométrie et de
l'exploitation des terres agricoles et le pastoralisme. La zone d'étude
appartient à la zone géobotanique soudano-sahélienne.
Le domaine sahélien présente une
végétation de steppe caractérisée par des
formations contractées ou arbustives claires dans la partie nord du
département de Dogondoutchi, et aussi à des types plus diffus et
arborés dans le sud Gaya. Une autre partie du sud Gaya renferme des
ressources floristiques intégrant aussi, l'un des plus grands
peuplements de rôniers de l'Afrique Occidentale. Sur les terrasses
fossiles des dallols s'étend une végétation à
savane arborée arbustive caractérisée par une strate
herbacée continue où dominent les graminées vivaces de
grande taille. Dans les zones plus basses et proches du fleuve, on rencontre
des espèces comme : Vitex doniana, Prosopis africana, Balanites
aegypsica... (Dambo, 2007). La végétation des sols à
hydromorphie de profondeur se reposant sur des sols de dépression et les
interbuttes non inondables. Les principales espèces ligneuses sont
constituées de Borassus aethiopum, Acacia nilotica, etc.
Le long des dallols, du fleuve et sur les alluvions plus
récentes on rencontre les peuplements denses de Borrassus aethiopium
(rônier), de Hyphaene thebaica, des
combrétacées...
Il existe aussi, la végétation des sols
inondés constitués des groupements végétaux sur les
mares situées sur le Continental Terminal, le glacis et les
vallées des Dallols. Ces sont les Hygrophilas senegalensis, les
Oryzas longistaminata, nodiflora, sur les mares de glacis...
Le couvert ligneux est composé d'Acacia nilotica,
d'Acacia sieberiana, Anogeissus Ieiocarpus, etc. La présence d'une
végétation naturelle particulière de cette zone favorise
le développement de l'élevage.
2.3: Les caractéristiques démographiques
et activités socio-économiques
2.3.1 : Caractéristiques démographiques
Selon le recensement général de la population et
de l'habitat de 2001(RGP/H), la population de la région de Dosso
comptait 1.505.864 personnes auxquelles plus de 50% sont de sexe
féminin. Cette population est passée 10 ans plus tard à
2.078.339 habitants (INS, 2011) avec plus de 93% des populations qui vivent en
milieu rural.
La zone d'étude couvre quatre départements de
l'Est de la région (Dogondoutchi, Tibiri, Dioundiou et Gaya). Avec une
superficie de 16382 km2, cette zone compte 1.032.083 habitants en 2011 soit
approximativement 50% de la population totale de la région. Cette
concentration humaine s'explique du fait que ces quatre départements
regorgent de fortes
28
potentialités naturelles (terres agricoles, ressources
en eau...). L'une des caractéristiques de cette population ce qu'elle
est aussi relativement jeune et évolue à un rythme rapide
à l'image de celle de la région et du pays tout entier.
Il est important de préciser que dans cette analyse
démographique, nous avons considéré les nouveaux
départements4 dans leurs anciennes entités
d'origines.
Ainsi, la population de Dogondoutchi est passée de
314.607 habitants en 1988 à 682.289 personnes en 2011 soit une
augmentation de plus de 50% en l'espace de 22 ans. Avec un taux d'accroissement
naturel qui évolue de 2,91% en 1988 à 3,27 en 2001, la
région enregistre aussi, une densité de 59,94 hbts/km2 en
2010.
Quant à la population rurale, elle était de
453.931 habitants en 2001 soit 94% de l'effectif total. Il faut noter que cette
population est concentrée dans la vallée de dallol compte tenu
des conditions favorables aux activités rurales au premier rang desquels
l'agriculture et l'élevage. Cette concentration humaine n'est pas sans
conséquences car d'ores et déjà on remarque une forte
pression anthropique sur les ressources (terres, végétation), et
entraîne parfois des conflits sociaux entre les principaux acteurs
(agriculteurs et éleveurs). La dégradation des terres
liées aux fortes pressions a conduit à l'occupation des espaces
pastoraux dans la zone des dallols et du fleuve. Cette situation a des impacts
directs sur l'élevage et son système, car avec l'envahissement
des enclaves, des aires de repos ainsi que les couloirs de passage des animaux,
les activités pastorales sont de plus en plus affaiblies. Ces
dernières années, les clôtures des sites et l'extension des
superficies irriguées par les maraîchers limitent aussi aux
éleveurs et à leurs troupeaux l'accès aux ressources
pastorales s'y trouvant dans ces vallées.
La population est composée de plusieurs groupes
ethnolinguistiques. Il s'agit des Haoussa qui sont les plus nombreux, des
Peulhs, des Touaregs et des Zarmas.
Le département de Gaya avait une population de 247.127
habitants en 2001(MFE, 2001). Cette population passe à 349.794 personnes
en 2011(INS, 2011). Il fait partie des zones les plus densément
peuplées avec une densité de 63hbts/km2 en 2001 et 79 hbts/km2 en
2011. La répartition par sexe donne une 49,9% pour les femmes contre
50,1% pour les hommes (Dambo, 2001). Dix ans plus tard, cette tendance
s'inverse avec 175.529 femmes contre 174.265 hommes. La population est
composée essentiellement des Tchanga et des Maouri au Nord- Est et au
Nord ; des zarma et des Dendy au Sud-Ouest et au Sud et des Peuls repartis dans
tous le département (service du plan de Gaya 2003).
4 Tibiri et Dioundiou
29
L'agriculture et l'élevage constituent les principales
activités de la population de ces départements.
2.3.2 : Les activités socio économiques
Le développement de toute région s'effectue
grâce à une amélioration remarquable des conditions de vie
de sa population et une croissance soutenue de son économie. Il est donc
impératif d'analyser les activités économiques qu'exercent
ces populations afin de se rendre à l'évidence et de cerner les
contraintes et les atouts internes et externes pouvant servir de base de
réflexion sur les stratégies de développement de la zone
d'étude.
Ainsi, l'économie de la population repose sur
l'agriculture, l'élevage, le commerce, l'artisanat et le transport.
Malgré son caractère traditionnel, l'agriculture et
l'élevage constituent les principales activités de la
population.
2.3.2.1 : l'agriculture
L'agriculture reste la principale activité
économique de la population. Elle est pratiquée par plus de 94%
de la population dans les quatre départements qui couvrent la zone
d'étude. Les principales cultures se répartissent comme suit :
les cultures pluviales, les cultures irriguées et de décrue,
l'arboriculture.
? Les cultures pluviales
Dans l'ensemble, les principales spéculations sont : le
mil, le sorgho, le niébé, l'arachide, le voandzou, le fonio
surtout dans la zone de Gaya. Il faut noter que les plus grandes superficies
sont occupées par ces cultures sous pluies. Le système pluvial
est de type extensif, avec des rendements de productions essentiellement
variables du Nord au Sud en fonction de la pluviométrie et de la
fertilité des sols. A l'échelle de Gaya, les rendements moyens du
mil, du sorgho et du niébé de la période 1983-2002 sont
respectivement de 600kg/ha, 600kg/ha et de 100kg/ha selon le service de
l'Agriculture de Gaya en 2003. Pour le mil, il est passé de 771 en 2007
à 825kg/ha en 2008.
Au Nord dans le département Dogondoutchi, les
productions moyennes par tonne des ces même céréales de
1997 à 2007, donne 284968 tonnes pour le mil, 18342 tonnes pour le
sorgho et 226668 tonnes pour le niébé.
Les superficies cultivées des ces différentes
spéculations ne font qu'augmenter chaque année. Cependant, les
déficits céréaliers enregistrés ces
dernières années consécutifs aux sécheresses,
à la dégradation des ressources naturelles combinées
à une forte pression démographique font
30
que la population s'intéresse de plus en plus aux
cultures irriguées. Dans le cadre de cette étude, c'est les
cultures irriguées qui nous intéressent.
? Les cultures irriguées et de
décrues
Les cultures irriguées se font dans les
aménagements hydro agricoles, dans les périmètres
irrigués des sites communautaires de Soukoucoutane au Nord
jusqu'à Gaya au Sud sur la vallée du fleuve. Les
aménagements hydro agricoles encadrés par le service
régional de Dosso en 2012 sont au nombre de onze (11) et se repartissent
comme suit :
V' Cinq ABA à vocation rizicole dans la zone
du fleuve, dont trois fonctionnels tous à Gaya à savoir
Gaya-amont (172 ha), Tara (142 ha), Sokondji (58 ha) et deux autres
inexploités à Kessa. Le dernier se trouve hors de la zone
d'étude à Boumba dans le Boboye.
V' Six(6) ABA à vocation polycultures dans la
zone du Dallol Maouri à savoir Yélou, Sormo, Dioundiou, Angoual
Madé, Kizamou et Léguéré dont deux
inexploités, un par manque de forage(Dioudiou) et un autre à
Sormo dont la digue a cédé il y'a trois ans de cela. Ces derniers
sont généralement exploités en canne à sucre,
manioc, patate douce, arboriculture, maraîchage...etc.
