République Tunisienne
Ministère De l'Enseignement Supérieur Et
de la recherche Scientifique
Université de Tunis el Manar
Faculté de Droit et de Science Politique de
Tunis
Mémoire pour l'obtention du Diplôme de
Mastère de recherche en science politique
La transition démocratique en Mauritanie
à travers la révision constitutionnelle de 2012
Sous la direction de :
Elaborée par :
Mme.Asma Nouira
Mohamed El Moctar Sarr
Membres du jury :
Président :...........................
Encadrant: Mme Asma Nouira
Rapporteur:........................
2015-2016
La faculté n'entend donner aucune approbation
ni improbation aux opinions émises dans les mémoires et les
thèses. Ces opinions sont considérées comme propres
à leurs auteurs.
DEDICACES
A Mes chers parents et toute la grande famille, que nulle
dédicace ne puisse exprimer mes sincères sentiments, pour leur
patience illimitée, leur encouragement contenu, leurs aide, en
témoignage de mon profond amour et respect pour leur grands
sacrifices.
A Mes chers frères et soeurs pour leurs grands amour
et leurs soutient, qu'ils trouvent ici l'expression de ma haute gratitude.
A Mes chers ami(e)s, mes camarades de classe, et a tous et
toutes ceux que j'aime.
REMERCIEMENTS
En préambule et au terme de ce travail de
recherche scientifique, je tiens à remercier sincèrement Mme Asma
Nouira, mon encadrant de mémoire, pour sa rigueur, sa
générosité et sa bienveillance.
Aux membres du Jury de me faire honneur en acceptant
d'évaluer mon travail.
A Mes professeurs de Mastère qui m'ont permis
de bénéficier de leur savoir et de leurs connaissances. Car en
Wolof on dit que « Nul n'a le prix à payer du savoir
reçu ».
A toutes ces personnes, acteurs politiques, militants de la
société civile et professeurs émérite qui m'ont
ouvert leurs portes et m'ont fourni les informations dont j'avais besoin lors
de mes entretiens et enquête de terrain.
Principales abréviations
AG / NU : Assemblée Générale /
Nations Unies
AJD/MR : Alliance pour la Justice et la
Démocratie / Mouvement pour la Rénovation
Al : Alinéa
APP : Alliance Populaire Progressiste
ATT : Amadou Toumani Touré
BASEP : Bataillon de Sécurité
Présidentielle
CAP : Coalition pour une Alternance Pacifique
CMJD : Comité Militaire pour la Justice et la
Démocratie
CMRN : Comité Militaire de Redressement National
CMSN : Comité Militaire de Salut National
CNDH : Commission Nationale des Droits de l'Homme
COD : Coalition de l'Opposition Démocratique
E/R: En retraite
FLAM : Forces de Libération Africaine de
Mauritanie
FNDD : Front National de Défense de la
Démocratie
FNDU : Front Nationale pour la Démocratie et
l'Unité
FPC : Forces Progressistes du Changement
GGSR : Groupement Général pour la
Sécurité des Routes
GIC : Groupe International de Contact
HAPA : Haute Autorité de la Presse et de
l'Audio- visuelle
HCE : Haut Conseil d'État
IRA : Initiative pour la Ressursigence de l'Antiesclavagisme
OSC : Organisations de la Société Civile
PRAG : Parti Radical pour l'Action
Générale
PRDS : Parti Républicain Démocratique et
Socialiste
RFD : Rassemblement des Forces Démocratiques
RNRD : Rassemblement National pour la Réforme et
le Développement
TPMN : Touche pas à ma nationalité
UFP : Union des Forces de Progrès
UPR : Union Pour la République
Sommaire
Introduction
Partie I : Les acteurs de la politique
mauritanienne : Un dialogue inaudible
Chapitre I : Profil des acteurs
politiques
Section I : Mauritanie : La
caserne des militaires
Section II : Des oppositions qui
s'opposent
Chapitre II : Le général
(E/R), l'opposition hétéroclite et le régime
Section I : Les accords de Dakar
oubliés et les « radicaux » à la marge
Section II : Une démocratie qui
se consolide ou un autoritarisme libéral
Partie II : De timides amendements pour
de sérieux problèmes
Chapitre I : Amendements et lois face
aux tares sociales: les obstacles à la démocratisation
Section I : Les problèmes
sociaux premiers: quelle solution normative ?
Section II : Le problème de
cohabitation
Chapitre II : Amendements et
renforcements: les autres institutions sociales
Section I : La société
civile, l'armée et le pouvoir
Section II : Des institutions à
renforcer
Conclusion
Introduction
Dès 1994, la revue Politique Africaine, dans son
numéro 55, s'interrogeait en ces termes: « La Mauritanie: un
tournant démocratique ? ». Avec le concours de plusieurs
chercheurs, la revue panafricaine francophone étayait les «
questions pour l'avenir »1(*) dont le pays devrait faire face avec l'engagement dans
sa toute première expérience « démocratique » de
1991 voulu par Maouiya Ould sidi Ahmed Taya (Taya). Quinze ans plus tard, dans
son numéro 114 de 2009, la même revue ironisait en ces termes
« Mauritanie, la démocratie au coup par
coup »2(*), afin
de s'interroger sur ces mêmes défis face au coup de force du 06
Aout 2008 et les interminables putschs qui, à la fois, initient et font
échouer la démocratisation en Mauritanie.
Afin de contextualiser3(*) le sujet, nous devons revenir sur cette matinée
du 6 Aout 2008 lorsque le président Sidi Ould Cheikh Abdellahi (Sidi),
président élu démocratiquement à l'issue des
présidentielles de Mars 2007 et investi en Avril de la même
année, décide de limoger par décret quatre
généraux de l'armée4(*). Ces derniers, écoeurés par cet acte
décident à leur tour de le déposer, à leur
tête se trouvait le commandant du BASEP, habitué au palais
présidentiel et aux putschs et contre-putschs, Mohamed Ould Abdel Aziz
(Aziz). Aussitôt l'information, comme une trainée de poudre, fait
le tour du monde, et crée une situation de confusion au sein des leaders
politiques, dont certains vont le dénoncer très tôt, et
s'organiser en un front de « partis anti-coup »6(*), le FNDD; de l'autre
côté les putschistes s'organiseront autour du Haut Conseil
d'État (HCE), une autre version des CMRN, CMSN et CMJD, connu jadis par
les mauritaniens, donc l'institution militaire gouvernante
présidée par Aziz. Cette situation de bras de fer entre
putschistes avérés et partis politiques désireux du retour
de la légalité constitutionnelle, restera telle quelle
jusqu'à ce que la communauté internationale condamne le coup
militaire et établit un GIC sur la Mauritanie7(*) en nommant des envoyés
spéciaux pour le pays afin que la situation confuse soit
dénouée. Les différents acteurs politiques mauritaniens
signeront le 03 Juin 2009 les accords cadre de Dakar « entre les
trois grands pôles politiques mauritaniennes »8(*), par la médiation du GIC
sur la Mauritanie et à travers le gouvernement du Sénégal.
Cet accord de « sortie de crise » à double objectif,
à savoir transitoire et post-transitoire, nous emmène à
une élection présidentielle du 18 Juillet 2009 dont Aziz
remportera avec 52,2% des suffrages.
Au lendemain des élections du 18 Juillet, l'opposition
réclame l'application des dispositions post-transitoires, à
savoir, le titre VII du paragraphe 4 des accords de sortie de crise
intitulé « De la poursuite du dialogue nationale ».
Cette disposition stipulait que « Cet accord ne met pas fin à
la poursuite du dialogue national sur les autres points qui peuvent renforcer
la réconciliation nationale et la démocratie, et que dans le
prolongement de l'élection présidentielle, le dialogue national
inclusif sera poursuivi et intensifié entre toutes les forces politiques
nationales...»9(*). Ce
que réfutent les acteurs au pouvoir en estimant que ce dernier n'a plus
d'objet depuis l'élection présidentielle. C'est parti pour un
quiproquo interminable entre les différents acteurs politiques. Allant
du dialogue séparé entre le pouvoir et une partie de
l'opposition10(*) qui
donnera « l'Accord politique » du19 Octobre 201111(*); au boycott par l'autre partie
de l'opposition12(*) du
dialogue et de toutes les échéances électorales
organisées entre 2013 et 2014.
Le bémol dans cet accord de 2011 entre acteurs
politiques, et en période transitionnel, est son caractère
restreint, qui fait que, probablement, les décisions qui en seront
issues, n'engagent que ceux qui y ont pris part; alors qu'il devait être
inclusif, sur la base d'un consensus entre l'ensemble des acteurs de la classe
politique du pays, du moins si l'on se réfère au titre VII des
Accords de Dakar pour la sortie de crise.
Sur cette lancée, nous allons, suivant un angle
sociopolitique et actantiel, étudier ce contexte marqué par une
interaction conflictuelle entre les différents acteurs politiques du
pays, par rapport à une démocratisation nécessaire qui
dépend fortement de leurs comportements face aux règles
préétablies.
Pour cela, il nous faudra « l'utilisation de
procédés opératoires rigoureux, bien définis,
transmissibles, susceptibles d'être appliqués à nouveau
dans les mêmes conditions, adaptés au genre de problème et
de phénomène en cause»13(*). Tel que le travail de terrain qui s'appuiera sur des
entretiens d'individualités et la documentation, à savoir
« toute "trace" en rapport avec l'activité des hommes vivant
en société et qui, de ce fait, constitue indirectement une source
d'informations sur les phénomènes sociaux »14(*), afin de vérifier les
variables explicatives qui constitueront des réponses à notre
problématique.
Il est à distinguer entre le processus de
démocratisation proprement donné et la phase post-transition.
Cela veut dire, théoriquement le processus de démocratisation
débute du point (A), la chute d'un régime autoritaire, ensuite
c'est le début du jeu entre les différents acteurs, qui font et
défont alliances et compromis. C'est aussi le moment des jeux sur les
différentes règles à adopter et censées
régir le régime à venir, enfin c'est l'occasion de
régler ou d'inscrire dans l'agenda les questions d'ordre nationales qui
préoccupent les citoyens, ou en tout cas, les plus importantes. Ce
processus prend fin au point (B), l'établissement d'un nouveau
gouvernement sur la base de nouvelles règles15(*). Ensuite il y a ce qui est,
théoriquement, appelé la phase de « seconde
transition »16(*) qui peut être considérée comme le
début ou les prémices de la consolidation démocratique.
Cette période permet de mettre en oeuvre et d'entériner les
règles qui ont été faites durant le processus
transitionnel, donc c'est la phase d'une institutionnalisation, ou si vous
voulez, de la routinisation démocratique. Enfin là, ce ne sont
plus les acteurs qui font les règles, mais c'est plutôt les
règles qui font les acteurs, et ces derniers sont tenus de s'y
conformer.
Cela s'inscrit dans la théorie de la
démocratisation qui est un phénomène dépendant de
plusieurs autres phénomènes ou variables dites
indépendantes qui agissent sur elle et qui déterminent son
résultat avec une certaine « incertitude »17(*) sur l'issue du
processus. Nous avons principalement deux courants dans le cadre de
l'étude des transitions démocratiques : le premier est celui
de l'école des pré-conditions ou des structures qui explique la
possibilité de passage d'un régime autoritaire vers un
régime démocratique par un ensemble de facteurs
socio-économiques, à savoir une industrialisation assez
suffisante, une urbanisation de la société, la richesse ou le
revenu par tête des habitants (P.I.B/habitant) et le niveau
d'éducation. Bref la modernisation donnerait l'ouverture à une
classe moyenne large, ouverte et favorable à un régime
démocratique, pour paraphraser en substance « les
critères » de Lipset18(*), figure de proue de cette théorie de la fin
des années cinquante grâce à son ouvrage Some social
requisites of Democracy : Economic developement and politicallegitimacy,
1959. Il estimait que « une société divisée
entre une grande masse pauvre et une petite élite favorisé,
résultera soit d'une oligarchie [...] ou d'une
tyrannie »19(*).
L'autre courant de pensée est celui qui base son approche sur les
acteurs et non sur les structures socio-économiques. Il s'agit du
paradigme « Agent based approach » ou « Agency
Factors of Democratization ». La théorie de
l'école des acteurs analyse le processus d'une transition de
régime autoritaire vers un régime démocratique avec le
choix des leaders politiques, principaux acteurs du changement, par
l'élaboration de nouvelles règles démocratiques.
Grâce au classique de O'donnell et Schmitter, Transition from
authoritarian rule (1986), appuyé sur une étude empirique
des transitions des régimes politiques en Amérique Latine et des
pays d'Europe du Sud et de l'Est, qui balise le cadre théorique de la
« democratization studies », l'élite
politique,« hard-liners » et
« soft-liners »20(*) par le biais de leurs choix stratégiques,
constituent les facteurs essentiels au changement de régime avec
l'établissement des règles du jeu. En outre, le travail de Linz
et Stepan, The Breakdown of Democratic Regimes (1979) et Problems
of Democratic transition and consolidation : Southern Europe, South
America and Post-communist Europe (1996), ont approfondie l'analyse des
transitions, et surtout de la consolidation des régimes
démocratiques, toujours avec le rôle crucial des acteurs. Cela
avec des critères qui reviennent à une démocratisation
complète par le niveau « comportemental »,
« attitudinal » et « constitutionnel »
des acteurs et, au cas échéant, à un régime
démocratique consolidé qui repose sur ce qu'ils appellent les
« cinq arènes ou terrains d'une démocratie
consolidée »avec des institutions démocratiques dont
les compétences et les limites sont bien déterminées.
Cette école des « Democratization studies » ou de la
« Transitologie » qui concentre son analyse et ses
explications du changement par les acteurs, est celle qui nous permettra de
mener une étude concrète de notre objet de recherche.
Cet éclairage théorique de la
démocratisation est important dans la mesure où ça nous
permet de saisir les problèmes du contexte politique des périodes
2008, 2012 et 2014. Cela se vérifie à partir du moment de la
chute de Sidi en 2008 (point A), les différentes positions des
protagonistes menant jusqu'aux accords de Dakar pour la sortie de crise. Puis
l'élection de Aziz (point B). Ensuite, des décisions de ce
dernier de faire fi des accords de sortie de crise et de ces protagonistes de
ne pas reconnaitre le résultat des urnes. De la décision du
pouvoir de tenir en 2011un dialogue sortant du cadre des accords
précités, dont certains leaders de l'opposition boycotteront en
plus des dernières élections en 2013 et 2014. Là, sont les
comportements des leaders en période post-transitionnelle. Il y a eu, en
fait, une relation significative sur le comportement des acteurs lorsqu'ils
sont en position d'élaborer les règles, ce qui résultera
de cette élaboration et lorsqu'ils seront tenus de s'y conformer quel
que soit leurs positions ou leurs décisions ex ante.
Raison pour laquelle, nous inscrivons notre étude de la
démocratisation en Mauritanie entre 2008 et 2014, à travers la
révision constitutionnelle de 2012, dans un « schème
actancielle ». Les acteurs politiques en action et en interaction,
leurs choix de coopérer ou de ne pas coopérer à
l'élaboration et au respect des règles. L'impact que cela a sur
la variable à expliquer qu'est la consolidation des institutions d'un
régime politique basé sur des règles
démocratiques.
Les concepts centraux constituant notre objet d'étude
sont transition démocratique et révision
constitutionnelle, dont le premier a déjà été
discuté ci-dessus21(*), s'agissant du second se rapportant aux
amendements ayant été fait par les parlementaires mauritaniens
réunis en congrès afin de statuer sur des dispositions relatives
à la constitution à modifier22(*). Par ces concepts dérivent des notions
secondaires, tels acteurs et niveau d'interaction, pactes ou compromis,
et institutions.
Le concept acteur s'inscrit ici dans l'étude de
l'élite (s), ce concept au pluriel ou au singulier, a
été le débat entre les chercheurs qui y ont
consacrés leurs travaux, cela depuis Pareto et de Mosca, les
pères fondateurs qui ont ouvert la voie à la
«?théorie des élites?». Pareto définissait
l'élites, au sens large, comme des «?catégories
sociales composées d'individus ayant la note la plus
élevée dans leur branche, il poursuit en définissant
l'élite comme, les individus qui exercent les fonctions
dirigeantes, dont on distingue, l'élite gouvernementale, ou,
classe dirigeante qui détient effectivement le
pouvoir, et l'élite non gouvernementale ou classes dominantes,
qui sans exercer le pouvoir soutient la précédente et
sert éventuellement d'intermédiaire entre l'élite
dirigeante et la masse.?»23(*), quant à Mosca il parle plutôt de
«?classe politique?» et/ou «?classe dirigeante?» au lieu
d'élite(s)24(*),
Cependant, ces définitions étant tantôt
«?pluraliste?», et tantôt «?moniste?», nous pousse
à recourir à une définition plus générique
donnée par Genieys W, en désignant l'élite comme
«?une minorité qui dispose à un moment donné dans une
société déterminée d'un prestige découlant
de qualités naturelles valorisées socialement (par exemple, la
race, le sang, etc.) ou de qualités acquises (culture,
mérite, aptitude, etc.). Ainsi, le vocable désigne tout
aussi bien le milieu (social, territorial, entre autres) d'où est issue
l'élite, que les acteurs qui la composent, ou encore le terrain au sein
duquel elle manifeste sa prééminence. Dans ce cas de figure, le
déterminant est toujours suivi d'un qualificatif permettant de
restreindre le champ du groupe d'acteurs identifié comme constituant une
élite?»25(*).
Suivant cette définition, nous allons durant notre travail utiliser le
concept «?acteur?», dans une perspective décisionnelle et
actancielle, pour désigner l'ensemble des acteurs, leaders, en action et
en interaction, qui décident, influencent ou subissent, directement ou
indirectement, l'institutionnalisation de la politique nationale. Et pour les
spécifier, nous allons y faire suivre le qualificatif
« politique », pour désigner les civils actifs dans les
partis politiques, « société civile », pour ceux
qui sont actifs dans les mouvements sociaux et « militaire»,
pour les militaires actifs dans le domaine politique.
S'agissant du pacte ou de compromis, nous y entendons
« tout accord explicite et pas forcément publique ou
justifié, entre une sélection d'acteurs politiques, qui cherche
à définir ou mieux redéfinir les règles
régissant l'exercice du pouvoir sur la base de garantis vitaux, ces
pactes peuvent être de durée limité ou basé sur un
consentement continu qui ouvrira la voie à des règles durables
»26(*). Le fait que
maintenant nous remarquons dans l'interaction de ces acteurs politiques des
manifestations, telle qu'ils n'arrivent pas à s'entendre ou s'entendent
peu sur les procédures concernant les règles de la conduite
politique, ou qu'ils concluent des accords restreints et/ou non inclusifs. Ceci
est un signe d'absence de consensualisme, où règne une certaine
méfiance qui limiterait leurs interactions dans une sorte
d'insécurité ou de méfiance de part et d'autres, et qui,
probablement aboutirai, sur des mesures radicales et/ou punitives que
pourraient prendre l'un des camps en guise d'exclusion de facto de
l'autre camp du jeu du pouvoir27(*).
