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UNIVERSITE MARIEN NGOUABI
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FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES
Année : 2015 N° d'ordre :
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THESE UNIQUE
Pour l'obtention du grade de Docteur
Domaine : Anthropologie Culturelle
Formation Doctorale : Espaces littéraires, linguistiques
et culturel (E.L.LI.C.) Parcours : Identités Culturelles Africaines
(I.C.A.)
Spécialité : Ethnologie
Présentée et soutenue publiquement le 9 juin
2016
par
Jean-Claude MOUSSOKI
L'USAGE DES INSTRUMENTS DE MUSIQUE
DANS LA COMMUNICATION CHEZ LES KONGO
Sous la direction de :
M. François LUMWAMU, Professeur
Titulaire, Université Marien Ngouabi
avec
M. Omer MASSOUMOU, Maître de
Conférences, Université Marien Ngouabi
Jury :
Président : M. Dominique
NGOIE-NGALLA, Professeur Titulaire, Université Marien NGOUABI,
Brazzaville (Congo)
Rapporteurs : MM François
LUMWAMU, Professeur Titulaire, Université Marien Ngouabi,
Brazzaville (Congo)
Omer MASSOUMOU, Maître de
Conférences, Université Marien Ngouabi, Brazzaville (Congo)
Membres :
- M. Jean-Chrétien EKAMBO, Professeur,
Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication
(IFASIC) de Kinshasa, République démocratique du Congo (RDC) ;
- M. David ELENGA, Maître de
Conférences, Université Marien Ngouabi, Brazzaville (Congo)
Sommaire
Liste des sigles et abréviations iii
Liste des cartes v
Liste des tableaux vi
Liste des figures vii
Dédicace ix
Remerciements xii
Introduction générale 1
Intérêt scientifique du sujet 4
Intérêt affectif 5
Problématique 5
Hypothèses de la recherche 6
Méthodologie de la recherche 6
Corpus du sujet 10
Première partie : Présentation de l'espace
culturel kongo 12
Chapitre 1 : Définition de l'aire culturellekongo 13
Chapitre 2 : Les Suundi 15
Chapitre 3 : Les instruments de musique en usage chez les Suundi
17
Deuxième partie : Les fonctions des instruments de
musique 68
Chapitre 4 : Le code sonore ou le langage
tambouriné chez les
Suundi 71 Chapitre 5 : Evolution des instruments de musique :
entre continuité
et discontinuité 82
Chapitre 6 : Approches ethnographiques des instruments de musique
105
Troisième partie : Contextes d'utilisation des
instruments de musique
et leur impact dans la communauté des Suundi
134
Chapitre 7 : Contextes d'utilisation des instruments de musique
135
Chapitre 8 : L'impact des instruments de musique sur la
communauté des Suundi à travers les espaces et les acteurs
sociaux de la
communication 176
Chapitre 9 : Analyses anthropologiques des instruments de
musiques 210
Conclusion générale 240
Annexes 243
Références bibliographiques 267
Index 326
Table de matières 336
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ACSI : Agence congolaise des systèmes d'information ex
OCI
AEG : Allgemeine Elektricitäts Gesellschaft :
Société de Constructions Electriques Allemandes
BCC : Banque Commerciale Congolaise
BIDC : Banque Internationale de Développement du Congo
(dénommée Crédit du Congo, filiale Groupe ATTIJARIWAFA
Bank
BIT. : Bureau International du Travail CFA : Communauté
Financière Africaine CFCO : Chemin de Fer Congo-Océan CICR :
Comité international de la Croix-Rouge
CPA : Christianisme Prophétique en Afrique
CNSS : Caisse Nationale de Sécurité Sociale
DEA : Diplôme d'Eudes Approfondies
DRTV : Digital Radiotélévision
EEC : Eglise Evangélique du Congo
ELLIC : Espaces Littéraires, Linguistiques et Culturels
FAI : Fournisseurs d'Accès Internet
FAO : Fonds des Nations Unies pour l'Alimentation et la Faim
FLEC : Front de Libération de l'Enclave du Cabinda
FRDH : Forum de Radio des Droits de l'homme
FRELIMO : Front de Libération du Mozambique
MCDDI : Mouvement Congolais pour la Démocratie et de le
Développement Intégral
NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication
iv
OCI : Office Congolais d'Informatique (dénommé)
Agence Congolaise
des Systèmes d'information
OCM : Observatoire Congolais des Médias
OCORA : Office français de Coopération
Radiophonique
ONPT : Office National de Postes et
Télécommunications
OMS : Organisation mondiale de la Santé
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
RDC : République Démocratique du Congo
SMS : Short Message Service =Service de messages courts
SUCO : Société Sucrière du Congo
TIC : Technologies de l'Information et de la Communication
TSF : Télécoms Sans Frontières
Unesco : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la
Science et
la Culture
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
USAID : United States Agency for International= Agence
américaine
pour le développement international
WWW (Word Wide Web): Internet
LISTE DES CARTES
Carte n°1 : Les groupes ethnolinguistiques kongos 14
Carte n°2 : Les Suundi dans l'espace kongo 16
Carte n°3 : Royaume kongo et son extension à la
fin du 17ème siècle 257
vi
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n°1 : Les difficultés rencontrées
dans la communication
traditionnelle en zone urbaine 187 Tableau n°2 : Les
difficultés rencontrées dans la communication
traditionnelle en zone rurale 188 Tableau n°3 : Les
difficultés rencontrées dans l'usage des
outils modernes de communication en zone urbaine
189 Tableau n°4 : Les difficultés rencontrées dans
l'usage des outils moder-
nes de communication en zone rurale 191 Tableau n°5:
L'abandon des moyens traditionnels de communication au
profit des moyens modernes 193
Tableau n°6: Méfaits des moyens modernes de
communication 196
Tableau n°7: Opinions sur la société
informationnelle moderne 198
Tableau n°8: Répartition des enquêtés
selon le sexe et par départe-
ments 201
Tableau n°9: La répartition des
enquêtés par tranche d'âge 202
Tableau n°10: La répartition des
enquêtés selon le niveau d'étude 203
Tableau n°11: La répartition des
enquêtés selon la profession 203
Tableau n°12 : La répartition des
enquêtés selon l'état matrimonial 204 Tableau n°13:
Les moyens modernes de communicationnels plus utilisés
pour communiquer à distance 205 Tableau n°14 :
Degré d'efficacité des outils traditionnels
de communication 207 Tableau n°15 : Lexique,
l'entrée se fait à partir de la langue française 245
Tableau n°16 : des instruments de musique en usage chez les Suundi 251
Tableaux n°17 : Les types d'enquêtes 256
LISTE DES FIGURES
Figure n°1 : Tambour à friction (mukwiti,
kingulungulu) 16
Figure n°2 : Un tam-tam de forme cylindrique 20
Figure n°3 : Un tam-tam en bois recouvert d'une peau de
chèvre 20
Figure n°4 : Une femme lari actionnant son instrument de
musique 22
Figure n°5 : Un tambour sur pied
(péténgé i) 22
Figure n°6 : Un mini tambour à fentes 23
Figure n°8 : Une cloche en bois à battants (kunda)
internes 26
Figure n°9 : Une cloche simple rituelle en bois à
battants internes
au dibu 26
Figure n°10 : Un tambour à fentes anthropomorphe
(nkonko) 28
Figure n°11: Un tambour d'eau (ntumfu) 30
Figure n°12 : Une cloche fondue en fer 34
Figure n°13 : Une cloche en fer, instrument de
récupération (gente
de voiture) 35
Figure n°14 : Des cloches gongi peintes en rouge 36
Figure n°15 : Une cloche, ngonji double (blanc) 37
Figure n°16 : Hochet (maracasses, ntsakala) 38
Figure n°17 : Hochet en boule avec plusieurs capsules
montées sur
les (ramifications d'un même manche) 39
Figure n°18 : Hochet tressé monté sur un
manche en bois 39
Figure n°19 : Un racleur, munkwaka 41
Figure n°20: Lamellophone avec une caisse de
résonance allongée
tsimbi 43
Figure n°21 : Un ensemble de six sifflets
(nsiba) 48
Figure n°22 : Des extrémités d'une
flûte traversière et d'une flûte
droite (de gauche à droite) 50
Figure n°23 : Une trompe traversière, mvoumvouri
bembé ou mvudi
(suundi) 51 Figure n°24 : Une trompe traversière,
corne de buffle, siki, mpoka,
à l'état brut 53
Figure n°25 : Des instruments à figuration humaine
54
Figure n°26 : Un cordophone (ngomfi bembé) 58
Figure n°27 : L'artiste Izé
Mabiala-Mankélé jouant le ngomfi à la
gare de Loudima (Bouenza) 60 Figure n°28 : Un piano
à pouce, à défaut de la chair de bambou, fait
de lamelles en fer 62 Figure n°29 : Arc musical
Matériau: bois, calebasse, métal, tissu
(1 corde) 64
Figure n°30 L'alphabet Morse 72
Figure n°31 Le langage OACI du Morse 73
Figure n°32 :° Un artiste fabriquant un tambour qu'il
noue à l'aide
des lattes de bois 109
Figure n°33 : Un tronc d'arbre évidé
prêt à devenir un tambour 109
Figure n°34 : Un Tambour recouvert d'une peau de peau de
cabri 111
Figure n°35 : Guide de montage de peaux (i) 112
Figure n°36 : Guide de montage des peaux (ii) 112
Figure n°37 : Mukonzi n°1 du village Soukou-Bouadi,
sculpté en
1958 par Jean Kinkouémi décédé le 12
mars 1976 115
Figure n°38 : Mukonzi n°2 119
Figure n°39 : Mukonzi n°3 119
Figure n°40: membranophone (se jouant debout) 120
Figure n°41 : membranophone (se jouant couché) 120
Figure n°42 : Tambour sur cadre, petengé (ii) 121
Figure n° 43 : Cloche à deux battants 122
Figure n°44 : Un procédé artisanal de
fabrication des tambours
ix
en argile 124
Figure n°45 : Guide montage des cloches 127
Figure n°46 : Fulbert Mpandzou-Miyalou , sifflet à la
bouche 130 Figure n°47 : Un procédé traditionnel de
fabrication des
cordophones 133
Figure n°48 : Ensemble des tambours du groupe Ntuka Kongo
140
Figure n°49 : La danse bouendé exécutée
par les populations à Wanda-
Mantsendé 141 Figure n°50 : Un ensemble des
tambours à friction et tambours cylindrique (Balari) joués lors
d'une fête de levée de deuil, matanga 144 Figure n°51 :
Pleurs et lamentations mortuaires lors des funérailles de M.
Antoine Vividila 148 Figure n°52 : Des instruments de
musique (de fortune) utilisé lors des revendications sociales des
ex-travailleurs de l'ONPT (objet de
revendication d'affirmation identitaire) 170
Figure n°53 : Membranophone en bois 214
Figure n°54: Membranophone (mosaïque) en forme de
récipient 215
Figure n°55 : Quatre membranophones décorés
216
Figure n°56 : Un tambour sur pied (iii) 216
Figure n°57 : Une corne traversière (mpungi,
siki, mpoka) 217
Figure n°58 : Une guitare traditionnelle 219
Figure n°59: Des instruments de musique,
décorés, utilisés à l'église du
Centenaire de Brazzaville 221
Figure n°60 : Une Harpe (Kunyi du Congo-Gabon) 222
Figure n°61 : Instruments à figuration humaine 234
Figure n°62 : Un tambour peint en rouge 235
Figure n°63 : Deux tambours peints en vert 237
Figure n°64 : Instruments de musique au Royaume Kongo
(Epugu, Mabira
et Nsambi) 258
Figure 65 : Chien de chasse portant une cloche en bois (dibu)
259
Figure n°66 : La case communautaire (mbongi, musampa,
mwanza) 259
Figure n°67 : Ensemble des ngoma, tambours
260 Figure n°68 : Un groupe folklorique (ensemble des membranophones
et
des musiciens) 260
Figure n°69 : Ensemble des ngoma en orchestration 261
Figure n°70 : Un tambour debout 261
Figure n°71 : Trompes d'éléphant servant de
flûtes : instruments de
musique et ou de communication 262
Figure n°72 : Une gente de voiture servant de cloche 262
Figure n°73 : Une cloche en fer 263
Figure n°74 : Une Coupe horizontale d'un tronc d'arbre
évidé 263
Figure n°75 : Une coupe des tambours à fentes
(différents types) 264
Figure n°76 : Usage de la cloche pour les pratiques
religieuses 265
Figure n°77 : Coupe d'un tambour bembé 265
Figure n°78 : La guitare traditionnelle (Ngomfi à 5
files) 266
Figure n°79 : Un musicien occasionnel (M. Samuel Mabanza
jouant
du mukonzi 266
xi
Dédicace
Ce travail est dédié à
Alphonse MOUANDA, mon père DINZEBI DIA-NGOMA, mon
grand-père maternel MPOMBO-MBOULA, ma grand-mère
maternelle MOUSSOKI-MOUANDA, mon grand-père paternel NIANGUI, ma
grand-mère paternelle Benjamin MPONGUI, mon frère
aîné Jules MOUANDA, mon frère
aîné Nestor DINZEBI, mon frère
aîné Francine KIBINDA, ma soeur cadette
Depuis longtemps disparus
Remerciements
Messieurs les professeurs François LUMWAMU et Omer
MASSOUMOU ont dirigé ce travail de bout en bout avec constance,
fermeté et rigueur, à eux tous mes sincères
remerciements.
J'ai bénéficié des conseils et des
encouragements du Professeur Dominique NGOIE-NGALLA, à lui aussi, tous
mes remerciements.
A tous mes informateurs, je dis merci.
Ma femme Leticia-Alida, mes enfants Claude-Dominique-Raïs,
Merveille-Maureen, Exaucé-Daniel, Pascale-Fortunée et
Glorieux-Nathan, qui m'ont soutenu moralement dans cette aventure, un grand
merci à eux.
1
INTRODUCTION GENERALE
2
Faute d'écriture et confrontés aux besoins de
communiquer, les Suundi inventent un moyen qui devient plus tardun code qui
utilise des « instruments1 de musique ». Dans la grande
diversité de leurs instruments de musique2, ils en
repèrent deux plus propres à répondre aux soucis
d'élaboration d'un code pour communiquer : mukonzi, nkonko et
ngoma ou ngomo. Ce code est un ensemble de symboles ou de
signes convenus à l'intérieur de l'aire culturelle kongo
grâce auquel un émetteur peut transmettre une idée.
L'espace kongo, ce qu'il est convenu d'appeler une aire
culturelle, est un espace géographique habité et dont les
composantes démographiques diversifiées quant à un certain
nombre de leurs registres culturels partagent les mêmes valeurs
dominantes : les codes sociaux, les codes juridiques, les coutumes et les
croyances religieuses et, naturellement la langue qui avait servi à
élaborer cette culture kongo et qui reste le réservoir de
celle-ci. Entre les composantes démographiques de l'aire culturelle
kongo, les différences sont de l'ordre du détail.
A l'observation, il n'est pas difficile d'identifier les
traits communs de famille qui parcourent cet espace. De cette façon,
l'espace kongo tout entier possède un code propre de transmission des
messages tout à fait différent des autres aires culturelles par
son contenu. De sorte que si on l'utilise en dehors de l'espace kongo, il
devient inopérant.
1L'instrument, qui est à l'origine de toute
musique, se définit comme « Tout dispositif qui permet d'obtenir
une collection variée d'objets sonore - ou des objets sonores
variés - tout en maintenant à l'esprit la permanence d'une cause,
est un instrument de musique, au sens traditionnel d'une expérience
commune à toutes les civilisations », M. Chion, Guide des
objrts sonores : Pierre Schaeffer et la recherche musicale, Paris, Ed.
Buchet/Chastel, 1983, p.52.
2 (...) La plupart des instruments de musique sont
à base de bois auquel on ajoute soit du cuir, soit des calebasses, des
cordes, du métal, écrit Mahaman Garba, « Divergences et
convergences des musiques traditionnelles et modernes dans la culture
nigérienne », In Itinéraires et convergence des musiques
traditionnelles et modernes d'Afrique, Paris ; Brazzaville : L'Harmattan ;
Fespam, 2004, p.162.
3
Le modèle de communication proposé Harold Dwight
Lasswell3 décrit une action de communication en ce qu'elle
répond aux questions suivantes " : Qui, dit quoi, par quel canal,
à qui et avec quel effet ? "
· Qui: correspond à tous les membres de cette
communauté kongo dont il est question dans ce travail qui participent au
jeu de la communication et, qui sont parvenus à comprendre certaines
choses très tôt. Car c'est très tôt que l'enfant
(kongo)4 devient à ce niveau un membre actif de sa
communauté. Il se dote des instruments qui lui permettent de comprendre
ceci ou cela en situation de communication;
· Dit quoi: se rapporte au message, à l'analyse
de son contenu.
· Par quel canal : désigne l'ensemble des signes
convenus utilisés pour donner une information (code visuel) ;
· A qui: désigne les destinataires, les kongo
dont nous venons de reconnaître qu'ilsutilisent, pour se parler, les
mêmes signes conventionnels (le langage). Dans certaines contrées,
ce code (visuel ou visible) s'est étoffé comme chez les
Suundi;
· Avec quel effet: Dans ce moyen de communication
très limité, le destinataire saisit juste une idée, il ne
peut comprendre le détail de l'information qu'on lui donne. Cela est
réservé à l'écriture alphabétique,
phonétique, consonantique qui donne le détail car il
3 H.D. Laswell, « L'Analyse du contenu »
et le langage de la politique, In: Revue française de science
politique, n°3, 1952. pp. 505-520.
4 A l'âge de quatre ans, le garçon
quitte sa mère pour rejoindre son père qui va se charger de
l'éduquer jusqu'à son apprentissage professionnel : c'est lui qui
transmet à la fois la connaissance de la nature environnante (plantes,
animaux...) et les savoir-faire - construire une maison, chasser, pêcher,
cultiver la terre, récolter le Malavu Ma nsamba (vin de palme),
etc...L'éducation des garçons se déroule dans le
Mbongi familial, abri constitué de piliers en bois supportant
un toit à deux pentes recouvert de chaume avec un foyer central : c'est
là que les hommes du lignage se retrouvent pour discuter et prendre en
commun tous leurs repas, assis sur des chaises longues Tanawa,
consommant les nourritures déposées par les épouses dans
des assiettes ou des marmites à même le sol... L'homme qui se
dérobe à cette obligation collective, en restant dans la cour de
sa femme, est appelé Mfuékéné («
égoïste »). Le petit garçon se retrouve donc au milieu
d'une communauté d'hommes qui remplit le rôle de «
père », écrit Olivier Bidounga, Le Kimuntu,
source de la sagesse Kongo, sn, sl, sd, p.3.
4
enregistre la parole. Les Suundi auxquels nous avons
consacré cette étude sont une composante de l'aire culturelle
kongo. Ils utilisent un code en usage dans tout l'espace kongo à un
détail instrumental près et ont, donc, choisi un code si simple,
accessible à tous les membres d'une communauté parvenus à
l'âge de raisonner.
Dans l'espace culturel kongo, lorsque les conditions
d'émission et de réception sont bonnes, l'information est
comprise dans les limites que nous avons indiquées plus haut
1. Intérêt scientifique du
sujet
Soucieux de comprendre le fonctionnement d'une
société sans écriture, l'intérêt scientifique
d'un tel thème est évident pour les anthropologues, pour les
historiens, pour les ethnologues, pour les sociologues, pour les
communicateurs, pour les politiciens aussi. La question sous l'angle où
nous l'envisageons ici n'a jamais fait l'objet d'une enquête
scientifique.
On s'est jusque-là préoccupé de la
musique5 (O Marck6, les Annales du Musée du
Congo7 et BertilleSöderberg8) dans l'espace culturel
kongo, mais pas encore sous l'angle où nous la concevons.
5 Si certaines thèses sur l'extrême
diversité des instruments de musique congolais ont
considéré comme une preuve des dispositions extraordinaires des
noirs pour la musique, d'autres thèses sont venues combattre
celles-là en situant hors d'Afrique l'origine de la plupart des
instruments qu'on y joue, de telle sorte que l'organologie congolaise serait
presque entièrement d'importation, A. P. Merriam et P Lowie,
cités par J.N. Maquet, Note sur les instruments de musique
congolais, Mémoire de Licence en Musicologie, Bruxelles :
Mémoire Académique Royale des Sciences coloniales, p.7.
6O.Marck, La musique dans la
société traditionnelle au royaume Kongo (XVe- XIXe siècle)
Mémoire de Master 1 « Sciences humaines et sociales »,
Grenoble: Université de Grenoble, 2010, 176 p.
7Musée Royal de l'Afrique Centrale, Note
analytique sur les collections ethnographiques du musée du Congo, tome 1
: fascicule 1 : les arts : la musique, Bruxelles : Tuverne-Belgique,
1902.
8B. Söderberg, Les instruments de musique
au Bas-Congo et dans les régions environnantes : étude
ethnographique, Stockholm, 1956, 283 p.
5
2. Intérêt affectif
Du point de vue affectif, appartenant nous-mêmes au
groupe ethnique kongo, singulièrement au sous-groupe Suundi, ce sujet
revêt pour nous un intérêt affectif certain : nous cherchons
à comprendre comment nos ancêtres, en l'absenced'une
écriture au sens propre de ce mot, réussissaient-ils à
vaincre la distance pour faire parvenir des informations à des
destinataires se trouvant au loin.
Ce travail vise à répertorier et à
analyser les instrumentsde musiqueen usage chez les Suundi de l'aire culturelle
kongo. Nous nous proposons ainsi par l'analyse des formes des instruments et de
leurs sons codés, d'aller au coeur de leur intention de communiquer
à partir d'un code sonore que nous allons analyser plus loin.
3 Problématique
Le besoin de communiquer au loin était apparu chez les
Suundi, comme une nécessité au même titre que les besoins
de se loger, de se vêtir et de se soigner. L'absence d'écriture
les amenât à imaginer à partir d'instruments de musique un
code sonore.
Etant donné le caractère rudimentaire des
instruments de musique et du code, quel type d'information pouvaient-ils,
alors, donner ?
Avec quelle chance d'être compris ?
Vu la qualité du code, il fallait s'attendre à
des limites certaines. Mais, l'important c'est qu'un petit nombre des choses
(informations, messages etc...) qu'ils avaient à donner puisse
être parfaitement reçu et compris Il s'agissait de donner l'alerte
(le signal) à la communauté devant un danger, une catastrophe,
etc.
6
Les choses n'allaient pas vraiment pas au-delà, ce qui
était déjà bien. Pourtant, c'est que comme la langue, ce
code tendît à développer d'autres sous codes et à
devenir complexe. Mais puisque les éléments de base de ce code
étaient restés des universaux à travers toute l'aire
culturelle kongo, il n'était donc pas bien difficile à celui qui
le connaissait à le déchiffrer là où il devenait
plus complexe.
4. Hypothèses de la recherche
C'est probablement après de longues
générations de tâtonnements que les Suundi, parviennent
à élaborer un code pour communiquer et accessible à tous
les Suundi adultes et initiés ;
Les éléments qui caractérisent le message
tambouriné ;
La « féminisation du langage9 »
tambouriné ou du code sonore; Seuls les membres de la communauté
des Suundipeuvent encoder et décoder certains types de messages
après initiation;
Au mbongi, espace d'apprentissage et de transfert de la
culture populaire de la communauté;
Dans cet espace culturel, ces espaces (mbongi) ont
disparu ou sont en voie de l'être.
Tel que annoncé, le sujet nous oriente vers un
développement complexe de son contenu.
5. Méthodologie de la recherche
Pour réaliser cette étude nous avons
consulté plusieurs sources : les unes orales et les autres
écrites.
9 P. Niedzwiecky, «Women and langage »,
In Cahier des femmes d'Europe, n°40, August 1993, 59 p.
7
5.1. Les sources orales : Nous nous sommes
entretenus avec des informateurs Suundi (hommes et femmes)10 sur les
instruments de musique en usage dans cette aire culturelle. Il s'est agi
principalement des entretiens qui ont porté sur la morphologie, sur les
procédés de fabrication, sur les diverses fonctions sociales et
sur le code sonore. Régulièrement, nous sommes revenus vers
certains d'entre eux pour vérifier les informations de départ.
C'est sur ce type de ressources que repose l'essentiel de nos analyses.
5.2. Les sources écrites : Nous avons
consulté et utilisé, dans les bibliothèques et les centres
de documentation de Brazzaville, diverses sources des auteurs dont les travaux
portent sur les Kongo et d'autres sur les modèles de communication dans
les sociétés sans écriture. Nous en commentons leurs
contenus:
5.2.1. Les ouvrages généraux
'( La Vie quotidienne au royaume de kongo: du XVIè
au XVIIIè siècle.Pour notre étude, ce
livre11 a été d'une grande utilité. Il nous a
permis de comprendrel'existence de nombreux instruments traditionnels de
musiqueen usage dans l'aire culturelle kongo. Des instruments qu'on faisait
résonner aux festivités, en temps de guerre
10 Tableau n°1. Liste des personnes
interviewées (interlocuteurs) sur la base des contacts que nous avons
eus. Nous ne dresserons pas une liste complète de tous ces acteurs qui
nous ont renseignés sur les différents aspects liés aux
instruments de musique traditionnels. Seuls quelques-uns d'entre eux seront
rapportés.
11G. Balandier, La Vie quotidienne au royaume
de kongo : du XVIème au XVIIIème siècle, Paris :
Hachette, 1965, p.110.
8
et en d'autres occasions. Ainsi, en temps de guerre12,
les plus gros
instruments (tambours) servaient à donner les signaux;
l'alerte ;
V' Aux confins du Ntotila : entre mythe, mémoire et
histoire : Bakaamba, Babeembe, Badoondo, Basuundi, Bakunyi de Dominique
Ngoie-Ngalla13. Ce livre est utile pour qui veut connaître les
contours de l'aire culturelle kongo ;
V' Les Kongo de la vallée du Niari : origine et
migration XIIIè-XIXème siècles : Bakamba, Bakunyi,
Basundi, Babéembé de Dominique Ngoie-Ngalla14. Ce
livre nous donne les principales composantes sociales de l'aire culturelle
kongo.
5.2.2. Les ouvrages et les articles
spécialisés
V' Les instruments de musique au Bas-Congo et dans les
régions avoisinantes : étude ethnographique de
BertilSöderberg15. Cet ouvrage a été, pour nous,
d'une grande utilité. Il est un répertoire des principaux
instruments de musiqueen usage chez les Kongo. Des membranophones aux
cordophones en passant par les idiophones et les aérophones, les
instruments ainsi recensés ont été regroupés
suivant la classification de V. Hornbostel et de Curt Sach. La morphologie, les
procédés de fabrication, la localisation, les contextes
d'utilisation ainsi que les fonctions de certains d'entre eux
12L'usage des instruments de musique en temps de
guerre a été approuvé. Un ouvrage existe à ce
propos publié par Etienne Mayoulou, L'histoire des forces
armées dans l'espace culturel koongo : des origines à la
colonisation, Paris, Publibook, 2006.
13 D. Ngoie-Ngalla, Aux confins du Ntotila : entre
mythe, mémoire et histoire : Bakaamba, Babeembe, Badoondo, Basuundi,
Bakunyi, Paris, Baja-Meri, 2007.
14 D. Ngoie-Ngalla, Les Kongo de la
vallée du Niari : origine et migration XIIIè-XIXème
siècles : Bakamba, Bakunyi, Basundi, Babéembé,
Brazzaville, Presse Universitaire de Brazzaville, 1981.
15 B. Söderberg, Les instruments de
musique au Bas-Congo et dans les régions avoisinantes : étude
ethnographique, Stockholm : The ethnographique Museum of Sweden, 1956.
9
nous ont été d'un apport décisif dans
notre travail. L'auteur B. Söderberg a étudié les
instruments de musique des civilisations archaïques, les détails de
leurs particularités et, déterminé les divers types de
messages susceptibles d'être donnés par l'intermédiaire de
ces instruments de musique;
V' « Instruments de musique au royaume Kongo :
XVI-XVIIIème siècle » de Th. Obenga16. Cet
article a été très utile. Il nous a permis, à
travers une esquisse de répartition, de comprendre que l'usage des
instruments en cours dans cet espace à cette période est une
sorte de « langage socio-esthétique »17;
V' Les « Notes ethnographiques sur quelques
instruments de musique bembé » de Dominique
Ngoïe-Ngalla18 ont été utiles. Ces instruments de
musique, selon l'auteur, servent de musique communication émotionnelle
entre les membres du groupe;
V' « Aperçu sur le lyrisme19 Beembe
» de Dominique Ngoïe-Ngalla20; l'auteur fait
ressortir la fonction de communicationpoétique de la
musique Bembée à partir de la harpe traditionnelle
: le ngomfi ;
16 Th. Obenga, « Instruments de musique au
royaume Kongo : XVI-XVIII ème siècle », In Cahiers
congolais d'anthropologie et d'histoire, t.6, 1981.
17 Th. Obenga, Ibid., p.1.
18 D. Ngoïe-Ngalla, « Notes
ethnographiques sur quelques instruments de musique bembé », In
Cahier congolais d'anthropologie et d'histoire, n°10, 1985.
19 Le lyrisme correspond à la fonction
expressive (ou fonction émotive) du langage, relative à
l'émetteur. Roman Jakobson la définit ainsi : « Elle vise
à une expression directe de l'attitude du sujet à l'égard
de ce dont il parle ». Centré sur l'expression de
l'émetteur, le lyrisme privilégie l'utilisation du « je
» : c'est le cas de la poésie lyrique où le poète
exprime sa sensibilité et sa subjectivité que symbolise le
Pélican (Nuit de mai) d'Alfred de Musset.
20 D. Ngoie-Ngalla, « Aperçu sur le
lyrisme Beembe », In Cahier Congolais d'anthropologie et
d'histoire, Université Marien Ngouabi, 1976.
10
V' La musique dans la société traditionnelle
au Royaume Kongo (XVe - XIXe siècle) d'Oriane Marc21. Ce
travail nous a permis de comprendre l'importance de la musique dans le groupe
kongo qui sert de moyen de communication en même temps que moyen de
renforcement de la solidarité entre les membres du groupe ;
V' Les « Notes analytiques sur les collections
ethnographiques du musée du Congo, tome 1 : fascicule 1 : les arts : la
musique »22. Ce travailest intéressant pour
comprendre la description de plus 144 instruments de musique. Cette sorte
d'organologie congolaise reste d'actualité. Il s'agit d'un recensement
intéressant les instruments de musique.
6. Corpus du sujet
Pour entreprendre cette recherche, nous avons
collectionné et abordé suivant les principes du
SPEAKING23 une cinquantaine d'instruments24 de musique en
usage chez les Suundi à savoir:
V' S : Setting : Indique le cadre
spatio-temporel où se déroulent les actions de communication :
c'est-à-dire l'espace culturel suundi dans sa diversité ;
V' P : Participants : Indique les membres de la
communauté kongo : les Suundi
V' E : Ends : Indique les finalités,
les motivations, les intentions des locuteurs, l'aspect causal de leurs
comportements par rapport au message;
21 O. Marc, La musique dans la
société traditionnelle au Royaume Kongo (XVe - XIXe
siècle), Mémoire de Master 1 « Sciences humaines et
sociales », Grenoble : Université de Grenoble, 2011.
22 Musée royal de l'Afrique central,
Note analytique sur les collections ethnographiques du musée du
Congo, tome 1 : fascicule 1 : les arts : la musique, Bruxelles :
Tuverne-Belgique, 1902.
23Corina Cilianu-Lascu, « L'ethnographie de la
communication de Dell hymes à John Gumperz », In Dialogos,
2003, n°8, pp.112-118.
24 Répertoire des instruments de musique
kongo : 12 membranophones (tambours), 18 idiophones ou instruments à
lames (sansi), 15 aérophones ou instruments à vent et
à air (sifflets, cornes) et 9 cordophones ou instruments à
cordes.
11
V' A : Acts : Indique ce que font
les participants pour réaliser leurs objectifs, les stratégies
discursives et communicatives, les actes de parole et leurs
réalisations, les comportements et les gestuels ;
V' K : Keys : Indique la
`'tonalité» des échanges : intonation et registre de la voix
;
V' I : Instrumentalities : Indique
les différents canaux utilisés : les codes et les sous codes de
communication;
V' N : Norms : Indique les normes,
les conventions, les règles de l'organisation de ce type de
communication;
V' G : Genre : Indique la
solennité du type de communication (ordinaire ou sérieuse).
12
PREMIERE PARTIE
PRESENTATION DE L'ESPACE CULTUREL
KONGO
13
Chapitre 1 : Définition de l'aire culturelle
kongo
Les Suundi auxquels nous nous intéressons dans ce
travail appartiennent à l'aire culturelle kongo. La désignation
étant à la fois politique et linguistique.
Politique : Kongo, c'est le nom que NIMI A LUKENI donne
à sa conquête, peut-être bien à l'abordage du
XIème et du XIIème siècle de notre ère.
Linguistique : Le territoire conquis par NIMI A LUKENI,
après qu'il ait franchi le kongo venant des Nsuundi, avait pour langue
le kongo.
C'est le nom que portât désormais l'ensemble de
ce territoire : KONGO DIA NTOTILA.
Du point de vue de son extension, KONGO DIA NTOTILA partait de
l'actuelle province kongo de l'Angola au Sud au KWILU NIARI au Nord. A l'Est,
il confinait aux territoires du groupe Téké. A l'Ouest, il
rencontrait l'Océan Atlantique.
Aux limites septentrionales du royaume25, on
rencontrait le pays des Suundi séparé du territoire du groupe
Téké au sens large par le Niari qui, justement, fut appelé
NIARI-NSUUNDI.
Il est intéressant de voir que les habitants du
territoire que nous venons de délimiter avaient en commun un grand
nombre de valeurs. Et justement, c'est par ce que ces habitants, aussi
différents par les noms des communautés ethnolinguistiques
auxquelles ils appartiennent sont organisés pour l'essentiel autour des
mêmes valeurs culturellesdominantes que cet espace peut être
appelé aire culturelle. Les Suundi relèvent de
25 D. Ngoie-Ngalla, Aux confins du Ntotila : entre
mythe, mémoire et histoire : Bakaamba, Babeembe, Badoondo, Basuundi,
Bakunyi, Paris, Baja-Meri, 2007 .
14
cette aire culturelle kongo. Avec les populations que D.
Ngoie-Ngalla appelle Les Kongo de la vallée du Niari (Bakamba,
Bakunyi, Basundi, Babéembé26 et les Kongo du
Congo (Manyanga, Ndibu, Lemfu, Ntandu, Zombo, Mbata, Besi-Ngombé), ils
partagent les mêmes valeurs culturelles dominantes à savoir la
langue, les croyances religieuses, les systèmes de parenté,
l'organisation sociale et politique qui en découlent.
Carte n°01 : Les groupes
ethno-linguistiques kongos
Sources : P. Vennetier, Atlas de la
République du Congo, Paris, Ed. Jeune Afrique, 1977.
26D. Ngoie-Ngalla, Ibid.,1981.
15
Chapitre 2 : Les Suundi
La tradition l'a dit, les recherches historiques ont
confirmé la tradition, les Suundi du Niari sont les descendants des
glorieux ancêtres qui firent la gloire de KONGO DIA-NTOTILA. NIMI A
LUKENI, le fondateur du royaume était vraisemblablementparti d'un
village de la contrée où nous trouvons établis les Suundi.
C'est ainsi que ce territoire-là, le pays de nos Suundi allait devenir
l'âme, et comme l'épicentre au plan idéologique du Royaume
kongo. Pour la raison que les rois y avaient leurs origines. On comprend alors
que ces Rois-là aient fait du Nsuundi, propriété
personnelle des Rois, une province royale. Au point que tout prétendant
au trône se devait d'y faire (affûter) ses premières
armes.
De ce fait, intéressés au premier chef, les Rois
de kongo s'appliquèrent à faire du pays de leurs pères un
grand foyer de la civilisation kongo. Civilisation entendue comme ensemble
complexe et durable des caractéristiques socio-économiques, de
croyances religieuses, de productions culturelles etc...
On sait que du point de vue économique, par exemple,
c'est le cuivre de Boko-Songho en plein centre du Nsuundi, comme territoire,
pendant longtemps, alimentât le trésor royal. Belle civilisation
que le Nsuundi. Il faut imaginer que ce n'était pas un pays triste, le
Nsuundi. En tout cas le grand nombre d'instruments27 de musique
inventoriés28 est bien la preuve que les habitants de Nsuundi
aimaient la fête. La fête qui est l'expression symbolique de la
solidarité sociale que l'émotion que délivrent les
instruments de musique renforce.
27 G. Balandier, La vie quotidienne au Royaume
kongo, Ibid., p.110.
28Musée royal de l'Afrique central, Note
analytique sur les collections ethnographiques du musée du Congo, tome 1
: fascicule 1 : les arts : la musique, Bruxelles : Tuverne-Belgique,
1902.
Cartes n°2 :
|
Les Suundi dans l'espace kon
|
go
|
Sources: l'histoire d'Histoire
J. Cuvellier, cité par J. Z
du royaume de Kongo dia
Ntotila, Thèse de
idi, La p
|
rovince de Nsundi dans
|
doctorat
, 2010, p
|
unique .25.
|
16
, Brazzaville,
Université Marien Ngouabi, FLSH
17
Chapitre 3 : Les instruments de musique en usage chez
les Suundi
3.1. Les membranophones29, tambours
(Ngoma, Ndungu30,
nkoonko31)
L'histoire des instruments à membranes est celle qui se
rapporte aux deux extrémités de l'organologie. Il s'agit des
instruments à percussion proprement dits qui sont répartis en
quatre séries32 : les tam-tams, les tambours, les gongs et
les xylophones.
Ainsi, la membrane peut s'adapter à ce qui
apparaîtrait comme un instrument à ventou être tendue sur un
résonateur: dans ce dernier cas, qui ressortit à la civilisation
des sociétés à tradition orale, la membrane couvre une
« ouïe » du résonateur, vibre avec celui-ci et en modifie
le timbre.
Les membranophonessont des instruments dont le son est produit
par la vibration d'une membrane. Ces instruments peuvent être
frappés avec les mains, avec les doigtset les paumes, parfois avec des
baguettes qui les mettent en vibration par l'intermédiaire d'une tige
qui lui est attachée. La mise en vibration se fait par percussion, par
friction ou par excitation sonore.
Ce puissant moyen de communication occupe une place
prépondérante dans la vie communautaire comme l'attestent
René Maran33, Duarte Lopez et Francisco de
Gouveia34:
29 Les membranophones sont les instruments de
musiques dont les sons sont produits à partir de membranes fortement
tendues.
30 H.Pepper, A la recherche de la musique en pays
vili, Paris, ORSTOM, 1950, p.3
31 H. Pepper, Ibid. p.6. Il s'agit des tambours en
bois du Kouilou qui sont désignés sous ce nom.Il est certainement
le plus nain de l'espèce de 40 cm environ, on le tient de la main et on
le bat de l'autre. Sa poignée s'orne quelque fois d'un motif
sculpté. Nous retrouvons le poing de TCBTKONGO TCHIUNGU.
32 Musée royal de l'Afrique centrale, op.,
cit.pp. 54-86.
33 R. Maran, Batouala, 1921, cité
par B. Voyenne, La presse dans la société contemporaine,
Paris : A. Colin, 1962, (Collection U), p.38.
« Parm tam est
commu
i les modes ancestraux
de la communication, le tam-celui qui
préfigure le mieux la
presse, parce que les messages se
propagent directement dans
plusieurs directions. Il
informe sur tous les
évènements, petits ou grands,
dans la nauté, exprime
ses joies et ses peines,
rompt la
monotonie de la
|
vie quotidienne35 ».
|
3.1.1. Les tambours
Chez les Suundi,
deux types de tambours à
peaux subsistent: les
instruments issus de
l'ensemble de tambour36,
et les tambours signifiant
tambour « » au sens
générique, emblématiques
de la musique traditionnelle
d'instrument de a membrane
par
ongolais c e. Le tambour
à friction est un autre type
musique qui
s'illustre la manière de
mettre en vibration l
'intermé l diaire d'une
tige solidaire: m'kuiti,
kingungulu.
Figure n°1: Tambour
à friction , mukwiti, kingulungulu
Sources : Photo g
allérie Mr Désir
é
,
inzéngu K é lé
(Congo-B razzaville 1998)
34 D. Lopez s i
tout en autant
à une expédi ti
cloche servait
'Angoulème d . du 20 octobr
e
yants tirés d e
attants de le ur
ola mentio nn
s gens du v o
ère Jésuite P
ces instrum ents servaien t
propre cam p. Et F.de Go u ât
dans sa lettre du 1er no isinage
lors de l'incendie de ortugais Gar
cia Simoes d én
à effrayer l' adversaire veia qui ava
it pris part vembre 15 64 qu'une
18
gnale que les sons très bru
qu'en encour ager les comb
l'ancienne
ombrait, dan
résidence s sa lettre
alebasses,
ées, le
on des Portugais en Ang à appeler à l a
rescousse l e Et Onze ans plus tard, le P
1575, les in struments en
usage à Luan da et dans l es environs :
|
hochets en c
|
i nstruments à vent ebruné ens,
le tambo ur à peau appelé
ngoma, des cloches métalliques
gémin
luthe (pluriac ) et une gross e
cloche qui r é sonnait lors
des enterrements.
3
atouala, op., cit.
5R. Maran, B 6 Massikoulo
3 u (Bakongo)
est le quatriè me des sept e
nregistrements sonores effectués par
C. Duvelle, Congo : Babé
mbé : Bakon go ; Balari, [P aris]
: Kora s ound Philips, 1999.
19
3.1.2. Les tambours (masikulu)
Ils sont au nombre de deux37 et de taille modeste,
une cinquantaine de centimètres de haut pour un diamètre
approchant les trente centimètres. Ils sont faits en boiset
surmontés d'une peau lacée.
Le premier assure la rythmique de base, tandis que le second,
tambour principal, régit la danse par ses rythmes. Le joueur doit alors
faire preuve de virtuosité et de sens de l'improvisation. L'intervalle
entre les deux est d'environ une quinte, le ton le plus bas est celui dont on
joue assis, généralement au sein de l'ensemble des tambours qui
comprend, en plus de ces deux tambours, des trompes de bois ou d'ivoire.
3.1.3. Le tambour (ngomo ou
ngoma38)
Le tambour très répandu, est devenu le terme
générique pour désigner les membranophones,
ngoma. Un grand tambour peut facilement atteindre un mètre de
haut, et entre trente et quarante centimètres de diamètre.
Dans la culture kongo, le ngomapeut correspondre
à un ensemble de tambours, soit quatre au total. Le plus grand est
nommé la mère (ngudi); les deux tambours médiums
sont les enfants (ntambuoubala), de tailles
différentes ; enfin le dernier, plus petit, le cadet (mpangi, mwa
kilesi) est le ntinti. Ces tambours sont taillés dans de
longs troncs d'arbres, évidés et écorcés. L'arbre
le plus utilisé est le mu ngoma-ngoma (Ricinidendronafricanum,
chlorophoraexelsa39). Les ntambu sont de
37Tuta et ndungu
38 Le ngoma kongo est l'équivalent du baandi
chez les Suundi de Boko-Songho, du nkul chez les Bakouélé de la
Sangha et le ngouomo chez les Fang du Gabon
39Ricinodendron africanum ou chlorophoraexelsa de
la famille des Euphorbiacée= Mungo ngoma : arbre qui sert à la
fabrication des tambours à membrane ou à fentes, écrit
A.Mouandza dans son étude intitulée Civilisation
traditionnelle des Minkéngé de Mouyondzi : essai
d'ethno-histoire, Mémoire de Maîtrise d'Histoire,
Brazzaville, Université Marien-N'gouabi, 1975, p.181.
forme cylindrique, parfois
légèrement coniqu e, comme représenté
ci-dessous :
Figure n°2 : Un
ylindriq c ue
Sources : le 15/05/2
tam-tam de forme
le, Brazzaville,
de d'une peau de vache, de
mouton la membrane est
fixée à l'aide de
La membrane est
fabriquée à l'ai ou
d'antilope. Si elle n'est
pas nattée, clous de
matériaux divers.
Figure n °3 : Un tam peau
de chèvre
Sources : Gallérie
razzavil B le 1984
bois recouvert d'un
ésiré Kinzénguélé
-tam en
,
de Mr D
e
20
Le tambourinaire orne
régulièrement ses poignets de grelots
(nsansi) pour ajouter un
timbre supplémentaire. Il joue
à mains nue s, mais
peut utiliser une baguette pour
frapper le flanc du fût de
bois.
énérale G ment
joués debout ou
couchés, les tambours
sont tenus de
façon oblique entre les
jambes ; attachés à l a
taille par une corde ou une
lanière ers une poignée
fixée à l'instrument.
L'ensemble des
21
membranophones s'apparente à une famille
humaine40, dont chaque tambour serait un membre à part
entière : la mère est symbolisée par la mère
(ngudi) qui mène le jeu ; elle a une fonction de soliste.
Les ntambu représentent le frère ou la
soeur ; ils servent d'accompagnement au ngudi. Enfin, le
ntinti, lui, est optionnel et son joueur donne la pulsation en
frappant la peau à l'aide d'un fouet.
Les tambours à peau lacée présentent une
silhouette différente de celle des tambours à peau clouée.
Tout aussi grands que ces derniers, ils sont fabriqués en bois et en
peau d'animaux. Ce type de tambour possède généralement
deux membranes lacées entre elles, une de chaque côté de la
caisse de résonance. Il est posé à l'horizontal sur le sol
et, frappé à l'aide de baguettes sur chaque peau, ou tenu debout
comme le tambour à peau clouée.
3.1.4. Le tambour à friction (m'kwiti,
kingulu ngulu, mukwiti41)
Il s'agit d'un tambour de petite taille, facilement
transportable. De forme cylindrique, il est d'ordinaire en bois. La membrane de
peau est fixée par des lanières, un bâton de bois, ou une
tige de bambou est placée à l'intérieur du fût. Le
musicien met la membrane en vibration en frottant ses doigts sur la tige
centrale à l'intérieur de l'instrument. Il les enduit de
résine, ou les trempe dans l'eau, pour garantir une meilleure friction.
L'autre main, laissée libre, exerce une pression plus ou moins forte sur
la membrane, afin d'en modifier le ton.
40 Annexe : Ensemble des tambours ngoma
41 Le m'kwiti kongo est l'équivalent du
kingulungulu des Suundi des villages situés au Sud du District de
Boko-Songho.
22
Sources
: l'Afrique
: de France,
Musique de s, éd.
Horizons
F. Bebey, In, expressions,
Pari 1969
énin », Itinéraires et con
tacts des
artement
communication traditionnels dans le dép
n°2).
Figure n °4 : Une femme
lar i
nstrumen i t de musique
3.1.5. Le tambour sur pieds ou tambour sur cad r
C'est un tambour de
forme rectangulaire qui
repose
Pourvu d'une peau de
chèvre, de mouton ou d'antilope, l
e
à l'aide des mains.
Il est utilisé au cours de
diverses manifestation
ccompa a gner les chansons
récréatives, les
chansons solennelles (sacrées
ou profanes) et les chansons
premier instrument de
musique à eligieuse
r 43?
e (petenge)
sur deux pieds.
petenge,
se joue
s pour
idéologiques
ne fut-il pas le
être introduit dans la
musique
42. C
e tambour
42A.Bogniaho ,
« A la découverte de l a
chanson populaire au B
cultures, vol.
8, Paris : L'harmattan, 198
8, pp.84-88. 3 J.Mouhoue
4lo (71 ans),
Entretiens sur les moyens de
du Pool, village Kimbédi,
9/05/2004. (Sources Orales
ant son
actionn
ur pied, p
éténgé
zaville,
personne
lle (Braz
Figure n (i)
°5 : Un tambour s
ource : Gallérie espam 1
999)
S F
lukwetu.
On y pratique une
quelques centimètres
dans l e sont d'épaisseurs
variables.
Le tambour à fente,
m ukonzi, est un
idiophone par percuss i
tenant compte de son poids e
t de sa taille, est
surélevé, quand il est
ol. Il est nommé m
unkunku45
3.1.
Il a
idiophone
fabriqué à
cloué au s
6. Le tambour à fente tronconique (mukonzi4
4)
la particularité
d'être à la fois un
membranoph one à
fentes et un par percussion. C e
tambour de bois est une
variété de balafon,
d'arbre évidé à l'aide
d'une herminette,
presque toute la longueur et sur
la largeur. Les pa rois ou
les lèvres
base d
'un tronc
fente sur
sens de
on qui, fixe ou
mini tambour à
Figure n °6 : Un fentes
Gallérie pers o
(Brazzaville, 1999 )
Sources : FESPAM
nnelle,
portatifs. messes et
Il e
ikomoto m .
C'est le
des cultes. C'est a
st frappé Certains
au mo y
modèles
cas du l o
en des verges ou
de tambours à
kolé que
insi qu'en
1910, le
des ba guettes d e bois, fentes s
ont en r evanche les évan
gélistes utilisent l ors des mission
naire sué dois, le
êmes rôles. aussi divers
ent de musi qu tre. C'est ai n
'tié' `konkol a
ambour est d és
o, mukonzi m
oonko'`khôt o
e joue les m si qu'il pren d
mba » ; nko nk igné par
`n k
`Mukoto'
ukonzi dans
le Pool ; dans la Likouala
et la Sangha,
etiens sur les
Matsoula, di
mukunku' ; m
ukou (né ve rs dance du
Co
1937), Ent r ngo,
Village
44 Cet instru m
ethnie à une au par
`Khonko n au Niari, ce t
` Mukonzi' ou ` ou `mukoto
5Bileko-May
4
o après l'indép en
Orales n°6).
Mai, sur le plan morphol
ogique, il dif fère d'une es
dénomina tions : dans le Kouilou, il
est désigné
ukoutsi, Mu kontsi ou mu
bwabu dans l a Bouenza,
ou koko' ; dans la Léko
umou, il est n ommé par
il est appelé
bizonzolo dans le
département du Pool avant et
strict de Mbanza-Ndoung a,
21/06/2004. (Sources
23
24
Révérend Pasteur Hamar, arrivé au canton
Hamon Madzia (village Manga), avait souhaité voir cet instrument
véhiculer des messages de joie. Ce qui sous entend que cet instrument
véhiculait des messages de tristesse, on peut le penser.
3.2. Les idiophones46
Il s'agit des instruments qui s'entrechoquent ou que l'on
secoue. La percussion, issue du frappement de la main contre le corps ou du
piétinement du sol, s'exerce sur d'autres types d'instruments.
Dans certaines civilisations archaïques est apparu un
instrument très rudimentaire et auquel on a donné le nom de
bâton de rythme. C'est une grosse canne, ordinairement en bambou et
creuse, avec laquelle le Kongopilonne le sol et marque la «cadence »,
ou plus exactement le pas de la danse.
On attribue à cet instrument une origine
malayo-polynésienne; son rayonnement s'étendrait de la côte
de l'Afrique orientale à la Corée et aux deux Amériques;
l'instrument apparaît même sur la côte atlantique du
Brésil où les voyageurs le trouvent dès la seconde
moitié du XVIème siècle et jusqu'à nos
jours, entre les mains des Tupinamba ou de leurs successeurs:
46 Idiophone vient du latin Idio qui veut
dire SOI et, Phone, qui signifie SON, c'est-à-dire un son
produit pour et par soi-même. Les idiophones sont les instruments de
musique dont les sons sont produits à partir de leur propre
matière grâce à leur solidité et à leur
élasticité, sans qu'on ait recours à la tension demembrane
ou de cordes. On peut les classer de différentes façons, selon le
matériau dont ils sont faits (bois, métal,...), selon la
manière de les mettre en vibration (secoué, percuté,...)
ouselon qu'ils soient mélodiques ou pas.
25
«Cet instrument-- écrit Alfred
Metraux-- joue un rôle considérable dans les rites religieux
des Apapocuva-Guarani. Le son qu'il rend doit faciliter l'ascension de la tribu
tout entière vers le paradis ; ainsi dépose-t-on ces instruments
dans la hutte sacrée avec les objets servant au
culte47».
3.2.1. Les idiophones percutés ou idiophones
par frappement
La percussion du matériau des idiophones par frappement
est produite par un élément distinct de ceux-ci. Les cloches ont
été rattachées à cette catégorie par la
cloche double, dépourvue de battant interne, qui est bien un idiophone
à frappement (contrairement aux autres cloches qui sont mises en
vibration par le choc de deux de leurs éléments entre eux).
3.2.1.1. Les cloches en bois
Deux cloches entrent dans cette catégorie. La plus
remarquable est la cloche double en forme de sablier, kunda. Chacune
des moitiés est dotée de deux à quatre petits battants de
bois. Elle est taillée dans un seul bloc de bois, et
décorée par des gravures et des sculptures. Elle est
utilisée par le féticheur, le magicien, le sorice
(nganga48) dont elle fait partie de l'attirail.
47 Métraux, La civilisation
matérielle des tribus Tupi-Guarani, ch. XXVII., cité par A.
Schaeffner, ibid., p.80.(sic)
48 Il s'agit du magicien, du féticheur
doté des pouvoirs d'envoûter ou de désenvoûter. :
C'est le sorcier du village
à battants
en bois
entrale
frique C
Figure n°7 : Un (kunda)
internes
Sources :
e cloche
Musée Royal de l'A
es.
cloche e n le fruit du
bois vi palmier
sible est borassus4
un instrument de
9 : dibu. Elle possède un
à
forme
La
seconde arrondie, rappelant
deux battants intern
Deux utilisations
sont visibles pour cette cloche : elle
est tout d'abord
attachée au poitrail
ou au cou des chiens. Il était en
effet courant, et encore
actuellement, de voir chez
les Kongo des chiens incapables
d'aboyer; elle est ensuite
utilisé pour localiser
facilement et effrayer le
gibier lors des parties de
cha sse50 collectives
dite
orte de
s mbingu
cloche d
da). Elle
oignée s
.
ans l'attirail du
de plus figures
est alors
On retrouve également cette s
nganga*, le féticheur (tout
comme la cloche kun
grandes
dimensions et richement
décorée (p
culptée,
éométri g ques gravées sur
le bois).
Figure n °
à battants
8 : Une cloche
simple rituel
internes au dibu.
l'Afrique
Sources :
2006
Musée Royal de
le en bois
Centrale,
26
49Annexe : Fruit
du palmier 0 Annexe : C
5
hien de chasse
|
borassus aethiopum porteur de la
cloche de bo
|
is dibu.
|
27
3.2.1.2. Le tambour à fentes
Il s'agit d'un tambour en bois, creux, à deux tons.
Différents types de cet instrument coexistent. Le tambour à fente
cylindrique est nommé mondo ou lokolé. Il
s'agit d'un des modèles les plus courants, avec les tambours
trapézoïdaux et anthropomorphes. Il est, écrit D. Remondino,
« le moyen de téléphone rupestre le plus
puissant51».
Il se présente sous la forme d'un cylindre fermé
aux deux extrémités, de taille modeste et fendu par le haut. Le
tambourest taillé dans un rondin de boisévidé et muni
d'une mince fente faisant office d'ouverture de résonance. La fente est
généralement constituée de deux carrés ou
rectangles reliés par une étroite rainure, mais d'autres formes
sont visibles52. L'instrument sèche pendant deux à
trois ans avant d'avoir son timbre définitif ; il n'est cependant pas
inutilisé durant cette période.
Le musicien percute, au moyen d'une baguette de bois aux
extrémités munies de caoutchouc, l'un ou l'autre
côté de la fente, produisant ainsi deux tons distincts.
L'intervalle les séparant varie entre la seconde majeure et la tierce
mineure. Le ton le plus élevé est situé du
côté de la languette la plus fine. Ce tambour assure une fonction
de communication ; les deux tons qu'il produit sont semblables au langage
parlé.
Un autre modèle est le tambour à fente à
tête anthropomorphe sculptée (nkonko) est nommé
ngombo par les Mbata, un groupe ethnique kongo, car il intervient dans
les cultes secrets. Ce tambour mesure en
51 D. Remondino, « Sifflets tschokwe :
instruments de message, objets de prestige »= «Tscokwewhistles :
instruments of communication and marks of prestige», Art tribal,
n°02, avril-juin 2003, p.100.
52 Croquis des Différentes formes de
fente des tambours à fente cylindriques non anthropomorphes de
dimensions moyennes.
moyenne 30 cm de l
bloc de bois. La po
féticheur, appeler et
nganga, p
communi
ongueur p
our un diamètre de 9
cm. Il est taillé dans un ignée est sculptée
en forme de figure humaine.
Seul le eut se servir de ce tambour lors de
rituels secrets pour quer avec
les esprits guérisseurs
ancestraux.
Figure n°9 : Un tambour
à
nthropo a morphe
(nkonko)
Sources:
2006
|
Musée Royal de l
|
fentes
'Afrique Centrale,
Les
28
tambours à fente, les plus grands,
sont de forme trapézoïdale (lukumbi
ou nkumvi). Ils
sont posés sur le solou
portés sur l'épaule du
musicien à l'aide d'une
corde. Pour en jouer, le
tambourinaire frappe sur
l'un ou l'autre de ses
flancs, produisant les deux
tons caractéristiques de
'instrum l ent.
Appelé nkonko en
langue vernaculaire (kisuund
i), le tambour à
fente app arait aussi sous
forme de «bateau ». Il s'agit
d'un tambour aux
dimensions modestes,
remarquable par ses riches
décorations. Certains
modèles sont peints,
sur les côtés, en rouge et en
blanc. On trouve souvent,
sur une seule face, des
gravures et des encoches
montrant des figures
géométriques, des
représentations humaines ou
animales.
'interval L le entre les
deux tons est infime,
parfois inexistant. Cela est
dû au fait que cet
instrument est le seul qui
ne soit pas destiné
à
ransmett t redes messages.
On le retrouve alors utilisé par
le magicien dans
29
certaines cérémonies, comme celles de la
circoncision (ou nkanda) ou lors des rituels de confréries
secrètes.
Il peut également accompagner les danses en cercle
spécifiques des femmes. Il s'accroche alors dans le dos, à la
hauteur des hanches. Chaque danseuse joue sur l'instrument porté par
celle qui la précède dans le cercle. Le dernier modèle de
tambour traité ici est le tambour à fente zoomorphe, aussi
appelé mokoto pour les exemplaires de grande taille, et
gugu pour ceux de petite taille.
Cet instrument peut-être sculpté en forme
d'animal : la caisse de résonance constitue le corps, une tête et
une queue sont ajoutées de chaque côté. Il est souvent
posé sur quatre morceaux de bois sculptés en forme de pattes
d'animal et, taillé dans un bloc de bois massif. Il est
généralement posé à terre et, joué debout
par le tambourinaire.
3.2.2. Tambour d'eau (ntumfu)
Le tambour d'eau 'est le cas d'un jeu musical des femmes
d'Afrique équatoriale, s'exercer dans l'eau : ce jeu consiste à
plonger alternativement les deux bras dans l'eau d'un barrage de pêche ou
d'un endroit de baignade de manière que se forme une poche d'air dans
laquelle s'établit la résonance de la percussion de la paume de
la main mise en creux pour attaquer la surface ; un rythme de timbres
variés s'établit ainsi53. Le tambour d'eau est une
activité pratiquée par les enfants, les jeunes filles et les
femmes lorsqu'elles se rendent à la rivière pour y déposer
le manioc à faire rouir, à laver leur linge et pour se laver.
53 P. Sallée, " Richesse et diversité.
Les musiques traditionnelles d'Afrique et leurs instruments ", in Cahiers
de Musiques Traditionnelles, De bouche à oreille, Genève,
Georg éditeur, 1988, p. 172.
Les jeunes filles
frappent à la surface de l 'eau et le son est produit
par la caisse de résonance
que forme le creux de la
main. Cette pratique leur
permet de reproduire les
formules rythmiques des danses qui sont
abituelle h ment
jouées sur les
tambours à membranes,
mais également
de créer parfois de
façon spontanée les
sons souhaités.
Figure n°
|
10: Un tambour d'
|
eau (ntumfu)
|
Sources : Gallérie
personnelle (des jeunes filles
jouant au tambour d'eau dans
l a rivière Djoué à
l'embouchure du Fleuve
Congo
accompagné de chants
au cours leur rencontre avec
les garçons et
des uns et des autres. Les
rivières
et bien
Lubuilu
belles m élodies
Le battage de l'eau
peut être desquels les
jeunes filles mentionnent évoquent les
qualités ou les défauts
Madzia, Voka,
Nkengué, L oudima,
Kiluandou, Matadi, d'autres
ont été, pendant
longtemps, les théâtre s de ces
dont déco ulela
musique sentimentale (
élégie)54.
touches en bois duire le
meilleur bâton de bois le
3.2.3. Le xyl ophone, l e balafon
e ou de plusieurs support. Pour pro
percutant avec un
Cet idiophon e est co mposé d'u n
dur, de lo ngueur v ariable, fi
xées sur u n son, le m
usicien le s fait vib rer en
les
appelée « é l
légiaques. D e
que poème d
évocation d'un
égie » tout p nos jours, l'
él e longueur e t d
mort ou à
l'expression d
30
54 Dans l'A ntiq
uité, était distiques : ce son
t les vers é de la poésie l
yrique, en tan t
articulièrem p ent adapté à
l ' abandon ou à un e absence.
oème alter nant hexamèt
res et penta mètres en égie est
con sidérée com me une catégo
rie au sein e forme variables
caractérisé par son ton
plaintif 'une souffra nceamoureuse due
à un
31
plus souvent pourvu d'une extrémité en
caoutchouc ou en tissage de fibres végétales.
Le jeu se fait avec quatre baguettes, deux dans chaque main.
Le musicien frappe ainsi simultanément sur différentes touches
produisant deux sons en une seule frappe. Les lames de gauche sont
réservées à la main gauche, celles de droite à la
main droite; le percussionniste peut ainsi créer des motifs
mélodiques à la main droite et un accompagnement à la main
gauche.
Le plus souvent, on utilise deux ou trois xylophones en
même temps : tons hauts, tons moyens, tons bas. En fonction de leur
fixation ou non sur le support, on peut classer les xylophones en deux
catégories : les claviers à touches libres et les claviers
à touches fixées.