Les cultures de contre saison et de décrue se
réalisent le long de la vallée du fleuve, des dallols, de
certains points d'eaux, et forages artésiens.
? L'arboriculture est pratiquée aussi
le long de la vallée du fleuve et dans les dallols à
travers les productions des mangues, goyaves, citrons, tangelos
2.3.2.2 : l'élevage
Il constitue la deuxième activité de la
population après l'agriculture jadis pratiquée par les Peuls dont
ils représentent le corps de métier. Cette activité
intéresse de nos jours les ethnies traditionnellement à vocation
agricole.
Globalement, dans la zone des dallols et de la vallée
du fleuve, il existe trois types d'élevage groupés en deux
systèmes : celui sédentaire et transhumants. Il s'agit de :
- L'élevage intensif et semi intensifs;
- L'élevage extensif le plus pratiqué et il
nécessite de grands parcours, l'alimentation du bétail se fait
sur des pâturages naturels et les aliments complémentaires sont
faiblement utilisés.
31
Cette activité est aujourd'hui confrontée
à des problèmes sérieux dans la vallée du fleuve
à Gaya au Sud jusqu'au département de Dogondoutchi au Nord. En
effet, l'accroissement démographique de la population et la baisse de
production ont entrainé l'envahissement des espaces pastoraux. En plus
de cela, on assiste ces dernières années à
l'intensification du développement de l'irrigation dans la zone des
dallols et du fleuve alors un milieu à vocation aussi bien agricole que
pastorale. Les clôtures des sites empêchent aux éleveurs
d'accéder aux ressources naturelles favorables à l'exploitation
pastorale. Le maintien d'équilibre écologique entre les plateaux
et ces zones humides (vallées des dallols et du fleuve) risquerait
d'être rompu dans ces conditions.
2.3.2.3 : les activités secondaires
Après l'agriculture et l'élevage,
l'économie de la zone d'étude repose également sur le
commerce, la pêche, l'artisanat, le transport et d'autres non moins
importants comme l'apiculture et l'extraction de sel et de natron ...
Le commerce et l'artisanat sont deux activités
complémentaires et dépendantes de l'agriculture et
l'élevage. Les principaux produits commercialisés ou
importés sont les céréales locales, le natron, le sel, les
animaux et une multitude des produits maraîchers...
Au regard de sa position géographique, la zone
d'étude présente dans l'ensemble, d'énormes
potentialités en ressources naturelles (eaux, terres...). La
vallée fossile du dallol Maouri, et du fleuve, constitue un
élément hydrologique important. Mais, les contraintes
liées à la gestion intégrée de ces ressources
constituent un handicap majeur de ces milieux.
32
CHAPITRE 3 : LE DEVELOPPEMENT DE L'IRRIGATION SUR LES
ESPACES PASTORAUX
Dans ce chapitre, nous parlerons du développement de
l'irrigation sur les espaces pastoraux à travers la localisation des
espaces irrigués et du potentiel irrigable de la zone d'étude
avant de ressortir les différents modes d'accès aux
périmètres irrigués et la période du
démarrage des ces activités. Après avoir décrit le
système d'élevage, il sera aussi question d'identifier, les
avantages et les inconvénients liés au développement de
l'irrigation sur ces espaces, ainsi que les risques qu'il engendre et aussi
d'évoquer les difficultés relatives à l'application des
textes et en fin la discussion des résultats.
3.1 : Le potentiel irrigué dans les
vallées des dallols et du fleuve
La zone des dallols et du fleuve regorge d'importants
potentiels irrigables estimés à 30000 ha (Guéro, 2003)
pour les dallols et à 142000 ha pour la vallée du fleuve. De ces
potentiels, seulement 65005 ha sont mis en valeur en 2011. Ce
chiffre nous laisse croire que malgré l'extension des ces superficies en
irrigation surtout ces dernières années grâce à
l'appui des partenaires au développement rural, le potentiel irrigable
est très peu mis en valeur.
Depuis 2011, plusieurs partenaires s'intéressent (ONG,
Bailleurs des fonds, Etat et projets) à la mise en valeur de ces terres
irrigables.
En 2011, on dénombre 1646 ha mis en valeur par PUCI
dont 100,4 pour le compte du département de Dogondouchi et Tibiri et
1542 ha pour les deux autres départements du Sud de la zone
d'étude. En plus, le potentiel irrigable aménagé sous
tutelle ONAHA est estimé à 744,27 ha en 2012 et prévoit en
cas d'extension un potentiel disponible de 80.000 ha. Les extensions vont
concerner leurs anciens sites tous dans l'ancien département de Gaya
dont six (6) dans la zone de Dallol Maouri (Yélou, Sormo, Dioundiou,
Angoual Madé, Kizamou et Léguéré) et quatre autres
à vocation rizicole dans la zone du fleuve. IL s'agit de Gaya - Amont,
Tara, Sakondji et Kessa. Dans le département de Tibiri, il faut noter
aussi, le projet d'extensions des sites irrigués (DDA, 2013).
Malgré l'extension de ces dernières
années, les vallées du fleuve et des dallols le potentiel
irrigué n'atteigne pas 10% du potentiel irrigable. Du point de vue
extension des sites irrigués ou des parcelles des cultures de contre
saison dans la zone des dallols, il faut noter que les départements du
Sud sont plus concernés par ce phénomène. A titre
illustratif, rien que les chiffres précédemment cités en
2011 du projet PUCI sont assez satisfaisants. Il est aussi,
5 Communiqué du Gouverneur de la région
de Dosso, 2011
33
important de descendre jusqu'aux communes pour mieux
comprendre cette extension des superficies.
A cet effet, dans le département de Dogondoutchi, on
rencontre des chapelets d'extension des sites irrigués
clôturés de plus de trois (3) km dans la commune de Matankari sur
la latérite qui va à Birnin Lokoyo (13°48'17.3 et 4°
02'24.8) sur la route de Bagagi. L'irrigation dans les communes du Nord n'a pas
tellement une influence significative. Tout comme Koré Maï Roua,
ces communes n'ont pas été largement traversées par une
grande portion de ces vallées. Par contre, on remarque cet accroissement
entre Tibiri, Douméga et Guechemé avec comme principale
spéculation le moringa observé nulle part ailleurs sur le dallol
surtout au chef lieu du département. Et le chapelet de la canne à
sucre de la Fadama qui fait en termes d'extension une forme concave entre
Tibiri et Guéchemé.
Photo 1 : les champs de la canne à sucre et du moringa
(Enquête, 2013)
Quant aux départements du Sud, ce
phénomène d'extension est beaucoup plus poussé dans les
communes de Karakara, de Yélou où la production de la canne
à sucre est importante. Les travaux de Walter, 2004 et de Dambo, 2007
ont apporté des informations considérables sur la culture de la
canne à sucre dans ces communes. En fin, la commune de Dioudjou et de
Gaya où le développement de l'arboriculture a eu très peu
d'équivalent sur toute la zone.
Les grands périmètres irrigués
spécialisés en riziculture se situent sur la vallée du
fleuve entre les communes de Tounouga et celle de Gaya. Il est important de
préciser que la pratique des cultures maraîchères exige des
conditions à respecter : - il faut qu'il ait suffisamment d'eau au
niveau de l'exploitation et que cette eau soit de bonne qualité ; il
faut que le sol soit adapté à la production des légumes ;
il faut que les espèces que l'on veut produire soient
maraîchères et adaptées aux conditions climatiques et
édaphiques de la zone...
Carte 2 : le potentiel irrigué de la zone
d'étude
34
35
3.1.1 : Les périodes du démarrage des
activités maraîchères
Dans l'ensemble, sur toutes les 19 communes, les
activités maraîchères sont débutées à
partir du mois d'octobre et elles ne prennent fin qu'avec l'arrivée des
pluies vers le mois de mai-juin.
Par contre, dans certaines communes du département de
Gaya, les maraîchers font douze mois sur douze (12/12) en cultures
irriguées. C'est l'exemple de la commune de Gaya, sur la vallée
du fleuve et Dioundiou sur le dallol fogha.
3.1.2 : Les problèmes que rencontrent les
maraîchers
Les problèmes les plus importants que rencontrent les
maraîchers dans les quatre départements sont entre autres ceux des
ouvrages et surtout des attaques des animaux dans certains sites non
clôturés. Il ya plusieurs types d'attaques à ce niveau:
celles des éleveurs locaux qui sont l'une des plus contraignantes et
celles des éleveurs transhumants Peulhs, Touaregs qui descendent le plus
souvent avant la date de libération des champs.
A cela s'ajoute d'autres difficultés non moins
importantes comme le manque d'appuis en intrants agricoles. C'est ainsi, qu'on
constate une faible mise en valeur des terres dans la commune de Yélou
dû aux manques d'appuis techniques et financiers, aux problèmes de
transport et à la présence du sel du dallol Fogha dans les
communes de Bengou et de Bana. Les propos du chef de village de Leisson Baidou
justifient ce problème « Depuis plus de 7 ans, nous ne faisons
plus le maraîchage à cause de la présence et de
l'apparition du sel ». On remarque aussi, dans ces dernières
communes la présence des granites qui handicape la maîtrise des
eaux souterraines et le développement de l'irrigation dans les
dallols.
