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IAE SAVOIE MONT-BLANC
MEMOIRE DE MASTER 1ère
ANNEE
« Quelles sont les opportunités en termes de
communication territoriale des initiatives locales axées sur le
recyclage ? »
Mai 2014
SIGOGNE Dimitri
Développement Commerce International
TAUBES Romain
Conseiller en stratégie durable et
Intervenant en enjeux du développement durable
Année universitaire 2013/2014
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IAE SAVOIE MONT-BLANC
MEMOIRE DE MASTER 1ère
ANNEE
« Quelles sont les opportunités en termes de
communication territoriale des initiatives locales axées sur le
recyclage ? »
Mai 2014
SIGOGNE Dimitri
Développement Commerce International
TAUBES Romain
Conseiller en stratégie durable et
Intervenant en enjeux du développement durable
Année universitaire 2013/2014
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Remerciements
Le présent ouvrage n'aurait pu être
réalisé sans l'aide précieuse de différents
intervenants. Aussi, nous tenons à les remercier
chaleureusement.
En premier lieu, nous tenons à remercier Mr Thierry
BILLET, adjoint à l'environnement à la mairie d'Annecy et
responsable de la commission environnement de la A pour sa
disponibilité. Malgré ses fonctions contraignantes, il nous a
accordé un entretien d'une heure qui nous a largement
éclairé. Au même titre, nous remercions Mme Valérie
LAURENT, responsable du service de gestion des déchets de la A, pour
avoir répondu promptement à nos questions. Mr Florian PALLUEL,
responsable environnement, merchandising et communication web chez Picture
Organic Clothing, nous a lui aussi accordé de son temps pour
répondre à nos interrogations et nous l'en remercions.
Différents professeurs ont joué un rôle
capital dans la réalisation de cet ouvrage. Nous tenons à
remercier Mr Romain TAUBES pour son suivi et son aiguillage efficaces qui nous
on permit de mieux définir ce travail et de le mener à bien. Mme
Beatrice GALEY fut également d'une aide précieuse de part son
suivi et les outils qu'elle nous a fourni. Nous remercions tout aussi
chaleureusement l'équipe de Wood Stock Creation, Messieurs Lilian DUREY,
Christian CHANAL, Antoine HUMBLOT et Nathan GROUT pour leur aide et notamment
pour les lectures vers lesquelles ils nous ont guidés.
Enfin, nous remercions toutes les personnes qui nous ont
fourni leur aide durant ce travail. Mlle Clarisse CAZENAVE, qui nous a
conseillé et qui a interrogé Mr PALLUEL pour notre compte au
sujet de sa vision et de celle de Picture sur le recyclage et les
collectivités territoriales. Mr Geoffroy SOREL qui a apporté son
regard critique et ses conseils sur le corps de cet ouvrage. Enfin nous
remercions toutes les personnes qui ont pris le temps de répondre au
questionnaire utilisé en recherche empirique.
4
SOMMAIRE
Introduction 5
Partie I - Approche théorique 8
Chapitre 1 - De quoi parlons-nous ? 8
Section 1 - Définitions 8
Section 2 - la situation de la gestion des déchets
en France 13
Chapitre 2 - Présentation des différents
concepts 24
Section 1 - cadre de la recherche 24
Section 2 - présentation des concepts 24
Section 3 : présentation des hypothèses de
recherche 39
Partie 2 : Approche empirique 41
Chapitre 1 : Analyse des résultats 43
Section 1 : Présentation de la méthodologie
43
Section 2 : Mise à l'épreuve des
hypothèses 43
Chapitre 2 : Applications managériales et critiques
56
Section 1 : Applications managériales 56
Section 2 : Critiques et améliorations possibles
57
Section 3 : Pistes de réflexion 58
5
INTrODUcTION
« C'est quand le puits se tarit que nous nous rendons
compte de la valeur de l'eau » (Benjamin
Francklin).
Comme l'indiquait le club de Rome dès 1972 dans son
rapport « Halte à la croissance ?: rapport sur les limites de
la croissance », il est impossible, dans un monde de ressources
finies, de produire de manière infinie. Depuis, la croissance
relativement stable des pays développés et la progression des
pays émergents n'ont fait que confirmer ce postulat. Il est
indéniable aujourd'hui que les ressources dont nous disposons se font de
plus en plus rares. Ceci implique bien sûr une disparition à
terme, mais aussi une hausse des prix de ces matières. En
conséquence, elles deviendront inaptes à être
utilisées à certaines fins productives. A titre d'exemple, si des
métaux tels que l'or ou le cuivre viendraient à manquer demain,
qu'adviendrait-il des produits finis dans lesquels ils servent de conducteurs :
lignes électriques, téléphones mobiles, ordinateurs... ?
Précisons que cet exemple n'a rien d'imaginaire puisque selon
l'Encyclopédie du Développement Durable1, a plupart
des ressources énergétiques et métalliques, telles que
l'argent, l'or, le palladium, le plomb, le zinc, l'étain... seront
épuisées d'ici 2030.
Quatre solutions s'offrent alors. Nous pouvons remplacer ledit
matériau par un autre, ou encore tout simplement cesser de produire le
bien fini, mais nous nous heurtons au problème de la faisabilité
de ces deux démarches. D'autre part, le prix du produit fini pourra
augmenter pour suivre celui de la matière première
utilisée. Mais là encore, jusqu'à quel point peut-on
augmenter le prix du produit fini, qui ne trouverait plus assez de
débouchés pour être rentable au bout d'un certain terme. La
quatrième solution consiste elle à maintenir la matière
dans le circuit économique le plus longtemps possible, afin de ramener
l'exploitation des ressources à niveau plus soutenable : il s'agit du
recyclage.
En somme, l'objectif du recyclage est de remplacer le
modèle de consommation actuel « produire, utiliser, détruire
» pour ralentir l'épuisement des ressources planétaires.
Evidemment, le recyclage est une démarche imparfaite : on ne peut pas
encore l'appliquer pour toutes les matières (comme les composés
radioactifs brut par exemple) et le cycle du produit, bien qu'il soit
rallongé, connaît une fin, c'est-à-dire lorsque la
matière ne peut plus être traitée autrement que par
valorisation énergétique ou élimination. Mais le recyclage
est encore à un stade de développement embryonnaire. A titre
d'exemple, le concept a commencé à être
médiatisé lors du Grenelle de l'environnement en 2007 et le
premier ouvrage sur l'économie circulaire2 en langue
française date de 2009. Nous partons donc d'un point où seuls de
larges progrès technologique et organisationnels peuvent être
faits afin de réduire notre empreinte écologique à un
niveau soutenable à long terme.
Il est également vrai que la mise en place d'un
modèle efficace de recyclage à l'échelle globale
représente un défi et un investissement important en termes de
moyens financiers, productifs et humains. Mais le coût de l'inaction se
révèlera bien plus important si rien n'est fait dans ce sens. La
communauté scientifique s'accorde aujourd'hui à dire que la
disparition des ressources, le traitement
1 Pour consulter le rapport de l'Encyclopédie
du Développement Durable sur l'épuisement des ressources :
http://www.encyclo-ecolo.com/Epuisement
des ressources
2LEVY C. et FAN X. (2009), « L'économie
circulaire : l'urgence écologique ? Monde en transe, Chine en transit
», Presse de l'Ecole nationale des Ponts & Chaussées, Paris,
176 p.
6
des déchets, ainsi que les externalités moins
visibles telles que les émissions de gaz à effet de serre induis
par la surconsommation de certaines ressources, auront des conséquences
humaines, économique et écologiques néfastes. D'autre
part, la mise en place de ce type de modèle à l'échelle
global serait source d'externalités positives: création
d'emplois, innovations technologiques et de procédé... et
génèrerait environ 1000 milliards de dollars par an d'ici 2025
pour l'économie mondiale selon le selon le Forum Economique Mondial.
Pour ces différentes raisons, le Forum Economique Mondial a lancé
en Janvier 2014, lors de sa conférence annuelle à Davos, le
Projet Mainstream. Ce projet met en collaboration grandes entreprises (Philips,
Veolia, Kingfisher, DSM...), chercheurs et ONG afin de permettre la transition
vers l'économie circulaire. Cette initiative ambitieuse est très
intéressante car à l'heure actuelle, les actions dans le sens de
l'économie circulaire restent cantonnées au niveau
micro-économique ou local. Le but est donc de normaliser, banaliser,
faire rentrer dans le « courant principal » (« mainstream
») l'économie circulaire, et donc le recyclage, et ce à
grande échelle. Le pilier du Projet Mainstream est la
coopération. Selon la fondation Ellen MacArthur3, le partage
des savoirs et des savoir-faire entre les entreprises, les ONG et les
chercheurs est essentiel d'une part pour favoriser les progrès
technologiques et organisationnels liés à cette transition, et
d'autre part pour communiquer plus efficacement sur ce projet et son but.
En dehors du cadre du Projet Mainstream, différentes
formes de collaborations sont mises en place en France entre les secteurs
privé et public, autour du thème du recyclage. Dans ce
mémoire de recherche, nous nous intéresserons plus
précisément à celles qui concernent les
collectivités territoriales et les entreprises privées. La raison
de ce focus est simple : en France, la gestion des déchets est
déléguée aux collectivités territoriales, selon les
articles L541-1, L541-12, L541-13 et L541-15 du Code de l'Environnement. Elles
doivent donc mettre en place les moyens nécessaires pour «
prévenir et réduire la production et la nocivité des
déchets, notamment en agissant sur la conception, la fabrication et la
distribution des substances et produits et en favorisant le réemploi,
ainsi que la diminution des incidences globales de l'utilisation des ressources
et d'améliorer l'efficacité de leur utilisation » (article
L541-1 du Code de l'Environnement).
L'établissement de partenariats avec des entreprises
privées fait partie de ces moyens, et présente un
intérêt d'étude majeur. En effet, cette collaboration
sous-entend des contraintes particulières, tant au niveau
organisationnel (communication entre les acteurs, coordination des actions...)
qu'au niveau stratégique (confrontation de points de vue, d'objectifs et
de cibles différents entre les collectivités et les entreprises).
Mais puisqu'il permet de mêler les secteurs privé et public, ce
modèle amène aussi et surtout des opportunités
innombrables en termes de progrès technologique et organisationnel,
d'emploi, de débouchés commerciaux... et bien sûr de
communication. C'est notamment sur ce dernier point que nous baserons nos
recherches.
Nous pouvons penser au premier abord que la seule raison de
l'établissement de ces partenariats est économico-pratique : le
secteur publique peut déléguer l'activité de recyclage (ou
de gestion des déchets) à une entreprise compétente en la
matière et ladite entreprise s'assure une source d'approvisionnement en
matières premières et / ou des débouchés. Mais un
autre aspect de ces partenariats est celui de la communication,
c'est-à-dire la façon dont les protagonistes (i.e. les
entreprises et les collectivités locales) utilisent les partenariats
pour construire ou renforcer leur image et la véhiculer. Plus
particulièrement, nous nous intéresserons à la valeur
ajoutée que les partenariats peuvent apporter aux communautés
territoriales en termes de communication.
3 Association créée en 2010 par la
navigatrice Ellen MacArthur, dont le but est de promouvoir l'économie
circulaire
7
L'intérêt de cette recherche est donc dans un
premier temps de déterminer s'il existe ou non des opportunités
pour les collectivités territoriales de construire une offre
territoriale communiquer grâce aux initiatives mises en place autour du
recyclage, et si oui quelles sont-elles ? Nous répondrons donc à
la problématique suivante : « Quelles sont les opportunités
en termes de communication territoriale des initiatives locales axées
sur le recyclage ? »
Pour ce faire, nous procèderons en deux phases. Dans une
première partie, nous définirons les différents concepts
et mots clés utilisés dans ce mémoire, et nous
étudierons les travaux inhérents à la problématique
précitée. Cela nous permettra d'une part de mieux comprendre le
sujet traité, et de formuler des hypothèses de réponse
à la problématique. Dans une seconde partie, nous
présenterons les résultats des recherches empiriques
réalisées en vue de confirmer ou d'infirmer les
hypothèses. Cela nous permettra enfin de dégager des pistes de
réflexion et des outils stratégiques et opérationnels
à l'attention des communicants.
Les deux thèmes abordés dans ce mémoire,
c'est-à-dire le recyclage et le marketing territorial, revêtent
aussi un intérêt personnel.
D'abord, je suis profondément convaincu que le
développement durable est la solution pour permettre à nos
prochains de jouir des mêmes des avantages que la nature nous offre
aujourd'hui. Je me suis plus particulièrement penché sur le sujet
du recyclage en rapport avec la mission de consultant que j'ai pu
réaliser, en binôme avec Clarisse CAZENAVE, au sein de la start-up
WoodStock Creation. Fondée à Poisy en Haute Savoie en Novembre
2013, cette société est l'aboutissement de plusieurs
années de travail et de l'association de quatre passionnés de
l'artisanat et de la nature. Son activité principale est d'imaginer et
de créer des solutions complètes d'aménagement pour les
particuliers et les professionnels. Elle design et produit du mobilier
entièrement à partir de matériaux recyclés, issus
de divers sources : du bois flotté du lac d'Annecy, des planches de
chalets, des anciens skis, des vestes techniques usées... Se
définissant elle-même à la croisée des chemins entre
l'art, l'artisanat, le développement durable et le marketing, WSC
définit cette démarche sous le néologisme « recyclage
créatif ». Elle propose des offres aussi bien à la vente
pour les habitats particuliers ou l'achalandage de magasins, qu'à la
location pour des évènements tels que l'ISPO de Munich ou le
salon Sport Achat de Lyon. Profondément ancrée dans une
démarche pédagogique, elle met également en place en
collaboration avec des entreprises des sports outdoors telles que Picture
Organic Clothing ou Millet, et l'agence grenobloise AIR, des programmes de
recyclage basés sur le principe de responsabilité élargie
du producteur. Les clients pourront ramener les produits usagés dans les
magasins desdites marque, qui seront ensuite utilisés pour créer
de nouveaux produits, dont les marques se serviront en tant qu'outils de
promotion.
Ensuite, le marketing, et plus particulièrement le «
point promotion » (ou communication), est une science qui me passionne
depuis maintenant deux années. Aussi, à l'instar du conseiller en
communication britannique John GRANT, dont nous étudierons certains
concepts dans cet ouvrage, je pense que le marketing est le moyen de faire
changer les mentalités pour une transition vers un modèle
économique plus sain. Nous verrons en effet que pour des raisons
éthiques mais aussi commerciales, le marketing du XXIe siècle
devra aller dans le sens, et même au devant, des changements culturels et
sociaux. Le consommateur devient quant à lui un « consommacteur
», dans le sens ou il agit avec l'entreprise, laquelle se doit de
l'intégrer davantage dans son processus de fonctionnement.
NB : il existe différentes formes de partenariats de ce
type, que nous détaillerons dans la « Section 2 - la
situation de la gestion des déchets en France». »
8
Partie I - Approche théorique
Chapitre 1 - De quoi parlons-nous ?
Section 1 - Définitions
Afin de rendre cet ouvrage intelligible pour chacun, il est
important de présenter en premier lieu le vocabulaire spécifique
qui y sera utilisé.
Collectivité (ou communauté) territoriale
(ou locale) : « structures administratives françaises,
distinctes de l'administration de l'État, qui doivent prendre en charge
les intérêts de la population d'un territoire précis.
» (INSEE)
En France, sont définies comme collectivités
territoriales :
- les communes ;
- les communautés d'agglomération ;
- les départements auxquels s'ajoutent les cinq
départements d'outre-mer (DOM);
- les régions auxquelles s'ajoutent également cinq
régions d'outre-mer ;
- les collectivités à statut particulier ;
- les collectivités d'outre-mer (COM).
Commune : « la commune est la plus
petite subdivision administrative française. Le maire est
l'exécutif de la commune qu'il représente et dont il gère
le budget. Il est l'employeur du personnel communal et exerce les
compétences de proximité (écoles, urbanisme, action
sociale, voirie, transports scolaires, ramassage des ordures
ménagères, assainissement...).
Il est également agent de l'État pour les
fonctions d'état civil, d'ordre public, d'organisation des
élections et de délivrance de titres réglementaires.
»(INSEE)
Communauté d'agglomération :
« regroupement de plusieurs communes formant, à
la date de sa création, un ensemble de plus de 50 000 habitants d'un
seul tenant et sans enclave autour d'une ou plusieurs communes centre de plus
de 15 000 habitants. Ces communes s'associent au sein d'un espace de
solidarité, en vue d'élaborer et conduire ensemble un projet
commun de développement urbain et d'aménagement de leur
territoire. » (INSEE)
Entreprise privée : « affaire du
secteur primaire, secondaire ou tertiaire dirigée par une personne
physique ou morale privée en vue de produire des biens ou des services
pour le marché. » (Dictionnaire Larousse)
Partenariats : « système
associant des partenaires sociaux et / ou économique (ici les
entreprises et les collectivités territoriales) et qui vise à
établir des relations d'étroites collaborations pour atteindre un
ou plusieurs objectifs (ici l'amélioration de la gestion des
déchets). » (Dictionnaire Larousse)
9
Marketing territorial : « mettre en
valeur [un territoire, ndr], de manière optimale, par ses avantages
(réels ou perçus) les plus différenciateurs, par rapport
aux collectivités définies comme concurrentes et à
l'attention des publics pour lesquels cette différence est motivante.
» (Sperling, 1991).
Branding territorial : « manière
de penser le marketing des territoires en plaçant l'image de marque par
dessus les autres leviers de marketing que sont les projets urbains, les
événements, les actions culturelles, les politiques touristiques,
les aides fiscales... La partie visible de l'iceberg est souvent un slogan
accompagné d'un logo mais le branding est surtout une démarche
stratégique et opérationnelle complexe qui implique les acteurs
locaux vers une quête de cohérence de message entre tous. »
(Maynadier, 2009)
Communication territoriale : «
ensemble des activités de communication
effectuée pour le compte d'une collectivité publique
territoriale. Elle a pour principaux objectifs de :
- promouvoir l'attractivité des territoires vis
à vis d'une audience externe (communication extra
territoriale)
- mobiliser la participation des populations
(communication locale ou communication de
proximité)
- promouvoir les missions et réalisation de la
collectivité (communication locale et extra territoriale)
- promouvoir des causes d'intérêt
général (communication locale et extra territoriale)
»
(Mercator-Publicitor)
Marketing durable (ou marketing responsable) :
« au sens large, c'est le marketing qui répond
à une demande motivée par les thèmes du
développement durable (aspects sociaux, écologiques et
économiques, ndr). Ce peut être un marketing qui exploite
abusivement les attentes des consommateurs (greenwashing ou
éco-blanchiment).
Au sens plus étroit, le marketing durable correspond
à l'ensemble des politiques marketing qui apportent une contribution
réelle au développement durable. Dans cette acception, on ne
retient que le marketing responsable : éco-responsable et
socio-responsable. » (Mercator - Publicitor, 2011)
NB : nous ne retiendrons dans ce dossier que la seconde
définition du marketing durable. Il sera expliqué dans le «
Chapitre 2, Section 2 - présentation des concepts » pourquoi le
greenwashing doit être distingué du marketing durable.
Marketing vert : « (à l'instar
du marketing durable, ndr) le marketing vert utilise les outils marketing pour
promouvoir l'aspect écologique de la stratégie, du
fonctionnement, des comportement, de l'image, des produits... de
l'entité étant à l'initiative de la démarche
marketing. » (John Grant, 2009)
NB : Le but final du marketing vert ne doit pas être de
promouvoir l'entité qui l'opère mais de rendre accessible au
consommateur des biens et services écologiques, et de « banaliser
les comportements durables (synthèse réalisée à
partir des travaux de John Grant, 2009)
Marketing du vert : greenwashing ou
éco-blanchissement
Ancrage territorial : « par opposition
au « nomadisme » (Oerlemans et al. [2000], B. Pecqueur, J.B.
Zimmermann [2004]), ensemble de liens choisis & explicites avec des
partenaires préférentiels, avec pour objectif principal la
réduction de l'incertitude statique & dynamique. »
(Frédéric Carluer, 2006)
Déchets : «
matériaux rejetés comme n'ayant pas une valeur
immédiate ou laissés comme résidus d'un processus ou d'une
opération » (Dictionnaire Larousse)
Biodéchet : « tout déchet
non dangereux biodégradable de jardin ou de parc, tout déchet non
dangereux alimentaire ou de cuisine issu notamment des ménages, des
restaurants, des traiteurs ou
10
« La diversité des déchets est très
grande. Elle s'exprime en termes de nature de déchets, qui peuvent
être dangereux, non dangereux, inertes ou en termes de compositions qui
peuvent être extrêmement variées. La diversité
s'exprime également par l'origine des déchets (ménages,
industries, commerces, exploitations agricoles, carrières, ...) ou du
point de vue de la responsabilité quant à leur
élimination. » (Agence De l'Environnement et
de la Maîtrise de l'Energie)
Déchet ultime (ou déchet non recyclable) :
« déchet, résultant ou non du traitement d'un
déchet, qui n'est plus susceptible d'être traité dans les
conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction
de la part valorisable ou par réduction de son caractère polluant
ou dangereux.» (Code de l'Environnement)
Les déchets ultimes ne peuvent donc être
traités autrement que par la destruction : combustion (avec
récupération énergétique ou non),
méthanisation et enfouissement.
Déchets ménagers : « tout
déchet, dangereux ou non dangereux, dont le producteur est un
ménage. » (Code de l'Environnement)
« Déchets collectés dans le cadre du
service public d'élimination des déchets. Ils comprennent la
fraction résiduelle des ordures ménagères, les encombrants
collectés en porte à porte, les collectes sélectives, les
déchets collectés en déchèteries, les refus de tri
et de compostage. » (Dictionnaire Environnement du site web
http://www.actu-environnement.com/ )
Déchets des activités économiques
(DAE) : « tous les déchets qui ne sont pas des
déchets ménagers
au sens de l'article R. 541-8 du Code de l'environnement.
Sont notamment concernés les gisements
suivants :
- entreprises industrielles et du BTP
- artisans et commerçants
- services publics (écoles,
administrations,...)
- professionnels de santé (hôpitaux publics et
cliniques privées, médecins,...)
- services tertiaires
- particuliers hors de leurs domiciles (déchets des
établissements recevant du public, transports,...)
Le terme DAE est désormais
préféré à DIB (Déchets Industriels Banals)
utilisé afin de tenir compte de
la diversité d'activités produisant ces
déchets.