Et enfin, concernant les « Institutions »,
nous entendons par ces dernières comme des «modèles
d'interactions régularisés qui sont connus, pratiqués, et
régulièrement acceptés (pas nécessairement
approuvées normativement), par des acteurs sociaux donnés,
auxquels, par vertu de ces caractéristiques, entendent interagir suivant
les règles et normes formelles et informelles de ces modèles.
Parfois, mais pas nécessairement, les institutions sont des
organisations formelles: elles sont matérialisées par des
bâtiments, sceaux, rituels et des personnes autorisées à
parler au nom de ces organisations. »28(*).
Avec ces définitions nous sommes à mesure,
grâce à l'interaction entre les acteurs par les pactes qu'ils
lient ou pas, de tester l'institutionnalisation démocratique, si cela
ressemble ou pas à une « Delegative Democracy :
DD »29(*) comme
l'appel O'Donnell. C'est-à-dire que le pays est formellement
démocratique, ou plutôt recoupe les sept attributs Polyarchique de
Dahl, par l'établissement récent d'un régime
démocratique30(*).
Cependant, il n'est ni démocratiquement institutionnalisé, ni
consolidé, et n'est non plus pas menaçant de revenir en une forme
d'autoritarisme du passé31(*).
Par conséquent, l'hypothèse centrale de notre
sujet est la suivante: Après les élections présidentielles
en Juillet 2009, le choix de certains acteurs politiques, qu'ils soient au
pouvoir ou à l'opposition, de ne pas respecter les règles qui ont
été établit sur la base d'un pacte durant le processus de
transition, peut être facteur de division au niveau de l'élite
politique et constituer un obstacle à tout projet de consolidation
démocratique.
Cette hypothèse en nous servant de réponse
provisoire, permet de répondre à la problématique
suivante, à savoir: A travers la révision constitutionnelle du 20
Mars 2012 en Mauritanie et des contextes qui l'entourent ; Est-ce qu'entre
deux phases, celle du processus transitionnel et celle de la consolidation,
séparées en théorie, mais qui s'inscrivent dans une
perspective linéaire, si la polarisation des acteurs peut influer sur
l'effectivité des changements institutionnels? Autrement dit, on peut se
demander si l'absence de pacte consensuel entre les principaux leaders
politiques ex ante aux amendements constitutionnelle peut-elle influer
sur les résultats institutionnels ex post ?
Afin de répondre à cette question, nous
traiterons, successivement, le problème récurrent de
l'interaction entre les acteurs politiques mauritaniens (Ière
Partie) ; Ensuite décrire et analyser l'effectivité des
amendements faits par rapport aux questions nationales du pays
(IIème partie).
Première
Partie : Les acteurs de la politique mauritanienne : Un dialogue
inaudible
Dans cette première partie, nous allons dans un
chapitre premier dresser d'une manière générale et
significative les différents acteurs de la politique du pays (I), afin
d'en démontrer la nature conflictuelle de l'interaction entre eux ;
Pour ensuite décrire et analyser le résultat de cette
interaction, du comportement de certains acteurs par rapport à
l'institutionnalisation démocratique (II).
Chapitre I : Profil des
acteurs de la scène politique mauritanienne
Nous allons décrire ici les différentes
personnalités, les plus significatives, tels que les militaires (I) et
les opposants (II), qui donnent vie à la politique du pays. En
démontrant les relations qu'ils entretiennent entre eux et avec le
pouvoir, ainsi que de la manière dont ils influencent ce pouvoir.
Section I : Mauritanie,
la caserne des militaires : entre hard-liners et soft-liners
Les héritiers du pouvoir militaire de 1978 à
2005, les ex bras droit et tombeurs de Taya, à savoir, principalement,
Ely et Aziz sont connus aujourd'hui comme étant les acteurs politiques
issues des rangs de l'armée les plus en vue. Cela parce que le premier
à diriger la chute de Taya et la transition de 2005-2007, et le second
parce qu'il a par la suite mis fin à cette expérience
démocratique et s'est arrangé pour avoir le pouvoir. Cependant,
ces deux hommes (en uniforme) ne sont que l'infime partie visible d'une large
élite militaire habituée au pouvoir et au gout du luxe qui
préfère le statu quo.
Paragraphe I : Ely le
blandos
Ely était durant plus de vingt ans le
« premier flic » et le chef des barbouzes du
régime de Taya, il a dirigé la direction générale
de la sûreté nationale, comprenez par là qu'il était
impliqué dans toutes les « sales affaires » qu'a
connu le pays sous le régime autoritaire de Taya, que cela soit la
chasse, la déportation et les tueries des civils et militaires
négro-africains durant « les années de
braise » (1986-1991), les arrestations des activistes politiques
« islamistes », « nationalistes »,
« marxistes »... Rien ne lui échappait des rouages
de la répression de Taya. Il est considéré comme un
blandos ou de soft-liner du terme de Schmitter pour
désigner ceux qui soutenaient un régime autoritaire et à
un moment donné ont décidé de ne plus le faire et d'aider
le régime à se démocratiser. Car après avoir mis
fin au régime dont il a été le bras droit, il
décide de mettre le pays sur le chemin de la transition dans un contexte
confus par un ensemble de problèmes32(*) qui représentaient les raisons de la chute
Taya et surtout l'encombrant dossier « des années de
braises », et dont les acteurs de la société civile et
certains acteurs politiques demandaient aux leaders de la transition de
régler durant cette période. Mais Ely n'en voulait pas et
rétorquait que cela ne sera fait que « seulement une fois que
toutes les élections auront eu lieu, [...] et que le pays rentre dans la
légalité et que toutes les décisions prises soient
opposables à la Mauritanie et dans la légalité la plus
absolue et non dans une période d'exception »33(*). Ce qui divisa surtout les
acteurs politiques entre ceux qui voulaient qu'ils restent et règlent
les problèmes et ceux qui voulaient que la transition suit son cours
normal et emmène des autorités élues. Dans la
compréhension du refus d'Ely de toucher à ces dossiers
préoccupants dont il y est fortement trempé, il s'empresse avec
ces amis du CMJD d'encourager les candidatures des
« indépendants » lors des différentes
élections qu'ils vont organiser, et le plus patent est celui de Sidi qui
sera encourager à se présenter aux présidentielles et
bénéficiera de tous les efforts des militaires pour qu'ils soient
élus président34(*). Cette tactique du CMJD relève non seulement
d'une volonté de mettre à la tête du pays un homme
retiré de la politique depuis les années 8035(*) et qui ignore presque toutes
les questions dont faisaient face le pays36(*), mais aussi c'était une stratégie de
barrer la route au pouvoir à l'opposition
« historique » et notamment en la personne de Ahmed Daddah
leader du RFD et petit frère de Moktar Ould Daddah le premier
président du pays. Donc Ely et ses colonels s'assureront de donner la
présidence à un incognito « peu
charismatique » et resteraient dans l'ombre pour gérer avec
lui. À la fin de la transition le CMJD remettent le pouvoir aux
panoplies de problèmes37(*) aux civils élus. Ely le blandos et
« démocrate », se retire de la scène
politique, il n'y reviendra que par l'irruption et la mise à pied par
son cousin et son partenaire d'alors, dans ce qu'il a construit en dix-huit
mois, un régime civil. Il était candidat malheureux aux
présidentielles de 2009 face à son cousin-ennemi Aziz.
Paragraphe II : Aziz le
duros
Aziz est considéré comme un duros,
toujours suivant les termes de Schmitter, ou si vous voulez de la ligne dure de
l'armée, ceux qui sont tellement habitué au palais, qu'il
était difficile pour Aziz d'abandonner le bureau qu'il y détenait
comme chef d'état-major particulier à la présidence, il
ira plus loin pour chercher le bureau du président. Aziz est
actuellement non seulement le président de la république, mais
aussi le pire ennemi de son cousin germain (de la même tribu) Ely. Aziz
était aussi connu pour être le commandant de la garde
prétorienne de Taya, le BASEP, c'est lui qui a déjoué deux
tentatives de coup d'État en 2003 et 2004 et il est acteur du coup de
2005. Avec son cousin ils arrangent l'arrivée d'un civil au pouvoir et
Aziz se voit récompenser par un grade de général, le
premier en Mauritanie, du chef d'état-major du BASEP et chef
d'état-major particulier à la présidence ! Ce qui
fait de lui, de facto, l'homme le plus puissant de l'armée.
Dans une crise institutionnelle entre l'exécutif et le parlement qui
après plusieurs menaces de motion de censure aux gouvernements
formés et de la formation d'une commission d'enquête contre la
fondation de la femme du président, une fronde exaspère la
majorité présidentielle et empêche le nouveau
président de gouverner, des manifestations dont l'ombre de Aziz et
d'autres généraux planent fortement. Un pressentiment qui poussa
le président à limoger quatre généraux et dont Aziz
n'en est pas épargné38(*). C'est le début de la rébellion des
généraux et dirigés par l'homme fort de l'armée,
ses éléments du BASEP vont arrêter le président le
premier ministre et d'autres personnalités qu'ils vont assigner à
résidence, toujours à la mauritanienne, dans le calme et sans
effusion de sang, et l'accuser d'avoir fait « un coup d'État
contre son propre pays »39(*). C'est ainsi qu'à la présidence du Haut
Conseil d'État (une autre version des comités militaires connus
jadis), Aziz va échanger son treillis en costume de civil pour se
présenter comme candidat victorieux aux élections de Juillet 2009
suite aux accords de Dakar avec l'opposition. Lors de ces élections Ely,
candidat indépendant, ne récoltera que 3% des suffrages face au
52% de Aziz, la partie peut commencer, la guéguerre est partie entre les
cousins germains d'une part, et avec l'opposition d'autre part.
Section II : Des
oppositions qui s'opposent
Il y a l'opposition d'une manière
générale et les oppositions dans leurs particularités.
Dans ces particularités d'oppositions, nous avons en bi-pôles deux
types d'opposition, nous avons d'un côté et majoritairement ceux
qui s'opposent au régime, et de l'autre, en minorité, ceux qui
s'opposent au système ou les opposants antisystèmes. Cependant,
abstraction faite à ces pôles, c'est le quiproquo entre eux tous,
ceci est la règle.
Paragraphe I :
Opposition anti régime : Les fausses alliances
Au sein du premier pôle on y retrouve les leaders
significatifs de l'opposition, à savoir le RFD de Ahmed Daddah, l'APP de
Messaoud Ould Boulkheir (Messaoud), l'UFP de Ould Maouloud, le RNRD (Tawassoul)
de Mohamed Jemil Ould Mansour, El Wiam de Boidiel Ould Houmeid et d'autres
partis peu significatif. Il y a une absence de consensus notoire dans la
stratégie qu'il faut adopter pour faire face au régime en place.
Dans cet ensemble on n'a pas la même perception à l'égard
du régime, donc pas la même réaction et pas la même
stratégie, car chaque parti ou chaque leader a des intérêts
particuliers et qui lui sont propre. Dans une période de transition
gérée par les militaires, d'aucuns peuvent vouloir que les
militaires restent longtemps pour régler les problèmes
fondamentaux que connait le pays alors que d'autre s'empressent qu'ils
organisent les conditions nécessaires pour les élections et s'en
vont. Ou dans un contexte de face à face--Sidi et Ahmed Daddah au second
tour des présidentielles, l'APP de Messaoud préfère
sceller une alliance avec Sidi au détriment de Ahmed Daddah, pour
ensuite obtenir la présidence de l'assemblée nationale et
quelques portefeuilles au prochain gouvernement, cela lui a permis, en tant que
leader historique et membre fondateur d'El Hor, à
présider le vote de la loi qui criminalise l'esclavage. Le gouvernement
dont son parti avait pris part, y figurait aussi d'autres partis de
l'opposition décidant de gouverner avec le parti au pouvoir, une
première qu'a connue le pays durant l'époque de Sidi. On pourrait
y voir Tawassoul et UFP,40(*) pour ce dernier c'était un gage de
« stabilité », mais pas le RFD et l'AJD/MR, parce
que le premier était le pair-competitor à Sidi en Mars
2007 et aussi chef de file de l'opposition démocratique, et le second
contestait déjà clairement l'avènement d'un civil
aussitôt. Cela a beaucoup affecté l'unité de l'opposition
face au putsch d'Aout 2008, lorsque la plupart des partis d'opposition qui
étaient dans le gouvernement avec Sidi condamne le coup et demande le
rétablissement de la légalité, Ibrahima Sarr lui parlera
de « prendre acte » du putsch mais ne le condamne pas. En
ce moment il noue un accord « secret » avec Ahmed Daddah
pour aller négocier avec Aziz (putschiste), dans les 35 points que
comportait la plateforme de leurs négociations, y figurait la question
de savoir si Aziz sera dans la course pour les prochaines
présidentielles mais aucun n'évoquait le rétablissement de
Sidi comme président légitime. Raison pour laquelle Ahmed Daddah
rejoindra plus tard la position du FNDD qui avait condamné le coup pour
faire front au putschiste, car ce dernier avait fait savoir à Ahmed
Daddah qu'il sera bien sûre de la course !
Pour couronner cette
hétérogénéité en
pseudo-homogénéité, du tous contre le putschiste on verra
Ahmed Daddah et Jemil Mansour candidat à part aux présidentielles
de Juillet 2009 et seul Messaoud sera candidat d'une coalition, le FNDD. Au
lendemain de la défaite de tous les candidats de l'opposition au premier
tour face à Aziz, de nouvelles coalitions vont se former au milieu d'une
crise politique, pouvoir militaire versus opposition, sans
précédent. Tel un tour de passe-passe ou par une baguette
magique, Messaoud saute du pôle de l'opposition dont il était
candidat vers un pôle qu'il va créer, la CAP et concomitamment
Ahmed Daddah rejoint le FNDD qui devient le COD, désormais deux
coalitions qui s'entraccusent de « dialoguiste » pour la
CAP et « radicale » pour le COD. Cette situation
décrit clairement la frilosité de l'opposition et son attitude
face au régime en place, quand les premiers ont une certaine confiance
envers le régime et peuvent même dialoguer avec lui afin d'obtenir
un accord politique, les autres ont une grande méfiance envers l'homme
qui incarne le régime en place.
Ce qu'il faut savoir dans cette opposition, c'est que la
plupart ont été tous appartenu à un moment donné
à un même front antimilitaire, l'UFD41(*), longtemps porteurs de projets
et ont aussi fait une longue course pour l'obtention du pouvoir, en vain, ils
se voient toujours la route barrée par les militaires. Donc pour les uns
il faut être prudent, pour les autres il faut faire avec les militaires,
négocier avec eux pour obtenir des concessions, et de surcroit des
changements pour le long terme.
Paragraphe II :
Opposition anti système : les acteurs en solo
Cette opposition est dite antisystème dans la mesure
où elle considère le spectre du pouvoir politique comme un
pré-carré dirigé par une élite homogène
mêlant à la fois militaire, hommes politiques opportunistes et
hommes d'affaires qui défendent d'arrache-pied le statu quo,
pour cette opposition il faut que ça change.
Nous avons l'AJD/MR de Ibrahima Moctar Sarr qui n'est pas loin
à la marge, il est antisystème mais préfère passer
par le système pour atteindre ses objectifs. Ce qui ne l'empêche
pas de demander aux militaires de la transition en 2005 de rester plus de temps
au pouvoir et de régler les problèmes dont ils sont
impliqués au lieu de laisser cela au civil qui viendra, ni aussi de
sceller un pacte temporaire avec le RFD de Ahmed Daddah pour aller dialoguer
avec Aziz afin de pouvoir soutenir ou pas ce dernier, alors que le FNDD
descendait sur le terrain pour se tenir face aux putschistes de 2008. Il peut
aussi rejoindre la majorité présidentielle au parlement avec
l'UPR de Aziz pendant que l'opposition « radicale »
s'acharnait sur le pouvoir, l'AJD/MR va finalement quitter après un an
de cohabitation, parce que le régime « tue ses
enfants »42(*).
Tout cela est possible avec Ibrahima Sarr, car pour lui l'important
« n'est pas de gagner la présidence, car il sait qu'il en est
très loin dans une Mauritanie comme celle-ci, mais c'est juste pour
faire passer le message et il le pose à
l'assemblée »43(*), Maintenant l'AJD/MR se dit être
« berné » à chaque fois qu'ils sont dans des
coalitions, préfère faire cavalier seul et ne sont ni dans le
COD--FNDU44(*), ni dans la
CAP.
Les autres acteurs considérés comme
antisystèmes sont Biram Dah Abeid (Biram) du PRAG et Samba Thiam du
FPC45(*), qui sont
différents de Ibrahima Sarr dans leurs situations et approches avec le
régime. Ces deux leaders partagent quelques similarités, c'est
que tous les deux dirigent des organisations qui sont dans une situation
d'illégalité, ils veulent tous les deux
« déconstruire le système » qu'ils qualifient
de « système beïdane46(*) », le combat communautaire est leur cheval
de bataille et sont considérés par leurs adversaires comme des
« extrémistes radicaux ». Ces deux leaders sont,
de facto, des acteurs et des leaders d'opinion dans le paysage
politique du pays, même si leurs partis et mouvements sont, dans ce
qu'appel Marchesin, le « para-légale »,
c'est-à-dire que les autorités ont refusé leur existence
de jure, mais tolèrent leur existence de facto, ou ne
parviennent pas à les éliminer de la scène politique du
fait de leurs activités et des projets qu'ils portent et crient Urbi
et orbi. En outre ils se voient éloignés de la position des
acteurs de l'opposition anti régime et ont une perception, à la
fois de l'opposition qui dialogue et de celle qui hésite à
dialoguer avec le pouvoir, comme des leaders qui sont uniquement
intéressés par « l'accès au pouvoir »,
« les conditions générales pour des élections
transparentes », mais les problèmes de fond concernant le pays
ne les intéressent pas, ils veulent juste que « le
système change de visage ». Alors que pour eux, ce qu'il faut
c'est un « changement radical » dans une Mauritanie
« inégalitaire », il faut que le système
change, c'est ça l'essentiel pour eux, résoudre le
problème de l'unité nationale, à savoir « la
question de l'esclavage » et celle de la
« cohabitation » entre les différentes
communautés du pays et non faire des dialogues qui portent sur
« des questions superficiels ».
Enfin, la chronique du jeu politique mauritanienne est la
suivante--l'armée détient le pouvoir et l'opposition court
derrière ce dernier sans pour autant l'obtenir. Les dissensions,
conflits internes, absence de priorités communes, conflits de
leadership... loin d'être des signes de pluralisme, sont les conditions
qui déterminent l'interaction dans l'opposition politique, et cela en
face d'un homme qui accorde peut d'intérêts aux compromis.
Chapitre II : Le
général (E/R), l'opposition hétéroclite et le
régime
Cette opposition généralisée est un
facteur explicatif de la position de force du président (ex
général putschiste) et son mouvement de l'UPR face à
l'opposition par rapport aux réformes à engager. Ces
dernières devaient débuter depuis le lendemain de
l'élection de Juillet 2009, selon les accords de Dakar et qui
constitueraient la vraie phase de transition du pays ou théoriquement la
seconde transition. Cependant, ces accords sont oubliés (I) et cela
compromet la démocratisation (II).
