Epigraphe
La paix en Afrique sera tributaire du degré de
solidarité et de maturité politique de ses dirigeants
NYERERE Julius
Dédicace
- A mon très cher Frère Waly pour son soutien
moral et financier ;
- A mon respectueux Pasteur SENGA BIBI ;
- A tous les membres des familles TSHIABA et LONGI ;
- A toute la famille EKONGO Camille ;
- A tous les membres des familles BONGWALANGA et BAALI
AMBA ;
- A mon très cher futur époux Marco INKOKO
ISOSANGA
- A vous tous qui, d'une manière ou d'une autre, avez
apporté votre contribution à la réussite de ce travail.
BAKAMPA TSHIABA
Niclette
REMERCIEMENTS
Au terme de notre cycle de Licence en Relations
Internationales, à l'UNIVERSITE CHRETIENNE CARDINAL MALULA, nous
saisissons cette occasion pour manifester notre sincère gratitude
à toutes les personnalités de marque qui ont apporté leur
contribution à notre formation universitaire.
Nous remercions toutes les autorités académiques
de l'Université Chrétienne Cardinal MALULA.
Profonde gratitude au Professeur Lieutenant
Général Marcellin LUKAMA qui, en dépit de ses
multiples occupations, a bien voulu assurer la direction de notre
mémoire, avec rigueur scientifique et l'Assistant
Lieutenant KATULA MIGOGO.
Nous remercions tous les enseignants qui nous ont
formés depuis le premier graduat et plus particulièrement ceux de
notre Département pour la qualité de la formation.
Nous remercions tous les Assistants qui nous ont
encadrés dans l'élaboration de ce travail, sans oublier la
précieuse contribution de Raymond MIAMBANZILA dans nos
recherches.
A vous tous, nous adressons nos remerciements.
BAKAMPA TSHIABA Niclette
Liste des sigles et abréviations
01.
|
ALS
|
: Armée de Libération du soudan
|
02.
|
APLS
|
: Armée Populaire de Libération du Soudan
|
03.
|
CNPC
|
: China National Petroleum Corp
|
04.
|
C.P.I.
|
: Cour Pénale Internationale
|
05.
|
EIA
|
: Agence Américaine d'Information sur l'Energie
|
06.
|
FARC
|
: Forces Armées Révolutionnaires de Colombie
|
07.
|
FIFA
|
: Fédération Internationale de Football
Association
|
08.
|
FMI
|
: Fonds Monétaire International
|
09.
|
FRS
|
: Front Révolutionnaire Soudanais
|
10.
|
GNPOC
|
: Greater Nile Petroeum Operating Company
|
11.
|
UNHCR
|
: Haut Commissariat des Nations Unies pour les
Réfugiés
|
12.
|
IGAD
|
: Autorité Intergouvernementale de Développement
|
13.
|
I.T.T.
|
: International Telephon and Telegraph
|
14.
|
LRA
|
: Lord Resistant Army
|
15.
|
MLS
|
: Mouvement de Libération du soudan
|
16.
|
MINUS
|
: Mission des Nations Unies au Soudan
|
17.
|
MINUAD
|
: Mission des Nations Unies au Darfour
|
18.
|
ONG
|
: Organisation Non Gouvernementale
|
19.
|
OLP
|
: Organisation pour la Libération de la Palestine
|
20.
|
ONU
|
: Organisation des Nations Unies
|
21.
|
SPLM
|
: Mouvement Populaire de Libération du Soudan
|
22.
|
SPLM/A
|
: Mouvement/Armée Populaire de Libération du
Soudan
|
23.
|
U.A
|
: Union Africaine
|
24.
|
RDC
|
: République Démocratique du Congo
|
25.
|
SLA
|
: Soudan Liberty Army
|
26.
|
RI
|
: Relations Internationales
|
27.
|
BBC
|
: British Broad Casting Corporation
|
28.
|
MJE
|
: Mouvement pour la Justice et Excellence
|
29.
|
CRID
|
: Club Réactionnaire International de la Croix Rouge pour
le Développement de la Paix au Soudan
|
30.
|
ASL/MSL
|
: Army for Sudan Liberation/Mouvement Soudanais pour la
Libération
|
31.
|
NBC
|
: North Business Corporation
|
32.
|
ABC
|
: American Business Chair
|
INTRODUCTION
0.1 Etat de la question
Le conflit soudanais qui date de plus de deux
décennies, a produit plusieurs effets d'entrainement, entre autres, la
création de groupes armés rebelles repliés dans certains
pays voisins, notamment au Tchad, en Centrafrique, en RDC. Localisés
également en territoire RD Congolais, les rebelles ougandais du LRA
dirigés par le seigneur de guerre Joseph KONI, y sèment troubles,
pillages et diverses exactions au détriment des populations
congolaises.
Plusieurs auteurs ayant effectué des
études sur la question soudanaise, il nous a paru opportun d'y jeter un
regard critique afin d'en cerner davantage les contours et d'envisager de
nouvelles pistes de solutions pour une paix durable dans ce pays.
Dans son ouvrage « Les enjeux de la
crise au Soudan », Mohamed Hassan1(*) dévoile les origines du paradoxe africain et
rappelle que, si le Soudan abrite différentes ethnies et religions, il
regorge surtout du pétrole. Selon lui, les gens qui prétendent
que la crise du Soudan vient d'un problème ethnique ou religieux n'ont
pas une très bonne connaissance de cette région. Cette guerre est
en fait économique. Les puissances coloniales d'hier et les puissances
impérialistes d'aujourd'hui sont responsables des malheurs de l'Afrique.
Toute cette région, partant du Soudan jusqu'au Sénégal,
partageait par le passé les mêmes origines culturelles et
regorgeait des richesses.
Elle aurait pu être unie et
développée si le colonialisme au 19ème
siècle n'était pas venu créer des frontières
arbitraires au sein de cette zone. Ces frontières sont arbitraires car
elles ont été créées selon les rapports de force
entre les puissances coloniales, sans tenir compte de la réalité
géographique et ethnique du terrain et encore moins des désirs
des peuples autochtones. Au Soudan, ce sont les colons britanniques qui, en
appliquant la politique de «diviser pour régner», ont
jeté les bases des conflits qui continuent de déchirer le
pays.
Selon Salim Ahmed2(*), les considérations humanitaires des
Etats-Unis d'Amérique et de la Grande Bretagne qui n'ont jamais
hésité, comme en Irak, à infliger la souffrance et la mort
pour défendre les intérêts de leurs classes capitalistes
respectives, ne sont qu'un prétexte au service d'un impérialisme
à la recherche de profits et du pétrole. L'impérialisme
américain, en particulier, cherche à se servir des souffrances de
la population du Darfour dans le but d'obtenir un embargo commercial contre le
Soudan, et ce afin de porter atteinte à l'exploitation du pétrole
soudanais par ses principaux rivaux, notamment la France, la Chine et la
Malaisie.
La menace de l'embargo est essentiellement
dirigée contre la Chine, la France, l'Inde et la Malaisie, qui ont tous
des intérêts pétroliers au Soudan. Cette menace est aussi
un moyen d'augmenter la pression sur le gouvernement soudanais et de renforcer
les positions militaires et stratégiques des Etats-Unis dans cette
partie du monde. Au nord-est du Soudan se trouvent la Mer Rouge et les
terminaux pétroliers hautement stratégiques de la côte
Ouest de l'Arabie Saoudite.
Ainsi, notre étude autour de cette crise
entend transcender les frontières d'une crise soudano-soudanaise, pour
se préoccuper en fin de compte sur son aspect dévastateur
à l'égard des pays voisins, notamment la R.D.C.
0.2 Problématique
La problématique est un ensemble de
problèmes qui gravitent autour d'une vérité à
découvrir, à analyser et à vérifier sur le plan
scientifique3(*).
Après avoir découvert d'importants
gisements pétroliers, la société multinationale
américaine Chevron a dû quitter le Soudan pour deux raisons.
Premièrement, le pays était redevenu instable à cause de
la seconde guerre civile. Deuxièmement, si les États-Unis avaient
jusqu'ici entretenu d'excellentes relations avec le Soudan, le nouveau
régime islamiste mis en place par Omar el-Bechir en 1989 lui
était carrément hostile. Le pétrole soudanais
échappait donc aux intérêts américains. La Chine est
alors venue vers le Soudan avec le message suivant : «
Je vais acheter vos matières premières aux prix en vigueur sur le
marché international ». Cette situation
présente un avantage comparatif à la fois pour la Chine et le
Soudan. La première peut disposer des ressources dont elle a besoin pour
son développement tandis que le second n'est plus obligé
d'emprunter de l'argent aux institutions internationales. Mais cette
implication chinoise en Afrique est une première dans l'histoire. C'est
cette vision qui effraie les impérialistes européens et
américains, et serait selon les uns, la vraie cause de l'apocalypse au
Soudan4(*).
Les origines du conflit sont discutées. Elles
sont parfois supposées anciennes et dues aux tensions ethniques qui
débouchent au premier conflit du Darfour de
1987.
Bien que le gouvernement soudanais affirme que
le nombre de morts se situe aux environs de 10 000, trois pays, les
États-Unis,
Israël et
le
Canada, soupçonnent
que ce conflit couvre un
génocide5(*). Ayant causé des pertes
en vies humaines évaluées à environ
300 000 morts et 2,7 millions de
déplacés
dont 230 000 réfugiés au
Tchad et plusieurs milliers en
République centrafricaine et des franges dans d'autres, et ne manquant
pas d'effets d'entrainement en termes de dégâts
collatéraux. La Commission d'enquête de l'
Organisation
des Nations Unies sur les violations des droits de l'homme
perpétrées au Soudan parle de crimes contre l'humanité.
Constatant que la justice soudanaise ne peut ou ne veut rien faire pour y
remédier, elle transmet le dossier à la
Cour
Pénale Internationale6(*).
Le premier conflit du Darfour (1987-1989) a eu
lieu en raison des tensions ethniques, entre les
Fours et les
Arabes. Dans cette guerre, le gouvernement central n'intervint presque pas.
Le deuxième conflit eut lieu entre
1996 et 1998. Cette fois, ce sont les
Masalits qui se
soulevèrent contre les empiétements des Arabes. Les raisons du
conflit sont multiples et entrelacées entre elles : une origine
climatique et environnementale ; un phénomène de
sécheresse dans
tout le
Sahel qui s'amplifie et
de
désertification qui
a commencé depuis les
années
1970 ; une explosion démographique, la population a
doublé en 20 ans ; une compétition pour l'espace
vital ; des
ethnies différentes,
aux répartitions imbriquées. La guerre de 2003 opposait au
départ les
Zaghawas aux
Arabes pro-gouvernementaux pour ensuite s'étendre aux autres ethnies,
les guerres du Tchad (1960-1990) et qui impliquaient les
Zaghawas (ethnie
étendue du Tchad au Soudan) ont une conséquence directe sur le
conflit. La découverte de ressources
pétrolières
dans un pays vaste et mal unifié suscite les convoitises de grandes
puissances, en particulier de la
Chine ;
un pays vaste et mal unifié. Le pouvoir central néglige les
peuples de la périphérie qui se révoltent. Il
contrôle les conflits locaux afin de satisfaire certains de ses
intérêts.
Il importe de rappeler que la région
ouest soudanais où vivent 5 à 6,1 millions de personnes, a un
très faible niveau de développement : seulement un tiers des
filles pour 44,5 % des garçons vont à l'école
primaire.
Quatre peuples principaux sont installés
au Darfour : les
Fours, qui ont
donné leur nom au Darfour, qui signifie en
arabe la maison de
Four, les
Masalits, les
Zaghawas et
les Arabes. Jusqu'à présent, le passage de chameliers arabes dans
le Sud était demeuré sans incidents.
Pendant l'hiver 2002-2003, l'opposition au
président soudanais
Omar
El-Bechir fait entendre sa voix. Au Darfour, des attaques
antigouvernementales ont lieu en janvier et sont revendiquées par la
SLA. En représailles,
Khartoum laisse agir
les milices arabes (les
Janjawids dirigés
par Choukratalla, ancien officier de l'armée soudanaise) dans tout le
Darfour. Les armées soudanaises bombardent les villages du Darfour. Les
populations sont victimes de bandes armées. Des organismes
internationaux et des diplomates accusent le gouvernement d'avoir armé
et payé les Janjawids.
Aujourd'hui, le Soudan est divisé suite
à la création de deux Etats souverains, le Soudan et le Soudan du
Sud. La préoccupation est plus que jamais de cerner les enjeux de cette
transformation qui, du reste, n'a pas réussi à surmonter le
défi de la paix et d'envol économique dans ce vaste territoire
aujourd'hui morcelé.
Dans cette perspective, notre
problématique tourne autour des motivations profondes du conflit
soudanais ; quels en sont les acteurs ; quels en seraient les enjeux
de la crise et enfin les défis pour l'instauration d'une paix durable au
Soudan.
0.3 Hypothèses du
travail
L'hypothèse
est une série de réponses supposées ou provisoires dans la
recherche du rétablissement de la vérité, étant
soumise au contrôle de l'expérience7(*).
Marc
LAVERGNE considère que le conflit soudanais ne serait pas
racial, mais que le
problème majeur de ce pays vient de gouvernements médiocres qui
se sont succédés depuis l'indépendance. Ceux-là
même qui ont ignoré les provinces périphériques de
la capitale, dont le Darfour, et qui instrumentalisent aujourd'hui des milices
à des fins économiques. Pour Bernard LUGAN8(*), le conflit est ancien et a pour
principale raison l'ethnicisme. Les raisons économiques ne sont qu'un
facteur aggravant et non déclencheur.
Selon
Gérard
PRUNIER, la cause du conflit au Darfour est
« racioculturelle ». Pour cet auteur, « les
Arabes sont minoritaires au Soudan, les islamistes ne sont que l'ultime
incarnation historique de leur domination ethno-régionale. Or, la paix
entre le Nord et le Sud est en train de se déliter rapidement, il faut
donc manipuler le tracé frontalier Nord-Sud qui place la plus grande
part du pétrole au Sud, se préparer à la reprise
éventuelle des hostilités, ancrer de solides alliances
internationales et conserver le territoire en créant un cordon sanitaire
ethno-régional : des monts Nouba au Kordofan et le Darfour en
feraient partie. Or si les tribus nouba ont été
écrasées militairement entre 1992 et 2002, le Darfour
paraît beaucoup plus menaçant. Les hiérarques arabes de
Khartoum veulent éviter à tout prix une brèche par
laquelle les Noirs de l'Ouest s'allieraient demain avec un Sud
négro-africain indépendant et pétrolier.
En cherchant à déstabiliser le
régime de Khartoum, les puissances occidentales appliquent la
règle d'or du colonialisme : «diviser pour régner».
Durant la deuxième guerre civile, les États-Unis ont
financièrement soutenu l'Armée Populaire de Libération du
Soudan, un mouvement rebelle du Sud. Comme ce mouvement recevait de l'argent et
des armes et que le gouvernement avait pour sa part modernisé son
armée grâce aux rentrées pétrolières, le
conflit dura plus de vingt années pour finalement prendre fin en 2005.
La deuxième guerre civile se terminait à peine que
débutait la crise du Darfour.
Il est vrai que les contradictions entre les
tribus nomades et les fermiers sédentaires d'une part, la bourgeoisie
régionale et l'autorité centrale d'autre part, conduisent
à des affrontements meurtriers au Darfour. Il est vrai aussi que sur ce
problème, le gouvernement soudanais a adopté une attitude
militariste plutôt que de privilégier la voie du dialogue. Mais
les puissances impérialistes amplifient le problème, afin de
mobiliser l'opinion internationale et déstabiliser le régime
soudanais.
Si demain, Khartoum annonce qu'il arrête de
commercer avec la Chine, plus personne ne parlera du conflit au Soudan.
0.4 Choix et
intérêt du sujet
Le choix que nous avons
porté à ce sujet se justifie comme une question
d'actualité et de curiosité scientifique aussi, en vue de faire
la recherche sur la question des crises qui divisent les pays africains, en
l'occurrence la crise soudanaise.
Le caractère d'actualité est dans
la mesure où cette situation entre dans le lot des crises qui retardent
les chances du développement de l'Afrique d'une part, et contribue
à l'instabilité régionale d'autre part. Ainsi, notre
analyse propose des préalables pour la sortie de crise et l'instauration
d'une paix durable dans ces pays.
Quant à l'intérêt du sujet,
nous proposons des réflexions sur quelques thèmes centraux des
Relations internationales, notamment les acteurs et les enjeux des Relations
internationales.
0.5 Méthodes et
techniques utilisées
1. Méthode
Ce concept signifie « une voie envisagée
pour parvenir à une vérité 9(*)».
Pour analyser d'une manière cohérente
notre sujet, nous avons fait appel à la méthode dialectique.
Grâce à son caractère globalisant et à ses quatre
lois, nous avons ressorti une analyse objective et de manière
détaillée des enjeux du conflit au Soudan.
- La loi de la réciprocité a permis de relever
les points de convergence et de divergence autour du problème des
conflits et des intérêts envisagés ;
- La loi de contradiction a permis de présenter une
thèse, celle de la consolidation de la paix au Soudan grâce
à la prise de conscience de la classe politique soudanaise. A cette
thèse nous avons confronté des antithèses ;
- La loi des changements dialectiques a permis de ressortir
les différents changements qui apparaissent dans l'évolution de
ces événements ;
- La loi de progrès, quant à elle, a permis
d'examiner les progrès significatifs intervenus dans cette
évolution, ce qui nous a permis d'aboutir à la proposition des
perspectives d'avenir.
2. Technique
La
technique désigne l'ensemble d'outils mis à la disposition de la
recherche pour la collecte de données sur terrain10(*).
Nous avons utilisé la technique documentaire
en consultant plusieurs ouvrages, notes de cours, d'autres types de document
ainsi que le support informatique, qui nous ont fournis la documentation
essentielle pour la rédaction du présent mémoire.
0.6
Délimitation du sujet
Pour obéir aux normes scientifiques, nous
avons délimité notre travail dans le temps et dans l'espace de la
manière suivante :
- Dans l'espace, nous avons étudié le conflit au
Soudan ;
- Dans le temps, notre travail est circonscrit dans la
période allant de 2010 à 2013.
