République du Bénin
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Université d'Abomey Calavi
(UAC)
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Faculté des Lettres, Arts et Sciences
Humaines
(FLASH)
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Département de
Sociologie-Anthropologie
(DSA)
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LE RITUEL SAMBAANI CHEZ
LES BAATONMBU DE N'DALI
Réalisé par : Sous la
Direction de :
Chantal Gnon DARA Dr. Dodji
AMOUZOUVI
Maitre Assistant à L'UAC
Jury de Soutenance
Président : Christian
AGOSSOU
Rapporteur : Dodji AMOUZOUVI
Examinateur : Euloge OGOUWALE
Date de la soutenance : 26 Août
2010
Note obtenue : 16/20
Mention : Bien
Année Académique 2009-2010
DEDICACE
Je dédie ce travail
Ø A mon père DARA Jean qui s'est beaucoup
peiné pour la réussite de ses
enfants. Aujourd'hui, il m'est donné l'occasion de lui
exprimer mes sincères reconnaissances et mon amour.
Ø A ma mère ABOU Azaratou qui s'est
sacrifiée pour mon bien-être en
acceptant de connaître les souffrances de ce monde. Que
ce travail soit son cadeau éternel.
Ø A mon frère SAMANI François ; toi
qui a cru en moi en me donnant tout
ton soutien et tes conseils. Aujourd'hui l'occasion m'est
donné d'exprimer mes sincères reconnaissances.
SOMMAIRE
Dédicace
....................................................................................................1
Sommaire...................................................................................................2
REMERCIEMENTS.......................................................................................3
RESUME
...................................................................................................4
ABSTRACTS...............................................................................................5
Introduction.................................................................................................6
1ère partie : Aspects
généraux sur le
Sambaani.......................................................27
Chapitre 1 : Genèse du rituel
Sambaani...............................................................27
Chapitre 2 : Aspects religieux du
Sambaani.........................................................34
Chapitre 3 : Processus de manifestation du
Sambaani...............................................37
2ème partie : Sambaani dans
l'arène socio-religieuse à
N'Dali..........................................44
Chapitre 4 : Sambaani à la croisée des
chemins......................................................44
Chapitre 5 : Relation entre les hommes et
lesbûnu....................................................48
Chapitre 6 : Héritage culturel et le devenir du
Sambaani............................................51
Conclusion................................................................................................55
REMERCIEMENTS
C'est pour moi un réel plaisir d'exprimer toute ma
gratitude à mes encadreurs qui m'ont donné l'occasion de venir
m'instruire à leurs côtés. Leur dévouement et leur
amour pour les sciences sociales nous ont beaucoup fascinés et ils ont
su mettre en nous la motivation nécessaire pour l'accomplissement de
cette noble mission qui est de faire de la recherche sociologique.
Ø Mes remerciements vont à l'endroit de M.Dodji
AMOUZOUVI pour
m'avoir suivi et écouté d'une oreille attentive
tout au long de ce travail. Je lui témoigne ma profonde gratitude.
Ø Mes sincères remerciements également
vont aussi à l'endroit deM.
HOUINSA David dont les conseils, le soutien et les remarques
ont été utiles, je ne cesserai de vous dire merci papa.
Ø A mon cher ami SENOU Mesmin pour son soutien
Ø A mon cher ami M. Innocent pour tout son soutien
Ø M. ZIME Inoussa pour son assistance et son
attachement à notre réussite.
Ø A la famille ALLAGBE pour son soutien.
Ø A M. DADY pour tous ses conseils et son soutien
Ø A mes soeurs Delphine, Mistourath, Aichata, mon
neveu Abel et mon
frère Antoine pour leur soutien.
Ø A la famille da-COSTA pour son soutien
Ø A tous les étudiants de la
4ème année du CUP de la promotion 2008
Spécialement Sibgath, Daniel, Arlette, Gilles, Arthuset
Delphine AHOUSSOUGA.
Enfin, j'adresse toute ma reconnaissance à tous ceux
qui, de près ou de loin ont apporté leur contribution à
l'aboutissement de ce travail.
Chapitre 1 RESUME
Le rituel Sambaani, au sein de la communauté baatonu
exige l'interaction des groupes sociaux et des manifestations permanentes ou
périodiques. Même les logiques sous-tendant ce rituel et sa forme
relèvent parfois de "l'arbitraire social", il n'en
demeure pas moins vrai qu'il remplit des fonctions spécifiques.
C'est donc à la détermination des fonctions et
des manifestations du rituel Sambaani dans la communauté baatonu, que
s'est attelé le présent travail. Il a eu comme objectifs de
présenter l'évolution du Sambaani à N'Dali à
travers sa genèse, ses rites cultuels et culturels, ses modes
d'adhésion, ses acteurs et sa finalité, identifier les
modifications intervenues dans le rituel du fait des autres religions,
repérer la place qu'occupe le Sambaani dans la vie religieuse des
communautés de N'Dali. La conduite des travaux, exécutée
dans une perspective fonctionnaliste, a pris en compte quatre groupes-cibles
répartis en huit (08) catégories sociales. Au total 65 personnes
ont été approchées et enquêtées avec les
outils spécifiques à la nature qualitative de l'étude. Les
données recueillies sur le terrain nous ont permis d'aboutir aux
résultats.
Le rituel Sambaani, communément
désignée "bun"par la
communautébaatonu,est l'apanage des femmes. La persistance de sa
pratique tient essentiellement aux différentes fonctions
socioculturelles que le rituel assure. Ainsi, la différenciation
sociale ou la distinction, la protection constituent des moments de la
communication entre le pratiquant et son milieu. Mieux encore, la pratique du
rituel Sambaani constitue un facteur d'intégration et de
cohésion sociale par les liens qu'il suscite entre les différents
membres de la société. La cohésion interne de chaque
catégorie sociale et leurs relations conflictuelles avec les autres
peuvent donc être appréhendées par l'analyse du pratique
Sambaani, ainsi que des discours qui leur sont associés.
Mots-clés : Rituel Sambaani, culture,
cérémonie, cohésion sociale
Chapitre 2 ABSTRACT
The ritual Sambaani, within the community
baatonu, requires in the interaction of the social involved groups and the
permanent uses or periodicals. Even logics underlying this ritual and its form
concern arbitrary social sometimes, it does not remain less true about it than
it fills of the specific functions.
It is thus with the determination of the functions and of the
manifestation of ritual in the community baatonu, that this work was harnessed.
It had as objective to present the developments of the ritual Sambaani in
N'Dali through its genesis, its worship ritual and cultural its muss of
joining, her actor and its finality, to identify the modification occurred in
the ritual because the other religion, on the spot that take up the Sambaani in
the life religiousfor the community of N'Dali. The control of work, carried
out from the functionalist point of view, took into account four group-targets
divided into eight (08) social categories. On the whole 65 people approximate
and were surveyed with the tools specific to the qualitative nature of the
study. The data collected were analyzed progressively and the results which
they made it possible to succeed are the following ones.
The ritual Sambaani, commonly indicated
«bun» by the communitybaatonu, is an
attribute of the woman. The persistence of its practice primarily holds with
the various sociocultural functions that ritual ensures. Thus, social
differentiation or the distinction, the protection constitutes moments of the
communication between the practicing and its medium. Better still; the practice
of Sambaani ritual constitutes an important factor of integration and social
cohesion by the bonds which it causes between the various members of the
company. The internal cohesion of each social category and their conflict
relations with the others can thus be apprehended by the analysis of the
Sambaani practice as of the speeches which are associated for them.
Key words:Sambaani ritual, culture, ceremony,
social cohesion
Introduction
L'être suprême est la figure la plus importante de
toute une série d'êtres spirituels qui agissent en tant que
médiateurs entre lui et les humains. Dans les religions
traditionnelles, l'homme se tourne vers les esprits sans oublier l'existence de
l'être suprême. Et c'est vers ces esprits que le peuple baatonu se
tourne pour formuler ses demandes. Le but de l'homme est de vivre et d'en
trouver les moyens. Chacun fait l'expérience du mal : c'est tout ce
qui entrave le désir de vivre en plénitude. Il faut donc
conjurer, réduire le mal, acquérir une force pour obtenir le
salut, qui n'est autre chose que la vie même, et ceci à l'aide de
conceptions et d'actions religieuses. Les croyances traditionnelles
s'articulent autour du culte rendu à des divinités ou esprits
incarnant des forces supranaturelles. Ceux-ci président aux
destinées des hommes et servent d'intermédiaires entre le dieu
suprême et l'humanité. Pouvant parfois être des
ancêtres ayant accédé au rang de divinité, ils sont
désignés sous le terme de Sambaani.
Depuis toujours, les religions traditionnelles jouent un
rôle capital dans le développement de tous les pays et au sein des
Africains en particulier. Ainsi, chaque groupe socio -culturel possède
un corpus de représentations collectives, de mythes et des rites. C'est
pourquoi le phénomène religieux se lit à travers les
comportements, les façons de faire et d'agir de chaque groupe
socio-culturel. Tout ceci constitue la sève qui, en la nourrissant,
permet à la religion de se perpétuer. C'est dire donc que la
religion, étant le ciment social, permet de définir
l'identité de chaque société. A travers la
perpétuation des rites religieux, on développe chez chaque membre
la foi qui elle aussi, se reconnaît par ses actes. Mais, il peut arriver
que, pour diverses raisons, il y ait rupture entre les actes religieux et la
conviction personnelle. Malgré ces cas isolés, les pays africains
continuent de promouvoir leurs cultures à travers différentes
manifestations rituelles et cérémonies. C'est dire que toute vie
en société obéit à des comportements
ritualisés pour l'institutionnalisation de certaines moeurs et
normes.Les Baatombu, donnant l'exemple d'une
société dominée par l'animisme, sont
présentés comme des peuples très religieux mais aussi
attachés à leur tradition. De ce fait, ils ont toujours
manifesté un vif intérêt et une ardente défense de
leur rituel qu'est le Sambaani. Mais de nos jours,
Sambaani, rituel de base des
Baatombu, cohabite avec d'autres religions
révélées telles que l'Islam et le Christianisme. Mais
cette cohabitation a été favorable parce que les
Baatombu ont certainement en eux quelque chose qui
s'y présente et est probablement absent chez les autres. Cette chose,
c'est leur rite de base ; le Sambaani. En parlant des pratiques
religieuses en Afrique, on voit une mosaïque de faits religieux. C'est
pourquoi on parle « d'une pluralité des religions
traditionnelles en Afrique » (MBITI, John, 1972).
Bien que s'appuyant sur la croyance originale
en l'existence d'un dieu suprême et de nombreux esprits, le Sambaani a
subi de nombreuses mutations. Les esprits notamment, que l'on nomme
bûn (fétiche), ont acquis de
nouvelles caractéristiques. Se comptant par milliers, ils se distinguent
par leurs attributions différentes, mais également par leur
caractère bienveillant ou maléfique. Parmi la multitude d'esprits
vénérés dans le Sambaani figurent notamment les
wérékunu.
La présente étude permet de mieux comprendre le
contenu du rituel Sambaani dans son
déroulement, son évolution, ses fonctions et les acteurs qu'il
met en scène.
1- Problématique
1-1- Problème
L'homme a sa vision du monde dans laquelle s'inscrivent aussi
bien ses problèmes qu'en résolution. La vie apparait parfois
mystérieuse et il faut chercher le sens de chaque
évènement. De la réflexion sur le mystère de la
vie, de la mort et de la nécessité de survivre et de rechercher
le bonheur naît l'idée des rites. Ainsi, la société
dans laquelle l'individu se trouve, est soumise à des lois ou
règles. Et cela fait appel à des institutions comme la
religion ; régies par des normes qui créent et
entretiennent l'harmonie et la cohésion entre les membres de la
société (DURKHEIM, 1912). La religion est importante dans la
culture noire ; c'est pourquoi le sacré n'est pas tout, il peut
être tout. A ce sujet, la civilisation est la conscience que prend de son
identité commune un ensemble de peuples. C'est la force de par leur
volonté d'appréhender l'univers à travers la même
grille intellectuelle et morale. C'est la religion qui est la base de la
civilisation africaine, qui la fortifie, qui l'anime. Là où il y
a un Africain, il y a une pratique religieuse. Il l'amène partout
où il s'y rend. Elle est à ses côtés lorsqu'il
assiste à une fête ou qu'il participe à une
cérémonie funèbre. Les pratiques religieuses sont une
affirmation de la vie et font une faible part à l'ascétisme.
Elles possèdent des valeurs essentielles comme l'harmonie et l'union au
sein de la famille et de la société mais aussi avec les
morts-vivants et les esprits. Ces pratiques sont collectives avant d'être
individuelles et les Africains qui se convertissent au christianisme ou
à l'islam reportent ces valeurs dans leur nouvelle foi.
Parfois, certaines croyances d'un groupe influencent celles
de l'autre mais ne les modifient pas. Puisque les hommes ne sont pas capables
de se donner à eux-mêmes le salut qu'ils désirent, ils
admettent qu'une force supérieure (surnaturelle) pourrait
maîtriser le mal et établie l'ordre du monde. C'est à
travers les manifestations que les hommes trouvent ce salut.
Les manifestations de Sambaani passent nécessairement
par les rites relevant parfois des interdits ou des tabous des dieux et des
esprits. Toute religion suppose donc un minimum d'organisation et de
hiérarchie. Le rite est un langage efficace en ce sens qu'il agit sur la
réalité sociale. L'homme doit s'appuyer sur des symboles reconnus
par la collectivité pour faire le rite. C'est dire que
l'efficacité du Sambaani dépend de la validité globale du
cérémonial ; c'est-à-dire pour qu'il ait rituel de
Sambaani, il faut qu'il y ait un certain nombre d'opérations, de gestes,
de mots et d'objets convenus, qu'il y ait croyance à une de
transcendance (ISAMBERT, 1982 :109). La fonction du rite est donc de
rattacher le présent au passé, de l'individu à la
communauté. Le rite joue également la fonction
d'intégration ; ce qui pousse LABURTHE-TOLRA et WARNIER (1993)
à écrire que « ce qui fait la force du rite, ce n'est
sans doute son effet ni son sens intrinsèque, ni son efficacité
pratique, ni la sécurité subjective qu'il procure, mais le fait
qu'il transforme la situation en renforçant la solidarité du
groupe qui l'exécute ». La vie religieuse et la vie profane ne
peuvent coexister dans les mêmes unités de temps. Il est donc
nécessaire d'assigner à la vie religieuse des jours ou des
périodes déterminées ; ce qui permet la
célébration des réjouissances et le rituel Sambaani
s'inscrit dans cette perspective.