Section I : Les
accords de Dakar oubliés et les « radicaux »
à la marge
Il est évident que l'armée est l'entité
la plus organisée de la société, cela, combiné
à la frilosité de l'opposition, fait que cette dernière a
toujours manqué de saisir la chance d'une alternance (I) que les lignes
dures du régime ne manque de faire échouer (II).
Paragraphe I : Les
opposants : les coups manqués de l'alternance
Théoriquement, la désunion de l'élite est
facteur d'instabilité du régime politique47(*), c'est-à-dire le pays
connait continuellement des oscillations entre autoritarisme, putsch,
démocratisation précaire, putsch à nouveau et crises
répétées. En somme le pays connait un modèle
cyclique, tel l'explique Huntington, « l'alternance entre
démocratie et autoritarisme constitue le système politique du
pays »48(*).
Cependant cette désunion à une origine, c'est
généralement « le processus de formation des
État-nations »49(*), des États comme la Mauritanie dont les
frontières actuelles ont été artificiellement
tracées il y a une forte chance que l'élite soit disparate
à cause des différents régimes qui se sont
succédés au pouvoir et des politiques qui ont été
menées à l'égard des citoyens, le problème du
statenes problem50(*)est ici très patent. Et cela a tellement
contribué à la division des opposants qu'un observateur
avéré nous confiait que « l'opposition a toujours
manquée la chance de réaliser l'alternance, lors du coup
d'état manqué du 08 juin 2003, si l'opposition était
consensuel il pourrait prendre le pouvoir, car deux jours durant le pays
était déstabilisé pourquoi ils ne devraient pas en
profiter pour faire descendre les gens dans la rue et prendre le
pouvoir ? »51(*). En 2007 ils ont encore refusé l'alternance il
n'y a pas eu de front commun autour de Daddah, le seul de l'opposition
passé au second tour des présidentielles face au candidat des
militaires. Le problème c'est d'abord qu'ils trainent encore avec eux
des différends du passé, car le malheur c'est qu'ils ont tous
appartenu à une même organisation politique, l'UFD, en 1992 et
c'était du « Tous contre Taya », l'union s'est mal
terminé, depuis lors chacun ne digère pas l'autre. En outre, le
problème dans l'opposition mauritanienne, c'est que toutes les
expériences de changements ou de réformes majeurs qui se sont
produites ont été l'initiative des militaires, ils attendent plus
du régime en place qu'ils ne proposent d'alternatives. Cependant,
l'opposition semble apprendre la bonne leçon de ces erreurs du
passé, car cet état de fait de l'opposition semble
s'éclipser au profit d'une union, précaire, mais mieux que
l'habituelle, à l'exemple des réactions de l'opposition au
lendemain des élections de 2009. Le COD, coalition de partis politiques
formés au lendemain des élections de Juillet 2009, dont on
pouvait remarquer des partis significatifs tels que l'UFP de Ould Maouloud, le
RFD de Ahmed Daddah et le Tawassoul de Jemil Mansour, exigeront l'application
du titre VII paragraphe 4 des accords de Dakar, qui en fait stipulait que
« cet accord ne met pas fin à la poursuite du Dialogue
national sur les autres points qui peuvent renforcer la réconciliation
nationale et la démocratie »52(*). Donc ces accords avaient un double objectif à
la fois de dénouement de la crise politique post-putsch et de la
possibilité d'une démocratisation consensuelle. Ce que le
régime de Aziz, désormais légitime grâce aux
accords, balaya d'un revers de la main en estimant que ces accords n'avaient
plus effet et surtout que l'opposition n'avait pas reconnu les résultats
de ces élections. Il faut comprendre ici que, primo, ces accords
était un simple moyen pour ce camp de se légitimer par l'issue de
ces accords grâce aux élections qui s'organiseront afin de
rétablir le statu quo ante, à savoir le contrôle
du pouvoir par des éléments de l'armée. Secundo faut noter
qu'il était dans l'intérêt de l'opposition d'exiger
l'exécution des dispositions des accords de Dakar après sa
défaite, car en réalité elle ne pensait jamais perdre les
élections face à Aziz. Enfin il faut savoir que si ces accords
ont été un petit pas pour Aziz afin donner une
légalité à un pouvoir déjà acquis de fait,
et qui était piégé entre une mobilisation interne sans
précédent du FNDD qui demandait le rétablissement de la
légalité constitutionnelle et une pression externe par la
condamnation unanime du putsch par la communauté internationale53(*). Ils fussent, par contre, un
grand pas pour l'opposition, ils voyaient ces fameux accords de Dakar comme une
victoire première de la longue lutte opposition versus
militaires, pour la première fois dans l'histoire politique du
pays, l'opposition s'est levé contre un putsch et a tenu tête aux
putschistes. Donc cela fut une avancée notoire pour l'image de
l'opposition car se tenir contre la volonté des putschistes
jusqu'à ce que la communauté internationale s'intéresse
à la question et délègue un GIC pour la Mauritanie afin de
dénouer la crise, c'est inédit ! Enfin, comme nous l'a
confié, lors d'un entretien, le représentant du FNDD à
Dakar, « les accords de Dakar était une victoire pour nous,
parce qu'enfin on nous reconnaissait à égalité avec les
putschistes ». Hypnotisée, « l'opposition était
tellement sûre d'elle qu'elle ne se préoccupait pas de l'accord,
l'essentiel pour elle c'était le jour du scrutin parce qu'elle
était sure de gagner » et il reconnait que ces accords
était un tour de plus que les militaires les ont joué
« nous avons réussi à mettre en échec le coup
d'État mais nous en avons pas profité pour prendre le
pouvoir ». Pendant la campagne du rahil (dégage
version mauritanienne) scandé dans les rues de Nouakchott par le COD, la
CAP elle cherchait des canaux pour flirter avec le régime de Aziz et
Biram incinère ce qu'il appelle le « code
négrier » des « fausses
interprétations » d'écrits Malikite sur la
légalité de l'esclavage. Entre le blocage politique créer
par le refus des hommes au pouvoir d'appliquer les dispositions
post-élections des accords et l'entrée en
illégitimité des parlementaires par l'expiration de leurs mandats
de cinq ans, l'UPR avec Aziz, convient à un dialogue dans le tas pour
à la fois se délivrer de ce dialogue dont l'opposition dit
« radicale » le poursuit depuis, mais aussi de sortir les
parlementaires de l'impasse juridique où ils se trouvaient. La COD dit
non et La CAP dit oui, ce dialogue « séparé »
entre la majorité et une partie de l'opposition va aboutir à un
accord politique du 11 Octobre 201154(*) qui va se traduire de l'adoption de l'ensemble de ces
lois organiques et notamment celle du 20 Mars 201255(*) relative aux amendements
constitutionnels. Pour l'UPR et la CAP tous les quatre points qui figuraient
dans le paragraphe 4 des accords de Dakar, à savoir le renforcement des
assises démocratiques et la prévention des changements
anticonstitutionnels, la promotion de l'État de droit et la bonne
gouvernance, la question de l'arrangement politique ou toute autre question
concernant la cohésion nationale et la stabilité... sont
réglés, fini la transition, maintenant la voie est ouverte pour
les prochaines élections, pour la COD non. La lecture qu'il faut faire
ici, c'est que comme présenté ci-dessus, Aziz est, dans la
pratique, un hard-liner, il est de cette ligne dure des partisans du
statu quo, c'est du tout sauf l'opposition, et que les accords de
Dakar était ici qu'une procédure par laquelle il faudrait passer
pour finir avec cette opposition qui pousse des ailes, alors faut en attirer
les moins « radicaux » et essayer d'éloigner, le
plus possible, les récalcitrants. Il faut enfin signaler que
l'armée est l'entité la plus organisée de la
société, c'est le lieu de la discipline par excellence. Cela face
à une opposition dont la frilosité et l'intra-opposition est la
condition générique. Ce qui devient contreproductif et surtout
pour tout projet de changement profond. Et cet accord politique du 11 Octobre
2011 entre une partie de l'opposition, au détriment de celui de Dakar
avec toute l'opposition, rend plus radical les opposants absents du dialogue
dans leurs positions. Parce que désormais ils invoquent sans
équivoque le manque de confiance depuis Dakar56(*). Cette situation est telle
jusqu'au boycott des législatives et des présidentielles par la
plupart des acteurs de l'opposition57(*).
Paragraphe II : Les
lignes dures de l'opposition et le poker face du raïs
Le principe du « test de la rotation58(*) » est une mesure
essentielle dans l'étude des démocratisations et de
consolidation. Il est clair que les élections sont des
échéances significatives dans la mesure où elles servent
d'indicateurs d'alternance. Les premières élections des
autorités politiques à l'issue du processus transitoire constitue
le signal de la fin du processus transitionnel et le début d'une phase
de consolidation ou de « seconde transition » selon
O'donnell. Cette phase ne peut être testée, de manière
effective, que par les prochaines échéances électorales,
car elle nous renseignerait de l'habituation des acteurs ou non, si
réellement les acteurs ont la capacité de croire aux
règles démocratiques qui devient la seule règle du jeu.
Là; se situe la différence entre la période transitoire
où les acteurs feront les règles et la période
post-transitoire où le comportement des acteurs face aux règles
préétablis détermine leurs comportements. Nous avons vu le
comportement de Aziz dans la période post-accord de Dakar et le refus de
se comporter selon les dispositions post-transitionnelles des accords. Donc,
les élections législatives de Novembre 2013 qui ont vu
principalement la majorité de l'opposition, à savoir l'opposition
des accords Dakar59(*),
les boycotter et aussi les présidentielles du 21 Juin 2014,
boycottées par la majorité des acteurs politiques60(*) de l'opposition, auraient
été un bon baromètre pour tester l'habituation
démocratique des acteurs et la confiance aux règles du jeu
démocratique, hélas, il n'en est pour rien car avec une
participation de 56% Aziz triomphera avec ses 81,89%61(*) ! Un score qui rappelle
celui de Al Sisi en Egypte ou de Bouteflika en Algérie, face aux miettes
des autres candidats. Ce qui est à retenir ici c'est qu'il y a de
l'immobilisme chez les acteurs politiques au pouvoir, qui se manifeste par un
jeu de poker face et une radicalisation chez l'opposition. D'abord,
avec Aziz et l'UPR, il est difficile de deviner les cartes qu'ils ont entre
leurs mains, si réellement ils veulent d'une démocratisation
consensuelle ou d'un rétablissement du statu quo ante ?
Déjà les accords d'Octobre 2011 ont été
décriés et dénoncés par les mêmes acteurs de
la CAP qui l'avait signé, il se dit trahit et ceux de Dakar sont aux
oubliettes. Ensuite, le refus perpétuel de l'opposition est d'abord
expliqué par l'amère expérience de Dakar qui est comme une
pierre dans la gorge qu'ils ont du mal à avaler, combiné par une
assurance réelle qu'ils n'ont plus rien à gagner avec ce
raïs dont ils n'ont plus confiance, mieux vaut donc un maintien
dans sa ligne dure qu'un pacte avec le diable. Dans tous les cas, l'essence de
la démocratie c'est le compromis, la concertation entre toutes les
forces politiques significatives, surtout pour un pays comme la Mauritanie qui
a de longues périodes d'autoritarisme donnant naissance à des
problèmes sociaux fondamentaux. Les amendements qui ont
été faits ont été une avancée dans le cadre
de l'institutionnalisation sociopolitique et des pratiques
démocratiques. Car ils ont permis l'accès des femmes aux mandats
électoraux, l'élargissement de la représentation, la
criminalisation de l'esclavage et des putschs, la reconnaissance de la
diversité culturelle...etc., cependant ce dialogue et les accords qui y
ont résulté n'engageait que quelques acteurs62(*), et c'est loin du dialogue
national inclusif serein entre toutes les sensibilités nationales pour
le fondement d'une démocratie stable. Alors dans cette situation, le
régime quand l ne se consolide pas, cela deviendrait autre chose, fort
similaire à une démocratie, mais qui ne l'est pas.
Section II : Une
démocratie qui se consolide ou un autoritarisme libéral
On a vu l'expérience
« démocratique » des années 1991 avec Taya,
tel une démocratie de façade, se fait ressentir aujourd'hui avec
le régime dirigé par Aziz (I), et cela peut altérer la
question de la consolidation démocratique (II).
Paragraphe I : Le
risque d'un remake de l'ère Taya
Il est quasi-unanime que l'expérience
démocratique durant le régime de Taya (1991-2005) était
une période qualifiée politiquement parlant d'une
« démocratie de façade », cela par ses
diverses contradictions dans la démarche de la démocratisation
entreprise. À savoir la confiscation et la manipulation
électorale grave63(*), les arrestations multiples de leaders de partis
politiques, leurs emprisonnements sur des accusations douteuses, les
dissolutions abusives de partis politiques, le verrouillage de l'alternance
mécanique du pouvoir au niveau de la constitution, le refus de
reconnaitre des crimes commis du temps de son règne et de surcroit refus
de toute solution visant à gérer ce problème...etc.
Avec l'interruption de l'expérience
« démocratique » de 2006-2008, même si cela a
débuté par une expérience tant soit peu
procédurale64(*),
la rébellion des généraux du 06 Aout 2008 était un
coup sec à un pays assoiffé de longue haleine d'expérience
démocratique. Cette phase suivant l'élection de Sidi qui
constitua théoriquement une phase de consolidation après le
processus de transition qui avait pris fin à son investiture en Avril
2007, est interrompue par un acte anti constitutionnel. Ce qui s'attribue
théoriquement à un comportement
« attitudinal » contraire aux procédés de la
routinisation démocratique, du moins si l'on se réfère aux
travaux de Linz et Stepan dans leurs travaux théoriques et comparatifs
sur la démocratisation et la consolidation.
Mais aussi un autre indice de contrôle de la
démocratisation est qu'après la transition qui est marquée
par l'élaboration des « règles du jeu »,
à la fin de ce processus, celui qui suit est fortement
caractérisé par l'encadrement des acteurs aux règles
préalablement établies. Autrement dit, le fait que parmi les
acteurs politiques il réside un comportement d'ignorance ou de non
regard aux règles du jeu, constitue un signal fort de l'échec
d'une consolidation démocratique. Aziz l'homme qui avait concocté
avec les acteurs de l'opposition les règles du jeu transitionnel,
autrement dit les accords de Dakar de sortie de crise, s'en est donné
à volonté au non-respect de ces règles du jeu. Il
entérine en refusant de faire sa déclaration
« publique » de son patrimoine, ni celui des membres de son
gouvernements et pourtant la loi 2007-054 relative à la transparence
financière de la vie publique l'exige dans ses articles 2 et 365(*). Il ne se limite pas
là, il s'adonne à une stratégie d'isolement de cette
opposition qu'il « méprise » tant et aimerait voir
aller à la retraite, cela est matérialisé par la
volonté ferme, d'ignorer les clauses du paragraphe 4 du titre 7 des
accords de Dakar, mais d'en imiter d'autres, tout imaginé. Ce qui
l'emmène a flirté avec une partie de l'opposition et organise
avec elle un dialogue nationale politique qui donnera des amendements
institutionnels, le clou est enfoncé.
Mais en se limitant là, peut-être qu'il ne serait
pas suffisant de démontrer qu'il y a le pressentiment d'un
remake du régime de Taya, une « démocratie de
façade » ou si vous voulez un « autoritarisme
libéral », on s'explique. Dans une perspective de comparaison,
on se rend compte qu'il y a en effet une imitation, à quelques
différences près du régime de Taya par celui de Aziz.
Durant le régime de Taya il y avait une violation flagrante des
libertés publiques et notamment celles politiques malgré un
arsenal juridique les garantissant66(*). La création de partis politiques et
l'activité politique étaient (im) possible, les élections
étaient boycottés par l'opposition et cela profitai au parti au
pouvoir de rafler tous les suffrages, les arrestations de leaders à
cause de leurs opinions étaient fréquentes, il y avait une presse
écrite non régime qui se frayaient un chemin, mais tantôt
censurés67(*), et
enfin il y avait un certain culte de la personnalité du chef de
l'exécutif autour de l'État et du parti.
Les mêmes manifestations, à la différence
près, sont perceptibles. Une violation quasi-quotidienne des
libertés publiques : Interdiction de manifestations à
coloration anti-Aziz, répression des récalcitrants, à
l'exemple du groupe de réfugiés qui a marché de
Boghé à Nouakchott pour réclamer ses
droits68(*).
L'interruption Mani militari des assemblées
générales de certains opposants, l'abstraction à la loi
sur les partis politiques69(*) venant du ministère de l'intérieur soit
en gardant le silence sur la demande de constitution de parti politique, soit
en y adressant une fin de non-recevoir avec des motifs peu acceptable, cela
malgré la très timide révision70(*) en 2012 suite à
l'accord politique avec une partie de l'opposition. Les détenus
d'opinion non plus n'échappent pas à cette intransigeance du
ministère de l'intérieur, qu'ils soient artistes-activistes,
hommes d'affaires ou leaders politiques si vous dérangez, le risque de
passer des séjours en prison est plausible. Concernant les
médias, si Taya censurait sans gêne ceux qui ne se limitaient pas
à leur place, avec le régime de Aziz c'est l'autocensure avec des
menaces tacites qui vous obligent à revoir ce que vous dites et ce que
vous écrivez71(*),
car c'est lui le chef72(*). Enfin il y a une sorte de culte de la
personnalité et une forte concentration des pouvoirs entre les seuls
mains du président, car selon lui « trop de
décentralisation n'est pas bien »73(*), et l'indépendance du
pouvoir judiciaire vis-à-vis de l'exécutif est tant
décriée par l'opposition et des membres de l'ordre
judiciaire74(*), le
baisemain75(*) au
président-monarque vient confirmer un régime reposant sur le
support d'une demande despotique76(*) comme l'affirmait le professeur Abdel Weddoud Ould
Cheikh. Enfin, le parti de la majorité, l'UPR, pratique les mêmes
calcules politico-tribales avant les scrutins77(*) que le PRDS de Taya en faisait avant.
Sur ce, nous ne voulons pas nous adonner à une aventure
prédictive périlleuse, car elle n'est pas l'oeuvre de la science
politique, cependant, nous sommes en mesure de faire ressortir plusieurs
manifestations quasi-quotidiennes de la vie sociopolitique, mises à
part, deviennent attentatoires à toutes démocratisations. A long
terme, cela devient beaucoup plus évident de constater que ça
sent de la démocratie à la version Taya que d'une aventure
d'habituation politique. Cette comparaison est justifiée par le fait
qu'il est nécessaire de faire une nette distinction entre un
régime démocratique ou en consolidation démocratique et ce
qu'appel O'Donnel et Schmitter un
« Dictablandas », un
« Democraduras » ou simplement de
« l'autoritarisme
libéralisée »78(*). Ce qui veut dire qu'il ne suffit pas
d'installer une certaine liberté, et croire que le chemin de la
démocratisation est balisé, alors que des stratégies sont
derrières les élections pour écarter ses concurrents, ou
faire surgir des règles qui restreignent les droits de certains citoyens
du pays. Et lors de nos entretiens, la majorité des acteurs politiques
et de la société civile interviewée s'accordent sur le
fait que seule la liberté d'expression est considérée
jusque-là comme un acquis, tout le reste s'apparentant à une
consolidation démocratique n'en est pas encore.
