SOMMAIRE
SOMMAIRE i
DEDICACE iii
REMERCIEMENTS iv
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS v
LISTE DES ILLUSTRATIONS vii
RESUME viii
ABSTRACT ix
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : FONDEMENTS ET ENJEUX DE LA
COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LE CAMEROUN ET LA GUINEE-EQUATORIALE
21
CHAPITRE I : LES FONDEMENTS JURIDIQUES ET INSTITUTIONNELS DE
LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LE CAMEROUN ET LA GUINEE-EQUATORIALE.
23
SECTION I : LE CADRE JURIDIQUE DE LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE
ENTRE LES DEUX ETATS. 23
A. Les fondements juridiques de base de la coopération
transfrontalière entre les deux Etats 23
B. Les autres instruments de coopération
transfrontalière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale 28
SECTION II : LE CADRE INSTITUTIONNEL COMMUNAUTAIRE DE LA
COOPERATION BILATERALE ENTRE LES DEUX ETATS. 32
A. Le cadre de la CEMAC 32
B. Le cadre de la CEEAC 35
CHAPITRE II : LES ENJEUX DE LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE
ENTRE LE CAMEROUN ET LA GUINEE EQUATORIALE 40
SECTION I : LES ENJEUX SÉCURITAIRES ET
ÉCONOMIQUES 41
A. L'insécurité transfrontalière 41
B. La prospérité économique de la
région transfrontalière 46
SECTION II : LES ENJEUX POLITIQUES ET DIPLOMATIQUES 50
A. La mise en place de la coopération administrative
transfrontalière 50
B. Le renforcement des liens diplomatiques et de
solidarité comme enjeu de la coopération transfrontalière
52
DEUXIEME PARTIE : ETAT ET PERSPECTIVES DE LA
COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LE CAMEROUN ET LA GUINEE-EQUATORIALE
58
CHAPITRE III : EVALUATION DE LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE
ENTRE LES DEUX ETATS 60
SECTION I : DANS LES DOMAINES ECONOMIQUE ET POLITIQUE 60
A. Le domaine économique 60
B. Le domaine politique 71
SECTION II : DANS LE DOMAINE SECURITAIRE ET SUR D'AUTRES PLANS
77
A. Dans le domaine sécuritaire 77
B. Sur d'autres plans 78
CHAPITRE IV : LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LE
CAMEROUN ET LA GUINEE- EQUATORIALE : ENTRAVES ET PERSPECTIVES 80
SECTION I : LES ENTRAVES A LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE
ENTRE LES DEUX ETATS 80
A. Les problèmes politiques entre les deux Etats 80
B. Les entraves sécuritaires et économiques
88
SECTION II : LES PERSPECTIVES POUR UNE COOPERATION
TRANSFRONTALIERE A « VISAGE HUMAIN » 92
A. Aux plans local, national, régional et continental
93
B. L'apport des partenariats internationaux et la mobilisation
des ressources financières 97
CONCLUSION GENERALE 103
ANNEXES 106
INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES 133
TABLE DES MATIERES 143
DEDICACE
A Toute la grande famille
de feu Daniel Justin ENGOULOU
A tous ceux qui, comme S.E
Paul BIYA pensent que « Lorsqu'on veut atteindre des
objectifs, il faut se donner les moyens. Ensuite y croire, y croire jusqu'au
bout. »
REMERCIEM ENTS
Ce travail n'aurait pu
être réalisé sans le précieux concours de certaines
âmes de bonne volonté, auxquelles nous tenons à exprimer
notre profonde gratitude. Il s'agit d'abord de :
Notre superviseur le
Professeur Jean Emmanuel PONDI, qui malgré ses multiples occupations a
bien voulu superviser ce travail;
Notre encadreur le Docteur
Abdoul-Aziz YAOUBA, pour l'intérêt constant qu'il a
manifesté à notre travail, et son soutien multiforme ;
A l'ensemble du corps
professoral de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun dont les
enseignements nous ont édifiés durant nos années de
formation ;
Ensuite, nous tenons
à remercier :
Les hautes personnalités de la
Présidence de la République, en l'occurrence :
- M. BELINGA EBOUTOU
Martin, Ministre Directeur du Cabinet- Civil ;
- M. MOUELLE KOMBI
Narcisse, Conseiller Spécial
- M. FOE NDI Christophe,
Intendant Principal ;
- M. HASSANA MAHAMAT,
Directeur des Affaires Générales ;
- M. OUMAROU Jean, Chargé de Mission ;
Pour avoir compris la
nécessité de renforcer les capacités humaines à
travers la formation du personnel.
Nous adressons
également un merci aux autorités administratives et
traditionnelles de la zone transfrontalière, notamment :
- M. ESSONO Jean Marie,
Sous-préfet de Kyé-Ossi ;
- M. Angony NGOMBA, Chef de Brigade Douane de
Kyé-Ossi ;
- M. OVONO Ignacio, Chef
traditionnel d'Ebébéyin ;
- M. ALOUNGA Frederick, délégué
d'arrondissement de l'élevage de Kyé-Ossi ;
Pour leur
disponibilité et leurs attentions particulières pour la
réussite de notre descente sur le terrain.
Enfin merci, à mes
parents, camarades de promotion, amis, et frères dont l'amour et les
encouragements ont participé de près ou de loin à la
réalisation de ce travail.
LISTE DES SIGLES ET
ABBREVIATIONS
AEF : Afrique Equatoriale
Française
AIMF : Association
Internationale Des Maires Francophones
ALPC : Armes lourdes et de
petits calibres
ARFE : Association des
Régions Frontalières Européennes
BAD : Banque Africaine de
Développement
BCEAC : Banque Centrale des Etats
d'Afrique Equatoriale et du Cameroun
BEAC : Banque des Etats de
l'Afrique Centrale
BID : Banque Islamique de
Développement
CAMTEL : Cameroon
Telecommunications
CAN : Coupe D'Afrique des
Nations
CECA : Communauté
Européenne pour le Charbon et l'Acier
CEDEAO : Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest
CEE : Communauté
Economique Européenne
CEEAC : Communauté
Economique des Etats de l'Afrique Centrale
CEMAC : Communauté
Economique Des Etats De l'Afrique Centrale
CER : Communauté
Economique Régionale
CFA : Franc de la
Coopération Financière Africaine
CFG : Compagnie
Forestière du Gabon
CIJ : Cour
Internationale De Justice
CISD : Cours
Supérieur Interarmées de Défense
CJC : Cour de Justice
Communautaire
CMR : Cameroun
CSAO : Club du Sahel de
l'Afrique de l'Ouest
CUF : Cités Unies
De France
EIFORCES : Ecole Internationale des
Forces de Sécurité
EMIA : Ecole Militaire
Interarmées
ENAM : Ecole Nationale
d'Administration et de la Magistrature
ENSP : Ecole Nationale
Supérieur de Police
G.E : Guinée Equatoriale
IRIC : Institut des
Relations Internationales du Cameroun
NEPAD : Nouveau Partenariat
pour le développement de l'Afrique
ONG : Organisation Non
Gouvernementale
ONU : Organisation des
Nations Unies
PF-CEEAC : Programme Frontière
de la CEEAC
PFUA : Programme
frontière de l'Union Africaine
PIT : Programme
d'Initiatives Transfrontalières
RCA : République
Centrafricaine
RDC : République
Démocratique du Congo
S.E.M : Son Excellence
Monsieur
SIDA : Syndrome
Immuno-déficitaire Acquis
SONARA : Société
Nationale de Raffinerie
TRIDOM : Trinationale DJA- ODZOLA-
MINKEBE
UA : Union
Africaine
UDEAC : Union Douanière
des Etats de l'Afrique Centrale
UE : Union
Européenne
UNESCO : Organisation des Nation
Unies pour l'éducation, la science et la culture
LISTE
DES ILLUSTRATIONS
Figure 1 : Carte présentant la
frontière maritime entre le Cameroun et la
Guinée-équatoriale..........................................................................................................8
Figure 2 : Carte présentant la
frontière maritime et terrestre entre le Cameroun et la Guinée
Equatoriale
.........................................................................................................8
Figure 3 : Graphique 1,
représentant les exportations du Cameroun en Guinée
Equatoriale.......................................................................................................62
Figure 4 : Graphique 2,
représentant le diagramme des produits exportés du Cameroun vers
la Guinée
Equatoriale..............................................................................................63
Figure 5 : Graphique 3,
représentant les importations du Cameroun en Guinée
Equatoriale.......................................................................................................64
Figure 6 : tableau représentant
les filières et les produits de la
contrebande..........................66
Figure 7 : Graphique illustrant la
balance commerciale entre les deux
pays........................70
Figure 8 : tableau illustrant les
obstacles à surmonter pour faciliter la coopération
transfrontalière.................................................................................................101
RESUME
Depuis la fin des
régimes autoritaires et les tentatives de démocratisation en
Afrique, la frontière héritée de la colonisation n'est
plus le garant de la souveraineté nationale. L'intégration
régionale préalable à l'union africaine semble être
une des voies à l'aune de la mondialisation et de la globalisation des
marchés devant garantir la stabilité, la sécurité
et le développement de l'Afrique en générale, et de la
zone transfrontalière entre Etats en particulier. Cette
intégration n'est possible que s'il existe à la base une
coopération transfrontalière, laquelle est susceptible
d'éliminer les « effets barrières » des
frontières pour en faire des espaces de jonction pour une meilleure
utilisation des ressources communes, de paix, de démocratie et de libre
circulation pour les populations riveraines, tel que le Cameroun et la
Guinée Equatoriale semblent y aspirer.
Le Cameroun et la
Guinée Equatoriale présentent des conditions naturelles
favorables à la réalisation d'une coopération
transfrontalière, notamment l'homogénéité
ethnoculturelle et géographique. En effet, les zones
transfrontalières qui séparent les deux pays sont peuplées
par le même groupe ethnique Fang, séparées par une
même frontière maritime et terrestre et regorgent tout le long
d'importantes ressources naturelles. Dès lors, la problématique
qui sous tend la présente étude est celle de savoir : Quels
sont les fondements et les enjeux de la coopération
transfrontalière entre le Cameroun et la Guinée
Equatoriale ? Quelle peut en être sa portée ? Autrement
dit, en quoi consistent ses réalisations et comment faire de cette
coopération un tremplin pour l'épanouissement des populations
transfrontalières et l'intégration sous-régionale ?
Cette recherche s'appuie sur quatre théories des relations
internationales à savoir : le réalisme, le
transnationalisme, le constructivisme et le fonctionnalisme. Elle s'appuie
aussi sur une analyse des données à travers une approche
socio-historique et géopolitique.
Après cette
analyse, il ressort que la proximité géographique et
l'homogénéité de la zone transfrontalière entre les
deux Etats constituent véritablement un catalyseur de la
coopération transfrontalière ; d'où la signature de
nombreux accords de coopération au lendemain des indépendances.
Toutefois, les difficultés de la gestion quotidienne de la
frontière commune et les enjeux divers tendent à faire de la
frontière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale un outil
d'instrumentalisation au service des intérêts particuliers ;
au détriment des populations frontalières qui n'aspirent qu'au
développement de leur région. C'est le sens de notre appel pour
une véritable prise de conscience politique en vue de l'émergence
d'une coopération transfrontalière mieux élaborée
et davantage décentralisée.
ABSTRACT
Since the end of authoritarian regimes and attempts of
democratization in Africa, the border inherited from colonization is no longer
the guarantor of national sovereignty. Regional integration prior to the
African Union seems to be one way in the light of globalization and the
globalization of markets to ensure stability, security and development in
Africa in general and in the border area between the two states in particular.
This integration is only possible if there is basically cross-border
cooperation between states, which is capable of removing the "barrier effects"
of borders to make space for better joint use of common resources, peace,
democracy and freedom of movement for the local population.
Cameroon and Equatorial Guinea have favorable natural
conditions for the realization of cross-border cooperation, including
ethnocultural homogeneity and geographical. In fact, the border areas between
the two countries that are populated by the same ethnic Fang, separated by a
single maritime and land border abound throughout important natural resources.
Therefore, the problem that underlies this study is, the question: What are the
fundamentals and issues of cross-border cooperation between Cameroon and
Equatorial Guinea? What could be its scope? In other words, what are its
achievements and how to make this cooperation a springboard for the development
of cross-border populations and sub-regional integration? Verification of this
hypothesis is based on four theories of international relations, namely:
realism, transnationalism, constructivism and functionalism. It is also based
on an analysis of data through a socio-historical and geopolitical.
Based on this analysis, it appears that the geographical
proximity and the homogeneity of the border area between the two states are
truly a catalyst for cross-border cooperation, hence the signing of several
cooperation agreements after independence. However, difficulties in the daily
management of the common border and the various issues tend to make the border
between Cameroon and Equatorial Guinea a tool of manipulation in the service of
particular interests to the detriment of border people who aspire to the
development of their region. This is the meaning of our call for a genuine
political awareness for the emergence of cross-border cooperation better
developed and more decentralized.
INTRODUCTION GENERALE
I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU
SUJET
Jusqu'à une certaine époque, celui qui vivait de
l'autre côté de la frontière était perçu
comme un ennemi. C'est d'ailleurs le sens de l'étymologie du mot
« frontière » qui se rapporte à celle du
« front militaire ». A l'instar d'un célèbre
débat d'actualité, la frontière participait donc à
créer un sentiment d'identité nationale face à
l'étranger, car pour paraphraser Michel Foucher tracer une
frontière, c'est définir un territoire, le délimiter, et
ainsi enregistrer son identité ou la lui conférer. La
frontière, sorte de clôture du territoire, définit une
appartenance et une exclusion. Le terme frontière apparaît en
France au XIVe siècle, il est utilisé pour
évoquer les zones les plus menacées du royaume. En Espagne, il
indique les régions chrétiennes limitrophes des zones musulmanes.
Si le concept parait plusieurs fois séculaire, en revanche, Michel
Foucher relève que : « Le compartimentage de la
totalité de l'espace terrestre en Etats et entités bordés
de frontières linéaires est un fait récent. L'extension de
ce mode de découpage désormais planétaire ne date que de
la fin du XIXe siècle. Certes, on peut hésiter entre plusieurs
dates : 1892, avec le partage sur le papier de l'Afrique, ou 1914, date
à laquelle on considère que le partage sur le terrain est
achevé1(*). »
Les frontières internationales des pays africains, pour
la plupart du moins2(*), ont
été à l'origine fixées et imposées aux
dirigeants et aux divers groupes ethniques de manière à servir
les intérêts de la colonisation européenne. Paradoxalement,
la notion d'immutabilité des frontières coloniales a
survécu au rejet du colonialisme par les peuples africains. Les assauts
contre les frontières artificielles lors de la conférence
panafricaine qui s'est tenue à Accra en décembre 1958 ont
été de courte durée. A partir de 1960, alors que les pays
africains s'émancipaient les uns après les autres de la
règle coloniale, dans presque tous les pays, les dirigeants ont tenu
à leurs frontières coloniales, ils allèrent plus loin pour
donner corps à cette volonté en adoptant une résolution
des chefs d'Etat et de Gouvernement lors de leur deuxième sommet au
Caire en 1964. Ils s'engageaient alors à respecter les
frontières existantes lors de l'accession à l'indépendance
nationale. Compte tenu de la fragilité des gouvernements africains et de
leur extrême susceptibilité pour ce qui était des atteintes
à leur « souveraineté nationale », la
déclaration des chefs d'Etat et de gouvernement était
compréhensible, d'autant plus que tous les Etats africains n'ont pas
accédé à l'indépendance au même moment, ni
par les mêmes voies, encore moins dans les mêmes conditions.
Dans leur sagesse, les leaders africains ont estimé que
les imperfections de ces frontières et les difficultés
subséquentes ne pouvaient que susciter des récriminations. En la
matière, la conscience collective était imprégnée
de prudence et de conservation.
C'est ainsi que naquit, presque imperceptiblement, une
tradition dans la politique des relations interafricaines qui veut que les
frontières n'aient jamais été sérieusement
considérées soit comme des instruments potentiels
d'intégration régionale, soit comme un atout susceptible de
renforcer les relations pacifiques en Afrique.
Des décennies se sont écoulées depuis la
déclaration du Caire, de laquelle aucune solution n'est
théorisée dans le cadre de la résolution et la
prévention des conflits internationaux. Toutefois des études
récentes portant sur les frontières et les zones
frontalières africaines ont adopté un ton plus optimisme et
laissent entrevoir des changements. C'est particulièrement vrai dans les
domaines de la politique et du règlement des conflits en raison des
nouvelles découvertes économiques, des impératifs de
sécurité et de protection de l'environnement. Les
résultats font que les questions frontalières peuvent être
mieux appréhendées aujourd'hui qu'au moment de l'accession
à l'indépendance.
En effet, les Etats africains ne peuvent plus continuer
à considérer les frontières d'un point de vue
négatif, comme des lignes de séparation statiques. Au contraire
les décideurs ont aujourd'hui la possibilité, voire l'obligation,
d'adopter des dispositions législatives qui affirment le
caractère organique et dynamique des frontières pour qu'elles
deviennent des zones de réconciliation et d'expérimentation dans
la fusion des microsystèmes. Il ne saurait en être autrement de la
frontière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale.
L'espace frontalier ou transfrontalier est un espace que tout
pays ou Etat possède, cela implique concrètement que cet espace
est inhérent à tout Etat. Et l'existence d'un ou des Etats
voisins suffit pour que se posent les enjeux de la gestion de la
frontière et des relations transfrontalières. Dès lors,
généralement dans le contexte africain, et plus
précisément le long de la frontière entre le Cameroun et
la Guinée Equatoriale, la question de l'existence d'une identité
transfrontalière réunissant les deux populations
frontalières pose d'emblée l'éventualité d'une
coopération dont la nature et les objectifs restent tout simplement
à définir. Ce qui sous-tend l'intitulé du présent
mémoire sur La coopération transfrontalière entre le
Cameroun et la Guinée Equatoriale.
II. CLARIFICATION
CONCEPTUELLE
Deux notions semblent nécessiter des clarifications
pour orienter la compréhension du thème que nous nous proposons
d'étudier : la coopération et la coopération
transfrontalière.
1. La coopération
Elle renvoie tout d'abord à l'antagonisme avec la
concurrence. Il s'agit d'une forme d'organisation collective qui encadre
parfois des relations multiformes, d'une interaction sociale mettant en jeu des
intérêts communs dans un esprit d'intérêt
général de tous les acteurs. Elle est emprunte d'un certain
degré de confiance et de compréhension et, existe :
· Soit sous des formes spontanées, souvent
individuelles, en particulier avec les systèmes d'échanges
locaux ;
· Soit sous des formes organisées par des
structures (économie sociale), par des comportements (économie
solidaire) ou par des contrats (cas des logiciels libres avec le principe de
copyleft).
Selon le dictionnaire Le Petit Larousse
Illustré3(*)
dans son sens premier, la coopération renvoie à l'action de
coopérer, de collaborer. Le dictionnaire rattache le concept de
coopération à une politique d'aide économique, technique
et financière à certains pays en développement. Or, pour
Pierre François Gonidec relativement à la scène
internationale, il estime que la coopération est :
« Un mode de relation internationale qui implique la mise en
oeuvre d'une politique (d'une stratégie et d'une tactique) poursuivie
pendant une certaine durée de temps et destinée à rendre
plus intime grâce à des mécanismes permanents des relations
internationales dans un ou plusieurs domaines déterminés sans
mettre en cause l'indépendance des unités
concernées »4(*). Dans le même sillage, le lexique de
termes politiques définit la coopération comme
« une politique d'entente, d'échange et de mise en commun
des activités culturelles, économiques, politiques ou
scientifiques entre Etats de niveau de développement
inégaux »5(*), même si, pour Henry Kissenger
« la coopération n'est pas une faveur qu'un pays
concède à un autre(...)6(*) », car elle sert les
intérêts des deux parties. La coopération implique
dès lors des acteurs différents qui conjuguent leurs actions en
vue d'atteindre les résultats qui leur profitent tous. Bref, la
coopération internationale peut se décliner en termes d'actions
concrètes conjuguées par deux ou plusieurs entités pour
une amélioration de leurs cadres respectifs.
2. La coopération
transfrontalière
Selon une définition extraite de la convention
interétatique sur la coopération transfrontalière de
l'Union africaine, la coopération transfrontalière
est : « Tout acte ou toute politique visant
à renforcer et à développer les relations de bon voisinage
entre les administrations territoriales, les organismes ou les autorités
et les communautés frontalières, dans au moins deux États
parties ainsi que la conclusion des accords et arrangements qui en
découlent. ».
Pour le Conseil de l'Europe la coopération
transfrontalière correspond à toute action visant à
développer les rapports de voisinage entre des collectivités ou
autorités territoriales situées de part et d'autres de la
frontière.
Cette notion désigne une situation, un état qui
concerne les pays situés des deux côtés d'une
frontière, ou de ce qui franchit une frontière. La zone
transfrontalière est donc un espace soumis au droit international,
communautaire et national qui vise à défendre les droits des
personnes vivant dans la zone, dans leurs relations avec le pouvoir de l'Etat
et avec les deux Etats limitrophes en vue de l'établissement des
conditions permettant de jouir effectivement de leurs droits.
L'espace transfrontalier est donc un espace réel ou
virtuel inhérent à tout Etat. En effet, l'existence des Etats
voisins suffit pour être titulaire de la zone transfrontalière
quelque soit le contexte et en toute circonstance. Ces considérations
ont justifié par exemple la reconnaissance cadre de Madrid de 1980. Bien
qu'il soit courant d'utiliser invariablement les termes frontière et
transfrontalier, les deux notions ne signifient pas la même chose. La
définition de frontière est plus restrictive. Ainsi dans le cadre
notre travail, nous analyserons la dimension transfrontalière de la
frontière dans sa globalité.
III. OPERATIONALISATION DES
CONCEPTS
Les concepts ci-dessus définis pour être
utilisés dans ce travail, doivent être
opérationnalisés, c'est-à-dire transformés en
indicateurs.
Le concept de coopération, sera ainsi
décliné en composantes immatérielles et en composantes
matérielles. La coopération comme ensemble de composantes
immatérielles repose sur l'histoire, les croyances, les valeurs, les
rites. La coopération comme ensemble de composantes matérielles,
se résume ici à la langue et aux arts et pratiques mises en
oeuvre.
Le concept de coopération transfrontalière
quant-à lui sera perçu à différents niveaux,
notamment relativement au partage d'un héritage culturel, historique et
politique commun entre les populations riveraines de la région
transfrontalière ente la Guinée Equatoriale et le Cameroun ;
les mouvements migratoires, la libre circulation des biens, des services, des
capitaux et des personnes de part et d'autre de la frontière ; les
échanges entre populations, l'existence des mouvements associatifs
transnationaux, la solidarité entre les populations, la
coopération transfrontalière entre les Etats à travers la
création des commissions mixtes, la coopération
transfrontalière entre les autorités administratives et entre les
autorités traditionnelles locales.
IV. INTERET DU SUJET
L'intérêt d'une étude sur la
coopération transfrontalière entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale peut être relevé au double plan
scientifique et opérationnel.
1. L'intérêt
scientifique.
Elle permet d'étudier une forme de coopération
bilatérale construite sur la base du partage d'une frontière
internationale commune et de la conscience d'appartenir à une même
aire géoculturelle. Il est question de mettre en exergue le foisonnement
des activités transfrontalières entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale à travers une mise en évidence des
acteurs d'une forme de coopération, liant, parfois et de manière
souvent assez évidente, le formel et l'informel.
2. L'intérêt
opérationnel
Loin de faire de cette étude un plaidoyer, il importe
de relever que ses conclusions peuvent avoir une portée
opérationnelle ; pouvant ainsi booster la coopération
transfrontalière entre les deux pays pour le bien de leurs populations
et au service de la paix régionale. Ce qui nous semble aussi digne
d'intérêt dans la mesure où cette production scientifique
s'inscrit dans le cadre d'un Mémoire de Master professionnel en
Diplomatie.
VI. DELIMITATION DE
L'ETUDE
La présente étude sur la coopération
transfrontalière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale est
délimitée au plan temporel et au plan spatial.
1. Délimitation temporelle
La fourchette chronologique de cette étude couvre une
période de quarante cinq ans allant de 1968 à 2012. Il est
importance de relever que toute réflexion sur la coopération
transfrontalière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale ne
peut être envisagée qu'à partir de 1968,
c'est-à-dire au lendemain de l'accession à l'indépendance
de la Guinée Equatoriale (le Cameroun l'ayant été depuis
1960). En effet « avant cette période, la
dépendance qui caractérisait le Cameroun comme la
quasi-totalité du continent est négatrice des relations
internationales ou sujet de droit international, mais plutôt comme
un objet du droit international, subissant souvent la causalité
impérialiste extérieure »7(*). Ce qui implique que notre
étude aura pour point de départ l'année 1968. Cette borne
symbolique traduit l'accession de la Guinée Equatoriale à la
souveraineté internationale et consacre la mise en oeuvre par le
Cameroun d'une politique nationale de défense de
l'intégrité territoriale et, en même temps,
l'élaboration d'une politique étrangère spécifique
à l'égard des pays limitrophes. La présente étude
se limite à l'année 2012 qui correspond à la tenue du 27
au 30 Août 2012 de la huitième session de la Grande Commission
Mixte Cameroun-Guinée Equatoriale.
2. Délimitation
spatiale
Il s'agit d'une étude sur les enjeux de
coopération autour de la configuration linéaire d'un espace
terrestre, à la fois continentale et maritime. En effet, la limite
territoriale entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale est
représentée par la frontière terrestre d'une longueur de
189 km allant de la ville Kyé-Ossi à Campo au Cameroun et,
d'Ebebeyin à Rio Campo du côté de la Guinée
Equatoriale. Tandis que la distance maritime entre les deux est de 35 km en
partant de l'île de Bioko jusqu'à la côte camerounaise la
plus proche, notamment la ville de Limbé tel qu'on peut le voir sur les
cartes ici-bas ; avec une frontière maritime s'étendant
quasiment sur tout le Littoral camerounais. Plus précisément, il
s'agit de la frontière méridionale du Cameroun qui «
s'étend entre 9°50' et 16°10' de longitude Est [...] la
frontière équato-guinéenne (étant située)
entre 9° 50' et 11° 50'»8(*).
Figure 1 : Carte présentant la
frontière maritime entre le Cameroun et la Guinée
Equatoriale
Légende :
Frontière maritime entre le Cameroun et la Guinée
équatoriale
Source : Encyclopédie Encarta
2009
Figure 2 : Carte présentant la
frontière terrestre et maritime entre le Cameroun et la Guinée
Equatoriale
Légende :
Frontière maritime entre le Cameroun et la Guinée
équatoriale
Frontière terrestre entre
le Cameroun et la Guinée équatoriale
Source : Encyclopédie Encarta
2009
VII. REVUE DE LA
LITTÉRATURE
La coopération transfrontalière entre le
Cameroun et la Guinée Equatoriale n'a pas fait l'objet de recherche ou
de publication spécifique. Toutefois, loin d'être pionnier dans le
domaine, notre travail s'est inspiré, et parfois aussi appuyé,
sur un certain nombre de documents dont il importe ici de faire mention.
Publié en 20029(*),
l'ouvrage de Karine Bennafla sur le commerce transfrontalier en Afrique
centrale est d'un grand apport à l'intelligence des échanges
marchands des grands centres frontaliers des pays concernés. Dans ce
travail, tirant partie des résultats de sa thèse de Doctorat,
elle se focalise sur les différentes pratiques et utilisations de la
frontière d'Etat ainsi que sur les conséquences politiques de la
recrudescence actuelle des activités économiques
frontalières. A travers une approche géographique, l'auteur
utilise avec force et détails le commerce frontalier pour analyser la
recomposition spatiale qui s'opère autour des zones frontalières
en s'interrogeant sur sa nature et sa portée.
Pour Karine Benafla, ces échanges frontaliers
participent plutôt au « maintien et au renforcement des cadres
spatiaux étatiques mais avec un remembrement interne des territoires
nationaux10(*)».
Par ailleurs, elle souligne que la déconfiture des structures
d'encadrement n'est pas de nature à favoriser l'intégration
régionale.
Dans une perspective régionale, il importe de souligner
quelques ouvrages traitant de l'intégration en Afrique centrale. Wilfred
Awung Ndongko fait une évaluation de l'évolution et de la
performance de l'Union Douanière et Economique de l'Afrique Centrale
(UDEAC) depuis sa création en 196411(*). Après une analyse des facteurs majeurs et
déterminants dans la création et l'évolution de l'Union,
l'auteur fait un examen de nouvelles approches et des instruments politiques
mis en place. Il s'intéresse ensuite aux implications extérieures
de l'évolution de l'UDEAC dans le cadre de la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) et du Plan d'Action de
Lagos. Son étude s'achève sur les perspectives d'avenir de
l'UDEAC. Tout au long de son analyse, Wilfred A. Ndongko mentionne quelques
obstacles de nature politique et économique qui entravent la
réalisation des objectifs primordiaux de l'UDEAC. Il cite, entre autres,
l'instabilité politique dans la région, la persistance du
nationalisme, l'impact de l'ancienne métropole, la faiblesse
financière de l'Union et le niveau inégal du développement
des Etats membres. En somme, un ouvrage riche en perspectives mais qui aborde
très peu la dimension pratique des principes de l'UDEAC et leur impact
sur les populations frontalières.
Plus récemment, Claude N'Kodia12(*) fait une autre lecture plus
critique de l'intégration économique en Afrique centrale:
L'analyse des faits conduit en effet à un constat peu encourageant. Elle
met en évidence une évolution peu satisfaisante des
échanges, une faiblesse du commerce intra-communautaire, une offre
régionale peu compétitive, le développement d'une
intégration parallèle au détriment d'un processus
conventionnel et un espace monétaire contraint par un environnement
économique peu favorable. Les différentes faiblesses apparaissent
ainsi comme les principaux indicateurs de la dérive des
expériences d'intégration économique engagées en
Afrique centrale.
La problématique de la libre circulation des personnes
et des biens en zone CEMAC est soulevée par Dairou Bouba dans le cadre
de son mémoire à l'IRIC. L'auteur inscrit sa recherche dans la
problématique générale de la capacité et de la
volonté des Etats africains à pouvoir mener à son terme un
processus d'intégration pouvant permettre de produire des effets
positifs sur leur développement. Ainsi, précise-il, au niveau de
l'Afrique centrale, les Etats avaient exprimé leur volonté de
constituer un marché commun dans le cadre de l'UDEAC. C'est pourquoi une
convention fut signée en 1972 pour permettre aux ressortissants de ces
pays de circuler librement dans cet espace, car le marché commun
nécessite la levée des obstacles tarifaires et la libre
circulation des facteurs de production. Toutefois, en dépit de sa
pertinence, la convention commune n'est pas effective. Pour Dairou Bouba, les
disparités du niveau de développement et du poids
démographique au sein de la CEMAC amènent certains Etats membres
à adopter des mesures contraignantes et discriminatoires pour
l'entrée sur leur territoire. A ce niveau, la variable
développement matérialisée par l'abondance des ressources
naturelles et la faiblesse démographique expliquerait la
réticence des Etats à ouvrir leurs frontières aux
ressortissants de la communauté. Par ailleurs, la crise
économique que traversent les pays de la CEMAC a accru le chômage
et l'insécurité urbaine et même transfrontalière
à travers les phénomènes de coupeurs de route et de bandes
armées. Ces phénomènes constituent un danger pour la
sécurité des hommes et de leurs biens et favorisent l'apparition
de la xénophobie dans plusieurs pays. Ici c'est la variable opinion
publique sur l'insécurité de l'emploi et de
l'insécurité des biens et des personnes qui amène le
décideur à sacrifier les objectifs de coopération
sous-régionale.
Ces différents travaux ont ceci en commun qu'ils
présentent les faiblesses de la coopération
transfrontalière et, le manque d'entrain dans le processus
d'intégration régionale, même entre deux pays limitrophes
comme le Cameroun et la Guinée Equatoriale.
Tout en tenant compte de ces différentes positions,
l'objectif de notre recherche est de montrer que la frontière peut
être un prétexte e t, surtout un facteur de coopération
entre les Etats. Par delà les fondements et les enjeux complexes qui la
sous-tendent, la frontière Cameroun Guinée Equatoriale peut
s'avérer être un réel cadre de coopération pour les
deux Etats bien que des efforts en ce sens restent à fournir.
VIII. PROBLÉMATIQUE
La coopération transfrontalière est
considérée dans la conjoncture actuelle comme un
élément déterminant dans les logiques contemporaines de la
structuration et de la stabilisation du fonctionnement des Etats souverains.
L'Afrique centrale dont font partie le Cameroun et la Guinée Equatoriale
connait une coopération transfrontalière
généralement difficile, caractérisée par
l'expression des égoïsmes nationaux et des replis identitaires. Or,
la zone transfrontalière Cameroun-Guinée Equatoriale, par
exemple, se caractérise par une homogénéité
géoculturelle et, paradoxalement, une perspective géopolitique
limitative au détriment, bien évidemment, du cadre formel de
coopération qui existe entre les deux Etats. A cet égard, notre
raisonnement s'articule autour des questions suivantes : Quels sont les
fondements et les enjeux de la coopération transfrontalière entre
le Cameroun et la Guinée Equatoriale ? Quelle peut en être sa
portée ? Autrement dit, en quoi consistent ses réalisations
et comment faire de cette coopération un tremplin pour
l'épanouissement des populations transfrontalières et
l'intégration sous-régionale ?
IX. HYPOTHÈSES DE
L'ÉTUDE
Deux hypothèses guident notre démarche :
1. Hypothèse 1
Le partage de la frontière commune entre le Cameroun et
la Guinée Equatoriale ainsi que les liens historiques qui unissent leurs
populations frontalières, favoriseraient notamment une forme de
coopération par le « bas » entre les deux Etats. La
coopération transfrontalière entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale trouverait son fondement dans un corpus juridique
élaboré, mais également dans les mouvements naturels des
peuples aux frontières, en vue des enjeux spécifiques ou
communs.