Cette période de trois années nous
permet de nous imprégner des causes réelles de ce conflit, en
procédant par une analyse dialectique de l'évolution de la
situation sur le terrain et de l'évolution des négociations
politiques et diplomatiques à l'échelle internationale. Cette
approche nous aidera à élucider les pistes de solution pour des
perspectives de paix durable dans ce pays et dans la sous-région.
0.7 Subdivision
du travail
Hormis l'introduction et la conclusion
générales, notre travail comprend trois chapitres dont chacun est
scindé en sections, paragraphes, points et sous-points de la
manière suivante :
- Le premier chapitre est consacré aux
Considérations générales ;
- Le second présente le conflit au Soudan et ses
conséquences ;
- Enfin, le troisième et dernier chapitre aborde
l'analyse des enjeux géostratégiques de l'instabilité au
Soudan.
CHAPITRE I :
CONSIDERATIONS GENERALES
Dans ce chapitre, nous allons fournir les
éléments explicatifs à travers quelques définitions
(section 1) pour nous appesantir ensuite sur une approche conceptuelle en
relations internationales (section 2), afin de permettre la
compréhension du travail.
Section 1 : Approche
définitionnelle
I.1.1 :
Instabilité
Ce terme signifie « absence de
stabilité », ou « absence de paix
durable ». L'instabilité peut être située au
niveau politique et se traduire par la fragilisation des institutions
politiques du pays. Elle est sociale lorsqu'à la suite des imperfections
de l'économie nationale, la misère atteint la
société et contribue à la dépravation des moeurs et
à l'émergence de diverses antivaleurs qui gangrènent la
société. L'instabilité peut être alimentée
par des perturbations d'ordre économique, social ou conjoncturel. La
situation au Soudan est dominée par l'instabilité
généralisée, issue des conflits politiques et ethniques.
L'instabilité, lorsqu'elle n'est pas
maitrisée à temps, peut conduire à la guerre et
occasionner un chaos parfois total de la situation au sein d'un Etat. C'est
dans ce contexte que s'explique la situation actuelle au Soudan marquée
par des divisions extrêmes et une certaine descente aux enfers
constatée continuellement dans plusieurs domaines de la vie nationale,
dans l'un comme dans l'autre Soudan.
I.1.2 : Notion de crise
Il en est de la guerre comme des crises. Mais qu'est-ce
qu'on entend par crise ?
La conceptualisation de la crise se heurte à une
double difficulté : une difficulté sémantique qui lui
donne un caractère insaisissable, et une difficulté liée
à l'environnement qui lui confère un caractère utopique et
chronique.
Ces difficultés semblent avoir été
surmontées par les recherches entreprises il y a une vingtaine
d'années, s'interrogeant sur une science des crises ou la
crisologie11(*).
1. Les composantes de la crise
Il faut en premier lieu noter que le concept de crise
comprend quatre composantes :
- L'idée de perturbation ;
- L'idée de l'accroissement des incertitudes et des
désordres ;
- L'idée de rigidification ou le jeu blocage -
déblocage - déblocage ;
- L'idée de déclenchement d'activités de
recherches des solutions à la crise.
Cette dernière composante fixe parfaitement le
cadre théorique de notre problématique.
I.1.3 : Notion de conflit
et de guerre
1. Le conflit
Nous définissons, avec le professeur NGONGO N.,
le conflit comme « une opposition d'intérêt
quasi-permanente entre des protagonistes 12(*)».
Selon le dictionnaire Petit Robert, le conflit
« est une rencontre d'éléments contraires qui
s'opposent13(*) ».
Cette définition est assez large et permet
d'établir une différence entre un conflit et une guerre (ou
conflit armé). Tout conflit ne conduit pas strictement à un
affrontement armé (ou guerre), qui est à considérer comme
le degré d'un conflit qui a buté à l'impasse de compromis
et aboutit à un affrontement armé ouvert.
Dans les relations internationales, les conflits
peuvent être envisagés à trois niveaux : individus,
Etats et Communauté internationale. Les conflits internationaux sont
principalement guidés par l'impératif
« d'intérêt national ».
2. La guerre ou conflit
armé
La guerre est, selon M. GOUNELLE, « une
activité organisée, menée au moyen d'armes sur
décision des autorités étatiques, ayant pour but de
contraindre la volonté d'un autre Etat, encadrée par des
règles juridiques variées et entrainant un effet homicide
spécifique 14(*)».
La guerre est aussi considérée comme
« un acte de violence organisée visant à imposer sa
volonté à l'adversaire15(*) ».
Les Etats en relations internationales, peuvent
envisager la guerre comme moyen de conquête ou comme un instrument pour
préserver les intérêts politiques, sociaux,
économiques, culturels ou idéologiques.
2.1. Les causes de la
guerre
Pour comprendre pourquoi les guerres se
déclenchent, il est nécessaire d'établir la
différence entre les occasions et les causes de la guerre, d'une part,
les causes efficientes et les causes permissives de la guerre, et les causes
nécessaires et suffisantes de la guerre, d'autre part.
Si l'occasion d'une guerre est
« l'événement qui provoque le début des
hostilités, de la manière accidentelle ou triviale, la cause
d'une guerre est à l'inverse, « la raison sous-jacente et
structurelle par laquelle une guerre devient une possibilité
concrète ». Les raisons structurelles ne sont pas suffisantes
en soi. La volonté politique se doit d'être présente chez
au moins une des parties pour commencer les hostilités.
Les causes efficientes d'une guerre reposent sur des
conditions spécifiques à une guerre donnée. C'est ainsi
que des forces impérialistes américaines alimentent la violence
au Soudan dans le but de renforcer leur emprise sur le pétrole, mais
aussi pour le contrôle géostratégique de cette zone en vue
d'empêcher la compétitivité avec la Chine.
Les causes permissives sont à imputer à la
structure du système international qui, bien qu'il ne pousse pas
à la guerre, ne dispose cependant d'aucune structure efficace pour
contraindre les Etats à ne pas recourir à la guerre et les
autorise de ce fait de manière indirecte16(*).
La Charte des Nations Unies bien qu'ayant prohibé
le recours à la guerre dans les relations internationales, reconnait par
ailleurs le droit de légitime défense et celui d'intervention
humanitaire ou d'intervention armée dans le cadre d'application du
Chapitre VII de la Charte, dans le cas où il est constaté une
rupture grave à la paix et à la sécurité
internationales.
La législation internationale
considère un conflit armé comme « tout différend
surgissant entre forces armées et impliquant l'utilisation des
armes de guerre17(*)». Lorsque le différend n'entraîne
pas encore l'intervention de forces armées, il peut être comme un
conflit non armé pour lequel la législation internationale et ou
la diplomatie prévoit des mécanismes en vue d'un règlement
à l'amiable18(*).
En clair, le conflit armé s'applique à
des différents types d'affrontement, c'est-à-dire à ceux
qui peuvent se produire :
ü Entre eux ou plusieurs entités
étatiques ;
ü Entre une entité étatique et une
entité non-étatique ;
ü Entre une entité étatique et une faction
dissidente ;
ü Entre deux ethnies diverses à l'intérieur
d'une entité étatique.
Des conflits ont toujours existé dans le
monde : « la nature humaine secrète depuis les origines
des antagonismes qui débouchent sur des conflits et de guerre. Ce monde
est un monde de division par l'âpreté des conflits porteurs de
haines, de querelles fratricides et d'affrontements raciaux, sur fond de
résurgence d'un nationalisme exacerbé ; sans oublier la
montée en force de fondamentalisme religieux19(*).
Tout en se réjouissant du fait que de nos jours
les guerres entre les Etats sont presque désormais inexistantes, l'on
déplore toutefois que « les conflits armés qui ont lieu
à l'intérieur des Etats sont malheureusement très
nombreux, présent pratiquement dans tous les continents et souvent
très violents »20(*).
Il est à remarquer que par rapport au
passé, il y a de grands changements dans l'identité des victimes
et dans la géographie de ces conflits. En effet, la plupart des victimes
sont des civils et le lieu des confrontations armées se situe pour
beaucoup dans le pays pauvres : « au début du
XXIe siècle, la plupart des conflits ont lieu au sein des
Etats et la majorité des victimes sont civiles. Le modèle
géographique du conflit a évolué au fil du temps, les
risques sécuritaires s'étant clairement déplacés
vers les pays les plus pauvres. Entre 1946 et 1989, les pays en
développement à faible revenu représentaient à
peine un tiers de tous les conflits. Entre 1990 et 2003, plus de la
moitié des pays et territoires en proie à des conflits violents
figuraient dans le groupe des pays à faible revenu. L'Afrique
représente aujourd'hui près de 40% des conflits mondiaux ainsi
que bon nombre des conflits les plus sanglants de ces quinze dernières
années »21(*).
2.2. Sortes de conflits
armés
Les Statuts du Comité International de la Croix
Rouge et le Droit international nous enseignent qu'il existe plusieurs types de
conflits armés auxquels les entités sont souvent l'objet de
confrontation. Ainsi, nous distinguons les conflits armés
ci-après :
· Le conflit armé international
· Le conflit armé non international
a) Le conflit armé international
(CAI)
D'après les Conventions de Genève
initiées par le Comité International de la Croix Rouge, on parle
de conflit armé international, en cas de « guerre
déclarée ou de tout autre conflit armé surgissant entre
deux ou plusieurs des hautes parties contractantes, même si l'état
de guerre n'est pas reconnu par l'une d'elles22(*) ». Ce concept englobe également
« tous les cas d'occupation de tout ou une partie du territoire d'une
haute partie contractante, même si cette occupation ne rencontre aucune
résistance militaire »23(*).
Ainsi, le conflit armé international peut se
définir comme « une situation de rupture d'harmonie dans les
rapports entre les Etats, laquelle, traduit divergence de position, un
antagonisme structurel d'intérêt appliqué dans des espaces
sensibles et ou vitaux 24(*)». Ce qui conditionne la volonté des Etats
à recourir à l'emploi de la force, à la
négociation ou au règlement juridique pour un dénouement
provisoire ou définitif25(*).
b) Le conflit armé non international
(CANI)
Le concept de conflit armé non international
fait allusion selon HANS PETER GASSER, aux « affrontements entre
forces gouvernementales et des rebelles »26(*).
En d'autres termes, le conflit armé non
international est synonyme de « guerre civile ». Il se
caractérise par l'affrontement opposant les forces armées d'un
Etat à des forces armées dissident ou rebelles.
4. Les autres typologies de
guerres
Il existe quatre types de guerre :
- La guerre internationale : est celle
qui oppose les Etats, les unes aux autres ;
- La guerre civile : est une guerre
intérieure à l'Etat, où elle oppose soit les
insurgés au gouvernement légal, soit une fraction de la
population à une autre ;
- La guérilla : est une forme de
guerre caractérisée par le fait que les combattants
n'appartiennent pas à une armée régulière,
emploient contre un ennemi militairement bien organisé et
supérieur, le harcèlement et la surprise pour défendre une
cause politique nationale, sociale, religieuse ;
- La guerre révolutionnaire :
vise à s'emparer de l'appareil étatique avec l'appui des masses
populaires, afin de bouleverser complètement l'ordre politique
existant.
Section 2 : Approche
théorique
I.2.1 : Les Relations
internationales
1. Historique
Les relations internationales étaient, avant
l'avènement des Etats-Nations, considérées essentiellement
comme des relations de voisinage et portaient essentiellement sur la
sécurité des frontières, des approvisionnements et des
débouchés. Dans cette perspective, elles étaient
animées par des rois, des empereurs, des voyageurs, des marchands et des
armateurs.
Avec l'avènement des Etats-Nations au
17ème siècle, les Relations Internationales
étaient considérées comme l'ensemble des contacts, des
liens ou des rapports entre les Etats-Nations et portaient sur les interactions
étatiques sous forme de conflits et de coopération politique,
économique, culturelle, stratégique, et elles étaient
animées principalement par les dirigeants étatiques, les
diplomates et les consuls.
Aujourd'hui, le retournement du monde a
diversifié l'objet des relations internationales qui portent non
seulement sur la sécurité et le bon voisinage, mais sur tous les
domaines de la vie sociale. Le retournement du monde a aussi diversifié
les acteurs des relations internationales qui sont constitués
principalement des acteurs macro-politiques comme les Etats, les organisations
internationales, les organismes non gouvernementaux, les Sociétés
multinationales, les peuples, d'une part, et des acteurs micro-politiques comme
les individus, les groupes et les réseaux sociaux ou transnationaux
d'autre part.
2. Définition et
portée des relations internationales
Plusieurs auteurs définissent selon leur
entendement ce que sont les relations internationales, mais tous s'accordent du
point de vue de leur fondement :
- Hans Morgenthau27(*) définit les R.I comme « la lutte
pour le pouvoir et la puissance » ;
- Selon Raymond Aron28(*), il s'agit des « relations entre
unités politiques » ;
- Pour Philippe Braillard et Reza M. Djalili29(*), les R.I sont
« l'ensemble des relations et des communications susceptibles d'avoir
une dimension politique et s'établissant entre les groupes sociaux en
traversant les frontières » ;
- Max Gounelle30(*) les définit comme « les rapports et
les flux sociaux de toute nature qui traversent les frontières,
échappant ainsi à l'emprise d'un pouvoir unique ou auxquels
participent des acteurs qui se rattachent à des sociétés
étatiques différentes ».
- Toutes ces définitions ont à notre
entendement, un élément de convergence, les relations
internationales constituent « l'ensemble d'interactions qui
dépassent les frontières d'une seule nation, d'un seul territoire
étatique ».31(*)
Si, avant l'avènement des Etats-nations, les
Relations internationales étaient considérées comme des
relations de voisinage et dans la suite ont évolué dans le
contexte des relations interétatiques, aujourd'hui, le retournement du
monde a diversifié l'objet des R.I qui portent désormais sur tous
les domaines de la vie des sociétés et englobent les
réalités les plus universelles du champ de l'action sociale.
Nous pouvons ainsi les regrouper en deux grandes
variétés :
a) Les relations interétatiques
Elles portent sur l'ensemble des contacts transfrontaliers se
rapportant aux Etats et à leurs institutions ayant trait aux questions
internationales.
b) Les relations transnationales
Elles se rapportent aux contacts entre les personnes
et institutions privées.
2. Les principes des Relations
Internationales
Sous l'influence de plusieurs facteurs et enjeux, les
acteurs des R.I posent des actions qui parfois provoquent la guerre. Etant
donné les conséquences désastreuses qu'entraine la guerre,
ils élaborent des principes qu'ils s'imposent à respecter dans
les actions qu'ils posent et dans les interactions qu'ils développent.
Ceci, dans la perspective de consolider la paix dans les relations
internationales, en évitant grâce à ces principes, que
n'importe qui, ne fasse n'importe quoi, n'importe quand et de n'importe quelle
manière.
De ce fait, les relations internationales sont
commandées par plusieurs principes que nous pouvons regrouper en
principes à caractère universel, régional ou à
caractère national.
1. Les principes à caractère
universel
Nous pouvons les regrouper en trois
catégories :
- Les principes issus de la Charte des Nations Unies;
- Les résolutions du Conseil de sécurité
des Nations Unies ;
- Les traités ou accords multilatéraux conclus
au sein ou hors de l'ONU
1.1 Des principes issus de la Charte des Nations
Unies
Les plus importants sont :
- L'égalité souveraine des Etats ;
- La non-ingérence dans les affaires exclusives
d'autres Etats ;
- L'interdiction de recours à la force dans le
règlement des différends entre Etats ;
- Le règlement pacifique des conflits ;
- La réciprocité.
1.2 Des Résolutions du Conseil de
sécurité de l'ONU
Le Conseil qui a la responsabilité principale
du maintien de la paix et de la sécurité internationales prend
des résolutions dont certaines ont un caractère obligatoire
tandis que d'autres sont de simples recommandations.
1.3 Des traités et accords multilatéraux
A leur égard, les Etats signataires sont, dans
l'aménagement de leurs interactions, tenus de se conformer aux clauses
de ces traités ou accords. (Ex. Accord de Lusaka, de Kampala,
Accord-cadre d'Addis-Abeba)
2. Les principes à caractère
régional
Il s'agit des principes issus des chartes des
organisations régionales (charte de l'U.A, Traité de Maastricht,
...). Les résolutions que ces organisations prennent dans leur
fonctionnement.
3. Les principes à caractère
national
Pour autant qu'un Etat croit à
l'intérêt national, il élabore des principes devant
régir sa politique étrangère, auxquels ses
différents représentants internationaux posent des actions et
développent des interactions politiques internationales
conformément à ces principes.
4. Quelques grands courants de
pensée en Relations Internationales
Ils constituent la clef de compréhension du
système international et du comportement des Etas sur la scène
internationale, sans laquelle la complexité des questions
internationales demeure une boite noire aux yeux du grand public.
Ces théories constituent la science faite et
celle qui se fait dans le domaine des R.I. Elles sont nombreuses, dont les plus
importantes sont les suivantes : la théorie réaliste,
la théorie idéaliste, la théorie traditionnaliste ;
la théorie déterministe, la théorie globale, la
théorie néo-réaliste, la théorie prédictive,
la théorie scientifique, la théorie systémique, la
théorie du système-monde, la théorie de
l'interdépendance complexe, la théorie d'intégration
politique mondiale, la théorie de l'interdépendance complexe, la
théorie soulignant l'importance des facteurs internes sur la politique
internationale, la théorie soulignant le poids sur la politique
internationale des facteurs internes à l'Etat, la théorie
soulignant l'importance de l'économie sur la politique internationale,
la théorie Marxiste de R.I, la théorie des communications.
Nous allons essentiellement tenter de fournir quelques
éléments explicatifs des théories réaliste et
idéaliste.
a) Le courant réaliste
Pour les réalistes, les relations
internationales sont fondées sur une dimension conflictuelle. Selon Hans
Morgenthau, les R.I en tant que lutte pour le pouvoir et la puissance, sont
déterminées par le territoire, la population, les ressources
économiques et militaires. Cette lutte s'exprime par et à
travers les confrontations des politiques étrangères. Le jeu de
forces qui en résulte, tend à imposer sur les Etats faibles les
intérêts nationaux des Etats puissants qui, du fait qu'ils se
menacent mutuellement, réalisent un certain équilibre entre eux.