Les DAE peuvent être des déchets dangereux, non
dangereux non inertes (dit "banals") ou
encore inertes. » (Dictionnaire Environnement du
site web http://www.actu-environnement.com/ )
Déchet dangereux : « tout
déchet qui présente une ou plusieurs des propriétés
de dangers énumérées à l'annexe I au présent
article. Ils sont signalés par un astérisque dans la liste des
déchets de l'annexe II au présent article. » (Code de
l'Environnement)
Déchet non dangereux : « tout
déchet qui ne présente aucune des propriétés qui
rendent un déchet dangereux. » (Code de l'Environnement)
Déchet inerte : « tout
déchet qui ne subit aucune modification physique, chimique ou biologique
importante, qui ne se décompose pas, ne brûle pas, ne produit
aucune réaction physique ou chimique, n'est pas biodégradable et
ne détériore pas les matières avec lesquelles il entre en
contact d'une manière susceptible d'entraîner des atteintes
à l'environnement ou à la santé humaine. » (Code
de l'Environnement)
11
des magasins de vente au détail, ainsi que tout
déchet comparable provenant des établissements de production ou
de transformation de denrées alimentaires. » (Code de
l'Environnement)
Gestion des déchets : «
opérations de collecte (soit par l'entreprise elle même, soit via
le prêt de contenants), de tri, de stockage, d'enfouissement, de
recyclage et de valorisation, et de réexpédition des
déchets. » (Code de l'Environnement)
Collecte : « toute opération
de ramassage des déchets en vue de leur transport vers une installation
de traitement des déchets. » (Code de l'Environnement)
Traitement : « toute
opération de valorisation ou d'élimination, y compris la
préparation qui précède la valorisation ou
l'élimination. » (Code de l'Environnement)
Recyclage : « toute opération
de valorisation par laquelle les déchets, y compris les déchets
organiques, sont retraités en substances, matières ou produits
aux fins de leur fonction initiale ou à d'autres fins. Les
opérations de valorisation énergétique des déchets,
celles relatives à la conversion des déchets en combustible et
les opérations de remblaiement ne peuvent pas être
qualifiées d'opérations de recyclage. » (Code de
l'Environnement).
Le recyclage concerne donc la transformation de déchets
en matière primaire secondaire ou tout simplement leur
réintroduction dans le cycle économique après remise en
état. A titre d'exemple, si nous considérons un tee shirt hors
d'usage, le recycler consiste soit à le remettre en état et le
réintroduire sur le marché des biens seconde
main, soit à utiliser la matière dont il est composé
(coton par exemple) pour produire des revêtements de fauteuils, ou encore
le broyer pour obtenir du rembourrage de coussins. Ces deux derniers
procédés son appelés valorisation
matière.
Valorisation énergétique :
« utilisation de déchets combustibles en tant que moyen de
production d'énergie, par incinération directe avec ou sans
autres combustibles, ou par tout autre procédé, mais avec
récupération de l'énergie. La valorisation
énergétique consiste à utiliser le pouvoir calorifique du
déchet en le brûlant et en récupérant cette
énergie sous forme de chaleur ou d'électricité, ou en
faisant fermenter le déchet pour obtenir du biogaz. »
(Dictionnaire de l'Environnement).
Si nous reprenons l'exemple du tee shirt, il sera
incinéré avec d'autres déchets combustibles et la chaleur
dégagée sera récupérée et utilisée
pour chauffer des bâtiments ou pour produire de
l'électricité.
Elimination : « toute
opération qui n'est pas de la valorisation même lorsque ladite
opération a comme conséquence secondaire la
récupération de substances, matières ou produits ou
d'énergie. » (Code de l'Environnement)
Méthode de l'analyse du cycle de vie
(ACV) : « méthode peut-être utilisée pour
l'analyse environnementale des filières de gestion des déchets,
l'ACV constitue une approche multicritères, à tous les stades :
extraction des matières premières, transformation, fabrication et
conditionnement, distribution et consommation, fin de vie et gestion des
déchets (recyclage, élimination ou enfouissement).
Appliquée à la gestion des déchets, l'ACV vise à
étudier et à comparer les moyens mis en oeuvre pour collecter et
traiter les déchets, afin d'en quantifier les impacts sur
l'environnement L'ACV est normalisée au niveau international (ISO 14040
et 14043). » (ADEME)
12
Matière première secondaire (MPS) ou de
recyclage (MPR) : « déchet qui a été
transformé et/ou combiné, en vue d'obtenir un produit utilisable
dans les procédés de fabrication pour remplacer la matière
première initiale. » (
http://www.actu-environnement.com/)
Besoin apparent en matières (DMI, pour Direct
Material Input) : « ensemble des matières entrant
physiquement dans l'économie. Il correspond à la somme des
matières extraites du territoire et des importations. »
(http://www.developpement-durable.gouv.fr/ )
Economie circulaire : «
système économique qui est apte à réintroduire dans
le cycle de la production et de la consommation tous les déchets, sous
produits ou objets usés, qui redeviennent alors soit matières
premières nouvelles, soit objets réutilisables sous forme
ancienne réhabilitée, ou encore qui sont réinventés
sous une nouvelle forme. » (Définition extraite de l'ouvrage
de Jean-Claude Lévy, «Economie circulaire, l'urgence
écologique? Monde en transe, Chine en transit», Presse de l'Ecole
nationale des Ponts & Chaussées, Paris, 176 p.)
Eco-efficience = « démarche de
rationalisation des ressources écologiques. » (La Revue
Durable)
Product lifecycle management
(PLM, littéralement « gestion du cycle de
vie du produit ») : « nom du domaine d'activité dont le
but est de créer et maintenir les produits tout au long de leur cycle de
vie, depuis l'établissement du cahier des charges du produit et
des services associés jusqu'à la fin de vie. »
(Wikipédia)
Selon le type de produit, les différentes étapes
peuvent inclure :
- le cahier des charges du produit et/ou des services
associés - Le mode de fabrication et le mode de marketing
associé
- le mode de distribution de la fabrication
- le mode de stockage intermédiaire éventuel
- le mode de distribution (vitesse, et coûts étant
deux éléments importants)
- Le service apporté au client final par rapport à
ses attentes.
- Les évolutions éventuelles du produit (mise
à jour, amélioration...)
- la fin de vie et son éventuel remplacement.
Responsabilité sociétale des entreprises
(RSE) : « concept dans lequel les entreprises
intègrent des préoccupations sociales, environnementales et
économiques dans leurs activités et leurs interactions avec leurs
parties prennantes sur une base volontaire » (Commission
Européene)
Responsabilité élargie du producteur
(principe de) : « les fabricants nationaux, les importateurs
de produits et les distributeurs pour les produits de leurs propres marques
doivent prendre en charge, notamment financièrement, la collecte
sélective puis le recyclage ou le traitement des déchets issus de
ces produits. Ils peuvent assumer leur responsabilité de manière
individuelle ou collective, dans le cadre d'un éco-organisme.
» (http://www.developpement-durable.gouv.fr/ )
Empreinte écologique : «
ressources, en hectares virtuels, qu'un individu consomme en moyenne chaque
année ; en 2006, elle était estimée être 1.4 fois
supérieure aux ressources planétaires
disponibles (biocapacité) selon l'organisation
Global Footprint Network
(
http://www.footprintnetwork.org/).
»
NB : la différente entre la biocapacité (ce dont
nous disposons) et l'empreinte écologique (ce que nous consommons) est
exponentielle puisque plus nous consommons de ressources et rejetons d'agents
polluants, moins la biocapacité sera importante d'une année
à l'autre.
13
Section 2 - la situation de la gestion des
déchets en France
1. Cadre réglementaire
En France, la gestion des déchets, et par
conséquent l'activité de recyclage, est assurée par les
collectivités locales, dont les actions sont encadrées par les
textes du Code de l'Environnement (parution des Livres I, III, IV et V en 2005
puis des Livres II et VI en 2007). Comme nous allons le voir, le
Ministère de l'Environnement, dont la vocation est de fixer les grandes
lignes de la politique environnementale au niveau national, n'a qu'un
rôle de contrôle vis-à-vis des collectivités. En
complément, le Grenelle de l'Environnement a depuis 2007 fixé des
objectifs chiffrés devant être atteints en 2012. Nous verrons en
quoi ces objectifs influencent les politiques territoriales.
a) Code de l'Environnement
Lorsqu'on se réfère au Code de l'Environnement, les
dispositions concernant la gestion des déchets autres que ceux
étant radioactifs sont regroupées dans le « Chapitre I :
Elimination des déchets et récupération des
matériaux » du « Titre IV : Déchets » du «
Livre V : Prévention des pollutions, des risques et des nuisances
». L'article L541-1 (annexe 1 : Article L541-1 du Code de
l'Environnement) de ce chapitre résume la volonté globale
fixée par le Code de l'Environnement. Partant du principe que le
déchet le plus facile à éliminer est celui que l'on n'a
pas produit, la priorité est de « réduire la production
et la nocivité des déchets, notamment en agissant sur la
conception, la fabrication et la distribution des substances et produits et en
favorisant le réemploi ». Cet article hiérarchise
également les modes de traitement des déchets, avec l'accent mis
sur la réparation en vue de réemploi et le recyclage, ainsi que
la rationalisation des transports de déchets et l'information du public.
En plus de la sauvegarde des ressources, le Code de l'Environnement
précise que le traitement des déchets doit être
réalisé de manière à ne pas « mettre en
danger la santé humaine » ou « nuire à
l'environnement » (i.e. la qualité de l'eau, de l'air, la
préservation de la faune et de la flore...).
Comme le stipulent les articles L541-12, L541-13 et L541-14 du
Code de l'Environnement, les régions et les départements sont
couverts par des plans régionaux et départementaux de gestion des
déchets, et doivent à ce titre assurer la coordination du
programme de leur prévention. Pour ce faire, ces entités doivent
mettre en place :
- Un inventaire et un plan prospectif des déchets
(quantités, natures et origines) à traiter, des
installations existantes et celles à créer, et des
mesures pour atteindre les objectifs en termes de gestion des déchets
;
- Des moyens de mesure des résultats de leur plan de
gestion des déchets.
Comme précisé dans l'article L541-12, la
région peut également « prendre participations dans des
sociétés constituées en vue de la réalisation ou de
la gestion d'installations de stockage de déchets ultimes
».
Autre élément important, le Code de l'Environnement
prévoit des sanctions pénales en cas de non respect des articles,
allant jusqu'à 75000€ d'amende et 2 ans d'emprisonnement si les
déchets ne sont pas gérés dans les conditions prescrites.
Ces sanctions peuvent alors être utilisées comme moyen de
pression, que ce soit sur les particuliers, les entreprises ou les
collectivités, afin d'optimiser
14
la gestion des déchets. Bien que les infractions restent
difficiles à contrôler pour les autorités et qu'encore peu
de moyens soient investis dans ce sens, les associations, les ONG et les
citoyens permettent une certaines régulation de cette activité et
une sensibilisation de l'opinion. Il existe donc deux outils majeurs pour
favoriser le respect des dispositions du Code de l'Environnement : les
sanctions pénales et le contrôle des citoyens et des associations
de défense de l'environnement.
Le recyclage des emballages :
Le décret n° 92-377 du 1er avril 1992 et le
décret 96-1008 du 18 novembre 1996 constituent le cadre
réglementaire de la gestion des emballages et des déchets
d'emballages ménagers ou non
ménagers :
- le premier stipule que le producteur mettant sur le
marché ses produits et leurs emballages est tenu de pourvoir à
l'élimination de l'ensemble de ses déchets. Trois
possibilités lui sont offertes : la consigne, la collecte ou la
contribution à un organisme agréé (comme
Éco-emballages ou Adelphe). Des obligations analogues sont
prévues pour les entreprises dans le décret n° 94-609 du 13
juillet 1994 ;
- le second renforce les objectifs de prévention et de
valorisation des déchets d'emballages.
En 2011, près de 3 millions de tonnes (Mt) d'emballages
ménagers sont collectés pour le recyclage, les deux tiers
constitués de verre.
Le papier-carton constitue les quantités d'emballages
collectées les plus importantes (4,2 Mt), dont 20 % sont
constitués d'emballages ménagers.
b) Grenelle de l'Environnement
Lancé en 2007 à l'initiative du ministre de
l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement Durables
Jean-Louis BORLOO, le Grenelle de l'Environnement vise à prendre des
décisions stratégiques concernant la politique écologique
française. A l'issu des réunions qui se sont tenue entre
septembre et décembre, des engagements concernant l'ensemble des
secteurs économiques furent pris. Les grands objectifs de ces
engagements sont :
- La restauration et la protection de la biodiversité ;
- L'instauration d'une trame verte et bleu (visant à
protéger certains espaces vert et maritimes) et de schémas
régionaux de cohérence écologique ;
- La diminution des gaz à effet de serre ;
- L'amélioration de l'efficience
énergétique.
Concernant la gestion des déchets, nous pouvons citer les
objectifs suivants :
- Réduire les quantités de déchets partant
en incinération ou en stockage de 15 % ;
- Réduire de la production d'ordures
ménagères et assimilées de 7 % par habitant pendant les
5 prochaines années (à l'horizon 2012 donc) ;
- Orienter vers la valorisation matière et organique 35 %
des déchets ménagers et assimilés
d'ici 2012 et 45 % en 2015 (contre 24% en 2004) ;
- Atteindre un taux de recyclage de 75 % des déchets
d'emballages ménagers d'ici 2012 ;
- Orienter vers le recyclage 75 % des déchets des
entreprises (non compris les déchets des BTP,
les déchets de l'agriculture, les industries
agro-alimentaires et les activités spécifiques).
15
La loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation
relative à la mise en oeuvre du Grenelle de
l'environnement fixe de nouveaux objectifs majeurs en
matière de traitement de déchets :
- Orienter d'ici 2012 35 % des déchets ménagers et
assimilés vers le recyclage ;
- Orienter d'ici 2015 45 % des déchets ménagers et
assimilés vers le recyclage ;
- Diminuer d'ici 2012 de 15 % les quantités de
déchets incinérés ou stockés.
Le Grenelle de l'environnement insiste sur la hiérarchie
du traitement des déchets : prévention, préparation en vue
du réemploi, recyclage, valorisation matière, valorisation
énergétique et élimination. Aussi, les résidus
produits par l'extraction de la fraction valorisable des déchets doivent
être prioritairement faire l'objet d'une valorisation
énergétique. Un levier possible pour inciter à la
valorisation des déchets est la limitation au stricte nécessaire
des capacités de traitement des sites d'enfouissement. Depuis 2012, cela
doit être pris en compte dans de cadre de la révision des plans.
Tout porteur de projet doit à présent justifier la
compatibilité de son installation avec cette orientation.
Malgré quelques avancées notamment sur la
méthode qui a réussi à réunir des acteurs aux vues
parfois diamétralement opposées sur les questions
écologiques et à aboutir au vote quasi-unanime du parlement de la
loi dite « Grenelle 1 », le Grenelle Environnement a fait, avant
même sa conclusion, l'objet de critiques parfois virulentes de la part
d'associations écologistes et de groupes politiques de gauche. Certains
sujets d'importance prioritaire selon les associations n'ont pas aboutis, comme
la question de la taxe carbone ou du nucléaire. Ainsi, en 2010, la
Fondation Nicolas HULOT, principal instigateur du Grenelle, quitte la table des
négociations.
Concernant la gestion des déchets, les résultats
sont plus positifs, avec notamment un taux de valorisation des déchets
par recyclage, ou par valorisation énergétique ou organique
(compostage, méthanisation, traitement mécano-biologique)
atteignant 72 % des déchets municipaux en 2011, contre 53 % en 2000.
c) Le Plan National de Prévention des
Déchets 2014 - 2020
Le plan national de prévention des déchets
s'inscrit dans le contexte de la directive-cadre européenne sur les
déchets (directive 2008/98/CE du 19 novembre 2008), qui prévoit
une obligation pour chaque État membre de l'Union européenne de
mettre en oeuvre des programmes de prévention des déchets.
Dans ce cadre, le Ministère de l'Écologie, du
Développement durable et de l'Énergie a lancé dès
2012, en lien avec l'ADEME, des réflexions associant l'ensemble des
parties prenantes concernées par la prévention des déchets
(représentants de l'État et des collectivités
territoriales, des entreprises, des acteurs du traitement de déchets, de
l'économie sociale et solidaire, des
associations de protection de l'environnement et des
consommateurs) afin d'élaborer ce plan de manière
concertée.
Le plan national de prévention des déchets
2014-2020 cible toutes les catégories de déchets (déchets
minéraux, déchets dangereux, déchets non dangereux non
minéraux), de tous les acteurs économiques (déchets des
ménages, déchets des entreprises privées de biens et de
services publics, déchets des administrations publiques).
Il se donne comme ambition de rompre progressivement le lien
entre la croissance économique et la production de déchets et il
constitue un levier pour la mise en oeuvre de la transition
énergétique et environnementale. Il s'inscrit en effet pleinement
dans la démarche de l'économie circulaire en tant
16
qu'outil au service de l'évolution de notre
modèle économique vers un modèle durable, non seulement au
plan environnemental, mais aussi économique et social.
Le plan comporte 3 grandes parties :
- Un bilan des actions de prévention menées
précédemment (notamment dans le cadre du précédent
plan national de prévention de 2004) ;
- La définition des orientations et objectifs pour la
période 2014-2020 ;
- La mise en oeuvre, le suivi et
l'évaluation des mesures retenues.
d) Les Agendas 21
L'Agenda 21 est un plan d'action pour le XXIe siècle
adopté par 173 Etats lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992. Il
détaille les secteurs où le développement durable doit
s'appliquer dans le cadre des collectivités territoriales. Il formule
des recommandations dans des domaines variés tels que :
- La pauvreté ;
- La santé ;
- Le logement ;
- L'agriculture ;
- La gestion des déchets...
Les collectivités territoriales sont appelées,
dans le cadre du chapitre 28 de l'Agenda 21 de Rio, à mettre en place un
programme d'Agenda 21 à leur échelle, intégrant les
principes du développement durable, à partir d'un
mécanisme de consultation de la population. « Elles jouent, au
niveau administratif le plus proche de la population, un rôle essentiel
dans l'éducation, la mobilisation et la prise en compte des vues du
public en faveur d'un développement durable » (Extrait du chapitre
28). Ainsi naît l'Agenda 21 local.
Les réseaux de villes prennent l'initiative des travaux
pour veiller à la mise en oeuvre concrète des Agendas 21 locaux.
En France, l'Observatoire national des agendas 21 locaux, porté par le
Ministère du développement durable, l'Association 4D,
l'Association des Maires de France et le Comité 21 assurent cette
mission. D'autres structures relaient ce travail au niveau national ou
régional comme le Comité 21 - Comité français pour
l'environnement, l'Association 4D (dossiers et débats pour le
développement durable), l'association ETD (Entreprises territoires
développement), le réseau des agences régionales de
l'environnement (RARE).
e) Schéma régional d'aménagement du
territoire
Comme l'a annoncé François Hollande, la carte des
régions devra évoluer d'ici 2017, pour diviser leur nombre par
deux. Le gouvernement prévoit aussi une « rationalisation de la
carte intercommunale resserrée autour des bassins de vie ».
L'objectif : réduire le nombre de syndicats de communes et de syndicats
mixtes, notamment pour l'eau potable, l'assainissement, les déchets, le
gaz, l'électricité et les transports. Avant le 31 décembre
2015, un schéma départemental de coopération
intercommunale devra être arrêté.
Le projet de loi, clarifiant l'organisation territoriale de la
France, prévoit un renforcement des compétences des
régions, qui devront élaborer des schémas régionaux
prescriptifs. Les communes devront se regrouper et réduire le nombre de
syndicats.
17
Le schéma régional d'aménagement et de
développement durable du territoire (SRADDT) est défini comme
« un document de planification majeur, élaboré par la
région, avec une valeur
prescriptive » à l'égard des documents
d'urbanisme (Scot, PLU, PDU, chartes de parc naturel régional...). Il se
substitue aux schémas existants (schéma régional de
l'intermodalité, schéma régional climat, air et
énergie -SRCAE- et plan régional de prévention et de
gestion des déchets), qui seront déclinés en trois
chapitres individualisés.
Le volet dédié aux déchets se substituera
aux trois schémas qui existent aujourd'hui : le plan régional ou
interrégional de prévention et de gestion des déchets
dangereux, le plan départemental ou interdépartemental de
prévention et de gestion des déchets non dangereux, et le plan
départemental ou interdépartemental de gestion de
prévention et de gestion des déchets issus du bâtiment.
Ce plan unique devra décliner, pour les six et douze
années à venir, les objectifs nationaux en matière de
hiérarchisation des modes de traitement des déchets, et s'appuyer
sur le principe de proximité dans la gestion des déchets.
Pour les déchets ménagers et assimilés
(DMA), le plan fixe un objectif de réduction de 7% de la quantité
produite par habitant entre 2010 et 2020. Les remarques concernant
d'éventuels objectifs de réduction chiffrés des DAE "n'ont
pas été retenues à ce stade" et seront
étudiées lors du premier bilan d'étape à
mi-parcours en 2017,"lors duquel il sera décidé de poursuivre ou
d'accentuer les efforts afin d'atteindre ses objectifs", a répondu le
ministère. Les déchets du BTP seront le flux prioritaire dans le
nouveau plan.
Enfin, le gouvernement prévoit de responsabiliser les
collectivités locales. Celles-ci devront supporter "les
conséquences financières des arrêts rendus par la Cour de
justice de l'Union européenne à l'encontre de l'Etat, (...) pour
tout manquement au droit de l'Union européenne qui leur est imputable en
tout ou en partie", indique l'article 29.
f) Les Plans Départementaux d'Elimination des
Déchets Ménagers et Assimilés
Les plans départementaux d'élimination des
déchets ménagers et assimilés (PDEDMA) ont
été rendus obligatoires par la loi du 13 juillet 1992. Leur
élaboration est de la compétence du Préfet ou du Conseil
Général. Ils sont destinés à coordonner et
programmer les actions de modernisation de la gestion de ces déchets
à engager à 5 et 10 ans notamment par les collectivités
locales.
Ils fixent les objectifs de recyclage et de valorisation à
atteindre, les collectes et équipements à mettre en oeuvre
à cette fin, les échéanciers à respecter et
évaluent les investissements correspondants. Leur importance est
primordiale car, lorsqu'un plan a été approuvé, les
décisions prises dans le domaine des déchets par les personnes
morales de droit public et leurs concessionnaires doivent être
compatibles avec ce plan.