2. Hypothèse 2
Après des décennies de coopération, les
résultats semblent en demi teinte et, la frontière devient de
plus en plus un outil instrumentalisé à des fins diverses,
oeuvrant à l'accomplissement de toute sorte d'activités
illégales, de nature à entraver la stabilité des liens
entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale, d'où la
nécessité d'un véritable engagement politique des
principaux acteurs de la coopération transfrontalière entre les
deux pays.
X. CADRE THÉORIQUE ET
MÉTHODOLOGIQUE
1. Le cadre théorique d'analyse
Le réalisme, le transnationalisme, le constructivisme
et le fonctionnalisme sont, entre autres théories des Relations
internationales, celles qui nous paraissent plus aptes à
appréhender la réalité de la frontière entre le
Cameroun et la Guinée Equatoriale.
a. Le réalisme
Le réalisme est considéré comme le
paradigme dominant des Relations internationales. Le réalisme classique
postule que « L'Etat unitaire est le seul acteur
significatif des Relations internationales, que les intérêts
intérieurs n'affectent la politique internationale qu'à travers
l'action gouvernementale et que les interactions inter-sociétales
peuvent être considérées comme n'ayant qu'une importance
secondaire13(*) ». Le paradigme qui guide
l'interprétation de la réalité, est souvent défini
comme étant une posture théorique à partir de laquelle on
appréhende la réalité de manière
générale ou un phénomène en particulier. Ainsi que
ce soit Hans Morgenthau (1904-1980), Kenneth Waltz (1924) ou Raymond Aron
(1905-1983), leur vision du monde est centrée sur le risque permanent de
conflit entre des Etats en quête à la fois de puissance et
d'équilibre des puissances.
Dario Battistella résume en quatre propositions ce qui
d'après lui, fait la « sagesse » du paradigme
réaliste :
· L'état d'anarchie dans lequel se trouve les
relations internationales est synonyme d'état de guerre car il n'existe
aucune autorité centrale susceptible d'empêcher le recours
à la violence armée de la part des acteurs
internationaux ;
· Les acteurs principaux des relations
internationales sont les groupes de conflit et, depuis qu'existe le
système interétatique westphalien, ces groupes sont
essentiellement des Etats-nations organisées
territorialement ;
· Incarnées par le chef du pouvoir
exécutif, les Etats-nations sont des acteurs rationnels qui cherchent
à maximiser leur intérêt national défini en termes
de puissance eu égard aux contraintes du système
international ;
· L'équilibre des puissances est le seul mode
de régulation susceptible d'assurer non pas la paix, mais un ordre et
une stabilité internationaux forcément précaires, car dans
l'histoire sans fin que constituent les relations internationales, il n'ya pas
de progrès possible14(*).
Cette vision est sans doute importante pour comprendre le
comportement parfois égoïste des Etats pourtant engagés dans
un processus d'intégration ou de coopération multiforme ainsi
qu'on pourra l'apprécier entre le Cameroun et la Guinée
Equatoriale.
b. Le transnationalisme
Le transnationalisme est né en réaction contre
le réalisme classique. Pour les tenants du transnationalisme, ce
postulat stato-centré fournit une base inadéquate pour
l'étude de la politique mondiale en changement. Les individus et la
société civile par leurs relations transnationales15(*) constituent des acteurs
à part entière des relations internationales aux cotés des
Etats. Robert Keohane et Joseph Nye16(*), deux auteurs majeurs de cette théorie,
mettent ainsi l'accent sur les liens d'interdépendance complexe qui
lient entre eux les acteurs étatiques et non étatiques. Ils
considèrent que sans la prise en compte des acteurs non
étatiques, l'étude des relations internationales ne serait que
partielle. Ils se proposent de ce fait de : « Rompre avec la
tradition du stato-centré et de se concentrer sur les relations
transnationales, contacts, coalitions et interactions transfrontalières,
qui ne sont pas contrôlées par les organes centraux de la
politique étrangère des gouvernements. Composés par
l'ensemble des mouvements transfrontaliers des biens tangibles et intangibles
mettant aux prises des acteurs dont l'un au moins n'est de nature ni
gouvernementale ni intergouvernementale, l'information, les flux financiers, le
transport des biens physiques et la circulation des personnes et des
idées exercent en effet une contrainte sur les Etats, en ce qu'ils
augmentent la sensibilité réciproque des sociétés
et par là même affectent les relations entre gouvernements. Si
alors on veut accéder à une bonne compréhension du monde
contemporain, l'étude des effets réciproques entre relations
transnationales et système interétatique est
indispensable17(*) »
En somme, l'analyse transnationale prend en
considération les forces supranationales, transnationales, subnationales
ainsi que toute une série de transactions économiques,
technologiques, culturelles et sociales « échappant, en
partie, au moins aux Etats et s'établissant à travers les
frontières entre divers groupes sociaux18(*) ».
C'est donc à travers ce paradigme que seront analysés
dans ce travail, les usages liés à l'effet-frontière d'une
part, l'instrumentalisation de la frontière étatique par les
populations riveraines d'autre part. Cette transgression des frontières
par des acteurs subétatiques pouvant être considérée
comme un facteur de coopération transfrontalière, du fait du
rapprochement entre acteurs locaux et entre Etats qu'elle
induit.
c. Le constructivisme
Tel qu'il se présente dans le domaine de la
coopération, le constructivisme a été
développé par ce qu'il est convenu d'appeler, d'après le
professeur Andrew Moravcsik, l'école de Copenhague19(*). En reconnaissant la force
explicative du constructivisme dans certains aspects des relations
internationales (par exemple dans le conflit israélo-arabe) et en
cherchant à l'appliquer ailleurs, ils ont proposé les balises
permettant de canaliser le potentiel constructiviste dans le domaine de la
coopération en Europe. Inspirés par la philosophie de penseurs
comme Foucault, Austine ou Derrida, les chercheurs de cette école ont
développé le potentiel analytique de cette approche et l'ont
adapté aux rigueurs et aux nécessités
méthodologiques de la science politique.
D'après les constructivistes, ni les réalistes,
ni les théories fonctionnalistes, ni même l'inter
gouvernementalisme libéral ou l'institutionnalisme historique ne sont en
mesure d'expliquer clairement par exemple pourquoi et comment les
identités nationales des Etats membres évoluent au cours de la
coopération en Europe par exemple. Ainsi, le constructivisme accorde une
place primordiale aux identités, à la représentation que
l'on se fait de ses identités et à la construction sociale de ses
identités. Autrement dit, le comportement des acteurs des relations
internationales, qu'il s'agisse des Etats aussi bien que des individus, est
guidé par les identités et autres groupes d'idées auxquels
appartiennent ces acteurs. Il en est de même entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale.
En effet, le constructivisme se base sur l'idée selon
laquelle les structures sociales sont prioritairement déterminées
par les identités que partagent les acteurs des relations
internationales, plutôt que par les matières qu'ils partagent
entre eux. Ces structures sociales sont des cultures, au sens d'ensemble de
savoirs socialement partagés. Les acteurs des relations internationales
ne sont pas forcément des structures matérielles à
l'instar des Etats, des organisations internationales ou des
collectivités territoriales. Mais ce sont aussi des groupes, des
réseaux de croyances ou d'idées plus ou moins autonomes, agissant
de part et d'autre des frontières nationales et, tentant d'influencer et
de s'auto-influencer.
Les pratiques transnationales de ces groupes identitaires sont
de ce fait susceptibles d'influencer la manière même dont se
déroulent les relations internationales. Dès lors,
« l'ambition du constructivisme est de démontrer que les
pratiques, les discours, les valeurs ne peuvent être compris qu'en
rappelant qu'ils sont les produits des actions humaines situées dans des
contextes particuliers, à la fois historiques, politiques,
géographiques20(*) ». Autrement dit, la compréhension
d'une pratique sociale et des intérêts qui y sont associés
passe par la prise en compte de la spécificité du contexte
historique qui les a vu naître. C'est ainsi que dans le contexte de la
présente étude, nous pensons que les identités
ethnoculturelles et géographiques communes aux populations riveraines
des deux pays sont des facteurs susceptibles de cerner le maintien des liens
séculaires, en dépit de l'établissement de la limite
politique entre les deux Etats.
d. Le fonctionnalisme
Ce courant constitue un autre axe majeur du processus
d'intégration, de coopération entre les Etats. Il consiste en la
mise en commun par les chefs d'Etat et de gouvernement de certaines
matières dont une meilleure gestion est garantie par des initiatives
communes. Ainsi, David Mitrany21(*)un des tenants majeurs de cette théorie,
rejette tout cadre institutionnel défini a priori. Pour lui, le
processus d'intégration régionale doit commencer par identifier
les besoins humains d'ordre social ou technique, puis de voir quelles sont les
parties concernées, de les réunir afin de leur permettre de
coopérer. La forme que prendra l'institution découlera des
fonctions assumées. Mitrany fait le pari que la coopération
entamée dans un domaine technique précis n'engageant pas
directement la souveraineté s'étendra de proche en proche
à des domaines adjacents (phénomène de Spill
over), nécessitera des instruments de coordination qui tôt ou
tard, en arriveront à assumer des fonctions de coordination
politique.
Aux critères de l'intérêt et de la
sécurité tels que prônés par le réalisme,
Mitrany substitua donc les critères de paix, de bien-être et de
participation, comme objectifs ultimes de l'action internationale. Ceux-ci
correspondant à des fonctions précises, il était alors
envisageable de développer le rôle et les attributions des
organisations internationales fonctionnelles, seuls acteurs en mesure de
remplacer la confrontation à la coopération. L'originalité
de cette démarche réside dans la recherche des conditions
d'établissement d'une solidarité internationale inédite
reposant sur la fusion de ces mêmes intérêts,
l'égoïsme des nations pouvant être dépassé par
une collaboration également profitable à tous. Dans le même
ordre d'idées, nous pensons que la promotion d'une coopération
transfrontalière constitue un tremplin pour le développement de
la région frontalière et l'épanouissement de ses
populations, sans pour autant empiéter véritablement sur la
souveraineté des Etats.
Loin de les opposer, le but pour nous dans le cadre de ce
travail est d'amener les différentes théories à se
compléter les unes les autres.
2. Le cadre
méthodologique
Le cadre méthodologique définit les techniques
de collecte et les méthodes d'analyse des données
a. Techniques de collecte des
données
La technique, tout comme la méthode, est une
réponse au « comment ?». C'est un moyen d'atteindre
un but, mais qui se situe au niveau des faits ou des étapes pratiques.
Ainsi, pour ce qui est de la technique de collecte des données relatives
à la coopération transfrontalière entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale, nous nous sommes appuyés sur des entretiens,
complétés par une recherche documentaire.
· Les entretiens
L'interview dans les sciences sociales est le type particulier
d'entretien que le chercheur a avec les individus dont il attend des
informations en rapport avec le phénomène qu'il étudie.
D'une autre manière, c'est la situation au cours de laquelle un
chercheur essaie d'obtenir d'un sujet (l'interviewé), des informations
détenues par ce dernier que ces informations résultent d'une
connaissance, d'une expérience ou qu'elles soient la manifestation d'une
opinion22(*). L'interview
participe ainsi des techniques d'enquête de terrain, fondées sur
un contact direct entre le chercheur et la réalité
étudiée.
L'interview scientifique est en effet une démarche
préparée, qui s'inscrit dans un plan de recherche
préétabli et qui obéit à des règles
relativement rigoureuses pour en faire un outil d'observation répondant
autant que faire se peut, aux exigences d'objectivité et de rigueur de
la méthode scientifique. C'est ainsi que, afin de mieux
s'imprégner du vécu des populations riveraines de la
région frontalière, nous avons effectué une descente de
terrain au sein de ladite région notamment dans les localités
d'Ambam et Kyé-Ossi dans la région du sud Cameroun, à dans
d'autres villes comme : Campo, Douala, Limbé. Muni de notre guide
d'entretien, nous avons interrogé les autorités locales,
administratives et traditionnelles de la vallée du Ntem. Au cours de
cette descente sur le terrain, nous avons également pu nous rendre dans
les localités de Ma'a et de Ebebeyin (Guinée Equatoriale),
où nous avons pu également nous entretenir avec leurs
autorités.
En somme, cela nous aura permis d'assurer une certaine
variabilité des observations, de contraster autant que possible les
individus et les points de vue et, d'obtenir simultanément des
unités d'analyses suffisantes et assez significatives.
· La recherche documentaire
A l'opposé de l'enquête de terrain, la technique
d'enquête documentaire consiste à observer la
réalité de manière indirecte à travers les
documents qui sont en quelque sorte les traces que peuvent avoir
laissées les phénomènes que l'on veut
étudier23(*). Le
terme document désignant « tout élément qui
a un rapport avec l'activité des hommes vivant en société
et qui de ce fait constitue indirectement une source d'information sur les
phénomènes sociaux24(*) ».
Notre enquête documentaire s'est ainsi
déroulée dans quelques bibliothèques de la ville de
Yaoundé, notamment la Fondation Paul Ango Ela, la bibliothèque de
l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) enfin à la
bibliothèque de l'Université de Yaoundé I. Nous avons
ainsi pu nous inspirer de différents ouvrages relatifs à notre
sujet, mais aussi recueillir des informations dans des articles de presses et
de revues spécialisées. Cette enquête documentaire dans des
bibliothèques et centre de recherche a été
complétée par des informations issues de l'internet et des
enseignements universitaires.
b. Méthodes d'analyse des
données
Madeleine Grawitz25(*)définit la méthode comme étant
l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline
cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontrent, les vérifient. C'est le chemin tracé à
l'avance pour se diriger vers un but. Comme le souligne Kaplan :
« Le propre de la méthode est d'aider à comprendre
au sens plus large non les résultats de la recherche scientifique, mais
le processus de la recherche lui-même »26(*).
A cet effet, Maspétiol convie tout chercheur en science
sociale au relativisme méthodologique ; ceci, afin de maximiser le
taux d'accroissement de l'intelligibilité. Allant dans le même
sens, le Professeur Marcel Merle27(*) pense que la méthode normale des relations
internationales est « empirico-critique » et
récuse tout purisme dans le domaine. C'est ainsi que notre étude
mettra à contribution une méthode combinant différentes
approches, en raison des insuffisances dégagées par chacune
d'elles ; d'où le recours à une approche socio-historique et
à une approche géopolitique.
· L'approche socio-historique
A travers cette méthode, il s'agit d'appliquer la
méthode de la sociologie historique aux relations internationales. La
méthode socio-historique va de paire avec l'analyse culturelle avec
laquelle elle entretient un rapport dialectique :
« L'analyse culturelle ne peut être menée que par
rapport à l'histoire. D'abord, de part la nature même de la
culture qui implique une méthode d'analyse essentiellement
individualiste. Toute structure de signalisation renvoie en même temps au
singulier et à l'indivisible : ceci est vrai tant de la description
qu'il convient d'en donner que des hypothèses expliquant sa
formation28(*) ».
Ainsi, cette méthode permet de nous imprégner du
background historico-culturel au sein duquel s'inscrivent les relations entre
les populations de la région frontalière. Elle permet plus
précisément de comprendre l'historique du processus frontalier
entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale depuis le congrès de
Berlin de 1884. De plus, à travers une perspective diachronique et
synchronique, cette méthode permet de situer la question de l'impact de
la coopération sur les relations bilatérales entre les deux pays
dans le contexte actuel ; mais également de démontrer son
historicité dans le cadre d'interactions plus anciennes entre les
populations de la région frontalière des deux Etats. Elle
soutient ainsi l'explication du lien de causalité entre la culture et la
coopération en Afrique centrale, car « le savoir
historique met l'accent sur l'enchainement causal de divers moments de la
réalité sociale29(*) ».
· L'approche géopolitique
D'après Ayméric Chauprade, la
géopolitique c'est « l'étude de la volonté
de puissance appliquée aux situations de la géographie physique
et humaine30(*) ». C'est une idée de la
géopolitique contemporaine qui s'articule généralement
autour du lien étroit qui existe entre l'Etat, la politique et le cadre
géographique. En effet, se servant de l'histoire, de la
géographie, de la science politique et même de la sociologie, elle
permet de comprendre les comportements des Etats ou les motivations profondes
des acteurs internationaux. En tant que méthode d'analyse en
réalité, la géopolitique classique cherche d'abord, en
étudiant les actions des Etats, à comprendre leur
personnalité par rapport aux évolutions de leur environnement.
C'est d'ailleurs ce qui a permis à François Thual de
déclarer, comme le précise d'ailleurs l'intitulé de son
ouvrage, que la géopolitique nous apprend à
« déchiffrer l'actualité31(*) » et d'interpréter
les évènements internationaux. Michel Foucher y voit :
« Une méthode globale d'analyse géographique de
situations sociopolitiques concrètes envisagées en tant qu'elles
sont localisées, et des représentations habituelles qui le
décrivent. Elle procède à la détermination des
coordonnées géographiques d'une situation et d'un processus
sociopolitique et au décryptage des discours et des images
cartographiques qui les accompagnent32(*) ».
XI. PLAN DE TRAVAIL
Les résultats de notre recherche sont organisés
autour d'une ossature constituée de deux parties comprenant chacune deux
chapitres :
La première partie, intitulée Fondements et
enjeux de la coopération transfrontalière entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale, s'intéresse au background des rapports
historiques et socioculturels ente les deux Etats. Il s'agit d'établir
les modalités de jure de cette coopération tels les
accords, protocoles d'accords et traités. Ainsi, elle s'attèlera
tout d'abord à ressortir les instruments juridiques et institutionnels
qui soutiennent cette coopération transfrontalière (Chapitre I),
avant d'analyser les multiples enjeux de la coopération
transfrontalière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale
(Chapitre II). En somme cette première partie de notre étude a
pour objectif de décrire la structuration et les caractéristiques
de la coopération transfrontalière, pouvant justifier les
facteurs d'interpénétration entre les deux Etats.
La deuxième partie quant à elle, ayant pour
titre, évaluation et perspectives de la coopération
transfrontalière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale, met
en exergue d'une part les modalités de facto à travers
les différentes manifestations de la coopération
transfrontalière basée sur une évaluation des
échanges et des actions mises en oeuvre par les Etats (Chapitre
III) ; d'autre part les entraves de cette coopération avant
d'émettre quelques suggestions pour une coopération
transfrontalière harmonieuse et bénéfique (Chapitre
IV).
PREMIERE PARTIE
FONDEMENTS ET ENJEUX DE LA
COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LE CAMEROUN ET LA GUINEE-EQUATORIALE
La question de la coopération transfrontalière
entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale a été
initiée sur une base tridimensionnelle, notamment historico-culturelle,
spatiale et économique. Ainsi, à juste titre la frontière
est un facteur important de coopération, de développement et de
coexistence pacifique en Afrique. Raison pour laquelle entre les deux pays,
elle est un lieu de jonction, un instrument d'intégration, de brassage
non seulement entre deux pays limitrophes, mais parfois de plusieurs
régions. Que ce soit au niveau d'un continent ou de ses
sous-régions, une pleine et bénéfique intégration
n'est possible que si la coopération transfrontalière est
spécifiquement et délibérément encouragée.
Dans ce sens, l'objectif de ce travail est de rechercher les modalités
qui permettent de définir une coopération transfrontalière
entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale.
Au terme des recherches sur la question, il s'est
dégagé deux modalités se consacrant à cette
définition :
D'une part les modalités de jure qui
systématisent les différents accords soutenant les relations
multiformes entre les deux Etats, c'est le cas par exemple du
« Traité d'amitié et de bon voisinage », de
l'Accord de coopération Economique et Technique portant création
de la grande Commission Mixte.
D'autre part les modalités de facto qui
présentent les réalisations puis les efforts d'orientation de la
diplomatie dans le champ d'une pleine coopération
transfrontalière entre les deux Etats. En dépit de ces deux
modalités, juridiques et factuelles qui participent certes à la
définition d'un tel espace commun homogène entre le Cameroun et
la Guinée Equatoriale, il reste encore beaucoup d'étapes à
parcourir. A cet effet, pour une meilleure prise en compte de leurs
intérêts, les deux Etats doivent négocier des accords
appropriés, ils doivent également intégrer le secteur
privé comme pilier de cette coopération transfrontalière
ce qui conduit à examiner dans la présente partie deux aspects,
à savoir les fondements (chapitre 1) et les enjeux (chapitre 2) qui
favorisent l'implémentation de cette coopération
transfrontalière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale.
CHAPITRE I : LES
FONDEMENTS JURIDIQUES ET INSTITUTIONNELS DE LA COOPERATION
TRANSFRONTALIERE ENTRE
LE CAMEROUN ET LA GUINEE EQUATORIALE.
A l'observation générale, les relations entre
les sociétés africaines, et celles de l'Afrique centrale
particulièrement, sont antérieures à l'Etat33(*), c'est la raison pour laquelle
elles ont très facilement connu une transformation avec son
avènement. Ainsi, à l'exemple de nombre d'Etats africains, le
Cameroun et la Guinée Equatoriale ont élaboré un cadre
juridique qui définit leurs relations (section I) et qui, par ailleurs,
s'inscrit également dans un environnement institutionnel communautaire
auquel appartiennent les deux Etats (section II).
SECTION I : LE CADRE
JURIDIQUE DE LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LES DEUX ETATS.
La coopération transfrontalière entre le
Cameroun et la Guinée Equatoriale relève d'un cadre normatif
approprié (A) qui est soutenu et renforcé par d'autres
instruments juridiques (B).
A. Les fondements juridiques
de base de la coopération transfrontalière entre les deux
Etats
La coopération exige un minimum de normes pour qu'elle
soit définie. A cet effet, Les Etats généralement se
concertent et posent ensemble des règles qui constituent le début
de la base d'une coopération continue. Leurs relations débutent
par des accords cadres, qui fixent le fond de la conduite
générale des relations bilatérales entre les parties pour
ensuite s'élargir par des accords spécifiques qui portent sur
des questions particulières. L'instrument de base de toute
coopération est le traité ; celui-ci étant
défini comme « tout accord conclu entre deux ou plusieurs
sujets de droit international destiné à produire des effets de
droit et régi par le droit international »34(*). C'est ainsi que le
Traité d'Amitié et de Bon Voisinage et l'accord commercial et
technique portant institution de la Grande Commission Mixte régissent la
coopération entre les deux Etats et en constituent les
éléments juridiques de base.
1. Le Traité
d'Amitié et de Bon Voisinage
Signé à Yaoundé le 26 janvier 1980 entre
le gouvernement de la République Unie du Cameroun et le gouvernement de
la République de Guinée-Equatoriale, le Traité
d'Amitié et de Bon Voisinage a été ratifié par le
Cameroun le 04 février 1980. Cet accord vise à jeter les bases
d'une future coopération bilatérale pacifique et comporte huit
articles qui précisent les engagements mutuels entre les deux Etats en
vue d'une part, les objectifs communs visés pour une relation
harmonieuse et d'autre part, les domaines de collaboration.
a. Les objectifs communs
visés par le Traité d'Amitié et de Bon Voisinage
Aux termes de cet accord35(*), les objectifs ci-après sont poursuivis :
· Maintenir une paix permanente, une amitié solide
et un bon voisinage découlant naturellement de la fraternité qui
lie les peuples des deux pays ;
· Préserver, sauvegarder et respecter
l'intégrité territoriale, la personnalité et la
souveraineté de chacun des deux pays ;
· Renforcer leurs relations communes dans tous les
domaines, afin de contribuer à l'élargissement du champ de
compréhension mutuelle entre les peuples frères de la
Guinée Equatoriale et du Cameroun ;
· Ne pas recourir à l'emploi de la force entre les
deux pays et résoudre tout litige ou tout différend de quelque
forme que ce soit par les moyens pacifiques, conformément à
l'esprit de fraternité, d'amitié et de bon voisinage, et aux
principes de l'Organisation de l'Unité Africaine ;
· N'adhérer à aucun pacte ni aucune
coalition ou association de personnes physiques ou morales dirigés
contre l'un des deux Etats ;
· Soumettre toutes les questions d'intérêt
commun à des commissions mixtes bilatérales d'experts qui auront
pour mission de trouver des solutions adéquates susceptibles de
promouvoir rapidement la coopération souhaitée.
Il apparait de toute évidence que les objectifs de ce
texte se résument à quelques principes directeurs que sont
la : fraternité à travers la recherche de l'instauration
d'un climat d'amitié, de bon voisinage ; l'égalité
souveraine à travers le respect du principe de non ingérence
dans les affaires internes d'un autre Etat en dépit de la
différence de taille des deux pays enfin, la réciprocité
et le principe de l'unité africaine. Ces objectifs rentrent en droite
ligne des fondements même de l'action et de la conduite diplomatiques du
Cameroun depuis la reconnaissance internationale du principe de sa double
souveraineté interne et externe. C'est aussi le témoignage de son
caractère de havre de paix dont les tentacules s'étendent
au-delà des frontières nationales.
Ces objectifs témoignent de la volonté politique
forte partagée par les deux Etats limitrophes comme préalable
indispensable à une coopération forte, sincère et
mutuellement bénéfique. Car celle-ci nécessite d'une part,
une bonne connaissance et une relation de confiance entre les parties
susceptibles d'engager une coopération transfrontalière et
d'autre part, un travail coordonné des services techniques des
différentes structures engagées pour donner forme au projet ou
à la démarche de coopération, qu'elle concerne une
région de quelques milliers d'habitants ou une sous-région ;
indépendamment des domaines dans lesquels ils souhaitent entretenir des
relations.
b. Les domaines de collaboration
et mesures visés par le Traité d'Amitié et de Bon
Voisinage
Aux termes de l'article 4 du décret
ci-évoqué, « les parties contractantes
s'engagent à contribuer au développement de leur
coopération économique, technique et dans tout autre domaine sur
la base d'accords conclus entre elles ». Bien que ce
texte énumère les domaines de collaboration, il n'est pas
limitatif, il laisse la possibilité aux Etats signataires d'explorer
d'autres horizons et de formaliser par la signature d'autres instruments
juridiques. A la suite de cet accord, de nombreux autres accords furent
signés entre les deux Etats, aussi bien dans les domaines
sus-évoqués que dans bien d'autres, tout en respectant l'esprit
de ce texte fondamental de la coopération transfrontalière entre
les deux Etats.
Concernant les mesures envisagées, il apparait de toute
évidence que le présent traité visait à
accélérer les relations bilatérales à travers la
facilitation de la libre circulation des personnes et des biens, le retour des
populations respectives dans leur pays d'origine après la période
des tensions sociales observées en Guinée-équatoriale
marquée par la fuite des populations Equato-guinéenne vers le
Cameroun. Du point de vue des parties contractantes, accords et protocoles
d'accords ont été choisis comme mode opératoire pour
atteindre ces objectifs.
2. L'accord commercial et
technique portant création de la Grande Commission Mixte de
coopération entre la République du Cameroun et la
République de Guinée Equatoriale
La Guinée-équatoriale entretient des relations
diplomatiques avec le Cameroun depuis le 27 octobre 1968. Ces relations ont
connu un tournant décisif en 1970 avec la signature d'un accord de
coopération économique et technique dont l'article 7 crée
la Commission Mixte Cameroun- Guinée équatoriale. Un nouvel
accord a été négocié et signé le 06 Novembre
1980. Il remplace celui conclu à Yaoundé le 1er
Janvier 1970 et est entré en vigueur provisoirement dès sa
signature et définitivement après échange des instruments
de ratification. En outre, le règlement intérieur de la Grande
Commission Mixte a été également signé le 06
Novembre 1980. Il est entré en vigueur le même jour et
remplacé celui conclu en 1972. Cette Commission Mixte est un cadre
d'évaluation, de perspectives pour la promotion et l'approfondissement
des relations entre les deux pays, elle vise à donner une impulsion
nouvelle à la coopération transfrontalière entre les deux
pays. Elle est organisée régulièrement tous les deux ans
et en alternativement soit au Cameroun ou en Guinée-Equatoriale. Cette
périodicité peut changer lorsque les problèmes d'urgence
se posent ou en cas de demande d'une des parties. Le préambule de
l'accord instituant cette Commission affirme leur volonté
renouvelée de promouvoir et d'élargir leur coopération
mutuelle économique, scientifique et technique. Et deux principes sont
ainsi soulignés à savoir : l'égalité et le
bénéfice mutuel entre les deux Etats. Elle est établie
selon une organisation et un mode de fonctionnement qui lui permet d'atteindre
des multiples et nobles objectifs.
a. L'organisation et le fonctionnement
de la Commission Mixte Cameroun-Guinée Equatoriale
Elle regroupe l'ensemble des départements et
administrations techniques dans les domaines aussi variés que le
commerce, la santé, l'économie, les affaires consulaires, la
pêche, l'élevage, la formation, la sécurité, la
délimitation frontalière etc. Sa composition dépend des
points inscrits à l'ordre du jour de manière concertée
entre les deux parties. Ainsi s'il faut s'en tenir à l'exemple de la
huitième session de la Grande Commission Mixte Cameroun-Guinée
Equatoriale tenue au palais des congrès de Yaoundé du 27 au 30
Août 2012, elle était co-présidée par leurs
Excellences le Ministre des Relations Extérieures du Cameroun, Monsieur
Pierre Moukoko Mbonjo, et le Ministre des Affaires Etrangères et de la
Coopération de Guinée-équatoriale, Monsieur Agapito Mba
Mokuy36(*). Etaient ainsi
invités côté camerounais, leurs excellences : Pr.
Jacques Fame Ndongo, Ministre de l'enseignement supérieur, Pr. Laurent
Serges Etoundi Ngoa, Ministre des Petites en Moyennes Entreprises, de
l'Economie Sociale et de l'Artisanat, M. Luc Magloire Mbarga Atangana, Ministre
du Commerce, M. André Mama Fouda, Ministre de la Santé Publique,
M. Nganou Djoumessi, Ministre de l'Economie, de la Planification et de
l'Aménagement du Territoire, M. Patrice Amba Salla, Ministre des Travaux
Publics, Dr. Taïga, Ministre de l'Elevage des Pêches et des
Industries Animales, M. Michel Ange Angouin, Ministre de la Fonction Publique
et de la Reforme Administrative, M. Yaouba Abdoulaye, Ministre
Délégué auprès du Ministre de l'Economie, de la
planification et de l'Aménagement du Territoire, Chargé de la
Planification, Mme Ananga Messina née Beyeme Clémentine
Antoinette, Ministre Délégué auprès du Ministre de
l'Agriculture et du Développement Rural, M. Benoit Ndong Soumhet,
Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de l'Education de Base, M.
Koumpa Issa, Secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, M. Mbarga
Nguele, Délégué Général à la
Sûreté Nationale et S.E. Lazare Mpouel Bala, Ambassadeur de la
République du Cameroun en Guinée-Equatoriale.
Côté équato-guinéen, prenaient part
à ces travaux leurs excellences: M. Leocadio Ndong Monung, Ministre
Délégué au Ministère de l'Intérieur et des
Corporations Locales, Mme Victoriane Nchama Nsue Ocomo, Vice- Ministre des
Affaires Etrangères, M. Juan Antonio Dibang N., Vice Ministre de la
Sûreté Nationale et M. Jesus Obama Nzang, Chargé
d'Affaire a.i de la République de Guinée Equatoriale au
Cameroun.
Sur le plan du fonctionnement, la périodicité
des rencontres est de deux ans tel que le prévoit l'accord créant
la commission et les travaux se tiennent alternativement au Cameroun et en
Guinée-équatoriale. Cependant, les travaux peuvent se tenir sans
tenir compte de cette échéance, à la demande de l'une des
parties ou en cas de crise profonde entre les populations riveraines, c'est le
cas lors de la crise diplomatique entre les deux Etats en 2004 suite au
refoulement massif des camerounais résidents en
Guinée-équatoriale. Lors des travaux, un ordre du jour est
adopté, ensuite les experts des deux délégations
procèdent à l'examen des questions juridiques et politiques de la
coopération économique et commerciale et la coopération
scientifique, culturelle et technique. Ces rencontres donnent également
lieux aux parties d'identifier les nouveaux chantiers dans le sens de la
diversification et l'intensification de la coopération
transfrontalière dans divers domaines. A l'issue des travaux, les deux
parties procèdent à la signature des documents.
b. Les principes directeurs et
objectifs de la Grande Commission Mixte
La création de la Grande Commission Mixte
Cameroun-Guinée équatoriale résulte de la volonté
des deux Etats d'aplanir les divergences et de donner une nouvelle impulsion
à la coopération entre le Cameroun et la
Guinée-équatoriale. Dans son préambule, les deux parties
affirment leur volonté renouvelée de promouvoir et
d'élargir leur coopération mutuelle, économique et
technique. Cette instance met en exergue un certain nombre de principes et vise
des objectifs précis.
S'agissant des principes directeurs, deux sont
soulignés dans l'accord : l'égalité et le
bénéfice mutuel. L'article 5 dudit accord ajoute, le respect des
lois et règlements en vigueur dans le pays d'accueil par tout mandataire
de l'une des parties.
S'agissant des objectifs, la Commission Mixte Cameroun-
Guinée Equatoriale s'est vue assignée les tâches
suivantes :
· Promouvoir et coordonner le développement
économique, scientifique et la coopération technique entre les
partie contractantes ;
· Elaborer des propositions en vue de
l'élimination des obstacles qui peuvent survenir lors de
l'exécution des projets établis en vertu du présent accord
ou en vertu de protocoles y afférents ;
· La résolution pacifique des conflits pouvant
survenir entre les parties contractantes ;
· L'examen des propositions visant à la mise en
oeuvre effective de l'accord
Le cadre juridique de cette coopération est donc
insuffisant, seuls deux accords cadres soutiennent leurs relations multiformes.
Pour pallier à cette insuffisance d'autres instruments juridiques se
sont avérés nécessaires.
B. Les autres instruments de
coopération transfrontalière entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale
Il s'agit d'une pluralité d'Accords et Protocoles
d'Accords signés entre les deux Etats, sans doute, des
témoignages de la vitalité d'une coopération
bilatérale forte, dense et multiforme.
1. Les accords de
coopération entre les deux Etats.
