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L'enjeu géostratégique dans l'instabilité au Soudan du sud

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par Niclette BAKAMPA TSHIABA
Université Chrétienne Cardinal Malula - Licence en Rélations Internationales 2014
  

Disponible en mode multipage

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Epigraphe

La paix en Afrique sera tributaire du degré de solidarité et de maturité politique de ses dirigeants

NYERERE Julius

Dédicace

- A mon très cher Frère Waly pour son soutien moral et financier ;

- A mon respectueux Pasteur SENGA BIBI ;

- A tous les membres des familles TSHIABA et LONGI ;

- A toute la famille EKONGO Camille ;

- A tous les membres des familles BONGWALANGA et BAALI AMBA ;

- A mon très cher futur époux Marco INKOKO ISOSANGA

- A vous tous qui, d'une manière ou d'une autre, avez apporté votre contribution à la réussite de ce travail.

BAKAMPA TSHIABA Niclette

REMERCIEMENTS

Au terme de notre cycle de Licence en Relations Internationales, à l'UNIVERSITE CHRETIENNE CARDINAL MALULA, nous saisissons cette occasion pour manifester notre sincère gratitude à toutes les personnalités de marque qui ont apporté leur contribution à notre formation universitaire.

Nous remercions toutes les autorités académiques de l'Université Chrétienne Cardinal MALULA.

Profonde gratitude au Professeur Lieutenant Général Marcellin LUKAMA qui, en dépit de ses multiples occupations, a bien voulu assurer la direction de notre mémoire, avec rigueur scientifique et l'Assistant Lieutenant KATULA MIGOGO.

Nous remercions tous les enseignants qui nous ont formés depuis le premier graduat et plus particulièrement ceux de notre Département pour la qualité de la formation.

Nous remercions tous les Assistants qui nous ont encadrés dans l'élaboration de ce travail, sans oublier la précieuse contribution de Raymond MIAMBANZILA dans nos recherches.

A vous tous, nous adressons nos remerciements.

BAKAMPA TSHIABA Niclette

Liste des sigles et abréviations

01.

ALS 

: Armée de Libération du soudan

02.

APLS 

: Armée Populaire de Libération du Soudan

03.

CNPC

: China National Petroleum Corp

04.

C.P.I.

: Cour Pénale Internationale

05.

EIA

: Agence Américaine d'Information sur l'Energie

06.

FARC

: Forces Armées Révolutionnaires de Colombie

07.

FIFA

: Fédération Internationale de Football Association

08.

FMI

: Fonds Monétaire International

09.

FRS

: Front Révolutionnaire Soudanais

10.

GNPOC

: Greater Nile Petroeum Operating Company

11.

UNHCR

: Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés

12.

IGAD

: Autorité Intergouvernementale de Développement

13.

I.T.T.

: International Telephon and Telegraph

14.

LRA

: Lord Resistant Army

15.

MLS

: Mouvement de Libération du soudan

16.

MINUS

: Mission des Nations Unies au Soudan

17.

MINUAD

: Mission des Nations Unies au Darfour

18.

ONG

: Organisation Non Gouvernementale

19.

OLP

: Organisation pour la Libération de la Palestine

20.

ONU

: Organisation des Nations Unies

21.

SPLM

: Mouvement Populaire de Libération du Soudan

22.

SPLM/A

: Mouvement/Armée Populaire de Libération du Soudan

23.

U.A

: Union Africaine

24.

RDC

: République Démocratique du Congo

25.

SLA

: Soudan Liberty Army

26.

RI

: Relations Internationales

27.

BBC

: British Broad Casting Corporation

28.

MJE

: Mouvement pour la Justice et Excellence

29.

CRID

: Club Réactionnaire International de la Croix Rouge pour le Développement de la Paix au Soudan

30.

ASL/MSL

: Army for Sudan Liberation/Mouvement Soudanais pour la Libération

31.

NBC

: North Business Corporation

32.

ABC

: American Business Chair

INTRODUCTION

0.1 Etat de la question

Le conflit soudanais qui date de plus de deux décennies, a produit plusieurs effets d'entrainement, entre autres, la création de groupes armés rebelles repliés dans certains pays voisins, notamment au Tchad, en Centrafrique, en RDC. Localisés également en territoire RD Congolais, les rebelles ougandais du LRA dirigés par le seigneur de guerre Joseph KONI, y sèment troubles, pillages et diverses exactions au détriment des populations congolaises.

Plusieurs auteurs ayant effectué des études sur la question soudanaise, il nous a paru opportun d'y jeter un regard critique afin d'en cerner davantage les contours et d'envisager de nouvelles pistes de solutions pour une paix durable dans ce pays.

Dans son ouvrage  « Les enjeux de la crise au Soudan », Mohamed Hassan1(*) dévoile les origines du paradoxe africain et rappelle que, si le Soudan abrite différentes ethnies et religions, il regorge surtout du pétrole. Selon lui, les gens qui prétendent que la crise du Soudan vient d'un problème ethnique ou religieux n'ont pas une très bonne connaissance de cette région. Cette guerre est en fait économique. Les puissances coloniales d'hier et les puissances impérialistes d'aujourd'hui sont responsables des malheurs de l'Afrique. Toute cette région, partant du Soudan jusqu'au Sénégal, partageait par le passé les mêmes origines culturelles et regorgeait des richesses.

Elle aurait pu être unie et développée si le colonialisme au 19ème siècle n'était pas venu créer des frontières arbitraires au sein de cette zone. Ces frontières sont arbitraires car elles ont été créées selon les rapports de force entre les puissances coloniales, sans tenir compte de la réalité géographique et ethnique du terrain et encore moins des désirs des peuples autochtones. Au Soudan, ce sont les colons britanniques qui, en appliquant la politique de «diviser pour régner», ont jeté les bases des conflits qui continuent de déchirer le pays.

Selon Salim Ahmed2(*), les considérations humanitaires des Etats-Unis d'Amérique et de la Grande Bretagne qui n'ont jamais hésité, comme en Irak, à infliger la souffrance et la mort pour défendre les intérêts de leurs classes capitalistes respectives, ne sont qu'un prétexte au service d'un impérialisme à la recherche de profits et du pétrole. L'impérialisme américain, en particulier, cherche à se servir des souffrances de la population du Darfour dans le but d'obtenir un embargo commercial contre le Soudan, et ce afin de porter atteinte à l'exploitation du pétrole soudanais par ses principaux rivaux, notamment la France, la Chine et la Malaisie.

La menace de l'embargo est essentiellement dirigée contre la Chine, la France, l'Inde et la Malaisie, qui ont tous des intérêts pétroliers au Soudan. Cette menace est aussi un moyen d'augmenter la pression sur le gouvernement soudanais et de renforcer les positions militaires et stratégiques des Etats-Unis dans cette partie du monde. Au nord-est du Soudan se trouvent la Mer Rouge et les terminaux pétroliers hautement stratégiques de la côte Ouest de l'Arabie Saoudite.

Ainsi, notre étude autour de cette crise entend transcender les frontières d'une crise soudano-soudanaise, pour se préoccuper en fin de compte sur son aspect dévastateur à l'égard des pays voisins, notamment la R.D.C.

0.2 Problématique

La problématique est un ensemble de problèmes qui gravitent autour d'une vérité à découvrir, à analyser et à vérifier sur le plan scientifique3(*).

Après avoir découvert d'importants gisements pétroliers, la société multinationale américaine Chevron a dû quitter le Soudan pour deux raisons. Premièrement, le pays était redevenu instable à cause de la seconde guerre civile. Deuxièmement, si les États-Unis avaient jusqu'ici entretenu d'excellentes relations avec le Soudan, le nouveau régime islamiste mis en place par Omar el-Bechir en 1989 lui était carrément hostile. Le pétrole soudanais échappait donc aux intérêts américains. La Chine est alors venue vers le Soudan avec  le message suivant : « Je vais acheter vos matières premières aux prix en vigueur sur le marché international ». Cette situation présente un avantage comparatif à la fois pour la Chine et le Soudan. La première peut disposer des ressources dont elle a besoin pour son développement tandis que le second n'est plus obligé d'emprunter de l'argent aux institutions internationales. Mais cette implication chinoise en Afrique est une première dans l'histoire. C'est cette vision qui effraie les impérialistes européens et américains, et serait selon les uns, la vraie cause de l'apocalypse au Soudan4(*).

Les origines du conflit sont discutées. Elles sont parfois supposées anciennes et dues aux tensions ethniques qui débouchent au premier conflit du Darfour de  1987.

Bien que le gouvernement soudanais affirme que le nombre de morts se situe aux environs de 10 000, trois pays, les  États-UnisIsraël et le  Canada, soupçonnent que ce conflit couvre un  génocide5(*). Ayant causé des pertes en vies humaines évaluées à environ  300 000 morts et 2,7 millions de déplacés dont 230 000 réfugiés au  Tchad et plusieurs milliers en République centrafricaine et des franges dans d'autres, et ne manquant pas d'effets d'entrainement en termes de dégâts collatéraux. La Commission d'enquête de l' Organisation des Nations Unies sur les violations des droits de l'homme perpétrées au Soudan parle de crimes contre l'humanité. Constatant que la justice soudanaise ne peut ou ne veut rien faire pour y remédier, elle transmet le dossier à la  Cour Pénale Internationale6(*).

Le premier conflit du Darfour (1987-1989) a eu lieu en raison des tensions ethniques, entre les  Fours et les Arabes. Dans cette guerre, le gouvernement central n'intervint presque pas.

Le deuxième conflit eut lieu entre 1996 et 1998. Cette fois, ce sont les  Masalits qui se soulevèrent contre les empiétements des Arabes. Les raisons du conflit sont multiples et entrelacées entre elles : une origine climatique et environnementale ; un phénomène de  sécheresse dans tout le  Sahel qui s'amplifie et de  désertification qui a commencé depuis les  années 1970 ; une explosion démographique, la population a doublé en 20 ans ; une compétition pour l'espace vital ; des  ethnies différentes, aux répartitions imbriquées. La guerre de 2003 opposait au départ les  Zaghawas aux Arabes pro-gouvernementaux pour ensuite s'étendre aux autres ethnies, les guerres du Tchad (1960-1990) et qui impliquaient les  Zaghawas (ethnie étendue du Tchad au Soudan) ont une conséquence directe sur le conflit. La découverte de ressources  pétrolières dans un pays vaste et mal unifié suscite les convoitises de grandes puissances, en particulier de la  Chine ; un pays vaste et mal unifié. Le pouvoir central néglige les peuples de la périphérie qui se révoltent. Il contrôle les conflits locaux afin de satisfaire certains de ses intérêts.

Il importe de rappeler que la région ouest soudanais où vivent 5 à 6,1 millions de personnes, a un très faible niveau de développement : seulement un tiers des filles pour 44,5 % des garçons vont à l'école primaire.

Quatre peuples principaux sont installés au Darfour : les  Fours, qui ont donné leur nom au Darfour, qui signifie en  arabe la maison de Four, les  Masalits, les  Zaghawas et les Arabes. Jusqu'à présent, le passage de chameliers arabes dans le Sud était demeuré sans incidents.

Pendant l'hiver 2002-2003, l'opposition au président soudanais  Omar El-Bechir fait entendre sa voix. Au Darfour, des attaques antigouvernementales ont lieu en janvier et sont revendiquées par la SLA. En représailles,  Khartoum laisse agir les milices arabes (les  Janjawids dirigés par Choukratalla, ancien officier de l'armée soudanaise) dans tout le Darfour. Les armées soudanaises bombardent les villages du Darfour. Les populations sont victimes de bandes armées. Des organismes internationaux et des diplomates accusent le gouvernement d'avoir armé et payé les Janjawids.

Aujourd'hui, le Soudan est divisé suite à la création de deux Etats souverains, le Soudan et le Soudan du Sud. La préoccupation est plus que jamais de cerner les enjeux de cette transformation qui, du reste, n'a pas réussi à surmonter le défi de la paix et d'envol économique dans ce vaste territoire aujourd'hui morcelé.

Dans cette perspective, notre problématique tourne autour des motivations profondes du conflit soudanais ; quels en sont les acteurs ; quels en seraient les enjeux de la crise et enfin les défis pour l'instauration d'une paix durable au Soudan.

0.3 Hypothèses du travail

L'hypothèse est une série de réponses supposées ou provisoires dans la recherche du rétablissement de la vérité, étant soumise au contrôle de l'expérience7(*).

Marc LAVERGNE considère que le conflit soudanais ne serait pas  racial, mais que le problème majeur de ce pays vient de gouvernements médiocres qui se sont succédés depuis l'indépendance. Ceux-là même qui ont ignoré les provinces périphériques de la capitale, dont le Darfour, et qui instrumentalisent aujourd'hui des milices à des fins économiques. Pour Bernard LUGAN8(*), le conflit est ancien et a pour principale raison l'ethnicisme. Les raisons économiques ne sont qu'un facteur aggravant et non déclencheur.

Selon  Gérard PRUNIER, la cause du conflit au Darfour est « racioculturelle ». Pour cet auteur, « les Arabes sont minoritaires au Soudan, les islamistes ne sont que l'ultime incarnation historique de leur domination ethno-régionale. Or, la paix entre le Nord et le Sud est en train de se déliter rapidement, il faut donc manipuler le tracé frontalier Nord-Sud qui place la plus grande part du pétrole au Sud, se préparer à la reprise éventuelle des hostilités, ancrer de solides alliances internationales et conserver le territoire en créant un cordon sanitaire ethno-régional : des monts Nouba au Kordofan et le Darfour en feraient partie. Or si les tribus nouba ont été écrasées militairement entre 1992 et 2002, le Darfour paraît beaucoup plus menaçant. Les hiérarques arabes de Khartoum veulent éviter à tout prix une brèche par laquelle les Noirs de l'Ouest s'allieraient demain avec un Sud négro-africain indépendant et pétrolier.

En cherchant à déstabiliser le régime de Khartoum, les puissances occidentales appliquent la règle d'or du colonialisme : «diviser pour régner». Durant la deuxième guerre civile, les États-Unis ont financièrement soutenu l'Armée Populaire de Libération du Soudan, un mouvement rebelle du Sud. Comme ce mouvement recevait de l'argent et des armes et que le gouvernement avait pour sa part modernisé son armée grâce aux rentrées pétrolières, le conflit dura plus de vingt années pour finalement prendre fin en 2005. La deuxième guerre civile se terminait à peine que débutait la crise du Darfour.

Il est vrai que les contradictions entre les tribus nomades et les fermiers sédentaires d'une part, la bourgeoisie régionale et l'autorité centrale d'autre part, conduisent à des affrontements meurtriers au Darfour. Il est vrai aussi que sur ce problème, le gouvernement soudanais a adopté une attitude militariste plutôt que de privilégier la voie du dialogue. Mais les puissances impérialistes amplifient le problème, afin de mobiliser l'opinion internationale et déstabiliser le régime soudanais.

Si demain, Khartoum annonce qu'il arrête de commercer avec la Chine, plus personne ne parlera du conflit au Soudan.

0.4 Choix et intérêt du sujet

Le choix que nous avons porté à ce sujet se justifie comme une question d'actualité et de curiosité scientifique aussi, en vue de faire la recherche sur la question des crises qui divisent les pays africains, en l'occurrence la crise soudanaise.

Le caractère d'actualité est dans la mesure où cette situation entre dans le lot des crises qui retardent les chances du développement de l'Afrique d'une part, et contribue à l'instabilité régionale d'autre part. Ainsi, notre analyse propose des préalables pour la sortie de crise et l'instauration d'une paix durable dans ces pays.

Quant à l'intérêt du sujet, nous proposons des réflexions sur quelques thèmes centraux des Relations internationales, notamment les acteurs et les enjeux des Relations internationales.

0.5 Méthodes et techniques utilisées

1. Méthode

Ce concept signifie « une voie envisagée pour parvenir à une vérité 9(*)».

Pour analyser d'une manière cohérente notre sujet, nous avons fait appel à la méthode dialectique. Grâce à son caractère globalisant et à ses quatre lois, nous avons ressorti une analyse objective et de manière détaillée des enjeux du conflit au Soudan.

- La loi de la réciprocité a permis de relever les points de convergence et de divergence autour du problème des conflits et des intérêts envisagés ;

- La loi de contradiction a permis de présenter une thèse, celle de la consolidation de la paix au Soudan grâce à la prise de conscience de la classe politique soudanaise. A cette thèse nous avons confronté des antithèses ;

- La loi des changements dialectiques a permis de ressortir les différents changements qui apparaissent dans l'évolution de ces événements ;

- La loi de progrès, quant à elle, a permis d'examiner les progrès significatifs intervenus dans cette évolution, ce qui nous a permis d'aboutir à la proposition des perspectives d'avenir.

2. Technique

La technique désigne l'ensemble d'outils mis à la disposition de la recherche pour la collecte de données sur terrain10(*).

Nous avons utilisé la technique documentaire en consultant plusieurs ouvrages, notes de cours, d'autres types de document ainsi que le support informatique, qui nous ont fournis la documentation essentielle pour la rédaction du présent mémoire.

0.6  Délimitation du sujet

Pour obéir aux normes scientifiques, nous avons délimité notre travail dans le temps et dans l'espace de la manière suivante :

- Dans l'espace, nous avons étudié le conflit au Soudan ;

- Dans le temps, notre travail est circonscrit dans la période allant de 2010 à 2013.