La circulaire du 24 avril 1998 du Ministère de
l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement révise les
PDEDMA afin qu'ils soient mieux adaptés à la fois aux
réalités locales et aux priorités gouvernementales. Elle
engage à une réorientation des Plans selon les axes suivants :
- Agir de façon plus volontaire sur la réduction de
la production de déchets ; - Intégrer davantage de recyclage
matière et organique ;
18
- Limiter le dimensionnement des incinérateurs à la
fraction résiduelle après recyclage,
lorsqu'une valorisation énergétique est possible
;
- Renforcer la concertation locale
La circulaire précise également la
définition du déchet ultime qui sera seul admis en
décharge à compter de 2002. Le déchet ultime a maintenant
une acception plus souple : il ne doit pas être partout réduit aux
seuls résidus de l'incinération. Il peut être défini
en fonction du contexte local, mais doit au minimum avoir supporté des
tris préalables à des fins :
- De dépollution ;
- De recyclage matière et/ou organique.
g) Les Plans Climat Energie Territorial
(PCET)
Le Plan Climat-Energie Territorial (PCET) est un projet
territorial de développement durable dont la finalité
première est la lutte contre le changement climatique ; la
qualité de vie des citoyens est la question sous-jacente.
Institué par le Plan Climat National et repris par les
lois Grenelle 1 et le projet de loi Grenelle 2, il constitue un cadre
d'engagement pour le territoire. L'enjeu est d'inviter les forces du territoire
à travailler ensemble pour mettre en place des actions
cohérentes.
Le PCET a deux objectifs principaux :
- Réduire les émissions de gaz à effet de
serre : diviser par 4 les émissions d'ici 2050 ;
- Adapter le territoire au changement climatique : réduire
la vulnérabilité du territoire puisqu'il
est désormais établi que les impacts du changement
climatique ne pourront plus être intégralement
évités.
Un PCET se caractérise également par des ambitions
chiffrées de réduction des émissions de GES et par la
définition dorénavant d'une stratégie d'adaptation du
territoire (basée sur des orientations fortes en termes de
réduction de la vulnérabilité et de créations
d'opportunités), dans des contraintes de temps. Lesdits objectifs
chiffrés sont calqués sur ceux de la Commission Européenne
à l'horizon 2020 : réduire de 20% les émissions de GES,
améliorer de 20% l'efficience énergétique, porter à
20% la part des énergies renouvelables dans la consommation finale
d'énergie. Pour la France, ils se déclinent comme suit :
- Réduire de 17% des émissions de GES
- Réaliser 20% d'économies d'énergie en
2020
- Intégrer 23% d'Energie Renouvelable dans la consommation
d'énergie finale en 2020 Concernant la gestion des déchets, le
PCET reprend les objectifs du Grenelle de l'Environnement :
- Prévenir la production de déchets (qui
représentent 2% des émissions de GES en France) ; - Favoriser le
recyclage (pour réduire la consommation de ressources
énergétiques liée à la production de biens) ;
- Améliorer l'efficacité des incinérateurs
à récupération énergétique et
développer la filière de valorisation énergétique
;
- Réduire l'incinération sans
récupération et l'enfouissement des déchets.
19
Synthèse :
La gestion des déchets est aujourd'hui encadrée de
manière à favoriser au maximum, dans l'ordre des priorités
: la prévention des déchets, le recyclage (réintroduction
et valorisation matière), la valorisation énergétique,
l'élimination (qui doit être limitée au maximum).
La politique de gestion des déchets est donc fixée
au niveau national et déléguée aux collectivités
territoriales au sens large du terme (des communes aux régions).
Cependant, il y a bien une faction des rôles entre les institutions
départementales et régionales, et les municipalités et les
agglomérations. En effet, les départements et régions ont
en charge :
- De fixer une stratégie permettant d'atteindre les
objectifs nationaux
- De veiller à l'application de ces directives
stratégiques et d'en rapporter au Ministère de
l'Environnement
Pour leur part, les communes et les communautés
d'agglomérations sont en quelques sortes les exécutants au niveau
local de la stratégie fixée par les régions et
départements et sont donc chargées de la gestion des
déchets non industriels (déchets des ménages, des
administrations et lieux publiques, des associations, des
commerçants...).
2. Situation
a) Présentation générale : chiffres
et évolution
Nous allons ici présenter des données concernant la
gestion des déchets en France, afin de donner un aperçu de la
situation et de mieux la comprendre. Cette activité étant
très encadrée, nous avons accès à une source de
données immense. Nous tenterons de les synthétiser au maximum, au
risque de faire l'impasse sur certains points secondaires, pour les rendre plus
compréhensibles.
Entre 2010 et 2014, la production annuelle moyenne de
déchets représente environ 360 millions de tonnes, soit 40% du
besoin apparent en matières. Parmi ces déchets, 97% sont non
dangereux. En 2010, 60 % de déchets non dangereux et 40 % de
déchets dangereux traités en France sont recyclés, le
reste étant incinéré ou stocké. Enfin, 70 % de la
masse de déchets générés en France sont
constitués de déchets minéraux issus pour l'essentiel (97
%) de la construction. Ces déchets, qui sont non dangereux
(béton, briques, tuiles, verre, terre et granulats non pollués),
sont utilisés pour les deux tiers en terrassement.
Ainsi, 15 millions de tonnes de matériaux recyclés
ont été intégrées dans la production des 36
millions de tonnes de 5 matériaux (acier, métaux non ferreux,
papiers cartons, plastiques, verre, ) en 2010. Ce recyclage a permis
l'économie de :
- l'équivalent de 17 millions de barils de pétrole
;
- 20 millions de tonnes équivalent CO2 soit environ 3,6 %
des émissions brutes françaises annuelles
Les déchets destinés au recyclage proviennent soit
des entreprises (chutes de production, production mise au rebut...), soit des
ménages (emballages ménagers, journaux/magazines et
équipements en fin de vie...). Ces déchets et produits en fin de
vie sont collectés par des entreprises spécialisées
(éco-entreprises ou récupérateurs) ou mis en
déchèterie. En ce qui concerne les produits en fin de vie (PFV),
la collecte sélective est souvent organisée dans le cadre de
filières déchets spécialisées :
Aussi, il est indispensable de mener des actions fortes
d'information et de sensibilisation du public sur les enjeux de la
prévention et la nécessaire évolution des actes d'achat
ainsi que sur l'intérêt des
L'optimisation de la gestion des déchets passe par une
gestion basée sur la complémentarité des dispositifs
disponibles. Il faut noter que les entreprises se spécialisent la
plupart du temps dans le recyclage d'une seul produit ou matière, au vue
des investissements et des compétences requises. Chaque dispositif a ses
limites et ses points faibles qui évoluent en permanence avec les
comportements et des prises de conscience, avec les développements
technologiques et réglementaires, avec les avancées dans les
connaissances scientifiques.
Dans ce contexte, l'optimisation de la gestion des déchets
consiste à déplacer cet équilibre, étape par
étape, pour répondre en permanence et du mieux possible aux
objectifs de maîtrise des impacts et des coûts ainsi qu'aux
attentes sociales. Une gestion durable des déchets ne s'inscrit pas dans
un choix figé mais consiste en des ajustements permanents autour de
décisions structurantes.
20
emballages, véhicules hors d'usage, déchets des
équipements électriques et électroniques, pneus et huiles
usagés...
La nature (composition) et l'origine (ménages,
industries...) des déchets sont très variées. De plus,
certains produits ou certaines matières ne sont pas ou sont
difficilement recyclable à l'heure actuelle. C'est le cas du textile par
exemple qui est souvent composé de mélanges de matières
(coton, laine, élastomères, polyester...). Dans ce contexte, les
moyens à mettre en oeuvre et les organisations apparaissent toujours
plus complexes. L'adaptation aux situations locales (milieu urbain, contexte
rural, secteur industriel, ...) est également indispensable.
21
collectes sélectives et du recyclage. Il est tout aussi
indispensable de ne pas entretenir l'illusion que ces actions pourraient
à court terme rendre inutiles les dispositifs de gestion des
déchets résiduels.
b) Focus sur les déchets
ménagers
La France compte 253 centres de tri des collectes
sélectives de déchets recyclables des ménages. Ces centres
permettent de séparer le contenu des collectes d'emballages
ménagers et de papier, collectes opérées auprès des
ménages et assimilés. Ils permettent de produire 2.4 millions de
tonnes de nouvelles matières premières.
Le nombre total d'emplois directs générés
par cette activité de tri est estimé à environ 7 000 dont
environ 5500 opérateurs de chaîne.
Environ 4.5 millions de tonnes de déchets issus des
activités économiques sont pris en charge par le service public
d'élimination des déchets au titre des « assimilés
».
Selon les données publiées par le Service de
l'observation et des statistiques (ex IFEN) en juillet 2012, les
dépenses de protection de l'environnement (dépense courante et
dépense en capital) ont représenté en 2010 près de
46 milliards d'euros. Sur ce chiffre, la dépense nationale de gestion
des déchets municipaux et des entreprises (dépense courante et
investissements) augmente par rapport à 2009, et est
évaluée à 15 milliards d'euros. La dépense courante
(qui correspond à la dépense de fonctionnement) de gestion des
déchets municipaux représente en 2010, 7,8 milliards d'euros.
22
c) Les acteurs
En France, la gestion des déchets est
déléguée aux collectivités territoriales. Elles
doivent mettre en place les dispositifs nécessaires en matière de
gestion des déchets des secteurs public et privé et des
particuliers afin d'atteindre les directives nationales et européennes.
Elles ont un rôle majeur à jouer au niveau territorial pour
fédérer les acteurs locaux ou intégrer la politique
"déchets" dans d'autres politiques du territoire (développement
économique, transports...). C'est également au niveau territorial
que peuvent être trouvées des synergies entre des déchets
d'origines voire de natures différentes pour mettre en place des
gestions conjointes et performantes. Aussi, elles font face à
d'importantes difficultés pour mettre en oeuvre et faire évoluer
la gestion des déchets dont elles ont la responsabilité
(notamment les déchets produits par les ménages).
Pour relever le défi et augmenter le recyclage notamment
des plastiques (qui, malgré les efforts des industriels, restent le
matériau le moins recyclé), les acteurs se sont accordés
sur la nécessité de mettre en place un réseau
d'échanges. Ceux-ci permettent de développer les contacts entre
les acteurs de la filière du recyclage des plastiques
(fédérations professionnelles, industriels, académiques,
pôles de compétitivité, institutionnels...), dans le but
notamment de développer l'innovation et la mise en place de
filières, par des projets collaboratifs mobilisant l'ensemble des
compétences disponibles. Pour répondre à ce besoin,
l'ADEME a lancé une plateforme collaborative (site Internet
d'échanges) sur le recyclage des plastiques.
Concernant l'activité de tri, nous avons affaire à
trois cas de figure. Dans le premier, elle est effectuée par une
entreprise privée, qui peut aussi intégrer l'activité de
recyclage. Le second cas concerne les déchets ménagers : le tri
est effectué en décharge, par les particuliers eux même et
par les employés de ladite déchetterie. Le troisième cas
de figure tend à se développer ces dernières années
: le tri est réalisé par un centre d'aide à la
réinsertion par le travail (Eco TLC par exemple).
L'activité de recyclage proprement dite est quant à
elle généralement assurée par des entreprises
privées. Ces entreprises travaillent en collaboration directe avec les
firmes productrices de déchets ou avec les collectivités. Pour le
cas de la valorisation, la présence du public est plus importante : si
l'on cumule les incinérateurs et les méthaniseurs, environ 65%
sont la propriété des collectivités territoriales.
Il faut aussi préciser que les flux de matières
sont dirigées vers différents organismes
spécialisés et à dimension nationale. Mais réforme
de la planification territoriale de gestion des déchets entraine la
création d'un plus grand nombre d'établissements pour traiter les
déchets de façon locale.
Synthèse :
La gestion des déchets en France est donc encadrée
à la foi au niveau national et par les directives européennes.
Les deux principaux objectifs sont, en amont, de réduire leur
quantité, et en aval d'augmenter la part des matériaux
recyclés et de limiter au maximum l'élimination et
l'enfouissement. Sachant que cette activité représente un tiers
du budget alloué à la protection de l'environnement en France, il
est primordial de la rendre la plus efficace possible.
En volume, 70% des déchets générés
sont des minéraux issus quasi totalement de la construction ; ils sont
aux deux tiers réutilisés en terrassement. Dans le volume
restant, 15 millions de tonnes (en 2010) sont recyclés, et permettent la
production de 36 millions de tonnes de 5 principaux matériaux le papier
/ carton (qui est très bien recyclé, à 60%), l'acier, les
métaux non ferreux, le verre et le
23
plastique (le moins bien recyclé, à 5%). Il faut
aussi savoir que tous les matériaux, surtout s'ils sont composés
de mélanges, ne sont pas recyclables pour le moment.
Les collectivités territoriales, à qui est
déléguée la gestion des déchets, mettent donc en
place des organisations et des partenariats avec des entreprises privées
pour optimiser cette tâche. Ces entreprises sont en général
spécialisées dans une matière ou un produit et on une
portée souvent multi régionale. Cependant, la réforme de
la planification territoriale et la nécessité d'adaptation aux
situations locale conduit à la création de partenariats avec des
entreprises locales pour le recyclage. L'activité de tri est quant
à elle de plus en plus confiée à des centre d'aide
à la réinsertion, même si leur part reste minoritaire.
Ainsi, la gestion durable des déchets est basée sur des
ajustements permanents autour de décisions structurantes, dans lesquels
les collectivités jouent un rôle fédérateur.
Les stratégies territoriales mettent également en
lumière la nécessité d'informer et de sensibiliser le
public à la prévention des déchets et à l'aide au
recyclage (geste de tri notamment). L'information des entreprises se fait via
les réseaux d'échange et de collaboration.
24
Chapitre 2 - Présentation des différents
concepts
Section 1 - cadre de la recherche
Qu'entendons-nous par « collectivité territoriale
» ?
Nous limiterons le cadre de notre recherche aux deux types de
communautés territoriales les plus restreints en termes d'espace, i.e.
les communes et les communautés d'agglomération, et ce pour deux
raisons principales. D'une part, comme nous le verrons dans la « Section 2
- la situation de la gestion des déchets en France »,
l'exécution des directives de la politique de gestion des déchets
(et donc l'activité de recyclage) est plus particulièrement
déléguée en France à ces deux entités, et
elles sont donc directement concernées par l'objet de notre
étude. D'autre part, ce sont également elles qui ont le panel
d'objectifs le plus large et la plus grande diversité de cibles en terme
de communication, comme nous le verrons dans le « Chapitre 2 -
Présentation des concepts ».
Qu'entendons-nous par « politique de recyclage » ?
Nous considérons en fait ici les opérations de
recyclage telles que définies par le Code de l'Environnement. Bien que
la valorisation matière concerne un part non négligeable de la
valorisation des déchets en France et dans les régions
développées, en particulier lors du traitement des déchets
verts et d'alimentation, nous la séparons du recyclage et n'y
accorderons qu'une importance marginale dans cet ouvrage pour deux principales
raisons. D'abord, comme nous le verrons dans la « Section 2 - la situation
de la gestion des déchets en France », lorsque nous
considérons les produits hors d'usage provenant de l'activité
économique, la part des matériaux recyclables (bois,
métaux, papiers, textiles...) est bien supérieure à celle
des déchets non recyclables (déchets en mélange,
déchets alimentaires...). La seconde la seconde raison est que, bien
qu'elle soit plus avantageuse que l'enfouissement, la solution de la
valorisation énergétique n'est pas optimale en termes de
préservation de l'environnement (excepté bien sûr lorsqu'il
s'agit de déchets non recyclables). Or, nous verrons dans le «
Chapitre 2 - Présentation des différents concepts » que la
communication est d'autant plus efficace lorsque l'entité communicante
est réellement engagée dans la démarche environnementale,
i.e. qu'elle cherche à faire tout ce qui lui est possible pour
améliorer son impact. Nous ne saurions donc encourager une solution qui
n'est pas optimum pour le traitement des déchets recyclables.
Le recyclage est un sujet du développement durable : il
permet d'économiser les ressources disponibles, de créer des
emplois (social & économique) et favoriser la transition vers un
modèle qui ne soit plus basé sur le « produire, consommer,
détruire ». Le recyclage a aussi une vocation sociale lorsqu'on
considère par exemple les organismes de récupération de
biens usagés pour le don ou la revente, telles que Bazar Sans
Frontière. Enfin, c'est un catalyseur social dans la mesure où il
crée des dynamiques mettant en action les citoyens, les entreprises et
les collectivités.
Section 2 - présentation des concepts
Le cadre de notre recherche étant défini, nous
allons nous intéresser aux différents concepts mis en
lumière par les textes traitant des thèmes abordés dans
cet ouvrage. Nous avons pour cela rassemblé un corpus nous permettant de
mieux comprendre les sujets suivants :
- Le marketing durable, et plus particulièrement la
communication durable :
25
o En quoi ce type de marketing peut il être utile aux
communautés territoriales dans leur stratégie de communication,
à la foi au niveau local et au niveau extra-territorial
o Quels sont les outils relatifs au marketing durable à
disposition des marketeurs et des communicants territoriaux
- Le marketing territorial, avec un focus sur l'aspect «
communication » :
o Qu'est ce que le marketing territorial ?
o Quels sont les objectifs et les cibles des
collectivités territoriales ?
o Quelles sont els tendances actuelles en matière de
marketing et de communication territoriale ?
o Comment les collectivités territoriales adoptent-elles
leurs offres et leur communication vers les citoyens, aux entreprises et aux
investisseurs locaux ?
o Comment les collectivités territoriales adoptent-elles
leurs offres et leur communication vers les citoyens, aux entreprises et aux
investisseurs extra territoriaux ?
- La coordination des acteurs au sein des collectivités
territoriales :
o Qui sont les différents acteurs ?
o Quels sont leurs rôles ?
o Comment peuvent-il coordonner leurs actions afin d'optimiser
la démarche marketing du territoire ?
1. Le marketing durable
Au premier abord, le marketing durable peut apparaître aux
yeux du néophyte comme un oxymore. Le marketing est
considéré comme pilier du consumérisme, alors que le
développement durable, et plus particulièrement
l'écologie, prônent la mesure, la simplicité et
l'éthique dans notre consommation. John GRANT, conseiller en
publicité socialement responsable au sein de l'agence britannique St
Luke's qu'il a cofondée, et auteur du « Manifeste du Marketing
Vert »4 en 2007 (pour la version anglophone), casse cet
amalgame. Il explique dans cet ouvrage que le marketing vert doit mettre les
outils marketing au service du développement durable, et non pas le
développement durable au service du marketing. De manière
synthétique, le marketing vert est à la croisée des
chemins entre les deux vocations de l'écologie qui sont :
« - Supprimer : comme consommer moins, ralentir,
vivre dans une élégante simplicité, partager
davantage, ne se fournir (pour l'essentiel) que chez ceux dont on
connaît les pratiques vertueuses.
- Substituer : comme renoncer à ce
consumérisme, pour acheter des produits astucieux, éthiques, peu
générateurs de carbone, et tirer le meilleur de la «
durabilité » en la rendant
4 Bien que le titre du manifeste de John GRANT se
réfère au marketing vert (voir « Chapitre 1, Section 1 -
Définitions), il traite du marketing durable dans sa globalité.
Les concepts, les outils et les exemples qui y sont présentés
concernent les trois volets indissociables du développement durable :
économique, social et écologique. Le terme marketing vert est
employé car John Grant utilise cette couleur pour catégoriser la
démarche marketing (et donc les outils utilisés), allant du
« vert de base » pour les entreprises ayant une démarche
durable assez peu soutenue, au « vert foncé » pour celles
ayant pleinement intégré le développement durable ;
l'étape intermédiaire est appelée « vert soutenu
».
26
chic, branchée, haut de gamme et désirable »
(John GRANT, Le Manifeste du Marketing Vert, AFNOR Editions, La Plaine Saint
Denis, 2009, pp. 249)
Ainsi, la démarche de marketing vert peut être
représentée par une matrice à neuf entrées servant
de fil rouge au marketeur. Cette matrice est présentée en
annexe 2.
Le marketing vert (et par extension le marketing durable) est
donc la clé pour promouvoir l'écologie par la consommation, non
seulement en responsabilisant le consommateur, mais aussi et surtout en le
rendant enthousiaste face à l'écologie et au développement
durable. Par conséquent, comme l'explique « Le Manifeste du
Marketing Vert », le défi du marketing durable à long
terme est de faire changer les mentalités et de rendre banals
les comportements durables (John GRANT, 2007). Or, cette transition
passe selon l'auteur britannique par la consommation plus que par les
obligations légales ou la sensibilisation des citoyens via la
communication réalisée par les ONG et les institutions publiques.
Bien que ces deux éléments aient une importance dans le
changement des comportements et des mentalités des citoyens, elles
viennent en complément de la consommation durable. En effet, toujours
selon John GRANT le fait de rendre à la fois accessibles et attirants
les produits verts permet évidemment à court terme de
réduire l'impact de notre consommation, et à long terme, par
effet de dominos, d'ancrer ce mode de consommation ainsi que les gestes que
nous pourrions qualifier de « hors consommation » (comme trier ses
déchets ou aider les associations de lutte pour la préservation
de l'environnement) dans le quotidien des citoyens.
Et comme nous le détaillerons ci-après, John GRANT
incite les entreprises non pas à suivre les attentes des consommateurs
en matière de produits durables, mais d'aller au devant de celles-ci.
Cela passe, pour ce que nous pouvons qualifier de partie émergée
de l'iceberg, par une offre de biens et services toujours plus responsables.
Quant à la partie immergée dudit iceberg (qui reste la plus
importante), les entreprises doivent à la foi adopter et
développer les principes de la RSE, voire « défier le
consumérisme » en proposant et en développant de nouveaux
modes de consommations, tels que la copropriété ou la location.
Ces deux parties de l'iceberg doivent être prises en compte par le
marketing pour que celui-ci soit efficace. Car comme nous le
détaillerons plus loin, le marketing durable est avant tout une affaire
de conviction, sous peine de tomber dans le greenwashing, qui s'avère
contre productif pour les citoyens, l'entreprise et l'environnement.