Par définition, un accord est une convention
établie entre deux ou plusieurs parties, une approbation qui tient lieu
de décision. Ils résultent de la volonté des deux Etats de
consolider les relations fraternelles et amicales qui existent entre les deux
pays. Ainsi plusieurs accords ont été signés entre les
deux Etats dans les domaines aussi variés.
a. Dans les domaines agricole et
forestier
En vue de promouvoir une large coopération dans les
domaines de l'agriculture et des forêts, au regard des problèmes
techniques qui affectent leur développement socio-économique
notamment dans le domaine rural que constitue la zone frontière entre
les deux pays. Cet accord signé le 26 Novembre 1981 par les deux
gouvernements, trace le cadre de coopération entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale.
Ainsi dans le domaine Agricole, la coopération comprend
le volet technique et financier à travers la promotion du
développement et la diversification des cultures, des plantes textiles
(coton, cisal, etc). Elle vise également l'échange des
connaissances techniques, scientifiques dans le domaine de cultures
vivrières telles les céréales, tubercules etc, afin de
parvenir à un vaste programme d'intensification de ces cultures dans les
deux Etats, enfin l'accord de coopération vise le développement
des cultures des oléagineux, des plantes industrielles comme le
thé, la banane et la lutte contre les maladies des plantes
cultivées et la formation des cadres techniques de l'agriculture des
deux pays.
Dans le domaine forestier, la coopération technique
comprendra les échanges d'informations dans le domaine de la
commercialisation du bois et des produits connexes, les études et
travaux ayant trait aux caractéristiques technologiques des
espèces forestières des deux pays enfin sur l'organisation
mutuelle des missions d'échange d'expériences techniques.
Cet accord signé pour une durée de cinq ans
renouvelable par tacite reconduction est l'un des accords de coopération
dont la durée de vie reste la plus longue et fut l'oeuvre de leurs
Excellences Monsieur Paul Dontsop, Ministre d'Etat chargé des Affaires
Etrangères du Cameroun et Monsieur Florencio Maye Ela, Commissaire
d'Etat du Ministère des Affaires Etrangères de
Guinée-équatoriale.
b. Dans les domaines culturel et
commercial
L'Accord de coopération Culturelle entre les deux
Etats, résulte de la prise de conscience des liens indissolubles et
fraternels qui unissent leurs deux peuples le Cameroun et la
Guinée-équatoriale, désireux de renforcer et de consolider
les relations entre les deux pays, dans les domaines de la culture, de
l'éducation, des arts et des sports, enfin que cette coopération
culturelle serve à resserrer davantage les rapports particuliers qui les
unissent. Ainsi, la République Fédérale du Cameroun
s'engage à faciliter sur son territoire l'éducation des citoyens
Equato-guinéens désireux de suivre un enseignement en langue
française et anglaise et d'acquérir les diplômes qui les
sanctionnent. Après amendements, ce projet soumis aux autorités
camerounaises a été signé le 06 Novembre 1980 par les deux
chefs de délégation, à savoir : S.E.M Simon Nko'o
Etoungou, Ministre des Affaires Etrangères du Cameroun et S.E.M Roman
Borico Toichoa, Ministre du Travail de la Guinée-équatoriale.
L'Accord commercial conclu le 29 Avril 1983 à
Malabo entre le gouvernement de la République du Cameroun et le
gouvernement de la République de Guinée- Equatoriale.
Par définition, la ratification est l'acte par lequel,
un accord est rendu exécutable par un Etat. Après la signature du
projet de coopération des deux pays dans le domaine
sus-évoqué, chaque Etat devait procéder à la mise
en application du texte de droit international dans son ordonnancement
juridique interne. C'est ainsi que le Président de la République
Unie du Cameroun37(*) a
par décret rendu effectif cet accord pour la partie camerounaise, le 07
Décembre 1983, dans l'optique de consolider les liens d'amitié et
de développer la relations commerciales entre les deux pays sur la base
de l'égalité et des avantages mutuels, en vue d'accroitre et
à intensifier les échanges commerciaux entre les deux pays pour
tous les produits des listes A et B38(*), lesquelles listes ne sont pas limitatives, les
parties peuvent les compléter lors des réunions de la commission
Mixte tel que prévu à l'article 10 du présent Accord. De
plus, le présent accord précise les modalités liées
à l'exportation des produits, les personnes habilitées à
livrer les produits, le transit, l'exonération des droits de douane et
de taxe, au paiement, la durée du présent accord enfin les
mécanismes de dénonciation, de révision ou de modification
du présent Accord. Cet accord régule les échanges
commerciaux entre les deux pays et permet de calculer leur balance commerciale
respective.
2. Les protocoles d'accords et
les conventions de partenariat entre les deux Etats
Par définition, un protocole est un ensemble des
résolutions prises par les représentants des deux parties. Ainsi
à l'issue des différentes rencontres des
délégations plusieurs résolutions sont prises en attendant
leur approbation par les autorités compétentes des deux Etats.
a. Le Protocole d'accord de pêche
entre la République du Cameroun et la République de Guinée
Equatoriale
Pour renforcer la coopération entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale ; plusieurs protocole de coopération ont
été signé c'est le cas du protocole d'accord de
pêche entre les deux Etats fait à Malabo le 26 Novembre 1981.
L'objectif visé est la consolidation voire rendre effectif l'accord de
coopération économique et technique conclu à
Yaoundé le 06 Novembre 1980 entre les deux pays.
Ce protocole de (07) sept articles porte sur :
· L'engagement par les navires des deux pays au respect
strict des dispositions du Code des Pêches Maritimes relatives à
la séparation des zones de pêche ;
· La libre circulation et de pêche des navires de
pêche des deux pays dans les eaux territoriales ;
· L'information et l'harmonisation des positions par
les Ministres respectifs chargés de la pêche maritime avant
toute conférence technique internationale, intéressant
conjointement les deux Etats ;
· La concertation périodique des deux pays pour
l'étude, par une commission technique paritaire, des problèmes
économiques et techniques posés par leurs programmes
d'exploitation et l'application par chacun des pays des décisions prises
par cette commission.
b. Les conventions de
partenariats
Dans un souci de perfectionnement et de formation du personnel
et des hauts cadres de l'administration publique, les deux pays ont
signé des conventions de partenariats avec les grandes écoles du
Cameroun à l'instar de l'IRIC en vue de la formation des diplomates
équato-guinéens. Ceci devrait se faire à travers des
modules de formation dispensés au Cameroun et qui seraient
transférés su place en Guinée Equatoriale. Deux autres
grandes écoles ont bénéficié de ces conventions, il
s'agit de l'ENAM et de L'ENSP. Leurs modules de formation devraient être
mis à la disposition de la Guinée-équatoriale pour la
formation du personnel de la Fonction publique et des forces de
sécurité publique de ce pays voisin.
SECTION II : LE CADRE
INSTITUTIONNEL COMMUNAUTAIRE DE LA COOPERATION BILATERALE ENTRE LES DEUX
ETATS.
Pour mieux appréhender les tenants et aboutissants de
la coopération transfrontalière entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale, il importe de relever, au-delà des relations
bilatérales entre les deux pays, quelques aspects issus du cadre
multilatéral. Le cadre institutionnel de la coopération
transfrontalière entre le Cameroun et la
Guinée-équatoriale s'inscrit ainsi dans le droit communautaire de
la CEMAC et de la CEEAC, communautés économiques
régionales auxquelles appartiennent les deux Etats.
A. Le cadre de la CEMAC
La Communauté économique et monétaire de
l'Afrique centrale (CEMAC) est une organisation internationale regroupant six
pays d'
Afrique centrale
dont le Cameroun et la Guinée Equatoriale. Créée pour
prendre le relais de l'Union douanière et économique de l'Afrique
centrale (UDEAC), la CEMAC a été instituée le 16 mars
1994 à
Ndjamena (
Tchad) et est entré en
vigueur en juin
1999. Son siège est
à Bangui (République centrafricaine). Composée de quatre
institutions (l'Union économique de l'Afrique centrale, l'Union
monétaire de l'Afrique centrale, le Parlement Communautaire, la Cour de
justice Communautaire), la CEMAC a pour missions :
· D'établir une union de plus en plus
étroite entre les peuples des États membres pour raffermir leurs
solidarités géographique et humaine ;
· De promouvoir les marchés nationaux par
l'élimination des entraves au commerce intercommunautaire, la
coordination des programmes de développement, l'harmonisation des
projets industriels ;
· De développer la solidarité des pays
membres au profit des pays et régions
défavorisés ;
· De créer un véritable
marché
commun africain.
Les institutions communautaires ouvrent ainsi la voie à
une coopération de proximité et transfrontalière ; ce
qui permet d'instaurer une communication et un dialogue fécond entre les
populations de pays différents, réunies autour des programmes
communs. Il s'agit là d'instruments de paix, de sécurité
et de développement. Pour assurer la réussite de ce processus de
coopération transfrontalière, la CEMAC s'est dotée
d'institutions capables d'apporter une contribution efficace à un tel
projet. C'est ainsi que la cour de justice communautaire (A) pourrait
résoudre l'épineux problème de l'inapplicabilité
des règles communautaires ; alors que le parlement communautaire
édictera des règles contraignantes pour les Etats mais
bénéfiques aux populations (B).
1. La Cour de Justice
communautaire
a. Présentation de
l'Institution
La Cour de Justice Communautaire de la CEMAC, basée
à Ndjamena au Tchad, est instituée par l'article 5 du
Traité de la CEMAC. Au terme de cet article, la Cour comprend deux
chambres : une Chambre Judiciaire et une Chambre des Comptes. La Chambre
Judiciaire assure le respect du droit dans l'interprétation et
l'application du traité et des conventions subséquentes tandis
que la Chambre des Comptes assure le contrôle des comptes de l'Union.
La Chambre Judiciaire peut être saisie par un Etat, une
personne pour tous différends nés de l'application des
règles communautaires. Or dans le domaine de la libre circulation des
personnes un différend s'est crée devant la non application d'une
convention communautaire par deux Etats membres. Car l'article 47 de l'additif
du traité de la CEMAC énonce que « les dispositions
du traité de Brazzaville du 8 décembre 1964 tel qu'amendé,
ainsi que les autres actes juridiques qui ne sont pas contraires aux
dispositions du présent additif et des conventions, restent en
vigueur... ».39(*)
b. La portée de la
Cour de Justice communautaire
Il est intéressant de clarifier ce que peut faire la
Cour de Justice Communautaire de la CEMAC par rapport à l'application
des textes internationaux signés. Tous les Etats membres ont
signé et ratifié le traité de la CEMAC. Or l'article 21
alinea 2 du traité additif dispose que les règles communautaires
sont obligatoires dans tous les éléments et sont directement
applicables dans tout Etat membre.
En s'engagement à signer ce traité, les Etats
ont du coup limité leur souveraineté. Comme indique la
jurisprudence de la Cour Européenne « le transfert
opéré par les Etats de leur ordre juridique interne au profit de
l'ordre juridique communautaire des droits et des obligations correspondant aux
dispositions des traités, entraine une limitation définitive de
leurs droits souverains, contre laquelle ne saurait prévaloir un acte
unilatéral ultérieur incompatible avec la notion de
communauté »40(*).
En intégrant une communauté « les
chances pour un Etat de se voir lié par un accord contre sa
volonté sont réelles » reconnait Elisabeth
Zoller41(*). La Cour de
Justice Communautaire à elle seule ne peut contraindre les Etats
à respecter leurs propres engagements. C'est une question de
responsabilité des gouvernements et d'option de politique de
développement. Mais la Cour de Justice Communautaire n'est pas la seule
institution de la CEMAC qui peut intervenir dans la résolution des
problèmes communautaires. Le Parlement Communautaire joue aussi un
rôle important.
2. Le Parlement
Communautaire
a. Présentation de
l'Institution
Le Parlement Communautaire est institué par l'article 4
du traité de la CEMAC. Cet article précise que ce Parlement
« aura pour rôle essentiel de légiférer par
voies de directives »42(*). Durant la période d'attente, une commission
interparlementaire a été mise sur pied et composée de
trente membres dont cinq par Etat. Sa présidence était
assurée par l'Etat membre qui préside la Conférence des
Chefs d'Etat. La commission interparlementaire se réunit une fois par an
sur convocation de son Président. Elle a été
officiellement installée par le Président
équato-guinéen le 22 juin 2002.
La commission interparlementaire avait pour rôle
d'élaborer la convention devant régir le Parlement Communautaire.
A cet effet, un délai de cinq ans lui avait été
accordé42(*). Si le
siège du Parlement Communautaire a été inauguré le
15 avril 2010 à Malabo en Guinée Equatoriale ; il n'en
demeure pas moins que jusqu'alors, les populations attendent encore une
véritable participation au processus décisionnel dans la mise en
place de la CEMAC. Sans doute, le Parlement Communautaire servira à
impliquer les populations à travers leurs représentants. Leurs
préoccupations pourront être prises en compte et elles sauront
ainsi créer une dynamique nouvelle au processus d'intégration.
Ses missions prévues à l'article 44 du texte
additif vont dans ce sens. C'est ainsi qu'il stipule que le Parlement
Communautaire contribuera aux efforts d'intégration par l'instauration
des débats et du dialogue.
b. La portée du
parlement communautaire
Elle servira pour ainsi dire de courroie de transmission entre
les populations et les instances décisionnelles et par ce fait
même favorisera la naissance d'une citoyenneté communautaire.
Dans le domaine de la circulation des personnes, le Parlement
Communautaire à travers ses directives, ses résolutions ou ses
rapports, permettra de mieux se pencher sur cet épineux dossier qui
jusque là n'a pas connu d'avancées considérables. Les
tracasseries dont sont victimes chaque jour les ressortissants de la
communauté dans leurs mouvements ainsi que les obstacles divers pourront
ainsi être débattus au sein de cette institution pour qu'enfin une
solution juste et équitable puisse être trouvée.
En somme, la CEMAC présente un cadre juridique et
institutionnel adéquat pour faciliter l'intégration humaine en
facilitant la mobilité des personnes dans tous les Etats membres. Mais
le cadre en lui-même n'est qu'une formalité juridique ;
encore faudrait-il avoir des infrastructures de toute nature pour pouvoir
concrétiser les voeux exprimés sur la libre circulation des
personnes en Afrique centrale, condition nécessaire à la mise en
place d'un marché commun.
B. Le cadre de la CEEAC
En date du 18 Octobre 1983, fût créée la
Communauté économique des États de l'Afrique centrale
(CEEAC), une organisation internationale pour le développement
économique, social et culturel de l'Afrique, chargée de la
création des structures régionales pouvant progressivement
aboutir à un Marché commun, selon les prescriptions du Plan
d'Action de Lagos d'avril 1980.
L'objectif fondamental poursuivi par la Communauté
concerne la promotion et le renforcement d'une coopération harmonieuse
et un développement dynamique, équilibré et autoentretenu
dans tous les domaines de l'activité économique et sociale, en
particulier dans les domaines de l'industrie, des transports et des
communications, de l'énergie, de l'agriculture, des ressources
naturelles, du commerce, des douanes, des questions monétaires et
financières, des ressources humaines, du tourisme, de l'enseignement, de
la culture, de la science et de la technologie et du mouvement des personnes en
vue de réaliser l'autonomie collective, d'élever le niveau de vie
des populations.
La CEEAC conduit le processus d'intégration
régionale de l'Afrique Centrale et est reconnue par l'Union Africaine.
Elle est composée de six (06) institutions42(*) (la conférence des
chefs d'Etat et de gouvernement ; le conseil des ministres ; la cour
de justice communautaire ; le secrétariat
général ; la commission consultative ; tout
comité ou organe technique spécialisé créé
ou prévu par le présent traité). Aux termes de l'article
4(2) du traité sus-évoqué, la CEEAC a pour missions :
· L'élimination, entre les Etats membres, des
droits de douane et toutes autres taxes d'effet équivalent à
l'importation et à l'exportation des marchandises ;
· L'abolition, entre les Etats membres, des restrictions
quantitatives et autres entraves au commerce ;
· L'établissement et le maintien d'un tarif
douanier extérieur commun ;
· L'établissement d'une politique commerciale
à l'égard des Etats tiers ;
· La suppression progressive, entre les Etats membres,
des obstacles à la libre circulation des personnes, des biens, des
capitaux, des services et au droit d'établissement ;
· L'harmonisation des politiques nationales en vue de la
promotion des activités communautaires, notamment dans les domaines de
l'industrie, des transports et communication, de l'énergie, de
l'agriculture, des ressources naturelles, du commerce, de la monnaie, des
finances, des ressources humaines, du tourisme, de l'enseignement et de la
culture de la science et la technologie ;
· La création d'un fonds de coopération et
de développement ;
· Le développement rapide des Etats membres sans
littoral, insulaires, partiellement insulaires, semi-enclavés, et ou
appartenant à la catégorie des pays les moins
avancés ;
· Toutes autres activités visant à
atteindre les objectifs communautaires que les Etats membres pourront
entreprendre en commun.
A travers ce traité, il s'agit pour les Etats membres
de s'engager à orienter leurs efforts pour réunir les conditions
favorables au développement de la communauté et à la
réalisation de ses objectifs ainsi qu'à l'harmonisation de leur
politique pour la concrétisation desdits objectifs, les hautes parties
contractantes s'engagent aussi à respecter les principes du droit
international qui régissent les relations entre les Etats43(*). A travers les institutions
communautaires et un programme élaboré, la coopération
transfrontalière est fortement prise en compte par la CEEAC.
1. Les institutions actives de
la CEEAC : la conférence des chefs d'Etat et le secrétariat
général
Après une période de léthargie
(1993-1997) consécutive aux crises socio-politiques et militaires dans
la majorité de ses Etats membres, la mise en place de certaines
institutions de la CEEAC a connu des difficultés à tel point
qu'à ce jour la cour de justice communautaire dont le rôle
principal est d'appliquer les règles communautaires n'est pas
opérationnelle, ainsi que la commission consultative et les
comités ou organes techniques spécialisés. Seules les
trois autres institutions (la conférence des chefs d'Etats et de
gouvernement, le conseil des ministres et le secrétariat
général) connaissent un fonctionnement normal. Dans le cadre de
notre sur la coopération transfrontalière, deux feront l'objet
d'un examen : La conférence des chefs d'Etat et de gouvernement,
organe dont les décisions ont un impact sur la coopération
transfrontalière au sein des Etats membres(A) et le secrétariat
général qui est chargé de la mise en oeuvre de cette
politique au quotidien(B)
a. La conférence des
chefs d'Etat et de gouvernement
Instituée par l'article 8 du traité portant
création de la CEEAC, c'est l'organe suprême de la
communauté, elle est composé des chefs d'Etat et de gouvernement
des Etats membres, elle est chargée de la réalisation des
objectifs de la communauté. A cet effet, elle définit la
politique générale et les grandes orientations de la
communauté, oriente et harmonise les politiques socio-
économiques des Etats membres..., approuve l'organigramme du
secrétariat général de la communauté44(*). La conférence des
chefs d'Etat et de gouvernement exerce toutes autres compétences que lui
reconnait le présent traité. Elle dispose donc des pouvoirs
étendus dans les domaines les plus divers en vue d'assurer une
intégration et un développement au sein de la
communauté.
Concernant le volet de la coopération
transfrontalière, lors de leur 13ème Conférence, tenue
à Brazzaville en octobre 2007, les Chefs d'Etat et de Gouvernement de la
CEEAC se sont engagés à « faire de la CEEAC, d'ici 2025,
un espace de paix, de prospérité, de solidarité, et un
espace économique et politique unifié »45(*). La paix, l'intégration
et le développement sous-régional exigent l'atténuation du
poids des frontières qui séparent les États de la
Communauté. De leur rôle de barrière, celles-ci doivent
devenir des passerelles capables d'imprimer une nouvelle dynamique à
l'entreprise d'intégration socio-économique et au renforcement de
la paix par l'approfondissement de la confiance entre les Etats et les
populations. L'instauration d'une zone de paix et de prospérité
en Afrique centrale constituerait une contribution majeure de la
sous-région à l'intégration et à la
stabilité du continent. Ainsi, la CEEAC se propose de mettre en oeuvre
un Programme Frontière (PF-CEEAC), s'inscrivant dans le Programme
Frontière continental plus large de l'Union africaine (PFUA). Pour
atteindre cet objectif, la CEEAC s'appuie sur son organe permanent
chargé de la mise en oeuvre de cette politique à savoir le
secrétariat général.
b. Le secrétariat
général
Il est l'organe permanent de la CEEAC, institué par
l'article 19 du traité sus-évoqué et comprend le
secrétaire général, des secrétaires
généraux adjoints, un contrôleur financier.
Un agent comptable et le personnel d'appui. Il a entre autres
missions de : Préparer et d'exécuter les directives et
décisions de la conférence et les règlements du
conseil ; de promouvoir les programmes de développement et les
projets communautaires ; d'effectuer des études en vue d'atteindre
les objectifs de la communauté et de faire des propositions susceptibles
de contribuer au fonctionnement et au développement harmonieux de la
communauté. En exécution des directives de la conférence
des chefs d'Etat, pour une coopération harmonieuse à travers le
PF-CEEAC entre les Etats membres, le Secrétariat général a
mené en décembre 2008 un état des lieux portant sur un
échantillon des frontières des pays membres de la CEEAC46(*). Cet état des lieux
mène à constater de nombreuses constantes et similitudes des
réalités frontalières, au-delà des
caractéristiques géographiques, économiques et
sociopolitiques propres de chaque zone.
2- La portée de la CEEAC face au processus de
coopération transfrontalière
Cette analyse du secrétariat général de
la CEEAC, permet d'identifier un problème central : de nombreuses zones
frontalières de l'Afrique centrale sont le théâtre d'une
insécurité et de conflits récurrents. Cette
insécurité et ces conflits sont eux-mêmes la
conséquence de deux faits majeurs : la plupart des frontières de
l'Afrique centrale sont mal définies et mal délimitées, et
les pays de la région ne coopèrent que difficilement en
matière de gestion et de sécurisation des frontières. Il
en résulte des conséquences telles que l'exploitation anarchique
et illicite des ressources naturelles, qui entraîne la dégradation
de la base de ressources nécessaires au développement ; la
multiplication des contrôles et tracasseries administratives, avec des
phénomènes importants de corruption des agents des services
frontaliers, lesquels entravent la libre circulation des personnes ; des
violences récurrentes sur les populations frontalières, aggravant
les mouvements de réfugiés et de personnes
déplacées ; la prolifération des ALPC et des trafics
divers, qui bourgeonnent progressivement en une grande criminalité
transfrontalière. Deux conséquences globales en dérivent :
l'absence d'intégration socio-économique sous-régionale et
l'absence d'un climat de paix, de sécurité et de stabilité
dans la sous-région. Si l'on se penche sur l'analyse des causes, on
découvre que les pays de l'Afrique centrale ne disposent pas de
capacités techniques et financières suffisantes pour
démarquer et délimiter leurs frontières, qu'un certain
nombre de frontières ne sont pas identifiées et
matérialisées sur le terrain, que les structures étatiques
chargées de la gestion des frontières sont
désorganisées et affaiblies, que la CEEAC ne dispose pas d'une
politique communautaire de gestion et de sécurisation des
frontières, et que les dispositions applicables aux frontières
sont méconnues de la plupart des agents et des acteurs
transfrontaliers.
CHAPITRE II : LES
ENJEUX DE LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LE CAMEROUN ET LA GUINEE
EQUATORIALE
L'histoire du continent a démontré que les
frontières africaines sont un facteur récurrent de conflits.
Selon les estimations de l'Union africaine, il ressort que moins d'un quart des
lignes frontalières africaines sont aujourd'hui définies47(*). Cette absence de
définition des frontières engendre l'existence de « zones
floues » à l'intérieur desquelles l'exercice de la
souveraineté nationale ne peut être que problématique. Dans
ces zones, un simple différend entre deux communautés peut
entraîner des tensions interétatiques. Lorsque ces zones
incertaines recèlent des ressources naturelles (eau, forêt,
pétrole, minerais, etc.), leur gestion se révèle davantage
difficile et source de malentendus divers48(*).
Les Etats sont séparés par des lignes
imaginaires appelées frontières, lesquelles marquent des espaces
de souveraineté interne. Loin de n'être que des zones
crisogènes (à cause de la nature périphérique et
des interactions multiformes qui caractérisent les régions
frontières), les zones frontières présentent des
réalités qui ont souvent transcendé les frontières.
Ainsi, en dépit de l'existence des frontières qui créent
en principe l'effet de barrière, les régions limitrophes de part
et d'autre de la frontière forment généralement en Afrique
une entité sociologique et économique homogène. C'est la
conséquence d'une orogenèse exogène car issue de la
colonisation occidentale du 19ème siècle.
A cet effet, l'homogénéité
géoculturelle et la dynamique historique de la région
frontalière constituent un vecteur de paix, de stabilisation
sociopolitique, mais aussi de développement économique et social.
Elle préfigure enfin à terme une intégration
économique et politique africaine plus forte à l'instar de ce qui
a pu caractériser la construction européenne il y a quelques
décennies. Il s'est alors imposé au Cameroun et à la
Guinée Equatoriale la nécessité de coopérer, ne
serait-ce pour résoudre les problèmes quotidiens de gestion de la
frontière commune. Mais, il va sans doute que les frontières ne
pouvant pas être appréhendées seulement comme des
lignes - limites ou barrières - entre deux Etats, mais plutôt
comme les résultantes d'autant de situations sociopolitiques
concrètes, à la fois internes et externes, et des
représentations qui les sous-tendent , la gestion quotidienne d'une
telle frontière confère une portée spécifique au
regard des enjeux multiples qui la déterminent.
SECTION I : LES
ENJEUX SÉCURITAIRES ET ÉCONOMIQUES
Raymond Aron dans Paix et Guerre entre les
Nations49(*), pense
que ce sont les guerres qui ont structuré les relations internationales
et depuis le pacte de Briand Kellog, la volonté des Etats est de mettre
la guerre hors la loi par la participation et l'engagement de tous les Etats,
à combattre ceux des Etats « rebelles ».
C'est le principe de la sécurité collective qui est retenu,
même s'il fait face à certaines guerres virtuelles (guerre froide)
et réelles (guerre d'Indochine). Les frontières étant par
excellence, de potentielles zones crisogènes pouvant déstabiliser
les Etats, l'établissement de la coopération
transfrontalière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale vise,
de prime abord, à résoudre deux problèmes majeurs à
savoir : l'insécurité transfrontalière et les
échanges économiques. Aucun investissement ne peut se faire dans
une zone non sécurisée.
A. L'insécurité
transfrontalière
De manière générale, lorsqu'on parle de
l'insécurité transfrontalière au Cameroun, l'on se
réfère immédiatement à la frontière
orientale, entre le Cameroun et le Tchad ou entre le Cameroun et la
République centrafricaine50(*), voire de plus en plus entre le Cameroun et le
Nigeria. S'il est vrai que les actes du banditisme rural et transfrontalier
perpétrés dans cette zone située aux confins du sahel ont
réussi à cristalliser les esprits, il n'en demeure pas moins que
la frontière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale est en
train de devenir un espace d'insécurité manifeste, au regard de
l'émergence d'une diversité d'activités illégales
avec en toile de fond une course effrénée vers l'enrichissement
illicite. D'où l'impression d'assister à l'éclosion d'une
véritable entreprise du crime, orchestrée par des experts munis
d'outils nécessaires et sophistiqués pouvant dérouter les
forces traditionnelles de sécurité et de défense.
1. Les problèmes traditionnels de
sécurité transfrontalière
Ces problèmes ont trait aux trafics en tout genre,
notamment le trafic de drogue, de stupéfiants et d'êtres humains,
la fraude et la contrebande, qui sont autant d'actes de criminalité
transfrontalière qui se développent le long de la
frontière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale,
située dans le Golfe de Guinée. Au-delà d'une forme
d'accumulation de biens, ces actes relèvent parfois des enjeux divers
relatifs aux revendications sociopolitiques de portée
irrédentiste ou identitaire des groupes aux frontières ou
internes. Il s'agit généralement d'actes organisés de
portée transnationale dont la récurrence est l'expression d'une
défaillance conceptuelle en matière de lutte contre cette forme
de criminalité et contre la pauvreté. De ce fait, l'importance de
la mise en place d'une telle coopération transfrontalière entre
les deux Etats parait évidente.
Les facteurs conflictuels favorisent les flux humains
(déplacement des populations, refugiés) de tout genre à
l'intérieur d'un pays, mais aussi et surtout entre les pays. Ainsi on
observe depuis le début de l'exploitation pétrolière une
forte immigration des populations des pays voisins en direction de la
Guinée Equatoriale. Malheureusement, ces mouvements sont le plus souvent
mis à profit pour commettre des actes répréhensibles,
notamment les trafics de drogue, d'armes, les pillages d'objets d'art ou de
vestiges sacrés. Aussi parait-il urgent et nécessaire pour les
Etats d'éradiquer le mal à la racine c'est-à-dire au
niveau des frontières, à travers une coopération
transfrontalière qui se concrétise par une synergie d'actions
mises en oeuvre de concert entre les différents pays en vue de
contribuer à l'éclosion d'une paix durable.
C'est un outil de promotion de l'intégration qui repose
sur les principes de confiance mutuelle, tout en appelant les uns et les autres
à promouvoir cette nouvelle coopération naissante entre pays
frontaliers africains. Car, il y'a nécessité pour la
sous-région d'unir ses efforts contre les facteurs déstabilisants
tels que le grand banditisme, le trafic transfrontalier. C'est dans cette
perspective que s'inscrit l'initiative de la Grande Commission Mixte entre les
deux pays à travers la création de la commission ad hoc sur les
questions de sécurité afin que la promotion de la
coopération transfrontalière constitue un facteur essentiel de
paix et de sécurité aussi bien dans la sous-région que
dans l'Afrique tout entière.
Ainsi, à la faveur de la deuxième session de la
commission ad hoc entre les deux pays, tenue à Yaoundé du 21 au
22 février 2011. Des hautes autorités de ces deux pays
s'engageaient communément à « ne ménager
aucun effort pour réprimer, avec toute la sévérité
requise, les actes de criminalité à leurs frontières, dans
le souci légitime d'offrir à leurs populations respectives un
cadre de vie sécurisé leur permettant de vaquer à leurs
occupations sans la moindre encombre51(*) ».
A cet effet, poursuit Henri Eyebe Ayissi, la deuxième
session de la commission ad hoc entre le Cameroun et la Guinée
Equatoriale a adopté « des recommandations d'actions
pertinentes et nécessaires, résultant d'une évaluation
sans complaisance de l'état de sécurité le long de notre
frontière commune, et visant à y remédier de
manière réaliste et appropriée »52(*). Dans la foulée, une
commission mixte de sécurité est édifiée.
« Elle permettra de coordonner les actions communes, voire la
riposte conjointe, pour faire échec aux auteurs et complices d'actes
criminels dans les zones concernées »53(*). Il est alors certain que le
développement des échanges commerciaux tant souhaité par
le Cameroun et la Guinée Equatoriale ne passe nécessairement que
par une sécurisation de leur frontière commune ; gage d'une
mobilité des biens et des personnes.
Le processus d'intégration sous-régionale,
notamment dans le module circulation des biens et des hommes, trouve un
écho favorable au sein d'une coopération
transfrontalière : « s'agissant des questions
consulaires, l'harmonisation et l'adaptation des textes sous-régionaux
permettront certainement de mieux prendre en compte l'aspiration
légitime des facilités de mouvements entre les populations des
deux pays 54(*)». Et déjà des engagements sont
annoncés : exemption de visas aux titulaires des passeports
diplomatiques officiels ou de service ; examiner l'octroi des conditions
spéciales aux populations riveraines des zones frontalières, et
prévenir les incidents frontaliers y compris les conflits frontaliers
récurrents entre populations riveraines des deux pays. Pour ce faire, un
comité mixte de suivi et d'évaluation de la commission ad
hoc sur les questions consulaires est préconisé. Sa mise en place
effective aura lieu dans un « futur proche ». Les
deux parties s'engagent à transmettre dans les meilleurs délais
la composition de ses membres au sein de ce mécanisme. Toutefois, les
facilités administratives en matière de circulation de personnes
entre les Etats ne passent, paradoxalement, que la maîtrise réelle
de l'enveloppe frontalière.
L'incertitude qui règne à la frontière
constitue en outre une entrave réelle à
l'accélération de la visibilité de la coopération
entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale. Elle est en effet un
obstacle concret à l'allègement des procédures
douanières et policières nécessaires à la libre
circulation régionale voulue par les États africains, libre
circulation qui, par delà la place centrale qu'elle occupe dans
l'intégration régionale, participe aussi de la prévention
structurelle des conflits. Sans démarcation précise de la limite
entre deux territoires nationaux, il est techniquement difficile de mettre en
place, par exemple, des postes de contrôle conjoints. Le constat fait au
niveau continental par l'UA s'applique également aux frontières
des pays de la CEMAC, dont le Cameroun et la Guinée Equatoriale.
L'intangibilité des frontières
héritées de la colonisation, acceptée dans son principe,
pose problème dans de nombreux cas au niveau de son application. La
raison en est le plus souvent le caractère imprécis des limites
frontalières, fondées sur des bases géographiques,
topographiques et sociologiques mal maîtrisées à
l'époque coloniale, et qui n'ont guère fait l'objet d'un travail
d'éclaircissement, de confirmation et de balisage sur le terrain dans
les 50 ans écoulés. Cette imprécision est aggravée
par les effets conjugués du climat sur la topographie, qui sont
importants dans la sous-région : Assèchement de certaines
zones, forte pluviométrie, etc. Des contestations de tracés des
frontières en résultent, en particulier dans les zones riches en
ressources naturelles, abondantes en Afrique Centrale. Autre conséquence
: dans les zones d'insécurité frontalière, les forces
armées et de sécurité d'un Etat ont tendance à se
déployer sur le territoire d'un Etat voisin, tirant partie de
l'imprécision du tracé de la frontière. Il y a quelques
années, une forte présence militaire centrafricaine en territoire
camerounais a ainsi fait les choux gras de la presse. Il était alors
question pour ces militaires de rectifier la limite généralement
admise entre le Cameroun et la République centrafricaine.
Par ailleurs, on ne peut aujourd'hui parler des enjeux
sécuritaires sans évoquer la santé et l'environnement.