Cette période de trois années nous permet de nous imprégner des causes réelles de ce conflit, en procédant par une analyse dialectique de l'évolution de la situation sur le terrain et de l'évolution des négociations politiques et diplomatiques à l'échelle internationale. Cette approche nous aidera à élucider les pistes de solution pour des perspectives de paix durable dans ce pays et dans la sous-région.

0.7 Subdivision du travail

Hormis l'introduction et la conclusion générales, notre travail comprend trois chapitres dont chacun est scindé en sections, paragraphes, points et sous-points de la manière suivante :

- Le premier chapitre est consacré aux Considérations générales ;

- Le second présente le conflit au Soudan et ses conséquences ;

- Enfin, le troisième et dernier chapitre aborde l'analyse des enjeux géostratégiques de l'instabilité au Soudan.

CHAPITRE I : CONSIDERATIONS GENERALES

Dans ce chapitre, nous allons fournir les éléments explicatifs à travers quelques définitions (section 1) pour nous appesantir ensuite sur une approche conceptuelle en relations internationales (section 2), afin de permettre la compréhension du travail.

Section 1 : Approche définitionnelle

I.1.1 : Instabilité

Ce terme signifie « absence de stabilité », ou « absence de paix durable ». L'instabilité peut être située au niveau politique et se traduire par la fragilisation des institutions politiques du pays. Elle est sociale lorsqu'à la suite des imperfections de l'économie nationale, la misère atteint la société et contribue à la dépravation des moeurs et à l'émergence de diverses antivaleurs qui gangrènent la société. L'instabilité peut être alimentée par des perturbations d'ordre économique, social ou conjoncturel. La situation au Soudan est dominée par l'instabilité généralisée, issue des conflits politiques et ethniques.

L'instabilité, lorsqu'elle n'est pas maitrisée à temps, peut conduire à la guerre et occasionner un chaos parfois total de la situation au sein d'un Etat. C'est dans ce contexte que s'explique la situation actuelle au Soudan marquée par des divisions extrêmes et une certaine descente aux enfers constatée continuellement dans plusieurs domaines de la vie nationale, dans l'un comme dans l'autre Soudan.

I.1.2 : Notion de crise

Il en est de la guerre comme des crises. Mais qu'est-ce qu'on entend par crise ?

La conceptualisation de la crise se heurte à une double difficulté : une difficulté sémantique qui lui donne un caractère insaisissable, et une difficulté liée à l'environnement qui lui confère un caractère utopique et chronique.

Ces difficultés semblent avoir été surmontées par les recherches entreprises il y a une vingtaine d'années, s'interrogeant sur une science des crises ou la crisologie11(*).

1. Les composantes de la crise

Il faut en premier lieu noter que le concept de crise comprend quatre composantes :

- L'idée de perturbation ;

- L'idée de l'accroissement des incertitudes et des désordres ;

- L'idée de rigidification ou le jeu blocage - déblocage - déblocage ;

- L'idée de déclenchement d'activités de recherches des solutions à la crise.

Cette dernière composante fixe parfaitement le cadre théorique de notre problématique.

I.1.3 : Notion de conflit et de guerre

1. Le conflit

Nous définissons, avec le professeur NGONGO N., le conflit comme « une opposition d'intérêt quasi-permanente entre des protagonistes 12(*)».

Selon le dictionnaire Petit Robert, le conflit « est une rencontre d'éléments contraires qui s'opposent13(*) ».

Cette définition est assez large et permet d'établir une différence entre un conflit et une guerre (ou conflit armé). Tout conflit ne conduit pas strictement à un affrontement armé (ou guerre), qui est à considérer comme le degré d'un conflit qui a buté à l'impasse de compromis et aboutit à un affrontement armé ouvert.

Dans les relations internationales, les conflits peuvent être envisagés à trois niveaux : individus, Etats et Communauté internationale. Les conflits internationaux sont principalement guidés par l'impératif « d'intérêt national ».

2. La guerre ou conflit armé

La guerre est, selon M. GOUNELLE, « une activité organisée, menée au moyen d'armes sur décision des autorités étatiques, ayant pour but de contraindre la volonté d'un autre Etat, encadrée par des règles juridiques variées et entrainant un effet homicide spécifique 14(*)».

La guerre est aussi considérée comme « un acte de violence organisée visant à imposer sa volonté à l'adversaire15(*) ».

Les Etats en relations internationales, peuvent envisager la guerre comme moyen de conquête ou comme un instrument pour préserver les intérêts politiques, sociaux, économiques, culturels ou idéologiques.

2.1. Les causes de la guerre

Pour comprendre pourquoi les guerres se déclenchent, il est nécessaire d'établir la différence entre les occasions et les causes de la guerre, d'une part, les causes efficientes et les causes permissives de la guerre, et les causes nécessaires et suffisantes de la guerre, d'autre part.

Si l'occasion d'une guerre est « l'événement qui provoque le début des hostilités, de la manière accidentelle ou triviale, la cause d'une guerre est à l'inverse, « la raison sous-jacente et structurelle par laquelle une guerre devient une possibilité concrète ». Les raisons structurelles ne sont pas suffisantes en soi. La volonté politique se doit d'être présente chez au moins une des parties pour commencer les hostilités.

Les causes efficientes d'une guerre reposent sur des conditions spécifiques à une guerre donnée. C'est ainsi que des forces impérialistes américaines alimentent la violence au Soudan dans le but de renforcer leur emprise sur le pétrole, mais aussi pour le contrôle géostratégique de cette zone en vue d'empêcher la compétitivité avec la Chine.

Les causes permissives sont à imputer à la structure du système international qui, bien qu'il ne pousse pas à la guerre, ne dispose cependant d'aucune structure efficace pour contraindre les Etats à ne pas recourir à la guerre et les autorise de ce fait de manière indirecte16(*).

La Charte des Nations Unies bien qu'ayant prohibé le recours à la guerre dans les relations internationales, reconnait par ailleurs le droit de légitime défense et celui d'intervention humanitaire ou d'intervention armée dans le cadre d'application du Chapitre VII de la Charte, dans le cas où il est constaté une rupture grave à la paix et à la sécurité internationales.

La législation internationale considère un conflit armé comme « tout différend surgissant entre forces armées et impliquant l'utilisation des armes de guerre17(*)». Lorsque le différend n'entraîne pas encore l'intervention de forces armées, il peut être comme un conflit non armé pour lequel la législation internationale et ou la diplomatie prévoit des mécanismes en vue d'un règlement à l'amiable18(*).

En clair, le conflit armé s'applique à des différents types d'affrontement, c'est-à-dire à ceux qui peuvent se produire :

ü Entre eux ou plusieurs entités étatiques ;

ü Entre une entité étatique et une entité non-étatique ;

ü Entre une entité étatique et une faction dissidente ;

ü Entre deux ethnies diverses à l'intérieur d'une entité étatique.

Des conflits ont toujours existé dans le monde : « la nature humaine secrète depuis les origines des antagonismes qui débouchent sur des conflits et de guerre. Ce monde est un monde de division par l'âpreté des conflits porteurs de haines, de querelles fratricides et d'affrontements raciaux, sur fond de résurgence d'un nationalisme exacerbé ; sans oublier la montée en force de fondamentalisme religieux19(*).

Tout en se réjouissant du fait que de nos jours les guerres entre les Etats sont presque désormais inexistantes, l'on déplore toutefois que « les conflits armés qui ont lieu à l'intérieur des Etats sont malheureusement très nombreux, présent pratiquement dans tous les continents et souvent très violents »20(*).

Il est à remarquer que par rapport au passé, il y a de grands changements dans l'identité des victimes et dans la géographie de ces conflits. En effet, la plupart des victimes sont des civils et le lieu des confrontations armées se situe pour beaucoup dans le pays pauvres : « au début du XXIe siècle, la plupart des conflits ont lieu au sein des Etats et la majorité des victimes sont civiles. Le modèle géographique du conflit a évolué au fil du temps, les risques sécuritaires s'étant clairement déplacés vers les pays les plus pauvres. Entre 1946 et 1989, les pays en développement à faible revenu représentaient à peine un tiers de tous les conflits. Entre 1990 et 2003, plus de la moitié des pays et territoires en proie à des conflits violents figuraient dans le groupe des pays à faible revenu. L'Afrique représente aujourd'hui près de 40% des conflits mondiaux ainsi que bon nombre des conflits les plus sanglants de ces quinze dernières années »21(*).

2.2. Sortes de conflits armés

Les Statuts du Comité International de la Croix Rouge et le Droit international nous enseignent qu'il existe plusieurs types de conflits armés auxquels les entités sont souvent l'objet de confrontation. Ainsi, nous distinguons les conflits armés ci-après :

· Le conflit armé international

· Le conflit armé non international

a) Le conflit armé international (CAI)

D'après les Conventions de Genève initiées par le Comité International de la Croix Rouge, on parle de conflit armé international, en cas de « guerre déclarée ou de tout autre conflit armé surgissant entre deux ou plusieurs des hautes parties contractantes, même si l'état de guerre n'est pas reconnu par l'une d'elles22(*) ». Ce concept englobe également « tous les cas d'occupation de tout ou une partie du territoire d'une haute partie contractante, même si cette occupation ne rencontre aucune résistance militaire »23(*).

Ainsi, le conflit armé international peut se définir comme « une situation de rupture d'harmonie dans les rapports entre les Etats, laquelle, traduit divergence de position, un antagonisme structurel d'intérêt appliqué dans des espaces sensibles et ou vitaux 24(*)». Ce qui conditionne la volonté des Etats à recourir à l'emploi de la force, à la négociation ou au règlement juridique pour un dénouement provisoire ou définitif25(*).

b) Le conflit armé non international (CANI)

Le concept de conflit armé non international fait allusion selon HANS PETER GASSER, aux « affrontements entre forces gouvernementales et des rebelles »26(*).

En d'autres termes, le conflit armé non international est synonyme de « guerre civile ». Il se caractérise par l'affrontement opposant les forces armées d'un Etat à des forces armées dissident ou rebelles.

4. Les autres typologies de guerres

Il existe quatre types de guerre :

- La guerre internationale : est celle qui oppose les Etats, les unes aux autres ;

- La guerre civile : est une guerre intérieure à l'Etat, où elle oppose soit les insurgés au gouvernement légal, soit une fraction de la population à une autre ;

- La guérilla : est une forme de guerre caractérisée par le fait que les combattants n'appartiennent pas à une armée régulière, emploient contre un ennemi militairement bien organisé et supérieur, le harcèlement et la surprise pour défendre une cause politique nationale, sociale, religieuse ;

- La guerre révolutionnaire : vise à s'emparer de l'appareil étatique avec l'appui des masses populaires, afin de bouleverser complètement l'ordre politique existant.

Section 2 : Approche théorique

I.2.1 : Les Relations internationales

1. Historique

Les relations internationales étaient, avant l'avènement des Etats-Nations, considérées essentiellement comme des relations de voisinage et portaient essentiellement sur la sécurité des frontières, des approvisionnements et des débouchés. Dans cette perspective, elles étaient animées par des rois, des empereurs, des voyageurs, des marchands et des armateurs.

Avec l'avènement des Etats-Nations au 17ème siècle, les Relations Internationales étaient considérées comme l'ensemble des contacts, des liens ou des rapports entre les Etats-Nations et portaient sur les interactions étatiques sous forme de conflits et de coopération politique, économique, culturelle, stratégique, et elles étaient animées principalement par les dirigeants étatiques, les diplomates et les consuls.

Aujourd'hui, le retournement du monde a diversifié l'objet des relations internationales qui portent non seulement sur la sécurité et le bon voisinage, mais sur tous les domaines de la vie sociale. Le retournement du monde a aussi diversifié les acteurs des relations internationales qui sont constitués principalement des acteurs macro-politiques comme les Etats, les organisations internationales, les organismes non gouvernementaux, les Sociétés multinationales, les peuples, d'une part, et des acteurs micro-politiques comme les individus, les groupes et les réseaux sociaux ou transnationaux d'autre part.

2. Définition et portée des relations internationales

Plusieurs auteurs définissent selon leur entendement ce que sont les relations internationales, mais tous s'accordent du point de vue de leur fondement :

- Hans Morgenthau27(*) définit les R.I comme « la lutte pour le pouvoir et la puissance » ;

- Selon Raymond Aron28(*), il s'agit des « relations entre unités politiques » ;

- Pour Philippe Braillard et Reza M. Djalili29(*), les R.I sont « l'ensemble des relations et des communications susceptibles d'avoir une dimension politique et s'établissant entre les groupes sociaux en traversant les frontières » ;

- Max Gounelle30(*) les définit comme « les rapports et les flux sociaux de toute nature qui traversent les frontières, échappant ainsi à l'emprise d'un pouvoir unique ou auxquels participent des acteurs qui se rattachent à des sociétés étatiques différentes ».

- Toutes ces définitions ont à notre entendement, un élément de convergence, les relations internationales constituent « l'ensemble d'interactions qui dépassent les frontières d'une seule nation, d'un seul territoire étatique ».31(*)

Si, avant l'avènement des Etats-nations, les Relations internationales étaient considérées comme des relations de voisinage et dans la suite ont évolué dans le contexte des relations interétatiques, aujourd'hui, le retournement du monde a diversifié l'objet des R.I qui portent désormais sur tous les domaines de la vie des sociétés et englobent les réalités les plus universelles du champ de l'action sociale.

Nous pouvons ainsi les regrouper en deux grandes variétés :

a) Les relations interétatiques

Elles portent sur l'ensemble des contacts transfrontaliers se rapportant aux Etats et à leurs institutions ayant trait aux questions internationales.

b) Les relations transnationales

Elles se rapportent aux contacts entre les personnes et institutions privées.

2. Les principes des Relations Internationales

Sous l'influence de plusieurs facteurs et enjeux, les acteurs des R.I posent des actions qui parfois provoquent la guerre. Etant donné les conséquences désastreuses qu'entraine la guerre, ils élaborent des principes qu'ils s'imposent à respecter dans les actions qu'ils posent et dans les interactions qu'ils développent. Ceci, dans la perspective de consolider la paix dans les relations internationales, en évitant grâce à ces principes, que n'importe qui, ne fasse n'importe quoi, n'importe quand et de n'importe quelle manière.

De ce fait, les relations internationales sont commandées par plusieurs principes que nous pouvons regrouper en principes à caractère universel, régional ou à caractère national.

1. Les principes à caractère universel

Nous pouvons les regrouper en trois catégories :

- Les principes issus de la Charte des Nations Unies;

- Les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies ;

- Les traités ou accords multilatéraux conclus au sein ou hors de l'ONU

1.1 Des principes issus de la Charte des Nations Unies

Les plus importants sont :

- L'égalité souveraine des Etats ;

- La non-ingérence dans les affaires exclusives d'autres Etats ;

- L'interdiction de recours à la force dans le règlement des différends entre Etats ;

- Le règlement pacifique des conflits ;

- La réciprocité.

1.2 Des Résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU

Le Conseil qui a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales prend des résolutions dont certaines ont un caractère obligatoire tandis que d'autres sont de simples recommandations.

1.3 Des traités et accords multilatéraux

A leur égard, les Etats signataires sont, dans l'aménagement de leurs interactions, tenus de se conformer aux clauses de ces traités ou accords. (Ex. Accord de Lusaka, de Kampala, Accord-cadre d'Addis-Abeba)

2. Les principes à caractère régional

Il s'agit des principes issus des chartes des organisations régionales (charte de l'U.A, Traité de Maastricht, ...). Les résolutions que ces organisations prennent dans leur fonctionnement.

3. Les principes à caractère national

Pour autant qu'un Etat croit à l'intérêt national, il élabore des principes devant régir sa politique étrangère, auxquels ses différents représentants internationaux posent des actions et développent des interactions politiques internationales conformément à ces principes.

4. Quelques grands courants de pensée en Relations Internationales

Ils constituent la clef de compréhension du système international et du comportement des Etas sur la scène internationale, sans laquelle la complexité des questions internationales demeure une boite noire aux yeux du grand public.

Ces théories constituent la science faite et celle qui se fait dans le domaine des R.I. Elles sont nombreuses, dont les plus importantes sont les suivantes : la théorie réaliste, la théorie idéaliste, la théorie traditionnaliste ; la théorie déterministe, la théorie globale, la théorie néo-réaliste, la théorie prédictive, la théorie scientifique, la théorie systémique, la théorie du système-monde, la théorie de l'interdépendance complexe, la théorie d'intégration politique mondiale, la théorie de l'interdépendance complexe, la théorie soulignant l'importance des facteurs internes sur la politique internationale, la théorie soulignant le poids sur la politique internationale des facteurs internes à l'Etat, la théorie soulignant l'importance de l'économie sur la politique internationale, la théorie Marxiste de R.I, la théorie des communications.

Nous allons essentiellement tenter de fournir quelques éléments explicatifs des théories réaliste et idéaliste.

a) Le courant réaliste

Pour les réalistes, les relations internationales sont fondées sur une dimension conflictuelle. Selon Hans Morgenthau, les R.I en tant que lutte pour le pouvoir et la puissance, sont déterminées par le territoire, la population, les ressources économiques et militaires. Cette lutte s'exprime par et à travers les confrontations des politiques étrangères. Le jeu de forces qui en résulte, tend à imposer sur les Etats faibles les intérêts nationaux des Etats puissants qui, du fait qu'ils se menacent mutuellement, réalisent un certain équilibre entre eux. Et pour préserver cet équilibre, ils mettent en place chacun, une force dissuasive considérable.

