![](La-cooperation-militaire-camerounaise-enjeux-et-fonctionnement1.png)
UNIVERSITE DE YAOUNDE II
UNIVERSITY OF YAOUNDE II
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES FACULTY
OF LAWS AND POLITICAL SCIENCE
Ecole Doctorale Disciplinaire ; Science Politique,
Relations Internationales, Communication
Centre de Recherche et d'Etudes Politiques et
Stratégiques
MASTER EN STRATEGIE, DEFENSE, SECURITE ET GESTION DES
CONFLITS ET DES CATASTROPHES MASTER IN STRATEGY, DEFENSE, SECURITY,
CONFLICTS AND DESASTERS MANAGEMENT
LA COOPERATION MILITAIRE CAMEROUNAISE: ENJEUX ET
FONCTIONNEMENT
Stage effectué au Ministère de la Défense
Mémoire professionnel présenté et soutenu
publiquement en vu de l'obtention d'un Master en Stratégie,
Défense, Sécurité, Gestion des Conflits et des
Catastrophes.
Par
NJIFON NJOYA HASSAN
Maîtrise en Science Politique
Sous la co supervision de:
Encadreur Académique Dr. Wullson MVOMO
ELA
Encadreur Professionnel Lcl Floribert NJAKO
Conseiller Diplomatique du Chef d'Etat-Major des Armées
Historien des Relations
Internationales Stratégiste Enseignant permanent IRIC Directeur
du séminaire de Géopolitique au CSID
2
SOMMAIRE
DEDICACE 2
REMERCIEMENTS 3
SIGLES ET ABREVIATIONS 5
LISTE DES TABLEAUX 7
RESUME EXECUTIF 8
ABSTRACT 9
INTRODUCTION GENERALE 11
PREMIERE PARTIE : DESCRIPTION DU STAGE
14
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DU CADRE DU STAGE
15
I- LE MINISTERE DE LA DEFENSE 15
II- L'ETAT MAJOR DES ARMEES 19
CHAPITRE 2 : DEROULEMENT DU STAGE
28
I À LE SEJOUR A L'ETAT-MAJOR DES ARMEES. 28
II- DECOUVERTES ET DIFFICULTES 31
DEUXIEME PARTIE : LA COOPERATION MILITAIRE
CAMEROUNAISE ET LES
ACCORDS DE COOPERATION 38
CHAPITRE 3 :LA COOPERATION MILITAIRE
CAMEROUNAISE 39
I- LA COOPERATION AVEC LA FRANCE 39
II- LES AUTRES PARTENAIRES 43
CHAPITRE 4 :LA GESTION DE LA COOPERATION
MILITAIRE 47
AU MINISTERE DE LA DEFENSE 47
I- LES LIMITES DANS LA PLANIFICATION STRATEGIQUE 47
II- LA NECESSAIRE REDYNAMISATION DE LA COOPERATION
MILITAIRE 50
CONCLUSION GENERALE 57
BIBLIOGRAPHIE 59
ANNEXES 60
TABLE DES MATIERES 61
DEDICACE
3
Dédicace à grand-mère Nguegni
Raïnatou, à Ibrahim, à Sherifa, et à
Abdel
4
REMERCIEMENTS
Nos remerciements iront tout d'abord au Dieu de
miséricorde qui nous accordé la grâce d'être en vie
et de poursuivre le chemin malgré les écueils.
Ensuite, sincères remerciements à toute notre
famille pour son soutien inconditionnel, à la famille TAMKO de
Yaoundé, sans oublier les amis et camarades de promotion sur qui nous
avons toujours su compter.
Des remerciements particuliers sont adressés :
- Au Professeur Joseph Vincent NTUDA EBODE,
Chef du Centre de Recherche et d'études politiques et
stratégiques (CREPS), qui nous a donné l'opportunité de
mener des études en stratégie
- A mes superviseurs : le Dr. Wullson MVOMO ELA
et le Lieutenant-colonel Floribert NJAKO, dont nous
avons bénéficié de l'encadrement nécessaire
à la réalisation de ce document.
- Au colonel ABBA YAGANA, dont la patience et
l'humilité malgré nos multiples erreurs nous ont
profondément édifié.
- Au capitaine de vaisseau DJORWE KOSKREO, et
au colonel Hyppolite EBAKA qui ont donné de leurs
personnes pour faciliter notre séjour à l'Etat- Major des
Armées.
- Aux colonels Richard YANOU, METOGO
et MENDJANA, qui malgré leurs occupations ont
sacrifié de leur temps pour répondre à nos
sollicitations.
- Au lieutenant-colonel Guillaume NDJOCK
BAPAH, pour sa très grande disponibilité à notre
égard.
5
- Au commandant Emmanuel ELA ELA, qui n'aura
pas hésité un seul instant à mettre sa documentation
personnelle à notre disposition.
- Au capitaine Eric CHINDA DJEDJEUNE, qui de
bout en bout nous a soutenu dans la relecture et le raffinement de notre
travail.
- Au capitaine Guy Robert KPWANG, dont la
simplicité et l'accueil ne nous auront pas laissé
indifférent.
- A monsieur Honoré MPEGNA, qui par sa
diligence n'aura ménagé aucun effort pour nous assurer un
séjour aussi fructueux que possible au sein du Ministère de la
Défense.
- A l'adjudant Elias Dieudonné ONANA,
qui a bien voulu partager avec nous, son expérience du terrain dans une
Opération de Maintien de la Paix.
- Au second maître Alain AYANG, au
sergent Lucien KOTTO, au caporal-chef ABDOU MAHAMA
et au Caporal Jimmy Brillant EBANGO EWONGO ; qui
tous
ont contribué à faire de notre séjour
à l'Etat- Major des Armées le meilleur qui soit.
- A tous ceux qui de près ou de loin ont
contribué à la réalisation de la présente oeuvre et
dont j'aurais malencontreusement oublié de faire mention.
6
SIGLES ET ABREVIATIONS
BA Base Aérienne
BBF Bureau du Budget et des Finances
BBR Bataillon Blindé de
Reconnaissance
BRI Brigade d'Intervention Rapide
BN Base Navale
BSA Bataillon Spécial Amphibie
BTAP Bataillon des Troupes
Aéroportées
CD Conseiller Diplomatique
CEEAC Communauté Economique des Etats
de l'Afrique Centrale.
Cell om Cellule organisation et
méthodes
CEMA Chef d'Etat Major des Armées
CEMAC Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale
CG Conseiller Gendarmerie
CJ Conseiller Juridique
COIA Centre Opérationnel Inter
Armées
COM Commandement des Opérations
Militaires
COMECIIA Commandement des Ecoles et centres
d'Instruction Interarmées
CRM Centre du Renseignement Militaire.
CSID Cours Supérieur Inter
Armées de Défense
DAAR Direction des Affaires Administratives
et Réglementaires
DBE Direction du Budget et des Equipements
DDMI Direction des Domaines Militaires et
Infrastructures
DE Division Emploi
DIAF Division Afrique
DIRCIA Direction du Commissariat
Interarmées.
DIRGEN-OIFP Direction du génie
militaire et des Organismes Interarmées de
Formation Professionnelle
DIRMATIA Direction des Matériels
Interarmées
DJM Division de la Logistique
Opérationnelle
DLO Division de la Logistique
Opérationnelle
DOL Division de l'Organisation Logistique.
7
DP Division Plans
DRH Direction des Ressources Humaines
DRM Division Reste du Monde
DSACA Direction des Sports, des
Activités Culturelles et Artistiques
DJM Direction de la Justice Militaire
DSM Direction de la Santé Militaire
DSO Direction de la Santé
Opérationnelle
DTEI Division « Transmission,
Electronique, Informatique »
EGRI Etudes Générales et
Relations Internationales
EMIA Ecole Militaire Interarmées
EMP Etat Major Particulier
ENVR Ecole Nationale à Vocation
Régionale
IRIC Institut des Relations, Internationales
du Cameroun
MAGE Major Général
MINDEF Ministre de la Défense
Mob Mobile (Unité)
RLAG Réserve Logistique des
Armées et de la Gendarmerie
RMIA Région Militaire Inter
Armées
SC Service Courrier
SCEGRI Sous-Chef Etudes
Générales et Relations Internationales
SCO Sous Chef Opérations
SCP Sous Chef Plans
SED/CG Secrétariat d'Etat à la
Défense chargé de la Gendarmerie Nationale.
SG Secrétariat
Général
SHA Service Historique des Armées
SMT Secteur Militaire Terrestre
SP Secrétariat Particulier
Ter Territoriale (unité)
URSS Union des Républiques Socialistes
Soviétiques
8
LISTE DES TABLEAUX
1.1. Organigramme Simplifié du Ministère de la
Défense
|
17
|
1.2. Organigramme de l'Etat-Major des Armées
|
21
|
1.3. Organigramme de la Sous-Chefferie Etudes
Générales et Relations
Internationales
|
..23
|
1.4. Organigramme de la sous chefferie d'Etat Major
Chargée des Plans
|
.26
|
4.1. Evolution d'une coopération militaire ponctuelle
à un coopération harmonisée........51
4.2. Proposition de fonctionnement d'une éventuelle
unité de Recherche et Développement
.................................................................................53
9
RESUME EXECUTIF
Au moment où le Cameroun célèbre le
cinquantenaire de l'indépendance et de la Réunification, une
évaluation de sa Défense nationale, outil par excellence de la
préservation de l'indépendance nationale et de
l'intégrité territoriale se fait nécessaire. Ce pays,
comme tout autre Etat entretient des relations de coopération avec le
monde extérieur y compris dans le domaine militaire. Toutefois, cette
coopération militaire qui porte essentiellement sur la formation des
hommes et l'acquisition des équipements, est caractérisée
par un déficit de formalisation. Le Cameroun, bien qu'entretenant des
relations étroites avec de nombreuses puissances
étrangères depuis un demi-siècle, n'a à ce jour
signé d'accords de coopération qu'avec la France. Pour les
relations avec les autres pays, les besoins sont adressés au cas par cas
avec un relatif manque de prospective. Ce qui témoigne des carences dans
la planification stratégique de la coopération militaire, et
d'une visibilité limitée de cette coopération sur le long
terme. Cette situation pourrait être expliquée par un personnel
restreint dévolu à la prospective, notamment dans les services du
Sous-Chef Etudes Général et Relations Internationales. Pour
résoudre ces problèmes, il serait judicieux de renforcer ce
service de l'Etat-Major des Armées en hommes et en moyens. Ensuite
définir une ligne globale des objectifs stratégiques à
atteindre en matière de coopération. Oeuvrer à la
formalisation des relations avec les partenaires extérieurs, collaborer
davantage avec les instituts spécialisés pouvant appuyer la
défense et éventuellement, créer une unité
Recherche et Développement au sein de l'armée, aideraient
certainement à améliorer la coopération militaire en
particulier et la défense en Général.
10
ABSTRACT
Military cooperation is a very important medium for
development and technological transfer. Cameroon has military diplomatic links
with a wide range of countries across the globe since independence like any
other nation. Meanwhile, the defining mark of these relationships is that there
has been a lack of joint military agreements, except those that have been
signed with France. On the one hand, Cameroon has relationships in troops
training and military equipments acquisition with countries from almost all
continents. On the other hand, these relationships do not benefit from enough
elaboration and regulations, at least similar to those with France. An insight
of the functioning of military cooperation at the Ministry of Defence has
revealed what seems to be the cause for this. In fact, the service of the
Deputy Chief of Staff in charge of General Research and International Relations
does not have enough staff to care for administrative duties and elaborate
prospects efficiently. Besides, there is deficiency in military cooperation
policy planning. As solutions to these problems, the reinforcement of the
service of the Deputy Chief of Staff in charge of General Research and
International Relations with more personnel, and the drafting of a strategic
policy for military cooperation can relieve the situation. Moreover, the
government should make efforts towards more formal relationships with its
various partners overseas. Furthermore, more collaboration with higher
specialized institutes in security studies and eventually the setting of a
Research and Development unit within the Army would prove very useful to
military cooperation and development at large.
![](La-cooperation-militaire-camerounaise-enjeux-et-fonctionnement2.png)
INTRODUCTION GENERALE
11
La coopération militaire dans un monde de plus en plus
interdépendant constitue à l'ère de la mondialisation une
nécessité incontournable dont les accords de coopération
constituent un fondement tangible. Le Cameroun, qui, aujourd'hui
célèbre le cinquantenaire de son indépendance et de sa
Réunification n'est pas en reste dans le concert des nations. Il
entretient comme tous les Etats souverains des relations de coopération
militaire avec le monde extérieur depuis un demi siècle. Aussi,
l'actualité du renouvellement des accords de coopération entre la
France et les pays africains nous amène t-elle à nous y
intéresser.
