L'enjeu géostratégique dans l'instabilité au Soudan du sud( Télécharger le fichier original )par Niclette BAKAMPA TSHIABA Université Chrétienne Cardinal Malula - Licence en Rélations Internationales 2014 |
CHAPITRE III : ENJEUX GEOSTRATEGIQUE DU CONFLIT AU SOUDAN DU SUDIII.3.1 : Manipulations occidentalesD'après les analyses de l'ancien Ambassadeur français au Soudan, Michel Raimbaud53(*), et le conflit au Sud Soudan, les facteurs qui ont conduit à la sécession dans ce pays, après le référendum d'autodétermination du 9 juillet 2011, ayant entériné l'existence de deux Etats (la République du Soudan du Sud et la République du Soudan), le Sud, en révolte depuis 1955, a été choisi comme « terrain d'approche par les puissances occidentales, notamment les Etats-Unis, pour déstabiliser le régime de Karthoum ». Son analyse, souvent à contre-courant, de la situation depuis l'arrivée au pouvoir du général Omar Al-Béchir, en 1989, constitue l'aspect le plus novateur54(*). « Le Soudan des deux dernières décennies représente une sorte de condensé indigeste de tous les fantasmes qui ont hanté et hantent l'Occident » : pouvoir islamiste, soutien à Saddam Hussein en 1990-1991, présence d'Oussama Ben Laden, guerre entre l'Etat central et le Sud, violations des droits humains... Inscrit dès 1993 sur la liste américaine des « commanditaires du terrorisme », le pays se retrouve bientôt en première ligne face à une Amérique qui, après l'implosion de l'URSS, exerce son hégémonie sur le monde. Encouragé par certains gouvernements occidentaux, dont celui de la France, à opérer une ouverture politique, le pouvoir de Khartoum abandonne vers 1998 « le monolithisme des débuts pour un certain pluralisme et renonce à la tentation d'une islamisation brutale pour accepter la réalité multiculturelle et multireligieuse du pays 55(*)». Après le 11 septembre 2001, il accepte de s'engager dans une coopération active avec les Etats-Unis, et c'est dans ce climat nouveau que s'ouvrent des négociations pour sortir de l'impasse au Sud-Soudan, en 2003. Mais la crise au Darfour les entrave. Néanmoins, la paix est signée en 2005. Il en résultera la sécession ; une victoire, selon l'auteur, de la diplomatie américaine et, parallèlement, d'Israël, directement intéressé au démembrement du géant arabo-africain et allié actif de Juba, la toute jeune capitale de la République du Soudan du Sud. Pourtant, John Garang, le dirigeant du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (SPLM/A), qui avait engagé la lutte au Sud en 1983, ne s'était pas battu pour la sécession mais pour un pays uni, laïque et pluraliste. Décédé dans un « accident » d'hélicoptère en 2005, alors qu'il venait d'être investi vice-président, il fut remplacé par son plus proche collaborateur, M. Salva Kiir, qui, lui, se situa aussitôt dans la perspective de l'indépendance. Il y fut aidé par une campagne politico-médiatique internationale qui présentait l'antagonisme entre le Nord (majoritairement musulman) et le Sud (majoritairement chrétien) comme un conflit ethnique et religieux, et ce au prix « d'une falsification des données démographiques et religieuses ». La partition qui ne règle pas tous les litiges serait ainsi avant tout un nouvel avertissement pour le monde arabo-musulman. Malgré la banalisation des régimes islamiques au Maghreb et en Egypte, la République du Soudan fait toujours l'objet de sanctions économiques et commerciales. * 53 RAIMBAUD M., Le Soudan : nouveaux enjeux des puissances, Ed. Karthala, Paris, 2011, p.45 * 54 Idem, p. 46 * 55 Ibidem. |
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