Et pour préserver cet équilibre, ils mettent en place chacun, une
force dissuasive considérable.
Ainsi, selon les tenants de ce courant, la force
dissuasive est l'unique garantie à la sécurité, la paix et
la souveraineté de l'Etat. Il faut répondre à la force par
la force pour tenir l'adversaire au respect, et il faut la domestication de la
force par la menace de la force.
b) Le courant idéaliste
Celle-ci projette de réaliser la paix par la
« sécurité collective ». La
sécurité collective est réalisable par la renonciation
à la guerre comme instrument de la politique nationale, le
désarmement, l'application du droit international et la promotion de la
culture de paix comme valeur universellement admise.
Cette théorie est à la fois
téléologique, volontariste, rationnelle et utopique.
Téléologique, dans la mesure où
elle se préoccupe de la paix comme objectif majeur à atteindre.
Volontariste dans la mesure où elle propose pour promouvoir la paix, le
consentement volontaire des Etats pour accepter ses recommandations.
Rationnelle, parce qu'elle fonde son idéal sur l'instrument du droit
international ; et utopique parce qu'elle n'accorde que peu d'attention
aux faits sociaux qui se produisent dans l'environnement national et
international et qui ont un impact sur la paix qu'elle se propose
d'atteindre.
Sous l'influence des intérêts nationaux,
les faits sociaux créent dans l'environnement, des
inégalités, des tensions et des nervosités que les moyens
mobilisés pour promouvoir la paix s'avèrent inopérants.
Ainsi, la paix comme objectif à atteindre est souvent
irréalisable.
5. Les acteurs des relations
internationales
Les relations internationales sont aujourd'hui
animées par plusieurs acteurs que nous pouvons regrouper en deux grandes
catégories :
a) Les acteurs macro politiques
Il s'agit des acteurs qui, par des actions globales, influent
sur l'organisation et le fonctionnement des relations internationales, au
premier rang desquels se trouve l'Etat. Il s'agit des : Organisations
internationales, organisations non gouvernementales, sociétés
multinationales et des peuples.
b) Les acteurs micro politiques
Ces derniers, par des actions sectorielles, influent
sur l'organisation et le fonctionnement des relations internationales. Il
s'agit des individus, des groupes associatifs (ex. la FIFA) ; des groupes
identitaires (ex. les FARC); des réseaux sociaux (ex. site
weekileaks, facebook) ; des réseaux transnationaux (ex. groupes
terroristes, maffia), des minorités ethniques ou tribales (ex. les
Kurdes, les Juifs, les Tutsis) ; des groupes de pression transnationaux
(ex. Les Altermondialistes); des mouvements de Libération nationale (ex.
l'OLP, le Front Polissario) ; des Groupes syndicaux ; etc.
I.2.2 : Les enjeux dans
les Relations Internationales
Le concept d'enjeu peut être conçu
comme « Moyen mis au début d'une partie, d'une affaire et qui
revient au gagnant 32(*)». C'est aussi « ce que l'on peut
gagner ou perdre33(*) ».
Sous l'influence de plusieurs facteurs d'une part,
et de plusieurs enjeux, d'autre part, les acteurs des relations internationales
posent des actions qui parfois provoquent la guerre. Etant donné les
conséquences désastreuses qu'entraine la guerre, ils
négocient et concluent des traités pour y mettre fin.
Les acteurs des relations internationales, qu'ils
soient macro-politiques comme les Etats, les Organisations internationales
gouvernementales, les Organisations internationales non gouvernementales, les
Sociétés multinationales, les peuples, ou micro politiques comme
les individus, les groupes de pression, les partis politiques, les
gouvernements en exil, les minorités nationales, les mouvements de
libération nationale, les groupes ethniques, les collectivités
territoriales, se mobilisent ou s'affrontent autour de plusieurs enjeux.
1. Les enjeux
politiques
Les enjeux politiques revêtent des formes
multiples. Les acteurs des Relations Internationales se mobilisent parfois pour
obtenir le changement du régime politique d'un pays qu'ils trouvent
incompatible avec leurs intérêts, afin de le remplacer par un
autre qu'ils croient ou espèrent meilleur. Tel est le cas des Etats
occidentaux au premier rang desquels se placent les Etats-Unis
d'Amérique qui, depuis la tentative de l'invasion du Koweït par
l'Irak de Saddam Hussein en 1990, ont mis en jeu plusieurs moyens pour obtenir
le changement du régime politique irakien en 2004.
Les acteurs des Relations Internationales s'activent
parfois aussi à obtenir le changement d'un Etat. Tel est le cas des
Etats occidentaux avec les Etats-Unis en tête, qui se sont
mobilisés pour obtenir la réunification de l'Allemagne, et pour
obtenir la balkanisation de la Yougoslavie en favorisant la création de
l'Etat indépendant du Kossovo.
Les acteurs des Relations Internationales s'activent
également pour obtenir le changement des hommes au pouvoir dans certains
pays afin de les remplacer par d'autres ou par ceux qu'ils croient ou qu'ils
espèrent mieux servir leurs intérêts. Et pour obtenir ce
changement, ils utilisent des moyens aussi divers que variés comme le
financement des coups d'Etat, des rébellions, des révolutions,
des assassinats.
Il est à noter, à propos du changement
des hommes au pouvoir, que lorsque ce changement doit passer par les
élections, ces dernières deviennent des enjeux auxquels ils
recourent. Dans cette perspective, ils réunissent plusieurs moyens,
notamment financiers, diplomatiques, politiques, médiatiques et des
puissants lobbies, pour permettre à l'homme, au groupe d'hommes ou
à la formation politique qu'ils estiment ou croient en mesure de
défendre ou de protéger leurs intérêts, de gagner
les élections34(*).
Les acteurs des Relations Internationales, mus en
forces profondes, s'emploient également à obtenir le changement
des décisions que les gouvernants ont prises ou s'apprêtent
à prendre dans les différents domaines de la vie et qu'ils
estiment contraires à leurs intérêts ou à leurs
valeurs morales. De la même manière, ils mettent en jeu des moyens
tant financiers que politiques, diplomatiques, le soutien des Organisations
internationales, des organisations non gouvernementales, l'opinion publique
nationale ou internationale, les réseaux sociaux, les populations ou les
milieux des affaires, pour soutenir un régime politique, un groupe
minoritaire, un mouvement dissident, voire insurrectionnel, qu'ils trouvent
conformes à leurs intérêts même lorsqu'ils sont
décriés ou boudés par leurs populations35(*).
2. Les enjeux
économiques et géostratégiques
Les acteurs des R.I, qu'ils agissent ouvertement ou
en forces profondes invisibles, qu'ils agissent par procédé
coercitif ou pacifique, recourent également à des enjeux
économiques.
Ils se mobilisent autour des crises
économiques afin d'en tirer profit à leur manière, ou afin
de les résorber rapidement par et à travers plusieurs
mécanismes.
Il faut noter, à cet effet, que les enjeux
économiques sont dans les relations internationales, à la base de
diverses causes de violence. Les Etats peuvent être à la base du
déclenchement d'un conflit armé ou non armé sous l'action
des causes économiques. Dans cette perspective, un conflit peut
être déclenché contre un Etat ou au sein d'un Etat pour lui
arracher une partie de son territoire contenant les matières
premières dont les auteurs ont besoin ou lui ouvrant l'accès
à la mer. Un Etat peut aussi utiliser comme enjeu, le
déclenchement d'un conflit armé contre son voisin ou d'autres
Etats pour obtenir la libre circulation sur les voies qui traversent leurs
territoires.
Un Etat peut également déclencher un
conflit contre un autre ou d'autres Etats pour leur arracher une partie de
leurs territoires afin d'accroître son espace vital ou d'assurer le
leadership d'une zone stratégique.
Les Sociétés multinationales se livrent
parfois aussi à la violence comme enjeu économique. Tel est le
cas de la Multinationale International Téléphone and Telegraph
(I.T.T) qui, pour maximiser son capital, n'a pas hésité à
tuer le président du Chili qu'elle considérait nuisible à
ses intérêts36(*).
Les différents groupes sociaux, acteurs des
Relations Internationales, se livrent parfois à la violence sous
l'action des enjeux économiques. En effet, lorsqu'ils n'arrivent pas
à réunir les moyens économiques dont ils ont besoin pour
mener leur lutte, ces groupes se branchent avec d'autres forces qui leur
permettent de recourir à la violence. Les conflits qui opposent les
groupes sociaux autour de certaines portions de terre dont le sol et le
sous-sol abritent des ressources économiques riches, constituent une
illustration. Les conflits à répétition au Soudan,
trouvent une partie de leur réponse aux causes et enjeux
économiques du pétrole qu'abritent les riches terres du Sud
Soudan.
D'autres stratégies utilisées par les
acteurs des Relations Internationales consistent à favoriser les
échanges économiques mondiaux. Cet enjeu leur permet de
créer des communautés économiques dans desquelles ils
maximisent leurs intérêts. .
Ils s'intéressent également aux prix
des biens sur le marché mondial. Selon leurs intérêts, de
fois, ils se mobilisent pour diminuer ou stabiliser les prix. De fois, ils
s'activent à les augmenter. La fixation des prix de certains produits
crée une situation conflictuelle entre les acteurs des Relations
Internationales lorsque certains proposent la hausse et d'autres la baisse des
prix.
3. Les enjeux
sociaux
En ce qui concerne les enjeux sociaux, les acteurs des
Relations Internationales poursuivent l'amélioration de la
qualité de vie. Cette amélioration passe principalement par
l'aménagement de l'espace où les gens vivent, par le
développement de l'instruction, par une bonne alimentation, par les
soins de santé appropriés qui deviennent des enjeux
secondaires.
Dans cette perspective, les acteurs des Relations
Internationales luttent contre la pollution sous toutes ses formes, pour
protéger la nature par et à travers plusieurs mesures. Ils
réunissent aussi des moyens qui leur permettent de construire des
hôpitaux là où il n'y en a pas de façon à
permettre à tout le monde de recevoir des soins appropriés en cas
de maladie. Et pour prévenir certaines maladies, ils financent des
programmes de vaccination des enfants, et de la construction des logements
décents, de l'aménagement des sources d'eau potable là
où il n'y en a pas. Dans le domaine de la santé, il convient de
noter aussi qu'une épidémie éclate, les différents
acteurs déploient plusieurs synergies pour la résorber
rapidement.
Il est à noter qu'en dehors des situations
permanentes, il se produit dans le domaine social, des situations ponctuelles
autour desquelles les différents acteurs des Relations Internationales
se mobilisent. Tel est le cas de la guerre, du tremblement de terre, de
l'inondation provoquée par des pluies torrentielles. Ces derniers
s'organisent pour sauver ou soulager ceux qui en sont victimes et cela en leur
apportant des médicaments, de la nourriture et des habits. C'est le cas
de plusieurs ONG intervenant dans la crise soudanaise.
4. Les enjeux
culturels
Les acteurs des Relations Internationales se
concertent parfois autour d'une langue, pour la supprimer ou diminuer son
influence ou son emprise ou de l'imposer, c'est-à-dire amener le plus
des gens à la parler. Tel est le cas de pays membres de la Francophonie
au premier rang desquels se trouve la France.
Il en est de même des religions à
l'instar de l'Islam ou des idéologies, que certains cherchent à
combattre et que d'autres cherchent à imposer dans certaines parties du
monde.
Avec l'essor spectaculaire de la mondialisation, les
pays riches tendent à imposer une nouvelle culture à
l'échelle internationale, basée sur les mêmes modes de
pensée, d'acte et d'attraits, configurant le monde comme un
« village planétaire ».
Le conflit au Soudan du sud est basé sur
plusieurs enjeux, auxquels interviennent également plusieurs acteurs.
CHAPITRE II : LE
CONFLIT DU SOUDAN DU SUD ET SES CONSEQUENCES
Section 1 : Origine et
évolution du conflit
II.1.1 : Acteurs
impliqués dans le conflit
Les informations sur le Soudan du Sud sont moins
nanties à ce jour. Peut-être les Français familiers des
convulsions de l'Afrique postcoloniale se souviennent-ils que le plus jeune
Etat souverain du continent noir, vaste comme l'Hexagone, peuplé de 11
millions d'âmes et doté d'un enviable pactole
pétrolier,
a
vu le jour en juillet 2011, de la scission, âprement
négociée au terme de plus de deux décennies de carnage,
entre le Soudan du maréchal-président islamiste Omar
el-Bechir, inculpé par la Cour Pénale Internationale
pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité,
perpétrés par ses soudards au Darfour, et les
territoires méridionaux rebelles, majoritairement chrétiens et
animistes.
Quant aux accros de l'actualité sur l'Afrique
subsaharienne, ils n'ignorent pas que ce nouveau-né à la
santé fragile est depuis la mi-décembre, endeuillé par le
conflit meurtrier qui oppose le président Salva
Kiir, d'ethnie dinka, à son ex-vice-président
Riek Machar d'ethnie nuer, limogé cinq mois plus
tôt au prétexte qu'il aurait alors ourdi une tentative de putsch.
Le bilan de ces affrontements fait à ce stade état de plusieurs
milliers de morts et 200 000 déplacés37(*).
Le Soudan du Sud a été le
théâtre d'affrontements sanglants qui ont éclaté
dans la nuit du 15 au 16 décembre 2011 dans la capitale du pays, Djouba.
Le président Salva Kiir a évoqué une tentative de coup
d'Etat et accusé l'ancien vice-président Riek Machar
d'être à l'origine de la rébellion. Ce dernier a
confirmé à la BBC que les forces rebelles étaient
réellement placées sous son commandement.
Le 20 décembre 2011, l'ambassadeur
sud-soudanais en Russie, Shol Deng Alak, a fait savoir lors d'une
conférence de presse à RIA Novosti que le conflit était
une tentative de coup d'Etat et non une confrontation entre les tribus peuplant
le Soudan du Sud. Commandés par Machar, les rebelles se sont
emparés de plusieurs villes situées dans des régions
riches en pétrole.
Le 24 décembre 2011, le Conseil de
sécurité de l'ONU a adopté une résolution
prévoyant une augmentation du contingent de paix au Soudan du Sud. Ses
effectifs ont été portés de 7.000 à 12.500
personnes grâce au transfert de soldats de maintien de la paix, les
casques bleus déployés dans d'autres pays38(*). D'après des sources
militaires concordantes, des heurts ont commencé dans la nuit de
dimanche à lundi dans les casernes de l'unité spéciale
Tiger en raison de divergences interethniques entre les représentants de
l'ethnie Dinka et de la communauté Nuer. Des tirs de mortiers et de
mitrailleuses ont résonné sans discontinuer.
Le Soudan du Sud traverse une période
d'instabilité et de violence depuis le limogeage en juillet dernier par
le président Salva Kiir de l'ensemble du gouvernement. Certains accusent
le président de dérives dictatoriales, et dénoncent la
création d'une armée personnelle autour de lui via sa garde
présidentielle.
II.1.2 : Origine du
conflit
Pour bien situer ce conflit, il serait important de
remonter brièvement à l'histoire du conflit au Soudan et de
parcourir son évolution au fil des années.
En
1972, le
Sud-Soudan obtient un statut d'autonomie à l'issue d'une première
guerre qui aurait fait environ 500 000 morts en 17 ans39(*). En
1983, le
Sud-Soudan se révolte à nouveau à la suite de la
suppression du statut d'autonomie. En fait, l'enjeu est dans les importants
gisements de pétrole qui viennent d'être découverts. Cette
seconde guerre va causer près de 2 millions de morts.
En
1989, une
junte militaire dirigée par le Général Omar
el-Béchir s'empare du pouvoir à Khartoum, alors que
ceux-ci n'avaient recueilli que 10 % des voix aux élections. Si les
États-Unis avaient auparavant entretenu d'excellentes relations avec le
Soudan, le nouveau régime islamiste mis en place par Omar el-Bechir lui
était carrément hostile.
Le conflit inter-soudanais est un
conflit armé en cours depuis le
21
mai
2011 entre le
Soudan et des factions
proches du
Soudan du
Sud pour le contrôle de l'enclave d'
Abyei,
région riche en pétrole. Il fait suite au
référendum
sur l'indépendance du Soudan du Sud, qui s'est déroulé
du
9 au
15 janvier et qui
prévoyait la scission du pays le
9
juillet
2011.
Des tensions existent depuis au moins
1956 entre
le
Soudan du Sud, une
population minoritairement
chrétienne et
plutôt
animiste, et le reste du
pays, une population à majorité
musulmane. Deux guerres se
sont déjà produites entre
1955 et
1972 au cours de la
première
guerre civile soudanaise et entre
1983 et
2002 au cours de la
seconde
guerre civile soudanaise, ce qui débouche sur la
mission
des Nations-Unies au Soudan en 2005.
Ces tensions ont une origine politique, avec une
législation s'appuyant plus ou moins sur le
Droit
musulman mise en place par
Khartoum et que
refusent les populations du Sud, ainsi qu'
économique avec
l'exploitation
pétrolière dans
le Sud du pays qui ne profiterait pas aux populations locales.
Un
référendum
sur son indépendance est organisé dans la semaine
du
9 au
15
janvier
2011. Il est validé avec
un pourcentage de 98,83 % des voix. Toutefois, certains points n'ont pas
été évoqués dans le
référendum :
c'est le cas du « tracé exact de la
frontière »,
notamment dans la
région
d'Abyei, ainsi que « du partage des ressources
pétrolières et
leurs revenus ». Le président
Salva Kiir
Mayardit déclare en mai 2011 qu'il n'y aura pas de nouvelle
guerre concernant la région d'Abyei et qu'elle n'empêchera pas
l'indépendance du pays.
Des affrontements entre les Nuer et les Dinka, deux
groupes ethniques importants du pays, ont éclaté dans la nuit du
15 au 16 décembre 2011, dans la capitale sud-soudanaise, Juba. Depuis,
les combats se sont propagés à travers le pays et les rebelles
ont réussi à occuper plusieurs villes. Le président du
pays Salva Kiir a alors évoqué une tentative de coup d'Etat. Issu
de l'ethnie Dinka, le dirigeant en a accusé l'ancien
vice-président de l'ethnie Nuer, Riek Machar, destitué il y a
quelques mois.