Ainsi, selon les tenants de ce courant, la force dissuasive est l'unique garantie à la sécurité, la paix et la souveraineté de l'Etat. Il faut répondre à la force par la force pour tenir l'adversaire au respect, et il faut la domestication de la force par la menace de la force.

b) Le courant idéaliste

Celle-ci projette de réaliser la paix par la « sécurité collective ». La sécurité collective est réalisable par la renonciation à la guerre comme instrument de la politique nationale, le désarmement, l'application du droit international et la promotion de la culture de paix comme valeur universellement admise.

Cette théorie est à la fois téléologique, volontariste, rationnelle et utopique.

Téléologique, dans la mesure où elle se préoccupe de la paix comme objectif majeur à atteindre. Volontariste dans la mesure où elle propose pour promouvoir la paix, le consentement volontaire des Etats pour accepter ses recommandations. Rationnelle, parce qu'elle fonde son idéal sur l'instrument du droit international ; et utopique parce qu'elle n'accorde que peu d'attention aux faits sociaux qui se produisent dans l'environnement national et international et qui ont un impact sur la paix qu'elle se propose d'atteindre.

Sous l'influence des intérêts nationaux, les faits sociaux créent dans l'environnement, des inégalités, des tensions et des nervosités que les moyens mobilisés pour promouvoir la paix s'avèrent inopérants. Ainsi, la paix comme objectif à atteindre est souvent irréalisable.

5. Les acteurs des relations internationales

Les relations internationales sont aujourd'hui animées par plusieurs acteurs que nous pouvons regrouper en deux grandes catégories :

a) Les acteurs macro politiques

Il s'agit des acteurs qui, par des actions globales, influent sur l'organisation et le fonctionnement des relations internationales, au premier rang desquels se trouve l'Etat. Il s'agit des : Organisations internationales, organisations non gouvernementales, sociétés multinationales et des peuples.

b) Les acteurs micro politiques

Ces derniers, par des actions sectorielles, influent sur l'organisation et le fonctionnement des relations internationales. Il s'agit des individus, des groupes associatifs (ex. la FIFA) ; des groupes identitaires (ex. les FARC); des réseaux sociaux (ex. site weekileaks, facebook) ; des réseaux transnationaux (ex. groupes terroristes, maffia), des minorités ethniques ou tribales (ex. les Kurdes, les Juifs, les Tutsis) ; des groupes de pression transnationaux (ex. Les Altermondialistes); des mouvements de Libération nationale (ex. l'OLP, le Front Polissario) ; des Groupes syndicaux ; etc.

I.2.2 : Les enjeux dans les Relations Internationales

Le concept d'enjeu peut être conçu comme « Moyen mis au début d'une partie, d'une affaire et qui revient au gagnant 32(*)». C'est aussi « ce que l'on peut gagner ou perdre33(*) ».

Sous l'influence de plusieurs facteurs d'une part, et de plusieurs enjeux, d'autre part, les acteurs des relations internationales posent des actions qui parfois provoquent la guerre. Etant donné les conséquences désastreuses qu'entraine la guerre, ils négocient et concluent des traités pour y mettre fin.

Les acteurs des relations internationales, qu'ils soient macro-politiques comme les Etats, les Organisations internationales gouvernementales, les Organisations internationales non gouvernementales, les Sociétés multinationales, les peuples, ou micro politiques comme les individus, les groupes de pression, les partis politiques, les gouvernements en exil, les minorités nationales, les mouvements de libération nationale, les groupes ethniques, les collectivités territoriales, se mobilisent ou s'affrontent autour de plusieurs enjeux.

1. Les enjeux politiques

Les enjeux politiques revêtent des formes multiples. Les acteurs des Relations Internationales se mobilisent parfois pour obtenir le changement du régime politique d'un pays qu'ils trouvent incompatible avec leurs intérêts, afin de le remplacer par un autre qu'ils croient ou espèrent meilleur. Tel est le cas des Etats occidentaux au premier rang desquels se placent les Etats-Unis d'Amérique qui, depuis la tentative de l'invasion du Koweït par l'Irak de Saddam Hussein en 1990, ont mis en jeu plusieurs moyens pour obtenir le changement du régime politique irakien en 2004.

Les acteurs des Relations Internationales s'activent parfois aussi à obtenir le changement d'un Etat. Tel est le cas des Etats occidentaux avec les Etats-Unis en tête, qui se sont mobilisés pour obtenir la réunification de l'Allemagne, et pour obtenir la balkanisation de la Yougoslavie en favorisant la création de l'Etat indépendant du Kossovo.

Les acteurs des Relations Internationales s'activent également pour obtenir le changement des hommes au pouvoir dans certains pays afin de les remplacer par d'autres ou par ceux qu'ils croient ou qu'ils espèrent mieux servir leurs intérêts. Et pour obtenir ce changement, ils utilisent des moyens aussi divers que variés comme le financement des coups d'Etat, des rébellions, des révolutions, des assassinats.

Il est à noter, à propos du changement des hommes au pouvoir, que lorsque ce changement doit passer par les élections, ces dernières deviennent des enjeux auxquels ils recourent. Dans cette perspective, ils réunissent plusieurs moyens, notamment financiers, diplomatiques, politiques, médiatiques et des puissants lobbies, pour permettre à l'homme, au groupe d'hommes ou à la formation politique qu'ils estiment ou croient en mesure de défendre ou de protéger leurs intérêts, de gagner les élections34(*).

Les acteurs des Relations Internationales, mus en forces profondes, s'emploient également à obtenir le changement des décisions que les gouvernants ont prises ou s'apprêtent à prendre dans les différents domaines de la vie et qu'ils estiment contraires à leurs intérêts ou à leurs valeurs morales. De la même manière, ils mettent en jeu des moyens tant financiers que politiques, diplomatiques, le soutien des Organisations internationales, des organisations non gouvernementales, l'opinion publique nationale ou internationale, les réseaux sociaux, les populations ou les milieux des affaires, pour soutenir un régime politique, un groupe minoritaire, un mouvement dissident, voire insurrectionnel, qu'ils trouvent conformes à leurs intérêts même lorsqu'ils sont décriés ou boudés par leurs populations35(*).

2. Les enjeux économiques et géostratégiques

Les acteurs des R.I, qu'ils agissent ouvertement ou en forces profondes invisibles, qu'ils agissent par procédé coercitif ou pacifique, recourent également à des enjeux économiques.

Ils se mobilisent autour des crises économiques afin d'en tirer profit à leur manière, ou afin de les résorber rapidement par et à travers plusieurs mécanismes.

Il faut noter, à cet effet, que les enjeux économiques sont dans les relations internationales, à la base de diverses causes de violence. Les Etats peuvent être à la base du déclenchement d'un conflit armé ou non armé sous l'action des causes économiques. Dans cette perspective, un conflit peut être déclenché contre un Etat ou au sein d'un Etat pour lui arracher une partie de son territoire contenant les matières premières dont les auteurs ont besoin ou lui ouvrant l'accès à la mer. Un Etat peut aussi utiliser comme enjeu, le déclenchement d'un conflit armé contre son voisin ou d'autres Etats pour obtenir la libre circulation sur les voies qui traversent leurs territoires.

Un Etat peut également déclencher un conflit contre un autre ou d'autres Etats pour leur arracher une partie de leurs territoires afin d'accroître son espace vital ou d'assurer le leadership d'une zone stratégique.

Les Sociétés multinationales se livrent parfois aussi à la violence comme enjeu économique. Tel est le cas de la Multinationale International Téléphone and Telegraph (I.T.T) qui, pour maximiser son capital, n'a pas hésité à tuer le président du Chili qu'elle considérait nuisible à ses intérêts36(*).

Les différents groupes sociaux, acteurs des Relations Internationales, se livrent parfois à la violence sous l'action des enjeux économiques. En effet, lorsqu'ils n'arrivent pas à réunir les moyens économiques dont ils ont besoin pour mener leur lutte, ces groupes se branchent avec d'autres forces qui leur permettent de recourir à la violence. Les conflits qui opposent les groupes sociaux autour de certaines portions de terre dont le sol et le sous-sol abritent des ressources économiques riches, constituent une illustration. Les conflits à répétition au Soudan, trouvent une partie de leur réponse aux causes et enjeux économiques du pétrole qu'abritent les riches terres du Sud Soudan.

D'autres stratégies utilisées par les acteurs des Relations Internationales consistent à favoriser les échanges économiques mondiaux. Cet enjeu leur permet de créer des communautés économiques dans desquelles ils maximisent leurs intérêts. .

Ils s'intéressent également aux prix des biens sur le marché mondial. Selon leurs intérêts, de fois, ils se mobilisent pour diminuer ou stabiliser les prix. De fois, ils s'activent à les augmenter. La fixation des prix de certains produits crée une situation conflictuelle entre les acteurs des Relations Internationales lorsque certains proposent la hausse et d'autres la baisse des prix.

3. Les enjeux sociaux

En ce qui concerne les enjeux sociaux, les acteurs des Relations Internationales poursuivent l'amélioration de la qualité de vie. Cette amélioration passe principalement par l'aménagement de l'espace où les gens vivent, par le développement de l'instruction, par une bonne alimentation, par les soins de santé appropriés qui deviennent des enjeux secondaires.

Dans cette perspective, les acteurs des Relations Internationales luttent contre la pollution sous toutes ses formes, pour protéger la nature par et à travers plusieurs mesures. Ils réunissent aussi des moyens qui leur permettent de construire des hôpitaux là où il n'y en a pas de façon à permettre à tout le monde de recevoir des soins appropriés en cas de maladie. Et pour prévenir certaines maladies, ils financent des programmes de vaccination des enfants, et de la construction des logements décents, de l'aménagement des sources d'eau potable là où il n'y en a pas. Dans le domaine de la santé, il convient de noter aussi qu'une épidémie éclate, les différents acteurs déploient plusieurs synergies pour la résorber rapidement.

Il est à noter qu'en dehors des situations permanentes, il se produit dans le domaine social, des situations ponctuelles autour desquelles les différents acteurs des Relations Internationales se mobilisent. Tel est le cas de la guerre, du tremblement de terre, de l'inondation provoquée par des pluies torrentielles. Ces derniers s'organisent pour sauver ou soulager ceux qui en sont victimes et cela en leur apportant des médicaments, de la nourriture et des habits. C'est le cas de plusieurs ONG intervenant dans la crise soudanaise.

4. Les enjeux culturels

Les acteurs des Relations Internationales se concertent parfois autour d'une langue, pour la supprimer ou diminuer son influence ou son emprise ou de l'imposer, c'est-à-dire amener le plus des gens à la parler. Tel est le cas de pays membres de la Francophonie au premier rang desquels se trouve la France.

Il en est de même des religions à l'instar de l'Islam ou des idéologies, que certains cherchent à combattre et que d'autres cherchent à imposer dans certaines parties du monde.

Avec l'essor spectaculaire de la mondialisation, les pays riches tendent à imposer une nouvelle culture à l'échelle internationale, basée sur les mêmes modes de pensée, d'acte et d'attraits, configurant le monde comme un « village planétaire ».

Le conflit au Soudan du sud est basé sur plusieurs enjeux, auxquels interviennent également plusieurs acteurs.

CHAPITRE II : LE CONFLIT DU SOUDAN DU SUD ET SES CONSEQUENCES

Section 1 : Origine et évolution du conflit

II.1.1 : Acteurs impliqués dans le conflit

Les informations sur le Soudan du Sud sont moins nanties à ce jour. Peut-être les Français familiers des convulsions de l'Afrique postcoloniale se souviennent-ils que le plus jeune Etat souverain du continent noir, vaste comme l'Hexagone, peuplé de 11 millions d'âmes et doté d'un enviable pactole pétrolier,  a vu le jour en juillet 2011, de la scission, âprement négociée au terme de plus de deux décennies de carnage, entre le Soudan du maréchal-président islamiste Omar el-Bechir, inculpé par la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, perpétrés par ses soudards au Darfour, et les territoires méridionaux rebelles, majoritairement chrétiens et animistes.

Quant aux accros de l'actualité sur l'Afrique subsaharienne, ils n'ignorent pas que ce nouveau-né à la santé fragile est depuis la mi-décembre, endeuillé par le conflit meurtrier qui oppose le président Salva Kiir, d'ethnie dinka, à son ex-vice-président Riek Machar d'ethnie nuer, limogé cinq mois plus tôt au prétexte qu'il aurait alors ourdi une tentative de putsch. Le bilan de ces affrontements fait à ce stade état de plusieurs milliers de morts et 200 000 déplacés37(*).  

Le Soudan du Sud a été le théâtre d'affrontements sanglants qui ont éclaté dans la nuit du 15 au 16 décembre 2011 dans la capitale du pays, Djouba. Le président Salva Kiir a évoqué une tentative de coup d'Etat  et accusé l'ancien vice-président Riek Machar d'être à l'origine de la rébellion.  Ce dernier a confirmé à la BBC que les forces rebelles étaient réellement placées sous son commandement.  

Le 20 décembre 2011, l'ambassadeur sud-soudanais en Russie, Shol Deng Alak, a fait savoir lors d'une conférence de presse à RIA Novosti que le conflit était une tentative de coup d'Etat et non une confrontation entre les tribus peuplant le Soudan du Sud. Commandés par Machar, les rebelles se sont emparés de plusieurs villes situées dans des régions riches en pétrole.

Le 24 décembre 2011, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution prévoyant une augmentation du contingent de paix au Soudan du Sud. Ses effectifs ont été portés de 7.000 à 12.500 personnes grâce au transfert de soldats de maintien de la paix, les casques bleus déployés dans d'autres pays38(*). D'après des sources militaires concordantes, des heurts ont commencé dans la nuit de dimanche à lundi dans les casernes de l'unité spéciale Tiger en raison de divergences interethniques entre les représentants de l'ethnie Dinka et de la communauté Nuer. Des tirs de mortiers et de mitrailleuses ont résonné sans discontinuer.

Le Soudan du Sud traverse une période d'instabilité et de violence depuis le limogeage en juillet dernier par le président Salva Kiir de l'ensemble du gouvernement. Certains accusent le président de dérives dictatoriales, et dénoncent la création d'une armée personnelle autour de lui via sa garde présidentielle.

II.1.2 : Origine du conflit

Pour bien situer ce conflit, il serait important de remonter brièvement à l'histoire du conflit au Soudan et de parcourir son évolution au fil des années.

En  1972, le Sud-Soudan obtient un statut d'autonomie à l'issue d'une première guerre qui aurait fait environ 500 000 morts en 17 ans39(*). En  1983, le Sud-Soudan se révolte à nouveau à la suite de la suppression du statut d'autonomie. En fait, l'enjeu est dans les importants gisements de pétrole qui viennent d'être découverts. Cette seconde guerre va causer près de 2 millions de morts.

En  1989, une junte militaire dirigée par le Général Omar el-Béchir s'empare du pouvoir à Khartoum, alors que ceux-ci n'avaient recueilli que 10 % des voix aux élections. Si les États-Unis avaient auparavant entretenu d'excellentes relations avec le Soudan, le nouveau régime islamiste mis en place par Omar el-Bechir lui était carrément hostile.

Le conflit inter-soudanais est un conflit armé en cours depuis le  21  mai  2011 entre le  Soudan et des factions proches du  Soudan du Sud pour le contrôle de l'enclave d' Abyei, région riche en pétrole. Il fait suite au  référendum sur l'indépendance du Soudan du Sud, qui s'est déroulé du  9 au  15 janvier et qui prévoyait la scission du pays le  9  juillet  2011.

Des tensions existent depuis au moins  1956 entre le  Soudan du Sud, une population minoritairement  chrétienne et plutôt  animiste, et le reste du pays, une population à majorité  musulmane. Deux guerres se sont déjà produites entre 1955 et  1972 au cours de la  première guerre civile soudanaise et entre  1983 et  2002 au cours de la  seconde guerre civile soudanaise, ce qui débouche sur la  mission des Nations-Unies au Soudan en 2005.

Ces tensions ont une origine politique, avec une législation s'appuyant plus ou moins sur le  Droit musulman mise en place par  Khartoum et que refusent les populations du Sud, ainsi qu' économique avec l'exploitation  pétrolière dans le Sud du pays qui ne profiterait pas aux populations locales.

Un  référendum sur son indépendance est organisé dans la semaine du  9 au  15  janvier  2011. Il est validé avec un pourcentage de 98,83 % des voix. Toutefois, certains points n'ont pas été évoqués dans le  référendum : c'est le cas du « tracé exact de la  frontière », notamment dans la  région d'Abyei, ainsi que « du partage des ressources  pétrolières et leurs revenus ». Le président  Salva Kiir Mayardit déclare en mai 2011 qu'il n'y aura pas de nouvelle guerre concernant la région d'Abyei et qu'elle n'empêchera pas l'indépendance du pays.

Des affrontements entre les Nuer et les Dinka, deux groupes ethniques importants du pays, ont éclaté dans la nuit du 15 au 16 décembre 2011, dans la capitale sud-soudanaise, Juba. Depuis, les combats se sont propagés à travers le pays et les rebelles ont réussi à occuper plusieurs villes. Le président du pays Salva Kiir a alors évoqué une tentative de coup d'Etat. Issu de l'ethnie Dinka, le dirigeant en a accusé l'ancien vice-président de l'ethnie Nuer, Riek Machar, destitué il y a quelques mois.

Les autorités sud-soudanaises et les rebelles ont convenu de conclure un cessez-le-feu dans le cadre de la préparation des négociations sur le règlement du conflit dans ce pays africain40(*).