Depuis l'expansion régionale des grandes pandémies comme le SIDA,
le paludisme, la grippe aviaire, la fièvre Ebola ...etc., la
santé intègre progressivement le cadre des enjeux
sécuritaires. Elle devient un terrain de recherche
privilégié en études stratégiques lorsque
« la nécessité et la compétition en
armements, en nouvelles technologies, en armes conventionnelles et non
conventionnelles (incluant les armes bactériologiques, chimiques et
nucléaires) font du processus de recherche et d'innovation, dans le
domaine militaire, un facteur déterminant pour les enjeux de
sécurité 55(*)». Dans le contexte de la frontière
entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale, la problématique de
la santé est très liée à celle des migrations ou de
mouvements de frontières. Si de manière générale,
« la plupart des mouvements migratoires s'effectuent à
l'échelle intercontinentale56(*) » avec l'Afrique comme principale zone
de départ, il n'en demeure pas moins qu'à l'échelle
continentale, le Golfe de Guinée est en train de devenir un
véritable pôle d'attraction.
C'est, sans doute, par le fait qu'à l'origine, les
populations ont toujours cherché les endroits propices à leur
épanouissement en fuyant des zones devenues indésirables. C'est
dire ainsi que depuis que la Guinée Equatoriale est devenu l'eldorado du
golfe de guinée, ce pays à la fois petit (au plan
démographique et en superficie) et riche fait face à une vague de
migrations sans précédent. Le pays constitue un immense chantier,
en termes d'infrastructures (la présence chinoise est devenue
très importante) et les opportunités d'affaires sont
nombreuses : chacun espère alors avoir son compte, aussi bien les
honnêtes gens que les sans scrupules qui sont à l'affût du
« business » de toute sorte. La Guinée
Equatoriale a peur d'être victime de ses richesses, comme son grand
voisin le Nigéria. Au-delà d'un potentiel
déséquilibre démographique, la Guinée Equatoriale
doit renforcer son dispositif sanitaire pour faire face à cette vague
déferlante de migrants venus de toutes parts. Le danger étant
aussi les nouveaux défis sécuritaires.
2. Les enjeux nouveaux de la
sécurité transfrontalière
Situés en pleine forêt équatoriale, la
Guinée éponyme de même que le Cameroun, mesurent les enjeux
de la protection environnementale, des questions terroristes et de la piraterie
maritime qui relèvent de plus en plus de nouvelles problématiques
sécuritaires dans cette sous-région.
En effet, depuis que les conséquences conjuguées
de l'industrialisation et de l'urbanisation effrénée contribuent
à la dégradation de l'environnement, sa protection devient un
enjeu mondial de sécurité. En partageant la forêt
équatoriale avec d'autres pays de la région dont le Cameroun, la
nécessité d'une coopération transfrontalière
intégrée s'impose ; d'où la mise en place des
complexes forestiers transfrontaliers où il existe un système de
pilotage politique d'ensemble du territoire transfrontalier à l'exemple
de la Tri-nationale Dja-Odzala-Minkebe (TRIDOM) entre le Cameroun, le Gabon et
le Congo. Quoi qu'il en soit, « l'impact de l'environnement sur
la sécurité occupera vraisemblablement à l'avenir une
place de plus en plus significative, compte tenu de ce que la dérive
climatique en cours constitue une remise en cause extrêmement rapide et
puissante des conditions de vie de l'humanité et de toutes les
espèces vivantes 57(*)».
Les espaces côtiers, en particulier, sont
caractérisés par un patrimoine exceptionnel mais menacé.
Cet enjeu nécessite une approche transfrontalière, sur des
thèmes tels que la ressource halieutique et la question des quotas, la
préservation de la biodiversité, la coordination des Etats et des
collectivités en matière de gestion des risques de pollutions
maritimes (surveillance maritime, traitement des catastrophes...), le
changement climatique, et particulièrement la montée du niveau
des mers, le développement des énergies renouvelables marines
(éoliennes,...) ou la gestion de la pression urbaine sur les littoraux.
Du fait de la pression s'exerçant sur les mers et les espaces
côtiers, de nombreuses contradictions s'y déploient entre
développement et préservation de leur patrimoine. Résoudre
ces contradictions passe par une approche intégrée
transfrontalière terre/mer.
À cela s'ajoute la floraison des dangers liés au
terrorisme international qui a de plus en plus une incidence locale. Il s'agit
de l'action des groupes tel Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) ou Boko Haram
dont la projection dans les espaces maritimes contigus n'est plus qu'une
question de temps. C'est également sans compter avec la piraterie
maritime et le banditisme qui tendent à proliférer ces derniers
temps dans les eaux nationales des deux pays. Autant de défis appelant
des actions concrètes.
En somme la notion de sécurité est
pluridimensionnelle. Elle intègre aussi bien les relations de bon
voisinage, l'organisation interne de la société, que la dimension
sanitaire. En outre, certains enjeux économiques sont encadrés et
régulés dans ces enceintes de concertation pour le renforcement
de la stabilité dans la sous-région.
B. La prospérité
économique de la région transfrontalière
Au lendemain des indépendances, les différents
Etats africains se sont engagés dans différents processus qui le
mèneraient à terme vers le développement de leurs
économies et la prospérité de leurs populations.
Au-delà des stratégies internes, il fallait aussi mettre en place
des stratégies externes qui s'inscrivent généralement dans
le cadre des relations bilatérales et multilatérales. Dès
lors, la frontière qu'elle soit terrestre, maritime ou aérienne
constitue de fait un pole important d'enjeux économiques, il est
évident que les autorités administratives ne sauraient rester
indifférentes à une collaboration dans ce sens. Le Cameroun et la
Guinée-Equatoriale font partie du golfe de Guinée qui regorge une
multitude de richesses. Aussi, doivent-ils se conformer à une
réglementation communautaire (CEMAC/ CEEAC). Cette vision
sous-régionale des enjeux économiques vient en quelque sorte
réconforter l'investissement des autorités administratives
à une parfaite coopération.
La circulation des personnes est généralement
mue par des besoins économiques. Pendant la période coloniale les
échanges entre les colonies sont presque inexistants. Mais
l'arrivée des compagnies métropolitaines et le facteur
monétaire favorisent ce mouvement entre les deux pays(1). Plus tard
c'est le souci d'échange d'expériences et une ouverture sur
l'extérieure des acteurs économiques qui facilitera ce mouvement
(2).
1. Le mouvement de la main d'oeuvre
L'économie des zones frontières peut provoquer
des zones de quasi-rente, positive ou négative, pour les deux
côtés de la frontière ; rente dont l'effet d'ensemble, et
ceci est important, ne correspond pas nécessairement à une somme
nulle. Les travailleurs frontaliers connaissent bien ce type de situation qui
leur permet de jouer de façon optimale sur les différences de
salaire, les régimes fiscaux ou la qualité de la couverture
sociale. Les phénomènes de rente peuvent constituer pour les
salariés, comme pour les entreprises, un avantage comparatif qui
compense tout ou partie des inconvénients des effets-barrière.
Avec les progrès de la construction de l'intégration
sous-régionale c'est un troisième aspect qui est appelé
à devenir prédominant, celui de la frontière ouverte
où domine la fonction de contact et non celle de séparation entre
deux ou plusieurs systèmes politico-institutionnels ou
sous-systèmes socioéconomiques. Dans ce contexte, le
développement économique des zones de frontière ne sera
plus déterminé par le différentiel politico-institutionnel
et donc par les rentes de position positives ou négatives dues à
l'appartenance à telle ou telle nation, mais bien par la rente de
position. Comment et pourquoi existent-il les mouvements de personnes dans
cette zone transfrontalière ?
La mise en valeur des colonies nécessitait la
mobilisation d'une main d'oeuvre importante car l'économie coloniale
était essentiellement basée sur l'exploitation des ressources
naturelles avec des moyens rudimentaires. Or certaines territoires avaient une
démographie faible pour pouvoir répondre aux besoins du
marché du travail, l'administration coloniale a alors eu recours
à la main d'oeuvre dans les pays voisins, en particulier lorsque ceux-ci
relevaient de sa sphère d'influence. L'organisation administrative de
l'AEF répondait à cette exigence. C'est ainsi que dès
1939, on retrouvait plusieurs Camerounais et Congolais au Gabon comme
ouvriers58(*). La
compagnie forestière du Gabon (CFG) n'employait que les Sara du
Tchad59(*). Les compagnies
coloniales constituaient donc un facteur favorisant la circulation des
personnes en Afrique centrale.
Comme le Gabon, la carence de la main d'oeuvre en
Guinée Equatoriale était permanente. Pendant la période
coloniale, les factoreries espagnoles recrutaient leurs ouvriers dans les pays
voisins. Ces recrutements s'opéraient sur la base des contrats conclus
entre les Espagnols et les autorités coloniales d'où partaient
les travailleurs. C'est ainsi qu'un traité fut signé entre
l'Espagne et le Commissaire de la République française au
Cameroun en 1934 pour le recrutement de 4 000 ouvriers Camerounais. Ce
traité fut négocié sous la forme d'un contrat de deux ans
renouvelable deux fois60(*).
Par ailleurs, en dehors de ces ouvriers, plusieurs Camerounais
se réfugièrent en Guinée Equatoriale après la
défaite allemande de 1916. On dénombrait ces
réfugiés à près de 25 000 personnes parmi
lesquelles le chef supérieur des Ewondo et Bene Charles Atangana. Ces
hommes développèrent des vastes plantations de cacao dans leur
terre d'asile61(*).
L'immigration des populations d'Afrique Centrale vers la
Guinée Equatoriale n'est donc pas un phénomène
récent. Il prend sa racine dans la sous population de ce pays et aussi
dans la nature des grandes plantations et l'exploitation forestière qui
nécessitent une main d'oeuvre importante. Ce phénomène
s'est renforcé avec les indépendances des pays de l'Afrique
Centrale qui partageaient la même monnaie.
2. Le facteur monétaire
Quel rôle peut avoir la monnaie unique dans les
échanges commerciaux entre des entités étatiques ?
Le processus d'intégration en Afrique centrale est
atypique parce qu'il ne suit pas les étapes traditionnelles d'une
intégration classique62(*). Avant d'entamer ce processus ces pays avaient
déjà une même monnaie à savoir le Franc de la
Coopération Financière Africaine (CFA)63(*). Il faut tout de même
préciser que ce n'est pas le résultat des efforts consentis par
les Etats membres pour en arriver, c'est en réalité une
conséquence de la colonisation française dans la région.
En effet, la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC), née des
accords de Brazzaville 22 Novembre 1972 est l'établissement qui
émet cette monnaie qui a cours légal et pouvoir
libératoire dans tous les Etats membres de la CEMAC.
L'avènement de la BEAC en 1972 traduit les mutations
des relations entre la France et ses anciennes colonies d'Afrique. Elle s'est
substituée à la Banque Centrale des Etats de l'Afriques
Equatoriale et du Cameroun (B.C.E.A.E.C) qui a eu cours de 1960 au 31
mars197364(*).
Malgré cette union monétaire accidentelle, ce n'est qu'au
début des années 90 que les Etats membres de la BEAC prennent la
résolution d'allier la coopération monétaire existante et
le processus d'intégration. Cette mesure est contenue dans les rapports
d'experts soumis aux Chefs d'Etat membres de l'UDEAC pour la relance du
processus d'intégration en Afrique Centrale65(*).
L'existence d'une monnaie unique à l'intérieur
de plusieurs Etats a un impact considérable sur le mouvement des
individus. Ce mouvement est facilité par l'absence de contraintes de
change. C'est ainsi qu'on a constaté des trafics informels entre les
pays membres de la CEMAC grâce à l'unicité de la monnaie.
Ces trafics sont encore plus importants dans les zones frontalières.
Mais pour que ces échanges informels aient une efficacité
économique, ils doivent être intégrés d'une
manière progressive dans le système formel du processus
d'intégration sous régionale.
Le partage d'une monnaie commune à l'intérieur
d'une zone développe, « des habitudes commerciales, un
réseau de relations commerciales liant les pays...66(*) ». Au sein des pays
membres de la CEMAC, la monnaie constitue alors un élément
intégrateur parce qu'elle est directement utilisée par les
populations et apparait en dernier ressort comme l'élément
matériel auquel les ressortissants de tous les Etats concernées
peuvent s'identifier. C'est dans cette perspective que l'ancien
député français Legendre commentant l'intérêt
de l'espace monétaire se demandait « qu'est ce qui
cimente une union, un empire ? C'est un drapeau commun, c'est une foi
commune en une patrie, mais c'est aussi une même monnaie67(*) ».
Le facteur monétaire contribue ainsi au
développement des échanges dans un espace donné. La libre
circulation des personnes qui est l'un des éléments fondamentaux
de la réalisation d'un marché commun doit être suivie d'une
union monétaire pour réaliser une intégration
optimale68(*). Le
processus d'intégration en Afrique Centrale trouve donc son origine dans
l'histoire de cette sous-région. Les structures coloniales ont
été les principales bases de ce processus. Mais au-delà de
ce fait historique qu'on peut qualifier d'exogène car venu de
l'extérieur et imposé, l'échange d'expériences et
une ouverture sur l'extérieur des acteurs économiques constituent
d'autres atouts économiques pour renforcer la coopération
transfrontalière.
Les partenariats interentreprises issus des
coopérations décentralisées permettent ainsi de
créer des opportunités d'affaires notamment pour les PME locales.
La coopération décentralisée peut donc contribuer à
redynamiser l'emploi, ou plus généralement l'économie, sur
un territoire. C'est aussi grâce à ce cadre que ces entreprises
pourront jouer un rôle sur la scène internationale. Mais il faut
savoir que bien que l'enjeu économique soit important, il ne doit pas
être exclusif, à moins de renoncer à coopérer avec
des régions entières du monde non concernées par cette
dimension économique. C'est un partenariat mutuellement profitable
puisqu'un pays participera à une coopération
transfrontalière autant pour donner que pour recevoir, et l'idée
que ce soit un don unilatéral du riche Nord au pauvre Sud semble
révolue.
Enfin, on peut dire que le souci de la réglementation
des activités économiques frontalières par
l'administration locale est un enjeu de coopération
transfrontalière. En effet, les autorités administratives et
diplomatiques participent par leurs actions conjointes à la mise en
oeuvre de la réglementation des activités économiques
transfrontalières, mais aussi à combattre celles qui sont
illégales. Ainsi, diverses questions sont soulevées lors des
différentes rencontres ou réunions. Nous pouvons relever la libre
circulation des biens et des personnes, la protection de l'environnement et la
chasse, la lutte contre la fraude douanière, le problème des
épizooties, la libre circulation du bétail, la navigation
fluviale, la pêche, l'agriculture et la formation... . Les
autorités administratives des Etats parties sont chargées chacune
en ce qui la concerne sur le terrain de veiller, par le biais de la
coopération, à la prise en compte des intérêts de
chaque partie d'une part, et au respect de la réglementation y
afférente, d'autre part. Dans la recherche de solutions aux
problèmes posés lors de ces cadres de dialogue et de
concertation, les autorités adoptent des résolutions et
recommandations suivant des canevas bien déterminés que sont la
commission mixte, les commissions ad hoc.
SECTION II : LES
ENJEUX POLITIQUES ET DIPLOMATIQUES
Les réflexions sur ces enjeux politiques et
diplomatiques sont le prétexte idéal pour étudier la mise
en place d'une coopération administrative transfrontalière (A)
ainsi que les efforts permanents de renforcement des liens diplomatiques (B).
A. La mise en place de la
coopération administrative transfrontalière
Depuis son accession à l'indépendance en 1960,
le Cameroun a opté pour une politique de coexistence pacifique qui
privilège la diplomatie de proximité avec les pays voisins. Cette
coopération constitue le cadre de concertation idoine au sein duquel les
autorités administratives frontalières débattent avec
leurs homologues des pays voisins des questions relatives à la gestion
des zones frontalières communes. Cette coopération s'exprime de
nos jours à travers des rencontres périodiques qui ont
été institutionnalisées de façon bilatérale
ou multilatérale avec la plupart des pays voisins. Ces rencontres ont
généralement traité des questions relatives à la
cohabitation, à la sécurité des personnes et des biens et
à toutes autres questions économiques ou administratives touchant
les intérêts des populations frontalières. Elles ont
vocation à prévenir et gérer de façon consensuelle
les conflits liés à la cohabitation et de préserver
l'harmonie au niveau des zones frontalières.
Ainsi, le Gouvernement du Cameroun, à travers sa
politique de gestion concertée des zones frontalières est parvenu
à proposer aux Etats dans le cadre de la CEMAC une nouvelle forme de
coopération transfrontalière de proximité qui se traduit
par la création des commissions mixtes avec des pays limitrophes.
L'idéal d'intégration constitue un des axes fondamentaux de ce
concept qui accorde une grande importance à l'aménagement des
zones frontalières et le renforcement du processus d'intégration
sous régionale. L'esprit majeur est de dépasser les
frontières, d'en faire non pas des lieux d'affrontement de deux
« souverainetés » mais des espaces de
souveraineté partagée. Perçu dans l'optique d'une
intégration des communautés frontalières, le
« pays frontière69(*) » qui est une innovation de l'ancien
président malien Alpha Oumar Konaré est de nos jours
calqué par l'ensemble des pays subsahariens et se présente entre
autres comme :
· Un espace d'intégration de proximité,
· Un espace de paix et de solidarité,
· Un espace d'aménagement du territoire
transfrontalier.
L'enjeu politique de la coopération
transfrontalière est donc l'aménagement territorial et la
construction de l'intégration sous-régionale.
1. L'aménagement du
territoire
Les flux transfrontaliers, accrus par les disparités
économiques et fiscales, génèrent des besoins
spécifiques en termes d'offres de transports, d'infrastructures
d'accueil, de formation et créent, sur le territoire commun, de
très fortes pressions foncières. Selon les situations
géographiques, les interdépendances dans le domaine de
l'environnement sont aussi plus ou moins aiguës. Les responsables locaux
sont donc conduits à intégrer progressivement l'échelle
transfrontalière dans leurs stratégies pour appréhender
des questions relatives aux services publics (transports, sanitaires,
formation), à la gestion de l'environnement, au marché du
travail, au logement, aux loisirs ou au développement économique.
Les interdépendances existantes ne sont pas seulement porteuses de
déséquilibres mais recèlent également des
opportunités. Elles sont telles que, de part et d'autre des
frontières, l'intérêt à coopérer s'affirme.
Ainsi la coopération transfrontalière est-elle devenue une
donnée de l'aménagement du territoire. Les autorités
administratives locales attendent de l'Etat un appui à leur
démarche et une sensibilisation, à son niveau, de ses
partenaires. Dans certain cas, cet avenir passe indubitablement par des
stratégies transfrontalières affirmées. L'objectif
visé, de même que la stratégie employée permettront
de comprendre en quoi l'aménagement du territoire est un enjeu de la
coopération transfrontalière.
Il en est ainsi de la réalisation de projets
transfrontaliers communs tels, la construction des routes, des voies
ferroviaires, le développement des marchés dignes de ce nom aux
frontières en vue de faciliter l'approvisionnement des populations
respectives. L'expérience équato-guinéenne de
l'aménagement de villes nouvelles aux zones frontières devrait
également inspiré le Cameroun ; lesquelles dynamiques
renforcent à terme le processus d'intégration
sous-régionale.
2. La construction de
l'intégration régionale
Dans le cadre des enjeux de la coopération
transfrontalière, la démarcation du champ d'exercice de la
compétence territoriale et de la souveraineté politique des Etats
est le moyen sûr de garantir la paix et la stabilité au niveau des
zones frontalières. L'entreprise de démarcation répond
ainsi à un quadruple avantage à savoir :
· La sécurisation des populations en vue de leur
permettre de s'occuper de leurs préoccupations quotidiennes ;
· La fin des nombreuses contestations territoriales et la
prévention d'éventuels conflits ;
· L'existence d'une véritable politique de paix et
de coexistence pacifique dans la perspective d'intégration sous
régionale ;
· La sauvegarde de l'intégrité
territoriale et la souveraineté du pays.
Seule une politique systématique de démarcation
consensuelle peut nous permettre d'attendre ces objectifs pour le bien
être des populations frontalières. Toutefois, il impose de donner
au terme de démarcation sa connotation politique réelle. Ainsi,
la ligne frontalière définie par la politique de frontière
au Cameroun est une ligne de paix et de rencontre. Elle ne doit pas constituer
une barrière entre nos Etats, et encore moins entre nos populations.
Elle doit être plutôt un facteur de rapprochement des peuples et
des Etats. La coopération transfrontalière constitue alors un
véritable laboratoire de la construction sous-régionale. Les
territoires frontaliers sont en effet des précurseurs en matière
d'intégration économique, sociale et culturelle. Mais c'est aussi
sur ces territoires, à la charnière de réalités
nationales différentes, que se mesure la capacité de la
construction communautaire à gommer les effets frontières. C'est
au travers de la réalité quotidienne que l'adhésion des
citoyens au projet d'intégration sous régionale et
régionale s'approfondit.
B. Le renforcement des liens
diplomatiques et de solidarité comme enjeu de la coopération
transfrontalière
Ce renforcement se traduit par une diplomatie de conjonctures
qui n'exclue cependant pas des pratiques historiques entre les
différents peuples.
1. La diplomatie et la solidarité
entre les peuples
La diplomatie gouverne les rapports entre les Etats.
C'est l'art d'attirer des sympathies envers son pays et de l'entourer
d'amitiés qui protègent son indépendance, et aussi de
régler pacifiquement les conflits internationaux pouvant survenir. C'est
en même temps la technique patiente qui préside au
développement sur le monde pacifique et conciliateur des relations
internationales. Pour trop de gens, les diplomates au sens large du terme
poursuivent les objectifs de leur gouvernement par des stratégies
subtils et avec une dissimulation raffinée. L'action de coopérer
c'est -à-dire de créer des relations de solidarité et de
mise en place d'un véritable système décisionnel commun
dans le cadre communautaire ou bilatéral présente un enjeu
diplomatique évident à travers la présentation, la gestion
et la résolution des conflits entre les peuples et populations
riveraines des espaces transfrontaliers.
A travers ses missions de représentation, d'information
de négociation, de promotion et protection, l'Etat au moyen de sa
diplomatie et de ses agents diplomatiques, s'attèlera donc à
mettre en place des stratégies qui incarnent sa présence
(services : Douane, gendarmerie, police, santé,
éducation...). Ceci dans le but de faire face aux enjeux tels que la
prévention des conflits. La prévention des conflits est
l'ensemble des moyens mis en oeuvre par un acteur de paix en vue
d'éviter que les différents ne surgissent entre parties,
d'empêcher qu'un différent existent ne se transforme en conflit
ouvert et, d'endiguer le conflit qui a déjà
éclaté.
Dans le cadre de la coopération
transfrontalière, le concept de « diplomatie
préventive » est utilisé et son objet est
d'éviter que les différends ne surgissent entre parties,
d'empêcher qu'un différend existant ne le transforme en conflit
ouvert et si un conflit éclate, de faire en sorte qu'il s'étende
le moins possible. La diplomatie préventive exige que des mesures soient
prises en vue d'instaurer la confiance et implique un dispositif d'alerte
rapide reposant sur le rassemblement d'informations ainsi que sur les
procédures formelles ou informelle d'établissement des faits.
Elle peut passer par :
· Le rétablissement de la paix
(peacemaking) par le rapprochement des parties hostiles, à
travers la négociation ou toute autre méthode de
résolution pacifique du conflit prévu au chapitre VI de la charte
des Nations Unies. Cette étape est suivie par la consolidation de la
paix.
· La consolidation de la paix (peacebuilding)
par laquelle, une action, est menée en vue de définir et
d'étayer les structures propres à raffermir la paix afin
d'éviter une reprise des hostilités les parties négocient
pour ce faire un accord renfermant, les conditions minimales nécessaires
à la normalisation des relations entre les parties belligérantes
(telles que l'échange de « geste
significatifs » démontrant le
« Sérieux et la bonne foi » des
responsables politiques
· Le maintien de la paix (peacekeeping),
quant-à lui, consiste à établir une présence sur le
terrain. Il s'agit des forces de maintient de la paix ou d'interposition qui
sont placées dans la zone frontalière pour assurer la protection
des populations civiles et éduquer celles-ci à des valeurs de
tolérance, de pardon, et de vouloir vivre ensemble.
L'enjeu diplomatique apparait donc important au regard des
objectifs qui sont ceux de préservation de la paix et d'assurer le plein
épanouissement des populations de la zone transfrontalière tout
en renforçant les liens traditionnels culturels et l'élan de
solidarité entre les peuples.
Il est difficile de définir la culture. Il s'agit d'un
concept dynamique, plurivoque et multidimensionnelle. Selon l'UNESCO, «
La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme
l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels,
intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société
ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de
vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de
valeurs, les traditions et les croyances70(*) ». Au plan individuel, la culture est
l'ensemble des connaissances acquises, l'instruction, le savoir d'un être
humain. Au plan collectif, la culture représente également
l'ensemble des structures sociales, religieuses, etc., et les comportements
collectifs tels que les manifestations intellectuelles, artistiques, etc., qui
caractérisent une société. La culture comprend ainsi trois
grands groupes de manifestations : l'art, le langage, la technique. C'est donc
un ensemble d'expériences qui se transmet d'une génération
à une autre70(*).
Prise sous cet angle, la culture rassemble des populations
dans un espace déterminé appelé aire culturelle.
L'anthropologie culturelle divise l'Afrique en plusieurs aires culturelles dont
deux en Afrique centrale le groupe Bantou et le groupe Soudanais, lesquels
influencent les mouvements de personnes dans une zone précise. En quoi
la culture peut-elle être un enjeu de la coopération
transfrontalière? En d'autres termes quel est l'impact de la culture sur
la coopération transfrontalière? En Afrique la culture constitue
un facteur qui détermine et oriente la création et le
développement des relations entre les populations voisines des deux
cotés des pays limitrophes à cause des liens de solidarité
ethnique qui transcendent les frontières artificielles des Etats et
aussi du fait de la pratique de certaines activités liées
à des groupes socioculturels déterminés.
Pour comprendre ce phénomène, il est utile de
rappeler le contexte et le mobile de la détermination des
frontières de nos Etats. En effet, le partage de l'Afrique a
été pressenti lors de la conférence de Berlin (1884-1885).
A la suite de cette rencontre, les frontières de
l'Afrique « ont été tracées par les
colonisateurs soit de façon à systématiquement
démanteler certaines ethnies qui correspondaient à une force
politique, soit à une époque où l'on ne se souciait pas du
problème de la nation71(*) ». C'est ainsi que les Etats africains se
sont retrouvés avec les frontières n'ayant aucune
réalité anthropologique. Plusieurs groupes ethniques ayant
vécu longtemps dans un même terroir se sont retrouvés du
jour au lendemain séparés. Dans certaines situations ce sont les
familles qui furent disloquées. Ici les exemples sont légion.
Nous pouvons citer à titre d'exemples les cas du groupe Pahouin qui a
été démantelé et se retrouve dans trois Etats
différents à savoir le Cameroun, le Gabon et la Guinée
Equatoriale. C'est aussi le cas des Gbaya divisés entre le Cameroun et
la RCA.
Ces frontières ont établi de facto des
prédispositions pour une coopération entre les Etats ayant des
groupes humains culturellement identiques. Dans la plupart des cas ces groupes
se retrouvèrent frontaliers donc voisins ; toute chose qui rend
difficile sinon impossible le contrôle de la nationalité dans les
zones frontalières. Une confusion générale se crée
toujours quant à la détermination des nationaux d'un Etat comme
le souligne Sergio Ricca, « quelques fois, c'est le hasard qui
révèle que les personnes que l'on avait toujours
considérées comme des nationaux étaient en fait des
étrangers72(*) ».
Au sein de la CEMAC, le Cameroun apparait comme l'exemple type
de ce cafouillage. En effet, étant frontalier à tous les autres
Etats membres de la communauté, ce pays renferme tous les grands groupes
ethniques se retrouvant dans le reste de la communauté. Par exemple, il
est difficile de faire une distinction entre un Gobo, un Ntoumou Gabonais ou
Equato-guinéen à Ambam ou kye-ossi; et surtout dans ces zones
rurales la majorité des personnes ne disposent pas d'une carte
d'identité nationale encore moins d'un acte de naissance.
Malgré ces frontières, la solidarité
séculaire n'est pas rompue. Elle se trouve même quelques fois
renforcées grâce au jeu politique de la coexistence avec d'autres
groupes ethniques. C'est ainsi que les Fang du Gabon sont accusés dans
leur pays de favoriser l'immigration des Camerounais et des
Equato-guinéens d'origine Fang pour renforcer leur suprématie
numérique au Gabon. Cette solidarité est à l'origine de la
mise sur pied des mouvements de protestation comme le « Elat
ayong », c'est-à-dire rassemblement de la
communauté Fang située dans les trois Etats à savoir
le Cameroun, le Gabon et la Guinée Equatoriale. Créé au
Cameroun en 1926, ce mouvement vise à ériger cette ethnie en
Nation et a connu son apogée en 1947, lors de son congrès tenu au
Gabon sous la présidence de Léon Mba, l'objectif visé
était la création d'un Etat, voire une entité politique
autonome regroupant des populations de l'ethnie Fang des différents pays
de la CEMAC73(*).
Cette solidarité ethnique ne se limite pas seulement
aux ethnies transfrontalières. Dans certaines situations, les mouvements
migratoires prennent la forme d'un mouvement de groupe appartenant à une
même origine ; les immigrés cherchent à reconstituer
des groupes homogènes dans leur pays d'accueil. Finalement un
réseau de relations se crée qui communique aux membres du groupe
les opportunités d'emploi et facilite par ce fait même
l'arrivée d'autres membres du groupe74(*). C'est par ce processus que se regroupent des
étrangers dans des quartiers bien déterminés selon les
nationalités dans les grandes métropoles africaines. Ainsi nous
pouvons citer le cas des Centrafricains à Elig-Edjoa et celui des
commerçants Nigériens à la Briqueterie, deux quartiers de
la ville de Yaoundé. Mais la solidarité ethnique ne demeure pas
le seul argument socioculturel qui favorise l'interaction des personnes ou
populations en Afrique centrale car il y a des pratiques séculaires qui
constituent un catalyseur de mobilité et d'interactions des personnes,
des collectivités et des Etats.
2. Les pratiques
séculaires
Certains peuples d'Afrique centrale ont des activités
ou pratiques qui les amènent à adopter un nomadisme permanent ou
saisonnier. Parmi ces activités ou pratiques, l'on peut citer
l'élevage, la chasse et même quelques fois les travaux agricoles.
L'élevage ne constitue pas seulement un système
économique chez les pasteurs ; il est un mode de vie, une culture.
En Afrique centrale, on retrouve ces peuples au Cameroun, au Tchad et en RCA.
Ce sont essentiellement les Foulbé75(*) et les Arabes Choa. Ils mènent une vie
essentiellement nomade ; ils se déplacent en fonction de la
disponibilité de la pâture et des points d'eau. Dans leurs
multiples déplacements, ils ne tiennent pas compte de frontières
interétatiques. C'est ainsi que des éléments tchadiens,
nigérians, soudanais et nigériens se retrouvent au Cameroun et en
R.C.A pendant la longue saison sèche. Alors que ceux du Cameroun et plus
particulièrement ceux des Régions de l'Extrême-nord et du
Nord traversent la frontière pour séjourner au Tchad à
cause de la forte densité de la population camerounaise qui
réduit chaque année la capacité de charge.
A part les groupes d'éleveurs, les Pygmées font
également partie des groupes socioculturels qui sont appelés
à se déplacer d'un Etat à un autre. Pour éviter
d'épuiser les gibiers, les chasseurs se trouvent obligés d'aller
chasser loin de leur localité. Ici le choix de l'emplacement n'est pas
dicté par les frontières d'un Etat mais essentiellement par la
présence des gibiers. C'est ainsi que les chasseurs camerounais peuvent
se retrouver en Guinée Equatoriale et inversement. Ce mode de vie rend
tout contrôle et surtout le recensement de la population nationale
difficile.
En définitive, les facteurs historiques et culturels en
Afrique centrale militent pour une liberté totale de la circulation et
du brassage des personnes pour une mise en commun des projets
d'intérêt communs. Bien avant la mise en place des institutions
pour la coopération sous-régionale, les peuples concernés
eux n'ont jamais rompu les liens séculaires qui existent entre eux, bien
avant la colonisation. C'est dans cette perspective que l'ancien
Président Camerounais Ahmadou Ahidjo a pu déclarer à
Brazzaville (Congo) lors de la signature du traité créant
l'U.D.E.A.C le 4 décembre 1964 que : « cette union
économique et douanière est dans la nature des choses et la
géographie, l'histoire, ainsi que les affinités ethniques la
commandent...76(*) ». En définitive, la culture peut,
dans le cadre de la coopération transfrontalière, apporter une
contribution particulière en ce sens qu'elle a en effet un rôle
essentiel à jouer en termes de développement durable des
territoires transfrontaliers, grâce aux trois piliers
économique, social et environnemental de ce développement. C'est
le cas par exemple : du développement d'activités
économiques (industries culturelles et créatives, clusters), de
la cohésion sociale (insertion professionnelle, inclusion sociale), et
la cohésion territoriale (offre de services de proximité).