Coopérer, d'après le dictionnaire Larousse de la
langue française édition 2003, revient à agir
conjointement avec quelqu'un. Le terme coopération revêt deux
sens. Au sens premier, il désigne l'action de coopérer. Au sens
second la coopération désigne la politique d'échanges et
d'actions conjointes dans les domaines économique, technique, financier,
culturel, sportif ou de tout autre ordre, entre pays. L'adjectif militaire fait
référence à toute chose ayant trait à
l'armée et à la défense. La coopération militaire
est donc la politique d'échanges et d'actions conjointes dans le domaine
de la défense entre états. Elle peut prendre des formes
technique, logistique ou informationnelle. Un accord de coopération
militaire est un arrangement entre plusieurs pays proches par leurs
idées ou leurs sentiments et désireux de collaborer dans le
domaine militaire. Il peut être perçu comme un engagement
d'alliance militaire, un regroupement d'intérêt politique ou
économique, ou tout simplement un contrat convenu par l'accord de
volontés1.
Au plan stratégique, la coopération militaire
recouvre deux notions distinctes. La première est l'assistance militaire
technique, théoriquement non liée politiquement, et qui ne
préjuge pas d'accords complémentaires pouvant consacrer des
options communes aux deux parties. Des actions de coopération
ponctuelles peuvent d'autre part être décidées en dehors
d'accords globaux. La deuxième notion est celle des accords de
défense, qui créent entre les Etats concernés des liens
très étroits. Plus qu'une alliance militaire, ils vont de pair
avec une certaine harmonisation de la vie diplomatique et même
généralement avec l'existence d'institutions politiques
communes2.
1 Charles ZORGBIBE, Les alliances dans le
système mondial. Paris, Presses Universitaires de France, Coll.
« Perspectives internationales », 1983, 261 p. pp.67-70
2 www.arcanes-et-rouages-de-la-361.htm,
consulté le 18 mai 2010.
12
Pour plus de lumière, une alliance dans sa
définition la plus simple est un accord qui unit des puissances dans un
intérêt commun. Une alliance militaire peut également
être définie comme la mise en commun des ressources militaires
étatiques dans le but de contrer un ennemi ou d'assurer la
défense de l'intégrité territoriale des membres qui la
composent. Trois composantes essentielles caractérisent une alliance
militaire : ses fondements, son rôle et sa fonction. Les fondements d'une
alliance recoupent certes la question de la désignation d'un ennemi
commun, mais peuvent également englober d'autres éléments
à caractère idéologique, économique ou politique.
La fonction principale d'une alliance militaire moderne est d'élaborer
une doctrine stratégique d'emploi de la force, de concevoir et de
planifier une structure de forces capable de répondre aux objectifs de
la doctrine, et d'améliorer l'interopérabilité des forces
par la standardisation des équipements et armements et des
entraînements conjoints. Quant aux rôles d'une alliance, ils
peuvent être multiples. Le premier, fondamental est d'assurer la
sécurité de ses membres, mais d'autres rôles sont tout
aussi naturels, tels la défense commune, le partage des fardeaux et des
responsabilités, quelquefois une division du travail qui se traduit par
une certaine spécialisation des forces, et l'élaboration de
politiques communes destinées à adapter l'alliance aux besoins
changeants de l'environnement international3.
Dans le cadre d'un stage professionnel destiné à
nous faire acquérir des connaissances pratiques complémentaires
aux enseignements théoriques reçus pendant deux années de
formation au Centre de Recherche et d'Etudes Politiques et Stratégiques
de L'Université de Yaoundé II, nous avons eu le privilège
de séjourner au Ministère de la Défense. Ledit stage s'est
déroulé du 25 février au 25 avril 2010 à
l'Etat-Major des Armées et nous a permis d'observer la gestion de la
coopération militaire camerounaise. Le Cameroun a signé avec la
France deux types d'accords de coopération. : les accords d'assistance
militaire technique et les accords de défense. Si les termes des accords
d'assistance technique sont quelquefois connus, les accords de défense
sont protégés par le sceau du secret. Notre attention se
focalisera dans le cadre de cette étude, sur l'Assistance Militaire
Technique.
De prime abord, deux observations s'imposent. La
première est que le Cameroun coopère avec une multitude de pays
à travers le monde depuis un demi siècle. La deuxième est
que les relations de coopération militaire du Cameroun avec les pays
étrangers sont restées essentiellement occasionnelles et
informelles, tandis que celles avec la France sont les seules
3 Albert LEGAULT, « les alliances
»; in Thierry de Montbrial et Jean Klein, Dictionnaire de
stratégie, PUF, Paris, 2000, pp. 13-14.
13
à avoir bénéficié d'une
codification matérialisée par la signature d'accords de
coopération. Ce qui n'est pas sans poser de problème. En effet,
la coopération militaire camerounaise, semble manquer d'harmonie car
constituée d'actes ponctuels, traitant les problèmes au cas par
cas sans grande lisibilité apparente. D'où la question centrale
que nous nous sommes posée. Alors que le Cameroun coopère depuis
des décennies avec une multitude de pays à travers le monde,
qu'est-ce qui expliquerait l'inexistence d'accords de coopération entre
ce pays et les partenaires étrangers, à l'exception de la France
?
Pour répondre à cette question, trois pistes de
réflexion s'offrent à nous. La première serait celle d'un
choix stratégique délibéré de l'Etat camerounais.
La deuxième piste serait celle d'une volonté politique
inhibée par des lenteurs procédurales. La troisième piste,
quant à elle, pourrait être celle des limites dans la
planification stratégique de la coopération militaire. Le
thème central de ce travail est donc la coopération militaire
camerounaise : enjeux et fonctionnement. Les données utilisées
pour la rédaction de ce rapport ont été recueillies de
divers entretiens avec les responsables militaires et par la recherche
documentaire. Quant à la méthode d'analyse, nous avons
procédé par l'analyse documentaire en utilisant une
méthode historique et comparative. Ainsi, nous sommes nous attelé
à la description du lieu du stage dans la première partie,
comportant la présentation du cadre du stage (chapitre 1), et le
déroulement du stage (chapitre 2). Dans une deuxième partie
portant sur la coopération militaire camerounaise et les accords de
coopération, nous avons exploré la coopération militaire
camerounaise (chapitre 3) d'une part, et nous avons analysé la gestion
de la coopération militaire au Ministère de la Défense
(chapitre 4), d'autre part.
![](La-cooperation-militaire-camerounaise-enjeux-et-fonctionnement3.png)
DESCRIPTION DU STAGE
PREMIERE PARTIE
14
La description du stage passé au Ministère de la
Défense du 25 février au 25 avril 2010 portera essentiellement
sur la présentation du cadre du stage (chapitre 1), et
sur le déroulement du stage (chapitre2).
![](La-cooperation-militaire-camerounaise-enjeux-et-fonctionnement4.png)
PRESENTATION DU CADRE DU STAGE
CHAPITRE 1 :
15
La présentation du cadre du stage, portera sur le
Ministère de la défense (I), tutelle d'accueil
du stage, et sur l'Etat-Major des Armées (II),
structure dans laquelle le stage a été effectué.
I- LE MINISTERE DE LA DEFENSE
Il est question ici de préciser l'encadrement juridique du
ministère de la défense (A),
puis de procéder à sa présentation physique
(B).
A- Encadrement Juridique
DECRET N° 2001/177 25 Juillet 2001
Portant organisation du Ministère de la Défense
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
VU la Constitution
VU la loi n° 67/LF/9 du 12 juin 1967 portant organisation
générale de la Défense ;
VU le décret 83/540 du 05 novembre 1983 portant
organisation du Ministère des Forces
Armées et du Commandement ;
VU le décret n° 97/205 du 7 décembre 1997
portant organisation du Gouvernement
DECRETE :
TITRE PREMIER
DES DISPOSITIONS GENERALES
Article 1er :
Le Ministère de la défense est placé sous
l'autorité d'un Ministre délégué à la
présidence de la République.
16
1°) Il est chargé :
- de l'étude des plans de Défense ;
- de la mise en oeuvre de la politique de Défense ;
- de la coordination et du contrôle des Forces de
Défense
- de l'organisation et du fonctionnement des juridictions
militaires.
2°) Il est assisté d'un Secrétaire d'Etat
spécialement chargé de la Gendarmerie.
Article 2:
1°) Les Forces de Défense du Ministère de la
Défense comprennent :
- les Forces de la Gendarmerie Nationale ;
- Les Forces de l'armée de terre
- les Forces de l'armée de l'Air ;
- les Forces de la marine Nationale ;
2°) le Ministre chargé de la Défense a sous
son autorité directe :
- le Secrétaire d'Etat à la Défense
chargé de la Gendarmerie Nationale ;
- le Chef d'Etat-Major des Armées ;
- le Secrétaire Général du Ministère
de la Défense ;
- le Chef d'Etat-Major de l'Armée de Terre ;
- le Chef d'Etat-Major de l'Armée de l'Air ;
- le Chef d'Etat-Major de la Marine
3°) L'organisation et le fonctionnement des Forces de
Défense et des Etats - Majors font l'objet de textes particuliers.
Article 3 :
1°) La Garde Présidentielle et le Corps National
des Sapeurs Pompiers sont sous le commandement interarmées régis
par des textes particuliers.
17
2°) Le Ministre chargé de la Défense assure
la tutelle de l'Office National des Anciens Combattants, anciens militaires et
victimes de guerre dont l'organisation et le fonctionnement sont fixés
par des textes particuliers.
Article 4:
Le Ministère de la Défense comprend : - une
Administration centrale ; - un Comité de Coordination Interarmées
; - des Services extérieurs.
TITRE II
DE L'ADMINISTRATION GENERALE
Article 5 :
L'Administration centrale du Ministère de la
Défense comprend :
- Le Secrétariat Particulier du Ministre ;
- Le Secrétariat Militaire ;
- La Réserve ministérielle ;
- L'Administration centrale de la Gendarmerie ;
- Les Etats-Majors ;
- Le Secrétariat Général ;
- Le Contrôle Général des Forces
Armées ;
- L'Inspection Générale des Armées ;
- Le Conseiller Logistique ;
- Les Conseillers Techniques ;
- Les Attachés de Défense ;
- La Division de Coopération Militaire ;
- La Division de la Sécurité Militaire
- La Division de la Communication ;
- La Direction Centrale du Suivi de la Maintenance des
Matériels Majeurs des Forces
de Défense
![](La-cooperation-militaire-camerounaise-enjeux-et-fonctionnement5.png)
EMP
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE CHEF DES ARMEES
MINDEF
RLAG
CONTROLE+INSPECTION+CONSEILS
ATTACHES+DIVISIONS+DIRECTION
SMT BA
ETATS - MAJORS
RMIA
BN
MAGE
SCO SCEGRI
SCP
CEMA
DSO
BRI
BTAP BBR BSA
COMECIIA
A
DIRMATIA
Conseillers
DIRGEN-OIFP
DIRCIA
SG
Cel om
DAAR
DDMI
DRH
DBE
SC
CRM
DJM
COM
Source : compilé par l'auteur
DSM
SHA
DSACA
SECRETARIAT PARTICULIER
Ter Mob
REGIONS
LEGIONS
UNITES
SED / CG
SECRETARIAT MILITAIRE
18
Figure 1.1. Organigramme Simplifié du
Ministère de la Défense
19
B- Présentation Physique
Le Ministère de la défense est situé au
quartier Ngoa - Ekélle, sur le plateau Atemengue, non loin du Monument
de la Réunification. Installé en contrebas dudit monument, il
occupe le côté droit de la rue allant du siège de
l'Assemblée Nationale à la voirie municipale sur trois cents
mètres environ. Cisaillé en amont et en aval par des routes
allant du quartier Olezoa, son voisinage immédiat est constitué
de l'ambassade de France au Cameroun, du Quartier Général et du
Monument de la Réunification.
A l'intérieur, le ministère est structuré
selon un plan en domino organisé autour d'une route centrale
parsemée à gauche et à droite de bâtiments abritant
divers services du ministère, et de façon
régulière, des servitudes permettant une circulation fluide des
véhicules dans son enceinte. Sur le flanc ouest du ministère, se
trouvent l'entrée réservée au ministre
délégué à la présidence chargé de la
défense, et l'entrée de l'Hôpital Militaire de
Yaoundé (HMY).
Une fois qu'on a traversé l'entrée
réservée aux visiteurs et au personnel du ministère, le
bâtiment abritant le cabinet du ministre et du secrétaire
général est reconnaissable au bout de la rue numéro 3.
706. Il s'agit d'un bâtiment de deux niveaux, gris clair à sa base
et jaune cassé dans son ensemble. En face dudit bâtiment se
trouvent les bâtiments abritant l'Etat Major des Armées ; service
où nous avons eu le privilège de poursuivre notre stage.
II- L'ETAT MAJOR DES ARMEES
Après avoir présenté l'organigramme
général de l'Etat-Major des Armées (A),
nous décrirons les divers services où nous avons passé
notre stage (B) à savoir ; le Sous Chef Etudes
Générales et Relations Internationales (SCEGRI),
le Conseiller Diplomatique (CD) et le Sous Chef Plans
(SCP).
20
A- Organigramme Général
L'Organigramme Officiel de l'Etat - Major des armées
est défini par le décret N° 2001/178 du 25 juillet
2001 portant organisation générale de la Défense
et des Etats-Majors Centraux dans les termes suivants:
« CHAPITRE I
DE L'ETAT - MAJOR DES ARMEES
Article 18 :
L'Etat - Major des Armées assure la coordination des
activités des Etats - Majors de l'Armée de Terre, de
l'Armée de l'Air et de la Marine pour l'organisation,
l'équipement et l'entraînement des Forces.