Pour se faire, les marques, les consommateurs, les ONG et les
associations doivent travailler ensemble. Comme l'explique « Le Manifeste
du Marketing Vert » en préambule, les consommateurs et les marques
n'ont jamais été aussi proches, notamment grâce aux
nouvelles technologies de l'information et de la communication. D'un
côté, les marketeurs peuvent être en relation directe avec
le marché, via les techniques de marketing direct. Et de leur
côté, les consommateurs peuvent tout savoir des produits qu'ils
consomment et des entreprises qui les produisent, et ont la possibilité
de mieux faire valoir leurs attentes et de véhiculer à grande
échelle des messages (péjoratifs ou mélioratifs) à
propos des marques et des entreprises. Pour leur part, les associations et les
ONG ont une vocation d'information auprès du consommateur, et de
conseil, voire de communicant, pour les entreprises. Elles peuvent
dénoncer les mauvaises pratiques et ainsi nuire à l'image des
entreprises comme se révéler être des partenaires efficaces
pour une entreprise qui souhaite améliorer sa démarche
environnementale. L'un des meilleurs exemples de ce postulat est celui de
McDonald, qui est passé en quelques années de la «
bête noire » des associations de préservation de
l'environnement à l'un de leurs meilleurs alliés, notamment dans
la lutte pour la sauvegarde de l'Amazonie (voire annexe 3). Comme le
dit John GRANT, « le meilleur moyen de communiquer sur une démarche
durable est, en premier lieu, de la mettre en place, puis de s'assurer
d'être irréprochable dans ce que nous vantons, et enfin de laisser
les autres communiquer à notre place »
27
(John GRANT, Le Manifeste du Marketing Vert, AFNOR Editions, La
Plaine Saint Denis, 2009, pp. 249). Pour en revenir à l'aspect
collaboratif du marketing durable, l'entreprise doit donc utiliser les outils
du marketing direct pour être à l'écoute des attentes des
consommateurs, et surtout aller au-delà. L'un des exemples les plus
parlants de cette démarche est celle de The Body Shop qui, dès la
fin des années 1970, s'est placé à l'avant-garde en
proposant des produits cosmétiques éthiques et
écologiques. Le résultat est que cette marque est aujourd'hui la
référence en matière de cosmétique durables et
sains pour l'organisme. Enfin, les associations et les ONG ont leur rôle
à jouer dans ce triptyque puisqu'elles ont les pouvoirs de conseillers
les entreprises et les citoyens pour faire progresser la préservation de
l'environnement et de communiquer sur les entreprises exemplaires ou sur les
« mauvais élèves ». Dans cette vision, John GRANT
défini le marketing vert comme un cercle vertueux :
« en allant au devant des attentes des consommateurs et en communicant,
les marques créent un désir de consommer et d'agir durable, et
ces dernier s'exprimeront à leur tour, directement ou via les
associations, pour réclamer des entreprises qu'elles aillent plus loin
dans leur démarche » (John GRANT, Le Manifeste du Marketing Vert,
AFNOR Editions, La Plaine Saint Denis, 2009, pp. 249).
Comme nous l'avons évoqué dans le paragraphe
précédent, le marketing vert et le marketing durable sont
avant tout basés sur la conviction du marketeur et la
réalité des faits ; si tel n'est pas le cas, nous
rentrons automatiquement dans une démarche de greenwashing. Or, à
l'heure où les consommateurs ont accès à l'information en
un clic et où les associations et les ONG surveillent attentivement les
entreprises, le greenwashing est vite décelé. Même si
l'entreprise aura pu communiquer sur le court terme en pratiquant le
greenwashing, et peut être améliorer ses ventes et son image
grâce à cela, les répercutions à long terme de la
découverte de la supercherie seront néfastes. En effet, les
consommateurs, se sentant bernés, trahis, retrouveront difficilement
confiance en la marque. Come il est rappelé dans « Le Manifeste du
Marketing Vert », « une image prend des années à
construire, quelques jours à détruire, et parfois des
décennies à reconstruire » (John GRANT, 2007). En
février 2013, l'entreprise Spanghero a fait les frais de cette maxime :
suite au scandale alimentaire de la viande de cheval retrouvée dans les
lasagnes de la marque Findus, Spanghero a été mise en faillite en
quelques semaines.
Interviewé en 2006 sur les engagements écologiques
pris au sein de son empire audiovisuel, le PDG du groupe Sky, Rupert Mudoch,
déclarait ceci :
- Il est directement concerné par les problèmes
environnementaux de son Australie natale et à l'échelle globale
;
- Son fils l'a poussé à s'impliquer en stipulant
qu'on ne pouvait ignorer cet enjeu ;
- Le groupe Sky reconsidère l'ensemble de ses processus de
production afin de laisser une empreinte carbone minimale, égale
à 0 dans l'idéal ;
- Le groupe va renforcer la place des questions liées au
développement durable dans ses journaux ;
- Et c'est un choix judicieux car une des tendances fortes du
marché pub de demain sera la recherche d'espaces pub verts.
Le corolaire de cette idée est que les actions
liées au développement durable mises en place par une entreprise
doivent être cohérentes avec sa vocation, son image et son
histoire. Lorsque la marque de couches Pampers promet, en association
avec l'UNICEF de subventionner un vaccin contre le tétanos pour les
mères vivant dans le Tiers Monde et à terme d'éradiquer la
maladie, on comprend la démarche. Une marque qui s'adresse aux mamans et
à leurs nourrissons à toute la légitimité pour
vouloir les protéger d'une maladie qui tue un nouveau-né toutes
les trois minutes. En revanche, nous
28
pouvons citer en contre-exemple la marque de jeans : Levi's qui a
décidé d'organiser en 2004 une journée du 501 le
1er Mai (05.01 aux USA) pour inciter ses clients à faire du
bénévolat. Lesdits clients n'ont pas compris pourquoi Levi's leur
demandait de s'engager, pourquoi spécialement ce jour (qui n'a pas de
signification particulière dans l'histoire de la marque et qui de plus
est férié) et l'opération fut un flop. Car là est
la spécificité du marketing durable : il fait intervenir le
consommateur, et lui demande donc quelque chose, un sacrifice. Ce sacrifice
peut être financier (payer un produit un peu plus cher pour finance
à une cause) ou humain (donner de son temps et de son énergie
pour agir en faveur d'une cause). Dès lors, John GRANT explique que
celui-ci il doit savoir pourquoi il fait ce geste
supplémentaire. Ce postulat rejoint le modèle du «
golden circle » établit par Simon SINEK en 2009, dans son ouvrage
« Start with why : how great leaders inspire everyone to take action ?
». Ce modèle montre que les marques qui communiquent d'abord sur
les raisons, les motivations de leurs démarches, et qui ensuite montre
comment elles opèrent concrètement, suscitent l'engouement des
consommateurs, qui s'y identifient.
En outre, le marketing durable permet aussi de (re)nouer
le lien avec le consommateur ou le citoyen (si l'on se place du point
de vue des communautés territoriales). Cette idée est
présentée par Charles-Edward HOULLIER-GUIBERT dans l'article
« Evolution de la communication territoriale : les limites de
l'idéologie de la proximité », Les Enjeux de
l'information et de la communication, 2009, p. 45-61. Se basant sur le
rapport de la revue « Urbanisme » publié en 2004 (page 47), il
met en avant le fait que le citoyen « privilégie aujourd'hui le
cadre de vie et son environnement immédiat » dans les questions de
développement urbain. Autrement dit, les citoyens font passer les
questions de développement urbain local avant celles liées
à la promotion l'image du territoire au niveau extra territorial
(animations et évènements de grande envergure, grands projets
immobiliers, branding territorial...). Charles-Edward HOULLIER-GUIBERT explique
que le rôle du thème « développement durable »
dans cette vision de proximité est de réunir les acteurs du
territoire que sont les citoyens, les responsables politiques et responsables
des services publiques, les entreprises et les associations autour de
problématiques qui attraient à leur environnement immédiat
et les concernent directement. Même si, comme l'indique le titre de son
article, C-E HOULLIER-GUIBERT démontre que l'idéologie de
proximité s'avère limitée dans la mesure où elle ne
permet pas au territoire de profiter des avantages de l'intérêt
extra territorial, l'argument du développement durable permet donc
d'impliquer davantage les citoyens dans la vie locale,
puisqu'ils sont plus réceptifs à ces messages.
La question qui vient légitimement est donc celle de
savoir si le thème du développement durable suscite
réellement de l'intérêt chez les citoyens (ou les
consommateurs, suivant le point de vue adopté), et par conséquent
si le marketing durable est efficace pour les collectivités
territoriales. D'une part, John GRANT montre dans « Le Manifeste du
Marketing Vert » qu'une « ferveur verte est apparue
(au niveau mondial, ndr) depuis 2005, que l'on peut constater sur les
modes de consommation, mais aussi sur les comportements des citoyens
» (John GRANT, Le Manifeste du Marketing Vert, AFNOR Editions, La
Plaine Saint Denis, 2009, pp. 249). En analysant le « Rapport sur la
consommation éthique » de la Co-operative Bank paru en 2006 (voir
annexe 4), on constate en effet un gain d'intérêt pour
les actes de consommation éthiques (l'alimentation, le logement, les
transports...) ainsi que pour les comportements durables (recyclage, choix de
commerçants locaux...). Cette combinaison de deux variables montre bien
qu'il n'y a pas simplement au tournant de 2005 une forme de « mode »
des produits durables, mais bel et bien un intérêt réel des
consommateurs pour les questions liées à l'éthique
(environnementale et sociale). John GRANT explique cette ferveur en grande
partie par une prise de conscience générale des enjeux
environnementaux liée aux catastrophes naturelles survenues au
début du siècle et au documentaire du Prix Nobel de la Paix Al
Gore, intitulé « Une Vérité qui Dérange
». D'autre part, John GRANT explique cette « ferveur » par
29
une dynamique de nombreuses entreprises qui ont
développé des offres de produits eco-responsables et
éthiques.
Par ailleurs, l'article de C-E HOULLIER-GUIBERT confirme cet
intérêt pour les questions liées à l'éthique,
plus précisément dans les stratégies de
développement territorial en France : « après une
période d'hésitation voire de réticence, le
développement durable s'immisce dans les stratégies de
développement des territoires » (HOULLIER-GUIBERT C-E
(2009), « Evolution de la communication territoriale : les limites de
l'idéologie de la proximité », Les Enjeux de
l'information et de la communication, pp. 45-61, p.52) Dès 2005, il
s'était rendu compte du phénomène en étudiant la
politique territoriale rennaise et publiait : « Envie de ville,
l'exposition Paroles d'habitants, la campagne contre l'alcoolisme des jeunes...
autant d'opérations qui accompagnent les attitudes urbaines, voire
modifient les comportements. Cet objectif répond à la nouvelle
manière de faire de la communication citoyenne, en utilisant l'argument
du développement durable pour changer les manières de faire.
» (HOULLIER-GUIBERT C-E (2009), « Evolution de la communication
territoriale : les limites de l'idéologie de la proximité »,
Les Enjeux de l'information et de la communication, pp. 4561,
p.53).
De plus, les actions liées au développement durable
peuvent être pour les collectivités territoriales un
élément de marketing dans la mesure où elles permettent
d'attirer les entreprises. En effet, selon Christophe BEAURIN, ces mesures
« croisent de plus en plus les préoccupations d'entreprise en
faveur de l'intégration des contraintes environnementales dans les
processus de production » (BEAURAIN Christophe (2008) : « La
construction d'un territoire à partir des ressources environnementales :
l'exemple de l'agglomération dunkerquoise », Géographie,
économie, société, pp. 365-384, p.368).Si l'on
considère les différents postulats avancés par John GRANT,
nous pouvons en effet comprendre que ces entreprises sont aujourd'hui plus
enclines à favoriser des démarches de production plus
responsables afin d'utiliser ces démarches à bon escient dans
leurs stratégies de communication. Ainsi, les territoires peuvent faire
valoir les opportunités qu'ils offrent en termes d'intégration de
l'environnement dans le processus de production auprès des entreprises.
En extrapolant la thèse de Christophe BEAURIN, nous pouvons donc penser
que la mise en place de telles démarches permet à la fois
d'attirer les firmes situées hors du territoire et d'impliquer celles
présentes sur le territoire et donc les inciter à y rester.
Cependant, nous devons mettre un frein à ces
constats...
D'abord, bien qu'une effective ferveur en faveur du
développement durable soit apparue aux alentours de 2005, John GRANT
expliquait lui-même qu'il était trop tôt au moment
de la publication de son ouvrage pour savoir si ce phénomène
correspondait à « un pic ou à une amorce »
(John GRANT, 2007). Aujourd'hui, les avis sont mitigés à
ce sujet. Nous pouvons, de manière presque caricaturale certes, diviser
la communauté des chercheurs entre ceux qui estiment que cette ferveur
est toujours d'actualité et s'est même amplifiée, et ceux
qui pensent que la récession économique mondiale a fait passer
les considérations éthiques au second plan. Pour le premier
groupe, le fait que de plus en plus de marques proposent des produits
éthiques et que les citoyens continuent à adopter des
comportements responsables traduit une volonté de perdurer dans cette
démarche, non pas malgré la récession, mais justement
parce que celle-ci est présente. Les consommateurs favorisent alors
selon ce premier groupe des modes de consommation et des comportements visant
à rationnaliser leur budget et à privilégier la
qualité au détriment de la quantité. Le second groupe de
chercheurs avant lui que, même si les comportements responsables
perdurent, la consommation éthique stagne, voir recule, en même
temps que le pouvoir d'achat. Toujours selon cette communauté, cette
baisse de volonté est surtout visible au niveau politique : les
questions en
30
rapport avec le développement durable passent au second
plan, pour privilégier la croissance et l'emploi.
Ensuite, HOULLIER-GUIBERT fait le constat que, pour ce qui
concerne la communication territoriale, il est difficile d'impliquer la
population sur le long terme à propos les démarches
liées au développement durable. En reprenant l'exemple de Rennes,
il montre que lorsqu'on cherche à faire réagir les citoyens, les
réponses deviennent vite peu constructives et populistes. C'est pourquoi
que les collectivités territoriales doivent prendre les devants : «
aujourd'hui, l'apport du développement durable aussi bien pour inciter
à la démocratie participative que pour modifier le comportement
des citoyens ou encore pour servir de message politique, réconcilie et
rapproche le marketing et les habitants » (HOULLIER-GUIBERT C-E (2009),
« Evolution de la communication territoriale : les limites de
l'idéologie de la proximité », Les Enjeux de
l'information et de la communication, pp. 45-61, p.57). Ce à quoi
il ajoute : « les approches telles que la planification
stratégique, le projet urbain, la gestion environnementale urbaine ou
les agendas 21 locaux sont érigées en nouveaux paradigmes
d'action, motivés par les principes du développement durable,
tendant à faire la ville autrement, à travers des
démarches participatives » (HOULLIER-GUIBERT C-E (2009), «
Evolution de la communication territoriale : les limites de l'idéologie
de la proximité », Les Enjeux de l'information et de la
communication, pp. 45-61, p.57).
Synthèse :
Le marketing durable a donc pour but ultime de rendre nos modes
de vie plus responsables en banalisant les gestes de consommations durables (et
par effet de domino ceux hors consommation). Pour ce faire, le marketeurs
doivent certes être à l'écoute des demandes des
consommateurs qui vont dans ce sens, mais aussi chercher à pousser pas
à pas la création du désir des biens et services
responsables. Il est également important de rappeler que, de leur
côté, les consommateurs ont de plus en plus facilement
accès aux informations et peuvent plus facilement se faire entendre des
entreprises.
Afin de ne pas tomber dans le greenwashing, néfaste
à l'image de marque, il est primordial de s'assurer de ne pas vanter des
qualités que l'on ne possède pas, et donc de rester humble dans
sa démarche de communication. Celle-ci doit être basée sur
la réalité des faits. D'autre part, les actions responsables
mises en place par l'entreprise et sa manière de communiquer à
leur sujet doivent rester en cohérence avec sa vocation, son image et
son histoire. Aussi, il est important que le consommateur sache pourquoi
l'entreprise met en oeuvre telle ou telle démarche et pourquoi il doit
s'y associer. Cela signifie que le marketing durable peut permettre de renouer
le lien avec le consommateur ou le citoyen, et l'impliquer davantage dans la
vie locale. Mais se pose la question de savoir si l'implication est possible
sur le long terme.
Enfin, les auteurs constatent qu'une ferveur verte est apparue
dans les modes de consommation et les modes de vie au sens large, et que le
développement durable s'immisce dans les stratégies de
développement des territoires. Cependant, nous ignorons encore s'il
s'agissait d'un pic ou d'une amorce, d'autant que la situation
économique internationale a grandement évolué depuis la
rédaction du « Manifeste du Marketing Vert ».
31
2. Le marketing territorial
Le marketing territorial est un concept qui englobe deux aspects
: un focalisé sur le territoire lui-même, appelé marketing
local (ou de proximité), et l'autre axé sur la promotion du
territoire à l'extérieur, appelé marketing extra
territorial. En premier lieu, nous allons présenter le marketing
territorial dans sa généralité, ce qui nous permettra
d'avoir une approche globale du sujet. Nous nous intéresserons ensuite
aux deux dimensions du marketing territorial, qui sont le marketing local et le
marketing extra territorial. L'objet de notre recherche étant la
communication territoriale, nous nous attacherons plus particulièrement
à ce point, notamment dans la partie où nous
différencierons les démarches locales et extra territoriales.
a) Approche globale
Le marketing reste avant tout une démarche
organisationnelle, composée de trois phases : analytique,
stratégique et opérationnelle. Le marketing territorial
n'échappe évidemment pas à cette règle. Le tableau
suivant, extrait de l'article de « HOULLIER-GUIBERT C-E, « De la
communication publique vers le marketing des territoires : approche
microsociologique de la fabrication de l'image de marque », Gestion et
management public, 2012, pp. 35-49, p.40 », résume cette
démarche organisationnelle et présente le cas de la « marque
Bretagne » à titre d'exemple.
Figure 1 : schéma de la démarche
marketing
32
Cependant, le marketing territorial présente des
caractéristiques qui le distinguent du marketing
« traditionnel ». Fabrice HATEM, conseiller
économique à la CNUCED (Conférence des Nations-Unies pour
le Développement), compte en 2007 sept particularités qui
distinguent le marketing
territorial :
- L'offre est ici un « produit » dont les
caractéristiques existent et se modifient
indépendamment de l'action de l'agence (de marketing et /
ou de communication) et des responsables et des représentants de la
collectivité ;
- Les acteurs du territoire doivent donc se coordonner pour
construire une offre attractive ;
- De son côté, le «
client » n'est pas qu'un simple consommateur et / ou investisseur mais
devient un partenaire du territoire à partir du moment où il
s'implante ;
- La notion de territoire elle-même est difficile à
définir. Elle peut correspondre à différentes
instances
allant de la ville à la région (voire même jusqu'au
territoire national) pour le cas de la France. Le « marché »
est donc difficile à définir et à appréhender ;
- De plus, les cibles du marketing territorial sont
très diverses. Il ne s'adresse donc pas à une
cible choisie
mais à plusieurs cibles hétéroclites ;
- Par conséquent, l'action de « vente » se
conçoit dans la durée.
Ainsi, toujours selon Fabrice HATEM en 2007, l'offre
territoriale est un ensemble complexe qui s'adresse à deux grands types
de cibles (les entreprises ou personnes morales et les individus ou
personnes physiques) et qui comprend :
- Pour les entreprises : le site d'implantation, l'environnement
(légal et fiscal, industriel et de
services, infrastructures, recherche...), les ressources (main
d'oeuvre, matières premières...), les partenaires
présents...
- Pour les individus (résidents et touristes) : le tissu
économique, la politique sociale,
l'environnement politique, légal et fiscal, les
infrastructures (publiques et privées), les commerces et
activités, le cadre de vie...
Nous pouvons diviser les objectifs du marketing territorial en
deux parties. D'une part, les objectifs internes (ou locaux) qui visent
à répondre aux attentes de la population et à satisfaire
ses besoins ; nous retrouvons ici les actions qui attraient à
l'animation du territoire, à l'implication de la population et à
son bien être, afin de créer chez elle un sentiment
d'identité. Les objectifs externes (ou extra territoriaux)
visent quant à eux à développer le sentiment de
fierté des citoyens et à faire rayonner le territoire
(nous définirons cette notion dans la rubrique consacrée
au marketing extra territorial). Il ne faut pas confondre l'identité,
qui traduit le fait que le citoyen se sente appartenir au territoire, et celui
de fierté, qui le poussera à communiquer positivement à
propos du territoire. Le tableau suivant, issu de « HOULLIER-GUIBERT C-E
(2009), « Evolution de la communication territoriale : les limites de
l'idéologie de la proximité », Les Enjeux de
l'information et de la communication, pp. 45-61, p.52 »,
présente les différents objectifs du marketing territorial. Il se
focalise sur les actions de communication marketing et on y trouve en exemple
la municipalité et la communauté d'agglomération de
Rennes.
33
Figure 2 : les objectifs de la communication
territoriale
La tendance actuelle en termes de marketing, et plus
particulièrement de communication territoriale, semble être de
faire passer en priorité les objectifs internes, afin
de développer à moyen terme le sentiment de fierté, et
à plus long terme de faire donner un rayonnement au territoire
(HOULLIER-GUIBERT C-E, 2009). Aussi, il apparait que davantage
d'importance est accordée à l'étude préalable de
l'identité qui correspond au territoire avant de mettre en
place les actions de communication locales : « Les politiques de
communication recherchent l'identité qui correspond le mieux à la
ville et à la population, en tenant compte de la pluralité
d'identité (Cardy, 1997) qui se construit dans un contexte
environnemental et au sein de la relation entre l'être et l'autre (Morin,
1982). Par conséquent, dans le même objectif de bien-être,
la communication passe d'actions à vocation identitaire vers des actions
à vocation de proximité avec une frontière peu
évidente. » (HOULLIER-GUIBERT C-E (2009), « Evolution de la
communication territoriale : les limites de l'idéologie de la
proximité », Les Enjeux de l'information et de la
communication, pp. 45-61, p.47)
34
Pour répondre à ces deux catégories
d'objectifs, le marketing territorial met en place trois types d'outils,
présentés par Fabrice HATEM en 2007 :
- Les outils de connaissance : statistiques, études,
enquêtes, analyse de marché ;
- Les outils de pilotage : élaboration de la
stratégie (objectifs-moyens), suivi de la mise en
oeuvre, évaluation ;
- Les outils d'action : promotion, prospection, mobilisation
des acteurs locaux, amélioration de
l'offre locale...
L'acteur du marketing territorial est l'agence,
qui peut bien entendu agir sur toutes les dimensions du marketing ou
se spécialiser sur un élément, comme la communication. En
marketing territorial, l'agence constitue un intermédiaire entre le
territoire et le client (entreprise, habitant, touriste...) (Fabrice HATEM,
2007). Aussi, les organismes qui communiquent pour le territoire sont
variés. A titre d'exemple, la région bretonne en compte
aujourd'hui trois : le Conseil Régional de Bretagne pour les habitants
de la région, le Comité Régional du Tourisme de la
Bretagne pour les touristes et l'Agence Régionale de
Développement et d'Innovation pour les entreprises. Or, chaque
organisme a en général des cibles, des objectifs et des
manières des procéder différents (HOULLIER-GUIBERT C-E,
2012).