Les xylophones à touches indépendantes sont
constitués d'un certain nombre de petites planches en bois dur
posées sur deux tronçons et séparées les unes des
autres par de petits bâtons fins. L'espace libre entre ces planches et le
sol fait office de caisse de résonance. Le clavier est, en effet,
défait entre deux utilisations. Pour le transporter tout en conservant
l'ordre des notes, le musicien passe un morceau de liane (lubamba) au
travers des trous de chaque lame et les emporte toutes en même temps dans
l'ordre dans lequel elles se trouvent. Plusieurs musiciens sont souvent requis
pour jouer du xylophone. Ils se placent à deux ou trois d'un
côté de l'instrument, de même pour l'autre
côté, suivant la taille du clavier. Les plus grands modèles
peuvent requérir jusqu'à quatre musiciens de chaque
côté. Cetinstrument accompagne généralement les
danses au même titre que les membranophones.
Les xylophones conçus selon le système des
touches fixés peuvent comporter, ou non, des calebasses suspendues. Le
modèle le plus simple
32
est celui dont les lames sont attachées à l'aide
de cordes sur un caisson de bois rectangulaire servant de caisse de
résonance. Il comporte peu de touches, entre six et dix.
Elles sont plus ou moins amincies au milieu de leur face
intérieure (selon la hauteur souhaitée) et percées de
petits trous à leurs extrémités afin de permettre le
passage de la corde les liant au coussinet isolateur, sur le haut du caisson de
résonance. Les xylophones à touches fixes ont parfois des
calebasses ajoutées, suspendues aux touches et utilisées comme
caisses de résonance. Elles sont vidées et pourvues d'une
membrane vibrante à l'intérieur, donnant un timbre particulier
à l'instrument.
Pour en jouer, le musicien peut se tenir assis, l'anse
reposant sur ses genoux, les extrémités du clavier retenues par
une lanière passant derrière son dos à hauteur des
omoplates. Il peut également poser l'instrument sur ses cuisses et son
ventre, la lanière étant dans ce cas inutile.
Cavazzi décrit un modèle de xylophone à
calebasses suspendues, qu'il nomme marimba.
« Le plus agréable des instruments est le
Arimba. Il est composé de quatorze ou seize calebasses disposées
comme il faut, et bien fixées à l'aide de deux petites ficelles :
les ouvertures d'en bas sont fermées avec de petits morceaux
d'écorces, ainsi les ouvertures d'en haut ont chacune une planchette de
bois large d'environ deux onces et d'un palme
33
de longueur [26 cm]. Chacune de ces touches est
percutée à l'aide de petits bâtons
noduleux...55 »
Cet instrument a quelques ressemblances avec le Marimba qui
est en usage chez les Anondos (Angola)56. Le Père
Jean-François de Rome, moine capucin envoyé au Kongo au
XVIIème siècle selon son témoignage sur les coutumes des
peuples, décrit un instrument similaire :
[Les habitants du royaume du Kongo] ont un instrument
fabriqué de cette manière : ils mettent en file huit à dix
calebasses, longues, desséchées, vides ; elles sont mise en ordre
de grandeur comme les tuyaux d'un orgue portatif, avec les bouches en haut. Les
calebasses sont liées entre deux bâtons carrés de
façon que les bouches soient [sic] à une égale hauteur,
les parties inégales des calebasses pendant en bas. (...) les
planchettes frappent à leur tour les bouches des calebasses, font
résonner les cavités, et du fait que les calebasses sont de
diverses grandeurs, il se produit à l'intérieur des sons
différents. Les joueurs les frappent avec une telle
légèreté et rapidité, que c'est un véritable
plaisir de les entendre57 »
55 « Le plus agréable et le plus ingénieux
instrument de la musique de Congo. (...) On prend une planche de bois qu'on
tend et qu'on bande comme arc. On y suspend quinze calebasses, longues et
sèches de différentes tailles percées chacune au sommet
avec un trou de moindre grandeur quatre doigts au-dessus. Le trou d'en bas est
à demi bouché et celui d'en haut couvert d'une petite planche
fort mince à quelques distances au dessus. Le joueur attache aux deux
bouts de l'instrument une petite corde, qu'il se passe autour du cou pour la
soutenir, et de deux petites baguettes dont le bout est couvert
d'étoffes ; il frappe sur la planche dont le retentissement se
communique aux calebasses et forme une harmonie très agréable,
surtout lorsque plusieurs joueurs jouent ensemble »
56 Carl cité par H. Pepper, Ibid., 1950,
p.2.
57DE ROME Jean-François, La Fondation de
la Mission des Capucins au Royaume du Congo (1648), O.F.M. Cap., traduit
et annoté par François Bontinck.
3.2.4. Les cloches en
métal58
le. Lors q
Elles so n
la techn i
dans l e
ésor roy a
u'elles t faites que de
foyer l):
Ces cloches sont en forme de
cône, simpl e ou doub
sont doubles, les deux cônes sont
réunis sur un manche. en métal,
et le manche est e n fer : ce
peuple avait
maîtrisé
'exploita l tion du cuivre59 (celui
extrait ou exploité
étallurg m ique de B
oko-Song ho avait servi
à alimenter le t r
depuis obtenu
découvreurs des mines ven
siècle au début du
XXème
démarche a d'abord
co
Chron ologiquem
nsisté à
certain
exploita
ient le cu
« Le cuivre du Niari-Djwé est
exploité par des
indigènes des temps
immémoriaux, très vague
renseignement auprès des
Kongo par les Français
explorateurs et us du
Niari-Djwé à la fin du
XIXème siècle (...).
C'est pourquoi notre identifie r
ces indigènes. ent ce sont les
Tékés, puis les
Kongo. Il est ement aussi
important de savoir depuis
quand les Téké ivre du
Niari-Djwé »
Figure n°
11 : Une c
loche fondue en fer
Sources : (Loudima,
Gallérie personnel l 14
janvi er 2013)
oche en m étal
e : une cl
nt fait leur a ns une régi o
elles étaient
Afrique à un e
du Bas-Ba k fer martelé,
da : étude ethn
s Humaines
, n°127, 1998
Mbo, Introd Bouenza av
omusicolo gi
ations au Co n Editions Ba
nt
époque très ongo et du S
haba (RDC)
34
58 Les cloches o
Jésus Christ da
Zimbabwe o ù «Les instrum
en MRAC, Scien
ce 9A.C. Nding
5
a- le « Pool» et
la
pparition en n qui s'éten d
fabriquées e n
ts de musiq ue au Rwan
, p.3
uction à l'his toire des mig
r ant le XXème siècle, Paris
:
lointaine se situant en 800 ans avant
bie et au ansemans,
jusqu'en Zam
bronze co ul
que » Te
go. Tome I: Ho
oues, Heide l
é écrit J. G
et en bois ou
rv uren, coll. A nnales du
.95.
ivre dans
mmes et cu
berg, 1984, p
Figure n °
de récupé r
cloche e n fer, inst rument
ation (ge nte de voi ture)
12 : Une
Sources : Primaire
2013)
Gallér ie pers onnelle
(Ecole de Soul ou, Loud ima, 14 j anvier
Le cuivre, dont il est
question, peut être
renforcé par des aj outs de
jonc ou d e lianes. Elles
poss èdent ou non un bat tant inter
ne en fon ction de leur
rôle et de leu r taille.
Ce sont g énéraleme nt les pe
tites qui en sont pourvues.
Il s'agi t souven t d'une
simple f euille de métal r
oulée à l'intérieur de
l'inst rument. O n trouve
égalemen t des vers
ions occi dentales de cloche
s, probabl ement im portées p
ar les mis sionnaire s
catholiq ues lors de l'évan
gélisation du royau me, de la construc
tion des é glises da
ns toute l'aire cult
urelle.
s, le joueur les frappe au
son extrémité.
Elles sont
accompagnatrices et une
est utilisée pour
écès d'un
dirigeant, les
rythmique pour
ches à
35
Lor squ'elles n'ont pas de
battants interne moyen d' un
bâton de bois ay ant du caoutchouc
à alors fré quemment
groupées par troi s : deux soliste. L
a cloche double e st le sym
bole du c hef, elle annoncer les guer
res, les enterrem ents, le
d décisions de justic e. Elle pe
ut égale ment faire
office de
ccompa a gner la da nse ;
cer tains dan seurs atta c
hent même les clo feuilles
d' acier à le urs pieds et autour
de leur tai l le.
eintes en
gongi p
2009)
e (Fespam
Figure n rouge)
Gallérie p
ersonnell
Sources :
°13 : De
s cloches
es ou d
oubles, f o
ie des ésentes
ngo. Elle
nt part s sont pr
urelle ko
Les cloches de métal, simp l
instruments en usage dans l'aire
cult dans les ensembles
instrumentaux acc o
s'agit d'u
n instrum yen d'un s,
dans l e
similaire, ent for mé
bâton. D s armée s rre. Le
mé
qu'ils deux 'après sur le decin fectués age en
mpagnant
les danse
s.
strument
nt un in
nt percut ées au mo
Ainsi, Cavazzi et
Carl décrive nomment longo,
ou longa o u gonji. I l
petites cloches de fer qui s
o certaines études,
ces cloches champ de bataille,
par les se i
les offici ers de gue
avaient été utilisé
e
gneurs et
ort en 1 6
it l'exist e
cis.
90) au cours des voyages
ef
nce des instruments en us
ollandai h s Olivier Dapper
( m dans les années 1 660,
déc r Afrique en des
termes très pré
tapis du r
oi [de Lo
ango] s e
ts de fer,
'une aune
ilence, i l
tiennent quatre
qui ressemblent
de long.
s battent
« Au-devant du
y en a d
instrumen
Quand ce fer
huissiers avec de certains
à une cloche re n versée.
Il
nner qu
'on fasse s
ils veulent ordo
contre un éclat de bois60
»
36
60DAPPER,
Olivier, Description de l'Afrique...
Amsterdam, traduction française de 1686 originale 166
8).
3.2.5. La clo che (Gon ji ou Lon
ga)
Il s ' et dans les
deux sonn
dessus av
princes lo r
agit d'u ne cloche double e n
fer dans deux go belets, le
longa61, demi-cr
oissants d e trompet tes en
fer . Le long a est com
posé de ettes de fer liées par un f
il d'archa l en for me d'arc
; on bat ec deux baguette s. Cet in strument
royal m arche dev ant les squ'ils v eulent
« a nnoncer l eur volont é au
peup le »
Figure (blanc)
e cloche
n°14 : Un
, ngonji double
012
Sources : Ngong e,
carnet
umaines H , Bulletin
aymaek R ers Found ation, 7 /
2
de Sciences
d'information de la Paul
d'idiop hones d'idiophones :
les
|
idiophon
|
es par ag
|
itation,
|
3.2.6. Les autres types
alement représenté
|
s par la
|
Il existe d'autres
types par raclement et par
pincement. Ils sont princip famille
des pianos
à pouce
|
. En Afrique centrale, c'es
|
t un instrument
|
autemen h t symbolique.
Kongo
utilisent
des calebasses62
3.2.6.1. Les i diophon e s secoués
Pour fabriquer des h o
chets, les
évidées.
37
61Expression
empruntée à Merolla cité
par H. Pepper, ibid., p.3. 2Le
nsakala
6 kongo est
l'équivalent du n teyi chez
les Téké de Okoyo
|
(Département de la Cuvette-Ouest)
|
instrume nts sont
fs géom étriques
une o uverture
éments
Se présentant sous la forme de
poire allongée, ces
souvent colorés (rouge,
jaune, blanc) et ornés
de mot i sculptés. La
calebasse, de petite taille, est
évidée par pratiquée au
sommet de son col. Elle est
ensuite emplie d
a calebas
se qu'on
a calebas
e petits él
de calebasse ou plus
élaborée de remplace par un
instrument est u n
idiophone par
Le musicien qui l'utilise
fait s'entrechoquer
se en l'agitant.
grenaille ( s). L'ouv erture
est rebouché e avec un morceau de
bois, s on long c ol sert d e manche. Dans
une version hochet, o n coupe l a
partie é troite de l
bâton int roduit da ns l'ouve
rture. Ce t secoueme nt ou
par agitation. les grenai lles à l'int
érieur de l
instrumentaux ac
divertissement.
ont aussi utilisées comme
es sont vidées de
fruit. Le
Ce type
compagn
De s calebass es, ronde
s instrumen ts de mu sique.
Ell graines, c ailloux, n
oyaux de des petits hochets à
manche.
nsemble e s
et plus grosses, s
de grand
leur pulpe et remplies de
son produit est plus doux
que celui hochet est utilisé
dans les ant la danse et les
moments de
Il s'agit d'un
le hochet en boule.
et est monté sur un
manche.
3.2.6.2. Les c astagnet tes ou m a
autre ty pe de hoc het,
sembl able au h o
Le fruit u tilisé a u
ne forme de capsule ,
racasses (nsakala)
Figure n°
15 : Hoch
et, marac
Sources : Fespam, 2
asses, nts
e personnelle (
akala
Exposition
Galléri
013)
38
chet-cal ebasse : et non de
poire,
capsule r
assemblé
monté une capsule
sur un m
plusieurs capsules
ramifications d'un m
un tison, ou bien dé
La
graines et
onde est
e au man
ées par
corées de
vidée de sa chair,
séchée puis emplie de che en b
ois. Au modèle l e plus
simple est anche. Les
hochets en boule ont
généralement par manche
voire plusieurssur les
différentes ême manche.
Les capsules sont souvent
perc motifs géométriques.
La calebasse onstitua c nt
ainsi un
diverses. Il peut se
fixé sur un manche,
hochet tressé). Le s du
hochet-calebasse
arfois remplacée par un panier,
La tresse des hochets
prend des
rapprocher de la forme
ronde des fruits ; il est
alors ou à un autre panier (dans ce
cas on parlera de double on produit par cet
instrument est plus doux que
celui
.
du hochet est p
hochet
tressé.
het tressé
Figure n
manche en
°17 : Hoc
bois
Gallérie
personn
monté sur un
elle, Kinkala,
Sources : juin 2010
39
Figure n °16 : Hochet
en boule avec plusieurs
capsules montées sur
les ( ramifications d'un
même manche)
Gallérie p
|
ersonnell
|
e (Kinkal
|
a, juillet
|
Sources :
2010)
40
Cet instrument est très prisé par les femmes qui
s'en servent pour rythmer la danse.Les hochets « tressés »
sont parfois sans manches: ce sont des hochets en forme de radeau. La caisse de
résonance est plate, puis elle est faite du tressage de petits morceaux
de roseau. Une fois la tresse terminée, des graines sont introduites
à l'intérieur, et le corps est refermé sur
lui-même.
Les hochets sont adulés par les femmes. Ellesen
prennent souvent deux : un dans chaque main, les agitent en effectuant avec
leurs bras de grands mouvements horizontaux. De nos jours, nous assistons
à l'avènement d'un genre tout à fait nouveau de hochet:
celui qui est fabriqué à l'aide de boîte de conserve. Une
forme hybride, à l'intérieur duquel on loge quelques graines du
petit gravier ou des petits cailloux, puis on referme afin de produire, par
secouement les sons musicaux adoucissants.
3.2.6.3. Le racleur
Cet instrument est constitué d'un objet dur, non
résonant. On gratte sur cet objet lui un autre qui possède des
qualités de résonance. Sur ce dernier, une série de
petites encoches ont été pratiquées sur ses deux bords.
Obliques et peu profondes, elles permettent à cet idiophone par
frottement (ou friction) de produire un son. Sa longueur varie entre 30 et 120
cm.
Ainsi, la partie entrant en résonance est
fabriquée à partir de bois, d'os, de morceau de bambouou à
l'aide d'une palme (pétiole de bambou-palmier). L'intérieur est
presque entièrement creusé et vidé, ce qui donne plus de
volume au son produit. Cet instrument se joue avec une tige en
bois dur qu'on
frotte sur les encoches. La tige est
général ement conservée dans une
glissière latérale
pratiquée sur le côté de la caisse de
résonance.
Figure munkwaka
n°18 : Un
racleur,
sonnelle
Sources :
(Exposition Fespam
Gallérie per
2013)
j)
ède de
iano à
3.2. Cet
multiples
6.4. Les instruments à lames ou lamellophon
e63 (nsamb instrument de
musique typique de l'Afrique
centrale pos s
likembe,
mbira. Il
est le « p
appellations: sanza, kisansi,
pouces » s
|
elon les O
|
ccidentaux.
|
Le type de pi
. Visible
résonance
ano à po ucesle plus
simple ne possède à
l'intérieur des habitations, il est pl
a
pas de caisse de cé sur
une paroi
et six, sont fixé s sur le
arte légè rement.
Les tons
, jouées avec les
d'une pièce. De
petits éclats
mur et soutenus
par une trav
dépendent du plus
ou moins grand enfoncement
doigts.
Une
de palme , entre deux erse, qui les en
éc
des lames
de résonance,
entre les dents
la bouche de
l'exécutant
modèles dont la caisse
de
autre forme de
lamellophone, sans caisse
fabriquée pour son utilisation,
consiste à tenir les lames pour les
faire vibrer avec les doigts.
C'est alors qui fait office
de caisse de résonance. Pour les
63 Djamba Kitenge
Shungu & Lisala Makodi, «
Regard sur la collection des Sanza de
l'In musées nationaux du Zaïre
», In African study monographs,
1992, n°13, vol. 2, p p.111-126.
La un instrument de musique à lamelle
pincée que l'on range dans la
catégorie des i diophones.
41
stitut des sanza est
42
résonance est fabriquée en même temps que
l'instrument, c'est la forme de cette dernière qui permet de les classer
en différentes catégories. Elle peut en effet prendre la forme
d'une grande caisse en bois, ovale et creuse, d'une petite boîte de forme
rectangulaire ou encore d'une calebasse. Les ouvertures de sonorité
peuvent être rondes, et placées du côté
inférieure de la caisse, ou longitudinales, et placées à
l'extrémité large de l'instrument.
Les languettes sont de bambou, de bois, de métal ou
d'os. Elles sont disposées sur la table d'harmonie de plusieurs
manières, variant selon les régions. Le modèle le plus
utilisé est de type « fluvial64 » : le tambour
à fente portatif. La caisse de résonance est un
parallélépipède rectangle, en forme de boîte. Il
peut être richement décorée par pyrogravure ; des dessins
sont alors apposés à l'aide d'un tison (fleurs, motifs
géométriques, animaux).
Au départ, il s'agit d'un morceau de bois rectangulaire
vidé par une fente creusée sur un de ces côtés.
L'ouverture est ensuite rebouchée par une planchette colmatée
avec de la résine ou du caoutchouc. On ajoute à la table
d'harmonie ainsi créée des lamelles, souvent métalliques.
Leur nombre varie entre six et dix-huit, mais la majorité des
instruments en possèdent dix. Deux ouvertures de résonance sont
pratiquées : une sur un côté et une autre sous
l'instrument. Le musicien, en bouchant ou non ces fentes avec ses doigts ou son
abdomen, modifiera le timbre du Lamellophone. Le nombre relativement important
des lamelles lui permet de chanter en s'accompagnant, avec des formules
mélodico-harmoniques en ostinato.
64 J.S. Lauenty, Les sanza du
Congo, Annales Sciences Humaines, Tervuren, 1962.
Figure n°19 : Lamelloph
one de
type fluvial ou
likembe
Sources : Kinzengue
Photo gallérie
lé, 1996)
une
e avec
que
Musée Royal de l'Afri
mis en ligne en 20 06.
Figure n
caisse de r
°20: Lamellophon
tsimbi,
ésonance
allongée
Sources Centrale,
43
Le second modèle
de lamell ophonetrouve chez
les Kongo est un modèle
muni d'une caisse de
résonance. Il est de forme
arrondie et se termine à
l'avant par un « bec de
corbe au65 »
Les S uundi ont
fabriqué différents
types d'idiop hones. O n perce
d'abord une ouverture
à l'une des extrémités de
la calebas se, puis on
évide la coque en
grattant son inté r ieur à
l'aide d'un petit crochet,
d'un couteau ou de tout
objet tranchant p o uvant
servir de grattoir. Lorsque
la majeure partie de la
substance adhér e nte a
été retirée, on
nettoie l'intérieur de la calebasse
avec de l'eau.
65 Terme utilis
|
é en organolo
|
gie.
|
44
On perce ensuite une deuxième ouverture de dimension
plus petiteà l'extrémité opposée à la
première. Cette deuxième ouverture permettra de faire glisser la
baguette de bois qui tiendra lieu de manche. Avant de procéder à
cette étape, le fabriquant doit, néanmoins, laisser sécher
l'intérieur de la calebasse pendant au moins une semaine. Quand
l'intérieur de la coque est bien sec, on y insère les
éléments percussifs, soit les grains de réglisse ou,
encore parfois, du petit gravier ou des petits cailloux, jusqu'à
concurrence maximale de la moitié du volume de la calebasse.
Une fois les éléments percussifs introduits, on
fait glisser par les deux ouvertures le manche de bois taillé
généralement de l'arbre d'acajou ou d'un autre bois dur. La
longueur du manche correspond environ au double du diamètre de la
calebasse. Le manche doit adhérer hermétiquement à la
calebasse. Pour ce faire, le facteur peut procéder à de
légers ajustements en incorporant, par exemple, des petits copeaux
autour de l'ouverture de manière à bien coincer le manche dans la
calebasse. Pour s'assurer d'une prise solide et d'une cloison hermétique
entre le manche et la calebasse, le facteur ajoute un peu de colle aux abords
des deux ouvertures.
Durant cette phase d'enquête, les noms propres ainsi que
certaines tournures descriptives sont enregistrées de la bouche
même du fabricant. Les dimensions données ne s'adressent
qu'à l'exemplaire en fabrication. Elles peuvent varier suivant les
spécimens. A la question de savoir si l'artisan utilisait un instrument
de mesure quelconque, celui-ci répondit : mu meso ni yelela kwani
: je mesure avec mes yeux.
Dans le village Kinsindi (Département du Niari), par
exemple, la fabrication de ce type d'instruments commence par des coups
d'herminette (bavu) dans une branche équarrie de l'arbre appelé
funtumia
45
elastica, Nko ou mufuma en kisuundi. Cet
arbre, pouvant culminer sur des centaines de mètres de haut, mesure 140
mm de large sur 45 d'épaisseur et, la section correspondant à la
longueur d'un futur sanziest de 300 mm. Il façonne ce bloc
à l'aide de l'herminette et d'un couteau (mbélé ya
bisanzi), le cambre légèrement (ce qui permet
déjà de distinguer le dos de la table de l'instrument) et donne
à chacune de ses faces une voûte, un mouvement
trapézoïdal dans les proportions suivantes :
Largeur à la base 135 et au sommet : 120 Epaisseur
à la base 40 et au sommet 20
Il ouvre sur 185 mm le côté gauche dans la partie
la plus large de l'instrument, afin de creuser en se servant d'un ciseau
(matsimou) et d'une gouge (lukombo) la caisse de résonnance. Il rebouche
celle-ci d'une éclisse taillée dans l'arbre senga ou
musenga chevillée au corps par des épines (mbua) de
pétiole de palmier (Elaeis guineensis) logée obliquement dans les
avant trousses préalablement effectués au poinçon. Les
procédés de fabrications de sanzi ont été
parfaitement détaillés par H. Pepper66.
Le lamellophone peut-être en métal ou en chair de
bambou. Il est un instrument diatonique lorsqu'on ajoute la note sensible si.
On obtient, par la suite, la gamme: do, ré, mi, sol, la, si. A la
différence du kisansi, la sansa ne comporte pas de
caisse de résonance. Ce piano à pouces n'est pas, à la
différence des tambours à membranes:
66H. Pepper, Notes sur une sanza d'Afrique
Equatoriale, Brazzaville, Institut d'Etudes Centrafricaines, 1953,
pp.4-5.
46
Un instrument magique, mystique, le médium entre
les vivants et les morts, la pirogue de concentration du guérisseur
(...)67 », écrit Mampouya Mam'si.
3.3. Les aérophones ou les instruments à
vent68
Les aérophones sont des instruments dont la vibration
est provoquée par le passage d'une colonne d'air insufflée par le
souffle de l'exécutant ou par un intermédiaire mécanique.
Les aérophones présents dans la culture kongo sont de deux type :
les flûtes (et les sifflets qui fonctionnent selon le même
principe) et les trompes.
De par son embouchure latérale et de par la
manière d'en jouer, cette flûte s'apparente à la
flûte traversière, à l'exception de ce qu'elle ne
possède aucune clé métallique. L'instrument est
taillé dans la tige même d'un bambou dont un côté est
percé de sept trous. L'air est insufflé dans une de ces
ouvertures qu'on appelle embouchure. C'est par la pression de l'air dans le
tube de bambou, c'est-à-dire, par la vibration de l'air compris entre
l'embouchure et les différentes ouvertures que le flûtiste
produira la variété de gammes sonores.
3.3.1. Les sifflets
Les sifflets sont des flûtes primitives, pouvant
produire un à deux sons distincts. Le mécanisme de vibration de
l'air est en effet le même pour ces deux types d'instruments. Chez les
Kongo, ils sont utilisés pour la communication plutôt qu'à
la danse.
67MampuyaMam'si, J'apprends seul la sansa,
Brazzaville, Ed. Bakoub, 1991, p.6.
68 Les aérophones sont des instruments de
musique dont l'élément vibratoire primaire est l'air
47
3.3.1.1. Le sifflet (kimbila,
mbambi, pîtu)
Cet instrument existe sous différentes formes, souvent
artistiques (zoomorphe, anthropomorphe, phallique ou encore en forme de
tonneau). Il est constitué de quatre parties :
'( La cavité creuse à
l'intérieur du sifflet est la lumière. Elle peut finir en
cul-de-sac après avoir parcouru la totalité du tube, ou bien
déboucher sur l'extérieur par un pertuis situé dans la
partie inférieure de l'instrument ;
'( L'embouchure est souvent ronde. Elle peut
néanmoins prendre des formes ovales et losangiques, suivant les
régions. La paroi extérieure à l'embouchure peut
être cylindrique, évasée ou conique. Elle est
taillée ou de manière plane, ou en oblique pour former un biseau
et ;
'( Deux trous de modulation sont
généralement aménagés en-dessous de l'embouchure,
un de chaque côté du tube.
Lorsque la lumière débouche par un pertuis, le
sifflet comprend en plus un orifice extérieur. Tous ces sifflets sont
construits en bois comme en ivoire, sculptés et gravés.
Ils sont principalement utilisés comme moyen de
communication. Les trous de modulation, selon qu'ils sont bouchés ou
non, permettent à l'exécutant de modifier le trajet de l'air dans
le tube. Il peut ainsi produire deux ou trois sonorités
différentes, qui, tout comme pour le tambour à fente et les
cloches métalliques, se calquent sur le langage phonique afin de
transmettre des messages. Cette fonction du sifflet se révèle
efficace lors des parties de chasse pour débusquer les gibiers et
permettre aux chasseurs de communiquer sur des longues distances.
l
C
3.3. Ces
equel ils
1.2. Le sifflet (nsiba, nsiem
i69)
ette dernière prés
une embo
uchure à
sifflets ont une allure
évas ée correspondant au
matériau dans sont creusés,
généralement la corne
d'antilope ou de buffle. ente une cavité
naturelle, qu'il suffit
d'exploiter en une de ses
extrémités. Ils peuvent
aussi être taillés
dans le bois ; la matière
première sera alors évidée
avant d'y ajouter
modelant
pas de
'embouc l hure taillée. La
lumière, pour ce genre de
sifflet, est de typ e
cul- de sac. Aucun ne
présente de trou de
modulation, ils n'ont donc
fonction de communication
comme les sifflets kimbila.
ensemb
le de six
Sources : en 2006
Musée royal, mise en ligne
Figure n°21 : Un sifflets
(nsiba)
3.3. Les
2. Les flû tes
flûtes sont des a érophones
permettent de jouer des mélodies
plus évol ués que avec une poignée
les sifflets, elles de notes.
Cet
en corne d e même famill e
rumentaliste e nt. Le ntsiem i
e ce qui lui pe
st projeté pa r
l'antilope, n
que les flût e
sente l'un des
ancêtres. L'a ir contenu
la bouche sur
le biseau c
icale. Il peut
es différente
el, que le n
onstitué par l'arrête de
posséder un trou de jeu s. Cependant
plus qu'un gaa utilise
pendant les
ence mesurable, ils ne pport à une q
uelconque
use antilope
emblème des plateaux
tcha, la fame
s et en repré
48
69 Il s'agit d'un
petit sifflet Batéké. Le si
fflet est de la dans les pou
mons de l'inst
de l'instrume
des Téké es t rmet de
prod age d'un ins
joué à la vert
uire deux not
trument d'app
l 'embouchure
d ans son extré mité
inférieur
musique, il
i nstrument de
ns qu'il éme t sont de fréqu e et
ne serve nt pas de sup
s'agit davant cérémonies
de culte pour appeler les ancêtres. Si
les so s'inscrivent pas
néanmoins dans une échelle
musical formule rythmique
49
instrument, rapidement réalisé à partir
de matériau végétal, possède peu de valeur en
lui-même.
Les Kongo possèdent des flûtes à un tube
avec des trous permettant de changer la trajectoire de l'air et donc la note
perçue et des flûtes à plusieurs tubes de
différentes tailles donnant chacun un ton différent.
3.3.2.1. Les flûtes (siku-bampuela,
mahungu)
Il est difficile, sinon impossible, de saisir d'où est
partie la flûte, son origine. Sa forme inférieure est, plus
généralement, courte, sauf dans ces types longs, parfois
cornés, plus tard cruciformes, répandus en Afriquenoire.
Devons-nous voir, avec le professeur C.Sachs, dans un texte remarquable, qu'il
emprunte à un observateur de la civilisation papoue, la clé en
quelque sorte de l'invention de la flûte? Symbole phallique, là
encore, comme l'est peut-être déjà l'os à
l'intérieur duquel s'enferme la flûte primitive. Et, plus
essentiellement, symbole de la vie, conduit du souffle et de l'âme.
Ces flûtes peuvent être droites ou
traversières, selon la configuration du matériau
végétal servant à leur fabrication. Ce dernier est
naturellement creux (tige de bambou ou tout autre végétal
à croissance rapide). Les flûtes droites sont ouvertes aux deux
extrémités, contrairement aux flûtes traversières.
Une encoche est souvent taillée au bord de l'embouchure. L'air
insufflé rebondit alors sur cette encoche, ce qui autorise le musicien
à tenir son instrument strictement droit.
Lorsque cette encoche est absente, il doit mettre la
flûte légèrement de biais, pour que son souffle arrive tout
de même sur une forme de biseau. L'encoche est exécutée en
forme de (U) ou de (V) à l'aide
d'un
tube fermé du côté
|
de l'embouchure
|
obliquement. La
flûte est j
ensemble d'auditeurs. Le
musicien peut s'en histoire,
souvent une querelle de
couple. Il util un pour
chaque sexe.
ouée pour
tison. Ce même
tison est utilisé pour
percer des trous qui
permettront de jouer des tons
différents. Les trous
des flûtes sont toujours circulaires.
Leur nombre varie entre
deux et cinq, ou deux et quatre.
Ils sont alignés et
placés à l'autre extrémité de
l'instrument par rapport
à l'embouchure.
Lorsque la tige utilisée
pour la facture d'une flûte
possède un noeud de
croissance naturel, celui- ci est
conservé.
L'instrument voit ainsi son
(lumière en cul-de-sac). Il
est tenu le divertissement,
au sein d'un servir pour raconter une isera
alors deux registres,
s chefs
possible
les danses et comportant de
Figure n°22 : Des
flûte
traversière et (de gauche
à droite)
extrémités d'une
d'une flûte droite
Sources :
Mabaya Koubola, M
Gallérie personnelle,
ai 2013
50
Au temps de
réservé au
divertis sement d e combat. Il est
é galement
nstrumen i taux acco mpagnan
t des tamb ours mem
branopho nes.
kongo par exemple, son
jeu était ou à l'excitation
des guerriers au qu'il ait fait
partie d'ensembles
s xylophones et
3.3.2.2. La trompe ou corne d' a ntilope (mvoumv
ouri70)
Elle est une trompe e n corne d
'antilope, ou de buffle servant de
sifflet. Cet instrument
était à la fois un
fétiche protecteur,
instrument de
musique et
instrument de co mmunicati on en ce sens que
:
« Quan
qu'on a
ne les faisait en
ainsi personne ne
d on alla
it soufflé
umvuri o
trer que lorsque les
guerriers reven a
lessure71 »
it à la guerre on
dans le m
pouvait
avoir de b
le sortait dehors et après
n le laissait au soleil.
On
ient, et
elles
Elle a, par ci, servi aussi à
communi et, par là, à
accompagner les chants qui
quer avec font appe
les forces surnatur l à
la pluie.
ersonnell
Gallérie p 013)
e (Exposition
Figure n°23 : Une
trompe
ri bemb é ou mvu
di
Sources : Fespam, 2
mvoumvou
travers i (suundi)
ère,
2.3. Les B
sont «c e
ées au
3.3.
Ce
nombre de quatre
iwiti :
s trompe dans un
s à figurations
humaines sont utili s
orchestre. Elles représentent
chacune un
51
70R. Guillot et A.
Massala, « Histoire d u pays Beembe
», In Cahier Orstom, série
sciences humaines, vol., 7, n°3, 1
970, p.58. Instrument de
musique fait d'une corne
d'antilope dont l'usage est
multiple 1 R. Guillot e
7 t A. Massala, Ibid
., p.58.
52
personnage : le père ; la mère ; la fille et le
fils 72». Biwitiest un instrument de musique qu'on n'entendait
qu'exceptionnellement. Depuis, les statues-trompes ont été
achetées par un collectionneur américain et, vraisemblablement,
n'ont pas été remplacées. Cette cérémonie
musicale serait liée au culte des ancêtres et, probablement, au
rituel funéraire. L'orchestre comprend six trompes, dont quatre figurent
chacune un personnage : mampongui-nguembo (le père),
nsoni-boungou (la mère), lembé-nsoni (la
fille), mpandi-nsoni (le fils).
Chaque trompe est sculptée dans la masse, la colonne
d'air étant à l'intérieur de ce qui représente le
corps; l'embouchure est située dans le dos, entre les deux bras. Les
trois premières trompes sont tenues verticalement, la quatrième
(mpandi-nsoni) horizontalement. Les deux autres trompes sont
traversières, en racine de flamboyant sauvage, de tailles
différentes, l'une mpolomono (la plus grande), l'autre
kinkou.
3.3.2.4. Les flûtes de pan
Elles sont faites d'un assemblage de tubes de roseau de
différentes longueurs. L'embouchure de chaque tube est taillée en
forme de bec. La succession des tubes ne respecte pas forcément l'ordre
des tons du mode employé.
3.3.2.5. Les trompes traversières
(mpûngi73)
La production du son des trompes traversières des Kongo
se fait par la vibration des lèvres de l'exécutant dans
l'embouchure latérale. Il s'agit
72 F. Bebey, Musique de l'Afrique, Paris :
Horizon de France, 1969. p.86
73Batsikama Ba Mampouya ma Ndawla Raphael,
L'Ancien Royaume du Congo et les bakongo : Ndona Béatrice et voici les
jagas : séquences d'histoires populaires, ParisnL'Harmattan, 1999,
p.233. Mpûngi, du verbe kongo Vûnga, Hunga, Ghûnga, Wunga qui
veut dire souffler. Mais, il signifie aussi paître, garder, surveiller
les animaux, il est l'emblème qui symbolise la Paix, la
Liberté.
d'un instrument
noble, attaché à la
cour du roi gata ou
mfumu buala. Il
est aussi bien appr musicale
que pour ses
capacités de messager.
|
ou du c h écié pou
r
|
ef local, son uti
|
mfumu lisation
|
caractéristiques de
'ensembl l e masik
ulu, qui
trompes
mpungi. Toutes fo
sengele o u
mbinda,
3.3.
Les
2.5.1. Les trompes
vula, ndungu, ndan
trompe s traversi ères ordi naires, m
asikulu
traversi ères (mp
ungi, ma sikulu o u
nthemf o) sont l'ethnie Kongo. Elles so
nt prése ntes au sein
de
comporte deux t amboursm
asikulu et cinq
is, les trompes sont
diversement nommées :
da et ntau
.
°24 : Une
trompe
Figure n corne de
brut.
Sources : Nov.1999
Gallérie p
e,
ersonnell
buffle, s
traversière,
iki, mpo ka, à
l'état
d'éléphant et, le plus
souvent, sont
de l'extrémité de l
se d'éléphants,
certaines généralement
laissé brut,
d'un bourrelet une sculpture
à
en défen
a trompe
. Faites
53
Elles ont la forme
d'une défense culptées au
niveau de l'embouchure et en
cornes de buffles, d'antilopes ou
trompes sont taillées
en intégralité. L e corps
est mais l'embouchure peut
être travaillée, et entourée
osangiqu l e à faible
relief. L'extrémité
présente parfois caractère
anthropomorphe.
Figure n °
humaine (
anthropomorphe)
25 : Des
Sources : C. Duv e
musique du monde orale,
Pari
instruments à figur
ille, Aux : musiqu
sources de la e de
tradition .125.
ation
54
Deux orifices sont
présents :
l'embouchure latérale
dans l aquelle l'air est insufflé,
généralement du
côté concave et, u n
orifice situé à quelques
centimètres, au bout
de la trompe. L'extrémité
e st alors sciée et
le musicien peut, à l'aide de son
pouce, boucher ou non
l'ouverture pour produire
deux tons distincts. Comme les sifflets
kimbil a, la capacité de
ommuni c cation des trompes
, était d'assurer la
transmission de certains essages.
m
L'étape critique dans la
fabrication d'une flûte, nous dit
Max Cilla
flûtiste-c ( omposite
ur et facteur de
flûte)74 réside dans
le choix même du tronc de
bambou. Il faut choisir,
explique-t-il, un arbre
mûr, pas trop mou et
pas trop humide. Un bois trop sec,
insiste-t-il, se fendillerait très
vite, en plus de rendre
extrêmement difficile un
jeu, une sonorité. Le temps
alloué pour assécher
le bois est donc
également une étape
délicate. À l'aide d'une
torche, on perce d'abord une
première ouverture par l aquelle
'instrume l ntiste sou
fflera po ur produir e les
diffé rents son s. Cette p
remière ouverture s'appelle "embouc
hure". El le doit do nc
être si tuée à pr
oximité d'une des
extrémité s du tube en bamb ou.
En y s oufflant, l e facteur
établira le son de
référence ou tonalit
é sur laqu elle se fo
ndera la g amme dia tonique
qui caract érisera la
flûte.
7 4 M. Desroches, op.,cit., p.61
55
Supposons un instant que ce premier son soit un
"ré" ; pour obtenir la note suivante de la gamme, Le
"mi", on perce une deuxième ouverture, à
l'extrémité opposée de la première. Cette
deuxième ouverture se situe normalement à 1/5 de la distance
séparant l'extrémité de la flûte de son embouchure,
ainsi que l'illustre le schéma suivant :
Ces deux orifices étant percés, le facteur
calcule ensuite la distance qui sépare l'un de l'autre. À l'aide
d'un crayon, il marque alors sur le bambou l'endroit exact correspondant
à la moitié de cette distance.
Le "X" identifie ici l'endroit équidistant entre les
deux premières ouvertures. Cet emplacement correspondra à la
septième et dernière ouverture qui sera percée sur le
bambou. Il équivaut, donc, à la sixième note du
flûtiste (si l'on exclut l'embouchure).
L'emplacement de la dernière ouverture étant
identifié, il ne s'agit plus maintenant que de percer les quatre autres
ouvertures qui permettront à l'instrumentiste de jouer une gamme
diatonique complète. Le diamètre et la détermination des
autres ouvertures seront fonction du diamètre du tube de bambou. Plus ce
dernier est important, plus longue est la flûte et plus importants seront
les diamètres des orifices.
56
Dans toute cette démarche, le facteur doit trouver, de
façon empirique, l'endroit optimal sur le tube qui permettra au musicien
d'obtenir le son qui se rapproche le plus de la tonalité (hauteur du
son) et du timbre désirés.
Le registre de l'instrument est donc tributaire de la longueur
de la tige de bambou et de son diamètre ; plus ceux-ci sont importants,
plus la flûte connaîtra un registre grave. La flûte en
"ré" est la tonalité de base la plus grave qui est
généralement fabriquée. Par contre, un tube plus petit
sera destiné à la construction d'un instrument à registre
aigu. Ainsi, une flûte basse pourra avoir une longueur et un
diamètre qui dépasseront dix fois ceux d'une flûte
soprano.
L'hostilité75 de la nature et la
rareté de certains objets nécessaires à la fabrication des
instruments de musique ont conduit les Suundi à se servir plus des
matériaux importés (comme les bouteilles, les ustensiles de
cuisine...) ou autres objets recylés.
3.4. Les cordophones
Cet instrument nommé arc-terre par les ethnologues, se
compose d'une tige flexible plantée dans le sol et d'une corde tendue
verticalement
75Cette hostilité est causée, d'une
part, par les parties de chasse collectives (mbingu) dont les feux de
brousse détruisent la savane et' d'autre part, l'introduction des
cultures intensives dans la vie communautaire. Ces facteurs dont les incidences
se sont évérées sur l'écosystème et la
couverture végétale ont s d'améné les Suundi
à s'orienter vers de nouveaux instruments de musique
57
d'un point de celle-ci à une plaque d'écorce
couvrant une fosse creusée dans la terre, la corde est frappée
par une baguette.
Pour la famille des cordophones, le son est obtenu par la
vibration d'une ou plusieurs cordes de l'instrument. Cette vibration est
transmise et amplifiée par la table d'harmonie.
On trouve deux types de cordophones : les instruments à
cordes frottées et les instruments à cordes pincées. Les
instruments à cordes frottées ne sont probablement pas
originaires de la culture locale mais, résultent d'une influence plus
lointaine (Inde, Afrique du nord).
3.4.1. Les instruments à cordes
frottées
Le son produit par les instruments à cordes
frottées est issu de l'action d'un archet sur les cordes de
l'instrument. Cet archet adhère et relâche les cordes d'un
mouvement rapide et imperceptible, les mettant ainsi en vibration. Les
instruments à cordes frottées de l'Afrique centrale ne comportent
généralement qu'une ou deux cordes.
3.4.1.1. La vièle
(lungoyongoyo)
Il s'agit d'un instrument à cordes frottées
comportant une caisse de résonance, un manche rigide, et une ou deux
cordes les reliant. On utilise un archet pour en jouer.
La caisse de résonance est un objet creux ou
évidé, traversé par le manche de part en part. Une petite
cheville est souvent fixée en haut de ce dernier. Les, cordes sont alors
enroulées autour pour permettre la variation de leur tension, et donc de
leur accord. Elles sont aussi attachées à l'autre bout du manche,
à l'extrémité de la caisse de résonance. Les cordes
sont
généralement
fabriquées en fibres
végétales, tout comme celle de
l'archet. Pour permette
à c e dernier de coller aux
cordes, ses propres fils
sont enduits de résine.
Une réserve est
généralement directement
placée sur le flanc de l a
caisse de résonance, afin
de permettre au musicien
d'enduire son archet pendant
l a prestation.
j l
cordes, les raccourc
des doigts de
'accomp d agnement
istorique h
Il appuie la table
d'harmonie de l'instrument sur
ouer, en tenant le manche d
e la main
de cette mains (index,
majeur, auricul
ir afin d'en changer le
ton.
la main
utilisé
es doigts
s relatés p
ar le musi
gauche, éloigné d
u
aire) pour
L'archet
droite. La vièle est pour
agrémenter chants,
cien chanteur.
son ventre pour
corps. I l utilise
appuyer
est tenu du bout un instrument
contes et faits
sur les
3.4. 1.2. La ho uppe tra
Une
qui jouent du
Ngomfi à 4 cordes mais
part, et une
tendance à varier matière
sont peu nombreux, c
forme de houppe
ditionnelle (Ngomfi):
traditionnelle, il existe bien
solistes
, d'une
avec une
liberté d'
exécution
sûr des
au sein de ladite s
la suite d'un savoir
la mélodie, d'autre
part. Les virtuoses en la 'est ce
qui explique l'importance
placequ'ils ociété. Le
Ngonfi a conquis ses lettres
de
faire des solistes qui ont
influencé plus d'un
26 : Un c ordophon e, ngomfi
bembé
(Exposition
|
|
Galléri 13)
|
e personnelle
|
58
occupent noblesse
à auditeur :
Figure n°
Sources : Fespam 20
59
3.4.2. Les instruments à cordes
pincées
Les instruments à cordes pincées sont mis en
vibration par le pincement et le relâchement de leurs cordes.
L'exécutant utilise pour cela son doigt, ou un élément
intermédiaire (plectre). Un seul exemplaire de cette famille est
présent chez les Kongo, il s'agit du pluri arc. Cet instrument
possède un mode d'attaches des cordes spécifique à
l'Afrique centrale.
3.4.2.1. Le pluri arc
Le seul instrument présent est le pluri
arclungoyngoy, lu(o) kombe(i) ou longombe (i). Cet instrument
est typique de l'Afrique centrale. Il existe deux manières de fixer les
cordes d'un instrument de la famille des cordophones. Un seul manche peut tenir
toutes les cordes, ou plusieurs manches peuvent chacun relier une corde au
corps de l'instrument. Le pluri arc appartient à ce deuxième
groupe. La caisse de résonance, en forme de boîte, soutient
plusieurs arcs supportant chacun une corde en fibre végétale qui
lui est reliée. La caisse peut varier par sa forme, de la simple
boîte rectangulaire à des concepts plus élaborés, et
par ses décorations (lignes et figures géométriques,
représentations à caractère anthropomorphe ou zoomorphe),
présentes ou non.
La surface de résonance est montée sur la caisse
de différentes manières : clouée, fixée, ou
simplement faisant déjà partie de la structure. Un chevalet lui
est parfois apposé. Les arcs sont généralement au nombre
de cinq (pour cinq cordes), mais ce chiffre peut varier. A partir de cinq
cordes, l'instrument est de taille modeste et sera joué à l'aide
des doigts. L'autre main est utilisée pour raccourcir les cordeset
changer leur hauteur.
°27 : L'
artiste Izé
14)
e (Nov.20
Figure n jouant le
Bouenza ( )
Sources :
ngomfi
Galerie p
Mabiala-Mankélé are de Loudima
à la g
ersonnell
'inverse des petits modèles
pluriels
lungoyngoy ne
possèdent que
l'instrument sur une de ses
cuisses, et s
ou non, l'ouverture
située sur le dessous afin de varier
autre technique
consiste à l e tibia.
Tout comme pour l a
nstrumen i t
destiné connait
grâce à ses
des
ostinatimélodico
A l
à cinq cordes et plus, les grands trois
cordes.L'instrumentiste pose
e sert de la deuxième pour
boucher, son timbre. Une tenir
assis, contre le genou et
parallèle au vièlelu
ngoyongoyo, le p luri
arc est un à accompagner chants et
contes, que le musicien facultés
mnémotechniques (la
mémoire). Il joue alors
-rythmiques, dans les tons graves.
ère qui (petite
60
Le musicien les porte généralement debout, avec
une lani passe sur son épaule et
derrière son dos. Il
joue avec un plectre
branche, fibre de liane
séchée). L'instrument
tient alors le rôle de basse dans les
ensembles instrumentaux
accompagnant la danse .
Cavazzi décrit un instrument à
cordes qu'il nomme
nsambi76. Il s'agirait
76 P. Sallé, «
Etudes et musiques sur le Gabon : deux
études sur la musique du Gabon : un
aspect de la musique des
Batéké : le grand plurisac,
ngwomi et sa place dans la danse Ônkila
», Etudes et documents de
l'ORSTOM, n°42 - Art et artisanat T
sogho, 1978,
p.11.LeNsambi ou terme
ngwomi est une variante linguistique
du terme désignant la harpe à
huit cordesdes populations de la côte
et de l'intérieur du Gabon :
ngombi chez les Mitsogho, Esh
ira, Masangho; ngomfi chez
les Bavuvi, ngoma, ngumi chez les
Fang et chez les populations de langue
miènè. Le « thème »
-ngom- désigne l'instrument de
musique en général, le
générateur de son : ngom,
ngoma, ngomo sont les termes
génériques pour le tambour
à
61
guitare espagnole sans fond, garnie de plusieurs cordes en
fibres végétales (palmier ou autre). Les cordes seraient mises en
vibration sous l'action de l'index du musicien. Il poserait son instrument sur
sa poitrine pour pouvoir en jouer.
3.4.2.2. Le piano à pouce
(nsambi77)
Dans sa facture la plus courante, l'instrument est une
boîte parallélépipède en bois de dimensions
variables avec ou sans caisse de résonance. Dans cette catégorie
d'idiophones par pincement les Suundi ont le kisansi et la sansa,
du verbe« ku sansa »qui veut dire éduquer. On
peut penser que cet instrument sert à façonner, à
éduquer le musuundi.
Des lamelles de métal de longueur et
d'épaisseurs variables, pour constituer les fréquences
souhaitées, sont posées côte à côte et
maintenues en contact étroit avec la caisse de résonance. Des
grelots de métal entourent parfois les lamelles, donnant ainsi un son
grésillant lorsqu'on en joue. Le joueur (solitaire dans la majeure
partie du temps) pince les lamelles. Le nsambi78 offre deux
gammes: une gamme diatonique et une gamme pentatonique.
La gamme diatonique du kisansi kongo dispose de sept
(07) sons ; réglé à la gamme do, il donne: do, ré,
mi, fa, so, la, si. Les mêmes notes
membrane dansdiverses langues du Gabon ; on peut même
appeler familièrement la « sansi » ngomfi. LesEshira, Balumbu,
Bapunu et Bavili des savanes de la Ngounié et de la Nyanga
possèdent uninstrument de même type mais, nous le verrons, d'une
morphologie et d'une technique différentes; ce dernier instrument existe
également au Bas Congo.
77L'origine du sambi bien encore incertaine (dans
le temps et le lieu) semble vouloir se fixer en Afrique Equatoriale et on la
rencontre de nos jours sous les noms les plus divers : Sansa ou Sanzou (chez
les Kouyou), Kinditi (chez les Babembe), Iton (chez les Bateke-Ndzikou), Ekebe
(chez les Populations autochtones) et selon Chauvet entre autres Mbichi ou
Marimba (chez la Bagangoulou des Plateaux)
78 H. Pepper, Ibid ., Une espèce de guitare
qui a pour tête cinq petits arcs de fer qu'on fait entrer plus ou moins
dans le corps de l'instrument lorsqu'on veut l'accorder. Les cordes sont des
fils de palmiers, on joue dessus avec les deux pouces. Le joueur tient
l'instrument sur la poitrine. Il est toujours en usage dans le Pool et la
Bouenza et chez les Batéké.
es par la g
e offre c i
es en ac
peuvent êt gamme p
e pourvu d e musique c
et au joue
eurs, la
re produit ntatoniqu cinq
lam ar il perm
amme supérieure dite
octave. Par aill nq sons: do, re, mi, sol, l a
. Cet instrument ier ou en chaire
de bambou , sert plus
à la ur (en mouvement ou immobile) de s'
égayer.
a chair de
Sources : Kinzengue
piano à p
fait de l
e de
ouce, à défaut de
fer
Désiré
F l
igure n
°28 : Un
bambou,
Galléri le, sd.
amelles en
Mr
3.4.2.3. La calebasse79 (kiyiodi,
yuki)
Nous avons relevé que ces
espaces considérés regorgent de
précieux instruments
de musique en calebasse qui sont
à la fois
membranophone,
d'un instrument
hors de commun, une
question mettant
face à face
atrick Kersalé le
décrit en de
cinéaste P
dimension
érophon a e,
cordophone et id iophone.
Les peuples ont vécu
la fabrication et le jeu d
'instruments en calebasse
dans sa diversité à la
fois matérielle et
culturelle. Cet instrument a
accompagné leur vécu quotidien.
Il s'agit symbolique à
travers une l'homme et la calebasse.
Ce face à face, le s termes on ne
peut plus évocateurs:
« Quand un simple
fruit cuisine, instrument de m
tour à t o
usique, m oyen de
ur ustensile de
ication
devient
commun
fruit de certa i
qu'elle con
pour de très nombreuse
rapports symboliques, l e
62
79On appelle
calebasse le d'une coque si
résistante exceptionnelles.
Répandue sur providentielle
utilitaires, les musicales
qu'elle a pu générer.
nes cucurbitacée qui, une fois
séchés puis évidés,
sont dotés stitue un matériau
permettant des utilisations
tout à fait tous les continents,
cette calebasse constitue, au
quotidien, une ressource s populations. Il
serait vain de vouloir recenser les objets s
fonctions rituelles, les inventions plastiques et à
fortiori
63
avec les esprits et représentant de
l'au-delà sur terre, la question se pose : lequel, de l'homme ou du
fruit, a su conquérir l'autre ?80 »
3.4.2.5. L'arc musical, luhungu
Loin s'en faut, son existence a été
relevée dans les zones de savanes. Il est le plus primitif et le plus
ancien des cordophones est l'arc musical, que l'on peut comparer à l'arc
de chasse (il est possible que l'arc de chasse fut à l'origine de ce
type d'instrument qui en garde la forme). Parmi les tribus africaines, les
pygmées Mbuti de l'Ituri par exemple, emploient non seulement l'arc pour
la chasse mais également comme instrument de musique.
Suivant le type de construction et le mode de mise en
vibration de la corde on distingue divers types d'arcs musicaux:
- L'arc en terre (un trou en terre sert de caisse de
résonance)
- L'arc en bouche (la bouche du joueur sert de caisse
de résonance)
Et la variante importante de l'arc en bouche:
- L'arc musical à calebasse est
constitué d'un arc rigide en bois avec une corde tendue entre ses deux
extrémités. Il est muni d'un résonateur mobile (parfois
plusieurs) fabriqué à partir d'une demi calebasse, retenue contre
l'arc par une bague d'étoffe. L'instrument est tenu verticalement, la
calebasse
80 P. Kersalé, La musique au pays des
calebasses : un DVD-documentaire, P. Kersalé, 2009, p.1.
64
appliquée contre la poitrine du joueur, qui frappe
(frotte) la corde à l'aide de deux fines baguettes.
3.5. Les autres formes d'instruments de
musique
Disons que le le corps participe à la musique ua moyend
es battements de mains, des frappements de pieds, de la voix, de la danse.
Ces instruments sont le prolongement du corps humain, capables
de produire des sons à des fins musicales. Nous en retenons
principalement deux : les battements des mains (nsaki) et de la voix
humaine (zuu, mbembo):
3.5.1. Les battements de mains81,
nsaki
Si battre les mains signifie approuver, applaudir, les
battements peuvent se comprendre comme une série de coups ou de chocs
légers
81 Organe de compréhension et de tact qui
termine les deux bras de l'homme en se divisant en cinq doigts, écrit F.
Reisdorf-Reece, Encyclopédie biblique : dictionnaire et concordance
des saintes écritures, Paris, Ed. CLC, 2011, p.308.Elle esrt aussi
une partie du corps humain située au boiut de bras, qui sert à
toucher, à prendre des objets. Chaque main a cinq doigts
65
exercée sur les paumes de mains de façon
à accompagner un ou des chants.
La musique semble avoir toujours existé. Battements de
mains, choc de pierres ou de morceaux de bois, le rythme fut le point de
départ de cet art plusieurs fois millénaire.
On en trouve encore quelques traces de nos jours, dans des
peuplades d'Afrique ou d'Amérique. Le battement de mains - " instrument
primordial " - peut, comme c'est le cas d'un jeu musical des femmes d'Afrique
équatoriale, écrit P. Sallée82. Les femmes
Suundi ne sont pas restées en marge de cette activité musicale.
Mais, cette faculté n'est pas exclusive aux femmes et les hommes dans
leurs activités quotidiennes, en particulier les voyages en pirogue, ou
à la pêche83, savent recourir à la musique pour
ordonner leur effort, sublimer la douleur et transcender la fatigue.
A ce propos, André Gide écrira :
Lyrisme des pagayeurs, au dangereux franchissement de la
barre. Les couplets et les refrains de leur chant rythmé se chevauchent.
A chaque enfoncement dans le flot, la tige de la pagaie prend appui sur la
cuisse nue. Beauté sauvage de ce chant semi-triste ; allégresse
musculaire ; enthousiasme farouche84.
82 P. Sallée, « Richesse et
diversité. Les musiques traditionnelles d'Afrique et leurs instruments
», In Cahiers de Musiques Traditionnelles, De bouche à oreille,
Genève, Georg éditeur, 1988, p. 172.
83 Je me souviens encore d'une partie de
pêche effectuée sur la rivière Loudima en 1982 avec M.
Filet Moubamba qui au fur et à mesure qu'il actionnait sa pagaie, les
chants qui sortaient de sa bouche étaient de nature à attenuer la
fatigue des efforts déployés. Ces chants compensaient non
seulement les energies dégagées mais aussi, le galvanisaient, le
dopaient davantage. (Observations personnelles)
84 A. Gide, Voyage au Congo, Paris,
Gallimard, Coll. " Folio ", 1927, p. 21-22.
66
Chez les Suundi, les battements des mains servent à
ryhtmer les jeux des mains (kongo pour les hommes) et les jeux des pieds
(ndzango pour les femmes).
Les battements de mains, en dehors de la poésie orale,
des contes où ils servent à marquer la pause, la ponctuation, les
battements de mains interviennent dans la musique au même titre que la
voix qu'ils accompagnent. Mais, la faible portée des battements a
conduit les Suundi a inventé des instruments plus puissants pour
répandre les sons et l'écho musical produit. On peut, sans se
tromper, dire que les battements sont
l' « ancêtre » des autres instruments de
musique fabriqués à partir des végétaux ou
d'espèces animalières.
3.5.2. La voix85 humaine (zuu, mbemo,
ndinga) : « Zuu dia nkento, zuu dia Nzambi
», « mbembo ya mu nkenot, mbembo ya Nzambi »,
disent les Suundi. Ce qui signifie que celui qui a entendu la voix de la femme,
a entendu la voix de Dieu. La référence est ici faite aux Saintes
Ecritures où Marie de Magdala entendit, en premier, la voix de Dieu.
C'est autant dire que le timbre vocal de la femme suundi qui résonne
haut et porte au loin est associé aux louanges chantées, aux
chants des veillées mortuaires, aux lamentations.
On peut les qualifier de « berceuses86
professionnelles» dont la fonction, comme l'écrit, d'un
côté, d'apaiser l'enfant qui pleure et ne veut
85 La voix est l'ensemble des sons produits par les
vibrations des cordes vocales. La voix, comme l'écrit F. Reisdorf-Reece,
est un ensemble des sons formés par l'air qui sort des poumons et du
larynx, Ibid., p.536.
86 (...) Les berceuses sont le forum où on
peut exprimer quelques exigences de la société comme le devoir de
gratitude on et la compassion devant les besoins du prochain, comme le sommeil,
la maladie, la faim, la solitude, la chaleur, la peur
etc. si la mère recourt à la
jeune fille pour qu'elle berce son enfant elle peut avoir aussi une intention
éducative, celle notamment d'initier la grande fille à son
rôle de future
67
pas dormir et, de l'autre côté, de distraire
l'enfant, de le détourner de son trouble et de le retirer
également de son isolement social. L'enfant trouve dans la
présence tendre et amoureuse de la berceuse une réponse à
son besoin de sécurité et de protection.
Indistinctement, les hommes et les femmes Suundi possedent de
belles voix qui les prédisposent à faire de la bonne musique.
Cette voix sert non pas seulement pour parler, pour exprimer ses sentiments,
mais aussi pour dire au moyen de la chanson, ses émotions, les joie, les
tristesse, les mélancolie et les ses plaintes, selonles
différents contextes, tantôt à voix basse, tantôt
à haute voix.
Mais, tous ces instruments de musique, du moins, certains
d'entre eux jouèrent un autre rôle que de produire des
émotions, des rythmes et des cadences qui rapprochent, par la danse, les
membres d'une même communauté. Certains d'entre eux furent
affectés à d'autres fonctions que la danse : la communication.
mère, à connaître les besoins primordiaux
de l'enfant et le solutions éventuelles qui s'y rapportent. « Il va
sans dire que ces futures mères doivent se préparer à
accomplir la tâche qui leur reviendra en sachant comment s'y prendre en
vue de protéger soigneusement l'enfant contre les crises
émotionnelles grave qui peuvent troubler sa santé physique et
morale », écrit Léon Verbeek, Cesse de pleurer, mon
enfant : berceuses du Sud-Est du Katanga, Bruxelles, Musée royal de
l'Afrique centrale, 2007, p.4.
68
DEUXIEME PARTIE
LES FONCTIONS DES INSRUMENTS DE
MUSIQUE
69
Communiquer est une démarche active, dynamique,
orientée vers un public avec une finalité précise :
transfert ou échange des messages et des informations. A travers le
temps et les civilisations, singulièrement chez les peuples « sans
écriture 87», les moyens qui avaient servi pour produire
et transmettre une information aux membres d'une communauté plus ou
moins dispersés géographiquement étaient divers: cris,
sifflets, trompes ou tambour88. La fonction de communication
tambourinée est semblable à l'organisation sociale de la
communauté des Suundi qui repose sur la division des sexes, du lignage
(mvila, luvila89) dont certains instruments
servirent au transfert des messages : communiquer à distance.
Oui, ils servirent au transfert des messages, comme le
ngoma, aussi avait servi à assurer le transfert à
distance des messages par ce qu'il résonnait. Il résonnait par ce
qu'à la base il avait un orifice et, les Suundi disent : «
zonza kua zonza ngoma, ku banda kwa mwasi ». Ce qui signifie que
si le tambour résonne c'est par ce qu'à la base il a un orifice.