Article 19 :
1°) L'Etat - Major des Armées est placé sous
l'autorité d'un Officier Général nommé par
décret du Président de la République.
2°) Le Chef d'Etat - Major des Armées est
assisté du Major- Général de l'Etat - Major des
Armées, chargé de la coordination, officier nommé par
décret du président de la République.
Article 20 :
Les attributions du Chef d'Etat - Major des Armées et
celles des Etats - Majors des différentes Armées sont
fixées par des textes particuliers.
Article 21:
1°) Sont directement rattachés au Chef d'Etat -
Majors des Armées :
- Le Secrétariat Particulier ;
- Le Conseiller Juridique ;
- Le Conseiller Diplomatique ;
- Le Conseiller Gendarmerie ;
- Le Commandement des Ecoles et Centres d'Instruction Inter -
Armées (COMECIIA)
21
- L'Etat-Major des Armées;
- La Direction du Commissariat Interarmées ;
- La direction du Génie Militaire ;
- La Direction du Matériel Inter Armées ;
- Le Centre du Renseignement Militaire (CRM) ;
- Le Commandement des Opérations Militaires (COM) :
- Le Service Historique des Armées.
2°) Sont placés pour emploi auprès du Chef
d'Etat ÀMajor des Armées : - La Division de la Santé
Opérationnelle ;
- La compagnie d'Etat - Major des Armées ; ».
L'Etat-Major Armées, quant à lui, est
constitué du Sous-chef d'Etat-major chargé des Opérations
(SCO), du Sous-chef d'Etat-major chargé des plans (SCP) et du Sous-chef
d'Etat-major chargé des Etudes Générales et des Relations
Internationales (SCEGRI) ; tous coordonnés par le Major
Général de l'Etat-Major des Armées (MAGE)
conformément aux directives du Chef d'Etat-Major des Armées ; tel
que prévu par l'article 60 du même décret
qui dispose que :
« Conformément aux directives du Chef d'Etat-Major
des armées, le
Major Général coordonne l'action du :
- Sous-Chef d'Etat-Major Chargé des Opérations
- Sous-Chef d'Etat-Major Chargé des Plans
- Sous-Chef d'Etat-Major Chargé des Etudes
Générales et Relations
Internationales »
L'Etat-Major des Armées, sous l'autorité du Chef
d'Etat-Major des Armées est la branche opérationnelle du
Ministère de la Défense. La branche purement administrative est
sous l'autorité du Secrétaire Général du
Ministère. Le Ministre Délégué à la
Présidence Chargé de la Défense assure la tutelle
politique de tout le Ministère. A l'Etat-Major des Armées, nous
nous attarderons sur les services spécifiques où nous avons eu le
privilège de séjourner dans le cadre de notre stage à
savoir: le SC/EGRI, le Conseiller Diplomatique et le Sous Chef Plans.
![](La-cooperation-militaire-camerounaise-enjeux-et-fonctionnement6.png)
DIRGEN - OIFP
DIRMATIA
COMECIIA
DIRCIA
COM
CRM
SHA
CG
CD
CJ
ORGANISMES RATTACHES
SCO SCP SCEGRI
COIA DE
DTEI
DLO
MAGE POUR EMPLOI
SP
BBF DOL
DP
CEMA
DRM DIAF
DSO
B.I.R
BTAP BSA
BBR
22
Figure 1.2. Organigramme de l'Etat-Major des
Armées
23
B- Le SCEGRI, le Conseiller Diplomatique et le Sous-Chef
Plans
1. Le SCEGRI
Le Sous Chef d'Etat-Major chargé des Etudes
Générales et des Relations Internationales est
encadré dans ses attributions par le décret n°
2001/178 du 25 juillet 2001 portant organisation générale de la
défense et des états majors centraux qui stipule que:
« Article 73.-
Le « Sous Chef Etudes Générales et
Relations Internationale » est chargé des études
prospectives en matière de Défense et d'emploi des forces. Il
suit la Coopération Militaire Internationale et évalue son
influence sur les Force Armées Nationales.
Article 74.-
Sont placées sous l'autorité du « Sous-
Chef Etudes Générales et Relations Internationale »,
- La Division « Afrique »
- La Division « Reste du Monde »
Article 75-.
1°) La Division « Afrique » est placée
sous l'autorité d'un Chef de Division, officier nommé par
décret du Président de la République ; Il est
assisté de Chargés d'Etudes et de Chargés d'Etude
Assistants ; officiers nommés par arrêté du
Président de la République.
2°) La Division Afrique est chargée :
- des études polémologiques et
stratégiques intéressant l'Afrique en général et
l'Afrique Centrale en particulier,
- du suivi des conséquences éventuelles sur la
Défense Camerounaise,
- de la coopération militaire avec les Etats africains,
3°) Les rangs et prérogatives des officiers
visés à l'alinéa 1 ci-dessus sont fixés par des
textes particuliers.
Article 76.-
1°) La Division « Reste du Monde » est
placée sous l'autorité d'un Chef de Division, officier
nommé par décret du Président de la République. Il
est assisté de Chargés d'Etudes et Chargés d'Etudes
Assistants, officiers nommés par arrêté du Président
de la République.
2°) La Division « Reste du Monde » est
chargée :
- des études polémologique générales
et stratégiques intéressant les autres continents et de leurs
interférences sur la politique de Défense du Cameroun ;
- de la coopération militaire internationale en liaison
avec les services concernés du Ministère de la Défense.
3°) Les rangs et prérogatives des officiers
visés à l'alinéa 1 ci-dessus sont fixés par des
textes particuliers ».
![](La-cooperation-militaire-camerounaise-enjeux-et-fonctionnement7.png)
Chargés d'étude
Chargés d'étude assistants
DIAF
Secrétariat
Secrétariat
SCEGRI
Chargés d'étude
Chargés d'étude assistant
DRM
Secrétariat
24
Figure 1.3. Organigramme de la Sous-Chefferie Etudes
Générales et Relations Internationales
2. 25
Le Conseiller Diplomatique
Le Conseiller Diplomatique du Chef d'état- major des
armées est encadré dans ses
fonctions au même titre que le Conseiller Juridique et le
Conseiller Gendarmerie par l'article 23 du même décret.
« Article 23-
1°) Les Conseillers Juridique, Diplomatique et de
Gendarmerie apportent leur expertise, chacun dans son domaine de
compétence, dans l'étude des missions et des travaux qui leur
sont confiés par le Chef d'Etat - Major des Armées.
2°) Les Conseillers Juridique, Diplomatique et de
Gendarmerie sont des officiers nommés par décret du
Présent de la République.
3°) Leurs rangs et prérogatives sont fixés
par des textes particuliers ».
3. Le Sous-Chef Plans
Le Sous Chef d'Etat- Major chargé des plans est quant
à lui encadré par les articles 69 à 72 du décret ci
dessus cité.
Article 69-.
1°) Le « Sous Chef plans » est chargé de
la planification, de la programmation de la montée en puissance des
Forces et de l'adaptation permanente de l'outil militaire à
l'environnement et à la technologie disponibles. Sont placés sous
son autorité :
- Le Bureau du Budget et des Finances ;
- La Division de l'Organisation Logistique ; - La Division «
plans »
Article 70.-
1°) Le Bureau du Budget et des Finances est placé
sous l'autorité d'un Chef de Bureau, officier nommé par
décret du Président de la République, assisté de
Chargés d'Etudes et de Chargés d'Etat Assistants, officiers
nommés par arrêté du Président de la
République.
2°) Le Bureau du Budget et des Finances est chargé
:
26
- de la préparation du budget en liaison avec les services
compétents du Ministère et des Etats- Majors des trois
Armées ;
- de l'évaluation financière permanente des
entraînements et des opérations à mener, - de la gestion du
budget de l'Etat --Major des Armées.
3°) Les rangs et prérogatives des officiers
visés à l'alinéa 1 ci --dessus sont fixés par des
textes particuliers.
Article 71.-
1°) La Division de l'Organisation Logistique est
placée sous l'autorité d'un Chef de Division officier
nommé par décret du Président de la République,
assisté de Chargé d'Etudes et de Chargés d'Etudes
Assistants, officiers nommés par arrêté du Président
de la République..
2°) La Division de l'Organisation Logistique est
chargée :
- de l'Etude et de l'établissement des tableaux
d'effectifs et de dotation des Unités et des Formations en liaison avec
l'Etat --Major de l'Armée de Terre, l'Etat --Major de l'Armée de
l'Air, l'Etat -- Major de la Marine ;
- de l'étude et de la réalisation concrète
du système de soutien des Forces
3°) Les rangs et prérogatives des officiers
visés à l'alinéa 1 ci-dessus sont fixés par des
textes particuliers.
Article 72-.
1°) La Division « Plan » est placée sous
l'autorité d'un Chef de division officier nommé par décret
du Président de la République.
2°) La Division « Plans » est chargée :
- de la centralisation des besoins des Forces en effectifs, en
matériels et en infrastructures ;
- de la planification et de la programmation des
réalisations ;
- de l'adaptation permanente de l'outil militaire à
l'environnement socio-économique du Cameroun, à l'environnement
extérieur et à la technologie disponible.
3°) Les rangs et prérogatives des officiers
visés à l'alinéa 1 ci-dessus sont fixés par des
textes particuliers.
![](La-cooperation-militaire-camerounaise-enjeux-et-fonctionnement8.png)
Chargé d'études
Chargé d'études assistant
Bureau Budget et Finances
Secrétariat
Secrétariat
Chargé d'études
Chargé d'études assistant
Sous Chef plans
DOL
Secrétariat
Secrétariat
Division « plans »
27
Figure 1.4. Organigramme de la sous chefferie d'Etat
Major Chargée des Plans
![](La-cooperation-militaire-camerounaise-enjeux-et-fonctionnement9.png)
DEROULEMENT DU STAGE
CHAPITRE 2 :
28
Le stage, expérience pratique destinée à
compléter les enseignements théoriques reçus tout au long
de notre formation, a officiellement eu lieu du 25 févier au 25
avril 2010. Cette expérience a été marquée
pour nous par deux aspects majeurs : le séjour à l'Etat-major des
Armées (I) ; et la confrontation aux découvertes
et difficultés du terrain (II).
I - LE SEJOUR A L'ETAT-MAJOR DES ARMEES.
Les services spécifiques où nous avons
été accueilli pour notre stage à l'Etat-major des
armées, sont en fonction des bâtiments les abritant : le Sous-chef
d'Etat-major chargé des Etudes Générales et Relations
Internationales (SCEGRI) et le Conseiller Diplomatique
(A) ; et le Sous-Chef d'Etat-Major chargé des Plans
(SCP), encore appelé Sous-Chef «Plans«
(B).
A - Passage chez le SCEGRI et chez le Conseiller
Diplomatique
Durant cette séquence de notre stage, nous avons
séjourné chez le SCEGRI (1) ; et chez le
Conseiller Diplomatique (2).
1. Le SCEGRI
D'après le texte N°010140
/MP/MINDEF/EMA/100 du 04 mars 2010, du Chef d'Etat-major des
Armées organisant la durée du stage, le séjour à
l'EGRI4 s'étale du 05 MARS 2010 au 20 mars 2010.
Le stage commence effectivement le 08 mars 2010.
Il est procédé à une visite guidée
des locaux abritant les études générales et relations
internationales (EGRI), ainsi que les hommes qui les animent.
L'EGRI a deux Divisions : la Division Afrique (DIAF) et la
Division Reste du Monde (DRM. Toutes les deux sont
4 Etudes Générales et Relations
Internationales. C'est l'appellation usuelle au Ministère de la
Défense pour désigner les services du Sous-Chef Etudes
Générales et Relations Internationales (SC/EGRI).
29
chapeautées par le Sous-Chef d'Etat-Major chargé
des Etudes Générales et Relations Internationales. Nous n'aurons
malheureusement pas le privilège de côtoyer longtemps les chefs
des différentes divisions. Notre arrivée coïncidant avec une
période d'intenses activités diplomatico-militaires, les
principaux responsables sont en mission pendant une période
considérable de notre séjour.
Au quotidien, les services ouvrent à 7h, mais les
visites ne sont autorisées qu'à partir de 11h. Nous arrivons
généralement à 9h, laissant ainsi le temps au personnel de
garde, de mettre l'ordre et la propreté dans les locaux. N'étant
affectés à aucune tâche particulière, nous
établissons nos quartiers dans les secrétariats du SCEGRI, de la
DIAF et de la DRM, au gré de l'animation de ses services. Nourrissant
notre curiosité du simple transfert de courrier à la distribution
quotidienne de la presse gouvernementale. Surtout, nous n'hésitons pas
à poser des questions à toute personne disposée à
nous répondre. L'ambiance est détendue, et le personnel
très accueillant et disponible.
2. Le Conseiller Diplomatique
La deuxième séquence de notre stage,
prévue du 21 mars 2010 au 05 avril 2010 auprès
du Conseiller Diplomatique ne sera malheureusement pas effective. Car cette
période coïncide avec une mission du Conseiller Diplomatique
auprès du Chef d'Etat-major des armées hors du territoire
national. Toutefois, nous aurons profité de longs entretiens avec le
conseiller, bien avant son départ.