Les autorités sud-soudanaises et les rebelles
ont convenu de conclure un cessez-le-feu dans le cadre de la préparation
des négociations sur le règlement du conflit dans ce pays
africain40(*).
II.1.3. Evolution chronologique
des événements
- 2003
Le
10
février,
les rebelles du
ASL/MSL
et du
MJE,
attaquent et occupent
Gulu, ville du Nord-Darfour, et
revendiquent une meilleure répartition des ressources et des richesses.
C'est le début de la nouvelle guerre civile avec massacres et
destructions de villages. Le gouvernement de Khartoum arme les nomades
arabisés contre les cultivateurs noirs en exploitant les dissensions sur
le contrôle des terres mais également le racisme antinoir.
Le
25
avril, les rebelles
attaquent
el Fasher, la capitale
régionale : 70 soldats sont tués.
En
septembre, un premier
bilan des massacres fait état de plusieurs dizaines de milliers de
morts. Une mère et son enfant malade meurent au camp d'Abu Shouk dans le
Nord Darfour.
- 2004
Le
8
avril un
cessez-le-feu, signé à
Ndjamena, est
décrété, mais il n'est pas respecté et les
violences se poursuivent.
En
mai, selon le journal
allemand
Die Welt, la
Syrie aurait testé
des
armes
chimiques au Darfour ; des officiers syriens ont rencontré
des représentants du gouvernement soudanais dans la banlieue de
Khartoum. La délégation syrienne aurait, notamment
« offert une coopération étroite dans le domaine de la
guerre chimique ». De son côté, Khartoum aurait
« conseillé de tester des armes chimiques sur la
population » du Darfour.
Le
3
juillet, lors de la
venue à Khartoum du Secrétaire Général de l'
ONU,
Kofi Annan, les
autorités soudanaises se sont engagées à désarmer
les milices
janjawids qui sont
accusées de viols, de meurtres et de pillages dans les villages du
Darfour. Les Nations Unies estiment depuis que peu de progrès avaient
été enregistrés.
Le
23
juillet, l'ONU estime
à 30 000 le nombre de personnes tuées en 15 mois et, plus
d'un million ont été déplacées par les combats.
Près de 200 000 d'entre eux se sont massés dans des camps
aux conditions de vie précaires de l'autre côté de la
frontière
tchadienne.
Le
30
juillet, la
Résolution 156
51 du
Conseil
de sécurité de l'ONU décide un
embargo sur le
matériel militaire, mais à destination des milices non
gouvernementales seulement.
A partir du
23
août, des
discussions avec les milices ont été engagées.
Organisées par l'
Union Africaine,
elles ont eu pour but de désarmer les milices et de garantir la
sécurité des populations locales.
En
septembre, le
Gouvernement américain dénonce un
génocide. Le
Conseil de sécurité de l'
ONU adopte
une
résolution sur
le Darfour. Le texte menace le Soudan de sanctions pétrolières,
s'il ne remplit pas l'engagement de restaurer la sécurité au
Darfour et ne coopère pas dans ce but avec l'
Union Africaine. Le
ministre des Affaires étrangères soudanais,
Moustafa
Osman Ismaïl, fait savoir qu'il rejette ce nouveau projet de
résolution.
En
octobre, l'
Union
Africaine envoie 3 300 soldats et en
décembre de
la même année les combats s'intensifient.
- 2005
A la fin du mois de
janvier, un
bombardement fait une centaine de morts et de blessés à
Changil
Tobaya au nord du Darfour. L'ONU rend l'armée de l'air
soudanaise responsable de ce massacre.
Le
31
janvier, la
commission d'enquête internationale de l'ONU sur le
Soudan publie un rapport
qui conclut que les exactions perpétrées au Darfour constituent
bien « des crimes contre l'humanité », mais pas
un génocide.
La Résolution 151
53 étend
l'embargo au matériel militaire à destination de tout
« belligérant » au Darfour. C'est cette
résolution qui est violée par la Chine et la Russie.
Le
31
mars, le
Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la
résolution no 1593
54 sur la
question du Darfour. Elle renvoie la situation à la
Cour
Pénale Internationale pour que celle-ci engage des poursuites
à l'encontre des responsables des crimes commis.
En
avril, les
effectifs de la force de l'
Union
africaine passent à 7 000 soldats.
En
juillet,
l'arrivée du leader sudiste
John Garang au
poste de vice-premier ministre, en applications des accords de paix, est
saluée par d'importantes acclamations dans les rues de Khartoum. Il
meurt dans un accident d'hélicoptère le
31
juillet
2005.
En
décembre,
des rebelles tchadiens attaquent
Adré. Le
Tchad se déclare
en « état de belligérance » avec le
Soudan.
2006 Le
15
mars, le
représentant spécial du
Secrétaire
général de l'ONU au Soudan,
Jan Pronk, déclare
que la situation au Darfour « est sombre alors que des combats ont
lieu tous les jours41(*) ».
Selon lui, « des miliciens montés sur des chameaux lancent des
attaques contre les villages dans le sud du Darfour, ce qui a provoqué
la mort de quelque 400 personnes depuis février42(*)».
Le
28
mars, le
Mouvement/Armée
de libération du Soudan (MLS), principal groupe rebelle au
Darfour, appelle les dirigeants présents au sommet de la
Ligue arabe, qui s'ouvre
ce même jour à
Khartoum au
Soudan, à
« adopter une position claire concernant la crise au Darfour, en
conformité avec le
droit
international » et à faire pression sur le gouvernement
soudanais pour qu'il accepte le déploiement d'une
force internationale
de maintien de la paix au Darfour.
Le
5
mai, l'
Armée
de libération du Soudan, principal mouvement de la rébellion
annonce accepter l'accord de paix proposé par l'
Union Africaine.
L'accord de paix est signé mais les combats continuent.
Le
31
août, Le
conseil de sécurité adopte la résolution 1706
55 pour
prendre la relève de l'Union Africaine. Le gouvernement soudanais
rejette la proposition (même si en pratique son application ne
nécessite pas l'accord du gouvernement). À la faveur de cette
résolution, le contingent des
Casques
bleus au Darfour sera rehaussé pour atteindre un effectif
global de quelque 17 300 hommes, décision contestée par le
Soudan.
En
août,
l'ONU vote le déploiement de 20 600 Casques bleus sur le territoire
même du Darfour, mais le gouvernement soudanais refuse. En France,
l'organisation
Sauver Le
Darfour interpelle par voie d'affiches les candidats à la l'
élection
présidentielle française de 2007 et en particulier
Nicolas
Sarkozy et
Ségolène
Royal sur ce qu'ils comptent faire pour le Darfour s'ils sont
élus.
Le
17
septembre,
la journée Mondiale pour le Darfour a vu s'organiser en divers points du
globe des manifestations en faveur des populations de la région ouest
soudanaise. Cette mobilisation d'envergure internationale avait pour objectif
celui de la sensibilisation de l'opinion publique mondiale.
Octobre/
novembre,
La crise du Darfour s'étend au
Tchad voisin et à
la
Centrafrique.
Des cas d'attaques récurrentes dans les camps de réfugiés
au Tchad sont rapportés. Les mêmes modes opératoires que
ceux observés au Darfour sont employés par les milices
armées. Viols de femmes et exactions commises sans distinction,
notamment sur des enfants, sont à déplorer chaque semaine.
Le
22
octobre, le
Soudan ordonne l'expulsion de
Jan Pronk, le
représentant de
Kofi Annan.
Le
30
octobre, la
République Centrafricaine accuse le Soudan d'agression.
En
décembre,
au moment de son départ des
Nations
Unies,
Koffi
Annan déclara : « Soixante ans après
la libération des camps de la mort nazis, trente ans après le
Cambodge, la promesse du "jamais plus" sonne creux. Ils pourront avoir à
répondre collectivement et individuellement pour ce qui est en train de
se passer au Darfour. ». Selon l'association
Sauver Le Darfour,
cette guerre aurait provoqué une épuration ethnique qui a
causé plus de trois cent mille morts et plus de trois millions de
personnes déplacées.
2007
Avril, un rapport de
l'ONU, provisoire et non officiel, qui a été publié par le
site du
New York
Times et par celui du Sudantribune, dit que l'armée
gouvernementale viole l'embargo (résolution 1591), et camoufle des
avions en blanc avec le sigle de l'ONU « UN ».
- La Cour Pénale Internationale
(CPI) a lancé deux mandats d'arrêts internationaux contre 2
soudanais, accusés de
crimes de
guerre et de
crimes
contre l'humanité ;
- Ahmed Haroun, l'ancien Responsable soudanais de la
Sécurité au Darfour, et actuel Secrétaire d'État
aux Affaires humanitaires ;
- Ali Kosheib, l'un des principaux chefs des milices
janjawids ;
- la
Chine concède
à participer à l'effort de paix par une aide technique ;
- Amnesty
International publie un rapport accusant la
Chine et
la
Russie de fournir du
matériel au gouvernement soudanais malgré l'embargo. L'ONG publie
des photos d'aéronefs soudanais de fabrication chinoise au
Darfour.
Le 17 juin, le Gouvernement
français a décidé de mettre en place un pont aérien
humanitaire entre Abéché et l'Est du Tchad, afin de porter
assistance aux réfugiés et déplacés du Darfour.
Le 31 juillet, le Conseil de
Sécurité des Nations Unies a unanimement adopté une
résolution autorisant le déploiement au Darfour d'une Force
militaire pour assurer la sécurité des populations et garantir
les accords de paix. Cette
Mission
conjointe des Nations Unies et de l'Union Africaine au
Darfour (MINUAD) augmentera ses effectifs à 30 600 environ
(militaires essentiellement).
Le
27
octobre,
des négociations organisées par l'ONU s'ouvrent à
Syrte, en Libye, entre les
protagonistes du conflit.
2008
Le
20
mars, un Rapport de l'
ONU déplore
des attaques menées par l'Armée soudanaise et des milices qui ont
fait en janvier et février « 115 victimes et provoqué
le déplacement d'environ 30 000 personnes. »
En
mai, les rebelles du
MJE lancent
une attaque qui est stoppée à
Ondurman aux
portes de
Khartoum.
En décembre, la
MINUAD a
perdu 21 membres de son personnel pendant cette première année
d'opération. Selon
Alain Le Roy,
Secrétaire
Général adjoint des Nations Unies aux Opérations
de maintien de la paix43(*), la
situation ne s'est pas améliorée: plusieurs millions de personnes
survivaient encore dans des camps et étaient dépendantes de
l'aide humanitaire, et rien que ces derniers mois, 100 000 personnes
supplémentaires ont été déplacés. De plus,
les bombardements aériens par l'aviation gouvernementale se poursuivent,
malgré un cessez-le-feu.
Un an après le début de la mise en place
de la MINUAD, 63 % du personnel est déployé soit 12 374
soldats sur 19 55
3. Rien que pour
2008, l'ONU a compté 315 000 nouveaux déplacés au
Darfour ou dans l'est du Tchad.
2009
Le 13 Janvier, Le
gouvernement du Soudan a confirmé qu'un appareil des
Forces
Armées Soudanaises a frappé des positions du
MJE dans
la région de Muhajeria. Des affrontements ont opposé, le jeudi 15
janvier, dans cette même région, des membres du MJE à l'
Armée
de libération du Soudan.
Le 5 mars, la CPI lance un
mandat d'arrêt contre le président Omar el-Béchir.
2010
Le
12
juillet,
Omar
el-Béchir fait l'objet d'un deuxième mandat
d'arrêt de la CPI, qui ajoute la qualification de génocide au
premier mandat émis à son encontre.
2011
Entre le 9 et le 15 janvier, Les Sud-Soudanais se
prononcent en faveur de la sécession de la région à
l'issue d'un référendum. L'indépendance est formellement
déclarée le 9 juillet 2011.
Le 15 décembre, une rivalité politique
entre le président du Soudan du Sud Salva Kiir et son
ex-vice-président Riek Machar éclate dans les rues de Juba.
Depuis, le pays a sombré dans la guerre civile. 400 000 personnes ont
fui les zones de combat. Les pourparlers qui se tiennent à Addis Abeba
n'avancent guère et le pays est au bord de l'anarchie. D
es
combats éclatent à Juba entre des soldats de la garde
nationale et d'autres de la garde présidentielle. Depuis quelques jours,
l'agitation politique était à son comble entre le
président Salva Kiir et une frange de contestataires au sein de son
parti, le SPLM (Mouvement populaire de libération du Soudan).
Ce qui est d'abord présenté comme un
incident isolé entre deux groupes armés devient dans la version
officielle une tentative de coup d'État orchestrée par
l'ex-vice-président Riek Machar. Celui-ci dément et accuse le
président Salva Kiir de vouloir éliminer les contestataires. Il
s'enfuit dès le 15 décembre avec quelques dizaines d'hommes pour
gagner l'État de Jonglei.
Le
21
mai, l'Armée
nordiste s'empare de la région d'
Abyei grâce
à l'emploi de
chars d'assaut, ce
qui force les rebelles de l'
APLS (Armée
populaire de libération du Soudan) à battre en retraite.
L'aviation nordiste bombarde également plusieurs villages dans la
région, dont Todach et Tagalei. Le Nord justifie ses actes en accusant l'
APLS d'avoir
attaqué un convoi de troupes nordistes et de
soldats de maintien de
paix de l'
ONU le
19 mai, ce que cette
dernière dément.
Le
22
mai,
Khartoum annonce la
prise de la région d'Abyei et annonce sa volonté de la nettoyer
des « groupes armés du Sud » selon le ministre
d'État
Amin
Hassan Omar. Le
Conseil
de sécurité des Nations Unies appelle par ailleurs le
Nord à retirer ses troupes de cette région contestée, ce
que Khartoum refuse. Des milliers de civils fuient les combats et des cas de
pillages et d'incendies sont rapportés dans la région selon l'
ONU44(*).
Le
23
mai,
le
Soudan du
Sud réagit en accusant le Nord de provoquer une nouvelle
guerre civile. Le
lendemain, le président soudanais
Omar
el-Béchir affirme dans un discours à
Khartoum que
« l'
Abyei appartient
au
Nord-Soudan. »
Le
25
mai,
le Secrétaire Général de l'ONU,
Ban Ki-Moon,
propose une nouvelle Force de maintien de la paix au
Soudan, forte de 7 000
hommes alors que dans la même journée 4
hélicoptères de l'ONU ont été la cible de tirs dans
la région d'
Abyei,
probablement par les forces nordistes. Le lendemain,
Salva Kiir
Mayardit affirme qu'il n'y aura pas de nouvelle guerre pour le
contrôle de cette région contestée.
Le
28
mai,
l'armée nord-soudanaise annonce la fin de ses opérations
militaires dans la région. Le
31
mai
2011, les deux camps acceptent
d'établir une zone démilitarisée selon l'
Union Africaine, et
l'
Éthiopie se
dit prête à envoyer des troupes de maintien de la paix si
nécessaire et selon le souhait des deux camps.
Le
5
juin, les combats
reprennent, cette fois-ci dans la région de Nubie, localisée
également dans le
Kordofan du Sud,
faisant plusieurs tués, notamment dans le village de Umm Dorain,
provoquant la fuite de la population civile. Le
8
juin
2011, le Soudan du Sud appelle
à un
cessez-le-feu et
accuse par ailleurs le Nord d'avoir bombardé un village dans l'Etat d'
Unité le
10 juin. L'
APLS se
dit également prête à faire face à une offensive
terrestre du Nord45(*).
Le
11
juin, Khartoum accepte des
pourparlers de paix avec le Sud concernant la région d'
Abyei alors
qu'aucun cessez-le-feu n'est toujours prévu et que les combats font
toujours rage, notamment dans le
Kordofan du Sud.
Le
12
juin
2011, Khartoum, par la voix du
président
Omar
el-Béchir, accepte de retirer ses troupes de la région
contestée avant le
9 juillet, date
prévue de l'indépendance du
Soudan du Sud. Le
lendemain, l'
APLS accuse
le Soudan d'avoir mené un nouveau bombardement sur son territoire par
l'emploi de
MiG-23 et d'
Antonov.
Les deux camps acceptent par ailleurs dans la même journée une
zone démilitarisée dans l'
Abyei et
l'envoi de soldats éthiopiens de maintien de la paix sous l'égide
de l'
Union africaine.
Le
14
juin, des miliciens
sudistes locaux attaquent et tuent 7 policiers soudanais ainsi que 22 civils
près de la région d'
Abyei selon
un porte-parole de l'
APLS.
Le président des
États-Unis,
Barack Obama, appelle
par ailleurs les deux camps à un
cessez-le-feu,
soulignant « qu'il n'y a pas de solution militaire » et
accusant le Nord d'avoir provoqué le conflit.
Le
19
juin, alors que les
combats s'intensifient, Khartoum envoie des renforts au
Kordofan du Sud,
dont de nombreux véhicules blindés. Par ailleurs, l'armée
soudanaise attaque également au
Darfour les rebelles de
l'
Armée
de libération du Soudan (ALS), provoquant la mort de 27
personnes dont 19 civils selon un porte-parole de la rébellion.
Le
20
juin, les deux camps
acceptent de démilitariser la zone contestée de l'
Abyei et
l'envoi de soldats éthiopiens de maintien de paix sous l'égide de
l'
ONU,
mettant ainsi fin au conflit.
En septembre, les combats continuent, malgré la
signature du
cessez-le-feu. Le
10
novembre
2011, 2
Antonov An-26 de
l'armée de l'air soudanaise bombardent un camp dans l'
État
d'Unité, faisant 12 morts et blessés. Le gouvernement
nordiste a dénié avoir effectué ce raid. Le 12
décembre, les deux Soudan s'affrontent à Jau, un village
contesté près de la frontière commune des deux
États.
2012
Le
26
février,
les rebelles du
Front
révolutionnaire soudanais (FRS) affirment avoir tué
jusqu'à 130 soldats soudanais dans une attaque contre une garnison de l'
armée
soudanaise près du lac Obyad, situé à la
frontière avec le
Soudan du Sud.
Mars-avril, Hélicoptères,
Antonov AN-26,
MiG-29 et
d'autres aéronefs à la base aérienne de
El Obeid, à partir
de laquelle l'armée de l'air soudanaise effectuerait ses raids. Le
Sud-Soudan accuse le Nord d'avoir bombardé deux puits de pétrole,
ce que
Khartoum a
officiellement nié. L'incident a soulevé des craintes qu'une
véritable guerre pourrait éclater.