Le marketing territorial est donc une science qui
requiert beaucoup de précautions et dont les résultats sont
souvent incertains. Elle est jeune et donc encore peu
développée et ses composante (les caractéristiques de
l'offre et les cibles) sont difficile à mesurer et ne dépendent
quasiment pas de la volonté de l'agence.
Qui plus est, « les collectivités
territoriales ont longtemps rejeté la possibilité de recours au
marketing considéré comme incohérent avec leur
mission de service public. » (ROCHETTE Corinne, (2012) « L'approche
ressources et compétences comme clé de lecture du processus
d'élaboration d'une ressource originale : la marque territoire »,
Gestion et management public, p. 4-4). Les collectivités n'ont
donc pour la plupart pas encore intégré le marketing territorial
qui reste un concept abstrait pour elles. Pour terminer avec l'approche
générale du marketing territorial, il est important de
préciser que, comme le rappelle HOULLIER-GUIBERT, le problème des
nombreuses métropoles françaises est qu'il manque une
étape dans la construction de leur stratégie de marketing : par
exemple, une offre territoriale est proposée, mais sans qu'il y ait de
réflexion sur l'identité et le socle du discours à tenir
(HOULLIER-GUIBERT C-E, 2012).
b) Le marketing local
Comme abordé précédemment, le marketing
local est donc la forme de marketing territorial qui a pour cible les acteurs
résidents du territoire, i.e. les citoyens et les entreprises. Les
responsables de la collectivité, par l'intermédiaire des agences,
cherchent ici à comprendre les besoins de ces résidents et
propose des visant à les satisfaire. En nous appuyant sur les travaux de
HOULLIER-GUIBERT C-E, nous pouvons donc dire que, de manière
synthétique, les objectifs du marketing territorial s'articulent comme
suit :
- Animer le territoire et informer les cibles pour favoriser leur
sentiment de bien être ;
- Impliquer les cibles dans l'animation pour créer un
sentiment d'identité ;
- Mettre en valeur le territoire et les actions menées aux
yeux des résidents pour développer
leur sentiment de fierté (et ainsi mieux communiquer
à l'extérieur du territoire).
35
A noter que la combinaison des notions de « bien être
» et « d'identité » territoriale constituent pour
HOULLIER-GUIBERT le « bonheur territorial » (HOULLIER-GUIBERT C-E
(2009), « Evolution de la communication territoriale : les limites de
l'idéologie de la proximité », Les Enjeux de
l'information et de la communication, pp. 45-61, p.47).
En marketing local, le positionnement du territoire doit
répondre à deux critères :
- Il doit coïncider avec l'identité
réelle du territoire. Cela permet non seulement au
positionnement choisi d'être accepté et reconnu par les acteurs
locaux, mais aussi de créer chez eux un sentiment d'attachement : «
Le positionnement doit développer un lien avec le territoire et
créer ce que des chercheurs (Mc Queen & al., 1993 ; Feldwick, 1996 ;
Heilbrunn, 1996) ont appelé une prédisposition affective
à long terme manifestée par le consommateur envers une
marque, qualifiée d'attachement à la marque. »
(HOULLIER-GUIBERT C-E (2012) : « De la communication publique vers le
marketing des territoires : approche microsociologique de la fabrication de
l'image de marque », Gestion et management public, pp. 35-49,
p.24)
- Il doit être différenciant des autres
territoires. La différenciation territoriale étant le
socle
d'une capacité de positionnement (HOULLIER-GUIBERT C-E, 2012),
il mettra en avant les avantages du territoire par rapport à ses «
concurrents ». Lorsqu'on considère la notion d'attachement à
la marque évoquée précédemment, nous pouvons en
effet penser comme HOULLIER-GUIBERT que « appréhender le
développement territorial par le marketing suppose une volonté de
différenciation (Meyronin, 2009), à caractère innovant et
développer des positionnements similaires à d'autres territoires
est une aberration stratégique (Babey & Giauque, 2009). »
(HOULLIER-GUIBERT C-E (2012) : « De la communication publique vers le
marketing des territoires : approche microsociologique de la fabrication de
l'image de marque », Gestion et management public, pp. 35-49,
p.44).
Il semble que depuis la seconde moitié des années
2000, les stratégies marketing des territoires se sont
recentrées vers la communication locale. La communication
à vocation identitaire reste importante et essentielle mais passe en
second temps, dans une logique de moyen terme (Hélène CARDY,
2011). Nous pouvons alors penser que les agences cherchent en premier lieu
à construire une offre territoriale qui réponde aux attentes des
citoyens en le faisant réagir, en l'impliquant dans l'animation du
territoire, afin de la mettre en valeur à l'extérieur par la
suite et de développer le sentiment de fierté (HOULLIER-GUIBERT
C-E (2009). Aussi, les collectivités (par l'intermédiaire des
agences), cherchent à impliquer le citoyen, ce qui rejoint la notion de
client-partenaire (ou « consommacteur ») présentée par
Fabrice HATEM en 2007 et reprise par Hélène CARDY en 2011.
En corolaire, les thèmes traités par la
communication territoriale se rapportent de plus en plus à la
citoyenneté et favorisent la relation avec le public : «
les politiques d'image de marque ont un peu cédé le pas devant
les thèmes de la citoyenneté, de la relation et plus
récemment de la médiation » (HOULLIER-GUIBERT C-E (2009),
« Evolution de la communication territoriale : les limites de
l'idéologie de la proximité », Les Enjeux de
l'information et de la communication, pp. 45-61, p.53).
Par conséquent, les collectivités cherchent
à favoriser la création de dynamiques territoriales en
leur sein. En reprenant les thèses de l'école de la
proximité, Christophe BEAURAIN nous rappelle que le territoire est
considéré comme un espace de déroulement de coordinations.
Ainsi, « les interactions alimentent un processus d'enrichissement
réciproque, surtout dans une situation d'incertitude radicale
liée à l'inscription dans le temps long des différents
acteurs » (BEAURAIN Christophe (2008) : « La construction d'un
territoire à partir des ressources environnementales :
36
l'exemple de l'agglomération dunkerquoise »,
Géographie, économie, société, pp.
365-384, p.371). A Frédéric CARLUER d'ajouter que, de leur
côté, les entreprises cherchent à intégrer
ces dynamiques territoriales dans leurs stratégies : «
Conscientes du fait que la création de valeur peut être
démultipliée par une meilleure insertion territoriale, les
entreprises (et les multinationales en particulier) s'efforcent
dorénavant de mieux prendre en compte le « facteur régional
» dans leurs stratégies de global/localisation (A.J. Scott [1999],
J.H. Dunning, J.L. Mucchielli [2002]). » (Frédéric CARLUER
(2006) : « Réseaux d'entreprises et dynamiques territoriales: une
analyse
stratégique », Géographie,
économie, société, pp. 193-214, p.202). Cette
faculté des acteurs de nouer des relations qui engendrent des
externalités spécifiques et qui favorisent la
réactivité de l'entreprise et les complémentarités
et appelée « intégration réticulaire »
(Frédéric CARLUER, 2006).
Cependant, C. BEAURAIN note qu'il n'y a pas encore
suffisamment de réflexion sur la mise en place de dynamiques collectives
facilitant l'intégration des contraintes environnementales dans les
processus de production (C. BEAURAIN, 2008). Qui plus est, ce type de
réflexion est limité par la multiplicité des visions des
objectifs environnementaux par les différents acteurs (C. BEAURAIN,
2008). Il faut ajouter qu'à l'instar des Etats dans la théorie
des avantages absolus d'Adam SMITH et de celle des avantages comparatifs de
David RICARDO, les territoires tendent à se spécialiser
dans des activités dans lesquelles ils possèdent un
avantage. Cet avantage peut être géographique,
démographique, environnemental, culturel... On peut alors penser que
certains territoires préfèrent se concentrer sur leur avantage et
le développer, plutôt que de s'inscrire dans une démarche
de développement durable (Marc-Urbain PROULX, 2006).
En conclusion, le marketing local est pour les auteurs un
élément nécessaire mais pas suffisant du marketing
territorial. Le maintien des démarches de marketing local en
général et plus particulièrement d'accompagnement à
la citoyenneté doivent rester en place pour légitimer la
création d'une « marque territoriale » en marketing extra
territorial (HOULLIER-GUIBERT C-E (2009), « Evolution de la communication
territoriale : les limites de l'idéologie de la proximité »,
Les Enjeux de l'information et de la communication, pp. 45-61, p.56).
De plus, ESHUIS, KLIJN et BRAUN montrent que participation des citoyens au
branding territorial peut permettre d'améliorer la qualité de la
marque et d'autre part d'intégrer les émotions des citoyens dans
les processus de gouvernance, et ainsi prévenir la contestation des
citoyens (Jasper ESHUIS, Erik-Hans KLIJN et Erik BRAUN, 2014).
c) Le marketing extra territorial
Le marketing extra territorial est essentiel pour promouvoir le
territoire à l'extérieur, que ce soit auprès des individus
ou des entreprises. Or, dans les deux cas, on assiste aujourd'hui
à une hausse de la concurrence entre les territoires, due
principalement à l'essor du tourisme qui coïncide avec la
progression économique des pays émergents et la simplification
des transports (au niveau national et international), mais aussi à la
mobilité des firmes, qui recherchent les meilleurs endroits pour
produire et pour vendre.
Fabrice HATEM confirme ces faits. D'une part, pour l'aspect
touristique, il explique que les collectivités françaises doivent
à la fois s'adresser à des cibles de plus en plus diverses en
termes d'origine géographique, de comportements de consommation..., et
sont d'un autre côté en concurrence avec d'autres destinations de
plus en plus nombreuses et variées. Il semble également qu'au
niveau national, on assiste à une diversification des destinations et
à une répartition des flux touristique qui tend à
s'équilibrer (Fabrice HATEM, 2007). D'autre part, concernant le
marché des
37
investissements, on constate que le nombre de projets
portés par les entreprises est inférieur aux capacités
d'implantation proposées par les territoires. De plus, les territoires
font face à une concurrence internationale qui, même si elle
ralentie, reste en progression (Fabrice HATEM, 2007). Enfin, les territoires
sont en concurrence pour accueillir les individus urbains, mobiles,
connectés et ayant des compétences élevées, aussi
désignés sous le terme de « classes créatives »
(Richard FLORIDA, 2002).
L'ouverture économique croissante des territoires
entraîne donc une dépendance accrue aux incertitudes
externes. En particulier, une fraction croissante de l'investissement
et des créations d'emplois sur le territoire est liée à
des processus de décision impliquant une mise en compétition de
ce territoire avec d'autres (Fabrice HATEM, 2007). D'autre part, les
collectivités peuvent de moins en moins compter sur les firmes
multinationales car elles ont adopté des stratégies de production
internationales ; les entreprises locales sont des partenaires
prépondérants (Marc-Urbain PROULX, 2006).
Nous assistons ainsi à la formation de nouveaux types de
relations entre territoires et entreprises : la « solidarité
naturelle » (Fabrice HATEM, 2007) qui prévalait laisse
place à la « coopération choisie » (Fabrice
HATEM, 2007). Les territoires sont en compétition pour attirer les
firmes et les projets nationaux et internationaux. Différentes
politiques de promotion et de prospection sont donc mises en oeuvre aux niveaux
national, régional et local (Fabrice HATEM, 2007).
Ces dispositifs de promotion et de prospection entrainent une
nécessité pour les territoires de se distinguer
(Marc-Urbain PROULX, 2006). Pour ce faire, ceux-ci investissent le
champ marketing stratégique et développent des marques
région, ou marques territoire. Il est important de noter la
singularité de ces marques : « La marque territoire n'est pas une
marque commerciale comme les autres. D'abord parce qu'elle est avant tout
attachée à un espace physique, et ensuite parce qu'elle
réunit des offres très variées (touristique, formation et
avec ses écoles et ses universités, santé avec ses
hôpitaux, économique avec ses industries, ses pôles de
compétitivité,...) mais aussi une qualité de vie, une
culture, un mode de vie. » (Corinne ROCHETTE (2012) : « L'approche
ressources et compétences comme clé de lecture du processus
d'élaboration d'une ressource originale : la marque territoire »,
Gestion et management public, p. 4-4).
Du fait de leur singularité et de la compétition
pour accueillir les flux humains, financiers et économiques, les
collectivités territoriales doivent se différencier : « la
différenciation territoriale est le socle d'une capacité
pertinente de positionnement territorial. » (HOULLIER-GUIBERT C-E (2012) :
« De la communication publique vers le marketing des territoires :
approche microsociologique de la fabrication de l'image de marque »,
Gestion et management public, pp. 35-49, p.45).
Comme nous l'avons vu précédemment, les
collectivités cherchent d'abord à impliquer la population et
à déterminer leur propre identité pour créer leur
code de marque. Dans cette optique, les agences (qui se chargent de
créer l'image du territoire) misent sur la consultation de la
population : « La consultation de la population est
nécessaire pour la sensibiliser à la démarche
participative de fabrication de la marque. » (HOULLIER-GUIBERT C-E (2012)
: « De la communication publique vers le marketing des territoires :
approche microsociologique de la fabrication de l'image de
marque », Gestion et management public, pp. 35-49,
p.39). Pour le cas de la marque Bretagne, cette consultation passe par exemple
par création d'un blog « Bretagne qui es-tu » et la
réalisation d'enquêtes qualitatives et quantitatives auprès
de la population. HOULLIER-GUIBERT ajoute que l'implication de la population
dans le cadre de ce type de démarche passe majoritairement par sa
médiatisation (HOULLIER-GUIBERT C-E (2012). De ce fait, la
fabrication de l'image de marque
38
constitue une étape supplémentaire en
matière de mobilisation des acteurs du développement
territorial.
Pour l'exemple de la marque Bretagne, les agences se sont donc
basées sur l'identité de ce territoire (l'esprit des lieux, le
caractère maritime, le patrimoine culturel...) qu'elles ont pu analyser
en faisant appel à la participation populaire. Le code de marque a ainsi
pu être créé : les valeurs et le positionnement de la
région, un logo, des mots clés... Ce code prend alors la forme
d'un label car il est réservé aux partenaires
sélectionnés par un comité de marque. Les objectifs sont
de fidéliser les entités qui adhèrent à la marque
et de leur apporter outil de communication pour eux, le code de marque
étant alors utilisé comme une boîte à outils pour
homogénéiser les discours (HOULLIER-GUIBERT C-E (2012).
Nous nous devons également de mentionner les
palmarès, qui constituent un outil important de branding territorial.
Ils sont en premier lieu des instruments de marketing local dans la mesure
où ils constituent une feuille de route pour les décideurs, qui
sont incités à mettre en place les actions nécessaires
pour que la collectivité dont ils ont la charge figure dans le
palmarès. Ils deviennent ensuite des outils de communication externe car
ils favorisent le sentiment de fierté des citoyens et sont
médiatisés ; constituent donc un « gage de qualité
» (Hélène CARDY, 2011).
Via le branding territorial, les collectivités
souhaitent générer un rayonnement culturel. Le
rayonnement culturel est défini par Jérôme BARAY comme le
niveau de diffusion d'une culture, son influence et sa capacité à
séduire et à attirer (Jérôme BARAY, 2008). Nous
pouvons donner à titre d'exemple le fort rayonnement culturel de Paris
sur les provinces françaises qui existait jusqu'au début des
années 1990, et qui est toujours percevable aujourd'hui. Le rayonnement
est issu de facteurs internes (investissements publics, l'accessibilité,
les stocks de savoir, le degré de diversification ou de
spécialisation des activités...) et externes (facilités
d'implantation & de développement des E, localisation des
équipements de haut niveau, les localisations résidentielles...)
(Jérôme BARAY, 2008).
Synthèse :
Le marketing territorial est donc singulier : l'offre et les
cibles sont difficiles à déterminer et ne dépendent que
partiellement de la volonté des responsables des collectivités et
des agence de marketing et de communication.
Il semble qu'après une période d'hésitation,
durant laquelle les communautés territoriales rejetaient le marketing ou
mettaient en avant son aspect externe, cette science s'immisce dans leurs
stratégies. La tendance est donc de construire en premier lieu une offre
territoriale complète avant de communiquer en dehors du territoire.
Dans cette optique, les collectivités cherchent à
construire une offre à la foi en rapport avec l'identité du
territoire et différenciatrice. Aussi les territoires cherchent-ils
à se spécialiser dans des activités dans lesquelles ils
possèdent un avantage, à impliquer la population et à
développer son sentiment d'identité. Sous différents
angles, la communication locale traite de plus en plus les thèmes
liés à la citoyenneté et favorise la relation avec le
public.
Afin de mieux impliquer les entreprises et les citoyens
résidents, les collectivités cherchent à mettre ne place
des dynamiques mettant en relation les trois entités
(collectivités, entreprises et citoyens). On note que les entreprises
expriment une volonté d'intégrer ces dynamiques, dans une optique
de « localisation » de leurs stratégies de
développement. De plus, elles sont plutôt favorables à
une
39
meilleure intégration de la dimension environnementale
dans leur processus de production. Mais il n'y a pour le moment pas
suffisamment de réflexion sur l'intégration de ces contraintes
environnementales au sein des dynamiques.
En matière de marketing extra territorial,
l'évolution majeure de ces 20 dernières années est
l'accroissement de la concurrence entre les territoires, que ce soit au niveau
national ou international. Cela rend nécessaire la distinction des
territoires et la fidélisation des acteurs. Les collectivités
cherchent donc à créer une image basée sur leur
identité et leurs spécialisations. Le but est d'augmenter leur
rayonnement culturel, mais nous nous rendons également compte que le
branding permet mobiliser et impliquer les acteurs du développement
territorial via leur consultation.
Section 3 : présentation des hypothèses
de recherche
L'étude de la situation de la gestion des déchets
en France nous a permis de mieux comprendre le fonctionnement et les enjeux de
cette activité et de définir le cadre de notre recherche. Nous
avons vu notamment que cette politique de gestion est
déléguée aux collectivités territoriales, et plus
précisément que les régions et les départements
fixent les grandes lignes stratégiques, stratégies ensuite mises
en place par les communes et les agglomérations. Les politiques visent
en premier lieu à prévenir la production de déchets ; en
ce qui concerne leur gestion proprement dite, la priorité est au
recyclage, puis à la valorisation matière (i.e. les deux sujets
qui nous intéressent dans cet ouvrage). Viennent ensuite la valorisation
énergétique (méthanisation ou combustion avec
récupération énergétique) et la destruction
(incinération ou enfouissement), qui doit être
considérée comme une « solution de dernier recours
».
Dans le but de remplir ces objectifs et de réduire les
coûts de la gestion des déchets, les collectivités de type
commune et agglomération mettent en place des dynamiques territoriales
mettant en collaboration entreprises, citoyens et collectivités (et
parfois organismes nationaux tels que l'Agence de l'Environnement et de la
Maitrise de l'Energie). Surtout pour les déchets des entreprises, le
recyclage et la valorisation matière sont en général
effectués par des entreprises spécialisées et multi
régionales. Les collectivités, qui sont en charge plus
particulièrement des déchets ménagers, y font appel pour
le recyclage des matières qu'elles isolent (plastique, carton,
métaux...) via le tri sélectif des citoyens. La valorisation
énergétique est en général effectuée par
leurs soins, au moyen d'incinérateurs et de méthaniseurs publics
(dans le sens qu'ils n'appartiennent pas à des sociétés
privées). Le tri est quant à lui directement effectué par
les citoyens ou les entreprises, mais peut aussi selon les cas être le
fait d'organismes spécialisés, et de plus en plus à
vocation sociale, comme les centres d'aide par le travail.
L'étude des ouvrages traitant du marketing durable nous a
permis de retenir que :
- L'organisation (entreprise, collectivité...) doit
construire son offre et sa stratégie de
communication sur la réalité des faits et en
cohérence avec a vocation, son image et son histoire ;
- Dans un contexte ou les individus sont de plus en plus
informés, le greenwashing est néfaste à l'image de
l'organisation à moyen et long terme ;
- Le marketing durable peut permettre d'accentuer le lien avec le
consommateur ou le citoyen, mais se pose encore la question de la
durabilité de se lien ;
40
- Une ferveur verte est apparue, mais nous ne savons pas encore
s'il s'agissait d'un pic pré-
récession ou d'une amorce.
Les textes à propos du marketing territorial nous on quant
à eux appris que :
- Après période d'hésitation, le marketing
territorial s'immisce dans les stratégies de
collectivités ;
- On constate un accroissement de la concurrence entre les
territoires ;
- Les collectivités cherchent à construire une
offre complète à la foi en rapport avec l'identité
du
territoire et différenciatrice ;
- La construction de cette offre passe principalement par la
spécialisation dans les activités
dans lesquelles elles ont un avantage et par la consultation et
l'implication de la population ; - Aussi, la communication locale traite de
plus en plus les thèmes liés à la citoyenneté et
favorise la relation avec le public ;
- Pour améliorer l'efficacité de la gestion des
déchets et impliquer les acteurs du territoire,
les
collectivités créent des dynamiques locales les mettant en
relation ;
- Mais las réflexion sur l'intégration des
contraintes environnementales dans ces dynamiques
n'est pas encore assez
poussée ;
- Ensuite, via le branding territorial, les collectivités
cherchent à attirer les entreprises et
individus non résidents
;
- Enfin le branding permet aussi d'impliquer la population dans
les questions locales et de
développer son sentiment de
fierté.
Au vue de ces apprentissages, nous sommes en mesure
d'émettre des hypothèses répondant à notre question
initiale : « Quelles sont les opportunités en termes de
communication territoriale des initiatives locales axées sur le
recyclage ? »
Hypothèse 1 : Les opportunités en termes de
communication locale
- H1.1 : Cela permet de mieux impliquer les citoyens dans les
comportements responsables
- H1.2 : Cela permet de mieux impliquer les entreprises dans les
comportements responsables
- H1.3 : C'est un vecteur d'animation du territoire
- H1.4 : Cela permet d'être plus proche du citoyen et de
tisser un lien avec lui
- H1.5 : C'est un élément créateur de
sentiment d'identité des acteurs territoriaux
Hypothèse 2 : Les opportunités en termes de
communication extra territoriale
- H2.1 : Ces initiatives sont créatrices d'une offre
différenciatrice car elles sont encore peu
mises en avant au niveau national
- H2.2 : Cela peut être un élément de
communication touristique
- H2.3 : Cela peut susciter l'intérêt des
entreprises et des individus (principalement les classes
créatives)
non résidents
- H2.4 : Cela permet de développer le sentiment de
fierté des acteurs territoriaux
41
Partie 2 : Approche empirique
Chapitre 1 : Analyse des résultats
Dans cet ouvrage, nous cherchons à identifier les
éventuelles opportunités de communication territoriale pour les
collectivités mettant en place des initiatives axées sur le
recyclage. Suite à l'étude des différents concepts
existants à ce sujet, nous avons pu émettre des hypothèses
concernant d'une part la communication locale et d'autre part la communication
extra territoriale. Il s'agit à présent de mettre en place les
outils d'analyses nécessaires à confirmer ou infirmer nos
hypothèses.