Au nombre des constats que tout observateur de la
réalité sociale et religieuse fait au Bénin, figure en
bonne place la coexistence plus ou moins pacifique entre différentes
pratiques religieuses. Cependant cette coexistence pacifique pourrait cacher un
conflit sur le monopole de la "vérité divine". C'est le cas
à Savalou en 1973 entre célestes et vodunon ; entre adeptes
de Zangbéto et fidèles musulmans à Porto-Novo en 1973. Ce
conflit ne s'observe pas tellement à N'Dali. Parfois les musulmans
lancent des propos comme "le Sambaani est une oeuvre diabolique et que celui
qui le pratique n'ira pas au paradis ". Ces propos peuvent parfois
entrainer des tensions ; mais ce qui n'est pas le cas à N' Dali. La
communauté de N'Dali arrive toujours à trouver un terrain
d'entente.Cette tension demeure perceptible lorsqu'il s'agit des
communautés religieuses de types traditionnels. Face aux religions
traditionnelles, l'attitude et le discours sont plutôt au rejet.
Malgré cette situation le Sambaani continue d'exister et ses
fidèles pratiquent leurs rituels. Il y a donc un premier écart
qui interpelle le questionnement du sociologue à savoir pourquoi une
institution, qui subit autant de rejet, se maintient.
Les religions étrangères donnent aux hommes
une connaissance qui ne répond pas aux exigences socio-culturelles de
leur environnement. Il faut donc rechercher comment les adeptes de Sambaani
vivent-ils leur foi et quelle est leur participation au processus de
développement local. Le baatonu semble assimiler tout ce qui vient
d'ailleurs. Ce comportement peut parfois plonger la commune de N'Dali dans les
mutations socio-culturelles de notre temps. Certaines normes et valeurs sont
délaissées au profit des religions importées telles que
l'islam et le christianisme. Les faits religieux, le mariage traditionnel, le
baptême coutumier, les sacrifices, les hommages rendus aux
ancêtres, les initiations et d'autres pratiques culturelles sont
négligés. Il n'existe plus à proprement parler d'Afrique
traditionnelle, tant il est vrai que les valeurs islamiques ou
chrétiennes et les idées-forces de la civilisation occidentale
ont apporté de perturbations profondes dans les lieux les plus
reculés, affectant plus ou moins selon les comportements, les
mentalités. (THOMAS et LUNEAU, 1975 :266).
Ainsi, quelles sont les modifications que le rituel Sambaani
a subie dans son déroulement, dans sa fonction suite à
l'avènement des religions étrangères dans la commune de
N'Dali ? Voilà l'interrogation qui fonde la présente
étude dont les hypothèses sont énoncées ci
après.
1-2- Hypothèses
1- Le rituel Sambaaniassure la communication avec les dieux et
l'intégration sociale de ses fidèles.
2- La présence des religions étrangères
influence le rituel Sambaani à N'Dali.
1-3- Objectifs
Pour parvenir aux réponses à nos diverses
questions, nous avons défini des objectifs précis.
1-3-1- Objectif global
Contribuer à une meilleure connaissance du Sambaanidu
point de vue mutations intervenues du fait de sa coexistence avec le
christianisme et l'islam.
1-3-2- Objectifs spécifiques
· Recenser les fonctions sociales du rituel Sambaani.
· Présenter les changements intervenus dans le
rituel du fait des autres religions.
1-4- Clarification Conceptuelle
Dans l'optique d'une meilleure compréhension du sujet
de recherche, la clarification de certains concepts s'avère
indispensable. Il est nécessaire pour le sociologue ou l'anthropologue
de "définir les choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache
bien de quoi il est question. Cela relève de la rigueur
méthodologique selon laquelle une théorie n'est valable que si
l'on identifie la réalité qu'elle représente" (DURKHEIM,
1957 : 149).
Le rituel désigne l'ensemble du déploiement
cérémoniel dans lequel s'insèrent différents rites.
Ainsi le rite est d'abord un acte symbolique verbal et/ou gestuel par lequel
l'homme tente de communiquer avec des êtres ou des puissances ; le
propre du rite est d'être prescrit, codifié,
répété et réalisé en vue d'obtenir un effet
déterminé. Pour CAZENEUVE, (1971, 334) « le rite est un
ensemble codifié d'actes, de gestes, de paroles, d'objets
manipulés et de représentation associées qui se
répète chaque fois que surviennent d'une manière
périodique ou aléatoire les événements et les
circonstances auxquels il est lié ». L'ensemble des
manifestations, des comportements, des pratiques se rapporte au rite qui est un
fait. Dans la société baatonu, Sambaani ou koro est un rituel
dans lequel sont honorés les génies tels que les
wèrèkunu qui peuvent avoir pour nom
Bio (génie du singe. Chez le Baatonu, on
appelle le singe Bio parce qu'on le considère
comme l'ancêtre de l'homme), Maré
(génie du Pullo ou Peulh. On
croit que le Peulh pourrait venir d'une région que l'on ignore),
Kpireru (génie d'hippopotame. Un animal qui
incarne la force), Gariboko (génie du niais.
L'enfant niais est considéré comme un esprit) et
Kpanro(génie de lépreux).
Le mythe quant à lui, selon le dictionnaire est un
récit qui se veut explicatif et fondateur d'une pratique sociale. C'est
aussi une parole choisie par l'histoire. Il est porté à l'origine
par une tradition orale, qui propose une explication pour certains aspects
fondamentaux du monde et de la société qui a forgé ou qui
véhicule ces mythes. Les groupes et les individus fondent leur
identité sur un mythe personnel au sens du récit approprié
et mis en représentation afin d'obtenir l'approbation et la
reconnaissance d'autrui. Il traite toujours les questions qui se posent dans
les sociétés qui les véhiculent. Le mythe a un lien direct
avec la structure religieuse et sociale du peuple et avec la cosmogonie.
Réciter le mythe produit une recréation du monde par la force du
rite. L'exigence du sacrifice est l'un des plus puissants et le mythe n'est pas
récité n'importe quand mais à l'occasion des
cérémonies comme le mariage, les initiations et les
funérailles. Cela veut dire à l'occasion d'un commencement d'une
transformation ou terminaison dont il rend compte. Le mythe se distingue de la
légende (qui suppose quelques faits historiques identifiables), du conte
(qui se veut inventif sans expliquer), et du roman (qui explique avec peu de
fondements).
Le mythe et le rite concourent donc à l'identité
de l'individu. Ces deux mots ont en commun une charge de sacralité
très prégnante. Le lien entre mythes, rites et identités
peut donc être perçu comme un élément de l'histoire
des représentations.
Dans une perspective anthropologique, la culture se
définit comme ce qui dans le milieu est dû à l'homme.
Effectivement, l'homme seul est capable de culture et c'est ce qui le distingue
des autres animaux bien que tous les deux soient à la fois des
êtres biologiques et sociaux. « Une culture est le mode de vie
d'un peuple ; alors qu'une société est l'ensemble
organisé d'individus qui suivent un mode de vie donné. Plus
simplement, une société se compose d'individus, la manière
dont ils se composent constitue une société »
(Herskovits, 1967). Ainsi, la culture pourrait être simplement
considérée comme la vie d'une société. L'auteur
reconnaît toute fois que la définition de Tylor apparaît
comme l'une des plus élaborées. Ce dernier définit la
culture comme « un tout complexe qui inclut les connaissances, les
croyances, l'art, la morale, les lois, les coutumes et autres dispositions et
habitudes acquise par l'homme en tant que membre d'une
société ». Cette définition, qui
insiste sur le rôle primordial de l'apprentissage, induit
également une étude comparative « des »
cultures humaines. Tylor est le premier à aborder les faits culturels
dans leur ensemble et leur systématisme ; il prend ainsi ses
distances avec la théorie « radicale » de
l'évolution linéaire, incarnée par Lewis Morgan.
Considérant que l'intellect humain est universel, il défend
l'idée de stades d'évolution plutôt que d'une nature
différente entre sociétés
« primitives » et sociétés
« civilisées ».Nous pourrons dire que la culture,
c'est le mode de vie de l'homme collectif, un mode de vie découlant de
la conception de la vie et des expériences. Elle est traversable
à tous les domaines de la réalité sociale. Ainsi, l'homme
ne se comprend que par sa culture à laquelle il donne un sens en usant
de symbole.
La cérémonie est une forme extérieure et
régulière d'un culte, d'un événement de la vie
sociale.
"Cohésion sociale" constitue un processus à la
fois de construction et de consolidation des liens sociaux entre les
différents segments d'une société. Et c'est bien
évidemment ce processus qui permet et assure les productions
matérielles et immatérielles. Les immatérielles (pratiques
religieuses, etc.) qui prolifèrent et multiplient les besoins à
tel point que le vocabulaire vient parfois à manquer de les nommer, ne
constituent qu'un pan de la réalité culturelle. En tant que
produit immatériel qui ne s'offre pas à la vue et affecte le
sens, le rituel n'est compris et assimilé véritablement que dans
son rapport avec un milieu ou des circonstances de pratique ; d'où
s'en dégagent des lois, un ordre, un système d'obligations, des
privilèges etc. Il s'offre à la consommation qui s'entend comme
un mode actif de relations, d'activités systématiques et de
réponse globale sur lequel se fonde le système culturel. C'est
dire donc que le Sambaani doit être mis en rapport avec son milieu de
production afin de saisir les fonctions manifestes ou latentes qu'induit son
pratique.
1- 5- Etat de la question
« La recension des écrits constitue la pierre
angulaire de l'organisation systématique d'une recherche. Aucun
chercheur sérieux n'oserait entreprendre une recherche sans avoir au
préalable vérifié l'état de la question sur le
sujet à investiguer » (Assaba, 1985 : 12). Cette exigence
d'ordre méthodologique en matière de recherche scientifique a
beaucoup influencé nos démarches orientées essentiellement
vers l'appréciation des acquis antérieurs aussi bien sur le plan
des supports écrits que de ceux relevant de l'oralité.
En Afrique en général et au Bénin en
particulier, il existe une pluralité de religions. Dans Religions et
philosophie africaine, « parler des religions traditionnelles en
Afrique, c'est reconnaître la diversité des peuples et des
tribus ». (MBITI, 1972). Chaque groupe social possède son
propre système religieux qui constitue une réalité
suffisamment importante. Il pense que l' ontologie donne en
général un caractère particulier et une couleur locale
à leurs croyances et leurs pratiques religieuses, à leur langue,
à leurs institutions et à leurs coutumes, à leur
réaction psychologique et, de façon plus générale
à tous les comportements. Pour connaitre la société
baatonu, il faut passer par son comportement religieux. En voulant observer ce
comportement religieux, il faut passer par les rites.
C'est dans ce cadre que MAUSS (1985) dans son ouvrage
intitulé
Sociologie et Anthropologie, aborde les rites dans
leur forme communicationnelle tout en révélant leur rôle
pour l'intégration des peuples baatombu dans leur communauté.
Ainsi, selon lui, les rites permettent une communication horizontale
c'est-à-dire entre les hommes et une communication verticale
c'est-à-dire entre les Hommes et les dieux. L'explication de certains
faits de l'univers par les hommes est due aux rites. Selon lui, le rite
transmet une inspiration et témoigne d'un élément, d'un
évènement mythique. Si MAUSS a pu donner les fonctions du rite,
CAZENEUVE (1971) quant à lui fait la typologie des rites dans son
oeuvre Sociologie du rite. Il distingue les rites de protection
magique, négative et religieuse. Le rite de protection magique est tout
rite institué par l'homme pour être à l'abri des mauvais
sorts. Ensuite le rite négatif est l'ensemble des rites que l'homme peut
utiliser pour jeter des mauvais sorts sur d'autres acteurs. Quant au dernier
rite, celui du religieux, il permet d'être en communication avec Dieu et
les divinités.
Le rite n'est pas seulement vu sous la forme
communicationnelle et il ne s'agit pas de faire la typologie du rite. Il faut
aussi aborder d'autres aspects. C'est dans cette optique que BALANDIER (1962)
dans L'Afrique ambiguë, parle de l'aspect coercitif des rites
sans oublier comment ils peuvent influencer les pactes sociaux et les
économies. Les « pratiques rituelles introduisaient aussi une
réglementation sévère, une sorte de dirigisme
indispensable dans le cas d'une activité capable d'ébranler des
économies primitives et vulnérables. Les accords établis
par la tradition, révèlent cette fine pratique sociologique des
Africains opérant toujours en terme d'équilibre »
(Balandier, 1969). A l'instar de MAUSS et de CAZENEUVE, BALANDIER et MALINOWSKI
ont aussi mis l'accent sur les fonctions du rite, son implication ou ses
influences sur la cohésion sociale et l'intégration de l'individu
dans sa société. Malinowski souligne dans son livre
Dictionnaire des religions que : « même si le
rite est une réponse aux besoins psychologiques du pratiquant (monde
incompris entraînant angoisse, condition d'existence
mystérieuse...), il est le ciment de la solidarité du groupe du
fait même de son expérience pratique » (Malinowski,
1984 : 1120).
Dans les Formes élémentaires
de la vie religieuse, DURKHEIM (1912) de son côté s'efforce
de montrer que les représentations religieuses sont, en fait, des
représentations collectives : l'essence du religieux ne peut
être que le sacré, tout autre phénomène (comme le
transcendant) ne caractérisant pas toutes les religions. Le
sacré, être collectif et impersonnel, représente ainsi la
société elle-même. Il rapproche rite et religion en prenant
les faits tel que la croyance et les magies aux sérieux et les attribue
au religieux. Le rite intègre dans la démonstration pour montrer
que la religion n'est pas une sorte de fantaisie : « les rites
les plus barbares ou les plus bizarres, les mythes les plus étranges
traduisent quelque besoin humain, quelque aspect de la vie soit individuelle,
soit sociale » (Durkheim, 1912 :3). En associant religion et
rite, il inclut deux éléments à savoir la croyance et les
rites. Selon lui, les croyances religieuses sont des représentations qui
expriment la nature des choses sacrées et les rapports qu'elles
soutiennent, soit les unes avec les autres, soit avec les choses profanes.
Quant aux rites, ils sont des règles de conduite qui prescrivent comment
l'homme doit se comporter face aux choses sacrées. Les rites sont avant
tout des moments d'effervescence collective : « les
représentations religieuses sont des représentations collectives
qui expriment des réalités collectives ; les rites sont des
manières d'agir qui ne prennent naissance qu'au sein des groupes
assemblés et qui sont destinés à susciter, entretenir ou
à faire renaître certains états mentaux de ces
groupes » (Durkheim, 1912 : 13).
Il ne s'agit pas de parler uniquement de la fonction du rite,
il faut aussi parler de sa morphologie. C'est dans cette perspective que VAN
GENNEP (1909) aborde la morphologie du rite. Selon lui, il existe des
étapes du cycle de vie sur le plan formel. Il en existe trois (03)
étapes : phase de séparation où l'individu sort
de son état antérieur, phase de marge où l'individu vit
une expérience liminale et une phase d'agrégation où
l'individu est réintégré dans la vie normale avec un
statut nouveau. C'est ce statut nouveau qui perme l'intégration de
l'adepte du Sambaanidans la société baatonu. Le rite favorise la
fabrication d'une nouvelle personne et cherche à recomposer l'ordre
social. Il faut souligner que le propre du rite est d'exprimer la
continuité des générations en mêlant temps
individuel et temps collectif. Mais ISAMBERT (1975, 224) quant à lui,
pense qu'il ne faudrait pas prendre en compte le côté
morphologique du rite, mais aborder aussi la dimension symbolique du rite. Le
rite est un langage efficace en ce sens qu'il agit sur la réalité
sociale. On ne peut pas faire du rite avec n'importe quoi, il faut s'appuyer
sur des symboles reconnus par la collectivité. Selon lui,
l'efficacité du rite dépend de la validité globale du
cérémonial, inséparable d'une licéité
reconnue par tous c'est-à-dire pour qu'il y ait rite, il faut qu'il y
ait un certain nombre d'opération de gestes, de mots et d'objets
convenus, qu'il y ait croyance à une sorte de transcendance.