II.1.3. Evolution chronologique des événements

- 2003

Le  10  février, les rebelles du  ASL/MSL et du  MJE, attaquent et occupent  Gulu, ville du Nord-Darfour, et revendiquent une meilleure répartition des ressources et des richesses. C'est le début de la nouvelle guerre civile avec massacres et destructions de villages. Le gouvernement de Khartoum arme les nomades arabisés contre les cultivateurs noirs en exploitant les dissensions sur le contrôle des terres mais également le racisme antinoir.

Le  25  avril, les rebelles attaquent  el Fasher, la capitale régionale : 70 soldats sont tués.

En  septembre, un premier bilan des massacres fait état de plusieurs dizaines de milliers de morts. Une mère et son enfant malade meurent au camp d'Abu Shouk dans le Nord Darfour.

- 2004

Le  8  avril un cessez-le-feu, signé à  Ndjamena, est décrété, mais il n'est pas respecté et les violences se poursuivent.

En  mai, selon le journal allemand  Die Welt, la  Syrie aurait testé des  armes chimiques au Darfour ; des officiers syriens ont rencontré des représentants du gouvernement soudanais dans la banlieue de Khartoum. La délégation syrienne aurait, notamment « offert une coopération étroite dans le domaine de la guerre chimique ». De son côté, Khartoum aurait « conseillé de tester des armes chimiques sur la population » du Darfour.

Le  3  juillet, lors de la venue à Khartoum du Secrétaire Général de l' ONUKofi Annan, les autorités soudanaises se sont engagées à désarmer les milices  janjawids qui sont accusées de viols, de meurtres et de pillages dans les villages du Darfour. Les Nations Unies estiment depuis que peu de progrès avaient été enregistrés.

Le  23  juillet, l'ONU estime à 30 000 le nombre de personnes tuées en 15 mois et, plus d'un million ont été déplacées par les combats. Près de 200 000 d'entre eux se sont massés dans des camps aux conditions de vie précaires de l'autre côté de la frontière  tchadienne.

Le  30  juillet, la Résolution 156 51 du  Conseil de sécurité de l'ONU décide un  embargo sur le matériel militaire, mais à destination des milices non gouvernementales seulement.

A partir du  23  août, des discussions avec les milices ont été engagées. Organisées par l' Union Africaine, elles ont eu pour but de désarmer les milices et de garantir la sécurité des populations locales.

En  septembre, le Gouvernement américain dénonce un  génocide. Le Conseil de sécurité de l' ONU adopte une  résolution sur le Darfour. Le texte menace le Soudan de sanctions pétrolières, s'il ne remplit pas l'engagement de restaurer la sécurité au Darfour et ne coopère pas dans ce but avec l' Union Africaine. Le ministre des Affaires étrangères soudanais,  Moustafa Osman Ismaïl, fait savoir qu'il rejette ce nouveau projet de résolution.

En  octobre, l' Union Africaine envoie 3 300 soldats et en  décembre de la même année les combats s'intensifient.

- 2005

A la fin du mois de  janvier, un bombardement fait une centaine de morts et de blessés à  Changil Tobaya au nord du Darfour. L'ONU rend l'armée de l'air soudanaise responsable de ce massacre.

Le  31  janvier, la commission d'enquête internationale de l'ONU sur le  Soudan publie un rapport qui conclut que les exactions perpétrées au Darfour constituent bien « des crimes contre l'humanité », mais pas un génocide.

La Résolution 151 53 étend l'embargo au matériel militaire à destination de tout « belligérant » au Darfour. C'est cette résolution qui est violée par la Chine et la Russie.

Le  31  mars, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la résolution no 1593 54 sur la question du Darfour. Elle renvoie la situation à la  Cour Pénale Internationale pour que celle-ci engage des poursuites à l'encontre des responsables des crimes commis.

En  avril, les effectifs de la force de l' Union africaine passent à 7 000 soldats.

En  juillet, l'arrivée du leader sudiste  John Garang au poste de vice-premier ministre, en applications des accords de paix, est saluée par d'importantes acclamations dans les rues de Khartoum. Il meurt dans un accident d'hélicoptère le  31  juillet  2005.

En  décembre, des rebelles tchadiens attaquent  Adré. Le  Tchad se déclare en « état de belligérance » avec le  Soudan.

2006 Le  15  mars, le représentant spécial du  Secrétaire général de l'ONU au Soudan,  Jan Pronk, déclare que la situation au Darfour « est sombre alors que des combats ont lieu tous les jours41(*) ». Selon lui, « des miliciens montés sur des chameaux lancent des attaques contre les villages dans le sud du Darfour, ce qui a provoqué la mort de quelque 400 personnes depuis février42(*)».

Le  28  mars, le  Mouvement/Armée de libération du Soudan (MLS), principal groupe rebelle au Darfour, appelle les dirigeants présents au sommet de la  Ligue arabe, qui s'ouvre ce même jour à  Khartoum au  Soudan, à « adopter une position claire concernant la crise au Darfour, en conformité avec le  droit international » et à faire pression sur le gouvernement soudanais pour qu'il accepte le déploiement d'une  force internationale de maintien de la paix au Darfour.

Le  5  mai, l' Armée de libération du Soudan, principal mouvement de la rébellion annonce accepter l'accord de paix proposé par l' Union Africaine. L'accord de paix est signé mais les combats continuent.

Le  31  août, Le conseil de sécurité adopte la résolution 1706 55 pour prendre la relève de l'Union Africaine. Le gouvernement soudanais rejette la proposition (même si en pratique son application ne nécessite pas l'accord du gouvernement). À la faveur de cette résolution, le contingent des  Casques bleus au Darfour sera rehaussé pour atteindre un effectif global de quelque 17 300 hommes, décision contestée par le Soudan.

En  août, l'ONU vote le déploiement de 20 600 Casques bleus sur le territoire même du Darfour, mais le gouvernement soudanais refuse. En France, l'organisation  Sauver Le Darfour interpelle par voie d'affiches les candidats à la l' élection présidentielle française de 2007 et en particulier  Nicolas Sarkozy et  Ségolène Royal sur ce qu'ils comptent faire pour le Darfour s'ils sont élus.

Le  17  septembre, la journée Mondiale pour le Darfour a vu s'organiser en divers points du globe des manifestations en faveur des populations de la région ouest soudanaise. Cette mobilisation d'envergure internationale avait pour objectif celui de la sensibilisation de l'opinion publique mondiale.

Octobre/ novembre, La crise du Darfour s'étend au  Tchad voisin et à la  Centrafrique. Des cas d'attaques récurrentes dans les camps de réfugiés au Tchad sont rapportés. Les mêmes modes opératoires que ceux observés au Darfour sont employés par les milices armées. Viols de femmes et exactions commises sans distinction, notamment sur des enfants, sont à déplorer chaque semaine.

Le  22  octobre, le Soudan ordonne l'expulsion de  Jan Pronk, le représentant de  Kofi Annan.

Le  30  octobre, la République Centrafricaine accuse le Soudan d'agression.

En  décembre, au moment de son départ des  Nations UniesKoffi Annan déclara : « Soixante ans après la libération des camps de la mort nazis, trente ans après le Cambodge, la promesse du "jamais plus" sonne creux. Ils pourront avoir à répondre collectivement et individuellement pour ce qui est en train de se passer au Darfour. ». Selon l'association  Sauver Le Darfour, cette guerre aurait provoqué une épuration ethnique qui a causé plus de trois cent mille morts et plus de trois millions de personnes déplacées.

2007

Avril, un rapport de l'ONU, provisoire et non officiel, qui a été publié par le site du  New York Times et par celui du Sudantribune, dit que l'armée gouvernementale viole l'embargo (résolution 1591), et camoufle des avions en blanc avec le sigle de l'ONU « UN ».

Mai  2007 :

- La Cour Pénale Internationale (CPI) a lancé deux mandats d'arrêts internationaux contre 2 soudanais, accusés de  crimes de guerre et de  crimes contre l'humanité ;

- Ahmed Haroun, l'ancien Responsable soudanais de la Sécurité au Darfour, et actuel Secrétaire d'État aux Affaires humanitaires ;

- Ali Kosheib, l'un des principaux chefs des milices  janjawids ;

- la  Chine concède à participer à l'effort de paix par une aide technique ;

- Amnesty International publie un rapport accusant la  Chine et la  Russie de fournir du matériel au gouvernement soudanais malgré l'embargo. L'ONG publie des photos d'aéronefs soudanais de fabrication chinoise au  Darfour.

Le 17 juin, le Gouvernement français a décidé de mettre en place un pont aérien humanitaire entre Abéché et l'Est du Tchad, afin de porter assistance aux réfugiés et déplacés du Darfour.

Le 31 juillet, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a unanimement adopté une résolution autorisant le déploiement au Darfour d'une Force militaire pour assurer la sécurité des populations et garantir les accords de paix. Cette  Mission conjointe des Nations Unies et de l'Union Africaine au Darfour (MINUAD) augmentera ses effectifs à 30 600 environ (militaires essentiellement).

Le  27  octobre, des négociations organisées par l'ONU s'ouvrent à  Syrte, en Libye, entre les protagonistes du conflit.

2008

Le  20  mars, un Rapport de l' ONU déplore des attaques menées par l'Armée soudanaise et des milices qui ont fait en janvier et février « 115 victimes et provoqué le déplacement d'environ 30 000 personnes. »

En  mai, les rebelles du  MJE lancent une attaque qui est stoppée à  Ondurman aux portes de  Khartoum.

En décembre, la  MINUAD a perdu 21 membres de son personnel pendant cette première année d'opération. Selon  Alain Le RoySecrétaire Général adjoint des Nations Unies aux Opérations de maintien de la paix43(*), la situation ne s'est pas améliorée: plusieurs millions de personnes survivaient encore dans des camps et étaient dépendantes de l'aide humanitaire, et rien que ces derniers mois, 100 000 personnes supplémentaires ont été déplacés. De plus, les bombardements aériens par l'aviation gouvernementale se poursuivent, malgré un cessez-le-feu.

Un an après le début de la mise en place de la MINUAD, 63 % du personnel est déployé soit 12 374 soldats sur 19 55 3. Rien que pour 2008, l'ONU a compté 315 000 nouveaux déplacés au Darfour ou dans l'est du Tchad.

2009

Le 13 Janvier, Le gouvernement du Soudan a confirmé qu'un appareil des  Forces Armées Soudanaises a frappé des positions du  MJE dans la région de Muhajeria. Des affrontements ont opposé, le jeudi 15 janvier, dans cette même région, des membres du MJE à l' Armée de libération du Soudan.

Le 5 mars, la CPI lance un mandat d'arrêt contre le président Omar el-Béchir.

2010

Le  12  juilletOmar el-Béchir fait l'objet d'un deuxième mandat d'arrêt de la CPI, qui ajoute la qualification de génocide au premier mandat émis à son encontre.

2011

Entre le 9 et le 15 janvier, Les Sud-Soudanais se prononcent en faveur de la sécession de la région à l'issue d'un référendum. L'indépendance est formellement déclarée le 9 juillet 2011.

Le 15 décembre, une rivalité politique entre le président du Soudan du Sud Salva Kiir et son ex-vice-président Riek Machar éclate dans les rues de Juba. Depuis, le pays a sombré dans la guerre civile. 400 000 personnes ont fui les zones de combat. Les pourparlers qui se tiennent à Addis Abeba n'avancent guère et le pays est au bord de l'anarchie. D es combats éclatent à Juba entre des soldats de la garde nationale et d'autres de la garde présidentielle. Depuis quelques jours, l'agitation politique était à son comble entre le président Salva Kiir et une frange de contestataires au sein de son parti, le SPLM (Mouvement populaire de libération du Soudan).

Ce qui est d'abord présenté comme un incident isolé entre deux groupes armés devient dans la version officielle une tentative de coup d'État orchestrée par l'ex-vice-président Riek Machar. Celui-ci dément et accuse le président Salva Kiir de vouloir éliminer les contestataires. Il s'enfuit dès le 15 décembre avec quelques dizaines d'hommes pour gagner l'État de Jonglei.

Le président du Soudan du Sud  Salva Kiir Mayardit en 2007

Le  21  mai, l'Armée nordiste s'empare de la région d' Abyei grâce à l'emploi de  chars d'assaut, ce qui force les rebelles de l' APLS (Armée populaire de libération du Soudan) à battre en retraite. L'aviation nordiste bombarde également plusieurs villages dans la région, dont Todach et Tagalei. Le Nord justifie ses actes en accusant l' APLS d'avoir attaqué un convoi de troupes nordistes et de  soldats de maintien de paix de l' ONU le  19 mai, ce que cette dernière dément.

Le  22  maiKhartoum annonce la prise de la région d'Abyei et annonce sa volonté de la nettoyer des « groupes armés du Sud » selon le ministre d'État  Amin Hassan Omar. Le  Conseil de sécurité des Nations Unies appelle par ailleurs le Nord à retirer ses troupes de cette région contestée, ce que Khartoum refuse. Des milliers de civils fuient les combats et des cas de pillages et d'incendies sont rapportés dans la région selon l' ONU44(*).

Le  23  mai, le  Soudan du Sud réagit en accusant le Nord de provoquer une nouvelle  guerre civile. Le lendemain, le président soudanais  Omar el-Béchir affirme dans un discours à  Khartoum que « l' Abyei appartient au  Nord-Soudan. »

Le  25  mai, le Secrétaire Général de l'ONU,  Ban Ki-Moon, propose une nouvelle Force de maintien de la paix au  Soudan, forte de 7 000 hommes alors que dans la même journée 4 hélicoptères de l'ONU ont été la cible de tirs dans la région d' Abyei, probablement par les forces nordistes. Le lendemain,  Salva Kiir Mayardit affirme qu'il n'y aura pas de nouvelle guerre pour le contrôle de cette région contestée.

Le  28  mai, l'armée nord-soudanaise annonce la fin de ses opérations militaires dans la région. Le  31  mai  2011, les deux camps acceptent d'établir une zone démilitarisée selon l' Union Africaine, et l' Éthiopie se dit prête à envoyer des troupes de maintien de la paix si nécessaire et selon le souhait des deux camps.

Le  5  juin, les combats reprennent, cette fois-ci dans la région de Nubie, localisée également dans le  Kordofan du Sud, faisant plusieurs tués, notamment dans le village de Umm Dorain, provoquant la fuite de la population civile. Le  8  juin  2011, le Soudan du Sud appelle à un  cessez-le-feu et accuse par ailleurs le Nord d'avoir bombardé un village dans l'Etat d' Unité le 10 juin. L' APLS se dit également prête à faire face à une offensive terrestre du Nord45(*).

Le  11  juin, Khartoum accepte des pourparlers de paix avec le Sud concernant la région d' Abyei alors qu'aucun cessez-le-feu n'est toujours prévu et que les combats font toujours rage, notamment dans le  Kordofan du Sud.

Le  12  juin  2011, Khartoum, par la voix du président  Omar el-Béchir, accepte de retirer ses troupes de la région contestée avant le  9 juillet, date prévue de l'indépendance du  Soudan du Sud. Le lendemain, l' APLS accuse le Soudan d'avoir mené un nouveau bombardement sur son territoire par l'emploi de  MiG-23 et d' Antonov. Les deux camps acceptent par ailleurs dans la même journée une zone démilitarisée dans l' Abyei et l'envoi de soldats éthiopiens de maintien de la paix sous l'égide de l' Union africaine.

Le  14  juin, des miliciens sudistes locaux attaquent et tuent 7 policiers soudanais ainsi que 22 civils près de la région d' Abyei selon un porte-parole de l' APLS. Le président des  États-UnisBarack Obama, appelle par ailleurs les deux camps à un  cessez-le-feu, soulignant « qu'il n'y a pas de solution militaire » et accusant le Nord d'avoir provoqué le conflit.

Le  19  juin, alors que les combats s'intensifient, Khartoum envoie des renforts au  Kordofan du Sud, dont de nombreux véhicules blindés. Par ailleurs, l'armée soudanaise attaque également au  Darfour les rebelles de l' Armée de libération du Soudan (ALS), provoquant la mort de 27 personnes dont 19 civils selon un porte-parole de la rébellion.

Le  20  juin, les deux camps acceptent de démilitariser la zone contestée de l' Abyei et l'envoi de soldats éthiopiens de maintien de paix sous l'égide de l' ONU, mettant ainsi fin au conflit.

En septembre, les combats continuent, malgré la signature du  cessez-le-feu. Le  10  novembre  2011, 2  Antonov An-26 de l'armée de l'air soudanaise bombardent un camp dans l' État d'Unité, faisant 12 morts et blessés. Le gouvernement nordiste a dénié avoir effectué ce raid. Le 12 décembre, les deux Soudan s'affrontent à Jau, un village contesté près de la frontière commune des deux États.

2012

Le  26  février, les rebelles du  Front révolutionnaire soudanais (FRS) affirment avoir tué jusqu'à 130 soldats soudanais dans une attaque contre une garnison de l' armée soudanaise près du lac Obyad, situé à la frontière avec le  Soudan du Sud.

Mars-avril, Hélicoptères,  Antonov AN-26MiG-29 et d'autres aéronefs à la base aérienne de  El Obeid, à partir de laquelle l'armée de l'air soudanaise effectuerait ses raids. Le Sud-Soudan accuse le Nord d'avoir bombardé deux puits de pétrole, ce que  Khartoum a officiellement nié. L'incident a soulevé des craintes qu'une véritable guerre pourrait éclater.