Section 1 : Présentation de la
méthodologie
La communication territoriale, à l'instar de la
communication marketing classique, répond à trois types
d'objectifs :
- Les objectifs cognitifs, qui rendent visible et reconnaissable
la marque aux yeux de la cible ;
- Les objectifs affectifs, qui cherchent à créer
des sentiments positifs chez la cible ;
- Les objectifs conatifs, qui attraient au comportement de la
cible face à la marque.
Nous pouvons ainsi déduire que nous devons mettre en place
des instruments de mesure tant quantitatifs que qualitatifs. Au vue de nos
hypothèses, nous donnerons une plus grande importance aux instruments
qualitatifs, plus adéquats.
D'autre part, nous avons identifié deux grands types de
cibles de la communication :
- Les entreprises : celles déjà implantées
sur le territoire (communication locale) et celles hors
du territoire (communication extra territoriale)
- Les individus : ceux résidents sur le territoire
(communication locale), les touristes et les
potentiels résidents
issus des classes créatives (communication extra territoriale)
Pour ces raisons, nous souhaitons récolter des
données chiffrées et qualitatives provenant :
- Des responsables des collectivités locales,
idéalement affectés aux services de
communication et en lien avec le développement durable
- Des entreprises locales et non résidentes
- Des individus résidents et non résidents.
Nous avons donc choisi de construire notre méthodologie de
recherche sur quatre outils :
- Des entretiens semi directifs, ou à défaut des
questionnaires ouverts, adressés aux
responsables des collectivités, dans le but d'obtenir des
données qualitatives sur la communication locale et extra
territoriale
- Des entretiens semi directifs, ou à défaut des
questionnaires ouverts, adressés aux
responsables communication ou
aux dirigeants d'entreprises, dans le but d'obtenir des données
qualitatives sur les motivations d'ancrage ou d'expatriation des entreprises et
leur lien avec la question du recyclage ;
42
- Un questionnaire5 destiné aux citoyens
résidents ou non, dans le but d'obtenir des données quantitatives
et qualitatives sur leurs motivations et leurs comportements face à la
question du recyclage dans les collectivités territoriales ;
- Des documents sur la politique de gestion des déchets de
différentes communes et agglomérations dans le but d'obtenir des
données chiffrées sur les résultats de ces politiques.
Compte tenu des moyens financiers et humains dont nous disposons,
de la portée de notre réseau et du délai imparti, nous
avons décidé de :
- Limiter le nombre d'entretiens et favoriser leur qualité
;
- Insister sur l'importance de répondre au questionnaire
si l'entretien est impossible, en
utilisant la technique de négociation dite de la «
porte au nez » ;
- Promouvoir le questionnaire destiné aux individus via le
réseau social Facebook et par
courriel.
Cette stratégie nous a permis d'obtenir les
résultats suivants :
- Un entretien semi directif d'une heure avec Mr Thierry BILLET,
adjoint à la mairie d'Annecy à
l'environnement et membre de la commission environnement (gestion
des déchets et de l'eau) de la Communauté d'Agglomération
d'Annecy (A)
- Le point de vue de Mme Valérie LAURENT, responsable
du service de gestion des déchets à la A, via ses réponses
au questionnaire utilisé lors de l'entretien avec Thierry BILLET
- Le point de vue de Florian PALLUEL, responsable environnement
merchandising et communication web chez Picture Organic Clothing6,
via un entretien semi directif de dix minutes. Cet entretien fut
réalisé en tant que « parenthèse » dans le cadre
empirique d'une autre recherche portant sur la mise en place de
l'économie circulaire au sein des entreprises ;
- Des données chiffrées sur le comportement de
citoyens résidents Annecy et d'autres communes, ainsi que leur point de
vue. Les répondants à ce questionnaire sont au nombre de 68 ;
- Le rapport de l'année 2013 sur la situation en
matière de développement durable de la ville
d'Annecy, ainsi
que le rapport 2011 du service de gestion des déchets de la A ;
- Nous avons également étudié le programme
de Mr le maire d'Annecy, Jean-Luc RIGAUT, réélu en mars 2014.
Cela nous a permis de mieux appréhender la politique à venir en
matière d'environnement et surtout de gestion des déchets.
Il est vrai que pour une analyse de meilleure qualité, le
volume de données pourrait être plus étoffé,
notamment en ce qui concerne le point de vue des responsables des
collectivités et d'entreprises. Il aurait par exemple été
opportun de pouvoir interroger des personnes occupant les mêmes fonctions
mais dans d'autres collectivités territoriales. Toute chose égale
par ailleurs, cette méthodologie nous a tout de même permis de
récolter des données de qualité et permettant de
répondre plus à nos hypothèses de recherche.
5 Bien que cela soit discutable sur le plan
expérimental, nous avons choisi de ne poser que des questions à
choix unique dans ce questionnaire. L'intérêt est d'inciter les
répondants à ne choisir que les éléments les plus
importants à leurs yeux et ainsi d'éviter le biais psychologique
les réponses « populistes », qui conduiraient les individus
à cocher un grand nombre de choix à la foi par simplicité
de réponse et pour se donner bonne conscience sur leur comportement
vis-à-vis du recyclage.
6 Picture Organic Clothing, ou plus simplement
Picture, est une entreprise annécienne créée en 2008. Elle
produit et commercialise en Europe des vêtements d'été,
d'hivers et de ski composés en partie ou en totalité de textile
biologique et / ou recyclé.
43
Section 2 : Mise à l'épreuve des
hypothèses
Les résultats obtenus par l'utilisation des entretiens et
des questionnaires nous ont apporté des éléments de
réponse plus ou moins précis sur les hypothèses
formulées.
Afin de rendre plus claire cette partie empirique, nous
répondrons d'abord aux hypothèses concernant la communication
locale, puis celles relatives à la communication extra territoriale.
1. Hypothèses concernant la communication locale
La Communauté d'Agglomération d'Annecy (A) est
compétente en matière de déchets depuis janvier 2002, date
du transfert de la compétence communale. Les décisions sont
prises au sein de la « Commission Environnement », qui a en
réalité la charge de la gestion des déchets et de l'eau
potable. Elle assure en régie la collecte des déchets et en
prestation, la gestion des déchèteries. Après avoir mis en
oeuvre en 2003 la collecte sélective des ménages, la politique
actuelle est une politique de prévention (engagée dans un
Programme Local de Prévention des déchets avec l'ADEME) tout en
optimisant les performances du service (en termes de tournées mais aussi
de qualité du tri). Il faut également savoir que pendant
longtemps, le sujet des déchets n'existait pas car les communes ne
payaient rien sur la production de leurs déchets. Seuls la collecte et
le tri des papiers et cartons était déjà en place depuis
2005 dans le cadre des Agendas 21.
La politique de gestion des déchets a connu deux
évolutions majeures ces six dernières années. En 2008,
trois initiatives furent mises en oeuvre. D'abord, la création d'un
label pour les éco manifestations et la sensibilisation des
organisateurs événementiels ont forcé ces derniers
à mettre en place des dispositifs de tri. Ensuite, la collecte des
cartons dans les zones industrielles et commerçantes fut un grand
succès car elle permet aujourd'hui de réorienter environ neuf
tonnes par semaines (uniquement pour l'hyper centre d'Annecy) de ce
matériau qui partait avant en incinération. Parallèlement
à cela, la redevance spéciale (RS) sur les BID a
été votée en échange du service d'enlèvement
des cartons et pour responsabiliser les commerçants et les associations
sur le tri de leurs déchets.
Le second tournant politique fut initié en 2011. Suite
à l'application de la RS, services communaux doivent aussi participer au
financement de la gestion des déchets. Cela a amené une
réelle prise de conscience de la nécessité de
réduire leur volume global de déchets et de mieux les trier :
« Quand ça commence à coûter des sous, on se dit qu'il
faut faire quelque chose » (Thierry BILLET, 2014). Dans un premier temps,
les communes ont donc supprimé leur nombre total de bacs de collecte, ce
qui a mécaniquement fait baisser le volume global de déchets.
Elles ont également consenti des efforts sur le tri via la
sensibilisation du personnel. Etant donné que ces actions n'ont pas
suffisamment fait diminuer la facture, la prochaine étape, qui est
actuellement en cours d'application, est de responsabiliser chaque service en
divisant la somme due par la commune. Chaque service (vie scolaire, sports,
voirie...) devra donc mettre en place les moyens nécessaires pour
réduire au maximum sa facture, qui constituera un poids sur leur budget.
De plus, la mairie ne fait pas payer les bacs pour le tri, il y a donc double
effet d'incitation.
En d'autres termes, la démarche de prévention des
déchets est accentuée. La volonté de Thierry BILLET est
d'étendre cette démarche de prévention aux entreprises,
qui sont pour le moment laissées de côté sur ce plan :
« La collecte des cartons a été bien accueillie [...] mais
le bémol est que
44
l'agglo n'est pas rentrée avec les entreprises dans une
logique de prévention des déchets » (Thierry BILLET,
2014).
Les déchets ménagers parviennent aux services de
l'agglomération par deux moyens : la collecte des poubelles (une fois
par semaine pour les papiers, cartons, métaux, plastiques et deux
à trois fois par semaine pour les déchets non triés) et
les dépôts en déchetterie ou dans les collecteurs
spéciaux (pour le verre par exemple). Ils sont ensuite traités
comme indiqué sur le schéma suivant :
Les ménages sont concernés par la taxe
d'enlèvement des ordures ménagères (TOEM). La
difficulté annécienne est que malgré une bonne
exécution des gestes de tri de la population, les services de
l'agglomération ne parviennent pas à faire baisser cette taxe car
les coûts de gestion des déchets, et notamment de
l'incinération, ne cessent d'augmenter, en raison du durcissement des
contraintes environnementales.
Les ménages sont concernés par la taxe
d'enlèvement des ordures ménagères (TOEM). La
difficulté annécienne est que malgré une bonne
exécution des gestes de tri de la population, les services de
l'agglomération ne parviennent pas à faire baisser cette taxe car
les coûts de gestion des déchets, et notamment de
l'incinération, ne cessent d'augmenter, en raison du durcissement des
contraintes environnementales.
Cela n'empêche pas les citoyens d'exprimer une
volonté d'aller plus loin dans la gestion des déchets en ce qui
concerne la prévention et le recyclage. Premièrement, la
totalité du panel interrogé s'accorde à dire que le
recyclage « est un thème auquel ils accordent de l'importance
», alors qu'ils
45
ne sont que 37% à se sentir « totalement
impliqué » ou « très impliqué » dans la
politique de gestion des déchets en place. Autre fait marquant, ils sont
69% à déclarer ne pas se renseigner sur la politique de gestion
des déchets de leur commune. Ensuite, on constate que 81% d'entre eux
estiment que la commune dans laquelle ils vivent doit aller plus loin en
matière de recyclage. Parmi eux, 38% pensent que le recyclage doit
être « une priorité ».
Vous sentez-vous impliqué dans la politique de
gestion des déchets mise en place dans votre commune ?
totalement impliqué très impliqué
assez peu impliqué pas du tout impliqué
19
44
6
31
Dans la politique environnementale de votre commune, vous
pensez que le RECYCLAGE doit
6 être une priorité
avoir une importance moyenne avoir une importance marginale ne
pas avoir d'importance
38
56
Le premier élément proposé pour avancer dans
ce sens est la communication et l'information (35%) ; viennent ensuite la
création de partenariats avec des entreprises et l'augmentation du
nombre de lieux de collecte (22% chacun), les aides financières (13%) et
la mise en place de centres publics dédiés au recyclage (9%). Ce
fait est compréhensible quand on sait que les trois quart des
répondants ne se sentent pas suffisamment informés sur la gestion
des déchets. D'autre part, Thierry BILLET nous explique que cette
volonté d'aller plus loin est aussi due à la confiance qu'ont les
citoyens en la qualité du service public, pour ce qui est du cas
d'Annecy du moins. Ils ont la certitude que les déchets seront
traités de manière adéquate et que personne n'en tirera
profit.
Aujourd'hui, le recyclage est donc au coeur du dispositif de la A
: « preuve en est la mise en place des nouvelles filières de
manière continue sur nos déchèteries ou au niveau des
habitants : compostage, lombricompostage et compostage partagé en pied
d'immeuble, DEEE en 2010, textile en 2011, mobilier en 2013...collecte des
cartons des commerçants du centre-ville en 2012 » (Valérie
LAURENT, 2014). Ces initiatives montrent la volonté de la
collectivité d'aller plus loin en matière de recyclage.
Cependant, cette tâche est difficile car il y a encore un décalage
idéologique entre les décideurs politiques (que ce soit à
la mairie ou au siège de l'agglomération) et la population sur
cette question : « je suis persuadé que le frein à en faire
encore plus n'est pas chez les gens mais chez les élus. » (Thierry
BILLET, 2014).
Concernant le cas d'Annecy, la mise en place d'initiatives
liées au recyclage a donc très peu d'effets sur l'implication des
entreprises. Le modèle existant laisse davantage le champ à la
coopération entre
46
L'agglomération d'Annecy est donc une ville qui a fait des
progrès importants ces dix dernières années en
matière d'initiatives sur le recyclage, mais qui souffre encore d'une
certaine inertie politique. Face à cela, nous remarquons que les
citoyens, annéciens ou non, expriment une volonté de
progrès. Cependant, nous ne pouvons pas réellement parler
d'implication proprement dite. En effet, les citoyens demandent à ce que
des actions soient mises en placent et les accueillent favorablement une fois
établies, de part la confiance qu'ils ont en le service public. Mais
force est de constater qu'ils ne se sentent pas pour autant très
impliqués dans ces actions et qu'ils ne cherchent pas
spécialement à se renseigner. Nous pouvons donc parler
d'une volonté de leur part, mais pas d'implication : la
collectivité doit prendre les devants et être force de
proposition. L'hypothèse H1.1 est donc
réfutée.
Pour ce qui concerne les entreprises, nous avons vu que l'action
de la A est relativement restreinte. La politique générale
était jusqu'il y a peu de leur laisser le soin de la gestion des
déchets, partant du constats qu'elles ont des obligations légales
décidées au niveau national et qu'elles font en
général appel à une entité privée pour
gérer leurs déchets.
La situation a commencé à changer en 2008 avec la
mise en place d'un label « Eco Manifestation » pour sensibiliser les
organisateurs d'évènements au tri. Est venue ensuite la RS et la
collecte des cartons qui, aux dires de Mme Valérie LAURENT, était
une demande initiale des commerçants du centre annécien. L'effet
de ce système a donc permis :
- De sensibiliser les commerçants et les industriels au
tri sélectif ;
- De réduire fortement le volume de papiers et cartons
partant à l'incinération et des le
réorienter vers le recyclage ;
- De résoudre les problèmes de stockages des
commerçants, et en corollaire d'améliorer la propreté
urbaine car lesdits cartons ne sont plus laissés sur le trottoir en
ville.
Cependant, les réflexions autour de l'accompagnement des
entreprises sont encore très récentes et embryonnaires : «
jusqu'il y a encore trois ans, c'était un sujet tabou, idéaliste
; depuis, il y a eu une évolution des mentalités » (Thierry
BILLET, 2014). Bien que la volonté à terme soit de favoriser les
circuits courts de recyclage, les exemples de partenariats sont encore rares et
peu développés. Nous pouvons citer celui de Wood Stock Creation,
qui transforme des palettes récupérées dans les
différentes décharges de l'agglomération, et qui
proviennent initialement d'entreprises qui s'en sont
débarrassées. Mais là encore, la majeure partie des
approvisionnements en bois et en textile (les deux matières principales
qu'elle utilise) sont en majorité réalisés directement
auprès d'entreprises locales. Nous sommes donc la plupart du temps dans
un biptyque « entreprises classiques / entreprises de recyclage ». Mr
Florian PALLUEL confirme ces propos : « Finalement, ce n'est pas tant la A
mais bien des clusters comme l'OSV qui sont importants et qui ont ce rôle
de coordination. » (Florian PALLUEL, 2014).
Enfin, la A et la ville d'Annecy ne cherchent pas à
communiquer auprès des entreprises
« classiques » pour les sensibiliser. Elles jouent un
rôle d'intermédiaire de communication entre les entreprises et les
associations de tri et de recyclage telles que (Tri Vallées, Roul Eco,
Bazar Sans Frontière, WSC...) et les entreprises productrices de
déchets mais là encore ce rôle est limité.
47
entreprises privées sous forme de partenariats (Millet et
WSC par exemple7) ou sous forme de prestation de services. Aussi,
les entreprises sont soumises à des obligations légales sur la
prévention et la gestion des déchets. La collectivité joue
parfois un rôle d'intermédiaire pour l'approvisionnement et / ou
pour la communication entre firmes. Les projets de collaboration entre les
trois entités sont encore embryonnaires mais tendent à se
développer, mais sont à notre connaissance plutôt
axés sur les opportunités commerciale à l'heure
actuelle8. Il est nécessaire d'étudier
d'autres cas que celui dont nous disposons, mais nous pouvons avancer que
l'hypothèse H1.2 est réfutée, au titre que les entreprises
productrices de déchets se basent davantage sur les entreprises de
gestion pour s'impliquer dans le recyclage. De plus, la logique
entrepreneuriale laisse supposer que ce type de démarche est
plutôt le fait de la volonté de la direction. Les
collectivités ont tout de même un moyen d'action : favoriser la
création d'entreprises et d'associations de recyclage et / ou de
tri.
En termes d'animation du territoire, les initiatives
exclusivement axées sur le recyclage existent mais n'occupent pas une
place très importante. Encore une foi, nous sortons tout juste d'une
période où ce thème ne faisait pas partie des
préoccupations politiques. Comme nous l'explique T. BILLET : « Les
élus étaient dans une logique de dire que l'incinération
est une méthode propre [...] l'affaire des mâchefers d'Avernioz,
qui a coûté plusieurs centaines de milliers d'euros à la
collectivité, a fait prendre conscience que l'incinération
n'était pas la solution miracle » (Thierry BILLET, 2014). Là
encore, la question des coûts a un rôle important : alors que
traiter une tonne de mâchefers coûtait environ 13€ il y a
quatre ans, ce montant est aujourd'hui passé à 50€. De plus,
l'efficacité thermique des usines d'incinération
annéciennes est ridicule (10% pour celle de Chavanod) par rapport
à leur bilan carbone. Tous ces éléments ont conduit
à un mécontentement de la population et donc à une
nécessité d'agir.
Pour répondre aux problèmes de
l'incinération et des mâchefers, la A a mis en place trois actions
:
- L'isolement des mâchefers par injection d'argile et la
décantation des eaux d'infiltration sur le
site d'Avernioz ;
- L'amélioration des performances de l'incinérateur
de Chavanod (environ 80 millions € de travaux), la construction d'une
usine de méthanisation des boues (environ 7 millions €) et de
centre de compostage des déchets verts (environ 10 millions €) ;
- L'utilisation d'une partie des mâchefers en remblai
routier et l'investissement avec la région
Rhône-Alpes dans la recherche sur un processus de
vitrification pour les rendre inertes.
L'installation de trente bornes de compostage au sein de
complexes immobiliers est également une action allant dans le sens de
l'animation du territoire, au sens que cela fait réagir (plutôt
positivement) les citoyens et entraine la mise en place d'organisations entre
eux pour la gestion de ces bornes, ce qui crée du lien social. La
commune d'Annecy souhaite aller plus loin dans ce sens et créer des
bornes de don disposées en ville. Il existe également une
volonté de valoriser par la communication les associations qui
récupèrent des produits en fin de vie pour les redistribuer ou
les revendre.
En matière d'animation évènementielle, il
n'y a pas de manifestation exclusivement réservées au recyclage.
Ces évènements regroupent plusieurs thèmes du
développement durable ; nous pouvons citer à titre d'exemple le
« Village du Développement Durable » organisé les
1er et 2 avril 2014. Il faut
7 Millet, producteur de matériel de sports
outdoor et WSC ont établi début 2014 un partenariat basé
sur le recyclage créatif. Concrètement, WSC dispose des produits
en fin de vie récupérés par Millet auprès de ses
clients et les transforme en outils de promotion de type « goodies »,
qu'elle revend ensuite à Millet.
8 Pour des raisons de secret commercial, nous ne
pouvons nous avancer davantage sur le sujet.
48
tout de même noter que le recyclage a une place importante
dans ces évènements, qui permettent à la fois de
sensibiliser la population et de faire se rencontrer les acteurs professionnels
du secteur.
Enfin, le sondage montre que plus de la moitié (53%) des
répondants estiment que les dirigeants locaux ne sont pas à
l'écoute de leurs attentes en termes de politique de gestion des
déchets. On en conclu qu'il y a encore un réel manque d'animation
locale sur le sujet, d'autant que 34% de ces insatisfaits souhaitent qu'il y
ait plus de communication et 20% que les démarches soient
simplifiées.
La priorité de l'agglomération d'Annecy en
matière d'animation du territoire est donc l'amélioration des
outils existants pour répondre au mécontentement populaire. La
construction d'instruments plus poussés comme une recyclerie n'est pour
l'instant pas d'actualité. Les manifestations et initiatives urbaines
organisées spécifiquement autour du recyclage sont rares mais on
remarque une volonté de progression dans ce sens. Ces
éléments nous permettent de confirmer l'hypothèse H1.3,
sous réserve encore une foi que la collectivité soit à
l'origine des démarches.
Les questions de l'implication du citoyen et de l'animation du
territoire nous amène à nous intéresser à celle de
la relation entre la collectivité et l'individu. Grâce à la
communication locale, les communautés territoriales cherchent aussi
à créer un lien avec la population, afin de mieux comprendre son
identité ses attentes et de l'impliquer. Il s'agit en fait d'un cercle
où le lien crée de l'implication, qui renforce le lien
qu'entretien le citoyen vis-à-vis de la collectivité.
Nous avons vu que la A accorde une certaine importance à
la sensibilisation à la fois aux gestes de tri et de recyclage et
à la prévention des déchets. Cela passe notamment par la
communication de terrain, via les « ambassadeurs du tri ».