DEUXIEME PARTIE
ETAT ET PERSPECTIVES DE LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE
LE CAMEROUN ET LA GUINEE EQUATORIALE
Les échanges transfrontaliers entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale sont très anciens, car avant l'époque
coloniale, il existait déjà une vielle tradition de commerce
politique et économique dans la région. La colonisation n'a pas
pu arrêter ces échanges avec ses barrières étatiques
qu'elle aura érigées. Ainsi, les indépendances n'ont que
conforté ces acquis avec les facilités dues notamment aux
échanges réciproques des missions diplomatiques et consulaires
puis les différents accords passés entre les deux Etats. De
façon naturelle, le rapprochement entre les deux peuples a abouti,
à la création en Guinée Equatoriale de la ville d'Ebebeyin
et au Cameroun la ville de Kyé-Ossi. Dans cet élan, la partie
méridionale de la frontière, avec les villes de campo au Cameroun
et Rio Campo en Guinée Equatoriale, en zone maritime, s'est
constituée en un espace de solidarité entre les pêcheurs
habitant les rives camerounaises et équato-guinéennes. De part et
d'autre des différentes frontières se développe une
mobilité des populations et des biens. Sous les régimes
successifs du mandat et de la tutelle, l'attribution de la gestion du Cameroun
méridionale à la France, a d'une manière ou d'une autre,
encouragé le renforcement des échanges entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale. Car, l'utilisation commune de la langue
« Ntoumou » comme instrument de communication dans les
marchés favorise la solidarité entre les deux peuples. Compte
tenu de la contigüité et de l'étendue géographique de
la frontière, puis les différents instruments juridiques qui
lient les deux Etats au lendemain des indépendances, il est facile de se
rendre au Cameroun comme en Guinée Equatoriale, sans documents officiels
contraignants77(*). Il
serait intéressant de voir comment la volonté des deux parties
s'est traduite sur le terrain. En d'autres termes, il s'agit en fait d'un essai
d'évaluation quantitative et qualitative des réalisations de la
coopération transfrontalière entre la Guinée Equatoriale
et le Cameroun. La stratégie de coopération au
développement projetée par les traités, accords et les
protocoles d'accord bilatéraux a-t-elle vu sa mise en oeuvre dans les
zones transfrontalières ? Celles-ci ont-elles tirées profit
des actions de coopération des deux Etats à travers leur
évolution, leurs formes et leur distribution ? Telles sont les
questions essentielles auxquelles la présente partie va tenter
d'apporter une réponse.
CHAPITRE III :
EVALUATION DE LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LES DEUX ETATS
Il est à observer que toutes ces facilités
évoquées plus haut, contribuent à exacerber la
densification des échanges transfrontaliers formels et informels entre
les deux Etats. La zone transfrontalière étant de nos jours un
espace de paix, de prospérité, de solidarité, et un espace
économique et politique unifié. La paix et l'intégration
sous-régionale exigent l'atténuation du poids des
frontières qui séparent les États de la Communauté.
De leur rôle de barrière, celles-ci doivent devenir des
passerelles capables d'imprimer une nouvelle dynamique à l'entreprise
d'intégration socio-économique et au renforcement de la paix par
l'approfondissement de la confiance entre les Etats et les populations.
L'instauration d'une zone transfrontalière de paix et de
co-prospérité en Afrique centrale constituerait une contribution
majeure de la sous-région à l'intégration et à la
stabilité du continent à ce titre dans le cadre de notre
étude plusieurs aspects méritent d'être évaluer dans
les domaines : politique, économique, sécuritaire et sur
d'autres plans.
SECTION I : DANS LES
DOMAINES ECONOMIQUE ET POLITIQUE
Notre évaluation partira des aspects
économiques, pour ensuite s'appesantir dans le domaine politique avec
lequel, les deux Etats sont anciennement et intimement liés.
A. Le domaine économique
Une évaluation des échanges commerciaux entre
les deux pays sera suivie de celle de la balance commerciale dans cette
partie.
1. Le contenu des
échanges transfrontaliers entre le Cameroun et la Guinée
Equatoriale
Les échanges transfrontaliers formels, sont des
échanges officiels entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale.
Ils permettent, de par leur légalité, la prise en compte exacte
des flux, afin d'établir le solde de la balance commerciale entre les
deux Etats. Ainsi, pour comptabiliser ces échanges, il convient de
déterminer son contenu c'est-à-dire autant les échanges
formels que ceux informels.
a. Les échanges formels entre les
deux Etats
Le contenu des échanges entre les deux pays est
constitué des produits de consommation courante de chaque pays. Il est
composé des produits divers qui sont alimentés par un flux
commercial, lequel entre les deux pays est souvent fonction
non seulement du climat des affaires, mais du climat politique. A cet effet,
pour comptabiliser le solde de la balance commerciale entre les deux Etats, il
serait opportun de mettre en exergue les exportations et les importations du
Cameroun en Guinée Equatoriale et inversement.
· Les exportations du Cameroun vers la
Guinée Equatoriale
De manière générale, les exportations du
Cameroun vers les pays de la CEEAC ont enregistré une baisse drastique
au cours des trois dernières années de notre étude,
à l'exception du trio Guinée Equatoriale, Tchad et RCA. Cette
situation à la fluctuation des flux commerciaux trouve ses raisons dans
l'amateurisme des exportateurs qui ne parviennent pas à fidéliser
leur clients ; à l'insuffisance en offre de produits à
offrir et aussi au contexte international de ces dernières années
marqué par une multitude de crises financières et
économiques. La politique du gouvernement du Cameroun privilégie
le développement des exportations dans la sous-région Afrique
centrale notamment vers la Guinée Equatoriale. Le programme des
journées commerciales de 2010, en Guinée-équatoriale, au
Gabon et au Congo est une illustration de la volonté forte du
Gouvernement. De ce fait, un commerce florissant s'effectue dans les pays de la
sous- région Afrique Centrale autour de quelques produits forestiers non
ligneux (okok78(*),
éru, aubergine, avocat, ail arachide coque, safou79(*), oignon, haricot) en direction
de la Guinée Equatoriale et des autres pays limitrophes du Cameroun ou
ces produits sont particulièrement prisés80(*), et constituent le socle des
échanges entre les deux pays.
Figure 3 : Graphique 1
représentant l'évolution des exportations du Cameroun en
Guinée Equatoriale de 2003 à 2010(quantité en
tonnes)
Source : Commission technique nationale
de la balance commerciale(CTNBC) chiffres commerce extérieur
2010(1)
En particulier, les exportations du Cameroun vers la
Guinée Equatoriale ne sont pas consistantes, pour les produits de grande
industrie. Ces produits sont quantifiés et font l'objet de suivi du
Ministère du Commerce. En effet, en 2010, le Cameroun a exporté
vers la Guinée Equatoriale pour une valeur81(*) de 36067,29 US $ tandis que
cette valeur était de 127698,99 US$ en 2007 soit une variation annuelle
moyenne de 46%. Ce recul fait en sorte que le Cameroun occupe le 19e
rang sur un échantillon de 167 pays exportateurs vers la Guinée
Equatoriale. Ces exportations sont
dominées par les produits tels les Carburants et lubrifiants, ciments,
bières, biscuits, biscottes et autres produits qui représentent
75% du total des exportations vers ce pays. Les autres produits exportés
vers la Guinée Equatoriale sont82(*) :
· Les produits minéraux ;
· Les produits des industries alimentaires-boissons-tabac
;
· Les produits des industries chimiques ou connexes ;
· Les machines, chaudières, appareils et
accessoires mécaniques et électriques ;
· Métaux communs et ouvrages en ces métaux
;
· Les ciments-plâtre-produits
céramiques-verre et ouvrages en verre ;
Il convient de noter que les produits de grande industrie
illustrés par la figure ci-après que le Cameroun exporte vers la
Guinée Equatoriale sont des produits réexportés par
celle-ci. Par ailleurs, l'absence de quantification des produits traditionnels
que le Cameroun exporte vers la Guinée Equatoriale s'explique par
l'étendue et la porosité des frontières puis les
difficultés de capter les flux commerciaux entre les deux pays.
Figure 4 : Graphique 2,
représentant le diagramme des produits exportés du Cameroun vers
la Guinée Equatoriale
Source : Etude sur le commerce
intérieur et extérieur en vue de l'opérationnalisation et
la mise en oeuvre de la stratégie du Ministère du Commerce,
Cameroun rapport final 2010, pp. 130-132.
Les exportations du Cameroun vers la Guinée Equatoriale
sont certes officielles, mais avec une grande partie non comptabilisée.
Dans la plupart des cas, elles transitent frauduleusement et permet d'alimenter
les circuits d'importation du Cameroun en Guinée Equatoriale.
· Les importations du Cameroun en Guinée
Equatoriale
Les importations sont des produits qu'un pays reçoit
d'un autre avec qui il entretient des relations commerciales. Ces produits font
l'objet d'une quantification par les services spécialisés et
permettent avec les exportations de définir les balances commerciales
entre les deux Etats. Le Cameroun et la Guinée Equatoriale
présentent la même structure des importations. Les échanges
entre les deux pays reflètent la légère similarité
de leurs niveaux de développement respectifs.
Figure 5 : Graphique 3,
représentant les importations du Cameroun en Guinée
Equatoriale
Source : Commission technique nationale
de la balance commerciale(CTNBC) chiffres commerce extérieur
2010(1)
Ils ont tous les deux besoins de produits manufacturés
et d'équipements, à concurrence de (82%) pour la Guinée
Equatoriale et 77% pour le Cameroun. En 2010, le Cameroun a importé de
la Guinée Equatoriale, pour une valeur de 123409,81 US$. La part des
exportations du Cameroun dans le marché national de la Guinée
Equatoriale est de 13,7% Les produits importés sont essentiellement des
produits pétroliers qui représentent environ 88% du total des
importations en provenance de la Guinée Equatoriale. En plus des
produits pétroliers, le Cameroun importe les produits
cosmétiques, alcooliques, les machines appareils etc. La Guinée
Equatoriale est un importateur régulier de denrées agricoles mais
ne faisant pas l'objet de comptabilisation à destination des
marchés du sud du Cameroun. Certaines denrées relèvent
d'un commerce de longue distance, comme celui de cola blancs83(*), des ignames84(*), des oeufs et de la farine de
mais en provenance du plateau de Joss et de Maiduguri. Il existe des
marchés reconnus dans le grand sud-Cameroun qui commercialisent ces
produits équato-guinéen à savoir : le marché
frontalier de Kyé ossi ou celui d'Abang Minko à
équidistance entre le Gabon et de la Guinée Equatoriale. Ces
marchés laissent transparaitre la déficience de leurs propres
structures d'encadrement. Les conséquences de ce phénomène
se font ressentir au niveau des résultats officiels des importations du
Cameroun en Guinée Equatoriale, ne reflétant pas dans
l'exactitude les transactions entre les deux Etats, lesquelles souffrent
également des échanges informels.
b. Les échanges
transfrontaliers informels entre le Cameroun et la Guinée
Equatoriale
Les politiques économiques différentiées
et les disparités au niveau des produits intérieurs bruts ont
provoqué de forts mouvements de marchandises clandestines et
l'accroissement de la contrebande entre les deux pays. En effet, la très
grande majorité des relations économiques entre les deux pays est
d'ordre illégal. Elles génèrent beaucoup de
bénéfices à travers la contrebande et la fraude. Ils sont
également organisés, car ses acteurs parviennent à un
acheminement sans difficulté de leurs produits au delà des
frontières.
· La contrebande et la fraude dans les
échanges entre les deux Etats
La contrebande et la fraude bien qu'illégales
constituent l'aspect principal des relations commerciales entre le Cameroun et
la Guinée-équatoriale. Elles proposent aux différentes
populations une gamme variée des produits, dont les conséquences
sont incalculables sur l'utilisation par les usagers, mais également sur
l'économie des Etats.
Les produits de la contrebande et de la
fraude
La gamme des produits de contrebande est extrêmement
large. On peut distinguer deux grands groupes : les produits agricoles et
manufacturés. Il est intéressant de noter que les produits
agricoles sont constitués presqu'exclusivement de produits d'origine
camerounaise ou réexportés par le Cameroun. Il s'agit notamment
du riz et de la farine, parfois réexportés, des haricots secs,
des pommes de terre, du poisson, du garri, de noix de kola, de thé, etc.
Ce sont là les rares produits agricoles qui franchissent la
frontière en direction de la Guinée-équatoriale. Quelques
produits agricoles proviennent aussi de la Guinée-équatoriale et
trouvent leur chemin dans le sens inverse vers le Cameroun, notamment le
poisson séché de Rio Campo.
Dans le domaine des produits manufacturés, les
Camerounais exportent des pièces automobiles frauduleusement en
Guinée-équatoriale. Lequel, par contre, inonde le Cameroun ou les
pays tiers de ses produits manufacturés, mais un produit importé
de la Guinée-équatoriale ne signifie pas qu'il a
été produit par celui-ci. Ainsi, on trouve une grande
variété de produits d'origine asiatique ou européenne dans
les marchandises de la contrebande. Ces produits d'origine
équato-guinéenne sont vendus non seulement dans les
marchés camerounais près de la frontière mais aussi dans
toutes les autres régions du pays. Rares sont en effet les villes et
villages qui ne disposent pas de la gamme presque complète de ces
produits, souvent de première nécessité.
Figure 6 : tableau représentant
les filières et les produits de la contrebande
DESCRIPTION DES PRODUITS
|
Pièces détachées pour autos et motos :
souvent contrefaites au Cameroun, de qualité médiocre et de
durée de vie inférieure à celles des produits originaux.
Ce sont les pneus, filtres, batteries
|
Alcool et boissons : Très souvent contrefaits, non
potables et présentés dans des bouteilles mal imitées avec
étiquettes photocopiées, ce sont Champagnes, bières
etc.
|
Produits alimentaires-conserves : Lait en poudre,
Nescafé, biscuits, bonbons, légumes en conserves, cube Maggi,
sucre, sel. piments, huiles alimentaires etc.
|
Produits de soins de beauté et pharmaceutiques :
dentifrices, brosses à dents, cirages, crèmes, laxatifs,
perruques, mèches, laque, colorants, toutes sortes de médicaments
sous forme de comprimés, de sirop, de poudre, de gel, rasoirs,
shampooing etc.
|
Produits plastiques, quincaillerie, ustensiles de
maison : seaux, vaisselle, cuvettes, baignoires, tuyauterie, jerricanes,
bidons de toutes sortes, couverts, etc.
|
Textiles : Pagnes, tissus, dentelle, broderie, vêtements
de friperie, etc.
|
Petits appareils et outils : montres, calculatrices, photo,
outils agricoles, machettes, couteaux,
|
Appareils électriques et domestiques : Radio,
télé, magnétoscopes, lampes, fers, etc.
|
Savons et lessives : Détergents, lessives, savons,
détachants, etc.
|
Produits chimiques : Pesticides, engrais, insecticides,
etc.
|
Chaussures : Cuir, plastiques, textiles, sports, etc.
|
Hydrocarbures et dérivés : Carburants,
kérosène, huile de moteur, graissages, etc.
|
Source : Sous-Direction des échanges
commerciaux du Ministère du Commerce (Cameroun)
L'exemple du pétrole et des hydrocarbures mérite
une approche particulière. Comme nous l'avons déjà
souligné ci-dessus, le trafic d'hydrocarbures entre la Guinée
Equatoriale et le Cameroun est extrêmement important. La fraude sur les
produits pétroliers constitue le cas le plus significatif des
échanges informels en raison de son ampleur, de sa permanence dans le
temps, du rôle qu'elle joue dans le portefeuille des ménages et
des mesures gouvernementales qu'elle suscite. La contrebande d'essence repose
essentiellement sur les disparités de prix pratiqués en
Guinée Equatoriale et au Cameroun ou dans les autres pays voisins. Cette
disparité de prix est toujours restée élevée,
malgré quelques fluctuations, depuis les années 1960 et depuis
que la Guinée Equatoriale est devenue producteur de pétrole. Dans
la région du Sud-Cameroun particulièrement, les points de vente
de fortune de cette essence longent les routes de la région, non
seulement les plus fréquentées, mais aussi les routes de brousse
connaissant une circulation régulière. L'essence est vendue en
bouteilles de 5, 10, ou 20 litres à des prix qui défient toute
concurrence au niveau des stations-essence. L'une des conséquences de
cette activité, est que la qualité des carburants est souvent
inférieure et douteuse par rapport à ceux vendus
officiellement.
Les acteurs et réseaux d'acheminement des produits
de la contrebande et de la fraude dans les échanges entre les deux
Etats.
Le plus difficile de ce trafic est l'acheminement des produits
de la fraude et de la contrebande. Ces acteurs de fraude et de la contrebande
prennent d'énormes risques sur les voies de communications non
sécurisés, et souvent d'accès impossible. Ils se
déplacent souvent sur terre ou sur mer dans les engins
vétustés à risque élevé.
Les cargaisons de carburant qui arrivent en contrebande au
Cameroun sont souvent acheminées par voie maritime et terrestre. Les
pistes forestières, les rivières Ntem et Kyé et la Mer au
niveau de Campo et Manoka sont les espaces utilisés pour écouler
ces produits de la contrebande et de la fraude. Le transport par voie maritime
est beaucoup plus pratique pour cette marchandise lourde et encombrante. Il
limite les chargements et les déchargements fréquents. Ainsi les
quantités de produits pétroliers sortis en contrebande de la
Guinée Equatoriale sont difficiles à quantifier comme tous les
autres articles des circuits de la contrebande. Cependant, cette
activité suit d'autres itinéraires tels que la voie terrestre.
Tout au long de la frontière entre le Cameroun et la Guinée
Equatoriale, les postes de douane sont peu nombreux, la ligne
frontalière est donc difficile à surveiller.
Le volume de marchandises en provenance de la Guinée
Equatoriale est souvent introduit au Cameroun via les postes de douane, car les
contrebandiers espèrent obtenir de la part des autorités des
papiers et documents officiels qui leur permettrons ensuite de garder une
couverture légale pour des marchandises largement
sous-évaluées ou différentes par rapport à celles
déclarées. Ceci facilite notamment l'acheminement des
marchandises vers des villes ou villages situés à
l'intérieur du Cameroun. La complicité des agents des douanes est
achetée moyennant un intéressement en fonction de la valeur
réelle des marchandises ainsi importées. Dans ce cas de figure,
le trafic illégal ne peut plus être caractérisé par
le terme de contrebande mais plutôt par celui de pratique
douanière frauduleuse. Toutefois, la finalité est pratiquement la
même, c'est-à-dire contourner des dispositions légales
officielles et économiser de l'argent par rapport aux tarifs douaniers
normaux.
Les itinéraires empruntés par les contrebandiers
ont souvent un caractère saisonnier. Les voies terrestres vers la
région du sud, principalement la route Meyo-centre- Ma'an vers
Ebolowa,et Campo-Kribi ne sont pas bitumés et sont alors difficiles
à pratiquer en saison des pluies. Il en va de même pour la voie
maritime, la mer est agitée et le passage en bateau n'est pas sans
danger. Pendant la saison des pluies, préférence est
donnée à la voie fluviale au niveau du port de pêche de
Douala, de Campo et Limbé, gonflée par les crues. Cependant, la
dépendance saisonnière des itinéraires empruntés
par la contrebande est restreinte par le changement fréquent des moyens
de transport. Ainsi, peuvent être utilisés selon les cas le
taxi-brousse, le camion, pick-up, les voitures légères, la moto,
le portage, le bateau, la pirogue etc., en fonction de la saison, de la voie
à emprunter et des moyens financiers du transporteur ou commanditaire.
Il est intéressant de noter qu'en dehors des routes terrestres, la
contrebande emprunte souvent des pistes aménagées à
l'usage des contrebandiers. Ces pistes permettent le contournement des postes
de la douane, mais sont souvent difficilement praticables et plus longues. La
piste la plus empruntée de la région du sud est sans aucun doute
celle qui va de Kyé-ossi à Ebolowa, via Ambam et celle passant
par Ma'an-Kribi, dans le Littoral, celle de port de pêche de Douala et le
port de Tiko qui dessert la Guinée Equatoriale et le Nigeria.
Les principaux points d'arrivée des marchandises de la
contrebande dans la région du sud sont les villes les plus importantes
en particulier la ville de Kyé-Ossi qui est « le centre de
groupage par excellence des marchandises équato-guinéennes
commercialisées dans le département d'Ambam et dans un grand
nombre d'autres localités de la région du sud85(*) ». Ambam est
située au carrefour des voies terrestres, qui relient la région
du sud au Gabon et la Guinée Equatoriale.
D'autres points de chute importants de la contrebande sont
Campo, Ma'an la région du littoral avec les villes de Kribi et Douala et
la région du sud-ouest avec les villes de Limbé. La gamme de
produits vendus sur les marchés centraux de ces localités est en
effet très large et laisse supposer un arrivage direct et
fréquent depuis la Guinée Equatoriale. En fait, toute la
région du sud-ouest jusqu'à Douala compte de nombreux points de
débarquement des marchandises en provenance de ce pays voisin. Le plus
souvent, le débarquement se déroule en dehors des ports officiels
pour éviter les contrôles douaniers. Contrairement aux routes
nationales, où la contrebande se déroule en quelque sorte sous
les yeux des autorités et parfois avec leur complicité, les
marchandises qui entrent par voie maritime au Cameroun le sont souvent à
l'insu des autorités. Il convient de signaler que les installations
portuaires officielles de Campo et de Limbé ne sont pas parmi les lieux
de prédilection des contrebandiers. Chargement et déchargement
des marchandises ont lieu en aval de celles-ci. Un des plus importants points
d'arrivée de produits et marchandises importés en contrebande
dans la région du Sud-ouest est la ville de Douala. L'importance de son
marché ainsi qu'une présence de migrants nigérians
massive, en particulier des Igbo, laissant supposer des liens intensifs et
directs avec les centres commerciaux de la Guinée Equatoriale,
reliés par les réseaux de contrebande. Les nombreux bras du
fleuve Wouri sont connus pour abriter les escales de chargement et de
débarquement de marchandises en provenance de la Guinée
Equatoriale.
Les divers produits de la contrebande atteignent leurs
différents points de distribution par deux types de circuits commerciaux
: le circuit à « un relais intermédiaire » et
le circuit « en deux étapes ».
Le premier est de loin le plus utilisé et implique
jusqu'à 97% des personnes et marchandises qui circulent dans le cadre de
la contrebande. Régulièrement, les contrebandiers groupeurs
quittent la Guinée Equatoriale pour le Cameroun ou vice versa, utilisant
des voitures personnelles ou celles des transports publics nombreux, qui
assurent les liaisons entre les deux pays pour acheminer eux-mêmes leurs
marchandises. Enfin le circuit en deux étapes comporte deux relais
intermédiaires, il s'agit du rabatteur et du
réceptionnaire-détaillant. Le premier, domicilié en
Guinée Equatoriale, achète les marchandises auprès des
marchés et des commerces des villes équato-guinéennes avec
l'argent fourni par le réceptionnaire-détaillant qui, lui est
domicilié au Cameroun. Un ibis la marchandise achetée en
Guinée Equatoriale, le rabatteur les confie à un transporteur ou
un trafiquant-groupeur qui les achemine auprès du
réceptionnaire-détaillant au Cameroun. La
rémunération des deux intermédiaires incombe au
réceptionnaire-détaillant. En rentrant en Guinée
Equatoriale après livraison au Cameroun, le trafiquant-détaillant
ou le transporteur emporte de l'argent destiné à financer une
nouvelle commande86(*).
Les acteurs de la contrebande et de la
fraude.
La population qui vit directement ou indirectement de la
contrebande entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale est nombreuse.
Les métiers de l'activité de la contrebande et de la fraude sont
variés, ils sont : acheteurs, passeurs, transporteurs, grossistes,
détaillants, douaniers, fonctionnaires à divers échelons,
etc.
L'extrême mobilité des contrebandiers, leur
méfiance vis-à-vis des enquêteurs et la multiplication des
points de passage de la frontière rendent toute évaluation
quantitative extrêmement difficile. Cependant, les enquêtes
menées dans les milieux de la contrebande du Cameroun ont
révélé que plus de la moitié des contrebandiers
sont des Camerounais originaires des régions de l'ouest, du sud-ouest et
des Nigérians. Sur ces 53,7% de nigérians, 61,2% sont Igbo, les
autres sont des Yoruba, des Haoussa et des ressortissants d'ethnies
minoritaires. La moitié du contingent des contrebandiers de
nationalité camerounaise est constituée de
Bamiléké, 30,2% sont des Haoussa et foulbé du
nord-Cameroun, 15,6% sont originaires du nord-ouest, 1,2% du Sud-ouest. Les
contrebandiers sont jeunes, les deux-tiers ont moins de 35 ans, un tiers
d'entre eux exerce d'autres activités professionnelles et la
durée moyenne de l'exercice d'une activité liée à
la contrebande est de deux à cinq ans.87(*) Si une majorité des contrebandiers vit dans
les villes du Cameroun88(*), une partie est aussi résidente en
Guinée Equatoriale. Les contrebandiers établis en Guinée
Equatoriale fréquentent les marchés camerounais proches de la
frontière avec des produits manufacturés et en repartent parfois
avec quelques denrées agricoles. Ils mettent les produits de la
contrebande à la disposition soit des détaillants des
marchés et des boutiques permanents, soit des comptoirs de vente qu'ils
ont confiés en gérance à des parents ou à des amis.
Certains contrebandiers se déplacent tous les 10 ou tous les 15 jours,
mais la majorité fait un voyage par mois, en fonction de l'information
qu'ils disposent sur les fluctuations des devises.
2. La balance commerciale des
échanges entre les deux Etats
Il y a lieu de présenter la figure illustrant cette
balance commerciale, après quoi suivra le commentaire y relatif.
a. Présentation de la
figure89(*)
Figure 7 : Graphique illustrant la
balance commerciale entre les deux pays
Source : graphique
réalisé par l'auteur à partir des données des
figures 3 et 5
b. Analyse de la balance
commerciale
La balance commerciale est par définition la
différence entre les exportations et les importations d'un pays, pendant
une période donnée. Ainsi, la Guinée-équatoriale
offre un débouché supplémentaire aux biens primaires et
manufacturés produits au Cameroun et un cadre d'assainissement de son
environnement.
D'ailleurs le commerce formel avec « ce dragon
voisin » a enregistré un excédant en faveur du Cameroun
jusqu'en 2003, suivi d'un relâchement au début des années
2004 jusqu'à nos jours, comme l'indique le graphique ci-dessus.
Toutefois, ce relâchement des données de 2004 à 2010 est du
non seulement aux effets de la dévaluation du franc CFA et les
différents frontaliers de 2004 entre les deux Etats, mais aussi aux
multiples secousses des crises financières et économiques
qu'à connues le commerce international. Depuis l'année 2010, on
note une nette amélioration du solde de la balance commerciale en faveur
du Cameroun. Ce revirement de la situation s'explique par le fait que le
Cameroun a réexaminé sa stratégie commerciale avec ce
voisin et bien d'autres pays d'Afrique Centrale.
B. Le domaine politique
Avant d'inventorier les différentes réalisations
dans le domaine politique, nous parlerons tout d'abord des dates importantes de
la coopération transfrontalière entre les deux Etats, marquant
les rencontres entre les deux diplomaties.
1. Les rencontres entre les deux
diplomaties
La principale tache qui incombe aux hommes d'Etat selon David
Mitrany est « non pas de maintenir les nations pacifiquement
séparées les unes des autres, mais de contribuer à les
unir activement les unes aux autres90(*) ». C'est dans ce sens que, les efforts
d'unité entre les deux Etats, sont d'abord marqués par le
renforcement des rencontres au sommet ensuite les concertations au niveau des
responsables administratifs et locaux.
a. Les rencontres entre les deux
chefs d'Etat
Ces rencontres sont qualifiées de rencontres de haut
niveau. Elles initient la réunion des souverains pour des questions
précises. Ainsi, Le 27 octobre 196891(*) la République du Cameroun et la
République de Guinée Equatoriale établissaient des
relations diplomatiques et décidaient d'échanger des
ambassadeurs. Depuis cette date, la coopération entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale en générale et singulièrement
celle transfrontalière est marquée par des échanges de
délégations de personnalité de part et d'autre.
L'ancien chef d'Etat Son excellence Amadou Ahidjo a
effectué des visites de travail en 1974 et 1981et le président
Paul Biya s'est rendu au sommet de la CEEAC et de la CEMAC à Malabo les
24 et 25 Juin 1999. En Mars 2006, le Chef de l'Etat camerounais s'est rendu au
Sommet de la CEMAC organisé à Bata. En outre, il a pris part le
15 avril 2010 à Malabo, à la cérémonie
d'inauguration du siège du parlement communautaire. Enfin, du 29 Juin au
1er Juillet 2011, le Chef de l'Etat a pris part à la 17eme
Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'UA qui s'est tenue
à Malabo, du 29 Juin au 02 Juillet 2011. Ces visites ont
été l'occasion de nouer des contacts solides, de faire des
rapprochements et d'asseoir les bases de la coopération
transfrontalière avec la Guinée Equatoriale.
Outre les différentes visites présidentielles,
le gouvernement et d'autres autorités camerounais vont effectuer de
nombreux voyages d'amitié et de travail en Guinée Equatoriale.
Ceux-ci se situent à tous les niveaux. Les Ministres, les
opérateurs économiques, journalistes... vont se succéder
à visiter la Guinée Equatoriale et inversement.
Il en est ainsi du côté
équato-guinéen. De très nombreuses fois (visites
officielles, d'amitié et de travail) les membres du gouvernement et le
peuple amis équato-guinéen vont visiter le Cameroun. Nous pouvons
citer, entre autres visites de très haut niveau du Président
Obiang Nguema, celles : du 17 au 18 Avril 1988 pour une visite de travail
et d'amitié à Yaoundé, du 16 au18 Mars 1999 à
laquelle le Chef de l'Etat équato-guinéen a pris part à
Yaoundé à la conférence des Chefs d'Etat d'Afrique
Centrale sur la conservation et la gestion durable de la forêt tropicale.
Du 24 au 25 Juin 2008, le Président équato-guinéen a
participé aux travaux de la 9eme session ordinaire de la
Conférence des Chefs d'Etat de la CEMAC organisée à
Yaoundé. En Mai 2010 il a participé à Yaoundé aux
festivités marquant le cinquantenaire de l'indépendance et de la
réunification du Cameroun et bien d'autres fois au-delà de la
date d'étude.
b. L'action de la diplomatie des
autorités administratives et traditionnelles locales dans les zones
transfrontalières
Du fait de la multiplication des incidents entre populations
riveraines de certains fragments frontaliers d'une part et de
l'éloignement de ces zones par rapport aux centres de décision
d'autre part, les deux gouvernements ont délégué le
pouvoir de règlement des conflits mineurs aux autorités
administratives et traditionnelles locales92(*). Ceci a l'avantage d'accélérer les
procédures en gagnant en coût et en efficacité, dans la
mesure où ces responsables locaux se côtoient au quotidien. C'est
ainsi que au niveau de la région des deux frontières, il est
possible de distinguer la diplomatie des autorités administratives et la
diplomatie des autorités traditionnelles.
· La diplomatie des autorités
administratives locales
De manière générale, dans la
lignée d'une politique transfrontalière les représentants
de l'Etat veillent à entretenir des relations de bon voisinage avec
leurs homologues de l'autre coté de la frontière. Ces
velléités des concertations entre représentants
étatiques peuvent transparaitre au travers de conventions officielles,
mais aussi sur le terrain. Sur ce dernier point, l'action menée par les
représentants étatiques locaux est primordiale du fait notamment
des affinités éventuelles nouées de part et d'autre de la
frontière entre agents de l'Etat.
En effet, le partage d'une population commune contribue
à instaurer de bon rapport entre les autorités de part et d'autre
de la région des deux frontières. Ceci s'explique par le fait que
ces derniers sont souvent appelés à collaborer afin de
régler certains litiges liés au passage des frontières.
Dans ce sens, les autorités installées de part et d'autre de la
région des deux frontières entretiennent des rapports cordiaux,
qui se développent pour la plupart dans un cadre informel. C'est ainsi
que le préfet de la vallée du Ntem à Ambam au Cameroun
estime que, son homologue d'Ebebeyin en Guinée Equatoriale
« est un ami et frère93(*) ». Ces rapports se développent
généralement dans un cadre informel tel les visites de
courtoisie, les appels téléphoniques, la participation aux
fêtes nationales des différents Etats, les rencontres amicales.
Dans le cadre de ces relations informelles ou spontanées, ces
autorités sont souvent appelées à résoudre des
litiges qui concernent leurs populations respectives. Il s'agit par exemples
des questions liées à la sécurité de leurs
différentes localités, telles que les agressions, les vols
à mains armées et même des conflits mineurs qui opposent
leurs différentes populations. Ces questions, qui ont une portée
mineure pour les Etats, peuvent être résolues par le biais
d'entente tacite ou d'arrangements passés entre les autorités de
part et d'autre des frontières.
· La diplomatie des autorités
traditionnelles locales
Si la contrainte de la frontière limite les zones de
compétence et d'intervention des corps de contrôle, elle peut
être franchie plus facilement par les autorités
coutumières, dont l'influence s'exerce la plupart du temps
indifféremment de part et d'autre de la frontière. C'est ainsi
que le pouvoir de Madame le chef de village de Kyé-Ossi est bien
circonscrit : en vertu du droit coutumier, elle octroie aux nouveaux venus
la permission de s'établir sur les terrains vacants du village et elle
dénoue les petits litiges locaux. Par ailleurs, elle joue un rôle
de médiation entre les habitants de Kyé-Ossi et les
autorités communales. Elle fut notamment la porte parole de
l'attribution des boutiques du nouveau marché de Kyé-Ossi pour
discuter avec le Maire du projet de déménagement du marché
de Komban et du mode d'attribution des lots communaux sur le nouveau site. Elle
apparait de ce fait comme un partenaire incontournable aussi bien pour les
commerçants que les autorités municipales et les agents de
l'Etat. Elle s'investit aussi dans la gestion des litiges familiaux en
collaboration avec ses vis-à-vis du coté
équato-guinéen. C'est à ce titre qu'elle se
présente comme un acteur du jeu diplomatique dans cette zone
transfrontalière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale.
Tout comme les relations entre les autorités
administratives, la coopération transfrontalière entre les
autorités coutumières de la zone transfrontalière, touche
pour la plupart à la gestion des litiges qui opposent leurs
différents administrés. C'est dans ce sens que le chef de village
de Kyé-Ossi fait état des « très bonnes
relations » qu'elle entretient avec son homologue d'Ebebekyoa en
Guinée Equatoriale. Elle souligne à cet égard qu'ils
travaillent en étroite collaboration pour résoudre les
problèmes entre leurs différents administrés, litiges qui
ont généralement « un caractère
familial » du fait de l'existence des mêmes familles de part et
d'autre de la frontière. Ceci, selon elle afin de régler ses
problèmes sans faire intervenir les autorités administratives.