Tout en s'investissant dans l'étude du rituel, MESLIN
(1988) quant à lui, ne manquera pas de relever dans
L'expérience humaine du divin, le côté
sacré de l'homme. On ne peut pas saisir le sacré là
où on le rencontre ; donc qu'il n'est jamais à l'état
pur. C'est pourquoi il faut partir de l'homme concret pour en venir à
l'homme ; c'est-à-dire, c'est à partir du fait religieux,
donc de l'expérience religieuse que ressort l'identité de
l'homme. Dans la même logique, BIO BIGOU pense que l'être humain a
le droit de comprendre et de connaître son identité ; chose
fondamentale pour l'évolution de la société. Les valeurs
socio-culturelles permettent l'intégration du jeune baatonu dans la
société.
Dans la Civilisation primitive
Tylor(1871) définit l'animisme comme la croyance en des entités
spirituelles supérieures, autonomes, immortelles et dotées d'une
grande puissance. Celles-ci sont rattachées à chaque enveloppe
corporelle et ont le pouvoir de mener une vie propre. Tylor tente
d'établir les raisons qui mènent les hommes à cette
croyance ; il affirme qu'à travers diverses expériences
comme le rêve ou la transe, les peuples dits primitifs sont
confrontés à des images ou visions qui leur prouvent que,
à la faveur de certains événements, leur âme peut
quitter leur corps et voyager selon son gré. De même, au moment de
la mort, l'âme quitterait définitivement le corps mais
continuerait à vivre ailleurs, la preuve de ce phénomène
se trouvant dans le fait que les personnes mortes peuvent continuer
d'apparaître en rêve aux vivants. Selon les descriptions de
l'anthropologue, l'âme est assimilée par les peuplades
observées à une sorte de fantôme, prenant l'apparence de
vapeurs ou d'ombres. On lui attribue la possibilité de migrer d'une
personne à une autre, mais aussi d'un être mort vers un vivant.
Par extension, il est entendu que le principe de l'âme n'est pas
seulement propre à l'humain mais se retrouve dans toutes les composantes
de la nature, végétaux, animaux et même objets
inanimés, et qu'une âme peut par conséquent migrer et se
transmettre indifféremment vers chacune de ces entités, quel que
soit son type. Mais les théories de Tylor sont progressivement remises
en cause par divers scientifiques, notamment MARETT, pour être finalement
abandonnées. La question de l'origine de la religion est le point
central de ces querelles. On reproche également à Tylor d'avoir
établi une pensée prenant appui sur une réalité
fausse, puisque sa théorie implique que l'animisme ait été
présent au sein de toutes les cultures de la Terre, ce qui n'est pas le
cas. Aujourd'hui, la majorité des anthropologues rejette la
théorie de l'animisme de Tylor, même si l'on utilise encore ce
terme pour désigner les religions traditionnelles et la croyance en des
esprits invisibles.
Dans son essai Anthropologie Structurale, Claude
Lévi-Strauss (1958) pense que le mythe se rapporte toujours à des
événements passés avant la création du monde ou
pendant les premiers âges. Mais la valeur intrinsèque
attribuée au mythe provient de ce que les événements,
censés se dérouler à un moment du temps, forment aussi une
structure permanente. Celle-ci se rapporte simultanément au
passé, au présent et au futur.
En effet, le rite, outre sa fonction psychologique chez
l'individu, permet également le renforcement des liens sociaux, la
cohésion sociale.
1-6- Justification du
choix du sujet et du cadre d'étude
1-6-1- Choix du sujet
« Les éléments de la civilisation qui
dans le milieu résistent au modernisme forment un objet d'étude
précieuse pour l'ethnologue et le sociologue, ainsi que pour l'historien
des religions » (Adoukonou, 1979 : 25). Deux raisons justifient
le choix porté sur le rituel Sambaani chez les Baatombu de N'Dali.
Il a été constaté dans la commune de
N'Dali, peuplée en majorité des Baatombu reconnus pour leur
pratique religieuse traditionnelle notamment le Sambaani, la présence
des paroisses et diocèses et des mosquées qui font état
de l'expansion des religions étrangères de la commune. La
manifestation du Sambaani s'observe durant la période de
l'année ; et surtout pendant la sécheresse. Cette
période de non abondance des travaux champêtres est
également le moment par excellence de vente des récoltes et de
la prospérité. C'est aussi pendant cette période qu'on
observe l'organisation des cérémonies qui nécessite
beaucoup d'argent. Mais le religieux, origine même de la vie sociale de
ce peuple est observable durant toute la période de l'année.
Le présent travail constitue l'approfondissement des
interrogations et suppositions des différentes recherches faite sur le
rituel Sambaani ceci chez la communauté baatonu de N'Dali. Ce travail
est encore lié à la nécessité d'aller à la
rencontre de la culture baatonu pour tenter de mieux connaître ses
structures et hiérarchies sociales.
1-6-2- Description et
justification du cadre d'étude
L'étude sur la localité de N'Dali et notamment
sur les communautés Baatombu de la région dans le cadre de
pratique prend appui sur un ensemble d'éléments dont la
description démographique, géographique, historique et
socioculturelle de la région.
1-6-2-1-Description
a) Description géographique
Situé au nord de la République du Bénin,
la commune de N'Dali a une superficie de 3748 km2 soit 03,33% du
territoire national, et avoisine 67379 habitants (RGPH 2002). Elle est
composé de cinq (05) arrondissements que sont N'Dali, Bori,
Gbégourou, Ouénou et Sirarou. Il compte vingt quatre (24)
villages. Limitée au sud par les communes de Parakou et de Tchaourou,
à l'Ouest par la commune de Djougou, au nord par les communes de
Bembèrèkè et de Sinendé et à l'est par
celles de Nikki et de Pèrèrè,la commune de N'Dali est
située à 60 km de Parakou (chef lieu du département) et
à 498 km de Cotonou.
b) Description socioculturelle et historique
N'Dali est une commune où se côtoient plusieurs
peuples tels que les Baatombu, les Yom, les Lokpa, les peulh, les Fon, les
Yoruba, etc. Cette mosaïque assure à la localité de
permettre la vie harmonieuse et tolérante de plusieurs croyances
à savoir le Sambaani, le christianisme et l'islam. La principale
activité qui assure la base économique de la commune est
l'agriculture.
1-6-2-2- Justification du cadre d'étude
Les villages choisis pour mener l'étude sur le rituel
Sambaani sont ceux du village Gbégourou, Sirarou et N'Dali, toutes
reconnues pour leur pratique de Sambaani.
La région de N'Dali reste aujourd'hui l'un des points
de rassemblement des biokourobu. La cohabitation
entre les différentes croyances au sein de la communauté
baatonunous amène à s'interroger sur l'importance
accordée aux pratiques religieuses au sein de chaque groupe religieux.
En effet, les Baatombu étant majoritaire en
tant que peuple à N'Dali, auraient influencé les autres
populations. L'intérêt de la présente étude
réside dans l'évolution du Sambaani
dans la commune. Cette région est un point de rencontre et de commerce.
Comment alors, une commune majoritairement peuplée de
Baatombu n'accorde plus d'importance au rituel
Sambaani?
2- APPROCHE METHODOLOGIQUE
Pour mener à bien la présente recherche, deux
étapes essentielles ont été suivies. Il s'agit de
l'exploration et de l'enquête proprement dite.
2.1. Exploration
Phase essentielle de la recherche, l'exploration a
consisté à formuler le thème de recherche, à
opérer la revue de la littérature (tant sur le rituel
Sambaanique sur N'Dali). Elle a aussi permis de faire
des observations sur le champ d'étude, de prendre des contacts avec les
personnes ressources du milieu, d'affiner les outils pour la collecte.
2.1.1. Recherche
documentaire
La recension des écrits constitue une des bases
inévitables de toute recherche. La recherche documentaire consiste
à se rapprocher de différentes structures et centres de
documentation pour rechercher des documents aidant à mieux comprendre
les concepts de religion, religion traditionnelle et leur importance
sociale.Pour avoir une idée précise sur l'état de la
question, il était indispensable d'interroger les acquis scientifiques
antérieurs (articles, ouvrages collectifs, mémoires) sur la
religion. Mais au-delà des écrits, c'est sur les sources orales
et les discussions que l'accent a été mis afin d'affiner la
problématique.
Cette double démarche a permis d'avoir des informations
sur le rituel, de reformuler le thème de l'étude, de retenir
l'approche d'investigation. En effet, il faut reconnaître que la
documentation sur les pratiques religieuses qui a été
explorée provient pour la plupart des recherches sur l'Internet. Le
parcours des différents centres d'informations a permis de disposer des
ouvrages généraux sur la méthodologie. Le tableau I offre
une vue synoptique des lectures faites et des axes ou idées obtenues.
Tableau I : Centres de
documentations
N° d'ordre
|
Centre de documentation
|
Nature de documents
|
Informations obtenues
|
1
|
Centre numérisé
|
Ouvrages et articles
|
Informations générales et élaboration de
la problématique.
|
2
|
Centre des Hautes Etudes de Porto-Novo
|
Ouvrages et mémoires
|
Informations générales et méthodologiques
et constitution de la bibliographie.
|
3
|
Direction Nationale des Archives de Porto-Novo
|
Articles, livres et ouvrages
|
Informations générales et amélioration de
la problématique
|
4
|
Centre de documentation du CCF Cotonou
|
Ouvrages
|
Informations générales sur le sujet.
|
Source : moi-même
2-1-2- Premières
observations de terrain
Pour appuyer la problématique et l'orienter
conséquemment, il a été effectué en mai 2007 une
observation de terrain. Cette descente sur le terrain a permis de voir le
vécu in-situ des adeptes pendant le rituel Sambaani. Elle a permis
également la prise de contact avec des personnes ressources aux fins de
l'enquête proprement dite.
Cette situation d'exploration a contribué à
élargir le cadre d'observation et d'enquête à plusieurs
catégories sociales (non prévues au départ de la
réflexion).
2-1-3- Groupes cibles et échantillonnage
Les populations baatombu constituent dans le Borgou une
majorité ethnique par rapport à la population totale du Benin.
Elles représentent environ 59,1% de la population de N'Dali, Dans le
souci de bien mener les recherches sur un espace restreint et à forte
concentration des activités socioculturelles des Baatombu, la
localité de N'Dali et quelques anciennes localités à
savoir Gbégourou et Sirarou ont été retenues.
Les critères de choix du milieu d'enquête sont
entre autres, la concentration des établissements humains et
l'ancienneté d'installation.
Par rapport à l'échantillon de collecte,
l'accent a été d'abord mis sur les prêtres et
prêtresses du rituel Sambaani. Ensuite, les responsables et
fidèles des églises chrétiennes et des mosquées,
les jeunes de la localité et quelques acteurs de la vie administrative
du milieu ont été approchés.
· la nécessité d'interroger les
responsables des cultes traditionnels
tient du fait que la phase exploratoire a
révélé qu'ils sont censés veiller sur la vie
religieuse de la communauté. Leur choix se justifie par le souci de
comprendre et d'analyser la manière qu'ils utilisent pour
l'intégration des nouvelles générations dans la
société.
· les responsables et les fidèles des religions
chrétiennes et musulmanes ont
été approchés pour comprendre
l'organisation de la vie religieuse de la population.
· les échanges avec les jeunes visaient
essentiellement à vérifier les modes
de transmission de valeurs et les
réinterprétations qu'ils opèrent vis-à-vis de
Sambaani ;
· les avis des autorités locales étaient
sollicités sur les différents conflits
qu'il y aurait eu entre les différents groupements
humains et leurs causes immédiates ou lointaines ;
Le tableau II présente les différents
groupes-cibles et les catégories sociales à l'intérieur de
chaque groupe-cible.
TableauII : Présentation des
groupes-cibles et catégories sociales
N°
|
Groupes cibles
|
Catégories sociales
|
1
|
- Acteurs des religions traditionnelles
|
- biokouro ;
- koroku;
- bounkonso.
|
2
|
- Acteurs des religions à livres (Catholicisme, Islam,
Protestantisme...)
|
- Prêtres et pasteurs
- imams ;
- Fidèles. (chrétiens ou musulman)
|
3
|
- Autorités locales et administratives
|
- Chefs de quartier ou village
- Agent administratif de l'Arrondissement
|
4
|
- Autres
|
- Jeunes (garçons et filles)
|
Le nombre d'enquêtés a varié suivant les
groupes cibles et même à l'intérieur de ceux-ci en tenant
compte des catégories sociales en leur sein. L'échantillon s'est
constitué par le principe de la saturation de l'information. Autrement
dit, la taille de l'échantillon s'est imposée après
l'atteinte du seuil de saturation de l'information par
les entretiens dans chaque catégorie sociale.
Au total, 65 enquêtés ont été
approchés comme le montre le tableau III
Tableau
III : Répartition des enquêtés par
catégorie sociale
Groupes cibles
|
Catégories sociales
|
Effectif
|
- Acteurs des religions traditionnelles
|
- biokouro ;
|
30
|
-Koroku
|
03
|
- bounkonso.
|
07
|
- Responsables des religions à livres (Catholicisme,
Islam, Protestantisme...)
|
- Prêtres ;
|
02
|
- Pasteurs ou hauts responsables ;
|
02
|
- Fidèles. (chrétiens ou musulmans)
|
12
|
- Autorités locales et administratives
|
- Chefs d'arrondissement ou délégués,
conseillers communaux
|
03
|
- Autres catégories
|
- Jeunes (garçons et filles)
|
06
|
Total
|
65
|
Pour mener la collecte des données sur le terrain,
recours a été fait à plusieurs techniques de collecte ont
été utilisées, l'entretien semi-directif
personnalisé, les entretiens collectifs en tenant compte des
spécificités et de l'intérêt porté sur chaque
groupe.
2.2. Enquête de terrain
La collecte de données a été
effectivement faite durant la période du 18 septembre au 20
décembre 2008. Elle a été précédée
d'une pré-enquête qui a permis de faire le pré-test des
outils de collecte, ceci pendant un mois. La raison qui a sous-tendu ce choix,
est que pendant cette période, les principaux acteurs (chefs des cultes
traditionnels) reviennent des champs après les récoltes. Donc
l'organisation des festivités qui durent trois (03) mois peut commencer.
Aussi, la mémoire collective des populations garde-t-elle encore des
impressions plus vives sur le Sambaani.
