La francophonie et la prévention des conflits post électoraux en Afrique:cas de la Côte -d'Ivoire( Télécharger le fichier original )par Stéphane Aloys MBONO Université de Lyon 3 - Master 2011 |
CONCLUSION GENERALEAu total, il était question de répondre à la question de savoir quel rôle a joué la Francophonie pour prévenir le conflit post électoral qui a eu lieu en Côte d'Ivoire à la suite des élections présidentielles des 31octobre et du 28 novembre 2010. Notre hypothèse de départ était que la Francophonie a joué un rôle, mais que ce rôle était minimal pour prévenir ce conflit post électoral. Tout au long des développements, il s'est agit tout d'abord de montrer les actions préventives de la Francophonie en Côte d'Ivoire. Ces actions ont été qualifiées de timides en général. La raison c'est que, durant la période avant l'élection, c'est-à dire à partir au moins de 2002, la Francophonie ne s'est pas beaucoup fait sentir puisqu'elle n'a fait que participer aux travaux ayant débouché sur l'Accord d'Accra II et en partie sur ceux s'étant achevé avec la conclusion de l'Accord de Linas Marcoussis de 2003. Ce qui ne peut lui permettre d'avoir une prise suffisante sur les évènements. Or, cette élection comportait des enjeux importants qui déterminaient l'issue de cette élection. Parmi ces enjeux, figurent l'enjeu de participation en référence à la participation de tous les acteurs politiques, mais aussi des électeurs ; et l'enjeu de contrôle, faisant allusion au contrôle des institutions clé par les acteurs politiques, mais également contrôle du fichier électoral. Cette timidité au niveau de ses actions avant la période électorale s'est aussi fait voir pendant le processus électoral lui-même. En effet, la Francophonie s'est fait ressentir uniquement à travers sa Mission d'information et de contacts que dirigeait Gérard Latortue, ancien Premier ministre d'Haïti. La Mission a fait des rencontres et a effectué des discussions avec les autres acteurs en présence sur le terrain à la fois pour leur expliquer le but de leur présence en Côte d'Ivoire, mais également pour savoir ce que ceux-ci entreprennent dans le pays dans le cadre de leur présence. Le but de la Mission était de prendre la mesure des efforts déployés par les acteurs politiques ivoiriens pour aboutir à des élections libres, fiables, et transparentes. C'est certainement ce qui explique la faible représentativité numérique des membres qui forment la délégation. La Mission a rencontré les acteurs politiques et administratifs ivoiriens ainsi que les autres partenaires extérieurs. Elle a également couvert quelques bureaux de vote dans la capitale ivoirienne et a pris position au moment des proclamations des résultats pour le candidat Ouattara qui a été déclaré vainqueur par la CEI et certifié par le RSSG. La suite, on la connait, la Côte d'Ivoire a sombré dans un conflit armé postélectoral résultant du fait que les deux candidats au second tour revendiquaient chacun la victoire. A ce niveau, il est clair que le fait qu'on soit arrivé à cette situation malheureuse démontre à loisir que la Francophonie a échoué dans sa volonté de prévenir le conflit post électoral dans ce pays d'Afrique. Les limites qu'on peut déceler dans l'action préventive de la Francophonie sont de deux ordres. D'un coté, des limites sur un plan structurel qui tournent autour de la flexibilité pragmatique de la Francophonie en termes de gestion électorale, mais aussi de ce que la Francophonie ne soit pas un acteur principal, mais plutôt subsidiaire de prévention des conflits. D'un autre coté, on a pu noter des limites sur le plan opérationnel qui tiennent au fait que la Francophonie a joué plus un rôle de relais, d'accompagnement des actions d'autres acteurs présents sur le terrain, ce qui l'a placée dans une position de second plan. De plus, elle a fait montre d'un retrait coupable alors qu'elle disposait d'avantages comparatifs par rapport à d'autres acteurs en présence dans le processus électoral, ce qui a permis d'étaler son manque d'autorité suffisante pour pouvoir parvenir à prévenir le conflit postélectoral qui est survenu par la suite. Il lui a été proposé quelques solutions afin d'améliorer à l'avenir son modèle de prévention des conflits post électoraux afin que dans son espace et notamment celui africain, ce type de situation ne se produise plus. Les propositions qui ont été faites tournent autour du renforcement du volet structurel de son action préventive qui semble être le point sur lequel elle met le plus d'emphase. Puisque la Francophonie tient à la démocratie, au respect de l'état de droit, ainsi qu'à la prévention des conflits comme le témoignent ses textes de référence que sont la Charte de 2005, la Déclaration de Bamako et celle de Saint Boniface, il serait important qu'elle améliore ce domaine. Ceci passe par une rigidité dans le suivi du processus électoral. En ce qui concerne le domaine opérationnel, il faut dire que la Francophonie gagnerait à collaborer avec les autres acteurs plutôt que de se soumettre, ce qui a le mérite de pouvoir lui conférer plus de moyens et plus d'autonomie dans l'appréciation et la couverture des évènements durant les processus électoraux. De plus, elle gagnerait à avoir plus d'autorité, ce qui passe par un suivi des situations et donc au renforcement de l'alerte précoce dans ses Etats membres afin de pouvoir déterminer les éventuels signaux crisogènes. Enfin, il a été proposé dans le même sens de l'autorité, d'avoir une composante militaire qui constituerait un élément de dissuasion montrant sa capacité de nuisance, ou du moins en attendant d'avoir cette composante dans un avenir médiat, encourager les Etats francophones à participer aux OMP. Tous ces moments de la réflexion qui a été menée nous permettent d'arriver à la réponse à la question qui a été posée au départ .Il est clair que la Francophonie a joué un rôle minimal pour prévenir le conflit post électoral qui a eu lieu en Côte d'Ivoire. D'où notre hypothèse de départ est confirmée. Ce qui peut donc être attendu c'est que la Francophonie réajuste son dispositif de prévention des conflits post électoraux afin que pareille situation ne soit plus à l'ordre du jour dans son espace en Afrique en général, et en Côte d'Ivoire en particulier. Cela ne serait que mérité car c'est de l'Afrique que naît la Francophonie, et en retour de son action historique, il est logique qu'elle ait une attente particulière en cette organisation pour ce qui est de son développement, notamment en ce qui concerne un rôle dans l'élimination ou du moins à la réduction conséquente des conflits postélectoraux sur le continent. Car « l'amitié ne se nourrit pas que de souvenirs, fussent-ils les meilleurs possibles, nous enseigne un proverbe africain. Elle exige aussi cette pensée forte de Hegel qui relève : la principale catégorie historique ce n'est pas le souvenir, le passé, mais l'attente, la promesse, l'avenir »121(*) . * 121 Ze Nguema (Fidèle), La Francophonie entre fable et séduction. Pour une Sociologie de l'inter culturalité, les éditions Udégiennes, Libreville, CERGEP P .31. |
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