Au total, il convient de souligner que l'ensemble de ces
initiatives spontanées de coopération sont
complémentaires. En effet, elles participent toutes de la
stabilité et du développement socio-économique de la
région des deux frontières car, elles contribuent à
faciliter la circulation des personnes de part et d'autre des
frontières et partant, renforcent l'intégration
socio-économique de ces deux territoires d'Afrique centrale.
Dans le contexte actuel de construction communautaire entre le
Cameroun et la Guinée Equatoriale, la coopération
transfrontalière constitue un facteur de rapprochement non seulement
entre les populations mais aussi entre ces deux Etats au niveau de la zone
frontalière du fait des contacts qu'elle induit. Ainsi, la
coopération transfrontalière apparait comme un
élément qui favorise le développement des échanges
transfrontaliers ainsi que l'établissement des relations pacifiques
entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale dans les zones
frontalières, lesquelles relations sont régies par divers
instruments juridiques.
Ces différentes rencontres au sommet entre les deux
diplomaties, ont permis aux deux Etats, la création et la mise en oeuvre
d'un cadre d'évaluation bilatéral de leurs relations
multiformes.
2. Création et tenue des
sessions des commissions entre les deux Etats
La signature des différents accords au terme des
différentes rencontres entre le Cameroun et la
Guinée-équatoriale a permis la mise en oeuvre d'un cadre
d'évaluation à savoir la Grande Commission Mixte. Ce cadre a
abouti à la création des commissions spécifiques ou
techniques, avec pour souci permanent la réalisation des objectifs
d'intérêt commun, entre les deux Etats car, les commissions sont
des instances de concertation générale ou spécifique des
délégations des deux pays, chargées d'examiner les
différents axes de la coopération entre les deux parties. La
coopération transfrontalière entre les deux pays est
marquée sur le plan politique par la création de nombreuses
commissions lesquelles ont à ce jour tenues plusieurs sessions pour
discuter des problèmes aussi variés que multiples.
a. La création des
Commissions
De la coopération transfrontalière entre le
Cameroun et la Guinée Equatoriale, on distingue deux types de
commissions à savoir : la Grande Commission Mixte et les
commissions ad hoc.
· La Grande Commission mixte
La Grande Commission Mixte Cameroun-Guinée Equatoriale
trouve son origine dans l'accord de coopération Economique et Technique
(Yaoundé, le 06/01/1980), elle a une compétence
générale et à ce jour, huit sessions se sont tenues selon
une périodicité qui tient compte du climat des relations entre
les deux pays ou en respectant l'échéancier de deux ans
prévue par le texte ci-dessus. Les rencontres se tiennent soit au
lendemain d'une crise ou la demande d'une partie en bute à des
difficultés sur un aspect de la coopération. L'objectif
visé par ces rencontres est de noter avec satisfaction leur
identité de vues sur l'ensemble des questions à examiner et la
nécessité de dynamiser encore davantage leur coopération
multiforme dans l'intérêt bien compris des peuples camerounais et
équato-guinéen et ce, conformément à la
volonté politique maintes fois exprimée par les deux chefs d'Etat
d'oeuvrer pour la consolidation et la diversification de la coopération
entre les deux pays. Cette rencontre offre l'occasion aux parties de
négocier de nouveaux accords, de se prononcer sur les offres de
coopération enfin, de procéder à l'échange des
instruments de ratification. Une fois les relations diplomatiques
établies en 1968, il a fallu attendre la signature de l'accord de
coopération économique et technique pour voir naitre la Grande
Commission Mixte entre les deux pays. C'est l'article 7 de cet accord qui
crée cette commission. Ne pouvant examiner les différentes
questions spécifiques auxquelles soulèvent la coopération
entre les deux Etats, elle s'est dotée des commissions ad hoc, qui sont
des organes techniques en charges des questions spécifiques.
· Les commissions sectorielles
Quant aux commissions sectorielles, qui ont une
compétence spécifique ou en fonction de l'objet, les rencontres
des représentants sont plus régulières et portent sur des
objets divers. Il peut s'agir des questions consulaires ; de
sécurité, de mariage, de nationalité etc., l'objectif est
de poser les jalons d'une coopération sur des questions
d'intérêt commun entre les deux pays, à travers la
négociation des offres de coopération par les parties, de sorte
à arriver à un consensus, grâce auquel la ratification et
l'application du texte sont possibles. C'est dans ce sens que le 14 Avril 2011,
les ministres camerounais et équato-guinéen en charge des
relations extérieures ont validé la composition du
« comité mixte régional sur les questions
consulaires et de sécurité
transfrontalière »dans le cadre de la tenue de
« la 3eme réunion ad hoc sur les questions
consulaires et de sécurités transfrontalières entre le
Cameroun et la Guinée Equatoriale » du 12 au 14 avril
2011 à Mongomo en Guinée Equatoriale94(*). Les commissions étant
créées, il se pose dès lors la question de la tenue de
différentes sessions.
b. De la tenue des sessions des
Commissions
La coopération transfrontalière entre le
Cameroun et la Guinée Equatoriale présente un état
satisfaisant en ce qui concerne les rencontres lors des sessions des
différentes commissions, ainsi :
Concernant la Grande Commission Mixte Cameroun-Guinée
Equatoriale, au cours des années 70, trois sessions qu'on peut qualifier
de précurseurs ce sont tenues en 72, 73 et 77 respectivement au Cameroun
et en Guinée- équatoriale. Une fois cette coopération
confirmée par la signature de nombreux accords et protocoles, la
huitième et la dernière session celle de
qualifiée d'envol s'est tenue du 27 au 30 Août 2012 à
Yaoundé.
La session de 1973 s'est penchée sur les
problèmes frontaliers pour réaffirmer le principe de
l'intangibilité des frontières héritées de la
colonisation. Elle a recommandée ensuite que les instructions soient
données aux autorités administratives frontalières pour
leurs permettre de régler à leur niveau les différents
litiges qui surviennent aux frontières et de n'en rendre compte
qu'ultérieurement aux gouvernements.
S'agissant de la session du 24 au 26 Avril 2011 à
Mongomo en Guinée Equatoriale, elle avait les allures d'une
véritable session extraordinaire. Car, elle était
organisée autour d'un seul point, la frontière. Le gouvernement
équato-guinéen s'est en effet plaint de l'implantation des forces
armées camerounaises sur une portion de terrain qu'il prétendait
être le sien et ce depuis le 06 Décembre 1976. Sur proposition de
la partie camerounaise, la session s'est penchée sur l'examen des textes
de bases invoqués par le Cameroun et les deux parties ont convenu de la
démarcation et la limitation aussi bien de la frontière terrestre
que maritime, les travaux de cette commission ad hoc sont à un niveau
satisfaisant. Les échanges aussi bien des populations que des biens
entre les deux Etats ne sont pas sans conséquences au niveau
sécuritaire et sur bien d'autres plans.
SECTION II : DANS LE
DOMAINE SECURITAIRE ET SUR D'AUTRES PLANS
Le domaine sécuritaire constitue avec d'autres plans
les autres axes de la coopération transfrontalière entre les deux
Etats, qui dans la présente étude
méritent qu'on s'y attèle.
A. Dans le domaine
sécuritaire
Il se trouve ici soulevé les préoccupations
liées à la criminalité transfrontalière ainsi que
les nouvelles menaces sécuritaires et, les accords de formation des
forces de sécurité.
1. Les préoccupations
liées à la criminalité transfrontalière et les
nouvelles menaces sécuritaires
Les deux pays font partie du Golfe de Guinée, un espace
géographique africain riche en hydrocarbures et d'autres ressources
naturelles stratégiques, ce qui en fait une zone de convoitises et
d'influence des grandes puissances et qui, par voie de conséquence, se
retrouve confronté à la piraterie maritime et la grande
criminalité, S'y ajoute, «la contrebande
généralisée qui s'organise à la frontière
des deux pays au détriment de l'économie camerounaise, et qui
génère de nombreux litiges de nature à entretenir un
climat de tensions », selon le Sous- préfet de
Kyé-Ossi95(*). En
dehors de la réflexion menée, en vue de la sécurisation de
cet espace décrété « d'intérêt vital
» par les Etats-Unis, dans le cadre de la Commission du Golfe de
Guinée élargie à d'autres pays de la région, une
Commission mixte ad hoc sur les questions consulaires et de
sécurité transfrontalière permet au Cameroun et à
la Guinée Equatoriale de se concerter depuis 2010 pour la recherche des
solutions à ces phénomènes. Selon le communiqué
final de la quatrième session de la Commission ad hoc sur les questions
consulaires et de sécurité transfrontalière tenue du 06 au
07 Mars 2012 à Yaoundé, « dans un souci
d'efficacité et pour combattre d'indiscipline, la partie
équato-guinéenne a émis le voeu de faire assurer la
formation et le perfectionnement de ses éléments des forces de
sécurité dans les écoles et centres d'instructions
camerounais96(*)
».
2. La formation des forces de
sécurité
En matière de formation des forces de l'ordre et de
sécurité, le Cameroun dispose de longue expérience
grâce à son Ecole nationale supérieure de police (ENSP)
à Yaoundé qui, depuis un certain temps, accueille des
équato-guinéens pour des stages de formation et de recyclage des
officiers et commissaires de police, et d'une Ecole militaire interarmes (EMIA)
qui assure la formation des officiers de l'armée
équato-guinéenne. Une Ecole internationale des forces de
sécurité (EIFORCES) à vocation régionale pour
l'Afrique et un Cours supérieur interarmées de défense
(CISD) ouvert à d'autres continents lesquelles permettent de renforcer
récemment ce dispositif sécuritaire.
La huitième session de la Grande Commission Mixte tenue
récemment à Yaoundé a abouti à la signature d'une
convention de partenariat entre le Ministère des Relations
Extérieures de la République du Cameroun et le Ministère
des Affaires Etrangères et de la Coopération de la
République de Guinée Equatoriale, pour la formation, le recyclage
et le perfectionnement à l'Institut des Relations Internationales du
Cameroun (IRIC), du personnel de la diplomatie de Guinée Equatoriale.
Depuis la même session, l'Ecole Nationale d'Administration et de
Magistrature du Cameroun (ENAM) s'occupera de la formation et du recyclage du
personnel de la fonction publique équato-guinéenne en vue de la
sécurisation des recettes douanières et fiscales au niveau des
frontières entre les deux Etats.
B. Sur d'autres plans
La coopération transfrontalière entre le
Cameroun et la Guinée Equatoriale va au-delà des trois domaines
sus-évoqués. C'est à ce titre que nous avons pensé
élargir le champ de prospection en intégrant une
évaluation aux plans de l'éducation, des postes et
télécommunications, culturel et technique.
1. Aux plans de
l'éducation et des postes et télécommunications
· Les réalisations au niveau
éducatif
La coopération transfrontalière formelle au plan
éducatif est quasiment inexistante en termes des réalisations
infrastructurelles communes. Aucune école primaire ou secondaire
construite par les deux Etats pour le bénéfice de leur jeunesse.
Cependant, Malgré cette absence d'infrastructures, l'on note
néanmoins ce que l'on eut qualifier de coopération informelle
avec la présence forte remarquable des élèves
Equato-guinéens qui traversent chaque jours la frontière
terrestre de Kye-Ossi-Ebebeyin pour aller suivre leur formation scolaire dans
les écoles et lycées de Kyé-Ossi. C'est dire combien le
niveau d'instruction est bas du côté équato-guinéen
et le Cameroun dans un souci de préserver son leadership
sous-régional gagnerait à encourager cette coopération
à travers la réalisation d'infrastructures en quantité et
en qualité.
· Au plan des postes et
télécommunication.
Dans le domaine des postes et
télécommunications, notons que dans la zone
transfrontalière terrestre de Kyé-Ossi-Ebebeyin longue de plus de
vingt kilomètre il n'existe aucune installation des postes et
télécommunications d'envergure. Seul un télé centre
du coté camerounais et une antenne des télécommunications
du côté équato-guinéen. Malgré l'existence
d'un accord de coopération en matière de postes et
télécommunications, comme dans tous les autres domaines de la
coopération transfrontalière la matérialisation tarde
encore à se faire effective, Dans ladite zone. Par contre on pourrait
parler d'une coopération informelle dans la mesure ou la zone objet de
notre étude est couverte par les réseaux de
télécommunications des deux pays voisins à savoir le Gabon
avec ses réseaux téléphoniques Zain et Moove mobils et la
Guinée Equatoriale avec Guetesa et Hits mobils, la qualité des
infrastructures de ces deux pays voisins fini par noyer les réseaux
téléphoniques camerounais( Orange, Mtn et Camtel) et cela pose de
problèmes financiers préjudiciables aux Camerounais
résidents dans la zone des trois frontières dans la mesure ou les
coûts de communication sont trop élevés.
2. Aux plans culturel et
technique
Face aux besoins pressants de la Guinée Equatoriale de
développer ses ressources humaines et au Cameroun d'affirmer son
leadership sous régional, il semble pour chacun nécessaire de
renforcer la coopération culturelle et technique entre les deux pays. Au
niveau de la zone transfrontalière des deux Etats. Les besoins de
la Guinée Equatoriale ont été exprimés dans divers
domaines : défense et sécurité, postes et
télécommunications, agriculture et élevage, administration
et infrastructures, etc. face aux chantiers multiples lancés par le
Gouvernement équato-guinéen dans sa lancée vers
l'émergence on assiste à une forte immigration des populations
des pays voisins. On peut relever la présence d'environ 5000 camerounais
dans les zones transfrontalières de Ebebeyin ou Rio-Capo, où ces
derniers travaillent dans de nombreux secteurs d'activités comme le
bâtiment et les travaux publics, l'électricité, la
comptabilité, l'hôtellerie, les télécommunications
etc.
CHAPITRE IV : LA
COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LE CAMEROUN ET LA GUINEE EQUATORIALE :
ENTRAVES ET PERSPECTIVES
L'excellente qualité des relations diplomatiques entre
le Cameroun et la Guinée Equatoriale est une constante. Les deux pays
continuent aussi à coopérer au sein des organisations
internationales : ONU, UA, CEEAC et CEMAC où un rapprochement de
leurs points de vue s'est toujours fait sentir. Les relations
transfrontalières sont en nette amélioration entre les deux pays.
Cela dénote que leurs liens dépassent déjà le stade
de la simple exploration et se situent, bien que mince, au niveau d'une
coopération concrète.
Si dans l'ensemble la coopération
transfrontalière entre les deux Etats est largement positive, cette
coopération pose, toutefois, un certain nombre de problèmes aux
autorités politiques et administratifs. Le Cameroun dans un souci de
préserver sa suprématie et sa place de moteur économique
dans la sous-région Afrique centrale se doit cependant de trouver des
réponses aux obstacles ci-dessous, car les principales entraves aux
échanges transfrontaliers entre le Cameroun et la Guinée
Equatoriale sont celles qui empêchent le déroulement normal des
activités commerciales et l'harmonisation des politiques de
développement entre les deux Etats, puis les disparités dans les
différentes politiques économiques des Etats. Il s'agira
essentiellement de ressortir les obstacles, les insuffisances et enfin
d'entrevoir, les perspectives d'avenir pour une coopération
transfrontalière harmonieuse et bénéfique.
SECTION I : LES
ENTRAVES A LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE
Les entraves liées à la coopération
transfrontalière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale
portent sur tous les domaines de coopération. Dans le présent
travail, nous présenterons les entraves d'ordre politique,
économique et sécuritaire.
A. Les problèmes
politiques entre les deux Etats
Les problèmes politiques qui entravent les
échanges transfrontaliers entre le Cameroun et la Guinée
Equatoriale sont nombreux. Ils sont identifiés aux niveaux de la
politique internationale et de la politique intérieure.
1. En politique internationale
Le repositionnement géostratégique, la
convoitise des puissances étrangères pour cette
sous-région Afrique centrale et les crises internationales constitueront
l'essentiel de cette partie d'étude.
a. Le repositionnement
géostratégique et la convoitise des puissances occidentales
Le repositionnement géostratégique et la
convoitise des puissances occidentales en Afrique centrale constituent les
mobiles à coup sur des mésententes entre les deux Etats.
En effet, lors de la crise entre les deux Etats le 16 Mars 2004, Les
considérations de géopolitique régionale et internationale
n'ont pas été sans influence sur la réaction de
fermeté du gouvernement camerounais face à l'accusation
équato-guinéenne selon laquelle la Cameroun était le
sanctuaire de mercenaires visant la «déstabilisation d'un
gouvernement démocratiquement élu». Le Golfe de
Guinée, dont le Cameroun constitue aujourd'hui l'une des positions les
plus fiables au regard de sa stabilité institutionnelle et de son
dynamisme économique, est au centre des manoeuvres des puissances
Continentales et internationales qui désirent s'implanter dans la
région. La Guinée Equatoriale se situant dans le domaine naturel
de son influence, le Cameroun ne peut ne pas tirer des dividendes
stratégiques du boom pétrolier équato-guinéen.
Les Etats-Unis d'Amérique qui, selon les
prévisions du Pentagone, envisagent tirer 25% de leurs besoins en
hydrocarbures du Golfe de Guinée à l'horizon 2025,
mûrissent actuellement une stratégie de co-partage de l'influence
régionale avec le Cameroun. Face à l'importance
stratégique acquise par le Golfe de Guinée qui fournit
déjà 10% des approvisionnements des Etats-Unis en hydrocarbures,
ceux-ci « ne pouvaient pas se permettre un contrôle lointain
d'un continent qu'ils connaissent peu et qui est de surcroît miné
par l'instabilité politique, économique et sociale. Il
apparaît donc logique que l'armée américaine veuille
installer une base d'observation dans la région. Celle-ci se situerait
forcément entre le Nigeria et l'Angola »compte tenu du volume
de production de ces deux pays. D'ores et déjà ces deux derniers
pays apparaissent hors course. Le Nigeria est considéré comme
surpeuplé, immense, dotée d'une forte majorité musulmane
et potentiellement explosive. L'Angola a une profondeur stratégique
limitée du fait de sa situation en contre bas du continent. Le Congo
démocratique est empêtré dans la guerre civile, la
partition et le pillage et risque ne pas en sortir de sitôt. Le Congo
Brazzaville est non seulement lui aussi en guerre régulièrement
mais profondément profrançais. Le Gabon abrite déjà
une base militaire française.
Il restait sur la liste la Guinée Equatoriale et le
Cameroun. La première présente deux atouts majeurs :
faible population et facilités d'accès à la mer.
« Cependant le régime équato-guinéen est
réputé très autoritaire et peu respectueux des droits de
l'homme 97(*)». Quant au second, c'est-à-dire le
Cameroun, il présente en plus des facilités d'accès
à la mer, des avantages supplémentaires, notamment, «
une solidité économique reconnue dans la sous région,
certaines structures de base en place, et surtout il donne l'opportunité
aux Etats-Unis d'utiliser le Cameroun doublement comme contre balancier
à l'influence française dans la sous région et contre
balancier à la prédominance nigériane dans le bassin ouest
africain98(*)
». Le voyage de son excellence Paul Biya à Washington en avril
2003, la construction de l'une des plus grandes et couteuses ambassades des
Etats-Unis dans le monde au Cameroun et la célébration par le
président George W. Bush du Cameroun comme pays stable et bien
gouverné semble confirmer l'orientation camerounaise de la politique de
contrôle du Golfe de Guinée des Etats-Unis. La crise ou si l'on
préfère 1a guerre diplomatique actuelle entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale renferme ainsi une dimension de concurrence ou de
lutte pour la captation de la béquille stratégique
américaine. L'heure étant aux Etats-Unis et dans 1e monde entier
à la lutte acharnée contre les mercenaires/terroristes et
"ceux qui les soutiennent" l'accusation de sanctuaire de mercenaires
portée par la Guinée Equatoriale contre le Cameroun s'inscrivait
quelque part dans une stratégie de déclassement éthique et
symbolique du Cameroun sur la scène internationale. D'où la
contre réaction du gouvernement camerounais qui, dans son
communiqué du 12 mars 2004 signé du ministre de la communication
de l'époque Jacques Fame Ndongo, « se réservait le droit
d'entreprendre toutes actions appropriées pour préserver son
image et défendre ses intérêts99(*) ». A quels
intérêts faisaient allusion le ministre camerounais ? La nature
des évènements semble bel et bien indiquer qu'il s'agissait des
intérêts stratégiques. Pour le Cameroun donc, la
Guinée Equatoriale s'associait à une campagne internationale de
ternissement de son image plutôt bonne de pays de paix et de
stabilité ayant fait de la neutralité et de la
non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats, un
principe cardinal de sa politique étrangère.
Dans sa campagne internationale contre le Cameroun, la
Guinée Equatoriale est plus ou moins discrètement soutenue par
les puissances continentales qui lorgnent les richesses
pétrolières de ce pays et qui lient dans leur stratégie le
recul de Yaoundé à la montée de leur propre influence.
C'est le cas notamment de l'Afrique du sud. Le fait que l'information sur la
localisation au Cameroun du camp d'entraînement des mercenaires
recrutés pour renverser le régime de Malabo vienne d'un
quotidien sud africain n'a pas surpris dans les milieux diplomatiques de
Yaoundé. Car l'avènement de l'or noir en Guinée
Equatoriale semble avoir ravivé l'intérêt des sud-africains
pour ce pays. Le président Obiang Nguema Mbasogo a effectué une
visite officielle en Afrique du Sud en 2003, visite
précédée par l'ouverture d'une ambassade à Malabo
où plusieurs de ses entreprises (en majorité des filiales de
firmes multinationales) ont déjà pris position. Le fait que ce
soit le président Thabo Mbéki qui prévint le
président équato-guinéen d'un mouvement de mercenaires
vers son pays après avoir laissé l'appareil décoller de
son territoire s'apparente avec le recul à une opération de
marketing destinée à gagner la confiance de la Guinée
Equatoriale.
Concernant la convoitise de la région
transfrontalière remarquons que depuis quelques temps, les USA
désireux de diversifier leurs ressources d'approvisionnements
pétroliers pour contrebalancer l'importance du moyen- orient,
investissent de plus en plus dans le golfe de Guinée ou opèrent
désormais leurs sociétés pétrolières.
D'où le renforcement de leur présence militaire dans cette zone
(assistance militaire à la Guinée Equatoriale, construction d'une
base militaire à Sao-Tomé et Principe, financement de la mise en
place de la force militaire en attente africaine à Douala au Cameroun et
bien d'autres action dans l'optique de sécuriser la région du
Golfe de Guinée.
D'une manière générale, on assiste
à un flux de visite et de signature d'accords des dirigeants du monde,
et la présence des pays émergents comme la Chine, le Japon, le
Brésil vers la Guinée Equatoriale, à la recherche des
parts de marché dans ce pays en construction est de plus en plus visible
et matérialisée.
b. La crise de l'environnement
international
Ces dernières années, l'environnement
international est marqué par des crises autant économiques que
financières. La conséquence des ces marasmes économiques
est la baisse des flux commerciaux, de l'aide publique au développement,
la surliquidité et la faillite des banques. Ces situations ont pour
causalité la décision pour les bailleurs de fonds d'imposer
à tous les pays et en particulier aux pays en développement une
politique d'austérité et d'ajustement structurel et attise
la convoitise des pays industrialisés car toutes leurs entreprises sont
placées dans la rubrique des sociétés à privatiser,
d'où une certaine perte d'autonomie économique et la faiblesse
pour eux de pouvoir financer leurs propres projets de développement. Sur
un tout autre plan, on assiste dans ces zones transfrontalières un
manque d'intérêt ou un intérêt minime du secteur
privé. Or le secteur privé peut jouer un double rôle.
Primo, il peut contribuer à la prise de décisions
politiques aux niveaux national et régional. Un secteur privé
bien organisé pourrait participer à l'élaboration des
politiques, en prodiguant des conseils aux pouvoirs publics et en militant pour
la poursuite du processus de reformes aux côtés de nombreuses
autres parties prenantes de la société civile. Secondo,
il peut apporter une contribution pratique aux initiatives
régionales. C'est un fournisseur potentiel de ressources humaines et
financières pour la mise en oeuvre de projets régionaux,
notamment le développement des infrastructures. Parmi les avantages
économiques découlant du développement des
activités régionales des entreprises privées
installées dans la zone de Kyé-Ossi-Ebebeyin100(*) on peut citer la
création d'emplois, l'élargissement du marché, la
mobilisation de l'épargne privé et public, et les effets externes
comme la diffusion du savoir, les compétences techniques et les
retombées technologiques pour le bien des deux Etats.
2. En politique
bilatérale
Les problèmes politiques bilatéraux entre les
deux Etats sont nombreux, mais les plus illustratifs se résument
à ceux liés aux frontières et l'inefficacité des
traités et accords souscrits. Ainsi les tensions
régulièrement observées dans les zones frontalières
ont beaucoup ralenti les échanges multiformes entre les deux pays. Dans
cette optique, plusieurs raisons opposent les deux Etats au plan politique.
a. Les ambitions
géopolitiques de la Guinée Equatoriale face au leadership du
Cameroun dans la sous-région
La découverte et le début de l'exploitation des
puits de pétrole, ajoutée à la forte immigration des
Camerounais en Guinée Equatoriale, constituent à ne point douter
le début des problèmes entre les deux Etats.
En effet, Commencée en 1991 par la découverte
d'Alba et renforcée en 1996 avec l'inauguration du champ de Zafiro qui
renferme des réserves d'environ 300 millions de barils puis en 1999 par
l'exploitation du plus important gisement de Campo Ceiba au large du Rio Muni,
la production pétrolière en Guinée Equatoriale s'est
accompagnée d'un spectaculaire revirement de sa politique
régionale101(*).
Le fait marquant dans ce revirement est le déclassement
géostratégique du Cameroun au profit du Nigeria. C'est dans ce
déclassement, combiné à la construction d'un
«péril camerounais», que s'origine la crise diplomatique qui
apparaît au grand jour en Mars 2004. En effet, depuis
l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays le 27
octobre 1968, le Cameroun s'est toujours montré solidaire et
bienveillant à l'égard de son voisin de l'extrême sud 17
fois plus petit. Les deux pays ont entretenu une coopération dense et
diversifiée régie par divers instruments juridiques102(*). La fréquence des
visites de haut niveau effectuées par les autorités de Malabo
à Yaoundé témoignait de l'importance du Cameroun dans la
vie nationale équato-guinéenne. Au cours de ses nombreuses
visites à Yaoundé, le président Teodoro Obiang Nguema
Mbasogo recourait toujours à l'expression « grand
frère » pour désigner son homologue camerounais.
Le revirement de la Guinée Equatoriale par l'adoption d'une ligne
diplomatique anti-camerounaise sera par conséquent vécu à
Yaoundé comme une trahison. Ce sentiment d'ingratitude et de trahison
était déjà souligné par le plus grand quotidien
indépendant du Cameroun en 2001 : « Il est bien loin, ce
temps où la Guinée Equatoriale d'Obiang Nguema Mbasogo mangeait
dans la main du Cameroun de Paul Biya. En ce temps là, l'ami Obiang ne
pouvait pas passer deux mois chez lui sans venir saluer son "grand
frère". En cette occasion alors, en grand seigneur bon prince, [Paul
Biya] envoyait gentiment son avion personnel pour les aller et retour de son
"homologue". En ce temps-là, tout était prétexte à
voyage sur le Cameroun : les salaires des fonctionnaires d'Obiang, les maux de
dents de son épouse etc. [...]. Puis est arrivé le pétrole
[et] tout a changé. Et l'ami Obiang a soudain réalisé que
les Camerounais étaient tous de petits voleurs et de gros salauds. Puis
il a commencé à se faire représenter aux manifestations
qui avaient lieu dans "son" Yaoundé. On se demandait même si l'ami
Obiang était encore en mesure de dire bonjour à notre [Paul Biya]
s'il le rencontrait un jour quelque part on route103(*) ».
La politique équato-guinéenne du Cameroun depuis
son apparition dans le club riche des "Etats hydrocarbures" a pris l'allure
d'une diplomatie de la revanche traduisant, comme l'a souligné un
politiste camerounais « une expression d'un sentiment de rancoeur
longtemps dissimulé104(*) ».La manne pétrolière a en effet
donné les coudées franches à la Guinée Equatoriale
pour qu'elle puisse « exprimer cette rancoeur refoulée qui
avait été manifestée vis-à-vis [du] parrainage du
Cameroun, que par contrainte les Equato-guinéens sollicitaient mais qui
leur pesait [...] Les Equato-guinéens estiment avoir aujourd'hui les
capacités de tenir tête au Cameroun, même si cela peut
relever pour les Camerounais d'une espèce de complexe du nouveau
riche105(*)
».
Ce complexe du nouveau riche est amèrement
digéré par le pouvoir de Yaoundé qui s'est pourtant
gardé de toute contre action ou récrimination bruyante,
car ayant bien compris que lorsqu'un Etat se développe, il
redéfinit en même temps sa politique étrangère pour
intégrer les enjeux nouveaux liés à l'avènement de
son statut nouveau.
· Les enjeux sous-régionaux de la
Guinée Equatoriale
En raison de son poids financier au sein de la CEMAC, la
Guinée Equatoriale réclame avec de plus en plus d'impatience, les
reformes de cette structure sous-régionale. Cette question figurait en
bonne place au menu du 10e sommet de la CEMAC tenue à Bangui
le 17 janvier 2010, au cours duquel la Guinée Equatoriale a pesée
de tout son poids pour l'admission du principe de rotation des postes au sein
des organes de la CEMAC ce qui a d'ailleurs abouti à la nomination d'un
ressortissant équato-guinéen, M. Lucas Abaga Nchama au poste de
gouverneur de la BEAC en remplacement du gabonais Philibert Andzembe.
Dès cet instant, Bien d'autres revendications vont être
examinées favorablement pour la Guinée Equatoriale : la
présidence de l'Union Africaine en juin 2011, le sommet
Afrique-Amérique latine en novembre 2011 et la Co-organisation de la
coupe d'Afrique des Nations en 2012.
· Une alliance stratégique entre la
Guinée Equatoriale et le Nigeria106(*)
Le Cameroun, la Guinée Equatoriale et le Nigeria
partagent des frontières maritimes communes et font tous partie du Golfe
de Guinée. Pour des raisons de sécurité nationale, de
puissance et de recherche de l'élargissement de son espace vital
à travers l'exploitation conjointe des ressources du sous-sol
équato-guinéen. Le Nigeria manifeste depuis un certain temps un
intérêt grandissant pour la Guinée Equatoriale
(exemple : signature le 06 décembre 2006, d'un accord pour la
fourniture du gaz en guinée-équatoriale) pourtant le Cameroun et
la Guinée Equatoriale sont tous deux membres de la CEMAC et partagent
aussi bien la frontière terrestre que maritime ce que aurait
été plus facile à la Guinée Equatoriale d'importer
son gaz du Cameroun limitant le coût et les risques liés au
transport.
D'autre part, la Guinée Equatoriale et le Nigeria
entretiennent des bons rapports d'amitié et de coopération qui se
sont renforcés à la veille du verdit de la CIJ sur l'affaire
Bakassi. Il convient de relever à ce propos qu'en plus des
échanges de visites de haut niveau, l'assistance accordée par le
Nigeria à la Guinée Equatoriale s'étend dans le domaine
médical (construction par le Nigeria d'un hôpital à ANISOK
en guinée-équatoriale, ville frontalière avec le Cameroun,
fourniture de médecins et d'infirmiers nigérians pour les
hôpitaux équato-guinéens) et le secteur de
l'éducation (construction d'une école bilingue anglo-espagnole)
et offre d'enseignants nigérians pour les lycées et
collèges de Bata et Malabo. Bien plus, la Guinée Equatoriale et
le Nigeria ont signé récemment en Avril, un protocole d'entente
pour l'exploitation en commun des champs pétroliers se situant dans leur
frontière maritime commune notamment la zone de Zafiro-Ekenga.
b. La rupture de confiance
réciproque entre les deux Etats et la variété des
systèmes d'administration
La rupture de confiance est consécutive aux rencontres
irrégulières entre les deux Chefs d'Etat, dont la
conséquence et la non application des traités et accords conclus,
tandis que la variété des systèmes administratifs
découle de ce que le processus de décentralisation qui
caractérise la coopération transfrontalière est
diversement appliqué.
· L'ineffectivité du traité
d'Amitié et de Bon Voisinage et des résolutions de la Grande
Commission Mixte
La ratification du traité d'amitié et de Bon
Voisinage par les deux Etats n'a pas permis l'application effective de ses
dispositions nonobstant, le principe de la primauté, de
l'applicabilité et de l'effet direct du droit international
valable dans les rapports bilatéraux. En effet, un traité par
définition est selon N. Quoch Dinh : « tout accord
conclu entre deux ou plusieurs sujets de droit international destiné
à produire des effets de droit et régi par le droit
international ». Si donc les Etats sont les principaux sujets de
droit international, alors leurs engagements sont sous l'auspice du droit
international lequel, pose comme principes : sa primauté par
rapport au droit interne, son applicabilité immédiate une fois
que le sujet s'est engagé.au lieu d'un blocage de l'application des
textes sus-évoqués, les parties doivent plutôt
recherchées une négociation de bonne foi. Mais depuis sa
signature, ces traités ont reçu un accueil mitigé surtout
de la part des autorités équato-guinéennes, car le pays
connait depuis un certain temps un « boom »
pétrolier ce qui entraine une immigration massive des populations des
pays riverains ou non. C'est pourquoi la législation en matière
d'entrée en Guinée Equatoriale a été durcie.
C'est dans ce cadre que de nombreux citoyens Camerounais
accusés d'entrée illégalement font
régulièrement l'objet des tracasseries policières, de
violences physiques et d'assassinats107(*). Interrogé sur ce problème, le
Ministre d'Etat équato-guinéen chargé de la communication
et du tourisme a affirmé qu'il y a environ 20 000 camerounais en
Guinée Equatoriale dont une immense majorité vit dans la
clandestinité. Par conséquent, ils doivent respecter la
réglementation comme tous les autres étrangers, pendant que les
deux Etats sont non seulement dans la même communauté
économique et monétaire, mais également ont signé
l'accord d'amitié et de bon voisinage et des accords
préférentiels sur d'autres plans, lesquels doivent en principe
accorder des traitements préférentiels aux citoyens camerounais
en Guinée Equatoriale.