2.2.1. Techniques et les
outils utilisés
Le travail s'inscrit dans la droite ligne d'une recherche
qualitative à orientation rétrospective. Pour ce faire, la
collecte a été réalisée à l'aide des
techniques de focus group, d'entretien semi-directif et d'observation et des
outils appropriés pour chacune. Ainsi, les chefs de culte (bounkonso ou
responsables d'églises), les cadres administratifs ont été
approchés par la technique d'entretien semi-directif. Ce qui a permis
d'obtenir des éléments d'appréciation des logiques
sous-tendant les usages au sein de chaque groupe. Les adeptes, les
fidèles des églises et les jeunes quant à eux ont eu
à subir des entretiens collectifs. Surtout chez les adeptes, cette
technique a permis leur mise en confiance et a assuré la collecte
d'information sur le rituel.
Les différentes données recueillies ont fait
l'objet de traitement et d'analyse minutieuse selon l'approche fonctionnaliste.
En effet, sur la base des données de dépouillement (qui se
faisait au fur et à mesure), la suite de la collecte était
enrichie et réorientée. Cette procédure nous a permis de
contourner le non-dit des couvents mais, elle ne nous a pas
épargné de l'exigence de l'initiation au secret.
2-2-2- Durée du travail
Elle est repartie comme suit :
Pré-enquête
|
1 mois
|
Documentation
|
3 mois
|
Enquête sur le terrain
|
4 mois
|
Dépouillement et analyse
|
2 mois 2 semaines
|
Rédaction, correction, finalisation
|
4 Mois
|
2-2-3-Les difficultés
rencontrées
La conduite de l'étude ne s'est pas faite sans
obstacle. Plusieurs difficultés ont jalonné le cours de
l'enquête, depuis l'élaboration, jusqu'à la collecte des
données en passant par les entretiens exploratoires. Ces
différents obstacles se répartissent en deux catégories
à savoir celle méthodologique et celle de terrain.
Les difficultés méthodologiques se
ramènent à la rareté de la documentation sur l'objet
étudié. Quant aux obstacles de terrain, ils se résument en
l'influence des conflits internes entre catégories sociales en
présence, conflits qui ont influencé la tenue
régulière des entretiens. Il a été également
noté, comme un obstacle déterminant, les barrières du
secret dans l'accès à l'information. Aussi, faudrait-il noter la
méfiance ou la réticence de certains chefs de cultes
traditionnels à aborder la transe dans le rituel. Ces différents
obstacles ont pu être levés ou contournés, ce qui a permis
de mener la recherche comme en attestent les résultats.
PREMIERE PARTIE : Aspects
généraux sur le Sambaani
Chapitre 1 : Genèse du rituel
Sambaani
1- Origine du rituel Sambaani
L'origine du rituel Sambaanin'est
pas connue des peuples baatombu. Ce rituel aurait
commencé avec l'histoire de la culture baatonu. Ainsi, il regroupe tous
les autres rituels traditionnels. Le Sambaani est entré dans la pratique
des Baatombu par SOUNONTOTOGUI, KIGABA, leur soeur
KIDAGUI.
En effet, SOUNON TOTOGUI
était un grand chasseur. Un jour, il tua un gros gibier et son
frère KIGABA, très content, arracha une
petite branche d'un arbre et commença à chanter en louant son
grand frère SOUNON TOTOGUI (roi Totogui). Il
chantait notamment : « Sa gberudua sa ya dii ;
sansiankpaaro, kurubu bukagomnabekurudewe » :
"Nous sommes allés en brousse et nous avons tué du
gibier ; si nous rentrons à la maison, les femmes porteront leur
pagne en se servant de leurs coudes car leurs mains seraient chargées de
viandes". C'est donc une chanson de joie, de fierté, tendant
à louer le courage, la puissance et la dextérité du
chasseur.
Comme KIGABA chantait les louanges
de son frère en rentrant, ils rencontrèrent sur la voie les
génies appelés "WEREKUNU"
(génies en langue baatonu) qui cherchaient du bois. Au passage des
chasseurs, ces génies se disaient entre eux : "Ah ! Il
faudrait qu'on suivent ces gens". Ainsi ces génies
abandonnèrent leur bois et suivirent les chasseurs jusqu'à leur
domicile. KIGABAdevient alors le premier
SASAGU (griot) et en même temps le griot des
génies qui s'incarnent dans certains sujets du sexe masculin ou
féminin.
La première incarnation du génie s'opéra
avec un peulh nommé WONKORU(le noir) qui avait
été saisi au moment où il trayait sa vache. Les
wèrèkunuavaient donc suivi les Baatombu
chasseurs pour arriver dans le village, mais ils s'étaient
incarnés dans un Peulh avant de se généraliser au niveau
des Baatombu. Mais on constate que les cérémonies du Sambaani se
déroulent toujours avec les adeptes Fulbé ou Peulh.
Après le PeulhWONKORU, il y a
eu l'incarnation du génie
wèrèkudans une femme baatonu du nom de
BANA ou BONA. C'est par
elle que wèrèkuentra dans la vie
religieuse des Baatombu.
Le phénomène devenu décisif, il y eut
établissement d'une hiérarchie au niveau des génies
incarnés. Cette hiérarchie se manifeste à travers les
adeptes des différentes catégories de génies. Au sommet on
a BONAet non WONKORU. En
principe, ce dernier devait être le premier ; mais en fait, le
Baatonu reléguant le Peulh au second plan, on a privilégié
la première femme.
Ainsi, lors des cérémonies,
BANAest la première. Ensuite vient le
MARE ou Peulh en souvenir de
WONKORU. Dans les chansons, on parle du
Maré biigobigii(un petit peulh bourgeois).
Après Maré viennent KOTIO,
a " yaana bu waa" (montre le derrière ou
baisse qu'on voit), gariboko (génie
niais) ; SIINI BUGO (génie d'un
démon de la brousse) ; TANTAN MON
(génie serveur de boisson) ; KARA KARA
(génie pressé) ; BIO (génie
singe) ; KPIRERU (génie hippopotame),
s'incarnent et se manifestent par des transes. Alors, il serait normal de
chercher à savoir ce qu'est le Sambaani.
2- Rituel Sambaani
Le Sambaani n'est pas un rituel
diabolique comme le pense certains notamment les musulmans. Le
Sambaani est un rituel exécuté par les
hommes ou les femmes ; mais les femmes sont majoritaires, et fait du bien
à ceux qui ont recours au rituel. L'esprit qu'incarne le
Sambaani ne demande pas à l'individu
d'apporter le sang humain ou une partie du corps humain pour se faire
guérir en cas de maladie, comme le font d'autres religions. Le
Sambaanivient en aide à celui qui est dans le
besoin. Même le bûnkosso (le prêtre
du Sambaani) s'il ne demande pas d'aide, l'esprit ne
s'aura pas. LeSambaani n'aime le pécheur tout
comme Dieu ; ce qui veut dire qu'il existe une entente entre Dieu et
leSambaani. Partout où on entend parler de
Sambaani, c'est qu'il y a un adepte qui est entré en transe, ou on donne
à manger au Bûn(fétiche).
Le Sambaanine se pratique pas par
hasard. On le pratique lorsqu'il y a dans le village des difficultés
comme une épidémie, la rareté des pluies ou pour
éradiquer un mauvais sort. C'est le sorokoro
qui est un rite expiatoire. Pour cela, des cérémonies sont
organisées. Souvent cela se passe au bord d'un fleuve.
Au cours de ces cérémonies rituelles sont
effectués des incantations, des offrandes et des sacrifices, notamment
de volailles et de l'igname pilé. Les participants invoquent les
géniesen jouant les bwanu (gourde pleine de
grains de sable jouée par les bwanku ; joueur des gourdes), en
dansant et en chantant. Les adeptes cherchent ainsi à provoquer la
manifestation des esprits. Ceux-ci prennent ensuite possession des danseurs,
qui atteignent la transe. On dit alors qu'ils sont
« chevauchés par les esprits ». Plongés dans
cet état second, les participants adoptent les attitudes
caractéristiques des esprits qui les
possèdent.Une fois invoqués au cours des
rituels, les esprits ont la capacité de guérir les malades, de
faire tomber la pluie. Ils transmettent également conseils et
recommandations de toute sorte aux adeptes et leur donnent des informations sur
leur avenir. Le Sambaaniest aussi le
théâtre de nombreuses pratiques mystérieuses et magiques
réservées aux seuls initiés.
3- Acteurs du rituel Sambaani
3-1- Prêtres ou
« bûnkosso »
Les bûnkosso(gardien des
bûnu ou fétiches) ou prêtres sont
des intermédiaires socialement reconnus entre la communauté et
le monde invisible. Ces prêtres, de façon plus pratique, vouent
au bûn un culte déterminé. Les
bûnkosso reçoivent un appel, une
consécration qui les distinguent et les amènent souvent à
rejoindre des associations, à fonder ou à diriger des couvents,
dont les adeptes s'adonnent entièrement à la vie religieuse.
Ils se reconnaissent entre eux à travers leurs accoutrements et ils
peuvent parfois s'opposer durement aux décisions prises par les adeptes
sans leurs consentements. Il faut donc souligner que leur caractère
sacerdotal leur permet aussi d'établir entre eux des dialogues d'une
grande profondeur. Les bûnkosso remplissent les
fonctions telles que rendre la justice, l'éducation ou initiation des
jeunes, la surveillance de l'équilibre politique ou le maintien de
l'égalité au sein de la société. La
communauté attend du bûnkosso qu'il soit
en même temps un dé-sorceleur ou médecin, un devin, un
gardien des éléments, de la fécondité humaine et
animale, de la fertilité agricole. Le prêtre est donc par
excellence manipulateur du sacré. Maître de la liturgie, il
connaît et prononce les paroles rituelles secrètes ou non qui
alertent les puissances numineuses ; il transforme de la sorte la victime
profane en médiat privilégié pour inciter génies,
ancêtres ou dieux, à écouter les supplications humaines ou
à recevoir les actions de grâce ; il devient ainsi
l'intermédiaire nécessaire entre le fidèle et les
divinités, voire l'Etre suprême. (THOMAS et LUNEAU, 1975).
Aussi, importe t-il de souligner que n'est pas prêtre qui veut. Il est
désigné par les ancêtres et est intronisé.
3-2- Korokuru ou Griot du
Sambaani
La société Baatonu a
besoin de nombreuses castes de griots pour chanter ses louanges, ses hauts
faits et perpétuer les vertus et les nombreuses richesses culturelles
qui ont fait écho dans l'histoire.
Parmi ses griots on a les Korokuba
(griots). Quel que soit le type de génie incarné par l'adepte
Sambaani, ce sont les mêmes griots qui sont concernés, les
Korokuba. Le korokuru
(c'est la musique que les griots chantent lors des manifestations du rituel
Sambaani. Et celui qui l'exécute est appelé
koroku ou korokuba) est
d'origine baatonu et a pour fonction première
de manifester la joie d'une chasse fructueuse.Avec le temps, le
korokuruest destiné à louer la
puissance et la bravoure des chasseurs. Il est devenu un culte pour rendre
hommage aux ancêtres qui ont fait leur preuve dans les activités
cynégétiques.
Par le biais de la chasse, le
korokuruprit autre forme avec le phénomène
d'incarnation des génies
wèrèkunu (génie); ce qui a
donné naissance à une danse religieuse, une musique sacrée
réservée aux adeptes du Sambaani. Cette
autre forme de korokuruest l'un des aspects
fondamentaux de la vie religieuse des Baatombu. C'est
le koroku qui joue cette musique aux adeptes et joue
le rôle de Muézin du bûn à
l'aide des bwanu (gourdes pleines de grains de sable)
qui sont des instruments de musique. Les adeptes de
Sambaani lui doivent de respect et doivent se
prosternant dés qu'on le voit.
Le korokuru existe encore
aujourd'hui sous les deux formes et solidement ancré même si les
jeunes ont de plus en plus tendance à le négliger. Il contribue
au maintien de l'équilibre social.
3-3- Adeptes du Sambaani (Biokurobu)
Photo N°1 : les
biokurobu tenant en leur main le
gama et le centarisur la
tête à Sirarou.
Source : cliché Dara, octobre 2008
Devenir adepte deSambaanine se fait
pas au hasard. L'individu tombe malade pendant plusieurs jours et ne mange pas.
C'est après consultation que les parents se rendent compte qu'il
s'agit du bûn. Si c'est le
Sambaani, la personne entre en transe au son des
bwanu(gourde). Ils sont des
femmes et des hommes qui sont désignés par le rituel pour le
couvent pendant un certain nombre de jours, voire des mois, et qui sont
initiés aux pratiques du Sambaani. Ils sont
fortement impliqués dans l'exécution du rituel
Sambaani qui est pour eux une occasion de confession
et de demande de pardon au bûn pour les
différentes fautes commises.
Chaque biokuro est en relation avec
l'animal qu'il incarne ou la race peulh et en imite les gestes et les cris.
On parle d'animal parce que les génies incarnés par les adeptes
sont pour la plus part des animaux et vivent dans la brousse. C'est pour cela
lors du rituel, les adeptes vont en brousse où vivent les animaux et
les Peulh. Peut être ces animaux ont rendu services aux ancêtres
autrefois.
Les adeptes du Sambaanise
distinguent des autres individus par leur habillement. Rarement ils portent des
habits. Ils nouent le pagne à la poitrine avec une banderole garni de
cauris appelé "centari", et ne se tressent
jamais. Mais de nos jours, les adeptes se tressent et s'habillent. Ils ne
doivent pas mangent la perdrix, salamandre, cabri, viande de l'animal
totem ; tout cela participe à l'initiation de l'adepte. Lorsque
nous prenons le cabri par exemple, il permet de faire de
déposséder un adepte défunt du
bûn. Le biokuro a
deux esprits. Son mari ou quiconque ne doit pas le battre ni le gifler, surtout
sur la tête. Car si cela se passe il disparait pendant des jours, des
mois ou des années. Il peut se retrouver dans la brousse ou au fond du
fleuve. Il faut des cérémonies avant qu'il ne sorte de là
et celui qui commit la faute, devrait s'excuser. Les autres lui doivent un
grand respect par ceux de l'autre sexe. Certains n'aiment pas qu'on les touche
(diminution de leur puissance spirituelle). Les
biokurobu ont un don exceptionnels :
prévoir l'avenir, même annoncer la guérison ou la
mort d'un individu; retrouver un objet perdu, au son des
bwanu ; prévoir la cause, les
remèdes et les moyens d'éradiquer une maladie ou une
épidémie; mort subite : il dira si elle est naturelle ou non
et dénoncera l'auteur ; en cas de querelle, il interviendra pour
régler le différend. Lors de leur initiation ils ont un langage
différent des non initiés. Et pour comprendre leur langage, il
faudrait prendre le sens contraire des mots ou expressions qu'ils utilisent.
Par exemple, lorsqu'un adepte vous dit "blanc", entendez par là
"noir" ; "je m'en vais" signifie pour lui "j'arrive", etc. mais dès
qu'il revient à son état normal, il se comporte comme tout
individu ordinaire, en respectant cependant leurs interdits.
La pratique du rituel de Sambaanimet
souvent en oeuvre des objets auxquels est accordée une dimension
sacrée tels des totems. Parmi les formes adoptées par le
Sambaani, on peut citer le
gama, le centari, le
koro, les bwanu qui
participent à la pratique du Sambaani.