Un autre problème que rencontrent les maraîchers,
c'est la descente précoce des éleveurs sans attendre la date
exacte de libération des champs. Le plus souvent cela s'explique par le
souci des pasteurs à nourrir leurs bétails sous alimentés.
Pour cela, ils n'hésitent pas à commettre des dégâts
pour payer en contre partie quelques sommes juste pour satisfaire leurs
objectifs. Dans toutes les communes sans exception, les irrigants manifestent
le désir d'étendre les superficies cultivées ; par contre
dans les communes du Nord : Dogon Kirya et Dankassari, le dallol est en
réalité théorique. Ce sont en fait des bras morts du
dallol Maouri, alimentés par les crues de la vallée de la Magia.
La preuve, à Dogon Kirya, les cultures maraîchères ne sont
pas pratiquées faute du manque de financement affirme le chef de village
de Angoual Kara Tagara (13°56'40»/4°12'39»), les quelques
sites aménagés de Koutoumbou sur la même direction,
souffrent aussi des problèmes d'ouvrages.
36
Dans ces milieux, l'élevage est de plus l'activité
la plus exercée par les populations rurales.
3.2 : Le potentiel irrigable dans les vallées
des dallols et du fleuve
Sur l'ensemble du pays, le potentiel d'irrigation global est
estimé à environ 270000 ha dont seulement 78000 ha sont
irrigués en maîtrise totale ou partielle d'eau (13000 ha en
maîtrise totale d'eau et 65000 ha en maîtrise partielle
d'eau)6.
Dans la région de Dosso, ce potentiel irrigable est de
181000 ha (142000 ha pour la vallée du fleuve et 39000 ha pour les
vallées des dallols).
Par rapport aux potentiels irrigables des dallols (Maouri,
Fogha) et du fleuve, les travaux de Guéro (2003), rapportés par
Dambo (2007) ont estimé le potentiel irrigable des dallols Maouri
à 30000 ha. Selon le gouvernorat de la région de Dosso (2011),
seulement 7% de ce potentiel sont mis en valeur soit environs 6500 ha du
potentiel irrigable.
Alors face aux séries des crises alimentaires qui
gangrènent les paysans depuis des décennies, la zone des dallols
doit être verte et au-delà de la région, toutes les zones
humides susceptibles d'être irriguées. Cela permettra aux
nigériens de faire face aux questions de la souveraineté
alimentaire.
3.3: Mode d'accès aux périmètres
irrigués
Au Niger, les différents modes d'accès à
la terre sont connus de tous. Il s'agit : de l'héritage, de l'achat, du
gage, de location, de prêt et du don. Le défrichage est de nos
jours très rare, voire quasi inexistant.
Dans le cadre de cette étude, il s'agit de faire
ressortir les différents modes d'accès des sites irrigués.
Ainsi, dans l'ensemble de quatre départements que les dallols et la
vallée du fleuve traversent, nous avons identifié quatre modes
d'accès à travers le résultat d'enquête du terrain.
Il s'agit du prêt, de l'héritage, de l'achat et du gage.
En général, le mode le plus répandu de la
somme de l'ensemble de ces départements est l'héritage avec une
proportion de 43,01% sur les 93 maraîchers enquêtés sur le
terrain.
Le prêt occupe 39,76% de la population de l'ensemble des
quatre départements. Ce mode d'acquisition des parcelles fait allusion
aux sites communautaires. Il s'agit là, d'un consensus entre les
propriétaires d'un site et ou d'un champ et les
bénéficiaires des parcelles ou, encore
6 Gestion des ressources naturelles et de lutte contre
la désertification : Burkina Faso-Mali-Niger. http//
www.agora21.org
37
d'une concession rurale7 avec les autorités
locales et les maraîchers sur la base d'une clause. Ces derniers
libèrent les sites empruntés aux propriétaires dès
l'annonce des campagnes agricoles en mai, juin.
Le troisième mode d'accès concerne l'achat avec une
proportion de 13,97% des personnes administrées et en fin, le gage qui
couvre 03,22% de la population cible.
L'observation du graphique n°1sur l'ensemble des quatre
départements nous permettra de mieux comprendre cela.
Graphique 1: modes d'accès à la terre dans la
zone d'étude (enquête, 2013)
Ainsi, au regard de l'immensité de la zone
d'étude, nous avons jugé utile d'apprécier ces
différents modes d'accès par département. Ainsi, il faut
noter que la situation des modes d'accès n'est pas homogène
partout. Elle diffère d'un département à un autre. A cet
effet, l'analyse des différents graphiques des modes d'accès aux
sites irrigués, permettra à bien comprendre ce
phénomène.
? Le département de Dogondoutchi
A ce niveau, trois modes d'accès sont recensés
à cet effet : le prêt, l'héritage et l'achat. Sur les 26
maraîchers enquêtés, le prêt occupe 57,69%. Il est le
mode d'accès le plus influent dans ce département comme le montre
le graphique n°2 ci-dessous. Quant' à l'héritage, il couvre
30,76% des producteurs et en fin l'achat avec seulement 11,53% des populations
soit un équivalent de trois (03) maraîchers sur vingt six (26).
7 Contrat administratif confèrent à son
bénéficiaire, dans des conditions fixées par un cahier de
charge, le droit d'occuper et/ou d'utiliser provisoirement une partie du
domaine public des personnes publiques soit au titre des activités de
l'élevage, de l'agriculture, de la chasse, de la pêche, soit au
titre de l'exploitation des forêts.
38
Graphique 2: modes d'accès à la terre dans
Département de Dogondoutchi (enquête, 2O13) ? Le
département de Tibiri
Dans ce département, l'héritage est le mode le
plus répandu avec 57,14% sur un échantillonnage de 28
maraîchers repartis dans 22 villages administratifs. Il est suivi de
prêt avec 28,57% et de l'achat et du gage avec respectivement 07,14%. La
faible proportion de ces deux modes s'explique par le faite que les acteurs ont
honte souvent de mettre leurs terres en vente. L'observation du graphique
n°3, nous permettra de bien comprendre cela :
Graphique 3: modes d'accès à la terre dans le
Département de Tibiri (enquête, 2013)
Contrairement à Doutchi, à ce niveau
l'héritage est le mode le plus influant. On remarque également la
présence du mode d'accès par gage dans ce département.
39
? Le département de Dioundiou
Trois modes sont identifiés à l'issue de
l'enquête (cf. graphique n°4).
Le prêt qui prend une forte proportion avec 41,66% suivi de
l'héritage (33,33%) comme le deuxième mode et en fin l'achat avec
16,66% des personnes enquêtées. C'est le mode le moins
observé dans tous les départements concernés par cette
étude.
Graphique 4 modes d'accès à la terre dans le
Département de Dioudiou (enquête, 2013)
Ainsi, on constate que les différents modes sont
hiérarchisés à l'image de ceux du département de
Dogondoutchi.
? Le département de Gaya
Le mode d'accès aux sites irrigués le plus
important constaté dans ce département est l'héritage avec
une moyenne de 44,44% sur les nombres des maraîchers
enquêtés. Il est secondé par le prêt avec 33,33% et
l'achat qui toujours en dernière position compte tenue des raisons
évoquées précédemment avec à ce niveau une
proportion un peu élevée de 22,22%.
Ce fort taux observé nulle part ailleurs dans les
quatre départements s'explique par le fait que la région est une
zone de forte transaction foncière compte tenue des ses sols très
riches du point de vue édaphique et de sa disponibilité des
ressources en eau(cf. graphique n°5).
40
Graphique 5: modes d'accès à la terre dans le
département de Gaya (enquête, 2013) On remarque dans ce
département, la même hiérarchisation constatée dans
celui de Tibiri.
3.4 : le système d'élevage dans la zone
des dallols et de la vallée du fleuve Niger
Au Niger, il existe trois systèmes d'élevage :
l'élevage sédentaire avec 20394141 têtes d'animaux soit 66%
de l'effectif total, l'élevage nomade avec 5657247 animaux qui
équivaut à 18% et l'élevage transhumant avec 4987652
individus soit 16 % du bétail représentant l'effectif national
(RGAC, 2005-2007).
D'une manière générale, le système
de conduite des troupeaux dans la région de Dosso comprend
essentiellement le système extensif, semi- extensif et intensif (Amadou
M, 2004 et RGAC, 2005-2007).
Ce dernier, repose exclusivement sur l'embouche. Dans ce
système, l'animale est en stabulation fixe et bénéficie
des tous les appuis en eau, alimentation et autres soins. Ce système est
beaucoup plus intensifié de la commune de Bengou jusqu'à Gaya sur
la vallée du fleuve Niger.