Paragraphe II : Des
problèmes de la consolidation
Loin de s'inscrire dans une allure de « Machiavel
démocratique »79(*) tel Huntington avec ses guides à l'usage
de la démocratisation, il est intéressant de faire, à
partir d'un matériau paradigmatique qui constitue notre
référence théorique, un distinguo entre ce qui pourrait
ressembler à une « Illusio
démocratique »80(*)par rapport à une vrai routinisation
démocratique.
Un régime de consolidation se résume par cette
phrase « lorsque la démocratie est la seule règle du
jeu, the only game in the town »81(*), cela signifierait selon Linz
et Stepan qu'il y a trois dimensions « comportementale, attitudinal
et constitutionnel »82(*). La première attitude vis-à-vis des
acteurs et que le régime élu ne doit plus être
préoccupée d'oscillations ou d'instabilité venant d'autres
groupes opposés. La deuxième est plutôt psychologique
vis-à-vis des acteurs et plus large, de la population, est que face
à de grave crises les « paramètres du jeu
démocratiques » sont en mesure de solutionner ces crises. Et
la dernière est plutôt constitutionnellement canonique, les
acteurs, non seulement s'abstiendront de violer les normes établies,
mais ils croiront fermement au pouvoir de ces normes de solutionner les crises
que connaitront le pays. Ce qui est encore difficile dans cette période
post-putsch de 2008 en Mauritanie. La raison est que la première des
attitudes, n'est pas annoncée ni souhaitée, cependant la
prégnance des structures (mouvements et partis politiques)
revendicatrices antisystèmes dans le champ politique mauritanien et leur
quasi-inobservation des règles qui se font entre les autres acteurs,
prédiraient un tel comportement, à savoir la destitution du
système si possible. La seconde aussi n'est pas observée parmi
les acteurs, car ces derniers actuellement dans une crise politique
fragmentaire, ont un leitmotiv qui appel les autorités au
pouvoir de le quitter, car « illégitime » cela sans
regard des règles constitutionnelles, à savoir demander au
pouvoir de quitter sans la fin de son mandat. Cela est enfin renforcé
par la peur qui plane dans certains acteurs de l'opposition que ces
autorités ne respectent pas la constitution et chercheront un
supplément de mandat inconstitutionnel. Donc entre l'inobservation des
règles et la peur du non-respect des règles du jeu par les
acteurs au pouvoir, il y a un climat délétère d'une
consolidation menacée qui s'installe. En outre un autre
élément est à suivre avec précaution dans la
période transitionnelle et de consolidation, c'est le Stateness
problem83(*). Cela
veut dire que la question nationale, le polity84(*), ou ceux qui vont
constituer la communauté politique et qui sont sommer à donner
une légitimité à l'ensemble des gouvernants, est cruciale
dans une démocratisation. Surtout lorsque celle-ci se fait dans un
État qui a précédé la formation de la nation, et
c'est le cas de la Mauritanie qui est un État pluriethnique, auquel la
formation des frontières est artificielle, s'opposant carrément
à la formation d'un État-nation. Il s'avère qu'un
État dans lequel coexistent un peuple avec une diversité
culturelle ou un peuple avec des communautés, le succès de la
démocratisation est fortement dépendants du degré de
cohésion entre ces différentes communautés et de la
manière dont ces communautés ont réagi ou
réagissent avec le pouvoir en place.85(*)
Deuxième
partie : De timides amendements pour de sérieux
problèmes
Après avoir étayé l'interaction entre les
différents acteurs politiques et le résultat de cette
interrelation par rapport au processus de démocratisation, nous allons,
dans cette seconde partie, traiter dans un premier chapitre les facteurs
bloquant à la démocratisation et dans le second chapitre des
institutions de démocratisations déjà existantes et qui
sont à renforcer.
Chapitre I :
Amendements et lois face aux tares sociales: les obstacles à la
démocratisation
Après avoir discuté de la capacité des
acteurs à trouver un consensus par rapport aux différents
problèmes sociaux que rencontrent le pays, nous allons traiter ces
questions qui se dressent face à toute volonté de changement vers
un régime plus respectueux de l'État de droit, de la justice, de
la responsabilité des autorités devant leurs actes, il s'agit du
stateness problem.
Section I : Les
problèmes sociaux premiers: quelle solution normative ?
Parmi ces questions ou problèmes de fond comme
l'appellent certains politiques, y figure les questions telles que le
règlement du passif humanitaire (I) et la question de
« l'esclavage » (II), qui aujourd'hui, hantent encore le
pays et revient de façon récurrente à tout débat
d'envergure nationale
Paragraphe I :
Génocide ou passif humanitaire : victimes versus bourreaux
Dès le lendemain de l'indépendance,
« la Mauritanie, un complexe géopolitique » ou pays
« trait-d'union »86(*), fait face au problème relatif au vivre
ensemble de plusieurs communautés, culturellement différente, sur
un même territoire. Entre la promotion d'un État plurielle par la
reconnaissance de sa diversité culturelle (Halpoulareen, Hassanophones,
soninké et wolof) et le forcing d'une hégémonie
communautaire par l'assimilation, les premiers gouvernants choisissent la
deuxième option. Ce choix fut le péché originel qui a
plongé le pays dans ses moments les plus tristes et qui hante encore la
cohésion sociale du pays.
La grève des élèves noirs en Janvier 1966
contre le décret d'application de la loi du 30 Janvier 1965 relative
à l'obligation de l'enseignement de l'arabe dans le secondaire, se
soldera par des émeutes qui feront 6 morts et 70 blessés. A la
solidarité des fonctionnaires noirs qui publient le manifeste des
19, « premier manifeste politique
négro-africain »87(*), qui brossa un tableau d'une hégémonie
de « l'ethnie maure » sur les négro-africains par la
fameuse mythe-règle du quart88(*). Vingt ans après, en Avril 86 les FLAM, union
de plusieurs organisations des négro-mauritaniens, publient
« Le manifeste du négro-mauritanien opprimé »
qui qualifie « d'apartheid » « le système
beïdane ». Début septembre la collaboration entre Djibril
Ould Abdellahi, appelé communément Gabriel Cimper et très
redouté ministre de l'intérieur, et Ely patron de la DGSN,
permettra l'arrestation de plusieurs auteurs de la publication et de
l'intelligentsia négro-africaine, c'est le départ d'une
expédition judiciaire, une quarantaine de négro-africains seront
jugés et condamnés à de lourdes peines. Le 22 Octobre 87,
une tentative de putsch d'officiers négro-africains
déjoués ouvre la chasse aux négro-africains dans
l'armée89(*), elle
se soldera par l'arrestation d'une cinquantaine d'entre eux dans les
différents corps de l'armée, trois seront condamnés
à mort et exécutés et les autres à de lourdes
peines d'emprisonnement. Ils seront, et les activistes des FLAM
condamnés un an plutôt, envoyés au fort de Oualata, un
mouroir par excellence qui dévora trois de ces prisonniers dont
l'écrivain-poète Tene Youssouf Gueye en 1988. En avril 1989
à partir d'une banale affaire de paysans soninkés du
Sénégal et d'éleveurs peuls de la Mauritanie, se donnera
le coup d'envoi d'une campagne d'élimination des
négro-mauritaniens. Le régime de Taya en complicité avec
les Nassériens et Baathistes mauritaniens vont
« profité de l'occasion pour régler à leur
façon la question nationale »90(*) par l'aide de leurs bras armés les
Harratines. Ceci est auréolé entre 1990 et 1991, d'abord
par la poursuite de l'élimination des mauritaniens
négro-africains, et la destruction systématique de leurs villages
et leurs pièces d'état-civil prouvant leur statut de mauritanien,
et enfin par la pendaison, dans la nuit du 27 Novembre 1990, de vingt-huit
militaires négro-africains pour fêter l'indépendance du 28
Novembre. Depuis lors les symboles de cet État sont souillés par
le sang de ses citoyens qu'il a sacrifié. C'est cette période de
tueries de centaines de civils et militaires négro-africains, ainsi que
des expulsions de près de 120.000 parmi eux, essentiellement
Halpoulareen, qui se réfugieront entre le Sénégal, le Mali
et en occident, qu'est la page sombre de l'histoire du pays. Cela ressemble
bien à un génocide que d'aucuns vont euphémiser en
« passif humanitaire », cette période de 1986
à 1992 constitue les années de braise chez les
négro-africains de Mauritanie91(*).
Aujourd'hui le règlement de ces pages noires de
l'histoire du pays (passif humanitaire) est une variable dépendante
à toute démocratisation et stabilité du pays. Cette
question faisait partie de l'une des deux axes majeurs du programme de Sidi
à son élection92(*). Ce qui lui fit confier ce brulant dossier à
un comité interministériel réunissant quatre
ministères et présidait par le secrétaire
générale à la présidence93(*), qui a abouti à la
signature en Novembre 2007 de l'accord tripartite entre la Mauritanie, le
Sénégal et le HCR pour le rapatriement volontaire des
mauritaniens établis au Sénégal. Le 29 Janvier 2008 le
premier contingent débarquait à Rosso, ainsi s'en suivit jusqu'au
retour de seulement de 7000 réfugiés du Sénégal par
rapport au dernier recensement et estimations du HCR qui s'élevait entre
64.000 à 20.000 réfugiés94(*). La campagne de rapatriement se perpétuera
après le putsch de 2008, cependant avec Aziz le dossier va prendre un
autre tournant à l'amateurisme et à la légitimation du
pouvoir arrivé de facto95(*). Le problème du passif humanitaire,
jadis, engagé par le régime de Sidi, finira par une
stratégie de leurre aux victimes en leur faisant signer un document
secret à une partie des victimes, surtout les veuves, d'abandonner toute
poursuite contre leurs bourreaux en contrepartie d'aides financières. Un
an après, ces dernières se disent tromper car ils ne
connaissaient pas exactement le contenu des documents qu'elles ont
signée, dans tous les cas Aziz annonce la « fin de
l'opération de retour »96(*) des réfugiés. Un militant des droits de
l'homme nous confia même que les autorités, par la voix, du
haut-commissaire des droits de l'homme, ont dit avoir « fourni tous
les efforts et qu'à présent il faut clôturer le dossier du
passif humanitaire »97(*). Alors que les réfugiés au
Sénégal ne sont pas tous rapatriés dans leurs pays
d'origine, ceux du Mali et notamment à Kayes ont été les
oubliés du programme de rapatriement. Ce qu'il faut dans ce dossier
complexe du pays, et dont l'ensemble des militants des droits de l'homme et
quelques acteurs politiques qui font de la question leur cheval de bataille
s'entendent, c'est une justice transitionnelle qui se fera à travers la
résolution du problème par cinq étapes. 1- Le devoir de
vérité (les ayants droits doivent savoir ce qui s'est
réellement passé, qui a fait quoi à qui). 2- Le devoir de
justice (traduire en justice les meurtriers coupables, et après voir
s'ils seront pardonnés par les victimes). 3- Le devoir de
réparation (indemniser les victimes et reconstruire intégralement
la carrière des fonctionnaires publics victimes). 4- Le devoir de
mémoire (sacraliser cette période sombre de l'histoire du pays
afin que tous les mauritaniens aient à l'esprit qu'une telle chose ne
puisse plus jamais se reproduire). Et enfin, 5- Le devoir de
réconciliation pour enfin que la cohésion sociale se met en
marche. La question du passif humanitaire est une question nationale,
concernant l'ensemble des mauritaniens, ils doivent tous être
impliqués à sa résolution définitive, cela
constituerait même un soulagement aux maures, le groupe perçu,
à tort ou à raison, par les victimes, d'être les
responsables. Donc le fait de pointer du doigt les seuls coupables de ces
tueries et expulsions enlèverait chez les victimes, la perception des
maures comme une communauté de génocidaires et
réconcilierait l'ensemble mauritanien. Sur ce, le premier obstacle
à cette démarche est la loi 93-023 de Juin 1993 portant amnistie
pleine et entière aux membres des forces armées et de
sécurité auteurs des infractions commises entre le 1er
Janvier 1989 et le 18 Avril 199298(*), faisant échapper à tout coupables
d'être traduits en justice. Les accords politiques de 2011 n'ont fait
qu'effleurer le sujet, raison pour laquelle lors de l'amendement de la
constitution de 2012, hormis le préambule de la constitution qui
reconnaissait la diversité culturelle, aucune loi constitutionnelle ou
législative ne faisait référence à ce
problème. En ce sens la question du passif humanitaire reste un obstacle
majeur à toute normalisation du régime en plus des autres,
à savoir la question de l'esclavage.
Paragraphe II :
L'esclavage et les lois : abolitionniste versus féodaux
L'esclavage est un phénomène que toutes les
communautés mauritaniennes ont pratiqué à un moment
donné de l'histoire. Chez les Halpoulareen on parle de maccudo,
de jaam chez les wolofs, de Kome chez les soninkés, et
de abd chez les maures. Cependant, le phénomène a
évolué chez les communautés négro-africaines en
sorte d'organisation sociale graduelle allant des nobles qui sont au sommet de
la hiérarchie sociale, ensuite des hommes de caste au-dessous et tout
bas de l'échelle de ceux qui sont d'origines esclaves ou
serviles99(*). Cela se
traduit par des discriminations que subissent ces groupes par rapport aux
relations sociales entretenues avec les autres groupes supérieurs, chez
les Halpoulareen par exemple, cet aspect baigne dans un enjeu sociopolitique
particulier avec la démocratisation100(*). Si chez les communautés
négro-africaines, le phénomène s'est traduit en une
condition sociale laissée au merci des discriminations et
classification, chez les maures, cependant, il se présente comme une
situation de possession totale par le maitre sur la personne, qu'est le
abd, et ses probables descendants. Donc chez la communauté
arabe ou maure de Mauritanie « l'esclave...n'est pas tout à
fait une personne : c'est un bien du maitre qui l'a acquis comme tout
autre bien par achat ou par héritage et il peut en transmettre la
propriété par les mêmes moyens de
droit »101(*).
À cela s'ajoute les différentes relations liant le maitre et son
servant domestique, en raison d'abord de la différence de la couleur de
peau qui rend le phénomène beaucoup plus vive, actuelle et
apparent que chez les négro-mauritaniens, mais aussi de
l'accomplissement des tâches ménagères domestiques
jusqu'à la satisfaction libidinale du maître, cette personne
à tout faire, une fois affranchi il n'est plus abd, mais il
devient hartani (un homme libre). Cette espèce humaine
spécifiquement mauritanienne, le hartani, issue d'une
croisée socioculturelle, faisant de lui un homme noir comme les
négro-africains et de culture maure, est le seul type de mauritanien qui
n'a pas de patrie de rechange, ils n'a que la « Mauritanie comme
patrie »102(*). Avec « la peau des uns et la culture des
autres »103(*), il représente aujourd'hui un enjeu politique
pas sans importance, du fait de leur poids démographique et surtout de
leur statut de trait d'union entre les deux ensembles mauritaniens. La question
de l'esclavage, tabou auparavant, fera une « entrée de
force dans la scène politique »104(*) par la création de
mouvements abolitionnistes allant de celui d'El Hor en 78 à IRA
Mauritanie en passant par S.O.S Esclaves, qui mèneront des luttes sans
merci afin que les autorités prennent des décisions sur le
problème. Sur ce, il y a, paradoxalement, une succession des lois face
à un entêtement de la question. En un siècle et une
décennie, l'esclavage a été déclaré aboli
à six reprises105(*), les derniers en date sont la loi 048-2007qui
criminalisait les pratiques d'esclavages, l'article 13 de la constitution du 20
Juillet 1991 amendée en Mars 2012 considérant le
phénomène comme crime contre l'humanité et enfin en Mars
2015, la loi 49-15 élargissant les crimes et les peines d'esclavages.
Cependant ce que critiquent les abolitionnistes sont le laxisme des
autorités par rapport au phénomène, s'agissant de la non
application des lois par les juges, car selon ces militants la plupart des
qaadis sont des féodaux, ils sont nés et ont grandi avec
ces pratiques esclavagistes et donc il est difficile pour eux de trancher, on
ne peut être juge et partie. Et par conséquent, plusieurs dossiers
sont en cours au tribunal depuis des années sans résultat, ou ils
jugent les affaires d'esclavages comme une affaire de travail non payé
pour faire échapper aux esclavagistes les peines lourdes retenues par
les lois. Aujourd'hui les militants d'IRA Mauritanie dirigés par Biram
Dah Abeid, en prison actuellement pour avoir manifesté contre
l'esclavage foncier, ont adopté une stratégie inédite
allant du harcèlement des autorités publiques, en passant par des
campagnes de libération d'esclaves jusqu'aux marches et sit-in
quasi-quotidiennes. Ce problème entré dans le débat de la
cohabitation, est une autre variable dépendante de la
démocratisation dans le pays et revient d'une manière
récurrente dans les débats sociopolitiques relatifs à la
question de cohabitation.
Section II : Le
problème de cohabitation
En outre de la question de l'esclavage et de celle du
règlement des problèmes liés à la répression
politique et ethnique des années 1986 à 1992, figurent d'autres
variables liées à la question nationale, à savoir le
problème du délit de fasciés (I) et enfin la
cohésion sociale entre les différentes communautés
mauritaniennes (II).