Les deux pays ont ratifié le traité
d'amitié et de bon voisinage et doivent appliquer entre eux les termes
du traité portant sur la circulation des personnes et, maintenir la paix
entre eux. Cette vision est d'autant plus renforcée qu'il existe des
accords bilatéraux qui lient ces pays sur la libre circulation des
personnes.
En somme, les traités d'amitié et de bon
voisinage et les résolutions de la commission mixte régissant les
rapports et la collaboration harmonieuse entre les deux pays dans la zone
frontalière sont paralysés par des situations antagonistes de ses
Etats.
· La variété des systèmes
administratifs et ses implications
La coopération transfrontalière, même si
elle a beaucoup progressée depuis l'après-guerre, n'est pas un
processus facile. Sur le terrain, elle se heurte ici à la grande
variété des systèmes administratifs nationaux qui fait que
les collectivités territoriales transfrontalières n'ont que
rarement les mêmes compétences ou les mêmes ressources tous
les pays n'ayant pas le même niveau de développement et le droit
communautaire rarement appliqué. Dans le cas d'espèce, le
Cameroun se trouve juste avancé dans le processus de
décentralisation que la Guinée Equatoriale qui pratique encore le
système d'administration centralisée. Toute coopération
dans ces conditions, ne peut que connaitre des limites suite aux
systèmes administratifs nationaux, par la différence des
cultures, des réglementations, des compétences, des normes, des
stratégies et jeux d'acteurs. Le fait qu'une organisation
transfrontalière ne puisse avoir la personnalité juridique qu'en
vertu du droit d'un seul pays crée une différence et une
complexité des circuits de financement public. En somme, en
l'état actuel l'application du droit national par chaque Etat constitue
un obstacle pour la réalisation des projets d'intérêt
commun qui nécessitent des financements extérieurs et à
long terme lesquels sont conditionnés par le cautionnement des
organisations internationales ou de deux ou plusieurs Etats.
· Les rencontres irrégulières entre
les deux chefs d'Etats
L'autre grave entrave dans leurs relations bilatérales
est celui des rencontres irrégulières entre les deux chefs
d'Etat. Les deux hautes personnalités sont chacun en ce qui le concerne
chef de la diplomatie de son pays et toute impulsion ne peut provenir que d'eux
et au regard des lourdes responsabilités qui sont les leurs, le
calendrier des rencontres entre les deux devient difficile Ce qui empêche
la mise en application spontanément des accords signés entre les
deux Etats et la visibilité d'une coopération pourtant diverse et
instrumentée. L'avènement du processus de décentralisation
est une aubaine dans ce sens que les autorités administratives locales
pourront suivre de prêt et agir en temps opportun lorsqu'un pan de la
coopération et fortement menacé, et en rendre compte au pouvoir
central.
B. Les entraves sécuritaires et
économiques
L'examen des entraves sécuritaires
précèdera celle des entraves économiques.
1. Les entraves
sécuritaires
Elles sont notamment liées aux sujets de la grande
criminalité, du manque de civisme et de trafic d'influence.
a. La grande criminalité,
le manque de civisme et d'éducation des populations
frontalières
La grande criminalité observée dans les zones
frontalières entre les deux Etats pourrait s'expliquer par deux
situations:
D'une part, par le fait qu'un pays leader le Cameroun qui fait
face au nouveau dragon économique de la sous-région la
Guinée Equatoriale. Ce dernier, étant en pleine exploitation de
ses ressources naturelles, attire de nombreux immigrants venant des
différents coins d'Afrique. Dans sa lutte contre le grand banditisme et
le contrôle des flux migratoires, la frontière camerounaise est
devenue un dépotoir des refoulements réguliers de la
Guinée Equatoriale. Il ne se passe des mois voire des semaines sans que
des étrangers ne soient refoulés aux niveaux de la
frontière camerounaise et la difficulté ici résulte de ce
que ces refoulés ne sont pas que des Camerounais, ils viennent de
l'Afrique de l'Ouest et des autres pays de l'Afrique centrale. Le Cameroun
voulant préserver son image de terre d'accueil et d'hospitalité
se voit obligé d'accueillir tous ces Africains, lesquels faute d'emploi
et d'occupation se livrent à des actes de grand banditisme transformant
ainsi ces régions limitrophes des deux Etats, en zones
d'insécurité notoire ou règnent les atteintes à la
dignité humaine (viols, agression, assassinat...), les atteintes
à la fortune privée (vol, escroquerie...), trafic des
stupéfiants, contrebande...
D'autre part, la criminalité dans la région de
Kyé-Ossi par exemple est l'expression d'une lutte interne entre les
populations camerounaises elles mêmes. En effet, la majorité de la
population de cette ville est composée des allogènes
particulièrement des Bamouns, lesquels par leur entreprenariat occupent
tous les secteurs d'activités commerciales, et comme cette zone
transfrontalière est économiquement rendable, les Fang
populations autochtones les trouvent envahissant et ceci est à l'origine
d'affrontements réguliers, d'assassinats et d'agressions entre les
ressortissants d'un même pays ; sans doute cela relève-t-il
d'un manque de civisme ?
L'autre problème qui entrave les relations entre les
deux Etats au niveau de la frontière commune aussi bien terrestre que
maritime est celui du niveau d'éducation des populations, surtout du
coté équato-guinéen le niveau intellectuel est très
bas. Et ceci a pour conséquence majeur le refus de payer les taxes et
tarifs douaniers liés au passage des différents produits et de ce
soumettre aux contrôles sanitaires et douaniers. Au delà du refus
de payer les impôts, les populations riveraines autochtones se croient
exonérées du payement des taxes au prétexte c'est un
même village, une même famille et la frontière n'est qu'une
imagination pour freiner leurs relations culturelles et historiques.
b. Le trafic d'influence et le manque de
fluidité aux frontières
Le trafic d'influence est l'oeuvre des personnalités de
la Guinée Equatoriale qui viennent faire des achats du coté
camerounais et ne veulent pas payer les frais de douane, de phytosanitaire au
motif de ce que ces achats appartiennent à la famille
présidentielle. « Régulièrement on observe
le passage des véhicules, des trottinettes pleins de marchandises et
dont les conducteurs prétextent qu'ils ne peuvent permettre la fouille
ni payer des taxes et tarifs divers parce qu'ils seraient commissionner par la
première dame de la Guinée Equatoriale, laquelle peut être
interpellé par téléphone pour cet affront et saisir les
hautes autorités de Yaoundé108(*) ».
Un autre aspect relevé ici est le manque de
fluidité aux frontières. On observe une forte présence des
« rabatteurs109(*) » pour négocier le passage des
produits. Les usagers pensent qu'ils seront taxés plus chers
eux-mêmes et la communication n'étant pas facile entre les deux
parties tout ceci crée des blocages et des incompréhensions qui
parfois aboutissent à des arnaques des populations
équato-guinéennes.
Dans ce climat de manque de confiance réciproque entre
les deux pays, il faut signaler qu'il se renforce encore les disparités
dans les politiques économiques.
2. Les obstacles économiques de
la coopération transfrontalière entre les deux Etats
a. Les disparités dans les
politiques économiques, Les conséquences de la contrebande et de
la fraude.
Les politiques économiques comprennent l'ensemble des
mesures prises dans le cadre de la gestion des économies nationales. Les
différences et les disparités qui marquent ces politiques
constituent les stimulants des échanges informels entre les pays
voisins. Parmi les carences les plus influentes sur les échanges, on
relève notamment la politique nationale de production de bien et les
mécanismes de régulation économique, y compris les mesures
de maitrise des échanges extérieures.
Malgré l'appartenance du Cameroun et de la
Guinée Equatoriale à la CEMAC ainsi que leur souscription aux
mesures de politique d'ajustement structurelle prescrites par les organisations
financières internationales, les politiques économiques du
Cameroun et de la Guinée Equatoriale sont loin d'être
harmonisées. Les possibilités et les potentialités de
développement de deux Etats divergent profondément, le
marché intérieur camerounais de plus de 20 000 000
d'habitants s'oppose à un marché équato-guinéen de
près de 5000 000 d'habitants. Les deux pays ont alors opté pour
des politiques économiques différentes, incitant les
échanges parallèles. En plus, l'inégale possibilité
de développement entre les deux pays engendre des disparités dans
les couts de production en liaison avec les effets d'échelle et les
conditions de l'exercice des activités économiques. Le Cameroun,
en tant que puissance économique sous-régionale110(*), dispose d'un secteur
manufacturé le plus important de l'Afrique centrale. Ses produits
approvisionnent, pour ne pas dire inondent, tous les Etats voisins. L'ampleur
du marché intérieur camerounais permet au pays de jouer sur des
effets d'économies d'échelle. Le coût unitaire peut
être alors réduit en accroissant la taille des unités de
production.
Si les bénéfices de la contrebande peuvent
être considérables, cette activité illégale n'est
pas exempte de risques. Aux inconvénients dus au mauvais état des
routes ou des pistes tracées pour l'usage exclusif de la contrebande,
s'ajoutent les traversées souvent périlleuses de l'espace
maritime entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale. Nombreux sont en
effet les naufragés de bateaux de contrebandiers, surcharges et sans
aucun dispositif de sécurité. Qui plus est, ils doivent se
méfier des autorités douanières et de
sécurités transfrontaliers qui, en dépit d'une grande
tolérance, au demeurant très profitable pour elles, imposent
souvent de lourdes amendes aux contrebandiers capturés.
Dépouillement, saisie, violence et expulsion sont aussi les risques
quotidiens auxquels font face les contrebandiers.
Pour l'économie camerounaise, la présence du
pétrole équato-guinéen comporte deux aspects
contradictoires. Pour les consommateurs particuliers, les conducteurs et les
transporteurs, les économies peuvent être considérables,
même si l'usure des moteurs est certainement
accélérée par la qualité douteuse de la
majorité des carburants en provenance de ce pays voisin. La vente au
détail est aussi génératrice d'emplois et présente
ainsi une alternative très intéressante pour augmenter ou
générer des revenus, particulièrement en temps de crise
économique. Cependant, la médaille a son revers, le manque
à gagner pour le trésor public camerounais est énorme. Son
industrie du pétrole notamment la Société Nationale de
Raffinerie (SONARA) se trouve souvent au bord du gouffre avec des produits qui
ne sont pas compétitifs au niveau des prix. Une baisse des prix
officiels du pétrole au Cameroun semble difficile à
réaliser parce que le prix de revient est élevé. En plus
les revendeurs de carburant équato-guinéen au Cameroun disposent
par ailleurs d'une marge de manoeuvre importante et n'hésitent pas
à réajuster leurs prix en cas d'évolution du prix officiel
des carburants camerounais. Ensuite, en cas de demande supplémentaires,
ils ont la possibilité d'augmenter le ravitaillement car le
problème d'acheminement n'est pas un obstacle majeur.
b. L'insuffisance des moyens de
financement pour les dépenses locales
Elle conditionne, dans une large mesure, la réalisation
des projets d'intérêt commun dans les zones
transfrontalières; la coopération transfrontalière entre
les deux Etats souffre d'un manque criard des sources de financement pour les
projets d'intérêt commun. On observe fond d'investissement, aucun
accord bilatéral ou multilatéral en vue d'un financement des
projets transfrontaliers. L'intégration pensée et
prônée par les autorités politiques n'est qu'une lueur dans
ces zones frontalières et la conséquence est que dans ces zones
on ne retrouve pas des initiatives communautaires dirigées par des
associations, des groupements d'intérêt commun ou des
fédérations d'associations. Chaque pays essaie de s'occuper de
ses problèmes et n'applique que sa législation en matière
de décentralisation et non celle communautaire plus favorable et
crédible auprès des partenaires au développement et des
institutions internationales.
SECTION II : LES
PERSPECTIVES POUR UNE COOPERATION TRANSFRONTALIERE A « VISAGE
HUMAIN »
Selon l'adage « c'est au bout de l'ancienne
corde qu'on tisse la nouvelle », la République du
Cameroun et la République de Guinée Equatoriale doivent s'appuyer
sur les leçons du passé pour mieux envisager l'avenir. La
coopération transfrontalière ne peut et ne doit se faire sans une
volonté politique forte clairement exprimée par les États.
La source de cette volonté politique existe déjà, il
s'agit de la décentralisation. La décentralisation modifie en
profondeur les conditions de mise en oeuvre d'un grand nombre de politiques
sectorielles nationales : santé, éducation,
équipement et de responsabilités, ainsi que la définition
de stratégies locales de développement.
Dans la plupart des pays d'Afrique, des textes de loi
précisent les conditions dans lesquelles les pouvoirs locaux doivent
prendre leurs responsabilités (y compris financières) au titre de
ce qui est communément appelé le « transfert de
compétences ». Fortes de ces nouvelles responsabilités,
les collectivités locales devraient pouvoir jouer un rôle
important dans l'intégration régionale dans les limites de leurs
compétences. S'il est admis que le choix d'une école ou d`un
centre de santé doit être défini localement, il devrait
facilement être admis que ces choix intègrent la
coopération avec des collectivités locales situées de
l'autre côté de la frontière dans le but d'optimiser les
investissements. Tout ceci doit bien entendu se faire sous le contrôle
des États concernés.
La coopération transfrontalière est par ailleurs
l'occasion rêvée de laisser s'exprimer ce que l'Union Africaine
appelle la « base populaire de l'intégration régionale
». Si l'intégration monétaire, ainsi que la
définition de règles communes dans les domaines : douanier,
financier, des assurances, etc., relèvent de la compétence des
États, il paraît donc logique de favoriser l'expression des
pouvoirs locaux dans les processus de coopération
transfrontalière.
La grande question est de concevoir les articulations
opérationnelles entre les cinq niveaux de partenariat : local,
national, régional, continental et international, susceptibles
d'accompagner la mise en oeuvre de cette vision.
A. Aux plans local, national,
régional et continental
L'examen se fera ici de manière progressive en
égrenant les niveaux d'analyse les uns après les autres.
1. Aux plans local et national
a. Au niveau local.
Les acteurs locaux sont à la fois les
représentants des États centraux, les élus locaux, et la
société civile au sens large, y compris les associations
professionnelles et les ONG. Ils doivent être les initiateurs directs des
projets de coopération transfrontalière, les porteurs de
propositions, les acteurs de la mise en oeuvre de ces propositions avec l'appui
des compétences techniques nécessaires.
L'expérience ouest-africaine que le CSAO111(*) accompagne, aux
côtés de la CEDEAO, depuis plusieurs années a largement
démontré que les acteurs locaux, privés et publics, sont
souvent les meilleurs experts possibles pour les problèmes qui les
concernent ; qu'ils sont à même de formuler des propositions
concrètes et opérationnelles.
Citons deux exemples : dans la zone de
Kyé-Ossi-Ebebeyin entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale, les
directions régionales concernées peuvent proposées des
actions communes de prévention et de gestion des
épidémies, d'utilisation partagée des stocks de vaccin. Il
peut également être proposé de mettre les systèmes
de communication radio des deux pays sur la même fréquence et de
donner aux ambulances des laissez-passer leur permettant de ne pas
s'arrêter au poste frontalier. Ces propositions très pragmatiques
ont l'avantage de ne pas induire de coûts spécifiques
supplémentaires. En revanche, il apparaît clairement dans ce cas
que rien ne peut se faire sans les administrations centrales, en l'occurrence
les ministères de la santé des deux pays.
Dans la région des trois frontières Cameroun,
Guinée Equatoriale et Gabon, les radios communautaires
transfrontalières peuvent décidés de constituer un
réseau permettant de mieux faire circuler les messages dans le domaine
de la santé, de la sécurité et de l'économie. Cette
mise en réseau ne nécessite pas d'intervention technique autre
qu'au niveau local puisque les radios concernées sont publique ou
privées. Toutefois une demande officielle peut être
adressée auprès de la représentation régionale de
la CEMAC pour une vulgarisation et l'application des textes de libre
circulation. Cette démarche illustre le lien direct qui peut exister
entre le niveau local et le niveau régional. Ces deux exemples
témoignent de la diversité des relations et des
interdépendances du niveau local avec les autres niveaux de gouvernance.
b. Au niveau national
Dans tous les pays africains, les administrations centrales
sont représentées dans les zones frontalières. Les
représentants de ces administrations doivent être
considérés comme des acteurs locaux parmi d'autres. L'exemple de
la proposition dans le domaine de la santé dans la zone
Kyé-Ossi-Ebebeyin démontre que ces acteurs locaux publics ont une
capacité remarquable de proposition. Il démontre également
que dans bien des cas, les gouvernements centraux doivent intervenir pour
faciliter et appuyer la mise en oeuvre d'actions de coopération
transfrontalière. Par exemple, l'harmonisation des fréquences
radios ne peut se faire que par une négociation d'État à
État. Mais le rôle de l'État dans la coopération
transfrontalière ne peut être limité à la
facilitation des initiatives locales. Il doit, et c'est absolument essentiel,
intervenir en amont pour donner la légitimité indispensable
à la coopération transfrontalière. En d'autres termes,
pour des acteurs locaux transfrontaliers puissent se parler et coopérer,
il faut d'abord que les États concernés aient
élaboré le cadre général. L'État est ainsi
placé au centre du dispositif dont il est le moteur politique. Ceci
confirme que la coopération transfrontalière d'initiative locale
est aussi le facteur d'une légitimité encore plus forte des
États dans la construction régionale et non le contraire. La
légitimité locale ne diminue en rien la légitimité
nationale, elle la rend plus forte en rapprochant les populations du processus
d'intégration régionale sous l'impulsion de l'État. C'est
deux fonctions de l'Etat, impulsion politique et accompagnement des initiatives
locales, devraient être pleinement prises en compte dans le cadre d'une
initiative africaine de promotion de la coopération
transfrontalière.
2. Aux plans régional et
continental
a. Au niveau régional
Les CER112(*) africaines sont au coeur du projet africain
d'intégration et d'union. Leur rôle dans la promotion de la
coopération transfrontalière est donc crucial. Si l'on prend la
CEDEAO à titre d'exemple, cette dernière a d'abord pris
l'initiative de proposer à ses États membres la mise en place
d'un Programme d'Initiatives Transfrontalières (P.I.T) visant à
favoriser le développement d'opérations pilotes sur le terrain et
à doter l'Afrique de l'Ouest d'un premier cadre juridique sur la
coopération frontalière. C'est en partie grâce à
cette initiative que certains États de la région se sont
engagés à soutenir des opérations pilotes et que de petits
financements ont été mobilisés. La CEDEAO met
déjà en oeuvre un grand nombre de programmes qui sont, de fait,
des programmes transfrontaliers mais qui n'intègrent pas assez cette
dimension et la CEMAC plus précisément le Cameroun et la
Guinée Equatoriale devraient suivre ce bel exemple en mettant sur pied
:
· Le programme de facilitation des transports et en
particulier les projets de mise en oeuvre de postes frontaliers partagés
pourraient inclure des plans d'action transfrontaliers définis avec les
acteurs locaux : construction d'écoles ou de centres de santé
communs, mise en réseau des radios communautaires, cadres de
coopération entre les services de santé, de l'élevage, de
l'agriculture, etc. Ceci permettrait de créer de véritables
pôles locaux d'intégration où flotterait le drapeau de la
CEMAC.
· Le programme de mise en place de couloirs de
transhumance devrait de la même façon être mis en synergie
avec d'autres initiatives transfrontalières pour renforcer son impact et
sa durabilité.
· Le programme des volontaires de la CEMAC devrait
envoyer les jeunes volontaires d'Afrique centrale dans les zones
frontalières pour appuyer ces initiatives et en faire naître de
nouvelles.
· Le programme de développement
socio-économique des zones frontalières devrait à court
terme développer des synergies opérationnelles avec d'autres
programmes de la CEMAC cités plus haut ; notamment la création de
postes frontaliers partagés, les couloirs de transhumance, les
volontaires, car dans de nombreux cas l'ensemble de ces programmes concernent
les mêmes zones. C'est pourquoi la Grande Commission Mixte a mis en place
un groupe de travail dont l'objectif est d'arriver à concentrer sur
certains espaces frontaliers l'action et les résultats de plusieurs
projets (poste frontalier partagé, couloirs de transhumance, veille
sanitaire, gestion partagée d'infrastructures socio-économiques,
radios communautaire, etc.) en développant le dialogue direct avec les
acteurs locaux. Il ne s`agit pas de construire une superstructure englobant ces
projets mais de mettre en place un système de coordination, de dialogue
et de planification au service de la synergie. Cette démarche est
complexe à mettre en oeuvre car elle bouscule la traditionnelle
compartimentation entre les différents programmes financés par
différents bailleurs de fonds. L'expérience mérite
cependant d'être poursuivie et évaluée.
Les CER ont donc, elles aussi un rôle important à
jouer dans la promotion de la coopération transfrontalière
africaine. Ce rôle est de deux ordres :
· L'ordre juridique car la coopération
transfrontalière ne peut se développer sans cadre normatif comme
le montre notamment l'expérience européenne.
· L'ordre financier car, paradoxalement, le financement
au niveau des CER semble être une bonne solution pour financer une
multitude d'opérations d'initiative locale. Ce qui semble manquer
aujourd'hui à la CEMAC est un instrument régional de financement
de la coopération transfrontalière à l'image notamment de
ce qui se fait en Europe. A défaut d'un tel instrument, il existe un
décalage entre les attentes du terrain et la capacité à
appuyer les initiatives prévues.
b. Au niveau continental
Il nous semble opportun d'insister sur la dimension
stratégique et politique de l'Union Africaine et de sa Commission. La
réunion des experts de Bamako et le processus lancé dans la
perspective d'une première réunion ministérielle
panafricaine sur la coopération transfrontalière, illustrent
à merveille le rôle et la place de l'Union Africaine.
Portée par sa vision stratégique à long terme d'Union
entre tous les pays africains, la Commission est seule capable de mobiliser
l'ensemble des CER et de les inciter à partager leurs
expériences. La Commission de l'Union Africaine est aussi la seule
structure en mesure d'inscrire la coopération transfrontalière
dans l'ambition politique globale qui est la sienne. Ceci est fondamental car
pour l'heure, la coopération transfrontalière africaine n'est pas
encore inscrite dans les grands agendas internationaux. Pourtant la
coopération transfrontalière est au coeur des dossiers les plus
brûlants :
· Dans le domaine des migrations régionales,
l'enjeu majeur est d'anticiper les mouvements de population de demain ; en
particulier d'aménager les dernières grandes zones de peuplement
africaines qui sont le plus souvent des espaces transfrontaliers.
· Dans le domaine de la sécurité, les zones
frontalières ne sont pas les lieux où naissent les conflits mais
leurs conséquences s'y cristallisent (camps de réfugiés,
trafics,..).
· Dans le domaine de la santé les
frontières constituent encore un obstacle à la lutte contre la
propagation des épidémies ; les centres de santé ne sont
pas en état de communiquer entre eux et de travailler ensemble.
· Dans le domaine de l'agriculture, de l'élevage
et de la sécurité alimentaire la récente crise alimentaire
en Europe a mis en évidence l'impact des échanges
transfrontaliers sur les conditions d'existence des populations
sahéliennes les plus fragiles.
Un travail de conviction considérable devrait
être entrepris par la Commission de l'Union Africaine pour que la
coopération transfrontalière ait enfin droit de cité dans
les grandes initiatives internationales en faveur du continent. Il existe
partout des initiatives locales transfrontalières qui, si elles
étaient appuyées pourraient rapidement contribuer à
stabiliser les zones en sortie de conflit, à développer
l'activité économique, à lutter conter la propagation des
pandémies. La Commission de l'Union Africaine est sans doute la
structure la mieux placée pour convaincre les partenaires au
développement en la matière.
B. L'apport des partenariats
internationaux et la mobilisation des ressources financières
Il s'agit surtout du concours d'un certain nombre de bailleurs
de fonds occidentaux et, d'un effort de mobilisation de ressources
financières.
1. L'apport de l'inestimable
expérience européenne
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'Europe pose les
premiers jalons institutionnels d'une coopération volontaire
basée sur l'hypothèse que le renforcement des
interdépendances entre États s'accompagnera d'une gestion moins
conflictuelle de leurs différends. La création de la
Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA)
concrétise alors cette volonté politique de partager des
industries à la base de l'effort de guerre et de se démarquer des
attitudes protectionnistes et autarciques d'avant-guerre. Malgré des
crises régulières, cette association d'États
réalise progressivement une intégration des peuples et des
territoires grâce à des coopérations intergouvernementales
et de nombreuses dynamiques publiques et privées au niveau
régional et notamment transfrontalier.
Les limitations volontaires par les États de leur
souveraineté permettent la distinction progressive entre le principe de
solidarité et le critère de nationalité. Trois grands
facteurs contribuent à l'avènement des régions en tant
qu'acteurs à part entière de leur propre développement et
sujets de la construction européenne :
· L'augmentation du budget communautaire : En 2002, sur
85 milliards d'euros dépensés par l'UE, les montants
alloués à la Politique Agricole Commune et aux fonds de
péréquation, visant la réduction des
déséquilibres inter-régionaux au sein de l'ensemble
européen, atteignent respectivement 51% et 27%113(*).
· L'arrivée dans la Communauté à
partir des années 80 de pays plus pauvres (comme la Grèce,
l'Espagne et le Portugal) faisant évoluer la nature de la redistribution
vers un devoir de solidarité entre Européens114(*).
· La mise en oeuvre des politiques de
décentralisation, dans les années 1980, en France, Espagne et
Royaume-Uni. Les collectivités territoriales infra-étatiques vont
alors être en mesure de définir elles-mêmes les conditions
de leur évolution en s'adressant non seulement
aux autorités centrales de leurs pays, mais aussi aux
institutions communautaires, voire à d'autres régions de
l'ensemble européen115(*).
Initiée par des élus et des autorités des
régions frontalières, la coopération
transfrontalière naît dans les années 50. En 1971, la
création de l'Association des Régions Frontalières
Européennes (ARFE) permet de nouer des relations étroites avec
les Institutions européennes et les gouvernements nationaux. A partir
des années 80, l'adhésion à l'UE de l'Espagne, du Portugal
et de la Grèce, puis la création du marché unique,
soulignent la persistance de fractures territoriales. Le programme «
INTERREG », offrant aux régions frontalières des aides sur
la base « de plans ou stratégies de développement
transfrontaliers », devient un programme communautaire majeur (son budget
pour la période 2007 - 2012 est de près de 8 milliards
d'Euros).
Dès la naissance du dossier « coopération
transfrontalière » en Afrique de l'Ouest en 2003, le CSAO et ses
partenaires sont entrés en contact avec le mouvement frontalier
européen. L'objectif affiché était, non pas de reproduire
l'expérience européenne en Afrique, mais d'en tirer des
enseignements utiles d'une part et de créer une nouvelle forme de
solidarité entre les régions frontalières
européennes et le continent africain.
Des liens se sont progressivement créés avec
l'Association des Régions Frontalières Européennes (ARFE)
qui réunit plus de 100 régions européennes. Les nombreuses
discussions avec les responsables de régions frontalières et
transfrontalières européennes ont produit une idée
nouvelle : celle de créer des liens de coopération technique et
financière entre les régions frontalières
européennes et les régions frontalières ouest-africaines,
l'Afrique centrale tarde à emboiter le pas.
Par ailleurs, le texte de la charte des régions
européennes des régions frontalières et
transfrontalières mentionne que : Les frontières sont des
« cicatrices de l'histoire ». La coopération
transfrontalière contribue à atténuer les effets
négatifs de ces frontières, à surmonter la situation
marginale des régions frontalières dans leur pays et à
améliorer les conditions de vie de la population. Elle englobe tous les
aspects culturels, sociaux, économiques et infrastructurels. La
connaissance et la compréhension des particularités sociales,
culturelles, linguistiques et économiques du pays voisin, qui
contribuent à renforcer la confiance réciproque, sont des
conditions essentielles à la réussite de la coopération
transfrontalière. « (...) Seule la levée de toutes
les barrières économiques, sociales, culturelles,
économiques, infrastructurelles et juridiques, combinée
à la création d'une Afrique unie dans la diversité, peut
transformer la situation marginale actuelle de nombreuses régions
frontalières au sein de leur pays en une situation favorable au sein de
l'Afrique. Même les régions frontalières
périphériques d'Afrique peuvent sortir de leur isolement si on
améliore l'accessibilité à celles-ci. Les régions
frontalières et transfrontalières feront ainsi office de
passerelles et de bancs d'essai pour l'unification africaine et une
proximité acceptable aux frontières extérieures116(*).» Tout ceci,
démontre qu'à l'évidence un dialogue afro-européen
sur la coopération transfrontalière peut être très
utile. Les frontaliers européens peuvent et souhaitent dire à
l'Afrique leurs succès mais aussi leurs erreurs. Ils peuvent
également aider l'Afrique à convaincre les partenaires techniques
et financiers que la coopération transfrontalière est un
instrument puissant de paix, de développement et déconstruction
régionale. En outre, un grand nombre de régions
européennes appuient financièrement et techniquement des projets
de développement en Afrique. Pourquoi ne pas imaginer qu'un jour des
régions transfrontalières européennes appuie des
régions transfrontalières entre le Cameroun et la
Guinée-équatoriale ? Une réflexion à la meilleure
manière de lancer officiellement le dialogue euro-africain sur la
coopération transfrontalière s'avère nécessaire.
2. La mobilisation des ressources
financières
Pour la coopération transfrontalière, on peut
dire que les initiatives de coopération transfrontalière de
manière générale se heurtent à deux obstacles
majeurs :
· Les grands fonds destinés au financement de la
coopération régionale ne sont pas actuellement conçus pour
se tourner vers un grand nombre de petites initiatives ; ils ont pour vocation
le financement de grands projets, notamment d'infrastructures.
· Les fonds nationaux bilatéraux sont, par
définition, destinés à financer des activités dans
un seul pays. La seule solution consiste à concevoir des « projets
jumeaux » de part et d`autre d'une frontière et de tenter de les
faire financer en parallèle sur un fonds national dans un pays et sur un
autre fonds national dans l'autre pays. Cette expérience a
été tentée, d'ailleurs avec succès, mais ceci a
demandé beaucoup de temps et d'efforts.
Quoiqu'il en soit, Il est difficile de « couper en deux
» l'aménagement d'une même piste rurale ou un programme
transfrontalier de lutte contre l'insécurité.
L'analyse de l'expérience européenne apportera
sans doute des enseignements en la matière. Il nous semble que pour
trouver des solutions concrètes au problème qui nous est
posé, plusieurs points devraient être considérés
:
· Les protagonistes (institutions régionales,
bailleurs, élus et acteurs locaux, ONGs ou
Associations) devraient s'accorder sur la
nécessité d'inscrire la coopération
transfrontalière comme une priorité des programmes
régionaux. La coopération frontalière est un «
parapluie intégrateur » des objectifs de
développement de dimension commerciale, culturelle, sécuritaire,
migratoire, etc.
Si elle revêt plusieurs visages dont certains sont
déjà reconnus dans les programmes régionaux (corridor de
développement, aménagement des bassins pour n'en citer que
quelque uns), aujourd'hui, l'objectif est de mettre en avant la
coopération transfrontalière d'initiative locale en faisant la
preuve de sa valeur ajoutée dans le processus d'intégration
régionale.
· Un effort important doit être porté sur la
communication, la diffusion de l'information
Sur la réalité des frontières et des
initiatives transfrontalières avec pour objectif final la
sensibilisation des responsables politiques.
Il est difficile de trouver des financements pour des
centaines, voire des milliers de petites initiatives locales
transfrontalières. Ces initiatives devraient donc être
regroupées par zone transfrontalière à l'intérieur
d'un programme de développement transfrontalier, des opérateurs,
collectivités locales ou ONG, appuyées par les États
concernés, doivent se faire les animateurs et les porteurs de ces
programmes et en rechercher le financement.
· Les Communautés Economiques Régionales
devraient se doter ;
De capacités humaines et financières pour
encourager de telles dynamiques sous l'impulsion de leurs États membres.
Pour ce qui est de la mobilisation même des ressources, il faut prendre
en compte deux éléments du contexte actuel : les fonds
accordés par les bailleurs s'arrêtent pour la plupart aux
frontières et les fonds régionaux sont couramment utiliser pour
le financement de bien public (fleuve par exemple). Il faut donc travailler
dans un premier temps au niveau politique pour faire évoluer les
concepts et les approches de ces fonds régionaux. L'expérience
européenne nous montre même qu'il faut créer des fonds
régionaux spécifique dotés de logiques de fonctionnement
et d'outils particuliers. Les États devraient envisager d'accorder des
cofinancements. La faisabilité technique de tels fonds devrait
être envisagée aussi vite que possible. La réflexion sur
ces fonds régionaux devrait inclure les États, les CER et les
représentants des collectivités locales africaines.
L'expérience européenne en la matière devrait être
mise à profit. Les deux Etats devraient également insister sur la
piste de projets pilotes entre régions européennes et africaines.
L'idée de mettre en oeuvre des projets d'appui direct associant une
région frontalière européenne et une région
transfrontalière africaine mérite à notre avis
d'être explorée à travers quelques expériences
pilotes qui pourraient être appuyées par des partenaires
techniques et financiers européens. Des études de
faisabilité pourraient être menées aussi rapidement que
possible.
Le tableau ci-dessous fait état des obstacles à
surmonter pour faciliter la coopération transfrontalière, des
actions qui devraient être menées pour les surmonter et du niveau
auquel ces actions doivent être initiées.
Figure 8 : tableau illustrant les
obstacles à surmonter pour faciliter la coopération
transfrontalière
OBSTACLES À SURMONTER POUR FACILITER LA
COOPÉRATION TRANSFRONTALIÈRE
|
ACTIONS À MENER EN TRANSFRONTALIER
|
NIVEAUX CONCERNÉS POUR SURMONTER L'OBSTACLE
IDENTIFIÉ
|
Obstacles à la vie quotidienne des populations
transfrontalières
|
Tracasseries douanières dues à un non-respect des
protocoles de la CEMAC sur la libre circulation des personnes
|
Améliorer l'application des législations
existantes (protocoles de la CEMAC). Meilleure formation et
rémunération des douaniers.