Encadrés par un technicien en charge de la prévention et du tri,
ces ambassadeurs mènes des actions de communication de terrain
permanentes : sensibilisation en porte à porte, contrôles de
terrain, animation de stand, visite de centre de tri ou
déchèteries... Aussi, des caractérisations de
tournées sont effectuées régulièrement afin de
prendre si besoin des mesures de suivi et sensibilisation ciblées. Il y
a donc une volonté de la part de la collectivité territoriale
d'aller vers la population pour échanger sur le sujet du recyclage,
même si cette volonté reste freinée par l'inertie politique
dont nous avons déjà parlé.
49
De leur côté, les citoyens sont disposés
à développer ce lien avec la collectivité. On remarque que
la totalité des répondants accordent de l'importance au
thème du recyclage et que comme nous le rappellent T. BILLET et V.
LAURENT, les actions mises en place sont toujours bien reçues. Qui plus
est, d'après ces responsables des services de gestion des
déchets, les individus font confiance au service rendu par la A et
savent qu'il est de qualité. Enfin, les répondants nous
apprennent que leur principal moyen de renseignement (pour ceux qui se
renseignent) est la documentation publiée par les services de la
collectivité (42%, auxquels nous pouvons ajouter les 25% se renseignant
via l'affichage urbain).
8
Comment vous renseignez vous sur la politique de gestion
des déchets de votre commune ?
8 presse locale
17
42
télévision
25
site web de la commune
documentation publiée par les services communaux campagnes
électorales
50
En retour, la collectivité communique auprès de la
population de manière positive, en mettant en avant le fait qu'il faut
continuer à être performants. C'est par exemple ce qui c'est
passé au moment de l'arrêt de la collecte des encombrants sur les
trottoirs9 : « quand on a supprimé la collecte des
encombrants, on l'a présenté de la sorte : comme vous triez bien,
on peut encore faire une étape supplémentaire [...] en supprimant
la collecte en pied d'immeuble parce qu'on peut ainsi réduire la part de
l'incinération et augmenter le tri sélectif, donc il faut passer
par les déchetteries. » (Thierry BILLET, 2014).
Cependant, nous devons considérer ces résultats
avec précaution. D'une part, il y a un décalage entre les
répondants qui disent accorder de l'importance au recyclage (soit 100%)
et ceux qui par exemple disent se renseigner sur la gestion des déchets
dans leur commune, qui ne sont que 31%. On peut supposer ici un écart
entre le « bien pensant » et le « bien agissant ». En
d'autres termes, le recyclage est-il réellement une préoccupation
suffisamment forte pour créer du lien avec la collectivité
territoriale ? Nous pouvons en douter en regardant les principaux centres
d'intérêts des citoyens en matière de politique
territoriale.
En matière de politique territoriale EN GENERAL,
à quels thèmes accordez-vous de l'importance ?
10 urbanisme (sauf logement)
4 10 logement
transport
activités culturelles et sportives
développement durable
sécurité
emploi
éducation
6
16
8
24
22
Enfin, 53% des personnes interrogées pensent que leurs
élus ne sont pas assez à l'écoute en matière de
gestion des déchets. Thierry BILLET confirme cela pour le cas d'Annecy
en nous disant qu'il y a un décalage entre la volonté populaire
et l'inertie politique. A Valérie LAURENT de rappeler qu'il reste aussi
des progrès à faire concernant la relation avec le public, en
citant l'exemple de l'accueil dans les déchetteries.
La situation pourrait donc être résumée ainsi
: les citoyens font preuve de bonne volonté et attendent davantage
d'action de la part de leurs représentants, qui eux-mêmes sont
divisés entre ceux qui souhaitent faire progresser les choses et ceux
qui ne considèrent pas le thème du recyclage comme prioritaire.
Il faudrait donc pouvoir étudier le cas d'une collectivité ou la
démarche de collaboration avec la population sur le recyclage est plus
poussée. Toute chose égale par ailleurs, l'analyse des
réponses au questionnaire et les constats précédents
peuvent nous amener à penser que le recyclage n'est pas un thème
suffisamment important aux yeux de la majorité de la population pour en
faire un vecteur de lien entre elle et l'entité «
collectivité ». En l'attente d'éléments plus
probants, l'hypothèse 1.4 est donc réfutée.
9 Parallèlement à la mise en place de la
RS et de la collecte des cartons, la A a cessé de récolter les
encombrants, qui étaient simplement laissés sur les trottoirs. Il
est maintenant demandé à leurs propriétaires de les amener
en décharge. En plus de la propreté urbaine, cela permet surtout
de réduire d'autant le volume de déchets partant en
incinération (puisque les encombrants collectés étaient
incinérés) et d'améliorer le tri, qui se fait en
décharge, et donc d'augmenter la quantité de matériaux
recyclés.
51
Le dernier point de la communication locale que nous souhaitons
aborder est celui de l'identité. Les réponses aux
hypothèses précédentes nous permettent d'ores et
déjà d'avoir des éléments de réponse
à l'hypothèse H1.5 mais nous devons savoir plus
précisément en quoi les initiatives autour du recyclage peuvent
inciter les acteurs (individus et entreprises) à s'approprier le
territoire.
Comme nous l'avons déjà évoqué, le
problème des mâchefers d'Avernioz a suscité une vive
réaction populaire, non seulement à cause de la pollution
engendrée, mais aussi à cause du coût de la
dépollution.
D'autre part, les enquêtes nous montrent que :
- Les répondants ne développent pas
réellement de sentiment d'identité (seul un quart) et que pour
56% d'entre eux leur commune ou leur agglomération est « simplement
leur lieu de résidence » ;
- Les arguments qui reviennent le plus souvent pour
définir la ville de résidence sont :
« paisible / tranquille » (56%), « dynamique /
jeune » (44%) ; « responsable / propre » (44%) ; « belles /
jolie » (38%) ;
- S'ils devaient déménager, 63% des
répondants ne tiendraient ni compte du développement durable, ni
du recyclage.
Pour ce qui est des entreprises, on sait grâce à Mr
BILLET et à Mme LAURENT qu'aucune forme de communication n'est
réalisée sur les entreprises « classiques » qui mettent
en place des démarches de recyclage ; seules sont promues (dans une
certaine mesure) les entreprises et les associations de tri et de recyclage.
Rappelons également que la A et la commune d'Annecy n'interviennent
quasiment pas auprès des entreprises sur ce thème.
En tant que responsable au sein d'une entreprise, Florian PALLUEL
juge importante la mise en place de moyens pour améliorer le processus
de recyclage. Cela incite Picture à rester à Annecy et serait
pris en compte si l'entreprise devait s'installer ailleurs. Mais rappelons que
c'est notre seul répondant ayant ce profil.
Le seul outil pouvant développer le sentiment
d'identité autour du recyclage mis en place par la A est la
labellisation « QualiTri + » par l'ADEME. Mais Mr BILLET
lui-même avoue qu'il « ne sait pas si les annéciens y sont
sensibles ou même s'ils s'en rendent compte ».
Au vue de ces éléments, la mise en place de
démarches de recyclage poussées peut donc aider au
développement de l'identité mais est loin d'être suffisante
en soi. Pour ce que nous avons pu étudier dans la partie
théorique et avec Picture, les entreprises sont plus susceptibles d'y
être sensibles. Les citoyens sont quant à eux divisés entre
ceux pour qui le recyclage (et plus généralement le
développement durable) est un centre d'intérêt et ceux pour
qui cela est secondaire. Compte tenu des résultats d'enquête,
nous réfutons l'hypothèse H1.5. Mais, en rappelant que le
sentiment d'identité est un concept subjectif, nous émettons deux
réserves :
- Les initiatives de recyclage peuvent être plus
intéressantes pour le développement de l'identité des
entreprises ;
- Ces initiatives peuvent développer le sentiment
d'identité des citoyens ayant déjà une disposition forte
par rapport au recyclage.
52
2. Hypothèses concernant la communication extra
territoriale
En préambule à cette partie, nous souhaitons
préciser que nous désirions initialement focaliser nos recherches
sur la communication locale. En disposant de plus de temps et d'une
compréhension plus précise du sujet, nous aurions voulu mettre en
place une méthodologie plus efficace pour l'étude de la
communication extra territoriale. Bien que nous soyons en mesure de
répondre aux questions initialement posées, une analyse plus
profonde nécessite que notre méthodologie soit
complétée par :
- Des entretiens semi directifs avec des responsables
communication de différentes collectivités ;
- Des entretiens semi directifs avec des responsables
d'entreprises présentes sur
l'agglomération d'Annecy et non
résidentes ;
- Des entretiens semi directifs avec des citoyens «
ordinaires » : cette méthode nous permettrait de mieux comprendre
leurs motivations touristiques, et surtout ce qui peut les intéresser
dans l'offre d'un territoire sur lequel ils envisagent de s'installer.
L'approche empirique sur la communication locale nous a permis de
poser des bases de réflexion sur la communication extra territoriale.
Rappelons par ailleurs que les textes étudiés dans la partie
théorique nous ont appris que la construction d'une offre territoriale
différenciatrice et basée sur l'identité du territoire est
le socle d'une communication externe efficace.
Nous l'avons vu, la commune d'Annecy et la A mettent en placent
différentes actions pour prévenir la production de déchets
et améliorer leur tri et leur recyclage. Cependant, nous avons aussi vu
que ces actions, bien qu'elles se développent depuis quelques
années, restent encore très limitées : elles ne font pas
partie des priorités politiques, pas même en matière de
développement durable. L'étude du programme du maire
récemment réélu, Mr Jean-Luc RIGAUT, nous conforte
d'ailleurs dans cette thèse : le développement durable passe dans
les dernières mesures (sur l'avant dernière page du programme) et
la seule problématique mise en avant est celle de la chute de la
population d'abeilles (qui est somme toute un sujet préoccupant). Nous
ne pouvons donc pas considérer qu'il y ait à Annecy une
volonté de créer une offre différenciatrice basée
sur le recyclage ; nous devons donc nous porter sur l'étude d'autres
communes et d'autres thèmes.
La ville de Fribourg-En-Brisgau en Allemagne est un exemple de
collectivité qui a su mettre en avant dans son offre territoriale une
initiative d'envergure : la réduction de 25% de ses émissions de
CO2, décidée en 1996. Cette réduction a fait l'objet de
diverses mesures, mais la plus marquante en termes de communication extra
territoriale est celle de la construction maisons passives. L'emblème de
cette initiative est aujourd'hui le quartier Vauban, véritable village
pilote en matière d'écologie, qui compte quelques deux mille
logements. Parce qu'elle a été pionnière dans cette
démarche, et parce qu'elle est aujourd'hui représentante de
l'excellence en matière de PassivHaus, Fribourg-En-B. communique sur ces
réalisations. Cela lui permet d'attirer non seulement des touristes qui
peuvent visiter le quartier Vauban et d'autres lieux similaires, mais aussi des
résidents séduits par le concept et des entreprises innovantes,
essentiellement du secteur des énergies renouvelables (hélas,
nous ne disposons pas de données chiffrées).
Pour revenir à Annecy, nous avons appris par Mr BILLET
qu'à défaut d'exceller dans la gestion des déchets, la
Venise des Alpes se défendait très bien en matière de
gestion de l'eau. La visite des différentes installations prévues
à cet effet fait même l'objet d'intérêts
touristiques.
Lorsque les personnes interrogées répondent
à 88% avoir déjà eu connaissance de démarches de
recyclage opérées dans une collectivité autre que la leur,
cela nous indique que cet item est
53
suffisamment marquant sur le plan cognitif pour rester dans la
mémoire des citoyens. Mais pour aller plus loin, il aurait fallu savoir
si ces mêmes répondants peuvent citer une action
particulière, et s'ils considèrent tout simplement que cette
action est particulièrement marquante et différencie la
collectivité qui l'a mise en place.
Cela nous ramène donc à l'idée que pour
être réellement différenciatrice, la politique de gestion
des déchets doit faire l'objet d'une expertise inégalée ou
presque : « si on était dans une situation exceptionnelle ou si on
était les seuls à le faire ça vaudrait peut être la
peine. Là on est sur quelque chose qui est bien mais qui n'est pas non
plus extrêmement poussé [...] on n'est pas un territoire
d'exception [...] il faudrait que la valorisation déchets soit aux
alentours de 80% » (Thierry BILLET, 2014). Les réponses des
citoyens au questionnaire confirment ces dires. Alors que 88% des sondés
savent que leur commune ou leur agglomération met en place des
initiatives de recyclage, et que la même proportion a déjà
entendu parler d'autre communes le faisant, 81% estiment que la commune dans
laquelle ils vivent devrait aller plus loin dans ce sens.
Ces constats nous permettent de confirmer
l'hypothèse H2.1, mais à la condition sine qua non que la
collectivité excelle ou soit suffisamment originale dans sa
démarche.
En plus de la création d'une offre
différenciatrice, nous cherchons à savoir plus
précisément si les initiatives de recyclage mises en place au
niveau local peuvent être un élément de communication
touristique.
Nous savons déjà qu'il existe des labels
liés au tri et au recyclage. La A en a d'ailleurs obtenu un, «
QualiTri + », suite à l'établissement d'un partenariat avec
l'ADEME et Eco Emballages. Ce label est aujourd'hui le principal en
matière de tri et de recyclage uniquement. Existent également des
palmarès relatifs à l'application du développement durable
dans les collectivités, et tenant compte des efforts de tri et de
recyclage. Le plus important est la « Marianne d'Or », qui a
récompensé 18 collectivités en 2013. En revanche, aucune
collectivité ne figure en 2013 dans la liste des lauréats
récompensés plus particulièrement plus leurs efforts en
faveur de la réduction des emballages, du tri et du recyclage, qui
présente quatre entreprises (Ethiquable, SIDEVAM, Groupe Castel et
McDonald's). De plus, il n'y a à notre connaissance aucun
palmarès uniquement concentré sur le recyclage.
L'obtention du label « QualiTri + » est pour la A une
opportunité de communication, dans la mesure où cela constitue
une reconnaissance par l'ADEME et l'organisme Eco Emballages de sa performance
en la matière : « pour nous c'est important essentiellement pour
dire que ce qu'on a fait est reconnu par des experts. » (Thierry BILLET,
2014). Mais ni la commune d'Annecy ni la A ne met en avant ce label dans leur
communication touristique : « c'est peut être bête mais
aujourd'hui on n'est pas persuadé que c'est quelque chose de vendeur
{...] si on était dans une situation exceptionnelle ou si on
était les seuls à le faire ça vaudrait peut être la
peine. » (Thierry BILLET, 2014). D'autre part, nous remarquons que les
collectivités préfèrent communiquer sur les actions
qu'elles mettent en place plutôt que sur les résultats obtenus
sous forme de palmarès ou de prix. C'est le cas de Fribourg-En-Brisgau
mais aussi de Rennes, ville pilote en France du développement urbain
écologique, qui met en avant la résidence Salvatierra dans sa
communication touristique et aussi dans le but d'intéresser de nouveaux
résidents territoriaux potentiels.
Il est important d'ajouter en ce qui nous concerne que forte
d'une image déjà bien établie, Annecy ne communique
aujourd'hui presque plus sur le plan touristique. Le service de communication
de la ville compte trois personnes et celui de l'agglomération seulement
deux. De plus, le lac et l'aspect
54
montagnard occupent la quasi-totalité de l'espace de
communication. En d'autre terme, même si elle met en avant des
éléments liés à l'écologie avec la
propreté de l'eau, Annecy n'utilise pas le recyclage comme
élément de communication, au motif qu'elle n'est pas assez
performante sur ce point (ce qui rejoint les thèses que nous avons
étudié en partie théorique).
Ces résultats nous permettent de confirmer
l'hypothèse H2.2, au titre que si la collectivité est
suffisamment performante sur cette activité, elle peut mettre en avant
le recyclage et le tri dans sa communication touristique, à l'instar de
Fribourg-En-B. avec les PassivHaus. Cependant, le bon sens nous oblige à
préciser que cette communication s'adresse à une cible
touristique restreinte.
Au vue des éléments apportés par les
hypothèses H2.1 et H2.2, nous pouvons également confirmer
l'hypothèse H2.3. Le recyclage peut être un
élément de communication extra territorial suffisamment
différenciant pour intéresser certaines classes de la population,
en particulier les classes créatives qui sont très
éduquées. Ici, nous sommes même en mesure de supposer que
le recyclage sera un élément de communication plus efficace que
pour la cible touristique. Les entreprises peuvent aussi être
attirées par ce type de démarches, mais là encore tout
dépend des aspirations de leurs dirigeants.
Le dernier élément de communication extra
territoriale que nous souhaitons étudier est le sentiment de
fierté des acteurs. Nous avons vu que les initiatives de recyclage au
niveau territorial, si elles sont poussées, peuvent être un
élément différenciant de communication extra territoriale.
De plus, les démarches mises en place peuvent être
valorisées par des prix et des palmarès.
Les enquêtes menées auprès des citoyens nous
montrent pour leur part que seul 19% d'entre eux définissent leur lieu
de résidence comme « une fierté ». Il serait cependant
opportun de savoir comment ce sentiment de fierté pourrait être
développé chez eux, et si la performance en matière de tri
et de recyclage fait partie des options. Comme nous avons
précédemment vu que ce thème ne suscitait pas un
intérêt majeur chez les répondants, nous pouvons supposer
que la réponse est non pour leur majorité.
Nous pouvons donc avancer que le thème du recyclage n'est
pas assez important pour une partie assez vaste de la population pour en faire
un élément créateur de sentiment de fierté, et
réfuter l'hypothèse H2.4.
Synthèse :
Les recherches empiriques nous ont permis de :
- Réfuter l'hypothèse H1.1, car les individus font
preuve d'une volonté de progrès mais pas d'une réelle
implication ;
- Réfuter l'hypothèse H1.2, car les entreprises
fonctionnent à l'heure actuelle sur un modèle
de collaboration
presque exclusivement privé ;
- Confirmer l'hypothèse H1.3 car les initiatives
liées au recyclage peuvent permettre d'animer
le territoire ;
- Réfuter l'hypothèse H1.4 car ce sujet ne permet
pas de créer du lien entre le citoyen et la collectivité ;
- Réfuter l'hypothèse H1.5, mais en
précisant que le sentiment d'identité peut tout de même
être développé chez certaines catégories
d'entreprises et d'individus ;
55
- Confirmer l'hypothèse H2.1 car ces initiatives peuvent
être le socle d'une offre territoriale
différenciatrice ;
- Confirmer l'hypothèse H2.2 mais pour une cible
touristique restreinte ;
- Confirmer l'hypothèse H2.3 car ces initiatives peuvent
attirer certaines entreprises et les
classes créatives ;
- Réfuter l'hypothèse H2.4 car ces démarches
ne permettent pas à l'heure actuelle de développer le sentiment
de fierté.
56
Chapitre 2 : Applications managériales et
critiques
Section 1 : Applications managériales
Les applications managériales concernent essentiellement
les opportunités de marketing et de communication pour les
collectivités territoriales que sont les communes et les
communautés d'agglomération.
L'hypothèse H1.1 nous à montré que bien que
la population fasse preuve de volonté dans l'application des initiatives
attrayant au tri et au recyclage, elle n'est pas non plus réellement
impliquée et ne sera donc pas demandeuse de progrès. Les
dirigeants locaux ont donc le champ libre pour prendre les initiatives
nécessaires et ne doivent pas attendre de réclamation populaire
explicite.
Les entreprises fonctionnent en biptyque pour ce qui est du
recyclage : celles qui produisent des déchets traitent directement avec
celles que les gèrent. Cependant, nous avons vu qu'il était
possible d'instaurer des triptyques où la collectivité
intervient, soit par optimisation des flux de déchets entre les
producteurs et les recycleurs, soit en étant une force communicante
auprès des citoyens (mise en place de bornes de collecte par exemple). A
défaut d'impliquer davantage les entreprise dans les gestes de tri et de
recyclage, les collectivités peuvent donc agir, d'une part en favorisant
l'échange inter-entreprise (création de forums, organisation
d'évènements professionnels...), et d'autre part en favorisant la
création d'entreprises et d'associations de recyclage et / ou de tri.
Les hypothèses 1.3 et 1.4 nous montrent quant à
elles qu'il est possible d'utiliser le thème du tri et du recyclage pour
animer le territoire et développer le lien avec la population. Encore
une foi, la collectivité doit être force de proposition et
organiser des évènements et des actions. Pour ce qui est des
évènements, nous recommandons de rester sur le thème large
du développement durable (Village du Développement Durable,
rencontres entre professionnels et personnes publiques...). Les actions
précises doivent quant à elles se focaliser sur le tri et le
recyclage pour avoir un impact sur les citoyens (interventions scolaires, porte
à porte, communication et information...).
Même si nous avons réfuté l'hypothèse
H1.5, nous pouvons en tirer une application managériale positive. Les
initiatives de recyclage poussées peuvent être utilisées
pour développer le sentiment d'identité d'une partie des
entreprises et des citoyens. C'est par exemple ce qu'à fait Rennes avec
sa campagne « Envie de Ville » en 2005. Quoi qu'il en soit, ces
actions ne diminueront pas le sentiment d'identité des acteurs non
intéressés.
Pour chacun des éléments relatifs à la
communication extra territoriale, nous avons vu que la collectivité doit
avant tout exceller en matière de recyclage. C'est donc notre
recommandation générale : dans l'optique de construire une offre
différenciatrice et de communiquer sur les initiatives, la
communauté territoriale doit en premier lieu s'assurer de mettre en
oeuvre les moyens nécessaires au niveau local pour construire une offre
unique dans laquelle elle est inégalée ou presque.
57
Section 2 : Critiques et améliorations
possibles
Il est toujours nécessaire d'apporter un regard critique
sur un travail de recherche de ce type, afin de l'améliorer
ultérieurement.
1. Partie théorique :
De manière générale, le recyclage est un
sujet dont la précision et la jeunesse font qu'il est encore peu
traité par les auteurs. Nous disposons de dix articles de recherche et
d'un ouvrage complet, mais ceux-ci traitent du développement durable
dans sa généralité, du marketing durable et de la
communication territoriale. D'autre part, il est vrai que notre manque
d'expérience a certainement conduit à faire l'impasse sur
certains textes qu'il aurait pourtant été intéressant
d'étudier. Qui plus est, d'autres textes ont quant à eux mal
été ciblés. Enfin, nous avons également
été limités par l'inaccessibilité technique de
certains documents, qui n'étaient pas disponibles en bibliothèque
ou qui ne pouvaient être consultés sur les bases de données
telles que CAIRN ou Google Scholar.