Il s'agit d'un aspect d'une dynamique socialeattestée par H. Ward en
termes:
« Dans toute l'Afrique centrale, il existe un curieux
système de communication entre les villages au moyen de battements de
tambours. Ce système est d'origine fort ancienne et quand on voyage en
Afrique, on est toujours annoncé d'avance par ce moyen. Le tambour qui
est le plus communément employé pour cet usage consiste en une
caisse de bois très dur, ayant
87 Manière plus courtoise pour
désigner ceux qui avaient longtemps l'étiquette de »peuples
non civilisé», d'après Marcel Detienne, « Dossier les
écritures : avec ou sans écriture ? », In Sciences de
l'Homme et de la société, n°60, 2000, pp.1-5.
88 E. Sutter, Code et langage des sonneries de
cloches en Occident, sl, sn, 2006, p.3.
89 Le mvila ou kanda en langue kongo est
l'équivalent du Ebora (Mbétis), Ibora (Kouyou), Ikouta (Tsangui),
Aladidjé (Sara du Tchad), M.J kouloumbou et D. Mavouangui, Actes du
colloque scientifique sur les « Valeurs kongo : spécificité
et universalité », 4-6 novembre 2010, Association Mbanza-Kongo
et Département de philosophie, FLSH, Université Marien Ngouabi,
Paris, L'harmattan, 2013.
70
environ six pieds de long et deux pieds de
diamètre. (...) L'appel a lieu par une série de battements. Les
indigènes peuvent ainsi conserver, et même, en temps de guerre,
communiquer avec l'ennemi et discuter les conditions de paix. Ceci s'applique
particulièrement aux tribus riveraines qui, ayant constaté que le
son se transmet mieux à la surface de l'eau, ne manquent pas de venir au
bord du fleuve avec leurs tambours, et leurs appels se répètent
de village en
village»90.
Ainsi, la communication, chez les premiers théoriciens,
j'ai cité Claude E. Shannon, Harold D. Lasswell, Riley, Jakobson, se
limitait au transfert d'une information entre une source et une cible qui la
reçoit. Cette communication ne signifie-t-elle autre chose que l'action
de mettre en commun une idée, une information, une attitude.
Pour s'instaurer et s'établir, rappelons-le, la
communication nécessite la convocation de 6 éléments
fondamentaux: (i) une source/un émetteur, (ii) un message, (iii) un
destinataire/ récepteur, (iv) un canal, (v) un code et (vi) un effet
retour ou feedback qui « boucle » le système et qui permet au
récepteur de répondre au message. Le feedback prévoit une
réaction de la cible. Si cette réaction va dans le sens
recherché par l'émetteur, la communication a atteint son objectif
(on dit que le feed-back est positif). Sinon, (si le feedback est
négatif), il convient, alors, d'identifier et d'analyser les causes
d'échec.
90H. Ward, Chez les cannibales de l'Afrique
centrale, Paris, Plon, 1910, p.19.
71
Chapitre 4 : Le code sonore ou le langage
tambouriné chez les Suundi Comme le kikongo, la langue en usage
dans l'aire culturelle kongo, le code sonore lui aussi est composé
d'éléments communs connus de tous ceux qui en ont reçu la
formation et qui, de ce fait, peuvent communiquer.
Si la fonction première du mukonzi et du
ngoma était de produire de la musique, une combinaison
harmonieuse des sons, le code sonore élaboréà partir de
ces instruments de musique permettait d'assurer la
communication91entre un Emetteur et un Récepteur. Mais pour
se réaliser, la communication, doit obéir à un certain
nombre de normes à savoir la restitution par l'Emetteur des
éléments du code que sont la portée du son (la
sonorité), le volume de l'instrument, les conditions
atmosphériques et topographiques (relief du sol), les heures
d'émission, la force de frappement.
Par temps calme et à une hauteur donnée, le
message émis à partir d'un tambour à fentes,
mukonzi, portait loin en fait. Il était compris par tous ceux
qui connaissaient le code par lequel le message était
véhiculé. Chaque combinatoire de sons du code délivre un
message spécifique.
Moins complexe que le Morse92, le code sonore
fonctionne néanmoins de façon identique. Seulement,le Morse
utilise deux symboles du code sonore, appelés "brève" et "longue"
ou "point" et "trait" (ou « ti » et « taah ») lorsqu'on le
transcrit sur papier point et deux durées d'espacement, la coupure
élémentaire entre signaux et l'espace séparant
91 Dr M. Graf, « Aspects of traditional
communication», In Catholic Media council, sd., pp.5-6
92 Ce code a été inventé par
Samuel Morse (1791-1872) aux États-Unis pour transmettre des
informations sur des filsélectriques.Il n'est pas un code écrit
mais un code sonore, un code de transmission d'information pour la
télégraphie utilisant seulement deux caractères
appelés "brève" et "longue" ou "point" et "trait" lorsqu'on le
transcrit sur papier. Il est un code télégraphique utilisant un
alphabet conventionnel: le langage OACI (alphabet phonétique
utilisé dans l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale). La
différence entre les caractères ne repose que sur la durée
d'émission, c'est pourquoi ce code est assez universel et peut
être utilisé avec différents supports tels que courant
électrique, onde radio ou lumière.
72
les points. La durée totale d'émission d'un
trait (y compris la coupure élémentaire entre signaux)
détermine la vitesse à laquelle le message est envoyé,
elle est utilisée en tant que cadence de référence. Un
message simple s'écrirait (« _ »
représente « ti » et « ___ »
représente « taah »).
Figure n°30 L'alphabet Morse
Sources :
http://f8kho.free.fr/code%20morse2.htm,
consulté le 2 octobre 2015
A ces symboles s'ajoute un autre symbole, non graphique :
l'espace ( ) qui permet d'encoder les 26 lettres de l'alphabet latin, les 10
chiffres décimaux et d'autres signes de ponctuation spécifiques
à certaines langues comme le français.
l'écrit,
maîtrisé
Figure n°
|
31 : Le la
|
ngage OA
|
CI du M
|
orse
|
Sou
|
rces : Composition
|
s personn
|
elles
|
A l'aide de c
ils pouvaient
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es symboles, les S des mess
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utilisant.
feu : les
|
Suundi diraient C
|
harlie Alpha Sierr
|
a Echo
|
A titre d'exemple :
1. Une case est en Fox trot
Uniform
2.
scar Nov ember
Un lion au village : les Suundi
diraient Lima India O Victor
India Lima Lima Alpha Golf
Echo
73
Il convient d'indiquer que ce contexte, les article s sont
élidés, supprimés.
74
Ave le code Morse, la cadence du message est convenue de la
manière suivante: (« = » signifie «
signal actif », « · » signifie «
signal inactif », chacun ayant pour durée un « ti ») :
===·=·===·=···===·===·===···===·=·=···=·······===·===···===·===·=
^ ^ ^ ^ ^
| ti ta | espace entre les mots (7 points)
| espace entre les lettres (3 points) | espace entre les
symboles
Le rythme élémentaire est donné par la
durée du point, le « ti ». Il se note par un point « .
».
Un « taah » est conventionnellement 3 fois plus long
qu'un « ti ». Il se note par un trait horizontal « -
».
L'espacement entre les « ti » et « taah »
dans une lettre à la longueur d'un « ti ». Il se note par le
passage d'un symbole à l'autre.
L'espacement entre les lettres d'un mot a pour longueur un
« taah » (3 « ti »). Il se note par un espace.
L'espacement entre les mots est d'au moins 5 « ti »
et se note par une barre oblique « / ».
Cependant, il existe d'autres formes de représentation,
la représentation compressée, par exemple, qui associe au "ti" un
point en bas, et au "taah" un point en haut ou encore le morse en dent de
scie.
En comparant ces deux systèmes : le code sonore et le
Morse, le Morse apparaît, de toute évidence, plus performante dans
la communication que le code sonore
75
4.1. Le code sonore des Suundi et sa
structure
La communauté culturelle des Suundiappartient à
l'aire culturelle kongo. Elle s'organise autour des valeurs dominantes de cette
aire culturelle.
Le code sonore des Suundi que nous avons décrit n'est
qu'une variante du code sonore de l'aire culturelle kongo. Le code sonore est
quant à lui caractérisé par une série
(intermittente), une succession à intervalles réguliers des sons
combinés, généralement, de trois (tatu) ou de
neuf (vwa) en fonction de la nature de l'information. Cette structure
correspond à la nature de l'information qui rappelle la
symbolique93d'un mythe devenu réalité sur l'origine du
royaume kongo. Ce mythe dit que la mère d'origine de cette ethnie
possédait une forte poitrine pourvue de neuf seins. Une autre tradition
parle de douze. Ces chiffres renvoient aux 9 ou aux 12 tribus de l'ethnie
kongo. Mais il ne s'agit là que d'un mythe. Il semble que la tradition
kongo soit influencée par le discours du Missionnaire parlant de 12
tribus d'Israël, des descendants des fils de Jacob. Les six
premières tribus prononcèrent la bénédiction sur
Garizin et les six autres, la malédiction sur Ebal94.
Mais ce qu'il convient de souligner, dans le système de
communication constitué par un code sonore, le message est à sens
unique. L'Emetteur n'aura jamais de réponse au message qu'il a
émis.
Nous analysons cette structure du sonore élément
par élément :
93La symbolique du nombre neuf représentela
patience ou la méditation. Il est le nombre de l'harmonie, de
l'inspiration et de la perfection des idées, l'expression de "la
puissance du Saint Esprit. Il symbolise la plénitude des dons, la
récompense des épreuves. Le neuf est souvent
considéré comme le nombre de l'initié (...) En tant que
produit de 3 x 3, il est l'expression de la perfection, le symbole de la
puissance virile, en plus d'être associé au couple. Selon la
kabbale, neuf est le nombre de celui qui accomplit la volonté divine,
c'est aussi le chiffre de l'accomplissement(...), Steve Desrosiers, Les
nombres: symbolisme propriété, SL., SN, SD, p.56.
94 F. Reisdorf-Reece, Encyclopédie
biblique: dictionnaire et concordance des saintes écritures, Paris,
Edition CLS, 2011, p.264.
1.
76
Un coup (mosi) : Signale l'existence
d'un danger ;
2. Deux coups (zolé) : C'est
l'insistance du un, annonce une urgence ;
3. Trois coups intermittents (tatu)
(séparés par un long intervalle) : Signalent l'urgence
ou la nécessité d'une intervention;
4. Neuf coups (vwa) : Les trois premiers
coups des neuf donnent l'alerte et attirent l'attention du Récepteur sur
le fait qu'un évènement important est survenu au village. Son
attention doit être en alerte au maximum. Les six derniers, s'ils sont
exécutés, signalent un danger et invitent le récepteur
à se mettre sur ses gardes.
Selon les contextes, l'alerte est donnée à trois
reprises (trois fois) dans la journée.
Ainsi, par rapport au Morse, le code sonorea des limites
certaines dans la transmission complète de l'information. Il est
impossible de donner le détail de l'évènement. Le message
est formulé de façon très vague, sa nature même du
contenu du message est connue mais nous n'avons jamais la précision du
détail que donne l'écriture alphabétique.
4.2. La structure du message
Comme l'expression orale, le message, nsangu,
mpolo, un ensemble des signes convenus dont le contenu a un sens
permet d'exprimer une idée, une pensée susceptible d'être
transmise.
77
Le code sonore est produit dans un contexte
général d'énonciation. Chez les Suundi, les formulations
diffèrent en fonction de la nature du message. En fonction de la nature
du message, elle (l'énonciation) peut être longue ou
brève.
4.2.1. Les messages concernant la mort et la mise
à feu d'une réserve
Sous réserve de vérification, les Suundi, selon
nos informateurs étaient capables de donner des informations plus ou
moins exactes au sujet de la mort d'un membre de la communauté ou de la
mise à feu d'une réserve.
A chaque nature du message est affecté un nombre de
chiffres.
Au sujet de la mort, par exemple, pour certains
détails, le maître mukonzi était à même de les
transmettre.
Or, de façon générale, chez les Suundi,
la mort paralyse toutes les activités des membres de la
communauté. L'évènement affecte le même le passant,
l'étranger (Nzenza) à la communauté. Ce dernier,
par compassion, avant de continuer son chemin, vient se recueillir
auprès de la dépouille mortelle en guise du dernier hommage.
Au sujet de la mise à feu d'une réserve, nos
informateurs nous avaient rapporté, par exemple, qu'avant de mettre le
feu à sa réserve, son propriétaire s'en remettait à
un tambourineur qui donnait l'information au loin en même temps qu'il
informait les voisins par voie verbale grâce des émissaires
(Binati mpolo, Bituami, Ntumi).
78
D'accord, mais si la communication par code sonore n'avait pas
été renforcée par les émissaires qui informent
verbalement les hôtes du propriétaire de la réserve, on
peut douter que par le seul moyen du code sonore ces hôtes puissent
savoir de quoi il s'agit exactement. Le code sonore était incapable de
donner le détail de l'évènement.
Dans ce contexte, en dehors de la transmission de
l'information orale, le mukonzi et le nkonko95
étaient les moyens primitifs de communication96 les plus
adéquats pour certains types de messages avec ses limites. Ce code
sonore c'est l'histoire de l'aventure d'un système des
télécommunications primitives97. C'est un
système, qui pour communiquer, utilise les signes conventionnels
fondés sur des sons (un coup, trois coups ou neuf coups). Chaque son
permettant de saisir l'idée d'une chose ou le désir de quelque
chose.
Dans le code sonore, nous sommes dans le système
d'écriture dite synthétique.
Dans le système d'écriture, la correspondance
serait l'écriture synthétique qui permet de cerner la
globalité d'un objet, mais pas du tout le détail. Les
détails sont du domaine de l'écriture98
syllabique99,
95 Ce nkonko, par exemple, avaitson maître
Jean kinkouéni (décédé le 12 mars 1976). Quiconque
ne reconnaissait pas avoir entendu le son du nkonko taillé ce dernier
était d'office taxé de menteur. Les nkonko de Kinkouemi avaient
un son qui portait à des milliers de kilomètres séparant
les villages basuundi de Soukou-Bouadi, de Kissenga et de Kabadissou au Sud de
Boko-Songho
96 A ce sujet B. Voyenne rapporte une observation de
Réné Maran quand il écrira : « Parmi les modes
ancestraux de la communication, le tam-tam est celui qui préfigure le
mieux la presse, par ce que les messages se propagent directement dans
plusieurs directions (...), R. Maran , cité par B. Voyenne, La
presse dans la société contemporaine, op., cité,
p.38.
97Rybak Boris. « Une Convergence remarquable
entre langages tambourinés, codes nerveux et langages machine ».
In: L'Homme, 1977, tome 17 n°1. pp. 117-121
98 L'écriture est un moyen de communication
qui représente le langage à travers l'inscription de signes sur
des supports variés. C'est une forme de technologie qui s'appuie sur les
mêmes structures que la parole, comme le vocabulaire, la grammaire et la
sémantique mais avec des contraintes additionnelles liées au
système de graphies propres à chaque culture.
99 Dans un syllabaire, chaque symbole
représente une syllabe, une unité ininterrompue du langage
oral
79
consonantique et alphabétique100. Dans
l'écriture alphabétique et consonantique, les mots sont un
assemblage des phonèmes qui sont eux-mêmes associés pour
former des syllabes. Or, pour être complète et pour fournir plus
de détails possibles et de précisions, une information doit
être comprise dans une unité de discours, une unité
d'énonciation ou une unité de pensée : la phrase. Elle est
l'unité de communicationlinguistique, c'est la suite phonique minimale
par laquelle un locuteur adresse un message à un auditeur.
Si l'écriture synthétique, comme le
hiéroglyphe, permet de cerner une idée, dans le système
idéographique, chaque signe représente un objet (on parle de
pictogramme) ou une idée (on parle d'idéogramme) et permet ainsi
à être compris par les membres de la communauté qui les ont
élaboré.
Ainsi, il est difficile d'être d'accord avec mes
informateurs Suundi qui affirment que par le code sonore, les Suundi
étaient capables de faire plus que le permet l'écriture
synthétique, c'est-à-dire, donner une information
détaillée.
Si, Arthur Rimbaud était parvenu à faire
correspondre les couleurs avec les lettres c'est par ce qu'il se mettait dans
une société de l'écriture. Le poète avait de ce
fait tout loisir de faire jouer la correspondance entre
100 L'écriture alphabétique est un ensemble de
symboles dont chacun représente un phonème de la langue. La
combinaison de plusieurs symboles est nécessaire pour représenter
une syllabe ou un mot. Une trentaine de signes alphabétiques peuvent
suffire à écrire une langue. Il existe trois grands types
d'écriture alphabétique. Les abjads ou alphabets consonantiques
ne comportent de signes que pour les consonnes. Les alphabets proprement dits
comportent à la fois des signes pour les consonnes et les voyelles. Le
premier à être développé fut l'alphabet grec. Dans
ces systèmes, les signes de base représentent des consonnes
seules ou suivies d'une voyelle inhérente, et les autres voyelles sont
indiquées par des diacritiques ou des modifications de la forme des
signes consonantiques.
80
les sons et les lettres connues. Mais nos Suundi ne peuvent y
prétendre, ils n'ont pas d'écriture.
Cependant, nous pouvons être d'avis avec M. Félix
Eboué qui avait souhaité une transmission entière du
langage parlé par le tambour de bois, le code sonore. Selon lui :
Le langage tambouriné et sifflé ne provient
pas d'un langage conventionnel, ni du battement d'une série de phrases
poétiques apprises par coeur et transmises de père en fils: c'est
l'expression exacte du langage parlé, au moyen duquel il est possible de
dire tout ce qui peut être dit dans la
langue101»
4.3. Les limites du code sonore des Suundi
Elles sont multiples.
L'espace culturel kongo est une entité culturelle
dynamique qui aux contacts d'autres aires culturelles, a connu de profonds
changements. Et, la tradition n'est plus ce qu'elle
était102.
Dans la transmission des messages, les limites étaient
vite apparues dans les performances du code sonore. Dès lors que les
conditions naturelles (conditions atmosphériques, topographiques,
géographiques) ne sont pas favorables pour assurer la transmission d'une
information, les
101F. Eboué, Les Peuples de
l'Oubangui-Chari, p. 94, cité par André Schaeffner,
Origines des instruments de musique : introduction ethnologique à
l'histoire de la musique instrumentale, 2ème
édit., New-York : Mouton Edit. ; Paris : La Haye, 1980, p.85.
102Les termes de tradition et de
société traditionnelle sont, l'on n'ose dire traditionnellement,
associés à l'exercice de l'ethnologie. Pour beaucoup, ethnologues
compris, cette discipline se consacre à la description et à
l'analyse des faits les plus traditionnels et privilégie, pour des
raisons sur lesquelles il n'y a pas lieu de s'étendre ici,
l'investigation des formes les plus traditionnelles de la vie sociale. Bref, la
tradition serait le pain quotidien des ethnologues, son étude la marque
distinctive de leur activité, Gérard Lenclud, « La tradition
n'est plus ce qu'elle était....: sur les notions de la traditions et de
tradition en ethnologie », In Terrain, 1987, n° 9,p.1.
81
limites du code sonore deviennent visibles. Dès que ces
barrières sont vaincues, le processus de communication se remet à
fonctionner à l'intérieure de la communauté. Dès
que les conditions sont réunies, on communique sans cependant qu'on
atteigne le degré de perfection dans la transmission des messages que
permet l'écriture alphabétique. Il est possible que le
système de communication par le code sonore se soit complexifié
rendant de ce fait le message moins vague lorsque le destinataire le
reçoit. Mais, jusqu'à plus ample informé, nous n'avons pas
la preuve d'un tel progrès.
Déjà le système de communication par le
code sonore allait être abandonné avec l'introduction de
l'écriture alphabétique par le colonisateur. Progressivement dans
les centres urbains et les grandes agglomérations, puis à
l'intérieur du pays. De sorte que le nombre de sujets capables
aujourd'hui de nous expliquer la technique du code sonore est extrêmement
faible. Peut-être pour le plaisir de l'histoire de la culture de la
communauté suundi, faudrait-il que les derniers initiés à
ces techniques pensent à en instruire la jeunesse, à charge pour
celle-ci, de transmettre ceprécieux acquis aux générations
futures.
Mais, il faut tout de même rendre hommage à un
moyen de communication, certes primitif, qui tout compte fait satisfaisait la
majorité des habitants des temps anciens. C'était le temps
où l'homme prenait son temps. C'est dommage que la communauté
suundi en soit restée là. Ainsi, quand il y a la paix, on danse,
et quand il y a une urgence, on utilise le mukonzi ou le ngoma
pour donner l'alerte.
82
Chapitre 5 : Evolution des instruments de musique:
entre continuité et discontinuité
Dans leur forme matérielle, ces instruments de musique
ont subi des évolutions imposées par le temps qui passe sans pour
autant faire subir des transformations à la structure du code sonore.
Les instruments de musique ne sont rien sans leurs interprêtes,
c'est-à-dire les musiciens. Ils (instruments) résonnent bien
entre les mains d'un expert. Nous verrons dans les prochains chapitres les
contextes d'utilisation. C'est dire que :
[L'art africain] est fonctionnel, c'est-à-dire qu'il
annonce l'action plus encore qu'il ne s'offre à la
contemplation103.
Les instruments de musique (tam-tam, le tambour à
fente, la flute, etc.), autrefois chéris et convoités lors des
belles cérémonies (fêtes, mariages, baptêmes,
circoncisions...), tendent à disparaîtrecar surclassés par
les nouveaux moyensqui assurent mieux la fixation de la parole, la diffusion
des messages au sein de la communauté qui les utilise. On n'entend
presque plus, si non rarement, les roulements des tambours.
Nous assistons par là à une évolution ou
à une rupture des instruments de musique chez les Suundi?
5.1. La continuité des instruments de
musique
Au Congo, des études existent sur les instruments de
musique104. Ainsi, l'extrême diversité des instruments
de musique congolais a parfois
103Laburthe-Tolra, Philippe et Jean-Pierre Warnier,
Ethnologie, Anthropologie, Paris, 2003, cité par O. Marck,
La musique dans la société traditionnelle au royaume Kongo
(XVe - XIXe siècle, Ibid., p.85. 104 J.N. Maquet, Note sur les
instruments de musique congolais, cit., p.3.
83
été considérée comme une preuve
des prédispositions extraordinaires des Suundi pour la danse, la
fête et la musique105.
Le développement ou non des instruments de musique
n'échappe pas à la problématique de la continuité
et de la discontinuité106 qui sera analysée à
traversru les prismes de la facture musicale et de l'identité
musicale.
5.1.2. La facture instrumentale
La conception et la fabrication des instruments de musique
sont une tradition empirique séculaire de collaboration intime entre les
musiciens et les facteurs Suundi. Au-delà des enjeux technologiques et
environnementaux sans compter l'apparition des instruments électroniques
et de l'information musicale et, hormis les problématiques
particulières d'approvisionnement en matières premières
éprouvées, il est à remarquer qu'une constance histoire de
l'évolution des instruments de musique est justement associée
à l'adoption de matériaux nouveaux à des fins soit,
d'améliorations mécaniques ou acoustiques de leur comportement
(par exemple, le passage d'un cadre en bois à un cadre en fonte pour le
piano), soit de création pure de prototypes originaux.
5.1.3. L'Identité de l'instrument
L'identité instrumentale est, d'un point de vue de la
survivance, à observer sous les aspects d'identité structurelle
sonore et technique, d'identité stylistique et fonctionnelle et
socio-historique.
105 Ibid., p.7.
106 Michèle Castellengo, « Continuité,
rupture, ornémentation. Ou les bons usages de la transition entre deux
modes d'émission vocale », In Cahiers d'éthnomusicologie,
1991, n°4, p.4.
84
5.1.3.1. L'Identité structurelle sonore et
technique
La facture, la forme, l'organisation des différentes
parties des instruments structurent le possible sonore initial. Citons le cas
des tambours à fentes pour leur masse volumique et leur taille, les
cordophones dont l'accord d'un cor (mi-la-ré-sol-si-mi), la longueur
d'un cor naturel offre une série d'harmoniques à partir de quoi
l'on va jouer. C'est à partir de cette structure donnée que s'est
développé le répertoire spécifique de cet
instrument.
A partir de chaque instrument sont développés
une technique, des traits sonores particuliers et des effets particuliers.
Ainsi, il faut savoir souffler dans une trompette, travailler les diverses
formes, de délier ses doigts dans les, de maîtriser son souffle
pour jouer la trompette et pour que la trompette devienne «
pleinement107 » trompette.
5.1.3.2. L'Identité stylistique et
fonctionnelle
Elle inscrit les identités structurelles, technique et
acoustique dans un style, utilise l'instrument selon les fonctions musicales,
dans une période donnée et selon un style musical : pédale
harmonique (cor, batterie, formule d'accompagnement, rôle
mélodique (flûtes), soutien des basses harmoniques.
5.1.3.3. L'Identité
socio-historique
Les instruments de musique en usage chez les Suundi,
rappelons-le, revêtent des significations musicales et extra-musicales.
Même aujourd'hui où l'on ne cesse de parler d'autonomisation de
l'art, les instruments sont fortement connotés socialement. Dans tel
lieu, il vaut
107 H. Lacombe, « L'instrument de musique : identité
et potentiel », in Méthodos, 2011, n°11, p.8.
85
mieux jouer le mukonzi, dans tel autre lieu, le
ngoma. Au cours de l'évolution de la communauté des
Basuundi, les instruments ont été liés à des usages
et à des fonctions très variables. La pratique d'un instrument se
trouvant ainsi délimitée dans le temps et se trouve
associée à un type de musique. Les aspects morphologiques des
instruments de musique, avec quelques nuances, les caractérisent
encore.
D'un point de vue morphologique, que représente encore
un tambour, une cloche, pour un jeune Congolais qui vit à un rythme
vertigineux des nouvelles technologies de l'information et de la communication
perçues comme « le dieu JANUS108 de la communication
interculturelle? »
De nos jours, les jeunes seraient-ils à la quête
d'un nouveau langage qui tiennecompte leurs aspirations les plus profondes ?
Il convient de noter que l'intervention de l'enregistrement de
l'amplification et la constitution de l'industrie du disquesont autant des
évolutions tangibles dans le domaine des instruments de musique.
L'enregistrement va impliquer une modification des usages sociaux de la musique
etdes instruments de musique : c'est la discontinuité des instruments de
musique en usage chez les Suundi.
5.2. La discontinuité des instruments de
musique
Dans les zones où les sons étaient émis
à partir des idiophones, ces sons ont été
supplantés par les sonneries électriques. Néanmoins, le
mukonzi et le ngoma, chargés d'assurer la transmission
des messages,
108Dans la mythologie romaine, Janus est le dieu
des Portes et des Commencements. Il est une figure majeure du panthéon
romain. Ce nom (Janus) est assimilable à un nom commun signifiant «
passage ». Il est le dieu qui préside à toute espèce
de transition d'un état à un autre.
86
avaient préfigurés le «
téléphone » sans fil (TSF). On peut se demander si le
tambour n'est pas « les ancêtres des smartphones », les
tablettes d'aujourd'hui.
A la fois combattus (à cause du bruit) et
vénérés (pour honorer par la dansede l'homme blanc), ces
instruments traversent les âges. Du point de vue de la fonction de
communication, devenus obsolètes et dépassés, ces
instruments sont plus utilisés pour produire de la musique et la danse
qu'à transférer les messages. Il s'agit, comme l'écrit
Stéphanie Paulet109, d'établir une réelle
correspondance entre une musique et un instrument de musique. L'emploi des
instruments permet de réinterpréter les annotations des
partitions par leurs compositeurs, surtout en ce qui concerne les intentions de
dynamique et d'intensité.
En pays Suundi, comme dans les autres domaines
socio-économiques, les instruments de musique ont, au cours des guerres
socio-politiques110, payé un lourd prix. Dans les zones de
conflits, de nombreux instruments ont été vandalisés :
pour les belligérants, ces instruments étaient comme des
«sanctuaires des sorciers ». A titre d'exemple, les Musées de
Kinkala et de « Nkankata »111ont payé le prix de
ces
109 Premier violon d'Insula Orchestra, Son vif
intérêt pour la musique ancienne et sa transmission vivante aux
nouvelles générations - elle donne régulièrement
des master-classes en France et enseigne depuis deux ans le violon baroque et
la musique de chambre à la Musik Hochschule de Brême en Allemagne
- l'amènent à rechercher des répertoires nouveaux, et
à se pencher, à travers les sources anciennes, sur les techniques
et les critères d'exécution propres à la musique des
XVIIe et XVIIIe siècles. C'est ainsi que ses
recherches au sein des archives de la BnF lui ont permis de sortir d'un injuste
oubli les oeuvres de Louis-Gabriel Guillemain, (Premier violon du Roy
et longtemps protégé de Madame dePompadour), auteur auquel
« Aliquando » vient de consacrer son dernier CD (couronné de
« Cinq Diapasons » par le magazine Diapason et salué
unanimement par la critique).
110Rémy Bazénguissa-Ganga, «
Processus de démocratisation et élites politique au Congo : les
questions sur la violence urbaine », In CURAPP Questions
sensibles, PUF, 1998, article accessibles sur
Internet à l'adresse
http://www.u- picardie.fr/labo/curapp/revues/root/41/remy_bazenguissa_gan.pdf_4a0937f7ad989/remy_bazenguissa_
gan.pdf. (Consulté le 13 novembre 2013)
111 Une sorte de Hangar d'exposition (Musée)
situé à quelques 30 kilomètres de Kinkala, un Lari Victor
Malanda avait reçu le pouvoir de débarrasser les gens de la
sorcellerie et de la magie un immense tas de fétiches placé au
centre de son village témoignait de sa force de persuasion et de son
succès. C'est donc
87
violences112: «malheureusement, il y a des
instruments qu'on ne verra plus jamais », s'inquiétait un
informateur.
Les instruments de musique en usage chez les
Suundis'inscrivent-ils réellement dans la
discontinuité113 ?
Pour ce dernier aspect (discontinuité) de la
problématique du couple continuité-discontinuité, nous
nous baserons sur les aspects liés au code éthiqueet aux saints
principes des instruments de musique usage chez les Suundi, sur la place et le
rôle des musiciens, sur les mutations induites par les nouvelles
pratiques musicales et communicationnelles, sur la relation entre la femme
Suundi et les instruments de musique.
M. D. Ngoie-Ngalla, lors d'un entretien que nous avions avec
lui au sujet des instruments, ce dernier avait raconté une histoire, on
ne peut plus, captivante captivante qui confirme le statut « d'être
inférieur » de la femme comparativement à l'homme :
«(...) était une fois, dans un village du
district de Mouyondzi, un groupe de femmes se rendît à la
pêche au barrage (kuyaba). Elles portaient toutes des bébés
et n'avaient personnes pour les leurs garder (berceuses, kisansi).
Arrivées sur les berges de la rivière, après s'être
concertées, à tour de
dans ce lieu qu'étaient conservés tous les
objets (instruments de musique, instruments de communication) chargé de
force maléfiques (fétiches), Vincent Jeanne-Françoise. Le
Mouvement Croix-Koma : une nouvelle forme de lutte contre la sorcellerie en
pays kongo. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 6 N°24.
1966. pp. 527-563.
112 Philippe Baque, « Un trafic particulièrement
lucratif : enquête sur le pillage des objets d'art », In Le
Monde diplomatique, Février 2005 accessible sur Internet à
l'adresse
http://www.monde-diplomatique.fr/2005/01/BAQUE/11810
113 La musique n'est pas de l'ordre du temps analysable comme
peut l'être le temps de la montre ; elle de l'ordre du temps qualitatif,
temps gonflé de vie sensible telle qu'elle s'expérimente dans son
immédiateté et temps parfaitement intelligible de la conscience.
En un mot le temps musical est celui d'un existant, d'un être
incarné (...) écrit M. Cornu, « La musique et/est le temps
», In Hegel, 2014, vol.', n° 3, p.309.
88
rôle, elles se proposèrent alors d'assurer,
ce rôle. Puis vint, un vieillard (Kinunu), célibataire (mpumpa),
muni d'une guitare (ngitare) traditionnelle, (ngomfi). Celui-ci remarquât
que les femmes éprouvaient des difficultés pour faire la
pêche. Il leur proposât ses services contre du bon poisson silure
(ngola). Il fît bien son travail que tous les bébés,
lui-même, y compris s'en dormirent. Ils furent plongés dans un
sommeil profond sommeil par les douces notes du nguitare. La partie de
pêche finie, les femmes n'avaient pas respecté pas les termes du
contrat. Elles avaient dupé « pauvre vieillard ». Emportant
avec elles le fruit de leur pêche, elles avaient cependant, en guise de
remerciement, emballé dans de feuilles de maniocs, non pas du poisson,
mais des têtards (ma taka ou ma taka ngola). Pis, elles
subtilisèrent son instrument.. Revenues au village, elles avaient
présenté le ngomfi aux hommes pour le jouer car elles en
étaient incapables. La beauté de l'instrument sera un beau
prétexte pour interdire aux femmes de s'en servir. Frustrées,
elles vont se réfugier dans les cours où elles avaient
imaginé quelque chose qui pouvait leur produire de sons et de sensations
fortes que le kisansa : le tambour d'eau : le ntumpa, ntumfu114
».
Cette musique était capable d'envoûter n'importe
quel membre de la communauté au point de perdre le self contrôle.
Société pudibonde, les femmes n'avaient pas accès aux
instruments de musique, ce qui les réduisait à être de
simples consommatrices.
114 D. Ngoie-Ngalla, Entretien sur les contextes
d'utilisation des instruments de musique chez les Bembée,
Brazzaville, 10 janvier 2015, SO n°13
89
5.2.1. Le code éthique des instruments de
musique
Dans la société suundi, les qualités
musicales de tel ou tel dont la voix et la virtuosité instrumentale sont
si déroutantes à telle enseigne que la langue, la religion,
l'organisation sociale, la musique représente une des bases importantes
de la communauté des Suundi.
Ainsi, si le «tambour ne se joue pas sans raison. Par
conséquent, les instruments de musique ne se jouent pas, non plus, sans
raison », tout instrument de musique « ne se joue pas sans raison
». L'usage de ces instrumentsest tout à fait exceptionnel. Il est
régi par un « code éthique » qu'on peut ériger
en une convention pouvant se résumer en ces termes :
É « N'importe qui ne joue pas;
É N'importe quelle musique;
É À n'importe quel moment;
É De n'importe quel instrument;
É Pour n'importe quoi».
C'est certainement à partir du questionnement en cinq
points de Lasswell115 que s'est élaboré le code suundi
calqué sur le modèle de Laswell en un principe de cinq
N'IMPORTE116.
115Harold D. Laswell fut l'un des premiers
chercheurs à s'intéresser à la communication de masse.
Selon lui, on peut décrire "convenablement une action de communication
en répondant aux questions suivantes " : Qui, dit quoi, par quel canal,
a qui et avec quel effet ? Il conçoit la communication comme un
processus d'influence et de persuasion, Armand Mattelart (Auteur),
Michèle Mattelart, Histoire des théories de la
communication, Paris : La découverte, 2004
116 N'importe qui ne joue pas N'importe quelle musique ?
À N'importe quel moment ? Avec N'importe quel moment ? De n'importe quel
instrument? Pour n'importe quoi ? (Observations personnelles)
90
5.2.2. La place et le rôle des
musiciens
Si pour Melville J. Herskovits « l'homme vit dans
plusieurs dimensions. Il se meut dans l'espace où le milieu naturel
exerce une influence constante sur lui. Il existe dans le temps qui lui donne
un passé historique et le sentiment de l'avenir. Il poursuit ses
activités au sein d'une société dont il fait partie et il
s'identifie avec les autres membres de son groupe pour coopérer avec eux
à son maintien et à sa continuité117
», dans la communauté suundi, la croyance populaire veut que les
malheurs et les catastrophes (maladies, accidents, mortalité) soient
à mettre au compte des esprits maléfiques. Aussi, pour
écarter ces malheurs et pour s'assurer d'une relation harmonieuse avec
les esprits potentiellement dangereux, il importe de procéder à
une série d'actions rituelles dont la réalisation épouse
la forme de sacrifices divers. Les rituels, qu'accompagnent les instruments de
musique, deviennent ainsi des passages obligés au maintien de bonnes
relations avec ceux qui détiennent les rênes du destin de
l'humanité. L'enjeu majeur de leur tenue est plus
précisément d'installer une communication claire avec les
êtres surnaturels pour pouvoir bénéficier de leur
bienveillance ou pour solliciter leur aide. C'est pourquoi l'espace rituel
sacré est au coeur de la vie, chaque jour, d'un grand nombre de
sociétés.
A ce stade, ce n'est pas n'importe membre de la famille qui
est habilité à jouer l'instrument de musique, encore moins, il ne
doit pas être joué n'importe où. Les acteurs (musiciens),
les scènes (lieux) sont prédéfinis par la
société. C'est autant dire que N'importe qui (membre de la
communauté) n'est pas habilité à jouer n'importe quelle
musique. Il faut avoir été initié.
117Melville J. Herskovits, Les bases de
l'anthropologie culturelle, Paris, 1950, P.P.8.
91
Comme les instruments de musique, les espaces de communication
sontaussi investis de pouvoirs potentiels. Il s'agit d'un monde difficile
d'accès, où nul ne peut spontanément et
délibérément s'insérer. Ils sont
réservés à des initiés car la gestuelle et le
langagey sont gardés secrets.
N'importe qui ne doit pas jouer n'importe quel instrument. La
spécialisation et la répartition des tâches voudraient que
certaines d'entre elles soient réservées à une
catégorie de personnes qui occupent une position dominante. C'est
souvent aux hommes qu'incombent ces fonctions. De même, la fabrication et
l'accordement des instruments de musique resposent sur des
spécificités et des interdits. Si tout le monde avait
accès à tout, ce qui reviendrait à dire qu'il serait,
alors, permis à une femme d'aller en forêt abattre un arbre pour
en faire un tambour, par exemple.
Ainsi, pour s'égayer et atténuer l'ardeur des
travaux (forcés, champêtres ou autres...), les Suundiavaient
fabriqué des tam-tams, des tambours, des flûtes, les trompes, des
sansi, des nsambi quandbien ceux-ci étaient
utilisés pour la musique et la danse et pour le transfert, par moments,
de certains types de message entre les membres de la communauté.
La taille et la forme des instruments de musique
étaient fonction de la nature et de la qualité de
l'évènement à célébrer, du type de message
à encoder, etc...Nous assistons au transfert de fonctions et d'acteurs
des instruments de musique118. Ainsi, la spécialisation cesse
d'exister.
118 Nous avons observé que le tournant pris par la
technique de l'enregistrement que doréna, on pourra écouter la
musique à n'importe quel moment de la journée et (presque)
à n'importe quel endroit. De tels éléments qui vont
aboutir à une privatisation de l'écoute, qui va se transformer en
pratique, ainsi qu'une multiplication des sources de diffusion (dans le temps
et dans l'espace)
92
Alors, si dans les sociétés de l'écrit,
l'oral souffre d'un statut dévalorisé119, statut qui a
des incidences sur la faible valeur qu'on lui accorde en règle
générale en tant que source de l'histoire face aux archives
traditionnelles écrites, dans la communauté des Suundi, le code
sonore, en conséquence, attire un auditoire peu nombreux et peu
varié, victime d'un engouement limité qui manque globalement
d'intérêt.
5.2.3. La relation entre la femme suundi et les
instruments de musique
« La place de la femme est dans la cuisine, pas dans un
orchestre symphonique120 », affirmait le célèbre
chef d'orchestre Karajan. Y compris dans les sphères dites les plus
cultivées, le sexisme règne encore. Comme l'écrit Marcello
Sorce Keller : « Pour ce qui est des rôles, j'ai observé
combine il est difficile pour une femme d'assumer, dans le domaine musical, le
prestige (du compositeur) ou le pouvoir (du chef d'orchestre) ». Les
rapports qu'entretient la femme avec la musique sont quelque peu distincts de
ceux des hommes. La question est d'en observer les faits et de les analyser sur
les plans aussi bien musicologiques que sociologiques afin de bien pour
comprendre leur origine et leur persistance...
Nos informateurs nous ont appris que chez les Suundi, le
tambour symbolisait l'HOMME, un ETRE supérieur capable de parler haut et
de façon à se faire entendre au loin. Ce que la femme ne peut.
Voilà
119 « (...) L'écrit apparaît comme une
valeur sûre face au document oral, variable, immatériel et
instantané (...) », Lena Stéphane, Les archives sonores
: conservation et valorisation du patrimoine oral, Master 2 Archives
numériques, Paris, ENSSIB, 2013, pp37-38.
120 Charly Champmartin, « La femme et la musique, une
relation fluctuante aux variantes sociales », accessible à
l'adresse URL
http://musiquesansfrontiere.skyrock.com/248494763-La-femme-et
-la-musique-une-relation-fluctuante-aux-variantes-sociale.html,
consulté le 23 juin 2016
93
pourquoi, il lui est interdit de jouer d'aucun instrument
à l'exception de la sanza ou kisansi. Elle ne jouera
surtout pas du ngoma ou ngomo parce que pour le jouer on est
assis dessus et on n'imagine pas une femme assise sur un ngoma qui est
le symbole de l'HOMME. On n'imagine pas une femme, être inférieur,
assise sur un HOMME.
Or, la communauté des Suundi, dans son ensemble, est
formelle. Cette tâche incombe aux hommes, aux initiés et
formés, aux hommes valides qui ont maîtrisé toutes ces
techniques. M. Jacques Mouhouélo, nous rapportait que les femmes kongo
ne pouvaient, en aucun cas, ni fabriquer, ni jouer, ni battre le tam-tam. C'est
autant rappeler qu'il s'agit d'une société très pieuse
où la retenue en ce qui concerne la sexualité, par exemple, la
nudité, la pudeur sont comme un code moral qui s'impose à tous
les membres de la communauté. Chez les Suundi, pour jouer un tambour, il
existe plusieurs postures: assise, debout et couchée. Chaque posture
impliquant une tenue, une attitude, bien spécifique.
Là aussi, pour nos informateurs, en posture debout, une
femme ne jouera le tambour car celui-ci sera mis entre les jambes de l'artiste
(la femme). Or, il n'y a que l'homme, lui seul, a le droit de «
pénétrer » les jambes d'une femme. Et, on ne comprendra pas
qu'une femme mette un homme entre ses jambes. En postures couchée et
assise, par exemple, c'est autant d'autres postures que la communauté
des Suundi ne concède pas à la femme. Elle ne le jouera pas en
adoptant une position assise. Cette position est incommode, dirait-on. Elle
oblige l'artiste à s'asseoir sur l'instrument en écartant les
jambes. L'admettre, c'est accepter qu'une femme batte son homme en public.
Même si elle était autorisée, la femme
94
ne le pût surtout quand elle a ses
règles121, ses menstrues. Les règles122,
symbole de l'impureté à cause du sang qui sort d'entre les
jambes, purifient la femme. Elle doit, alors, observer sa période des
règles. Elle ne le jouera non plus en position couché, seul
l'homme a le privilège de se mettre au dessus de la femme et non la
femme au dessus de l'homme. L'inverse est inconcevable, inadmissible, interdit
de manière formelle. Ce qui est un sacrilège au regard des
moeurs, des us et coutumes basuundi. Les lois qui régissent la
communauté des Suundi ne le permettent pas. Elles sont
transgressées.
Mais, l'intérêt des femmes Suundi pour l'art,
pour la culture et pour les instruments de musique, du point de vue de l'usage,
n'est pas à démontrer : plusieurs femmes ne sont plus des simples
consommatrices. Bien au contraire, comme les hommes, nous les avons
observées qu'elles deviennent nombreuses à en jouer.
Malgré tout, les hommes demeurent les principaux maîtres. Par
ailleurs l'emploi des instruments de musique à percussion, les
idiophones (cloches, castagnettes etc.) est très important au niveau de
la gente féminine à telle enseigne que l'abattage, l'usage et
toutes les activités qui gravitaient autour des instruments de musique,
devient de moins en moins une exclusivité « masculine ».
121 Catimini. En fait, les règles sont ce que les
femmes cachent, ce qui doit rester caché. Toute tache visible provoque
la honte. Les premières règles annoncées au père
par la mère sont l'objet d'une haine féroce contre celle qui a
trahi le secret. Le terme catimini remonte en France au XVI°
siècle pour désigner les menstrues. Il est emprunté au
grec d'Hippocrate : les katamenia, pluriel de katamenios, qui
réfère leur survenue à men : lune, mois. On
retrouve la lune et ses variations. «En catimini » prendra
le sens de ce qui est dissimulé, hypocrite. La «chattemite»
évoque la manière discrète, secrète et
dissimulée de la chatte. La patte de velours peut brusquement s'armer de
griffes. Autrement dit, tout ce qui est caché peut devenir ruse,
tromperie, menace et danger, accessible au site URL
http://www.spp.asso.fr/wp/?p=2486,nsulté
le 23 juin 2016
122 Selon certains mythes, la femme « menstruée
» détruit tout ce qu'elle est censée protéger et
produire en tant que terre-mère. Elle détruit la vie comme elle
détruit l'enfant qu'elle ne porte pas. Derrière le tabou du sang
se cache donc la crainte inspirée par les forces obscures de la vie et
de la mort. Celles d'une mère archaïque toute puissante,
étouffante, dévorante qui possède le droit exclusif de
donner la vie et donc de la reprendre, site
http://www.spp.asso.fr/wp/?p=2486,
ibid.
95
Avec l'évolution de la société kongo
où la spécialisation des tâches tend à
disparaître, de nombreuses femmes se mettent, avec joie, à jouer
et à fabriquer les instruments de musique. C'est là
qu'enmatière d'accordement des instruments de musique, certainement, se
développeun genre nouveau qui augure la « féminisation des
pratiques culturelles et musicales123 au point où même
la stature a cessé d'être la même : c'est le passage du
« symbolisme masculin »124 au « symbolisme
féminin125».
Or, les instruments de musique comme le mukonziet le
ngoma, qui véhiculent certaines forces surnaturelles, peuvent
« envoûter » et conduire le musicien à la
transe126 comme elle se développe dans le renouveau
charismatique dans les communautés catholiques127. La musique
met les musiciens dans cet état128. Les femmes Suundi ne
peuvent pas le supporter. Il leur fait perdre la nature réelle de
femmes. Tout cela se retrouve dans l'immense majorité des instruments de
musique et des musiques dites«traditionnelles» où certaines
transes sont purement « communicatives» (avec l'au-delà) et
d'autres ont des vertus thérapeutiques - là, un rapprochement
peut être fait avec la musique, voir la
123Olivier Donnat, « La
féminisation des pratiques culturelles et musicales »,
http://www.irma.asso.fr/La-feminisation-des-pratiques
124 Expression personnelle afin de contraster
avec celle de C. Sachs pour renforcer le caractère masculin de ces
instruments depuis la fabrication jusqu'à l'utilisation finale.
125Expression empruntée
à C. Sachs qui remarque que ces instruments des hommes soient
tombés entre les mains des femmes, C. Sachs, « La signification, la
tâche et la technique muséographique des collections d'instruments
de musique », Ibid., pp.11-41.
126Transe religieuse ou transe
profane, leur dénominateur commun est en tout cas évident, la
force motrice de cette transe étant le «groove», un terme
impossible à transposer en français et qui recèle en lui
des notions de «dynamique», de texture sonore et aussi de
durée (on dit «garder le groove»), parfois jusqu'à
l'hypnose, Pascal Bussy, Atelier de musiques actuelles : la transe dans les
musiques actuelles, Dossier réalisé en novembre 2013, p.3.
127E. de Rosny, « Renouveau
charismatique et transe en Afrique », In L'Afrique des guerisons,
Paris : Les Éditions Karthala, 1992,Collection : Les Afri-ques.
pp.178-212
128 Il suffit de les regarder d'un peu
près pour s'en convaincre, la musique est avec la transe dans les
rapports les plus mouvants et les plus contradictoires. (...) Tantôt ce
sont des tambours tonitruants qui mettent le sujet en transe, tantôt
c'est le bruissement très discret d'un hochet. Dans tellepopulation,
c'est l'instrument de musique qui est réputé produire cet effet;
dans telle autre, c'est la voix. Certains entrent en transe en dansant,
d'autres en restant couchés sur un lit, écrit Gilbert Rouget, La
musique et la transe : esquisse d'une théorie générale des
relations de la musique et de la possession, Paris, Gallimard, 1990, p.19.
96
musicothérapie et notamment les musiques de relaxation.
Ce sont des puissants instruments de musique dont la puissance a
été attestée par M. Jacques Mouhouéloen ces termes
:
«(...) Le tambour est l'équivalent de l'homme
(d'un) homme supérieur, en fait, puisqu'il est lui, capable de parler
haut et de faire entendre au loin, pour envoyer des messages), il reçoit
de la part de la femme un respect similaire à celui que la femme porte
à l'homme lui-même. Et, de même que celle-ci n'irait pas
à battre son homme en public, même si elle peut le faire dans
l'intimité, de même elle évitera de battre un tambour sur
la place du village. Pour jouer du ngoma, on est assis dessus. On n'imagine pas
une femme, être inférieur, s'asseoir sur un ngoma,
équivalent de l'homme. Il faut du reste signaler que l'évolution
des églises chrétiennesd 'Afrique Noire,
l'«Africanisation» de la messe catholique, ou de la chorale chez les
protestants font assister à des spectacles tels que celui de la femme
jouant un tambour dans les églises. Ce qui ne laisse pas de choquer
certains africains qui tolèrent difficilement l'introduction au sein de
l'église de ces instruments considérés pendant des
générations comme indigènes dans les lieux saints
129».
5.2.4. Les mutations induites par les nouvelles
pratiques musicales et communicationnelles
Depuis la colonisation, l'aire culturelle kongo a connu de
multiples transferts de technologies. En matière d'information et de
communication,
129 J. Mouhouélo, SO n°2.
97
ces dernières années, ces transferts se sont
accélérés. Les nouveaux moyens de communication,
après l'imprimé, la radio et la télévision, le
développement des satellites, de la télématique et de
l'informatique et, plus récemment, l'avènement d'Internet, ont eu
un impact certain sur les anciens moyens de
communicationmatérialisés par le tambour et le tam-tam.
Chez les Suundi, à une certaine époque,
l'arrivée d'une notabilité, d'une autorité politique,
administrative ou militaire (chef de canton, chef de terre, chef de la
gendarmerie, par exemple) était annoncée au moyen des coups de
tambour à fentes, des sons d'une cloche ou quelque fois à l'aide
d'une corne traversière. Il s'agissait là des principaux
instrumentsles plus prisés qui jouaient la fonction de moyens de
communication. Ils pouvaient répandre au loin et amplifier, plus que la
voix humaine, les messages émis. Ainsi, en quelques heures, les
populations convoquées se retrouvaient à la place publique
où elles prennent connaissance du mobile du rassemblement. Il pouvait
s'agir d'une alerte donnée en relation avec un évènement
telle que à l'organisation imminente, par les services de santé
publique d'une ou des campagnes de vaccination de masse, communément
« groupes mobiles ».
Dans cette optique, E. Mayoulou130, par exemple,
avait relevé l'usage du tam-tam des guerres chez les Bembée de la
vallée du Niari. Un tam-tam dont l'usage était convenablement
règlementé.
Ainsi, le début des affrontements et la
réedition étaient l'oeuvre de certains instruments de musiquequi
remplissaient la fonction de
130 E Mayoulou, L'histoire des forces armées dans
l'espace culturel koongo : des origines à la colonisation, Paris,
Publibook, 2006, p.25.
98
communication. A.M.Gochet131 nous rapporte de fort
belle manière comment les autochtones, hostiles à l'installation
de Stanley sur la rive gauche en face de ces mêmes villages, avaient-ils
réussi à lancer contre luiun nombre si considérable de
canots de guerre: une offensive. C'est le début d'un affrontement
armé avec les moyens militaires, quoique dérisoires, de
l'époque. Tenant compte de l'éloignement et des distances
séparant les principaux acteurs sociaux (kongo et leurs chefs), les
appels aux rassemblements autour du Chef (militaire ou civil) se faisaient au
moyen de ces instruments. La capacité de transmettre rapidement le ou
les messages dépendait des critères morphologiques132
de l'instrument et de l'action du musicien sur l'instrument.
Cette sorte de langage, basé sur la possibilité
de reproduire, à l'aide d'instruments de musique (notamment le tambour
de bois), des phrases parlées, est un procédé que l'on a
rencontré chez les Kongo. Ils ont été ou sont capables de
reproduire les mélodies des phrases parlées: il ne peut donc
s'appliquer qu'à une langue à tons, c'est-à-dire faisant
appel à la différenciation syllabique par modification de la
hauteur sonore. Dans certains cas, le langage tambouriné estcouramment
utilisé, comme chez les Ndokpa133, pour communiquer sur de
longues distances. Il est même employé par l'administration pour
convoquer les citoyens qui se trouvent à plusieurs kilomètres
dans leurs villages. Parfois, il intervient dans un contexte musical et
fusionne ainsi avec la musique proprement dite.
131A.M. Gochet, Les congolais, leurs moeurs et
usages : histoire, géographie et ethnographie de l'État
indépendant du Congo, Ibid., 92-93
132 Les critères morphologiques sont définis
comme des critères observables dans l'objet sonore, des « traits
distinctifs » ou des « principes de l'objet sonore perçu
» comme l'indique Michel Chion, Guide des objets sonores : Pierre
Schaeffer et la recherche musicale, Paris, INA, 1983, p.142.
133C. Duveille, Ibid ., p.39.
99
Sous l'angle du droit coutumier, par exemple, la justice
était rendue sous l'arbre à palabres, la case communautaire, le
« mbongi », lieu approprié pour rendre un jugement e,
le tambour à fentes servait à inviter l'assistance à
participer aux débats. Il était joué à intervalles
réguliers. C'était le « téléphone des
indigènes de l'Afrique centrale » dont:
Le code de transmission (...) comporte des sentences
conventionnelles. Ces sentences prennent souvent la forme d'un proverbe,
expression de l'esprit et de l'expérience populaire134
»
Les sons émis font l'objet d'une rythmique
particulière que seuls les initiés sont capables de
déchiffrer. Et, au moment de prononcer le verdict, le jugement, le chef
du village ou le juge du tribunal traditionnel (le Nzonzi) disposant
d'un signe distinctif, se faisait assister par des conseillers : il
était muni soit d'un balai qu'il agite lors des débats, soit d'un
gongi de petite taille (soit en bois, soit en fer).
Du point de vue de la communication, l'alerte ou le signal
d'alerte était donné par le mukonzi et le
ngoma. Tambour par excellence, cet instrument le plus longtemps
utilisé pour la transmission des messages entre les villages distants.
On pourrait dire que ce message, les Suundi, à l'image des Luba Shaba,
par exemple, avaientréussi à dérouter les Français
arrivés au Congo parce qu'ils ne comprenaient pas le langage
tambouriné. Il s'agit d'un véritable langage comme l'écrit
Simha Arom:
134A. Verbreken, « Le tambour
téléphone chez les indigènes de l'Afrique centrale »,
Congo, fasc.1, 1920, pp.253-284. Cité par V.Görög,
Littérature orale d'Afrique Noire : bibliographie analytique,
Paris : Maisonneuve Larose, 1981, p.321.
100
(...) To the first category belong the following events:
births, deaths, the organization of assistance after a hunting accident; the
investiture of a chief; the ending of a period of mourning; the consecration of
new drums; or the transmission of instructions so that someone who has got lost
may safely return to the village. In the second category are included the
various calls issued by the komanda (the administrative authority) to the
village chiefs (màkonji) in order to arrange for the collection of the
taxmoney; summon them to an official meeting; or inform the population of the
arrival of some official person, the presence of a sanitary team, or of the
setting up of the annual cotton marke135
Ce qui, littéralement, veut dire :
(...) Pour la première catégorie
appartiennent les événements suivants: naissances, les
décès, l'organisation de l'aide après un accident de
chasse; l'investiture d'un chef; la fin d'une période de deuil; la
consécration de nouveaux tambours; ou la transmission de instructions
sorte que quelqu'un qui est perdu peut retourner en toute
sécurité dans le village. Dans la deuxième
catégorie sont inclus les différents appels émis par le
komanda (l'autorité administrative) aux chefs de village (mokonji) Afin
d'organiser la collecte de l'impôt l'argent; les convoquer à une
réunion officielle; ou informer la population de l'arrivée d'un
fonctionnaire, la
135Simha Arom, « Language and Music in fusion:
The Drum language of the Banda linda (Central African Republic », In
Trans. Revista Transcultural de Música, núm. 11, julio,
2007
101
présence d'une équipe sanitaire, ou de la
mise en place du marché annuel de coton.
Ce langage tambouriné, un langage que les blancs en
interdirent l'usage. C'est ce que rapporte Charles Mahauden136 en
ces termes :
« Avant l'indépendance, l'emploi de cet
instrument avait été défendu par ce qu'il permettait aux
habitants d'être avertis de l'arrivée de l'un ou l'autre
indésirable et de prendre la fuite en brousse, avec armes et bagages
jusqu'à ce que le trouble-fête, en l'occurrence, un collecteur
d'impôts, un recruteur pour l'armée ou tout autre casse pied,
lassé d'attendre reparte bredouille».
Au fil des temps, on est ensuite progressivement passé
du tam-tamaux paraboles et aux cyberspaces. L'aire culturelle kongo
connaît, alors, un télescopage médiatique
accéléré qui génère de multiples
conséquences au-delà du pluralisme, de l'abondance de l'offre
médiatique aux élites urbaines ou du décloisonnement des
membres de la communauté grâce à Internet souvent mis en
avant.
5.2.5. Les instruments de musique et les
identités culturelles
Dans le domaine artistique les Missionnaires ont su
apprécier la propension des Suundi pour la musique et la danse, d'une
part, et d'autre part, les immenses talents pour la peinture et la sculpture.
Ces Missionnaires avaient mis du temps pour comprendre que la musique,
136Ch. Mahauden, cité par C.Faïk-Nzuji,
« La voie du cyòndo le soir à travers la savane : le langage
tambouriné chez les Luba-Shaba », Recherche, Pédagogie
et Culture, n°29-30, Mai-Août 1977, vol.5, p.22.
102
surtout le tam-tam n'était rien d'autre qu'un discours
exprimé à l'aide de différents instruments137.
Mais « les calebasses sculptées, les assiettes en bois et les pots
décorés avec un goût singulier prouvent que les peintres
suundi ont un certain sens de la forme qui plaisait même aux
Européens138 ». Cet avis était partagé par
Jacob Spieth pour qui les Suundi, comme les EWE du Cameroun, avaient connu dans
le domaine de la civilisation quelques débuts artistiques qui ne
demandaient qu'à être perfectionnés139.
Ainsi, le phénomène de la communication musicale
avait une influence considérable sur la communauté suundi. Il
était particulièrement important car il mettait en
évidence les événements communautaires et, avait des
incidences sur la prise en compte collective de certains thèmes. En
jouant le tam-tam, on parlait une langue, on communiquait des messages «
clairs » et socialement importants et, surtout, on définissait une
aire culturelle idiomatique : l'aire de cet idiome particulier qu'était
la langue du tambour.
La musique des Suundi constituait un élément
extrêmement important de l'expression culturelle, aussi bien
récréative que communicationnel à l'aide du code sonore.
Chaque registre exécutait et représentait un accompagnement
rythmique au tambour et par un sens symbolique qui définissait
l'ensemble des différentes pièces. C'était le
137 « Ce sont des langues à tons, où chaque
syllabe possède sa hauteur, son intensité et sa durée
propres, où chaque mot peut-être traduit par une notation
musicale. La parole et la musique sont intimement liées et ne souffrent
pas d'être dissociées, exprimées isolément
(...)», écrit L.S. Senghor cité par Filippo Colnago,
Ibid.
138Jacob Spieth, cité par
Amétépé Yawovi AHADJI, « Identité culturelle
et environnement colonial : le cas des communautés Ewe (Togo) face aux
sociétés des missions chrétiennes 1847-1914) », In
Revue du C.A.M.E.S. Série B. Vol. 02, 2000, p.5.
139 Jacob Spieth, Ibid., p.5.
103
sens général, préalable, à
l'émergence du phénomène de la communication musicale.
Dans ce contexte, cela n'est autre qu'une «culture
à oralité primaire140» dont les instruments de
musique s'inscrivaient dans un processus dynamique et
multiculturel141 »
Au cours de son développement, le sujet suundi
s'appropriait et incorporait les normes, les valeurs et les
représentations de la culture de son milieu. Il se construisait ainsi
une identité culturelle, qu'il avait en partage avec les autres membres
de son groupe. Tout au long de la vie142c'est le
phénomène dit de « socialisation » qui se construit.
Une socialisation toujours inachevée. Cette
identité143, par essence, est composite car les instruments
de musique, loin de se replier sur eux-mêmes, étaient
confrontés à une multitude de situations d'interactions, appelant
à chaque fois une réponse identitaire spécifique.
Mais, le rôle essentiel des instruments dans le
processus d'auto définition identitaire était
intrinsèquement lié à l'exposition que cette musique a eue
aux contacts d'autres musiques. Les principales métamorphoses,
observées au niveau des instruments de musique, ont été
140 Par cette notion, Walter Ong « entend une culture
ignorant totalement l'écrit et la technique de l'imprimerie. Elle est
« primaire » par rapport à l'oralité « secondaire
» ou à la culture technologique avancée actuelle, dans
laquelle une nouvelle oralité est encouragée par le
téléphone, la radio, la télévision et autres moyens
électroniques, dont l'existence et le fonctionnement dépendent de
l'écrit et des médias », cité par Filippo Colnago,
« La communication musicale comme élément d'identité
culturelle chez les Lobi du Burkina Faso », Cahiers
d'ethnomusicologie, 2007, n°20, pp.67-85.
141Reynolds Michel, « L'identité
culturelle comme processus dynamique et multidimensionnel : «Plaidoyer
pour l'interculturel» - 7 », In Culture et identité,
2006,
http://www.temoignages.re/l-identite-culturelle-comme-processus-dynamique-et-multidimensionnel,16570.html
142 Geneviève Vinsonneau, « Socialisation et
identité », In Sciences Humaines, n° 110, novembre
2000. "On appelle socialisation les modifications qui se produisent dans les
rapports de chacun avec son environnement et avec soi-même".