Le
26
mars,
les Nord-Soudanais bombardent l'État d'
Unité au
Sud-Soudan et déploient des troupes à la frontière. Les
Sud-Soudanais qui ont contre-attaqué, ont pris le contrôle des
champs pétrolifères de
Heglig fournissant la
moitié de sa production pétrolière du Nord. Alors que
Salva
Kiir, président du Sud-Soudan, a averti du déclenchement
d'une guerre suite à l'escalade de violence.
Le
30
mars,
de nouveaux combats signalés près de la frontière entre l'
armée
soudanaise et les rebelles pro-sud-soudanais.
Le
15
avril,
des avions nord-soudanais bombardent le village frontalier de Heglig,
capturé par les Sud-Soudanais une semaine auparavant.
Le
22
avril,
le Sud-Soudan déclare s'être complètement retiré de
la zone de Heglig dont les installations ont été
sérieusement endommagées par les combats. Le commandant de
l'armée soudanaise,
Kamal
Marouf, déclare que les pertes du Sud s'élèvent
à 1 200 hommes tués.
Dans la nuit du 23
au 24 avril, de nouveaux bombardements aériens
jusqu'à 25 km au sud de la frontière font 16 morts
et 34 blessés.
Section 2 :
Conséquences et actions humanitaires
II.2.1 :
Conséquences du conflit
Le conflit au Sud Soudan a produit des
conséquences sur le plan politique, économique, diplomatique,
militaire et humanitaire.
1. Conséquences
politiques
En moins de 48 heures, le Soudan du Sud bascule dans
la guerre civile. De nombreuses casernes et garnisons se déchirent. Des
dizaines de milliers de personnes fuyant les combats se regroupent dans les
bases des Nations Unies.
La guerre civile prend une tournure ethnique. La
communauté Dinka du président Kiir et celle Nuer de son
adversaire ravivent les vieilles haines. Les pays voisins et le grand parrain
américain assistent impuissant au suicide de la plus jeune Nation du
continent. Trois ans après son indépendance, le Soudan du Sud est
en plein chaos.
Jamais sans doute Khartoum n'aurait imaginé
pareil scénario. Voir le Soudan du Sud s'effondrer en quelques jours
dans une guerre fratricide a de quoi réjouir les durs du régime
d'Omar-el-Bechir, ceux qui n'ont jamais réellement accepté
l'indépendance des sudistes.
Le conflit soudanais a fait plusieurs milliers de
morts et a obligé près de 900 000 Sud-Soudanais à fuir les
combats. Des massacres inter-ethniques avaient éclaté entre les
deux principales communautés du pays, Dinka et Nuer, auxquelles
appartiennent respectivement Salva Kiir et Riek Machar.
Le Gouvernement soudanais affirme que le nombre de
morts répertoriés se situe aux environs de
10 000, mais trois pays notamment, les
États-Unis
d'Amérique,
Israël et
le
Canada, pour leur part
d'après des enquêtes menées, arrivent de façon
unanime à soupçonner que ce conflit couvre un
génocide ayant
fait autant de pertes en vies humaines évaluées à
environ 300 000 morts. Outre le nombre de
décès, les mêmes sources avancent le nombre d'environ
2,7 millions de personnes
déplacées dans leur propre pays et vers les pays voisins,
dont 230 000 réfugiés au
Tchad46(*).
La Commission d'enquête de l'
Organisation
des Nations unies sur les violations des droits de l'homme
perpétrées au Soudan parle de crimes contre
l'humanité47(*).
Constatant que la Justice soudanaise ne peut ou ne veut rien faire pour y
remédier, elle transmet le dossier à la
Cour
Pénale Internationale.
Les populations civiles, enfants y compris, subissent
les attaques de
janjawids. L'
ONU parle
de
crime
contre l'humanité, les
États-Unis parlent
de
génocide.
II.2.1 : Le
décompte des victimes
Selon le
Ministère
des Affaires étrangères français, il y
aurait probablement plus de 300 000 morts.
L'
ONU estime
que quelque 300 000 personnes sont mortes lors de ces combats, mais aussi
en raison des attaques contre des villages et des politiques de terre
brûlée48(*).
Médecins sans
frontières estime qu'il y a eu 131 000 décès
entre 2003 et juin 2005, dont les trois quart de maladies et famine. Le conflit
aurait « baissé d'intensité », avec
actuellement 200 morts par mois.
Tous ces décomptes comptabilisent les morts
indirectes dues aux maladies, malnutrition et autres problèmes
causés par les déplacements de population49(*).
Au mois de
juillet
2004, le
Congrès
des États-Unis vote à l'unanimité une
résolution pour qualifier de
génocide la
guerre civile au Darfour. Se référant à une enquête
faite pendant l'été 2004 dans dix-neuf camps de
réfugiés soudanais au
Tchad, le Secrétaire
d'État américain
Colin
Powell qualifiait les événements du Darfour de
génocide en septembre 2004. Les rebelles sont satisfaits de cette
reconnaissance et réclament une intervention directe de la
communauté internationale.
II.2.2 : Les populations
déplacées
- 700 000 personnes ont été
chassées de leurs foyers
De violents combats ont éclaté le 15
décembre 2013 entre les forces loyales au président Salva Kir et
les combattants de l'ancien vice-président Riek Machar. Un cessez-le-feu
a bien été signé en janvier, mais les combats se
poursuivent. Les pourparlers de paix qui avaient repris le 25 mars ont
été suspendus jusqu'à fin avril, malgré les
avertissements de l'ONU.
Le président sud-soudanais, Salva Kiir, a
accusé son homologue du Nord, Omar-el-Bechir, d'avoir
déclaré la guerre à son pays. Une nouvelle étape
dans un conflit dégageant une forte odeur de pétrole.
Les destructions, les villages rasés, la
politique de terre brûlée (attaque et vol du bétail, champs
incendiés) forcent les populations à partir.
- 12 camps de
réfugiés au
Tchad
- Des dizaines de camps
de déplacés
- Gereida (128 000
déplacés)
- Zalingeï (95 000 déplacés)
- Kalma (91 000 déplacés)
- El-Geneïna (68 000 déplacés)
- Riyad (20 000
déplacés),
Les réfugiés sont essentiellement des
femmes et des enfants. Les
ONG,
le
Programme
alimentaire mondial et le
Haut
Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés se
plaignent du manque de sécurité qui gêne leur travail.
Plusieurs travailleurs humanitaires soudanais auraient été
enlevés50(*).
Plusieurs miliciens
janjawids ont
été condamnés par la Justice locale à la peine de
mort51(*).
Environ 10.000 personnes ont trouvé refuge au
Soudan sur fond de combats qui se poursuivent au Soudan du Sud, rapportent les
Agences européennes se référant au Haut commissariat des
Nations Unies pour les Réfugiés (HCR).
Section 3 : Actions
humanitaires au Soudan
SOLIDARITÉS INTERNATIONALES intervient depuis
octobre 2006 au Soudan du Sud. Ses équipes répondent aux besoins
vitaux des populations : à travers des solutions d'urgence pour les
milliers de familles déplacées et réfugiées,
et via des solutions de plus long terme pour les populations résidentes
vivant dans des zones accueillant de nombreux retournés du
Soudan. Cette ONG internationale agit donc sur ces deux
fronts. D'une part, ses équipes construisent des infrastructures
d'urgence (latrines, points de distribution d'eau) et distribuent des kits
d'urgence (jerrican, pastilles chlorées, savons) dans les lieux de
concentration de population. D'autre part, elles construisent
et réhabilitent des infrastructures durables d'accès
à l'eau potable (forage, château d'eau) en milieu rural et
semi-urbain. Dans tous les cas, ces interventions sont accompagnées de
campagnes de sensibilisation aux règles d'hygiène de base, et de
formation des populations locales à la maintenance des ouvrages.
Ses principaux
bénéficiaires : 65 000 victimes de guerre
à Yida ; 37 000 dans le camp de Yusuf Batil au Soudan du Sud, parmi
les contrées les plus secouées.
Zones d'intervention : Camp
de Yida, Comté de Pariang, Unity et camp de Yusuf Batil, comté de
Maban, Upper Nile
Des équipes d'urgence ont été
dépêchées fin juin 2012 dans les camps de Yida (Etat
de Unity) et de Yusuf Batil (Etat de Upper Nile) pour mettre en oeuvre des
programmes d'urgence en Eau, Hygiène et Assainissement pour les
personnes réfugiées arrivées en masse et extrêmement
démunies. Il s'agissait d'éviter une
détérioration de la situation sanitaire liée à la
propagation de maladies hydriques par la construction de latrines d'urgence
(500 dans le camp de Yida et 1 020 dans le camp de Yusuf Batil en l'espace
de 4 mois) équipées de points de lavage des mains. Ces
latrines d'urgence sont aujourd'hui peu à peu remplacées par
des latrines plus permanentes. 300 latrines doivent ainsi être
construites d'ici à fin Avril 2014. L'équipe
appuyait également les ONG en charge de l'approvisionnement en eau pour
améliorer la structure et la gestion des points d'eau, et assurer un
stockage de qualité de l'eau.
Depuis décembre 2012,
SOLIDARITÉS INTERNATIONALES est en charge de l'approvisionnement en
eau pour la moitié du camp de Batil et l'a été pour le
camp de Yida à partir de février 2013 en coordination avec l'ONG
en charge de l'approvisionnement dans l'autre partie du camp. L'ensemble de ces
actions sont accompagnées de sessions de promotion de l'hygiène
dans les lieux publics et au niveau des ménages, et d'actions pour la
gestion de déchets. Grâce à ce travail, les conditions de
vie dans le camp s'améliorent. Les actions doivent se poursuivre pour
garantir des conditions de vie décentes à la population et mettre
en place des solutions durables qui seront à terme gérées
par la population de façon autonome.
Bénéficiaires : 35 000
bénéficiaires populations résidentes,
déplacées et retournée
Zones
d'intervention : Fangak County (Jonglei
State), Fashoda County (Upper Nile State) et Malakal (Malkal County52(*))
Depuis son arrivée au Soudan du Sud
en 2006, SOLIDARITES INTERNATIONALES intervient pour réduire la
morbidité et la mortalité liées aux maladies hydriques des
populations très vulnérables des zones rurales et semi-urbaines
dans les Etats de Unity et Upper Nile. Dans le cadre des programmes de
2012-2014, elle travaille pour l'amélioration de l'accès
à une quantité d'eau de qualité suffisante, à
travers la réhabilitation, et si nécessaire, l'extension des
infrastructures hydrauliques existantes, sans oublier la
sensibilisation à l'hygiène. Pour la
gestion et la maintenance de ces points d'eau, l'équipe s'appuie sur les
comités de gestion de l'eau en renforçant leurs capacités.
Ces interventions visent non seulement à répondre aux besoins
actuels de ces populations mais tentent également de renforcer les
capacités locales existantes dans le cas où ces zones seraient
amenées à accueillir des populations supplémentaires dans
un futur proche.
Les bénéficiaires d'une autre équipe
(Equipe 2) sont les acteurs internationaux et nationaux en
eau-hygiène et assainissement et les populations de la
région Zones
d'intervention : Etats de Unity et de
l'Upper Nile
Tout en étant membre du Cluster Wash au niveau
national et au niveau de ces 2 Etats, SOLIDARITES INTERNATIONALES
apporte un soutien à UNICEF et aux autorités locales dans la
coordination des différents acteurs Wash des Etats de Unity et de
l'Upper Nile. Les 2 membres de SOLIDARITES INTERNATIONAL
qui travaillent sur ce projet sont chargés d'organiser les
réunions de coordination, de faciliter les échanges
d'informations entre les différents acteurs, de participer à des
diagnostics de besoins et de mobiliser les acteurs pour répondre aux
besoins identifiés.
Depuis 2011, SOLIDARITES
INTERNATIONALES est l'une des trois ONG internationales au Soudan du Sud
disposant d'un mécanisme de réponse rapide aux urgences soutenu
par ECHO. Ce dispositif permet de déployer une équipe
spécialisée très rapidement sur le terrain pour
procéder aux diagnostics des besoins et initier, selon leur
pertinence, la mise en oeuvre de réponses d'urgence
immédiates dans les domaines de l'eau, l'hygiène et
l'assainissement.
CHAPITRE III : ENJEUX
GEOSTRATEGIQUE DU CONFLIT AU SOUDAN DU SUD
III.3.1 : Manipulations
occidentales
D'après les analyses de l'ancien
Ambassadeur français au Soudan, Michel Raimbaud53(*), et le conflit au Sud Soudan,
les facteurs qui ont conduit à la sécession dans ce pays,
après le référendum d'autodétermination du
9 juillet 2011, ayant entériné l'existence de deux
Etats (la République du Soudan du Sud et la République du
Soudan), le Sud, en révolte depuis 1955, a
été choisi comme « terrain d'approche par les
puissances occidentales, notamment les Etats-Unis, pour déstabiliser le
régime de Karthoum ». Son analyse, souvent à
contre-courant, de la situation depuis l'arrivée au pouvoir du
général Omar Al-Béchir, en 1989, constitue l'aspect le
plus novateur54(*).
« Le Soudan des deux
dernières décennies représente une sorte de
condensé indigeste de tous les fantasmes qui ont hanté et hantent
l'Occident » : pouvoir islamiste, soutien à Saddam
Hussein en 1990-1991, présence d'Oussama Ben Laden, guerre entre l'Etat
central et le Sud, violations des droits humains... Inscrit dès 1993 sur
la liste américaine des « commanditaires du
terrorisme », le pays se retrouve bientôt en première
ligne face à une Amérique qui, après l'implosion de
l'URSS, exerce son hégémonie sur le monde.
Encouragé par certains gouvernements
occidentaux, dont celui de la France, à opérer une ouverture
politique, le pouvoir de Khartoum abandonne vers 1998 « le
monolithisme des débuts pour un certain pluralisme et renonce à
la tentation d'une islamisation brutale pour accepter la réalité
multiculturelle et multireligieuse du pays 55(*)». Après
le 11 septembre 2001, il accepte de s'engager dans une
coopération active avec les Etats-Unis, et c'est dans ce climat nouveau
que s'ouvrent des négociations pour sortir de l'impasse au Sud-Soudan,
en 2003. Mais la crise au Darfour les entrave.
Néanmoins, la paix est signée en
2005. Il en résultera la sécession ; une victoire, selon
l'auteur, de la diplomatie américaine et, parallèlement,
d'Israël, directement intéressé au démembrement du
géant arabo-africain et allié actif de Juba, la toute jeune
capitale de la République du Soudan du Sud. Pourtant, John Garang, le
dirigeant du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan
(SPLM/A), qui avait engagé la lutte au Sud en 1983, ne s'était
pas battu pour la sécession mais pour un pays uni, laïque et
pluraliste. Décédé dans un
« accident » d'hélicoptère en 2005, alors
qu'il venait d'être investi vice-président, il fut remplacé
par son plus proche collaborateur, M. Salva Kiir, qui,
lui, se situa aussitôt dans la perspective de l'indépendance. Il y
fut aidé par une campagne politico-médiatique
internationale qui présentait l'antagonisme entre le
Nord (majoritairement musulman) et le Sud (majoritairement chrétien)
comme un conflit ethnique et religieux, et ce au
prix « d'une falsification des données
démographiques et religieuses ». La partition qui ne
règle pas tous les litiges serait ainsi avant tout un nouvel
avertissement pour le monde arabo-musulman. Malgré la banalisation des
régimes islamiques au Maghreb et en Egypte, la République du
Soudan fait toujours l'objet de sanctions économiques et
commerciales.
Section 2 : Les
champs pétrolifères au coeur du conflit
« Un mois après le début
des violences armées au Soudan du Sud, plus jeune État au monde
né en juillet 2011, beaucoup craignent déjà les
conséquences sur l'économie, notamment au niveau de la production
pétrolière. Une production pétrolière qui
compte pour 95% dans les revenus du pays et dont dépend le Soudan voisin
qui en tire d'importants revenus en taxant fortement l'acheminement du
pétrole à travers son territoire par des oléoducs. Les
exploitations pétrolières sont situées à la
lisière entre les deux Soudan, avec 80% des réserves
côté Sud, mais l'exploitation est principalement
tournée vers le nord56(*)».
III.2.1 : Des convoitises
locales et internationales au détriment des Sud-Soudanais.
Au début des années 2000, Riek Machar,
l'ancien vice-président du Soudan accusé par le président
Salva Kiir de tentative de coup d'État le 15 décembre 2011,
affirmait la chose suivante?: «Les objectifs politiques poursuivis par
chacune des parties à ce conflit (entre Nord et Sud-Soudan) ne visent
pas directement le pétrole mais concernent avant tout la promotion d'une
certaine forme d'État57(*)»
Onze ans plus tard, force est de constater que Riek
Machar s'est trompé. Le pétrole a joué et joue encore un
rôle plus que déterminant dans la construction du nouvel
État né le 11 juillet 2011, et singulièrement depuis le
début de la guerre civile qui frappe le nouvel Etat.
«Certains puits de pétrole sont aux mains
des soldats fidèles à l'ancien vice-président et nous
craignons qu'ils ne provoquent des dégâts sur les installations et
l'environnement», a ainsi confirmé à Reuters le Ministre du
Pétrole, Stephen Dhieu Dau. Des dégâts qui auraient des
conséquences désastreuses pour le pays dont les recettes
dépendent à 98% de l'or noir exploité par des compagnies
pétrolières étrangères.
Aussi l'intérêt des Nations unies (qui
veulent déployer 6?000 casques bleus supplémentaires) n'est-il
pas innocent. Le sous-sol sud-soudanais attise depuis bien longtemps les
convoitises. Dès 1955, un an avant l'indépendance du pays encore
sous la coupe du Royaume-Uni, le groupe américain pétrolier
Chevron débutait une campagne sismique au Sud-Soudan. Elle sera
couronnée de succès au milieu des années 1970, avec la
découverte de gisements très importants, notamment du
côté de Bentiu. Chevron se retire néanmoins du pays en
février 1984, après l'assassinat de trois ouvriers du
géant américain. Cela n'empêche pas d'autres compagnies de
s'immiscer dans le jeu.