Chapitre 2 : Les objets religieux du
Sambaani
Au cours de l'exécution du rituel Sambaani à
N'Dali, les biokuro utilisent de nombreux objets
tels que :
1- Gama
Photo N°2 : les formes de
gamaà Gbégourou
Source : cliché Dara, octobre 2008
Le Gaman'est pas un gris- gris mais
un pouvoir qui donne à son possesseur une force. Souvent il est en forme
de bâton ou en forme de canari orné de cauris. Le
gama en forme de canari n'est pas
déplaçable à cause de sa forme. Par contre, le
gamaen forme de bâton est mouvant. Il est
considéré comme l'éclaireur de tout adepte et lui sert de
guide. Il est une propriété individuelle et il faut atteindre un
niveau supérieur dans le rituel Sambaani pour
l'avoir. Avant de l'obtenir un rite est organisé. Il s'agit de se rendre
dans la nuit profonde (2h du matin) en brousse dans un marigot
réservé pour cela. Il faut être adepte et pur pour s'y
rendre. L'adepte disparait dans le marigot pour la recherche du
gamaet peut passer des heures ou des jours et en
ressort avec un bâton ou canari. Ensuite le
bûnkosso (prêtre) prend le bâton ou
le canari qu'il dépose auprès du
bûn (fétiche). C'est là qu'on le
décor avec les cauris suivi des prières. Après ce rituel,
le gamarevient à l'adepte qui devient sa
propriété. Il le garde chez lui et ne le sort que lorsqu'il y a
un événement .C'est pour cela qu'on ne gifle pas un adepte de
Sambaaniou l'insulté. Si cela se passait, il
disparaît. Et c'est le gamaqui indique
là où on peut le trouver ; même s'il est au fond de
l'eau.
Le gama joue aussi le rôle de
protecteur lorsqu'on l'implore. C'est le cas d'une dame X qui a fait des
offrandes aux gamis de sa tante. Un jour, elle a
été attaquée par les bandits du retour du marché.
Mais elle n'a rien eu. Pour elle, c'est les gamis de
sa tante qui l'ont sauvé. Il guérit les maladies et donne
satisfaction aux femmes stériles.
2- Bwanu(gourdes)
Photo 3 : les bwanku jouant les
bwanu à Sirarou
Source : cliché Dara, octobre 2008
Les bwanusont des gourdes qui
servent d'instrument de musique au bwanku lors des
cérémonies du rituel du Sambaani. Contrairement au
gama, les bwanu ne sont pas
une propriété individuelle. Il faut être de la
lignée des koroku pour jouer les bwanu
(gourdes). Ceux qui jouent ces gourdes, sont appelés les
bwanku. Ils se mettent en cercle, assis par terre
le pied légèrement tendu pour jouer au
bwanu. Cette position leur permet de jouer les
gourdes au talon de leurs pieds. C'est pendant les cérémonies
telles que le mariage d'un adepte ou lorsque le Sambaani saisit quelqu'un. Le
son deces gourdes est accompagné de chansons incomprises par le monde
profane. Ces gourdes restent chez le koroku qui en
prend soin.
3- Centari
Photo 4 : le centari à
Gbégourou
Source : cliché Dara, novembre 2008
Le centari n'est pas un gris-gris.
C'est une banderole garnie de cauris que porte le
biokuro lors des cérémonies. Il fait
partie des objets que l'adepte reçoit dès qu'il est
possédé par le Sambaani. Chaque adepte
du Sambaani doit l'avoir parce qu'il protège
contre le mal celui qui le possède. C'est donc une
propriété individuelle et il est gardé dans un lieu
où personne ne le verra. Lorsque l'adepte meurt, c'est le centari qu'il
faut amener auprès du
bûn(fétiche) pour que ce dernier sache
que son fidèle ne vit plus. Sans cela, le
biokuroest toujours vivant aux yeux du
bûn et de bûnkosso. Pour
déposséder un adepte défunt du bûn, on lui porte le
centari. Il représente le pouvoir des adeptes
du Sambaani.
4- Koro
Photo N°5 : le
koroà Gbégourou
Source : cliché Dara, novembre 2008
Le koroest une guitare qui se joue lors du rituel
Sambaani. C'est un instrument sacré qui ne se
joue que par une famille spécifique appelée
"koroboseru" (famille koro). On l'utilise pour
implorer les esprits ou lors des offrandes ou encore au cours d'une
prière. C'est une calebasse couverte d'une peau d'animaux muni d'une
tige avec deux cordes qui donnent le son. Ce n'est une propriété
privée mais reste chez le korosounon (chef du
koro) qui est désigné dans la
lignée des koro. Le koro joue également
le rôle de protection.
Chapitre 3 : Processus de manifestation du
Sambaani
1- Manifestation du rituel Sambaani
a- Enterrement d'un adepte de
Sambaani
Pour comprendre comment le rituel se passe, il faudrait partir
du décès d'un adepte de Sambaani.
Il existe toute une cérémonie autour de la mort
d'un adepte de Sambaani. Plusieurs pratiques lui sont réservées.
Mais comment annonce-t-on le décès d'un
bionkuro (adepte) ? Il existe un mystère
autour de la mort d'un adepte. On ne dit pas aux autres qu'il est mort, mais
qu'il est allé au champ ou à la "Mecque" ou encore au
marché pour faire des emplettes (surtout la viande). Viande ; parce
que les biokuroaiment la viande. Ils aiment la viande
à cause des génies qu'ils incarnent. C'est pourquoi on ne dispute
jamais la viande avec un adepte de Sambaani surtout
les os. En ce moment, il y a toujours un autre adepte qui est toujours assit
devant la porte du défunt en attendant son retour. Le retour ici c'est
celui qui va incarner l'esprit du défunt. Il faut retourner tous les
objets (il s'agit du gama, des
centaris, le pagne blanc et la calebasse qui a servi
à laver le corps, l'éponge) qu'il utilisait au près du
bûn qu'il incarne. Si cela n'est pas fait, pour
la famille leur parent est mort mais pour le
bûn,il vit encore. C'est surtout le
centari qui montre réellement que le
biokuroest mort avant que les adeptes ne se mettent
à pleurer le mort. Après cela on peut procéder au rite qui
leur est réservé avant l'enterrement. Donc c'est l'homme qui
meurt mais le bûn lui ne meurt jamais.
Ø Comment déposséder le défunt du
bûn ?
En premier lieu, il faut libérer le
bûn du défunt en jouant des
bwanu (gourdes) et par des danses en utilisant le
coq et le cabri. Le cadavre assis sur un tabouret, le
Koroku prend le coq et le passe de la tête
à la plante des pieds ; de la tête à la hanche. Avant
la fin de ce rituel, le coq meurt. Après ce rite on étale le
cadavre sur une natte en lui passant de noix de palme sur tout le corps.
Lorsque les kosikobu (fossoyeur,
dans la société baatonu, il existe un clan qui est destiné
à l'enterrement) finissent de creuser la tombe, on habille le cadavre et
on le fait asseoir en chantant. Dès que le
Koroku (griot) récite les panégyriques
du défunt, le cadavre bouge et on le rase. Lors du rasage, les parents
du défunt doivent dépenser énormément. Après
le rasage, le défunt n'incarne plus le génie et devient un simple
individu qui peut être enterré. La calebasse qui a servi à
laver le cadavre et le pagne qui lui est noué lors du bain sont
envoyé au bûnkosso. Les autres adeptes
quittent les lieux pour ne pas pleurer car pour eux, il n'est pas mort.
Ø Les cérémonies après
l'enterrement d'un adepte
Trois semaines après l'enterrement, une grande
cérémonie est organisée. Au cours de cette
cérémonie, les adeptes vont au "taxo"
(chasse). C'est un rite qui consiste à aller dans la brousse pour
chasser. Ils reviennent avec les branchages à la main (symbole de leur
victoire). Après la chasse, un autre rituel consiste à laver les
effets du défunt à la rivière. Tout ceci se passe dans le
silence.
Pour clore les cérémonies, on prépare de
la pâte ou de l'igname pilée ; cela dépend de la
période. La marmite au feu, une ou trois adeptes, en silence, se servent
de leur main pour servir le mangé dans des assiettes qui sont
déposées sur la tombe du défunt. C'est là que tout
le monde va manger. Ainsi se termine les cérémonies
d'enterrement.
Après l'enterrement, il faut chercher l'individu qui va
incarner le bûn du défunt. Ainsi
s'observe les différentes phases du rituel Sambaani.
b- Les différentes phases de la manifestation du rituel
Sambaani
Ø La phase d'incorporation
Une semaine après l'enterrement, il est organisé
tous les soirs des danses aux bwanu autour du feu.
Les profanes dansent autour des bwanku assis en
cercle. Au cours de ces danses si un individu tombe, on le transporte sur la
tombe du défunt. Tous les adeptes présents sont contents et le
prennent pour le mettre dans une chambre qui devient le couvent. Ils
disent "bèsèméromaka
dihouma" (notre mère est de retour de la Mecque ou du
marché) et tous les adeptes sont joyeux de ce retour. Le novice peut
être une femme ou un homme.
Au cas où après la semaine, personne ne tombe,
on choisit une personne sur qui on met une petite canari. Cette personne tourne
autour du cercle. Si elle tombe, on le prend. Au cas contraire, on change de
personne. Parfois, l'individu n'incarne pas le
bûn d'un défunt. Cela peut être
son destin et généralement c'est pendant la récolte des
nouvelles ignames ou au cours d'une offrande.
Saisie en dehors des funérailles, elle restera chez la
mère supérieure.si l'individu est saisie en brousse, elle roule
à terre au son des bwanu agitées par
les bwankuet ce sont les
bûgibu ou
biokourobuqui vont la relever. Ils lui passent les
mains sur la figure et la poitrine. Après ce geste, elle reprend ses
esprits et revienten elle-même et une cérémonie initiale
est organisée.
Si les parents du novice sont des musulmans, ils refusent
parce que c'est diabolique et va contre les prescriptions d'Allah et bloquent
parfois l'initiation de l'individu. Lorsque ces cas se présentent, soit
l'individu tombe malade, soit présent des comportements bizarres qui ne
sont pas compris par la société. Tant que les
cérémonies ne sont pas faites, rien ne marchera pour lui.
Ainsi commence la phase initiatique pour le novice.
Ø La phase initiatique
Dès que l'individu tombe sur la tombe du défunt,
les adeptes le prennent pour l'amener dans une chambre. Il sera entouré
des adeptes qui sont avancés dans le Sambaani.
Il ou elle se roule à terre. On le prend et le porte au sud du village,
au croissement de sentiers pour le laver, puis on le met dans une case
d'où il ne sortira que sept (07) jours plus tard. Le novice ne reconnait
plus personne et ne parle pas. Il devient un bébé qui ne connait
rien du monde dans lequel il est venu. On le met au dos lorsqu'il veut faire
ses besoins et on lui donne à manger. Le novice doit rester au couvent
pendant sept (07) jours. Le sixième jours, c'est-à-dire la
veille, les adeptes réclament un boeuf entier à la famille et
une petite cérémonie est organisée. Cette
cérémonie consiste à voir si le défunt à
accepter le choix du novice. Devant le boeuf, les adeptes se mettent à
genoux et font des prières en présence du novice. Ensuite on
demande au novice de toucher le boeuf ; s'il se met en transe c'est que le
défunt à accepter l'offrande. Si c'est le contraire, il faut
chercher la cause du refus.
Le lendemain, c'est-à-dire le septième jour, une
petite cérémonie est organisée qui consiste à
voler. Très tôt le matin ; à cinq heure du matin, les
adeptes, possédés des esprits, rentrent dans les maisons pour
voler tout ce qu'ils trouvent à la portée des mains. Vers dix
heures, ils s'apprêtent à aller dans la brousse à la
rencontre des génies ou esprits. Le koroku met
de l'huile de noix de palme sur le front et les pieds des adeptes qui sont
possédés. L'un parmi eux va chercher le novice. Ils vont en
brousse où les génies ou les esprits leurs donnent des
instructions sur la conduite du novice et ne reviennent deux (02) ou trois (03)
heures après. Dès que les adeptes sont
dépossédés, ils ne se souviennent de rien. Donc ils ne
sont pas en mesure de nous dire exactement ce qui se passe en brousse. A seize
(16) heures, tous les biokuro (adeptes), pagnes
noués à la poitrine viennent sur la place et se mettent en
cercle, (ce sont les pagnes tissés traditionnellement par les
tisserands). C'est en ce moment qu'on amène le novice au milieu du
cercle pour lui apprendre à danser le rythme du
Sambaani. La phase de l'intégration du novice
commence.
Ø La phase d'intégration
Cette phase commence souvent après le lendemain de la
phase initiatique. Généralement, c'est le dimanche que cette
cérémonie est organisée. Vers quatorze (14) heures, tout
le monde s'installe et se met en cercle. Le novice est assis parmi les autres
adeptes. Avant la cérémonie initiale, le novice est placé
au centre des bwanku (joueurs des
bwanu ou gourdes) tam-tams et autres participants.
Assis au milieu des biokurobu, on lui rase la
tête et les parents viennent donner des offrandes (pièces de
monnaie). Ensuite, on le retourne dans la chambre pour une toilette et on
l'habille (le pagne noué à la poitrine, un tissu rouge
attaché à la hanche et des colliers). Encore, On lui apprend
à danser le rythme Sambaani et c'est
à ce moment là que ses parents dépensent de l'argent. Si
le novice est marié une cérémonie est faite là.
Elle consiste à donner la dot qui est constitué d'un coq, une
natte et de l'argent (le coq parce qu'elle doit préparer la suce
à son mari si c'est une femme. S'il s'agit d'un homme, lui doit
l'apporter à la maison à sa femme. La natte, parce qu'il ou elle
doit dormir sur la natte et l'argent c'est selon la capacité du mari ou
de la femme). Si non il ou elle ne reconnaitra pas son compagnon. On lui remet
le coq qu'il doit remettre au koroku. S'il entre en
transe cela veut dire que le bûna
accepté la dot.
Lors de cette phase, on partage des pagnes aux participants.
C'est aussi le moment de manger le dernier plat de l'igname pilée
appelé « sokourougbinrou »
(bol d'igname pilée). Mais il faut être pur ou propre avant de
s'approcher du plat.
Le bûnkossoporte le candidat
au dos jusqu'à une fourmilière sur laquelle on le fait assoir,
avec deux coussins posés sur le bord de la fourmilière. Ainsi
accroupi, on le lave avec un poulet noir qu'on jette ensuite dans la brousse,
vers l'ouest. Ensuite le novice doit chercher une clochette cachée, on
l'enveloppe d'un pagne blanc, puis sa famille prépare des nourritures
variées. Il doit gouter du miel à quatre reprises. Alors, il est
initié aux fonctions réservées aux adeptes du
Sambaani. Ainsi prend fin les
cérémonies.