En effet, il a été l'artisan du planning de
notre séjour dans les différents services de l'Etat-Major des
Armées. Nous avons ainsi été entretenus sur la raison
d'être de l'Etat-major des armées, sur le volet diplomatique des
activités militaires, et sur des pistes d'orientation et d'organisation
à suivre durant notre stage. La période prévue pour le
séjour chez le Conseiller Diplomatique sera donc mise à profit
pour approfondir notre connaissance de l'EGRI. Au terme de
cette période, nous entamons la dernière partie de notre stage
chez le Sous-Chef Plan.
30
B- Passage chez le sous-chef «plans«
Dans les services du Sous-Chef d'Etat-Major chargé des
Plans, notre attention a été retenue par l'accueil (1) et les
activités (2) qui y sont menées.
1. L'accueil
L'accueil dans ce service, bien que chaleureux ne sera pas du
tout similaire à celui rencontré dans les services des Etudes
Générales et Relations Internationales. Favorablement accueillis
par les principaux responsables, nous nous sentirons incompris du reste du
personnel, à quelques exceptions près. Nos activités dans
ces services s'en trouveront affectées. A l'étroit dans des
secrétariats et des salles d'attentes grouillant de monde, nos
activités consisteront essentiellement aux entretiens réguliers
que nous accordent le Sous-Chef Plans (SCP), et ses
collaborateurs, chefs des différentes divisions : dont la division de
l'organisation logistique (DOL) et la Division «
Plans« (DP).
En dehors du bureau du Sous-chef plans, nous passerons plus
de temps à observer le personnel et l'animation quotidienne du service
dans l'exécution des tâches routinières et les relations
interpersonnelles. Honorant un rendez-vous avec le sous-chef Plans, nous nous
sommes quelques fois heurtés à l'humeur maussade de quelques
agents déterminés à nous faire obstacle. Ainsi, l'attente
dans l'espoir de se faire annoncer a souvent mis le temps qui aurait suffit
pour une audience.
Ces aspects n'ont cependant pas brisé la
détermination, ni pour le moins altéré l'accueil et la
sollicitude des principaux responsables à notre égard. Ce qui
nous aura permis de comprendre que, bien que le service du Sous Chef Plans ne
soit pas essentiellement concerné par les relations internationales, la
coopération militaire y intervient d'une façon ou d'une autre.
2. Les activités
Commencé le 06 avril 2010, le séjour chez le
sous-chef d'état-major chargé des plans se termine le 25 avril
2010. A notre arrivée, notre présence dans ces services ne semble
pas vraiment pertinente pour notre centre d'intérêt qu'est la
coopération militaire camerounaise.
31
Mais en réalité, le sous-chef plans est
chargé de la planification, de la programmation, de la montée en
puissance des forces et de l'adaptation permanente de l'outil militaire
à l'environnement et à la technologie disponibles. Le Cameroun ne
jouissant pas d'une autonomie technologique, logistique et industrielle, doit
forcement compter avec la coopération militaire pour combler ses
carences. D'où l'aspect international.
En effet, la montée en puissance des forces et
l'adaptation permanente de l'outil militaire à l'environnement et
à la technologie disponible, requièrent des tâches
d'acquisition de matériel auprès des partenaires
étrangers, de maintenance logistique et de formation des troupes
à l'emploi du matériel acquis. La coopération intervient
ainsi dans la préparation et le déploiement des troupes dans le
cadre des multiples opérations internationales auxquelles participe
l'armée camerounaise. Au terme de notre stage à
l'état-major des armées et au ministère de la
défense en général, nombreuses sont les
découvertes, en dépit des difficultés
rencontrées.
II- DECOUVERTES ET DIFFICULTES
Notre stage, au sein du ministère de la défense
et plus précisément à l'Etat-major des armées s'est
révélé fort enrichissant et plein d'expériences
jusque là inédites. Nous avons ainsi eu l'opportunité de
faire des découvertes (A), malgré les
difficultés auxquelles nous avons été confrontées
(B).
A. Découvertes
Connaissant relativement peu de choses de l'armée
camerounaise à notre arrivée, le
stage au Ministère de la Défense nous a permis
de découvrir des aspects de l'Armée jusque là inconnus
pour nous. Il s'agit notamment de la spécialisation au sein de
l'Armée (1), de son dynamisme (2), et
de la hiérarchie militaire (3).
1. La spécialisation au sein de
l'Armée
L'une des plus grandes surprises à notre arrivée
a été de découvrir le degré d'organisation et de
structuration de l'armée. En effet, contre toute attente nous constatons
que le militaire n'est pas forcement synonyme de mitrailleuses, guerres et
explosifs. L'armée
32
dans sa structure est composée de corps bien
spécialisés : des médecins, des ingénieurs, des
chauffeurs, des diplomates, des journalistes, des techniciens, des
mécaniciens, des musiciens, des juristes, des administrateurs et autres.
Chacun est affecté à une tâche précise au service de
la défense. La gestion est assurée par des militaires
administrateurs et même par du personnel civil.
Au plan psychosocial, l'état d'esprit au
ministère de la défense n'est pas spartiate et les militaires
sont relativement très accueillants. D'ailleurs, la diligence et la
célérité dans le traitement des dossiers sont
déconcertantes et n'ont pas de commune mesure avec de nombreux services
publics où nous avons été auparavant. Toutefois, la
discrétion et la confidentialité restent de rigueur.
2. Le dynamisme de l'Armée
Nous avons été surpris du volume
d'activités que mène l'armée camerounaise en toute
discrétion vis-à-vis du grand public. Engagée dans la
sécurisation du territoire national par le biais des corps
d'élites et d'unités spécialisées, l'armée
camerounaise est très active au plan international. Le Cameroun est
impliqué dans toutes les manoeuvres internationales de grande importance
sur le sol africain ; notamment les opérations de maintien de la paix.
En Centrafrique et au Soudan (Darfour) par exemple, le Cameroun entretient
régulièrement des contingents. L'inauguration du siège de
l'Organisation du Sport Militaire en Afrique (OSMA) à
Yaoundé le 7 avril 2010 et l'élection du colonel
camerounais Hamad KALKABA MALBOUM à la
présidence du Conseil International du Sport Militaire
(CISM) le15 mai 2010 à Rio de Janeiro au Brésil,
sont assez illustratifs du dynamisme de l'armée camerounaise au plan
international.
3. La hiérarchie militaire
La hiérarchie militaire est contenue dans le titre III
du Règlement de Discipline Générale dans les Forces de
Défense, portant sur les grades (a), et les
appellations (b).
33
a. Les grades
? Grade des officiers5
GENDARMERIE NATIONALE
|
ARMEE DE TERRE
|
ARMEE DE L'AIR
|
MARINE NATIONALE
|
Officiers généraux
|
Général de Division
|
Général de Division
|
Général de Division Aérienne
|
Vice- amiral
|
Général de brigade
|
Général de Brigade
|
Général de Brigade Aérienne
|
Contre -animal
|
Officiers supérieurs
|
Colonel
|
Colonel
|
Colonel
|
Capitaine de Vaisseau
|
Lieutenant À colonel
|
Lieutenant À colonel
|
Lieutenant À colonel
|
Capitaine de Frégate
|
Chef d'Escadron
|
Chef de Bataillon
|
Commandant
|
Capitaine de Corvette
|
Officiers subalternes
|
Capitaine
|
Capitaine
|
Capitaine
|
Lieutenant de Vaisseau
|
Lieutenant
|
Lieutenant
|
Lieutenant
|
Enseigne de Vaisseau de 1° classe
|
Sous -Lieutenant
|
Sous -Lieutenant
|
Sous -Lieutenant
|
Enseigne de Vaisseau de 2° classe
|
La dignité de Maréchal ou Amiral de la
République du Cameroun peut être conférée par
décret du Chef de l'Etat Chef des Forces Armées. Les rangs et
appellations suivants peuvent être décernés dans les
mêmes conditions :
GENDARMERIE NATIONALE ARMEE DE TERRE
|
ARMEE DE L'AIR
|
MARINE NATIONALE
|
Général d'Armée
|
Général d'Armée Aérienne
|
Amiral d'Escadre
|
Général de Corps d'Armée
|
Général de corps Aérien
|
Vice À Amiral d'Escadre
|
5 La hiérarchie, les grades et les appellations
au sein de l'Armée sont extraits des Articles 36 à 45 du
Règlement de Discipline Générale dans les Forces de
Défense.
34
? Grade des sous-officiers
GENDARMERIE NATIONALE
|
ARMEE DE TERRE
|
ARMEE DE L'AIR
|
MARINE NATIONALE
|
Aspirant
|
Aspirant
|
Aspirant
|
Aspirant
|
Adjudant-chef Major
|
Adjudant -Chef Major
|
Adjudant ÀChef Major
|
Maître principal Major
|
Adjudant - Chef
|
Adjudant - Chef
|
Adjudant À Chef
|
Maître principal
|
Adjudant
|
Adjudant
|
Adjudant
|
Premier Maître
|
Maréchal des logis chef
|
Sergent ÀChef
|
Sergent ÀChef
|
Maître
|
Maréchal des logis
|
Sergent
|
Sergent
|
Second À Maître
|
? Grade des militaires du rang
ARMEE DE TERRE DE L'AIR
|
MARINE NATIONALE
|
Caporal - Chef Caporal
Soldat de 1er classe Solde de 2°classe
|
Quartier - Maître de 1°classe Quartier Maître
2° classe Matelot de 1° classe Matelot de 2° classe
|
b. Les appellations
? Pour les officiers généraux
GENDARMERIE
|
ARMEE DE TERRE
|
ARMEE DE L'AIR
|
MARINE
|
GRADE
|
APPELA TION
|
GRADE
|
APPELA TION
|
GRADE
|
APPEL A TION
|
APPELA TION
|
GRADE
|
Général d'Armée (distinction)
Général
de Corps d'Armée (distinction)
|
Mon général
|
Général d'Armée (distinction)
Général de Corps
d'Armée (distinction)
|
Mon général
|
Général d'armée aérienne
(distinction)
Général de corps d'Armée (distinction)
|
Mon général
|
Amiral (distinction)
Vice-amiral d'Escadre Distinction)
|
Amiral
|
Général de Division
|
Mon général
|
Général de Division
|
Mon général
|
Général de division Aérienne
|
Mon général
|
Vice À Amiral
|
Amiral
|
Général de Brigade
|
|
Général de Brigade
|
|
Général de brigade aérienne
|
|
Contre - amiral
|
|
Les Maréchaux sont appelés Monsieur le ...
|
35
NB : Les officiers féminins sont
appelés directement par leur grade sans que l'énoncé de
celui-ci soit précédé de « Madame » ou de «
Mon »
s Pour les officiers
GENDARMERIE NATIONALE
|
ARMEE DE TERRE
|
ARMEE DE L'AIR
|
MARINE NATIONALE
|
GRADE
|
APPELATION
|
GRADE
|
APPELA TION
|
GRADE
|
APPELA TION
|
APPELA TION
|
GRADE
|
colonel
|
Mon colonel
|
colonel
|
Mon colonel
|
colonel
|
Mon colonel
|
Capitaine de vaisseau
|
commandant commandant
|
Lieutenant À Colonel
|
Mon Colonel
|
colonel
|
Mon colonel
|
Lieutenant colonel
|
Mon colonel
|
Capitaine de frégate
|
Chef
d'Escadron
|
Mon
commandant
|
commandant
|
Mon
commandant
|
commandant
|
Mon
commandant
|
Capitaine de corvette
|
Capitaine
|
mon capitaine
|
Capitaine
|
Mon capitaine
|
Capitaine
|
Mon capitaine
|
Lieutenant de Vaisseau
|
Capitaine
|
Lieutenant
|
Mon
Lieutenant
|
Lieutenant
|
Mon lieutenant
|
Lieutenant
|
Mon lieutenant
|
Enseigne de Vaisseau de 1° cl
|
Lieutenant
|
Sous À lieutenant
|
Mon
Lieutenant
|
Sous
Lieutenant
|
Mon lieutenant
|
Sous lieutenant
|
Mon lieutenant
|
Enseigne de vaisseau 2°
cl
|
s les Lieutenants Colonels féminins sont appelées
« Colonel »
s les Aspirant et élèves À officiers sont
appelés « Mon Lieutenant »
|
s Pour les sous-officiers et militaires du
rang
GENDARMERIE NATIONALE
|
ARMEE DE TERRE ET DE L'AIR
|
MARINE NATIONALE
|
Adjudant -Chef Major
|
Major
|
Adjudant À Chef Major
|
Major
|
Maître principal Major
|
Major
|
Adjudant - chef
|
Mon adjudant Chef
|
Adjudant chef
|
Mon adjudant chef
|
Maître Principal
|
Maître principal
|
Adjudant
|
Mon Adjudant
|
Adjudant
|
Mon adjudant
|
Premier Maître Maître
|
Premier Maître
|
Maréchal des logis- Chef
|
Chef
|
Sergent-chef
|
Sergent À chef ou chef
|
Maître
|
Maître
|
Maréchal des logis
|
Margi
|
Sergent
|
Sergent
|
Second maître
|
Second maître
|
Gendarme major
|
Gendarme major
|
Caporal -chef
|
Caporal À chef
|
Quartier - Maître de 1° classe
|
Quartier À maître
|
Gendarme
|
Gendarme
|
Caporal
|
Caporal
|
Quartier - Maître de 2° classe
|
|
36
Nonobstant les nombreuses découvertes que nous avons pu
opérer durant notre stage au Ministère de la Défense, nous
avons également fait face à des difficultés.
