La francophonie et la prévention des conflits post électoraux en Afrique:cas de la Côte -d'Ivoire( Télécharger le fichier original )par Stéphane Aloys MBONO Université de Lyon 3 - Master 2011 |
B- Le rôle de relais joué par la FrancophonieLe rôle de relais joué par la Francophonie renvoie à la poursuite ou à l'appropriation par elle, puis à sa disposition à mener les mêmes combats à la suite d'acteurs bien précis. Puisque cette Organisation ne vit pas en autarcie et s'inscrit dans une logique d'ensemble, il est plus qu'évident pour elle de se retrouver dans un rôle de relais d'autant plus qu'elle n'est pas pionnière dans ce domaine de prévention des conflits post électoraux91(*).On comprend mieux-même si cela est discutable- le fait que la Francophonie se retrouve à jouer un rôle limité dans le cas ivoirien car d'autres acteurs se sont suffisamment mobilisés en amont. En effet, en ce qui concerne le rôle de relais joué par la Francophonie, il faut dire que ce rôle peut être historiquement compris avec les liens institutionnels92(*) qui existent entre elle et l'ONU par exemple. Le Secrétaire général de l'ONU est invité à chaque Sommet des Chefs d'État et de gouvernement des pays ayant le français en partage afin d'y prononcer un discours, ce qui est une manière de rappeler solennellement le lien existant entre les deux Organisations. Depuis le 18 décembre 1998, la Francophonie assiste en qualité d'observateur aux sessions et aux travaux de l'Assemblée générale et de ses organes subsidiaires. Elle participe aussi aux réunions programmées entre les Organisations régionales et l'ONU. Elle s'est engagée à coordonner les efforts entre cette dernière et les Organisations régionales. Aussi, le 20 mars 1998, les Secrétaires généraux et les représentants des Organisations internationales et régionales se sont réunis pour la première fois à Paris à l'invitation du Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali. L'objectif était d'aborder ensemble avec plus de cohérence et d'efficacité, les grands problèmes internationaux : la paix, la sécurité, le développement. Cette volonté de coopération a pris la forme d'accords grâce auxquels la Francophonie agit en tant que sujet de droit international93(*). Le rôle de relais peut se voir intrinsèquement à travers le fait que la Francophonie se construit comme un vaste réseau de carrefours nombreux et multiformes. Elle s'affirme avant tout, par le rôle de «liaison » qu'elle cherche à opérer entre eux tous; elle entend nouer le dialogue avec l'ensemble des grandes aires linguistiques et culturelles94(*) . La Francophonie utilise le rôle de « relais » que ses Membres sont appelés à jouer entre eux, les « mondes » et les Organisations internationales auxquelles ils participent pour construire ses relations extérieures. Selon Jean-Louis Roy, « elle n'est ni un vide ni un plein, elle est un lieu de rassemblement »95(*) . Son poids résulte sans aucun doute des ponts nombreux qu'elle jette entre les denses réseaux sociaux, culturels et institutionnels sur lesquels elle peut s'appuyer. Ils sont la principale ressource dont elle dispose pour forger l'esprit de communauté dont elle rêve et retrouver l'universalité à laquelle elle aspire. La Francophonie s'inscrit de ce fait dans une logique claire, celle de l'accompagnement, du suivi, du relais. Le processus électoral ivoirien récent de 2010 nous administre la preuve s'il en était encore besoin de la nature de cette Organisation à la base et qui s'est concrétisé par l'action limitée qu'elle a jouée ici. Les élections dans ce pays d'Afrique a permis de se rendre compte que la Francophonie a plus joué un rôle d'accompagnateur, de suiveur, de relais dans l'ensemble du processus. La Francophonie s'est beaucoup plus attelée à accompagner les actions des autres partenaires au processus. Cela s'est vu à travers les différentes rencontres qu'elle a eues avec les acteurs politiques et intervenants internes et externes en Côte d'Ivoire pour leur expliquer l'objet de sa mission, mais aussi et surtout s'enquérir des missions de ceux-ci. Au terme de ces rencontres, elle a pu se montrer satisfaite des compte rendu qui lui ont été faits et a martelé son appui à toutes les actions de ces partenaires dans la mesure où ces actions vont dans le même sens que l'objectif fixé par la Déclaration de Bamako, à savoir assurer des élections libres, fiables et transparentes. Seulement, ce qu'on peut reprocher à l'OIF, c'est sa quasi subordination aux actions des autres partenaires présents lors du processus électoral, chose qu'on peut expliquer par sa non participation véritable à la totalité des opérations électorales. * 91 C'est à l'ONU qu'est reconnue la mission de préservation des générations actuelles et futures des fléaux de la guerre et ceci dès sa création en 1946, bien avant même la naissance de la Francophonie politique qu'on connait aujourd'hui. * 92 Massart-Pierard (Françoise), op.cit. P 89. * 93 Massart-Pierard (Françoise), op.cit. P 89. * 94 Le partenariat avec d'autres aires linguistiques et culturelles est considéré, depuis l'an 2000, comme un axe majeur de l'action de l'OIF en faveur de la diversité culturelle. Les espaces hispanophone, lusophone et francophone ont institutionnalisé une coopération sous le titre de TEL (direction de Trois Espaces linguistiques). Le rapprochement à opérer avec d'autres organisations linguistiques et culturelles s'est traduit par une Déclaration intitulée «Coopération, diversité, paix », signée à Mexico en 2003 par les Secrétaires généraux des TEL. * 95 . ROY J.-L., La Francophonie, l'émergence d'une alliance, Montréal, Hurtubise, H.M.H., 1989. |
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