Paragraphe I : La
question de la citoyenneté : le délit de fasciés
La citoyenneté est le socle de la démocratie,
car elle constitue la base sur laquelle les individus en tant que citoyen vont
bénéficier d'un traitement égalitaire face aux lois et aux
droits au sein d'un État. C'est aussi le socle sur lequel s'appuieront
les autorités pour tirer une quelconque légitimité afin de
se positionner comme des gouvernants. Sur ce, la question de la
citoyenneté des mauritaniens s'est toujours invité au
débat du vivre ensemble entre différentes communautés de
races, de cultures et de régions différentes. Cependant, il est
noté qu'il y ait une certaine discrimination à l'égard de
certaines communautés s'agissant de leurs droits fondamentaux en tant
que citoyens mauritaniens. Nous allons essentiellement relater ici deux
événements récents qui ont vraiment mis en cause la
citoyenneté mauritanienne des communautés
négro-africaines. Le premier s'agit de la volonté des
autorités de sécuriser l'état civil par l'introduction du
système de la biométrie sur les bases de données. Cette
opération d'enrôlement est, communément et vulgairement,
appelée le recensement, il s'agit d'enrôler l'ensemble des
mauritaniens sur une nouvelle base de données biométriques
beaucoup plus sécurisés. Cela a été salué
par l'ensemble des acteurs politiques et de la société civile
dans son esprit, mais dans ses procédures elle fut décriée
par les mouvements de la société civile et principalement le
mouvement `'Touche pas à ma nationalité (TPMN)''106(*). Selon cette organisation,
et d'autres leaders politiques interrogés, cette opération est
une autre stratégie légale « d'éliminer les
négro-africains fondamentalement, pour ne pas les recenser. En somme,
elle permet à l'État arabe de construire son
arabité »107(*), donc de vider de sa population l'ensemble africain
pour affiner l'arabité du pays. Pour elles, il est difficile, pour ne
pas dire quasi-impossible, à un négro-africain de se faire
enrôler, vue la difficulté des questions et des pièces
justificatives à fournir, allant jusqu'aux questions banales telles que
le récit d'une sourate du coran pour prouver qu'il est mauritanien ou la
fourniture de l'acte de décès d'un parent mort il y a des
années. Cela a été fortement accentué par la
composition en ressources humaines des commissions chargé de mener
l'enquête et d'accepter que l'individu devant eux est mauritanien. Un
militant des droits de l'homme nous confiait que durant l'opération ils
ont dénoncé son caractère discriminatoire auprès du
ministre de l'intérieur de l'époque, M. Mohamed Ould Boilil, lui
demandant « pourquoi sur cinquante-deux bureaux il n'y avait que deux
négro-mauritaniens dans le personnel, le ministre lui dit qu'ils avaient
procédés par un concours, le militant lui répond
ironiquement, donc tous les noirs sont des incapables ? Avant d'ajouter,
en lui disant que des ânes doivent être représentés
par des ânes ». Effectivement, cette opération a
occupé le débat sociopolitique du pays, du fait de
l'exécution de l'opération et du caractère discriminatoire
qu'elle portait, par le fait juste de se baser sur les traits culturels et
apparents d'un citoyen et de douter qu'il est mauritanien, c'est un
délit de fasciés. L'autre délit de fasciés dont
souffrent actuellement les populations noires de Mauritanie est cette
décision des autorités par rapport à la politique
d'immigration en instituant des cartes de séjours valable un an pour les
étrangers résidants dans le pays. Il parait que plusieurs
étrangers ouest-africains ne s'en sont pas acquittés soit par des
raisons financières ou négligence. Cette politique migratoire est
encore saluée par la plupart des acteurs, dans le sens, car c'est un
gage pour la sécurité du pays. Cependant, ils la dénoncent
dans ses procédures, car les rafles menés par les forces de
l'ordre aux étrangers récalcitrants, se bornent la plupart du
temps à confondre le citoyen mauritanien noir et l'étranger
ouest-africain. Deux individus dont rien ne différencient en apparence
si ce n'est la citoyenneté, car ils peuvent partager la même
langue d'expression, appartenir à une même ethnie, et dès
fois même, être de la même famille, tout en étant de
nationalité différente. Les dispositions de la loi du 12 Juin
1961 modifiée par la loi 2010-023 portant code de la nationalité
mauritanienne sont inappliquées face à ces problèmes en
outre du silence notoire des acteurs politiques par rapport à son
règlement. Les réformes majeures qu'a connu le pays depuis 2005,
date de sa seconde expérience démocratique, et puis 2008 et
après on fait abstraction à ces questions, mise à part de
quelques discussions là-dessus lors de dialogues ou sorties de presses
routinières et les partis politiques d'opposition qui ne manquent pas de
l'évoquer à chaque fois que l'occasion se présente,
surtout ceux considérés comme antisystème . Les lois
traduisent dans les faits, doivent être la base de tout début de
cohésion sociale.
Paragraphe II :
Cohésion sociale ou unité nationale
Les concepts de cohésion sociale, d'unité
nationale, de question nationale sont récurrents au niveau des
débats politiques et sociaux, et relatent tous des variables
susvisées. À savoir la question de l'esclavage ou de la condition
servile, le règlement définitif des exécutions
extrajudiciaires et d'exil forcé d'une partie des mauritanien, le
traitement de manière égale de tous les mauritaniens devant la
loi et de l'égalité des chances, bref l'établissement d'un
État de droit effectif pour le bénéfice de tous les
mauritaniens. Les mesures qui ont été prises après
l'accord politique de 2011 entre des partis de l'opposition et de la
majorité, et qui concernaient les amendements à la constitution
en 2012, dont y étaient relatés, de la reconnaissance de la
diversité culturelle dans le préambule de la constitution, de
l'élévation du crime d'esclavage comme crime contre
l'humanité et de la criminalisation des coups d'États, allaient
dans ce sens. Cependant, hormis celles-là, toutes les autres
dispositions sont plutôt techniques et ne concerneraient pas
réellement le problème de la cohésion nationale108(*). Cependant les
recommandations qui ont été faite à l'issue des
journées de concertations nationales du 25 au 29 Octobre 2009 ont
été d'une portée non négligeable sur la question de
la cohésion sociale et notamment le rapport de l'atelier sur les droits
humains et de la société civile. La reconnaissance de la
diversité culturelle en Mauritanie à un niveau constitutionnelle
est une première, et est une assurance en soi. Car graduellement
l'État avait déjà effacé au fur et à mesure
une des composantes de ce pays, à savoir les Bambaras. Si l'on
se réfère à la n° 1961-12, modifiée, portant
code de la nationalité mauritanienne, l'article 19
énonçait « Nul ne peut être
naturalisé : Al : 2 s'il ne parle couramment l'une des langues
suivantes : toucouleur, Sarakolé, ouolof, bambara, hassanya, arabe,
français, »109(*), cet article a été modifié par
la loi-2010-023 par l'article 19 nouveau « Nul ne peut être
naturalisé : Al : 2 s'il ne parle couramment l'une des langues
nationales : l'Arabe, le Poular, le Soninké et le Wolof »
et le Bambara ? Disparu !L'interprétation de
l'article 19 de la loi de 1961 reconnaissait bien l'existence d'une
entité dénommée Bambara et que le fait qu'une
personne puisse s'exprimer en cette langue communautaire pourrait lui faire
bénéficier de la naturalisation, en plus des autres dispositions.
Dans l'article 12 de la loi de 2010 il n'en est plus, raison pour laquelle nous
disions que la reconnaissance de la diversité culturelle au niveau du
préambule est déjà rassurant qu'aucune autre entité
humaine de ce pays ne pourra subir le sort des bambaras. Cependant il
faudrait que cela se traduise en textes de lois et décrets d'application
par rapport à la diversité culturelle pour une meilleure
cohésion sociale. L'exemple que nous donnait une militante des droits de
l'homme lors d'un entretien est patent. Elle disait qu'une fois elle a
été invitée à un dialogue sur la diversité
culturelle au palais des congrès110(*). Quand elle a pris la parole elle leur dit
« dans cette salle où nous débattons de
diversité culturelle et de vivre ensemble, dans cette salle où
nous convions tous nos hôtes étrangers lors
d'évènements internationaux, regardez au-dessus de vous, les
photos qui ornent cette salle et qui fait la publicité de la culture
mauritanienne, aucune ne fait allusion aux autres cultures. Il n'y a que la
culture maure exposée ici, c'est vraiment déplorable ».
Dans ce cas, les lois doivent se traduire dans les réalités et
relations sociales du pays.
Chapitre II :
Amendements et renforcements: les autres institutions sociales
Après avoir rappelé les quelques, mais pas moins
importantes, questions de fond qui fussent jusque-là oubliées au
niveau des réformes. Nous allons présentement traités la
relation de l'armée et le pouvoir politique en Mauritanie, cela face
à une société civile qui a longtemps résisté
(I), ensuite décrire les autres institutions issues de ces amendements
qui sont, théoriquement, garant d'une démocratie forte (II).
Section I : La
société civile, l'armée et le pouvoir
Comme cela a été dit précédemment,
les amendements qui ont été faits ont eu un caractère
timoré à l'égard des questions de fond que connait la
Mauritanie et qui sont, pour le peu que l'on puisse dire, essentiels à
la démocratisation et la stabilité sociale. Ils ont
été aussi timides par rapport à la relation entre
l'armée et le pouvoir politique (I), une relation dont la
société civile mauritanienne n'en est pas demeurée
préoccupée (II).
Paragraphe I : Un
alinéa pour trois décennies de putsch
La question de l'armée en relation avec le pouvoir
politique occupe une très grande place dans le débat public
mauritanien, cela car le pouvoir a été (est encore ?) entre
les mains des hommes de tenue depuis trente ans au moins. La multiplication des
pronunciamientos militaires et le règne des militaires au
pouvoir, à condamner des générations de mauritaniens
à ne connaitre que des régimes militaires et d'exceptions. Et
pourtant l'article 7 de la constitution de 1961, l'article 2 de la constitution
de Juillet 1991 modifiée en 2006, énonçaient clairement
que le peuple est la source de tout pouvoir, et que cette souveraineté
s'exerce par le biais de ces représentants élus. L'amendement de
l'article 2 de la constitution en 2012, en y insérant l'alinéa
interdisant les changements anticonstitutionnels111(*) et en les considérant
comme crimes imprescriptibles, est à saluer. Il l'est dans la mesure
où il vient réprimer un phénomène qui a pris en
otage et condamner le peuple pendant des décennies dans la seule
volonté des militaires, ou en tout cas, il est mieux que cet
alinéa figure dans la constitution qu'elle y soit absente. Tout en
comprenant la portée de cette phrase qui complète l'alinéa
« Toutefois, ces actes, lorsqu'ils ont été commis
antérieurement à la date d'entrée en vigueur de la
présente loi constitutionnelle ne donneront pas lieu à
poursuites. », car elle fait échapper à certains
acteurs, présent sur la scène politique et notamment le
président actuel de la république, la poursuite en tant que
criminel. Il faut noter que l'alinéa est loin d'être suffisant
pour faire oublier à la Mauritanie les putschs, il ne faut pas perdre de
vue que ce même alinéa, à quelques différences
près, figurait dans l'article 121 de la constitution malienne de
Février 1992, cela avant le putsch du capitaine Sanogo contre le
régime de ATT en 2012. Donc ce qu'il faut, c'est en urgence une loi
organique et un décret d'application effectif renforçant
l'article 2 et portant la réforme de l'armée mauritanienne en une
armée républicaine. Car la Mauritanie peut être
considérée comme un pays à excès d'hommes de tenues
à comparer avec les autres pays de la sous-région beaucoup plus
peuplés, si l'on se base sur les estimations données par Boubacar
Ndiaye, que l'armée mauritanienne compte vingt-six mille hommes tous
corps confondus, sans oublier les nouveaux éléments du
GGSR112(*), pour une
population de moins de quatre millions d'habitants113(*)! Ensuite, la réforme
s'invite surtout au niveau de cette garde prétorienne qu'est le BASEP,
crée par Taya pour le protéger de ses ennemis civils et
militaires, enfin comme tout dictateur à sa garde prétorienne. Le
BASEP a fait ses preuves à la volonté de ceux qui le commande,
car en 2003 et 2004 ce corps commandé par Aziz, a fait échouer
deux tentatives de putschs, et en 2005 et 2008 ce même corps avec le
même commandant a fait passer successivement deux putschs, une
véritable machine de (anti) putsch ! Déjà le statut
et la place de ce BASEP s'invitent aux préalables des discussions entre
le pouvoir politique et l'opposition, cependant, cette question en est une qui
fâche dans les relations avec Aziz. Et l'on peut affirmer sans risque de
se tromper qu'il est question de poser le problème des régiments
spéciaux et privilégiés à la solde du chef de
l'État dans des régimes qui sont en transition, la preuve n'est
pas loin. Il faut voir la prise en otage du pouvoir transitionnel par le
régiment de sécurité présidentielle au Burkina
dernièrement, pour savoir l'attitude des acteurs militaires qui ont
longtemps été des soutiens aux autoritaires. Il est clair et
remarquable, cela surtout durant le régime de Sidi, que sans la
réforme de l'armée mauritanienne en une armée
républicaine, professionnelle et sous l'autorité effective des
institutions démocratiques, le gouvernement d'un civil aura beaucoup de
difficultés avec elle. Car actuellement, sachons que c'est parce que le
président actuel est issue des rangs du BASEP que ce dernier ne pose
aucun problème au chef de l'État, mais c'en était un civil
il suffit d'un malentendu banal pour que le problème de l'armée
se pose au président.
Paragraphe II : Une
société civile à encourager
Dans la théorie transitologique, la
société civile est l'une des arènes de la consolidation
démocratique, car elle est « relativement autonome à
l'État »114(*) et par la défense des intérêts
qui sont particuliers aux organisations qui la composent, véhicule des
idées et des valeurs qui sont favorable au jeu démocratique. Par
société civile on entend donc toutes les organisations citoyennes
et individus autonomes par rapport au pouvoir politique et défendant des
valeurs. D'une manière simple comme nous le définissait le
professeur Redissi, ce sont toutes ces organisations qui sont entre la famille
et la société politique. La société civile
« non-gouvernementale, non politicienne et à but non
lucratif »115(*) tacle les régimes déviants et exige
plus de légalité. Dès la fin des années 1970 on a
vu en Mauritanie des mouvements de citoyens s'élever comme une
avant-garde face aux dérives et laxisme des autorités publiques
concernant les droits de l'homme et certaines questions nationales. Durant la
première expérience démocratique de 1991, la
société civile mauritanienne, et notamment les associations de
défense des droits de l'homme, de l'ordre des avocats et les
médias indépendants ont joué un grand rôle dans la
chute de Taya. Cela allant de la défense des détenus d'opinion du
régime de Taya, de la dénonciation des pratiques autoritaires,
aux plaintes portées devant les cours régionales de justice
contre le régime de Taya pour violations graves des droits de l'homme.
Durant la période transitionnelle 2005-2007, elle s'était vue
approchée par les autorités transitionnelles afin de participer
au processus démocratiques, avec les autres acteurs politiques et de
l'administration publique, elle participa avec succès aux
journées nationales de concertation de 2005. Des recommandations en
faveur d'un renforcement de la société civile dans un espace
public démocratique ont été avancées : D'abord
la définition du concept « société
civile » en l'élargissant de manière horizontale
à ce qu'il englobe toutes les organisations citoyennes qui
défendent des intérêts particuliers, la mise en place d'un
partenariat avec les ONG internationales et une exonération
douanières pour les dons et aides reçus, et entre autres, le
développement des radios associatives et communautaires. Ces
recommandation-programmes qui devaient être inclus dans l'agenda des
futures autorités élues se sont vues éclipsés par
la crise institutionnelle de 2008. Il n'y a eu aucune disposition concernant le
statut ou le cadre juridique de la société civile dans la loi
organique 2012-015, cependant l'article 10 de la constitution garantie aux
citoyens les libertés publiques et individuelles et notamment la
liberté d'association et d'adhésion à toute organisation
politique ou syndicale de son choix. Les lois régissant les OSC en
Mauritanie sont celle du 64-098 de Juin 1964, celle du 2000-043 de Juillet 2000
relative au régime juridique particulier des associations de
développement et l'ordonnance 2007-013 de Février 2007 relative
aux sociétés civiles professionnelles. Ces trois lois soumettent
la constitution des associations au régime préventif, ce qui veut
dire que toutes associations doit avoir l'autorisation préalable des
autorités administratives publiques, pour exister juridiquement, ce qui
est au-delà des standards internationaux sur le régime des
libertés publiques. Actuellement un projet de loi renouvelant celle de
1964 était en débat, cependant les OSC l'ont déjà
assez critiqué du fait de son conservatisme, car le projet de loi ne
prévoit pas un régime déclaratif aux
organisations.116(*)Aujourd'hui, en tant que pièce maitresse des
régimes démocratiques, les OSC doivent être impliqué
dans tous projets de renforcement des assises démocratiques, son
engagement se fait déjà sentir dans sa participation au
FNDU117(*) en tant que
pôle constituant ce regroupement et se fait entendre le maximum
possible.
Section II : Des
institutions à renforcer
Enfin il y a d'autres institutions de démocratisation
qui ont déjà vu le jour, certaines déjà dès
la période de 1991 et d'autres durant la période transitoire de
2005-2006. Il s'agit des institutions consultatives (I) et de celles en rapport
avec les élections (II).
Paragraphe I : Des
institutions consultatives
Les institutions consultatives sont instaurées par la
constitution de Juillet 1991, amendée en 2006 et 2012 dans son titre 9,
elles sont au nombre de trois, à savoir Le haut conseil islamique, La
commission économique et sociale et la commission nationale des droits
de l'homme. Cette dernière, la plus active et la plus
intéressante parmi toutes, car elle fut créée sous les
auspices des principes de Paris relatifs au statut et fonctionnement des
institutions nationales pour la protection et la promotion des droits de
l'homme. Suivant ces principes internationaux adoptés par l'AG des
NU en 1993, la CNDH est instituée en 2007 durant la période
transitoire par l'ordonnance 2006-015 de Juillet 2006, puis par la loi n°
2010-031, lors de l'amendement constitutionnel de Mars 2012 elle atteint une
reconnaissance constitutionnelle qui lui confère le même rang que
les autres institutions consultatives. Son mandat est déterminée
par l'article 4 de la loi de 2010 qui lui confère la compétence
d'organe de conseil, d'observation, d'alerte, de médiation et
d'évaluation en matière de respect des droits de l'homme et en
matière humanitaire. Entre autres, tout citoyen victime de violation des
droits de l'homme peut déposer une plainte auprès d'elle, elle
fournit aussi des avis à la demande des institutions publiques et publie
chaque année un rapport adressé au président, sur la
situation des droits de l'homme dans le pays. Enfin le fait que l'article 2 lui
confère l'indépendance et l'autonomie financière est
très important dans le but qu'elle soit plus indépendante, car
auparavant son budget fut logé dans celui du Haut-commissariat aux
droits de l'homme, et cela avait soulevé beaucoup de confusion.
Cependant, il est à noter qu'en tant qu'organisation mère de la
société civile, sur les vingt membres que compte son bureau, il
n'y a que six qui sont issues des OSC, tous les autres sont soit nommés
par décret soit représentant le gouvernement ou le parlement, ce
qui affaiblirait les représentants des OSC face à
l'hégémonie des représentants gouvernementaux. Ensuite la
présidente actuelle, à la voir sur un plateau de
télé face à d'autres militants des droits de l'homme, on
penserait plus qu'elle est procureure de la république ou porte-parole
du gouvernement, que représentante d'une commission nationale des droits
de l'homme. Cela est renchérit par une militante des droits de l'homme
qui nous confiait dans un entretien, que Mme la présidente de la CNDH
« était la première à demander la condamnation
à mort de Ould Mkheitir118(*) ! Mais aussi, qu'elle ne se gêne
nullement à déclarer qu'elle soutient le régime de Aziz ou
fait campagne pour lui, et enfin qu'elle est même allée jusqu'au
système des NU pour les demander de ne pas accorder le prix des droits
de l'homme des NU à Biram Dah Abeid. Déjà on se rappelle
qu'en 2008 quand l'équipe de la CNDH avait condamné le putsch,
cela avait déplu à Aziz qui procédera à un
changement d'équipe les mois qui suivent. De toutes les façons la
CNDH pour rentrer dans le cadre des mandats tracés par les principes de
Paris et jouer pleinement sa mission d'organisation de protection et de
promotion des droits de l'homme, elle doit donner plus de place et de
responsabilité aux OSC au niveau de la commission, s'atteler à
donner des recommandations fortes à l'État mauritanien et lui
servir de rappel par rapport à ses engagements nationaux et
internationaux en matière des droits de l'homme. Et
réciproquement l'État doit tenir compte de ces avis et les
appliquer.