143 En parlant de l'artisanat et l'identité culturelle
: un défi à la mondialisation, Véronique Porot
écrit : que l'identité culturelles est la caractéristique
et le moteur principal de l'artisanat, quel qu'il soit et d'où qu'il
vienne, «Artisanat et identité culturelle : une histoire
d'aujourd'hui », In Cahier thématique, n°2,
décembre 2010, pp.7-10.
104
rapides, souvent violentes et surtout dues à des
événements d'origine exogène telle que la colonisation,
l'indépendance, le marxisme-léninisme, les conflits de
génération et les guerres fratricides etc...
Ces changements ont eu et continuent d'impacter sur l'approche
ethnographique desdits instruments et de l'identité de la
communauté des Suundi144.
144Moira Laffranchini, «
Métamorphose identitaire à travers la musique : le
timbila des Chopi du Mozambique », In Cahiers
d'ethnomusicologie, n°20, 2007, pp.133-145.
105
Chapitre 6 : Approches ethnographiques des instruments
de musique
Loin de faire l'unanimité145 entre les
chercheurs, l'ethnographie a pour finalité l'observation des
sociétés, la connaissance des faits sociaux et l'enregistrement
des mêmes faits. Au besoin, elle établit la statistique; et publie
les documents servant de preuves
Comment vivent les Suundi ?
Qu'est ce qui les motive et quelles relations entretiennent-ils
?
Dans une situation de communication où les instruments
de musique, perçus comme langage, participent au commerce des
idées, que peut bien signifier, dans ces conditions, l'ethnographie de
la communication146?
En nous appuyant sur quelques réflexions sociologiques,
du point de vue du langage, disons que:
(...) La tâche que nous assignons à la
sociologie du langage est donc de décrire la formation langagière
dans une formation sociale donnée, c'est-à-dire un ensemble de
pratiques langagières liées entre elles par des rapports de
domination, donc contradictoires147 »
145 L'ethnographie est la partie descriptive de l'ethnologie
(ethnos : peuple, race, et graphie : décrire) qui est souvent
présentée sous forme de monographie d'un groupe social ou d'une
institution portant sur plusieurs groupes (techniques, mariages, cultes
religieux...). Pour Claude Lévi-Strauss, elle correspond au premier
stade du travail : celui de la collecte des données, qui exige
généralement une enquête sur le terrain avec observation
directe, l'anthropologie structurale, Cf J. Lombard, Introduction à
l'ethnologie, 2ème éd., Paris : A. Colin, 1998, p.9. (Coll.
Cursus ; Série Sociologie)
146 Elle se présente au premier abord comme un hybride
entre plusieurs domaines scientifiques aux liens très complexes, en
particulier l'ethnologie, la linguistique et la sociologie. C'est ce qui fait
parfois dire que l'ethnographie de la communication manque d'unité et de
cohérence, écrit Jacqueline Lindenfeld, « L'ethnographie de
la communication a-t-elle un sens pour les linguistes ». In: Langage et
société, n°5,1978. Septembre 1978. pp. 45-52. Cet article
est accessible à l'adresse
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1978_num_5_1_1080
147 J. Boutet, P. Fiala et J. Simonin-Grumbach, «
Sociolinguistique ou Sociologie du Langage? », cités par J.
Lindenfeld, « L'ethnographie de la communication a-t-elle un sens pour les
linguistes », In: Langage et société, n°5,
1978, p.46.
106
Il existe chez les Suundi, « une corrélation
intime entre la danse, le chant et l'usage des différents types de
musique et, il est vraiment difficile dans les observations d'ensemble de
considérer ces trois éléments isolément
»148. Ainsi, la musique et le chant font partie
intégrante de la vie qui est « célébrée »
au moyen des instruments de musique.
Si, J.N. Maquet149 rapporte que :
« L'extrême diversité des instruments de
musique congolais a été parfois considérée comme
une preuve des dispositions extraordinaires des noirs pour la musique. Mais
d'autres thèses sont venues combattre celle-là en situant hors
d'Afrique l'origine de la plupart des instruments qu'on y joue, de telle sorte
que l'organologie congolaise serait presque entièrement
d'importation150 »
Mais, l'analyse des instruments de musique qui repose sur un
certain nombre de critères, notamment les critères
morphologiques, nous permettra de porter un regard croisé entre les
traits distinctifs et les propriétés desdits objets. Ils
apparaissent là dans une forme de continuum culturel que l'anthropologue
Lee Drummond appelle la théorie des inter-systèmes151.
Il s'agit non plus seulement de répondre aux questions "qui joue quoi,
quand et comment ?", mais de cerner "que joue-t-on ? Pour qui et pourquoi
joue-t-on ainsi ?".
148Annales du Musée du Congo, Ibid.
p.13.
149 J.N. Maquet, Note sur les instruments de musique,
Ibid.
150 P. Lowie, Manuel d'anthropologie culturelle, Paris,
Payot, 1936, p.236.
151Lee Drummond fait remarquer que la culture "ne
peut pas être considérée comme un système fixe. Au
contraire, elle est un ensemble de transformations qui comprend des variations
significatives et qui ainsi définit un continuum (...), cité par
Monique Desroches, Musique et rituel : significations, identité et
société, op., p.14.
107
Il s'agit des questions qui situent forcément l'analyse
dans un cadre plus large que celui du religieux.
Il convient de noter que chaque instrument de musique est, du
point de vue morphologique152, un langage capable de
véhiculer certains types de messages. Tous ces instruments ne seront pas
décrits ici. Nous nous contenterons d'analyseret d'interpréter
ceux d'entre eux qui ont joué la
fonction sociale de communication : le mukonziet
le ngoma153(membranophones154 et
idiophones155 recensés156) et dans une
moindre mesure les aérophones (trompes, sifflets...
6.1. Les Membranophones
Pour la fabrication des instruments de musique comme les
membranophones (instruments à percussion), la matière
première est le bois. Les Suundiont accès, à moindre
frais, à cette matière première. Elle est traitée,
selon les règles et les techniques, transmises de
génération en génération, par des
spécialistes. Les tam-tams, de forme trapézoïdale,
émettent deux types de sons (mâle et femelle) qui s'intensifient
selon l'endroit frappé et selon l'extrémité de la
mailloche (tête ou manche)
152 Rappelons que le critère morphologique que nous
allons considérer portera sur les caractères observables traits
distinctifs ou des propriétés de l'objet. En théorie, nous
nous limiterons aux critères morphologiques à partir de la masse,
du timbre harmonique, du grain, de l'allure, de la dynamique, du profile
mélodique et du profil de masse. Des critères proposés par
Michel Chion, Guide des objets sonores, op., cit, . p.142.
153 Le mukonzi et le ngoma sont des
instruments de musique qui, avant cette étude, n'avaient pas encore fait
l'objet d'études approfondies sous cet angle : le code sonore
(Observations personnelles)
154 Elles sont de multiples formes dont la
particularité est de produire le son par frappement ou percussion au
moyen d'une baguette. Il s'agit des tambours à peau lacée,
tambours à peau clouée ou chevillée et des tambours
à friction
155 Idiophones par percussion directe (xylophones, tambours de
bois et gongs), idiophones par percussion indirecte (grelots, hochets,
clochettes, sonnailles, racles) et idiophone par pincement (sanza ou
nsambi).
156 Nous avons identifié trois types d'idiophones qui
comportent des instruments appropriés. De tous ces instruments
(idiophones), seuls les tambours de bois (mukonzi) et les ngong remplissent la
fonction de communication.
108
servant à la percussion. Certaines parties de tam-tams
sont couvertes de caoutchouc brut, ce qui apporte encore une modification du
son.
6.1.1. Le modelage du tambour (forme
extérieure)
Le bois du tambour provient le plus souvent des lattes d'un
baril de bois de kambala ou d'okoumé. Le fabriquant de tambour doit donc
retirer, dans un premier temps, les lattes qui composent le baril. Puis,
à l'aide d'une herminette, il taille chacune d'elles afin de lui donner
la longueur désirée. Les planches sont ensuite
déposées sur un banc à racler 157 ou un banc
à racler où elles sont égalisées avec un couteau
à racler ("couteau à racler"). Vient ensuite l'étape du
lissage. Après cette opération, on met les lattes dans un bac
où elles sont trempées dans de l'eau pour une quinzaine de
minutes ; ceci vise à attendrir et à ramollir le bois, en vue de
faciliter l'étape ultérieure d'assemblage des lattes.
Ces lattes sont rassemblées de façon
perpendiculaire et le facteur recrée alors la forme du baril en s'aidant
de trois cerceaux de fer. Ces cercles sont dispersés à des
hauteurs variées sur le corps du tambour (généralement, on
en dépose un vers le bas, un deuxième dans la partie
médiane et le troisième vers le haut). Les cerceaux sont
enfilés le long du tronc principal, soit le corps du tambour, à
l'aide de deux marteaux. On précise qu'un feu doit être maintenu
pendant l'ajustement des cercles-moules. De temps à autre, le fabriquant
arrosera le bois afin qu'il ne fendille pas trop. Une fois le tambour
modelé, le fabriquant retire délicatement les cercles-moules,
laissant greffés au tronc même du baril
157 Mona Mpassi, SO.n°7 nous a parlé d'un banc
à "râler". Certains de nos informateurs ont, néanmoins,
utilisé le terme banc à "racler" pour désigner cet outil
de l'artisan.
les cerceaux de métal
qui tiendront définitivement les
latte s ensemble. Une
dernière étape
de lis sage peut être effectuée à
l'aide du "couteau à racler".
ersonnel
Gallérie p
Figure n °32 :° Un
tambour qu'il noue bois
Sources :
2011)
artiste fabriquant à l'aide des lattes
le (Madib
ou,
un
de
corps du
oixantai s ne de centi
six centimètres. L
e proportionnel à la h
important
abricatio f n de
tam ancienne qui
consist
Le
tambour mètres et
répond l e
l'épaisse ur
plus so uvent à un
du bois
onnelle,
Gallérie pers
Figure n °3 prêt à dev
e
Sources : janvier 20
3 : Un t r nir un
tam
onc d'ar bre évidé bour
12
109
diamètr e d'une peut vari
er entre q uatre et
sera le
diamèt re des c
erceaux d e fer est ici dire
ctement auteur d u baril ut
ilisé : plu s ce dern
ier est ha ut, plus diamètr e
des c erceaux. Cette fo
rme raffi née de bour vi
ent marq uer la r upture av
ec la te chnique ait à évi
der les tro ncs d'arbr
es.
110
6.1.2. L'immersion ou le trempage de la
peau
Le fabriquant trempe pendant trois jours la peau du mouton ou
de cabri 158 (de préférence, la peau d'une femelle)
dans une solution qui facilitera l'enlèvement des poils avec le
grattoir. La peau devra être intégralement immergée. Il
n'hésite pas à la lester afin d'assurer l'immersion la plus
complète. Également, il frotte le poil dans l'eau afin d'en
retirer le sel restant. Cette étape terminée, la peau doit
être bien asséchée.
Elle est exposée pendant une douzaine d'heures à
la lumière tamisée, suspendue au mur par des clous ou non. Le
trempage ne nécessite pas de produits chimiques. L'eau du robinet
convient parfaitement. A défaut de disposer d'une bassine suffisamment
volumineuse (environ 30 litres), une baignoire ou un morceau de fû peut
faire l'affaire. Dans ce cas, il faut prévoir un rinçage de la
peau avant trempage à l'eau froide.
6.1.3. L'ajustement de la peau sur le corps du
tambour
Lorsque la peau est bien asséchée, le fabriquant
entoure en premier lieu le cerceau de fer par de la paille sèche de
bananier : celle-ci adhère au cercle à l'aide d'une corde et
d'une ficelle fine ; la paille, la corde et la ficelle sont passées
perpendiculairement et en mouvements spiralés sur la totalité de
la surface du cercle, tel que le montre la photo qui suit.
158 La peau de cabri est généralement
préférée à celle du mouton, en raison de sa
sonorité que l'on juge supérieure.
sera égale
.
igure n
Sources :
2014)
°34 : Un
de peau
Gallérie
Tambour recouvert de cabri
elle (Sibiti,
F d
'une peau
personn
ensuite l'extrémité
ouverte du
e sur celle-ci, le cerceau
de
marteau de fer et d'un bout
d e bois dur
et tente d e l'ancrer
solidement le long la peau
est fonction de
l'étirement de
cerceau sur le
de
déplacements du
cerceau sur et accordera son
tambour.A tambour à l'aide
des lacets co
l'animal et
On
recouvre
on dépos
ssus du
, le fabriquant frap p
du corps du tambo ur. La ten
sion de celle-ci, donc de l 'emplace
ment du
baril re constitué. C'est d'
ailleurs par des le corps du
baril q ue l'instru mentiste
ajustera d'autres occasion s, la peau
est fixé e sur le mme le
montre la photo ci- dessous
:
tambour
fer déjà fi
avec la p
celé. À l'
e sur le c
aide du
eau de
erceau
Av ant de le monter
(fabrication
disposer de
l'ensemble de suivante. Le
montage d'une
trempage initial de
la peau à
le fabriquant donne
façon régulière, en
passage. Le serrage
prenant jamais plu
toujours l e tour de
ommenc c é
. De cette
d'un membranoph one),
s'assurer de
l'outillage nécessaire
indiqué dans la liste peau
nécessite environ
deux semaines du
son séchage final sur
le fût. Progressivement,
au tambour la note
voulue en serrant les
tirants de prenant tout au
plus un demi-tour de filet à chaque
devra être réalisé
toujours dans le même sens
s d'un demi-tour de filet
sur chaque tirant.
tension p
manière
ar le tirant, précédent
celui par lequ
, la répartition de
la
tension
sur chaqu
Il finit
el il a
e tirant
en ne
111
Figure n°35 : Guide de montage de pe
Sources :
toute, d'adapter un
iques est le noeud
Il est question
tapes159
é dont l'une
figure ci-dessous:
, somme des techn
mode opératoire en
treize de chaise semblable à
la
peaux
Figure n ° (ii)
36 : Guide de montage des
ongo
Sources:Tumba y b
En parlant des techniques
de fabrication, par exemple,
à la
ifférence d du
tambour à membrane,
celui-ci est essentiellement
en bois. Ici, l'artiste évide l e
tronc d ' arbre à l'aide d'un
instrument rudimentaire,
un simple stylet analogue à un
ciseau à extrémité
courbe. Les ouvertures se
présentent sous deux aspects
différents : dans tels
spécimens, ce sont les
simples fentes longitudinal
es, dont la largeur ne
dépasse pas 5
entimètr c es ; dans d'autres, on y
pratique deux entrailles
symétriques, ronde ou
variant du rectangle
allongé au carré.
L'artisan creuse en suivant à
peu près la ligne extérieure
des parois, mais en laissant
à celles -ci une
1
.tumba-y-bongo.fr/tutoriel-
|
guide-de-
|
112
59 Tumba y bongo,
«Guide de montage des peaux»
http://www
ontage-des- m peaux-naturel
les-pour-bon go-congas-dje
mbe-tumba-2 4
113
épaisseur augmentant graduellement à mesure que
l'on s'éloigne de l'ouverture. Tel est, du moins, le
procédé de fabrication d'un tam-tam.
Le tambour est fabriqué à partir d'un tronc
d'arbre évidé160. Il a l'une des deux
extrémités qui est recouverte d'une peau tendue qui sert à
la communication, à la transmission des messages et, l'autre, sert de
support. Il peut être sculpté ou non. Cet instrument est, ensuite,
joué pour diverses raisons : annoncer un événement heureux
ou malheureux (naissances, mariages, décès, arrivée d'une
autorité politique, administrative ou militaire, etc.). Ces tambours
sont des instruments sacrés dont leur fabrication doit se conclure par
une bénédiction161 pour en assurer la qualité
sonore.
Dans les localités de Kimbédi, par exemple, Mr
Jacques Mouhouelo, nous confiait :
« (...) Le fabriquant, après avoir
invoqué l'esprit protecteur de la forêt, arrose le sol de vin de
palme, nsamba, ainsi que les membranes des tambours. Il trace sur ceux-ci des
signes avec un cierge allumé et récite les paroles de
bénédiction suivantes :
Marie/ngoma/nge /wedi
/muti /wa/munene /ku /sangi /.
Marie/ngoma/toi /être /arbre
/de/ grand/dans /forêt /.
M'lemvo /nitakuloma /bu
/nakutabudi /.
Pardon/moi/toi/demander/quand
/moi /couper /toi /.
Ka/nasidibo/nabuzitu/buansoni/.
Mais/moi/faire/cela/avec/respect/tout/.
160 Cf Annexe 15
161 J.Mouhouelo (71 ans), Entretiens sur les moyens de
communication traditionnels dans le département du Pool, village
Kimbédi, 9/05/2004. (Sources orales n°2)
114
Nakuneti /ku /nzo /ya /meno /ku
/nakuwubudi / Moi /toi /amener
/maison /pour/moi /où /toi
/trouer /toi /.
Na/bunkete/mpe/na/luzabu/bia/nabeki/.
Avec/habileté/expérience/moi/acquérir/.
Mu/sala/nge/ngoma/.
Pour /faire/toi/goma/.
Nge/nita/lomba/wa wakisa/kiwono/kia m 'bote/.
Toi/moi/demander/toi /parler
/avec /voix /de bien /. Mu /ntagu
/zansoni /zibasika /tukabuawubu
Soleil/tout/battre/toi/maintenant/.
Nous avons opté pour une traduction littéraire:
1. Marie-ngoma, tu étais un grand arbre dans la
forêt.
2. Je te demande pardon de t'avoir coupé.
3. Mais je l'ai fait avec respect.
4. Je t'ai apporté près de ma case où
je t'ai troué.
5. Avec l'habileté et l'expérience que j'ai
acquises.
6. Pour faire de toi un tambour.
7. Je te demande de résonner d'un bon son.
8. Chaque fois que l'on te battra à partir de
maintenant.
6.2. Les caractères morphologiques des instruments
de musique
Si les critères morphologiques sont définis
comme des critères observables de l'objet sonore, des traits distinctifs
ou des propriétés de l'objet sonore perçu162,
les éléments constitutifs de ces musiques, partant
162On aura noté qu'une telle organisation du
temps diffère considérablement de la conception occidentale, en
ce qu'elle fait abstraction, le plus souvent, du niveau intermédiaire de
la "mesure", c'est-
ètres sui
, des mo
vants :
xécution
, enfin,
n du tem
, 163 d'ex
aminer ps, du
xécution
165, des
es para m
dalités d' e
a Aro m
ructurati t o
dalités d' e
des instruments de
musique, font intervenir l
hauteurs, temps, timbre,
forme, structure et mo
procédés techniques. On
envisage, comme Simh
quelques instruments du
point de vue de la s timbre,
des formes et des
structures164
procédés technique
s166
6.2.1. Les tambours, m 6.2.1.1. Le grand tam
b
|
ukonzi our à fen
|
tes
|
igure n°37 : Mukonzi
n°
ouadi, sculpté en 1
1 du vil l 958 par J
1976.
F S
Kinkouémi décédé
l
oukou-B
e 12 mars
Sources :
|
(Gallérie
|
personnelle)
|
age ean
|
|
115
à-dirè d'un
schéma accentuel régulier
fondé sur l'alternance d'un temps fort
avec un ou plusieurs temps
faibles
1
63 S. Arom, « Systèmes
Musicaux en Afrique
Subsaharienne », In Canadian
University Music Review /
Revue de musique des
universités canadiennes, vol. 9,
n° 1, 1988, p. 1-18.
1
l
iturgies. Ce
64Il convient de faire une
première distinction entre
celles qui n'admettent aucune
modification en cours
d'exécution et celles qui se
renouvellent à chaque
execution. Les premières,
extrêmement rares, sont
presque toujours liées à
l'évocation d'événements
à caractère historique ou bien
font partie d'importantes sont là des
musiques figées, par
opposition à la très grande
majorité où, ou sein de
structures périodiques,
métriques et rythmiques
extrêmement rigoureuses, une
part de liberté aux
exécutants, leur permettant ainsi la
réalisation de nombreuses variations,
souvent véritables improvisations
1
est laissée même de
instrumentale.
instrument,
ard. Elle pro c
u discours m
ctures qui l e
la polyphonie
strument m é
e les deux. C
de polyph o
l'une des t e
entre partie vocale et
ède, bien au
usical, les
sous-tendent
contraire, modalités
65 Concernent la
répartition des rôles au sein de
l'événement musical,
notamment entre soliste vocal et
choeur ou, lorsqu'un
chanteur s'accompagne
lui-même d'un Une telle
répartition des rôles n'est
pas le fait du has d'une parfaite
logique. Attestant une segmentation
cohérente d
d'exécution
constituent un outil
important pour la découverte des
stru
1
entre l'usage de la monod ie et celui de
Lorsque le chant est redo
. La monodi e peut être lodique, il e
st fréquent e phénomène
souvent nie, Yhétérophonie.La chniques
suivantes: le
66 Il y a lieu de distinguer
vocale et/ou i nstrumentale.
ublé par un in
s absolue entr
rudimentaire souvent, à
que la coïnci dence
mélodi que ou rythmi que ne soit p
a
olontaire--d v onne alors l ieu à la
fo rme la plus polyphonie à
proprement parler a rec ours, le plu s
mouvement p arallèle et le
mouvement di vergent.
116
Il est le prototype du tambour à fentes le plus
répandu chez les Suundi : le mukonzi. Taillé et
façonné à l'aide d'un tronc d'arbre évidé,
le plus souvent, le kambala, cet instrument a une masse volumique très
importante, lourde. Il ne peut pas, ainsi, être transporté. Au
contraire, il est fixé et cloué au sol. Pouvant atteindre entre
1,50 à 2 mètres de haut et 1,5 mètre de
circonférence, il se joue à l'aide de puissantes baguettes et
recouvertes ou non de latex (caoutchouc). Le mukonzi est placé,
gardé, sous un hangar, sorte de mbongiaménagé. Ce qui fait
de lui un instrument tout à fait spécifique : une sorte de
Roi167, de Chef (Mfumu). Ces faits permettent
à confèrer un timbre harmonique important. Et, selon que les
conditions atmosphériquesétaient bonnes et la force physique du
musicien importante, il pouvait porter au loin certains types de messages. Il
est, pour ainsi dire, « letambour-téléphonechez
lesindigènesde l'Afrique centrale168 » qui ne
sert plus à encoder des messages qu'à inventer les populations
à la danse ou la réjouissance.
En parlant de cet instrument, mukonzi, Simha Arom,
écrira :
In fact, the use of the drum language --which above all
fulfils a social function-- has been limited to a set of situations or
circumstances which always require that one or several people should move to
the source of emission, and which have changed in the course of time. This is
why it seems useful to draw a distinction between the following two categories:
the purely traditional messages that were already
167 Le Roi ou le Chef n'est-il pas désigné
Mokonzi dans d'autres langues du pays ? N'est ce pas le garant du pouvoir, de
l'autorité tant traditionnelle que moderne ?
168 Mukonzi : téléphone des indigènes,
experssion empruntée au Gouverneur de l'AEF Félix Eboué,
cité par H. Pepper, « Le mystérieux langage du
téléphone africain », In Tout savoir, 1956 ;
117
used before colonization; and those others that have been
gradually incorporated after the arrival of the Europeans.
To the first category belong the following events: births,
deaths, the organization of assistance after a hunting accident; the
investiture of a chief; the ending of a period of mourning; the consecration of
new drums; or the transmission of instructions so that someone who has got lost
may safely return to the village. In the second category are included the
various calls issued by the komanda (the administrative authority) to the
village chiefs (màkonji) in order to arrange for the collection of the
taxmoney; summon them to an official meeting; or inform the population of the
arrival of some official person, the presence of a sanitary team, or of the
setting up of the annual cotton marke169
Ce qui, littéralement veut dire :
En fait, l'utilisation de la linguistique du tambour
ci-dessustout remplit une fonction sociale a été limité
à un ensemble de situations ou circonstances qui a toujours exigé
que une ou plusieurs personnes doivent passer à la source
d'émission, et qui a changé au cours du temps. C'est pourquoi il
semble utile de faire une distinction entre les deux catégories
suivantes: l'aspect purement des messages traditionnels qui étaient
déjà utilisés avant la colonisation; et les autres qui ont
été progressivement constituée après
l'arrivée de l'Européen.
169Simha Arom, « Language and Music in fusion:
The Drum language of the Banda linda (Central African Republic », In
Trans. Revista Transcultural de Música, núm. 11, julio,
2007
118
Pour la première catégorie appartiennent les
événements suivants: naissances, les décès,
l'organisation de l'aide après un accident de chasse; l'investiture d'un
chef; la fin d'une période de deuil; la consécration de nouveaux
tambours; ou la transmission de instructions sorte que quelqu'un qui est perdu
peut retourner en toute sécurité dans le village. Dans la
deuxième catégorie sont inclus les différents appels
émis par le koumanda (l'autorité administrative) aux chefs de
village (mokonji) Afin d'organiser la collecte de l'impôt l'argent; les
convoquer à une réunion officielle; ou informer la population de
l'arrivée d'un fonctionnaire, la présence d'une équipe
sanitaire, ou de la mise en place du marché annuel de coton.
Il n'était pas permis à n'importe qui d'en jouer
: seuls les initiés avaient accès à cet instrument de
musique
6.2.1.2. Le tambour à fentes à
moyen
Il se situe entre les deux autres tambours à fentes
représentés aux figures 36 et 37), celui-ci est de taille
moyenne. A première vue, il est de forme arrondie, semblable à un
tonnelet, ce tambour est facile à transporter. Placé dans une
pièce et situé au milieu d'autres instruments, celui-ci est
utilisé par le fidèle de l'homme de Dieu, l'Evangéliste ou
de tout autre servant de Dieu qui rend un culte à Dieu.
Figure n°3
|
8 : Mukonzi n°2
|
|
Prêtre »
cette fois
. Cet instrument e
-ci en format réduit. Ainsi, de par sa p
Là aussi,
l'accommodement est
d'accompagner le «
matériaux , mais en du ressort des initiés capables st
fait à base des mêmes
osture
km. Ce qui le réduit
Tout compte fait, la postur
l'instrument se jou in
l'écho émis.
et son allure, le
timbre harmonique et
émis ne peuvent
dépasser 1
ationnel. son. La p
osture de
ommuni c c
portée du
un son capable de porter au lo
la dynamique, les sons qui y sont à un
usag e plus festif que e a une incidence sur
la ant assis ne peut émettre
6.2.
|
1.3. Le pe
|
tit tambo
|
ur à fent
|
es
|
Figure n°
|
39 : Mukonzi n°3
|
|
119
Ce tambour à fentes
en miniature est le prototype le plus
répandu dans les
églises catholiques et
protestantes170 où
le chef de l'église, les choristes
voire les s cholas s'en servent pour
agrémenter les cultes et toutes
sortes de messes. C omme
pour les précédents
tambours à fentes, pour
obtenir de s sonorités, on utili se
une petite baguette. A l'une des
extrémités
1
70 R. Bouess o-Samba,
La polyphonie du peuple
Kongo dans la musique religieuse : cas des
églises chrétiennes de
Brazzaville, Mémoire en vue de
l'obtention de l'unité de valeur de
méthodologie de la recherche,
Brazzaville : INJS, 2006
120
e tenir afin d'y
trouve un manche qui
permet de l
relativement faible.
L'écho ou l e son
émis est
instrument. Il ne peut,
malheureusement, pas
mètres.
hones
embrane
6.2.2. Les m embrano p 6.2.2.1. Le tambour m
s, ngoma
Deux tambours,
ngoma, de grande taille et peuvent
atteindre plus de 2
mètres, recouverts à l'une
des extrémités
d'une peau d e chèvre dont le
serrage est réalisé
comme au moment de la
fabrication (toujours dans le
même sens en ne
prenant jamais plus d'un
demi-tour de filet sur chaque
tirant).
de l'instrument, se
exercer une force
roportio p nnel à la
taille de l'
porter ou
véhiculerun messag
de 1.000
e au-delà
°40: membranophone (se
°41 : membranophone (s
jouant
e jouant
Figure n debout)
Figure n couché)
Ces tambours jouent soit debout c
montre la
figure 39
. De toute
sont très omme l e
volumique messages,
acilemen f t
bien au
montre l
évidence
est moins importante, n
e
contraire servent à
transportables.
répandu s chez les
Suundi (du Pool) qui en a figure 3
8, soit couche comme le , ces
deux tambours, dont l a
masse peuvent servir à l'encodage des la
musique et à la danse. Ils sont
6.2.
|
2.2. Le ta
|
mbour su
|
r cadre, p
|
etengé
|
Figure n°
|
42 : Tambour sur c
|
adre
|
|
A l a
Les gongs
différen
sont frappés à l'ai
sont en bois ou en
métal.
parasoli ers ou d'un autre
ce des tam -tams, le s gongs
de des baguettes de
121
Il est un tambour, de
forme rectangulaire, fixé sur un cadre
à l'aide ou des pointes
d'ossements d'animaux . Une
telle ingénio sité signi fie que
les Suundi avaient des
connaissances poussées
sur les activités arti sanales
ou industrielles qui
consistaient à fabriquer des
ouvrages en bois à partir de
pièces de faible section e t destinées
à être assemblées : la
menuisierie. Se jouant dans une posture
assise, le faible
écho émis par cet
instrument ne peut que
servir à inviter les gens
(hommes et femmes) à
la musique et la danse, mais
pas au transfert de certains
messages.
6.2.
3. Les cloches
bois léger. tirent
leur morceaux
Il en existe aussi en bois
évidé. Comme les
tambours, les gongs essence
du bois. A ce stade, il
s'agit des troncs d'arbre ou des de bois
sectionnés, évidés et travaillés
qui étaient utilisés
à
ontributi c on pour produire la
sonorité voulue afin
d'exprimer un sentiment,
une idée, une émotion.
L'écart entre les gongs est
considérable. Certains
d'entre eux atteignent
à peine 0,20 m de hauteur, tandis que
les plus grands
dépassent plus de 1m.
Pour fabriquer un gong, on
réunit par un joint en
saillie les bords de deux
plaques en fer
symétrique et de forme
pproprié a e. Le
profil se modifie selon les
caprices, les griffes ou
la « touche » qui
caractérise l'esthétique, la
beauté de l'art ou de l'oeuvre, du
forgeron.
est de largeur à p
au sommet, tantôt
rétrécie
mais presque toujours en
décrivant une légère
c
'ouvertu L re de certains
spécimens est renfermée
p métallique posé en
bordure e t soudé.
le gong
eu près
de bas en haut,
égale dans sa hauteur et
tantôt, de façon
ourbe
rentrante.
ar un bandeau
Tantôt s'arrondit
uniforme,
n° 43 : C
Figure
loche à deux battants
6.2
.3.1. Les c
loches en
bois :
122
Les utiliser du une large
son plein,
Suundi, créateurs de cet instrument,
ont prouvé qu'on pouvait bois. Cet
instrument, aujourd'hui
largement utilisé se
décline en gamme de
modèles différents mais, pour
qu'elles émanent un leurs
surfaces de frappe sont
toujours faites de bois de
kambala.
123
Les deux orifices de la partie supérieure permettent de
les fixer sur un support spécial, dans n'importe quel ordre et chacune
accordée selon la tonalité désirée. Celles que vous
pouvez voir sur l'illustration sont accordées sur une gamme
pentatonique. Frappées avec des baguettes de caoutchouc dur, elles
rendent un son chaud et pénétrant, qui s'adoucit lorsque
l'extrémité des baguettes est recouverte de feutre. Les baguettes
de bois, qui feraient perdre cette chaleur à leur sonorité, ne
sont pas recommandées. Les procédés de fabrication des
dites cloches sont identiques à ceux des tambours.
C'est ainsi qu'un tronc d'arbre est coupé dans la
forêt, réduit dans les proportions raisonnables, il est ensuite
évidé de sorte à obtenir un orifice, une fente
qu'encadreront les deux lèvres formées de part et d'autre. C'est
sur elles que les coups seront portés, les frappements, pour produire
les sons nécessaires. Aux contacts d'autres civilisations et peuples
comme les Tékés, les Suundi ont maitrisé les traitements
de traitement du fer et du bronze. C'est alors qu'ils fabriquèrent les
cloches en fer au détriment du bois et de l'argile.
L'instrument, le plus souvent fabriqué en bronze en
forme de coupe inversée, est mis en vibration. Voilà la coupe
inversé du ciel, en tant que sphère de conscience la plus
élevée qui s'anime. De façon cyclique, elle fait retentir
sa volée magique profonde, et puissante, mettant tout l'être en
éveil.
6.2.3.2. Les cloches e n argile
La
conserver
céramique d'Afrique
subs aharienne existe sur le
continent africain depuis
plus de 8 00 0 ans171 .
Elle est étroitement associée
à la vie quotidienne
des populations1 72. Ses
formes et ses fonctions
variées vont de la
vaisselle courante aux
jarres funéraires ou aux
récipients destinés à
l'eau, l'huile ou les céréales,
voir aux instruments de musique.
al de
Figure n°44 : Un
procédé artisan
abricatio f n des tambours en
argile
Sources :
9/09/2012
|
)
|
Galléri
|
e personnelle
|
(Nkayi,
|
loche en
rythmant l
La c
ituelles, r
argile, on la trouve
également dans les figurines ou es
passages de l'existence : la naissan
c e, l'initiation, le
mariage et la mort. Afrique
Occidentale et des
ustensiles.
Les Suundi avaient,
comme en pays Sarako l
é173 en , maîtrisé la
céramique174 pour fabriquer
des réc ipients
En
Kimongo,
Nkayi,
effet, dans les territoires
de Mpang de Londela-Kaye s,
de Loudima et surtout la
localité de
anaris,
ont été sont les prin cipaux foyers en
matériaux de
fabrication des c
c=arc%26sous sec=neo%26 art=neo%26a rt titre=anci
en&title=Tess ons%20de%2 0c%C3%A9ramique
%20trouv%C3
|
%A9s%20en %20Afrique% 20de%20l% 27Ouest (site
|
le consuté le
|
3 juin 2014)
|
|
|
http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://www.ounjougou.org/s
» Arché ologie, N
éolithique,
ec arc/arc main.php?lang
=fr%26se
1
|
71 « Tessons de
|
céramique
|
trouvés
|
en Afrique
|
72Pierre Salm
73 Alain Gall a
des Africanist
74 Joseph Ga
t.25, n°4, 198-
1
1
1
on, Nouvelle
y, « La pote ri
es, 1970, t.4, f uricho,
« Céra 199
l'histoire d e akole (Mali,
laise», In Bu
introduction à e en pays S
ar asc.1, 99 p. mique cong o
l'Afrique, Paris, Éditions
L'Harmattan, 2007 Afrique Occidentale)
», In Journal de la
Société
124
lletin de la société
préhistorique de Fran ce, 1928,
125
des gargoulettes175. Dans ces contrées
l'argile, très riche en fer, était puisée à
même le sol pour la poterie. Et la céramique aura
été une activité très prometteuse.
En nous référant à l'étude de
Agnès Prévost qui rapporte que :
« Les potières de la Bouenza sont des
paysannes. Elles se transmettent leur pratique de la poterie de
génération en génération, de mère en fille.
Leur savoir-faire, ancien perdure par la transmission orale et la
répétition des gestes. Aucune d'elle n'a suivi une formation ou
de stage de formation en dehors du village et nul artisan qualifié n'est
venu à leur rencontre à ce jour. Leur pratique est certes
empirique mais efficace et parfaitement adapté aux ressources locales.
Ce savoir-faire qui a su résister à la colonisation et à
la guerre est aujourd'hui mis en danger par l'importation massive de produits
industriels en métal et en plastiques. Pourtant, la poterie de ces
femmes est connue dans le pays et a fait la réputation de leur
région durant des années. Avant la guerre, il n'y avait pas de
voyageur qui ne profite de l'arrêt du chemin de fer à
Loutété pour acheter une gargoulette (bouteille) ou une marmite
réalisée au village »
sic176
On peut dire que la matière première, source de
matériau, provenait des étangs, des lacs, des mares, des
vasières et des cours d'eau. Elle est une pâte de base, assez
hétérogène, ne permet de produire que des pièces
à
175 Agnès Prévost, Mission sur l'artisanat en
céramique au Congo-Brazzaville, Octobre 2007, 23 p.
176 Agnès Prévost, Ibid., p.9.
126
parois épaisses. Cette argile naturelle est
corrigée par incorporation de matériaux d'origine minérale
ou végétale (opération de dégraissage). Pour
améliorer sa plasticité, abaisser sa température de
cuisson et sa résistance à la cuisson sur feu ouvert, elle est
mélangée à de la cendre, de la paille hachée. Le
mélange obtenu est foulé aux pieds jusqu'à obtenir la
qualité souhaitée.
Une autre source de matériau argileux provient des
carrières mais il est courant que les termitières
désaffectées soient exploitées. Ce matériau le plus
recherché se situe au coeur de la termitière. L'argile
traitée par les termites est à la fois particulièrement
fine mais aussi naturellement enrichie d'additifs qui assurent un très
faible retrait et une cuisson homogène aux pièces
céramiques. Cette argile, puisée à grande profondeur,
broyée et malaxée par les termites, peut être
combinée avec d'autres argiles ou d'anciens fragments de poteries cuits
et broyés.
Le but visé n'étant pas celui de
s'étendre sur la céramique, mais de montrer qu'elle a
été à la base des cloches métalliques. Les
techniques de production de poteries (façonnage ou estampage, modelage,
cuisson, etc...) avaient été parfaitement maîtrisées
par les Kongo, en général et, par les Suundi, en particulier.
6.2.3.3. Les cloches métalliques
La technique de la fonte à la cire a servi à
produire la plupart des pièces couramment appelées bronze.
L'existence de cette technique pose le problème de l'approvisionnement
des ateliers et des centres de production en matière première.
Des témoignages historiques attestent de l'utilisation de certaines de
ces mines.
127
Pour le Congo par exemple, Filippo
Pigafetta177signale l'existence de hauts fourneaux utilisés
pour la fusion du cuivre, tandis qu'Olfert Dapper signale, dans son ouvrage
l'existence178 des mines de l'Angola, les techniques de fabrication
utilisées par les fondeurs de cloches ont à peine
évoluées. L'activité reste artisanale ; on pourrait
presque parler d'oeuvre d'artiste. Les cloches sont connues essentiellement par
leurs usages civils ou religieux : cloches d'église ou de chapelle, dont
le caractère sonore en fait un instrument privilégié de
communication (appel des fidèles, indication de l'heure, signal
d'incendie ou célébration d'événements divers...).
Sans entrer dans le détail des aspects techniques, disons que la fonte
d'une cloche est similaire à celle de la fabrication des marmites en
alluminium. Elle comprend, comme nous le confiait Pascal Mankou179,
trois principales opérations.
Il y a entre autre, le tracé pour déterminer la
forme et les proportions de la cloche, le moulage qui lui donnera la forme
d'après le moule, et la coulée. Le moulage d'une cloche se
compose ainsi : le « noyau » ou espace du creux intérieur, la
« fausse cloche », occupant la place du métal jusqu'au moment
de la coulée, la « chape » recouvrant la fausse cloche et
formant avec le noyau les deux murailles de terre cuite entre lesquelles le
métal en fusion prendra place ; la « tête », qui recevra
les anses nécessaires à la suspension et contiendra l'emplacement
de l'anneau du battant.
177 F. Pigafetta, Description du royaume de Congo et des
contrées environnantes, Paris, Unesco, [1891]"
178 O. Dapper, Description de l'Afriquecontenant les noms,
la situation et les confins de toutes ses parties, leurs rivières, leurs
villes et leurs habitations, leurs plantes et leurs animaux, les moeurs, les
coutumes, la langue, les richesses, la religion et le gouvernement de ses
peuples, W. Waesberge, Boom et Van Someren, Amsterdam, traduction
française de 1686 (édition originale 1668)1686),
http://books.google.co.uk/books/about/Description_de_l_Afrique_contenant_les_n.html?id=-
YZDAAAAcAAJ
179. Pascal Mankou (53 ans) Entretiens sur la fabrication des
ustensiles en aluminium, Village Moussanda, 30 mai 2014 (Département de
la Lékoumou), Sources orale, n°12. Il fautsignaler qu'au moment de
transcrire les enregistrements, nous nous sommes rendu compte que les le
support avait été infecté par un virus. Lequel virus a
rendu impossible la transcription.
moule est brisé
après la fonte pour
dégager la
scriptions et les décors
figurant sur
ifiques, il n'est pas
exagéré
d'art un essible, p
cloche, chaque
loches
une sculpture.
iques, te erchée en
l un tab
haut du clocher.
de dire leau ou
que les c
Du fait que le mais aus s i
parce que les in cloche lui
sont spéc sont des oeuvres
Généralement inacc
Figure n cloches
Sources :
°45 : Gu
Tumba y
ide montage des
bongo
es, surtout celles d
|
édiées
|
ors en relief constituent
128
Les cloches, pour la plus part
d'entre ell aux
églises, méritent d'être
admirées : les déc parfois
de véritables
tableaux, avec la représentation de la
Vierge à l'Enfant, de
saints (locaux ou plus connus), d'instruments
de la Passion, de blasons ou
de sceaux, de guirlandes de fleurs
voire d e représentations
animales en tant que
survivance du symbolisme r
eligieux.
6.2.3.4. Les aérophon es (instru ments à
vent)
Cet te famille regroup e
tous les instrume nts qui u tilisent
l' air pour émettre u n
son. Le s aéropho nes,
égale ment app elés instr
uments à air ou à
vent, son t ceux da ns
lesque ls, à trav ers ou aut our desq
uels une certaine
quantité d'air est
mise en v ibration. Contenu
dans une cavité, l'
air peut être mis en
mouve ment par l'arête af
filée d'un tuyau (fl ûte), par
l'action d'une an che uniqu
e (clarine tte) ou p ar la
vibr ation des lèvres (t rompes,
129
cors). Quelques instruments agissent directement sur l'air
ambiant (rhombes, diables, etc.). Les aérophones en pays Gban se
répartissent en deux groupes principaux : les aérophones libres
et les aérophones par souffle.
6.2.3.5. Les aérophones libres et par
souffle
Ce sont les instruments qui font vibrer l'air qui les entoure,
par explosion ou par sillage dans cet air ambiant180. Les
aérophones par souffle sont ceux où l'air enclos dans une
cavité est mis en vibration par un jet d'air buccal ou nasal. Ce groupe
est le plus diversifié dans la classe des aérophones chez les
Gban. La profusion de ces instruments à vent est certainement due
à ce trait culturel fondamental qu'est la chasse, très active
(par le passé) dans la zone forestière du Mayombe et de Massif du
Chaillu. Mais au cours des diverses circonstances, cette activité a
été relégué au second plan. Les instruments tendent
à tomber en désuétude.
6.2.3.6. Le sifflet
Un brin d'herbe ou de paille tendu, d'hyparania, de tige de
bambou peut faire office de sifflet, se muer en un instrument de musique. Le
sifflet est un instrument formé d'un tube de bois fermé à
une extrémité et surmonté d'une partie renflée
comportant une embouchure échancrée. Il comporte 3 trous : 2
latéraux près de l'embouchure, le 3ème au milieu, en bas
du tube. C'est un instrument dont on fait passer l'air par l'embouchure qui le
renvoie contre l'arrête que comporte l'instrument.
180 J.S. Laurenty, La Systématique des
aérophones de l'Afrique centrale (texte), « Annales du
marcrac, Nouvelle Série in-4°, Sciences humaines » n° 7,
Tervuren, 1974, p. 1.
Le sifflet est le
représentant le plus vaste de cette
catégorie, ce qui ne
l'empêche point de
remplir des rôles
multiples. Il est avant tout
un instrument de message,
utilisé à la chasse, à
la guerre ou dans les sociétés
secrètes. Son
propriétaire l'emporte
généralement pendu au cou,
de sorte que l'objet est
pourvu d'un mode de
suspension. Selon S.
Chauvet181, citant H.
Labouret, « il est
probable qu'en Afrique
occidentale la
transmission par sifflets a
précédé celle par
tambours et que cette
dernière n'a fait que
s'adapter, pour traduire la
signalisation, sifflée
préexistante ».
Sources : (Madingou
, Septembre 2013)
Gallérie
personnelle
Figure Miyalou,
Fulbert
sifflet à l a bouche
Mpandzou-
n°46 :
sert lors des Les Suundi ont
our diriger les
et notamment la ens
dressés pour
sortait aussi un
1 81Chauvet (S . p. 58.
), Musique nègre, Paris, So
ciété d'éditions géographi
ques, maritimes et coloniales, 1929,
130
Il est aussi un instrument
de chasse. On s'en
xpéditio e ns des
parties de chasse colle
ctive dans la forêt . un
répertoire d'appels et
de signaux conventionnels
p mouvements de la ligne
souvent dispersés des
rabatteurs, manoeuvre d'encerclement.
On affirme que même
les chi la chasse comprennent ce
langage sifflé. Le
chasseur e n seul ton pour
appeler ses chiens égarés
131
6.2.3.7. Les trompes traversières
À quelques centimètres de la pointe, on pratique
un trou qui sert d'embouchure latérale par laquelle le joueur insuffle
l'air dans l'instrument. La forme de cette embouchure peut être
carrée, rectangulaire, ovale ou en losange.
Ces trompes, de forme conique et sans trou d'intonation,
servent à la danse, aux funérailles. En position de jeu, elles
sont tenues en travers, à peu près horizontalement (d'où
l'appellation de trompes traversières), le pavillon dirigé
généralement à gauche du musicien qui tient sa main droite
tout près du trou de modulation. La colonne d'air est mise en vibration
par la pression des lèvres du joueur.
Lez les Suundi, comme relève B. Holas182,
auraient fabriqué des instruments de musique en forme d'olifants
(trompes en ivoire) si la matière première avait
été disponible. Mais, ils les remplacèrent par les cornes
de buffles (mvumvuri).
Voici les dimensions relevées sur deux trompes :
*en corne de gazelle: 20 cm (longueur), 3 cm (diamètre
du
pavillon),
1 cm (diamètre de l'embouchure),
*en corne d'antilope: 37 cm (longueur), 4 cm (diamètre
du
pavillon),
1,5 cm (diamètre de l'embouchure).
182 Holas, cité par Aka Konin, Guiraud Gustave, Les
instruments de musique : Gban (Région centre-ouest de la Côte
d'Ivoire), Musée royal de l'Afrique centrale, Tervuren 2008,
p.16.
132
6.2.3.8. Les cordophones
Les cordophones, ou instruments à cordes, ont des
cordes tendues qui résonnent lorsqu'elles sont pincées (par les
doigts ou un plectre), frottées, frappées ou actionnées
par le vent183.
Nous avons noté deux types d'instruments à
cordes : la houppe traditionnelle (ngomfi) et le piano à pouce
(sansa, kisansi).
Quand on l'utilise tout simplement comme un instrument de
musique, le corps de l'arc est plus fortement courbé que l'arc de
chasse. Il s'agit des instruments à partir desquels des artistes de
renom se sont affirmés au cours de ce siècle finissant : Antoine
Moundanda et Antoine Loussialala, « De la poussière » et Papa
Gourrand et Hubert Gambour dans un autre registre.
Que dire au sujet des techniques de fabrication desdits
instruments ?
Nous n'avons malheureusement que trop peu d'informations sur
l'outillage et les technologies appliquées au travail du bois.
Conjointement aux observations que j'ai développées lors de mes
recherches sur l'organistrum184, c'est à l'étude
détaillée de très nombreuses figurations que m'est apparue
l'évidence qu'elles reproduisaient le système de taille
monoxyle.
Il y a de trop nombreux détails qui, pour l'oeil d'un
facteur, ne
laissent aucun doute à ce sujet :
- dessin très souple
- faible profondeur de l'instrument
- manche court et épais
183Jenkins (J.), Ethnic Musical Instruments,
Londres, Hugh Evelyn for International Council of Museums, 1970, p. 31.
184 Christian Rault, L'organistrum, les origines de la vielle
à roue - Ed. Aux Amateurs de livres, Paris, 1985.
- absence
|
d'angle marqué à la
|
jonction
|
de la cais
|
se et du manche.
|
st clair
qu'avec
st nécess a vider une
es comp lexes et
du dans
ux instruments de
Il e lorsqu'il e facile d'
é assemblag procédé
ex bien enten destinées a
des moyens technologiques
rudimentaires, ire de fai re un obj
et creux e n bois, il est
beauco up plus seule masse de bois pl
utôt que d'envisa ger des
délicats. Quelque s exemp les illust
rant ce istent da ns la civi
lisation k ongo, que ce soit p
our le mo bilier et l'élabora
tion de c aisses de
résonanc e, qu'elle s
soient musique à membra ne ou
à c ordes.
de
Figure n°
fabrication
47 : Un procédé
traditionnel des cordophones
révélatrice
leurs procédés de
Musique 1987
Ancienn
e,
133
Sources : Christian
Renault,
« L'évolution du
dessin des cordophones
du XIIème au XIII
ème siècle de
l'évolution de
onstructi c on », In
134
TROISIEME PARTIE
CONTEXTES D'UTILISATION DES
INSTRUMENTS DE MUSIQUE ET LEUR
IMPACT SUR LA COMMUNAUTE DES
SUUNDI
135
Chapitre 7 : Les contextes d'utilisation des instruments
de musique
Les contextes d'utilisation des instruments sont multiples et
dépendent de l'organisation sociale des Kongo185 qui aussi
bien sur le mvila, luvila186c'est-à-dire le
lignage que sur les sexes. Ce sont de « puissants moyens de communication
» qui ne sauraient rester en marge de la dynamique sociale comme
l'écrit H. Ward:
« Dans toute l'Afrique centrale, il existe un curieux
système de communication entre les villages au moyen de battements de
tambours. Ce système est d'origine fort ancienne et quand on voyage en
Afrique, on est toujours annoncé d'avance par ce moyen. Le tambour qui
est le plus communément employé pour cet usage consiste en une
caisse de bois très dur, ayant environ six pieds de long et deux pieds
de diamètre. (...) L'appel a lieu par une série de battements.
Les indigènes peuvent ainsi conserver, et même, en temps de
guerre, communiquer avec l'ennemi et discuter les conditions de paix. Ceci
s'applique particulièrement aux tribus riveraines qui, ayant
constaté que le son se transmet mieux à la surface de l'eau, ne
manquent pas de venir au bord du fleuve avec leurs tambours, et leurs appels se
répètent de village en village»187.
185De nombreuses études existent sur ce groupe
ethnique
186 Le mvila ou kanda en langue kongo est
l'équivalent du Ebora (chez les Mbétis), Ibora (chez les Kouyou),
Ikouta (chez les Batsangui), Aladidjé (chez les Sara du Tchad). Ce terme
est dansement utilisé par M.J kouloumbou et D. Mavouangui, In Actes
du colloque scientifique sur les « Valeurs kongo :
spécificité et universalité », 4-6 novembre 2010,
Association Mbanza-Kongo et Département de philosophie, Brazzaville
; Paris : Université Marien Ngouabi ; L'Harmattan, 2013,
187H. Ward, Chez les cannibales de l'Afrique
centrale, Paris, Plon, 1910, p.19.
136
L'usage de chaque outil est
spécial188. Il se vérifie dans le
cadre de la littérature ethnologique et ethnomusicologique : à
chaque événement, un instrument spécifique est
utilisé. A ce propos, Monique Desroches écrit ce qui suit :
« (...) rares sont les événements musicaux
qui seproduisent
sans l'intervention ou la présence d'un ou de
plusieurs ambourineurs189» (sic)
La question est de savoir, quels instruments de musique sont
utilisés pour quels contextes ?
La nature est sans nul doute au service de la facture
instrumentale au point où un brin d'herbe tendu entre les pouces peut
produire un son musical. Dans ce savoir-faire, la diversité des
matériaux utilisés et l'ingéniosité que les Suundi
déploient dans la fabrication des instruments ne cessent de surpasser
l'imagination et l'intelligence. Ces instruments avaient joué un
rôle important dans leur vie à telle enseigne que :
« Si les naturels du Congo s'adonnent aux pleurs et
aux lamentations, ils aiment aussi les bals et les danses ; en effet, des jours
et des nuits durant ils se livrent aux bals et aux danses. Il y a toujours deux
ou trois d'entre eux qui ne cessent de frapper les tambours. Ceux-ci sont faits
d'un morceau de gros arbre, évidé, sur lequel on a tendu
une
188« L'emploi de chaque instrument de musique est
déterminé par la société. Les occasions dans
lesquelles un instrument est utilisé, aussi bien que les
catégories des musiciens qui en jouent, sont fixées avec
précision. Tel instrument est utilisé pour telle circonstance et
non pas pour telle autre, et ne peut être joué que par tel
musicien qui remplit les conditions nécessaires et non pas un autre
», H. Zemp, « Comment devient-on musicien : quatre exemples de
l'ouest Africain », La musique dans la vie t.1 : l'Afrique,
ses prolongements, ses voisins, Paris, Office de Coopération
Radiophonique, 1967, p.79.
189M. Desroches, Les instruments de musique
traditionnelle (1984), pp.24-25.
137
peau. Ils produisent un son mat et très
désagréable, d'autant plus qu'ils ne les frappent pas de
bâtonnets mais de leurs mains190 »
Les instruments de musique accompagnent la danse ou le chant ;
toute musique est rythmée et dansable. Ainsi, une parole scandée
est considérée comme appartenant à la musique. La
musique-danse constitue une protection contre l'angoisse, le mal et la maladie
au point où « la musique adoucit les moeurs », dit un adage.
Elles véhiculent également les esprits des ancêtres. La
musique peut être classée en deux catégories : les musiques
institutionnalisées et les musiques culturelles, rituelles.
Les musiques dites institutionnelles sont jouées au
cours des naissances, des rites de passage à la puberté,
certaines activités économiques (travaux champêtres,
pêche, cueillette....), l'intronisation d'un chef ou la
consécration d'un devin-guérisseur, la guérison de
certaines maladies, la communion avec les esprits des ancêtres et les
rites funéraires....« [L'art africain] est fonctionnel,
c'est-à-dire qu'il annonce l'action plus encore qu'il ne s'offre
à la contemplation191 ».
Les musiques rituelles, par contre, sont celles qui
accompagnent les rites initiatiques (la magie, la sorcellerie, etc...). La
musique n'est jamais utilisée pour elle-même. Elle est
jouée au cours des occasions précises de la vie quotidienne
(mariage, funérailles, retrait de deuil, travaux champêtres,
etc...). Elle permet, également, de canaliser certaines émotions
en les exprimant musicalement.
190 F. de Rome, « Danses et bals et des instruments de
musique dont se servent les Congolais » La fondation de la mission des
Capucins au Royaume du Congo (1648), Paris : Ed. Nauwelaerts, 1648,
pp.123
191 Ph. Laburthe-Tolra & et J. P. P. Warnier, Ethnologie,
Anthropologie, Paris, PUF, 2003.
138
7.1. Dans les cas de pratiques institutionnelles : dot
ou mariage, naissances, funérailles...
Quand se produit un fait social, les instruments sont les
principaux fidèles compagnons des acteurs sociaux qui interagissent
(membres de la communauté).
7.1.1. La dot, le mariage ou les autres
cérémonies de réjouissance ou de tristesse
Selon cet adage kongo : « le mariage est une affaire
très importante à telle enseigne que les frais du mariage sont
réciproques », c'est-à-dire : « Nsamu longo, nsamu
wa mfunu kibeni, bila nki, bima bia longo ntobo
anzo192 »
Le mariage est une institution qui permet l'union de deux
personnes, de deux familles. Il s'agit de matérialiser, devant les
familles des futurs époux réunies, les paroles d'amour et de
fidélité : « je t'aime », prononcées en
cachette. Il crée un nouvel ensemble de parenté,
c'est-à-dire le groupe des « alliés » selon M.
Soret193. Sur le plan juridique, seul le mariage civil a une valeur
légale194. Mais, le mariage traditionnel encore appelé
mariage coutumier demeure une étape importante durant laquelle se
déroule la cérémonie de la dot195qui conduit au
mariage proprement dit.
192 P. Lenga, Institutions et civilisation à
Kinkala selon la tradition, Mémoire pour l'obtention du grade de
maitrise d'histoire, Université Marien Ngouabi, 1974, p.167.
193 M. Soret, Les Kongo : nord-occidentaux, op., cit.,
p.76.
194 C. Bounang Mfoungué, Le mariage africain, entre
tradition et modernité : étude socio-anthropologique du couple et
du mariage dans la culture gabonaise,
http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/73/55/63/PDF/2012_bounang_mfoungue_arch.pdf,
consulté le 20/01/2013
195 Cette dot assurait par ailleurs une protection efficace de
la femme. En cas de divorce ou de décès, une dot n'étant
pratiquement jamais remboursée dans son intégralité (si on
entend par dot non seulement le principal mais aussi les accessoires : cadeaux
versés avant et après le mariage), un homme fera son possible
pour conserver sa femme, la soignera en conséquence, surtout s'il tient
à conserver l'alliance de son clan (...), écrit M Soret, «
Le mariage coutumier au Moyen Congo », In Résonnances : revue
du Comité d'expansion culturelle de la France d'Outre-Mer, sn,
p.84.
139
Qu'il s'agisse du mariage coutumier196 ou non, les
instruments de musique sont, chaque fois, utilisés pour inviter les
membres d'une même famille ou de diverses familles, habitant des villages
lointains, à participer à la cérémonie.
Lors des fêtes ou des pèlerinages des
chrétiens (nkutakanu), les gens habitant le même village
arrivaient en groupe. Ils étaient convoqués au moyen des tambours
ou d'une cloche en tenant compte de la zone d'émission.
Lors du règlement des différends
inter-claniques, les cris de joie stridents des femmes qui poussent des
biyeki-yeki197, accompagnés des battements des
mains, brisent le suspens entretenu par les « juges
traditionnels198 ».
Les roulements des tambours et les chants ne peuvent
s'arrêter qu'à la fin de la cérémonie et, lorsque
tous les présents sont offerts à la future belle famille.
A la conclusion du mariage, soit le tambour, soit tout autre
instrument à vent (aérophone) est joué pour annoncer que
le mariage vient d'être conclu. Ainsi comme le précise cet adage
«le mariage est indemne des souillures, que pourrait produire le
mélange des clans, s'ils étaient les mêmes199 !
« longo lunungini nkanu ku mafunsuka ma twila tu makanda
».
196Abbé Patrick Etoka Beka, « Mariage
coutumier et mariage chrétien en Afrique », In La Semaine
Africaine, n°3223, 07/09/2012, p.15.
197J. Van Wing, Etudes Bakongo :
sociologie-religion et magie, 2 èd .éd., Paris :
Desclée de Brouwer, 1959, p. 168. Les biyeki-yeki sont la marque d'un
très grand respect et d'une très grande joie.
198Nzonzi, nzonji (en langue kongo) ou
twere (en langue mbochi) qui veut dire juge traditionnel
199 J. Van Wing, Etudes Bakongo, op., cit., p.168
urs du
es tambo
2014)
lle, Avril
Figure n °48 : Un ensemble
d groupe NTUKA KONGO
Sources : (Brazzavil
personnelle :
Gallérie
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140
C'est alors qu'une d
anse200
(makinu) est dédiée
au couple afin qu'il
procrée. C'est dire
quand «quand une femme
n'a pas d'enfants, elle peut
dormir sans souci»). La
musique, elle se joue à
l'occasion des fêtes,
de la levée ou du
retrait de deuil.
Généralement, les
couples
l'exécutent201
aux rythmes des
membranop hones.
Les conditions de mariage
dans les principales
villes202 et les villages
kongo avaient,
certainement,
préfigurés celles décrites par G.
village, ell
femme car
le chef a
yono-M O bia203.
Par le passé, les mariages se
conclu aient selon
les coutumes : par exemple,
dès la naissance d'une fille,
son mari était déjà
choisi. Ell e devait alors
grandir selon les lois qui
régissent le mariage ou la
famille d ' appartenance de
son « futur » époux
. Si celui-ci est chef de e doit
alors grandir tout en
sachant qu 'elle ne sera pas
l'unique l'obligation d'être
polygame.
et la femme sont libres
d'épouser l'élu (e) du
influence, certaines
coutumes continuent
est la première étape du
mariage consiste pour la
famille de l'homme
mariée et à
remettre à la
l'homme
De nos jours,
coeur. Mais,
malgré cette
d'exister
: par exemple la dot, qui
la future
ommuné c ment
appelée les
fiançailles, à
demander officiellement l a
main de
elle-fam b ille des
présents en nature et ou en
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car se marier, veut dire s'
artenaire de sexe
opposé.
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passer le
La deuxième étape, le mariage
d'arrondissement, puis enfin
religieux.
La déci
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déroule à la mairie ent la
dernière, celle du
mariage sidérée comme la plus
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Le mariage religieux
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Sources : C. Duvei
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141
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142
7.1.2. La naissance tout court ou la naissance des
jumeaux
La naissance d'un nouveau membre dans une famille est souvent
une source de joie aussi bien pour les parents biologiques que pour les membres
de la communauté. Les Saintes écritures le recommandent «
Soyez féconds, multipliez vous et remplissez la terre
204». Les tambours brisent le silence (diurne ou nocturne) au
moment de la naissance y compris celle des jumeaux. La rythmique qui accompagne
cette dernière naissance est très différente de celle des
précédentes. La naissance des jumeaux205, « des
intouchables par les sorciers206 » marque une rupture claire
avec la pratique quotidienne207.
Pour les jumeaux, par contre, à leur naissance, on doit
chanter208 et les décibels débités émis
par les sons de tamtams indiquent l'implication de ces instruments.
Les parents des jumeaux : le couple est soumis à
l'éthique communautaire qui consiste à respecter les tabous, tels
que ne pas manger: les viandes faisandées de peur que le
nouveau-né ne soit atteint de la gale et de la teigne ; le foie des
animaux pour préserver le nouveau-né de la rate; le cerveau et la
moelle épinière des animaux pour le préserver des otites.
Il est difficile d'évaluer le degré de prohibition des rapports
sexuels dans cette communauté qui excelle dans le respect de la
fidélité.
204Genèse, 1 :27, écrit Mc Arthur,
La Sainté bible, Génève, 2008, p.53.