Le  26  mars, les Nord-Soudanais bombardent l'État d' Unité au Sud-Soudan et déploient des troupes à la frontière. Les Sud-Soudanais qui ont contre-attaqué, ont pris le contrôle des champs pétrolifères de  Heglig fournissant la moitié de sa production pétrolière du Nord. Alors que  Salva Kiir, président du Sud-Soudan, a averti du déclenchement d'une guerre suite à l'escalade de violence.

Le  30  mars, de nouveaux combats signalés près de la frontière entre l' armée soudanaise et les rebelles pro-sud-soudanais.

Le  15  avril, des avions nord-soudanais bombardent le village frontalier de Heglig, capturé par les Sud-Soudanais une semaine auparavant.

Le  22  avril, le Sud-Soudan déclare s'être complètement retiré de la zone de Heglig dont les installations ont été sérieusement endommagées par les combats. Le commandant de l'armée soudanaise,  Kamal Marouf, déclare que les pertes du Sud s'élèvent à 1 200 hommes tués.

Dans la nuit du 23 au 24 avril, de nouveaux bombardements aériens jusqu'à 25 km au sud de la frontière font 16 morts et 34 blessés.

Section 2 : Conséquences et actions humanitaires

II.2.1 : Conséquences du conflit

Le conflit au Sud Soudan a produit des conséquences sur le plan politique, économique, diplomatique, militaire et humanitaire.

1. Conséquences politiques

En moins de 48 heures, le Soudan du Sud bascule dans la guerre civile. De nombreuses casernes et garnisons se déchirent. Des dizaines de milliers de personnes fuyant les combats se regroupent dans les bases des Nations Unies.

La guerre civile prend une tournure ethnique. La communauté Dinka du président Kiir et celle Nuer de son adversaire ravivent les vieilles haines. Les pays voisins et le grand parrain américain assistent impuissant au suicide de la plus jeune Nation du continent. Trois ans après son indépendance, le Soudan du Sud est en plein chaos.

Jamais sans doute Khartoum n'aurait imaginé pareil scénario. Voir le Soudan du Sud s'effondrer en quelques jours dans une guerre fratricide a de quoi réjouir les durs du régime d'Omar-el-Bechir, ceux qui n'ont jamais réellement accepté l'indépendance des sudistes.

Le conflit soudanais a fait plusieurs milliers de morts et a obligé près de 900 000 Sud-Soudanais à fuir les combats. Des massacres inter-ethniques avaient éclaté entre les deux principales communautés du pays, Dinka et Nuer, auxquelles appartiennent respectivement Salva Kiir et Riek Machar.

Le Gouvernement soudanais affirme que le nombre de morts répertoriés se situe aux environs de 10 000, mais trois pays notamment, les  États-Unis d'Amérique,  Israël et le  Canada, pour leur part d'après des enquêtes menées, arrivent de façon unanime à soupçonner que ce conflit couvre un  génocide ayant fait autant de pertes en vies humaines évaluées à environ 300 000 morts. Outre le nombre de décès, les mêmes sources avancent le nombre d'environ  2,7 millions de personnes déplacées dans leur propre pays et vers les pays voisins, dont 230 000 réfugiés au  Tchad46(*).

La Commission d'enquête de l' Organisation des Nations unies sur les violations des droits de l'homme perpétrées au Soudan parle de crimes contre l'humanité47(*). Constatant que la Justice soudanaise ne peut ou ne veut rien faire pour y remédier, elle transmet le dossier à la  Cour Pénale Internationale.

Les populations civiles, enfants y compris, subissent les attaques de  janjawids. L' ONU parle de  crime contre l'humanité, les  États-Unis parlent de  génocide.

II.2.1 : Le décompte des victimes

Selon le  Ministère des Affaires étrangères français, il y aurait probablement plus de 300 000 morts.

L' ONU estime que quelque 300 000 personnes sont mortes lors de ces combats, mais aussi en raison des attaques contre des villages et des politiques de terre brûlée48(*).

Médecins sans frontières estime qu'il y a eu 131 000 décès entre 2003 et juin 2005, dont les trois quart de maladies et famine. Le conflit aurait « baissé d'intensité », avec actuellement 200 morts par mois.

Tous ces décomptes comptabilisent les morts indirectes dues aux maladies, malnutrition et autres problèmes causés par les déplacements de population49(*).

Au mois de  juillet  2004, le  Congrès des États-Unis vote à l'unanimité une résolution pour qualifier de  génocide la guerre civile au Darfour. Se référant à une enquête faite pendant l'été 2004 dans dix-neuf camps de réfugiés soudanais au  Tchad, le Secrétaire d'État américain  Colin Powell qualifiait les événements du Darfour de génocide en septembre 2004. Les rebelles sont satisfaits de cette reconnaissance et réclament une intervention directe de la communauté internationale.

II.2.2 : Les populations déplacées

- 700 000 personnes ont été chassées de leurs foyers

De violents combats ont éclaté le 15 décembre 2013 entre les forces loyales au président Salva Kir et les combattants de l'ancien vice-président Riek Machar. Un cessez-le-feu a bien été signé en janvier, mais les combats se poursuivent. Les pourparlers de paix qui avaient repris le 25 mars ont été suspendus jusqu'à fin avril, malgré les avertissements de l'ONU.

Le président sud-soudanais, Salva Kiir, a accusé son homologue du Nord, Omar-el-Bechir, d'avoir déclaré la guerre à son pays. Une nouvelle étape dans un conflit dégageant une forte odeur de pétrole.

Les destructions, les villages rasés, la politique de terre brûlée (attaque et vol du bétail, champs incendiés) forcent les populations à partir.

- 12 camps de  réfugiés au  Tchad

- Des dizaines de camps de déplacés

- Gereida (128 000 déplacés)

- Zalingeï (95 000 déplacés)

- Kalma (91 000 déplacés)

- El-Geneïna (68 000 déplacés)

- Riyad (20 000 déplacés),

Les réfugiés sont essentiellement des femmes et des enfants. Les  ONG, le  Programme alimentaire mondial et le  Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés se plaignent du manque de sécurité qui gêne leur travail. Plusieurs travailleurs humanitaires soudanais auraient été enlevés50(*). Plusieurs miliciens  janjawids ont été condamnés par la Justice locale à la peine de mort51(*).

Environ 10.000 personnes ont trouvé refuge au Soudan sur fond de combats qui se poursuivent au Soudan du Sud, rapportent les Agences européennes se référant au Haut commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR).

Section 3 : Actions humanitaires au Soudan

SOLIDARITÉS INTERNATIONALES intervient depuis octobre 2006 au Soudan du Sud. Ses équipes répondent aux besoins vitaux des populations : à travers des solutions d'urgence pour les milliers de familles déplacées et réfugiées, et via des solutions de plus long terme pour les populations résidentes vivant dans des zones accueillant de nombreux retournés du Soudan. 
Cette ONG internationale agit donc sur ces deux fronts. D'une part, ses équipes construisent des infrastructures d'urgence (latrines, points de distribution d'eau) et distribuent des kits d'urgence (jerrican, pastilles chlorées, savons) dans les lieux de concentration de population. D'autre part, elles construisent et réhabilitent des infrastructures durables d'accès à l'eau potable (forage, château d'eau) en milieu rural et semi-urbain. Dans tous les cas, ces interventions sont accompagnées de campagnes de sensibilisation aux règles d'hygiène de base, et de formation des populations locales à la maintenance des ouvrages.

Ses principaux bénéficiaires : 65 000 victimes de guerre à Yida ; 37 000 dans le camp de Yusuf Batil au Soudan du Sud, parmi les contrées les plus secouées.
Zones d'intervention : Camp de Yida, Comté de Pariang, Unity et camp de Yusuf Batil, comté de Maban, Upper Nile

Des équipes d'urgence ont été dépêchées fin juin 2012 dans les camps de Yida (Etat de Unity) et de Yusuf Batil (Etat de Upper Nile) pour mettre en oeuvre des programmes d'urgence en Eau, Hygiène et Assainissement pour les personnes réfugiées arrivées en masse et extrêmement démunies. 
Il s'agissait d'éviter une détérioration de la situation sanitaire liée à la propagation de maladies hydriques par la construction de latrines d'urgence (500 dans le camp de Yida et 1 020 dans le camp de Yusuf Batil en l'espace de 4 mois) équipées de points de lavage des mains. Ces latrines d'urgence sont aujourd'hui peu à peu remplacées par des latrines plus permanentes. 300 latrines doivent ainsi être construites d'ici à fin Avril 2014. 
L'équipe appuyait également les ONG en charge de l'approvisionnement en eau pour améliorer la structure et la gestion des points d'eau, et assurer un stockage de qualité de l'eau. 

Depuis décembre 2012, SOLIDARITÉS INTERNATIONALES est en charge de l'approvisionnement en eau pour la moitié du camp de Batil et l'a été pour le camp de Yida à partir de février 2013 en coordination avec l'ONG en charge de l'approvisionnement dans l'autre partie du camp. L'ensemble de ces actions sont accompagnées de sessions de promotion de l'hygiène dans les lieux publics et au niveau des ménages, et d'actions pour la gestion de déchets. Grâce à ce travail, les conditions de vie dans le camp s'améliorent. Les actions doivent se poursuivre pour garantir des conditions de vie décentes à la population et mettre en place des solutions durables qui seront à terme gérées par la population de façon autonome.

Bénéficiaires : 35 000 bénéficiaires populations résidentes, déplacées et retournée 
Zones d'intervention : Fangak County (Jonglei State), Fashoda County (Upper Nile State) et Malakal (Malkal County52(*))

Depuis son arrivée au Soudan du Sud en 2006, SOLIDARITES INTERNATIONALES intervient pour réduire la morbidité et la mortalité liées aux maladies hydriques des populations très vulnérables des zones rurales et semi-urbaines dans les Etats de Unity et Upper Nile. 
Dans le cadre des programmes de 2012-2014, elle travaille pour l'amélioration de l'accès à une quantité d'eau de qualité suffisante, à travers la réhabilitation, et si nécessaire, l'extension des infrastructures hydrauliques existantes, sans oublier la sensibilisation à l'hygiène. 
Pour la gestion et la maintenance de ces points d'eau, l'équipe s'appuie sur les comités de gestion de l'eau en renforçant leurs capacités. Ces interventions visent non seulement à répondre aux besoins actuels de ces populations mais tentent également de renforcer les capacités locales existantes dans le cas où ces zones seraient amenées à accueillir des populations supplémentaires dans un futur proche.

Les bénéficiaires d'une autre équipe (Equipe 2) sont les acteurs internationaux et nationaux en eau-hygiène et assainissement et les populations de la région 
Zones d'intervention : Etats de Unity et de l'Upper Nile

Tout en étant membre du Cluster Wash au niveau national et au niveau de ces 2 Etats, SOLIDARITES INTERNATIONALES apporte un soutien à UNICEF et aux autorités locales dans la coordination des différents acteurs Wash des Etats de Unity et de l'Upper Nile. 
Les 2 membres de SOLIDARITES INTERNATIONAL qui travaillent sur ce projet sont chargés d'organiser les réunions de coordination, de faciliter les échanges d'informations entre les différents acteurs, de participer à des diagnostics de besoins et de mobiliser les acteurs pour répondre aux besoins identifiés.

Depuis 2011, SOLIDARITES INTERNATIONALES est l'une des trois ONG internationales au Soudan du Sud disposant d'un mécanisme de réponse rapide aux urgences soutenu par ECHO. Ce dispositif permet de déployer une équipe spécialisée très rapidement sur le terrain pour procéder aux diagnostics des besoins et initier, selon leur pertinence, la mise en oeuvre de réponses d'urgence immédiates dans les domaines de l'eau, l'hygiène et l'assainissement.

CHAPITRE III : ENJEUX GEOSTRATEGIQUE DU CONFLIT AU SOUDAN DU SUD

III.3.1 : Manipulations occidentales

D'après les analyses de l'ancien Ambassadeur français au Soudan, Michel Raimbaud53(*), et le conflit au Sud Soudan, les facteurs qui ont conduit à la sécession dans ce pays, après le référendum d'autodétermination du 9 juillet 2011, ayant entériné l'existence de deux Etats (la République du Soudan du Sud et la République du Soudan), le Sud, en révolte depuis 1955, a été choisi comme « terrain d'approche par les puissances occidentales, notamment les Etats-Unis, pour déstabiliser le régime de Karthoum ». Son analyse, souvent à contre-courant, de la situation depuis l'arrivée au pouvoir du général Omar Al-Béchir, en 1989, constitue l'aspect le plus novateur54(*).

« Le Soudan des deux dernières décennies représente une sorte de condensé indigeste de tous les fantasmes qui ont hanté et hantent l'Occident » : pouvoir islamiste, soutien à Saddam Hussein en 1990-1991, présence d'Oussama Ben Laden, guerre entre l'Etat central et le Sud, violations des droits humains... Inscrit dès 1993 sur la liste américaine des « commanditaires du terrorisme », le pays se retrouve bientôt en première ligne face à une Amérique qui, après l'implosion de l'URSS, exerce son hégémonie sur le monde.

Encouragé par certains gouvernements occidentaux, dont celui de la France, à opérer une ouverture politique, le pouvoir de Khartoum abandonne vers 1998 « le monolithisme des débuts pour un certain pluralisme et renonce à la tentation d'une islamisation brutale pour accepter la réalité multiculturelle et multireligieuse du pays 55(*)». Après le 11 septembre 2001, il accepte de s'engager dans une coopération active avec les Etats-Unis, et c'est dans ce climat nouveau que s'ouvrent des négociations pour sortir de l'impasse au Sud-Soudan, en 2003. Mais la crise au Darfour les entrave.

Néanmoins, la paix est signée en 2005. Il en résultera la sécession ; une victoire, selon l'auteur, de la diplomatie américaine et, parallèlement, d'Israël, directement intéressé au démembrement du géant arabo-africain et allié actif de Juba, la toute jeune capitale de la République du Soudan du Sud. Pourtant, John Garang, le dirigeant du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (SPLM/A), qui avait engagé la lutte au Sud en 1983, ne s'était pas battu pour la sécession mais pour un pays uni, laïque et pluraliste. Décédé dans un « accident » d'hélicoptère en 2005, alors qu'il venait d'être investi vice-président, il fut remplacé par son plus proche collaborateur, M. Salva Kiir, qui, lui, se situa aussitôt dans la perspective de l'indépendance. Il y fut aidé par une campagne politico-médiatique internationale qui présentait l'antagonisme entre le Nord (majoritairement musulman) et le Sud (majoritairement chrétien) comme un conflit ethnique et religieux, et ce au prix « d'une falsification des données démographiques et religieuses ». La partition qui ne règle pas tous les litiges serait ainsi avant tout un nouvel avertissement pour le monde arabo-musulman. Malgré la banalisation des régimes islamiques au Maghreb et en Egypte, la République du Soudan fait toujours l'objet de sanctions économiques et commerciales.

Section 2 : Les champs pétrolifères au coeur du conflit

« Un mois après le début des violences armées au Soudan du Sud, plus jeune État au monde né en juillet 2011, beaucoup craignent déjà les conséquences sur l'économie, notamment au niveau de la production pétrolière. Une production pétrolière qui compte pour 95% dans les revenus du pays et dont dépend le Soudan voisin qui en tire d'importants revenus en taxant fortement l'acheminement du pétrole à travers son territoire par des oléoducs. Les exploitations pétrolières sont situées à la lisière entre les deux Soudan, avec 80% des réserves côté Sud, mais l'exploitation est principalement tournée vers le nord56(*)».

III.2.1 : Des convoitises locales et internationales au détriment des Sud-Soudanais.

Au début des années 2000, Riek Machar, l'ancien vice-président du Soudan accusé par le président Salva Kiir de tentative de coup d'État le 15 décembre 2011, affirmait la chose suivante?: «Les objectifs politiques poursuivis par chacune des parties à ce conflit (entre Nord et Sud-Soudan) ne visent pas directement le pétrole mais concernent avant tout la promotion d'une certaine forme d'État57(*)»

Onze ans plus tard, force est de constater que Riek Machar s'est trompé. Le pétrole a joué et joue encore un rôle plus que déterminant dans la construction du nouvel État né le 11 juillet 2011, et singulièrement depuis le début de la guerre civile qui frappe le nouvel Etat.

«Certains puits de pétrole sont aux mains des soldats fidèles à l'ancien vice-président et nous craignons qu'ils ne provoquent des dégâts sur les installations et l'environnement», a ainsi confirmé à Reuters le Ministre du Pétrole, Stephen Dhieu Dau. Des dégâts qui auraient des conséquences désastreuses pour le pays dont les recettes dépendent à 98% de l'or noir exploité par des compagnies pétrolières étrangères.

Aussi l'intérêt des Nations unies (qui veulent déployer 6?000 casques bleus supplémentaires) n'est-il pas innocent. Le sous-sol sud-soudanais attise depuis bien longtemps les convoitises. Dès 1955, un an avant l'indépendance du pays encore sous la coupe du Royaume-Uni, le groupe américain pétrolier Chevron débutait une campagne sismique au Sud-Soudan. Elle sera couronnée de succès au milieu des années 1970, avec la découverte de gisements très importants, notamment du côté de Bentiu. Chevron se retire néanmoins du pays en février 1984, après l'assassinat de trois ouvriers du géant américain. Cela n'empêche pas d'autres compagnies de s'immiscer dans le jeu.