Le canadien Talisman Energy (ancien BP Canada) se
positionne dès le début des années 1990 et possède,
en 1998, 25% des parts du gâteau dans un projet de prospection et
d'exploitation du pétrole au sein du consortium GNPOC (Greater Nile
Petroleum Operating Company). Deux autres grandes compagnies
étrangères détiennent le reste de la quasi-totalité
des parts du consortium?: la Compagnie nationale chinoise (CNPC) avec 40% des
parts et la compagnie nationale malaise Petronas avec 30%. Les derniers 5%
revenant à la Sudapet, la compagnie nationale soudanaise.
En 2003, sous la pression des États-Unis
accusant le Soudan de ne pas respecter les droits de l'homme, Talisman se
désengagera en signant un accord avec la compagnie nationale indienne
ONGC Videsh Ltd, lui transférant sa participation pour 750 millions de
dollars.
Mais ce geste est rare. Pendant que la guerre civile
fait rage, faisant au total plus de 2 millions de morts et 4 millions de
déplacés, ces compagnies étrangères et
singulièrement les compagnies occidentales continuent de fermer les yeux
sur les massacres perpétrés par le régime
militaro-islamiste de Khartoum dont les recettes pétrolières
servent essentiellement à s'armer. Quand en août 1999, un
oléoduc de 1?600 kilomètres est inauguré en
présence d'Omar El Bechir, le président putschiste soudanais,
c'est toute l'ingénierie occidentale qui se salit. Les Canadiens de
Denim Pipeline Construction Ltd sont les maîtres d'oeuvre du projet. Les
compagnies britanniques Weir Pumps Ltd et Allen Power Engineering fournissent
les pompes de l'oléoduc. L'allemand Mannesmann assure
500 kilomètres de tuyauterie et la maintenance. Enfin, les
Hollandais de la Royal Dutch Shell dirigent une raffinerie à Port-Soudan
où le brut est transformé.
Si depuis lors des compagnies se sont
retirées devant l'insécurité croissante, d'autres restent
bien en place. Malgré plusieurs enlèvements et meurtres de
ressortissants chinois depuis 2008, la CNPC continue d'exploiter le sous-sol
sud-soudanais et de fermer les yeux sur les multiples violations des droits de
l'homme commises aussi bien au Sud qu'au Nord. L'argent que
génère le pétrole pose aussi la question de la corruption
des tenants du pouvoir. Si le Nord est champion en la matière, les
nouvelles élites du Soudan du Sud ne sont pas en reste. Aujourd'hui,
c'est entre 300 et 500 millions de dollars par mois qui arrivent dans les
caisses du jeune État. Mais qui gère cet argent?? Et comment
est-il redistribué?? Mystère... dans la récente crise
politique, débordant en conflit ethnique, le pétrole mais surtout
les pétrodollars qu'il génère sont bel et bien au centre
du débat.
III.2.2: Tensions entre
leaders sud soudanais
Riek Machar, le leader des rebelles souhaitait
reprendre Malakal, la deuxième ville du pays, située dans
l'État pétrolier du Haut-Nil (nord-est). La ville a
été prise début mars par les rebelles, puis reprise par
les forces du président Salva Kiir. Les civils ont payé un lourd
tribut, la commune est aujourd'hui une ville
fantôme58(*).
Riek Machar a également mis en garde l'IGAD,
l'Autorité intergouvernementale de développement (l'organisation
des pays de la région), contre un déploiement de soldats sur
les
champs
de pétrole : « Ils n'ont pas le droit de se
déployer autour des champs pétrolifères, ils sont aux
Sud-soudanais, a affirmé le chef des rebelles. Nous nous sommes battus
pour être indépendants. S'ils veulent nous coloniser, nous nous
battrons contre eux ».
Les deux camps se disputent depuis plusieurs semaines
certaines villes stratégiques, dont Bor dans l'Etat de Jonglei et
Malakal, la capitale de l'Etat pétrolier du Haut-Nil. Depuis l'indépendance du Soudan du Sud, aucun
accord n'a encore été trouvé entre le Nord et le Sud au
sujet du pétrole. Le Sud dispose des ressources, le Nord des
infrastructures, et les deux se querellent sur des questions de taxes de
transport.
Mise à jour du 29 avril 2012: Le Soudan a
déclaré l'état d'urgence, le dimanche 29 avril, le long de
sa frontière avec le Soudan du Sud59(*). Cette mesure entraîne un embargo
commercial à l'encontre de Juba, la capitale du Soudan du Sud, et la
suspension de la Constitution dans les régions frontalières,
...
Blocage des exportations, taxe en
nature, fermeture des oléoducs. Depuis la sécession du
Soudan
du Sud, les menaces, les injonctions et les mesures radicales se
multiplient entre les deux pays quand il s'agit de l'or noir.
Les tensions ont pris une ampleur supérieure
quand
Khartoum a
bloqué quatre pétroliers chargé d'or noir sud-soudanais
à Port Soudan au
début
de l'année. Malgré l'annonce de
leur
libération, les parties ne s'entendent toujours pas.
Depuis le début du conflit entre le Nord et le
Sud soudanais, le pétrole a toujours été le nerf de la
guerre. Il faut dire que la situation s'y prête, le Soudan avant la
sécession était le sixième exportateur de brut du
continent africain avec près de 500.000 barils par jour.
Mais les richesses sont mal réparties sur le
territoire: le Sud détient près des trois quarts des champs
pétrolifères et le Nord, toutes les infrastructures. Les deux
pays n'ont donc plus qu'à agir en bons gentlemen et à travailler
ensemble.
Khartoum réclame pour chaque baril de
pétrole du Soudan du Sud transitant par ses infrastructures, une taxe de
36 dollars, soit dix fois le tarif pratiqué dans le secteur. A cela
s'ajoutent aussi les 727 millions de dollars de frais de port que le Soudan du
Sud aurait dû payer depuis son indépendance.
«Extorsion», selon Juba, qui
rétorque que Khartoum aurait confisqué certains revenus
pétroliers du Soudan du Sud. «Khartoum a pris nos revenus
pétroliers de mai, juin et juillet sans nous payer60(*)».
La décision unilatérale du Soudan de
bloquer quatre pétroliers ne fait qu'ajouter de l'huile sur le feu. En
réaction, Juba a fermé 900 puits de pétrole et a
stoppé sa production. Au final, lors du sommet des chefs d'Etat de
l'Union Africaine, sous pression internationale notamment de l'Ethiopie et
du
Kenya, Khartoum a
cédé et décidé de libérer les navires. Mais
la blessure n'est pas cicatrisée.
«La République du Soudan du Sud
prendra toutes les mesures légales pour retrouver et punir les
compagnies qui ont acheté le pétrole volé», a conclu
Pagan Amum.
Depuis la séparation, le Nord et le Sud
s'affrontent sur la répartition des revenus pétroliers. Une
question d'autant plus vitale que l'économie des deux pays dépend
quasi exclusivement de la manne de l'or noir. L'accord sur
l'indépendance du Sud prévoit qu'en théorie les deux
États doivent recevoir chacun 50 % de l'argent provenant de la vente de
l'hydrocarbure soudanais. Mais ni le Sud, où sont situés plus de
80 % des champs de pétrole et qui produit l'essentiel des 500 000
barrils de brut par jour (b/j.), ni Khartoum, qui contrôle tous les
moyens de raffineries et d'exportation de pétrole, ne s'en satisfont.
C'est de cette interdépendance subie qu'est
né le conflit actuel. Le problème central est que le Soudan du
Sud juge, à tort ou à raison, que le Khartoum lui impose des
taxes trop élevées pour utiliser son pipeline61(*).
Une
situation qui pousse le Sud à tenter de contourner le voisin honni et
construisant un pipeline passant par le Kenya et l'Ouganda, au grand damme
de Khartoum.
III.2.3 : Protection des
champs pétroliers
Le Soudan du Sud et le Soudan envisagent de
déployer une « force mixte » pour protéger
les champs pétroliers, a annoncé le ministre soudanais des
Affaires étrangères, Ali Ahmed Karti, à l'issue d'une
visite express du président soudanais Omar el-Béchir à
Juba. M. Béchir a plaidé la cause de la paix dans un pays qui a
fait sécession du Soudan, il y a deux ans et demi, mais reste un
partenaire économique important : le Soudan du Sud a
hérité de l'immense majorité des réserves
pétrolières du Soudan d'avant partition, mais reste tributaire
des oléoducs du Nord pour exporter. Les frais de passages payés
à Khartoum sont essentiels à l'économie soudanaise
vacillante. La paix et la sécurité doivent régner au
Soudan du Sud. Notre visite a pour but d'apporter la paix au Soudan du Sud,
à nos frères et soeurs sud-soudanais. Notre relation est
très importante, a déclaré M. Béchir devant la
presse, lors d'une visite à Juba.62(*)
III.2.4 :
Intérêts géopolitiques
III.2.4.1 : Les
Etats-Unis d'Amérique
Washington souhaiterait que Kiir
libère 11 prisonniers politiques afin de faire avancer les
négociations en cours en Ethiopie car l'objectif premier est de parvenir
à un cessez-le-feu. Les sénateurs ont prêté une
oreille attentive aux déclarations des experts, car des
intérêts géopolitiques sont en jeu : la majorité
chrétienne du sud s'est séparée du nord musulman, les
Américains ne veulent donc pas voir les extrémistes islamistes
profiter du conflit pour s'infiltrer dans la place, comme ils l'ont fait
ailleurs dans la région.
C'est pourquoi Washington tout en excluant l'envoi
de troupes au sol pour rétablir l'ordre, pourrait envisager de fournir
une aide militaire à des pays tels que l'Ouganda, l'Ethiopie ou le Kenya
pour le faire.
Le problème du pétrole n'est pas
qu'une question de partage de revenus. Les ressources d'or noir les plus
importantes et qui nécessitent le moins de raffinage se trouvent dans
les régions frontalières revendiquées aussi bien par le
Nord que par le Sud. C'est ainsi que le Soudan du Sud s'est attiré les
foudres de la communauté internationale lorsqu'il a pris militairement
le contrôle, le 10 avril, de l'important champ pétrolier de Heglig
appartenant au Nord. Sous la pression internationale, les forces armées
de Salva Kiir se sont retirées du site le 20 avril. Dans la
foulée, le président du Soudan, Omar el-Béchir,
s'est rendu sur place, où il a déclaré qu'il fallait
négocier avec le Soudan du Sud à l'aide "de fusils et des
balles».
Après avoir découvert d'importants
gisements pétroliers, la société multinationale
américaine Chevron a dû quitter le Soudan pour deux raisons.
Premièrement, le pays était redevenu instable à cause de
la seconde guerre civile. Deuxièmement, si les États-Unis avaient
jusqu'ici entretenu d'excellentes relations avec le Soudan, le nouveau
régime islamiste mis en place par Omar el-Bachir en 1989 lui
était carrément hostile. Le pétrole soudanais
échappait donc aux intérêts américains. La Chine est
alors venue vers le Soudan avec le message suivant : «
Je vais vous acheter vos matières premières aux prix en vigueur
sur le marché international ». Cette situation
présente un avantage comparatif à la fois pour la Chine et le
Soudan. La première peut disposer des ressources dont elle a besoin pour
son développement tandis que le second n'est plus obligé
d'emprunter de l'argent aux institutions internationales. Mais cette
implication chinoise en Afrique est une première historique. C'est ce
qui effraie les impérialistes européens et américains et
serait la genèse de l'apocalypse au Soudan63(*).
III.2.4.2 : La Chine
Tous ces incidents et le contexte explosif de
guerre du pétrole donne l'impression que le conflit armé est en
effet inévitable, regrette Henry Hall. Une grande puissance a pourtant
intérêt à éviter tout conflit armé au Soudan
: la Chine. C'est elle qui a fait du Soudan une puissance
pétrolière importante. Pékin importe 5 % de son
pétrole du Soudan qui est, après l'Angola, s
on
deuxième fournisseur africain d'or noir.
Pour Pékin, le Soudan représente un
paradis du pétrole, où les grands groupes américains n'ont
pas le droit de cité. Un eldorado pétrolier qui est en train de
se transformer, au fil de l'escalade militaire, en cauchemar.
- La neutralité Chinoise en
question
La
Chine qui exploite 40% des ressources soudanaises et a investi des
milliards de dollars, n'entend pas faire les frais longtemps de ce conflit.
Pékin a beaucoup investi dans l'industrie pétrolière
soudanaise via le géant public China National Petroleum Corporation
(CNPC) et possède des parts dans deux des trois principaux consortiums
pétroliers au Soudan - Greater Nile Petroleum Operating Company (GNPOC)
et Petrodar.
Selon le
Fonds monétaire international (FMI), le pétrole contribue
à hauteur de 90 % des exportations du Soudan, et à hauteur de 98
% pour le Soudan du Sud. En 2011, 66 % du pétrole exporté du
Soudan et du Soudan du Sud était destiné à la Chine,
même si cela ne représente qu'une petite partie du total des
importations pétrolières chinoises, selon l'Agence
américaine d'information sur l'énergie (EIA). Avant sa partition,
le Soudan représentait la sixième plus grande source
d'importation de pétrole en Chine.
Les propos tenus par le président sud-soudanais
à Pékin placent les autorités chinoises dans l'embarras.
Ces déclarations vont obliger la Chine à prendre position dans le
conflit alors que jusqu'à présent Pékin a toujours
tenté de respecter une neutralité qui ménageait ses
intérêts économiques aussi bien au Sud qu'au Nord. Le
rôle de médiateur est rarement dans les plans de la diplomatie
chinoise, mais là, elle n'a pas le choix et se retrouve au pied du
mur64(*).
« Nous espérons que les deux pays
vont parvenir à résoudre leur conflit par le dialogue et les
consultations, en se gardant d'actes susceptibles d'aviver les
tensions », a déclaré, le porte-parole de la diplomatie
chinoise, Liu Weimin. Le Président chinois, Hu Jintao, a lui-même
lancé un appel au calme et à la retenue au Soudan et au Soudan du
Sud. Le premier perdant de l'instabilité entre les deux Soudan, c'est la
Chine. Elle a vraiment intérêt à ce que la situation se
calme. La vraie question est : jusqu'où est prêt à
s'engager un pays qui a pour habitude de défendre le principe de
non-ingérence ? « Le Soudan du Sud sert donc de laboratoire
pour sa diplomatie ».
Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, a
accusé le régime de Khartoum d'avoir déclaré la
guerre à son pays. Une situation conflictuelle qui place la Chine,
partenaire privilégiée des deux pays, dans un inconfortable
rôle de médiateur.
Neuf mois après la déclaration de son
indépendance, le Soudan du Sud se retrouve au bord d'un conflit que son
voisin du Nord semble prêt à lui livrer
par
l'odeur du pétrole alléché. C'est au cours d'un voyage
à Pékin, mardi 24 avril, que
le
président sud-soudanais, Salva Kiir, a affirmé que Khartoum avait
«déclaré la guerre» à son pays. Accusations
auxquelles le Soudan n'a toujours pas répondu. Alors que les efforts
déployés par l'Union africaine (UA) pour négocier la paix
sont au point mort, certains analystes commencent à se demander si la
réponse ne se trouverait pas... en Chine.
Pékin, qui dispose de nombreux intérêts
économiques dans les deux pays, se trouve dans une situation
délicate et joue les équilibristes entre les deux capitales. D'un
côté, la Chine essaie de maintenir ses liens historiques avec le
Soudan, isolé diplomatiquement depuis les années 1990, dont elle
est le premier partenaire économique. C'est elle qui a aidé
Khartoum à devenir un important exportateur de pétrole. De
l'autre, depuis les accords de paix en 2005, elle prend soin de s'attirer les
bonnes grâces des Sudistes, ceux-là même qui sabotaient ses
installations pétrolières il y a peu.
David Shinn, ancien ambassadeur américain et
professeur de relations internationales spécialisé dans les
relations Chine-Afrique, estime que Pékin va jouer un rôle mais
« derrière le rideau ».
La Chine va tout faire sauf se positionner. Cela fait
très longtemps qu'elle entretient des relations avec Khartoum et
investit au Nord. Elle joue aussi un rôle de plus en plus important au
Soudan du Sud avec des activités de formations de travailleurs et des
créations d'école. Mais parler de médiation, c'est aller
un peu loin : la Chine va faire de la médiation sans employer le mot, se
contentant d'appeler les deux parties au calme.
Alice Ekman rappelle que l'accroissement des
intérêts chinois à l'étranger oblige Pékin a
agir davantage, notamment pour protéger ses investissements et ses
ressortissants. En témoigne l'évacuation en 2011 de 33 000
Chinois au moment de la guerre en Libye. Pour la chercheuse, la situation au
Soudan, où travailleraient près de 15 000 Chinois, pourrait
obliger la Chine à mieux évaluer les risques de son
positionnement dans le monde. Quand on a des intérêts croissants
à protéger à l'étranger, comme c'est le cas au
Soudan, on devient naturellement plus dépendant des évolutions de
situations politiques et économiques, et parfois plus vulnérable,
notamment si on ne les a pas vu venir.
Mais Pékin devra-t-elle faire un choix ? David
Shinn voit une porte de sortie pour Pékin : La Chine aurait
déjà accepté de fournir une assistance technique pour la
construction d'un nouvel oléoduc permettant au Soudan du Sud d'exporter
son pétrole par le Kenya. Juba pourrait donc contourner le territoire
soudanais par lequel transite actuellement toute sa production.
Section 3 :
Réactions internationales
III.3.1. Critique sur la
mobilisation de la Communauté internationale
- La Cour Pénale
Internationale
En
mai
2007, la
Cour
pénale internationale a lancé deux mandats
d'arrêts internationaux contre 2 soudanais accusés de
crimes de
guerre et de
crimes
contre l'humanité :
Ahmed
Haroun, ancien Ministre de l'Intérieur,
et
Ali
Kosheib, l'un des principaux chefs des milices
janjawids.
En
décembre
2007, le Procureur de
la CPI a dénoncé le manque de coopération du
Soudan et demandé au
Conseil
de Sécurité d'adresser un message ferme et unanime aux
autorités soudanaises pour leur demander d'exécuter les mandats
d'arrêt. Luis Moreno-Ocampo a déclaré
qu'il faut «briser le système criminel » mis en
place au Soudan, car « les vies des 2,5 millions de personnes
déplacées sont à la clef 65(*)».