Les autres institutions consultatives à savoir le
Conseil économique et Social de l'article 95 et le Haut conseil
islamique de l'article 94 devraient être beaucoup plus actives que des
institutions symboliques, de repos et de récompense politique aux
personnes qui ont fourni leur bonne volonté au président.
À l'exemple du haut conseil islamique par sa faculté à
donner des avis sur les questions sociales en relation avec la religion, les
oulémas qui le remplissent devraient avoir plus d'autonomie et
de courage à énoncer des fatwas qui vont dans le sens de
la prévention des pratiques qui pourraient mettre en péril
l'unité nationale et une stabilité démocratique. Cependant
cette institution reste muette sur ces questions. De la même sorte avec
le conseil économique et social, ce sont des institutions écrans
qui ont été créés par le régime de Taya lors
de l'ouverture « démocratique » pour meubler
formellement une démocratie, ce qui rendait ces institutions très
latentes. Cette volonté qui accompagna ces institutions consultatives
continue à les condamner dans la latence et l'inactivité totale,
rare sont les moments où l'on lit dans les médias qu'elles se
sont prononcées sur tel sujet qui s'invite à l'opinion public.
Dans un régime démocratique, elles constituent des check
points aux actes des autorités publiques administratives et non
administratives qui peuvent violer les garanties démocratiques.
Paragraphe II : Des
autres institutions : le conseil constitutionnel et la CENI
Les autres institutions concernent le conseil constitutionnel
qui est institué depuis 1991 par le titre VI et les articles 81 à
88 de la constitution. Dans la révision constitutionnelle du 20 Mars
2012, les membres de l'organe de contrôle de constitutionnalité a
vu ses membres s'élargir de six à neuf juges constitutionnels.
Désormais le président nomme quatre des neuf, le président
de l'assemblée nationale trois des neuf et le président du
sénat deux des neuf, pour un mandat non renouvelable de neuf ans. Tout
comme les institutions consultatives citées ci-dessus, le conseil
constitutionnel était un autre organe de façade
démocratique à la solde du régime de Taya. Durant la
période post-accords de Dakar, le conseil constitutionnel s'était
invité au débat houleux entre le pouvoir et l'opposition
concernant la prorogation des mandats des parlementaires qui allaient expirer,
alors que des élections ne se profilaient pas à l'horizon,
l'organe se prononça sur l'avis 002-2011, très
controversé119(*), que l'opposition dénonça car selon
elle, cela ne fait pas partie de ses prérogatives120(*). En fait, les dispositions
constitutionnelles attribuant les compétences au conseil constitutionnel
lui confèrent uniquement la compétence de veiller sur la
régularité, les contentieux et proclamation des résultats
électoraux et/ou référendaires, ainsi que de la
constitutionnalité des lois votées par le parlement ou mises en
vigueurs par les autorités administratives. Mais aucun article du titre
6 de la constitution du 20 Juillet 1991 ne lui confère la
compétence de statuer sur la possibilité de prorogation des
mandats des parlementaires, autrement dit les juges du conseil constitutionnel
sont juges constitutionnel, juge électoraux et juge
référendaire. Cependant, la loi organique de la révision
constitutionnelle finit par régler le problème des mandats
expirants des parlementaires dans son article 15. La CENI quant à elle,
a connu différents parcours entre 2005 et 2012 selon les
différents contextes électoraux qu'a connus le pays. La
première ordonnance la créant était celle du 2005-012 de
Novembre 2005 à titre transitoire, et dans le titre III de l'ordonnance
portant attribution de la CENI, cette dernière n'avait compétence
que de contrôler, et superviser la préparation et l'organisation
des opérations électorales, en outre des compétences par
rapport au fichier électoral. Cependant en 2009, elle eut un statut
d'une CENI partagée, car elle fut instituée grâce aux
accords de Dakar dans le fameux paragraphe 4 au titre IV qui instituait une
CENI de quinze membres dont chaque partis politiques proposa quatre membres en
plus de trois propositions de personnalités
« impartiales » issues de la société civile,
cela « sur la base des règles en vigueur et es
expériences passées »121(*). Cette CENI aura presque la même
compétence que celle de 2007 à seulement des différences
avec les membres ici qui sont le fruit d'un consensus entre les partis
politiques protagonistes. Cependant la CENI de 2012, par le fruit de l'accord
politique de 2011 entre une partie de l'opposition et le pouvoir, est
instituée par la loi organique 2012-027. Cette loi lui donne le
caractère d'une « institution permanente [...] disposant de la
plénitude des pouvoirs pour préparer, organiser, superviser
l'ensemble de l'opération électorale, de la phase de validation
du fichier électoral jusqu'à la proclamation provisoire des
résultats et leur transmission au conseil
constitutionnel, »122(*). Elle est en outre, selon l'article 4, veilleur
à l'égal accès de tous les candidats en lice aux organes
officiels de la presse écrite et audio-visuelle, enfin l'article 5
rassure que l'institution « dispose d'une indépendance totale
et ne reçoit aucune instruction d'aucune autorité ou institution
publique ou privée ». Cela donne à l'organe
chargé des élections de solides bases juridiques en plus de son
statut constitutionnel suite aux amendements de Mars 2012. Cependant, les lois
instituent les organisations, mais ce sont les hommes qui les façonnent,
la dernière élection qu'elle a gérée, impopulaire
qu'elle soit du fait du boycott d'une bonne partie de l'opposition, n'a pas
fait preuve d'irrégularités significatives, cela n'empêcha
pas à l'opposition d'avoir boycotté les élections, car
pour eux il n'y avait aucune garantie relative aux échéances
électorales qui se profilaient en Juin 2014. Prouvant ainsi la
méfiance des acteurs de l'opposition par rapports aux règles du
jeu démocratiques qui se sont faites à leur insu.
Conclusion
générale
La frilosité de l'interaction chez l'élite
politique a donné une fragmentation silencieuse de l'interaction entre
les différents acteurs et par rapport aux questions essentielles du pays
qui doivent être résolues. Cela à des causes qui, d'abord,
remontent de la question même de l'État Mauritanien dont
l'existence en tant qu'État-nation fut très artificielle, la
coexistence de plusieurs communautés de modes de vie différentes
combinées à une gouvernance, prenant peu en considération,
cette spécifié mauritanienne, en est une des causes fondamentales
de cette kaléidoscope d'acteurs de la vie politique du pays. Ensuite,
les nombreuses conséquences tragiques et regrettables qu'a connu le pays
à cause de cette ignorance des gouvernants par rapport au vivre ensemble
et à la politique égalitaire des citoyens mauritaniens, est
venues installer une diversité de priorités entre les projets
politiques des acteurs. En outre, la période très longue de
régime militaire autoritaire qu'a subi le pays, et ses populations, a
privée, aujourd'hui, les différents acteurs de l'élite du
pays à une habituation et expérience, de long terme, des
pratiques démocratiques. Et enfin, cette longue expérience de
régime des militaires peu scrupuleux à l'égard des
régimes démocratiques a installée chez les acteurs
politiques, qui ont longtemps été leurs adversaires, une sorte
d'obstacle psychologique, mélangé à une phobie des
militaires, qui fait qu'il est difficile pour eux de faire confiance à
ces hommes de tenues qui ont à plusieurs reprises foulés de leurs
rangers les règles. Raison pour laquelle, la consolidation
démocratique prendra assez de temps pour s'effectuer, tant qu'il y a au
pouvoir des militaires civilianisés, immobiliste et faisant fi
aux règles et compromis. Cela ne veut pas dire que les militaires ne
sont capables de mener le régime vers une démocratie, mais les
militaires soft-liners capables de soutenir la transition du
régime vers une démocratie consolidée sont minoritaires
par rapport aux partisans du statu quo, qui sont aussi, faut le
rappeler, aussi nombreux dans l'armée que chez les civils qui agissent
et les soutiennent dans l'ombre. En ce sens, tout choix des acteurs
destinés à faire des règles, et que par conséquent,
ces règles détermineront le comportement et la confiance que les
acteurs, et les citoyens d'une manière générale, porteront
envers elle est voué à l'échec. Dans la mesure où,
il n'y a aucune confiance chez les différents acteurs de l'opposition
dans les différentes règles fondamentales de gouvernance qui ont
été édictées et promulguées entre 2009 et
2014, car pour eux Aziz et sa mouvance ont toujours la volonté de les
tripatouiller et de rester au pouvoir ad vitam ad aeternam. La
Mauritanie a aujourd'hui, plus que tout pays dans le monde, besoin d'une
stabilité de son régime politique, cela pour des raisons
socio-économiques et géostratégiques profondes, vue ses
étendues et sa position géographique, de même que le taux
de sa population.
Annexe
Annexe n°1
Carte géographique de la Mauritanie,
crédits : Politique Africaine, 1994, p.9
Annexe n°2
Accords-Cadres de Dakar
Annexe n°3
Loi n° 2012-015 du 20 Mars 2012 portant amendement
à la constitution du 20 Juillet 1991
Annexe n°4
Liste des entretiens
Personne interviewée
|
Activité
|
Date
|
Lieu
|
Mouhamed Lemine Ould Dahi
|
Professeur de Droit constitutionnel à l'Université
de Nouakchott
|
25 Aout 2015
|
Chez lui
|
Ahmed Salem Ould Bouboutt
|
Professeur de Droit Public - Expert
|
27 Aout 2015
|
Chez lui
|
Mohamed Fall Oumeir
|
Dir Pub du Journal La Tribune
|
29 Aout 2015
|
Au bureau de La Tribune
|
Samba Thiam
|
Leader du parti Forces Progressistes du Changement
|
02 Septembre 2015
|
Au siège du parti
|
Balla Touré
|
Porte parole de IRA Mauritanie
|
05 Septembre 2015
|
Chez lui
|
Boubacar Messaoud
|
Leader de l'association SOS Esclaves
|
09 Septembre 2015
|
Chez lui
|
Ladji Traoré
|
Secrétaire général du parti Alliance
Populaire progressiste
|
14 Septembre
|
Chez lui
|
Me Fatimata Mbaye
|
Leader de l'Association Mauritanienne des Droits de l'Homme
|
16 Septembre 2015
|
A son cabinet
|
Aminetou Mint El Moctar
|
Leader de l'Association des Femmes Chef de Famille
|
20 Septembre 2015
|
Au siège de l'association
|
Ibrahima Moctar Sarr
|
Leader du parti AJD/MR
|
07 Octobre
|
Conférence de presse au siège du parti
|
Mohamed Ould Maouloud
|
Leader du parti Union des Forces de Progrès
|
20 Octobre 2015
|
Au siège du parti
|
Total : 11 Entretiens
|
Annexe n°5
Prototype Protocole d'entretien des acteurs politiques
Projet de recherche en Sciences politiques -
Démocratisation / Année 2014-2015
Objet de recherche : La transition démocratique en
Mauritanie à travers la révision constitutionnelle de
2012
Échantillon : les acteurs, leaders dans les partis
politiques
Types d'entretien : Entretien unique, individuel et de type
semi-directif
Thèmes à discuter : La cohésion nationale -
l'interaction entre les acteurs du champ politique - les institutions de
démocratisations - des Institutions à établir ou à
renforcer
Durée d'interview : environ 45mn - 1h max
Outils d'interview nécessaires : Stylo, carnet de note,
dictaphone/ou Smartphone disposant d'un dictaphone et le questionnaire.
Questionnaire :
Q1- Adhérez-vous au contenu de la révision
constitutionnelle de 2012, qui, est une suite logique de l'accord politique du
19 Octobre 2011, malgré le caractère restreint et non inclusif de
ce pacte ?
Q2- Selon vous, est-ce que le fait de proclamer la
diversité culturelle du peuple mauritanien, et de reconnaitre celle-ci
comme un patrimoine national commun, au niveau du préambule de la
constitution, est assez suffisant pour arriver à une cohésion
nationale ?
Q3- Sur cette lignée de la cohésion nationale et de
la diversité culturelle, comment analysait vous la décision des
autorités nationales de la dotation du pays d'une nouvelle base de
données biométriques concernant l'identité et les titres
sécurisés ? Autrement dit, en quoi vous inspire la politique
d'enrôlement des populations qui a été fort
critiquée et qui a créée, de fait, des mouvements
anti-enrôlement « raciste » ?
Q4- Concernant le passif humanitaire, y estimez-vous des
avancées depuis le changement de régime en 2009 et peut il
être un obstacle à l'unité nationale ?
Q5- S'agissant de l'esclavage et de ses séquelles ;
Voyez-vous dans, jadis, le nouvel article 13 de la constitution
considérant le phénomène comme crime contre
l'humanité, et également dans la récente loi 49-15
votée par l'assemblée le 13 Aout et qui porte sur
l'élargissement des crimes d'esclavages et des peines, une
avancée significative du régime en place en matière de
lutte contre l'esclavage ou juste une répétition sans effet
réelle sur le terrain ?
Q6- Lorsque l'on se réfère à l'article 10 de
la constitution, elle est, vraisemblablement, un rempart à tout acte qui
pourrait être liberticide pour le citoyen, pensez-vous que le pouvoir en
place s'inscrit, dans la logique de cet article tout en assurant la
sécurité et « l'unité de la nation », ou est-ce
dans une logique de violation des libertés, notamment publiques ?
Q7- Comment qualifierez vous, en tant qu'acteur politique,
l'interaction entre les acteurs politiques ?
Q8- Quel bilan faites-vous de certaines institutions telles que
la CNDH, le Conseil constitutionnel et la CENI, cela depuis leur existence de
jure ?
Q8- Comment envisagerez-vous la relation de l'Armée avec
le pouvoir politique et les civils ? Autrement dit, la considération de
l'alinéa 4 de l'article 2 de la constitution, des coups d'États
et « autres formes de changements anticonstitutionnels » comme des
crimes imprescriptibles peut-elle changer la nature des relations entre
l'armée et le pouvoir politique, et de surcroit les civils ?
Prototype Protocole d'entretien des acteurs de la
société civile
Projet de recherche en Sciences politiques -
Démocratisation / Année 2014-2015
Objet de recherche : La transition démocratique en
Mauritanie à travers la révision constitutionnelle de
2012
Échantillon : les acteurs, leaders dans la
société civile
Types d'entretien : Entretien unique, individuel et de type
semi-directif
Thèmes à discuter : L'unité nationale - les
droits de l'homme - l'esclavage - Les libertés - les institutions de
démocratisation
Durée d'interview : environ 45mn - 1h max
Outils d'interview nécessaires : Stylo, carnet de note,
dictaphone/ou Smartphone disposant d'un dictaphone et le questionnaire.
Questionnaire :
Q1- Selon vous, est-ce que le fait de proclamer la
diversité culturelle du peuple mauritanien, et de reconnaitre celle-ci
comme un patrimoine national commun, au niveau du préambule de la
constitution, est assez suffisant pour arriver à une cohésion
nationale ?
Q2- Sur cette lignée de la cohésion nationale et de
la diversité culturelle, comment analysez vous la décision des
autorités nationales de la dotation du pays d'une nouvelle base de
données biométriques concernant l'identité et les titres
sécurisés ? Autrement dit, en quoi vous inspire la politique
d'enrôlement des populations qui a été fort
critiquée et qui a créée, de fait, des mouvements
anti-enrôlement « raciste » ?
Q3- Et est-ce qu'à vos yeux le dossier du passif
humanitaire, ouvert depuis le passage de Sidi au pouvoir, peut être un
facteur bloquant à l'unité nationale et quel bilan en faites-vous
jusque-là ?
Q4- Concernant la question de l'esclavage et de ses
séquelles ; Voyez-vous dans, jadis, le nouvel article 13 de la
constitution considérant le phénomène comme crime contre
l'humanité, et également dans la récente loi 49-15
votée par l'assemblée le 13 Aout et qui porte sur
l'élargissement des crimes d'esclavages et des peines, une
avancée significative du régime en place en matière de
lutte contre l'esclavage ?
Q5- En ce qui s'agit de la notion de Liberté et de
l'article 10 de la constitution dont les clauses sont, vraisemblablement, des
remparts à tout acte qui pourrait être liberticide, pensez-vous
que cette liberté est effective ou elle est quasiment violée par
le pouvoir, surtout concernant les libertés publiques ?
Q6- Accordez-vous une confiance aux institutions qui ont
été érigées, notamment par la constitution de 2006,
puis révisé en 2012, à savoir La CENI, La CNDH, la HAPA,
et le conseil constitutionnel, à pouvoir supporter et accompagner la
démocratisation jusqu'à son effectivité ?
Q7- En tant qu'acteur de la société civile,
pensez-vous que les acteurs au sein des partis politiques ont la volonté
et les moyens de rendre effective la démocratisation du pays ?
Q8- Enfin, quelle type de relation envisagez-vous entre
l'armée, les civils et le pouvoir politique ? Autrement dit, quelle
place l'Armée devrait-elle occuper dans ce pays ?
Prototype Protocole d'entretien des personnes savantes :
Professeurs, journalistes, experts....
Projet de recherche en Sciences politiques -
Démocratisation / Année 2014-2015
Objet de recherche : La transition démocratique
en Mauritanie à travers la révision constitutionnelle de
2012
Échantillon : Les personnes savantes : professeur,
observateur ou expert du domaine
Types d'entretien : Entretien documentaire
Thèmes à discuter : La cohésion nationale -
l'interaction entre les acteurs du champ politique - les institutions de
démocratisations - des Institutions à établir ou à
renforcer
Durée d'interview : environ 45mn - 1h max
Outils d'interview nécessaires : Stylo, carnet de note,
dictaphone/ou Smartphone disposant d'un dictaphone et le questionnaire.
Questionnaire :
Q1- Comment interprétez-vous les amendements
constitutionnels en 2012 par rapport au contexte qui l'a
précédé à savoir le coup d'État de Aziz et
son arrivée au pouvoir, de jure, c'est-à-dire
après les présidentielles de 2009 ?
Q2- Lorsque l'on aborde un thème qui agite la politique
nationale, tel que la cohésion nationale, primo, par rapport au
préambule, comment expliquez-vous l'insertion dans le préambule
d'une reconnaissance de la diversité culturelle de la
société mauritanienne comme un « patrimoine national commun
» ?
Q3- Secundo, une autre variable de cette question,
à savoir ce qui est appelé « le passif humanitaire »ou
la question des réfugiés Mauritaniens des
évènements de 1989, estimez-vous que le problème a
été réellement résolu ? Si non, quels sont les
obstacles ? Si oui, dans quel aspect le bilan est-il positif ?
Q4- Par rapport à la question de l'esclavage, elle semble
tenir tête aux autorités au pouvoir, cela depuis 2007. La loi
criminalisant la question en 2007, puis son élévation au niveau
constitutionnel et sa considération comme crime contre l'humanité
en 2012, et enfin, l'adoption par l'assemblée nationale le 13 Aout de la
loi 49-15 qui élargit les peines et les actes considérés
comme esclavagistes. Est-ce que cela traduit une volonté réelle
des autorités d'éradiquer le phénomène ou est-ce
uniquement une stratégie politique ?