Le canadien Talisman Energy (ancien BP Canada) se positionne dès le début des années 1990 et possède, en 1998, 25% des parts du gâteau dans un projet de prospection et d'exploitation du pétrole au sein du consortium GNPOC (Greater Nile Petroleum Operating Company). Deux autres grandes compagnies étrangères détiennent le reste de la quasi-totalité des parts du consortium?: la Compagnie nationale chinoise (CNPC) avec 40% des parts et la compagnie nationale malaise Petronas avec 30%. Les derniers 5% revenant à la Sudapet, la compagnie nationale soudanaise.

En 2003, sous la pression des États-Unis accusant le Soudan de ne pas respecter les droits de l'homme, Talisman se désengagera en signant un accord avec la compagnie nationale indienne ONGC Videsh Ltd, lui transférant sa participation pour 750 millions de dollars.

Mais ce geste est rare. Pendant que la guerre civile fait rage, faisant au total plus de 2 millions de morts et 4 millions de déplacés, ces compagnies étrangères et singulièrement les compagnies occidentales continuent de fermer les yeux sur les massacres perpétrés par le régime militaro-islamiste de Khartoum dont les recettes pétrolières servent essentiellement à s'armer. Quand en août 1999, un oléoduc de 1?600 kilomètres est inauguré en présence d'Omar El Bechir, le président putschiste soudanais, c'est toute l'ingénierie occidentale qui se salit. Les Canadiens de Denim Pipeline Construction Ltd sont les maîtres d'oeuvre du projet. Les compagnies britanniques Weir Pumps Ltd et Allen Power Engineering fournissent les pompes de l'oléoduc. L'allemand Mannesmann assure 500 kilomètres de tuyauterie et la maintenance. Enfin, les Hollandais de la Royal Dutch Shell dirigent une raffinerie à Port-Soudan où le brut est transformé.

Si depuis lors des compagnies se sont retirées devant l'insécurité croissante, d'autres restent bien en place. Malgré plusieurs enlèvements et meurtres de ressortissants chinois depuis 2008, la CNPC continue d'exploiter le sous-sol sud-soudanais et de fermer les yeux sur les multiples violations des droits de l'homme commises aussi bien au Sud qu'au Nord. L'argent que génère le pétrole pose aussi la question de la corruption des tenants du pouvoir. Si le Nord est champion en la matière, les nouvelles élites du Soudan du Sud ne sont pas en reste. Aujourd'hui, c'est entre 300 et 500 millions de dollars par mois qui arrivent dans les caisses du jeune État. Mais qui gère cet argent?? Et comment est-il redistribué?? Mystère... dans la récente crise politique, débordant en conflit ethnique, le pétrole mais surtout les pétrodollars qu'il génère sont bel et bien au centre du débat.

III.2.2: Tensions entre leaders sud soudanais

Riek Machar, le leader des rebelles souhaitait reprendre Malakal, la deuxième ville du pays, située dans l'État pétrolier du Haut-Nil (nord-est). La ville a été prise début mars par les rebelles, puis reprise par les forces du président Salva Kiir. Les civils ont payé un lourd tribut, la commune est aujourd'hui une ville  fantôme58(*).

Riek Machar a également mis en garde l'IGAD, l'Autorité intergouvernementale de développement (l'organisation des pays de la région), contre un déploiement de soldats sur les  champs de pétrole : « Ils n'ont pas le droit de se déployer autour des champs pétrolifères, ils sont aux Sud-soudanais, a affirmé le chef des rebelles. Nous nous sommes battus pour être indépendants. S'ils veulent nous coloniser, nous nous battrons contre eux ».

Les deux camps se disputent depuis plusieurs semaines certaines villes stratégiques, dont Bor dans l'Etat de Jonglei et Malakal, la capitale de l'Etat pétrolier du Haut-Nil. Depuis l'indépendance du Soudan du Sud, aucun accord n'a encore été trouvé entre le Nord et le Sud au sujet du pétrole. Le Sud dispose des ressources, le Nord des infrastructures, et les deux se querellent sur des questions de taxes de transport.

Mise à jour du 29 avril 2012: Le Soudan a déclaré l'état d'urgence, le dimanche 29 avril, le long de sa frontière avec le Soudan du Sud59(*). Cette mesure entraîne un embargo commercial à l'encontre de Juba, la capitale du Soudan du Sud, et la suspension de la Constitution dans les régions frontalières, ...

    Blocage des exportations, taxe en nature, fermeture des oléoducs. Depuis la sécession du  Soudan du Sud, les menaces, les injonctions et les mesures radicales se multiplient entre les deux pays quand il s'agit de l'or noir.

Les tensions ont pris une ampleur supérieure quand  Khartoum a bloqué quatre pétroliers chargé d'or noir sud-soudanais à Port Soudan au  début de l'année. Malgré l'annonce de  leur libération, les parties ne s'entendent toujours pas.

Depuis le début du conflit entre le Nord et le Sud soudanais, le pétrole a toujours été le nerf de la guerre. Il faut dire que la situation s'y prête, le Soudan avant la sécession était le sixième exportateur de brut du continent africain avec près de 500.000 barils par jour.

Mais les richesses sont mal réparties sur le territoire: le Sud détient près des trois quarts des champs pétrolifères et le Nord, toutes les infrastructures. Les deux pays n'ont donc plus qu'à agir en bons gentlemen et à travailler ensemble.

Khartoum réclame pour chaque baril de pétrole du Soudan du Sud transitant par ses infrastructures, une taxe de 36 dollars, soit dix fois le tarif pratiqué dans le secteur. A cela s'ajoutent aussi les 727 millions de dollars de frais de port que le Soudan du Sud aurait dû payer depuis son indépendance.

«Extorsion», selon Juba, qui rétorque que Khartoum aurait confisqué certains revenus pétroliers du Soudan du Sud. «Khartoum a pris nos revenus pétroliers de mai, juin et juillet sans nous payer60(*)».

La décision unilatérale du Soudan de bloquer quatre pétroliers ne fait qu'ajouter de l'huile sur le feu. En réaction, Juba a fermé 900 puits de pétrole et a stoppé sa production. Au final, lors du sommet des chefs d'Etat de l'Union Africaine, sous pression internationale notamment de l'Ethiopie et du  Kenya, Khartoum a cédé et décidé de libérer les navires. Mais la blessure n'est pas cicatrisée.

«La République du Soudan du Sud prendra toutes les mesures légales pour retrouver et punir les compagnies qui ont acheté le pétrole volé», a conclu Pagan Amum.

Depuis la séparation, le Nord et le Sud s'affrontent sur la répartition des revenus pétroliers. Une question d'autant plus vitale que l'économie des deux pays dépend quasi exclusivement de la manne de l'or noir. L'accord sur l'indépendance du Sud prévoit qu'en théorie les deux États doivent recevoir chacun 50 % de l'argent provenant de la vente de l'hydrocarbure soudanais. Mais ni le Sud, où sont situés plus de 80 % des champs de pétrole et qui produit l'essentiel des 500 000 barrils de brut par jour (b/j.), ni Khartoum, qui contrôle tous les moyens de raffineries et d'exportation de pétrole, ne s'en satisfont.

C'est de cette interdépendance subie qu'est né le conflit actuel. Le problème central est que le Soudan du Sud juge, à tort ou à raison, que le Khartoum lui impose des taxes trop élevées pour utiliser son pipeline61(*)Une situation qui pousse le Sud à tenter de contourner le voisin honni et construisant un pipeline passant par le Kenya et l'Ouganda, au grand damme de Khartoum.

III.2.3 : Protection des champs pétroliers

Le Soudan du Sud et le Soudan envisagent de déployer une « force mixte » pour protéger les champs pétroliers, a annoncé le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Ahmed Karti, à l'issue d'une visite express du président soudanais Omar el-Béchir à Juba. M. Béchir a plaidé la cause de la paix dans un pays qui a fait sécession du Soudan, il y a deux ans et demi, mais reste un partenaire économique important : le Soudan du Sud a hérité de l'immense majorité des réserves pétrolières du Soudan d'avant partition, mais reste tributaire des oléoducs du Nord pour exporter. Les frais de passages payés à Khartoum sont essentiels à l'économie soudanaise vacillante. La paix et la sécurité doivent régner au Soudan du Sud. Notre visite a pour but d'apporter la paix au Soudan du Sud, à nos frères et soeurs sud-soudanais. Notre relation est très importante, a déclaré M. Béchir devant la presse, lors d'une visite à Juba.62(*)

III.2.4 : Intérêts géopolitiques

III.2.4.1 : Les Etats-Unis d'Amérique

Washington souhaiterait que Kiir libère 11 prisonniers politiques afin de faire avancer les négociations en cours en Ethiopie car l'objectif premier est de parvenir à un cessez-le-feu. Les sénateurs ont prêté une oreille attentive aux déclarations des experts, car des intérêts géopolitiques sont en jeu : la majorité chrétienne du sud s'est séparée du nord musulman, les Américains ne veulent donc pas voir les extrémistes islamistes profiter du conflit pour s'infiltrer dans la place, comme ils l'ont fait ailleurs dans la région. 

C'est pourquoi Washington tout en excluant l'envoi de troupes au sol pour rétablir l'ordre, pourrait envisager de fournir une aide militaire à des pays tels que l'Ouganda, l'Ethiopie ou le Kenya pour le faire.

Le problème du pétrole n'est pas qu'une question de partage de revenus. Les ressources d'or noir les plus importantes et qui nécessitent le moins de raffinage se trouvent dans les régions frontalières revendiquées aussi bien par le Nord que par le Sud. C'est ainsi que le Soudan du Sud s'est attiré les foudres de la communauté internationale lorsqu'il a pris militairement le contrôle, le 10 avril, de l'important champ pétrolier de Heglig appartenant au Nord. Sous la pression internationale, les forces armées de Salva Kiir se sont retirées du site le 20 avril. Dans la foulée, le président du Soudan, Omar el-Béchir, s'est  rendu sur place, où il a déclaré qu'il fallait négocier avec le Soudan du Sud à l'aide "de fusils et des balles».

Après avoir découvert d'importants gisements pétroliers, la société multinationale américaine Chevron a dû quitter le Soudan pour deux raisons. Premièrement, le pays était redevenu instable à cause de la seconde guerre civile. Deuxièmement, si les États-Unis avaient jusqu'ici entretenu d'excellentes relations avec le Soudan, le nouveau régime islamiste mis en place par Omar el-Bachir en 1989 lui était carrément hostile. Le pétrole soudanais échappait donc aux intérêts américains. La Chine est alors venue vers le Soudan avec  le message suivant : « Je vais vous acheter vos matières premières aux prix en vigueur sur le marché international ». Cette situation présente un avantage comparatif à la fois pour la Chine et le Soudan. La première peut disposer des ressources dont elle a besoin pour son développement tandis que le second n'est plus obligé d'emprunter de l'argent aux institutions internationales. Mais cette implication chinoise en Afrique est une première historique. C'est ce qui effraie les impérialistes européens et américains et serait la genèse de l'apocalypse au Soudan63(*).

III.2.4.2 : La Chine

Tous ces incidents et le contexte explosif de guerre du pétrole donne l'impression que le conflit armé est en effet inévitable, regrette Henry Hall. Une grande puissance a pourtant intérêt à éviter tout conflit armé au Soudan : la Chine. C'est elle qui a fait du Soudan une puissance pétrolière importante. Pékin importe 5 % de son pétrole du Soudan qui est, après l'Angola, s on deuxième fournisseur africain d'or noir.

Pour Pékin, le Soudan représente un paradis du pétrole, où les grands groupes américains n'ont pas le droit de cité. Un eldorado pétrolier qui est en train de se transformer, au fil de l'escalade militaire, en cauchemar.

- La neutralité Chinoise en question

La Chine qui exploite 40% des ressources soudanaises et a investi des milliards de dollars, n'entend pas faire les frais longtemps de ce conflit. Pékin a beaucoup investi dans l'industrie pétrolière soudanaise via le géant public China National Petroleum Corporation (CNPC) et possède des parts dans deux des trois principaux consortiums pétroliers au Soudan - Greater Nile Petroleum Operating Company (GNPOC) et Petrodar.  Selon le Fonds monétaire international (FMI), le pétrole contribue à hauteur de 90 % des exportations du Soudan, et à hauteur de 98 % pour le Soudan du Sud. En 2011, 66 % du pétrole exporté du Soudan et du Soudan du Sud était destiné à la Chine, même si cela ne représente qu'une petite partie du total des importations pétrolières chinoises, selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). Avant sa partition, le Soudan représentait la sixième plus grande source d'importation de pétrole en Chine.

Les propos tenus par le président sud-soudanais à Pékin placent les autorités chinoises dans l'embarras. Ces déclarations vont obliger la Chine à prendre position dans le conflit alors que jusqu'à présent Pékin a toujours tenté de respecter une neutralité qui ménageait ses intérêts économiques aussi bien au Sud qu'au Nord. Le rôle de médiateur est rarement dans les plans de la diplomatie chinoise, mais là, elle n'a pas le choix et se retrouve au pied du mur64(*).

« Nous espérons que les deux pays vont parvenir à résoudre leur conflit par le dialogue et les consultations, en se gardant d'actes susceptibles d'aviver les tensions », a déclaré, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Liu Weimin. Le Président chinois, Hu Jintao, a lui-même lancé un appel au calme et à la retenue au Soudan et au Soudan du Sud. Le premier perdant de l'instabilité entre les deux Soudan, c'est la Chine. Elle a vraiment intérêt à ce que la situation se calme. La vraie question est : jusqu'où est prêt à s'engager un pays qui a pour habitude de défendre le principe de non-ingérence ? « Le Soudan du Sud sert donc de laboratoire pour sa diplomatie ».

Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, a accusé le régime de Khartoum d'avoir déclaré la guerre à son pays. Une situation conflictuelle qui place la Chine, partenaire privilégiée des deux pays, dans un inconfortable rôle de médiateur.

Neuf mois après la déclaration de son indépendance, le Soudan du Sud se retrouve au bord d'un conflit que son voisin du Nord semble prêt à lui livrer  par l'odeur du pétrole alléché. C'est au cours d'un voyage à Pékin, mardi 24 avril, que  le président sud-soudanais, Salva Kiir, a affirmé que Khartoum avait «déclaré la guerre» à son pays. Accusations auxquelles le Soudan n'a toujours pas répondu. Alors que les efforts déployés par l'Union africaine (UA) pour négocier la paix sont au point mort, certains analystes commencent à se demander si la réponse ne se trouverait pas... en Chine.

Pékin, qui dispose de nombreux intérêts économiques dans les deux pays, se trouve dans une situation délicate et joue les équilibristes entre les deux capitales. D'un côté, la Chine essaie de maintenir ses liens historiques avec le Soudan, isolé diplomatiquement depuis les années 1990, dont elle est le premier partenaire économique. C'est elle qui a aidé Khartoum à devenir un important exportateur de pétrole. De l'autre, depuis les accords de paix en 2005, elle prend soin de s'attirer les bonnes grâces des Sudistes, ceux-là même qui sabotaient ses installations pétrolières il y a peu.

David Shinn, ancien ambassadeur américain et professeur de relations internationales spécialisé dans les relations Chine-Afrique, estime que Pékin va jouer un rôle mais « derrière le rideau ».

La Chine va tout faire sauf se positionner. Cela fait très longtemps qu'elle entretient des relations avec Khartoum et investit au Nord. Elle joue aussi un rôle de plus en plus important au Soudan du Sud avec des activités de formations de travailleurs et des créations d'école. Mais parler de médiation, c'est aller un peu loin : la Chine va faire de la médiation sans employer le mot, se contentant d'appeler les deux parties au calme.

Alice Ekman rappelle que l'accroissement des intérêts chinois à l'étranger oblige Pékin a agir davantage, notamment pour protéger ses investissements et ses ressortissants. En témoigne l'évacuation en 2011 de 33 000 Chinois au moment de la guerre en Libye. Pour la chercheuse, la situation au Soudan, où travailleraient près de 15 000 Chinois, pourrait obliger la Chine à mieux évaluer les risques de son positionnement dans le monde. Quand on a des intérêts croissants à protéger à l'étranger, comme c'est le cas au Soudan, on devient naturellement plus dépendant des évolutions de situations politiques et économiques, et parfois plus vulnérable, notamment si on ne les a pas vu venir.

Mais Pékin devra-t-elle faire un choix ? David Shinn voit une porte de sortie pour Pékin : La Chine aurait déjà accepté de fournir une assistance technique pour la construction d'un nouvel oléoduc permettant au Soudan du Sud d'exporter son pétrole par le Kenya. Juba pourrait donc contourner le territoire soudanais par lequel transite actuellement toute sa production.

Section 3 : Réactions internationales

III.3.1. Critique sur la mobilisation de la Communauté internationale

- La Cour Pénale Internationale

En  mai  2007, la  Cour pénale internationale a lancé deux mandats d'arrêts internationaux contre 2 soudanais accusés de  crimes de guerre et de  crimes contre l'humanité :  Ahmed Haroun, ancien Ministre de l'Intérieur, et  Ali Kosheib, l'un des principaux chefs des milices  janjawids.

En  décembre  2007, le Procureur de la CPI a dénoncé le manque de coopération du Soudan et demandé au  Conseil de Sécurité d'adresser un message ferme et unanime aux autorités soudanaises pour leur demander d'exécuter les mandats d'arrêt. Luis Moreno-Ocampo a déclaré qu'il faut «briser le système criminel » mis en place au Soudan, car « les vies des 2,5 millions de personnes déplacées sont à la clef 65(*)».