Le système semi extensif se base sur la divagation
libre des animaux dans la nature du petit matin au soir. Ils reçoivent
à leur retour, un complément alimentaire.
Le système extensif, comprend deux périodes de
transhumances : le « Settinirdé » et
le « Roumirdé ».
La première phase commence à partir du
début de la saison de pluie, où les éleveurs et leurs
troupeaux se replient sur les aires de repos communément appelé
settinirdé en Peulh en attendant que les plateaux se
reverdissent. Cela, permettrait aussi, à ces acteurs d'éviter
les
41
conflits fonciers. A ce moment, les éleveurs ont une
double option : soit de conduire le bétail vers les plateaux ou bien de
transhumer hors des frontières nationales dans les pays voisins.
Autrement dit, en se retirant de la zone des dallols et du fleuve
(Settinirdé/ aire de repos), ils regagnent les aires des
pâturages ou le Roumirdé.
La deuxième phase de transhumance débute
à la fin de la campagne agricole. Compte tenu de la dégradation
des ressources pastorales se trouvant sur les plateaux, les animaux
redescendent vers les vallées qui sont des endroits plus favorables
à l'exploitation de la veine pâture à cette période.
L'une des conséquences de cette descente, c'est qu'en ce moment que
débute aussi les cultures irriguées dans la zone du fleuve et les
dallols. Et la plupart des mares et autres points d'eau se situent dans les
périmètres aménagés ou les sites des cultures de
contre saison dont la grande majorité sont clôturés. Avec
leurs troupeaux affamés, les éleveurs se concentrent dans les
settinirdés en attendant la libération des champs. C'est
à ce niveau que se présente le véritable problème
de la cohabitation entre ces deux acteurs.
L'observation de ce graphique, nous permettra de comprendre
l'influence de ces deux systèmes d'élevage.
Graphique 6 : les effectifs du cheptel par systèmes
d'élevage et par départements dans la région de Dosso
(enquête, 2013)
L'analyse de ce graphique, nous a permis de comprendre
l'influence de ces deux systèmes dans le département de
Dogondoutchi et de Gaya. Dans, l'élevage dans la zone des dallols et de
la vallée du fleuve tend à l'agropastoralisme. Cela s'explique
par l'occupation très poussée des espaces pastoraux dû
à l'augmentation de la population.
42
3.5 : les incidences du développement de
l'irrigation sur les rapports sociaux
Le développement de l'irrigation sur les espaces
pastoraux dans le contexte de dallols et la vallée du fleuve a
engendré depuis des années des lourdes conséquences sur
l'élevage et son système. Il s'agit des problèmes relatifs
à l'accès aux ressources pastorales, c'est-à-dire à
l'exploitation des sous produits agricoles, des ressources fourragères
dont dispose énormément le dallol. L'envahissement des mares, des
autres points d'eau par les maraîchers et des certains couloirs des
passages qui ont fortement bloqué l'alimentation en eau du bétail
et la divagation des animaux, au sens plus large à la mobilité
pastorale. Au regard de cette situation, on risquerait d'assister à une
recomposition irréversible des espaces. L'accroissement des sites
communautaires, privés et des aménagements hydro-agricoles ne
peuvent que prendre de l'ampleur sur toute la zone. Les conséquences
liées à cette mise en valeur sont la réduction des espaces
pastoraux, rendant les rapports sociaux très tendus entre les acteurs
qui débouchent généralement sur des conflits. Ces
problèmes d'espaces auxquels font face les éleveurs de la
région ont poussé un bon nombre, presque dans toutes les communes
à quitter la zone des dallols pour les pays voisins, car le
développement des ressources animales ne peut se prévaloir dans
un tel contexte.
3.5.1 Situation de l'élevage et avis des
éleveurs
Dans la zone des dallols, les champs qui sont supposés
d'être pour les activités pastorales après la campagne
agricole, sont utilisés à des fins d'irrigation. Ces cultures
irriguées vont jusqu'à douze mois sur douze dans certaines
communes surtout dans le département de Gaya. Cela veut dire, que
lorsque les éleveurs descendent en transhumance en destination des
autres pays frontaliers ils trouvent les champs des cultures
complètement exploités et la vallée déjà
occupée par les cultures de contre saison. Pendant cette période
l'accès au fleuve devient difficile, ce qui crée un sentiment de
désolation chez les éleveurs.
L'irrigation est à l'encontre de la veine pâture
alors que la loi relative au pastoralisme dit que «
après la campagne agricole, tout le foncier rural devient
pastoral ». A cet effet, l'exploitation des zones à
fort potentiel pastoral et la mobilité risquerait d'être
compromise dans ces conditions. Face à cette extension des cultures
irriguées, les ressources pastorales tel que : les couloires de passage
des animaux, les enclaves pastorales, les aires de repos sont
sérieusement menacés d'envahissement par les agriculteurs.
A Kizamou, un éleveur disait que « les
maraîchers ont cultivé les vallées, ils ont tendance
à envahir les plateaux de nouveau. Avec cette extension, si rien n'est
fait l'élevage va cesser
43
d'exister dans cette région ».
Ce problème est même plus aigue sur la vallée
du fleuve où les producteurs travaillent la terre douze mois sur
douze.
Les puits, les mares et d'autres points d'eau sont difficiles
à atteindre parce que les agriculteurs ont occupé jusqu' aux
bordures de ces points d'eau. Les éleveurs dans l'impasse, sont souvent
contraints d'introduire leurs troupeaux pour les alimenter. C'est cette
situation qui engendrent des tensions voire même des conflits entre les
producteurs ruraux particulièrement les éleveurs et
maraîchers aussi bien dans les dallols que la vallée du fleuve. En
dehors du rétrécissement des ces espaces, d'autres ont
complètement disparu, alors que sur les plateaux les ressources sont
dégradées surtout les aires de pâturage envahies par les
espèces non appétées comme sida cordifolia.
3.5.2 : Les rapports sociaux entre les éleveurs et
les maraîchers
Les rapports sociaux entre les agriculteurs et les
éleveurs en matière de la gestion foncière ont de tout
temps été tendus, voire conflictuels. Au regard des
potentialités qu'elles regorgent les vallées des dallols et du
fleuve constituent des endroits où ces activités cohabitent.
Dans l'ensemble, les relations entres ces deux acteurs ne sont
pas roses. C'est ainsi, qu'on constate des rapports un peu tendus dans les
communes du Nord le plus souvent avec les éleveurs locaux mais surtout
et aussi avec les éleveurs transhumants Peulhs et Touaregs.
Dans certains villages ou communes les maraîchers sont
obligés de monter la garde pour sécuriser leurs biens. C'est
l'exemple de la commune de Dioundiou, Tounouga(Dolé), le village de
Fadama, Zélah (20 ha) Kéleli (32ha), Maikalgo dans le
département de Tibiri. Selon un témoignage dans la commune de
Doumega, la situation s'est empirée depuis des années.
« A l'époque, nous vivons en symbiose avec les
agriculteurs. L'élevage est pratiqué sans aucun problème
sur les vallées des dallols. Mais ces dernières années
avec la remontée de la nappe phréatique, les agriculteurs de
Toudoun, Keleli, Tougane N nous refusent l'exploitation et l'exercice de nos
activité », témoigne un groupe
d'éleveur lors de notre entretien.
Depuis lors, ces acteurs pratiquent et développent le
maraîchage. C'est l'exemple d'un site maraîcher à Keleli de
32 ha d'une longueur d'un (1) km et de 600m de largeur comportant 263
exploitants. L'élevage est menacé sérieusement à ce
niveau. Dans ces conditions de haine et de mépris à
notre activité, nos rapports sociaux sont dégradés et
pire, les agriculteurs ont l'habitude de nous mettre en
quarantaine.
44
Par contre, dans les communes de Zabori, Matankari, il ya
moins des problèmes, les éleveurs souhaitent seulement que les
espaces pastoraux soient sécurisés et qu'ils aient un libre
accès aux ressources.
3.6 : Les avantages liés au développement
de l'irrigation
L'agriculture irriguée se présente aux yeux des
producteurs ruraux comme une activité secondaire leur permettant de
faire face aux déficits alimentaire et de subvenir à leurs
besoins sociaux. Aujourd'hui, des cultures de contre saison aux grands
aménagements hydro-agricoles, ce sous secteur rapporte aux
maraîchers des revenus inestimables et tend même à
être plus bénéfique et avantageux que les cultures sous
pluies. Au regard de gros moyens investis dans ce domaine, elle se
présente comme la première activité des paysans. On
pratique cette activité douze mois sur douze dans certaines communes du
Sud de la zone d'étude (Dioundiou, Gaya,...).
Ainsi, sur le plan social, le développement de
l'irrigation a permis aux pratiquants d'améliorer leur condition de vie.
De l'autosuffisance alimentaire, bon nombre des ménages ont
diversifié leur régime alimentaire.
les cultures sèches permettent l'échelonnement
de la production au cours de la campagne offrant ainsi la possibilité de
disposer d'une alimentation complémentaire ou une source de revenus
garantissant l'achat des aliments de base ou des condiments nécessaires
à la préparation des repas ( Waziri, 2000).