En effet, malgré son inculpation, Ahmed Haroun
a conservé son poste de Ministre d'État chargé des
Affaires humanitaires. De plus il a été nommé membre du
Groupe national chargé du mécanisme de surveillance de la Force
hybride
ONU-
Union
Africaine pour le Darfour (
MINUAD).
Le Procureur de la
CPI a
dit : « Le Gouvernement du Soudan défie de
manière répétée l'autorité du Conseil de
sécurité66(*)».
Le
14
juillet
2008, L.M Ocampo a
demandé aux juges de la CPI d'émettre un mandat d'arrêt
à charge d'
Omar
el-Béchir parce qu'il aurait commis des crimes de
génocide,
des
crimes
contre l'humanité et des
crimes de
guerre au
Darfour.
Le
4
mars
2009, la CPI a émis un
mandat d'arrêt contre le président soudanais,
Omar
el-Béchir. Ce dernier est accusé de
crime de
guerre et
crime
contre l'humanité dans le cadre de la guerre civile au
Darfour
L'ancien chef de la guérilla du Sud du
Soudan
John
Garang trouvait que l'attitude de la Communauté internationale
manquait de volonté et était parfois ambiguë.
- Les Etats - Unis
d'Amérique
La Secrétaire d'État
Hillary
Clinton a appelé le Soudan à retirer ses troupes de la
région d'
Abyei et
dit soutenir la proposition de l'Éthiopie. Le
15 juin, le
Président
Barack
Obama appelle par ailleurs les deux camps à un
cessez-le-feu,
soulignant « qu'il n'y a pas de solution militaire » et en
accusant le Nord d'avoir provoqué le conflit.
Washington a en outre décrété un
embargo sur la vente d'armes au Soudan et contre certaines compagnies
pétrolières est-africaines.
George W.
Bush désirait faire passer au
Conseil
de Sécurité des Nations Unies une résolution pour
obtenir des mesures multilatérales.
Les États-Unis qualifient l'action des
Janjawids de
génocide et
exigent des sanctions commerciales internationales contre le Soudan et parlent
même d'une intervention militaire alors que l'
Europe cherche une
solution diplomatique.
- L'Europe
Longtemps soupçonnée de complaisance
envers le Soudan, la
France est aujourd'hui
en conflit larvé avec le Gouvernement de Khartoum, en raison de l'aide
militaire qu'elle apporte aux gouvernements du Tchad et de la Centrafrique, en
butte aux incursions de forces rebelles dont des bases de repli se situent en
territoire soudanais.
En son temps,
Tony Blair a
déclaré être contre toute intervention militaire au
Darfour, mais il soutenait l'embargo commercial mis en place par les
États-Unis.
Le
25
juin
2007, le nouveau
Président élu de la
République
française
Nicolas
Sarkozy a organisé à Paris une conférence
internationale sur le Soudan réunissant les grandes puissances et les
organisations internationales concernées.
- La Chine
Dans les affaires internationales, la
Chine applique
au Soudan les principes de sa politique étrangère
générale à savoir ne pas s'ingérer
dans les prises de décision d'un gouvernement étranger souverain.
Pour elle, la crise du Sud Soudan doit être réglée par les
Soudanais eux-mêmes et non sous pression étrangère. Elle
est accusée par
Amnesty
International de faire partie des vendeurs d'armes au Soudan depuis
quelques années, ce qu'elle nie et achète 65 % de
la production pétrolière soudanaise. Selon le
député canadien
Maurice Vellacott,
« la plupart des armes utilisées pour tuer, violer, piller
et le reste sont fabriquées au Soudan dans des usines
chinoises ». Vellacott critique aussi les utilisations
répétées du droit de veto dont la Chine et la Russie ont
fait usage concernant des résolutions du Conseil de
Sécurité des Nations Unies contraignant le Soudan à
arrêter les exactions des milices. Un Rapport d'
Amnesty
International accuse Pékin d'avoir envoyé plus de deux
cents camions de transports militaires chinois au Soudan en
août
200567(*). La
Chine s'oppose
aux sanctions commerciales. Ainsi, lors de la conférence de Paris
du
25
juin
2007, le vice-ministre des
Affaires étrangères chinois
Liu
Guijin déclare : « La communauté
internationale doit s'efforcer d'envoyer un signal positif et
équilibré : il ne faut pas, pour un oui ou pour un non,
menacer et faire pression sur le gouvernement de Juba68(*) »
- Les pays africains
L'
Union
Africaine s'est engagée activement dans la résolution du
conflit du Darfour et maintenant, au Soudan du Sud, elle
bénéficie notamment de l'appui de l'OTAN, de l'Union
Européenne, des
États-Unis et
du
Canada. Les forces
d'interposition de près de 7 000 soldats africains
ont été déployés sur le terrain dans le cadre de la
mission
AMIS pour
protéger les civils 69(*). C'est la première mission de maintien de la
paix gérée par une institution africaine. En dépit de tous
les efforts fournis, la mission avait manqué de ressources
financières. Si l'insuffisance n'est pas comblée, la
réussite de ce véritable exploit africain pourrait en être
mise à mal dans ses interventions à l'avenir.
La création de la
Mission
conjointe des Nations Unies et de l'Union Africaine au
Darfour (MINUAD) a été
décidée en juillet 2007 pour renforcer les effectifs des forces
d'interposition. Le Gouvernement de Khartoum a autorisé les
casques
bleus envoyés par l'ONU à entrer sur son territoire,
pour renforcer la mission de l'
Union africaine, des
casques bleus de la mission
MINUS sont
déjà présents au Sud Soudan. Des tirs de l'Armée
soudanaise contre un convoi de la MINUAD en janvier 2008 ont engendré
des tensions. Les forces soudanaises ont été accusées par
les États-Unis et la Grande-Bretagne de chercher à bloquer la
MINUAD.
Le porte-parole du Ministère des Affaires
étrangères, Dina Mufti, a annoncé que l'Éthiopie
était prête à envoyer des troupes de maintien de la paix
dans la région si nécessaire et sur demande des deux camps
- Les ONG
Certaines
ONG présentes
au Soudan critiquent le manque d'intérêt de l'
ONU et
de l'
Union
Européenne. Les diplomates internationaux se succèdent pour
demander à
Omar
el-Bachir d'aider les réfugiés. Des collectifs de
citoyens se sont créés dans plusieurs pays occidentaux pour
alerter l'opinion sur l'urgence de cette situation, dont ils rappellent les
analogies avec la démission internationale pendant le
génocide
au Rwanda.
79
ONG opèrent
encore dans cette région. La
Croix-Rouge
française demande l'ouverture de corridors humanitaires dans
les zones sinistrées car l'accès aux victimes est le principal
problème rencontré par les ONG69(*).
La pression des ONG françaises, dont beaucoup
sont rassemblées par le '
CRID dans
sa campagne « État d'urgence planétaire »,
ont amené plusieurs candidats aux présidentielles
françaises de 2007 à évoquer ce problème.
- George Clooney et son implication
Courant 2005, l'acteur américain
George
Clooney s'est mobilisé pour le Darfour. Sous son impulsion, un
épisode spécial de la série
Urgences a
été diffusé le
4
mai
2006 par
NBC pour
sensibiliser l'opinion américaine au conflit. La diffusion de cet
épisode de quarante minutes a quadruplé en un soir le temps
d'antenne consacré au Darfour en 2006 par les trois grands journaux du
soir des chaînes nationales américaines
NBC,
ABC et
CBS.
L'acteur américain a, de plus, produit le documentaire Le sable
et la douleur, qui suivait des activistes des droits de l'homme dans les
camps de réfugiés à la frontière du Soudan et du
Tchad. Pour tout cela, il a été nommé par l'ONU
Messager de la
paix le
18
janvier
2008.
Il a créé une Association avec les
acteurs américains
Brad Pitt,
Matt Damon,
Don Cheadle et
Jerry Weintraub,
dans le but d'attirer l'attention sur la guerre civile du Darfour et de faire
réagir les gens pour aider les populations dévastées.
Cette association s'appelle Not On
Our Watch70(*).
- Approche géostratégique de la
diplomatie de Karthoum
Il y a effectivement une montée en
puissance du côté de Khartoum. On fait intervenir le Parlement
soudanais, non pas directement le président de la République.
C'est une façon d'émousser un peu la déclaration de dire
que le Soudan du sud est un pays ennemi et là, ce sont les sudistes qui
rétorquent de manière à calmer le jeu, qu'ils restent amis
avec le peuple du Nord, que c'est un pays frère. Ils essayent de faire
retomber la pression. Alors qu'au Nord, c'est un peu « la patrie est
en danger ». On essaye de faire jouer la fibre nationaliste, de
soulever la population comme on l'a déjà fait à plusieurs
reprises dans le passé en faisant croire qu'il y a un danger national,
et non pas un conflit d'intérêts entre les groupes dirigeants du
Nord et du Sud. Il se peut qu'il y ait encore des actes
militaires. Certains dans l'état-major et les politiciens
idéologues du Nord peuvent être tentés de faire une guerre
contre le Sud pour unifier le Nord, pour éviter qu'il se
désagrège. D'un autre côté, est-ce qu'il y
a un véritable soutient populaire au Nord pour aller se battre au Sud ?
Non, ce temps-là est fini. Ainsi, ce que le Nord peut faire plus
facilement, c'est soudoyer des tribus du Sud, les amener à se battre les
unes contre les autres.
Section 4 :
Recommandations
III.4.1 : Réduire
la forte dépendance au pétrole, moteur de l'instabilité et
ouvrir le pays à la perspective d'une économie basée sur
l'agriculture
Les combats, qui ont déjà fait des
centaines de morts et des dizaines de milliers de réfugiés, ont
contraint certaines sociétés comme la compagnie d'État
chinoise China National Petroleum Corp (CNPC) à
évacuer tout leur personnel et interrompre leur production, affectant
ainsi durement les revenus du Soudan du Sud selon le ministre des Finances. Le
géant CNPC, devenu au fil des ans le principal opérateur
pétrolier au Soudan, s'est installé dans le pays après que
Total, la compagnie française qui dispose des droits sur une partie des
réserves pétrolières soudanaises, ait dû se retirer
dans les années 80 après des prises d'otages et des attaques de
ses installations.
Ces combats, combinés au retrait de CNPC,
risquent de décourager d'autres investisseurs et de paralyser
entièrement l'industrie pétrolière pour des
décennies, craignent d'ores et déjà les
spécialistes. En effet, lorsque le Soudan du Sud est devenu un pays
indépendant en 2011, les 350 000 barils produits
quotidiennement sont instantanément devenus un élément
vital de l'économie du nouveau pays. Par ailleurs, 12 mois plus tard, le
président Salva Kiir annonçait que 4 milliards de dollars de
fonds publics, soit un tiers des revenus pétroliers entre 2005 et 2011,
avaient été détournés. Ainsi, au vu de la situation
actuelle, le risque n'est plus la corruption, mais l'endommagement des
infrastructures sur le long terme.
Déjà en 2012, les premiers accrochages
militaires entre les deux pays ont entraîné l'arrêt
temporaire de la production sur le site d'Hegleig, dans l'État de
l'Unité au nord du Soudan du Sud, qui assure environ la moitié de
la production du pays. Les dépenses de remise en état des
infrastructures, non budgétisés, et l'escalade des combats dans
les États du Kordofan méridional et du Nil bleu sont venues ainsi
aggraver une crise budgétaire naissante.
Le Soudan du Sud devrait donc en plus d'investir dans
des nouvelles infrastructures, rechercher également des solutions afin
de réduire sa dépendance au pétrole et se concentrer sur
d'autres domaines en l'occurence, celui de l'agriculture. Cela d'autant plus
que la production pétrolière devrait, selon les analystes,
baisser de 66% d'ici 2020. L'agriculture constitue donc une des grandes
solutions pour ce jeune État. L'agriculture offre en effet non seulement
des perspectives commerciales lucratives et des possibilités d'emploi
pour la population, mais elle aide également à soulager les
besoins criants en matière de production alimentaire. De nombreux
citoyens, environ 3 millions, sont régulièrement
confrontés à l'insécurité alimentaire. Selon de
nombreux spécialistes, le Soudan du Sud est en mesure de nourrir
à lui seul sa population car il comprend de vastes superficies de terres
arables, même si des décennies de conflit ont empêché
le secteur agricole de se développer. Pour eux, l'agriculture doit
être le principal moteur de la croissance économique du pays avec
plus de 80% de la population dépendant de ce secteur. Enfin, en
développant son agriculture, le Soudan du Sud pourrait s'affranchir de
sa dépendance aux ventes de pétrole.
III.4.2 :
Promouvoir l'intérêt commun
Ce qui pourrait ralentir le
retour
du conflit armé demeure justement l'intérêt commun
par rapport à une activité pétrolière
rémunératrice. Une guerre du pétrole serait absolument
dramatique pour les deux Etats, dont les revenus dépendent à 98%
pour le Soudan du Sud et à 60% pour le Soudan, de l'or noir. Bloquer
cette activité équivaudrait pour eux à se tirer une balle
dans le pied.
L'économie du Soudan du Sud est naissante et
fragile après 20 années de conflit. La partition a fait diminuer
de 25% sa production de pétrole car Khartoum a rappelé tous ses
ouvriers et sous-traitants spécialisés. Quant au Soudan, depuis
qu'il a perdu 36% de ses revenus avec la sécession, il a dû
demander à la Banque Centrale Arabe près de 4 milliards de
dollars d'aide pour donner un peu d'air à son économie. Aucun des
deux pays n'a vraiment les moyens de se payer une guerre.
Ils continuent néanmoins à mener des combats par
milices dans les zones frontalières. Les attaques dans les zones
pétrolifères coûtent cher au secteur qui tourne au ralenti.
Selon le Soudan du Sud, après le retrait des 1.300 ouvriers soudanais,
seuls 300 travailleurs expatriés restent sur les sites. Ceux-ci
pourraient tôt au tard se lasser du conflit et de
l'insécurité.
Les deux frères ennemis n'ont d'autre choix que
de rester liés. Et la pression internationale se fait de plus en plus
forte.
III.4.3 : Les
intérêts des pays étrangers
Tous les pays intéressés par le
pétrole souhaiteraient que le pétrole coule. La Chine, la
Malaisie, l'Inde qui sont les principaux acheteurs de pétrole soudanais
doivent être un petit peu embarrassés. Ils ont tout
intérêt à ce que le Nord et le Sud calment le jeu et
travaillent ensemble. Cette vue accrédite davantage
l'hypothèse de la banalisation du Conflit au Sud Soudan.
III.4.4 : Les divergences
à aplanir
Le partage de la frontière n'est important que
dans ce que représente la frontière. Elle marque des limites aux
passages du bétail, aux champs de pétrole. Il y a des territoires
contestés comme le district d'Abyei mais tout ça est sur la
table, « connu et doit être discuté ».
Il y a aussi la monnaie. Les sudistes ont leur propre monnaie, ils ont fait la
Livre du sud. Les gens du Nord étaient furieux car il se disait
que l'argent gagné par le Sud sera mis dans la même Banque
Centrale. Il y a aussi des contentieux sur
le
partage des royalties du pétrole.
Ces deux pays voisins doivent se rendre compte
à l'évidence que le destin les condamnent à vivre
côte à côte, d'où ils doivent s'efforcer d'aplanir
les divergences afin d'offrir à leurs populations les chances d'un
avenir heureux, car ils ne se battront certes pas à toujours.
Les gens qui dirigent le pays du Nord
méprisent de manière générale les sudistes.
Ils les considèrent comme des Africains qui méritent peu de
considération. Encore récemment, Omar El-Bachir a dit qu'ils
devaient être complètement saouls quand ils ont
décidé d'arrêter de faire couler le pétrole. Cela
montre bien l'état d'esprit des gens du Nord. Là, il y a donc
une atteinte à leur dignité, à leur
supériorité, du fait que c'est le Sud qui a envahi le
Nord. Donc, il faut qu'ils inculquent une nouvelle attitude à
leur population, favorable à une paix durable dans cette
sous-région.
CONCLUSION
Lors du choix porté sur le sujet à
traiter dans le cadre de la rédaction de notre travail de fin
d'études, nous avons choisi d'évoquer le cas du conflit post
indépendance au Soudan du Sud. Ce choix est motivé par le souci
d'offrir des pistes de solution pour les jeunes Etats africains en mal
d'asseoir les bases de la construction de leurs jeunes nations au
lendemain de leur naissance.
En effet, le Soudan, l'un des pays riches d'Afrique,
doté d'une manne pétrolière très importante, a
été la cible des puissances impérialistes du Nord, en
l'occurrence les Etats-Unis d'Amérique, la Chine et tant d'autres.
Convoité pour cette richesse, la lutte que se font ces deux grandes
puissances se traduit par le conflit au Sud Soudan entre le camp Salva Kiir et
le camp Riek Machar, dont l'un et l'autre sont soutenus d'un et de l'autre
côté.
Pour aborder notre analyse de manière
objective, nous avons scindé le corps de notre sujet en trois chapitres
en exploitant la problématique suivante :
- Quelles sont les causes réelles du conflit
soudanais ?
- Quels sont les acteurs impliqués dans ce
conflit ?
- Quels sont les enjeux de la crise et les défis pour
l'instauration d'une paix durable au Soudan du Sud ?
Le problème du Sud Soudan est complexe et
se déroule dans un environnement très volatil. Ce pays connait
depuis son indépendance, une succession des gouvernements
médiocres. Ceux-là même qui ont ignoré les provinces
périphériques de la capitale, dont le Darfour, et qui
instrumentalisent aujourd'hui des miliciens à des fins
économiques.
Selon
Gérard
PRUNIER, la cause du conflit au Soudan est racioculturel, les Arabes
sont minoritaires et les islamistes ne sont que l'ultime incarnation historique
de leur domination ethno régionale.
Or la paix entre le Nord et le Sud est en train de
se déliter rapidement. Il faut donc manipuler le tracé frontalier
Nord-Sud qui place la plus grande part du pétrole au Sud.