Q5- Lorsque l'on évoque les leaders politiques, est-ce que
l'on peut dire qu'il y a une polarisation chronique de ces acteurs, cela depuis
le coup d'État d'Aout 2008 ? Si oui, quels sont les facteurs explicatifs
de cette division et de quel camp viennent-elles ?
Q6- Lorsque l'on aborde certaines institutions qui ont
été établit dans le courant de la démocratisation,
peut-on parler de bilan positif de celles-ci : je veux dire par là la
CNDH, La CENI et le Conseil constitutionnel ?
Q7- Quel rôle pensez-vous que la société
civile mauritanienne peut jouer dans le cadre de la démocratisation, et
comment peut-elle jouer ce rôle ?
Q8- Quelle interprétation faites-vous de l'alinéa 4
de l'article 2 de la constitution qui désormais interdit les putschs et
« autres formes de changement anticonstitutionnels » au niveau du
pouvoir ?
Q9- Dans un rapport Armée - pouvoir politique - et civil,
quelle place pensez-vous que l'armée pourrait occuper dans une
Mauritanie démocratique, cela malgré le pouvoir prétorien
qui a existé durant au moins vingt-cinq années ?
Bibliographie
Ouvrages :
- BOYE A. H., J'étais à Oualata, le racisme
d'État en Mauritanie, l'Harmattan, 1999.
- DEL BAYLE J-L. L., Initiation aux méthodes des
sciences sociales, Classiques des Sciences Sociales, 2000.
- HUNTINGTON S., Troisième Vague, Les
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siècle, Nouveaux Horizons, 1991.
- KAMARA C. S., Afrique : Esperance, Harmattan
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- LINZ J.J. et STEPAN A. Problems of Democratic transition
and consolidation: Southern Europe, South America and Post-communist
Europe, J.H.U Press, 1996.
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- O'DONNELL G., et SCHMITTER P.,Transition from
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- OULD MEYMOUN M. L., La Mauritanie entre le pouvoir civil
et le pouvoir militaire, l'Harmattan, 2007.
- OULD MOHAMED LEMINE M. S., Mauritanie : l'Esperance
déçue, 2006-2008 : une démocratie sans lendemain,
l'Harmattan, 2012.
- PINTO R et GRAWITZ M., Méthodes des sciences
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- QUIVY R., et VAN CAMPENHOUDT L. Manuel de recherche en
sciences sociales, DUNOD, Paris, 2ème Edition, 1995.
- WEBER M., Le Savant et le politique, Classiques des
sciences sociales, Ed. Numérique PDF, 1919.
Articles :
- ANTIL A., « La Mauritanie après le putsch de
2005 », Politique étrangère, 2005/4
(Hiver).
- ANTIL A. et LESOURD C., « Non, mon
Président ! Oui, mon général ! Retour sur
l'expérience et la chute du président Sidi Ould Cheikh
Abdellahi », l'Année du Maghreb [En Ligne]. V 2009, mis
en ligne le 01 novembre 2012.
- BADUEL, P. R, « Mauritanie 1945-1990 ou
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concept d'élites. Approches Historiographiques et Méthodologiques
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et identitaires du retour des réfugiés en Mauritanie, Vers une
difficile réconciliation nationale ? », Politique
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Date inconnue.
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- OULD CHEIKH A. W., « Des voix dans le
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militaires et le pouvoir en Mauritanie », www.eclairages.mr,
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2013.
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l'État de droit en Mauritanie : enjeux, stratégies,
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- « La révision constitutionnelle du 20
Mars 2012 en Mauritanie », L'Année du Maghreb, n°10,
2014.
- OULD HAMADY O. O., « L'évolution des
institutions politiques mauritaniennes : Bilan et perspectives au
lendemain de la réforme constitutionnelle du 25 juin
2006 », Heidelberg Journal of International Law, 2006.
- OULD AHMED SALEM Z., « La
démocratisation en Mauritanie, une
« ilusio »postcoloniale ? », Politique
Africaine, Karthala, 1999/3 N° 75, pp.131-146.
- TAINE-CHEIKH C., « Les langues comme enjeux
identitaires », Politique Africaine, N° 55, 1994,
pp.57-65.
Textes et documents officiels :
-La Constitution Mauritanienne du 20 Juillet 1991,
amendée en 2006 et 2012.
- La constitution Malienne de Février 1992.
- La loi 048-2007 portant criminalisation de l'esclavage.
- La loi 1961-12 portant code de la nationalité
mauritanienne.
- La loi 2000-043 relative au régime juridique
particulier des associations de développement.
- La loi 2007-054 relative à la transparence
financière de la vie publique.
- La loi 2010-023 modifiant la loi 1961-12 portant code de la
nationalité mauritanienne.
- La loi 2010-031 portant création de la CNDH.
- La loi 64-098 relative aux associations.
- La loi 93-023 portant amnistie aux membres des forces
armées et de sécurités.
- La loi constitutionnelle 2012-015 portant amendement
à la constitution.
- La loi organique 2012-027 portant création de la
CENI.
- Ordonnance 023-91 sur la liberté de la presse.
- Ordonnance 024-91, modifiée par la loi 014-94, la loi
030-2001 relative aux partis politiques
- Ordonnance 2005-012 portant création de la CENI
à titre transitoire.
- Ordonnance 2006-015 portant créations de la CNDH.
- Ordonnance 2007-013 relatives associations civiles
professionnelles.
Dictionnaires :
- Encyclopédie de Science politique, BADIE B., 2014.
- Lexique des termes juridiques, 22ème édition,
Dalloz, 2014-2015
Glossaire
Abd : Esclave en arabe
Bambaras : Communié
culturelle au Mali, Mauritanie et au Sénégal
Beïdane : Maure,
communauté culturelle sur l'étendue du Sahara
Blandos : Doux
(littéralement)
Duros : Dur
(littéralement)
El hor : Le libre
Fatwa : Avis
Halpoulareen : Ceux qui
s'expriment en Poular, communauté culturelle sur l'étendue
de l'Afrique de l'ouest
Harratine : Pluriel de
hartani
Hartani : l'affranchi
Hassanophones : Ceux qui
s'expriment en hassanya
Hassanya : Langue
d'expression des beïdanes
Jaam : esclave en wolof
Kome : esclave en
soninké
Maccudo : esclave en
Poular
Oulémas :
érudits islamique
Oulof /Wolof :
Communauté culturelle en Gambie, Mauritanie et au
Sénégal
Pair-competitor : Protagoniste /
adversaire
Poker face : Poker
menteur
Polity : La communauté
politique
Quaadis : Juge islamique
Rahil : Quitte
Raïs :
Président
Remake :
Répétition
Sarakolé / Soninké :
Communauté culturelle presque sur l'étendue
de l'Afrique de l'Ouest
Tables des matières
Introduction
1
Première Partie : Les acteurs
de la politique mauritanienne : Un dialogue inaudible
13
Chapitre I : Profil des acteurs de la
scène politique mauritanienne
14
Section I : Mauritanie, la caserne des
militaires : entre hard-liners et soft-liners
14
Paragraphe I : Ely le blandos
14
Paragraphe II : Aziz le duros
16
Section II : Des oppositions qui
s'opposent
18
Paragraphe I : Opposition anti
régime : Les fausses alliances
18
Paragraphe II : Opposition anti
système : les acteurs en solo
21
Chapitre II : Le général (E/R),
l'opposition hétéroclite et le régime
24
Section I : Les accords de Dakar
oubliés et les « radicaux » à la marge
24
Paragraphe I : Les opposants : les coups
manqués de l'alternance
24
Paragraphe II : Les lignes dures de
l'opposition et le poker face du raïs
29
Section II : Une démocratie qui se
consolide ou un autoritarisme libéral
31
Paragraphe I : Le risque d'un remake
de l'ère Taya
31
Paragraphe II : Des problèmes de la
consolidation
36
Deuxième partie : De timides
amendements pour de sérieux problèmes
39
Chapitre I : Amendements et lois face aux
tares sociales: les obstacles à la démocratisation
40
Section I : Les problèmes sociaux
premiers: quelle solution normative ?
40
Paragraphe I : Génocide ou passif
humanitaire : victimes versus bourreaux
40
Paragraphe II : L'esclavage et les lois :
abolitionniste versus féodaux
45
Section II : Le problème de
cohabitation
48
Paragraphe I : La question de la
citoyenneté : le délit de fasciés
48
Paragraphe II : Cohésion sociale ou
unité nationale
51
Chapitre II : Amendements et renforcements:
les autres institutions sociales
54
Section I : La société civile,
l'armée et le pouvoir
54
Paragraphe I : Un alinéa pour trois
décennies de putsch
54
Paragraphe II : Une société
civile à encourager
57
Section II : Des institutions à
renforcer
59
Paragraphe I : Des institutions
consultatives
59
Paragraphe II : Des autres institutions :
le conseil constitutionnel et la CENI
62
Conclusion générale
65
Annexe
67
Annexe n°4
81
Glossaire
97
* 1 Ainsi intitulé par
H. Guillaume et P. Bonte qui s'interrogeaient sur le brusque retournement d'un
régime militaire et autoritaire vers la démocratie, ce
malgré les nombreuses variables sociales, ethniques, économiques
et internationales dont le pays fait face. In BONTE P et GUILLAUME H,
Mauritanie: questions pour l'avenir, Politique africaine, N°55,
Octobre 1994, Karthala. pp. 2-10.
* 2 Cette expression
démontre l'ironie dans les processus démocratiques en Mauritanie
qui sont interrompues et initiés à la fois par des coups
d'États militaires. La dernière en date, Aout 2008, était
un coup qui venait de déposer un gouvernement démocratique qui a
à peine fait 1 an. In CIAVOLELLA R. et FRESIAM., «
Entre démocratisation et coups d'État. Hégémonie et
subalternité en Mauritanie », Politique Africaine,
2009/2 (N° 114), p. 5-23.
http://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2009-2-page-5.htm
* 3 Tout au long de notre
introduction, notre démarche méthodologique est essentiellement
inspirée de la démarche proposée dans l'ouvrage
méthodologique de QUIVY R. et VAN CAMPENHOUDT L. Manuel de recherche
en sciences sociales, DUNOD, Paris, 2ème Edition,
1995.
* 45 Il s'agit des
généraux au niveau de l'état-major de l'armée, de
la gendarmerie, de la garde nationale et de l'état-major du BASEP
(Bataillon de la Sécurité Présidentielle), dont Aziz
était à ce poste. Voir ANTIL A. et LESOURD C.,
« Non, mon Président ! Oui, mon
général ! Retour sur l'expérience et la chute du
président Sidi Ould Cheikh Abdellahi », l'Année du
Maghreb [En Ligne]. V 2009, mis en ligne le 01 novembre 2012. URL
https://anneemaghreb.revues.org/620
* 6Ibid.
* 7 Il s'agit de l'Union
Africaine, l'Union Européenne, les Nations Unies, l'Organisation
International de la Francophonie, La Ligue des États Arabes et
L'organisation de la Conférence Islamique, in OULD BOUBOUTT A.
S., « La révision constitutionnelle du 20 Mars 2012 en
Mauritanie », L'Année du Maghreb, n°10, 2014, pp.
297-314. PDF
https://anneemaghreb.revues.org/2176?file=1
* 8 Ainsi nommés dans
le titre de l'Accord cadre de Dakar du 05 Juin 2009, Il s'agit du camp
soudé autour de Aziz après sa démission et future UPR, du
FNDD et du RFD.
* 9 Contenu du paragraphe 4
de l'Accord Cadre de Dakar entre les trois grands pôles politiques
mauritaniens, p.4 2009. Voir Annexe.
* 10 Il s'agit de La C.A.P
est une coalition de partis politiques formée par l'ancien
Président de l'Assemblée nationale Messaoud Ould Boulkheir,
leader de l'APP, il y avait El Wiam, Sawab et Hamam
* 11 L'accord politique de
2011 entre la CAP et le parti au pouvoir, l'UPR, contenaient des amendements
à la constitution, d'où la révision constitutionnelle de
2012 et des amendements à certaines lois telles la loi sur les partis
politiques, l'accès des femmes aux mandats électifs, la
prohibition des candidatures indépendantes hors présidentielles,
l'élargissement de la représentation au niveau de
l'assemblée nationale...
* 12 Il s'agit du COD,
formation qui succéda au FNDD en intégrant en son sein un autre
parti politique au lendemain des élections de Juillet 2009.
* 13 PINTO R et GRAWITZ M.,
Méthodes des sciences sociales, Dalloz, 4ème
Edition, 1971. p. 288
* 14 DEL BAYLE J-L. L.,
Initiation aux méthodes des sciences sociales, Classiques des
Sciences Sociales, 2000, p. 167. Version numérique PDF
http://classiques.uqac.ca/
* 15 Définition
donnée par O'DONNELL et SCHMITTER in O'DONNELL G. et SCHMITTER
P. Transition from authoritarian rule, tentative conclusions about
uncertain democraties, The John Hopkins University Press, 1986, p. 6.
C'est nous qui traduisons et reformulons.
* 16Ces notions de
« seconde transition » et de
« consolidation » ont été
développées par O'donnell. In O'DONNELL G.,
« Delegative democracy? »,Pre-published as
Kellogg Institute working paper #192, April 1993, Edition PDF du Kellogg
Institute
* 17Le terme incertitude
« incertainty » repose sur l'issue du processus à un type de
régime qui peut être encore autoritaire, démocratique, ou
quelque chose d'autre, suivant la stratégie des acteurs et le
résultat que celles-ci donneraient. Il est développé par
O'DONNELL G., et SCHMITTER P Op.Cit
* 18 A part Lipset, d'autres
auteurs se rangeront aussi dans cet ordre de pensée tels que Moore dans
son étude sur l'histoire socio-économique de plusieurs pays a
démontré le type de régime qui résulterait de
chaque processus, ce qui lui permettait de dire « sans bourgeoisie,
pas de démocratie ». Dans cette idée des
pré-conditions structurelles, telles l'industrialisation,
l'éducation, le niveau de P.I.B..., ils concluent par cet axiome que
« la plupart des pays riches sont démocratiques et presque
toutes les démocraties sont des pays riches ».
* 19 Citation en page 75,
Traduit par nous, LIPSET S.M, « Some Social Requisites
ofDemocracy: Economic Development and Political Legitimacy», American
Political Science Review, 53, pp 69-105. doi:10.2307/1951731. In Julian
Wucherpfennig, Modernization and Democracy: Theories and Evidence Revisited,
ETH Zurich, Center for Comparative and International Studies
* 20 Hard-liners et
Soft-liners désignent le comportement des acteurs à être
prêt à maintenir le régime autoritaire ou à soutenir
un changement de régime. O'DONNELL G. and SCHMITTER P. C., p15
Op.cit.
* 21 Définition
donnée, voir Supra note 14.
* 22 La révision
constitutionnelle ou amendement constitutionnel s'entend des modifications
apportées à la constitution par le titulaire du pouvoir
constituant dérivé, tel en Mauritanie, le parlement
bicaméral réuni en congrès en session extraordinaire selon
les dispositions constitutionnelles du texte fondamental du 20 Juillet 1991.
Voir aussi Lexique des termes juridiques, 22ème
édition, 2014-2015, Dalloz.
* 23 LEFERME-FARGUIERES F.
et VAN RENTERGHEM V., « Le concept d'élites. Approches
Historiographiques et Méthodologiques »,
Hypothèses 2001/1 (4), p. 55-67. Version PDF sur Cairn.info
http://www.cairn.info/revue-hypotheses-2001-1-page-55.htm
pp.3-4
* 24 Ici Mosca raffine sa
définition en définissant la «?classe politique?» avec
un double aspect «?théorique?» et pratique?» à
savoir, primo, que «?le pouvoir est détenu et exercé,
toujours et partout, par une minorité dominant une
majorité?» et, secundo, «qu'au sein d'une même
société plusieurs minorités peuvent partager le
pouvoir?», cela se fonde sur ce qu'il appelle la «?formule
politique?» qui rend légitime cette domination, ». D'ailleurs
l'auteur Alberto Puppo explique cette différence de vocabulaire en
citant Albertoni, un autre auteur qui laisse savoir que quand Mosca parle de
classe politique, c'est la classe politique Sicilienne, la mafia, alors que la
classe dirigeante désignerait celle de l'État Italien. Alberto
Puppo compare cette explication avec des écrits de Mosca lorsqu'il
était Sénateur, qu'il existait deux niveaux au sein de la
minorité dirigeante, à savoir la classe politique avec quelques
douzaines d'hommes et la classe dirigeante, beaucoup plus nombreux, qui
constituait l'appareil politico-administratif. PUPPO A.,
« Gaetano Mosca et la théorie de la classe politique. Une
pensé antidémocratique au service de la liberté
», Revue Française d'Histoire des Idées Politiques
2005/2 (n°22), p. 17-31 DOI 10.3917/rfhip.022.001. Version PDF in
Cairn.info
http://www.cairn.info/revue-francaise-d-histoire-des-idees-politiques-2005-2-page-17.htm
p. 8.
* 25 GENIEYS W.,
Op.Cit. Version PDF p. 2
* 26 Définition de
pacte entre les acteurs donnée par O'DONELL G. et SCHMITTER P. C., p.35.
Op.cit. C'est nous qui traduisons.
* 27 Ici nous nous sommes
inspirés de la définition conceptuelle sur la désunion
à partir des élites, dit élite de type désuni et
plurielle, donnée par HIGLEY J. et BURTON M. G. In
« The Elite variable in democratic transitions and
breakdowns », American Sociological Review, Vol. 54, N. 1 (Feb,
1989), pp. 17-32. PDF in
http://www.jstor.org/stable/2095659.
C'est nous qui traduisons.
* 28 O'DONNELL G., Op.
Cit. C'est nous qui traduisons.
* 29 Terme et
abréviation de Delegative Democracies (DD's) utilisé par
O'DONNELL G. Op.cit.
* 30Les sept attributs d'une
Polyarchy, d'après DAHL sont l'élection des officiels, des
élections libres et équitables, un suffrage inclusif, le droit de
se présenter aux élections, la liberté d'expression,
l'existence d'une information alternative et l'autonomie associative.
In O'DONNELL G., Illusions about consolidation, Journal of
Democracy, Accessed by University of California, San Diego, 7.2 (1996) 34-51.
PDF
http://muse.jhu.edu/journals/journal_of_democracy/v007/7.2odonnell.html
* 31 C'est nous qui
traduisons et reformulons la définition de Delegative Democracies (DD)
donnée par O'DONNELL G., in Op.cit.
* 32 Pour l'ensemble des
questions dont TAYA et le CMJD ont légué aux nouveaux
élus, voir ANTIL A. « La Mauritanie après le putsch de
2005 », Politique étrangère, 2005/4
(Hiver),
p. 809-819. DOI 10.3917/pe.054.0809 in Cairn.info
* 33 Interview
accordé par Ely lors de son passage à Paris au média en
ligne Kassataya
http://www.kassataya.com/mauritanie/6158-ely-ould-mohamed-vall-a-kassataya-il-faut-arreter-de-jouer-sur-les-malheurs-des-mauritaniens
* 34 Pour le rôle des
militaires lors de la période transitoire et des élections, Voir
BEN SAAD A., « Mauritanie : Une transition
démocratique sans alternance », L'année du Maghreb
[En ligne] , IV 2008, mise en ligne le 1er Octobre 2008 URL :
http://anneemaghreb.revues.org/458
* 35 Sa dernière
nomination à un poste politique gouvernemental remonte en
décembre 1985 et certaines responsabilités de chargé de
mission avec le pouvoir de Taya. Voir MARCHESIN P., Tribus, ethnies et
pouvoir en Mauritanie, Karthala, 1ère Edition,
1992, p.180.
*
36« Deuxième acte », Jeune
Afrique, Mai 2008 sur
http://www.jeuneafrique.com/70268/politique/deuxi-me-acte/
* 37Ibid.
* 38 Sidi explique les
raisons du limogeage des généraux par le fait qu'ils avaient un
projet de le destituer par la voie de ministres qui sont proche des
généraux. Voir l'article exclusif du Calame sur
http://www.turess.com/fr/africanmanagerfr/120103
* 39 Interview à Aziz
par le quotidien Français Libération, in ANTIL A. et
LESOURD C., Op.cit.
* 40 Déjà
avant la proclamation des résultats définitifs des
présidentielles de 2007, l'UFP faisait cette demande d'un gouvernement
d'union nationale
http://www.avomm.com/L-UFP-reclame-un-gouvernement-d-union-nationale-en-Mauritanie_a2199.html
* 41 L'UFD était la
principale coalition de partis politiques face à Taya lors des
présidentielles de 1991. Elle fera scission au lendemain de leurs
défaites aux élections marquées par plusieurs
irrégularités. Pour la scission de l'UFD en plusieurs
groupuscules partis, Voir MARTY M., « Mauritania : political
parties, neopatrimonialisme and democracy », ECPR workshop on
parties, party system and democratic consolidation, Avril 2011.
http://ecpr.eu/Filestore/PaperProposal/00557fd6-9166-4a93-a02d-4a4cf050ee40.pdf
* 42 Ibrahima Sarr fait
allusion ici aux manifestations de touche pas à ma nationalité en
2012, il y'eut mort d'homme à Maghama dans une région du Sud de
la Mauritanie et des activistes et étudiants torturé
sévèrement pour avoir manifesté contre
l'enrôlement.
* 43 Source
conférence de presse de l'AJD/MR du 08 Septembre 2015
* 44Voir Infra note
111.
* 45 Ces deux partis
existent de fait, mais leurs demandes de se constituer en parti politique a
été refusé par les autorités administratives
publiques
* 46 Beïdane veut dire
la communauté des Maures ou
« Arabo-berbères ».
* 47 HIGLEY J. et BURTON M.
Op.cit.
* 48 HUNTINGTON S. P.,
Troisième vague, les démocratisations de la fin du
XXème siècle, Nouveaux Horizons, 1991, p.40.
* 49 HIGLEY J. et BURTON M.
Op.cit. p.249
* 50Le Stateness problem
Voir LINZ J.J. Et STEPAN A. Op.Cit.
* 51 En effet pendant deux
jours les institutions politiques du pays étaient vaquées et
l'anarchie totale régnait au sein de l'armée, Voir OULD MEYMOUN
M. L., La Mauritanie entre le pouvoir civil et le pouvoir militaire,
l'Harmattan, 2007, p.140
* 52Accords cadres de Dakar
entre les grands pôles politiques mauritaniennes signés par le
RFD, le FNDD et l'UPR, p.4/6, Annexe.
* 53 Les différentes
réactions des organisations internationales et d'autres pays partenaire
de la Mauritanie
http://www1.rfi.fr/actufr/articles/104/article_69671.asp
* 54 L'accord portait sur la
révision de la constitution du 20 Juillet 1991 modifiée par
referendum en 2006, la loi relative aux partis politiques (le financement
public des partis), de l'accès des femmes aux mandats électoraux
par une liste de 20%, de l'interdiction des candidatures indépendantes
et du nomadisme politique et de l'élargissement du nombre de
sièges de la chambre basse de 95 députés à 146.
* 55Pour les questions qui
figuraient dans la loi organique d'amendement à la constitution de Mars
2012, Voir Annexe Loi constitutionnelle 2012-015.
* 56 Déjà la
COD disait par la voix de son porte-parole ne pas participer aux
législatives à venir tant qu'ils n'ont pas de garanties communes.
http://cridem.org/C_Info.php?article=625624
* 57 Lors des
législatives, l'opposition du COD les boycotte sauf Tawassoul de Jemil
Mansour qui se désolidarise de la coalition en participant et en
argumentant que « c'est un moyen de lutter contre la dictature de
Aziz », la CAP participera aussi et l'AJD.MR.
* 58 Le teste de rotation
dans les démocratisations exposées par HUNTINGTON S.,
Troisième Vague, Les démocratisations de la fin du
XXème siècle, Nouveaux Horizons, 1991, p.265.
* 59 Sauf APP de Messaoud
membre de la CAP. Supra note 50
* 60 Les
présidentielles seront boycotté par tous les opposants
historiques en la personne de Ahmed Daddah, Messaoud et Ould Maouloud, les
seuls figures de l'opposition qui y prendront part sont Ibrahima Moctar Sarr et
Biram Dah Abeid, indépendant, car son parti n'est pas reconnu
légal.
* 61 Communiqué de la
CENI du 22 Juin 2014 sur les résultats
http://www.ami.mr/fr/index.php?page=Depeche&id_depeche=27435
* 62 Seul 360 participants
avec respectivement 60 participants par parti politique ont pris part à
ces rencontres, la société civile et les autres partis n'y ont
pas pris part
* 63Pour les
irrégularités lors des élections de l'ère Taya,
Voir OULD CHEIKH A. W. « Des voix dans le désert. Sur les
élections de « l'ère pluraliste »
», Politique Africaine, N° 55, Octobre 1994
* 64 L'irruption des
militaires durant l'opération de campagne et l'encouragement des
candidatures indépendantes et rassurantes étaient compromettantes
à une vraie alternance du règne des militaires. Voir le
rôle des militaires durant le contexte transitoire et électoral
avec BEN SAAD A., Op.cit., paragraphe 11 à 15.
* 65 Voir la loi du 18
Septembre 2007 relative à la transparence de la vie financière
publique
http://www.pogar.org/publications/ac/2012/legal%20compendium/Mauritania_Law%20on%20Financial%20Transparency%20in%20Public%20Life_54_2007_FR.pdf
* 66 L'article 10 de la
constitution du 20/07/1991, l'ordonnance 024-91 sur les partis politiques,
modifié en 2001 et 2012, et ordonnance 023-91 sur la liberté de
la presse, faisaient tous partie du corpus juridique du pays depuis 1991.
* 67 Parmi les deux journaux
écrits francophone qui existaient, La Tribune et le Calame, ce dernier
se targue d'être le journal le plus censuré.
* 68 Sur la
répression de cette marche voir
http://www.kassataya.com/vous/13450-mauritanie-la-longue-marche-des-rapatries-du-senegal-de-boghe-a-nouakchott
* 69 En fait l'article 12 de
l'ordonnance précité sur les partis politiques stipule en
substance que le ministère de l'intérieur ne peut garder le
dossier que pour un délai n'excédant pas deux mois. Alors dans ce
cas le dossier a été gardé durant huit mois avant que la
réponse négative à la reconnaissance légale du
parti ne tombe.
* 70 Les amendements
ré-amendé sur l'article 18 de la loi sur les partis politiques ne
concernaient que le financement des partis introduit en 2001
* 71 En fait la HAPA fit un
communiqué qui mettait en garde les journalistes à revoir leur
contenu
http://cridem.org/C_Info.php?article=674375
* 72 Dans un plateau
télé au palais, le président demande à un
journaliste désireux de prendre la parole, de se taire, face à
l'entêtement de ce dernier, il rompt sine die le directe, Voir
cette vidéo qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux
https://www.facebook.com/mauritanie.insolite/videos/977319955611874/
* 73 Lors d'une rencontre
avec la jeunesse en Mars 2014, Aziz expliqua en substance que l'État est
trop décentralisé et qu'il faut plus de concentration du
pouvoir.
* 74 Le rapport accablant
sur la justice que le bâtonnier de l'ordre des avocats, Me Ould
Bouhoubeiny, avait établi en listant un ensemble de violation des
dispositions législatives au niveau du pouvoir judiciaire
http://fr.alakhbar.info/4006-0-Le-chao-institutionnel-de-la-Mauritanie.html. Ou
les grâces présidentielles inattendues et floues sur des faits
illicites
http://fr.alakhbar.info/6158-0-Mauritanie---Drogue-les-reseaux-et-le-pouvoir-de-Aziz.html
* 75 Un baiser à la
main du président
http://midad.info/2015/06/%D8%B4%D8%A7%D8%A8-%D9%85%D9%88%D8%B1%D9%8A%D8%AA%D8%A7%D9%86%D9%8A-%D9%8A%D9%82%D8%A8%D9%84-%D9%8A%D8%AF-%D8%A7%D9%84%D8%B1%D8%A6%D9%8A%D8%B3-%D8%B5%D9%88%D8%B1%D8%A9
* 76 La demande despotique
s'explique, d'une part, par la passivité d'une majorité non
négligeable du peuple mauritanien à toujours être
prêt à applaudir et soutenir les régimes autoritaires qui
se sont succédés au pouvoir, et d'autre part par le fait que
cette demande despotique est sous-jacent à un système de valeurs
islamique qui encourage cette attitude. Voir OULD CHEIKH A. W., «La
demande despotique», Academia, 1993.
https://www.academia.edu/6157212/La_demande_despotique
* 77 Rapport confidentiel
publié par le site en ligne Alakhbar sur la mission de l'UPR au Hodh
El Gharbi, Voir
http://www.fr.alakhbar.info/files/upr-rapport-hodh-chargui.pdf
* 78 O'DONNELL G. et
SCHMITTER P., Op.cit.
* 79 HUNTINGTON. S. P.,
Op.cit. In Préface.
* 80 Le concept
« d'ilusio » emprunté par l'auteur à Bourdieu
veut expliquer ici que la démocratie n'est pas effective ni
réelle, mais attire tout le monde et qu'on en parle et pousse
l'essentiel de la population à faire semblant d'être dedans sans
pour autant que cela existe réellement. L'étude s'appuie sur une
théorie autre que celle de la transitologie. Cependant, l'étude
constitue une des réalités de la démocratie à la
mauritanienne. In OULD AHMED SALEM Z., « La
démocratisation en Mauritanie, une
« ilusio »postcoloniale ? », Politique
Africaine, Karthala, 1999/3 N° 75, pp.131-146
* 81 LINZ J. J. et STEPAN A.
Op.cit., p.5
* 82Ibid. p. 6
* 83 LINZ J. J. et STEPAN A.
Op.cit. Pour d'amples développements sur le stateness
problem Voir Infra.
* 84Ibid., p.16
* 85Pour le tableau
descriptif. D'interrelation entre l'État, la nation et les
conséquences par rapport à la démocratisation, LINZ J. J.
et STEPAN A, Op.Cit., p.36. C'est nous qui traduisons. Tableau en
Annexe.
* 86 Les termes
« complexe géopolitique » appartiennent à Ali
Ben Saad et « trait d'union » à Philippe Marchesin,
l'utilisation de ces adjectifs signifient que la Mauritanie dans sa position
géographie et humaine est un carrefour entre le monde arabe ou le
Maghreb et l'Afrique noire, ce qui fait d'elle une spécificité
géopolitique et culturelle. Voir BEN SAAD A.,
« Mauritanie, territoire de larges et de liens »,
Dossier Mauritanie : le devenir d'un État charnière,
Maghreb-Machrek, n°189, Automne 2006. p.8 et MARCHESIN P.
Op.cit.
* 87 Pour les circonstances
concomitantes qui ont emmené à ce premier révolte des
« noirs » contre la gouvernance des Arabes
(beïdanes/maures), Voir BADUEL, P. R, « Mauritanie 1945-1990
ou l'État face à la nation », RE.M.M.M. 54,
1989/4, p26-27
* 88 Ceci se lit dans le
manifeste dit des 19 que les maures ont établi un mythe disant qu'ils
font 80% de la population et que les négro-africains ne constituent que
le reste. Donc pour toutes fonctions politiques ou administratives, les
négro-africains représenteront le quart de l'effectif
* 89 S'agissant de
l'histoire de ce putsch manqué des négro-africains et des
conditions de détention des prisonniers ainsi que de ceux des FLAM, Voir
BOYE A. H., J'étais à Oualata, le racisme d'État en
Mauritanie, l'Harmattan, 1999.
* 90 MARCHESIN P.,
Op.cit. p213.
* 91 Pour avoir une
idée plus détaillé de cette période sanglante du
régime de Taya et des solutions à adopter, voir FONADH,
Stratégie de règlement du passif humanitaire : Vers la mise
en oeuvre d'une justice transitionnelle en Mauritanie, PDF sur
http://www.archive.for-mauritania.org/fr/files/fonadh.pdf
* 92 Lors de son
émission à la TVM affirme les deux axes de son programme dont
l'un était l'édification d'un État de droit et la
consolidation de l'unité nationale par le retour des
réfugiés. Ould MEYMOUN M. L. Op.cit. p.172
* 93 Voir Ould MOHAMED
LEMINE M. S., Mauritanie : l'Esperance déçue, 2006-2008: une
démocratie sans lendemain, l'Harmattan, 2012 pp.161-169
* 94 FRESIA M.,
« les enjeux politiques du retour et identitaires du retour des
réfugiés en Mauritanie, Vers une difficile réconciliation
nationale ? », Politique Africaine, 2009/2, N° 114,
p.12.
* 95Ibid. p.11
* 96 Contenu du discours du
discours de Aziz lors de se visite en Mars 2012 à Rosso
http://www.ami.mr/fr/index.php?page=Depeche&id_depeche=17123
* 97 Source entretien
* 98 Tel s'énonce en
substance l'article 1er de la loi
* 99 Pour plus de
détails sur la situation des Halpoulareen d'origine esclave, Voir
LESERVOISIER O. « Les héritages de l'esclavage dans la
société Halpulaar de Mauritanie », Journal des
Africanistes, 78-1/2, 2009.
http://africanistes.revues.org/2685
* 100 En ce qui s'agit de
l'enjeu des groupes d'origines esclaves chez les Halpoulareen fau voir
l'article de LESERVOISER O. Démocratisation et renégociations
sociales, les enjeux de la participation des groupes d'origine servile en
Mauritanie, Politique Africaine 2009/2 n°114, Karthala, 2009 pp.24-43
http://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2009-2-page-24.htm
* 101 MARCHESIN, P.
Op.cit. p.384
* 102 Toutes les autres
composantes du pays ont des « ramifications dans les autres
pays : On trouve des Halpoulareen au Mali et au Sénégal, des
maures au Sahara, au Mali et au Sénégal, des Soninkés au
Mali et au Sénégal, et des Wolofs au Sénégal. Voir
OULD BEIBACAR O., Le Calame, N° 991 du 26 Aout 2015, p.5.
* 103 OULD BEIBACAR O.
Ibid.
* 104 LO GOURMO A.,
« la question de l'esclavage en Mauritanie »,
Cahiers de sociologie économique et culturelle, Revue Internationale
n°31, Juin 1999, pp.9-13
* 105 Marchesin signale ici
qu'il y eut d'abord un décret de 1905 qui l'abolissait, puis la
constitution de 1961 déclarait que tous les citoyens sont égaux
en droit et enfin l'ordonnance d'abolition de 1981, Voir MARCHESIN, P.
Op.cit. pp.390-391. En plus de la loi de 2007, des amendements de 2012
et la loi de 20015
* 106 Voir l'article de
Jeune Afrique sur le problème de l'enrôlement, la colère
Noire
http://www.jeuneafrique.com/189318/politique/mauritanie-la-col-re-noire/
* 107 Source Entretien
* 108 Voir les articles 2
à 7 et l'article 13. Les autres articles de la loi sont plus
technico-politique, In Annexe La loi 2012-015 du 20 Mars 2012.
* 109 Toucouleur a pour
Poular, Sarakolé pour Soninké, ouolof pour wolof, Hassanya pour
Arabe. Les terminologies ont officiellement changé dans le temps,
cependant les mêmes communautés humaines dont se
réfère ces terminologies linguistiques restent les
mêmes.
* 110 Le palais des
congrès, désormais Centre International des Conférence est
le lieu par excellence où sont tenues la plupart des manifestations
nationales et/ou internationales.
* 111 Voir l'article 2 de
la constitution du 20 Juillet 1991, modifiée en 2006 et en 2012.
* 112 Le GGSR est une
compagnie paramilitaire chargée de la sécurité
routière.
* 113 Sur les questions de
l'armée mauritanienne et des réformes nécessaires, Voir
N'DIAYE B., Chapitre 7, La Mauritanie, PDF sur DCAF
http://www.dcaf.ch/Chapter-Section/Ch.7-Mauritania,
Date inconnue.
* 114 LINZ J. J., et STEPAN
A., Op.cit., p.7
* 115 KAMARA C. S.,
Afrique : Esperance, Harmattan Mauritanie, 2011, p.67.
* 116 Le débat sur
le projet de loi relative aux associations, Voir sur RFI
http://www.rfi.fr/afrique/20150812-mauritanie-concertation-projet-loi-controverse-associations
* 117 Le FNDU est une
coalition crée au lendemain des élections législatives de
2014. Elle regroupe 4 pôles, dont celui des syndicats, de la
société civile, des personnes indépendantes et des partis
politiques à l'exemple de l'UFP, le RFD, Tawassoul... C'est une autre
transformation du COD qui était le FNDD.
* 118 L'affaire Ould
Mkhaitir s'agit d'un jeune de la classe sociale des forgerons qui avait
écrit un article intitulé religion et religiosité
pour dénoncer les discriminations dont sont victimes les membres de sa
communauté, cela par des exemples tirés de l'histoire
prophétique. Il fut condamné par la vox populi, puis se
voir arrêter et condamner à mort. Voir l'article en question sur
http://www.chezvlane.com/2014/01/voici-enfin-la-traduction-du-texte-du.html
et l'affaire sur
http://www.amnesty.fr/Nos-campagnes/Abolition-de-la-peine-de-mort/Dossiers/apostasie-relance-la-peine-de-mort-en-Mauritanie-14959
* 119 Sur l'affaire de
l'avis du Conseil constitutionnel, Voir OULD BOUBOUT A. Op.cit.
Paragraphe 28.
* 120 Lo Gourmo, avocat et
membre dirigeant de l'UFP dénonçait l'avis du conseil
constitutionnel
http://odh-mauritanie.com/actualite-8256-lo-gourmo-le-conseil-constitutionnel-n-est-pas-habilete-a-proroger-le-mandat-des-deputes-et-des-senateurs.html
* 121 Selon le paragraphe
Ier des accords-cadres de Dakar entre les trois grands pôles
politiques mauritaniennes.
* 122 Article
1er et 2 de la loi 2012-027 sur la CENI, Voir la loi sur
http://www.cndh.mr/images/dossierfichierpdf/Loiorganique2012027CENI.pdf
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