Dès le lendemain, les adeptes venus d'ailleurs,
rentrent chez eux. L'adepte sur qui le novice tombe lors de sa possession,
devient son maitre spirituel. Il reste chez lui pendant des mois : trois
(03) mois pour les hommes et quatre (04) mois pour les femmes. Il appelle tout
le monde "baba" (père) lorsqu'il s'agit d'un
homme et "nana" si c'est une femme. Le novice parle
un langage qui n'est pas compris par les profanes.
Il arrive des fois où les parents n'ont pas les moyens
pour organiser les cérémonies. Il faut comprendre que les
cérémonies du rituel de Sambaani sont
couteuses. C'est pourquoi on rejette parfois les cérémonies
à une date non connue. L'attente peut durer un (01) à deux (02)
ans. Si la date est connue, le même scenario commence.
2- Fonctions du Sambaani
Le rituel Sambaani joue le
rôle d'intégration dans la société baatonu. Ce
rituel transforme la situation de la société tout en
renforçant la solidarité dans la communauté de N'Dali. Le
Sambaani a pour fonction première de
rassembler et de consolider l'union et la fraternité sur la base de
l'appartenance à une même culture, aux mêmes cultes et aux
mêmes ancêtres. Il favorise le maintien de la cohésion
sociale et l'entente entre les membres de la société baatonu de
N'Dali.
DURKHEIM(1930, 149-159) dans Le
suicide, avance que le suicide anomique se lit dans la
société où la cohésion est faible. Il explique
l'anomie comme la situation angoissante née du non respect des normes et
valeurs sociales. Cela laisse à comprendre que l'observance des normes
et valeurs sociales suscite la cohésion des membres d'un groupe. Dans la
même logique, nous dirons que, au plan collectif, la cohésion
sociale, c'est la mentalité, l'esprit d'une société qui
n'individualise l'acteur qu'au plan biologique. Sambaani régularise la
société à travers le respect, l'entente et la peur de
l'autre.
Aussi dans le Sambaani, la parole
prime sur tout. Elle est une convoyeuse d'énergie. En effet, que ce
soit sous forme d'incarnation, de prière, d'ordre ou de serment, cette
parole possède le pouvoir à la fois créateur et
destructeur qui opère dans le corps de l'individu. Au delàde
l'aspect mécanique de la parole, il y a l'aspect hermétique. En
effet, à un degré moins que l'incarnation, la prière joue
un grand rôle et pourrait être désignée comme parole
de puissance.
3- Avantages et inconvénients
duSambaani
Ø Avantages du Sambaani
A croire les enquêtés, le
Sambaani est un rituel que l'être suprême
à créer pour porter secours aux individus qui sont en danger ou
les protéger. Le Sambaani ne fait pas du mal
et n'a rien de diabolique comme le pense les religions importées surtout
l'islam. Il est la clairvoyance.
Ainsi, le Sambaani protège
l'individu, lui donne une longue vie, donne des enfants aux femmes qui sont
dans le besoin ; et si la femme est stérile, elle aura d'enfants
par la supplication : « Tonunbarukawatonu ra
di » (c'est par l'autre qu'on peut avoir ce que l'on
veut). Le Sambaani ne finit par les vielles habitudes
de l'homme mais protège son âme jusqu'à la fin de sa vie.
Il protège aussi le commerçant qui rencontre de difficulté
dans son commerce.
Ø Inconvénients du Sambaani
Mi
piiwàmiàyàmàawà (là
où il y a le bonheur, il y aussi le malheur). Selon les
enquêtés, tout comme Dieu, le Sambaani
n'aime pas le pécheur. Il faut aimer ce que le
bûn aime. L'adepte du
Sambaanidoit chercher le
Tim (médicament ou gris-gris) ; ce qui
pose parfois de difficultés. Même le
bûnkosso(prêtre) s'il est malade et ne
dit rien à son bûn, il ne sera pas
guérit. Le bûn ne le protège pas
et peut le laisser mourir. Mais lorsqu'il le dit, il sera
protégé.
Deuxième partie : Sambaani dans l'arène
socio-religieuse à N'Dali
Chapitre 4: Sambaani à la
croisée des chemins
1- Evolution du rituel Sambaani
L'exécution du Sambaani
à Gbégourou, Sirarou et N'Dali a connu une évolution dans
le temps et dans l'espace. Avant l'avènement des religions
révélées, le peuple baatonu de
N'Dali était animiste et pratiquait le rituel
Sambaani. C'est pendant la saison sèche que
les cérémonies s'organisent, parce que c'est en ce moment que
tout le monde revient des champs après les récoltes et il y a de
l'argent et cela se passe au village sur une place publique. L'adepte devait du
respect à ses supérieurs et à son tour la
communauté dans laquelle il se trouve lui doit ce même respect.
Surtout quand il incarne le bûn d'un
défunt, les enfants de ce dernier le considèrent comme le
défunt. En voyant venir le koroku, le
biokuro doit se coucher pour le saluer et pour lui
parler. Il n'était pas permis aux biokurobu de
se tresser, ni de porter des habits. Ils doivent toujours avoir le
centari sur la tête. N'importe qui ne devenait
adepte s'il n'est pas choisi par le bûn. La
durée des cérémonies dépendait de la famille ;
si la récolte a été bonne chez certain, les
cérémonies peuvent durer une semaine voir un mois. Le rituel
était fait dans le respect des règles. Les enfants qui allaient
à l'école ne sont pas pris en compte. Pour eux (génies ou
esprits), l'élève ne peut pas respecter correctement les
règles du rituel. C'était une joie pour la famille dont l'enfant
est choisit par le bûn, car il n'était
pas donné à tout le monde cette occasion. Le rituel
Sambaani a pour fonction d'intégration et de
cohésion sociale et protège celui qui a recours à lui. En
somme, le Baatonu attache un intérêt
particulier au rituel Sambaani.
En effet, en dépit de l'attachement et de
l'intérêt particulier accordé au
Sambaani par les populations de ces localités,
son exécution n'a pas échappé aux influences de la
modernisation. Aujourd'hui, tout a changé dans les comportements des
adeptes, des bûnkosso et des
koroku. Les règles du rituel ne sont plus
respectées comme avant. L'argent a pris le dessus de toute chose. Quand
on va demander de l'aide de nos jours chez un
bûnkosso, la première chose qu'il vous
demande c'est l'argent. Le korokune joue plus son
rôle de muézin et n'est plus respecté par ses adeptes. Les
adeptes se tressent et portent des habits aujourd'hui. Ils ne sont plus
propres. Les différentes modifications intervenues dans
l'exécution de rituel affaiblissent la pratique du rituel
Sambaani. Le non respect de ces règles
entraine parfois la folie lorsque l'esprit n'est plus en lui ou la mort subite
de l'individu.
2- Impacts des religions révélées
sur le Sambaani à N'Dali
Malgré la relative stabilité dans les
institutions du Borgou, des changements rapides ont eu lieu avec
l'arrivée de l'islam et du christianisme dans la commune de N'Dali.
Néanmoins, il existe encore des poches de résistance à ces
changements.
En effet, dans toute société, il se retrouve
dans la population des conservateurs tels que des vieux qui demeurent encore
dans la pratique du rituel pendant que d'autres s'adaptent aux changements qui
s'opèrent.
L'avènement et l'acceptation de l'islam et du
christianisme à N'Dali ont eu des impacts sur la population. Ces impacts
se situent aux plans religieux, éducationnel, et socio-culturel.
2-1-Impact religieux
Le premier effet de l'expansion de l'islam et du christianisme
à N'Dali fut la conversion graduelle des peuples à ces nouvelles
religions. Ces religions ont remplacé le
Sambaani dans plusieurs endroits.
L'islam fut la première à parvenir à
N'Dali avant le christianisme. Elle aurait été apportée
par les Wassangari mais elle a été
réellement développée par les
Mandé et les commerçants
Haoussa. L'acceptation de cette religion signifiait
l'introduction de nouvelles pratiques religieuses telles que le jeûne,
les cinq prières journalières, l'aumône aux
nécessiteux, etc. Mais, le christianisme venu plus tard n'a pas eu trop
d'impact sur les peuples. Leur installation a été possible parce
que les chrétiens ont accepté les autres tels qu'ils sont.
Le développement de ces religions a eu plutôt de
conséquences positives sur les peuples de N'Dali. En prenant l'islam, il
a ébranlé leur foi dans la pratique du rituel. La pertinence des
pratiques religieuses comme le Sambaanifut
réduite de façon dramatique et fut remplacée avec la
culture islamique. Ces changements étaient pacifiques et il n'y avait
pas trop d'opposition à l'ordre nouveau. Le christianisme par contre,
était perçu par les peuples comme une distraction, parce que
considéré comme ayant été introduit pour remplacer
de façon révolutionnaire les pratiques existantes.
2-2-Impact sur le plan éducatif
L'introduction de l'islam a conduit à
l'établissement des écoles coraniques à travers toute la
région. Dans ce système éducatif, l'accent est mis sur
l'écriture, la lecture et la mémorisation des versets coraniques.
Un autre impact provoqué par l'enseignement islamique fut l'introduction
d'une nouvelle langue ; la langue arabe. Cette langue fut introduite dans
la vie des Baatombudès qu'elle est devenue
obligatoire d'apprendre et de connaître le coran par coeur.
Quant à l'éducation chrétienne, elle est
devenue le type d'éducation la plus répandue. Le but initial des
missionnaires qui ont apporté ce type d'enseignement fut
d'éduquer les peuples suivant la théologie chrétienne.
Leur rôle est d'inculquer l'éducation occidentale aux peuples afin
de parvenir à leur reconversion. L'objectif principal de toutes les
tentatives entreprises pour éduquer les Baatombu fut d'accroître
le nombre de personnes éduquées qui pourraient être
utilisées dans leurs activités religieuses. Plus tard, avec
l'arrivée des maîtres coloniaux, l'éducation occidentale
est devenue importante pour tous, mais l'objectif initial a
échoué.
Le développement de l'islam et du christianisme ainsi
que l'éducation engendrée par ces deux religions ont
entraîné une transformation graduelle dans la pensée, la
connaissance et l'attitude des Baatombu. Il existe
donc un conflit entre le modernisme, les habitudes et les institutions
anciennes. La modernisation a pris le pas sur les anciennes habitudes et
croyances.
2-3-Impact socio-culturel
Ces religions ont eu d'autres impacts sur la vie et le
comportement social des Baatombu. Aujourd'hui,
l'ivresse et la méchanceté sont considérées comme
des vices dans la société baatonu.
Certaines pratiques comme les cérémonies de baptême, de
mariage et d'enterrement sont basées sur les lois religieuses. Les
institutions sociales furent profondément affectées avec
l'introduction du christianisme et de l'islam. La famille large fut la
première à être affectée ; famille qui est
jadis caractérisée par l'origine commune des traditions, des
professions de la résidence et de la propriété terrienne.
Les gens préfèrent vivre désormais dans leurs domiciles
séparés au lieu du système traditionnel d'enclos.
Les cérémonies d'enterrement chez les musulmans
et les chrétiens heurtent les coutumes du
Baatonu. Selon M. K, la dernière demeure
idéale pour un Baatonu, c'est sa maison
familiale. C'est pour cela qu'il préfère enterrer ses morts
à la maison ou près de l'enclos au lieu de l'extérieur
parce qu'il croit en une communion entre les morts et les vivants. Ce que les
chrétiens et les musulmans ne supportent pas qu'on enterre les morts
à l'intérieur ou à proximité du domicile. Aussi le
christianisme a remplacé la polygamie par la monogamie.
Chapitre 5 : Relation entre les hommes et les
bûnu
1- Place des bûnu dans la vie
des Baatombu
Les bûnu sont des esprits
(simples ou non), créés par Dieu, soumis à Dieu, en
parfait accord avec Dieu, ne faisant rien ici-bas sans en avoir demandé
l'autorisation à Dieu. Ils sont les ambassadeurs de Dieu dans le monde.
Ils protègent l'homme contre la maladie et l'adversité de la
nature, et contre les créatures ennemies de l'homme. Ils sont
chargés de faire respecter la justice de Dieu auprès des hommes.
Ils prennent la cause des innocents, ils protègent les hommes contre
leurs semblables malfaiteurs ou méchant. Un
bûn peut tuer, mais il ne le fait pas par
plaisir comme le ferait un gbeeru. Un
bûn ne tuera jamais un innocent, même si
on le lui demande. Si on insiste, on risque d'être soi-même
frappé. Il est rare qu'un bûn prenne
l'initiative de tuer un malfaiteur. Il le fait si la victime d'un malfaiteur
vient le lui demander, d'habitude par mort violente. Certains le font par la
foudre. On dit qu'avant de tuer un homme, les
bûnu vont d'abord dans les cieux demander
à Dieu son autorisation, car Dieu est le maître suprême de
la vie, et le grand justicier de toutes les causes.
Certains bûnu n'acceptent pas
de tuer. On ne dit pas que ceux qui acceptent de tuer sont mauvais, mais
plutôt qu'ils sont durs, difficiles, sévères, impitoyables.
Quand ils sont en déplacement dans des villages, c'est pour purifier le
village et les sorciers prennent la fuite. Ceux qui restent, les
bûnu les dénoncent publiquement et les
obligent à s'exiler, ou bien ils les suppriment. Le chef peut
explicitement inviter les bûnu.
Toute personne qui va en pèlerinage à l'autel
d'un bûn, et qui boit l'eau sacrée est
immunisée, contre les empoisonnements. Celui qui tente de lui faire du
mal risque de mourir. La personne qui a bu à l'eau sacrée doit
s'abstenir de tuer pour tout le reste de sa vie, sinon elle-même mourra.
Les actes de méchanceté doivent être éliminés
de sa vie.
Tout sorcier qui boit à l'eau sacrée est
frappé de mort. Le bûnkosso, de par sa
fonction de desservant du bûn est
immunisé contre les actions des malfaiteurs. Sa vie est
protégée par son maître, mais elle devra être saints,
comme ceux et celles qui sont voués aux
bûnu (sainteté : éviter de
nuire au prochain et faire du bien).
La hiérarchie est difficile à établir
parmi les bûnu. Dieu seul sait celui qui est le
plus grand, et le plus petit. Certains hommes qui, avaient autrefois
occupé des places spéciales dans la société sont
aujourd'hui honorés comme des bûnu
(fondateurs de villages ou de villes).
On peut dire que certaines cérémonies du
bûn coïncident avec le culte des morts,
mais un culte des morts spécial, dépassant les simples
cérémonies de funérailles. Cela rejoint l'idée du
culte des saints chez les chrétiens. Mais il n'est pas donné
à tout chrétien d'être canonisé. De même, il
n'est donné à tout défunt d'être élevé
au stade de bûn.
2- Place des bûnu par rapport à
Dieu et aux hommes
Chez les Baatombu, Dieu n'a pas
d'égal. Dire "les dieux" (comme chez les grecs ou les romains), cela n'a
pas de sens chez les Baatombu. Dieu est le seul
être incréé. Tout en dehors de lui, est son oeuvre.
Les bûnu sont des
créatures de Dieu. Ce sont des esprits, ils n'ont pas de corps. Ils ne
jouissent pas de l'omniprésence, mais possèdent le
privilège de la présence instantanée. On ne peut pas dire
la forme qu'ils ont. On affirme tout de même qu'ils sont mâles et
femelles. Les bûnu sont soumis à Dieu et
ne sont pas de créatures révoltés comme on l'affirme du
Satan de la bible.