Le revenu qu'elle génère contribue à
faire face à certaines activités sociales comme le mariage, les
baptêmes, et à renforcer les liens sociaux.
En dehors de l'autoconsommation, la commercialisation des
produits maraîchers contribue à réaliser des
économies de centaine de millions. Les principales spéculations
les plus importantes sont entre autre la canne à sucre, le riz, le
moringa, l'oignon, la patate douce le manioc, le mais et la mangue, la
goyave... (pour les arboriculteurs). Ainsi, du nord au sud, les
spéculations se distinguent d'une commune à une autre. C'est
ainsi, que Skoucoutane se spécialise dans les cultures de l'oignon
blanc, la commune de Tibiri avec le moringa, la canne à sucre à
Guechemé (Fadama), Karakara, et Yélou. Le riz sur la
vallée du fleuve et l'arboriculture à Gaya, Dioudjou et la patate
douce dans les communes de Bana, Bengou et Tounouga. Donc, les terres des
dallols et la vallée du fleuve rapportent du point de vue
économique, énormément des richesses aux exploitants.
Par ailleurs, l'irrigation peut être aussi utile
à l'élevage à travers l'exploitation des sous produits
agricoles. On peut aussi, faire les cultures de Bourgou en irriguée.
Déjà cette
45
expérience a commencé dans certaines communes
particulièrement dans la commune de Tounouga, Gaya et dans la commune de
Tanda dans le département de Gaya.
Au regard du potentiel irrigable de cette zone une fois
entièrement mis en valeur, la région peut régler à
jamais son déficit alimentaire et au-delà contribuer à
améliorer aussi la vie des milliers des nigériens. Cela peut
être possible avec l'appui de l'Etat, des partenaires techniques et
financiers et de la collaboration de tous.
3.6.1 : Production de bourgou en irrigué : quelle
appréciation ?
Pour faire face aux déficits fourragers dans la
région de Dosso en particulier sur la vallée du fleuve et les
dallols l'initiative de la culture de bourgou en irrigué est
entrain d'être mise en place. Face à la dégradation
très poussée des espaces pastoraux en ressources
fourragères et à l'envahissement de certaines espèces non
appétées, les producteurs ruraux sont tous favorables à
cette culture malgré la divergence des points des vues de certains
acteurs à cet effet. Face aux déficits alimentaires, ils pensent
qu'il n'ya pas des raisons pour développer la production de ces plantes
(bourgou).
Les cultures de bourgou sont
développées surtout dans les communes de Tounouga, Gaya et Tanda
sur la vallée du fleuve. A Dolé, les initiateurs de cette culture
manifestent le désir d'extension de leur site de 4,5ha à 100 ha.
Les principales plantes semées sont les Andropogons gayanus, le
Bourgou, le Suslosentess hamata qui sont aussi des plantes
améliorées. L'avantage de la production en irrigué ce
qu'on peut faire facilement trois coupes par saison. Cette production une fois
développée, pourra contribuer à faire face aux
déficits fourragers qui menacent l'ensemble de la région de
Dosso.
Photo 2 : la culture de bourgou en irrigué à
Dolé dans la commune rurale de Tounouga
(Enquête, 2013)
46
3.7 : Les inconvénients et les risques
liés au développement de l'irrigation sur les espaces
pastoraux
Le développement de l'irrigation sur les espaces
pastoraux dans les vallées des dallols et du fleuve a des
conséquences sur le pastoralisme. En effet, depuis la nuit de temps,
l'élevage est pratiqué dans ces milieux très riches et
humides à cause des ses fortes potentialités.
En réalité, dans le contexte des dallols, la
cohabitation entre l'agriculture et l'élevage existait depuis longtemps
mais, elle engendre une compétition pour le contrôle de l'espace.
Cette situation est peu favorable à une gestion durable des ressources
naturelles.
Ainsi, ces dernières années, l'expansion de
l'irrigation a pris de l'ampleur dans le même espace et tend à
écarter à jamais l'exercice des activités pastorales. A
titre indicatif, les communes de Dioundiou, Tounouga, Gaya et, le village de
Kéleli (32ha dont la longueur mesure un kilomètre) et Fadama sont
assez illustratifs. Pendant toute l'année les plantations de la canne
à sucre, le développement de l'arboriculture fruitière, de
la riziculture et d'autres spéculations maraîchères sont
toujours en place.
Aujourd'hui, dans la zone des dallols, et de la vallée
du fleuve, les aires de pâturages n'existent plus. Tout est mis en valeur
d'une part par les cultures sous pluies et d'autres part, par les cultures
irriguées en plein essor. On assiste, depuis plus d'une décennie
à une mutation et une recomposition de l'espace et du statut foncier
à des fins agricoles. L'agriculture tend à accaparer ces espaces
aussi favorables à l'élevage. Il est évident que ces zones
humides manquent de statut clair et de plan de gestion intégrée
des ressources. Ainsi, face au non respect de droit d'usage en commun de ces
milieux, il est sans doute que certains producteurs ruraux vont chercher
à asseoir leur domination. Et, c'est à ce qu'on arrive
aujourd'hui.
Au regard de ce qui précède, les éleveurs
locaux et transhumants sont confrontés à divers problèmes,
notamment, les difficultés liées à l'accessibilité
aux ressources pastorales. Il s'agit entre autres des enclaves pastorales, des
couloirs de passage des animaux, des fourrages, des certains points d'eau
(mares, fleuves) et puits pastoraux...).
Schématiquement à titre explicatif, les
éleveurs dans la zone des dallols sont basés avec leurs
bétails sur les plateaux en dehors des éleveurs locaux pendant la
saison des pluies au cours du mois de (juin, juillet, août, septembre).
Ces éleveurs vont commencer à descendre vers octobre en longeant
le long des champs des cultures jusqu'au fond des vallées sur les
enclaves pastorales ou ce qu'on appelle le settinirdé avec
l'épuisement de leurs premiers campements : les aires des
pâturages fixés sur les plateaux ou roumirdés.
C'est aussi à cette période que débute
les activités maraîchères. A ce moment, le passage des
éleveurs transhumants est bloqué avec les clôtures des
sites irrigués. C'est ce qui explique
47
l'accroissement des tensions entre ces deux acteurs, à
travers les difficultés d'accès aux ressources pastorales.
En conséquence, la mobilité des animaux n'est
plus et ne sera plus possible, les éleveurs se trouveront
déviés de leurs itinéraires. Entre Gaya et Tounouga
l'extension des grands périmètres aménagés, des
sites hors aménagements empiètent sur les espaces et justifie
à jamais le départ de certains éleveurs vers les pays
voisins (Nigéria, Bénin...).
Un représentant des éleveurs s'exprime en ces
termes « C'est un phénomène réel, en
saison sèche, les éleveurs ne peuvent pas s'installer dans le
dallol et exploiter les ressources pastorales, depuis que les gens ont
gouté à la laitue », pourtant un endroit
où les ressources pastorales sont disponibles en permanence et de
très bonne qualité. Le village de Dolé dans la commune de
Tounouga illustre cette situation.
Dans ce contexte, les rapports sociaux entre ces deux acteurs
se dégradent et entrainent une cohabitation conflictuelle souvent
soldée par des affrontements violents. Les éleveurs
locaux/agropasteurs et les éleveurs transhumants sont dans une impasse
totale dans cette zone où ils sont prêts à répondre
contre toutes autres formes de menaces à leur égard.
Au regard de cette situation, il est important de
réfléchir sur les deux activités qui sont d'ailleurs
complémentaires. Cela permettra d'éviter les conflits entre ces
deux acteurs. A cet effet, il faut :
o Changer le système d'élevage : face à
cette tendance au développement de l'irrigation sur la zone
d'étude, on doit songer à l'intensification de l'élevage
;
o Développer les cultures fourragères : vu le
déficit fourrager dans l'ensemble de la région de Dosso,
l'initiation des cultures fourragères en irriguée s'avère
être une des meilleures solutions ;
o Coupler et intensifier ces deux secteurs pour éviter
les conflits entre les producteurs ruraux en particulier les maraîchers
et les éleveurs ;
o Respecter les dates de libération des champs
dûment arrêté par les autorités administratives et
coutumières ;
o Clôturer les sites irrigués aux fin
d'éviter les conflits ;
o Sécuriser les ressources pastorales ;
o Pour permettre une meilleure compréhension du code,
il est impératif d'intensifier la sensibilisation en langue locale ;
o Renforcer la capacité des cadre techniques ;
o Doter les structures des commissions foncières des
moyens matériels et financiers pour répondre aux attentes des
producteurs ;
48
o Résumer le code rural à fin de permettre sa
bonne compréhension d'abord aux différents services techniques
pour faciliter les sensibilisations aux acteurs ruraux.