205 Les jumeaux ne sont pas des enfants
ordinaires mais des génies de l'eau, leur naissance donnait et donne
encore lieu à des pratiques rituelles particulières, prises en
charge par une spécialiste, la gardienne des jumeaux, obligatoirement
une mère de jumeaux ou une femme qui a eu des révélations
de la part des génies. Comme certains aspects de ces pratiques sont
aujourd'hui négligés ou se trouvent modifiés, je
commencerai par esquisser la manière dont elles étaient
accomplies il y a quelques décennies pour ensuite mentionner les
modifications actuelle s », écrit C. Plancke, « Rites, chants
et danses de jumeaux chez les Punu du Congo-Brazzaville », In Journal des
Africanistes, Vol. 79, n°1, 2009, p186.
206Ngoma-Massala & A. Mafoumbou Moody, «
Les rites gémellaires chez les pygmées du Congo et leur
évolution historique », In Annales de l'Université
Marien Ngouabi et Direction Générale de la Population, Congo
Brazzaville, sd, p.853
207Se démarque des autres naissances par sa
religiosité, elle devient une nativité. Il existe des
évocations portant sur eux, notamment leurs noms, leur ordre de
naissance, leur sacralité, leur vénération mais surtout
leur infanticide qui ont des implications sur les plans
sociodémographique et économique
208 L. Verbeek, Les jumeaux africains et
leur culte Chansons des jumeaux du Sud-Est du Katanga, Bruxelles :
Musée royal de l'Afrique centrale, Tervuren 2007, p.81.
143
La femme devra se dispenser de dormir à plat ventre de
peur d'une fausse couche. Les jumeaux, écrivent les auteurs
précités, ne sont pas considérés comme des enfants
à accoucher, mais plus tôt comme des êtres qui viennent
à bord d'une pirogue ou des envoyés des dieux dont la naissance
est accompagnée des signes prémonitoires209.
A la naissance, ce qui est un évènement
insolite, un répertoire de chants spécifiques est
interprété pour les honorer. Cette musique spécifique les
accompagnera à chaque moment de leurs vies. Elle débutait par des
berceuses, pour célébrer la double naissance qui, ensuite
accompagnait la mère lors de la cérémonie des relevailles.
Si les jumeaux se mariaient, jamais sans l'autre, un répertoire
spécifique leur était joué pour l'occasion. Dans le cas de
mariage d'une femme jumelle, l'époux devait passer la nuit de noces, en
compagnie de sa femme, avec sa soeur jumelle pour éviter que cette
dernière ne manifeste la jalousie et « envoûte » la
mariée.
7.1.3. Le deuil, les funérailles
Qu'est-ce que les funérailles peuvent bien signifier
chez les Bakongo210?
Tout décès d'un membre du clan ou de la famille
est loin d'être un moment de réjouissance. Bien au contraire, tout
le monde est affligé. L'annonce d'un tel évènement, qui
sonne la désolation, se fait au moyen des instruments de musique.
Ceux-ci sont utilisés tout le temps que durent les funérailles.
Comme la voix humaine, les roulements de tambours, sont
209 «La femme en attente d'accouchement
est conduite au bord d'une source d'eau que l'on a repérée
d'avance car la source est prétendue être le refuge du dieu des
eaux, génie des jumeaux qui doit lui-même conduire ses esprits
incarnés auprès des hommes. (...), écrivent Ngoma-Massala
& Arnaud Mafoumbou Moody, Ibid., pp.861-862.
210 J. Decapmaker, « Les funérailles chez les
Bakongo », In Equatoria Coquilhatville, 1951, n° 4, vol. 14,
pp.125-132
au moment de la
arvienne p nt à
se chantent ; d'autres tambours
à friction.
utilisés lors des
retraits de
funérailles
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Figure n°50 : Un ensemble
des tambours à friction et tambours
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joués lors
d'une fête de levée de
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C. Duve ique du
monde : musique
Unesco,
Sources : de la mus de
tradition orale, Paris : 2010.
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144
Dans le contexte
actuel, le sy s
cérémonie rituelle
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multi-sémiotiques. Dans le cas
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communication donnent li
- multi-modales
- multi-codiques
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Valeur Sens
Multi-codiques Code culturel
Code symbolique
Dimensions
Concept
Multi- modales - Verbale
- Kinésique
- Proxémique
Paroles, Gestes, Espace
Multi-sémiotiques Signe naturel
Signe de ressemblance Signe par convention
Indice Icône Symbole
Indicateurs
145
A titre illustratif, les funérailles des patriarches
Abraham Matuba à Hamon (Madzia)211, de Nkayi-Mbenza à
Kissengha212 et de Tata Mouanda213 à Soukou-Bouadi
furent édifiantes. La nouvelle concernant ces décès
était vite parvenue chez les habitants des villages environnants au
moyen du tambour à fentes en ces termes en ces termes :
1- « Luiza nsualu ku gata-Tambu Zingidi wélé
» ou
« Mefumu bwala wele »,
Ce qui littéralement veut dire,
- « venez -nombreux le Chef, le Rroi est parti
».
211 R.D. Mabiala-Batamio, op. cit. Abraham Matouba
était un grand Chef coutumier du canton de Hamon (Madzia) mort vers 1800
et père d'une multitude d'enfants et mari de plusieurs épouses.
(15 environs)
212 Adolphine Kidilou, « Funérailles du patriarche
Nkayi-Mbenza à Kissenga en 1950, sources orales n°09
(Nsoukou-Bouadi, le 9 septembre 2009)
213 Achilles Ngoma, « Funérailles du chef de
village de Soukou-Bouadi : Mr Alphonse Mouanda, Soukou-Bouadi le 10/08/1994
» et utilisation des instruments de musique traditionnelle
146
Dès que la nouvelle est donnée, les populations
accourent, souvent à pied, torse nu pour les hommes, les épouses
habillées en blanc, cheveux rasés, les pleurs et les chants
caractérisent cette marche.
Les dépouilles étaient exposées au milieu
du salon de la case ou dans un hangar, local communautaire214,
où tout le monde pouvait les voir et leur rendre un dernier hommage. Les
femmes et les enfants étaient autour du lit mortuaire. Avec honneur,
elles ont été conduites aux sons des tambours et de bien d'autres
instruments de musique traditionnelle. Une fois au cimetière, la danse
traditionnelle, destinée à honorer les morts, entre en
scène. Elle se fait avec des insignes traditionnels qui, depuis les
temps anciens, rappellent l'évolution de la société kongo
à travers ses différentes péripéties. Selon la
coutume kongo, on devait immoler un couple de pigeons ou un couple de boucs.
Pour rendre un hommage et un honneur aux Rois, on immolait
aussi des esclaves. Mais cette pratique est aujourd'hui abolie depuis la mise
en application de la déclaration universelle de droits de l'homme de
1948215.
Le système de communication relevé au cours des
funérailles mettait en présence les acteurs sociaux de la
communication selon le tableau ci-dessous.
214C'est autour de ce hangar que s'organisait la
vie quotidienne, comme le montre ce récit de Kintouari : «les
femmes servaient (la nourriture) & leur mari, et ceux-ci l'amenaient au
mbongi pour la partager avec les camarades, et les femmes mangeaient dans les
cases avec les enfants » et encore un peu plus loin : « chacun
amenait sa part au mbongi et la femme et les enfants restaient avec la leur
dans les cases ». Il s'agissait d'un véritable foyer communautaire,
autour duquel on souhaitait avoir beaucoup d'hommes : « que souhaitez-vous
? » « Beaucoup d'hommes au foyer » (nki lu saka ? Mbongi batu)
(formule rituelle employée lors du mariage), rapportent B. Guillot et A.
Massala, « Histoire du pays Beembé », In Cahier
O.R.S.T.O.M., série Sc. humaines, 1970, vol. VII, n° 3,
p.53.
215 Déclaration universelle des droits de l'homme qui
dans son préambule reconnait la dignité inhérente à
tous les membres de la famille et de leurs droits égaux et
inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice
et de la paix dans le monde. Mais, l'article 3 est évocateur : «
Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à
la sureté de sa personne »,
http://www
.un.org.Declaration universelle (consulté le 4-02-2013)
147
-Nzo a mfumu
Cour royal (lieu de funérailles)
-Mungamba
-Esclave, servant du palais royal
-Mukondzi
Instrument de musique (communication)
Attributs Individus / Objet
-Epouse -Nkaka mwadi (première femme)
-Epouse -Nkaka Ntemina (du deuxième à
l'avant
dernière femme)
-Epouse -Nkaka fuama (la dernière
épouse)
-Progénitures, héritiers - Les enfants
(bala)
-Notables, conseillers. -Les sages (ba mbuta)
-Chrétiens. -Les Choristes
-Propriétaire terrien -La famille Muni-Maziamu
-Frères, cousins etc. -Les hommes du village
Catafalque en rameau -Hangar (dans le texte)
-Lit mortuaire Mbuka mu fwidi
Redevances coutumières - draps, couvertures
Insigne royal -M'pungu
Insigne royal -Mbela mpoko
Danse royale -N'sangu, makinu
Sacrifices -Boucs, Pigeons
ut s'en r e posé d e
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Figure n°51 : Pleurs et
amentati l ons mortuaires
lors des
unéraille f s de M.
Antoine Vi vidila
Sources : Gallérie
personnelle
(Nkayi, janvier 201
2).
marquent musique :
analogique
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ortuaire.
relevé quelques
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De
de liberté
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148
216« En effet, lors des
funérailles de jeunes gens en
particulier, des groupes de jeunes cherchent
régulièrement désormais à
prendre le contrôle des
obsèques pour leur donner un
style contestataire, où le
pouvoir politique se trouve
directement invectivé par le
détournement des paroles de
chansons
149
formes de dénonciation et de revendication politiques
telles qu'elles s'expriment à travers les chansons populaires dans les
funérailles. Il s'agit, généralement d'un mélange,
bien dosé, des chants hostiles à tel ou tel autre chef de parti
politique est souvent exécuté lors des veillées
funèbres. Cette attitude est pointée du
doigt217.
7.2. Dans le cas des rites initiatiques
7.2.1. Les rites initiatiques
Le rite est un ensemble d'actes formalisés, expressifs,
porteurs d'une dimension symbolique. Il est caractérisé par une
configuration spatio-temporelle spécifique, par le recours à une
série d'objets, par des systèmes de comportements et de langages
spécifiques, par des signes emblématiques dont le sens constitue
l'un des biens communs d'un groupe218. Il s'agit des gestes et des
signes à caractère symbolique, utilisés dans la vie
quotidienne et la vie spirituelle, la purification219.
En effet, l'initiation est synonyme d'éducation au sens
large en milieu traditionnel, qui n'a pas pour but de dépersonnaliser
l'individu. La finalité qu'elle poursuit est de former et de renforcer
sa « personnalité », le « kimuntu » suivant
une socialisation authentiquement typique du milieu. Elle (l'initiation) est
une école qui prend en charge l'instruction et l'éducation
(formation de la personnalité) des enfants ou des adolescents qui lui
sont soumis afin de faciliter leur entrée dans l'âge adulte :
c'est un
populaires à des fins de critique politique. Ainsi,
l'article montre comment les funérailles constituent aujourd'hui
potentiellement des espaces de subversion des formes de domination politique
vécues par la population au quotidien », V. Dississa, «
Pouvoir et chansons populaires au Congo-Brazzaville : les funérailles
comme lieu de la dénonciation politique », In
Civilisation : revue internationale d'anthropologie et des sciences
humaines, 2009, vol. LVIII, no 2., pp.81-95.
217 Vincent Dississa, op. cit. p.85.
218 M. Segalen, Rites et rituels contemporains, Paris:
Armand Colin, 2005, p. 127.
219 «L'initiation fait des néophytes de
véritables hommes [...`], l'ensemble de la cérémonie leur
confère les diverses vertus viriles, la bravoure, l'invisibilité,
le droit et le pouvoir de procréer. Elle conduit à une nouvelle
génération d'hommes », R. Gaillois, L'homme et le
sacré, Paris : Ed. Gallimard, 1998, p.141
150
travail de fond, continu, qui construit l'individu suivant
différentes initiations. Nous examinons les rites liés aux
domaines de l'invisible, de la cosmogonie et du mysticisme.
7.2.2. Le mysticisme
A l'origine, le hochet, qui rend à chaque coup un
crépitement sec et bruyant, servait à accompagner les
événements sociaux importants tels que les
cérémonies d'initiation, les devins, pour guérir les
maladies en invoquant les esprits ou en chassant le mauvais sort du corps de
leurs patients.
Aujourd'hui, les hochets ne servent plus qu'à
accompagner et rythmer les chants et les messes. Ce langage
tambouriné220que l'on rencontre aussi chez les
Bijago221 de la Guinée Bissauest comme la voix des
ancêtres : l'emploi des tambours parlants comme moyen de communication
avec le « monde des esprits » est une donnée ethnographique
fréquente. Sa fonction d'intermédiaire avec le monde des morts
est évidente si nous considérons les occasions où il est
utilisé. Au-delà des cérémonies initiatiques
masculines- comme nous le verrons plus loin - il joue un rôle essentiel,
le kumbonki est aussi indispensable dans les cérémonies
relatives à l'interrogation de l'esprit du défunt pour
établir les causes de la mort, dans les rituels qui sont
exécutés un mois à un an après le
décès d'une personne pour marquer la conclusion des rites
funèbres et dans de nombreuses cérémonies de ce genre.
220L. Ibrahim Bordonaro, op, cit.
221 L. Bordonaro, Ibid. L'archipel des Bijagos est
situé au large de la côte de la Guinée-Bissau, à
quelques dizaines de kilomètres de Bissau, la capitale du pays... Bien
que les Bijago possèdent plusieurs caractéristiques communes, ils
ne présentent pas une homogénéité parfaite : d'une
ile à l'autre, on remarque de nombreuses différences
linguistiques et socioculturelles que l'on peut expliquer par les origines
différentes de leurs habitants.
151
Une étude sur le fétichisme
bembé222, par exemple, nous a permis de relever des
similitudes avec les autres peuples où les instruments de musique ne
sont jamais en marge des activités de la vie quotidienne. Ce sont des
véritables rites223.
(...)224.
Le cas de mysticisme peut être assimilé à
des symboles qui intègrent une expérience unique et globale
où entrent à la fois l'expérience positive ou ordinaire
(réalité sensible, nature), et l'expérience mystique
(puissances invisibles, surnaturelles). A titre d'exemple, quand meurt le
dernier homme d'un certain totem, il lègue son titre
(c'est-à-dire les mythes, les chants, les rôles dans les
cérémonies, etc...) à un autre membre de la même
région mystique que lui
7.2.3. La
sorcellerie225
Avant d'analyser la communication sur les données
supranaturelles et partant l'histoire des sorciers, il convient d'expliciter
les termes que nous allons employer. Pour ne pas forger à coup de
simplifications une totalité imaginaire, il faut prendre ici comme fil
conducteur la notion de fétiche que les populations concernées se
donnent pour qualifier les faits décrits comme relevant de la
sorcellerie226 , kundu ou kindoki
pour Alain
222H.Pepper, « Mumpa, cérémonie
fétichiste Bembé », In Musique centrafricaine,
Extrait d'Afrique Équatoriale Française de
l'Encyclopédie Coloniale et Maritime, sd. p.14.
223Prestidigitation, gestes magiques, un air
pédant, une componction grotesque, un attirail d'oripeaux et d'images
grossièrement taillées, des bariolages bizarres tracés sur
le visage et sur le corps, une couronne de plumes perchée sur la
tête, les instruments bruyants qu'ils secouent à l'instar de
castagnettes, de sistres ou de crotales ; l'idée préconçue
qu'a le vulgaire de leur connaissance de choses étranges ; la croyance
à leur pouvoir de déchaîner les pires maux par un geste,
par un simple coup d'oeil ; la connaissance qu'on leur prête des herbes
et des bêtes ; leur disparition fréquente en des retraites
cachées, où ils sont censés se livrer à des
opérations magiques et lier commerce avec les puissances surnaturelles :
voilà bien les procédés de la sorcellerie de tous les
temps, voilà ce qui prête aux nganga l'autorité, la
réputation, une auréole assez solide pour que l'insuccès
même ne puisse la dédorer, G. Vassal cité par Fl.
Bernault, Ibid., p.757.
224 R. Piddington, Totemic system of the Karaddjeri
tirbe, Oceania, II, 1932, p.376
225 P. Yengo, « Le monde à l'envers Enfance et
kindoki ou les ruses de la raison sorcière dans le bassin du Congo
», In Cahiers d'études africaines, n°189-190, 2008,
pp.299-301.
226 Frank Hagenbucher-Sacripanti, Les fondements spirituel
du pouvoir au Royaume Loango : République Populaire du Congo,
Paris, Orstom, 1973, p.13, p.31. (Mémoires Orstom, n° 67). La
152
Kinzila227 et Marcel
Soret228, nkisi229, suivant le sens
qu'il a reçu dans son acception en français. Il s'agit là
d'une notion quasiment ontologique, mais aussi celle d'un vécu
quotidien, situé au départ et à l'arrivée des
pratiques lignagères qui mêlent inextricablement la fascination et
la répulsion.
Ces termes (sorcellerie et fétiche), que les
populations concernées emploient pour éviter les confusions
sémantiques, peuvent induire les termes génériques
français de sorcellerie et de fétiche. Ces termes trouvent leur
occurrence lors d'un évènement malheureux : le kindoki
dont l'organe de sorcellerie, le kundu, peut s'activer
involontairement mais, pas toujours, nécessitant bien souvent la
médiation du nkisi, l'objet-fétiche, dont la
manipulation par un spécialiste, le féticheur, permet d'activer
la puissance.
En parlant du fétiche F.
Hagnebucher-Sacripanti230, écrit qu'il est temporellement
séparé des vivants par la chaîne des ancêtres
(esprits des morts) de toutes les générations
écoulées depuis la fondation du clan ou son installation sur la
terre qu'il occupe. Propriété exclusive du clan, la
définition du Nkisi introduit la dimension <<
magique » de la conquête, de l'affermissement du pouvoir, rejoint la
notion de fécondité physiologique et économique,
individuelle et collective dont il est avec le Nkisi si le meilleur garant,
dispensateur parcimonieux ou généreux qui s'offre aux
déterminations de l'homme, c'est-à-dire du ngüga (devin)
instruit dans la maîtrise des forces de la nature.
L'énumération et la comparaison des points communs et
spécifiques du Nkisi et du Nkisi si permettent de différencier
ces deux concepts sans toutefois résoudre le problème du «
Nkisiisme » évoqué par le Révérend Père
Dennett.
227 Le kundu et le kindok, écrit
Alain Kounzila, sont des phénomènes très
prégnants chez les peuples d'Afrique centrale, notamment chez les Kongo,
sujet de cette étude. C'est avant tout des ondes. Partant de cette
hypothèse, Alain Kounzila. La cherche dans son ouvrage à
représenter scientifiquement (mathématique et physique) des
phénomènes objet de son étude, notamment les ondes
maléfiques, In Initiation aux Espaces Kundu, Paris, Ed. ICES,
sd.
228 M.Soret : Le Kundu c'est l'art de faire le mal.
Il est matérialisé par un animalcule dans le corps du ndoki, de
celui qui a le mauvais oeil., In Les Kongo nord occidentaux, Paris, PUF,
1959, p.105
229 Le concept nkisi a largement été
développé par Steve-Régis Kovo Nsondé dans un
article intitulé « Evolution de la percpetion de la notion de nkisi
: sainté, fétichisme, magie ou sacralité » ,
tiré des notes de recherches, De l'évolution de la
représentation des figures de l'autorité politique et religieuse
chez les populations koongo à Kongo, Loango, Ngoyo et Kakongo (XVIIe
-XXe siècles) : note de recherche, Musée du quai Branly,
2014, pp.107-115.
230 Frank Hagenbucher-Sacripanti, Les fondements spirituel
du pouvoir au Royaume Loango : République Populaire du Congo, op.,
cit., p.35.
153
sorcellerie dépend de l'importance et du rôle
politico-religieux qu'il joue dans la société. L'ancêtre du
clan, honoré au cours de cérémonies publiques, constitue
la justification religieuse de la distribution du pouvoir et de la bipartition
de la société entre les princes et les détenteurs de la
terre.
Ainsi, ceux qui s'adonnent à cette science, les
sorciers, peuvent être compris comme étant:
« (...) des gens qui ont quatre yeux. Les deux
premiers sont pareils à ceux de tout le monde. Les deux autres sont des
yeux qui voient plus que le commun des gens. Les sorciers en font usage la nuit
comme le jour. Celui qui a ces yeux peut se transformer en léopard, en
crocodile, en éléphant, en sanglier, en oiseau. Il peut aussi
s'introduire dans une personne et lui faire commettre de mauvaises actions
231 »
Selon Spencer et Gillen, ces « surhommes » avaient
acquis leurs pouvoirs des parents biologiques. Tout d'abord, ne devient pas
médicine-man qui veut. Le candidat est généralement
désigné par des prédispositions présumées
héréditaires s'il doit succéder à son père,
le plus souvent révélées par des troubles nerveux. Il
passe par une série d'épreuves réparties sur un long
espace de temps. Dès le début, le novice est transporté
dans le monde des puissances invisibles. Il se rend à l'entrée de
la caverne habitée par les « esprits, les génies »,
pour s'offrir aux coups mortels d'un de ces esprits. Celui-ci lui vide le
corps, devenu insensible. Il en retire les organes pour en introduire de
nouveaux.
231L. Lévy-Bruhl, ibid., p.21.
154
Quand le novice revient à lui, il a été
dépouillé du vieil homme, au sens littéral du mot. Il n'a,
cependant, pas perdu la conscience de sa personnalité, ni la
mémoire de sa vie passée. Mais, il ne les retrouve pas tout de
suite. Pendant les premiers jours, il demeure plus que bizarre, presque
aliéné. Ses façons d'agir sont étranges. Il a l'air
de quelqu'un qui serait tombé ici-bas venant d'un autre monde. Un peu
plus tard, quand il aura repris sa place parmi les membres de la tribu, qu'il
vivra de nouveau avec eux et comme eux (car sa qualité n'empêche
pas que sa condition ne reste la leur), il subsistera cependant toujours une
différence.
7.2.4. Les rites des jumeaux
Il existe des rites pour célébrer la naissance
des jumeaux, pour les soigner (quand ils sont malades), pour leur mort, pour
leurs funérailles232et pour la levée du
deuil233. Ainsi, C. Plancke souligne que les chants et les danses,
qui font partie intégrante de ces rites, ne peuvent pas se concevoir
sans instruments de musique234.
Une naissance gémellaire était, parfois,
accueillie comme un heureux événement, parfois non,
Lévy-Bruhl décrit ces moments235. Les
232 « Les funérailles de jumeaux présentent
aussi des particularités. Il est interdit de déclarer ouvertement
qu'un jumeau est mort. Il faut dire qu'« il est allé couper des
noix » ou qu'« elle est allée chercher de l'eau », afin
que le jumeau survivant ne soupçonne rien et ne soit pas tenté de
suivre le défunt. Pour la même raison, l'assistance ne peut pas
pleurer et est tenue de chanter et de danser sans arrêt, le visage peint
de points rouges et blancs. Une gardienne de jumeaux verse du vin de palme
autour du jumeau défunt et lui souffle de temps à autre le
médicament des jumeaux. C'est en courant à toute vitesse et en
versant des seaux d'eau le long de la route que le défunt est
emmené à sa tombe. Celle-ci se trouve au cimetière des
jumeaux situé à un carrefour. Autrefois les jumeaux
n'étaient pas enterrés dans un cercueil mais uniquement
enveloppés dans des pagnes. Actuellement les Punu fabriquent pour eux
des cercueils en planches légères. Au moment d'introduire le
défunt dans la fosse, il faut faire particulièrement attention
afin que rien n'y tombe, car les jumeaux n'aiment pas la saleté. Du vin
de palme est ensuite aspergé dans la fosse (...), C. Plancke, «
Rites, chants et danses de jumeaux chez les Punu du Congo-Brazzaville »,
In Journal des Africanistes, Vol. 79, n°1, 2009, p186.
233A. Tsiakaka et Pierre Erny, Fêter les
jumeaux : les berceuses KÌ òongo. Paris :
L'Harmattan, 2005.
234 « (...) Rendre un culte par des chants et des danses.
Les danseuses frappent toutes en même temps rythmiquement le sol, en
progressant dans le cercle. (...)», C PLancker, Ibid., pp.192-193.
235 Dès que la nouvelle du décès des
jumeaux se répand qu'une mère vient de mettre au monde des
jumeaux, tout le village est considéré comme souillé; les
feux des foyers s'éteignent ; les cendres sont jetées à
l'ouest dans une fosse, etc. Une cérémonie spéciale de la
part des parents des jumeaux doit être
155
jumeaux sont une source de joie et, deviennent des sujets de
respect et d'adoration. Leurs parents sont félicités,
fêtés, honorés. On ne saurait leur témoigner trop de
reconnaissance pour la bénédiction qu'on leur doit.
7.3. Dans le cadre de la vie quotidienne (oratoire :
contes, proverbes, chants, danse, jeux, folklore, couleurs, nombres,
différences sociales...)
Si l'histoire de la musique africaine suit étroitement
l'histoire globale de l'Afrique depuis la rencontre définitive avec les
Européens (esclave, colonisation, décolonisation236),
la musique des Kongo n'est pas en reste.
C'est ainsi qu'une étroite relation entre la musique,
la danse, la parole et finalement la vie sociale rend souvent difficile
l'établissement d'une distinction stricte entre la musique profane et la
musique sacrée. Car, dans le domaine musical, comme partout ailleurs,
les colons ont déployé les mêmes armes implacables pour la
conquête de l'Afrique : à savoir l'église chrétienne
et l'armée, la bible et le fusil de chasse.
Il existe, cependant, des genres musicaux qui appartiennent
plus précisément au domaine sacré (musiques rituelles,
musiques d'initiation) que d'autres (berceuses, complaintes), même si
ceux-ci s'y rattachent aussi d'une certaine manière et, les instruments
de musique jouent un rôle important.
faite pour purifier le village. Vouloir enfreindre une telle
loi du tabou, ce serait encourir les plus graves malheurs,
L.Lévy-Bruhl, L'Expérience mythique et les symboles chez
les Primitifs, Paris : Librairie Félix Alcan, 1928, p.51., (Coll.
Travaux de l'année sociologique)
236 M. Garba, « Divergences et convergences des musiques
traditionnelles et modernes dans la culture nigérienne », Ibid.,
p.164.
156
7.3.1. Les chants et les danses
On rencontre, chez les Kongo, des types de musique,
relativement détachés du sacré et semblables au genre
(chant de travail, musique de divertissement, berceuses, complaintes) et
parfois même une structure musicale (la rythmique et les tournures
mélodiques des chants d'enfants) qui se retrouve un peu partout dans le
monde. Certaines musiques sont jouées dans la solitude pour endormir un
enfant, pour exprimer la mélancolie ou tout simplement pour se
divertir.
La musique et la danse sont souvent associées au point
que l'une ne peut pas exister sans l'autre, tel ce divertissement des femmes
qui chantent en s'accompagnant elles-mêmes d'une suite rythmique
composée à partir d'un ensemble de percussions, d'entrechocs et
de résonances exclusivement corporels, obtenus au cours d'une sorte de
danse des mains jointes, doigts écartés.
La danse est exécutée en position assise dans un
mouvement vertical de va-et-vient ; les deux mains jointes viennent percuter
sur la tranche supérieure, tantôt contre le menton, tantôt
contre le front. Au cours de cette danse, les doigts s'entrechoquent à
chaque percussion contre le genou, le menton ou le front. Tandis qu'une seule
femme chante véritablement, le jeu rythmique est obtenu au total par la
combinaison de la danse des deux mains jointes et de claquements de langue. Le
choc des mains jointes contre le menton provoque le vibrato de la voix. Il est
impossible de citer les multiples occasions au cours desquelles la musique
naît de ces danses embryonnaires que sont les gestes
répétés du travailleur ou de ces femmes qui, par exemple,
pilent le paddy ou les feuilles de manioc (saka saka) à
plusieurs autour d'un même mortier en faisant danser les pilons qui
percutent les uns après les autres en un rythme organisé. L'usage
de ces instruments est manifeste au cours de bien d'autres
157
circonstances. Ainsi, chez les Vili, par exemple, lors des
calamités sanitaires ou économiques, après des
épidémies, des pêches et des récoltes
désastreuses, la tchinkhagi Tchibakisi, danse de circonstance
est effectuée devant les bibila des principaux clans de la
région affectée.
7.3.2 La musique sacrée
La musique rituelle représente un domaine
élaboré, strictement organisé, un des plus riches de
l'ensemble des manifestations musicales. L'initiation des garçons ou des
filles donne lieu à d'importantes manifestations musicales
représentant souvent les aspects les plus remarquables, les plus
élaborés et les plus fidèlement transmis du
répertoire musical de chaque société africaine. La musique
accompagne le Musuundi depuis la nuit des temps. Elle est comme une
aide dans l'expression de la joie, de la tristesse, de la solennité et
de toutes sortes de sentiments. En ce qui concerne le sujet de cette
étude, nous nous focaliserons sur les instruments de musique dans
l'église, tout en gardant à l'esprit cet aspect universel de
l'expression musicale. Vraisemblablement le chant est toujours
accompagné d'instruments de musique237 .
La naissance des jumeaux est accompagnée par des
musiques spécifiques : musique sacrée. Aussi, lors des
funérailles, de nombreuses manifestations musicales et
chorégraphiques ont lieu. Lors des fêtes villageoises (en chantant
et en dansant), leurs chants, appris et mis au
237Dans les saintes écritures, les
instruments se décomposent en trois catégories:
Les instruments à cordes: la Harpe, le
psaltérion, (Psaumes 149.3)... (i) les instruments à vent: les
Chalumeaux, Cornemuses, Cors, Flûte (1 Chronique 15.20-21, 1 Rois 1.40).
Toutefois, la Bible ne mentionne pas l'utilisation de la flûte dans le
Temple, même si elle était utilisée pour la musique
sacrée (1 Samuel 10.5), cortège religieux (Esaïe 30.29). ;
(ii) les instruments à percussion: tambourins (Psaumes 81.2), les
Cymbales (1 Chronique 15.19) et (iii) cf Le nouveau dictionnaire Biblique
Emaüs dit "En principe, le chant était toujours
accompagné d'instruments" .2 Chroniques 5.12)
158
point lors des veillées, sont accompagnés par
d'énormes tambours ou des tamtams portatifs : musique sacrée.
Les récoltes, les semailles, la pêche et la
chasse sont des occasions musicales importantes. La musique semble alors jouer
un rôle de médiateur entre les hommes et les dieux ; elle
détient le pouvoir d'attirer les premières pluies, de conjurer le
mauvais sort, d'introniser un chef, de transformer les enfants en hommes
adultes : musique sacrée.
En somme, dans leurs rituels, les anciens utilisaient la
musique pour hypnotiser les adorateurs afin qu'ils soient des canaux ouverts
aux « esprits des morts ». Le tambour devenait l'oreille des dieux,
martelant ses rythmes répétitifs et hypnotiques dans l'être
intérieur des masses en adoration. Les prêtres et les magiciens
étaient aussi, pour la plupart, des musiciens. Ils utilisaient leurs
connaissances musicales inspirées de Satan pour jeter un sort aux sujets
soumis à sa majesté. L'emploi de la musique durant les
cérémonies sacrées et les rituels chamaniques date des
temps les plus reculés. Il a récemment été
vérifié que le son peut être utilisé pour affecter
et changer les ondes cérébrales. Les changements de ces
fréquences créent des changements dans la conscience, permettant
de provoquer des états mystiques... La relation entre la sagesse occulte
et le son peut sembler, à première vue, quasi inexistante.
Pourtant, dans les anciennes écoles mystiques d'Egypte, de Rome, de
Grèce, du Tibet, d'Inde et d'autres centres d'apprentissage, la
connaissance du son était une science très raffinée (...),
écrit J. Godman 238 .
238Jonathan Goldman, Les sons
guérisseurs, Le pouvoir des harmoniques, p. 11, cité par
Brian S. Neumann, Le son de la musique : au coeur de la controverse,
Paris ; 2d. Brian S. Neumann, 2006, p.32.
159
7.3.3. La musique professionnelle
La plupart des musiques dont il a été question
sont l'apanage des chasseurs, cultivateurs, initiés, enfants, etc.- pour
qui la musique ne constitue pas l'activité principale. Il ne faudrait
pas croire pour autant que ces musiques ne nécessitent qu'un
apprentissage sommaire: s'il est vrai que les enfants apprennent à
chanter en écoutant faire les autres, les jeunes hommes en cours
d'initiation se sont entraînés pendant des mois à apprendre
chants et danses ; certains d'entre eux parmi les plus doués, peuvent
être admis à tenir les rôles de solistes ou
d'instrumentistes. Dans la société des adultes, il en va de
même: n'est pas chanteur principal ou tambourinaire qui le veut.
L'appartenance à telle ou telle famille peut être exigée
pour jouer certains instruments sacrés. Nous reconnaissons, chez les
Suundi, des qualités musicales de tel ou tel dont la voix ou la
virtuosité instrumentale sont jugées particulièrement
remarquables. La musique, comme la langue, la religion, l'organisation sociale,
représente une des bases importantes de toute société
traditionnelle. Exceptionnellement isolée de tout contexte religieux et
social, elle s'intègre admirablement aux divers aspects de la vie
traditionnelle.
7.4. Dans les cas d'autres occasions
7.4.1. Dans les cas des conflits armés ou
guerres inter claniques
« La musique adoucit les moeurs », dit-on ; ce qui
n'empêche pas que les Kongo possèdent des instruments de musique,
pour aller en guerre. Ce qui n'a rien d'adoucissant.
L'orientation de l'utilisation des instruments de musique
traditionnels, dans le domaine militaire ou des luttes, est donnée par
G.
160
Balandier. Les instruments de musique peuvent être mis
au service d'un « bataillon militaire ou d'une troupe239
».
C'est dans cette optique que le Père de Modène
relève l'utilisation militaire de grandes pirogues lors des conflits
entre les chefs établis dans les îles annonce des « sortes de
guerres civiles240 ». Celles-ci sont la résultante non
seulement des rivalités pour le pouvoir mais aussi des
compétitions économiques, intenses en région où le
trafic négrier trouve son aboutissement et où sont établis
les centres d'échange avec les trafiquants européens. Au Kongo,
ajoute l'auteur, naquit la violence ; tout au long des règnes
successifs, le pouvoir s'y toujours conquit ; la force y restera une valeur
cardinale et les premiers « miracles », rapportés au Dieu
chrétien et à ses saints, s'accomplirent sur les champs de
bataille. Vita ntu, ku mabundu ko, la guerre est l'affaire du chef,
non des sujets241« miracle prend le dessous sur la paix qui
caractérisait les Kongo. C'est alors que les tambours symboles du
royaume et du pouvoir, garants de vigueur et de fécondité,
supports de la vie même des rois et des chefs politiques, livrent aussi
la « parole » de la guerre. Mieux que d'autres chroniqueurs, Laurent
de Lucques l'avait observé : « Il y a ici beaucoup de tambours
grands et petits, qu'on fait résonner aux festivités, en temps de
guerre et en d'autres occasions (...)242 »
239« Les chefs de guerre stimulent l'ardeur des soldats
et transmettent leurs ordres à l'aide des signaux sonores. Ce code
requiert l'emploi de trois sortes d'instruments, d'émetteurs : le
tambour (ngoma), taillé dans le tronc d'un ricinodendron africanun,
à peau unique battue au moyen des petits maillets d'ivoire, la cloche
sans battants nommée ngongé, frappée à l'aide des
verges de bois; enfin la trompe en ivoire (mpûngi) qui, d'après
Pigafetta, donne une musique martiale, pleine d'harmonie, allègre (...
)»,G. Balandier, La vie quotidienne au Royaume de Kongo : du
XVIème au XVIIIème siècle,
Paris : Hachette, 1965, p.118.
240 Le Père de Modène, cité par G.
Balandier, op., cit, p.171.
241 G. Balandier, Ibid, p.112.
242 Laurent Lucques, cité par G. Balandier, op., cit.,
p.112.
161
L'usage de ces mêmes instruments à des fins de
guerre a été également mentionné par A.M.
Gochet243. Pour déclencher des hostilités ou pour les
arrêter, les tambours se firent entendre244. Pour l'auteur,
les tambours peuvent à la fois déclencher les hostilités,
commander la réédition, l'arrêt des combats. La «
guerre » et « la paix » seraient-elles « commandées
» par les sons de tambours ? :
« (...) Les tambours de guerre cessèrent de
résonner ; les discours furent échangés ; le soir
même, l'expédition était autorisée à
s'établir près des villages ; le lendemain (...) les chefs
acceptaient les présents de l'homme blanc ; le surlendemain, la paix
était faite»245.
Quoi qu'il en soit, les tambours, les idiophones, comme le
signale G. Balandier246, s'invitaient dans les guerres dont E.
Mayoulou en présente les règles dans l'espace culturel
kongo247. L'explorateur Antonio Pigafetta, qui avait accordé
une attention à l'organisation militaire et aux techniques de combats
des Bakongo, avait relevé l'usage des tambours utilisés dans des
circonstances décrites ci-dessous:
243A. M. Gochet, Les congolais, leurs moeurs et
usages : histoire, géographie et ethnographie de l'État
indépendant du Congo Les congolais, leurs moeurs et usages : histoire,
géographie et ethnographie de l'État indépendant du
Congo, Ibid., pp. 92-93.Il rapporte de quelle manière les
autochtones étaienthostiles à l'installation de Stanley sur la
rive gauche en face de ces mêmes villages qui avaient lancés
contre lui un nombre si considérable de canots de guerre.
244(...) La rive opposée s'anima ; comme
autrefois les grands tambours firent entendre leurs appels belliqueux et les
bords de la rivière se garnirent d'indigènes en armes. Mais deux
canots seulement s'avancèrent en reconnaissances jusqu'à une
certaine distance de la rive, où Stanley avait établi son camp
provisoire et où tout son monde, bien en vue, demeurait immobile et
fumant.
245 A.M Gochet, Ibid, p.93.
246 G. Balandier, op.,cit. p.109.
247 E. Mayoulou : Quelques fussent les enjeux de la guerre, on
prenait garde à ce qu'il n'eût point trop de sang versé ni
trop de morts, aucune bataille ne devait avoir lieu hors de l'espace
réservé au combat de combat ; l'affrontement n'avait lieu que
lorsque les deux camps étaient prêts. Il était interdit
d'attaquer l'ennemi par surprise. Le combat doit-être royal. Le souci de
rester humain est tel que les combattants doivent veiller à verser le
minimum de sang possible. La partie qui violait ces règlements (kikondo
: singulier en Kibembé et Kikengué (...), L'histoire des
forces armées dans l'espace culturel koongo : des origines à la
colonisation, Op., cit., pp.87-89.
162
«(...) L'ordre de bataille des Mocicongo [Esi-Kongo]
et des gens de l'Angola est à peu près le même. En effet,
ils ne combattent qu'à pied, ils divisent leur armée en plusieurs
corps, s'adaptent au terrain et brandissent leurs enseignes .Les mouvements du
combat sont réglés par divers signaux sonores. C'est le
général qui, marchant au milieu de son armée, donne le
signal des mouvements qu'il veut exécuter : engager le combat, se
retirer, avancer, tourner à droite ou à gauche ou faire n'importe
quelle autre manoeuvre. Les ordres du général sont transmis au
moyen de sons convenus et nettement fixés, comme le fait chez nous
diverses batteries de tambour et sonnerie de
trompes248»
Les guerres se déroulaient, par moment, sous forme
d'épreuves divinatoires ou de test par petits combats et, finalement, se
terminaient dès qu'une ou deux personnes avaient trouvé la mort,
ils s'arrêtaient et sonnaient la cloche, ngongi, pour que les
chefs négocient la paix ou la trève, en disant « Posez vos
armes ! ». Tout le monde, retourne au village. Lorsqu'ils étaient
prêts, ils frappaient le grand tambour à fente, nkoko;
les musiciens sonnaient le ngongi à chaque entrée, et la
guerre était terminée249.
7.4.2. Louanges, exaltation, religion et croyances
locales
Les instruments de musique sont d'une importance capitale au
point où rythmer la vie au quotidien devient leur champ de
prédilection.
248 Pigaffeta, cité par G. Balandier, Ibid.,
pp.116-117.
249 (...). Les responsables des morts
assumaient leurs responsabilités (...) et payaient le vainqueur en
« cents » (mafunda, morceaux de tissus ou équivalents) et en
esclaves ; si deux hommes étaient morts, (...), Source orale n°9
Mato David, (né vers 1933 au village Manzakala : entretien sur le
contexte d'utilisation du ngongi dans le département du Pool,
(Kinkala, le 27 avril 2009)
163
L'usage de ces instruments débuta, selon certaines
études250, bien avant le
XVIIIèmesiècle, avec les premiers prêtres
missionnaires qui débarquèrent en Afrique Centrale et Australe
pour commencer l'évangélisation. C'est ainsi que la fondation des
missions catholiques de Loango251, de Linzolo252et de
Mfoa en 1887 (berceau de Brazzaville253) justifie amplement «
l'introduction » de ces instruments dans la formation spirituelle de
l'homme, la civilisation et la formation du chrétien. Ces instruments
traditionnels trouvèrent une place de choix dans l'expression musicale
des assemblées ou les églises chrétiennes254
couramment appelées « scholas populaires» ou groupe des
chantres, kilombo255. En dépit de quelques moments
de réticence, il le confirme en disant :
« (...) L'Église était encore
réticente, au temps des premières «scholas populaires»,
à l'introduction de certains éléments traditionnels.
Ainsi, les rythmes et les instruments trouvaient plus facilement leur place
dans l'Église catholique que les modes et lignes mélodiques
traditionnels ; phénomène déjà observé
à travers les cantiques populaires 256 »
C'est dire que les instruments à percussion les plus
utilisés par les Kilombos sont essentiellement composés de:
cloche double ngongi,
250O.Marck, L'évolution de la
pensée missionnaire en Afrique centrale au XXe siècle, au travers
de la musique liturgique : cas des deux Congo, Mémoire de Master 2
« Sciences humaines et sociales » Mention : Histoire et Histoire de
l'Art Spécialité : Histoire de l'art et Musicologie,
Université de Grenoble, 2012, p.10.
251 H. Pepper, A la recherche des traditions musicales en pays
vili, Paris, Office de la recherche scientifique d'outer mer, 1950, 6 p.
252C. Kinata, « La christianisation en Afrique
équatoriale française » In Ann. Univ. M. Ngouabi, 2008 ;
p.4
253 R. Witwicki SM, Marie et
l'évangélisation du Congo t.1 : chronique de l'ère des
missionnaires : 1594-1952 : Marie telle qu'ils l'ont fait connaître au
Congo, Brazzaville : Centre Chaminade, 1995, p.69.
254 R. Bouesso Samba, La polyphonie du peuple Kongo dans
la musique religieuse : cas des églises chrétiennes de
Brazzaville, Brazzaville : Institut de la Jeunesse et de Sport, 2006,
p.3.
255 O. Marck, Ibid., p.131. 256Ibid., p.141.
164
hochet en boule, tambour à friction nkwiti,
tambour membranophone de forme similaire mais utilisé par frappement, et
une percussion idiophone constituée d'un morceau de bois rectangulaire
frappé.
Au début de notre ère, jusqu'à une
époque récente, la cloche257 avait été
un instrument privilégié de musique et de «communication de
masse258 qui a inspiré plus d'un auteur259.
Le tintement de la cloche est associé aux joies et aux
deuils de la famille : trois fois le jour, il invite à prier la Sainte
Marie au souvenir du mystère de l'incarnation; chaque dimanche et dans
les grandes solennités, il convoque les fidèles dans le temple et
au pied des autels, des dangers qui les menacent, des calamités qui
sévissent et il élève les âmes jusqu'au pied du
trône de Dieu pour en faire descendre secours et protection. Comme le
symbolisme a des rapports très étroits avec l'usage religieux des
cloches et la manière dont l'Eglise les bénit. La cloche,
ngunga, était utilisée aussi pour annoncer
l'arrivée de l'étranger, un hôte à l'entrée
des maisons. Son usage s'est trouvé étendu avec les missionnaires
venus évangéliser les peuples «
barbares260».
257DOM Jules Baudot, Les cloches :
[étude historique, liturgique et symbolique], Paris, Librairie St
Cloud, 1913, p.10. Une étude sur les clochettes et les cloches est avant
tout une étude religieuse. Sans doute, on pourrait sur ce sujet trouver
matière à des considérations d'ordre scientifique et
artistique dans lesquelles on suivrait pas à pas les progrès
réalisés pour la fonte des métaux, la combinaison des
alliages, la forme donnée aux instruments en vue d'obtenir la perfection
dans la solidité, la sonorité, l'harmonie, on pourrait même
rechercher les procédés qui ont permis de mettre en branle des
nasses énormes avec la moindre dépense possible de forces
physiques, mais il faut toujours en revenir à cette constatation que ces
inventions du génie humain ont été
réalisées, donnée, aux instruments en vue d'obtenir la
perfection dans la solidité, la sonorité, l'harmonie ; on
pourrait même rechercher les procédés qui sont à
travers les siècles comme un moyen d'inviter les hommes à la
louange du Seigneur, à la prière, à la manifestation d'une
joie ou d'une tristesse qui élève l'âme vers Dieu ou du
moins rapproche l'âme de Dieu.(sic)
258 E. Sutter, ibid., p.3.
259 J. Corblet, « Notice historique et liturgique des
cloches », In Revue d'Arts Chrétiens, 1858.
Farmier, « Notice historique sur les cloches, suivi des
prières et cérémonies de bénédiction »,
Robecourt, 1883.
260 L'évangélisation, acte et processus de
communication. Il y a lieu de reconnaître que dans sa pastorale l'Eglise
catholique privilégie habituellement les moyens traditionnels. Elle fait
particulièrement usage des chants, de la danse, du tambour, des
proverbes, des mimes. Ces moyens sont abondamment employés dans la
prédication et lors des célébrations liturgiques (...),
écrit M.Philippart, « la communication : une priorité pour
le synode africain », In Information bulletin Cameco, n°4,
1993, 4 p.
165
7.4.3. Réunions, visites
officielles
En pays kongo, de manière générale, le
chef de village est le détenteur exclusif de l'instrument convenu au
sein de la communauté. Il est utilisé pour convoquer les hommes
au Conseil, aux palabres. A titre d'exemple, tout départ à une
partie de chasse collective, tout rassemblement, est toujours
précédé d'un ou de plusieurs sons de cloches ou de coups
de tambour à fente. Les visites officielles obéissent, aussi, au
même protocole : celui du roulement des instruments de musique.
D'après l'histoire sociopolitique du Congo, dans
certains villages, de nombreuses personnes qui n'avaient jamais voulu ni payer
l'impôt sur le revenu (époque des « trois francs» :
mfalanga tatu », ni se faire
recenser pour travailler dans l'administration coloniale
(les Matsouanistes261) ou ni contribuer à l'effort de
développement économique, telle que la construction du Chemin de
Fer Congo-Océan (C.F.C.O.), ces personnes là suivaient de
près le mouvement des agents recenseurs ou des percepteurs
d'impôts au moyen des tambours Elles savaient à peu près le
jour où ceux-ci arriveraient, et prenaient la fuite et se cachaient dans
la brousse jusqu'à ce que les envoyés de l'Etat,
découragés, retournent en ville.
L'arrivée de l'étranger était
annoncée au moyen du tambour. L'étranger qu'on savait pacifique
était attendu avec honneur et allégresse ; tandis que le «
méchant », le « trouble-fête » comme
l'administrateur colonial, le mbulu mbulu, trouvait le village vide,
désert et abandonné par ses habitants. Aussi, quand un chef de
clan ou de village décide, pour une raison ou une autre, d'aller rendre
visite à un collègue, chef de clan voisin,
261Matsouanistes : Adeptes et fidèles
à la pensée philosophique et religieuse du résistant
André Grenard Matsoua (fondateur de l'Amical).
166
ce dernier est averti par le visiteur en utilisant ces
mêmes moyens de communication. C'est dire qu'avant l'arrivée de
l'homme blanc262, le guetteur disposait, par ailleurs, d'une cloche
qu'il frappait suivant un code conventionnel ou convenu, certainement
en TI et en TAH.
Dans le cadre de la lutte contre les maladies évitables
par la vaccination comme la fièvre jaune, la poliomyélite ou le
choléra et parfois contre les autres pathologies telles que la
trypanosomiase humaine (maladie du sommeil), l'invite des populations à
l'adhésion et à la prise de bonnes décisions263
et la transmission des messages se font au moyen de ces objets sonores. C'est,
généralement, le tambour à fente dont la portée est
plus importante que la cloche et le tam-tam qui était utilisé.
Des espèces des moyens de communication de masse264 dont
l'apport visant le changement de comportements a été
démontré par Maiga Ibrahima Allamir265 et K. E.
Kouamé et J. Niangnehi Sia266. Ce tocsin267 est
demeuré largement utilisé dans les zones rurales jusqu'au milieu
des années 1990 où l'usage de la cloche va être
remplacé par des sirènes, alerte mécanique, à
l'image des unités de productions industrielles268 , des
262Le Mundele, c'est l'homme à la
peau blanche. Il pouvait être un missionnaire, un collectionneur
d'impôt ou un agent de l'ordre colonial. Les autochtones parvenaient
à distinguer de par les parures (accoutrement). C'est à l'aide de
ces parures qu'il était jugé soit bon soit mauvais, soit gentil
ou brutal. Ainsi, « l'habit fait le moine », dit un dicton.
263 OMS, UNICEF, USAID, Communication pour
l'éradication de la poliomyélite et la vaccination
systématique : listes récapitulatives, Genève : OMS,
2002, p.5.
264 Dans cet ouvrage l'auteur précise que la
communication de masse est ce mode particulier de la communication moderne qui
permet au destinateur de la communication (l'individu ou le groupe dont elle
émane) de s'adresser à la fois à un très grand
nombre de destinataires. Bref, il s'attache aux types de fonctionnement social
qui caractérise la communication de masse (....), écrit O.
Burgelin, La communication de masse, Paris, S.G.P.P., 1970, 300 p.,
(Coll. le Point en question).
265Maiga Ibrahima Allamir, Impact des messages de
sensibilisation sur le changement de comportement des jeunes de Goundam face au
danger du sida, Mémoire de fin d'Etudes Mémoire pour
l'obtention du diplôme d'Etudes Supérieurs en Communication,
Dakar, Ministère de l'Education nationale, sd., 76 p. 266K.
E. Kouamé et J. Niangnehi Sia, « Les Formes de Communication
Traditionnelles en Côte d'lvoire et leur Utilisation en Matière
d'Education pour la Santé », In Africa Media Review,
vol.7, n° 2, 1993. 267Le tocsin est une sonnerie
faite avec les cloches publiques pour alerter la population d'un danger tel
qu'un incendie, une invasion, une guerre etc...
268La sirène, cet instrument est largement
utilisé à la société sucrière du Congo
(SUCO) de Nkayi (département de la Bouenza). A des moments bien
précis de la journée pour annoncer, le rassemblement
(précédant le départ des travailleurs aux champs de canne
à sucre), la fin de la journée de travail, etc.... Son
écho est devenu une sorte d'horloge qui régule, au sens large du
terme, toute la vie des habitants de cette localité.
167
écoles modernes pour annoncer le début et la fin
du travail, le début ou la fin des classes pédagogiques.
7.4.4. Révoltes269, revendications
et affirmations identitaires
Les évènements politico- militaires (la
Deuxième guerre mondiale, la défaite de l'armée
française en Indochine à Dien Bien Phu en 1954, la
conférence de Bandoeng en avril 1955, etc.) ont été des
raisons suffisantes pour que les « peuples opprimés »
s'aperçoivent de « l'infaillibilité » du colonisateur.
Certains moyens de communication avaient servi à préparer,
à coordonner et à organiser les résistances. C'est au
moyen des tambours à fentes ou des cloches que les manifestants
étaient invités au rassemblement afin d'opposer la
résistance270. Une résistance, qui selon Robert
Mangoua Fotsing, «(...) consiste à investir les lieux du silence et
en arracher des raisons d'agir et de vivre aujourd'hui271».
Ainsi, sans ces instruments, de nombreux mouvements de résistance
menés par des illustres personnages tel que André Grenard Matsoua
s'inspirèrent en partie des thèses développées par
d'autres pionniers du combat anticolonialiste comme Mabiala Ma
Nganga272, Mouanda-Mbambi,
269Les causes de résistances populaires sont
liées au système d'oppression économique, politique et
culturelle mise en place par les colonisateurs européens. Qu'il s'agisse
du système administratif français en Afrique de l'Ouest, ou du
système des grandes compagnies concessionnaires par les Anglais, les
Allemands et les Français en Afrique centrale, orientale et australe,
les mêmes effets sont partout ressentis par les masses africaines (...)
Dans ce genre de condition, les roulements de tambour sont les plus
utilisés pour inviter les hommes au rassemblement immédiat,
écrit R. Pélissier, « Résistances africaines noires
à la colonisation », In Cahier d'Etudes Africaines, 1980,
vol.20, n°80, pp.509-514. 270Résister c'est riposter aux
attaques d'un adversaire, l'empêcher de gagner du terrain, d'atteindre
nos forces vives et, dans la mesure du possible, de l'affaiblir pour pouvoir
reprendre l'offensive et
l'initiative dans le conflit qui nous oppose à lui.
271R. Mangoua Fotsing, « Gommage et
résistance dans le processus de mythification postcoloniale »,
Présence Francophone: Revue internationale de langue et de
littérature, 2004, n° 62, pp. 56-70.
272 Mabiala Ma Nganga : Décédé le 23
octobre 1896. Féticheur et activiste anticolonialiste, d'ethnie hangala
dans le Pool. Opposé au travail forcé colonial, il organisa une
révolte en 1892 dans les villages de Mindouli et Missafou, en pays
bahangala. Ses actions consistaient principalement en des actes de sabotage des
intérêts coloniaux. Son quartier général
était établi dans une grotte naturelle aménagée, et
gardée secrète. Il y résidait avec une vingtaine de ses
lieutenants. Le capitaine Marchand en place ne pouvant y mettre fin, dû
faire appel à Baratier, alors en Route pour Fachoda. Trahi par un autre
hangala pour un ballot d'étoffes, Mabiala Ma Nganga fut asphyxié
par le capitaine Baratier qui mit le feu à
168
Nkayi-Mbenza, Nzaou-Nkayi, Bouéta-MBongo, Samba
Mundongo, Kongo-Dia-Mukuba, Biza, Mvouaka, Tchimpa-Vita, Abraham Matouba,
Félix Mbiémo, etc... n'auraient certainement, pas connu de
réels succès.
Opposés à l'autorité coloniale, ces chefs
cantons et des villages, dont ils avaient la charge d'administrer, avaient
organisé des mouvements de résistances au moyen des instruments
de musique. La musique s'affirmait, petit à petit, comme un moyen
privilégié de résistance pacifique.
Par ailleurs, l'identité du peuple, mise à mal
par les atrocités et les privations de liberté, trouve dans la
musique la force de se redéfinir et de se réaffirmer. Ce
processus de construction identitaire sera renforcé par
l'intérêt que lui portent certains ethnomusicologues. C'est ainsi
qu'on assiste alors à la réappropriation du savoir scientifique,
la revendication d'une spécificité culturelle, comme chez les
Chopis273 engagés dans la bataille pour l'accession à
l'indépendance. Cet instrument va être très important dans
la transmission des messages entre les individus en quête de
liberté.
« Un captif s'empara de la baguette du tambour de
guerre. Il commença à battre le tam-tam en une succession de
coups forts et saccadés. Le tambour vomit avec rage ses notes d'alarme ;
le vent les emporta et l'écho les répandit partout aux
alentours274»
l'entrée de sa grotte. L'insurgé y mourrut en
compagnie d'une dizaine de ses fidèles qui refusèrent de se
rendre. Sauf le vieux Mabala. Deux de ses lieutenants qui ne se trouvaient pas
dans la grotte lors de l'assassinat, Mayoké et Missitou, purent se
réfugier dans des villages tékés environnants. Mais les
chefs locaux, en apprenant la rédition du vieillard Mabala sans
conséquences, livrèrent Mayoké et Missitou à
l'administrateur Mangin. Ils furent arrêtés et fusillés le
17 novembre 1896. Ce fut la fin de la révolte bahangala et le
bannissement de Mabala comme étant celui qui sans doute avait
livré Mabiala mâ Nganga. Pourtant, les babeembé qui avaient
rejoint Mabiala, poursuivirent la résistance jusqu'en 1911.
273Moira Laffranchini, « Métamorphose identitaire
à travers la musique : le timbila des Chopi du Mozambique
», In Cahiers d'ethnomusicologie, 2007, n°20, pp.133-145.
274Amadou Hampaté BA, Oui, mon
commandant !, (Mémoires - II), Paris, Acte Sud, Babel, 1994.
169
Les arts du spectacle: chansons, contes, danse et
théâtres populaires (marionnettes notamment), n'ont-ils pas
été les fers de lance275 des
« soulèvements contre la domination
étrangère ? ». Dans le milieu professionnel,
l'avènement du multipartisme syndical276 en Afrique deviendra
aussi le « le fer de lance de l'action syndicale et pour négocier
(...) »277. Des travailleurs vont jusqu'à utiliser
utilisent des ustensiles de cuisine comme les casseroles278, des
gobelets pour manifester explicitement une position sociale
inconfortable. Mués en instruments de musique, ces ustensiles servent
à légitimer les protestations, les manifestations et les
revendications des personnes lésées, peut on remarquer.
En République du Congo, les travailleurs
licenciés de certaines entreprises publiques (BCC, ONPT, BIDC etc...) au
début des années 1990, avaient, après multiples
négociations infructueuses, obtenu le paiement de leurs droits de
licenciement grâce aux concerts de casseroles279. Ces artistes
« musiciens improvisés » et «déchainés
» avaient fait courber l'échine de leurs anciens « employeurs
» entre temps tenaces. Des manifestants «occasionnels et
circonstanciels » qui luttent pour recouvrer leurs droits.
275 H.K Ranganath, Un problème toujours actuel :
fonction et dimensions culturelles des médias en Inde, Paris, Unesco,
sd., (Coll. Commission internationale d'études des problèmes
de communication ; n°92)
276 « Le pluralisme syndical qui, dans la plupart des
cas, a suivi le processus de démocratisation en Afrique francophone
trouve sa légitimation dans la convention no 87 qui n'en fait pas une
obligation mais exige qu'il demeure en tout cas possible pour assurer la
démocratie syndicale. Ainsi, dans beaucoup de pays, il a effectivement
permis de libérer les travailleurs du joug de la Centrale nationale
unique affiliée au parti unique au pouvoir », BIT. Pluralisme
syndical et prolifération des syndicats en Afrique francophone,
Genève, BIT, 2010, p. v.
277 BIT, Ibid.
278Violaine Sizaire, « La mémoire
populaire urbaine au Musée de Lubumbashi », In Civilisation :
revue internationale d'anthropologie et des sciences humaines, vol. LIV,
nos 1-2, 2009, pp.209-222.
279 Lorsqu'un peuple a en ras le bol (marre), il trouve
toujours une manière de le manifester. Dans un pays où les actes
de barbaries et d'injustices sociales ne font que se multiplier, les habitants
se lèvent comme une seule personne et décrètent les
concerts de casseroles qui deviennent un « fer de lance » de leurs
revendications sociales ou politiques, etc... (Observations personnelles)
s
Figure n°52 : Des
instruments de musique
(de fortune) utilisé
lors de
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l'ONPT (objet de
révendication
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Sources :
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sérieusement malade, si
n sanitaire, la
communauté était
présente. Le
la danse
170
r etrouver l
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|
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|
171
malade est placé sur un fauteuil suspendu (le
tipoye280) entre deux brancards supportés par deux couples de
porteurs, un à l'avant, un à l'arrière. Une sorte de mode
de transport281 en usage dans certaines localités pour
transporter les notables. Disons qu'en matière des soins de santé
primaires, la localité de Kingoyi (Bas-Congo) disposait d'un
hôpital de référence et, faute de moyens de transport,
seule la force motrice humaine (tipoye) était mise à
contribution. Pour un si long voyage, nécessitant d'importants moyens
matériels techniques et humains, celui-ci devrait être
précédé des coups de gong ou de roulements du tambour pour
appeler les hommes valides au rassemblement et les avertir de l'imminence du
départ. Durant le voyage282 les chants des marcheurs sont
« rythmés » aux sons des instruments (membranophones et
idiophones) comme le kisansi ou la sansa (de petite
taille).
Lors des travaux champêtres, de construction des cases
d'habitation, des parties de pêche, les chants sont tout aussi
rythmés par les instruments de musique. C'est dire que la musique non
institutionnalisée était plus immédiate que la musique
rituelle et, comportait une plus grande liberté. Sa portée
était divertissante, parfois didactique dans le cas du conteur
280 L'existence du tipoye au 20e
siècle est confirmée dans une notice du "Grand Robert de la
langue française". La définition est la suivante :" ... Chaise
à porteurs, souvent constituée par un hamac fixé à
un ou deux bambous, portée par une équipe de deux ou quatre
porteurs. Le tipoye était utilisé à l'époque
coloniale pour le transport des notables ; il sert aujourd'hui (Rwanda) au
transport des blessés ...In NGONGE, Carnets de Sciences Humaines
Bulletin d'information de la Paul Raymaekers Foundation- 6 / 2011, p.31.
Tipoy est emprunté au portugais tipóia, nom féminin,
lui-même repris d'une langue amérindienne du Brésil (le
tupi-guarani). On trouve ce mot à la fin du seizième
siècle, désignant une sorte de filet ou un vêtement
féminin (une pièce d'étoffe) dans lequel les mères
indiennes portent leurs jeunes enfants. Tipoye veut dire »chaise à
porteurs africaine». Entre 1880 et 1920, le transport de marchandises ou
des personnes célèbres s'effectuait à pied par les
caravanes qui reliaient Loango à Brazzaville et mobilisait de nombreux
porteurs. Puis un peu plus tard, principalement dans les villes, le
pousse-pousse prend le relais. Dans la tête des Congolais, le Blanc ne
"sait" pas marcher ! Il est vrai que l'homme citadin venu d'Europe aurait
beaucoup de mal à suivre certains marcheurs africains habitués
à faire des dizaines de kilomètres. (...) Exténuante
tâche pour les porteurs dont la tête et les épaules sont
soumises à rude épreuve, cf. A. Rey, Dictionnaire
alphabétique et analogique de la langue française de Paul
Robert", tome 6, Paris : Ed. Robert, 2001, pp. 1224-1225.