B- Difficultés Rencontrées
Le stage au Ministère de la Défense, aussi
intéressant et enrichissant qu'il ait été,
ne s'est pour autant pas déroulé sans encombre. Nos
difficultés ont été essentiellement liées à
l'incompréhension (1), au mutisme (2) de l'Armée et à
l'indisponibilité des autorités militaires (3).
1. L'incompréhension
L' incompréhension par rapport au but réel de
notre présence au Ministère de la Défense découle
de l' innovation du master académique au master professionnel. En effet,
la professionnalisation des formations universitaires requiert qu'au terme des
enseignements théoriques, il soit procédé à une
expérience pratique complémentaire dans un lieu de stage. Mais au
Ministère de la Défense, nous sommes beaucoup plus traités
comme des chercheurs ; plutôt que des stagiaires. Ce qui explique sans
doute la réticence à nous affecter à des tâches
précises. On attend de nous des thèmes de recherche et des
questionnaires tandis que nous souhaitons être commis à des
travaux pratiques.
2. Le mutisme
Le mutisme est caractéristique du corps de
l'armée qui à l'occasion de ce stage n'aura pas
démérité du qualificatif de « grande muette »
qui lui est souvent attribué. Au sein du Ministère de la
Défense, les informations sont difficiles à glaner. Autant les
responsables reçoivent avec enthousiasme et évoquent de
façon globale les questions à eux posées ; autant il n'
est d'information qui ne soit frappée du sceau de la
confidentialité. Les sujets évoqués sont traités de
façon superficielle. Nous quittons le ministère à la fin
du stage, certes enrichis ; mais convaincus de n'avoir aperçu que le
sommet de l'iceberg.
37
3. L'indisponibilité des Responsables
militaires
L'indisponibilité des responsables militaires, quant
à elle, est due à l'importance des fonctions et à
l'intensité des activités qui y sont liées. Les principaux
responsables sont constamment en audience ou en déplacement. Ce qui
réduit significativement le temps que ceux-ci nous consacrent. La
célébration du cinquantenaire de l'indépendance, survenant
à cette période ne sera pas pour arranger cette situation. Les
lenteurs procédurales, bien que inhérentes à beaucoup
d'administrations valent bien la peine d'être mentionnées.
Originellement prévu pour avoir lieu du 1er novembre au 30
janvier, le stage débutera officiellement le 15 février. Ce
prolongement se répercutera sur le calendrier académique, car le
stage ne débute effectivement qu'à partir du 25 février
2010.
Conclusion de la première partie
La première partie de ce rapport axée sur la
description du stage a consisté en la présentation du cadre du
stage et au déroulement du stage. Notre stage au Ministère de la
Défense a eu pour cadre principal l'Etat-Major des Armées
où nous avons été successivement chez le Sous-Chef Etudes
Générales et Relations Internationales ; chez le Conseiller
Diplomatique du Chef d'Etat À Major des Armées, et chez le Sous
Chef « Plans ». Sous l'autorité d'un Ministre
délégué à la Présidence chargé de la
Défense, le Ministère de la Défense a deux branches : la
branche administrative et la branche opérationnelle. La branche
administrative est dirigée par le Secrétaire
Général du ministère, et la branche opérationnelle
par le Chef d'Etat-Major des Armées. Le Sous Chef Etudes
Générales et Relations Internationales s'occupe de la
coopération militaire au plan opérationnel, la Division de la
Coopération Militaire directement rattachée à
l'administration centrale s'occupe de la partie politique. Le Conseiller
Diplomatique du Chef d'Etat Major des Armées apporte son expertise
à ce dernier dans son domaine de compétence. Le Sous - Chef Plans
est chargé de la préparation et de la montée en puissance
des forces, et n'intervient de ce fait dans la coopération que de
façon incidence. Ce stage nous à permi de découvrir la
spécialisation, le dynamisme et la hiérarchie au sein de
l'armée. Nous avons cependant connu quelques difficultés en
raison de l'incompréhension, du mutisme et de l'indisponibilité
de la part des responsables militaires.
![](La-cooperation-militaire-camerounaise-enjeux-et-fonctionnement10.png)
LA COOPERATION MILITAIRE CAMEROUNAISE
ET LES ACCORDS DE COOPERATION
DEUXIEME PARTIE
38
Il sera question la deuxième partie de notre rapport,
d'explorer globalement la coopération militaire camerounaise
(chapitre 3), et d'examiner la gestion de la
coopération militaire au Ministère de la Défense
(chapitre 4).
![](La-cooperation-militaire-camerounaise-enjeux-et-fonctionnement11.png)
CHAPITRE 3 :
LA COOPERATION MILITAIRE CAMEROUNAISE
.
39
La coopération militaire entre le Cameroun et les pays
étrangers porte essentiellement sur deux aspects : la formation des
hommes et l'équipement ou encore logistique. Quant aux partenaires, ils
sont divers et proviennent de presque tous les continents. Toutefois, une
analyse circonspecte nous permet de les grouper en deux : la France
(I) d'une part, et les autres partenaires
(II) d'autre part.
I- LA COOPERATION AVEC LA FRANCE
L'originalité de la coopération militaire entre
l'Etat du Cameroun et la république Française dérive du
rôle d'encadrement historique qu'a joué la France dans la mise sur
pied de l'armée nationale camerounaise au lendemain de son
indépendance , et à la particularité à nos jours d'
être la coopération la plus structurée et la mieux
codifiée par des textes et accords. Cette coopération France -
Cameroun est matérialisée par la formation des militaires
camerounais dans les écoles françaises (A) et
l'Assistance Militaire Technique (B).
A- La Formation des militaires camerounais dans les
écoles françaises.
Dès son indépendance, le Cameroun signa avec la
France des accords militaires de deux types. Les accords de défense, qui
visaient à la fois la défense intérieure et
extérieure, offrant la possibilité au Cameroun de faire appel aux
forces françaises pour assurer sa défense, et les accords
d'assistance militaire technique pour la mise sur pied de l'armée
camerounaise6. Les premiers sont restés secrets, mais les
accords du deuxième type sont relativement connus. Des accords ont ainsi
successivement été signés en novembre 1960, en
février 1974 et en mai 2009.
6 Dieudonné OYONO, Avec ou sans la
France?, L'harmattan, Paris, 1990, p.42
40
Au terme de l'article 1er de l'accord du 13
novembre 1960, des officiers de nationalité française
étaient appelés à encadrer les forces armées
camerounaises ;
« A la demande de la République du Cameroun, la
République Française s'engage à apporter à la
République du Cameroun l'assistance des personnels militaires
français chargés de procéder à l'organisation
à l'encadrement et à l'instruction des forces armées
camerounaises. »
En outre, l'article 6 du même accord prévoyait la
formation des cadres de l'armée camerounaise dans les unités de
l'ancienne puissance de tutelle.
L'accord militaire du 21 février 1974
dispose en son article 3 que :
« Le gouvernement de la République Unie du
Cameroun peut s'adresser à la République française pour la
formation des cadres de ses forces Armées. La République
française lui apporte à cet égard son concours.
Les nationaux camerounais sont admis dans les grandes
écoles et établissements militaires français soit par
concours dans les mêmes conditions que les français, soit dans la
limite d'un contingent particulier portant aménagement de ces
conditions. Des nationaux camerounais désignés par leur
gouvernement, en accord avec le gouvernement français, peuvent
être admis comme stagiaires dans les écoles et
établissements français.
Le gouvernement de la République française prend
à sa charge les frais de transport et d'instruction des
élèves et stagiaires dans les grandes écoles et
établissements militaires français.
Le gouvernement de la République unie du Cameroun prend
à sa charge des dépenses de solde, soins médicaux et
sécurité sociale »
L'enseignement et la formation dispensés en France
portent sur plusieurs domaines: la formation initiale, les stages
d'application, les stages de spécialités et l'enseignement
militaire supérieur du premier et du second degré. La formation
de la majorité des personnels de l'armée de l'air et de la marine
nationale camerounaise a été effectuée de manière
continue dans les écoles françaises à savoir: L'Ecole
navale de Lanvéoc - Poulmic, l'Ecole du
41
commissariat de la marine de Lanvéoc - Poulmic ; Ecole
du Commissariat de l'air - Salon de Provence, cours spécial de l'Ecole
de l'air de Salon de Provence.
En ce qui concerne l'Armée de terre, on peut citer : le
Cours supérieur du commissariat de l'Armée de terre, le
Collège Interarmées de Défense, l'Ecole militaire
Interarmes à Coëtquidan, l' Ecole spéciale Militaire de
saint Cyr.
La gendarmerie quant à elle est encadrée par :
l'Ecole des officiers de Gendarmerie Nationale de Melun. Ces formations ont
été continues de 1957 à 1967, puis interrompues de 1967
à 1991 suite à l'activation de l'Ecole Militaire
Interarmées (EMIA) du Cameroun. Elles ont repris forme depuis 1991.
Par ailleurs, l'accord signé le 21 mai 2009
entre la France et le Cameroun dispose à
l'article 4 (alinéas 1.b et e) définissant les
domaines et formes de coopération en matière de
défense, que :
« Dans le cadre du partenariat de défense, les
parties mettent en oeuvre
une coopération dans les domaines suivants :
b- organisation, équipement et entraînement des
forces, le cas échéant par
un soutien logistique et des exercices conjoints (...)
e- Formation des membres du personnel camerounais par leur
accueil ou
leur admission en qualité d'élève ou de
stagiaire dans les écoles de
formation militaires françaises ou soutenues par la France
(...) »
L'attention ici est retenue, non seulement par
l'équipement et la logistique, mais surtout par les écoles
militaires soutenues par la France. En effet, la coopération entre la
France et les pays africains en général et avec le Cameroun en
particulier revêt un nouveau visage dans le domaine de la formation. Il
s'agit des Ecoles Nationales à Vocation Régionale (ENVR) qui sont
partie intégrante de l'assistance militaire technique.
42
B. L'Assistance Militaire Technique
L'assistance militaire classique a changé de forme
aujourd'hui et prend davantage la forme de projets en partenariat, comprenant
chacun un certain nombre de programmes. Chaque projet fait l'objet d'une
convention entre la France et le Cameroun, définissant pour chaque
programme : l'objet, les conditions d'exécution, la composition des
comités de pilotage et la participation des deux parties. Quatre projets
sont actuellement en cours.
? L'APPUI A LA RESTRUCTURATION DES FORCES DE DEFENSE qui
comprend cinq programmes.
- la Gestion des Ressources Humaines (GRH) ;
- les Opérations de Maintien de la Paix (OMP) ;
- l'Etablissement Centralisé de Réparation et de
Reconstruction Automobile (ECRRA) ;
- le transit ;
- la médecine d'urgence.
? LE PROJET FORMATION Il contient quatre programmes :
- Valorisation du corps des officiers, le projet du Cours
Supérieur Interarmées de Défense,
constitue la mission essentielle de ce programme.
- Pôle Aéronautique National à Vocation
Régionale (PANVR) de Garoua ;
- formation à la Sécurité des vols ;
- formation à la Maintenance Aéronautique.
? LE PROJET ACTION DE L'ETAT A LA MER ; comprenant deux
programmes :
- Sécurité et Maintenance
Opérationnelle - Sauvegarde des Approches Maritimes
? LE PROJET APPUI A LA SECURITE INTERIEURE (ASI) qui comporte
trois
programmes
43
- le Centre de Perfectionnement aux Techniques de Maintien de
l'Ordre (CPTMO), basé à Awae ;
- le Centre de Perfectionnement de police judiciaire ;
- Appui aux Structures de Commandement.
Les trois premiers projets sont suivis par le Chef de la
Mission de Coopération et de Défense, par ailleurs Attaché
de Défense auprès de l'Ambassade de France à
Yaoundé, tandis que le quatrième est placé sous la
responsabilité de l'Attaché de Sécurité
intérieure auprès de l'Ambassade de France au Cameroun.
Outre ces projets en partenariat qui ont un caractère
continu dans le temps, il existe d'autre formes de coopération qui sont
plutôt ponctuelles et s'effectuent généralement en fonction
des disponibilités de la partie Française et après
expression des besoins du Cameroun. Ce sont :
- les aides (matérielles) directes :
- les missions de courte durée pour la formation de
spécialistes par des experts français.
La formation en France métropolitaine de techniciens
camerounais laisse ainsi de plus en plus la place à la formule des
Ecoles Nationales à Vocation Régionale (ENVR). Le Cameroun
accueille le plus grand nombre d'assistants techniques français en
Afrique noire7. Ce qui ne l'empêche pas pour autant de
coopérer avec d'autres partenaires.
II- LES AUTRES PARTENAIRES
Le Cameroun dans sa coopération militaire avec le monde
extérieur collabore avec des partenaires africains (A)
et des partenaires non africains (B).