3.8 : Les difficultés liées à
l'accès aux ressources pastorales et à la mobilité
pastorale
C'est la variabilité dans le temps et dans l'espace de
certaines ressources naturelles qui justifie la mobilité de ceux qui
l'exploitent (Winter in L D, 1998).
Au paravent, la vallée du fleuve et ses anciennes
vallées fluviatiles, aujourd'hui fossiles sont des milieux non
aménagés, donc favorables à l'élevage sans
contraintes aucune. Mais, ces dernières décennies avec la
remontée du front agricole due à la dégradation des terres
et à la baisse des productions, ces vallées ont attiré
l'appétit des agriculteurs. Les dallols sont le domaine de nappes
phréatiques peu profondes souvent moins de cinq mètres qui
affleurent en des nombreux bas fonds. Ainsi, face aux différentes crises
alimentaires, la population, l'Etat et les partenaires ont
procédé à la mise en place des grands projets
d'aménagements des ces espaces.
Aujourd'hui, en dehors du Nord Dogondoutchi (Dankassari,
Soukoukoutane, Dogon Kirya), où le dallol n'a que traversé une
des petites portions de ces communes, les cultures de contre saison ont envahi
ces vallées fossiles. L'élevage est donc coincé sur les
plateaux pauvres et dégradés, la descente des animaux vers ces
vallées cause toujours des problèmes avec les barricades des
sites irrigués clôturés et la fermeture des certains
couloirs de passages conduisant les éleveurs aux ressources pastorales
dont disposent ces endroits humides surtout en saison sèche (mares,
puits, fourrages,...).
Photo 3 : image d'un site clôturé et d'un point
d'eau ceinturé par les cultures (enquête, 2013)
49
Dans l'ensemble des 19 communes traversées par les
dallols et la vallée du fleuve (de Dogondoutchi à Gaya en passant
par Tibiri et Dioundiou), il ressort clairement qu'avec l'extension du
développement de l'irrigation, le secteur de l'élevage est
confronté à des problèmes sérieux, multiples et
variés. Au lieu que ces deux secteurs se complètent pour asseoir
les bases solides d'une véritable production et d'une gestion durable
des ressources, on assiste à une recomposition de l'espace en faveur du
développement de l'irrigation sur ces vallées pourtant favorable
aussi à l'élevage. Qui plus est, la plupart des sites sont
clôturés avec des grillages.
Face à cette situation, les éleveurs
sédentaires et transhumants rencontrent d'énormes
difficultés pour accéder aux ressources pastorales des
vallées.
A la lumière de l'analyse des ressources pastorales, on
constate le non respect du tracé de la plupart des couloirs de passages,
le rétrécissement et le non balisage de ces espaces. Il est aussi
important de souligner, la disparition complète de certains de ces
couloirs servant du relais entre les plateaux, et les vallées et le non
respect de droit d'usage en commun de ces ressources. C'est ce qui explique la
désorganisation du système d'élevage quand les
éleveurs descendent à la recherche des points d'eaux. Avec
l'extension, le grignotage et la suppression des couloirs de passages,
l'élevage est soumis à des épreuves très dures.
L'exploitation des sous produits agricoles et de toutes les ressources
précédemment citées n'est plus possible. Alors, en saison
sèche les poches des dallols et de la vallée du fleuve
constituent des endroits où se trouvent toutes ces ressources pastorales
en permanence. La présence de fortes potentialités favorables
à l'élevage qui a d'ailleurs très peu d'équivalent
au Niger, explique largement que l'élevage ne peut être exclu dans
le contexte des dallols et au contraire, doit même être pris en
compte dans le cadre du schéma d'aménagement foncier. Il faut en
suite noter qu'il n'existe aucune aire de pâturage sur les vallées
des dallols comme le souligne un éleveur « nous n'avons
pas des aires de pâturages, nous utilisons seulement les jachères,
dans certaines communes les aires de repos des animaux sont attribuées
aux étrangers ou aux commerçants ».
Face aux séries des difficultés que vivent les
éleveurs, une très grande partie des ces acteurs a quitté
la région pour les pays voisins comme le Bénin, le Mali, le
Nigéria. Depuis lors, certains éleveurs ne veulent même pas
venir au Niger. Selon le directeur départemental de service
d'élevage de Gaya, « ils sont réticents
même s'il s'agit d'un appel à la vaccination,
ils estiment qu'ils n'ont plus rien à faire dans un milieu
toujours à problème ».
50
3.9 : Les difficultés liées à
l'application des textes en vigueur, recompositions et mutations du statut
foncier.
3.9.1 : Méconnaissance du code rural et des ses
structures de démembrement (COFO)
Dans l'ensemble du département de Doutchi, le code
rural et ces structures décentralisées sont méconnus par
les acteurs ruraux. Mais par contre à Tibiri ils sont plus
informés des ces structures. Il faut indiquer que dans toutes les
communes que les dallols Maouri, Fogha et la vallée ont traversé,
il existe les structures du code rural à savoir les commissions
foncières. Mais faute des moyens leur permettant de bien travailler,
elles ne sont pas fonctionnelles. Dans certaines communes, il ya même des
cadres techniques qui n'ont jamais vu le code rural. Cette situation s'explique
à travers:
· l'absence de sensibilisation à tous les niveaux
;
· le manque des formations et de renforcement des
capacités des acteurs ;
· l'insuffisance des commissions foncières de base
;
· l'absence des cadres techniques qualifiés ;
· le manque de vulgarisation du code rural;
· le faible niveau de compréhension des textes du
code rural ;
· l'absence de l'Etat dans l'application et la
vulgarisation du code.
Cela est prévisible à travers le manque d'appui
des autorités à ces structures tant financier que
matériel. Il est aujourd'hui connu de tous que les membres des
commissions foncières ne sont pas rémunérés, encore
mois équipés en matériels nécessaires pouvant leur
permettre d'assumer leur mission. Dans leurs majorités, c'est des
anciens fonctionnaires à la retraite ou des autres services en fonction
cumulée.
Face à ces difficultés, il y'a lieu de
s'interroger, si l'Etat et ses partenaires jouent véritablement leur
rôle.
3.9.2 : les avis des acteurs ruraux
De nos jours, toutes les difficultés rencontrées
face à la gestion d'un peuple et de toute autre question tiennent moins
qu'aux insuffisances des textes préétablis, qu'aux
problèmes d'hommes. Il ya lieu de souligner dans l'ensemble,
l'application des textes du code rural n'est pas effective faute des documents,
des moyens de sa vulgarisation et des cadres techniques en la
matière.
51
Si certains acteurs méconnaissent et ne donnent aucun
avis par rapport à l'application des textes et l'appréciation des
dispositions actuelles du code rural. Il faut ajouter en plus de cela que, la
corruption dans certaines communes entre les acteurs directs et les
autorités en charge de l'administration. Cette situation est beaucoup
plus constatée surtout dans les communes du Sud de la zone
d'étude.
Par ailleurs, d'autres connaissent et l'apprécient
très positivement. Il a permis pour ceux là, d'éviter et
de réduire les conflits entre les acteurs ruraux et de sécuriser
leurs propriétés privées ou collectives ; mais il n'en
demeure pas moins aussi, qu'il contient pour certains des insuffisances.
Il s'agit entre autre de la question de la gestion des
dégâts champêtres, les agriculteurs estiment être
lésés par rapport à l'application de la règle de
trois pratiquée par les services techniques des commissions
foncières parce que c'est eux que reviennent la prise en charge du
transport des agents pour le constat de dégâts. Une bonne
gouvernance foncière ne peut être assurée quand les textes
préétablis ne sont pas appliqués.
Ainsi, au regard de toutes les difficultés liées
à l'application des textes en matière de la gestion
foncière, tant que les acteurs chargés de la vulgarisation de la
mise en oeuvre du ce code ne s'appliquent pas, les problèmes de
l'application et de la méconnaissance des textes vont toujours
demeurer.
3.10 : Entre recomposition et mutations
foncières : quel avenir pour l'élevage et le pastoralisme aux
dallols et sur la vallée du fleuve Niger ?
La tendance au développement de l'irrigation sur la
vallée du fleuve Niger et de ses affluents à savoir les dallols
Maouri et Fogha risquerait de compromettre à jamais le pastoralisme dans
cette région. Ainsi, des communes septentrionales dans le
Département de Dogondoutchi jusqu'à la zone de confluence entre
le dallol Fogha et le fleuve Niger à Dolé dans la commune de
Tounouga au Sud, le secteur de l'élevage est soumis à des
contraintes. Il s'agit des difficultés que rencontrent les
éleveurs et les animaux pour y accéder aux ressources pastorales
de ces milieux. Cela semble être la même situation qu'ont ressortie
Alexis Gonin et al en 2012 dans une étude conduite au sein du bassin
cotonnier à l'Ouest du Burkina Faso. En claire, c'est la recomposition
et le changement de fonction des espaces pastoraux à travers la mise en
culture des pistes à bétail, la réduction des
pâturages et les difficultés liées aux déplacements
des troupeaux dans ce bassin qui est aussi une zone de transition
sahélo-soudanienne.