En effet, malgré son inculpation, Ahmed Haroun a conservé son poste de Ministre d'État chargé des Affaires humanitaires. De plus il a été nommé membre du Groupe national chargé du mécanisme de surveillance de la Force hybride  ONU- Union Africaine pour le Darfour ( MINUAD).

Le Procureur de la  CPI a dit : « Le Gouvernement du Soudan défie de manière répétée l'autorité du Conseil de sécurité66(*)».

Le  14  juillet  2008, L.M Ocampo a demandé aux juges de la CPI d'émettre un mandat d'arrêt à charge d' Omar el-Béchir parce qu'il aurait commis des crimes de  génocide, des  crimes contre l'humanité et des  crimes de guerre au  Darfour.

Le  4  mars  2009, la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président soudanais,  Omar el-Béchir. Ce dernier est accusé de  crime de guerre et  crime contre l'humanité dans le cadre de la guerre civile au Darfour

L'ancien chef de la guérilla du Sud du Soudan  John Garang trouvait que l'attitude de la Communauté internationale manquait de volonté et était parfois ambiguë.

- Les Etats - Unis d'Amérique

La Secrétaire d'État  Hillary Clinton a appelé le Soudan à retirer ses troupes de la région d' Abyei et dit soutenir la proposition de l'Éthiopie. Le  15 juin, le Président  Barack Obama appelle par ailleurs les deux camps à un  cessez-le-feu, soulignant « qu'il n'y a pas de solution militaire » et en accusant le Nord d'avoir provoqué le conflit.

Washington a en outre décrété un embargo sur la vente d'armes au Soudan et contre certaines compagnies pétrolières est-africaines.  George W. Bush désirait faire passer au  Conseil de Sécurité des Nations Unies une résolution pour obtenir des mesures multilatérales.

Les États-Unis qualifient l'action des  Janjawids de  génocide et exigent des sanctions commerciales internationales contre le Soudan et parlent même d'une intervention militaire alors que l' Europe cherche une solution diplomatique.

- L'Europe

Longtemps soupçonnée de complaisance envers le Soudan, la  France est aujourd'hui en conflit larvé avec le Gouvernement de Khartoum, en raison de l'aide militaire qu'elle apporte aux gouvernements du Tchad et de la Centrafrique, en butte aux incursions de forces rebelles dont des bases de repli se situent en territoire soudanais.

En son temps, Tony Blair a déclaré être contre toute intervention militaire au Darfour, mais il soutenait l'embargo commercial mis en place par les États-Unis.

Le  25  juin  2007, le nouveau Président élu de la  République française  Nicolas Sarkozy a organisé à Paris une conférence internationale sur le Soudan réunissant les grandes puissances et les organisations internationales concernées.

- La Chine

Dans les affaires internationales, la  Chine applique au Soudan les principes de sa politique étrangère générale  à savoir ne pas s'ingérer dans les prises de décision d'un gouvernement étranger souverain. Pour elle, la crise du Sud Soudan doit être réglée par les Soudanais eux-mêmes et non sous pression étrangère. Elle est accusée par  Amnesty International de faire partie des vendeurs d'armes au Soudan depuis quelques années, ce qu'elle nie et achète 65 % de la production pétrolière soudanaise. Selon le député canadien  Maurice Vellacott, « la plupart des armes utilisées pour tuer, violer, piller et le reste sont fabriquées au Soudan dans des usines chinoises ». Vellacott critique aussi les utilisations répétées du droit de veto dont la Chine et la Russie ont fait usage concernant des résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies contraignant le Soudan à arrêter les exactions des milices. Un Rapport d' Amnesty International accuse Pékin d'avoir envoyé plus de deux cents camions de transports militaires chinois au Soudan en  août  200567(*). La  Chine s'oppose aux sanctions commerciales. Ainsi, lors de la conférence de Paris du  25  juin  2007, le vice-ministre des Affaires étrangères chinois  Liu Guijin déclare : « La communauté internationale doit s'efforcer d'envoyer un signal positif et équilibré : il ne faut pas, pour un oui ou pour un non, menacer et faire pression sur le gouvernement de Juba68(*) »

- Les pays africains

L' Union Africaine s'est engagée activement dans la résolution du conflit du Darfour et maintenant, au Soudan du Sud, elle bénéficie notamment de l'appui de l'OTAN, de l'Union Européenne, des  États-Unis et du  Canada. Les forces d'interposition de près de 7 000 soldats africains ont été déployés sur le terrain dans le cadre de la mission  AMIS pour protéger les civils 69(*). C'est la première mission de maintien de la paix gérée par une institution africaine. En dépit de tous les efforts fournis, la mission avait manqué de ressources financières. Si l'insuffisance n'est pas comblée, la réussite de ce véritable exploit africain pourrait en être mise à mal dans ses interventions à l'avenir.

La création de la  Mission conjointe des Nations Unies et de l'Union Africaine au Darfour (MINUAD) a été décidée en juillet 2007 pour renforcer les effectifs des forces d'interposition. Le Gouvernement de Khartoum a autorisé les  casques bleus envoyés par l'ONU à entrer sur son territoire, pour renforcer la mission de l' Union africaine, des casques bleus de la mission  MINUS sont déjà présents au Sud Soudan. Des tirs de l'Armée soudanaise contre un convoi de la MINUAD en janvier 2008 ont engendré des tensions. Les forces soudanaises ont été accusées par les États-Unis et la Grande-Bretagne de chercher à bloquer la MINUAD.

Le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères, Dina Mufti, a annoncé que l'Éthiopie était prête à envoyer des troupes de maintien de la paix dans la région si nécessaire et sur demande des deux camps

- Les ONG

Certaines  ONG présentes au Soudan critiquent le manque d'intérêt de l' ONU et de l' Union Européenne. Les diplomates internationaux se succèdent pour demander à  Omar el-Bachir d'aider les réfugiés. Des collectifs de citoyens se sont créés dans plusieurs pays occidentaux pour alerter l'opinion sur l'urgence de cette situation, dont ils rappellent les analogies avec la démission internationale pendant le  génocide au Rwanda.

79  ONG opèrent encore dans cette région. La  Croix-Rouge française demande l'ouverture de corridors humanitaires dans les zones sinistrées car l'accès aux victimes est le principal problème rencontré par les ONG69(*).

La pression des ONG françaises, dont beaucoup sont rassemblées par le ' CRID dans sa campagne « État d'urgence planétaire », ont amené plusieurs candidats aux présidentielles françaises de 2007 à évoquer ce problème.

- George Clooney et son implication

Courant 2005, l'acteur américain  George Clooney s'est mobilisé pour le Darfour. Sous son impulsion, un épisode spécial de la série  Urgences a été diffusé le  4  mai  2006 par  NBC pour sensibiliser l'opinion américaine au conflit. La diffusion de cet épisode de quarante minutes a quadruplé en un soir le temps d'antenne consacré au Darfour en 2006 par les trois grands journaux du soir des chaînes nationales américaines  NBCABC et  CBS. L'acteur américain a, de plus, produit le documentaire Le sable et la douleur, qui suivait des activistes des droits de l'homme dans les camps de réfugiés à la frontière du Soudan et du Tchad. Pour tout cela, il a été nommé par l'ONU  Messager de la paix le  18  janvier  2008.

Il a créé une Association avec les acteurs américains  Brad PittMatt DamonDon Cheadle et  Jerry Weintraub, dans le but d'attirer l'attention sur la guerre civile du Darfour et de faire réagir les gens pour aider les populations dévastées. Cette association s'appelle Not On Our Watch70(*).

- Approche géostratégique de la diplomatie de Karthoum

Il y a effectivement une montée en puissance du côté de Khartoum. On fait intervenir le Parlement soudanais, non pas directement le président de la République. C'est une façon d'émousser un peu la déclaration de dire que le Soudan du sud est un pays ennemi et là, ce sont les sudistes qui rétorquent de manière à calmer le jeu, qu'ils restent amis avec le peuple du Nord, que c'est un pays frère. Ils essayent de faire retomber la pression. Alors qu'au Nord, c'est un peu « la patrie est en danger ». On essaye de faire jouer la fibre nationaliste, de soulever la population comme on l'a déjà fait à plusieurs reprises dans le passé en faisant croire qu'il y a un danger national, et non pas un conflit d'intérêts entre les groupes dirigeants du Nord et du Sud. 
Il se peut qu'il y ait encore des actes militaires. Certains dans l'état-major et les politiciens idéologues du Nord peuvent être tentés de faire une guerre contre le Sud pour unifier le Nord, pour éviter qu'il se désagrège. 
D'un autre côté, est-ce qu'il y a un véritable soutient populaire au Nord pour aller se battre au Sud ? Non, ce temps-là est fini. Ainsi, ce que le Nord peut faire plus facilement, c'est soudoyer des tribus du Sud, les amener à se battre les unes contre les autres. 

Section 4 : Recommandations

III.4.1 : Réduire la forte dépendance au pétrole, moteur de l'instabilité et ouvrir le pays à la perspective d'une économie basée sur

l'agriculture

Les combats, qui ont déjà fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de réfugiés, ont contraint certaines sociétés comme la compagnie d'État chinoise China National Petroleum Corp (CNPC) à évacuer tout leur personnel et interrompre leur production, affectant ainsi durement les revenus du Soudan du Sud selon le ministre des Finances. Le géant CNPC, devenu au fil des ans le principal opérateur pétrolier au Soudan, s'est installé dans le pays après que Total, la compagnie française qui dispose des droits sur une partie des réserves pétrolières soudanaises, ait dû se retirer dans les années 80 après des prises d'otages et des attaques de ses installations.

Ces combats, combinés au retrait de CNPC, risquent de décourager d'autres investisseurs et de paralyser entièrement l'industrie pétrolière pour des décennies, craignent d'ores et déjà les spécialistes. En effet, lorsque le Soudan du Sud est devenu un pays indépendant en 2011, les 350 000 barils produits quotidiennement sont instantanément devenus un élément vital de l'économie du nouveau pays. Par ailleurs, 12 mois plus tard, le président Salva Kiir annonçait que 4 milliards de dollars de fonds publics, soit un tiers des revenus pétroliers entre 2005 et 2011, avaient été détournés. Ainsi, au vu de la situation actuelle, le risque n'est plus la corruption, mais l'endommagement des infrastructures sur le long terme.

Déjà en 2012, les premiers accrochages militaires entre les deux pays ont entraîné l'arrêt temporaire de la production sur le site d'Hegleig, dans l'État de l'Unité au nord du Soudan du Sud, qui assure environ la moitié de la production du pays. Les dépenses de remise en état des infrastructures, non budgétisés, et l'escalade des combats dans les États du Kordofan méridional et du Nil bleu sont venues ainsi aggraver une crise budgétaire naissante.

Le Soudan du Sud devrait donc en plus d'investir dans des nouvelles infrastructures, rechercher également des solutions afin de réduire sa dépendance au pétrole et se concentrer sur d'autres domaines en l'occurence, celui de l'agriculture. Cela d'autant plus que la production pétrolière devrait, selon les analystes, baisser de 66% d'ici 2020. L'agriculture constitue donc une des grandes solutions pour ce jeune État. L'agriculture offre en effet non seulement des perspectives commerciales lucratives et des possibilités d'emploi pour la population, mais elle aide également à soulager les besoins criants en matière de production alimentaire. De nombreux citoyens, environ 3 millions, sont régulièrement confrontés à l'insécurité alimentaire. Selon de nombreux spécialistes, le Soudan du Sud est en mesure de nourrir à lui seul sa population car il comprend de vastes superficies de terres arables, même si des décennies de conflit ont empêché le secteur agricole de se développer. Pour eux, l'agriculture doit être le principal moteur de la croissance économique du pays avec plus de 80% de la population dépendant de ce secteur. Enfin, en développant son agriculture, le Soudan du Sud pourrait s'affranchir de sa dépendance aux ventes de pétrole.

 III.4.2 : Promouvoir l'intérêt commun

Ce qui pourrait ralentir le  retour du conflit armé demeure justement l'intérêt commun par rapport à une activité pétrolière rémunératrice. Une guerre du pétrole serait absolument dramatique pour les deux Etats, dont les revenus dépendent à 98% pour le Soudan du Sud et à 60% pour le Soudan, de l'or noir. Bloquer cette activité équivaudrait pour eux à se tirer une balle dans le pied.

L'économie du Soudan du Sud est naissante et fragile après 20 années de conflit. La partition a fait diminuer de 25% sa production de pétrole car Khartoum a rappelé tous ses ouvriers et sous-traitants spécialisés. Quant au Soudan, depuis qu'il a perdu 36% de ses revenus avec la sécession, il a dû demander à la Banque Centrale Arabe près de 4 milliards de dollars d'aide pour donner un peu d'air à son économie. Aucun des deux pays n'a vraiment les moyens de se payer une guerre.

Ils continuent néanmoins à mener des combats par milices dans les zones frontalières. Les attaques dans les zones pétrolifères coûtent cher au secteur qui tourne au ralenti. Selon le Soudan du Sud, après le retrait des 1.300 ouvriers soudanais, seuls 300 travailleurs expatriés restent sur les sites. Ceux-ci pourraient tôt au tard se lasser du conflit et de l'insécurité.

Les deux frères ennemis n'ont d'autre choix que de rester liés. Et la pression internationale se fait de plus en plus forte. 

III.4.3 : Les intérêts des pays étrangers

Tous  les pays intéressés par le pétrole souhaiteraient que le pétrole coule. La Chine, la Malaisie, l'Inde qui sont les principaux acheteurs de pétrole soudanais doivent être un petit peu embarrassés. Ils ont tout intérêt à ce que le Nord et le Sud calment le jeu et travaillent ensemble. Cette vue accrédite davantage l'hypothèse de la banalisation du Conflit au Sud Soudan. 

III.4.4 : Les divergences à aplanir

Le partage de la frontière n'est important que dans ce que représente la frontière. Elle marque des limites aux passages du bétail, aux champs de pétrole. Il y a des territoires contestés comme le district d'Abyei mais tout ça est sur la table, « connu et doit être discuté ».  Il y a aussi la monnaie. Les sudistes ont leur propre monnaie, ils ont fait la Livre du sud. Les gens du Nord étaient furieux car il se disait  que l'argent gagné par le Sud sera mis dans la même Banque Centrale. Il y a aussi des contentieux sur  le partage des royalties du pétrole

Ces deux pays voisins doivent se rendre compte à l'évidence que le destin les condamnent à vivre côte à côte, d'où ils doivent s'efforcer d'aplanir les divergences afin d'offrir à leurs populations les chances d'un avenir heureux, car ils ne se battront certes pas à toujours.

Les gens qui dirigent le pays du Nord méprisent de manière générale les sudistes. Ils  les considèrent comme des Africains qui méritent peu de considération. Encore récemment, Omar El-Bachir a dit qu'ils devaient être complètement saouls quand ils ont décidé d'arrêter de faire couler le pétrole. Cela montre bien l'état d'esprit des gens du Nord. Là, il y a donc une  atteinte à leur dignité, à  leur supériorité, du fait que c'est le Sud qui a envahi le Nord. 
Donc, il faut qu'ils inculquent une nouvelle attitude à leur population, favorable à une paix durable dans cette sous-région.

CONCLUSION

Lors du choix porté sur le sujet à traiter dans le cadre de la rédaction de notre travail de fin d'études, nous avons choisi d'évoquer le cas du conflit post indépendance au Soudan du Sud. Ce choix est motivé par le souci d'offrir des pistes de solution pour les jeunes Etats africains en mal d'asseoir les bases de la construction de leurs jeunes nations au lendemain de leur naissance.

En effet, le Soudan, l'un des pays riches d'Afrique, doté d'une manne pétrolière très importante, a été la cible des puissances impérialistes du Nord, en l'occurrence les Etats-Unis d'Amérique, la Chine et tant d'autres. Convoité pour cette richesse, la lutte que se font ces deux grandes puissances se traduit par le conflit au Sud Soudan entre le camp Salva Kiir et le camp Riek Machar, dont l'un et l'autre sont soutenus d'un et de l'autre côté.

Pour aborder notre analyse de manière objective, nous avons scindé le corps de notre sujet en trois chapitres en exploitant la problématique suivante :

- Quelles sont les causes réelles du conflit soudanais ?

- Quels sont les acteurs impliqués dans ce conflit ?

- Quels sont les enjeux de la crise et les défis pour l'instauration d'une paix durable au Soudan du Sud ?

Le problème du Sud Soudan est complexe et se déroule dans un environnement très volatil. Ce pays connait depuis son indépendance, une succession des gouvernements médiocres. Ceux-là même qui ont ignoré les provinces périphériques de la capitale, dont le Darfour, et qui instrumentalisent aujourd'hui des miliciens à des fins économiques.

Selon  Gérard PRUNIER, la cause du conflit au Soudan est racioculturel, les Arabes sont minoritaires et les islamistes ne sont que l'ultime incarnation historique de leur domination ethno régionale.

Or la paix entre le Nord et le Sud est en train de se déliter rapidement. Il faut donc manipuler le tracé frontalier Nord-Sud qui place la plus grande part du pétrole au Sud.

En cherchant à déstabiliser le régime de Khartoum, les puissances occidentales appliquent la règle d'or du colonialisme : «diviser pour régner».