Le manque de temps et d'expérience nous ont aussi
empêchés d'approfondir réellement les thèses
exposées dans les textes étudiés. Il faut également
savoir que l'objet initial de notre étude était la collaboration
entre entreprises locales et collectivités sur le thème du
recyclage. Nous souhaitions étudier les opportunités de
communication liées à ces collaborations, à la fois pour
les entreprises et pour les collectivités. Une partie de nos lectures
s'est donc avérée inappropriée. Une meilleure analyse sur
le marketing durable et la communication territoriale nécessitent bien
entendu davantage de réflexion et de recherches.
Nous pouvons enfin mettre un bémol aux théories
étudiées : celui de leur possible obsolescence. A titre
d'exemple, le « Manifeste du Marketing Vert » de John GRANT a
été publié en 2007, c'est-à-dire avant le
début de la récession économique mondiale. On peut
supposer que cet évènement a changé le point de vue et
l'approche des consommateurs, des entreprises et des collectivités
territoriales vis-à-vis du développement durable.
2. Partie empirique :
La principale critique sur notre approche empirique est qu'elle
est limitée à la France, et plus particulièrement à
Annecy et à son agglomération. Il aurait été
pertinent d'avoir le point de vue d'entrepreneurs et de responsables d'autres
collectivités. Nous remarquons également dans le profil des
citoyens interrogés qu'ils sont en grande partie présents sur
l'agglomération annécienne et en région Rhône-Alpes.
Ceci nous laisse donc une marge moindre pour l'étude de la communication
extra-territoriale. De plus, nos questionnaires et entretiens sont trop
axés sur la communication locale, et pas suffisamment sur la
communication extra territoriale. Et bien qu'Annecy soit une ville relativement
performante sur certains points comme la gestion de la qualité de l'eau,
le recyclage n'est pas son cheval de bataille. Etant une agglomération
de taille réduite (13 communes pour 141 000 habitants), ce n'est pas un
exemple très représentatif au niveau national et international.
Nous pouvons donc remettre en cause la pertinence du choix de cette
collectivité.
58
Section 3 : Pistes de réflexion
Ce mémoire de recherche amène donc à une
plus grande réflexion sur la communication territoriale et la mise en
place d'actions d'envergure liées au recyclage. Nous souhaitons dans des
recherches ultérieures accorder plus d'importance à
l'étude de territoires d'excellence en la matière. Ceux-ci
peuvent en effet constituer des exemples à suivre ou au contraire
montrer l'inefficacité d'une telle politique pour des
collectivités encore à un stade de développement
embryonnaire sur les initiatives de recyclage, comme la A par exemple.
Il serait aussi intéressant d'étudier plus
précisément les dynamiques de collaboration entre citoyens,
entreprises privées et collectivités sur le thème du
recyclage. Les lectures que nous avons réalisées dans et hors du
cadre de ce mémoire nous amènent en effet à penser que ces
dynamiques peuvent constituer un moyen efficace d'impliquer les trois
entités citées dans une démarche de recyclage. Elles
s'articulent sous la forme d'un cercle vertueux où les entités
s'influencent entre elles.
59
Annexe 1 : Article L541-1 du Code de
l'Environnement
« Les dispositions du présent chapitre et de
l'article L. 125-1 ont pour objet :
1° En priorité, de prévenir et de
réduire la production et la nocivité des déchets,
notamment en agissant sur la conception, la fabrication et la distribution des
substances et produits et en favorisant le réemploi, ainsi que de
diminuer les incidences globales de l'utilisation des ressources et
d'améliorer l'efficacité de leur utilisation ;
2° De mettre en oeuvre une hiérarchie des modes
de traitement des déchets consistant à privilégier, dans
l'ordre :
a) La préparation en vue de la réutilisation
;
b) Le recyclage ;
c) Toute autre valorisation, notamment la valorisation
énergétique ;
d) L'élimination ;
3° D'assurer que la gestion des déchets se fait
sans mettre en danger la santé humaine et sans nuire à
l'environnement, notamment sans créer de risque pour l'eau, l'air, le
sol, la faune ou la flore, sans provoquer de nuisances sonores ou olfactives et
sans porter atteinte aux paysages et aux sites présentant un
intérêt particulier ;
4° D'organiser le transport des déchets et de le
limiter en distance et en volume ;
5° D'assurer l'information du public sur les effets pour
l'environnement et la santé publique des opérations de production
et de gestion des déchets, sous réserve des règles de
confidentialité prévues par la loi, ainsi que sur les mesures
destinées à en prévenir ou à en compenser les
effets préjudiciables. »
60
Annexe 2 : Exemples de recyclage des principaux types
de déchets
Produit
|
Procédé
|
Acier
|
Repris en l'état par des sociétés de
récupération de métaux.
Fabrication des pièces de moteur, des outils, des
boîtes de conserve, etc.
|
Aluminium
|
Repris en l'état par des sociétés de
récupération de métaux.
Fabrication des canettes, du « papier » d'emballage,
des constituants d'automobile (culasses, jantes, boîtes de vitesses,
etc.)
|
Caoutchouc
|
Repris en l'état par des sociétés de
récupération.
Les pneus hors d'usage sont utilisés pour produire des
bacs à fleurs, des tréteaux, des panneaux d'insonorisation, des
tuiles de revêtement de sol, de
l'asphalte caoutchouté, etc.
|
Carton
|
Repris en l'état par des sociétés de
récupération.
Fabrication d'autres types de papier et de carton.
|
Gravats
|
Repris en l'état par des sociétés de
récupération.
Broyés sous forme de granulats employés à
nouveau dans le secteur de bâtiment ou le secteur industriel.
|
Papier
|
Repris en l'état par des sociétés de
récupération.
Fabrication d'autres types de papier et de carton, dalles pour
faux-plafonds.
|
Plastique
|
Repris en l'état par des sociétés de
récupération.
Fabrication de sacs, de récipients et couvercles pour
produits non alimentaires, de meubles de jardin, de vêtements, de jouets,
de mobilier urbain, de clôtures, de tuyaux, de pièces d'automobile
(pare-chocs, batteries...), d'éléments de signalisation
routière, de cônes de voirie, etc.
|
61
|
À noter que depuis avril 2008, la réglementation
européenne autorise, en production de matériaux pour contact
alimentaire, l'emploi de matériau recyclé qui a été
au contact alimentaire. Une grande rigueur est imposée dans le tri et le
procédé de régénération.
|
Textile
|
Repris en l'état par des sociétés de
récupération.
Fabrication de textile et de pâte à papier.
|
Verre
|
Repris en l'état par des sociétés de
récupération.
Refonte des articles en verre pour en faire des neufs.
|
Brique alimentaire
|
Repris en l'état par des sociétés de
récupération.
Les briques broyées (technique dite de pulpage),
lavées, essorées et séchées, sont triées en
papier / alu et PE. Le PE est transformé en bidon, bouteille, tuyau,
etc.
|
Équipement électrique
et électronique
|
Les appareils sont récupérés,
démantelés, déchiquetés et broyés, au moyen
d'une chaîne. Les fragments valorisables sont
récupérés sous forme de métaux ferreux,
non-ferreux, câbles, plastiques, etc.
|
62
Annexe 3 : évolution des dépenses et des
comportements éthiques, extrait du rapport « Ethical Cunsumerism
Report » publié par la Co-operative Bank en 2006
Tableau 1 : évolution des dépenses
éthiques chez les consommateurs britanniques
En millions de £
|
1999
|
2002
|
2005
|
Alimentation éthique
|
1037
|
3617
|
5406
|
Maison écologique
|
493
|
2434
|
4149
|
Voyages et transports propres
|
3
|
739
|
1792
|
Hygiène / beauté éthique
|
0
|
982
|
1315
|
Dons et solidarité
|
2570
|
3336
|
5054
|
Banque et placement éthiques
|
5175
|
7680
|
11552
|
Total
|
9278
|
18788
|
29268
|
Tableau 2 : évolution des attitudes
éthiques chez les consommateurs britanniques
Pourcentage de personnes ayant :
|
1999
|
2005
|
Recyclé
|
73
|
94
|
Privilégié des commerçants locaux
|
61
|
80
|
Recommandé une entreprise pour sa réputation
éthique
|
52
|
54
|
Choisi un bien / service pour la réputation éthique
de l'entreprise
|
51
|
61
|
Evité un bien / service pour la mauvaise réputation
éthique de l'entreprise
|
44
|
55
|
Ressenti de la culpabilité suite à des achats non
éthiques
|
17
|
44
|
Mené campagne sur des sujets environnementaux ou
sociaux
|
15
|
22
|
63
Annexe 4 : évolution des dépenses et des
comportements éthiques, extrait du rapport « Ethical Cunsumerism
Report » publié par la Co-operative Bank en 2006
Tableau 1 : évolution des dépenses
éthiques chez les consommateurs britanniques
En millions de £
|
1999
|
2002
|
2005
|
Alimentation éthique
|
1037
|
3617
|
5406
|
Maison écologique
|
493
|
2434
|
4149
|
Voyages et transports propres
|
3
|
739
|
1792
|
Hygiène / beauté éthique
|
0
|
982
|
1315
|
Dons et solidarité
|
2570
|
3336
|
5054
|
Banque et placement éthiques
|
5175
|
7680
|
11552
|
Total
|
9278
|
18788
|
29268
|
Tableau 2 : évolution des attitudes
éthiques chez les consommateurs britanniques
Pourcentage de personnes ayant :
|
1999
|
2005
|
Recyclé
|
73
|
94
|
Privilégié des commerçants locaux
|
61
|
80
|
Recommandé une entreprise pour sa réputation
éthique
|
52
|
54
|
Choisi un bien / service pour la réputation éthique
de l'entreprise
|
51
|
61
|
Evité un bien / service pour la mauvaise réputation
éthique de l'entreprise
|
44
|
55
|
Ressenti de la culpabilité suite à des achats non
éthiques
|
17
|
44
|
Mené campagne sur des sujets environnementaux ou
sociaux
|
15
|
22
|
...
64
Annexe 5 : Comment McDonald's est-il devenu partenaire de
Greenpeace pour la préservation de l'Amazonie ?
Avant :
Jusqu'au début du XXIe siècle, McDonald's est
considéré comme le symbole de « l'américanisation
outrancière », de la malnutrition et du non respect de
l'environnement. A cette époque, la firme est dans le collimateur des
associations de lutte pour l'environnement et la santé, au premier rang
desquelles Greenpeace, comme le témoigne cet article :
http://www.greenpeace.org/luxembourg/fr/news/mc-donald-saccage-l-amazonie/
Face aux critiques des associations, McDonald's a mis en place
une politique d'amélioration de son offre (produits plus sains) et de
son fonctionnement (partnariats avec des ONG, instauration des normes
sanitaires poussées, promotion de l'activité physique...). Le but
est de changer radicalement pour de ne plus être attaqué sur les
points précités. Cette politique est bien réfléchie
: en plus de permettre de réduire son impact environnemental et social,
l'image de McDonald's s'est vue redorée, ce qui lui a permis de
poursuivre son expansion face à ses concurrents.
Après :
http://m.mcdonalds.fr/documents/10192/53413/S%C3%A9curit%C3%A9%20Alimentaire,%20Qualit
%C3%A9,%20Nutrition/da30accb-a1a3-4b79-b40c-6e273f31ae40
http://www.agro-media.fr/actualite/mcdo-la-securite-sanitaire-avant-tout-5063.html
http://www.greenpeace.org.uk/blog/forests/the-odd-couple
http://www.greenpeace.org/usa/en/news-and-blogs/news/mcvictory/
http://www.candeadvisory.com/projects/greenpeacemcdonalds
http://fr.euronews.com/2013/09/27/la-frite-sacrifiee-sur-l-autel-de-la-lutte-contre-l-obesite/
http://www.neorestauration.com/article/mcdonald-s-veut-lutter-contre-l-obesite,10666
Même s'il lui reste de vastes progrès à
faire*, McDonald's est aujourd'hui jugé par la ces associations comme
ayant la démarche environnementale et sociale la plus poussée et
est montré comme exemple parmi les chaînes de restauration rapide
(Kentucky Fried Chicken, Burger King, Quick,
Subway...).
* McDonald's n'est pas encore un saint :
- Ses produits ne sont pas tous issus de l'agriculture
biologique
- Rares sont les restaurants McDonald's qui se fournissent
localement, même si le phénomène se développe
- Les jouets présents dans les menus sont fabriqués
en Chine
-
65
Annexe 6 : Questionnaire d'entretien de Mr Thierry
BILLET
« Pouvez-vous expliquer la politique actuelle et
à venir d'Annecy en matière de gestion des déchets ?
»
« Quelle est la place du recyclage dans cette politique
? » ; « Quels sont les moyens mis en oeuvre ? » ; La place
qu'occupent la mise en décharge, la valorisation, le recyclage ?
»
« Existe-t-il des formes de partenariats avec des
entreprises locales ? Depuis combien de temps» ; « Quels sont les
buts de ces partenariats ? (gestion des déchets, com', emploi...) »
;
« Comment sont fixés ces partenariats ; comment
ça se passe ? » (volonté de la mairie ou des
entreprises)
4 Questions sur la com' locale par rapport
à la politique de gestion des déchets
« Comment communiquez-vous auprès de la
population sur la politique de gestion des déchets ? » DEMANDER LES
DONNEES SI ELLES EXISTENT
« Comment mesurez-vous l'impact, le succès ou non
de cette communication ? »
« Quels sont les réactions de la population ?
(accord, collaboration, pas d'accord, pas de réaction... ; + de
participation à des actions dans ce sens ; ) » ;
« Quels sont les résultats de cette communication
pour la population? (comportements de tri...) » «
L'intérêt des habitants de la A pour le recyclage a-t-il
évolué ? Comment ? »
« Y a-t-il un encouragement / un désir de la part
de la population pour aller plus loin dans cette optique ? »
« Les citoyens cherchent-ils à mettre en avant
cette politique ? »
« Comment communiquez-vous auprès des entreprises
sur la politique de gestion des déchets ? »
« Comment mesurez-vous l'impact, le succès ou non
de cette communication ? »
« Comment s'investissent les entreprises,
qu'apportent-elles ? »
« Cela intéresse uniquement les entreprises de
gestion de déchets ou également d'autres ? »
« Avez-vous eu des retours ? Quels sont-ils ?
»
4 Questions sur la com' locale par rapport
aux collaborations mises en place
« Communiquez-vous au niveau local sur les entreprises
avec lesquelles vous établissez des partenariats pour la gestion des
déchets ? Comment ? »
66
« Communiquez-vous au niveau extra territorial ?
»
« Y a-t-il des initiatives quelconques (prix,
concours...) pour mettre en avant ce type d'entreprises ? » «
Y-a-t-il des subventions locales ?quelles sont-elles ? »
? Questions sur la com' extra
territoriale
Attirer des entreprises
Faire valoir les atouts verts / touristiques d'Annecy
« Estimez-vous que les entreprises locales seules
peuvent satisfaire les besoins et objectifs de la A en termes de gestion des
déchets, et plus particulièrement de recyclage ? »
« Si non, cherchez-vous à intéresser des
entreprises extra territoriales ? Comment ? »
« Cherchez-vous à créer / maintenir des
partenariats :
Entreprises locales / extra territoriales
A / autre communautés territoriales
A entreprises extra territoriales »
« Comment ? »
La ville d'Annecy / la A participe-t-elle à des
concours / palmarès comprenant les questions de la gestion des
déchets ? Lesquels ? »
« La position obtenue dans ces concours /
palmarès est-elle mise en avant en termes de communication ? Comment ?
»
« Sur quoi se base Annecy / la A (atouts, actions...)
pour communiquer sur le plan touristique ? » ; « Ces points ont-il
évolué avec les résultats en matière de gestion des
déchets ; d'environnement ? » ; « Si oui, pourquoi ce choix ?
»
67
Annexe 7 : Questionnaire destiné à Mme
Valérie LAURENT
4 Questions concernant la politique de
gestion des déchets mise en place
- « Pouvez-vous expliquer brièvement la politique
actuelle et à venir de la A en matière de gestion des
déchets ? »
- « Quelle est la place du recyclage dans cette
politique ? » ; « Quels sont les moyens mis en oeuvre ?
»
4 Questions sur la communication locale par
rapport à la politique de gestion des déchets
- « Comment communiquez-vous auprès de la
population sur la politique de gestion des déchets ? »
- « Comment mesurez-vous l'impact, le succès ou
non de cette communication ? »
- « Quels sont les réactions de la population ?
(accord, collaboration, pas d'accord, pas de réaction... ; + de
participation à des actions dans ce sens...) «
L'intérêt des habitants de la A pour le recyclage a-t-il
évolué ? Comment ? » « Y a-t-il un encouragement / un
désir de la part de la population pour aller plus loin dans cette
optique ? »
- « Quels sont les résultats en termes de
comportements de cette communication pour les citoyens (comportements de tri,
dons à des associations de récupération de vêtements
par exemple...) ? »
- « Comment communiquez-vous auprès des
entreprises sur la politique de gestion des déchets ? »
- « Comment mesurez-vous l'impact, le succès ou
non de cette communication ? »
- « Avez-vous eu des retours ? Quels sont-ils ? »
« Comment s'investissent les entreprises, qu'apportent-elles ?
»
- « Cela intéresse-t-il uniquement les
entreprises de gestion de déchets ou également d'autres ?
»
68
? Questions sur la communication par rapport
aux collaborations mises en place
- « Communiquez-vous sur les entreprises avec lesquelles
vous établissez des partenariats pour la gestion des déchets ?
Comment ? »
- « Y a-t-il des initiatives quelconques (prix,
concours...) pour mettre en avant ce type d'entreprises ? »
- La ville A participe-t-elle à des concours /
palmarès comprenant les questions de la gestion des déchets ?
Lesquels ? »
- « Sur quoi se base la A (atouts, actions...) pour
communiquer sur le plan touristique ? »
- « Y-a-t-il des subventions locales ?quelles sont-elles
? »
- « Estimez-vous que les entreprises locales seules
peuvent satisfaire les besoins et objectifs de la A en termes de gestion des
déchets, et plus particulièrement de recyclage ? « Si non,
cherchez-vous à intéresser des entreprises extra territoriales ?
Comment ? »
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Annexe 8 : Questionnaire d'entretien de Mr Florian
PALLUEL
- Avez-vous une quelconque forme de partenariat établi
avec la commune d'Annecy ou la A en
ce qui concerne le recyclage de vos déchets ? si non,
est-ce un dispositif que vous souhaitez mettre en place à terme
?
- Estimez-vous que la commune d'Annecy et la A mettent en
place suffisamment de moyens,
en particulier concernant les partenariats, à
disposition des entreprises pour améliorer le processus de recyclage des
déchets ? Devraient-elles aller plus loin ?
- Ce critère (mise en place de moyens pour
améliorer le processus de recyclage) est il important
pour vous (en tant que dirigeant d'entreprise) ? Cela vous
incite-t-il à rester à Annecy (si la politique est jugée
suffisante) / Si vous deviez vous implanter sur un autre territoire, le
prendriez-vous en compte ?
- Pensez-vous que ce critère peut permettre d'attirer
des entreprises et d'inciter les entreprises
locales à rester ?
- En tant que citoyen, est-ce important pour vous ?
- Estimez-vous être suffisamment informé au
sujet de la politique de gestion des déchets à
Annecy ?
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Annexe 9 : Questionnaire réservé aux
citoyens, résidents ou non de
l'agglomération d'Annecy (
https://docs.google.com/forms/d/19L7VQvHXwiHB6j
- RUnUp8jbk04YqFmJbxOhS1ZWN1w/viewform?c=0&w=1&usp=mail form link
)
- Selon vous, votre commune accorde-t-elle une place au
recyclage dans sa politique de gestion
des déchets ?
- En termes de volume de déchets traités, vous
jugez cette place...
- Vous renseignez vous sur la politique de gestion des
déchets de votre commune ?
- Comment ?
- Estimez-vous avoir suffisamment d'informations à ce
sujet ?
- Avez-vous entendu parler d'une autre commune que la votre
ayant mis en place une politique
de recyclage ?
- Le recyclage des déchets est-il un thème
auquel vous accordez de l'importance ?
- Votre commune c'est :
- Si vous deviez définir votre commune en 3 adjectifs,
quels seraient-ils ?
- En matière de politique territoriale EN GENERAL,
à quels thèmes accordez-vous de
l'importance ?
- Dans la politique environnementale de votre commune, vous
pensez que le RECYCLAGE doit :
- Estimez-vous que vos élus soient « à
l'écoute » de vos attentes en termes de gestion des
déchets ?
- Que faudrait-il améliorer ?
- Si vous deviez déménager, tiendriez-vous
compte de la gestion des déchets et la place
accordée au recyclage ?
- Vous sentez-vous impliqué dans la politique de
gestion des déchets mise en place dans votre
commune ?
- A quelle(s) condition(s) seriez-vous davantage
impliqué ?
- La commune dans laquelle vous vivez devrait-elle aller plus
loin en matière de recyclage ?
- Comment ?
- Vous êtes ? (H/F)
- Vous avez ? (âge)
- Quelle est votre occupation ?
71
BIBlIOgRAPHIe
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communication publique vers le marketing des territoires : approche
microsociologique de la fabrication de l'image de marque », Gestion et
management public, p. 3549 :
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- Houllier-Guibert Charles-Edouard (2009) : « Evolution de
la communication territoriale : les limites de l'idéologie de la
proximité », Les Enjeux de l'information et de la
communication1, p. 45-61 :
http://www.cairn.info/revue-les-enjeux-de-l-information-et-de-la-communication-2009-1-page-45.htm
- Rochette Corinne (2012) : « L'approche ressources et
compétences comme clé de lecture du processus
d'élaboration d'une ressource originale : la marque territoire »,
Gestion et management public, p. 4-4 :
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- Beaurain Christophe (2008) : « La construction d'un
territoire à partir des ressources environnementales : l'exemple de
l'agglomération
dunkerquoise », Géographie, économie,
société p. 365-384 :
http://www.cairn.info/revue-geographie-economie-societe-2008-3-page-365.htm
- Cardy Hélène, « Le discours identitaire dans
les politiques de communication territoriale. La place des palmarès et
de leur médiatisation », p. 59-74 :
http://www.cairn.info/revue-mots-2011-3-page-59.htm
- Fabrice HATEM (2007) : Le marketing territorial : principes,
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- Proulx Marc-Urbain, Tremblay Dominic (2006) : « Marketing
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économie, société, p. 239-256 :
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- Baray Jérôme (2008) « Marketing territorial
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- Carluer Frédéric (2006) : «
Réseaux d'entreprises et dynamiques territoriales: une analyse
stratégique », Géographie, économie,
société, p. 193-214