Le Baatonune confond pas les
bûnu et seetam
(diable ou fauteur de troubles). On peut se demander si la notion de
seetam (fauteur de troubles) ne viendrait pas de
l'islam. Le Baatonu a la notion d'autres esprits qui,
s'ils ne sont pas ennemis de l'homme peuvent pourtant être un obstacle
à sa sécurité ici-bas. Ils ne sont pas dits explicitement
ennemis de Dieu. Le bûn, lui, est non seulement
créature de Dieu, mais aussi son ami. Il n'a pas à proprement
parler un message à porter de la part de Dieu, il n'est pas
chargé d'organiser la vie des hommes. Il est à la fois,
pourrait-on dire procureur général de Dieu, et juge
délégué de Dieu dans la société des humains.
Il n'est pas l'avocat des hommes auprès de Dieu.
Auprès de l'homme, il est le serviteur de la justice de
Dieu. Il le fait régner, le fait respecter. Grâce au
bûn, l'innocent peut être
épargné, le vrai coupable peut être découvert et
puni. Inférieur à Dieu, le bûn
est supérieur à l'homme. Le culte aux
bûnu n'est jamais en concurrence avec celui
qu'on pourrait rendre à Dieu. Tout le monde croit aux
bûnu. Pourtant les
bûnu n'exigent pas de tous les hommes un culte.
Il n'y a que les bûnkosso qui soient tenus
à l'adoration. Ce culte est facultatif pour les profanes. Si on ne le
fait pas, on n'est pas pour autant plus exposer à la colère des
bûnuque ceux qui le font. Pour être en
bon terme avec les bûnu, il suffit à
l'homme de craindre Dieu, d'éviter le mal et de pratiquer la justice.
Les actes de charité positifs ne laissent donc pas indifférents
les bûnu. Ceux-ci vont même
jusqu'à les exiger de ceux qui leur sont consacrés de
façon spéciale, comme pour dire : "pour vous, soyez
parfaits".
Chapitre 6 :Héritage culturel et le
devenir du Sambaani
L'étude effectuée sur le sujet « le
rituel Sambaani chez les
Baatombu» dans la commune de N'Dali a permis de
déceler un ensemble de connaissances relatives au fondement, au
déroulement, à l'évolution et à la fonction du
Sambaani.La pratique endogène suppose des
groupes peu étendus, clos, d'une cohésion parfaite. Malgré
quelques tentatives de restauration, son bouleversement parait
irréversible dès que l'unité de groupe se détend.
Ailleurs l'aspect des chefferies ou des royaumes décline. Les enfants
vont à l'école, donc la durée des initiations doit
être réduite ; la connaissance des symboles et des mythes du
Sambaani se perd, les hommes circulent, vont
travailler au loin, abandonnent le contact avec les dieux et les
ancêtres, restent dans les villes pour échapper à la
tutelle du groupe, ou la secouent lorsqu'ils reviennent. Les jeunes
désertent les fêtes et ne respectent plus les interdits à
cause de l'école.
Retenons que l'école apporte un savoir
différent de celui des anciens, une autre explication des
phénomènes, une culture ouverte où rien n'est
caché, où tout en principe devrait récompenser le
mérite et l'intelligence ; alors que la société
ancienne reposait souvent sur le secret et sur l'hérédité.
L'individu préfère se dégager ainsi de la contrainte
sociale, quitte à perdre réconfort et sécurité. Le
Sambaani, aux degrés supérieurs de
connaissance ésotériques très complexes, ne peut pas faire
face au désir des masses d'accéder à l'autonomie
individuelle. Il ne répond ni aux exigences d'une morale personnelle,
ni à celle du rationalisme moderne, condition de l'essor technique, ni
à celle d'un idéal de progrès, puisque c'est une pratique
axée sur la répétition et l'exaltation du passé. Le
Sambaani subsiste et résiste là
où il est le plus structuré, mais il se désagrège
tout autour des villes que dans les régions de passage, ou encore parmi
les populations que l'appel de la main d'oeuvre tire de chez
Sambaani.Du coup, de peur d'être
offensés par les élèves profanes, ces jeunes adeptes ne
s'intéressent pas trop à l'école. Nous ne comprenons pas
pourquoi la religion traditionnelle qui devrait contribuer au
développement du milieu, constitue un handicap pour la scolarisation de
certains enfants surtout les filles de la commune de N'Dali. Or, nul n'ignore
le rôle capital que joue l'instruction dans le développement de
tout pays. Donc, il faut à ces jeunes adeptes une éducation pour
concilier religion et école.Les conservateurs essaient de
répondre aux nouveaux besoins, mais leur conception du
Sambaaniest souvent répétitive et
close. Ils servent la plupart de temps d'alternative aux familles et autres
organisations traditionnelles dissoutes. La perte des anciennes croyances dans
l'individualisme rappelle la situation du paganisme. Cette perte a
préparé sans doute le terrain aux religions
révélées, islam et christianisme.
En effet, le Sambaanirevêt une
importance capitale dans la vie des populations de N'Dali qui, demeure la
commune dans laquelle on exécute ce rituel pour implorer le
bûn en lui offrant des sacrifices. Ce rituel se
pratique presque tous les ans à la fin des récoltes ; moment
où les paysans vendent les récoltes. Cependant,
l'exécution de ce rituel souffre d'insuffisances aujourd'hui, car ces
différentes phases ne sont plus rigoureusement respectées comme
auparavant. Par exemple, l'étape de se mirer avant d'aller en brousse a
presque disparu. Aussi, au lieu d'aller à la rivière pour le
lavage du novice, on préfère le faire au village derrière
la maison. Nous constatons que les règles établies par les
ancêtres ne sont plus respectées par la nouvelle
génération. Le moment choisi pour faire le rituel qui est la
saison sèche par les anciens n'est plus valable à cause du
changement climatique. Tout moment est valable aujourd'hui, il suffit
d'être riche. Il n'est plus un secret pour personne que les
réalités climatiques du temps de nos aïeuls qui ont
institué ce rituel ne sont plus les mêmes. Ce changement
climatique est dû aux caprices de l'homme qui explique les modifications
intervenues dans l'exécution du rituel aujourd'hui. Il est donc
aisé de comprendre que, contrairement à ce que pensent les
prêtres et les adeptes, la force du bûn
est aussi limitée. Le bûn est un canal
vibratoire servant de liaison entre les hommes et Dieu. Il est puissant, mais
il doit parfois cette puissance au
« Tim » (gris-gris). Car, les
adeptes, les prêtres et les prêtresses du
Sambaani affirment que le
bûnet le Tim sont
indissociables. En effet, ce sont les prêtres qui officient des
sacrifices, des offrandes et des cérémonies de leur
ressort.N'importe qui ne devient pas adepte par volonté. Mais
aujourd'hui c'est le constat. Dès qu'on est tourmenté par des
mauvais esprits, on dit que c'est le bûn. Les
bûnkosso sont devenus des corrompus et exigent
plus de chose qu'avant où tout était symbolique. L'argent a
remplacé l'honneur qu'ont les prêtres et prêtresses du
Sambaani.
Les coutumes sont aujourd'hui en grande
évolution : scolarisation, influence de la ville, de l'islam, du
christianisme, changements économiques, politiques. Les couvents
sontdes lieux où on fait l'apprentissage du langage du
bûn, des danses et des chants. On fait subir
aussi aux adeptes du Sambaani les épreuves de
la vie spirituelle. Aujourd'hui, les couvents ont perdu leur
crédibilité. Au lieu d'être un lieu d'apprentissage, les
couvents sont devenus des lieux de commerce.Après des mois d'internement
au couvent, les jeunes initiés sont contraints de s'attacher au
bûn compte tenu des enseignements qu'on leur a
inculqués.
L'islam et le christianisme ont apporté leurs
façons de prier les morts. On permet volontiers aux chrétiens et
aux musulmans de venir prier pour les morts. On dit que ces prières
obtiennent la faveur de Dieu pour que le mort ne soit pas jeté dans le
feu. Mais ces prières ne dispensent pas des funérailles
traditionnelles qui sont obligatoires.
Le Béninois, mieux encore le Baatonu de N'Dali, bien
que détourné par les religions étrangères,
reconnait l'existence des religions traditionnelles et n'hésite pas
à des moments donnés d'oublier sa configuration et faire un
sacrifice ou poser un acte religieux. C'est ce que remarque BEART en affirmant
que l'animisme demeure souvent au fond de la mentalité paysanne :
« converti à l'islam, au catholicisme, l'Africain ne se
sépare guère de ses croyances animiste ». La religion
est la vie du Baatonu, comme l'a dit Durkheim c'est
le ciment qui unit les différents membres du groupe. Les manifestations
de culte, les rites de mariage, de naissance ou les cérémonies
d'initiation font appel à tous les membres de la famille et il y a
échange.
Tout ne doit donc pas être renié de
l'héritage ancestral : bien des formes en seraient à
reprendre pour éviter le vide culturel et la vulgarité
contemporaine. C'est ainsi qu'en Afrique certains peuples christianisés
ont conservé leur pratique.
CONCLUSION
Au terme de cette étude sur le rituel
Sambaani dans la commune de N'Dali, la tradition
continue de marquer profondément la vie quotidienne des populations de
N'Dali malgré la présence des religions
étrangères.La manière dont la pratique
religieuse s'exprime varie selon les territoires, et chaque peuple à ses
croyances propres. Selon les lieux, l'âme ne réside pas dans les
mêmes sortes de personnes ou d'objets, et la croyance dans les âmes
ou les esprits peuvent s'accompagner d'autres croyances, comme la
vénération d'un Être suprême. Chez certains peuples,
on considère même qu'il existe plus d'une âme à
l'intérieur de chaque être humain. Néanmoins, le culte des
ancêtres demeure un point commun essentiel à un grand nombre de
ces variantes des religions endogènes. Pour s'attirer les faveurs ou
calmer la colère des esprits des défunts, qui sont
particulièrement craints, il convient de pratiquer un certain nombre de
rites, de sacrifices, d'incantations ou d'offrandes. Les croyants tentent
également d'entrer en contact avec les esprits afin d'obtenir toutes
sortes de bénéfices (guérison, pluie, fertilité)
mais aussi des conseils ou des présages. Le dialogue avec les esprits
s'établit par l'intermédiaire d'un prêtre, qui saisissent
(le plus souvent par la divination ou la transe) les messages envoyés
depuis ce monde parallèle qui, pour les croyants, a la même
matérialité que le monde terrestre. La pratique du rituel
Sambaani met souvent en oeuvre des objets auxquels
est accordée une dimension sacrée.
Les églises et les mosquées s'efforcent tant
bien que mal d'enraciner leur message dans des cultures qui leur restent
étrangère. L'avènement de ces religions a changé le
comportement de la population de N'Dali dans la pratique du rituel de
Sambaani. Ces traditions subissent des
modifications du fait de la modernité, les rites institués par
les ancêtres continuent toujours d'être exécutés dans
nos sociétés. Au Bénin, dans certaines localités
comme Gbégourou, Sirarou et N'Dali, les populations restent intimement
attachées à la religion traditionnelle. Des cadres aussi
s'adonnent à ces pratiques. Les uns sur l'injonction de l'oracle,
offrent de sacrifices aux divinités afin de les implorer et de jouir de
leurs bénédictions ; les autres, en leur qualité de
chefs traditionnels sont contraints à des manifestations rituelles.
Au quotidien, l'homme doit agir dans le respect de la mémoire
de ses ancêtres, il a le souci d'être digne de la droiture et de la
valeur qu'ils incarnent. Un comportement mauvais aurait en effet pour
conséquence de venir ternir l'image de la famille entière, et
donc celle des générations passées. En ce sens, le culte
des ancêtres, pour ne pas provoquer la colère par des actions
néfastes, joue un rôle de régulation sociale. Les
ancêtres représentent en effet les gardiens d'une certaine morale
et des règles qui structurent une société donnée.
Aussi,le Sambaani s'est également
enrichi au fil du temps d'un certain nombre d'emprunts à la religion
catholique tel le baptême. L'utilisation de chandelles ou cierges, de
cloches est également directement empruntée au catholicisme
romain, tandis que les danses, les tambours et le culte des ancêtres
proviennent de la tradition africaine.
En effet, le rituel Sambaani apaise les petites querelles qui
conduisent souvent aux envoûtements entre les populations. C'est aussi
l'occasion des pardons et des règlements des conflits en vue d'une
consolidation. Mais aujourd'hui, il est noté une rupture entre le geste
religieux et la conviction personnelle du croyant du fait de la
modernité et des autres religions. Les moeurs et les interdits
instaurés par les ancêtres ne sont plus rigoureusement
respectés. Le rituel Sambaani a connu une modification. Or, pour un
développement harmonieux d'un pays, il faut que la religion
traditionnelle et celle moderne cohabitent. Pour y parvenir, il serait donc
souhaitable qu'il y ait un juste équilibre entre les valeurs modernes et
les valeurs traditionnelles de manière à préparer les
jeunes à devenir des adultes équilibrés, responsables
socialement intégré et capable de s'adapter à notre
société en profonde mutation et de la transformer pour
l'améliorer. Certes, le bûn et le
Tim sont indissociables pour la protection et la
conservation de nos valeurs traditionnelles. Mais il faut que ces valeurs
contribuent réellement au développement de notre pays. Pour cela,
il faut que chaque acteur joue sa partition afin de favoriser la conservation
de nos identités culturelles et bannir les mauvaises pratiques.
Chapitre 3 BIBLIOGRAPHIE
1. ADOUKONOU, B., 1979, La mort dans la vie africaine, UNESCO,
Présence Africaine.
2. AGUESSI, A., 1987, Rites sacrificiels chez les Fon de
Ouidah comme fondement culturel de développement, FLASH.
3. AMOUZOUVI, H., 2005, Le marché de la religion au
Bénin, Berlin, Verlag Dr. Köster.
4. ASSABA, C., 1999, Méthodique ou
méthodologue : manuel de cours à l'endroit des
étudiants chercheurs, FLASH, UNB.
5. BALANDIER, G., 1962, L'Afrique ambiguë, Paris, Edition
Plan.
6. BASTIDE, R., 1960, Les religions africaines au
Brésil, Paris, PUF
7. CAZENEUVE, J., 1971, Sociologie du rite, Paris, PUF.
8. DURKHEIM, E., 1960, Les formes élémentaires
de la vie religieuse, Paris, PUF
9. DURKHEIM, E., Les règles de la méthode
sociologique, Paris, PUF.
10. ISAMBERT, F. A., 1975, Rite et efficacité
symbolique, Paris.
11. LABURTHE-TOLRA, P. et BUREAU, R., 1971, Initiation
africaine, Yaoundé, Edition Clé.
12. LABURTHE-TOLRA, P. et WARNIER, J. P., 1993, Ethnologie
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13. MALINOSWKI, B., 1984, Dictionnaire des religions, Paris,
PUF.