En cherchant à déstabiliser le
régime de Khartoum, les puissances occidentales appliquent la
règle d'or du colonialisme : «diviser pour régner».
Le Soudan des deux dernières
décennies représente une sorte de condensé indigeste de
tous les fantasmes qui ont hanté et hantent l'Occident : pouvoir
islamiste, soutien à Saddam Hussein en 1990-1991, présence
d'Oussam Ben Laden, guerre entre l'Etat central et le Sud, violations des
droits humains... Inscrit dès 1993 sur la liste américaine des
« commanditaires du terrorisme », le pays se retrouve
bientôt en première ligne face à une Amérique qui,
après l'implosion de l'URSS, exerce son hégémonie sur le
monde.
Au début des années 2000, Riek
Machar, l'ancien vice-président du Soudan accusé par le
président Salva Kiir de tentative de coup d'État affirmait que
les objectifs politiques poursuivis par chacune des parties à ce conflit
ne visent pas directement le pétrole mais concernent avant tout la
promotion d'une certaine forme d'État.
Onze ans plus tard, force est de constater que Riek
Machar s'est trompé. Le pétrole a joué et joue encore un
rôle plus que déterminant dans la construction de ce nouvel
État.
Le sous-sol sud-soudanais attise depuis bien longtemps
les convoitises. Dès 1955, un an avant l'indépendance du pays
encore sous la coupe du Royaume-Uni, le groupe américain
pétrolier Chevron débutait une campagne sismique au Sud-Soudan.
Elle sera couronnée de succès au milieu des années 1970,
avec la découverte de gisements très importants notamment du
côté de Bentiu. Chevron se retire néanmoins du pays en
février 1984 après l'assassinat de trois ouvriers du géant
américain. Cela n'empêche pas d'autres compagnies de s'immiscer
dans le jeu.
La volonté des USA d'empêcher
l'influence croissante de la Chine dans l'exploitation du pétrole
soudanais, les pousse à des manipulations qui ont entrainé cette
guerre civile. En effet, la Chine qui n'entend nullement perdre ses
intérêts au Soudan serait prête à se servir de
l'enjeu de la rébellion interne en soutenant l'opposition pour tenter de
renverser le pouvoir en place ou d'obtenir par la pression de concessions qui
garantissent sa présence au Sud soudan.
Si demain, Khartoum annonce qu'il arrête
de commercer avec la Chine, plus personne ne parlera du conflit au Soudan.
Cette sorte d'aventure des grandes puissances
autour des ressources des pays du Sud, nous a conduit à faire des
recommandations. Les leaders politiques de ce jeune pays doivent se rendre
compte à l'évidence que le destin des millions des soudanais ne
devrait pas être placé à l'autel du sacrifice à
cause des intérêts individuels et des minorités. Les pays
africains doivent davantage se préoccuper de reconstruire la
réelle solidarité africaine, seule alternative pour permettre
à cette Afrique victime de l'hégémonie nordiste, de
résister, afin de bâtir son destin. Autrement, l'Afrique reste le
continent le plus reculé de la planète tant sur le plan politique
que social.
La diplomatie africaine doit être rendue
plus efficace pour conforter la place et les prises de position du continent
dans les grands salons internationaux où se décide le sort de
l'humanité. Les études et recherches doivent abordées dans
cette perspective pour donner la chance à ce continent de
s'épanouir à l'heure actuelle de la mondialisation.
BIBLIOGRAPHIE
I. Ouvrages
1. ARON R. Paix et guerre entre les nations,
Calmann-Lévy, Paris, 1962.
2. BRAILLARD P et DJALILI R., Les relations
internationales, P.U.F, Paris,
1988.
3. GOUNELLE M., Relations internationales, Dalloz,
Paris, 1996.
4. GRAWITZ M., Méthodes en sciences sociales,
Dalloz, Paris, 1989.
5. HASSAN M., Les enjeux de la crise au Soudan,
Karthala, Paris, 2009.
6. Marcel L.
La
dynamique du temps et du climat, 2e édition
DUNOD, Paris,
2004.
7. MORIN, E., Pour sortir du vingtième
siècle, F. Nathan Paris, 1981 ;
8. MORGENTHAU H., Politics among nations, Alfred Knoff,
New-York, 1949.
9. MULUMBATI N., Les Relations internationales, Africa,
Lubumbashi,
2005.
10. PINTO R. Et GRAWITZ M., Méthodes des sciences
sociales, Dalloz, Paris,
1987 ;
11. RAIMBAUD M., Le Soudan : nouveaux enjeux des
puissances, Karthala,
Paris, 2011.
II. Notes de cours
1. LUKAMA M., Introduction aux études
stratégiques, L1 R.I, UCCM, 2013-2014, inédit ;
2. NGONGO N., Théories des Relations
internationales I, G2 R.I, UCCM, 2009-2010 (inédit) ;
3. NYALULERA E., Sociologie des conflits en Relations
internationales, L2 R.I, UCCM, 2013-2014, inédit.
III. Dictionnaires
1. Robert P., Le Robert, Paris, 2011 ;
2. VERRI, P., Dictionnaire du droit international des
conflits armés, CICR, Genève, 1998 ;
3. Dictionnaire universel, Hachette-Edicef, Paris,
2005.
IV. Revues et journaux
1. CORNEILLE B. « Les enjeux de la crise
soudanaise », dans Terre neuve, N°132, 08/2013 ;
2. Fabrice Weissman et Jean Hervé Bradol,
« Massacres
et démagogie », dans Libération, 23
mars 2007 ;
3. Jean-Pierre Chauveau, Afrique contemporaine, 2012
4. LUGAN B., «
Description de la guerre du
Darfour », in,
Le Monde
diplomatique, n° 0132, 2008 ;
5.
MDM, « Critique la démarche d'Urgence
Darfour », Nouvel observateur.com, 16 janvier
2014.
V. Autres documents
1. Agence de presse officielle Suna, rapporté par
AFP ;
2. Alice Ekman, chercheur spécialiste de la Chine
à l'
Institut français des relations
internationales (Ifri) ;
3. Amnesty International, Enquête à Juba,
2012 ;
4. Bernard LUGAN, Description de la guerre du Darfour,
2012 ;
5. Commission d'enquête de l'
Organisation
des Nations unies sur les violations des droits de l'homme
perpétrées au Sud Soudan ;
6. CICR, Les Conventions de Genève du 12 Août
1949, Genève, CICR, 2004 ;
7. Déclaration du Médiateur de l'Autorité
InterGouvernementale pour le Développement (IGAD), extrait de l'Agence
Reuters, 2011 ;
8. Henry Hall, spécialiste de la région
africaine et asiatique pour Critical Resource, propos recueillis sur France
24 ;
9. JEAN PAUL II, Message journée de la paix,
1er Janvier 2000 ;
10. Pagan Amum, Ministre des Affaires Etrangères Soudan
du sud, sur RFI,
février 2014 ;
11. PNUD, Rapport mondial sur le développement humain,
New York,
Septembre 2005 ;
12. Propos de Sarah Sakho et Duncan Woodside, envoyés
spéciaux de
FRANCE 24 sur les actions humanitaires au Soudan du
Sud.
VI. WEBOGRAPHIE
1. « Quel est le rôle de la Chine au
Soudan ? », Memucan B.,
www.crise au soudan, 2013 ;
2.
Rapport de L'ONU sur l'environnement politique au Soudan, 2007 ;
3. Salim S. Ahmed, Envoyé spécial de l'Union
Africaine pour le Darfour,
www.soudan.crise, 2013 ;
4. SCEAM, Lettre pastorale XIIe Assemblée
plénière, Octobre 2001 ;
5. Solidarités internationale,
www.solidariteinternationale.org,
2013 ;
6. Visite d'Omar el Bechir à Juba, 2012,
www.soudaninformation.org,
2014 ;
7.
www.notonourwatchproject.org
8. Archives
du Monde diplomatique sur la crise au Soudan, site
monde-diplomatique.fr, 20/02/2014 ;
9. Marc Lavergne « Soudan du Sud : impacts
ethniques et territoriaux d'une guerre civile en Afrique », CNRS,
site
Géoconfluences ;
TABLE DES MATIERES
Epigraphe
i
Dédicace
ii
Liste des sigles et abréviations
iv
0.
INTRODUCTION
1
0.1 Etat de la question
1
0.2 Problématique
3
0.3 Hypothèses du travail
6
0.4 Choix et intérêt du
sujet
7
0.5 Méthodes et techniques
utilisées
8
0.6 Délimitation du sujet
9
0.7 Subdivision du travail
9
CHAPITRE I : CONSIDERATIONS
GENERALES
11
Section 1 : Approche
définitionnelle
11
I.1.1 : Instabilité
11
I.1.2 : Notion de crise
11
I.1.3 : Notion de conflit et de guerre
12
Section 2 : Approche
théorique
18
I.2.1 : Les Relations internationales
18
1. Historique
18
2. Définition et portée des relations
internationales
18
2. Les principes des Relations
Internationales
20
4. Quelques grands courants de pensée en
Relations Internationales
22
5. Les acteurs des relations
internationales
24
I.2.2 : Les enjeux dans les Relations
Internationales
24
1. Les enjeux
politiques
25
2. Les enjeux
économiques et géostratégiques
26
3. Les enjeux sociaux
28
4. Les enjeux
culturels
29
CHAPITRE II : LE CONFLIT DU SOUDAN DU
SUD ET SES CONSEQUENCES
30
Section 1 : Origine et évolution du
conflit
30
II.1.1 : Acteurs impliqués dans le
conflit
30
II.1.2 : Origine du
conflit
31
II.1.3. Evolution chronologique des
événements
33
Section 2 : Conséquences et actions
humanitaires
45
II.2.1 : Conséquences du conflit
45
1.
Conséquences politiques
45
II.2.1 : Le décompte des victimes
46
II.2.2 : Les populations
déplacées
47
Section 3 : Actions humanitaires au Soudan
48
CHAPITRE III : ENJEUX GEOSTRATEGIQUE
DU CONFLIT AU SOUDAN DU SUD
52
III.3.1 : Manipulations occidentales
52
Section 2 : Les champs
pétrolifères au coeur du conflit
54
III.2.1 : Des convoitises locales et
internationales au détriment des Sud-Soudanais.
54
III.2.2: Tensions entre leaders sud soudanais
57
III.2.3 : Protection des champs
pétroliers
59
III.2.4 : Intérêts
géopolitiques
60
III.2.4.1 : Les Etats-Unis
d'Amérique
60
III.2.4.2 : La Chine
61
Section 3 : Réactions
internationales
65
III.3.1. Critique sur la mobilisation de la
Communauté internationale
65
- La Chine
67
- Les pays africains
68
- Les ONG
69
- George Clooney et son
implication
69
Section 4 :
Recommandations
71
III.4.1 : Réduire la forte
dépendance au pétrole, moteur de l'instabilité et ouvrir
le pays à la perspective d'une économie basée sur
l'agriculture
71
III.4.2 : Promouvoir l'intérêt
commun
72
III.4.3 : Les intérêts des pays
étrangers
73
III.4.4 : Les divergences à aplanir
73
CONCLUSION
75
BIBLIOGRAPHIE
79
TABLE DES MATIERES
82
ANNEXES no 1
Carte des concessions et infrastructures
pétrolières et gazières de deux Soudan.
ANNEXES no 2
Les dix Etats du Soudan du sud et les trois
régions historiques du Soudan.
ANNEXES no 3
La carte du Soudan du sud et pays
voisinages
ANNEXES no 4
* 1 HASSAN M.,
Les enjeux de la crise au Soudan, éd. Karthala, Paris, 2009, p.
43
* 2 Salim S. Ahmed,
Envoyé spécial de l'Union Africaine au Darfour,
www.soudan.crise, 10.01.2013
* 3 PINTO R.
Et GRAWITZ M., Méthodes des sciences sociales, Dalloz,
Paris, 1987, p. 137
* 4 « Quel est le
rôle de la Chine au Soudan ? », Memucan B.,
www.crise au soudan, 2013
* 5 CORNEILLE B. « Les
enjeux de la crise soudanaise », dans, Terre neuve,
N°132, 08/2013, Pp. 12-14
* 6 Commission d'enquête
de l'
Organisation
des Nations unies sur les violations des droits de l'homme
perpétrées au Soudan, 2012
* 7 PINTO R. Et GRAWITZ M.,
Op. Cit., p. 138
* 8 LUGAN B., «
Description de la guerre du
Darfour », in,
Le
Monde diplomatique, n° 0132, 2008, Pp. 23-26
* 9 GRAWITZ M.,
Méthodes en sciences sociales, Dalloz, Paris, 1989, p.
80
* 10 GRAWITZ M., Op.
cit., p. 80
* 11 MORIN, E., Pour
sortir du vingtième siècle, Ed. Fernand Nathan, Paris,
1981,p. 327
* 12 NGONGO N., Cours de
Théories des Relations internationales I, G2 R.I, UCCM,
2009-2010, inédit
* 13 Robert P., Le
Robert, Ed. Robert, Paris, 2011, p. 96
* 14 GOUNELLE M.,
Relations internationales, Ed. Dalloz, Paris, 1996, p. 48
* 15 LUKAMA M., Syllabus
d'Introduction aux études stratégiques, L1
R.I, UCCM, 2013-2014, inédit.
* 16 LUKAMA M., Op.
Cit., p. 69
* 17GAZZANO A.,
L'essentiel des Relations Internationales, Ed. Gualimo, Paris,
2010, p. 58
* 18 VERRI, P.,
Dictionnaire du droit international des conflits armés,
Ed. Presse du CICR, Genève, 1998, pp. 36-39
* 19 SCEAM, Lettre pastorale
XIIe Assemblée plénière, Octobre
2001, n°12
* 20 JEAN PAUL II, Message
journée de la paix, 1er Janvier 2000, n°8
* 21 PNUD, Rapport mondial sur
le développement humain, New York, 7 Septembre 2005
* 22 GAZZANO A.,
L'essentiel des Relations internationales, Ed. Gualimo, Paris,
2010, p. 58
* 23 VIERRI, P.,
Op.cit, p.37
* 24 LABANA L.,
Relations Internationales, Ed. P.U.K, Kinshasa, 2009, p. 123
* 25 CICR, Les
Conventions de Genève du 12 Août 1949, Genève, CICR, 2004,
p.25
* 26CICR, op-cit,
p. 39
* 27 MORGENTHAU H.,
Politics among nations, Ed. Alfred Knoff, New-York,
1949, Sp.
* 28 ARON R. Paix et
guerre entre les nations, Ed. Calman-Levy, Paris, 1962, p.17
* 29 BRAILLARD P et DJALILI R.,
Les relations internationales, Ed. P.U.F, Paris, 1988, p. 6
* 30 GOUNELLE M., Op.
cit, p. 12
* 31 Idem, p14.
* 32 Dictionnaire
universel, Ed. Hachette/Edicef, Paris, 2005, p. 151
* 33
Idem ,p153.
* 34 MULUMBATI N., Les
Relations internationales, Ed. Africa, Lubumbashi, 2005, p. 136
* 35 Idem, p. 137
* 36 MULUMBATI N.,
Op.cit, p. 141
* 37Www.
Géoinfluences, LAVERGNE M. « Soudan du Sud : impacts
ethniques et territoriaux d'une guerre civile »
* 38 www.
Géoinfluences, LAVERGNE M. « Soudan du Sud : impacts
ethniques et territoriaux d'une guerre civile »
* 39 Marcel L.
La
dynamique du temps et du climat,,
2e édition DUNOD, Paris, 2004, p.74
* 40
Déclaration du Médiateur de l'Autorité
InterGouvernementale pour le Développement (IGAD), extrait de l'Agence
Reuters, 2011
* 41
www.soudaenguerre.com,
10.01.2013
* 42 Idem
* 43
Rapport
de L'ONU sur l'environnement politique au Soudan, 2007
* 44
Fabrice Weissman et Jean Hervé Bradol,
« Massacres
et démagogie »,
dans Libération, 23 mars 2007, Pp 24-28
* 45 Fabrice Weissman et
Jean Hervé Bradol,
« Massacres
et démagogie »,
dans Libération, 23 mars 2007, Pp 29-30
* 46 Rapport
d'Amnesty International, Enquête sur les massacres à Juba.
www.juba_crime.2012
* 47Rapport d'Amnesty
International sur les crimes commis à Juba en2013
* 48 idem
* 49 Ibidem
* 50
Solidarités internationale,
www.solidariteinternationale.org,
2013
* 51 Idem
* 52
MDM,
« Critique la démarche d'Urgence
Darfour », Nouvel observateur.com, 16
janvier 2014
* 53 RAIMBAUD M., Le
Soudan : nouveaux enjeux des puissances, Ed. Karthala, Paris,
2011, p.45
* 54 Idem, p. 46
* 55 Ibidem.
* 56
www.soudandusud.petrole.com 2014
* 57 Idem.
* 58 Propos de
Sarah Sakho et Duncan Woodside, envoyés spéciaux de FRANCE 24 07
2012.
* 59 Agence de presse
officielle Suna, rapporté par AFP.
* 60 Pagan Amum, Ministre des
Affaires Etrangères Soudan du sud
www.ministère affetsoudan.2012.
* 61 Henry Hall,
spécialiste de la région africaine et asiatique pour Critical
Resource, propos recueillis sur France 24, le 12 Aout 2012.
* 62 Visite d'Omar
el Bechir à Juba, 14 Décembre 2012
* 63
« Quel est le rôle de la Chine au Soudan ? », Memucan
B.,
www.crise au soudan, 2013
* 64 Alice Ekman, chercheur
spécialiste de la Chine à l'
Institut français des relations
internationales (Ifri), Paris 03 Février 2012.
* 65 Alice Ekman, chercheur
spécialiste de la Chine à l'
Institut français des relations
internationales (Ifri)
* 66
Archives
du Monde diplomatique sur la crise au
Soudan, site monde-diplomatique.fr, 20/02/2014
* 67
Description de la guerre du
Darfour par le spécialiste de l'Afrique, Bernard
Lugan
* 68 Jean-Pierre
Chauveau, Revue de l'Afrique contemporaine, Paris Juillet 2012.
* 69
Archives
du Monde diplomatique sur la crise au
Soudan, site monde-diplomatique.fr, 20/02/2014
* 70
www.notonourwatchproject.org
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