Postes frontières communs.
|
National
|
Lourdeurs administratives pour passer la frontière dues
à une inadaptation de certaines dispositions des protocoles de la
CEMAC
|
Faire évoluer les législations existantes ;
simplifier, adapter, clarifier les règles et communiquer sur
celles-ci.
|
National et sous-régional
|
Manque d'accessibilité des zones frontalières
|
Aménager et construire des pistes, des routes et des
ponts transfrontaliers
|
Local (appui des services de l'Etat et des partenaires
techniques et financiers)
|
Manque de services et d'équipements de base
|
Développer services et équipements
transfrontaliers (centres de santé, stations d'épurations,
marchés)
|
Local (appui des services de l'Etat et des partenaires
techniques et financiers)
|
Obstacles au développement d'actions
transfrontalières
|
Manque de cohérence entre les politiques de part et
d'autre de la frontière et en particulier en matière
d'aménagement du territoire
|
Intégrer systématiquement la dimension
transfrontalière dans les politiques nationales et les articuler de part
et d'autre de la frontière
|
National/bilatéral
|
Intégrer les préoccupations
transfrontalières dans les politiques régionales et locales et
les articuler de part et d'autre de la frontière, et notamment dans les
documents de planification
|
Local (appui des services de l'Etat et des partenaires
techniques et financiers)
|
Manque d'ingénierie des collectivités
territoriales pour mener à bien des projets transfrontaliers
|
Renforcer l'accompagnement des collectivités
territoriales dans le développement de projets transfrontaliers :
renforcement de capacité, appui technique sur la concertation
transfrontalière, montages juridiques et financiers, implication des
populations, cadre organisationnel et institutionnel du pays voisin ...). Le
cas échéant, orienter les actions des partenaires techniques et
financiers sur ces besoins.
|
Local (appui des services de l'Etat et des partenaires
techniques et financiers)
|
Manque de capacités financières
|
Créer dans le budget national une ligne
budgétaire dédiée à la coopération
transfrontalière
|
National
|
Intégrer la dimension transfrontalière dans le
cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et dans les accords
de partenariat Etats/ bailleurs
|
National, partenaires techniques et financiers
|
Autoriser les programmes nationaux à intervenir dans le
pays voisin pour soutenir des projets d'intérêt transfrontalier
(simplifier le mode d'intervention des financeurs en transfrontalier)
|
National, partenaires techniques et financiers
|
Créer un fonds commun sous-régional sur la
coopération transfrontalière
|
Sous-régional
|
Absence d'un cadre juridique clair pour les projets
transfrontaliers
|
Adoption d'une convention bilatérale sur la
coopération transfrontalière entre collectivités
territoriales entre le CMR et le Guinée-E pour clarifier le droit
applicable et apporter les aménagements juridiques nécessaires
|
Bilatéral
|
Adapter le droit des collectivités territoriales du
Cameroun et du Guinée-équatoriale aux spécificités
de la coopération transfrontalière
|
Bilatéral
|
Manque de connaissances des bonnes pratiques de projets
transfrontaliers en Afrique et en Europe
|
Développer des échanges d'expériences avec
d'autres collectivités territoriales frontalières africaines et
européennes (coopération décentralisée)
|
National : réseaux de collectivités
Sous-régional : CEMAC, CEEAC,
Afrique/UE : (association des régions
frontalières européennes), AIMF (association internationale des
maires francophones), CUF (Cités Unies France)
|
CONCLUSION GENERALE
Parvenu au terme de notre étude, il importe
d'établir un bilan de notre recherche. Notre réflexion est partie
d'un constat selon lequel, afin de s'assurer d'une stabilité, d'une
prospérité et d'un développement de l'espace
transfrontalier entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale, la
coopération transfrontalière constitue un outil indispensable et
occupe une place non négligeable. A cet effet, la zone
transfrontalière entre les deux Etats du fait de son
homogénéité culturelle (espace géographique commun,
population ethniquement homogène), nous est apparue comme le cadre
d'évaluation idoine de l'existence de la coopération
transfrontalière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale.
Dès lors, notre objectif dans cette étude était de montrer
que la coopération transfrontalière entre les deux Etats repose
sur un certain nombre de facteurs et enjeux.
En effet, les zones transfrontalières constituent des
territoires particulièrement actifs de coopération
transfrontalière en Afrique centrale, cette coopération
démontre que la gestion des espaces frontières requiert une
action multiscalaire et public-privée. Le fort engagement des Etats
camerounais et équato-guinéen dans la promotion de la
coopération transfrontalière a déjà permis
l'émergence de partenariats et devrait offrir un gain de temps dans
l'adaptation des cadres d'intervention et des dispositifs juridiques et
financiers pour une coopération renforcée et plus ambitieuse.
L'existence de la frontière entraîne l'existence d'obstacles, qui
ont un surcoût et complexifient les relations entre les acteurs de part
et d'autre (hétérogénéité des organisations
administratives et institutionnelles, des législations, des
politiques...). Les« effets-barrières » de la frontière
impactent fortement la qualité des politiques publiques, la
capacité des collectivités territoriales à
développer des projets concrets répondant aux besoins des
populations en tant que maîtres d'ouvrage, ainsi que les flux
économiques, vecteurs de développement de ces zones
enclavées. Dans ce contexte, la coopération
transfrontalière constitue l'outil le moins onéreux du
développement socio-économique d'un territoire
transfrontalier.
La coopération transfrontalière correspond
à un mode de collaboration, d'intervention qui dépasse les
limites administratives nationales. Ces partenariats ne doivent pas se limiter
à une dimension institutionnelle mais doivent s'appuyer sur un
réseau d'acteurs issus de la sphère privée, du monde
associatif et ouvrir la porte à un dialogue multi-niveaux
(collectivités territoriales, Etats). Qu'il s'agisse de la
coopération transfrontalière entre collectivités
territoriales ou entre les deux Etats, les obstacles sont multiples, de nature
diverse et appellent des solutions à diverses échelles. Un
certain nombre d'entre eux peut être en partie surmontés, en
améliorant l'organisation transfrontalière des acteurs. L'enjeu
actuel est de mettre en place des modes de coopération fonctionnels. La
formalisation de ces cadres intervient dans un second temps. A court terme et
pour des projets ne présentant pas une grande complexité (tels
que la gestion de services, ou la construction d'infrastructures), les outils
juridiques existants sont suffisants et peuvent être appliqués en
transfrontalier : convention et association. Le problème réside
en premier lieu dans des enjeux d'organisation et dans la méconnaissance
des possibilités qu'offrent les cadres légaux existants. La
mauvaise application des règlementations relatives à la libre
circulation des personnes et des marchandises, le manque de capacités
techniques et financières constituent également des obstacles
majeurs. A moyen et long terme, pour des projets transfrontaliers plus
complexes, pérennes dans le temps (construction et gestion d'un
hôpital transfrontalier par exemple), le droit pourrait et devrait
évoluer.
Par ailleurs, au delà des moyens humains, financiers et
techniques qu'il conviendrait d'apporter aux collectivités territoriales
pour que celles-ci puissent développer des politiques impactant
positivement les bassins de vie transfrontaliers, celles-ci doivent davantage
et mieux s'organiser entre elles. L'adaptation des outils de
l'intercommunalité des pays concernés pour permettre leur
utilisation en transfrontalier et la mise en cohérence des droits de
part et d'autre de la frontière via la conclusion d'une convention
bilatérale interétatique visant à faciliter la
coopération transfrontalière entre collectivités
territoriales devrait être encouragée. Cette convention
bilatérale permettrait de définir à l'échelle de
toute la frontière le cadre juridique de la coopération entre
collectivités territoriales, et offrirait une plus grande
sécurité juridique et une plus grande transparence des
règles régissant ces partenariats. Enfin, La multiplicité
des bailleurs et des fonds, le manque de clarté des cadres juridiques
applicables au transfrontalier nécessitent une simplification de ces
dispositifs : conventions interétatique et bilatérale et fonds
sous-régional Afrique centrale sur la coopération
transfrontalière. Une meilleure prise en compte des
problématiques transfrontalières dans toutes les politiques
requiert par ailleurs des connections horizontales et verticales et ce à
tous les niveaux : signature d'un accord-cadre entre les Communautés
économiques régionales et l'Union africaine pour une meilleure
articulation de leurs actions, création d'un outil national d'assistance
technique, de mise en réseau et de remontée des besoins sur le
transfrontalier ou développement de jumelages sud-sud ou nord-sud sur
des thématiques transfrontalières.
ANNEXES
LISTE DES ANNEXES
ANNEXE 1 : Décret
N° 80 / 051 du 04 Février 1980, portant ratification du
Traité d'Amitié et de Bon Voisinage signé à
Yaoundé le 26 Janvier 1980 entre le Gouvernement de la République
du Cameroun et le Gouvernement de la République de
Guinée-Equatoriale........................
ANNEXE 2 :
Décret N° 82/390 du 1er septembre 1982 ratifiant l'accord de
coopération dans les domaines Agricole et forestier entre le
gouvernement de la République Unie du Cameroun et le gouvernement de la
République de Guinée
Equatoriale.................................................
ANNEXE 3 : Décret
N°83/636 du 07 Décembre 1983, portant ratification de l'Accord
Commercial conclu le 29 avril 1983 à MALABO entre le Gouvernement de la
République Unie du Cameroun et le Gouvernement de la République
de Guinée-Equatoriale...........................
ANNEXE 4 : Protocole
d'Accord de Pêche entre la République du Cameroun et la
République de
Guinée-Equatoriale.........................................................................................
ANNEXE 5: Communiqué
Conjoint de la 8e session de la Grande commission Mixte de Coopération
entre la république du Cameroun et la république de
Guinée-équatoriale............
ANNEXE 6 : Guide d'entretien
avec les autorités administratives et traditionnelles.............
ANNEXE 7 : Cameroon Tribune
du lundi, 03 Septembre 2012, P.5.
INDICATIONS
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www.ceiba-guinea-ecuatorial.org,
consulté le 12 janvier 2013.
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TABLE DES
MATIERES
SOMMAIRE
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défini.
DEDICACE
iii
REMERCIEM ENTS
iv
LISTE DES ILLUSTRATIONS
vii
RESUME
viii
ABSTRACT
ix
INTRODUCTION
GENERALE
1
I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU SUJET
2
II. CLARIFICATION CONCEPTUELLE
4
2. La coopération
transfrontalière
5
III. OPERATIONALISATION DES CONCEPTS
5
IV. INTERET DU SUJET
6
1. L'intérêt scientifique.
6
2. L'intérêt
opérationnel
6
VI. DELIMITATION DE L'ETUDE
6
1. Délimitation temporelle
7
2. Délimitation spatiale
7
VII. REVUE DE LA LITTÉRATURE
9
VIII. PROBLÉMATIQUE
11
IX. HYPOTHÈSES DE L'ÉTUDE
11
1. Hypothèse 1
11
2. Hypothèse 2
12
X. CADRE THÉORIQUE ET
MÉTHODOLOGIQUE
12
1. Le cadre théorique d'analyse
12
a. Le réalisme
12
b. Le transnationalisme
13
c. Le constructivisme
14
d. Le fonctionnalisme
15
2. Le cadre méthodologique
16
a. Techniques de collecte des
données
16
b. Méthodes d'analyse des
données
18
XI. PLAN DE TRAVAIL
19
PREMIERE
PARTIE
21
FONDEMENTS
ET ENJEUX DE LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LA CAMEROUN ET LA
GUINEE-EQUATORIALE
21
CHAPITRE I : LES FONDEMENTS JURIDIQUES
ET INSTITUTIONNELS DE LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LE CAMEROUN ET LA
GUINEE-EQUATORIALE.
23
SECTION I : LE CADRE JURIDIQUE DE LA
COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LES DEUX ETATS.
23
A. Les fondements juridiques de base de la
coopération transfrontalière entre les deux Etats
23
1. Le Traité d'Amitié et de
Bon Voisinage
24
a. Les objectifs communs visés par le
Traité d'Amitié et de Bon Voisinage
24
b. Les domaines de collaboration et mesures
visés par le Traité d'Amitié et de Bon Voisinage
25
2. L'accord commercial et technique portant
création de la Grande Commission Mixte de coopération entre la
République du Cameroun et la République de Guinée
Equatoriale
26
a. L'organisation et le fonctionnement de la
Commission Mixte Cameroun-Guinée Equatoriale
26
b. Les principes directeurs et objectifs de
la Grande Commission Mixte
27
B. Les autres instruments de
coopération transfrontalière entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale
28
1. Les accords de coopération entre
les deux Etats.
28
a. Dans les domaines agricole et
forestier
28
b. Dans les domaines culturel et
commercial
29
2. Les protocoles d'accords et les
conventions de partenariat entre les deux Etats
30
a. Le Protocole d'accord de pêche
entre la République du Cameroun et la République de
Guinée-Equatoriale
30
b. Les conventions de partenariats
31
SECTION II : LE CADRE INSTITUTIONNEL
COMMUNAUTAIRE DE LA COOPERATION BILATERALE ENTRE LES DEUX ETATS.
31
A. Le cadre de la CEMAC
32
1. La Cour de Justice communautaire
33
a. Présentation de l'Institution
33
b. La portée de la Cour de Justice
communautaire
33
2. Le Parlement Communautaire
34
a. Présentation de l'Institution
34
b. La portée du parlement communautaire
34
B. Le cadre de la CEEAC
35
1. Les institutions actives de la
CEEAC : la conférence des chefs d'Etat et le secrétariat
général
36
a. La conférence des chefs d'Etat et
de gouvernement
37
b. Le secrétariat
général
38
CHAPITRE II : LES ENJEUX DE LA
COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LE CAMEROUN ET LA GUINEE EQUATORIALE
40
SECTION I : LES ENJEUX
SÉCURITAIRES ET ÉCONOMIQUES
41
A. L'insécurité
transfrontalière
41
1. Les problèmes traditionnels de
sécurité transfrontalière
41
2. Les enjeux nouveaux de la
sécurité transfrontalière
45
B. La prospérité
économique de la région transfrontalière
46
1. Le mouvement de la main d'oeuvre
46
2. Le facteur monétaire
48
SECTION II : LES ENJEUX POLITIQUES ET
DIPLOMATIQUES
50
A. La mise en place de la coopération
administrative transfrontalière
50
1. L'aménagement du territoire
51
2. La construction de l'intégration
régionale
52
B. Le renforcement des liens diplomatiques
et de solidarité comme enjeu de la coopération
transfrontalière
52
1. La diplomatie et la solidarité
entre les peuples
53
2. Les pratiques séculaires
56
DEUXIEME
PARTIE
58
ETAT
ET PERSPECTIVES DE LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LE CAMEROUN ET LA
GUINEE-EQUATORIALE
58
CHAPITRE III : EVALUATION DE LA
COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LES DEUX ETATS
60
SECTION I : DANS LES DOMAINES
ECONOMIQUE ET POLITIQUE
60
A. Le domaine économique
60
1. Le contenu des échanges
transfrontaliers entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale
60
a. Les échanges formels entre les
deux Etats
61
b. Les échanges transfrontaliers
informels entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale
65
2. La balance commerciale des
échanges entre les deux Etats
70
a. Présentation de la figure
70
b. Analyse de la balance commerciale
70
B. Le domaine politique
71
1. Les rencontres entre les deux
diplomaties
71
a. Les rencontres entre les deux chefs
d'Etat
71
b. L'action de la diplomatie des
autorités administratives et traditionnelles locales dans les zones
transfrontalières
72
2. Création et tenue des sessions des
commissions entre les deux Etats
75
a. La création des Commissions
75
b. De la tenue des sessions des
Commissions
76
SECTION II : DANS LE DOMAINE
SECURITAIRE ET SUR D'AUTRES PLANS
77
A. Dans le domaine sécuritaire
77
1. Les préoccupations liées
à la criminalité transfrontalière et les nouvelles menaces
sécuritaires
77
2. La formation des forces de
sécurité
78
B. Sur d'autres plans
78
1. Aux plans de l'éducation et des
postes et télécommunications
78
2. Aux plans culturel et technique
79
CHAPITRE IV : LA COOPERATION
TRANSFRONTALIERE ENTRE LE CAMEROUN ET LA GUINEE- EQUATORIALE : ENTRAVES ET
PERSPECTIVES
80
SECTION I : LES ENTRAVES A LA
COOPERATION TRANSFRONTALIERE
80
A. Les problèmes politiques entre les
deux Etats
80
1. En politique internationale
80
a. Le repositionnement
géostratégique et la convoitise des puissances occidentales
81
b. La crise de l'environnement
international
83
2. En politique bilatérale
84
a. Les ambitions géopolitiques de la
Guinée Equatoriale face au leadership du Cameroun dans la
sous-région
84
b. La rupture de confiance réciproque
entre les deux Etats et la variété des systèmes
d'administration
86
B. Les entraves sécuritaires et
économiques
88
1. Les entraves sécuritaires
89
a. La grande criminalité, le manque
de civisme et d'éducation des populations frontalières
89
b. Le trafic d'influence et le manque de
fluidité aux frontières
90
2. Les obstacles économiques de la
coopération transfrontalière entre les deux Etats
90
a. Les disparités dans les politiques
économiques, Les conséquences de la contrebande et de la
fraude.
90
b. L'insuffisance des moyens de financement
pour les dépenses locales
92
SECTION II : LES PERSPECTIVES POUR UNE
COOPERATION TRANSFRONTALIERE A « VISAGE HUMAIN »
92
A. Aux plans local, national,
régional et continental
93
1. Aux plans local et national
93
a. Au niveau local.
93
b. Au niveau national
94
2. Aux plans régional et
continental
95
a. Au niveau régional
95
b. Au niveau continental
96
B. L'apport des partenariats internationaux
et la mobilisation des ressources financières
97
1. L'apport de l'inestimable
expérience européenne
97
2. La mobilisation des ressources
financières
99
CONCLUSION
GENERALE
103
ANNEXES
106
INDICATIONS
BIBLIOGRAPHIQUES
133
TABLE DES MATIERES
143
* 1 M. Foucher, Fronts et
frontières : un tour du monde géopolitique, Paris,
Fayard, 2005, p.57.
* 2 Michel Foucher estime
qu'en 1985 sur un total de 80 703 km, 87 % des frontières
africaines sont issus de la colonisation occidentale. M. Foucher, op. Cit.
p.167.
* 3M. Vinciguerra, M. Legrain
et Y. Garnier, Dictionnaire Le Petit Larousse Illustré, Paris,
Hachette, 2008, p.260.
* 4 P. F. Gonidec,
Relations internationales africaines, Paris, Montchrestien, 1979,
p.39.
* 5 C. Debbasch, Lexique
de politique, Paris, Dalloz, 2001, 7e édition, p.37.
* 6 H. Kissinger, La
nouvelle puissance américaine, Paris, fayard, Nouveaux horizons,
p.387.
* 7J. V. Ntouda Ebodé,
cours des relations internationales africaines, FSJP-UYII, 2006.
* 8 A.-H. Onana Mfege, Le
Cameroun et ses frontières : une dynamique géopolitique
complexe, Paris, L'Harmattan, p.56.
* 9K. Benafla, Le
commerce transfrontalier en Afrique centrale : acteurs, espaces,
pratiques, Paris, Karthala, 2002.
* 10K. Benafla, op.cit.
p.340.
* 11W. Awung Ndongko,
Union Douanière et Economique de l'Afrique Centrale (UDEAC):
évolution, performance et perspectives, Yaoundé, MESRES/ISH,
1988.
* 12 C. N'Kodia,
L'intégration économique: les enjeux pour l'Afrique centrale,
Paris, Montréal, L'Harmattan, 1999.
* 13 D. Battistella,
Théories des Relations internationales,
Paris, presse de Sciences Po, 2e éd., 2003,
pp.194-195.
* 14 D. Battistella,
Théorie des relations internationales, paris, presse des
sciences po, 2e éd., 2003, pp. 123-124.
* 15 B. Badie et
Marie-Claude Smouts, Op. Cit., p. 66, définissent ces relations
transnationales comme étant « toute relation qui, par
la volonté délibérée ou par destination, se
construit dans l'espace mondial au-delà du cadre étatique
national et qui se réalise en échappant au moins partiellement au
contrôle et à l'action médiatrice des Etats »
* 16 R. Keohane et J. Nye,
Transnational relations and world politics, numéro
spécial, International organisation, été 1971. Ces auteurs
sont par ailleurs à l'origine du concept d'interdépendance.
* 17 R. Keohane et J. Nye,
cités par D. Battistella op.cit., p. 194.
* 18 P. Braillard et M.
Reza-Djailli, Les relations internationales, Coll. Que sais-je ?
Paris, PUF, 1988, p.128.
* 19 Cette école
intègre des chercheurs et scientifiques de l'environnement
académique de Copenhague qui travaillent essentiellement dans le domaine
des Relations internationales.
* 20 A. Blom et F.
Charillon, Théories et concepts des relations internationales,
Paris, Hachette, 2001, p. 75.
* 21D. Mitrany, A
working peace system, Chicago, quadrangle book, 1966, p. 221.
* 22J.-L. Loubet Del Bayle,
Introduction aux Méthodes des Sciences Sociales, Toulouse,
Editions Privat, 1978, p.36.
* 23 Ibid.,p.34
* 24 Ibid.,p.102
* 25 M. Grawitz,
Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 2001, p.351.
* 26 R. Maspetiol,
cité par A. B. Onguené, Frontières et
Intégration sous-régionale : le cas de l'Afrique Centrale
(1960-2002), thèse présentée et soutenue publiquement
en vue de l'obtention d'un Doctorat de 3e cycle en Relations
internationales, IRIC, Novembre 2002, p.65.
* 27 M. Merle,
Sociologie des relations internationales, Paris, jurisprudence
générale, Dalloz, 1976, p.480
* 28 B. Badie, Culture
et politique, Op. cit.
* 29 D. Oyono, «
L'apport de l'histoire dans l'enseignement des relations
internationales », in Revue camerounaise des relations
internationales, Yaoundé, Décembre 1982, p.24.
* 30 A. Chauprade,
Introduction à l'analyse géopolitique, Paris, Ellipses,
1999, p.8.
* 31 F. Thual,
Méthodes de la géopolitique : apprendre à
déchiffrer l'actualité, Paris, Ellipses, 1996.
*
32 M. Foucher, op. cit., p.35.
* 33 L. Sindjoun,
Sociologie des relations internationales africaines, Paris khartala,
2000. p. 21
* 34 N. Quoch Dinh,
Droit international public, Paris, LGDJ, 4eme éd., 1992,
p.116.
* 35 Décret
N°80/051 Du 4 Février 1980, portant ratification du Traité
d'Amitié et de Bon Voisinage signé à Yaoundé le 26
Janvier 1980, entre le Gouvernement de la République Unie du Cameroun et
la République de Guinée Equatoriale.
* 36 « Grande
Commission Mixte
Cameroun /Guinée-équatoriale », dossier de
presse du 27 au 30 Aout 2012.
* 37 S.E.M Paul Biya
* 38 La liste A
énumère les produits originaires et en provenance de la
République de Guinée Equatoriale, exportable en République
unie du Cameroun. La liste B énumère les produits originaires et
en provenance de la République unie du Cameroun, exportable en
République de Guinée Equatoriale.
* 39 A. T Mvogo Mvogo,
le système institutionnel et juridique de la CEMAC : étude
du droit d'intégration régionale, mémoire DESS, IRIC,
2000, P.58.
* 40 C.J.C.R, 15 Juillet
1964-arrêt Costa, off 6164-REC 1141,Ibid, P.66
* 41 E. Zoller, Droit
des relations extérieures, Paris, PUF, 1992, p.160.
* 44 Cette précision
est de G. Jean Kuete, ancien Secrétaire exécutif de la CEMAC, in
Cameroun Tribune N°7493/3782 du 07 décembre 2001, P.18.
* 45 A. T. Mvogo, op. cit.,
P.38.
* 42 Article 7 du
traité instituant la CEEAC
* 43 Le bon
voisinage ; de non ingérence dans leurs affaires internes ; de
non recours à la force pour le règlement des différends et
le respect de la prééminence du droit dans leurs rapports
mutuels.
* 44 Article 9 al 2 du
traité instituant la CEEAC
* 45 Projet de programme
frontière de la CEEAC présenté à l'atelier de
Libreville 21-23 mai 2009, P.3
* 46 L'échantillon
portait sur les zones frontalières suivantes : Cameroun-RCA (Garoua
Boulaï- Bouar) ; Cameroun-Tchad (N'Djamena-Kousseri) ; Guinée
Equatoriale-Gabon (Kogo-Cocobeach) ; Guinée Equatoriale-Gabon-Cameroun
(« Trois frontières ») ; Burundi-RDC (Bujumbura-Uvira) ;
RDC-Rwanda (Bukavu-Cyangugu ; Goma).
* 47 Projet de programme
frontière de la CEEAC, présenté à l'atelier de
Libreville du 21-23 Mai 2009, p.3.
* 48 Ibid, p.4.
* 49 R. Aron
« Paix et Guerre entre les Nation s », Paris,
Calmann- levy, 1984, 8e éd., 784 P.
* 50 I. Saïbou, Les
coupeurs de route : histoire du banditisme rural et transfrontalier dans
le bassin du lac Tchad, Paris, Karthala, 2010.
* 51 Selon Henri Eyebe
Ayissi, Ministre Camerounais des Relations Extérieures, lors de la
deuxième session de la commission ad hoc tenue à Yaoundé
du 21 au 22 février 2011.
* 52 Idem
* 53 Idem
* 54
« Communiqué final », des travaux de la
deuxième session de la commission ad hoc tenue à Yaoundé
du 21 au 22 février 2011.
* 55 Ch.-Ph. David, La
guerre et la paix : approches contemporaines de la sécurité
et de la stratégie, Paris, Presses de Sciences Po, 2006, p.44.
* 56 P. Boniface (dir.),
Atlas des relations internationales, Paris, Hatier, 2003, p.64.
* 57 G. Dussouy, Les
théories de l'interétatique : traité des Relations
internationales, Paris, L'Harmattan, 2007, p. 168.
* 58 R. Poutier, Le
Gabon, Paris, L'Harmattan, 1989, p.176.
* 59 D. Ndemezo'o Nguema,
Les autorités gabonaises face aux problèmes de l'immigration
africaine, Thèse de 3e cycle, IRIC, 1994, p.92.
* 60 Dairou Bouba, La
problématique de la libre circulation des personnes dans le processus
d'intégration des pays membres de la CEMAC, mémoire DESS,
IRIC, 2002, P.20.
* 61 Daïrou Bouba, op.
cit., p.21 .
* 62 Les étapes
traditionnelles du processus d'intégration sont :
l'établissement d'une zone de libre échange, l'union
douanière, le marché commun, l'union monétaire et l'union
politique
* 63 Cette
dénomination n'est pas la même la zone UMOA où c'est le
franc de la communauté financière africaine.
* 64 Pour plus d'amples
informations sur l'origine de la BEAC lire A. Cabeia « La Banque des
Etats de l'Afrique Centrale, Bilan et Perspectives (1973-1983)»,
mémoire, IRIC, 1984, JO.
* 65 A.T. Mvogo Mvogo,
Le système institutionnel et juridique de la CEMAC :
étude du droit d'intégration régionale,
mémoire DESS, IRIC, 2000 pp.8-9.
* 66 P. Guillaumont
cité par Dairou Bouba, op. cit., p.113.
* 67 Cité par Dairou
Bouba, Op. cit, p.23.
* 68 P. Narassiquin,
« La problématique de la monnaie unique et son
application au cas de l'Europe », Revue d'Economie
politique, vol 6, n°102, novembre-décembre 1992.
* 69 Le « pays
frontière » est selon le Président Alpha Oumar
Konaré « un espace géographique à cheval sur les
lignes de partage de deux ou plusieurs Etats limitrophes ou vivent les
populations liées par des rapports socio-économiques et
culturels ». Conclusions du séminaire sous-régional
tenu à Sikasso, Mars, 2002.
*
* 70 Cité par Ola
Balagui, H. Agueessy, Patheidiagne, Introduction à la culture
africaine, Paris, UNESCO, 277, pp.30-31.
* 71 C.Coquery Vidrovith,
Problèmes des frontières dans le Tiers monde, paris,
l'Harmattan, 1981, pp.3-4.
* 72 S. Ricca,
Migrations Internationales en Afrique, Paris, L'Harmattan et OIT,
1990, pp.98-99.
* 73 A. A. Danzouma,
Culture et intégration régionale en Afrique Centrale :
cas de la région des trois frontières entre le Cameroun, le Gabon
et la Guinée-équatoriale, Mémoire de Master en
Relations Internationales, option diplomatie, IRIC 2011, p.83.
* 74 A. Adepoju,
Migration and Socio-économic change in tropical Africa, in why
people move, Paris, UNESCO, PUF, 1981, p.319.
* 75 Les foulbés sont
des peuls. Ce sont aussi des bororos ; ces derniers constituent un clan
des foulbés qui et très attaché aux traditions
ancestrales.
* 76 Cité par Dairou
Bouba, op. cit., p.30.
* 77 Seule une carte
nationale d'identité est exigée aux Camerounais en Guinée
Equatoriale et rien ou un acte de naissance aux Equato-guinéens au
Cameroun.
* 78 Nom Scientifique
ngetum.
* 79 Fruit local.
* 80 Abena Nguema
Constantin, Etude sur le commerce intérieur et extérieur en
vue de l'opérationnalisation et la mise en oeuvre de la stratégie
du ministère du commerce, rapport final, Yaoundé, le 01
novembre 2010. p.130.
* 81 CEEAC : Institut
nationale de la statistique, annuaire statistique du commerce des Etats de
l'Afrique Centrale, p.110.
* 82 J. Zambo Manga, cellule
de la coopération commerciale au Ministère du Commerce
« CTNBC chiffres commerce extérieure
2010(1) »
* 83 Originaire de
l'ouest-Cameroun.
* 84 Cultivés dans le
sud-ouest du Cameroun
* 85 Fodoup, cité par
Lothar Weiss Thomas op. Cit., p.117.
* 86 T. Lothar Weiss
op.cit., p.118.
* 87 Enquête
menée par T. Lothar Weiss op.cit., p.112.
* 88 Mamfé, Kumba,
Limbé, Tiko, Maroua, Garoua, Guider.
* 89 Les quantités
des échanges sont exprimées en tonnes, et l'évaluation
s'étend de 2003 à 2010.
* 90 D. Mitrany, A
working peace system, 1966, cité par Oumar Moussa, mémoire
présenté en vue de l'obtention du diplôme de Master en
relations internationales. 2010-2011, p.57.
* 91 Date
d'établissement des relations diplomatiques entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale.
* 92 ONANA Mfegué,
A, le Cameroun et ses frontières, une dynamique géopolitique
complexe, Paris, L'Harmattan, 2004.
* 93 Propos recueilli au
cours d'un entretien avec M. le Sous-préfet de Kyé ossi,
réalisé par nous même le 05 Novembre 2012, à la
Sous- préfecture de Kyé-ossi au Cameroun.
* 94 Cf. Cameroon
tribune, No 9829/6030 du 18 avril 2011, p.5.
* 95 A. M. Essono, lors de
l'entretien réalisé le10 Janvier 2013 à
Kyé-Ossi.
* 96 Cameroon
tribune N°90367, du 08 Mars 2012, P.4
* 97 Lettre du continent,
juillet 2004.
* 98 Lettre du Continent,
juillet 2004.
* 99 Communiqué de
presse du gouvernement, 12 mars 2004.
* 100 Express union,
hôtels, agences de transport...
* 101 Y. A. Chouala,
2003, L'interétatisme dans de Golfe de Guinée. Contribution
du champ à la sociologie des relations internationales,
thèse de Doctorat en Science Politique, Université de
Yaoundé II-Soa.
* 102 Ces instruments sont
: (i) Traité d'amitié et de Bon Voisinage (Yaoundé,
26l01/80), (ii) Accord de Coopération Economique et Technique
(Yaoundé, 06/11l80), (iii) Accord aérien (Malabo, 14/Oll74), (iv)
Accord Commercial, Malabo, 29l04l83), (v) Accord Agricole et Forestier (Malabo,
29111/81), (vi) Protocole d'Accord de Pêche (Malabo. 26/11/81), (vii)
Protocole d'Accord en matière d'Elevage (Malabo 26/11l81), (viii)
Protocole d'Accord en Matière des Télécommunications
(Yaoundé, 24/4/73
* 103 Mutations,
n° 467, mercredi, 28 mars 2001, p.2.
* 104 M. E. Owona Nguini,
2004, « Le Cameroun doit assurer son leadership»,
Mutations, n° 1111, jeudi, 18 mars.
* 105 M. E. Owona Nguini,
op. cit., 2004, p.5.
* 106 Il s'agit pour les
deux Etats de définir la coopération qui leur permet de se
prémunir de toute riposte éventuelle de la part du voisin
camerounais, et permet à la Guinée Equatoriale de réduire
sa dépendance à l'égard du Cameroun.
* 107 Cas des 2
camerounaises victimes d'agression armée en octobre 2011 en
Guinée Equatoriale, la défunte Martine Angèle ZE, Esther
Balbine EBELA, l'autre victime dont la jambe a été
amputée.
* 108 Propos recueillis par
nous lors de la descente sur le terrain, d'un responsable administratif qui a
requis l'anonymat
* 109 Les rabatteurs sont
des individus qui n'ont rien à voir avec les différents services
mais qui jouent les intermédiaires entre les guinéens et les
postes frontaliers.
* 110 Puissance
économique au sein de la Communauté Economique des Etats
d'Afrique Centrale.
* 111 Club du sahel et de
l'Afrique de l'Ouest.
* 112 Communauté
économique régionale.
* 113 OCDE/UA, Programme
frontières, Atelier des experts africains, Bamako, 8-9 mars 2007,
Partenariats et mobilisation des ressources nécessaires, pour le
Programme frontières de l'Union africaine, p.6.
* 114 Idem. P. 8.
* 115Idem.P.10
* 116 Idem. P.6.
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