14. MAUSS, M., 1985, Sociologie et anthropologie, Paris,
PUF.
15. MBITI, J., 1972, Religion et philosophie africaine,
Yaoundé, Clé.
16. MESLIN, M., 1988, L'expérience humaine du divin,
Paris, Cerf.
17. NOBIME, A. 2005, Le rite "Honhunhu" à ZadoDovogon
dans la commune de Zogbodomey, FLASH.
18. PARRINDER, G. 1950, La religion en Afrique Occidentale,
Paris, Edition Payot.
19. QUENUM, M., 1999, Au pays des fon : Us et coutumes du
Dahomey, Paris, Edition Maisonneuve et Larose (3ème
édition).
20. THOMAS, L. V. et LUNEAU, R., 1975, La Terre Africaine et
ses religions : Traditions et changements, Paris, Librairie Larousse.
21. VAN GENNEP, A., 1909, Les rites de passage, Paris.
LISTE DES TABLEAUX ET DES PHOTOS
Liste des tableaux
|
Pages
|
Tableau I : Centres des lectures
|
21
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Tableau II : Présentation des groupes cibles et
catégories sociales
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23
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Tableau III : Répartition des enquêtés
par catégorie sociale
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23
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Liste des photos
|
Pages
|
Photo1 : les biokurubutenant en main le
gama et le centarisur la
tête
|
31
|
Photo 2 : les formes de gama
|
34
|
Photo3 : les bwanku jouant les
bwanu
|
35
|
Photo 4 : le centari
|
35
|
Photo 5 : le koro
|
36
|
I- GUIDE D'ENTRETIEN DETAILLE
§ AXES PRIORITAIRES POUR LE GUIDE
o ACTIVITES CULTURELLES
§
Les acteurs, organisateurs
§ conditions d'amission au comité d'organisation
(mode ou critères)
§ périodes d'exécution des activités
§ préséance des activités
§ les compositions des différents types de rites
§ la période exigée pour la manifestation du
Sambaani
§ existence de différenciation sexuée pour les
rites
§ Stratégies d'information des acteurs sur la
pratique des bûnu
§ degré de respect du rituel
§ justifiant du respect
§ valeurs financières de l'organisation du rituel
o ACTIVITES CULTUELLES
§ Représentation des
bûnu dans la tradition religieuse
§ Acteurs pratiquant du
bûn
§ Les acteurs interdits à la pratique du
bûn
§ Différenciation des bûnu par catégorie
d'acteurs, de cultes,
§ Période, occasion de la manifestation du
bûn
§ Pluralité des rites
§ Mécanismes de prévention des amalgames
d'association
§ Mécanismes de résolution des crises
causées par la pratique du bûn
§ Respect du bûn
§ Sanctions en cas de non respect ou du refus de pratique du
Sambaani
§ Avantages liés aux
bûnu
§ Inconvénients inhérents aux
bûnu
o SAMBAANI ET VIE SOCIALE
§ Maladies et bûnu
§ Les usages médicaux des
bûnu
§ Les acteurs traitants partisans de l'usage médical
des bûnu
§ Les raisons avancées à l'usage
médical des bûnu
§ Bûnuet position sociale
§ Acteurs utilisant le plus le
bûn
o ACTIVITES POLITIQUES
§ Acteurs pratiquant le
bûn
§ Occasion de manifestation du
bûn
§ Avantages et inconvénients du
Sambaani
§ Représentation du
Sambaani
II- OBJECTIFS DES DISCUSSIONS ET AXES DE DISCUSSIONS
PAR GROUPES D'INTERET
o Groupes des jeunes
§ Exigences des bûnu
§ Occasions de manifestation du
bûnu (interdits et tabous)
§ Types de bûnu et
interdits
§ Conflits générés par la pratique du
Sambaani
o Groupe des dignitaires, personnes
ressources
§ Histoire des localités
· Processus d'installation
· Conflits et règlement de conflits
· Activités économiques de
prospérité
· Modus operandis de la cohabitation (pacifique ou
conflictuelle)
· Interdits majeurs de la localité
Dynamique de l'éducation/ initiation et rites de
passage
· Les autorités locales
§ Informations socioéconomiques
(démographie ; activités économiques, les populations
en présence ; activités culturelles dominantes ;
activités culturelles en régression ; histoire de
l'installation et de l'occupation des sols ; défis
économiques et écologiques...)
§ Informations politiques et administratives
(découpages administratifs, les groupes politiques en présence et
les implications socio ethniques)
§ Connaissances sur la pratique du
Sambaani
· Acteurs confessionnels
o Chefs de cultes traditionnels
§ Origine du Sambaani
§ Différents rites du
Sambaani
§ Occasion de la manifestation du
bûn
§ Les Acteurs du Sambaani
§ Interdits majeurs liés aux
bûnu
§ Représentation sociale des
bûnu
§ Bûnu et actions
sanitaires
§ Discours associés aux
bûnu
§ Connaissances transmises par la pratique du
Sambaani
o Acteurs des religions
révélées
§ Informations socioculturelles, économiques et
politiques de la localité
§ Dynamique de cohabitation des différents peuples et
actions déterminantes de la religion
§ Connaissance sur le rituel
Sambaani
§ Occasion de manifestation du
Sambaani
§ Typologie du rituel
§ Point de vue de l'église sur la pratique du
Sambaani,
III- CHRONOGRAMME DE CONDUITE DU TRAVAIL DE
TERRAIN
PERIODE :18 Septembre au 20 Décembre
2008LIEUX :N'Dali
PLAN DE CONDUITE DU TRAVAIL DE TERRAIN
A
- TAF (TRAVAIL A FAIRE)
§ Prise de contacts et mobilisations des groupes de jeunes
(filles et garçons)
§ Prises de contacts avec les autorités locales
§ Prises de contacts avec les dignitaires, sages locaux et
personnes ressources
§ Prise de contacts avec les groupes de femmes
§ prise de contacts avec les chefs religieux, chefs de
cultes
§ prise de contact avec les autorités
confessionnelles
§ entretiens groupés avec les jeunes
§ entretiens individuels avec les autorités
locales
§ entretiens individuels avec les dignitaires et sages
locaux
§ entretiens groupés (ou semi groupés) avec
les femmes
§ entretiens individuels (structurés et approfondis)
avec les chefs religieux
§ entretiens individuels avec les autorités
confessionnelles
TAF
|
MATERIELS
|
PERSONNES RESSOURCES
|
COUTS
|
OBSERVATION
|
M1
|
M2
|
M3
|
|
|
|
Prise de contacts
|
X
|
|
|
|
|
|
Entretiens jeunes
|
X
|
|
|
|
|
|
Entretiens autorités et sages
|
|
X
|
X
|
|
|
|
Entretiens religieux
|
|
X
|
X
|
|
|
|
IV- ACTIVITES POST-TERRAIN
Lectures supplémentaires ; Traitement des
données et analyses dynamiques des données ;
Rédaction
INDEX DE QUELQUES MOTS BAATOMBU
Baatonu : c'est les Bariba, peuple qui
vit dans la région du Borgou dans le Nord-Bénin. Et le pluriel
est baatombu.
Sambaani : rituel qui se pratique chez
les baatombu et qui se manifeste par l'incarnation d'un génie par un
individu.
Bûn : c'est le "fétiche"
qu'incarnent les adeptes du Sambaani. Et on appelle les adeptes du bûn,
les bûngibu. Le pluriel du bûn est bûnu.
Bûnkosso : c'est le prêtre
qui s'occupe du bûn. Les bûnkosso(gardien des
bûnu ou fétiches) ou prêtres sont
des intermédiaires socialement reconnus entre la communauté et
le monde invisible.
Wérékunu : ce sont les
génies de la brousse qui se sont introduits dans la vie des baatombu. Le
singulier de wérékunu est wèrèku.
Bio : c'est le nom qu'on donne au
troisième fils d'une famille. Ce nom est aussi utilisé pour
désigner le singe en milieu Bariba. L'esprit du singe s'est
incarné en l'homme.
Biokuro : c'est les adeptes qui
incarnent le génie du singe. C'est aussi le nom pour désigner les
adeptes du rituel Sambaani. Le pluriel c'est biokurobu
Maré : ce nom désigne la
race Peulh. C'est comme ça que le Bariba appelle le Peulh. Celui qui
incarne le bûn du Maré, s'habille comme les peulh.
Kpireru : c'est l'hippopotame. Celui
qui incarne l'esprit de cet animal, est fort.
Gariboko : c'est le niais. Chez les
baatombu, l'enfant niais n'est pas un être simple. On pense que ce sont
des esprits qui sont incarnés à travers cet enfant.
Kpanro : c'est le lépreux.
WONKORU : c'est un Peulh sur qui la
première incarnation du génie s'est opéré qui a
été saisi au moment où il trayait sa vache. Wonkoru veut
dire le noir
BANA ou BONA : c'est le nom donné
à la deuxième fille d'une famille. Bona fut la première
femme bariba par qui les wèrèkunu entreront dans la vie
religieuse des Baatombu.
TANTAN MON : c'est un génie qui
se distingue des autres par son attitude. Il est un génie serveur de
boisson.
KARA KARA : c'est un génie
pressé. Celui qui l'incarne est toujours pressé.
Maré biigobigii : c'est pour
qualifier la richesse du Peulh.
SOUNONTOTOGUI : c'est le chasseur qui a
été suivi par les génies qui étaient dans la
brousse pour le village.
SASAGU : c'est le griot. Le sasagu est
en même temps le griot des génies qui s'incarnent dans certains
sujets du sexe masculin ou féminin. Avec l'arrivée des
Wassangari, le sasagu est devenu le griot de ces derniers et il a laissé
son premier rôle, celui de servi les génies.
Korokuru : c'est la musique que les
griots chantent lors des manifestations du rituel Sambaani. Il est aussi
destiné à louer la puissance et la bravoure des chasseurs. Par
le biais de la chasse, le korokuruprit autre forme avec le
phénomène d'incarnation des génies; ce qui a donné
naissance à une danse religieuse, une musique sacrée
réservée aux adeptes du Sambaani. Cette autre forme de
korokuruest l'un des aspects fondamentaux de la vie religieuse des Baatombu.
C'est le koroku qui joue cette musique aux adeptes et joue le rôle de
Muézin du bûn à l'aide des bwanu (gourdes pleines de grains
de sable) qui sont des instruments de musique. Le pluriel de koroku est
korokuba.
Sorokoro : c'est un rite expiatoire
Bwanu : ce sont des gourdes qui servent
d'instrument de musique lors des cérémonies du rituel du
Sambaani. Ceux qui jouent ces gourdes, sont appelés les bwanku. Ils se
mettent en cercle, assis par terre le pied légèrement tendu pour
jouer au bwanu.
Gama : il est considéré
comme l'éclaireur de tout adepte et lui sert de guide. Il joue le
rôle de protecteur lorsqu'on l'implore. Gamis est son pluriel.
Centari : C'est une banderole garnie de
cauris que porte le biokuro lors des cérémonies. Il fait partie
des objets que l'adepte reçoit dès qu'il est
possédé par le Sambaani. Il
représente le pouvoir des adeptes du Sambaani
Koro :c'est est une guitare qui se
joue lors du rituel Sambaani. C'est un instrument sacré qui ne se joue
que par une famille spécifique. Cette famille est
appelée"koroboseru". Le koroboseru est un clan qui s'occupe du koro et
le chef est le korosounon (chef du koro) qui est désigné dans la
lignée des koro.
TABLES DES MATIERES
SOMMAIRE
...............................................................................1
DEDICACE.................................................................................2
REMERCIEMENTS.......................................................................3
LISTE DES
TABLEAUX.................................................................4
Chapitre 4 RESUME DU
TRAVAIL.................................................................5
Chapitre 5
Introduction..................................................................................6
1-
Problématique...........................................................................8
1-1-
Problème.......................................................................8
1-2-
Hypothèse....................................................................11
1-3-
Objectifs....................................................................11
1-3-1- Objectif
global............................................................11
1-3-2-Objectifs
spécifiques......................................................11
1-4- Clarification
conceptuelle................................................11
1-5- Etat de la
question.........................................................13
1-6- Justification du choix de sujet et de cadre
d'étude....................18
1-6-1- Le choix du
sujet..........................................................18
1-6-3- Description et justification du cadre
d'étude..........................19
1-6-2-1-Description...........................................................19
a) Description
géographique........................................19
b) Description socioculturelle et
historique........................19
3-6-2-2- Justification du cadre
d'étude.......................................20
2- Approche
méthodologique...........................................................20
2-1-
L'exploration.................................................................20
2.2.2. La recherche documentaire
.............................................20
Tableau I : Synopsis des
lectures......................................................21
2-1-3- Premières observations de
terrain.....................................21
2-1-3- Groupes cibles et
échantillonnage........................................22
TableauII : Présentation
des groupes-cibles et catégories sociales...............23
Tableau III :
Répartition des enquêtés par catégorie
sociale......................23
2-2- L'enquête de
terrain..........................................................24
2-2-2- Les techniques et les outils
utilisés.................................24
2-2-3- Durée du
travail........................................................25
2-2-3-Les difficultés
rencontrées.............................................25
Première partie : Aspects généraux
sur le Sambaani.....................................27
Chapitre 6 Chapitre 1 : genèse du rituel
Sambaani..................................................27
1- Les origines du rituel
Sambaani................................................27
2- Le rituel
Sambaani...............................................................28
3- les acteurs du rituel
Sambaani...................................................29
3-1- Les prêtres ou
« bounkonso .................................................29
3-2- Le korokuru ou le griot du
Sambaani....................................30
3-3-Les adeptes du Sambaani (Boun
Gui)................................ .....31
Chapitre2 : Les objets religieux du
Sambaani........................................34
1- Le
gama..............................................................................34
2- Les
bwanu............................................................................35
3- Le
centari............................................................................35
Chapitre 3 : processus de manifestation du
Sambaani...................................37
1- Les manifestations du rituel
Sambaani.........................................37
a- L'enterrement d'un adepte de
Sambaani........................................37
b- Les différentes phases de la manifestation du
Sambaani..................38
2- Les fonctions du
Sambaani......................................................42
4- Avantages et inconvénients du
Sambaani....................................43
Deuxième partie : Sambaani dans l'areine socio
religieuse à N'Dali................44
Chapitre 4 : Le Sambaani à la croisée des
chemins......................................44
1- Evolution du rituel
Sambaani........................................................44
2- Les impacts des religions étrangères sur
le sambaani à N'Dali .............45
a- L'impact
religieux................................................................45
b- L'impact sur le plan
éducatif.........................................................46
c- L'impact
socio-culturel............................................................47
Chapitre 5 : Relation entre les hommes et les
bûnu ...................................48
1- La place des bûnu dans la vie des
baatombu..................................48
2- La place des bûnu par rapport a Dieu et aux
hommes.........................48
Chapitre 7 Chapitre 6 :
l'héritage culturel et le devenir du
Sambaani...........................51
Conclusion.................................................................................55
Références
bibliographiques..............................................................58
Guide
d'entretien.........................................................................60
Glossaire...................................................................................65
Table des
matières..........................................................................67
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