281NGONGE, Carnets de Sciences HumainesIn
Bulletin d'information de la Paul Raymaekers Foundation- 6 / 2011. Bulletin
d'information de la Paul Raymaekers Foundation
282M. Brandily, « Brandily Monique, «
Dire ou chanter? L'exemple du Tibesti (Tchad) », In L'Homme,
2004, vol. 3 n° 171-172, p.3.
172
chantant des légendes historiques. Elle était
présente sous différentes formes : un chant de travail, une
mère berceuse à son enfant, un accompagnement de danse.
Au cours de ces danses, chacun pouvait participer en dansant,
en chantant, en jouant un instrument ou en frappant dans ses mains. La musique
pouvait également être destinée uniquement à celui
qui la pratiquait, pour son propre plaisir et pour celui d'un éventuel
auditoire. Elle était dans ce cas plus intimiste. Les instruments de
musique intervenaient dans les parties de chasse, mbingu. Ce
changement de lieu est fonction des saisons : en saison de pluies, on peut
chasser pratiquement partout ; mais durant la saison sèche, en raison de
la baisse du niveau des cours d'eau, la chasse à lieu surtout au
voisinage des rivières et des points d'eau où le gibier va
s'abreuver.
Au début de la partie de chasse283,
très souvent, on attache sous le ventre du chien un grelot en bois,
dibu, qui permet à son maître de le suivre, car il est
rare qu'un chien garde un gibier mort. Ordinairement, il le dévore. Lors
des parties de chasse collective, les bâtons de bois dur, les sagaies,
les machettes qui permettent aux rabatteurs de se frayer un chemin, mais aussi
d'abattre l'animal si celui-ci revient en arrière sont aussi de
véritables moyens de communication qui établissement la
communication entre les acteurs.
7.4.7. Le palais de justice ou tribunal traditionnel
(mbongi)
Le tribunal ou l'espace de règlement des conflits,
cette sorte d'« école traditionnelle284 », est un
lieu de retrouvailles, un réfectoire, par
283 La chasse proprement dite, mbingu, est à
distinguer du piégeage, lebeka ntambu, se fait seul,
konda, soit avec un chien veta soit en groupe binga,Elle
a lieu aussi bien ne forêt qu'en savane M. Soret, La chasse en pays
Bakongo, [Paris], Office de la recherche scientifique et technique
Outre-mer, 1957, p.2.
284 Ecole traditionnelle : le mbongi, mwandza, le hangar
appluvial couvert d'un toit soutenu par des poteaux. Il s'agit d'une case
communautaire qui ne remplit plus la fonction de vecteur dans le processus
173
excellence, des membres masculins du lignage habitant le
même village, le soir surtout. L'occasion de resserrer leurs liens
fraternels et de consolider les liens de solidarité au sein de la
communauté. Très souvent, les orphelins et les
déshérités du lignage y trouvaient, également,
leurs comptes.
Le mbongi, est un cadre approprié pour assurer la
transmission des connaissances, du savoir traditionnel par le biais des
instituteurs qui ne disposent ni de salles de classes, ni de tableaux noirs :
le mbongi285. Mais, ce sont des sortes d'écoles et
des maîtres typiquement congolais286. L'enseignement des
règles de la vie, la transmission de l'expérience, de la morale
et de l'histoire passe exclusivement par le biais de la parole et dont cet
espace est le « médium ». Il est reconnu grâce à
son âme287: « un feu qui s'allume sans interruption
». Ce haut lieu de communication entre les vivants et les ancêtres,
les Kongo l'utilisent pour transmettre à leur descendance les
connaissances liées à l'organisation et au fonctionnement des
clans. On prépare l'enfant, à mieux gérer la « chose
publique ».
de transmission et de conservation des valeurs culturelles
d'autrefois : courtoisie, respect des biens de la communauté,
l'obéissance, la dévotion et la sincérité sont
aujourd'hui des mots vides de sens. Ces valeurs sont supplantées par
l'égocentrisme, l'indifférence. A l'intérieur du
Mbongi, Mwandza, se trouve un foyer quotidien autour duquel
les familles se réunissent, se réchauffent et vivent ensemble. Au
dehors, on se sépare ; chacun va de son côté : les uns vont
au travail ou à la pêche, les autres aux champs ou à la
promenade. Le mbongi kongo est l'équivalent du Kanza, Obaba ou
Mbale chez les Mbochi de Makoua et Kouyou et Mbochi de Mossaka
(Département de la Cuvette), du mbale chez les Mbochi de Mossaka du
Mwanza chez les Suundi (Départements du Pool, de la Bouenza et
du Niari), du Obamba dans les localités de Mossendjo,
Divenié et Mayoko (Département du Niari), du Olebé chez
les Mbetis (Département de la Cuvette-Ouest, du Ekanda chez les
Bangoulou (Département des Plateaux), du Mbaze chez les Kwele
et du Mohito chez les Mbondzo (Département de la Likouala) et
du Optishio chez les Luba de la RdC.
285 « Est une case située souvent au centre des
villages qui sert de lieu de rencontres des villageois pour partager des repas
et pour raconter des contes et des légendes de la brousse. Il est aussi
le lieu où siège le tribunal traditionnel et, le hangar qui
accueille les étrangers de passage au village », R
Nkounkou, « Qu'est-ce que le mbongi ? » In Liaison,
n°13, juillet 1951, pp.21-22, cité par Philippe Moukoko,
Dictionnaire du Congo-Brazzaville : alphabétique, analytique et
critique avec des annexes et un tableau chronologique, Paris :
L'harmattan, 1999, p.229.
286Ngoma-Ngambou, Initiation dans les
sociétés traditionnelles africaines : le cas kongo,
Kinshasa: Presses de l'Université Nationale du Zaïre, 1981,
p.45.
287G. Menga, Les aventures de Moni -Mambu,
Yaoundé : Clé, 1982, p.19.
174
L'éducation commence dès le bas âge :
parler, manger, marcher, tout cela s'apprend. Avant que le père ne
prenne le relais à l'école traditionnelle, lorsqu'il s'agit d'un
garçon, la mère est presque seule à assurer toutes ces
activités élémentaires.
A l'opposé des filles, l'éducation des
garçons se déroule dans le cercle familial, un abri
constitué de piliers en bois supportant un toit à deux pentes
recouvert de chaume avec un foyer central. C'est là que les hommes du
lignage se retrouvent pour discuter et prendre en commun tous leurs repas,
assis sur une longue chaise dite, tanawa, ta na muyuwa (parle,
j'écoute). Il consomme les repas apportés par les épouses
dans des assiettes ou des marmites à même le sol...
L'homme qui déroge à cette obligation collective
est appelé «égoïste», « m'fwekene
». Le petit garçon se retrouve donc au milieu d'une
communauté d'hommes qui remplit le rôle de
«père». Du reste, l'enfant appelle «papa» non
seulement son père mais les frères, voire les amis de son
père. De leur côté, les filles quant à elles restent
aux côtés de leur mère auprès de qui elles
reçoivent l'éducation nécessaire.
Notons que « n'importe qui ne joue pas n'importe quelle
musique à n'importe quel moment de n'importe quel instrument et pour
n'importe où ? ». Il existe des musiques qui ne se jouent
qu'à des occasions particulières, d'autres sont associées
uniquement à telle ou telle cérémonie, à telle ou
telle activité (récoltes par exemple), d'autres ne peuvent
être entendues que par les hommes. Chaque membre de la
société apprend à danser, à chanter les musiques
qui lui reviennent selon son sexe, son appartenance à telle ou telle
classe d'âge, sa fonction sociale. Il est difficile de
généraliser, tant est vaste et diversifié, l'univers
culturel kongo.
175
Ainsi on rencontre, par exemple, des musiques jouées
exclusivement par des professionnels et d'autres par profanes.
Dans l'ensemble, les instruments de musique apparaissent comme
des langages « visibles » aux vertus exceptionnellement puissantes
dont on ne doit pas user inconsidérément. En Afrique, tout comme
chez les Kongo, la musique est faite pour être vécue et l'impact
sur la communauté des Basuundi est grand.
176
Chapitre 8 : L'impact des instruments de musique sur
la communauté des Suundi à travers les espaces et les acteurs
sociaux de la communication
La communication au moyen des instruments de musique, se
pratiquant à l'intérieur des groupes et sous-groupes d'un
même espace culturel, est d'une part, régie par un ensemble des
procédures, des codes et, d'autre part, par des modalités qui
varient en fonction des interactions. Les relations entre les acteurs sociaux
et les espaces où se déroulent les échanges sont d'une
importance capitale. Elles se déroulent dans de nombreux espaces: les
marchés288, les temples ou les terrains de sport (aires de
jeux), les églises etc...
Dans la communauté des Suundi, les instruments de
musique ayant servi dans la communication de proximité n'ont plus
d'importance dans la diffusion de l'information sur des longues distances. Les
mass-médias les ont détrônés. Les atouts de ces
instruments sont énormes. Les nombreux espaces où ils sont
utilisés entretiennent des liens très étroits avec les
principaux acteurs sociaux.
Ainsi, selon P. Banzouzi:
« Chaque grande période de l'histoire commence
par un phonème d'appropriation de l'espace culturel au centre de
la
288 P. Samuelson & W.D. Nordhaus, Principes
d''économie moderne, 16ème éd., Paris : De
Boeck; Baumol, W.J et A.S. Etudes Vivantes, 2000, p.27. Pour le commun des
mortels, le marché désigne le rassemblement à but
commercial, généralement périodique et dans un lieu
prédéterminé, de marchands, de vendeurs et de personnes
acheteuses, consommatrices ou non. Par extension, le marché
désigne également le lieu aménagé (ou non)
où se tient le marché. En économie, un marché est
la quantité ou la valeur totale des produits ou de services d'une
catégorie donnée vendue sur une période de temps
donnée sur une zone géographique donnée. Pour les
économistes, le marché est le lieu virtuel om s'opère la
détermination du prix d'un bien ou d'un article.
177
cité. L'agora de la ville grecque, le forum romain,
la cathédrale du Moyen Age, la plazza italienne en sont des exemples
fameux. L'espace public devient le centre de l'échange. Ainsi l'espace
culturel s'est déplacé au Congo de l'espace communautaire
(mbongi) et de l'espace public, (zandu, "marche") à celui de la rue.
Aujourd'hui cette dimension devient dominante. La sociabilité
traditionnelle par quartier et par rue disparaissant, une nouvelle
sociabilité s'est substituée à l'ancienne, et maintenant
assure les fonctions essentielles de la ville. Le véhicule de cette
nouvelle sociabilité (...) le bar dancing, le café restaurant,
c'est à dire l'endroit public où l'on se rencontre où l'on
parle, on boit, on mange; il est devenu l'endroit du
discours»289
Effectivement, dans la majorité des cas, les espaces de
communication, sont des puissants canaux de communication. Toutes les sortes
d'informations y sont véhiculées. Les informations, même,
les plus, sordides et les plus saugrenues, d'entre elles, y sont
données: c'est le siège de la « rumeur290 ».
La rumeur est partout, quelles que soient les sphères de notre vie
sociale. Certains auteurs voient dans ce phénomène « le plus
vieux média du monde 291». Au fil du temps, le bouche
à oreille a été
289 J.P Banzouzi, Histoire du Congo à travers les
rues de Brazzaville : Journées d'Etudes sur Brazzaville : actes du
colloque, Brazzaville 25-26 avril 1986, Brazzaville : Mission
Française de Coopération et d'Action Culturelle, 1986, p.83.
290 Rumeur est une Information non vérifiée qui
circule généralement de bouche à oreille (bruits qui
courent), la rumeur circule suivant des processus que l'on cherche à
déterminer (vitesse, expansion, déformation progressive...).
Grand Dictionnaire de la communication. Les rumeurs sont inhérentes aux
rapports sociaux. Anodines ou pernicieuses (nuisibles, médisantes,
calomnieuses...), les rumeurs occupent une place non négligeable dans
notre univers quotidien. Elle concerne tous les milieux sociaux, elles
alimentent les conversations et les représentations sociales, elles
cristallisent bon nombre de préjugés. « Dossier : Qu'est-ce
que la rumeur ? », In Revue Sciences Humaines,
291 Du latin rumor qui signifie bruit vague, bruit
qui court, nouvelle sans certitude garantie. La rumeur est sans doute le plus
média du monde, « Avant que n'existe l'écriture, le
bouche-à-oreille était le seul canal de communication dans les
sociétés. La rumeur véhiculait les nouvelles, faisait et
défaisait les réputations, précipitait les émeutes
ou les guerres. L'avènement de la presse, puis de la radio et enfin
l'explosion de l'audiovisuel ne l'ont pourtant pas éteinte.
Malgré les médias, le public continue à tirer une
178
relayé et relégué au second plan par des
moyens de communication plus puissants comme la presse écrite, la radio,
la Télévision et l'Internet). Avec Julien Bonhomme, il faut
reconnaître que :
(...)292 ».
« Faire circuler une rumeur (en la créant ou en
ne faisant que la retransmettre) permet ainsi aux acteurs de jouer un coup dans
le champ agonistique de la politique, tout en minimisant les risques de la
prise de parole du fait du caractère anonyme et officieux de
l'information (fuite organisée dans la presse, confidence
Pour moi, la rumeur peut se concevoir, chez les Suundi, comme
est, « ...un outil de la communication informelle. Déjà la
communication informelle véhicule des informations officieuses et
emprunte des voies qui échappent aux structures de l'organisation. La
rumeur n'est pas toujours le symptôme d'un dysfonctionnement social.
Comme pour certains sociologues, la rumeur présente un
intérêt celui de : créer du lien social entre les
personnes. Elle est une forme d'échange : elle fait naître la
discussion, la critique, la moquerie, la connivence voire la complicité.
Il faudrait aussi bien utiliser la rumeur au risque de voir votre personnel
détruit.
8.1. Les espaces sociaux de la communication
Les instruments de musique traditionnelle, partie
intégrante du processus de « communication »,
agrémentent notre quotidien et sont
partie de son information du bouche-à- oreille.
L'émergence des premiers, loin de supprimer la rumeur, l'a seulement
rendue plus spécialisée: chacun a désormais son territoire
de communication », J.N. Kapferer, Rumeurs: le plus vieux média
du monde, Paris, Seuil, 1987, p.10
292J. Bonhomme, « Philippe
Aldrin, Sociologie politique des rumeurs », L'Homme, 180,
2006, pp.242-243.
179
accompagnateurs de nos démarches journalières.
Quelle que soit leur forme, ils investissent et sont utilisés de
nombreux lieux publics ou privés pour véhiculer certains types de
messages au sein de la communauté. Ils ne sont jamais très loin
de leurs acteurs sociaux.
8.1.1. Le vestibule du chef, l'arbre à
palabre
Dans les principaux villages (ghâta,
vata) et villes (mavula, mbanza), du Royaume kongo, les
rassemblements, les réunions se tiennent suivant les cas, soit dans le
vestibule, soit à l'ombre d'un grand arbre (muti, nti), l'arbre à
palabre (tribunal traditionnel), soit sous un édifice conçu
à cet effet (comme le lemba ou le
mbongi293, par exemple). Ces lieux sont des précieux
vecteurs pour régler les conflits, des différends entre les
membres d'un même clan. Les idiophones les tambours, les cloches,
ngongi, sont sollicités pour annoncer le début ou la fin
d'une cérémonie quelconque ou pour prononcer une sentence : une
condamnation ou un acquittement.
8.1.2. Le marché294
Le marché, zandu, est une vieille institution
en pays kongo. De façon récurrente et à des dates
définies étaient organisés des itinérants.
293Le mbongi, valeur de la cohésion
sociale, est un espace de rencontre quotidienne, de dialogue et de partage, de
concertation et de convivialité : celui qui sortait de cet espace
était appelé nkotila (hostile au partage).
L'étranger de passage pouvait aussi s'y restaurer. A côté
du mbongi, le lemba sorte de conciliabule où se
tenaient des entretiens secrets, pratique encore en cours aujourd'hui dans le
règlement des affaires traditionnelles à caractère surtout
judiciaire (mfundu : concertation secrète pour dénouer
une affaire). C'était le lieu des initiations.L'ordre social
était protégé par la répression des
déviances sociales : vol, viol, meurtre, etc. On enterrait vivant
à la place du marché ou on vendait le récidiviste
impénitent, écrit F. Lumwamu, Préface au
2ème festival de musique et de culture Kongo, «La
nécessaire osmose», In Valeurs Kongo :
spécificité et universalité, Paris, L'Harmattan,
2013, p.12
294J.P. Guingane, « Le marché africain
comme espace de communication : place et fonction socioculturelles du
Marché Africain », Conférence - Débat organisé
le lundi 7 Mai 2001 au Centre Lacordaire, Rue des Augustins, Montpellier
(France). L'auteur a consacré une communication entière sur le
marché sous deux angles : le marché entant qu'espace de
socialisation et de ses fonctions socioculturelles.
180
Les Dondo et les Suundi des villages au sud de Boko-Songho
(Minga, Mankala, Midimba, Manzaou, Kabadissou, Manzakala, Minga, etc) se
retrouvaient le 5 de chaque mois pour commercer (échanger, achat des
produits divers). La veille, la ville gronde de monde. Les paysans vivant dans
les zones des montagnes et les paysans des plaines (Plateaux de Boko-Songho et
de Mfoati) comme Kinanga Ntaki, Kinkémbo, Manguembo, Kitidi-tunga,
Manzaou, Loudima venaient se retrouver à Boko-Songho pour écouler
leurs vivres et se procurer des biens de toute sorte. Si la localité
s'embellissait, les hommes et les femmes, de leur part, portaient, à
leur tour, leurs plus beaux vêtements. Ainsi, les commerçants, les
vendeurs et les acheteurs se bousculent pour occuper les meilleurs espaces pour
réaliser les meilleures ventes.
Le marché, lieu d'échange par excellence des
echanges commerciaux, devenait aussi, un agréable espace de communcation
où des alliances s'y nouaient et s'y dénouaient. Toues sortes
d'information, au propre comme au figuré, y étaient
véhiculées.
Aussi, « je peux l'affirmer, on va plus souvent au
marché qu'on ne croit, sans intention ni de vendre, ni d'acheter. Alors,
pourquoi est-ce qu'on va là ? Moi, c'est ça qui
m'intéresse », écrit J. Guingane. De par cette fonction de
communication, il ajoute que:
« C'est au marché que les populations allaient
s'informer des nouvelles du pays, des amis, des parents. Quand il y avait une
commission à faire, on était sûr de trouver au
marché un ressortissant du village intéressé qui se
chargerait de la mission C'est peut-être en partie pour faciliter ce type
de contact que l'occupation du marché a été
organisée comme je
181
vous l'ai dit. C'est aussi au marché que les chefs
de village, par l'intermédiaire du chef du marché (le chef du
village ne vient jamais au marché. (...). La fonction d'information et
de communication du marché est certainement la plus importante, de mon
point de vue après celle, économique, parce que jusqu'à
aujourd'hui, si vous avez un meeting politique, vous avez une campagne de
vaccinations (...) vous savez que c'est au marché qu'il faut aller le
dire en passant par le crieur public. Sinon personne n'est au
courant295»
Nous marquons notre accord avec ce point de vue d'autant plus
que aujourd'hui, certains hommes politique ou certains relais
communautaire296, utilisent ce « puissant » canal pour des
actions de séduction, de markéting et même de
sensibilisation pour solliciter l'adhésion de la population à la
vaccination (accepter l'augmentation de l'immunité297 des
enfants contre les maladies évitables par la vaccination)
8.1.3. Les maquis298, les cabarets et les
débits de boisson (nzo malafu)
Dans les villages, les maquis, les débits, les lieux de
convivialité ont permis l'échange de certains types de messages,
on peut le redire. Les cérémonies liées à certaines
pratiques culturelles, les rassemblements
295J.P. Guingane, Ibid.
296 Lors des campagnes de vaccination contre les maladies
évitables par la vaccination (Choléra, Poliomyélite,
rougeole, variole, coqueluche, méningites, fièvre jaune, etc...)
et tout récemment dans le cadre la lutte contre le virus Ebola, les
marchés ont été pris d'assaut par les messages invitant
les populations à observer des règles d'hygiène quant
à la consommation des primates et autres mammifères vecteurs de
la maladie. (Observation personnelle)
297 Il s'agit des enfants dont la tranche d'âge est
comprise entre 0 à 59 mois ou 5 ans.
298Les Maquis c'est notre manière d'appeler
les bars, c'est un africanisme. Il est l'endroit où il y a des chaises,
des tables, on sert de la boisson, on sert de la banane grillée avec des
brochettes, des poissons ou du poulet braisé et certains jeunes
africains ont réussi à amener tout ce monde dans les boîtes
de nuit au Congo. (Observations personnelles)
182
importants sont des occasions qui permettent de partager les
informations entre les membres de la communauté. Ce partage se fait au
moyen d'un système de communication spécifique au milieu
où agit l'intersubjectivité. C'est un code accessible et commun,
à l'ensemble des membres de la communauté, basé sur la
langue, les signes, les images, les symboles : les idiogrammes. Les instruments
de musique occupent une place de choix dans la mise en commun des
émotions et sentiments : les conversations.
Le musicien peut, l'instrument en main, soit en solo, soit en
duo ou soit au sein d'un groupe (musical), animer une retrouvaille des membres
d'une même communauté célébrant un
évènement: heureux ou malheureux. Au fil des temps, ces
instruments favorisent les rencontres et même l'éclosion de
nombreux ensembles musicaux, d'une part, et d'autre part, des espaces de danses
comme les bars dancing. Ce faisant la musique se jouera à l'aide des
outils plus élaborés : lecteurs de disques (tournes disques de 45
Tours et 33 Tours) reliés à des amplificateurs de son, d'une
part, et d'autre part, au moyen des radiocassettes débitant des
sonorités intenses. Ces maquis seront à l'origine du
développement des phonothèques299 et des
discothèques. Parallément aux photothèques et
phonothèques, les instruments de musique et les espaces musicaux se sont
développés.
8.1.4. Les espaces de sport (stades)
Si nous avons, chez les Suundi, observé l'existence des
tambours de dance, des tambours de guerre, des tambours de paix, des tambours
de dieux servant à la médiation avec le monde invisible, il
existe des
299 Phonothèques : Les anglo-saxons utilisent le terme
de" sound archives "plutôt que celui de phonothèque. Elle signifie
un lieu ou une collection de phonogrammes inédits ou commerciaux est
réunie sur un thème précis ou de manière
encyclopédique à des fins de conservation
183
tambours dits « tambours des stades300 ».
Avant toutes rencontres sportives, la montée des équipes sur
l'aire des jeux est précédée par l'exécution des
hymnes nationaux au moyen des instruments de musique301 : les
fanfares. Dans les stades où se déroulent ces rencontres, les
supporters de chaque équipe utilisent les instruments de musique pour
« booster » et pousser les joueurs de leur équipe à
gagner une rencontre. Très précieux, ils jouent le rôle de
« douzième (12ème) homme302 ».
Dans les stades, ça chante, ça joue, ça
danse303. Les supporters chantent mais aussi jouent de la musique,
des airs souvent vagues. Le «vuvuzela304 ». Au sujet des
supporteurs des équipes sportives, la République du Congo a des
talentueux animateurs305 qui, au moyen des mêmes instruments,
sont capables d'« électriser » les foules et les gradins. Ils
sont de précieux baromètres, peut-on, se demander. De par les
prestations, ils peuvent être à la base de la victoire ou de la
défaite de l'équipe.
300 De nombreux instruments de musiques, notamment, les ngoma,
sont emmenés, par les supporter, fanatiques, dans les stades de sport
pour stimuler l'ardeur des sportifs lors des renconrres sportives selon les
disciplines. Le football passe pour le sport où ces instruments sont
amplement utilisés (Observation personnelle)
301 Instruments de musique modernes utilisés par la
fanfare nationale ou les instruments hybrides utilisés par les ensembles
de musique invités à l'occasion
302 Terme spécifique au jargon de la presse sportive
303 Jérôme, « Dans les stades, ça
chante, ça joue, ça danse, «
http://bmol.bm-grenoble.fr/dans-les-stades-ca-chante-ca-joue-ca-danse/,
(consulté le 4/03/2012)
304Cet aérophone, une trompette
fabriqué à partir des matériaux recyclés, plastic,
a défrayé la chronique lors de la coupe du monde de football
organisée en Afrique du Sud en 2010. Son utilisation fait
déjà débat car le son qu'elle produit est primaire et
assez affreux, une sorte de gros bourdonnement de frelons. Certains craignent
même que la compétition en soit gâchée... c'est pour
dire.
http://www.youtube.com/watch?v=SrYb9qtO8OQ&feature=player_embeded,
(site consulté le 4/03/2012)
305 L.-A. Mpassi, Mbemba Jonas Tostao : «
légende de meilleur footballeur du Congo-Brazzaville », Paris
: Ed. Edilivre Aparis, 2009, p.32. La formation des Diables Noirs par exemple a
connu un un nombre incalculable d'animateurs en allant de Chinois à
Massalou Olivier dit Ambassadeur à Sardine, Médard Lémina,
Démoukos, Mwa Tintin....sans oublier le groupe d'animation « 108
». Tous ont été des portes étendards de l'animation
ou l'ambiance dans et hors gradins des stades du pays.
184
8.1.5. Les églises
Les études sur les églises dites «
traditionnelles 306» et ou de réveil307, ont
révélé qu'elles (églises) sont de précieux
viviers où se réunissent des fidèles qui placent leurs
espoirs en un Etre suprême. Les églises, devenues « des lieux
de refuge pour les personnes frappées par le chômage, la maladie
et tous les autres maux qui minent la société congolaise : elles
y trouvent des ressources pour faire face aux menaces extérieures de la
vie du « monde308 », elles sont, par ailleur, les
meilleurs espaces, pour célébrer un culte. Dans ces
églises309 les instruments de musique, de toute sorte, y sont
largement utilisés.
En pays suundi, comme en pays téké, par exemple,
la parole est sacrée; elle se fait avec solennité et
autorité. Elle est celle du Chef qui parle à son peuple, elle est
prononcée pour exhorter, pour enseigner et pour bénir. Elle est
aussi utiliser pour prononcer les malédictions et des
imprécations. Elle est aussi serment de Justice et de
Vérité que l'on retrouve dans la Bible. Elle est sagesse par la
richesse des métaphores, des proverbes, des paraboles et des contes.
L'usage des proverbes et autres figures de styles sont très
appréciés dans les prêches ou prédications au Congo
où les instruments de musique ne manquent pas de jouer un rôle
appréciable.
306 J. Tonda & J.P. Missié (dir.), Les
églises et la société congolaise d'aujourd'hui, Paris
: L'Harmattan, 2006, 193 p., (Coll. Etudes africaines).
307 M.S. Fallu, Les églises de réveil en
Afrique centrale et leur impact sur l'équilibre du pouvoir des Etats :
le cas du Cameroun, du Gabon et de la République du Congo, Paris :
Ministère de la Défense-Délégation des Affaires
stratégiques, 2012, pp.37-41
308 J.P. Missié, Les églises et la
société congolaise d'aujourd'hui, Ibid.
309 Les Scholas populaires pour les églises catholiques
et les kilombos pour les chorales des églises protestantes, écrit
Oriane Marck, L'évolution de la pensée missionnaire en
Afrique centrale au XXe siècle, au travers de la musique liturgique :
cas des deux Congo, Mémoire de Master 2 « Sciences humaines et
sociales » Mention : Histoire et Histoire de l'Art
Spécialité : Histoire de l'art et Musicologie, Grenoble :
Université de Grenoble, 2012, p .134.
185
Au cours de la prédication, faite des gestes et des
symboles qui annoncent les oracles, la libération, les avertissements,
l'encouragement, le réconfort et la consolation durant les
épreuves, la propension des instruments musicaux locaux est devenue
très importante à telle enseigne qu'ils interviennent au moment
des louanges et des adorations. Par conséquent, les églises sont,
à tort ou à raison, taxées d'« industries
polluantes310 ».
Elle est, pour certains, une atteinte à la vie
privée311 et, pour d'autres, un facteur de risques aux
maladies psychosomatiques et cardiovasculaires. Dans ces conditions, la
nuisance apparaît comme un véritable « problème de
santé publique » qu'il faille aborder avec beaucoup de
sérieux car « trop de bruit porte atteinte à la
santé312 ». Mme Zsuzsanna Jakab, directrice
régionale de l'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) pour la
zone Europe déclarait que « la pollution sonore n'est pas seulement
une nuisance environnementale mais aussi une menace pour la santé
publique313». L'incidence du bruit sur la santé, a
fait
310Une pollution, un bruit ou une nuisance
d'origine sonore, Willy Musitu Lufungula et Willy Kitoko Matumona, Nouveaux
mouvements religieux et identité culturelle, Université
Humboldt de Berlin, 2006, p.14-15. Les Églises de réveil
organisent leurs cultes dans différents lieux pouvant être des
cours de maisons d'habitation, des parcelles abandonnées, des terrains
municipaux, des marchés populaires ou des stades de football. (...) Si
ces bruits, qualifiés à juste titre de nuisance sonore, sont
tolérés en Afrique, ils sont en revanche considérés
comme insupportables par les riverains en occident où les Églises
de réveil organisent aussi généralement leurs cultes dans
des locaux inappropriés. À Anvers par exemple, deux de ces
Églises ont été fermées par l'autorité
municipale. Les chefs d'Église ici, en ce qui les concerne, sont
conscients du problème.
311Tintamarre au Congo "Une atteinte quotidienne
aux libertés publiques",
http://www.congo-internet.com/societe/tintamarre-au-congo-une-atteinte-quotidienne-aux-libertes-publiques/,
article et téléchargeable sur indiqué ci-dessus (site
consulté le 4/03/2012)
312Michel de Muelenaere, « Trop de bruit nuit
à la santé », L'auteur rapporte que « Il ne s'agit
pas seulement de simples dérangements ou de problèmes de sommeil.
Le bruit cause ou contribue à des problèmes cardiaques, à
des difficultés d'apprentissage et à des acouphènes
». Alors que jusqu'à présent le dossier était
rangé au rayon des embarras, mais de plus en plus d'études
documentent ses effets sur la santé. L'affaire est d'autant plus
importante que l'exposition au bruit est à la hausse en Europe.
Désormais, il est scientifiquement prouvé que l'exposition
à de forts niveaux de bruit contribue à l'hypertension et
à certaines maladies cardiaques. Selon l'étude de l'OMS,
« 1.8 % des attaques cardiaques observées dans les pays
européens sont attribuables à des niveaux de bruit du trafic
supérieurs à 60 décibels »,
http://www.lesoir.be/archives?url=/lifestyle/sante/2011-04-01/trop-de-bruit-nuit-a-la-sante-831776.php
(site consulté le 4/03/2012)
313 Zsuzsanna Jakab, « Nouvelles bases factuelles de
l'OMS sur les effets sanitaires du bruit causé par la circulation en
Europe »,
http://www.euro.who.int/fr/what-we-publish/information
(consulté le 14 janvier 2013).
186
l'objet de nombreuses recherches314 qu'il ne faut
pas négliger. Nous n'allons pas trop nous étendre sur cet
aspect.
8.2. L'impact des instruments de musique sur les
acteurs sociaux et leurs limites dans les relations
interpersonnelles
Qu'est ce qui justifie l'exploitation actuelle des instruments
de musique dans le processus de communication actuelle ?
Il s'agit de l'accessibilité des moyens de
communication modernes, des difficultés rencontrées dans l'usage
des moyens de communication traditionnels et de l'abandon des moyens de
communication traditionnels ou semi traditionnels au profit de la «
galaxie du numérique ».
8.2.1. Les difficultés rencontrées dans
l'usage des moyens de communication
La flûte, le tambour, la corne d'antilope, les signaux
de feu étaient des moyens que nos grands-pères utilisaient, autre
fois, pour communiquer. Ils ont été d'une grande importance.
Aujourd'hui, les technologies de l'information et de la
communication ont tout remplacé. Nous-nous rendons compte que avec leur
avènement, les anciens moyens étaient d'une grande lenteur voire
même d'une inefficacité notoire ne matière de la
transmission des messages. Ils pouvaient contribuer à la
détérioration même de l'information ou du message.
314Camille Saïsset, « Mieux comprendre
l'impact des nuisances sonores »,
http://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/nuisances-sonores/impact-nuisances-sonores.php4
(site consulté le 14 janvier 2013)
187
Tableau 1 : Les difficultés rencontrées
dans la communication traditionnelle en zone urbaine
Difficultés rencontrées pour :
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Tambour
|
21
|
24.8%
|
Flute
|
23
|
27%
|
Corne d'antilope
|
33
|
38.8%
|
Face à face
|
8
|
9.4%
|
Total
|
85
|
100%
|
Source : Notre enquête, avril 2011
Comme il est visible dans le tableau ci-dessus, les personnes
interrogées en zone urbaine approuvent l'usage de la corne d'antilope
38.8%, du tambour 24.8%, la flûte 27%, n'est pas d'une grande importance
dans le monde communicationnel actuel, vu la place presque inexistant qu'ils
occupent au sein de la société moderne de l'information. «
Avec l'avènement du téléphone et de l'internet, nous ne
pensons pas que, ce qu'on peut qualifier d'outils traditionnels de
communication, aient encore de la place dans le monde moderne où les TIC
embrassent presque tous les domaines de la vie quotidienne de chaque individu
», souligne un enquêté.
On n'ignore pas la place qu'ils ont occupée durant les
décennies ou au cours des siècles précédents.
L'arrivée ou l'introduction des moyens modernes de communication ont
révélé les imperfections au niveau technique de ses
prédécesseurs traditionnels en ce qui concerne la transmission et
la réception des messages ou informations multiples qui
188
sont principalement la détérioration et la
lenteur d'envoi ou de la réception du message.
9.4% des personnes interrogées soulignent qu'il n'y a
pas rencontré de difficultés dans la communication traditionnelle
du face à face, à part celui de ne pas laisser des traces des
informations échangées, «Oui, le face à face est
très aisé parce qu'il nous permet un contact physique, mais le
problème réside au niveau des informations
échangées, il en reste des traces», souligne un
enquêté.
Tableau 2 : Les difficultés rencontrées
dans la communication traditionnelle en zone rurale
Difficultés rencontrées pour :
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Tambour
|
51
|
60%
|
Flute
|
16
|
18.82%
|
Corne d'antilope
|
15
|
17.64%
|
Face à face
|
3
|
3.52%
|
Total
|
85
|
100%
|
Source : Notre enquête, avril 2011
A la lecture du tableau ci-dessus, les personnes
interrogées en zone rurale approuvent l'usage du tambour 60%, de la
corne d'antilope 17.64% et de la la flute 18.82%. Ces instruments occupaient
une place importance dans le monde communicationnel traditionnelle. Vu la place
presque inexistant qu'ils occupent au sein de la société moderne
de l'information,
189
qu'on peut procéder à la
pérénisation de cet acquis, qui peut toujours servir à
certaines occasions. Comment par exemple, communiquer avec un interlocuteur en
période de crise aiguë ? C'est là tout
l'intérêt de « se ressouvenir » de l'usage des
techniques de fabrication des instruments de musique traditionnelle et à
travers eux les techniques d'emission des messages au sein de la
communauté.
8.2.2. Les difficultés rencontrées dans
la communication moderne
L'utilisation des technologies d'information et de
communication engendreraient des obstacles d'ordre techniques vu que leur
introduction dans la vie quotidienne est encore récente au sein de notre
société. Bref, certains usagers rencontrent des problèmes
d'ordre technique, d'autres les utiliseraient pour des fins
inappropriées.
Tableau 3 : Les difficultés rencontrées
dans l'usage des outils modernes de communication en zone urbaine
Difficultés rencontrées pour :
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Internet
|
47
|
55.3%
|
Téléphone
|
20
|
23.5%
|
Fax
|
9
|
10.6%
|
Courrier postal
|
9
|
10.6%
|
Total
|
85
|
100%
|
Sources : Notre enquête, avril 2010
190
C'est bien, en effet, dans cette perspective que les moyens
modernes de communication peuvent rendre de grands services à l'ensemble
du pays qui est tenu d'importer des techniques et même parfois des
modèles pour leur développement. Le problème qui se pose
est celui de l'appropriation de ces techniques nouvelles importées qui
imposent des problèmes de méthodes adaptées aux normes
collectives spécifiques à la population et de savoir-faire au
regard des valeurs culturelles à sauvegarder315. Une
minorité des enquêtés déclare que l'usage du fax est
à 10.6% et du courrier postal (10.6%) ne pose pas vraiment des
problèmes d'ordre technique. «Certaines personnes pensent que
l'usage du fax est facile, bien sûr il n'est pas compliqué comme
l'ordinateur, mais il nécessite une connaissance aussi, vu même
qu'il est d'usage moins courant au sein de notre société »,
souligne un enquêté.
A côté de la radio, la télévision
et l'Internet, le courrier (postal, ancêtre du SMS), mukanda,
nkanda, est l'un des moyens de communication par excellence. Il nous
permet d'apprendre les événements les plus importants, des
dernières décennies, comme l'arrivée de l'homme sur la
lune ; les divertissements (jeux, films,...), les catastrophes naturelles,
etc.
Mais, l'usage de la télévision en soi ne pose
pas de problèmes. Appuyer sur une touche pour « marche/arrêt
» et sélectionner une chaîne ne nécessite pas un
apprentissage très développé. Cependant, l'introduction de
la télévision et de l'internet dans la société
n'est pas un enjeu de maîtrise technique de l'outil seulement, mais aussi
d'apprentissage de réflexion sur l'image, l'information... Cependant,
les usagers doivent les utiliser d'une manière contrôlée,
les considérer
315htpp://
www.un.org/french/geninfo/afrec/science.html
(site consulté le 4/4/2011).
191
seulement comme un moyen de communication et ne pas croire
tout ce qui est dit à travers eux.
Ne pas avoir conscience qu'une technique arrive
équipée d'un programme de changement social, maintenir que la
technique est neutre, penser que la technique est toujours l'amie d'une
culture, est une stupidité pure et simple. Les études sur l'usage
des medias suggèrent une utilisation modérée. « Il
s'agit d'un très bon moyen de communication, mais la qualité des
programmes, des émissions laisse à désirer. Il y a
beaucoup d'émissions médiocres et sans
intérêts316».
Tableau 4 : Les difficultés rencontrées
dans l'usage des outils modernes de communication en zone rurale
Difficultés rencontrées pour :
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Internet
|
54
|
63.52%
|
Téléphone
|
15
|
17.64%
|
Fax
|
10
|
11.76%
|
Courrier postal
|
6
|
7.05%
|
Total
|
85
|
100%
|
En zone urbaine, autant il se pose la question d'appropriation
de ces nouveaux moyens, autant en zone rurale, la question se pose en termes
d'adaption. Un grand nombre de personnes enquêtées 63.52%
déclarent que l'usage d'internet n'et autre chose que de la magie. Elles
n'ont jamais été formées à l'utilisation de cet
outil, largement répandu en milieu urbain.
316
http://www.strategies.fr/emploi/formation/management.html(site
consulté le 13/04/2011).
192
Pendant ce temps, avec un taux d'utilisation de 17.64%, le
téléphone est entré dans les habitudes des congolais. De
plus en plus utilisé, il est devenu ce que la radiodiffusion
était au lendemain des indépendances : le principal moyen de
communication. Pratiquement, dans chaque village, cahque famille, on trouve au
moins ou au plus deux appareils de téléphones qui servent au
commerce des informations.
Mais, pour palier aux difficultés d'accès
à l'énergie électrique ou solaire récurrentes en
zone rural, les populations de ces zones ont fait appel à leur
génie inventif pour recharger les batteries des
téléphones. Un système un bout de fils conducteur de
courant alternatif relie l'appareil à des piles, sources d'energie.
Le fax et le courrier postal, par endroit, sont encore
largement utilisés comme le déclarent les enquêtés
(11.76% pour le fax et 7.05% pour le courrier postal). Dans ces zones, on
trouve des personnes qui savent lire et écrire et qui
généralement se mettent aux service de la communauté pour
servir de scripts.
Force est de constater le recul de l'usage de ces moyens de
communciation en zone rurale au profit des moyens modernes. Petit à
petit, ils disparaissent les uns des autres pour laisser la place aux moyens
les plus utilisés en zone urbaine.
8.2.3. L'abandon des instruments de musique au profit
des moyens modernes
Au regard à l'engouement de la population face aux
nouvelles technologies d'information et de communication qu'offre le monde
moderne, nous asssitons à un net recul dans l'utilisation des moyens
traditionnels de communication (tambour, flûte, messager...) au profit
des
193
techniques nouvelles (téléphone, internet,
messagerie Whatsapp, réseaux sociaux, courrier électronique,
bases de données documentaires etc...).
Tableau 5: L'abandon des moyens traditionnels de
communication au profit des moyens modernes
Abandon des moyens traditionnels de communication au
profit des moyens modernes
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
70
|
82.3%
|
Non
|
15
|
17.7%
|
Total
|
85
|
100%
|
Source : notre enquête, janvier 2012
L'analyse des résultats d'enquête dans le tableau
ci-dessus indique que 82.3%% des enquêtés soulignent un
récul ou un abandon des outils traditionnels de la communication au
profit des outils modernes.
La révolution de l'information modifie en profondeur
notre conception de la société, de son organisation et de sa
structure. Nous sommes placés devant l'alternative suivante : soit nous
saisissons les chances qui s'offrent tout en maîtrisant les risques, soit
nous nous plions aux circonstances avec toutes les incertitudes que cela
comporte. Ce pourcentage affirme toujours que l'usage des outils modernes de
communication et d'information est une nécessité pour un
développement garanti de la société. Les TIC suscitent
depuis quelque temps, un intérêt marqué de la part du monde
économique, des médias, des pouvoirs
194
publics ainsi que du milieu académique ; c'est la
raison pour laquelle nous devons les promouvoir pour assurer un
développement durable et un futur prometteur », souligne un
enquêté. 17.7% d'enquêtés sont contre cet abandon,
ils se montrent conservateurs de la tradition. L'ordinateur ne répond
pas à un besoin. Il le crée. Chaque vague d'informatisation a
été précédée d'un tir de barrage
idéologique conséquent, dont l'objectif est de prouver que la
technique est la solution» souligne un
enquêté.
8.2.3.1. La colonisation, l'exode rural et la
mondialisation
Importées depuis les pays occidentaux, les nouvelles
technologies d'information et de communication sont venues bouleverser les
systèmes de communication.
Dans de nombreux villages, l'utilisation des instruments de
musique traditionnelle comme le tambour à fente avait été
interdite aux « indigènes » par le colonisateur. Celui-ci
s'était, vite, rendu compte que cet instrument ne servait pas seulement
à la musique, mais pour véhiculer, entre eux et entre les
villages, des messages en faveur ou à l'encontre des
étrangers.
Au fils des temps, les appareils de phonie venus d'Occident
(les tambourins...) plus légers à porter que les rupestres
tambours à fentes, vont intégrer les habitudes des congolais.
Ainsi, l'idéologie civilisatrice a conduit l'Africain
à nier, même l'existence de sa propre culture et à
établir une hiérarchie des valeurs dans laquelle celles de
l'Afrique occupent le bas de l'échelle. Ces considérations
négatives ont conduit au sortir de la seconde guerre mondiale à
une réaction des élites africaines, décidées
à « réhabiliter les
195
cultures et la personnalité négro-africaines
317». Le tam-tam est abandonné au profit de la radio, de
la télévision, du journal, de la flûte et du
téléphone (fixe ou mobile) surtout l'écriture en
évolution constante. Au bout de compte, que reste-t-il des valeurs
culturelles congolaises dans le domaine du transfert des messages inter
villages?
8.2.3.2. L'imprimerie : le courrier318 postal
et l'écrit319
Nous reviendrons ultérieurement. Les différences
du code oral et le code écrit est au niveau grammatical.
A l'opposé des instruments de musique,
l'écriture, est devenue le support le plus fiable pour fixer les
connaissances humaines. Il détermine ainsi le jeu du code sonore.
8.2.3.3. Les méfaits des moyens de communication
modernes
S'il est un phénomène caractérisant la
société contemporaine, c'est bien l'extraordinaire
développement des moyens de communication, tous les
bénéficiaires ne s'en servent pas pour des mêmes fins. Ici,
nous
317Magloire Somé, « Les
cultures africaines à l'épreuve de la colonisation »,
In Afrika Zamani, Nos. 9&10, 2001-2002, p.42.
318 A l'heure d'internet et du téléphone, ce
média est encore très actif pour ceux qui appliquent les
méthodes du marketing direct même si sa part de marché
décroit. Le message écrit, transmis par la poste ou
déposé dans la boîte aux lettres, garde son
efficacité, surtout pour les grands distributeurs. Mais il reste
également le bon moyen pour inviter à l'inauguration de votre
magasin ou le lancement d'une vente privée... Le média courrier
se place en cinquième position derrière la presse, la
télévision, la radio et internet mais devance la publicité
extérieure, en terme de budget. Si les annonceurs utilisent plusieurs
supports,
http://ac-franchise.com/article/le-courrier-un-moyen-de-communication,
(site consulté, le 8/4/2011)
319Une lettre peut avoir des objectifs très
différents ; il faut donc bien analyser le sujet pour l'identifier : Il
peut s'agir de raconter un événement (style narratif). Il peut
s'agir d'écrire un texte argumentatif, afin de plaider la cause de
quelqu'un ou de quelque chose ou de la dénoncer. Il peut s'agir de faire
l'éloge ou le blâme de quelque chose ou de quelqu'un : « A
un(e) ami(e) qui refuse de lire de la poésie, vous écrivez pour
faire l'éloge d'un recueil de poésie que vous avez lu et qui vous
a touché ».Il peut s'agir d'imaginer la confession d'un personnage,
sa réflexion sur ses actes, son passé (sujet plus rare, du fait
de la disparition de l'autobiographie du programme).
196
éluciderons quelques-uns des méfaits que
présentent ces moyens modernes de communication chez les Kongo.
Tableau 6: Méfaits des moyens modernes de
communication
Méfaits des moyens modernes de
communication
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Débauche
|
10
|
11.8%
|
Mensonge
|
27
|
31.8%
|
Délinquance des enfants
|
18
|
21.2%
|
Infidélité
|
11
|
12.9%
|
Perte des valeurs culturelles
|
19
|
22.3%
|
Total
|
85
|
100
|
Source : Notre enquête, avril 2010
Comme nous pouvons le remarquer, ci-dessus, les méfaits
des moyens modernes de communication sont présents au sein de notre
société, 11.8% des enquêtés nous ont
témoigné en avoir relevé y compris l'Internet. Ce moyen
est parmi les stimulateurs de la prostitution. «Maintes fois nous avons
été alertés par des annonces sur internet qui proposaient
clairement de la débauche moyennant un montant bien
déterminé sans occulter les cas d'arnaque en ligne ou au
téléphone portable», souligne un enquêté.
31.8% des personnes enquêtées nous ont fait part
de leur mécontentement à l'égard de l'escroquerie et du
mensonge qui se font sur internet et au téléphone. Un jour, un
homme s'est vu proposer une affaire
197
alléchante: passer pour un fournisseur de bicarbonate
de potassium, un produit utilisé dans la pêche continentale ou
industrielle, à des sujets non congolais. Une affaire, si elle
était réelle, rapporterait des sommes d'argent importantes en
dépensant plus de la moitié du gain. De l'arnaque ! Il s'en est
bien sorti.
«Dans ma boite E-mail, je reçois en moyenne trois
(100) messages par semaine m'annonçant que j'ai gagné un prix
après un tirage au sort ; à ma surprise, on me demande de payer
un certain montant avant le transfert du prix gagné ! Ne pensez-vous pas
que c'est de l'escroquerie pure et simple ça ?», souligne un
enquêté.
21.2% des enquêtés ont souligné que sur
internet se fait de la délinquance aussi. «La jeunesse actuelle va
sur internet pas pour actualiser leurs connaissances, s'instruire, s'informer
mais plutôt visionner des vidéos obscènes à
caractère pornographique, sans parler de ce qu'elle suit sur certaines
chaînes câblées de télévision », se
lamente un enquêté.
12.9% d'enquêté ont souligné qu'il
était possible d'arranger des rendez-vous via internet et finir un jour
par se rencontrer. «Que vous soyez marié ou pas, sur internet via
des sites communautaires, il est possible de faire connaissance avec des
inconnus et finir par les rencontrer, et la suite je ne dis rien, vous
comprenez vous-même», souligne un enquêté.
22.3% de personnes interrogées ont mentionné
qu'il y aurait atteinte à nos valeurs culturelles due à
l'introduction des nouvelles technologies de communication et d'information qui
font qu'il y ait acculturation, d'où un
198
mixage de nos moeurs, de nos coutumes et de nos traditions
avec celles des pays occidentaux jugées en
dégénérescence.
8.2.3.4. Les critiques face à la
société informationnelle moderne
Depuis un certain nombre d'années, la notion de
société de l'information est présentée comme le
seul moyen de surmonter, de résoudre les crises économiques et
sociales actuelles, au moyen de la dissémination
généralisée de l'information dans toutes les
activités humaines. De ce point de vue, nous tenterons de montrer en
quoi la notion de société de l'information consiste-t-elle
à méconnaître les valeurs culturelles des Kongo
basées sur la personnalité et le respect aussi bien du prochain
que de la chose publique.
Tableau 7: Opinions sur la société
informationnelle moderne
Opinion sur les moyens de communication
moderne
|
effectif
|
pourcentage
|
Opinion négative
|
41
|
48.2%
|
Opinion neutre
|
30
|
35.3%
|
Opinion positive
|
14
|
16.5%
|
Total
|
85
|
100%
|
Source : notre enquête, janvier 2013
199
Comme nous le remarquons, les avis des enquêtés
concernant les critiques face à la société
informationnelle moderne ne sont équilibrés. Près de la
moitié des enquêtés soit 48.2%, ont une opinion
négative à l'égard de la société
informationnelle moderne. «Le téléphone, l'internet, sont
autant des moyens dont nombreux se servent pour faire du mal aux autres,
notamment l'escroquerie qui se fait par le biais de l'internet sans toutefois
des nombreux harcèlements sur téléphone dont certaines
personnes sont victimes chaque jour », souligne un
enquêté.
L'impact des nouvelles technologies sur le comportement n'est
pas négligeable, au contraire.
Dans la société actuelle, l'individu est soumis
à une forme de harcèlement médiatique, l'explosion des
échanges informationnels par Email, par téléphone ou par
réseaux sociaux se mesure au quotidien par centaine de mille. Certains
sont même persuadés qu'il faut être équipé
pour être branché. Ceci nous montre qu'il y a une
aliénation ou une dépendance face à l'équipement eu
égard à la société actuelle. Il convient, par
ailleurs, de relever la disparition des fabricants des instruments de musique
qui épousent les techniques et les instruments « importés
» d'Europe ou des objets recyclés.
16.5% des personnes interrogées ont souligné que
la société informationnelle moderne n'était pas un
obstacle au développement social en général.
Ainsi, le village planétaire de Mc Luhan devient une
réalité à telle enseigne que:
200
« (...) Si aujourd'hui nous connaissons ce qui se
passe en Europe ou partout ailleurs dans le monde, c'est pour une large part
grâce aux nouvelles technologies d'information et de communication, sans
toutefois ignorer leur rôle dans le développement du monde moderne
320 » souligne un enquêté.
«La société de l'information est au coeur
des questions politiques, sociales, culturelles et économiques
auxquelles nous devons faire face en ce début du 21ème
siècle». Par conséquent, nous devons non seulement nous
baser sur la technologie pour son rôle dans le développement
économique, mais aussi pour son influence sur l'être humain en
tant que composante de la société321 ».
35.3% des enquêtés se sont montrés neutres
à l'égard de la question. «Il est impossible de ne pas
remarquer le rôle des TIC en matière de développement
économique, mais aussi les TIC font que l'homme s'isole du monde
affectif », souligne un enquêté.
8.2.3.5. Les
instruments de musique et le raffermissement des relations sociales
Chez les Kongo, nous avons relevé les avantages induits
par les instruments musicaux dans le raffermissement des relations. Quelle
place ces instruments occupent-ils, du point de vue relationnel dans la
société ? Quel est l'impact, quelle efficacité au plan
économique et socioculturel des instruments de musique ?
320http//
:www.eu-esis.org/homebasics.html (site consulté le 23/04/2012).
321http//
:www.afrique-demain.org/debat-100-lesjeunes-aficains-identite.hpt (site
consulté le 23/04/2012).
201
Le milieu d'étude est celui habité par les
Kongo, une bonne partie de l'ancien royaume Kongo.
Nous avons ciblé des personnes détentrices des
informations utiles à la recherche. En effet, nous allons identifier nos
enquêtés selon les critères démographiques suivants
: la structure par âge, la structure par sexe, le niveau d'étude,
la profession ainsi que l'état matrimonial.
8.2.3.5.1. La répartition des
enquêtés selon le sexe et les zones
géographiques
Tableau 8: Répartition des
enquêtés selon le sexe et par départements
Zones
géographiques (départements)
|
Femmes
|
Hommes
|
Nombre d'enquêtés
|
Bouenza
|
35
|
45
|
80
|
Pool &Brazzaville
|
50
|
75
|
125
|
Lékoumou
|
25
|
35
|
60
|
Niari
|
35
|
45
|
80
|
Kouilou & Pointe-Noire
|
15
|
25
|
40
|
Total
|
160
(41,55%)
|
225
(58,41%)
|
385 (100%)
|
Source : Notre enquête, avril 2011
41,55% de la population enquêtée était de
sexe féminin, 58,41% de était des hommes ; ce qui nous a
donné plus d'avis des hommes que des femmes. En majorité, les
femmes se réservaient ou étaient moins ouvertes que les
hommes.
202
8.2.3.5.2. La répartition des
enquêtés par tranche d'âge
Tableau 9: La répartition des
enquêtés par tranche d'âge
Tranche d'âge
|
Effectif
|
Pourcentage
|
20-25
|
76
|
30.8%
|
26-29
|
72
|
26%
|
30-35
|
62
|
14%
|
36-39
|
62
|
14%
|
40-45
|
56
|
7%
|
46-50
|
57
|
8.2%
|
Total
|
385
|
100%
|
Source : Notre enquête, avril 2011
Dans le tableau ci-dessus, il est clair que près d'un
tiers des enquêtés, 30.8% sont âgés de 20 à 25
ans ; 26% sont âgés de 26 à 29ans ; 14% sont
âgés de 30 et 5ans ; 14% des enquêtés sont
âgés de 36-39ans, par contre 7% des personnes sont dans la tranche
d'âge de 40-45ans et 8.2% seulement des enquêtés sont
âgés de 46-50ans. Ce qui explique la présence de certains
commentaires sur l'usage des instruments de musique. De façon
générale, nos enquêtés sont majoritairement jeunes.
Ils sont par conséquent attirés ou ont un goût trop
prononcé des nouveaux outils et par ricochet les technologies de
l'information et de communication.
203
8.2.3.5.3. La répartition des
enquêtés selon le niveau d'instruction
Tableau 10: La répartition des
enquêtés selon le niveau d'étude
Niveau d'étude
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Primaire
|
137
|
43.5%
|
Secondaire
|
134
|
40%
|
Universitaire
|
114
|
16.5%
|
Total
|
385
|
100%
|
Source : Notre enquête, avril 2011
Suivant le tableau ci-dessus, près de la moitié
des enquêtés ont un niveau d'étude primaire soit 43.5%
contre 40.6% des enquêtés qui ont un niveau d'étude
secondaire ; un pourcentage faible, soit 16.5% ont un niveau d'étude
universitaire. A partir de ces résultats affichés dans le tableau
ci-dessus, nous remarquons que les personnes enquêtées ont toutes
une instruction scolaire même si cette instruction n'est pas
égale. Tous les enquêtés sont capables de lire et de
comprendre les questions.
8.2.3.5.4. La répartition des
enquêtés selon la profession
Tableau 11: La répartition des
enquêtés selon la profession
Profession
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Sans emplois
|
70
|
11.8%
|
Agents de l'Etat
|
75
|
17.6%
|
204
Secteurs privés
|
70
|
11.8%
|
Enseignants
|
80
|
23.5%
|
Etudiants
|
90
|
35.3%
|
Total
|
385
|
100%
|
Source : Notre enquête, avril 2011
Dans le tableau ci-dessus, sur un total de 385
enquêtés, 11.8% des enquêtés ne disposent pas d'un
emploi, 17.6% des enquêtés sont des agents de l'Etat, soit au
district ou au secteur para étatique; 11.8% des enquêtés
travaillent dans les secteurs privés. 23.5% des enquêtés
sont des enseignants, dans les établissements publics ou privés
et enfin, 35.3% des enquêtés sont des étudiants à
l'université publique ou privée.
8.2.3.5.5. La répartition des
enquêtés selon l'état matrimonial
Tableau 12: La répartition des
enquêtés selon l'état matrimonial
Etat matrimonial
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Célibataires
|
220
|
82.4%
|
Mariés
|
165
|
17.6%
|
Source : notre enquête, avril 2011
Comme nous le remarquons dans le tableau ci-dessus, un
pourcentage important des enquêtés est celui des non mariés
soit, 82.4%,
205
tandis que 17.6% des personnes interrogées sont
mariées. Cela ne surprend pas car la population est, en majorité,
jeune.
8.2.3.5.6. Les instruments de musique les plus
utilisés pour communiquer à distance
Il s'agit d'identifier, d'après les résultats
obtenus sur le terrain auprès des enquêtés, les moyens
utilisés fréquemment pour communiquer (à distance), pour
la réception ou la transmission des messages.
Tableau 13: Les moyens modernes de
communicationnels plus utilisés pour communiquer
à distance
Moyens modernes de communication fréquemment
utilisés
|
effectif
|
pourcentage
|
Téléphone
|
250
|
64,93%
|
Internet
|
100
|
25,97%
|
Tambour
|
0
|
0%
|
Messager
|
25
|
6,49%
|
Courrier postal
|
10
|
2,59%
|
Total
|
385
|
100%
|
Source : Notre enquête, avril 2011
Comme nous pouvons le remarquer dans le tableau ci-dessus,
64,93% des répondants affirment utiliser les téléphones
comme moyens de communication à distance, 25,97% des
enquêtés recourent à l'Internet, 0%
206
de personnes enquêtées utilisent le tambour,
6,49% recourent aux messagers et, enfin 2,59% utilisent encore le courrier
postal pour transmettre le message avec tous les risques qu'ils prennent dans
la transmission et la réception du courrier et des messages.
Ces résultats montrent à quel niveau l'usage du
téléphone est d'usage courant par rapport à d'autres
outils de communication. Celui-ci est talonné par l'internet, dont
l'usage s'avère intéressant pour un grand nombre du public,
même si les moyens pour se payer un accès se montrent toujours
difficiles.
Peu de congolais envoient, encore, une personne, un
émissaire (Binati mpolo, Ntumi ou Bituami) pour transmettre
l'information à cause de l'avènement du téléphone
qui a tout basculé. Il est jugé plus facile de passer un coup de
fil que de transmettre le message par l'intermédiaire d'une tierce
personne. Comme il est clair, on n'utilise plus le tambour322 pour
communiquer vu la facilité que la technologie nous offre ; par contre
certaines personnes écrivent une lettre qu'ils font parvenir au
destinataire via la poste. Les techniques relatives à l'encodage et au
décodage des messages ont évolué, révolutionnant,
du reste, l'organisation de nos sociétés.
Aujourd'hui, les nouvelles technologies, et notamment celles
de l'information et de communication ouvrent la voie à des
modèles de société et de communication plus durables.
322 Pr. Michel Tjade Eone, L'Afrique dans le temps global
de la communication. du local au planétaire,
Yaoundé : Ed. SOPECAM, 2007,
le tam-tam ou tambour d'appel considéré comme le
précurseur des récentes technologies de la communication, est une
réflexion de cet auteur sur les médias traditionnels
207
8.2.3.5.7. L'efficacité des outils
traditionnels de la communication
De nos jours, le manque de communication est devenu un
problème crucial dans les relations humaines. Pour arriver à
comprendre et à être compris, nous devons connaître et
comprendre notre interlocuteur, ainsi que nous-mêmes. Nous en voudrons
pour exemple, le blackout auxquelles certaines populations, dans certains pays,
ont soumis a eu de profondes répercutions sur tous les plans du
commerce, communication, transport, santé, etc...
Tableau 14 : Degré d'efficacité des outils
traditionnels de communication
Degrés d'efficacité
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Très efficaces
|
0
|
0%
|
Efficaces
|
13
|
15.3%
|
Moins efficaces
|
33
|
38.9%
|
inefficaces
|
39
|
45%
|
Total
|
85
|
100%
|
Source : Notre enquête, avril 2011
Il est clair dans le tableau ci-dessus, 15.3% des
enquêtés estiment que les outils traditionnels de communication,
notamment, le tambour, la clochette et le grelot sont efficaces dans la
transmission d'informations. Ces avis appartiennent, notamment, à ceux
qui ont un esprit conservateurs.
208
« N'oublions pas que l'avènement des nouvelles
technologies d'information et de communication remplacent continuellement les
outils de communication traditionnels ; cependant, il serait ingrat de passer
sous silence ce que ceux dits traditionnels ont contribué dans le
quotidien de nos sociétés, notamment dans diverses
cérémonies comme le mariage ou la dot ; la présence des
batteurs de tambours ou ceux qui chantent avec la flute véhiculaient un
message très important, vu que ces instruments symbolisent en
eux-mêmes la tradition», affirme un enquêté.