A- Les partenaires africains
L'importance qu'accorde le Cameroun à la
coopération avec ses congénères du continent africain se
traduit par la création au sein de la sous chefferie d'Etat-Major des
7 Frères d'armes, N°246, avril 2005 ; p.7
; Répartition géographique des coopérants français
en poste à l'étranger.
44
Armées chargée des Etudes
Générales et Relations Internationales, d'une Division Afrique
bien distincte d'une autre division chargée du reste du monde. En effet,
le Cameroun coopère tant dans l e domaine de la formation et de
l'équipement que dans celui des manoeuvres multinationales avec les pays
de toutes les sous régions d'Afrique.
Dans le domaine de la formation, le Cameroun envoie ses hommes
dans certains pays africains, autant qu'il reçoit dans ses écoles
des officiers et sous officiers originaires de l'Afrique. On peut distinguer
entre autres : le Maroc, le Sénégal, le Mali, l'Algérie,
le Gabon, l'Egypte etc.
Le Maroc par exemple, forme des officiers et
des sous officiers camerounais spécialisés de l'armée de
terre, de l'air et de la marine. Le partenariat va donc de la formation
initiale à l'enseignement militaire supérieur. Les écoles
qui accueillent généralement les candidats camerounais sont : le
Collège Royal d'Enseignement Militaire Supérieur, le Cours
Supérieur Interarmées de l'Intendance, l'Ecole Supérieure
et d'Application du Matériel, l'Ecole Royale d'Infanterie, l'Ecole
Royale de l'Air.
Le Sénégal, assure la formation
initiale et le perfectionnement des officiers d'infanterie, dans son
école de Thiès ; et dans son école des Officiers de
Gendarmerie Nationale pour les officiers de la gendarmerie.
Le Mali, quant à lui, accueille des
militaires camerounais dans ses écoles d'Administration, du Maintien de
la paix et d'Etat Major de Koulikoro, tandis que le Nigeria
reçoit également des officiers camerounais dans son
école d'état-major et dans son école de guerre.
Le Cameroun en retour, disposant d'un cycle
complet de formation, reçoit des officiers et des sous officiers de
toute l'Afrique. La formation va de l'instruction militaire initiale à
l'enseignement militaire supérieur. Ainsi l'Ecole Militaire
Interarmées (EMIA), le Cours Supérieur
Interarmées de Défense (CSID) et plusieurs
autres écoles camerounaises forment des ressortissants des pays
africains. La quatrième promotion (année académique
2008-2009) du CSID encore appelé « école de guerre »
comptait 33 officiers stagiaires de 19 nationalités différentes
(Bénin, Burundi, Burkina Faso, Cameroun, Congo Brazzaville, Cote
d'Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée Equatoriale, Madagascar, Mali,
Mauritanie, Niger, Nigeria, Ouganda, République Centrafricaine,
Sénégal, Tchad, Togo). Le nombre des nationalités s'en va
sans cesse croissant au fil des années.
45
En ce qui concerne l'équipement, le Cameroun
achète du matériel militaire à la République
d'Afrique du Sud. C'est le cas par exemple des avions IMPALA de l'armée
de l'air camerounaise. Aussi, le Cameroun appartenant à plusieurs
organisations régionales et sous régionales participe t-il aux
diverses manoeuvres et opérations de maintien de la paix initiées
par ces organisations. Il s'agit notamment de la Communauté Economique
et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC), de la
Communauté Economique des Etats de L'Afrique Centrale
(CEEAC) et de l'Union Africaine (UA). Le
Cameroun entretient également des relations avec des partenaires non
africains.
B- Les Partenaires non Africains
Le Cameroun coopère avec des pays de trois continents
dont l'Amérique, l'Asie et l'Europe (Ouest et Est), dans la formation
des hommes et dans l'acquisition du matériel militaire. En
Amérique, les partenaires sont les Etats Unis et le Canada.
Les Etats-Unis forment des officiers de
l'armée de terre, de la marine et de l'armée de l'air dans ses
écoles de : Wespoint Military Academy, Annapolis Naval Academy, United
States Coast Guards Academy et du Air Command and Staff
College. Le Cameroun achète aux EtatsÀUnis du
matériel militaire, à l'exemple des avions Hercule C130 du
constructeur Lockheed - Martin Marietta.
Le Canada, quant à lui, axe ses
efforts dans la formation en opération de maintien de la paix et forme
pour le Cameroun quelques officiers cavaliers et fantassins. Des avions de
transport des troupes ont également été acquis
auprès du constructeur canadien Havi land, des Caribous et des Buffalos
en 1976.
Pour ce qui est de l'Europe, La Grèce,
forme depuis la création des Forces Armées Camerounaises des
officiers et des sous officiers de toutes spécialités, et
particulièrement des médecins, des pilotes, des marins et des
officiers du génie. Ses écoles sont : Ecole Militaire Evelpidon,
Ecole Navale Dolkinon, Ecole de l'Air Ikaron, Ecole Hellénique de
Défense Nationale, Ecole Militaire des Sciences Hospitalières,
Ecole de Guerre Interarmées, Cours Supérieur d'Etat-Major, Ecole
des sous officiers de marine, Ecole des sous officiers techniciens d'aviation,
Ecole des sous officiers Administratifs d'aviation.
46
L'Allemagne, propose des formations des
officiers et des sous officiers dans ses différentes écoles. La
Belgique et l'Espagne fournissent au Cameroun
du matériel militaire. La Belgique par exemple vend au Cameroun son
Fusil Automatique Léger (FAL), tandis que l'Espagne
fournit des bateaux pour la marine nationale.
Les pays de l'Europe centrale et de l'Est ne sont pas en
reste. L'URSS a formé des pilotes camerounais en son
temps, et la Russie continue à former des
médecins militaires camerounais. La Roumanie et
l'ex-Yougoslavie sont partenaires du Cameroun en
matière de formation, et surtout d'acquisition d'armes. La
Roumanie fournit au Cameroun les mitrailleuses Kalachnikov AK47.
Les principaux partenaires du Cameroun en Asie sont
l'état d'Israël et la Chine.
L'Etat d'Israël est un partenaire
privilégié du Cameroun dans la défense. Il
bénéficie d'une part importante dans la formation et la livraison
des armes à la formation d'élite chargée de
protéger le Chef de l'Etat du Cameroun, et les formations d'élite
du Bataillon d'Intervention Rapide (BIR).
La Chine, dans sa coopération avec le
Cameroun, a formé depuis 1971 des officiers de la marine nationale. Elle
s'occupe à ce jour de la formation diversifiée des officiers et
des sous officiers pour tous les grades ; et du perfectionnement des officiers
en infanterie, et en artillerie. Une trentaine de bourses est ainsi offerte aux
candidats camerounais chaque année. Aussi, le Cameroun acquiert-il des
armes auprès de la Chine. Elle a fourni des embarcations pour la marine
nationale.
En effet, il serait fastidieux de dresser un inventaire
exhaustif des pays partenaires du Cameroun en matière de défense,
ainsi que des arsenaux militaires acquis. On peut tout de même retenir
que la formation des officiers et sous-officiers camerounais est assurée
dans les institutions de certaines puissances étrangères dont :
les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la France, la Grèce, la Chine, le
Canada, la Russie et Israël. Mais la cohorte la plus importante est
formée à l'EMIA. Les principaux pourvoyeurs en moyens de
défense, quant à eux, sont : les Etats-Unis, la France, la Grande
Bretagne, l'Allemagne, le Canada, la Suède, Israël et la
Chine8.
8 Narcisse MOUELLE KOMBI, La politique
étrangère du Cameroun ; L'harmattan, Paris, 1996, p.65
![](La-cooperation-militaire-camerounaise-enjeux-et-fonctionnement12.png)
CHAPITRE 4 :
LA GESTION DE LA COOPERATION MILITAIRE AU MINISTERE DE LA
DEFENSE
47
La gestion quotidienne de la coopération militaire au
ministère de la défense est quelque peu entravée par des
limites de planification stratégique (I) d'où la
nécessité d'une redynamisation de la coopération militaire
(II) afin de la rendre optimale.
I- LES LIMITES DANS LA PLANIFICATION STRATEGIQUE
Les limites qui apparaissent dans la planification
stratégique de la coopération militaire se manifestent par un
effectif relativement restreint à l'EGRI (A) et par une
visibilité limitée de la coopération militaire
(B)
A- Un effectif relativement restreint à l'EGRI
Au terme de l'article 73 du décret N° 2001/178/ du
25 Juillet 2001 portant organisation générale de la
Défense et des Etats-Majors centraux, le Sous-Chef Etudes
Générales et Relations Internationales est chargé des
études prospectives en matière de défense et d'emploi des
forces. Il suit la coopération militaire et évalue son influence
sur les forces armées nationales.
La Division de la Coopération Militaire, autre organe
intervenant dans la coopération militaire et directement rattaché
au service du Ministre de la Défense, est quant à elle
chargée du suivi des négociations des accords de
coopération et d'assistance technique militaire avec le Etats
étrangers en liaison avec la Gendarmerie Nationale, l'Etat-Major des
Armées, l'Etat-Major de chaque armée et le Corps National des
Sapeurs Pompiers. Au titre du décret N°2005/229 du 23 juin 2005
portant organisation de la Division de la Coopération Militaire, elle
est également chargée de la gestion administrative des actions de
coopération technique et militaire résultant des accords conclus
avec les Etats étrangers ainsi que de l'administration des personnels
militaires qui y sont affectés. Elle assure de ce fait le suivi en
liaison avec la
48
Direction des Ressources Humaines et les attachés de
défense des stagiaires militaires à l'étranger.
De fait la division de la coopération militaire assure
des fonctions purement politiques tandis que le Sous-Chef Etudes
Générales et Relations Internationales est dévolu à
des missions essentiellement opérationnelles et techniques. Le Sous-Chef
Etudes Générales et Relations Internationales a sous son
autorité une Division Afrique et une Division Reste du Monde. La
Division Afrique est chargée des études polémologiques et
stratégiques intéressant l'Afrique en général et
l'Afrique centrale en particulier et de la coopération avec les pays
Africains9. La Division Reste du Monde est chargée des
études polémologiques générales et
stratégiques concernant les autres continents et de leurs
interférences sur la politique de défense du Cameroun, ainsi que
de la coopération militaire internationale en liaison avec les services
concernés du Ministère de la Défense10.
A la lecture des textes juridiques spécifiant dans les
détails les attributions du Sous-Chef Etudes Générales et
Relations Internationales et les charges assignées aux Divisions sous
son autorité, il transparaît parfaitement les rôles
classiques dévolus à l'Etat--Major à savoir la prospective
et les études polémologiques afin d'appuyer la prise de
décision du politique ou du commandement11.Toutefois,
l'application effective de ces textes connaît des limites dans la
réalité, en raison principalement des effectif relativement
restreints affectés aux services concernés.
En effet, notre séjour dans les services du Sous-Chef
Etudes Générales et Relations Internationales nous a permis de
constater que malgré les dispositions juridiques prévoyant des
chargés d'études et des chargés d'études assistants
(dont le nombre est par ailleurs indéterminé donc
illimité) dans les différentes Divisions, les bureaux demeurent
relativement vides. Un seul chargé d'étude est affecté
à la Division Reste du Monde, et un autre à la Division Afrique.
Au total, deux chargés d'études ont la charge de tout le service
aux Etudes Générales et Relations Internationales. La
conséquence en est l'absorption de ceux--ci à des tâches
administratives d'études des dossiers techniques à eux soumis par
la hiérarchie, d'où la relative vacance des études
prospectives. Dans la pratique quotidienne, l'effectivité des
9 Article 75 alinéa 2 du décret N°
2001/178/ du 25 Juillet 2001 portant organisation générale de la
Défense et des Etats-Majors centraux
10 Article 76 alinéa 2 op cit.
11 A propos de la définition et du rôle
général des états-majors, voir le grand II de ce chapitre
sur la redynamisation de la coopération
49
études polémologiques générales et
stratégiques concernant l'Afrique et le reste du monde et leurs
conséquences éventuelles sur la défense camerounaise
paraît sérieusement remise en cause, en raison d'un personnel trop
restreint pour s'y consacrer vraiment. Ce qui sans doute pourrait expliquer une
visibilité limitée de la coopération militaire.
B- Une visibilité limitée de la
coopération militaire
L'insuffisance du personnel dans les services du Sous-Chef
Etudes Générales et Relations Internationales aurait pourrait
avoir pour corollaire une projection pas assez optimale de la
coopération militaire. Il n'apparaît pas à l'observation un
fil conducteur ou une ligne stratégique de la coopération
à suivre sur le long terme. Les problèmes et les besoins en
termes de formation et d'équipement sont de ce fait résolus au
cas par cas, en fonction des offres des différents partenaires
étrangers. L'une des caractéristiques les plus marquantes de la
coopération militaire camerounaise est que les relations avec les pays
étrangers, à l'exception de la France avec qui le Cameroun a
signé des accords systématiques de défense et d'assistance
militaires sont restées assez informelles. Les relations entre le
Cameroun et les différents partenaires militaires à travers le
monde ne bénéficient pas du même degré
d'organisation et d'élaboration que celles avec la France. Ce qui
pourrait être interprété comme un certain
déséquilibre. Le Cameroun pourtant entretient depuis son
indépendance des relations assez étroites avec de nombreuses
puissances à travers le monde, qui ne demandent qu'à être
davantage formalisées.