 Le Soudan des deux dernières décennies représente une sorte de condensé indigeste de tous les fantasmes qui ont hanté et hantent l'Occident : pouvoir islamiste, soutien à Saddam Hussein en 1990-1991, présence d'Oussam Ben Laden, guerre entre l'Etat central et le Sud, violations des droits humains... Inscrit dès 1993 sur la liste américaine des « commanditaires du terrorisme », le pays se retrouve bientôt en première ligne face à une Amérique qui, après l'implosion de l'URSS, exerce son hégémonie sur le monde.

Au début des années 2000, Riek Machar, l'ancien vice-président du Soudan accusé par le président Salva Kiir de tentative de coup d'État affirmait que les objectifs politiques poursuivis par chacune des parties à ce conflit ne visent pas directement le pétrole mais concernent avant tout la promotion d'une certaine forme d'État.

Onze ans plus tard, force est de constater que Riek Machar s'est trompé. Le pétrole a joué et joue encore un rôle plus que déterminant dans la construction de ce nouvel État.

Le sous-sol sud-soudanais attise depuis bien longtemps les convoitises. Dès 1955, un an avant l'indépendance du pays encore sous la coupe du Royaume-Uni, le groupe américain pétrolier Chevron débutait une campagne sismique au Sud-Soudan. Elle sera couronnée de succès au milieu des années 1970, avec la découverte de gisements très importants notamment du côté de Bentiu. Chevron se retire néanmoins du pays en février 1984 après l'assassinat de trois ouvriers du géant américain. Cela n'empêche pas d'autres compagnies de s'immiscer dans le jeu.

La volonté des USA d'empêcher l'influence croissante de la Chine dans l'exploitation du pétrole soudanais, les pousse à des manipulations qui ont entrainé cette guerre civile. En effet, la Chine qui n'entend nullement perdre ses intérêts au Soudan serait prête à se servir de l'enjeu de la rébellion interne en soutenant l'opposition pour tenter de renverser le pouvoir en place ou d'obtenir par la pression de concessions qui garantissent sa présence au Sud soudan.

Si demain, Khartoum annonce qu'il arrête de commercer avec la Chine, plus personne ne parlera du conflit au Soudan.

Cette sorte d'aventure des grandes puissances autour des ressources des pays du Sud, nous a conduit à faire des recommandations. Les leaders politiques de ce jeune pays doivent se rendre compte à l'évidence que le destin des millions des soudanais ne devrait pas être placé à l'autel du sacrifice à cause des intérêts individuels et des minorités. Les pays africains doivent davantage se préoccuper de reconstruire la réelle solidarité africaine, seule alternative pour permettre à cette Afrique victime de l'hégémonie nordiste, de résister, afin de bâtir son destin. Autrement, l'Afrique reste le continent le plus reculé de la planète tant sur le plan politique que social.

La diplomatie africaine doit être rendue plus efficace pour conforter la place et les prises de position du continent dans les grands salons internationaux où se décide le sort de l'humanité. Les études et recherches doivent abordées dans cette perspective pour donner la chance à ce continent de s'épanouir à l'heure actuelle de la mondialisation.

BIBLIOGRAPHIE

I. Ouvrages

1. ARON R. Paix et guerre entre les nations, Calmann-Lévy, Paris, 1962.

2. BRAILLARD P et DJALILI R., Les relations internationales, P.U.F, Paris,

1988.

3. GOUNELLE M., Relations internationales, Dalloz, Paris, 1996.

4. GRAWITZ M., Méthodes en sciences sociales, Dalloz, Paris, 1989.

5. HASSAN M., Les enjeux de la crise au Soudan, Karthala, Paris, 2009.

6. Marcel L. La dynamique du temps et du climat, 2e édition DUNOD, Paris,

2004.

7. MORIN, E., Pour sortir du vingtième siècle, F. Nathan Paris, 1981 ;

8. MORGENTHAU H., Politics among nations, Alfred Knoff, New-York, 1949.

9. MULUMBATI N., Les Relations internationales, Africa, Lubumbashi,

2005.

10. PINTO R. Et GRAWITZ M., Méthodes des sciences sociales, Dalloz, Paris,

1987 ;

11. RAIMBAUD M., Le Soudan : nouveaux enjeux des puissances, Karthala,

Paris, 2011.

II. Notes de cours

1. LUKAMA M., Introduction aux études stratégiques, L1 R.I, UCCM, 2013-2014, inédit ;

2. NGONGO N., Théories des Relations internationales I, G2 R.I, UCCM, 2009-2010 (inédit) ;

3. NYALULERA E., Sociologie des conflits en Relations internationales, L2 R.I, UCCM, 2013-2014, inédit.

III. Dictionnaires

1. Robert P., Le Robert, Paris, 2011 ;

2. VERRI, P., Dictionnaire du droit international des conflits armés, CICR, Genève, 1998 ;

3. Dictionnaire universel, Hachette-Edicef, Paris, 2005.

IV. Revues et journaux

1. CORNEILLE B. « Les enjeux de la crise soudanaise », dans Terre neuve, N°132, 08/2013 ;

2. Fabrice Weissman et Jean Hervé Bradol,  « Massacres et démagogie », dans Libération, 23 mars 2007 ;

3. Jean-Pierre Chauveau, Afrique contemporaine, 2012

4. LUGAN B., «  Description de la guerre du Darfour », in, Le Monde diplomatique, n° 0132, 2008 ;

5. MDM, «  Critique la démarche d'Urgence Darfour »Nouvel observateur.com, 16 janvier 2014.

V. Autres documents

1. Agence de presse officielle Suna, rapporté par AFP ;

2. Alice Ekman, chercheur spécialiste de la Chine à l' Institut français des relations internationales (Ifri) ;

3. Amnesty International, Enquête à Juba, 2012 ;

4. Bernard LUGAN, Description de la guerre du Darfour, 2012 ;

5. Commission d'enquête de l' Organisation des Nations unies sur les violations des droits de l'homme perpétrées au Sud Soudan ;

6. CICR, Les Conventions de Genève du 12 Août 1949, Genève, CICR, 2004 ;

7. Déclaration du Médiateur de l'Autorité InterGouvernementale pour le Développement (IGAD), extrait de l'Agence Reuters, 2011 ;

8. Henry Hall, spécialiste de la région africaine et asiatique pour Critical Resource, propos recueillis sur France 24 ;

9. JEAN PAUL II, Message journée de la paix, 1er Janvier 2000 ;

10. Pagan Amum, Ministre des Affaires Etrangères Soudan du sud, sur RFI,

février 2014 ;

11. PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, New York,

Septembre 2005 ;

12. Propos de Sarah Sakho et Duncan Woodside, envoyés spéciaux de

FRANCE 24 sur les actions humanitaires au Soudan du Sud.

VI. WEBOGRAPHIE

1. « Quel est le rôle de la Chine au Soudan ? », Memucan B., www.crise au soudan, 2013 ;

2. Rapport de L'ONU sur l'environnement politique au Soudan, 2007 ;

3. Salim S. Ahmed, Envoyé spécial de l'Union Africaine pour le Darfour, www.soudan.crise, 2013 ;

4. SCEAM, Lettre pastorale XIIe Assemblée plénière, Octobre 2001 ;

5. Solidarités internationale, www.solidariteinternationale.org, 2013 ;

6. Visite d'Omar el Bechir à Juba, 2012, www.soudaninformation.org, 2014 ;

7.   www.notonourwatchproject.org

8. Archives du Monde diplomatique sur la crise au Soudan, site monde-diplomatique.fr, 20/02/2014 ;

9. Marc Lavergne « Soudan du Sud : impacts ethniques et territoriaux d'une guerre civile en Afrique », CNRS, site  Géoconfluences ;

TABLE DES MATIERES

Epigraphe i

Dédicace ii

Liste des sigles et abréviations iv

0. INTRODUCTION 1

0.1 Etat de la question 1

0.2 Problématique 3

0.3 Hypothèses du travail 6

0.4 Choix et intérêt du sujet 7

0.5 Méthodes et techniques utilisées 8

0.6  Délimitation du sujet 9

0.7 Subdivision du travail 9

CHAPITRE I : CONSIDERATIONS GENERALES 11

Section 1 : Approche définitionnelle 11

I.1.1 : Instabilité 11

I.1.2 : Notion de crise 11

I.1.3 : Notion de conflit et de guerre 12

Section 2 : Approche théorique 18

I.2.1 : Les Relations internationales 18

1. Historique 18

2. Définition et portée des relations internationales 18

2. Les principes des Relations Internationales 20

4. Quelques grands courants de pensée en Relations Internationales 22

5. Les acteurs des relations internationales 24

I.2.2 : Les enjeux dans les Relations Internationales 24

1. Les enjeux politiques 25

2. Les enjeux économiques et géostratégiques 26

3. Les enjeux sociaux 28

4. Les enjeux culturels 29

CHAPITRE II : LE CONFLIT DU SOUDAN DU SUD ET SES CONSEQUENCES 30

Section 1 : Origine et évolution du conflit 30

II.1.1 : Acteurs impliqués dans le conflit 30

II.1.2 : Origine du conflit 31

II.1.3. Evolution chronologique des événements 33

Section 2 : Conséquences et actions humanitaires 45

II.2.1 : Conséquences du conflit 45

1. Conséquences politiques 45

II.2.1 : Le décompte des victimes 46

II.2.2 : Les populations déplacées 47

Section 3 : Actions humanitaires au Soudan 48

CHAPITRE III : ENJEUX GEOSTRATEGIQUE DU CONFLIT AU SOUDAN DU SUD 52

III.3.1 : Manipulations occidentales 52

Section 2 : Les champs pétrolifères au coeur du conflit 54

III.2.1 : Des convoitises locales et internationales au détriment des Sud-Soudanais. 54

III.2.2: Tensions entre leaders sud soudanais 57

III.2.3 : Protection des champs pétroliers 59

III.2.4 : Intérêts géopolitiques 60

III.2.4.1 : Les Etats-Unis d'Amérique 60

III.2.4.2 : La Chine 61

Section 3 : Réactions internationales 65

III.3.1. Critique sur la mobilisation de la Communauté internationale 65

- La Chine 67

- Les pays africains 68

- Les ONG 69

- George Clooney et son implication 69

Section 4 : Recommandations 71

III.4.1 : Réduire la forte dépendance au pétrole, moteur de l'instabilité et ouvrir le pays à la perspective d'une économie basée sur l'agriculture 71

III.4.2 : Promouvoir l'intérêt commun 72

III.4.3 : Les intérêts des pays étrangers 73

III.4.4 : Les divergences à aplanir 73

CONCLUSION 75

BIBLIOGRAPHIE 79

TABLE DES MATIERES 82

ANNEXES no 1

Carte des concessions et infrastructures pétrolières et gazières de deux Soudan.

ANNEXES no 2

Les dix Etats du Soudan du sud et les trois régions historiques du Soudan.

ANNEXES no 3

La carte du Soudan du sud et pays voisinages

ANNEXES no 4

* 1 HASSAN M., Les enjeux de la crise au Soudan, éd. Karthala, Paris, 2009, p. 43

* 2 Salim S. Ahmed, Envoyé spécial de l'Union Africaine au Darfour, www.soudan.crise, 10.01.2013

* 3 PINTO R. Et GRAWITZ M., Méthodes des sciences sociales, Dalloz, Paris, 1987, p. 137

* 4 « Quel est le rôle de la Chine au Soudan ? », Memucan B., www.crise au soudan, 2013

* 5 CORNEILLE B. « Les enjeux de la crise soudanaise », dans, Terre neuve, N°132, 08/2013, Pp. 12-14

* 6 Commission d'enquête de l' Organisation des Nations unies sur les violations des droits de l'homme perpétrées au Soudan, 2012

* 7 PINTO R. Et GRAWITZ M., Op. Cit., p. 138

* 8 LUGAN B., «  Description de la guerre du Darfour », in, Le Monde diplomatique, n° 0132, 2008, Pp. 23-26

* 9 GRAWITZ M., Méthodes en sciences sociales, Dalloz, Paris, 1989, p. 80

* 10 GRAWITZ M., Op. cit., p. 80

* 11 MORIN, E., Pour sortir du vingtième siècle, Ed. Fernand Nathan, Paris, 1981,p. 327

* 12 NGONGO N., Cours de Théories des Relations internationales I, G2 R.I, UCCM, 2009-2010, inédit

* 13 Robert P., Le Robert, Ed. Robert, Paris, 2011, p. 96

* 14 GOUNELLE M., Relations internationales, Ed. Dalloz, Paris, 1996, p. 48

* 15 LUKAMA M., Syllabus d'Introduction aux études stratégiques, L1 R.I, UCCM, 2013-2014, inédit.

* 16 LUKAMA M., Op. Cit., p. 69

* 17GAZZANO A., L'essentiel des Relations Internationales, Ed. Gualimo, Paris, 2010, p. 58

* 18 VERRI, P., Dictionnaire du droit international des conflits armés, Ed. Presse du CICR, Genève, 1998, pp. 36-39

* 19 SCEAM, Lettre pastorale XIIe Assemblée plénière, Octobre 2001, n°12

* 20 JEAN PAUL II, Message journée de la paix, 1er Janvier 2000, n°8

* 21 PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, New York, 7 Septembre 2005

* 22 GAZZANO A., L'essentiel des Relations internationales, Ed. Gualimo, Paris, 2010, p. 58

* 23 VIERRI, P., Op.cit, p.37

* 24 LABANA L., Relations Internationales, Ed. P.U.K, Kinshasa, 2009, p. 123

* 25 CICR, Les Conventions de Genève du 12 Août 1949, Genève, CICR, 2004, p.25

* 26CICR, op-cit, p. 39

* 27 MORGENTHAU H., Politics among nations, Ed. Alfred Knoff, New-York, 1949, Sp.

* 28 ARON R. Paix et guerre entre les nations, Ed. Calman-Levy, Paris, 1962, p.17

* 29 BRAILLARD P et DJALILI R., Les relations internationales, Ed. P.U.F, Paris, 1988, p. 6

* 30 GOUNELLE M., Op. cit, p. 12

* 31 Idem, p14.

* 32 Dictionnaire universel, Ed. Hachette/Edicef, Paris, 2005, p. 151

* 33 Idem ,p153.

* 34 MULUMBATI N., Les Relations internationales, Ed. Africa, Lubumbashi, 2005, p. 136

* 35 Idem, p. 137

* 36 MULUMBATI N., Op.cit, p. 141

* 37Www. Géoinfluences, LAVERGNE M. « Soudan du Sud : impacts ethniques et territoriaux d'une guerre civile »

* 38 www. Géoinfluences, LAVERGNE M. « Soudan du Sud : impacts ethniques et territoriaux d'une guerre civile »

* 39 Marcel L. La dynamique du temps et du climat,, 2e édition DUNOD, Paris, 2004, p.74

* 40 Déclaration du Médiateur de l'Autorité InterGouvernementale pour le Développement (IGAD), extrait de l'Agence Reuters, 2011

* 41 www.soudaenguerre.com, 10.01.2013

* 42 Idem

* 43 Rapport de L'ONU sur l'environnement politique au Soudan, 2007

* 44 Fabrice Weissman et Jean Hervé Bradol,  « Massacres et démagogie », dans Libération, 23 mars 2007, Pp 24-28

* 45 Fabrice Weissman et Jean Hervé Bradol,  « Massacres et démagogie », dans Libération, 23 mars 2007, Pp 29-30

* 46 Rapport d'Amnesty International, Enquête sur les massacres à Juba. www.juba_crime.2012

* 47Rapport d'Amnesty International sur les crimes commis à Juba en2013

* 48 idem

* 49 Ibidem

* 50 Solidarités internationale, www.solidariteinternationale.org, 2013

* 51 Idem

* 52    MDM, «  Critique la démarche d'Urgence Darfour »Nouvel observateur.com, 16 janvier 2014

* 53 RAIMBAUD M., Le Soudan : nouveaux enjeux des puissances, Ed. Karthala, Paris, 2011, p.45

* 54 Idem, p. 46

* 55 Ibidem.

* 56 www.soudandusud.petrole.com 2014

* 57 Idem.

* 58 Propos de Sarah Sakho et Duncan Woodside, envoyés spéciaux de FRANCE 24 07 2012.

* 59 Agence de presse officielle Suna, rapporté par AFP.

* 60 Pagan Amum, Ministre des Affaires Etrangères Soudan du sud

www.ministère affetsoudan.2012.

* 61 Henry Hall, spécialiste de la région africaine et asiatique pour Critical Resource, propos recueillis sur France 24, le 12 Aout 2012.

* 62 Visite d'Omar el Bechir à Juba, 14 Décembre 2012

* 63 « Quel est le rôle de la Chine au Soudan ? », Memucan B., www.crise au soudan, 2013

* 64 Alice Ekman, chercheur spécialiste de la Chine à l' Institut français des relations internationales (Ifri), Paris 03 Février 2012.

* 65 Alice Ekman, chercheur spécialiste de la Chine à l' Institut français des relations internationales (Ifri)

* 66 Archives du Monde diplomatique sur la crise au Soudan, site monde-diplomatique.fr, 20/02/2014

* 67 Description de la guerre du Darfour par le spécialiste de l'Afrique, Bernard Lugan 

* 68 Jean-Pierre Chauveau, Revue de l'Afrique contemporaine, Paris Juillet 2012.

* 69 Archives du Monde diplomatique sur la crise au Soudan, site monde-diplomatique.fr, 20/02/2014

* 70   www.notonourwatchproject.org






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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard