A- La Formation des militaires camerounais dans les
écoles françaises.
Dès son indépendance, le Cameroun signa avec la
France des accords militaires de deux types. Les accords de défense, qui
visaient à la fois la défense intérieure et
extérieure, offrant la possibilité au Cameroun de faire appel aux
forces françaises pour assurer sa défense, et les accords
d'assistance militaire technique pour la mise sur pied de l'armée
camerounaise6. Les premiers sont restés secrets, mais les
accords du deuxième type sont relativement connus. Des accords ont ainsi
successivement été signés en novembre 1960, en
février 1974 et en mai 2009.
6 Dieudonné OYONO, Avec ou sans la
France?, L'harmattan, Paris, 1990, p.42
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Au terme de l'article 1er de l'accord du 13
novembre 1960, des officiers de nationalité française
étaient appelés à encadrer les forces armées
camerounaises ;
« A la demande de la République du Cameroun, la
République Française s'engage à apporter à la
République du Cameroun l'assistance des personnels militaires
français chargés de procéder à l'organisation
à l'encadrement et à l'instruction des forces armées
camerounaises. »
En outre, l'article 6 du même accord prévoyait la
formation des cadres de l'armée camerounaise dans les unités de
l'ancienne puissance de tutelle.
L'accord militaire du 21 février 1974
dispose en son article 3 que :
« Le gouvernement de la République Unie du
Cameroun peut s'adresser à la République française pour la
formation des cadres de ses forces Armées. La République
française lui apporte à cet égard son concours.
Les nationaux camerounais sont admis dans les grandes
écoles et établissements militaires français soit par
concours dans les mêmes conditions que les français, soit dans la
limite d'un contingent particulier portant aménagement de ces
conditions. Des nationaux camerounais désignés par leur
gouvernement, en accord avec le gouvernement français, peuvent
être admis comme stagiaires dans les écoles et
établissements français.
Le gouvernement de la République française prend
à sa charge les frais de transport et d'instruction des
élèves et stagiaires dans les grandes écoles et
établissements militaires français.
Le gouvernement de la République unie du Cameroun prend
à sa charge des dépenses de solde, soins médicaux et
sécurité sociale »
L'enseignement et la formation dispensés en France
portent sur plusieurs domaines: la formation initiale, les stages
d'application, les stages de spécialités et l'enseignement
militaire supérieur du premier et du second degré. La formation
de la majorité des personnels de l'armée de l'air et de la marine
nationale camerounaise a été effectuée de manière
continue dans les écoles françaises à savoir: L'Ecole
navale de Lanvéoc - Poulmic, l'Ecole du
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commissariat de la marine de Lanvéoc - Poulmic ; Ecole
du Commissariat de l'air - Salon de Provence, cours spécial de l'Ecole
de l'air de Salon de Provence.
En ce qui concerne l'Armée de terre, on peut citer : le
Cours supérieur du commissariat de l'Armée de terre, le
Collège Interarmées de Défense, l'Ecole militaire
Interarmes à Coëtquidan, l' Ecole spéciale Militaire de
saint Cyr.
La gendarmerie quant à elle est encadrée par :
l'Ecole des officiers de Gendarmerie Nationale de Melun. Ces formations ont
été continues de 1957 à 1967, puis interrompues de 1967
à 1991 suite à l'activation de l'Ecole Militaire
Interarmées (EMIA) du Cameroun. Elles ont repris forme depuis 1991.
Par ailleurs, l'accord signé le 21 mai 2009
entre la France et le Cameroun dispose à
l'article 4 (alinéas 1.b et e) définissant les
domaines et formes de coopération en matière de
défense, que :
« Dans le cadre du partenariat de défense, les
parties mettent en oeuvre
une coopération dans les domaines suivants :
b- organisation, équipement et entraînement des
forces, le cas échéant par
un soutien logistique et des exercices conjoints (...)
e- Formation des membres du personnel camerounais par leur
accueil ou
leur admission en qualité d'élève ou de
stagiaire dans les écoles de
formation militaires françaises ou soutenues par la France
(...) »
L'attention ici est retenue, non seulement par
l'équipement et la logistique, mais surtout par les écoles
militaires soutenues par la France. En effet, la coopération entre la
France et les pays africains en général et avec le Cameroun en
particulier revêt un nouveau visage dans le domaine de la formation. Il
s'agit des Ecoles Nationales à Vocation Régionale (ENVR) qui sont
partie intégrante de l'assistance militaire technique.
42
B. L'Assistance Militaire Technique
L'assistance militaire classique a changé de forme
aujourd'hui et prend davantage la forme de projets en partenariat, comprenant
chacun un certain nombre de programmes. Chaque projet fait l'objet d'une
convention entre la France et le Cameroun, définissant pour chaque
programme : l'objet, les conditions d'exécution, la composition des
comités de pilotage et la participation des deux parties. Quatre projets
sont actuellement en cours.
? L'APPUI A LA RESTRUCTURATION DES FORCES DE DEFENSE qui
comprend cinq programmes.
- la Gestion des Ressources Humaines (GRH) ;
- les Opérations de Maintien de la Paix (OMP) ;
- l'Etablissement Centralisé de Réparation et de
Reconstruction Automobile (ECRRA) ;
- le transit ;
- la médecine d'urgence.
? LE PROJET FORMATION Il contient quatre programmes :
- Valorisation du corps des officiers, le projet du Cours
Supérieur Interarmées de Défense,
constitue la mission essentielle de ce programme.
- Pôle Aéronautique National à Vocation
Régionale (PANVR) de Garoua ;
- formation à la Sécurité des vols ;
- formation à la Maintenance Aéronautique.
? LE PROJET ACTION DE L'ETAT A LA MER ; comprenant deux
programmes :
- Sécurité et Maintenance
Opérationnelle - Sauvegarde des Approches Maritimes
? LE PROJET APPUI A LA SECURITE INTERIEURE (ASI) qui comporte
trois
programmes
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- le Centre de Perfectionnement aux Techniques de Maintien de
l'Ordre (CPTMO), basé à Awae ;
- le Centre de Perfectionnement de police judiciaire ;
- Appui aux Structures de Commandement.
Les trois premiers projets sont suivis par le Chef de la
Mission de Coopération et de Défense, par ailleurs Attaché
de Défense auprès de l'Ambassade de France à
Yaoundé, tandis que le quatrième est placé sous la
responsabilité de l'Attaché de Sécurité
intérieure auprès de l'Ambassade de France au Cameroun.
Outre ces projets en partenariat qui ont un caractère
continu dans le temps, il existe d'autre formes de coopération qui sont
plutôt ponctuelles et s'effectuent généralement en fonction
des disponibilités de la partie Française et après
expression des besoins du Cameroun. Ce sont :
- les aides (matérielles) directes :
- les missions de courte durée pour la formation de
spécialistes par des experts français.
La formation en France métropolitaine de techniciens
camerounais laisse ainsi de plus en plus la place à la formule des
Ecoles Nationales à Vocation Régionale (ENVR). Le Cameroun
accueille le plus grand nombre d'assistants techniques français en
Afrique noire7. Ce qui ne l'empêche pas pour autant de
coopérer avec d'autres partenaires.
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