52
Aujourd'hui, dans la zone des dallols et de la vallée
du fleuve Niger la mise en valeur de ces espaces en culture irriguée
tend à se généraliser. La conséquence sociale est
l'aggravation des conflits entre les acteurs. Rien qu'en 2012, dans la commune
de Doumega les conflits entre les éleveurs et les agriculteurs ont fait
l'objet d'énormes dégâts d'environ 40 cases et 25 greniers
des éleveurs brûlés. A cet effet, le village de Dolé
dans la commune de Tounouga est le sanctuaire de conflits de ces genres depuis
l'introduction de l'irrigation il ya à peine 4 ans. Avec le
développement des cultures de contre saison, l'exploitation des
ressources pastorales dans les dallols et le système transhumant des
pasteurs seront aléatoires au regard des difficultés
d'accès à ces ressources.
Face à ce problème crucial, il nous semble
important voire urgent de préciser dans le cadre du Schéma
d'Aménagement Foncier (SAF) que certains espaces dans les communes de
Yélou, Bana et Bengou peuvent être classés comme zones
pastorales. La présence du sel dans ces régions handicapent le
développement des cultures irriguées. De Malgorou en allant vers
le Nord de la vallée du dallol Fogha où certains chefs des
villages affirment avoir laissé le maraîchage depuis plus de sept
(7) ans (Leysson Baydou, L Matché). Ensuite, entre Bana et Bengou, la
présence de sel à faible dose n'empêche pas
l'irrigation.
A l'Ouest de cette commune sur une longueur de trois
kilomètres, les animaux exploitent les ressources pastorales du dallol
en saison sèche. C'est seulement en hivernage que les maraîchers
utilisent ce potentiel avec comme principales spéculations la patate
douce et la canne à sucre.
Ainsi, sur la route de Tounouga se présente des sols
dunaires certes favorables aux spéculations de la patate douce mais,
dans l'ensemble la zone présente plus des caractéristiques
à vocations pastorales qu'agricoles. C'est aussi, la même
situation dans la partie Sud de Yélou où les parcs à
rôniers imposent l'activité pastorale au détriment de
l'irrigation.
A cet effet, il est donc nécessaire de dégager
le statut clair de ces zones humides. Cette réglementation permettra,
soit d'intégrer les deux systèmes de productions ou de laisser
à une seule activité. Si non, dans ces conditions, certains
producteurs ruraux peuvent accaparer à jamais ces espaces au
détriment des autres exploitants.
A ce sujet, l'application du décret n° 87-077 /
PCM/MI du 18 juin 1987 réglementant la circulation et le droit de
pâturage du bétail dans les zones des cultures n'est pas
effective. A cela s'ajoute aussi, le non respect de l'ordonnance n°2010
relative au pastoralisme en son
53
dernier alinéa8. De ce fait, on assiste
à la recomposition de l'espace et aux mutations des statuts fonciers.
Avec le développement de l'irrigation et l'extension des superficies
surtout ces dernières années, les espaces pastoraux sont entrain
d'être transformés en devenant des espaces purement et simplement
agricoles. L'une des conséquences est la déstructuration du
système de la mobilité pastorale. Dans le contexte des dallols,
ce mode de conduite des animaux est d'une importance capitale compte tenu de la
situation écologique du milieu. Il s'agit là du système
plateaux-vallées, vallées- plateaux. Donc, limiter
développement de l'élevage sur les plateaux c'est réduire
la production animale dans cette zone. Selon des nombreuses recherches
passées et en cours, les espaces pastoraux du sahel sont modelés
par un déséquilibre instable entre cheptel et la
végétation9. L'impacte de troupeaux dans le
système écologique sahélien est bénéfique
à bien des égards. La pâture dans le système mobile,
constitue un acte mécanique qui améliore la qualité du
pâturage durant la courte période des croissances des plantes et
enrichi la diversité de la flore. Il est donc nécessaire
d'accorder plus de valeur à cet équilibre, à la favorable
action du bétail pour la préservation de l'environnement du sahel
en générale et de la zone des dallols et de la vallée du
fleuve Niger en particulier.
3.11: Discussions des résultats
Les vallées des dallols Maouri, Fogha et du fleuve sont
des zones qui disposent d'énormes potentialités en ressources
naturelles qui sont diverses et variées. Parmi ces ressources, on peut
identifier la disponibilité des terres agricoles particulièrement
le potentiel irrigable avec une capacité agronomique assez importante et
l'eau.
Au regard des chiffres avancés par les études
récentes, la vallée du dallol Maouri est estimée à
30000 ha (Dambo, 2007) et de 120000 ha pour la vallée du fleuve qui
traverse l'ensemble de la région de Dosso. De celui-ci, seulement 6500
ha sont mis en valeur soit 7% du potentiel. Cependant, l'irrigation est
pratiquée de façon archaïque et traditionnelle. En effet,
même si les types des sols sont aujourd'hui connus dans la zone du fleuve
et des ses affluents fossiles (les dallols), il manque une étude
pédologique pouvant permettre la caractérisation de ces types des
sols. Autrement dit qu'à chaque type de sol doit nécessairement
correspondre un type de cultures.
8 Dans tous les périmètres
aménagés, des terres destinées au parcours et au passage
du bétail doivent être réservées.
9 Abel, 1990. Miehe, 1991. Thébaud, Miehe et
Grell, 1995
54
Mais, il est important de souligner que le
développement de l'irrigation est en pleine expansion surtout avec le
projet de mise en valeur par les partenaires au développement rural et
l'Etat. Ces cultures ont permis aux producteurs de faire face aux
déficits alimentaires et au-delà de subvenir à leurs
besoins.
Si cette activité, requière d'énormes
avantages aux pratiquants, il n'en demeure pas moins que ce
développement de l'irrigation sur les espaces pastoraux a des
incidences.
Le problème central est celui de la coexistence de
systèmes de culture et de systèmes d'élevage en principe
très complémentaires et en pratique compétitive dans un
espace où la production annuelle de biomasse végétale est
insuffisante pour couvrir les besoins énergétiques et vivriers de
la population rurale et les besoins fourragers du cheptel (Pieri, in Raynaut,
1997 :184).
En effet, la cohabitation de l'agriculture et de
l'élevage dans cette zone au sein d'un même espace a
désamorcé le lien de tissu social entre ces deux acteurs. De ce
fait, les rapports sont devenus tendus et le risque de conflit n'est pas
à écarter dans ces conditions. L'exemple des
événements de Farin Gumé et de la commune de Doumega sont
assez illustratifs. En effets, à ce niveau les éleveurs ont
été victimes des dégâts matériels et
même humains en 2012. Dans cette dernière commune, les
éleveurs étaient mis au cours de la même année en
quarantaine et empêché d'exercer l'élevage.
Les problèmes auxquels ils sont confrontés sont
entre autres les difficultés d'accès aux ressources pastorales
à savoir les sous produits agricoles, les ressources fourragères,
les mares et certains points d'eaux dont disposent ces milieux faute
d'envahissement des couloirs de passages des animaux. Donc, l'équilibre
qui existait entre les zones des plateaux et les vallées sont entrain
d'être remis en cause parce que l'extension des chapelets des sites
clôturés a changé la dynamique du système et de la
mobilité pastorale. Du coup, cette pratique a inévitablement
entraîné de changement dans la structure paysagère et la
gestion de l'espace. Peut-on à ce niveau, parler de la recomposition et
du changement du statut foncier ?
Cela est du à un manque de statut clair et de plan de
gestion intégrée et concertée des ressources
foncières.
Si tel est le cas, quel serait alors l'avenir d'une
activité dont sa contribution dans le PIB national n'est pas de moindre
?
Pourtant, la mobilité est reconnue et définie
clairement comme droit fondamental des éleveurs dans le code
rural10.
10 Ordonnance n° 2010- 29 du 20 mai 2010 relative
au pastoralisme : titre II, article 3
55
Cette situation a fait quitter beaucoup d'éleveurs vers
les pays voisins et leurs troupeaux. A ce sujet, ils ne manifestent aucunement
pas le désir de retourner aux Niger malgré les menaces qu'ils
courent dans certains pays.
Par ailleurs, l'une des préoccupations majeures qu'on
peut relever à l'issue de cette étude est aussi la
méconnaissance du code rural et de ses structures de
démembrements (les commissions foncières) faute des missions des
sensibilisations et de vulgarisations dans certaines communes. Même au
plan national, le taux d'installation des commissions foncières de bases
est très faible. Il est de 17,56% selon le bilan diagnostic de 20 ans
d'expérience du code rural en 2013.
A cela, s'ajoute d'autres facteurs entre autres des
dérives en matière de la gestion et où de la gouvernance
foncière, le manque des formations et de renforcements de
capacité et le faible niveau de certains cadres en charge de cette
tache. Ces fléaux justifient combien de fois que l'Etat est absent dans
l'application et le processus de vulgarisation des structures du code rural.