38.9% estiment que ces moyens de communication dits
traditionnels, sont inefficaces à cause de leur lenteur dans la
transmission des informations. « Je ne pense pas qu'il y ait toujours des
personnes qui utiliseraient le tambour, la flute ou la corne d'antilope pour
faire parvenir une information à une tierce personne, aujourd'hui, la
technologie a tout rendu facile. Evidemment certaines églises utilisent
la cloche pour rappeler à leurs fidèles l'heure de prière,
mais il serait plus efficace de la remplacer par d'autres moyens plus modernes
comme les hauts parleurs que les musulmans utilisent à la mosquée
», souligne un enquêté.
45.9% des personnes interrogées éprouvent un
sentiment de méfiance à l'égard des outils traditionnels
de communication et estiment que l'usage de ces outils est inefficace ; voire
même inutile. « A l'ère actuelle qui utiliserait la
flûte ou le tambour pour transmettre une information à une
personne qui est éloignée ?
De notre point de vue, nous estime que c'est une perte de
temps de songer à ces instruments, je n'ignore pas, jadis, ils nous ont
été d'une grande utilité, mais aussi on ne doit pas
négliger les exigences de ce monde moderne, notamment la qualité
des services à rendre!», évoque un
209
interrogé. Au sujet de l'usage des NTIC, les personnes
interrogées ont un point de vue qui est radical : ils
préfèrent la facilité que leur offrent les nouvelles
technologies.
210
Chapitre 9 : Analyses ethnographiques des instruments de
musique
Les instruments de musique des Suundi sont fonctionnels et
significatifs. C'est une évidence. C'est là une de leurs
principales caractéristiques.
Comme l'écrit Monique Brandily :
« La matière sonore [...] est soumise à
l'observation des conventions dictées par des motifs qui ne doivent pas
grand-chose à la recherche esthétique, mais répondent
à la nécessité de demeurer signifiante
323».
Comme la musique, les instruments de musique sont
indissociables de la dimension religieuse et des actes sociaux. Ils se
présentent souvent comme un moyen de communication avec l'invisible :
« la communication par la musique est le moyen privilégié de
s'assurer la clémence des puissances qui contrôlent les forces
naturelles324 ». Le lien entre instruments de musique et le
symbole et aussi très prégnant : homme/femme, droite/gauche,
pair/impair, registre timbre de l'instrument, tension de la peau. « Les
choix musicaux sont sous la dépendance des significations d'ordres
symboliques325 », ajoute-t-il.
Quelle est la portée symbolique de l'iconographie
musicale véhiculée par les instruments?
Une telle interrogation porte sur le rapport de l'objet ou du
contexte musical signifiant et de la substance symbolique ainsi
signifiée.
323 M. Brandily, Introduction aux musiques africaines,
Paris, ACTES Sud ? 1997, p.26.
324 Ibid., p.49.
325 Ibid., 61.
211
9.1. Les symboles des instruments de musique
traditionnelle
Un symbole, une image, est un élément
représentatif de l'ensemble d'une culture, donc d'un groupe de personnes
se rattachant à celle-ci. Mais derrière l'idée de symboles
se cache aussi l'idée de construction, de fabrication de ce même
symbole, la construction socioculturelle du concept ou ce que l'on appelle
« représentation ».
Le symbole326 n'est pas un signe qui ressemble
à son référent, il est le signe dans lequel on
intègre un ensemble de références construites. Il ne
s'oppose pourtant pas la définition de la signification puisqu'il s'agit
d'un élément ne manquant pas de signification sociale. Partie
intégrante d'un message, d'un acte de communication, le symbole est le
lieu d'interprétations que l'on construit en contexte,
c'est-à-dire dans le contexte propre où il se trouve. Il est donc
un élément produisant des significations :
« Une signification peut-être définie
comme une interprétation que des énonciateurs construisent lors
d'une situation de communication (...) les énonciateurs
n'émettent pas directement du sens, ni même de la signification
mais seulement des signes intentionnels ou non...organisés et
interprétés selon des codes divers, y compris au plan symbolique.
La signification ne se réduit pas au sens, ni au
326D'après le symbolisme universel, un signe
luisant au-dedans est sonné au-dehors. C'est- dire qu'il est
assumé, traduit et manifesté par quelque chose au-dehors. Il
compose d'un signifiant (forme sonore qui détermine le signifié,
bref l'expression) et d'un' signifié (l'aspect formel de l'entité
dite signe, c'est-à-dire le contenu), tel que Barthes l'a
illustré schématiquement à la hjemslevienne? C'est une
réalité sensible qui se rapporte à une autre
réalité qu'il est censé évoquer, Chaque signe entre
dans un réseau de relations et d'oppositions avec d'autres signes qui le
définissent, qui le délimitent à l'intérieur de la
langue, GodwlnE, Ochiba, Essai sur la sémiotique comme instrument
d'investigation littéraire, Rev. CAMES - Série B, Vol. 005
N°1-2, 2003, pp.334-335
212
message. Dans les faits se construisent effectivement
toujours des significations plurielles327 ».
Quel sens peut-on donner aux représentations de
certains instruments de musique des Suundi?
Chaque instrument de musique offre une opportunité
d'accéder à l'harmonie secrète du monde si on sait en
jouer. Il évoque, en fonction du contexte, les sentiments, le talent et
le génie inventif de l'artiste. Ces dimensions, « forment et
éduquent l'Homme, contribuant ainsi à son épanouissement
moral et spirituel (...) », écrit D.I. Itoua328. Les
symboles sont des créations culturelles qui obtiennent leur
signification dans les rites, les cultes et les moments qui scandent la vie de
leurs utilisateurs329.
Comment expliquer et comprendre que des instruments de musique
reçoivent, dans le domaine del'art, de « belles parures », une
manière de les rendre plus attractifs et plus beaux ? Ces instruments
musicaux sont marqués, taillés, sculptés, modelés,
gravés à cette fin. Si les marques sur le corps est fonction
d'esthétique, parfois d'érotique, que dire de ces objets?
Suivant la réflexion anthropologique et
sémiotique de Franck Ghitalla, de Dominique Boullier et de Fabienne
Plégat-Soutjis330, comment ne pas s'interroger sur le
symbolisme des instruments musicaux.
327 Roseline Le Squère, Une analyse
sociolinguistique des marquages du territoire en Bretagne : toponymie, affiche
bilingue, identités culturelles et développement
régional, Thèse pour l'obtention du Doctorat de
l'Université Rennes 2, Option sociologie du langage, 2007, p.149.
328Daniel Isaac Itoua, Instruments de musique
traditionnelle des Mbôsi du Congo : secrets et applications, Paris :
l'Harmattan, 2014, 127 p.
329C. Faïk-Nzuji, Symboles graphique en
afrique, Ibib., p.121.
330 Les représentations et les usages des écrans
en formation à distance, la notion de sémantique graphique
analyse une forme spécifique de communication, c'est-à-dire celle
des écrits d'écran périphériques aux modules de
formation (fameuse interface), Fabienne Plégat-Soutjis, «
Sémantique graphique des interfaces : représentations, valeurs et
usages », In Communication et Langages, n°142, 2004,
pp.19-32
213
En réinvestissant une démarche
d'évaluation, nous établirons alors un dialogue indispensable
à la compréhension de l'utilisation des instruments de musique
(état physique) et visuels « interactifs », un dialogue entre
un point de vue morphologique (déjà amorcé) et une
approche sémiologique.
9.1.1. La sculpture des membranophones
En Afrique, lorsqu'on pense aux membranophones, on pense
à l'esthétique, aux couleurs, à
l'iconographie331, à la fabrication (design), etc...
La relation entre les instruments de musique, la musique, le
musicien et la nature est un thème récurrent dans les mythologies
du monde. C'est pourquoi on trouve des instruments anthropomorphes
(sculptés en forme d'être humain) ou zoomorphes (sculptés
en forme d'animal). Si ces éléments sculptés
possèdent encore une forte signification symbolique dans certaines
cultures, ils n'en constituent, pour d'autres, qu'un simple décor ; il
en va ainsi des instruments de musique chez les Suundi.
Des survivances de l'analogie entre instrument de musique en
forme humaine ou animalière se retrouvent dans certaines parties: pour
les instruments à cordes, on parle de cordes attachées à
la « tête », elle-même rattachée au « corps
», c'est-à-dire la table d'harmonie, grâce au manche ; pour
la flûte, la « tête » est la partie où souffle le
musicien, l'air traverse le
331 On entend par iconographie musicale, l'étude des
représentations figurées de la musique dans les arts visuels,
quelle qu'en soit la technique. Elle est source importante pour
témoigner (i) les objets musicaux tangibles : instruments de musique
(dans leur morphologie et leur tenue de jeu), notations musicales manuscrites
ou imprimées, (ii) les acteurs faisant ou écoutant la musique :
ensembles musicaux et groupements témoignant de pratiques musicales,
musiciens anonymes ou identifiés, conditions de la musique dans la
société (iii) du rôle de la musique dans les
sociétés, les thèmes musicaux étant porteurs de
symboliques spécifiques tout en étant symptômes de cultures
données, Daniel François Scheurleer, Iconographie des
instruments de musique, La Haye, D.F. Scheurleer, 1914.
« corps
» appelle «
et sort par le « pie
|
d » ; pour
|
les tambours, c'est la
peau qu'on tête », cette
dernière étant tendue
par-dessus le « corps ». De
plus, ce que le nom
désigne « tête » est
souvent représenté p
ar une
écoratio d n sculptée dans la
partie correspondante.
vent.
On voit par ailleurs, d'autres éléments
sculptés, qui, pour des
raisons purement
décoratives ; se
trouvent sur des éléments
qui n'ont aucune influence
sur la production du son
comme les instruments à
Figure n°
|
53 : Membranophone en bois
|
|
L'instrument
prototype d'instruments
à
emoisell d e333
noire
anthropomorphe,
est le
représente une
n'est certainement pas,
de la musiq u
qui n'est pas
he du sonnet
rps féminin e
332 C. Duveille p.125
333Personne du sexe
féminin
34 Dans la d
3 euxième
strop
compare cette île avec le co
1861, p.13
e du monde :
|
musique de tradition orale
|
mariée
de Charles Baudelaire qui
précise qu'il s'agit d'une île, et il
t avec la femme qu'il aime,
Les fleurs du
, Aux sources
sco, 2010,
, Paris : Une
ibebook,
mal, Paris, B
214
ci-dessus est, de forme
332
figuratio n humai ne. Il d'un
naturel coquet, qui encore,
allée à la maternité et
dont la beauté rappelle « (...)
un paradis exotique, une nature
abondante avec des arbres
aux « fruits
savoureux334». Cette
beauté que Ch.
Baudelaire renforce à
travers son poème
»Parfum
exotique»
|
en ces termes :
|
n soir cha
« Quan
d'autom
Je resp Je vois
onotone
d, les deux yeux fermés, en u
ne,
ein chaleu reux,
ire l'odeur de ton s
se dérouler des rivages
heureux Qu'éblouissent
les feux d'un soleil m Une
île paresseuse où la
nature donne Des arbres
singuliers et des fruits
savoureux
ud
;
(...)335 »
Pendant que
mosaïques
certains instruments de musique basuundi s
ont de sont monotones.
, d'autres
Sources :
Photo gal
lérie Kinz
Figure n °54: Membranophon
de récipient
e (mosaïque) en forme
éngélé, Août 2008
215
Ce tambour à la forme
d'un récipient, sorte de
cruche, yuki, qui sert
à recueillir et à
conserver l' eau dans de meilleures
conditions. Une eau dont
l'importance aussi bien pour l es animaux ,
les animaux que les
végétaux est sans
pareille : « l'eau, c'est la vie »
, dit l'adage populaire.
L'instrument qui est un
tambour contient de l'eau qui
donne la vie, qui peut
ramener, selon les
contextes, « les
personnes mortes à la vie » car,
la symbolique du
récipient permet de conserver
non seulement la
pureté de cette eau mais aussi
d'évider les
consommateurs d'être infectés
par les vecteurs de parasite s. Ainsi, l'être humain,
qui boira de cette eau, sera en
3 35 Ch. Beaudelaire, Ibid
bonne santé et,
économiquement,
indispensable
336
est soit u ne gargoul
ette, soit une caleb
asse.
pour le pays. Ce ré
cipient
Certains membranop hones,
comme ceux-ci-dessous, ont
leurs parois sculptées. Comme
des êtres vivants, ces
tam-tams possèdent des
sortes de supports, pieds,
sur lesquels ils tiennent debout
sur des pieds. Ce qui
suppose debout pour inviter les
populations à la danse et à la
musique.
s décorés
Figure n°
55 : Quatre membranophone
Gallérie p
e (avril 20
Sources :
ersonnell
14)
Par sur pieds, surtout à
musique et à la dans
ailleurs, l'autre type de
tam-tam disp
se joue assis. Cette sorte
de tambour
Kabadis sou. De forme
rectangulaire
cation des
e qu'à la
communi
osant des pieds, tambour
existe chez les Suundi,
, il sert davantage à la
messages.
Gallérie p
e (avril 20
Figure n°
Sources :
56 : Un tambour sur
|
pied (iii)
|
ersonnell
216
336 Th. Masui, Annales du
Musée du Congo : les
collections ethnographiques du Musée
du Congo, tome 1, fascicule 1, Bruxelles :
Imprimerie C. V Heighe, 18
99, p.28.
9.1.2. La sculpture de s aérophones
9.1.2.1. Les t rompes t raversièr es en cor nes de
bo vidés
sonner
similitude
s au nive
Suundi et
les tromp
Ell es sont fa
briquées avec des c ornes de
buffles et d'antilop es. Ces trompes, aux mul
tiples us ages, ser vaient g
énéralem ent pour
l'alarme ou l'alerte en vue d' organiser le
rasse mblement des guerri
ers afin de comb attre les
troupes ennemi es. Nous avons relevé q
uelques au des fonctions musical
es entre les trom pes des s
en usa ge chez le s Tchama
n337 de la Côte-d'Iv
oire.
Figure n°57 : Une
siki, mpoka)
corne trav
14)
e (avril 20
ersière (mpungi,
Sources :
Gallérie p
ersonnell
que « (... ) dans
sonneur
appelle
: « Le
d'ajouter
A propos de ces types de trompes, E.
Terray écrira le langage
de la corne, chaque homme a son
nom, et le avant
l'expédition chacun des guerri ers du
village» et
sonneur doit être sp
défaite du village338
|
écialement protégé »
|
: sa mort
|
au comb
|
at entraîn
|
erait la
|
Dans ce même ordre
d'idées, H. Zemp339
mentionne la fonction
musicale et la
signalétique que « la
trompe en corne d'an tilope
traversière, jouée, seule ne
produit qu'un seul son, au
maximum deux lorsqu' il s'agit
d'une petite corne
comportant un trou
d'intonation. Intégrée
dans un
e centrale,
217
337Aka Konin, Aspects de l
'art musical des tchaman de
côte d'ivoire, Musée royal de l'Afriqu
Tervuren (Belgique) 2010
338Terray (E.),
L'Organisation sociale des Dida de
Côte d'Ivoire, Annales de l'U
niversité d'Abidjan,
série F, tome I, fascicule II,
Ethnosociologie, 1969, p. 3
06.
Série F, Tome I,
39Zemp (H.),
3 Trompes
sénoufo, Annales de l'Univers
ité d'Abidjan, Fascicule I,
Ethnosociologie, 1969, p. 48.
218
ensemble instrumental, elle a essentiellement un
caractère rythmique et non mélodique.
Au contraire, les trompes du chef, qu'elles soient
accompagnées de tambours et sonnent pour une danse ou qu'elles
fournissent un signal pour le départ en guerre, ont un caractère
mélodique : elles produisent 4 à 6 sonorités distinctes et
accordées.»
9.1.2.2. Les trompes traversières en
bois
Ce sont de grandes trompes traversières,
creusées dans un bloc de bois. Ces instruments sont rectilignes,
cylindriques sur deux tiers de la longueur, avec seulement un léger
évasement du pavillon. Ils sont dépourvus de trou d'intonation ;
un trou percé à même le tuyau et, situé vers
l'extrémité, sert d'embouchure latérale. Certaines trompes
en bois sont ouvragées : ainsi on y trouve des trompes anthropomorphes
et zoomorphes. La partie supérieure (extrémité voisine de
l'embouchure) de l'instrument figure une tête humaine.
9.1.2.3. Les trompes en ivoire
Elles constituaient un signe distinctif des riches bourgeois
(la classe des aristocrates). Elles servaient les hommes riches dont elles
animaient les cérémonies traditionnelles d'intronisation,
c'est-à-dire « sortie dans la rue pour paraphraser H.
Memel-Fotê340 qui parle du rituel d'ascension sociale :
340 H. Memel-Fotel, Le Système politique de
Lodjoukrou, une société lignagère à
classes d'âge (Côte d'Ivoire), Paris, Présence
africaine et Nouvelles Éditions africaines, 1980, 479 p.
219
une participation
politique
pouvoir
« C'est un rite au
cours duquel le candidat, membre
d'une classe d'âge et d'un
clan, expose au peuple, sous forme d'or, le
fruit de son travail personnel, émerge
de la masse des pauvres et
de la masse de sa classe
d'âge, s'intègre à la
catégorie des riches, en y
intégrant d'un cran
l'ensemble de
triclan, cette sortie
conquiert, par l'arme
économique,
plus grande, une
participation plén
réel détenu par les
grands hommes » .
ou des
9.1.3. Les co rdophon es
Rappelons que les co
rdophone s disposent des
cordes tendues qui
résonnent lorsqu'elles sont
pincées (par les doigts),
frottées, frappées ou
ctionnée a s par le
vent : le piano à pouces,
nsambi. Ces i
nstrumentsétaient
décorés,
sculptés et ornés d e
figures particulières, véhiculant un
spécifique
son ma
ière au
messages
s.
Figure n°
Sources :
58 : Une
Gallérie p
e
e (avril 20
guitare traditionnell
ersonnell
14)
n'en use
instrument
9.2. Les instruments de musiqu
Quand on présente
physiquement un instrument
pas artistiquement. Mais l
a
se fait au sein
de musique, on
présentation
esthétique du même
même de l'oeuvre. Ce
fait entraine une
e et l'art
220
conséquence assez paradoxale : la présentation
physique et discursive se donne comme présentation « la
présentation esthétique (...) 341 » écrit Bernard
Sève. C'est dire que la présentation esthétique de
l'instrument, c'est aussi une manière de faire sentir la
potentialité de l'instrument derrière la réalité
sonore limitée qu'il est, pour l'heure, invité à produire,
une forme de présentation esthétique. La décoration des
instruments de musique, du point de vue du design (conception) peut être
assimilée à des scarifications, des tatouages342, que
l'être met sur son corps en signe de beauté extérieure. En
parlant des scarifications, de la décoration et de la sculpture sur les
tambours d'Ambrym, Jean Guiart343 ».
Nous avons, dans certaines localités344,
trouvé des instruments de musiqueportant sur leurs paroisdes initiales
ou des patronymes de leurs créateurs. Cette marque, ce cachet, indique
l'appartenance de l'instrument à tel ou autre artiste. Tel est le cas,
pour la majeure partie des instruments utilisés dans des églises.
Ces empruntes se font à l'aide d'un morceau de fer chauffé que
l'on fait, ensuite, passer sur les parties destinées à recevoir
les écrits.
341Bernard Sève, « Utilisation et
« présentation esthétique » des instruments de musique
»,In Méthodos : savoir et textes, 2011, n°11.
342 Devenu un phénomène de société
au même titre que bien d'autres fléaux tel que le tabagisme, le
tatouage s'est dangereusement répandu dans les milieux juvéniles,
sportifs et même dans celui des amoureux. En guise de beauté, de
nombreuses personnes n'hésitent pas à se faire tatouer jusqu'au
niveau des parties de leurs corps les plus inimaginables. Ces signes deviennent
très en vue chez les stars des ballons (rond, oval etc...) sans oublier
les jeunes dits branchés qui s'identifient à leurs idoles vus au
cinéma ou à la Télévision.
343 «( ...) A côté des grands tambours
sculptés, se dresse généralement un tambour de plus petite
taille, simple cylindre évidé. Il existe aussi de petits tambours
portatifs, en bois ou en bambou. Les joueurs de tambours sont des dignitaires
de rang moyen, mais assez fortement spécialisés en ce qui
concerne le jeu d'accompagnement des diverses danses : soit avec un grand et un
petit tambour en batterie, (rites du Mage), soit seulement avec un instrument
de petit; taille (rituels Luan). Il y a deux formules pour les tambours en
batterie : soit un seul homme, assis sur une pierre et jouant d`un bras sur
chaque tambour - soit un joueur pour chaque tambour; dans ce dernier cas celui
qui a la responsabilité du plus petit tambour joue à deux
maillets, mais toujours sur le côté droit », J. Guiart,
« Notes sur les tambours d'Ambrym », Extrait Journal de la
société des Océanistes, Numéro spécial
consacré aux nouvelles Hébrides, Tome XII, 1956, p.335.
(Coll. Cliché et Musée de l'Homme)
344 Il s'agit des villages de Kabadissou, de Kissenga, de
Soukou-Bouadi, de Manzakala dont les tambours, surtout à fentes,
étaient l'oeuvre du « Maître mukonzi » Jean
Kinkouémi décédé le 12 mars 1976. Il avait
réussi à imprimer à ces tambours un cachet spécial
à telle enseigne qu'ils étaient reconnaissables par les habitants
de l'espace suundi et, facilement perceptibles, étaient les sons
émis.
église du
Figure n °59: Des in
décorés, utilisés à l'
Sources :
2013)
razzavil B le
Gallérie
struments de musique,
Centenaire de
Ain
|
si, en guis
|
e de repr
|
ésentation
|
s345, les ornements
|
, les décorations
|
345Disons que
instruments
de
nthropologie a ,
tous les instruments de mu
musique congolais, Ibib., Ibib., :
les idiophones, les
l'ensemble porteurs des signes
distinctifs
uvres de l'esprit. Si certa
i
créateurs des oe
de forme
géométrique (trap
46Il s'agit d'
3 un
creuses
47C'est dire
3 q
dont le sens e
guerre; un a
p (tifitrifi); un a « Notes sur
les
'chaque grade
e trompe anthropomorphe
u'en dehors des rythmes d
st assez généralement conn
pel pour la ppel pour le s tambours d'
A
du - il y a un
ézoïde), d'au
appel pour
circoncision
cérémonies
mbrym », I b
ns d'entre eux
tres ont de fo
sique répertoriés au Congo
pp.60-64 et les Annales du
aérophones, les
membranophones et les cordophones , des signatures, des
marques déposées apposés
par le
sont de forme humaine ( d
'accompagnement, très
divers, il existe des appels au tambour,
u: à partir du grade Sagran, il y a un
appel au tambour, pour
un mort, (tarum) différent
suivant le g rade;- un appel pour la
(sur deux tambours);un appel pour
convoquer la population luan ou le
masque tamake;- un appel
pour la danse, J. Giart,
id., p.335.
retrouvée chez les Bembé
rmes variées :
'une tête de féticheur),
croissant, animal ou sablier.
qui représente quatre
statues
par J.N. Ma quet, Note sur les
Musée du Congo: ethnographies
et
sont dans
s
221
sont légion.
A titre illustratif les
trompes anthropomorphes346 o
u les «figurations
humaines » sont faites des
mains d'artistes. Elles
représentent chacune un
ersonna p ge et remplissent
des fonctions
particulières, écrit J.
Guiart347.
Les instruments de musique
dont la fente du tambour est
enduite de kaolin à
l'intérieur symbolisent la
matrice primordiale,
l'utérus du monde en
gestation rythmique, là où le
cosmos et en particulier la
lune se
régénèrent.
L'oracle débute comme une
émanation du corps maternel, comme un
corps à corps avec l'ordre
de la mère, issu de l'espace
matriciel originaire figuré par la maison
de réclusion.
particulier, sont
A l'image de général y
compris
nthropo a morphes.
s aérop hones ci-dessus,
les les Kunyi, et S uundi
en
cordophones Kongo, en
parfois
Figure n (Kunyi du
°60 : Une Harp
Congo-Gabon)
e348
9.3.L'icono graphie34 9
A l' image des
s, l'iconographie
aux Suu n L'image,
|
di de transmettre dont la fonction
|
signes ( bidimbu) et des pic
togramm e est une fo rme de
« communi cation » q
ui permet les messa ges
à l'in térieur de leur com
munauté.
ommuni c cationnell e est imp
ortante, te nd à pren
dre:
222
349On entend par
iconographie musicale, l'étude des
représentations figurées de
la musique dans les arts
visuels, quelle qu'en soit la
technique. L'iconographie musicale
constitue donc une source importante pour
témoigner - d'objets musicaux
tangibles : instruments de musique (dans
leur morphologie et leur
tenue de jeu), notations
musicales manuscrites ou imprimées, -
d'acteurs faisant ou écoutant la
musique : ensembles musicaux et
groupements témoignant
de pratiques musicales, musiciens anonymesou
identifiés, conditions de l a
musique dans la société
- du rôle de la musique dans
les sociétés, les thèmes
musicaux étant porteurs de
symboliques spécifiques tout
en étant symptômes de
cultures données.
223
« Une place sans cesse plus importante dans
l'ensemble des systèmes de signes qui véhiculent la
pensée, lesquels se sont créés au fur et à mesure
de l'évolution des rapports sociaux : entre le système
symbolique, discursif et conceptuel de l'écriture réservée
à une minorité alphabétisée et la
télévision en direct, qui permet une perception
instantanée de l'événement, le cheminement est continu
vers une plus grande convivialité. Mais l'image (surtout lorsqu'elle est
médiatisée) n'est qu'un simulacre, une représentation du
réel plus ou moins aseptisée, c'est-à-dire coupée
de la réalité350 », écrit J.L.
Chevanne.
Ici, les pictogrammes sont comme des signes
graphiques351, iconiques et conventionnels ayant une fonction
communicative sans pour autant transcrire le langage.
S'agissant des instruments de musique des Suundi et ainsi que
des principaux acteurs, quelle perception nous en faisons-nous ?
La sansa ou kisansi, terme courant pour
désigner une famille d'instruments idiophones à pincement
répandu chez les Suundi352, le principe est la mise en
vibration de lamelles métalliques ou de bambous, fixées sur une
planchette de bois avec ou sans résonateur. Les lamelles sont
fixées de manière à ce qu'on puisse les faire vibrer avec
le bout des
350Jean-Luc Chevanne, « Son, image, imaginaire
», In Journal des anthropologues, 79, 1999.
351 Emmanuelle Bordon, « Comment les pictogrammes sont
interprétés par des ordinateurs », In Communication et
Langage, n°142, 2004, pp.43-52
352 Antoine Moundanda et Albert Loussiala de la «
poussière » ont été des professeurs de cet instrument
de musique aujourd'hui en perdition.
224
doigts (les pouces). Baguées, on peut faire coulisser
les lamelles pour les accorder.
A cet instrument, on y ajoute, parfois, des bruiteurs comme
des coquillages, des capsules de bouteilles, des anneaux de fer blanc. Par
ailleurs, la morphologie, la chromie sont autant d'éléments qui
permettent de fixer l'instrument aussi bien dans l'espace que dans le temps.
Ainsi au risque de paraître bien pragmatique aux iconographes, j'ai
relevé de nombreux instruments de musique du point de vue de leurs
représentations qui montre combien le langage visuel peut-être
parfois irremplaçable pour affiner la connaissance d'un instrument, son
évolution, son mode de jeu voire ses accessoires.
9.4. La tonologie, la
phonologie353
De transmission orale, les langues bantoues ont
été peu écrites de manière académique. Toute
communication avait lieu à un moment donné, dans une situation
donnée, dans un lieu donné ou à l'occasion d'un
événement donné ! Ces paramètres
inaliénables sont nommés « contextes de communication
». Ils signifient que la forme de communication émarge à un
environnement culturel, technologique, socioéconomique, situationnel
à telle enseigne qu'aucune communication ne peut se comprendre en dehors
de son contexte354, dirait-on.
On dira que toute communication n'a de sens que dans le
contexte dans lequel elle s'inscrit. Ainsi, sortie du contexte d'un repas,
la
353 La phonologique est définie comme la
capacité à percevoir, à découper et à
manipuler les unités sonores du langage telles que la syllabe, la rime,
le phonème. La prise de conscience d'unités phonologiques comme
la syllabe et le phonème, ainsi que leur traitement explicite et
l'apprentissage des correspondances entre unités orthographiques et
phonologiques sont essentiels à l'acquisition de la lecture et de
l'écriture
354 Par définition, le contexte est l'ensemble des
éléments, des circonstances, qui entourent un fait
225
communication «passe-moi le sel» n'a pas
beaucoup de sens. Le contexte de la communication dépend de facteurs
multiples (culture, temps, technologie, cadre...) et des normes sociales ou des
conventions qui régissent les relations interpersonnelles. Quoi qu'il en
soit, le contexte est indissociable de la communication !
9.5. L'élément sonore
La musique, dans un contexte de communication, peut être
considérée comme un langage indépendant du langage verbal.
Elle a un vocabulaire propre qui nous renvoie directement à notre propre
expérience sensorielle et esthétique.
Le « langage et la musique » : la question n'est pas
neuve, et l'on peut en restituer la généalogie à travers
les déclinaisons des formulations qui la présupposent, toutes
dotées d'implications différentes et supposant des modifications
constantes de point de vue (« parole et musique », « mise en
musique du texte », « musique et littérature », «
prima la parola... »). Cependant, telle qu'elle est posée,
du fait de l'emploi du terme de « langage », cette question comporte
des résonances sémiotiques. Au-delà même, elle
semble s'inscrire dans le champ de la sémiotique structurale: sa forme
duelle construit en effet de manière sous-jacente un système
oppositif impliquant que les deux termes rapprochés ici, le langage et
la musique, soient définis l'un par rapport à l'autre, l'un
contre l'autre355.
La musique, dans sa forme simplifiée, le schéma
classique de la communication musicale rappelle le modèle linguistique.
Elle représente,
355Mathilde Vallespir, « Langage et musique :
approches sémiotiques »,
http://www.fabula.org/colloques/document1274.php#,
(consulté le 29 octobre 2013)
226
chez les Kongo, un langage, un système de communication
qui s'apparente à l'analyse musicale schématisée par
Geneviève Broutechoux et Daniel Bô356.
La musique et le langage constituent deux systèmes
sémiotiques, caractérisés par leur aptitude à
produire quelque-chose, diversement appelé sens (au singulier ou au
pluriel), signification, signifiance, catégorisation. Tous deux
partagent une double nature graphique et acoustique, sans pour autant que ces
manifestations caractérisent identiquement ces deux systèmes.
Ainsi, pour J.M. Klinkenberg, la musique est encodée graphiquement et la
partition envisagée comme « métalangage357
». Au contraire, l'écriture et la « réalisation orale
» du discours sont considérées comme deux modes de
réalisation différents du système verbal. En outre,
musique et langage sont deux « chrono syntaxes », la première
à signes simultanés ou potentiellement simultanés, le
second à signes « asimultanés ».
En somme, les deux systèmes sont articulés
différemment : si le verbal comporte une « double articulation
», le musical répond à une articulation simple. D'un point
de vue perceptif et productif, ils mobilisent deux canaux perceptifs similaires
: le canal auditif et le canal visuel (pour la manifestation graphique de ces
deux systèmes, quel que soit le statut qu'on donne à celle-ci).
Ils partagent en outre la voix comme canal de production. Précisons
toutefois d'une part que cette dernière constitue le canal exclusif du
système verbal quand elle n'est qu'un canal parmi d'autres pour le
musical, la production musicale pouvant être véhiculée par
bien d'autres instruments. D'autre part, elle est utilisée
différemment
356Geneviève Broutechoux et Daniel Bô,
L'analyse musicale : présentation, s.l., sd, sn, p.11.
357 J.M. Klinkenberg, Précis de sémiotique
générale, Points Essais - sciences humaines, De Boeck et
Larcier, 1996, Seuil, Paris, 2000, p. 56
227
dans les deux systèmes : selon les contraintes du
langage articulé pour le système verbal et selon les
paramètres de la musique (timbre /hauteur/ rythme). Ceci implique la
mobilisation d'éléments anatomiques différents, qui
peuvent être utilisés en même temps358, (comme
c'est le plus souvent le cas dans des oeuvres chantées - avec «
paroles »), et donnant ainsi lieu à un « stimulus
composé »359. La voix apparaît donc comme point
d'intersection privilégié entre musique et langage - ce qui
explique d'ailleurs la fréquente réduction de la question de la
relation entre langage et musique à la question musique/parole.
Ce serait là réduire un faisceau de connexions
dont on peut à présent tenter de brosser une typologie.
Dans ce contexte, les Suundi se mettent en situation de
communication interpersonnelle au moyen des instruments de musique ou non. Au
sujet des instruments de musique, il s'agit de ce que Kristeva considère
comme étant les « événements sémiotiques
», c'est-à-dire « (...) la syntaxique nouvelle360
». D'une certaine façon, on relève dans la production
théorique le fait que la musique est plus souvent
considérée comme le produit d'un langage, alors qu'on fait
dériver ses éléments de l'idée de fonction
communicative, voire métalinguistique. Cet état de fait est
lié au genre de musique (dont les études tiennent compte. On y
relève le plus souvent une primauté donnée aux musiques
tributaires d'une certaine tradition verbale et expressive, comme la musique
classique et romantique, dans lesquelles l'aspect symbolique de la composition
est
358 Voir Le cerveau musicien, neuropsychologie et
psychologie cognitive de la perception musicale, B. Lechevallier, H.
Platel, F. Eustache, De Boeck et Larcier, 2006, « Analyse des
différents stimuli auditifs : musique, langage et bruit. Etude
comparative. », C. D'Alessandro, p. 33 et sq.
359 Lechevalier, ibid.,
360 J. Kristeva, cité par Godwin E. Ochiba, «
Essai sur la sémiotique comme instrument d'investigation
littéraire », Ibid., p.333.
228
constant. Or la musique ne fait pas que s'apparenter à
un instrument de communication- à « la musique comme volonté
de représentation 361» dont parle A. Schaeffer.
Les roulements de tambour mettant en relation deux personnes
se font entendre et se font comprendre suivant une synchronisation qui rappelle
la rétroaction (anglais feedback).
Cette situation est schématisée à l'aide
de la "boucle de la communication", des théoriciens de la communication,
qui présente les principaux éléments impliqués dans
une interaction à savoir:
a) la production d'un message (encodage) ;
b) la transmission d'un message ;
c) la réception d'un message (décodage).
Emetteur
|
===4
|
Canal
|
===4
|
Récepteur
|
Si les éléments ci-dessus sont présents
non seulement chez l'émetteur mais également chez le
récepteur, on obtient ainsi une boucle fermée qui illustre une
communication bidirectionnelle.
Dès lors que l'on adopte les termes d'objet-sonore et
d'objet-musical, on est à même de s'apercevoir qu'on est en train
de parler d'objets concrets. Or, l'objet concret lui-même n'est rien
moins qu'une quantité d'air dérangée en un mouvement
vibratoire périodique ou apériodique, mouvement vibratoire qui se
met en résonance dans un autre corps, et excite une pure sensation.
Même à ce niveau où l'on peut
361 Silvio Ferraz, « Sémiotique et musique : une
approximation supplémentaire », In Applied Semiotics /
Sémiotique appliquée 3 : 6/7 (1999) 33-44
229
concevoir l'implication d'un être humain - une oreille -
l'objet-sonore n'existe pas encore. Il ne devient possible de délimiter
un objet perçu comme unitaire qu'à partir de l'action d'un Signe,
c'est-à-dire d'une médiation entre Objet et Sujet. Cet objet
unitaire et intermédiaire se situe au seuil entre le champ du
phénomène physique même et celui du phénomène
sémiotique, au seuil entre la sensation de vibration et la perception de
l'objet-sonore, au sens que lui donne André Schaeffer.
Dans la logique de la sensation, les rapports entre
vibration-de-l `air et vibration-d `un-corps sont des relations efficientes,
mais ils n'en sont pas dans une tentative de qualifier l'idée de
son362. Un son composé d'une seule fréquence (un son
"pur") est donc définie dans le monde physique par sa fréquence,
son intensité et son évolution temporelle. Un son complexe est
composé d'un ensemble de fréquences différentes que la
perception fusionne en un seul "évènement». Pour les membres
d'une même communauté, dès que certains types de sons sont
émis véhiculant des messages, qui arrivent sous forme
d'échos, tous sont instantanément informés et, tous
accourent se rassembler vers le lieu indiqué dans le message.
9.6. Les instruments de musique et la symbolique
animalière
Comme dans les figurines des jeux d'échec chez les
Turcs de Tuva, en Sibérie méridional, les instruments de musique
traditionnels au Congo, renferment aussi des sortes de symbolisme tel que le
« symbolisme
362La définition physique de ce qu'est un
son renvoie à une onde de pression engendrée par une action sur
un matériau et transmise par un milieu (en général au
final l'air) jusqu'à nos oreilles. L'oreille interne reçoit cette
onde de pression et la transforme en influx nerveux, Anne Faure, Des sons
aux mots, comment parle-t-on du timbre musical ?, Thèse pour
l'obtention du grade de Docteur de l'EHESS ; Discipline Sciences cognitives,
mention Psychologie Cognitive, Paris : EHESS, 2000, p.72.
230
animalier363». Un symbole est une chose que
l'on peut associer en partie à une autre grâce à une
ressemblance produite pas l'imagination, l'histoire ou la
réalité. Une civilisation ou un grand nombre de personnes doivent
lui donner le même sens pour pouvoir communiquer avec. Quelle symbolique
peut-on faire sur les quelques instruments de musique ?
Nous allons les examiner au niveau des deux types de clans :
majeurs et mineurs.
9.6.1. Les clans majeurs
9.6.1.1. Le lion
Puissant, souverain, le lion est le symbole scolaire et
lumineux à l'extrême. Il est l'incarnation même du pouvoir,
de la sagesse et de la justice mais son excès d'orgueil et son assurance
en font parfois un tyran alors qu'il voudrait être un bon père, un
bon souverain. Il peut donc être admirable aussi bien qu'insupportable,
c'est entre ces deux pôles qu'oscille sa symbolique : de protecteur
tyran. Symbole de justice, il est à ce titre garant du pouvoir
matériel ou spirituel.
C'est à ce titre qu'il est considéré,
selon la légende africaine comme étant le « roi de la
forêt ». Chaque chef, « M'fumu » est la personne
qui incarne l'autorité. De cette manière, si un chasseur vient
à rencontrer un lion au cours de sa chasse, il lui est formellement
interdit de tirer sur l'animal car il pourrait s'agir du totem du roi. Cet
animal reflète donc la croyance totémique kongo. C'est dire que
la symbolique du lion sur un
363 Aubin Françoise, « Etudes mongoles...
sibériennes », In Etudes des sciences sociales des
religions, n°68/2, 1989, p.239.
231
instrument de musique (tambour de bois) signifie qu'il s'agit
de quelque chose de puissant. Il ne doit pas être laissé à
la merci d'un aventurier.
9.6.1.2. La panthère
Cet animal symbolise la paix et la victoire sur le mal. La
panthère symbolise également la ruse. Elle est
considérée comme l'animal le plus féroce de nos savanes,
incarne la puissance du mal sur le totem régulateur de la paix, de la
justice et de l'unité dans la communauté. Le chef
supérieur qui endosse les plus hautes responsabilités du village
en tant qu'auxiliaire des dieux sur la terre, fait de la peau de la
panthère son marche pied pendant que les notables le portent uniquement
sur le dos pour magnifier et célébrer la paix, la
fécondité, l'amour, l'opulence, la concorde. Dans ce contexte,
l'instrument de musique, sculpté de cette façon, est aussi
puissant que l'animal auquel il fait référence.
9.6.2. Les clans mineurs
9.6.2.1. Le serpent
Le serpent est tout d'abord l'opposé de l'homme, ils
sont rivaux. Il est à la fois craint et vénéré.
Enigmatique, secret, on ne peut prévoir ses décisions pas plus
que ses métamorphoses, il se joue des sexes comme des contraintes :
mâle il est rapide comme l'éclair, invisible qui jaillit d'une
faille ou crevasse, une bouche d'ombre pour cracher la vie ou la mort ; femelle
il se love, embrasse, il étreint, il étouffe, déglutit,
digère et dort.
Le serpent est considéré comme le protecteur de
l'enfant, les jumeaux sont aussi assimilés au serpent ; une idée
très répandue est l'existence des enfants-serpents ; ils
troubleraient leur mère par leur
232
caractère imprévisible, un appétit
immodéré. Le serpent à double-tête est le symbole de
la puissance royale. La couleuvre, par exemple, un serpent inoffensif qui
symbolise la croissance ; quand on le voit, on la recouvre de terre. La
vipère symbolise le sacré, c'est pourquoi la femme enceinte ne
doit en consommer.
9.6.2.2. La chèvre
Animal rituel, la chèvre fait partie des
éléments qui entrent dans la constitution de la dot d'une femme,
car elle est le symbole de la richesse et le nombre de chèvres
apportées est souvent relatif à la fortune du prétendant.
On s'en sert également lors de sacrifices pour ôter la
malédiction des individus du clan.
9.6.2.3. La tortue
Elle est associée aux eaux primordiales supportant la
terre naissante. Les quatre pattes symbolisent les quatre pôles de la
création, elle est le symbole de la stabilité, de la sagesse et
de la justice. La tortue est de ce fait utilisée lors des procès
coutumiers pour régler les différends et déclarer
l'accusé coupable ou non.
Ces symboles sont essentiellement rattachés aux
cultures et aux traditions antiques dans lesquelles puise le monde
contemporain, qui reste lui aussi très chargé de symboles. La
tortue a toujours été essentiellement un symbole de
longévité et de sagesse. Cela tient bien sûr à sa
très longue durée de vie et à sa nonchalance, mais aussi
à sa discrétion face aux événements qui rythment le
monde. La lenteur de ses déplacements la fait également figurer
comme une digne représentante de la sagesse et de l'art d'avoir toute
l'éternité devant soi.
233
Cette harpe complète comporte une caisse de
résonnance en bois, peau tendue et collée. Manche en bois dont
l'extrémité reproduit une tête. Les cordes nylon et
clavettes de réglage en bois. Elle produit encore des sons, à
vous de les transformer en musique.
9.7. Les instruments de musique et la symbolique
humaine, la figuration humaine (anthropomorphe)
Les objets, les masques, les statuettes, les tabourets
décorés comme les parures, mais aussi les danses et la musique
attestent la propension des Kongo pour la fête. Cela contraste avec la
routine et les difficultés de la vie quotidienne.
La nécessité de maitriser les forces de
l'environnement (naturel et surnaturel), le milieu de la vie et celui des
morts, s'est réifiée dans les signes très divers qui vont
des rythmes et des formes aux volumes et aux couleurs, ces messages
ésotériques masquant en fait l'angoisse existentielle de l'homme
face au monde de l'au-delà L'art kongo, en ce sens, est donc
l'expression symbolique la plus élaborée de la force vitale de
l'homme. C'est dans ce contexte que quelques instruments de musique
traditionnels ont été présentés sous la forme des
personnes humaines.
Les trompes traversières, mpungi364, sont la
preuve de l'existence des instruments de musique traditionnels à
figuration humaine. Elles sont présentes au sein de l'ensemble des
tambours (masikulu), qui comporte
364Batsikama Ba Mampouya ma Ndawla Raphael,
L'Ancien Royaume du Congo et les bakongo : Ndona Béatrice et voici les
jagas : séquences d'histoires populaires, Paris : L'Harmattan,
1999, p.233.Mpûngi, du verbe kongo Vûnga, Hunga, Ghûnga,
Wunga qui veut dire souffler. Mais, il signifie aussi paître, garder,
surveiller les animaux, il est l'emblème qui symbolise la Paix, la
Liberté.
. Les trompes ont alors les
deux tamb ours
masikulu et cinq
trompes mpungi
ppellatio a n s suivantes :
mbin da, ndungu.
Figure n°61 : In
umaine3
h 65
|
struments
|
à figuration
|
|
9.8. Les instruments de musique et la symbolique des
couleurs366
Comme dans le
domaine des arts plastiques, les Kongo
avaient excellé dans
celui de la fabrication des instruments de
musique traditionnels. Ils
les embellissaient, les
coloraient (tantôt en blanc ,
tantôt en rouge, tantôt en noir
et c...) à l'aide de
mélanges d'écorces et des
plantes afin d'obtenir les
couleurs désirées.
9.8.
1. La cou
leur rouge
de
vie367. es temps
La coule ur est le s ymbole de
gaieté , de triom phe, de
Le rouge est synonyme
de sang, de la vie terrestre
et transitoire, avec s
palabre,
st morte
sique, de
|
pouvoir
|
politique
|
de sa bell
|
e mort ou non car
|
dition orale
de la musiq u e des co
ul
sco, 2010,
, Paris : Une
, Aux sources «
Symboliqu
le 1412,
n Associa t edieval/vo
u
ion médiév a
s-en-saurez-
onmedievale
1412.e-monsi
s-au-moyen-nsidéré, che
ue-des-coule ur
le sang est co
musique de tra
oyen-âge », I e-quotidien- m
s ainsi que c he
la source de
même de la v
s », comme l e principe et
z tous les p e ie (....), écr
it
rée dans les c ultes syncréti
uples dits « primitifs » Stanilslaw
Swiderski, 65, p.839.
ques au Gabo n », Anthropo s, 1970, vol.
365 C. Duveille
p.125
66 Judicael,
3
ttp://associat h i
lus/symboli p q
67 On sait qu
3 e
et « archaïque
« La harpe sac
e du monde :
eurs au m
te.com/pages /l
age.html
z les Africai n
santé phy
d'échec, de
souffrance, de
reconnaître si une
personne e
ou guer rier, et a ussi ses
p ériodes de guer re. Le r ouge per
met de
234
lorsque
défunt arborent un
là d'un as
l
de rouge,
sé car la
sassinat,
es membres de la famille du
cela signifie qu'il s'agissait
rouge permet aussi
d'absoudre un accu front
traduit son innocence face à l'accusation.
e tenue de deuil marquée
d'accident... ; le
présence du rouge sur son
Figure n°
Sources :
2010)
62 : Un tambour pe
Photo gallérie personnelle
ge
(Brazzaville,
int en rou
, l'activité. Pour
du mot
La couleur rouge
(vive) représente
l'incandescence les
hébreux, il est employé
dans une série
d'expressions dérivées «
dam » qui signifie sang. O
r, dans la pensée
hébraïque, l e sang
signifie la Vie. Chez les
Kongo, en général, et les
Suundi, e n particulier, les
exemples ne manquent pas
pour illustrer cette
idée à commencer par les
nombreuse s cérémonies
créées autour des
premières règles, et les
coutumes liées aux interdits concernant la
femme en me nstruation368. Le
rouge symbolisait l'
|
amour rég
|
énérateur
|
.
|
235
Dans l'art chrétien,
il symbolise le Saint Esprit sous
la forme du feu, chargé du pouvoir
de régénération et
de purification des
âmes. La couleur rouge
du sang et de la flamme
représente et le combat, e t
Mars le dieu du combat.
Trop vif, il reste le symbole du feu,
mais d'un feu ravageur . Il
est
signe de c
|
olère de Dieu.
|
368 La femme en menstruation
dont parlent plusieurs cantiques des
différentes sectes syncrétiques
est la mère éternelle de toute
l'humanité. Elle est la soeur de de
Dieu ; elle est en même temps
considérée comme la
tante et la co-créatrice de
l'homme, rapporte Stanilaw Swiderski, op .,
cit.
236
9.8.2. La couleur orange
Active et tonifiante l'orange éveille les sens, avive
les émotions et provoque une sensation de bien-être et de bonne
humeur. Dans l'art religieux, il symbolise la révélation de
l'Amour Universel. Le langage symbolique chrétien emploie le safran ou
l'orangé pour représenter la divinité illuminant l'esprit
des fidèles. Cette couleur éveille les sensations du corps. La
priorité est alors donnée aux plaisirs de la table, au corps,
à toutes les sensations fortes, l'orange est la couleur qui exprime
notre rapport au plaisir et au désir. "
9.8.3. La couleur jaune
Le jaune symbolise la lumière spirituelle. Il
évoque le miel. Isaïe nous dit : " Celui qui viendra pour repousser
le mal et instaurer le bien mangera du miel et du beurre. Etant d'essence
divine, le jaune d'or devient sur Terre l'attribut des princes et des rois qui
proclament l'origine sacrée de leur pouvoir. Il est devenu l'attribut
des divinités solaires, telles qu'Apollon, le dieu égyptien
Râ et les dieux du soleil chez les Incas et les Aztèques.
Dans la mythologie égyptienne, la chaleur et les rayons
pénétrant du soleil passaient pour être le sperme d'or du
dieu Râ, il symbole de l'estime de soi, de la confiance en soi, de
l'égo, de la puissance, du pouvoir.
9.5.4. La couleur verte
Le vert est le symbole des oeuvres accomplies pour la
régénération de l'âme et par extension de la
charité. C'est l'emblème de l'éternité et des
renaissances, le scarabée égyptien, signifiait, aussi quand il
était vert, la régénération nécessaire pour
naître à la vie spirituelle. Le vert est le
symbole de
l'équilibre, du renouveau,
ompassi c on, de l'harmonie.
"
|
de l'Amour, de l' ac
|
ceptation
|
, de la
|
Figure n°
Sources :
2014)
63 : Deux
Gallérie
tambours
personn
peints en vert
elle (Brazzaville
Dan
bleu apai s
Junon, le chrétiens
chrétienne Vierge.
9.8.5. La co uleur ble u
s le lang age sacré
e, calme profondé ment.
· Il
dieu et la déesse du Ciel chez les
Romains
avaient choisi le Bleu pour
symboliser Dieu l
d'aujourd'hui l'utilise le
plus souvent comme
e
égyptien,
le bleu symbolise
l'Immortalité. Le est un des
attributs de Jupiter et de
. · Les premiers
e père. L'église la
couleur de la
Le noir est l'
Occident.
9.8.6. La couleur noir
Le noir est à l'ori
antithèse
e
du blanc. Couleur
gine, le symbole de
du deuil en Afriqu
la fécondité, coul
eur des
e et en
237
Dans l'art religieux, il
est coutumier de
représenter la Vierge portant
des vêtements de diverses
nuances de bleu. Le Bleu en tant que
symbole de l'eau, qui
nettoie, nourrit et
rafraîchit. Elle transforme
les substances en les
dissolvants. L'eau sert à
sanctifier et à consacrer l
a vie du baptisé,
symbole de la
communication, de
l'expression de soi, de l a
créativité, de la
ranquillit t é.
238
déesses de la fertilité et des vierges noires,
c'est le représentant du monde souterrain. Le noir correspond au ventre
de la terre où s'opère la régénération du
monde. Souvent symbole d'obscurité et d'impureté, il devient
alors celui de la non manifestation et de la virginité primordiale.
Obscurité des origines, il précède la création dans
toutes les religions.
Tout comme l'hiver appelle le printemps, le noir évoque
la promesse d'une vie renouvelée.
9.8.7. La couleur blanche
Le blanc est la couleur de l'unité, de la
pureté. Il est associé aux rites funéraires. Il est la
couleur des morts et de revenants. Dans certaines régions369,
ce serait une couleur masculine (sperme) tandis que le rouge (sang des
règles) serait féminin.
Le blanc, c'est la couleur de la pureté marquant que
rien n'a été accompli: tel est le sens initial de la blancheur de
la fiancée qui va vers ses épousailles. Elle est le symbole de la
vie, celui de la pureté370. Tout ce qui est blanc est
par-dessus le marché « bienfaisant ».
C'est ainsi que les cérémonies de purification
(la sortie de deuil, etc...) doivent être comprises en fonction de
l'unité et de l'identité de la métaphysique. Le
côté « éthique » de la purification par le
kaolin, par exemple n'est qu'un aspect extérieur de ce rite. Il est
« administré » sur les fissures de l'ordre social comme pour
cicatriser les blessures. C'est ainsi
369 Louis Perrois, « Aspects de la sculpture
traditionnelle du Gabon », In Anthropos : International Review of
Ethnologye and Linguistics, 1968, vol.63/64.
370 Miklos Veto, « Unité et dualité de la
conception du mal chez les Bantou orientaux », In Cahiers
d'études africaines, 1962, vol.2, n°8, p.4.
239
que lors de la sortie de deuil, les veuves sont enduites de
kaolin sur le visage.
Loin de dédaigner le symbolisme des choses primaires,
il convient dorénavant d'en prescrire la pratique. Même quand il
se borne à de simples définitions, le symbolisme ouvre à
l'intelligence humaine maintes portes dans les couloirs du savoir.
Comme l'écrit Jean Chevalier371 les symboles
et autres formules peuvent bien s'appliquer sur les instruments de musique
traditionnels kongo tant du point de vue de la morphologie, de la tonologie que
de l'iconographie et de l'esthétique. Ces instruments de musique
s'identifient à leurs fabricants, car chaque «
créateur-auteur » voulant imprimer sa griffe, sa signature sur
l'oeuvre d'art. Ils sont remplissent ainsi, selon les contextes, les
mêmes fonctions.
Hier, réservés aux seuls hommes, que reste-t-il
de l'appropriation des instruments de musique pour les «
non-initiés? »
371 Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des
symboles, Robert Laffont - Jupiter, Paris, 1982
240
Conclusion
Cette étude a permis de repertorier les instruments de
musique en usage chez les Suundi, un sous groupe du groupe Kongo.
Classés suivant l'organologie établie par Sach et
Hornbostel372 en membranophones, idiophones, aérophones et
cordonophes, ces instruments ont été analysés selon les
spécificités qui caractérisent « l'instrumentarium
Suundi » qu'on peut étendre à tous les espaces culturels du
Congo.
Avant cette étude, des travaux de plusieurs auteurs (O.
Marc373, Musée royal374, J.N.
Maquet375, B. Söderberg376) sur les intruments de
musique du Congo ont existés. Si beaucoup d'instruments n'ont pas
malheureusement pas résisté à l'épreuve du temps,
d'autres ont vu leur intérêt social baisser. Utilisés dans
les zones rurales où les techniques de fabrication reposent encore sur
les matériaux tirés de la nature, les instruments de musique,
produisent encore des sons à des fins musicales.
Le problème pressent du besoin de communiquer à
distance, en l'absence d'une écriture autre que des idéogrammes
qui n'informent que de façon vague et donc peu satisfaisante et dans des
conditions particulières, avait donc conduit nos ancêtres à
se tourner vers la recherche d'une solution à partir d'un certain nombre
d'éléments pris dans leur environnement culturel
immédiat.
372 V. Hornbostel, E.M, et C. Sach, cités par J.N.
Maquet, Notes sur les instruments de musique congolais, Bruxelles,
Académie royale, 1956, p.72.
373 O. Marc, La musique dans la société
traditionnelle au Royaume Kongo (xvè-xix siècle),
Mémoire de Master1, « Sciences humaines et sociales »,
Grenoble, Université de Grénoble, 2011,
374 Musée royal de l'Afrique centrale, Note
analytique sur les collections ethnographiques du musée du Congo, tome 1
: fac.1 : les arts : la musique, Bruxelles, Tuverne-Belgique, 1902
375 J.N. Maquet, Notes sur les instruments de musique
congolais, Bruxelles, Académie royale, 1956
376 B. Söderberg, Les sur les instruments de musique
au Bas-Congo et dans les régions environnantes : étude
ethnographique, Stockholm, The ethnographique Museum of Sweden, 1959
241
Ils se rendirent, ainsi, compte que l'usage particulier d'un
certain nombre d'instruments de musique (le mukonzi et le
ngoma) était la solution. C'est alors que, probablement au bout
de beaucoup de tâtonnements et d'échecs, ils parvinrent à
mettre au point un code sonore à partir des tam-tams qui jusque
là avaient servi seulement de supports synthétiques à
leurs danses.
Le code sonore qu'ils élaborèrent, certes, ne
leur permettait pas de tout communiquer par ce code, ils recevaient le gros de
messages émis. L'avénèment des moyens modernes de
communication comme l'écriture qui fixe la parole articulée et il
n'ya pas si longtemps le téléphone, l'avènement des moyens
modernes de communication donc allait tuer les tam-tams et le code sonore
disqualifiés comme moyens de communication à distance.
Elaboré à partir des instruments de musique,
supports de danse, de communication et de « langue », le code sonore
avait permis, audelà de ses limites, d'encoder certains types de
messages selon les normes convenues au moyen du principe SPEAKING
énoncé au début de la thèse. Les membres de la
communauté suundi, principaux acteurs, s'y conforment et
interagissent.
Dans les contrées où on en garde encore le
souvenir, ce mode de communication traditionnelle des Suundi n'a plus
aujourd'hui qu'un intérêt historique, mais qui vaut son pesant
d'or pour le chercheur. Puis qu'il aide à situer une
société par rapport à ce qui constitue un support
essentiel des relations entre ses membres. Avec ce code, les choses n'allaient
pas au-delà. Ce qui était déjà bien. C'est ici que
s'arrête cette si belle aventure de ce code sonore suundi et commence,
pour la postérité,
l'intérêt culturel des instruments de musique
qu'il convient de converser et de préserver pour garnir les
musées et les autres collections archéologiques377.
242
377 Nous avons emprunté cette expression à
Monique de Cargouët et Lydwine Saulnier-Pernuit, « Les collections
archéologiques de sens », In Les nouvelles de
l'archéologie, 2009, n°117, pp.35-40.
243
ANNEXES
Annexe 1. Inondation ou incendie
Bisi = B/i /s/i
Soukou-Bouadi=S/o/u/k/o/u/-/B/o/u/a/d/i,
Bisi=b/i/s/i/,
Boula=b/o/u/a/l/a
Yeno = y/e/n/o
Luenzi=l/u/e/n/z/i
Ku musitu=k/u/, m/u/s/i/t/u
Ku dinza=k/u d/i/n/z/a/,
Ku mbingu (nkondo)=k/u m/b/i/n/g/u (n/k/o/n/d/o),
Ku zandu=k/u z/a/n/d/u,
Musamu=m/u/s/a/m/u
Wa mpassi ku Bouadi378=w/a m/p/a/s/s/i k/u
B/o/u/a/d/i:
Tiya=t/i/y/a,
Nzadi yi fulukidi=n/z/a/d/i y/i f/u/l/u/k/i/d/i,
Nzô zi diemi=n/z/ô z/i d/i/e/m/i,
Seno mu swalu=s/e/n/o m/u/ n/s/w/a/l/u
244
378 Forme contractée du nom du village Soukou-Bouadi
245
2. Tableau 15 : Lexique
L'entrée se fait à partir de la langue
française.