La politique camerounaise de défense repose
essentiellement sur la préservation de l'indépendance nationale
et de l'intégrité territoriale. Dans cette mesure, l'outil
militaire apparaît à la fois comme un symbole de la
souveraineté étatique et comme la manifestation tangible de la
volonté de défendre cette souveraineté. « Rechercher
une assurance contre les risques d'une agression, s'assurer la certitude de
n'être point attaqué ou de recevoir en cas d'attaque, l'aide
immédiate et efficace d'autres Etats », telle semble être la
préoccupation majeure du gouvernement camerounais en matière de
défense. Cette exigence va de pair avec la nécessité de
mettre en place des moyens stratégiques et militaires aptes à
dissuader d'éventuels agresseurs12.
12Narcisse MOUELLE KOMBI, La politique
étrangère du Cameroun ; L'harmattan, Paris, 1996 , op
cit..P62
50
La doctrine militaire quant à elle ; est la
défense populaire, et correspond bien à la formule de Jefferson :
« en chaque citoyen un soldat, en chaque soldat un citoyen »,
préconisant une identification nécessaire de l'armée et du
peuple13. Au total, on peut retenir que la paix et le
développement sont les fondements politiques de la doctrine militaire
camerounaise. Doctrine dynamique, dont les concepts varient selon
l'évolution du contexte interne et externe ; stabilité et
sécurité de l'Etat à l'indépendance,
opérationnalité et citoyenneté au lendemain de la guerre
civile (qui dura de1960 à 1970) modernité et
sécurité globale au lendemain de la guerre
froide14.
C'est justement sur le terrain de la modernité q'une
coopération militaire pas suffisamment lisible sur le long terme
constituerait un frein. Car une coopération peu formalisée avec
un grand nombre de pays, pourtant diversifiés dans les offres, les
approches et les potentialités limiterait quelque peu les
possibilités du Cameroun à bénéficier de
façon optimale des potentialités que peuvent présenter les
différents partenaires. C'est par exemple le cas de la formation des
pilotes de chasse au Maroc pour les avions Hercule C130. Les pilotes
camerounais s'y limitent à des qualifications de premier degré et
doivent de ce fait poursuivre leur formation dans un autre pays pour
l'obtention des qualifications du second degré. Le Maroc disposant
pourtant des infrastructures nécessaires pourrait offrir aux camerounais
une formation de qualité à des coûts relativement
abordables dans le cadre d'une coopération sud-sud. Cependant, le
processus d'élaboration et de formalisation des relations entre le
Cameroun et ses partenaires nécessiterait au préalable
l'élaboration d'une vision stratégique globale de la
coopération militaire ; qui elle-même serait le fruit d'une
redynamisation de la coopération militaire.
II- LA NECESSAIRE REDYNAMISATION DE LA COOPERATION
MILITAIRE
Plus que nécessaire, la redynamisation de la
coopération militaire passerait par un renforcement des services du
Sous-Chef Etude Générales et relations Internationales
(A) et l'engagement à plus de formalisation de la
coopération militaire (B).
13 Wullson MVOMO ELA, « fondements politiques
de la doctrine militaire Camerounaise » ; Honneur et
Fidélité 20 mai 2008 P.17
14 id
51
A- Le renforcement des services du SCEGRI
Dans son acception moderne, l'état major est une
équipe dont la tâche est dans la phase d'élaboration de la
décision, de compléter la réflexion du chef et le
conseiller : dans la phase de conduite, de mettre en oeuvre la décision
du chef par l'émission des ordres et l'exécution des tâches
de pilotage et d'assurer des tâches spéciales pour le commandant.
La complexité des forces des systèmes d'armes et des
opérations rend nécessaire la présence d'aides, dans des
domaines spécifiques, afin de libérer le comandant des
tâches annexes et / ou de problèmes de détails pour qu'il
puisse concentrer son activité sur le commandement15.
L'Etat-Major est au centre de la structure de commandement qui
comprend en outre les rapports de subordination et l'articulation
opérationnelle. Les états majors fonctionnent selon des principes
similaires d'un pays à l'autre, même si la terminologie
diffère parfois. La décision finale appartient au commandant,
mais l'état - major apporte ses compétences et la combinaison de
ses réflexions afin d'offrir au commandant, une palette d'options pour
ses décisions. Lorsque le commandant a sa propre solution au
problème, les réflexions de l'état major lui permettront
de la confronter avec d'autres possibilités et de la valider.
L'état -- major travaille donc pour le chef et en son nom. Le dialogue
et l'échange de réflexion entre le commandant et son
état--major permettent d'optimiser la décision.
L'état--major est donc composé de
spécialistes. La difficulté est souvent d'amener ces
spécialistes dans un seul processus de réflexions
réticulaire et non linéaire, le long des axes de
spécialités. Dans la théorie, le travail d'état
--major est donc l'organisation des réseaux de réflexion, qui
doit être adaptée à la complexité des
problèmes à traiter et leurs interactions.
Le SCEGRI dans ses missions, peut être
considéré comme la boite pensante de l'Etat-Major des
Armées en ce qui concerne la coopération militaire et
l'opérationnalité de l'armée camerounaise en rapport avec
le milieu international. C'est à ce titre qu'il est chargé des
études polémologiques et de la prospective. Des charges qui en
l'absence de ressources humaines en qualité et en quantité
suffisantes s'avèreraient fort difficiles à accomplir. Le
renforcement des services du SCEGRI en spécialistes et en moyens
revitaliserait absolument la coopération militaire. Un supplément
d'efforts de formalisation dans la coopération militaire serait
également approprié.
15 Jacques F. BAUD « Etat-Major
», in Thierry de Montbrial et Jean Klein, Dictionnaire de
stratégie, PUF, paris 2000, p.225 op cit
52
B- L'engagement à plus de formalisation de la
coopération militaire
L'engagement à plus de formalisation
nécessiterait l'élaboration d'un plan stratégique de la
coopération militaire. Elaborer un plan stratégique pour la
coopération militaire camerounaise reviendrait à établir
un feuille de route globale de la défense nationale à court,
moyen et long terme, puis à initier et à négocier des
accords de coopération en fonction de ces besoins.
L'établissement d'une feuille de route globale de la défense
présuppose l'intégration de celle-ci dans un contexte beaucoup
plus large, prenant en compte la conjoncture internationale, l'économie
nationale, les objectifs stratégiques vitaux à la survie de
l'Etat et les ambitions militaires. Toutes choses qui dépendent de
l'autorité politique. En dressant un état général
des besoins de défense à court, moyen et long terme dans le cadre
de la formation, de l'équipement et de la maintenance logistique et
prenant en compte l'évolution technologique et les potentialités
qu'offrent les différents partenaires, le Cameroun établirait une
feuille de route claire et durable pour sa politique extérieure de
défense. Cette feuille de route aurait pour but à terme de tendre
vers une autonomie stratégique générale à partir
d'autonomies partielles. Secteur après secteur, le Cameroun essaierait
de conquérir une certaine autonomie à travers un transfert de
compétences et de technologies.
Fig.4.1. Evolution d'une coopération ponctuelle
à une coopération harmonisée
|
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Actions ponctuelles de coopération
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Mise en réseau des actions
de coopération
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Organisation d'une coopération
militaire harmonisée et dynamique
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Source : compilé par l'auteur
53
Le processus consisterait à : partir des actions de
coopération isolées, établir des passerelles entre elles
pour créer un réseau ou une coopération en grillage.
Ensuite, passer du réseau d'actions de coopération à
l'organisation d'une coopération militaire plus élaborée,
uniforme et dynamique au service du développement.
En clair, la coopération militaire est un tout. Une
fois que les besoins au sein des différentes branches de l'armée
sont identifiés, ils devraient être centralisés par un
système de communication et de collaboration inter services. Ensuite,
les priorités seraient classées et les partenaires les plus
à même d'y répondre, ciblés. Enfin, surviendrait la
phase d'initiation des accords par la partie camerounaise qui approcherait les
différents partenaires pour engager des négociations. Au cas
où ces négociations aboutiraient à la signature d'accords
de coopération, il serait juste d'établir un système de
suivi de l'application des termes desdits accords et de leur évaluation
continue.
La création d'une unité de Recherche et
Développement au sein de l'armée serait salutaire.
L'unité Recherche et Développement aurait pour rôle
d'analyser les systèmes politiques, l'évolution technologique, la
conjoncture sécuritaire nationale et internationale, de centraliser les
besoins de l'armée en temps réel afin de projeter une
armée ultra moderne. Elle pourrait de ce fait servir de think tank ou de
« boite noire » à la hiérarchie politique et militaire
du Cameroun. Au service du Chef de l'Etat, du Ministre
délégué à la Présidence de la
République chargé de la Défense, de l'Etat Major des
Armées et des Etats majors des différentes branches de
l'armée, elle se chargerait de faire des propositions à la
hiérarchie politique et militaire autant qu'elle accomplirait des
missions à elle confiées par la hiérarchie. Par ailleurs,
l'Armée dispose d'énormes ressources humaines qui lui
permettraient d'être une puissante machine de développement. Elle
possède des compétences dans multiples domaines dont: la
médecine, la mécanique, l'informatique, l'électronique, le
génie, les ingénieries, les sciences humaines et technologiques
etc. Il suffirait de les mettre ensemble et de les harmoniser au coeur d'un
organe qui serait le centre nerveux de l'innovation et d'y mettre les moyens
nécessaires à la production industrielle. En l'absence de guerre,
la bataille de l'Armée est celle du développement à
travers des oeuvres à portée sociale. Des hôpitaux
militaires soignent la population civile et des routes sont construites par le
génie militaire, mais l'Armée pourrait faire davantage en
s'engageant sur le terrain de l'innovation et de la recherche. La
coopération militaire constituerait à ces fins un excellent canal
de transfert technologique.
54
Fig.4.2. Proposition de fonctionnement d'une
éventuelle unité de Recherche et Développement
Décisions de l'Autorité politique et
initiation des actions à entreprendre
Décrets Arrêtés Actions Accords Etc.
![](La-cooperation-militaire-camerounaise-enjeux-et-fonctionnement14.png)
CEMA
EMAT EMAA EMM
Collaboration
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Ministre de la Défense
Instructions
R & D
Propositions
Suivi de l'application
Les Etat-Majors adressent leurs préoccupations
|
Centralisation des besoins et analyses en fonction
des choix politiques, puis propositions
|
Source : compilé par l'auteur
55
Pour ce qui est du fonctionnement de l'unité Recherche
et Développement, les Etats-majors des différentes branches de
l'Armée adressent leurs préoccupations à l'unité.
Celle-ci centralise les besoins reçus et procède aux analyses
géostratégiques en fonction des options politiques et des
instructions de la hiérarchie. Elle se charge ensuite de les proposer au
Ministre Délégué à la Présidence
chargé de la Défense pour répercussion auprès du
Chef de l'Etat et prise de décision. Le Chef d'Etat-Major des
Armées y travaillerait en collaboration avec le Ministre. Une fois que
les décisions sont arrêtés, des dispositions devraient
être prises pour le suivi de leur application. En outre, le centre aurait
pour activité quotidienne la recherche prospective et l'innovation dans
divers domaines, et à ce titre constituerait une force de proposition de
l'Armée aux questions de paix et de développement. L'unité
Recherche et développement aurait la latitude de collaborer avec
d'autres centres de Recherches dans les domaines les plus variés,
à l'image du partenariat entre l'Université de Yaoundé
II-Soa et le Ministère de la Défense. La doctrine
stratégique de l'Armée camerounaise, axée sur la paix et
le développement ne s'en trouverait que davantage confortée et
matérialisée.
RECOMMANDATIONS
- Renforcer l'EGRI en effectifs et en moyens
- OEuvrer à la formalisation des relations militaires
extérieures
- Elaborer une ligne directrice de la coopération
militaire
- Collaborer davantage avec les Instituts
spécialisés de recherche sur la sécurité
et les organismes pouvant appuyer la défense
- Créer une unité Recherche et Développement
au sein de l'Armée.
56
Conclusion de la deuxième partie
Au fil de la deuxième partie de ce rapport, nous avons
exploré globalement la coopération militaire camerounaise et les
accords de coopération, en nous intéressant à la gestion
quotidienne de celle-ci au Ministère de la Défense. Le Cameroun
entretient des relations de coopération militaire avec une multitude de
pays à travers le monde. Les domaines concernés sont la formation
des officiers et sous-officiers, et l'acquisition du matériel de
défense. Des officiers et sous À officiers camerounais sont
formés dans les institutions de certaines puissances
étrangères parmi lesquelles : les Etats-Unis, la Grande Bretagne,
la France, la Grèce, la Chine, le Canada, la Russie et Israël. Des
officiers camerounais sont aussi formés dans des pays africains à
l'exemple du Maroc, du Sénégal, du Mali etc. Mais la cohorte la
plus importante est formée à l'Ecole militaires
interarmées qui par ailleurs accueille des militaires de plusieurs pays
de l'Afrique subsaharienne.