A la lumière de ce qui se précède, on se
rend à l'évidence que malgré le potentiel irrigable dont
dispose la zone d'étude, on constate une faible mise en valeur.
Seulement, 6500 ha sont mis en exploitation en 2011. Concernant les modes
d'accès, il existe en général dans l'ensemble de la zone
d'étude quatre modes d'accès aux sites irrigués à
savoir l'héritage (43,01%), le prêt (39,76%), l'achat (13,97%) et
en fin le gage avec 3,22% de la population enquêtée.
Il ressort aussi clairement que le développement de
l'irrigation dans les vallées des dallols et du fleuve a des incidences.
Seul, l'aménagement de cet espace partagé pourrait régler
cette situation dans ces milieux très riches et humides qui attirent
l'appétit des agriculteurs et des éleveurs. L'exploitation
apaisée et durable exige la complémentarité entre les
différentes activités à travers la
complémentarité des utilisations de l'espace.
56
CONCLUSION GENERALE
Ce travail de recherche a porté sur les incidences
foncières du développement de l'irrigation sur les espaces
pastoraux dans les vallées des dallols Maouri, Fogha et du fleuve
(Région de Dosso).
Ce sont des zones humides où cohabitent ces deux
activités à savoir l'agriculture et l'élevage compte tenu
de ses fortes potentialités en ressources naturelles (la terre, les
eaux, les ressources fourragères...).
Au terme de cette étude et conformément aux
objectifs que nous avons visés, il ressort clairement sans
ambiguïté que le développement de l'irrigation est en plein
essor dans ces vallées. Cette extension a des incidences sur les espaces
pastoraux. Ces sites étendus et clôturés empiètent
sur ces espaces.
L'analyse de nos résultats, nous a permis de constater
que les éleveurs ont des difficultés d'accéder aux
ressources pastorales. Il s'agit des couloirs de passage, des enclaves
pastorales des ressources fourragères, aux puits, mares et autres points
d'eau. Il faut aussi noter qu'il n'existe aucune aire de pâturage dans
cette zone. La conséquence sociale est l'aggravation des conflits entre
les maraîchers et les éleveurs locaux et transhumants. Les
contraintes liées au développement de l'irrigation auxquelles
sont soumis les éleveurs ont poussé certains à quitter le
pays. C'est ce qui explique la mutation du statut foncier et la recomposition
de l'espace à travers l'extension des sites irrigués et la
restriction des espaces pastoraux. Ces résultats confirment notre
première hypothèse.
Après ce point, nous avons ressorti des
difficultés liées à l'application des textes qui
s'expliquent à travers la méconnaissance de textes du code et
même de ses structures de pilotage : les commissions foncières
faute de manque de sensibilisation et de vulgarisation d'une part et d'autre
part, par des dérives en matière de la gestion. Ce point de vue
traduit, l'absence de l'Etat dans l'application et le processus de
vulgarisation des structures du code rural. Ces éléments
répondent aux questions posées et confirment aussi la
deuxième hypothèse.
En guise des perspectives de recherche conçues à
l'issue des résultats obtenus au cours de cette étude, nous
formulons ces questions :
? avec la politique actuelle du développement de
l'irrigation, comment y parvenir à sécuriser les espaces
pastoraux dans les vallées des dallols et du fleuve ?
? quel serait l'avenir de l'élevage et de la
mobilité pastorale dans cette zone?
57
? pour éviter les conflits entre acteurs et permettre
une bonne gestion intégrée des ces espaces partagés
n'est-il pas nécessaire de concilier ces deux activités et
intensifier les systèmes de production ?
? au regard du potentiel irrigable, faiblement exploité
et de l'importance capitale que revêt le sous secteur de l'irrigation
pour sa contribution au développement socio-économique, il nous
semble important que des réflexions et des actions
supplémentaires en terme d'appui par rapport au développement des
cultures irriguées nécessitent d'être entreprises.
? Une étude diagnostique et pédologique des sols
devrait être menée d'abord. Cela, permettrait aux décideurs
et aux génies ruraux de spécifier qu'à chaque type de sol,
sera affecté telle production.
58
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ONAHA, 2012. Carte des Visites des
Aménagements hydro-Agricole de la région de Dosso.
ORSTOM, 1979. Analyse Hydrogéologique de
l'Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre - Mer, 1970-1979,
P498
ORSTOM, 1969. Projet de mise en valeur du
dallol Maouri . · étude hydrologique. p112 PINI. G
et TARCHIANI. V, 2007. Les systèmes de production
agro-sylvo-pastoraux du Niger . · 3- description et analyse
PINI. G et TARCHIANI. V, 2007. Les
systèmes de production agro-sylvo-pastoraux du Niger . · 2 -la
caractérisation agro-écologique
REPUBLIQUE DU NIGER : RECA, 2004. Le zonage
Agro- écologique du Niger, 12p REPUBLIQUE DU NIGER :
Plan du Développement Economique et Sociale(PDES)
NIGER, 2012-2015
REPUBLIQUE DU NIGER : CNCR, 2013. Etude de
bilan de la misse en oeuvre de la politique du code rural au Niger, doc1,
Rapport Finale
REPUBLIQUE DU NIGER : CNCR, 2013. Etude de
bilan de la misse en oeuvre de la politique du code rural au Niger, doc2,
Esquisse d'une Feuille de Route pour une Politique Foncière au Niger
REPUBLIQUE DU NIGER : CNCR, 2013. Etude de
bilan de la misse en oeuvre de la politique du code rural au Niger, doc3,
Synthèse du Rapport
REPUBLIQUE DU NIGER (CN/CR), Recueil des
Textes du code Rural, édition 2013, 386p REPUBLIQUE DU
NIGER : INS-NIGER, Le Niger en chiffre, édition 2011
REPUBLIQUE DU NIGER : Recensement
Général de l'Agriculture et du Cheptel (20052007). ·
résultats définitifs
ROY. P, 2001. Projet de promotion de
l'irrigation privée(PIP2), 101p
60
WAZIRI .M.M, 2000. Les cultures de contre
saison dans le sud de la région de Zinder, thèse de
3e cycle Lausanne, 358p.
YAJI. S, 2010. Etude diagnostique de la
filière pomme de terre dans les communes de Doutchi, Koré Mairoua
et Skoucoutane (département de Doutchi)
ANNEXES
61
62
Guide d'entretien adressé aux
maraîchers
1. Date de l'observation
2. Département de /Commune / Village
3. Nom /Prénom
4. Vos activités principales
5. Parlez nous de l'irrigation, sa période et
durée
6. Parlez nous de tous les problèmes que vous rencontrez
7. Informez nous de vos rapports avec les éleveurs
8. Parlez nous du mode d'accès aux espaces
irrigués
9. Parlez nous des risques que peut engendrer le
développement de l'irrigation sur les espaces
pastoraux
10. Dites nous les mécanismes de gestion et de
règlement mis en place en cas de conflit dans votre
village
11. Connaissance du code rural
12. Au regard de cette situation foncière, dites nous vos
avis par rapport aux dispositions actuelles
du code rural
13. Vos suggestions
63
Guide d'entretien adressé aux
éleveurs
1. Date de l'observation
2. Département de /Commune / Village
3. Nom /Prénom
4. Vos activités principales
5. Parlez nous de l'élevage et de l'état de vos
ressources pastorales
6. Parlez nous des problèmes que vous rencontrez par
rapport à l'accès aux ressources pastorales
7. Dites nous les risques que peut engendrer le
développement de l'irrigation sur les espaces
pastoraux
8. Dites nous vos relations avec les maraîchers
9. Parlez nous des conflits spécifiques autour du foncier
pastoral
10. Dites nous les mécanismes de gestion et de
règlement mis en place en cas de conflit dans votre
village
11. Connaissance du code rural
12. Au regard de cette situation foncière, dites nous vos
avis par rapport aux dispositions actuelles
du code rural
13. Dites nous le sort de l'élevage, si cette tendance du
développement de l'irrigation continue
14. Vos suggestions
64
Guide d'entretien adressé aux cadres des services
techniques, aux autorités administratives et coutumières et aux
groupes d'associations des maraîchers et des éleveurs
1. Date de l'observation
2. Département de /Commune /Village
3. Nom /Prénom
4. Parlez nous de la situation de l'élevage et du
développement de l'irrigation sur les espaces
pastoraux
5. Parlez nous des incidences foncières du
développement de l'irrigation sur les espaces
pastoraux
6. Mode d'accès à la terre
7. Parlez nous des conflits nés du besoin de mise en
culture
8. Dites nous les difficultés liées à
l'accès aux ressources pastorales que rencontrent les
éleveurs
9. Dites nous les mécanismes de gestion et de
règlement mis en place en cas de conflit
10. Au regard de cette situation foncière, dites nous vos
avis par rapport aux dispositions
actuelles du code rural
11. Dites nous le sort de l'élevage, si cette tendance du
développement de l'irrigation continue...
12. Vos suggestions à l'endroit du code rural
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