Langue française
|
Langues kongo
|
Bembé
|
Suundi
|
Vili
|
Ancêtres
|
Bakutu
|
Biba, Ba kulu, Nsinda
|
B'kulu
|
Baguettes de bois
|
Kikote, Kilatele, Kilati
|
Mikomoto
|
Tchiwas tchinti
|
Bataille
|
Muzing'u
|
Mvita, Mi zingu
|
U'ngingu u'nen
|
Battement des mains
|
Bussik makou'k
|
Nsaki,
|
Chisambi
|
Belle famille
|
Binkwesi
|
Ba nkwesi, bu ko
|
Bikuechie, Bukuechi
|
Bonjour
|
Mboto
|
Mboté, Mboté ya ngué, Kiamboté kia
ku
|
Bueke
|
Case
communautaire
|
Nzo
|
Mwanza, Musampa,
|
Obamba
|
Castagnette
|
kitsatsi
|
Ntsakala
|
|
Chaise longue
|
Mbata
|
Ta nawa
|
Mbolku, Tubakuaku
|
Chants
|
Mi kungu , Mukungu
|
Mikunga, Nkunga
|
Chiniumbu, Lumbu
|
Féticheur
|
Nganga
|
Nganga, Kigani
|
Ndiotchi, Ngang
|
246
Chasse collective
|
Mbingu
|
Mbingu, Konda
|
U'mbingu
|
Chasseur
|
Mu tere
|
Mutélo, Muntiélo
|
U'ntel
|
Chaussure
|
Bador'o
|
Di papap
|
U'nkolu
|
Chef d'équipe
|
Mu kutu
|
Capita, Ngudi
|
U'nkulutu
|
Chef de terre
|
Nga nsi
|
Fumu nsi, M'fumu ntoto
|
M'fumu ntoto
|
Chef du village
|
Nga bula
|
M'fumu gata, M'fumu bwala, M'fumu bualia
|
M'fumu bouala
|
Chèvre
|
Ntab'a
|
Nkombo
|
|
Clan
|
Kanda
|
Makanda, Mvila
|
Tchifumb, Likand
|
Cloche
|
Ngung'
|
Longa, Ngoji, Ngunga
|
Ngung
|
Cloche en bois (double) en forme de sablier
|
Ndibu
|
Kunda, Dibu
|
Ngung yinti
|
Conflit
|
Bisombolo
|
Mvita, Njingu, Mu zingu
|
U'ngingu u'nen
|
Coq
|
Mulumi nsusu
|
Nsunsu, Kokodia nsunsu
|
Susu yimbakl
|
Corne de buffle
|
Mpok
|
Mpoka di gungu
|
M'chitcho munkomu
|
Coup de feu
|
Kidzongo
|
Nkumbula, Tchizongo, Kizongo
|
Nkumbul u'ntel
|
247
Croyance magico- religieuse
|
Mukisi
|
lukwikulu
|
Tchiminu
|
Danse
|
Makinu
|
Makinu
|
M'tinu
|
Deuil, funérailles
|
Mulebé
|
Matanga, dizi, Ma fwa
|
Kuvuat u'nlel
|
Dieu
|
Nzambi
|
Nzambi a Mpungu, Tata Nzambi
|
Zambi
|
Eglises
|
Nzo nzambi, Ma nzo ma nzambi
|
Nzo ya Nzambi
|
Lukuayi
|
Egoïste
|
Nga kifu
|
Mfuékéné, Nkwa bwimi
|
Muimi
|
Enfant
|
Mwana, Mua kilesi
|
Mwana
|
Muan
|
Ensemble des tambours
|
Ma nguissi
|
Massikulu
|
Chingom
|
Esclave
|
Nkutu
|
Ngamba, Mu ndongo,
Munanga nkole
|
U'ndongu
|
Etranger
|
Munzenze
|
Muzingila, Nzenza
|
|
Fabriquants des tambours
|
Kira a ndungu
|
Bisadi bia ngoma, Kigadi kia ngoma
|
U'vandji chingom
|
Famille
|
Kanda
|
Kanda
|
Tchifumb, Likand
|
Fêtes
|
Mikila
|
Malaki
|
Tchilumbu tchinen
|
248
Grelots
|
Madibu
|
Madibu
|
|
Herminette
|
Lukwetu
|
Lukwetu
|
|
Homme blanc
|
Mundele
|
Mundele
|
Tchibamb
|
Impôt sur le revenu
|
Mpaku
|
Mpaku
|
Mpaku
|
Information
|
Mampolo
|
Nsangu, Mpolo
|
Tchikumbu, Bikumbu
|
Joeurs de tambours
|
Musik' ndungu, Musik' ngom'o
|
Bissiki
|
U'chitchi ngom
|
Juge traditionnel
|
Ndzonzi
|
Nzonzi, nzonji, nzonsi
|
Zongi
|
Kaolin
|
Mpembe
|
Mpemba, Tubumba
|
Tchinowu
|
Lames (fer ou bambu) servant à la fabrication des
xylophones
|
Kinkele kia mbasa
|
Mbassa, lubass
|
|
Lion
|
Nkosi
|
Ngo mbulu
|
U'komu
|
Maracasse
|
kitsatsi
|
Ntsakala
|
Tchyand
|
Marché
|
Zandu
|
Zandu
|
Lizandu
|
Mariage
|
Makuele
|
Makuela, longo
|
Likuel
|
Membranophone
|
Ngomo
|
Nkonko, Ndungu, ndunga
|
|
Membre de la famille ou du clan
|
Mwisi kanda
|
Musi kanda
|
Musu tchifumb
|
249
Militaire
|
Mu
yongol', Muyongolo
|
Mbulu mbulu
|
Lisodadi
|
Morceau de liane servant à relier les xylophones
|
Kin tsuri kia mudzi
|
Kekele, Likele
|
U'nching lubamb
|
Nouvelle/informati on
|
Mampolo, Mukenze
|
Nsangu, Mpolo
|
Tchikumbu, Bikumbu
|
Père, papa
|
Tat', Tayi
|
Tata
|
Tate
|
Personnalité/Digni té
|
Kimuntu
|
Kimuntu
|
Butu
|
Petit tambour
|
Ndongo ndungu ya ntele
|
Ntinti, Mwana ngoma
|
Ngom yi ntchitchi
|
Sièges
|
Kibala
|
Bazébi lamba
|
Tchimbaditchi tchitchi
|
Présents offerts lors des fiançailles
|
Bidimbu
|
Biléko
|
U'nsendu
|
Prêtre
|
Mu mpel'
|
Nganga
|
U'npelu, Ngang
|
Propriété du terroir
|
Ba ngaet'si
|
Nkisi nsi
|
U'sangl
|
Proverbes
|
Mankuma, Nkuma
|
Nkuma, Cingana, Bi ngana
|
Bingan, Tchingan
|
Réchauffer
|
Ku yamuna
|
Ku yandula
|
Ku kand ngom
|
Respect
|
Buzitu
|
Buzitu
|
Lutchinzu
|
Sifflets
|
Mpip'a
|
Nsiba, Pita
|
Pit
|
Sorcellerie
|
Makundu, kindoki
|
Kundi, Kidoki, Nkisi
|
|
250
Sorcier
|
Ngang', nga ma kundu
|
Nganga
|
Ndiotchi, Ngang
|
Sorcier
|
Ndoki, nga ma kundu
|
Nkisi
|
|
Tambour à fente à tête anthropomorphe
sculptée
|
Mukondzi
|
Nkonko, Baandi, Ngombo
|
|
Tambours jumeaux
|
Ndunga ba mbu
|
Ntambu
|
|
Timbre vocal
|
Mbembo, Mbembe mutu
|
Mbembo, zu
|
M'bembu yimutu, Ntubulu
|
Tortue
|
Mfuri
|
M'fulu tutu, kibonga
|
Liseku
|
Trois francs
|
Mi pata mitatu
|
M'falanga tatu
|
Bipaku tatu
|
Trompe
anthropomorphe
|
Bikwiti
|
Bwiti, hungu
|
|
Trouble-fête
|
|
Nzenza, Vuanzi
|
|
Verge
|
nkwafulu
|
Mikomoto
|
Tchiwas tchinti
|
Veuf
|
Mufiri
|
Ma fwawu
|
U'nfuili libakl
|
Veuvage
|
Kifiri
|
Mufwidi
|
Likuili
|
Village
|
Bula
|
Ghata, Buala, bualia
|
Bual
|
Ville
|
Mavula
|
Ntandu,
|
U'ndizen
|
251
|
|
Mbanza, Mavula
|
|
Voix humaine,
|
Mbembu mutu
|
Mbembo, zu
|
M'bembu yimutu, Ntubulu
|
3. Tableau n°16 : des instruments de musique en
usage chez les Suundi
L'entrée des instruments de musique est faite aux noms
kongos :
Langues kongo
(Bembé, Sundi, Vili)
|
Désignation en langue française
|
Familles ou
groupes
|
Bandi
|
Tam-tam
|
Membranophones
|
Biwiti
|
Trompe
anthropomorphe
|
|
Dibu**
|
Cloche en bois de
forme arrondie
|
Idiophones
|
Gonji
|
Cloche
|
Idiophones
|
Gugu
|
Tambour à fente
zoomorphe
|
Idiophones
|
Kimbila
|
Sifflets
|
Aérophones
|
Kinditi
|
Piano à pouces
|
Idiophone, Lamellophone
|
Kingula-ngula
|
Tambour à friction
|
Membranophones
|
Kingulu-ngulu,
|
Tambour à friction
|
Membranophones
|
Kinku
|
Trompe traversière en
racine de flamboyant
sauvage (de petite
|
Aérophones
|
252
|
taille)
|
|
Kinsasi
|
Piano à pouces
|
Idiophone, Lamellophone
|
Kiyiodi
|
Calebasse, canaris,
gargoulette
|
Idiophones
|
Kunda
|
Cloche double en forme de sablier
|
Idiophones
|
Kyondo
|
Tambour à fente
cylindrique
|
Idiophones
|
Lembé-nsoni
|
Trompes (descendance, la fille),
|
aérophones
|
Likembé
|
Piano à pouces
|
Idiophone, Lamellophone
|
Lokolé, Nkonko
|
Tambour à fente en
bois portatif ou en bambou
|
Idiophones
|
Longa
|
Cloche, assiette
|
Idiophones
|
Luhungu**
|
Arc musical
|
Cordophones s
|
Lukumbi
|
Tambours à fente à
forme trapézoïdale
|
Idiophones
|
Lungoyongoyo
|
Vièle
|
Cordophones
|
Ma mpoka
|
Corne
|
Aérophones
|
Mampongui-nguembo
|
Trompe (géniteur, le
père)
|
Aérophones
|
Marimba
|
Calebasse suspendu
|
Xylophone (Idiophones)
|
Masiki
|
Corne
|
Aérophones
|
Masikulu
|
Corne (ensemble)
|
Aérophones
|
253
Mbambi
|
Sifflets
|
Aérophones
|
Mbinda
|
Corne, trompe
traversière
|
Aérophones
|
Mikomoto.
|
Baguette, verge
|
Idiophones
|
Mokoto
|
Tambour à fente
zoomorphe
|
Idiophones
|
Mondo
|
Tambour à fente
cylindrique
|
Idiophones
|
Mpandi-nsoni
|
Trompe (descendance,
le fils).
|
Aérophones
|
Mpolomono
|
Trompe traversière en
racine de flamboyant
sauvage (de grande taille),
|
Aérophones
|
Mpungu **
|
Trompe royale
|
Aérophones
|
Mu nsakala voire :
|
Castagnette, Maracasse
|
Idiophones
|
Nsakala
|
Mukonzi,
|
Tambour à fente
tronconique sur élevé
|
Idiophones
|
Mukwiti,
|
Tambour à friction
|
Membranophones
|
Munkunku
|
Tambour à fente
tronconiques fixé au sol
|
Idiophones
|
Munkwaka
|
Racleur
|
Idiophones
|
Mutumbu
|
Calebasse, canaris,
gargoulette
|
Idiophones
|
Mutumbu, Kiyiodi,
Yuki
|
Calebasse, canaris,
gargoulette
|
Idiophones
|
Mvumvuri
|
Corne, trompe
|
Aérophones
|
254
|
traversière
|
|
Ndanda
|
Corne, trompe
traversière
|
Aérophones
|
Ndungu
|
Tambour
|
Membranophones
|
Ngoma
|
Tambours (ensemble)
|
Membranophones
|
Ngombo
|
Tambour
anthropomorphe sculptée
|
Idiophones
|
Ngomfi
|
Vièle ou
houppetraditionnelle
|
Cordophones
|
Ngongi
|
Cloche, espion
|
Idiophones
|
Ngudi
|
Grand tambour
|
Membranophones
|
Ngunga
|
Cloche
|
Idiophones
|
Nkoonko
|
Tambour
|
Membranophones
|
Nkumvi
|
Tambours à fente à
forme trapézoïdale
|
Idiophones
|
Nkwuiti,
|
Tambour à friction
|
Membranophones
|
Nsakala voire : Mu
|
Hochet, castagnette,
Maracasse
|
Idiophones
|
nsakala
|
Nsambi
|
Piano à pouces
|
Idiophone, Lamellophone
|
Nsansi
|
Grélots
|
Aérophones
|
Nsiba
|
Sifflet
|
Aérophones
|
Nsiemi
|
Sifflets
|
Aérophones
|
Nsoni-bungu
|
Trompe (génitrice, la
mère),
|
Aérophone s
|
Ntambu
|
Tambour (de petite
taille)
|
Membranophones
|
255
Ntambu (bala)
|
Tambour médium
|
Membranophones
|
Ntau
|
Corne, trompe
traversière
|
Aérophones
|
Ntempo
|
Corne, trompe
traversière
|
Aérophones
|
Ntinti
|
Tambour (de petite
taille)
|
Membranophones
|
Ntsiba
|
Sifflets
|
Aérophones
|
Ntumfu
|
Tambour d'eau
|
Idiophones
|
Péténgé
|
Tambour sur pieds ou cadre
|
Membranophone
|
Sanza
|
Piano à pouces
|
Idiophone, Lamellophone
|
Sengele
|
Corne, trompe
traversière
|
Aérophones
|
Siki (sing : masiki :
plur.)
|
Corne, trompe
traversière
|
Aérophones
|
Siku-bampuela
|
Flûtes
|
Aérophones
|
Vula
|
Corne, trompe
traversière
|
Aérophones
|
Yuki
|
Calebasse, canaris,
gargoulette
|
Idiophones
|
256
4. Tableaux n°17 : Les types
d'enquêtes
Numéros
|
Désignations
|
|
Répartition des enquêtés selon le sexe et par
départements
|
1.
|
Structure par Age
|
2.
|
Structure selon le niveau d'étude
|
3.
|
Structure suivant la profession
|
4.
|
Répartition des enquêtés selon l'état
matrimonial
|
5.
|
Les moyens modernes de communication utilisés
fréquemment pour communiquer à distance
|
6.
|
Degré d'efficacité des outils traditionnels de
la
communication
|
7.
|
Accès aux moyens de communication moderne
|
8.
|
Les difficultés rencontrées dans la
communication
traditionnelle en zone urbaine
|
9.
|
Les difficultés rencontrées dans la
communication
traditionnelle en zone rurale
|
10.
|
Les difficultés rencontrées dans l'usage des
outils modernes de communication en zone urbaine
|
11.
|
Les difficultés rencontrées dans l'usage des
outils modernes de communication en zone rurale
|
12.
|
Abandon des moyens traditionnels de communication au profit
des moyens modernes en zone urbaine
|
13.
|
Abandon des moyens traditionnels de communication au profit
des moyens modernes en zone rurale
|
14.
|
Méfaits des moyens modernes de communication
|
15.
|
Opinion sur la société informationnelle moderne
|
|
257
Cartes n°3 : Le Royaume kongo et son extention fin
du XVIIème siècle
258
Figure n° Mabira et
|
64 : Instruments de Nsambi)
|
musique
|
au Royaume Kongo
|
(Epugu,
|
Sources : Moniot Henri, Les
civilisations de l'Afriq ue, Paris, C
asterman, 1987,
p.4 9 .
Figure n°65 : Chien
de chasse
portant u
ne cloche
en bois (dibu)
Info
|
rcongo - Guide du voyageur: C
|
ongo-Bel
|
ge & Ruanda-Urundi
|
259
Figure n°66 :
|
La case communautaire (mbongi, musampa, mwanza)
|
Photo : Gallérie personnelle, L oudima,
Département
(198 9)
|
de la Bouenza
|
Figure n°67 : Ensemble des ngoma,
tambours
(Photos gallérie personnelle,
1995)
|
|
260
Figure n°68 : Un groupe folklorique (ensemble des
membranophones et des musiciens)
261
Figure n° 69 : Ensemble des ngoma e n
orchestration
Figure n°
|
70 : Un tambour d
|
ebout
|
262
Figure n°71 : Trompes d'éléphant
servant de flûtes : instruments de musique et ou de
communication
Figure n°72 : Une gente de voiture servant de
cloche
263
Figure n°73 : Une cloche en fer
Figure n°74 : Une Coupe horizontale d'un tronc
d'arbre évidé
264
Figure n°75 : Une coupe des tambours à fentes
(différents types)
Extrait du guide de montage des tambours (Tumba y
bongo)
Figure n°
76 : Usag
e de la clo
che pour
les pratiques religieuses
Carte po
stale: Vers 1900 - (détail)
Légende: Vieux chef
fiote à Tuba -
rivière Kouilou Pays: R. du
Congo
Editeur: -
265
Figure n°
|
77 : Coup
|
e d'un ta
|
mbour bembé
|
Figure n° 78 : La gu itare tra ditionnel le (Ngomfi
à 5 files )
Figure n° 79 : Un m du mukon
zi
usicien o
ccasionn
el (M. Samuel Mabanza jouant
266
267
Références bibliographiques 1. Les sources
orales : tableau des informateurs
Noms &prénoms
|
Sexe s
|
Ages
|
Sujets abordés et dates
|
Fonctions
|
Villes /Villages / Quartier s
|
BABEKI Daniel
|
M
|
67
|
Les techniques de fabrication des instruments de traditionnels,
14/01/2008
|
Agent retraité des Eaux et forêts
|
Dolisie (Niari)
|
BADIA Jean-Paul
|
M
|
75
|
Les instruments de musique et les chants nsundi dans les
églises Pentecôtiste de Pointe-Noire ,6/04/2011
|
Juge
traditionn el
|
Pointe-Noire (Kouilou )
|
BAHOUHOULA André
|
M
|
52
|
Les instruments de musique en bois des Nsundi, 12/08/2009
|
Auxiliaire de l'enseigne ment
|
Mbanza Kiniati (Boko-Songho)
|
BATABOUKILA Honoré
|
M
|
82
|
Le code sonore des instruments de musique traditionnels dans le
Niari, entretien téléphonique du 25/01/2015
|
Agent de retraité de la COMILO G
|
Kindoun ga
(Niari)
|
268
BATANGOUNA Gabriel
|
M
|
75
|
Les Matsouanistes de Kinkala et les instruments de musique de
|
Paysan
|
Kinkala (Pool)
|
BATEKISSA Marie-Louise
|
F
|
64
|
Les femmes du Pool et les instruments de musique traditionnels
|
Paysanne
|
Kinkala (Pool)
|
BILEKO
MAYOULOU
|
M
|
74
|
« Entretien sur les moyens de communication traditionnels
dans le département du Pool avant l'arrivée du Mundéle, le
Blanc », Brazzaville, 15/09/2005
|
Fonctionn aire de la CNSS (retraité)
|
Brazzavi lle(Mpiss a)
|
BOSCO Jean
|
M
|
51
|
L'usage des ngonji des vili dans l'église, 6/09/2014
|
Juge
traditionn el
|
Pointe-Noire (Kouilou )
|
BOUESSO
SAMBA Romain
|
M
|
48
|
Entretien au
sujet des fonctions des moyens de communication traditionnels
dans la région de Kinkala-Boko, Brazzaville, 21/09/2004
|
Musicolog ue
|
Brazzavi lle (Bacong o)
|
269
BOUEYA Angélique
|
F
|
56
|
Instruments de musique ou communiquer autrement hier et
aujourd'hui, 12/01/2102
|
Paysanne
|
Nkayi (Bouenz a)
|
DIANZENZA Carmela Gabriel
|
M
|
42
|
Les instruments de musique traditionnels et les relations
sociales, 30/01/2007
|
Maçon
|
Brazzavi lle (Massissi a)
|
FOUANI A.
|
M
|
68
|
L'utilisation des moyens de communication, traditionnels,
9/09/2009
|
Sans
|
Bissindz a-Linzolo (Pool)
|
KIBINDA Lazare
|
M
|
48
|
Les techniques de transfert de messages au village Kimongo
|
Enseignan t
|
Kimongo (Niari)
|
KIDIBA Samuel
|
M
|
54
|
Les fonctions éducatives des instruments de musique chez
les Suundi de Kabadissou (District de Boko- Songho), 15/06/2013
|
Directeur du Patrimoin e National au Ministère de la
Culture et des Arts
|
Brazzavi lle (ressortis sant de Kabadiss ou)
|
KIDILOU Adolphine
|
F
|
78
|
« Funéraille du patriarche
Nkayi-Mbenza à Kissenga 1940,
|
Paysanne /Culttivatr ice
|
Soukou-Bouadi (Boko-Songho)
|
270
|
|
|
9/09/2009
|
|
|
KIMOUANOU Jacques
|
M
|
74
|
L'arrivée du Sous- Préfet Maurice ALOULA à
Soukou-Bouadi et l'emploi des instruments traditionnels, 12/08/2009
|
Paysan/cu ltivateur
|
Soukou-Bouadi (Boko-Songho)
|
KIMOUANOU Jean-Claude
|
M
|
54
|
Le jeu de transfert de message à l'aide des instruments de
musiquetraditionne ls, 12/08/2009
|
Cultivateu r/Eleveur
|
Soukou-Bouadi (Boko-Songho)
|
KIONGA Hilaire
|
M
|
81
|
Le rôle des instruments de musique dans les clans,
13/08/2009
|
Paysan
|
Kissenga (Boko-Songho)
|
KISSADABA Daniel
|
M
|
89
|
La lutte contre la trypanosomiase humaine et l'emploi des
instruments de musique, 12/08/2009
|
Paysan
|
Soukou-Bouadi (Boko-Songho)
|
KOKELA Daniel
|
M
|
64
|
Entretien sur les moyens de communication
utilisés lors de l'intronisation des chefs de terre dans
le Pool (informateur âgé de plus de 64 ans
|
Fonctionn aire
retraité
|
Brazzavi lle (Moukou ndzi-Ngouaka )
|
271
|
|
|
habitant le quartier Moukoundzi Ngouaka), 5/04/2004
|
|
|
KONGO Michel
|
M
|
56
|
Les instruments de musique d'hier et d'aujourd'hui dans les
églises pentecôtistes du Kouilou, 16/06/2013
|
Enseignan t d'anglais et
espagnol
|
Pointe-Noire (Kouilou )
|
LINGOUALA Jean-Marc
|
M
|
54
|
L'avenir des instruments de musique traditionnels à
l'ère du numérique, 4/05/2011
|
Enseignan t d'Histoire au Lycée de Dolisie
|
Dolisie (Niari)
|
LOKO Ken
|
M
|
62
|
Les techniques d'encodage des messages sonores à l'aide
des instruments de musique traditionnels, 2/02/2015
|
Jardinier
|
Mbanza-Mpoudi (Boko-Pool)
|
LOUTALAMIO Jean Bruno
|
M
|
46
|
Les conditions d'utilisation des instruments de musique
traditionnels, 24/09/2010
|
Paysan
|
Nzangui (Boko-Songho)
|
MABIALA- BATAMIO Roger Dieudonné
|
M
|
51
|
« L'organisation sociale et la division du travail
|
Bibliothéc aire/Docu mentaliste
|
Brazzavi lle
(Mpissa)
|
272
|
|
|
dans le clan kimbembe au Congo », Brazzaville, le
4/02/2006
|
|
|
MABIKA Pierre
|
M
|
81
|
L'avenir des instruments des instruments musique traditionnels,
24/03/2009
|
Eleveur
|
Mahouha (Nkayi), Bouenza
|
MANKOU Pascal
|
M
|
58
|
Entretiens sur la fabrication des ustensiles en aluminium,
Village Moussanda, 30/05/2014
|
Enseignan t
d'Anglais
|
Moussan da
(Sibiti, Lékoum ou)
|
MANKOU- KIMBEMBE
|
M
|
62
|
L'utilisation des moyens de communication traditionnels,
9/09/2009
|
Paysan
|
Kolo-Mouyon dzi
|
MASSAMBA François
|
M
|
78
|
Les techniques de fabrication des instruments de musique
traditionnels chez les Basundi de Boko-Songho, 12/08/2009
|
Agricultur e
|
Soukou-Bouadi (Boko-Songho), Bouenza
|
MATOKO David
|
M
|
82
|
entretien sur le contexte d'utilisation du ngongi dans
le
|
Forgeron
|
Kinkala (Pool)
|
273
|
|
|
département du Pool, (Kinkala, le 27 avril 2009),
|
|
|
MATONDO Jonas
|
M
|
68
|
Les instruments de musique et l'héritage des
ancêtres, 11/11/2014
|
Paysan
|
Loudima village (Loudim a), Bouenza
|
MAZABA Hortense
|
F
|
45
|
L'usage des cloches dans les églises du Congo,
23/09/2010
|
Chantre à l'EEC
|
Pointe-Noire (Kouilou )
|
MBAKANI Jean Gaspard
|
M
|
52
|
Le code sonore des instruments de musique dans le Niari
(entretien téléphonique du 31/01/2015)
|
Conducte ur des travaux agricoles
|
Kimongo (Niari)
|
MBAMA Pahiva Nathele
|
F
|
36
|
Les instruments dans les chants bembé et yaka,
11/11/2014
|
Assistante sanitaire
|
Sibiti (Lékoum ou)
|
MBOUKOU Anselme-Aser
|
M
|
84
|
Les techniques de fabrication des instruments de musique en
bois
|
Ferronnier
|
Boko-Songho( Bouenza )
|
MIHINDOU Jean-René
|
M
|
51
|
L'église actuelle face aux instruments de musique
modernes, 09/11/2014
|
Agent du Ministère de la Réforme foncière
|
Komono (Lékoum ou)
|
MIKEMBI Alphonsine
|
F
|
36
|
Les tambours à friction dans les
|
Paysanne
|
Londéla-Kayes
|
274
|
|
|
chants religieux àLondéla-Kayes,
70/11/2013
|
|
(Niari)
|
MILANDOU Oscar
|
M
|
46
|
Les principaux codes sonores des Suundi du village Soubou-Bouadi,
entretien téléphonique et e-mails, du 3/02/2015
|
Expert en Relations Internatio nales
|
Boston (Etats-Unis)
|
MINKALA- NGOMA Béatrince
|
F
|
41
|
L'usage du mukonzi dans à l'église catholique de
Kimandou (District de Madingou), 12/11/2014
|
Paysanne
|
Kimando u village (District de Madingo u_Bouen za)
|
MONA-MPASSI Casimir
|
M
|
82
|
Connaissance d'un clan du Congo : le clan kimbembe avant, pendant
et après la colonisation », Brazzaville, le 6/02/2006
|
Menuisier
|
Brazzavi lle
(Ouénze)
|
MOUANDA Hubert
|
M
|
58
|
Les instruments de musique traditionnels kongod'aujourd'hu i,
9/09/2014
|
Pharmacie n
|
Pointe-Noire (Kouilou
|
MOUANDA- MASSAMBA Jean-Valère
|
M
|
55
|
Le code sonore des instruments de musique dans le
|
Ingénieur des
hydrocarb
|
Louvako u
(Kouilou
|
275
|
|
|
Kouilou, entretien téléphonique du
2/01/2015
|
ures
|
)
|
MOUBAMBA Samuel
|
M
|
45
|
Connaissance et inventaires des instruments traditionnels dans le
village de Kissengha, 13/10/2013
|
Chef de village
|
Kissengh a
(District de Boko-Songho_ Bouenza )
|
MOUHOUELO Pascal
|
M
|
71
|
Entretiens sur les moyens de communication traditionnels dans le
département du Pool, village Kimbédi, 9/05/2004,
|
Enseignan t retraité
|
Kimbédi (Pool)
|
MPOMBO Félicité
|
F
|
44
|
Les instruments de musique traditionnels dans les églises
avant l''introduction des instruments modernes (orgue, synthétiseurs,
piano), 19/05/2013
|
Enseignan te
|
Pointe-Noire (Kouilou )
|
NGOMA Achilles
|
M
|
64
|
«Instruments de musique traditionnels et funérailles
du chef de village de Soukou-Bouadi : Mr Alphonse Mouanda,
|
Evangélist e habitant présentem ent la ville de
Madingou
|
Soukou-Bouadi (Boko-Songho), Bouenza
|
276
|
|
|
10/08/1994
|
|
|
NGOMA Paul « Youm »
|
M
|
57
|
L'usage des cloches dans les églises catholiques dans les
villages de Kabadissou, Manzakala, Nzangui (District de Boko-Songho_Bouenza),
04/06/2010
|
Inspecteur des
Impôts
|
Habite à Brazzavi lle (Pool
|
NGOMA- MPANDZOU Aser
|
M
|
75
|
Quel code sonore pour les instruments de musique traditionnels de
demain ?, entretien téléphonique du 11/12/2012
|
Éleveur
|
Kikongo (Niari)
|
NGOUALA Antoine
|
M
|
63
|
Le code sonore des instruments de musique traditionnels dans le
Niari (entretien téléphonique du 30/01/2015)
|
Sous- Préfet
|
Londéla-Kayes (Kimong o)
(Niari)
|
NGOUMA Daniel
|
M
|
52
|
La signification des sons des instruments de musique chez les
Kamba, 14/05/2013
|
Enseignan t
|
Ranch Louamba (Nkayi_ Bouenza )
|
NIAKOUNOU Raymond
|
M
|
63
|
Entretien sur la symbolique et
|
Bibliothéc aire
|
Brazzavi lle(Baco
|
277
|
|
|
signification de Bukonzo bwa lami : moyen de communication diurne
ou nocturne utilisé par les populations des villages Kubola et Kibosi de
1945 à 1960, 19/06/2004
|
retraité
|
ngo)
|
NIANGUI Pauline
|
F
|
54
|
La fabrication des instrumentsmusiqu e au moyendes objets
recyclés, 40/05/2012
|
Commerç ante
|
Pointe-Noire (Kouilou )
|
MOUBOUNDO U Jean-Paul
|
M
|
35
|
L'accordement des instruments de musique kongo, 04/03/2014
|
Paysan
|
Moukom o Nkadi village (Niari)
|
NTABA Georges
|
M
|
57
|
La symbolique des instruments de musique chez les Suundi du
village Soukou-Bouadi (District de Boko- Songho), entretien
téléphonique, 1225/02/2011
|
Fonctionn aire au Ministère Français de la
Défense
|
Paris (France)
|
NZAMBI Thomas
|
M
|
67
|
Les techniques d'encodage des messages au moyen des
aérophones, 12/08/2009
|
Chasseur
|
Soukou-Bouadi (Boko-Sognho)
|
278
NZAOU-KALLA Alphonse
|
M
|
68
|
Les instruments de musique dans les églises de
réveil du Congo, 12/09/2014
|
Technien ENI- Congo (retraité)
|
Pointe-Noire (Kouilou )
|
SANGOU A.
|
M
|
56
|
L'utilisation des moyens de communication traditionnels,
19/06/2004
|
Enseignan t
|
Yangui-Kinkala (Pool)
|
SIKI Etienne
|
M
|
46
|
Les genres de musiquetraditionne ls kongo, 23/08/2013
|
Agent du port autonome de Pointe- Noire
|
Pointe-Noire (Kouilou )
|
TOTOKOLO Célestine
|
F
|
76
|
L'usage des instruments de musique lors des naissances
gémellaires à Soukou-Bouadi (District de Boko-Songho),
12/08/2009
|
Paysanne
|
Soukou-Bouadi (District de Boko-Songho)
|
TOUMBOULA Jean Ferdiand
|
M
|
56
|
Entretien sur le Jean Kinkouémi, Maître mukonzi au
pays des Suundi des villages Kabadissou, Soukou- Bouadi, Kissenga, Boua-Boua
(Brazzaville, le 11 novembre 2014)
|
Directeur de la coopération au ministère des
hydrocarure s
|
Brazzavill e, qurtier la Poudrière
|
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144,
194
Arbre à palabre, 161, 310
C
Code écrit, 61, 175
Code éthique, 75, 308
Code oral, 175
Code sonore, 5, 6, 7, 61, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71,
73, 79, 83, 84, 87, 91, 143, 175, 218, 219, 243, 248, 250, 251, 313
Communauté des Suundi, 79
Communication, 3, 7, 9, 10, 16, 17, 21, 26, 43, 44, 47, 50,
58, 60, 61, 63, 64, 66, 67, 68, 69, 73, 74, 76, 77, 82, 84, 87, 89, 91, 96,
110, 118, 123, 128, 130, 131, 132, 133, 135, 141, 142, 143, 144, 145, 146, 148,
151, 152, 158, 159, 160, 161, 162,
163,
|
164,
|
168,
|
169,
|
170,
|
171,
|
172,
|
173,
|
174,
|
175,
|
176,
|
177,
|
178,
|
179,
|
181,
|
184,
|
185,
|
186,
|
187,
|
188,
|
189,
|
190,
|
194,
|
200,
|
202,
|
203,
|
204,
|
205,
|
206,
|
215,
|
219,
|
231,
|
236,
|
244,
|
245,
|
246,
|
247,
|
250,
|
251,
|
252,
|
253,
|
255,
|
256,
|
257,
|
259,
|
265,
|
267,
|
271,
|
272,
|
273,
|
274,
|
276,
|
280,
|
282,
|
284,
|
288,
|
291,
|
294,
|
296,
|
310,
|
311
|
|
|
|
|
|
Communication de masse, 144 Culture, 85, 87, 245, 258, 297
D
Danse, 18, 24, 32, 35, 37, 43, 56, 58, 69, 71, 74, 78, 86, 90,
99, 104, 105, 114, 120, 123, 124, 129, 142, 146, 148, 149, 153, 154, 165, 167,
193, 194, 195, 199, 218, 219, 265, 309
Diffusion, 70, 79, 158
Dynamique sociale, 60, 118
326
Index
E
Ecriture, 2, 3, 4, 5, 7, 60, 64, 66, 67, 69, 79, 125, 159,
174, 175, 200, 202, 203, 218, 219, 257, 310
Emetteur, 2, 9, 206
F
Fête, 14, 71, 86, 128, 143, 162, L
Langage, 3, 6, 9, 26, 44, 60, 61, 66, 68, 73, 77, 83, 84, 85,
89, 91, 99, 114, 133, 134, 167, 189, 195, 201, 202, 203, 204, 205, 213, 214,
257, 258, 261, 262, 263, 264, 266, 269, 279, 280, 289, 290, 291, 292, 307
327
210, 219, 226
|
|
|
Langage conventionnel, 68
|
Fonctions, 7, 8, 57, 58,
|
72, 73, 79,
|
Langage tambouriné, 61, 68, 84,
|
|
107,
|
159,
|
161,
|
194,
|
199, 216,
|
85, 133, 258, 269, 307
|
244,
G
|
245,
|
307
|
|
|
Langage verbal, 202
M
|
Groupe ethnique, 5, 26,
|
118
|
Mbongi, 6, 83, 99, 129, 151, 152,
|
|
|
|
|
|
|
159, 161, 234, 253, 264, 309
|
I
|
|
|
|
|
|
Message, 3, 6, 10, 26, 61, 62, 64,
|
Iconographie, 188, 191,
|
200, 216,
|
65, 67, 69, 78, 84, 103, 113,
|
|
|
311
|
|
|
|
|
169, 170, 175, 184, 185, 186,
|
Information, 3, 4,
|
5, 34, 60, 61,
|
189, 205, 207, 218, 245, 265,
|
|
63,
|
64, 65, 66,
|
67, 68, 71, 73,
|
307, 313
|
|
82,
|
148,
|
149,
|
158,
|
159, 160,
|
Morse, 61, 62, 63, 64
|
|
163,
|
168,
|
169,
|
170,
|
172, 173,
|
Moyens de communication, 82,
|
|
174,
|
177,
|
179,
|
181,
|
185, 186,
|
159, 168
|
|
187,
|
218,
|
219,
|
225,
|
257, 259,
|
Musicien, 20, 26, 27, 28, 29, 35,
|
|
260,
|
263,
|
276, 294, 296
|
39, 46, 50, 51, 53, 56, 78, 80,
|
|
|
|
|
|
|
83, 99, 114, 119, 164, 191, 204,
|
217, 280
328
Musique, 2, 4, 5,
|
7, 8,
|
9,
|
10,
|
14,
|
Musique professionnelle, 217
|
16,
|
17,
|
20,
|
21,
|
23,
|
30,
|
31,
|
35,
|
Musique sacrée, 153, 156, 217
|
38,
|
42,
|
44,
|
47,
|
48,
|
49,
|
52,
|
56,
|
|
57,
|
58,
|
61,
|
68,
|
70,
|
71,
|
72,
|
73,
|
N
|
74,
|
75,
|
76,
|
77,
|
78,
|
79,
|
80,
|
82,
|
Nganga, 25, 27, 134, 255, voir
|
83,
|
86,
|
87,
|
88,
|
89,
|
90,
|
91,
|
98,
|
féticheur
|
101,
|
102, 104,
|
105,
|
107,
|
112,
|
|
|
114,
|
115, 116,
|
118,
|
119,
|
120,
|
O
|
|
122,
|
123, 124,
|
126,
|
127,
|
128,
|
Organisation sociale, 13, 60,
|
75,
|
129,
|
131, 132,
|
134,
|
137,
|
140,
|
118, 157, 218, 247, 288
|
|
141,
|
142, 143,
|
146,
|
147,
|
148,
|
Organologie, 4, 9, 16, 40,
|
90,
|
149,
|
150, 151,
|
153,
|
154,
|
155,
|
218, 219, 280
|
|
156,
|
157, 158,
|
160,
|
161,
|
164,
|
|
|
165,
|
166, 167,
|
168,
|
174,
|
175,
|
R
|
|
178,
|
179, 181,
|
184,
|
188,
|
189,
|
Récepteur, 64, 206
|
|
190,
|
191, 192,
|
193,
|
194,
|
197,
|
|
|
198,
|
199, 200,
|
201,
|
202,
|
203,
|
S
|
|
204,
|
205, 207,
|
208,
|
210,
|
211,
|
Société traditionnelle, 4, 9,
|
68,
|
216,
|
217, 218,
|
219,
|
227,
|
232,
|
70, 157, 217, 282
|
|
236,
|
243, 244,
|
245,
|
246,
|
247,
|
Son, 2, 3, 6, 12, 16, 20, 22,
|
23,
|
248,
|
249, 250,
|
251,
|
252,
|
253,
|
24, 26, 28, 30, 32, 35, 36,
|
37,
|
254,
|
256, 258,
|
259,
|
260,
|
262,
|
38, 39, 40, 42, 44, 46, 48,
|
50,
|
263,
|
264, 265,
|
266,
|
269,
|
270,
|
51, 52, 53, 54, 55, 56, 57,
|
58,
|
271,
|
273, 274,
|
275,
|
277,
|
278,
|
60, 61, 65, 66, 68, 69, 72,
|
74,
|
281,
|
282, 283,
|
285,
|
286,
|
288,
|
75, 76, 77, 81, 86, 87, 88,
|
91,
|
289,
|
290, 291,
|
292,
|
293,
|
295,
|
94, 95, 97, 102, 103, 106,
|
110,
|
296,
|
297, 298,
|
305,
|
307,
|
308,
|
112, 113, 114, 118, 119,
|
121,
|
309,
|
310, 311, 312
|
|
|
123, 124, 130, 134, 135,
|
136,
|
Musique institutionnalisée, 120
|
137, 138, 139, 148, 149,
|
150,
|
329
151,
|
152, 153,
|
156,
|
157,
|
159,
|
T
|
|
164,
|
165, 166,
|
167,
|
173,
|
175,
|
Transmettre, 2, 27, 44, 60, 61,
|
65,
|
179,
|
189, 190,
|
191,
|
192,
|
195,
|
69, 83, 143, 152, 184, 185,
|
187,
|
196,
|
198, 201,
|
202,
|
206,
|
207,
|
200
|
|
208,
|
212, 231,
|
275,
|
286,
|
287,
|
Transmission, 2, 50, 61, 64,
|
66,
|
293
|
|
|
|
|
68, 73, 74, 79, 84, 85, 96,
|
100,
|
Symbolique, 14, 34, 58, 63,
|
87,
|
101, 108, 113, 144, 146,
|
151,
|
128,
|
132, 141,
|
188,
|
189,
|
191,
|
152, 169, 170, 184, 186,
|
202,
|
193,
|
200, 205,
|
207,
|
208,
|
210,
|
205, 218, 295
|
|
211,
|
213, 251,
|
252,
|
275,
|
295,
|
V
|
|
297,
|
311, 312
|
|
|
|
Valeurs culturelles, 12, 151,
|
171,
|
Système de communication, 69, 174, 176, 177
128, 174, 203 Vie communautaire, 16, 52
Instruments de musique
A
|
C
|
Aérophones, 8, 10, 42, 45,, 57,
|
Clebasse, 35, 36, 39, 40, 41, 57,
|
91, 112, 165, 194, 199, 217,
228, 252, 261, 312, 314, 316
|
193, 240, 312
Castagnettes, 35, 80, 134, 312
|
Aérophones libres, 112
|
Cloche, 17, 24, 25, 32, 33, 34, 73,
|
Aérophones par souffle, 112
|
82, 107, 108, 110, 111, 122,
|
Arc musical, 58, 273, 312
|
137, 140, 141, 142, 143, 144,
|
|
186, 233, 237, 241, 312
|
B
|
Cloches en bois, 24, 106, 311,
|
Balafon, 21, 28, 312 314
Cloches en métal, 31, 312
330
Cordophones, 8, 10, 52, 54, 57,
|
77, 78, 79, 80,
|
81, 82, 83,
|
86,
|
72, 115, 116, 197, 199, 257,
|
87, 88, 89, 90,
|
91, 96, 98,
|
101,
|
312, 314, 316
|
107,
|
111,
|
112,
|
114,
|
115,
|
116,
|
Corne traversière, 82, 195
|
118,
|
119,
|
120,
|
121,
|
122,
|
123,
|
|
125,
|
127,
|
129,
|
132,
|
134,
|
137,
|
F
|
138,
|
140,
|
141,
|
142,
|
143,
|
145,
|
Flûte, 42, 43, 44, 45, 46, 48, 50,
|
146,
|
147,
|
149,
|
150,
|
151,
|
154,
|
51, 52, 72, 78,112, 155, 168,
|
155,
|
157,
|
158,
|
160,
|
161,
|
164,
|
169, 172, 174, 187, 191 , 236,
|
165,
|
166,
|
167,
|
168,
|
174,
|
175,
|
312
|
178,
|
179,
|
181,
|
184,
|
186,
|
187,
|
|
188,
|
189,
|
190,
|
191,
|
192,
|
196,
|
H
|
197,
|
198,
|
199,
|
200,
|
201,
|
204,
|
Hochet, 35, 36, 230
|
207,
|
210,
|
211,
|
216,
|
217,
|
218,
|
Houppe, 54, 115, 229, 312
|
219,
|
227,
|
236,
|
243,
|
244,
|
245,
|
|
246,
|
247,
|
248,
|
249,
|
250,
|
251,
|
I
|
252,
|
253,
|
254,
|
258,
|
259,
|
263,
|
Idiophone, 21, 22, 24, 28, 35, 37,
|
265,
|
266,
|
269,
|
274,
|
275,
|
277,
|
57, 91, 141
|
278,
|
281,
|
288,
|
289,
|
290,
|
297,
|
Idiophone par percussion, 21, 22 idiophones, 8, 10, 23, 24, 34,
38,
|
311,
317,
|
312,
318
|
313,
|
314,
|
315,
|
316,
|
40, 56, 73, 80, 91, 139, 149,
|
Instruments à cordes frottées, 52,
|
161, 199, 201, 217, 311, 312
|
53
|
|
|
|
|
|
Instrument à cordes, 53, 56 Instruments à
percussion, 16, 91,
Instrument de récupération, 32 155
Instruments, 2, 3, 4, 5,
|
7,
|
8, 9,
|
10,
|
Instruments à vent, 10, 17, 112,
|
14,
|
16,
|
17,
|
23,
|
24,
|
26,
|
30,
|
31,
|
155
|
|
33,
|
34,
|
35,
|
38,
|
39,
|
41,
|
42,
|
43,
|
Instruments de musique, 2, 4,
|
8,
|
49,
|
52,
|
53,
|
54,
|
57,
|
58,
|
60,
|
61,
|
9, 14, 70, 71, 73, 75, 79, 80,
|
81,
|
68,
|
70,
|
71,
|
72,
|
73,
|
74,
|
75,
|
76,
|
|
|
88, 127, 137, 155, 164, 165,
179, 190, 191, 199, 204, 216
L
Lamellophone, 38, 39, 40, 227, 228, 230
M
Membranophones, 8, 10, 16, 18, 19, 21, 29, 46, 57, 91, 103,
104, 123, 141, 149, 9, 190, 191, 193, 199, 217, 235, 311, 314, 316
Mukonzi, 2, 21, 22, 61, 65, 66, 69, 72, 73, 80, 84, 91, 98,
99, 198, 218, 219, 249, 311, 314
Mukwiti, 17, 20, 311
N
Ngoma, 2, 16, 17, 18, 19, 56, 61, 69, 72, 73, 80, 84, 91, 97,
103, 125, 126, 129, 137, , 152, 165, 218, 219, 224, 225, 229, 235, 311, 314
Ngomfi, 9, 54, 55, 56, 115, 150, 312
Nkoonko, 16, 21
P
331
Piano à pouce, 38, 42,56, 57, 115, 197, 312
Pluri arc, 54, 55, 312
R
Racleur, 37, 38, 312
S
Sanza, 38, 39, 42, 91, 261, 264 Sifflet, 43, 44, 47, 112, 113,
312
T
Tambour, 10, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 26, 27, 28, 39,
42,44, 46, 49,56, 60, 61, 68, 70, 72,73, 75, 77, 78, 81, 82, 83, 84, 85, 87,
91,92, 93, 94, 95, 96, 97, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 104, 105, 106, 107,
113,118, 119, 122, 123, 125, 127, 128,129, 132, 133, 137, 138, 139, 140, 141,
142, 143, 144, 145,146, 149, 150, 156, 164,167, 168, 169, 172, 174, 184, 185,
186, 187, 193, 194, 195, 198, 199, 205, 208, 210, 212, 214, 224, 225, 229,
235,236, 239, 241, 249,
|
258,
|
Tam-tam, 17, 19, 66, 70, 77,
|
82,
|
266,268, 311, 312, 314
|
|
86, 87, 96, 144, 146, 174,
|
185,
|
Tambour à fente, 21, 22, 26,
|
27,
|
194, 264, 274
|
|
28, 39, 44, 70, 140, 142,
|
144,
|
Trompe, 47, 48, 49, 50, 137,
|
165,
|
174, 311, 312,
|
|
195, 199, 228, 229, 230, 312
|
|
|
Tambour à fente tronconique, 21, 229, 311
Tambour à peau clouée, 20 Tambour d'eau, 22, 230
Tambour sur cadre, 21, 311 Tambourinaire, 19, 27, 28, 157 Tambours de dieux,
164 Tambours de guerre, 164 Tambours de paix, 164 Tambours des stades, 165
Trompes à figurations humaines, 47
Trompes traversières, , 49, 114, 194, 196, 210, 312,
314, 316
V
Vièle, 53, 55, 312
X
Xylophone, 28, 29, 30, 312
332
Ethnonymie
B Batéké, 44, 56, 57, 265, voir
Téké
Babeembe, 8, 12, 286 Badoondo, 8, 12, 286 Bakaamba, 8, 12, 286
Bakongo, 17, 122, 123, 127, 139,
|
Batsangui, 118
K
Kongo, 3, 4, 7, 8,
|
9, 12, 13,
|
15,
|
151, 257, 290
|
24, 25, 30, 31,
|
34, 40, 43,
|
45,
|
Bakunyi, 8, 12, 13, 286
|
48, 49, 54, 70,
|
83,
|
102,
|
109,
|
Balari, 17, 128
|
118, 121, 135,
|
137,
|
138,
|
139,
|
Bangoulou, 152
|
141, 143, 145,
|
148,
|
152,
|
153,
|
Basuundi, 8, 12, 73, 286
|
154, 157, 161,
|
175,
|
177,
|
179,
|
199, 203, 210, 211, 212, 217,
233, 257, 262, 270, 271, 277,
281, 282, 286, 287, 290, 292
Kouyou, 56, 60, 118, 152
Kunyi, 199, 200
Kwele, 152
L
Luba, 84, 85, 152, 258, voir Baluba
M
Mbétis, 60, 118, 152 Mbochi, 152 Mbondzo, 152
S
Suundi, 2, 3, 5, 6, 7, 10, 12, 14, 15, 16, 17, 18, 20, 40, 52,
56, 60, 61, 63, 65, 67, 68, 70, 71, 72, 73, 75, 77, 78, 79, 80, 82, 84, 86, 87,
89, 90, 91, 99, 104, 105, 106, 108, 109, 113, 114, 119, 143, 152, 157, 158,
160, 162, 164, 188, 189, 191, 194, 199, 200, 201, 204, 212, 216, 217, 218, 222,
227, 245, 249, 252, 317, 318, 319, 320, 321, 322, 323, VoirBasuundi
P
333
T
Téké, 12, 31, 34, 44, voir Batéké
Punu, 125, 126, 263
Toponymie
|
|
|
|
|
|
|
|
A
|
|
|
|
174,
|
185,
|
191,
|
194,
|
215,
|
217,
|
Afrique, 2, 4, 9,
|
14, 16, 20,
|
24,
|
233,
|
253,
|
254,
|
255,
|
258,
|
260,
|
25, 27, 31,
|
33,
|
34, 38, 40,
|
42,
|
261,
|
264,
|
267,
|
268,
|
269,
|
270,
|
45, 47, 52,
|
53,
|
54, 56, 60,
|
80,
|
272,
|
273,
|
276,
|
277,
|
280,
|
281,
|
81, 83, 84,
|
90, 98, 99, 107,
|
108,
|
282,
|
284,
|
285,
|
286,
|
289,
|
291,
|
110, 112,
|
113,
|
114, 118,
|
119,
|
294,
|
295,
|
296, 297, 298
|
|
122, 125,
|
134,
|
135, 140,
|
144,
|
Afrique Centrale, 4, 25, 27,
|
40,
|
146, 153,
|
157,
|
165, 166,
|
167,
|
140, 144
|
|
|
|
|
Afrique orientale, 24
Angola, 12, 17, 30, 110, 139, 259
B
Bas-kongo, 31
Boko-Songho, 14, 18, 20, 66, 108, 162, 243, 245, 246, 247,
248, 250, 251, 252, 253
Bouenza, 21, 31, 55, 57, 108,
144, 152, 180, 234, 244, 247,
248, 249, 250, 251, 283, 285 Brazzaville, 2, 7, 8, 13, 15, 17,
Kissengha, 129, 250
Kitiditunga, 162
Kongo Dia Ntontila, 12, 13, 15, 292
L
Likouala, 18, 21, 152
Linzolo, 140, 245
Loudima, 23, 32, 55, 108, 162,
234, 248
Lubwilu, 23
334
18, 19, 21, 22,
|
42,
|
102,
|
108,
|
M
|
125, 126,
|
132,
|
141,
|
143,
|
147,
|
Madzia, 22, 23, 129
|
148, 150,
|
152,
|
159,
|
165,
|
180,
|
Manguembo, 162
|
198, 212,
|
214,
|
244,
|
245,
|
246,
|
Manzaou, 162
|
247, 249,
|
251,
|
253,
|
254,
|
257,
|
Massif du Chaillu, 112
|
259, 262,
|
263,
|
264,
|
265,
|
270,
|
Matadi, 23
|
271, 277,
|
280,
|
281,
|
283,
|
284,
|
Mayoko, 152
|
285, 286,
|
287,
|
288,
|
291,
|
292,
|
Mayombe, 112
|
294
|
|
|
|
|
Mbanza-Kongo, 60, 118
|
Brésil, 24, 148
|
|
|
|
Mbanza-Ndounga, 22 Mfoati, 162
|
C
|
|
|
|
|
Mossaka, 152
|
Corée, 24
|
|
|
|
|
Mossendjo, 152
|
|
|
|
|
|
Mpangala, 108
|
K
Kimongo, 108, 245, 248, 251 Kintsindi, 41
N
Niari, 8, 12, 13, 14, 21, 31, 41,
82, 152, 180, 243, 245, 246,
248, 249, 251, 252, 286 Niari-Djwé, 31
Nkayi, 107, 108, 129, 131, 144,
145, 244, 245, 247, 251 Nkengué, 23
Ntombo Manianga, 58
O
Océan Atlantique, 12
P
Pool, 21, 22, 31, 57, 96, 104, 140,
145, 152, 180, 243, 244, 245,
335
246, 247, 248, 250, 251, 252, 284, 285
R
Royaume kongo, 123, 179
S
Soukou-Bouadi, 66, 129, 198,
220, 221, 245, 246, 248, 250, 252, 253
V
Voka, 23
Z
Zaîre, 38, voir République démocratique du
Congo
336
Table des matières
Liste des sigles et abréviations iii
Liste des cartes v
Liste des tableaux vi
Liste des figures vii
Dédicace ix
Remerciements xii
Introduction générale 1
Intérêt scientifique du sujet 4
Intérêt affectif 5
Problématique 5
Hypothèses de la recherche 6
Méthodologie de la recherche 6
Corpus du sujet 10
Première partie : Présentation de
l'espace culturel kongo 12
Chapitre 1 : Définition de l'aire culturellekongo 13
Chapitre 2 : Les Suundi 15
Chapitre 3 : Les instruments de musique en usage chez les
Suundi 17
3.1. Les membranophones (tambours, ngoma, ndungu ) 17
3.1.1. Les tambours 18
3.1.2. Les tambour (masikulu) 19
3.1.3. Le tambour (ngoma) 19
337
3.1.4. Le tambour à friction (nkwiti, kingula ngula,
mukwiti
|
)
|
21
|
3.1.5. Le tambour sur pied ou tambour sur cadre
(petenge)
|
|
22
|
3.16. Le tambour à fente tronconique (mukonzi)
|
|
23
|
3.2. Les idiophones
|
|
24
|
3.2.1. Les idiophones percutés ou idiophones par
frappement
|
|
25
|
3.2.1.1. Les cloches en bois
|
|
25
|
3.2.1.2. Le tambour à fentes
|
|
27
|
3.2.2. Le tambour d'eau
|
|
29
|
3.2.3. Le xylophone, lebalafon
|
|
30
|
3.2.4. Les cloches en métal
|
|
34
|
3.2.5. La cloche (Gonji ou Longa)
|
|
37
|
3.2.6. Les autres types d'idiophones
|
|
37
|
3.2.6.1. Les idiophones secoués
|
|
37
|
3.2.6.2. Les castagnettes ou maracasses (nsakala)
|
|
38
|
3.2.6.3. Le racleur
|
|
40
|
3.2.6.4. Les instruments à lames ou lamellophone
(nsambi)
|
|
41
|
3.3. Les aérophones ou instruments à vent
|
|
46
|
3.3.1. Les sifflets
|
|
46
|
3.3.1.1. Le sifflet (kimbila, mbambi, pitû,
pita)
|
|
47
|
3.3.1.2. Le sifflet (nsiba, nsiemi)
|
|
48
|
3.3.2. Les flûtes
|
|
48
|
3.3.2.1 Les flûtes (siku-bampuela, mahungu)
|
|
49
|
3.3.2.2. La trompe ou corne d'antilope (mvoumvouri)
|
|
51
|
3.3.2.3. Le bwiti
|
|
51
|
3.3.2.4. Les flûtes de pan
|
|
52
|
3.3.2.5. Les trompes traversières (mpungi)
|
|
52
|
3.3.2.5.1 Les trompes traversières ordinaires
(masikulu)
|
|
53
|
338
3.4. Les cordophones 56
3.4.1. Les instruments à cordes frottées 57
3.4.1.1. La vièle (lungoyongoyo) 57
3.4.1.2. La houppe traditionnelle (ngomfi) 58
3.4.2. Les instruments à cordes pincées 59
3.4.2.1. Le pluri arc 59
3.4.2.2. Le piano à pouce (nsambi) 61
3.4.2.3. La calebasse (kiyiodi, yuki) 62
3.4.2.4. L'arc musical (luhungu) 63
3.5. Les autres formes d'instruments de musique 64
3.5.1. Les battements des mains, nsaki 64
3.5.2. La voix, zuu, mbembo 66
Deuxième partie : Lesfonctions des instruments
de musique 68
Chapitre 4 : Le code sonore ou le langage tambouriné
chez les
Suundi 71
4.1. Le code sonoredes Suundi et sa structure 75
4.2. La structure du message 76
4.2.1. Les messages concernant la mort et la mise à feu
d'une réserve 77
4.3. Les limites du code sonore des Suundi 80
Chapitre 5 : Evolution des instruments de musique : entre
continuité
et discontinuité 82
5.1. La continuité des instruments de musique 82
5.1.2. La facture instrumentale 83
5.1.3. L'Identité de l'instrument 83
5.1.3.1. L'Identité structurelle sonore et technique
84
339
5.1.3.2. L'Identité styllistique et fonctionnelle 84
5.1.3.3. L'Identité socio-historique 84
5.2. La discontinuité des instruments de musiue 85
5.2.1. Le code éthique des instruments de musique 89
5.2.2. La place et le rôle des musiciens 90 5.2.3. La
relation entre la femme suundi et les instrumentsdemusique 92 5.2.4. Les
mutations induites par les nouvelles pratiques musicales et
communicationnelles 96
5.2.5. Les instruments de musique et les identités
culturelles 101
Chapitre 6 : Approches ethnographiques des instruments de musique
105
6.1. Les membranophones 107
6.1.1. Le modelage du tambour (forme extérieure) 108
6.1.2. L'immersion ou le trempage de la peau 110
6.1.3. L'ajustement de lapeau sur le corps du tambour 110
6.2. Les caractères morphologiques des instruments de
musique 114
6.2.1. Les tambours (mukonzi) 115
6.2.1.1. Le grand tambour à fentes 115
6.2.1.2. Le tambour à fentes moyen 118
6.2.1.3. Le petit tambour à fentes 119
6.2.2. Les membranophones 120
6.2.2.1. Les tambours à membranes, ngoma 120
6.2.2.2. Le tamboursur cadre (petengé) 121
6.2.3. Les cloches 121
6.2.3.1. Les cloches en bois 122
6.2.3.2. Les cloches en argile 124
6.2.3.3. Les cloches métalliques 126
6.2.3.4. Les aérophones (instruments à vent) 128
340
6.2.3.5. Les aérophones libres et par souffle 129
6.2.3.6. Le sifflet 129
6.2.3.7. Les trompes traversières 131
6.2.3.8. Les cordophones 132
Troisième partie : Contextes d'utilisation des
instruments de
musiqueet leur impact dans la communauté des
Suundi 134
Chapitre 7 : Contextes d'utilisation des instruments de musique
135
7.1. Dans le cas de pratiques rituelles : dot ou mariage,
naissances,
funérailles 138 7.1.1. La dot, le mariage ou les autres
cérémonies de réjouissance ou de
tristesse 138
7.1.2. La naissance tout court ou la naissance des jumeaux 138
7.1.3. Le deuil, les funérailles 142
7.2. Dans le cas des rites initiatiques 143
7.2.1. Les rites initiatiques 149
7.2.2. Le mysticisme 150
7.2.3. La sorcellerie 151
7.3. Dans le cas de la vie quotidienne (oratoire : contes,
proverbes, chants,
danses, jeux, folklore, nombres, différences sociales)
155
7.3.1. Les chants et les danses 156
7.3.2. La musique sacrée 157
7.3.3. La musique professionnelle 159
7.4. Dans le cas d'autres occasions 159
7.4.1. Dans le cas des conflits armés ou guerres
interclaniques 159
7.4.2 Louanges, exaltation, religion, croyances locales 162
7.4.3. Réunions, réunions, visites officielles
165
7.4.4. Révoltes, revendications et affirmations
identitaires 167
341
7.4.5. Secours à une personne égarée et
appels à la bravoure 170
7.4.6. Voyages, parties de chasse, de pêche et les travaux
champêtres 170
7.4..7. Le palais de justice ou le tribunal traditionnel (mbongi)
172
Chapitre 8 : L'impact des instruments de musique sur la
communauté des Suundi à travers les espaces et les acteurs
sociaux de la
communication 176
8.1. Les espaces sociaux (lieux) de communication 178
8.1.1. Le vestibule du chef, l'arbre à palabre 179
8.1.2. Le marché 179
8.1.3. Les maquis, les cabarets et les débits de boisson
(nzo malafu) 181
8.1.4. Les espaces de sport (stades) 182
8.1.5. Les églises 183
8.2. L'impact des instruments de musique sur les acteurs sociaux
et les
limites dans les relations interpersonnelles 186 8.2.1. Les
difficultés rencontrées dans l'usage des moyens
de communication traditionnels 186 8.2.2. Les
difficultés rencontrées dans la communication moderne 189 8.2.3.
L'abandon des instruments de musique au profit des moyens
modernes : le courrier, (écriture) 192
8.2.3.1. La colonisation, l'exode rural et la mondialisation
194
8.2.3.2. L'imprimerie : le courrier postal et l'écrit
195
8.2.3.3. Les méfaits des moyens de communication modernes
195
8.2.3.4. Les critiques face à la société
informationnelle moderne 198
8.2.3.5. Les instrumentsde musique et le raffermissement des
relations
sociales 200 8.2.3.5.1. La répartition des
enquêtés selon le sexe et les zones
géographiques 201
342
8.2.3.5.2. La répartition des enquêtés par
tranche d'âge 202
8.2.3.5.3. La répartition des enquêtés
selon le niveau d'instruction 203
8.2.3.5.4. La répartition des enquêtés
selon la profession 203
8.2.3.5.5. La répartition des enquêtés
selon l'état matrimonial 204
8.2.3.5.6. Les instruments de musiqueles plus utilisés
pour communiquer
à distance 205
8.2.3.5.7. L'efficacité des outils traditionnels de
communication 207
Chapitre 9 : Analyses anthropolgiques des instruments de
musiques 210
9.1. Les symboles des instruments de musique traditionnels
212
9.1.1. La sculpture des membranophones 213
9.1.2. La sculpture des aérophones 217
9.1.2.1. Les trompes traversières en corne de
bovidée 217
9.1.2.2. Les trompes traversières en bois 218
9.1.2.3. Les trompes en ivoire 218
9.1.3. Les cordophones 219
9.2. Les instruments de musique et l'art 219
9.3. L'iconographie 222
9.4. La tonologie, la phonologie 224
9.5. L'élément sonore 225
9.6. Les instruments de musique et la
symboliqueanimalière 229
9.6.1. Les clans majeurs 230
9.6.1.1. Le lion 230
343
9.6.1.2. La panthère 231
9.6.2. Les clans mineurs 231
9.6.2.1. Le serpent 231
9.6.2.2. La chèvre 232
9.6.2.3. La tortue 232
9.7. Les instruments de musique et la symbolique humaine,
figuration
humaine (anthropomorphe) 233
9.8. Les instruments de musique et la symbolique des couleurs
234
9.8.1. La couleur rouge 234
9.8.2. La couleur orange 236
9.8.3. La couleur jaune 236
9.8.4. La couleur verte 236
9.8.5. La couleur bleue 237
9.8.6. La couleur noire 237
9.8.7. La couleur blanche 238
Conclusion générale 240
Annexes 243
Références bibliographiques 267
Index 326
Table de matières 336
Keywords: Sound Code, Traditional
Communication, Cultural Space suundi, Cultural identities, Musical instruments,
communication Language, Mode of distance communication
Résumé
Placés au coeur d'une société sans
écriture alphabétique consonantique, les Suundi, pour communiquer
à distance, avaient élaboré à partir de deux
instruments de musique (le mukonzi et le ngomo), supports de leurs danses, un
code sonore. Base de tout système de communication primitive, ce code
avait permis la circulation entre les membres de la communauté de
certains types de messages. Aux contacts d'autres aires culturelles, ce langage
n'assurera plus la fonction sociale de communication. L'avènement des
moyens modernes de communication supplantera un tel système qui aura
traversé les âges.
Objets de « culte » et « d'adoration »,
ces supports qui n'ont plus qu'un intérêt historique sont
aujourd'hui tombés entre les mains des non-initiés : les femmes.
Une sorte de « féminisation » qui cohabite avec le «
symbolisme masculin ». Le langage qui a cessé d'être une
exclusivité des hommes a remis en cause les identités culturelles
des Suundi.
Mots clés : Code Sonore, Communication
traditionnelle, Espace culturel suundi, Identités culturelles,
Instruments de musique, Langage de communication, Moyen de communication
à distance
Summary
Placed at the heart of a free society consonantal alphabetic
writing, the Suundi to communicate remotely, had developed from two musical
instruments (the mukonzi and ngomo), supports their dances, a beep code. Basis
of any system of primitive communication, this code allowed movement between
the members of the community of certain types of messages. Contacts other
cultural areas, this language will no longer provide the social function of
communication. The advent of modern means of communication supplant such a
system which has through the ages.
Objects "cult" and "adoration", these media which have more
than historical interest have now fallen into the hands of the uninitiated:
women. A kind of "feminization" cohabiting with the "masculine symbolism". The
language that has ceased to be an exclusive men questioned the cultural
identities of Suundi.
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