Le Cameroun dispose d'un Cours Supérieur
Interarmées de Défense qui a formé des officiers de plus
d'une trentaine de nationalités différentes. Les principaux
pourvoyeurs en moyens de défense sont : les Etats-Unis, la France, la
Grande Bretagne, l'Allemagne, le Canada, la Suède, Israël et la
chine.
Le déficit de formalisation des relations du Cameroun
avec les pays étrangers est caractériel de la coopération
militaire camerounaise. Situation qui limite la visibilité globale de
cette coopération sur le long terme. Elle s'en trouve limitée
à des actions ponctuelles initiées au cas par cas pour
résorber des problèmes ponctuels, limitant de ce fait la
prospective. A l'observation, un effectif limité des services du Sous -
Chef Etudes Générales et Relations Internationales et un
déficit de planification stratégique ne seraient pas
étrangers à cette situation. La redynamisation de la
coopération passerait donc par un renforcement de l'EGRI en moyens
humains et matériels, par l'élaboration d'un plan
stratégique de la coopération militaire à long terme et
par plus d'engagement à la formalisation des relations de
coopération. La collaboration avec des instituts
spécialisés sur la sécurité et organismes pouvant
appuyer la défense ; et la création d'une unité de
Recherche et Développement au sein de l'armée seraient
également indiquées pour redynamiser la coopération
militaire.
![](La-cooperation-militaire-camerounaise-enjeux-et-fonctionnement15.png)
CONCLUSION GENERALE
57
Au terme de deux années d'enseignements
théoriques au Centre de Recherche et d'Etudes Politiques et
Stratégiques de l'Université de Yaoundé II, en vue de
l'obtention d'un Master professionnel en Stratégie, Défense,
Sécurité, Gestion des Conflits et des Catastrophes, nous avons eu
le privilège de séjourner au Ministère de la
défense pour une approche pratique. Durant notre stage qui s'est
étalé sur deux mois allant du 25 février au 25 avril 2010,
nous avons été accueillis à l'Etat-major des
Armées, et plus précisément dans les services du Sous-chef
d'Etat-major chargé des études Générales et
Relations Internationales, du Conseiller Diplomatique auprès du Chef
d'Etat-major des Armées, et du Sous-chef d'Etat-major chargé des
Plans successivement. Ainsi, nous avons choisi de traiter du thème
suivant ; la coopération militaire : enjeux et fonctionnement.
Dans le chapitre premier de ce travail, nous avons
procédé à une présentation du Ministère de
la Défense dans sa globalité, tout en insistant sur l'Etat-major
des Armées, organe qui nous a accueillis durant notre stage. Nous avons
pu constater que l'Etat Major des Armées est la machine
opérationnelle de la défense, tandis que le Secrétariat
Général chapeaute la machine administrative. A côté
de ceux-ci, le Secrétariat d'Etat à la Défense
Chargé de la Gendarmerie, est une entité du Ministère de
la Défense chargée exclusivement de la Gendarmerie. En revanche,
tous Ces organes sont sous la tutelle politique du Ministre
Délégué à la Présidence, chargé de la
Défense ; le Chef de l'Etat étant par ailleurs le Chef des
Armées.
Le deuxième chapitre, portant sur le déroulement
du stage est un récit du séjour au Ministère de la
Défense et de l'expérience que nous avons pu en tirer. En
général, le stage s'est déroulé sans incident
majeur. Nous avons ainsi pu découvrir des aspects de la défense
et de l'armée, jusque là inconnus pour nous. C'est le cas de la
spécialisation des tâches, du dynamisme et de la hiérarchie
au sein de l'armée. En dépit de ces découvertes, nous
avons rencontré quelques difficultés liées à
l'incompréhension, au mutisme et à l'indisponibilité de
certains responsables militaires.
Le chapitre trois a été une exploration de la
coopération militaire camerounaise dans sa globalité. Il s'agit
d'une coopération à deux volets au niveau des partenaires ; avec
la France d'un coté et les autres partenaires en Afrique ainsi que dans
le monde de l'autre. Observation, qui nous a permis d'analyser le
problème de la coopération camerounaise dans le quatrième
chapitre de notre travail. Parti du constat selon lequel le Cameroun entretient
avec le monde extérieur des relations nourries depuis des
décennies, nous avons observé qu'elles ne semblent pas
codifiées par des accords de coopération à l'exception de
celles avec la France. Ce qui ne
58
permet pas au Cameroun de tirer le meilleur parti possible de
ses liens d'amitié. Nous nous sommes attelé à comprendre
les enjeux et le fonctionnement de la coopération militaire
camerounaise, en analysant la gestion de cette coopération au
Ministère de la Défense. Le Sous-Chef Etudes
Générales et Relations Internationales s'occupe de la
coopération militaire au plan opérationnel, la Division de la
Coopération Militaire directement rattachée à
l'administration centrale s'occupe de la partie politique. Le Conseiller
Diplomatique du Chef d'Etat Major des Armées apporte son expertise
à ce dernier dans son domaine de compétence.
Alors que le Cameroun coopère depuis des
décennies avec une multitude de pays à travers le monde,
qu'est-ce qui expliquerait l'inexistence d'accords de coopération entre
ce pays et les partenaires étrangers, à l'exception de la France
? Trois pistes de réflexions se sont offertes à nous, à
savoir : qu'il puisse s'agir d'un choix stratégique
délibéré du Cameroun, d'une volonté politique
inhibée par des lenteurs procédurales, ou alors tout simplement
d'une insuffisance de vision stratégique. A l'analyse suite à ce
questionnement, l'hypothèse d'une lenteur procédurale semble fort
peu plausible, car toute négociation diplomatique mettrait difficilement
cinq décennies à aboutir en temps de paix. Il ne saurait non plus
s'agir de choix stratégique délibéré, car le
Cameroun coopère librement avec des Etats de tous les horizons du globe,
dans la formation des hommes et dans l'acquisition du matériel
militaire. Le problème de la coopération parait donc être
un déficit de planification stratégique. Situation qui limite la
visibilité globale de cette coopération sur le long terme. Elle
s'en trouve limitée à des actions ponctuelles initiées au
cas par cas pour résorber des problèmes ponctuels, limitant de ce
fait la prospective. A l'observation, un effectif limité des services du
Sous - Chef Etudes Générales et Relations Internationales ne
serait pas étranger à cette situation. La redynamisation de la
coopération passerait donc par un renforcement de l'EGRI en moyens
humains et matériels et par l'élaboration d'un plan
stratégique de la coopération militaire à long terme. Nous
pouvons de ce fait formuler les recommandations suivantes.
- Renforcer l'EGRI en effectifs et en moyens
- OEuvrer à la formalisation des relations militaires
extérieures
- Elaborer une ligne directrice de la coopération
militaire
- Collaborer davantage avec les Instituts
spécialisés de recherche sur la sécurité
et les organismes pouvant appuyer la défense
- Créer une unité Recherche et Développement
au sein de l'Armée.
Des hôpitaux militaires soignent la population civile et
des routes sont construites par le génie militaire, mais l'Armée
pourrait faire davantage en s'engageant sur le terrain de l'innovation et de la
recherche. La coopération militaire constituerait à ces fins un
excellent canal de transfert technologique.
59
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
1. MONTBRIAL, Thierry de ; et KLEIN, Jean, Dictionnaire de
Stratégie, PUF, Paris, 2000.
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du Cameroun, l'Harmattan, Paris, 1996.
3. OYONO Dieudonné, Avec ou sans la France ?
(la politique africaine du Cameroun depuis 1960), l'Harmattan, Paris, 1990
4. ROCHE, Jean-Jacques; Théories des Relations
Internationales; Montchrestien, Paris, 1999
5. ZORGBIBE, Charles. Les alliances dans le système
mondial, Paris, Presses Universitaires de France, coll. «
perspectives internationales », 1983.
Articles
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on progress » ; Institute for Security Studies, n°160; march
2008.
2. HOOP SCHEFFER, Alexandra de, « Alliances Militaires et
Sécurité Collective: Contradictions et Convergences » ; in G
devin et B. Badie ; Evolutions et tendances. Paris, La
Découverte, 2007.
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nouvelle génération » ; Manière de voir, Le
Monde Diplomatique, n°108, décembre 2009-janvier 2010, pp 28-29.
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doctrine Militaire Camerounaise », in Honneur et
Fidélité, 20 mai 2008, pp. 16-17.
5.
60
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Libération Kamerunaise et sa stratégie révolutionnaire,
1959-1970 », in Outre- Mers, T93, n° 348-349 (2005), pp.
255-269.
6. ZORGBIBE, Charles, « Le pacte Sassou n'guesso et la
théorie des alliances », Géostratégiques ;
n° 25, octobre 2009, pp. 135-144.
Thèse et rapport
1. ELA ELA, Emmanuel ; La politique de défense du
Cameroun depuis 1959 : contraintes et réalités ;
thèse de doctorat ; département d'histoire, Université de
Nantes (France), 2000.
2. FOMING Rodrigue Boris, La Gestion des Stages à
l'étranger au Ministère de la Défense, rapport de
stage au ministère de la défense pour l'obtention d'un Master
professionnel en diplomatie (IRIC), année académique
2008-2009.
Revues
- Armées d'aujourd'hui ; n°259, avril 2001
- Frères d'armes ; n°246, premier trimestre 2005
(revue de liaison de la coopération militaire et de défense).
- Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale
(IHDN), Comprendre La Défense, Economica, Paris, 1999
Sites Web
- www.arcanes-et-rouages-de-la-361.htm
-
www.ceri-sciencespo.com/.../hoopscheffer/alliances-07.pdf
-
www.defense.gouv.fr
-
www.strategicsinternational.com
/25_09.pdf
![](La-cooperation-militaire-camerounaise-enjeux-et-fonctionnement16.png)
ANNEXES
61
62
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE 2
DEDICACE 3
REMERCIEMENTS 4
REMERCIEMENTS 4
SIGLES ET ABREVIATIONS 6
LISTE DES TABLEAUX 8
RESUME EXECUTIF 9
ABSTRACT 10
INTRODUCTION GENERALE 11
PREMIERE PARTIE 14
DESCRIPTION DU STAGE 14
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DU CADRE DU STAGE
15
I- LE MINISTERE DE LA DEFENSE 15
A- ENCADREMENT JURIDIQUE 15
B- PRESENTATION PHYSIQUE 19
II- L'ETAT MAJOR DES ARMEES 19
A- ORGANIGRAMME GENERAL 20
B- LE SCEGRI, LE CONSEILLER DIPLOMATIQUE ET LE SOUS-CHEF
PLANS 23
1. LE SCEGRI 23
2. LE CONSEILLER DIPLOMATIQUE 25
3. LE SOUS-CHEF PLANS 25
CHAPITRE 2 : DEROULEMENT DU STAGE 28
I À LE SEJOUR A L'ETAT-MAJOR DES ARMEES. 28
A À PASSAGE CHEZ LE SC/EGRI ET CHEZ LE CONSEILLER
DIPLOMATIQUE 28
1.
63
LE SC/EGRI 28
2. LE CONSEILLER DIPLOMATIQUE 29
B- PASSAGE CHEZ LE SOUS-CHEF «PLANS« 30
1. L'ACCUEIL 30
2. LES ACTIVITES 30
II- DECOUVERTES ET DIFFICULTES 31
A. DECOUVERTES 31
1. LA SPECIALISATION AU SEIN DE L'ARMEE 31
2. LE DYNAMISME DE L'ARMEE 32
3. LA HIERARCHIE MILITAIRE 32
a. LES GRADES 33
b. LES APPELLATIONS 34
B- DIFFICULTES RENCONTREES 36
1. L'INCOMPREHENSION 36
2. LE MUTISME 36
3. L'INDISPONIBILITE DES RESPONSABLES MILITAIRES 37
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 37
DEUXIEME PARTIE : LA COOPERATION MILITAIRE
CAMEROUNAISE ET LES
ACCORDS DE COOPERATION 38
CHAPITRE 3 :LA COOPERATION MILITAIRE CAMEROUNAISE
39
I- LA COOPERATION AVEC LA FRANCE 39
A- LA FORMATION DES MILITAIRES CAMEROUNAIS DANS LES ECOLES
FRANÇAISES. 39
B. L'ASSISTANCE MILITAIRE TECHNIQUE 42
II- LES AUTRES PARTENAIRES 43
A- LES PARTENAIRES AFRICAINS 43
B- LES PARTENAIRES NON AFRICAINS 45
CHAPITRE 4 :LA GESTION DE LA COOPERATION MILITAIRE
47
AU MINISTERE DE LA DEFENSE 47
I- LES LIMITES DANS LA PLANIFICATION STRATEGIQUE 47
A-
64
UN EFFECTIF RELATIVEMENT RESTREINT A L'EGRI 47
B- UNE VISIBILITE LIMITEE DE LA COOPERATION MILITAIRE 49
II- LA NECESSAIRE REDYNAMISATION DE LA COOPERATION MILITAIRE
50
A- LE RENFORCEMENT DES SERVICES DU SC/EGRI 51
B- L'ENGAGEMENT A PLUS DE FORMALISATION DE LA COOPERATION
MILITAIRE 52
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 56
CONCLUSION GENERALE 57
BIBLIOGRAPHIE 59
ANNEXES 60
TABLE DES MATIERES 61
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